Pouillon Remarques Verbe Croire
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JEAN POUILLON
Remarques sur le verbe « croire» Pouillon, Jean, 1979, « Remarques sur le verbe 'croire' », La fonction symbolique; essais d'anthropologie, Izard M. & Smith P. (dir.), Paris, Gallimard, pp. 43-51.
Le verbe français « croire» a ceci de paradoxal qu'il exprime aussi bien le doute que l'assurance. Croire, c'est affirmer une conviction; c'est aussi la nuancer: « je crois» signifie souvent • je n'en suis pas sûr J, Cette ambiguïté concerne le versant subjectif de la croyance. Du côté de son objet la situation n'est pas moins équivoque puisque le complément du verbe peut sa construire de deux façons : directe ou indirecte. De plus, le construction indirecte se dédouble : • croire à... J, ce n'est pas la même chose que. croire en ... J, qui J'un et l'autre diffèrent objet direct 1 ou • croire que... J. Enfin, le sens du de « croire verbe et la construction du complément peuvent varier selon la nature de l'objet: homme, dieu, fait, valeur, énoncé... D'où deux questions au moins : peut-on ordonner cette diversité d'usages? Si oui, cet ordre est-il universel ou caractérise-t-il seulement un certain type de culture et, en ce cas, ~ quoi tient J'unité du mot? Autrement dit: comment se fait-il qu'une pluralité d'acceptions n'appelle pas des expressions diverses I? Mais, pulsqu'jl en est ainsi, la traduction du verbe dans toutes ses acceptions est-elle possible dans d'autres langues à l'aide d'un seul terme? c Croire A••• », c'est affirmer une existence; « croire en ... J, c'est avoir confiance; c croire que ...., c'est se représenter quelque chose d'une certaine façon. La différence entre les deux: constructions indirectes peut paraître ténue, elle est cependant incontestable comme le montre l'exemple suivant: on croit en Dieu alors qu'on croit au démon dont on reconnatt l'existence mais en lequel, par définition, on ne peut avoir confiance: on
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1. NWIDOiN il y en a: crésnee, confiance, fol... Mai. li l'on peut y recourir dan. un souci de précision, elle. ne IOnt pu e1Ïg«- par l'uuge.
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ne peut croire en lui. Certes, la croyance en Dieu implique la croyance à son existence, mais implication n'est pas confusion. D'autre part, l'évidence de cette implication est telle que sou vent elle n'est pas formulée: le fidèle croit en Dieu, il n'éprouve pas le besoin de dire qu'il croit à sa réalité; il y croit, dira t-on, implicitement. Mais est-cc si sûr? En fait, non seulement le croyant n'a pas besoin de dire qu'il croit à l'existence de Dieu, mais il n'a pas même besoin d'y croire, précisément parce qu'à ses yeux elle n'est pas douteuse: elle est non pas crue, mais perçue. Au contraire, en faire un objet de croyance, énoncer celle-ci, c'est ouvrir la possibilité du doute - ce qui commence à éclaircir l'ambiguïté d'où nous sommes partis. Ainsi est-cc, si l'on peut dire, l'incroyant qui croit que le croyant croit à l'existence de Dieu. On dira peut-être que c'est jouer sur les mots; encore faut-il que les mots s'y prêtent et c'est justement cette possibilité qu'il s'agit d'explorer, sinon d'élucider, en essayant d'organiser le champ de leurs usages. D'ailleurs, ce qui précède parait beaucoup plus simple si l'on quitte le domaine religieux. Si j'ai confiance en un ami, si je crois en lui, dirai-je que je crois à son existence? Certainement pas; elle est, simple ment, indéniable. Ce n'est que si elle n'était pas indubitable qu'il me faudrait y croire, et y croire explicitement. A nouveau, sans doute, on dira que c'est un jeu de mots, sur le mot. exis tence • cette fois, car l'existence de l'homme, par définition, n'est pas sur le même plan que celle de la divinité. Par définition, oui, mais par définition culturelle: la distinction entre un monde naturel et un monde surnaturel, ou entre un • ici-bas • et un 1 au-delà ., est répandue, elle n'est pas universelle. Or, c'est cette distinction entre deux modes d'existence qui entralne une distinction entre deux façons d'appréhender ce qui est : perception et savoir d'un côté, croyance de l'autre. Dans une telle perspective, l'existence d'êtres surnaturels ne peut plus être alors qu'un objet de croyance, ct c'est pourquoi, là où la distinction est faite, le phénomène de la croyance comme affir mation d'existence présente cet aspect ambigu, entre le certain et le douteux. Ce n'est pas la seule raison. Considérons maintenant les rap ports entre Il croire à... Il et « croire que ... Il. Croire à l'existence de X - 1 dieu, table ou cuvette li - peut se dire en construction directe: croire que X existe. Mais c'est là un énoncé d'un type particulier - l'existence d'Un dieu ... ou de cent thalers n'est pas un attribut - , différent de celui qui dote X de certaines caractéristiques et permet de se le représenter. La représenta tion, contenu de la croyance, s'accompagne d'une affirmation d'existence mais elle en est séparable; l'affirmation peut être
Remarques sur le verbe
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croire »
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mise entre parenthèses - l'epochè husserlienne - et c'est ce qui permet l'étude des croyances en tant que telles : on n'a pas besoin de croire k ce qu'on croit pour l'analyser. Le 1 je crois» qui précède souvent tant d'énoncés, des genres les plus divers, est précisément la marque d'une mise à distance et non celle d'une adhésion. Ces deux mouvements, qu'un même verbe peut exprimer, apparaissent radicalement opposés, ou plutôt sans aucun rapport. La croyance comme représentation, comme énoncé, est du côté de ce qu'on appelle également idéologie; il n'y a pas de croyance isolée, toute représentation s'insère dans un système global plus ou moins clairement, plus ou moins consciemment articulé, système qui peut être rl)ligieux mais aussi bien philosophique, politique ... La croyance 1comme confiance, c'est la conviction que celui à qui on l'a donnée vous la rendra sous forme d'appui ou de protection; elle appelle une relation d'échange dont le rapport entre le croyant et son dieu n'est qu'un cas particulier même s'il est souvent privilégié. On donne sa confiance, dans le même but, aussi bien à un individu, à un parti, à une insti tution. Il est à cet égard significatif que Benveniste, dans son Vocabulaire des institutions inde-européennes (Paris 1969)' traite de la croyance dans la section relative, non pas à la 1 religion ., mais aux. obligations économiques •. Il VOit d'ailleurs dans ce crédit accordé et qui doit faire retour le sens originel de la croyance. Faut-il voir alors dans la croyance-représentation un sens dérivé? ou bien un sens surajouté et qui ferait du verbe Il croire. un conglomérat sans unité? La dérivation est certainement possible: croire en quelqu'un, lui faire crédit, c'est, entre autres choses, croire ce qu'il dit, et l'on passe ainsi de la confiance à l'énoncé qu'elle permet de tenir pour établi. C'est particulièrement évident quand la croyance se présente comme foi religieuse: la croyance en un dieu fonde normalement ce qu'on appelle un credo, c'est-à-dire un ensemble d'énoncés qui deviennent l'objet direct de la croyance. Il en est de même dans bien d'autres domaines. Pour des exemples politiques on n'a que l'embarras du choix. Mais on peut aussi - ct plus souvent qu'on ne ... croit! - admettre une proposition dite scientifique comme on accepte un dogme ou même l'asser tion peut-être fantaisiste d'un homme jugé digne de foi; je la crois non parce que je suis capable de la démontrer, mais parce que j'ai confiance en ceux qui disent l'avoir prouvée, par exemple en Einstein lorsqu'à sa suite j'écris E = MC·. On manquerait cependant l'essentiel de la croyance comme représentation si on la réduisait à ce seul cas où elle se fonde sur l'argument d'autorité. Le propre de la représentation est d'aller de soi,
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d'apparattre comme une évidence, et qu'on puisse mettre entre parenthèses le jugement ou le sentiment d'évidence n'y change rien: l'évidence fait place à l'arbitraire mais c'est toujours dire que cette forme de croyance n'est fondée sur rien d'autre qu'elle même ou sur le système culturel au sein duquel elle trouve sa signification. Il semble donc impossible de surmonter la polysémie du mot. Son utilisation religieuse permet bien d'unifier les trois cons tructions du verbe, mais elle ne saurait éliminer les autres emplois; au surplus, elle n 'est le fait, on le verra, que de religions d'un certain type. Cette constatation incite à mettre en question son usage anthropologique, pourtant bien établi et, apparemment, sans difficulté 1. Quel anthropologue niera qu'il cherche à dégager les croyances de ceux qu'il étudie, à les comparer avec les nôtres ou avec celles d'autres peuples, comme si cet objet d'étude et sa désignation ne posaient aucun problème préalable, comme s'il était évident que tout homme u croit Il - c'est là une de nos croyances - de la même façon, sinon, bien entendu, les mêmes choses? Le danger, en l'occurrence, n'cst pas simplement celui, bien connu sinon toujours prévenu, d'appliquer indûment une catégorie qui n'a peut-être de sens que dans notre propre culture; il tient au fait que cette catégorie n'en est peut-être pas une, même pour nous, ou du moins qu'il s'agit d'une caté gorie éclatée, dont l'éclatement est précisément un phénomène culturel singulier. En outre, l'usage anthropologique redouble le paradoxe que nous avons souligné plus haut en disant que c'est l'incroyant qui croit que le croyant croit. Si par exemple je dis que les Dangaleatê croient à l'existence des margai, c'est parce que, moi, je n'y crois pas et que, n'y croyant pas, je pense qu'eux ne peuvent qu'y croire à la manière dont j'imagine que pourtant je pourrais le faire. Mais comment savoir s'ils croient et de quelle façon? Quelle question leur poser, à l'aide de quel mot de leur langue, dans quel contexte? Ou, inversement, comment traduire en français le ou les mots qu'ils emploient pour parler de ce qui est, à nos yeux, un objet de croyance? Dans le Dictionnaire dangaleat de J. Fédry", on trouve le
verbe àbidè « accomplir fidèlement les rites Il. Il vient de l'arabe local abada « adorer Dieu ., l'adoration étant entendue comme une activité ritualisée. JI s'agit du culte, de la foi en acte et non de la représentation d'un être dont il faudrait ainsi affirmer l'existence. Ce verbe s'emploie avec complément d'objet direct: Dieu pour les convertis au christianisme ou à l'islam, ou les margai. La meilleure façon de le traduire est alors « servir " au sens biblique du mot: rendre un culte à. No abday maragi a je sers les margay •. Un autre verbe, àmniyè, signifie Il donner sa confiance à.,·« se reposer sur " « croire en -. Il se construit avec un complément d'objet indirect, introduit par la préposi tion ku : no amnay ku marigo « je donne ma confiance aux mar gai»; c'est ce verbe qu'emploient les chrétiens pour dire « je crois en Dieu _ no amnay ku bungir. Contrairement au précédent il n'est pas d'un usage exclusivement religieux: on peut évidem ment, comme en français, mettre sa confiance en un autre homme. Le premier sens que donne le dictionnaire, c'est d'ail leurs « être habitué, familiarisé avec...., et l'on dira par exemple: "0 amniyiy-g pisô a j'ai l'habitude du cheval Il. C'est également un mot d'origine arabe dont la racine sémitique a donné l' " amen. liturgique chrétien qui marque, précise J. Fédry, J'adhésion à une personne plus qu'à une « vérité Il conceptuelle. Comme le note cet auteur, «on peut se poser des questions en voyant que ces verbes viennent tous deux de l'arabe dont l'influence linguistique est très forte en dangaleat comme sur les autres langues hadjerai. Cela ne doit pas pour autant faire douter que ce que les Dangaleat ont assimilé est devenu partie intégrante d'eux-mêmes _. J'ajouterai pour ma part que, du langage d'une religion qui comporte un credo (affirmation d'exis tence et ensemble d'énoncés et de représentations), ils ont pris ce qui convenait à leur manière de « croire - : les termes qui désignent un comportement spécifique et une attitude mentale - rendre un culte et donner sa confiance au destinataire de ce culte - et non ceux qui renverraient à des représentations ou à des propositions définies. On peut donc traduire en dangaleat notre « croire en -, et le fait que ces Hadjerai ont emprunté le mot à l'arabe suggère qu'il exprime pour eux l'aspect essentiel de la croyance (et de la foi religieuse en général, dit Fédry qui appartient à la Com pagnie de Jésus et sait de quoi il parle) : la confiance. Mais alors comment traduit-on «croire que _? Apprendre, savoir, connaItre, c'est i~i1lè " pakkinesert pour rendre: p~nser, supposer, supputer, prévoir. Les deux verbes sont, eux, bien dangaleat. Le premier sera utilisé pour marquer la certitude et traduira donc «croire» dans les cas où le verbe français est quasiment l'équivalent de
1. R. Needham \'1 fait (B~/i~f, Language and Experience, Chicago, 1972) danl une perspective différente de Il mienne, mai. le. deux le recoupent: lei thèmee sont forcément lei memel, mail il. sont combinés autrement. z. Lei Dangaleat sont un de. groupee dit. hadjeraï, qui vivent don. la r~iion centrale de la République du Tchad, département du Guéra. Il. rendent un culte li ce que l'on peut sornmairerne nt appeler de. g~nie. de lieux: le.
margaî.
3. Thèse de 3" cycle, ronéo, 1971. Je remercie l'auteur d'avoir bien voulu compléter lei indicarions qUÎ figurent dan. 88 thèse par une communication personnelle,
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savoir, lorsque par exemple, à Sganarelle qui l'interroge sur sa croyance, Don Juan répond : « je crois que deux et deux font quatre •. Le second couvrira les usages dubitatifs de notre verbe, tous ceux où le locuteur prend une certaine distance à l'égard de ce qu'il se représente. En somme on peut tout traduire du verbe. croire .... sauf ce verbe lui-même. Ce que l'on traduit, c'est l'équivalent Iran çais de « croire. dans chacun de ses emplois particuliers, mais il n'y a pas en dangaleat un terme unique qui soit le support de leur ensemble. Autrement dit, on traduit tout sauf l'ambi guïté. C'est donc sur les raisons de celle-ci qu'il faut revenir. 'L'arnblguîté, ce n'est pas simplement la polysémie, ce n'est pas le fait que le verbe a tantôt tel sens, tantôt tel autre, chacun d'eux étant univoque; c'est qu'ils sont tous, même contradic toires, intrinsèquement liés, que, notamment et surtout, le doute est toujours au cœur de la conviction, et que l'affirmation indique d'elle-même qu'clic peut toujours être suspendue. Mais pourquoi condenser en un seul mot cette liaison paradoxale au lieu d'en séparer les éléments comme le font les Hadjerai? La réponse, « je crois li, se trouve dans la comparaison entre une religion comme le christianisme et une religion comme celle des Dangaleat. Ce n'est pas tellement le croyant, disions-nous, qui affirme sa croyance comme telle, c'est plutôt l'incroyant qui réduit à une simple croyance ce qui pour le croyant est comme un savoir. Néanmoins, le chrétien ne peut éviter d'énoncer sa foi non seulement comme confiance en Dieu, mais aussi comme croyance à son existence et croyance que Dieu possède tels attributs, que le monde est créé, et ainsi de suite. Il l'énonce comme croyance, bien qu'il sache mais aussi parce qu'il sait qu'elle est de ce fait contestable et contestée. D'abord, il sait qu'il y a d'autres croyan ces, d'une part p:lrce que sa religion A une histoire ct s'est cons tituée contre les. faux 1 dieux, d'autre part parce que cette histoire n'est pas terminée et qu'il y a encore des idoles à éliminer; et il ne peut y avoir d'autrel croyances que parce que sa croyance en est une parmi d'autres. Ensuite, il sait bien - c'est même un point essentiel de son credo - que l'objet de sa croyance est une « réalité 1 d'un autre ordre que les réalités du monde créé, qui, elles, sont l'objet ou d'un savoir scientifique toujours révi sable, ou de supputations, de prévisions qui peuvent être infirmées; et il sait aussi que cette possibilité de révision tient au caractère démontrable ou vérifiable du savoir ou de l'hypothèse, caractère qu'il récuse pour sa croyance mais qui, inversement, récuse celle-ci. Par suite, il doit assumer à la fois son affirmation et la contestation qu'à son niveau elle devrait pourtant rendre impos-
Remarque» sur le verbe
«
croire.
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sible. Autrement dit, la contradiction est intérieure à sa foi, et c'est cela « croire 1 1. Cette situation procède de la distinction de deux monde. : le Royaume de Dieu et ce monde-ci. Dans notre culture une telle distinction semble si caractéristique de la religion, à ceux qui la rejettent autant qu'à ceux qui l'acceptent, qu'on définit couramment la religion en général et les religions dites primi tives en particulier par la croyance à des puissances surnaturelles ct par le culte qui leur est rendu. On a même tendance à penser que l'étendue et la portée du monde surnaturel sont beaucoup plus importantes pour les c primitifs 1 que pour les 1 modernes ., que la surnature, ce n'est pas seulement le domaine des dieux ou des génies mais aussi celui, par exemple, où s'exerce le pou voir du magicien et du sorcier. Il n'est certes pas question de nicr que sous bien des latitudes on trouvera des gens pour croire au surnaturel, mais on en trouvera également pour lesquels une telle affirmation est complètement dépourvue de sens, sans qu'ils soient pour autant a-religieux, bien au contraire. Il y a là un malentendu significatif: parce que nous avons construit le concept de loi naturelle, nous sommes prêts à admettre le surnaturel - soit comme illusion, soit comme réalité autre, peu importe - afin d'y ranger ce qui contrevient à la loi ou parait y contrevenir; mais cette notion est nôtre, que nous la Jugions fondée ou pas, et non celle des gens à qui nous la prêtons abusivement. Comme le remarque Evans-Pritchard, c many pcoplcs are convinced that deaths are caused by witchcraft. To speak of witchcraft being for these peoples a supernatural agency hardly reflects thcir own view of the matter, since from their point of vicw nothing could be more natural ê 1. De son côté, C. Lévi-Strauss a souligné le caractère réaliste, matérialiste de la magie, sa conception moniste, et non pas dualiste, du monde 1. Les margai, ces génies qui tiennent une place si importante dans la vie individuelle et sociale des Hadjerai, sont des puis sanccs invisibles, non humaines; elles agissent d'une façon imprévisible, sont à l'origine de tout ce qui trouble le cours naturel des choses. Elles n'cn font pas moins partie du même monde que les hommes. Ceux-ci croient à leur existence comme ils croient à la leur propre, à celle des animaux, des choses, des r , Il serait sisé de montrer qu'aujourd'hui bien de. • croyantl pohtiques • se trouvent dlns une situltion snlllollue. M.is ils n'en sont pli toujours aUaii conscients Que lIini Augustin Jonque, parsll-il scion Tertullien, il disait: credo quia absurdum, :1. Theories 0/ primilM.J4 religio«, Oxford, 1965, p. 1°9-110. 3. C. Uvi-Strauu, La Pms" sauvage, Paris, 196:1, p. :l9:1-:l9J.
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