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Plantes Aromatiques et Médicinales du Maroc Les milles et une vertus
La Collection Maroc Nature est éditée par le Centre de Recherche Forestière
Directeur de la collection Mohamed Benzyane Chargée d’édition Ghizlane El Bayed
Création graphique Graphismes Lecture Impression
Dépôt légal : ISBN :
Biloba Hind Cherkaoui et Said El Bouchikhi Salwa El Antry Tazi Catchycom
Collection Maroc Nature Sous la direction de Mohamed Benzyane
Plantes Aromatiques et Médicinales du Maroc Les milles et une vertus Mohamed GHANMI Badr SATRANI Mohamed ABERCHANE My Rchid ISMAILI Abderrahman AAFI Abdelhak EL ABID
Centre de Recherche Forestière Charia Omar Ibn Khattab, B.P. 763 Agdal • Rabat • Maroc Tél. : +212 (0) 5 37 67 25 47 / +212 (0) 5 37 67 27 59 Fax : +212 (0) 5 37 67 11 51 e-mail :
[email protected]
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A la mémoire de notre regretté feu Dr. Fechtal Mohamed ( que Dieu l’ait en Sa sainte miséricorde) qui a contribué à l’initiation des travaux de recherches sur les Plantes Aromatiques et Médicinales au Centre de Recherche Forestière
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Sommaire Introduction .......................................................................................................... 09 Chapitre I : Généralités sur les HE.................................................................... 10 01 Tissus sécréteurs des HE..............................................................................12 02 Séchage des PAM........................................................................................ 13 03 Composition des HE . .................................................................................... 13 04 Propriétés physico-chimiques des HE....................................................... 15 05 Domaine d’utilisation des PAM et leurs HE............................................... 15 06 Toxicité des HE............................................................................................... 18 07 Contrôle de qualité ....................................................................................... 18 08 Importance socio-économique de la filière PAM.................................... 19 09 Techniques d’extraction des HE.................................................................. 20 10 Rectifications des HE.................................................................................... 20 11 Détermination du rendement en HE........................................................... 21 12 Méthodes d’analyses des HE ..................................................................... 21 13 Tests de bioactivités des HE........................................................................ 22 14 Acquis de la recherche forestière dans le domaine des PAM.............. 23 Chapitre II : Valorisation et caractérisation des PAM des strates arbustives et herbacées .................................................................................... 24 01 Romarin (Rosmarinus officinalis, et tournefortii)...................................... 26 02 Myrte (Myrtus communis)............................................................................ 40 03 Origan (Origanum elongatum et O. compactum)...................................... 46 04 Lavande (Lavandula dentata et Lavandula stoechas)............................. 52 05 Armoise (Artemisia herba alba et A. campestris).................................... 58 06 Thym (Thymus capitatus, T. riatarum, T. ciliatus munbyanus, T. ciliatus et T. bleicherianus)....................................................................... 68 07 Menthe pouliot (Mentha pulegium)............................................................ 76 08 Menthe à feuilles rondes (Mentha rotundifolia) . .................................... 80 09 Satureja (Satureja calamintha et S. alpina).............................................. 84 10 Khella (Ammi visnaga) ................................................................................. 48 11 Camomille sauvage (Cladanthus mixtus)................................................... 51
Chapitre III : Valorisation et caractérisation des PAM de la strate arborée ou arborescente ................................................................................... 94 01 If commun (Taxus baccata).......................................................................... 96 02 Genévriers (Juniperus thurifera, Juniperus oxycedrus et Juniperus phoenicea).................................................................................................... 100 03 Thuya (Tetraclinis articulata)..................................................................... 104 04 Cèdre (Cedrus atlantica)............................................................................. 108 05 Eucalyptus sp. ............................................................................................. 112 Conclusion........................................................................................................... 118 Bibliographie ..................................................................................................... 120
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Introduction
Senteurs, effluves, fragrances, essences, parfums autant de mots délicats pour nommer les substances aromatiques qui nous sont offertes par les Plantes Aromatiques et Médicinales (PAM). De tout temps, le règne végétal a offert à l’Homme des ressources essentielles à son alimentation, hygiène et sa santé. Il semblerait que l’Homme a connu et utilisé les PAM depuis la haute antiquité. Toutes les grandes civilisations anciennes (chinoise, grecque, romaine, musulmane…) ont eu recours aux PAM pour leurs propriétés médicinales, parfumantes ainsi que des utilisations rituelles. Actuellement, et selon l’Organisation Mondiale de la Santé (2003), 80% de la population mondiale a recours aux médecines traditionnelles pour satisfaire des besoins en soins de santé primaires. Plus de 20 000 à 25 000 plantes sont utilisées dans la pharmacopée et plus de 50% des produits pharmaceutiques disponibles sur le marché sont d’origine naturelle (Hamilton, 2003). Le Maroc, de par sa situation géographique, constitue un cadre naturel tout à fait original offrant une gamme complète de bioclimats méditerranéens favorisant une flore riche et variée avec un endémisme très marqué. Sur les 7000 espèces, et sous espèces et variétés existantes, 537 sont endémiques du pays et 1625 rares ou menacées (Benabid, 2000). Le Maroc occupe ainsi la première place parmi les pays du Sud de la Méditerranée pour sa richesse en plantes endémiques (Fennane & Ibn Tattou, 1998). Cependant, sur les 800 espèces de PAM potentiellement exploitables, seule une dizaine l'est effectivement (romarin,
thym, camomille, armoise, origan, menthe pouliot, laurier sauce, lichen, câpre, pyrèthre). Ainsi, la valorisation de ce patrimoine souffre d'un manque de connaissances précises aussi bien sur les potentialités en phytomasse des espèces végétales, sur la nature chimique et les caractéristiques biologiques de ses extraits que sur la période optimale de la collecte de la matière première destinée spécialement à l'extraction des huiles essentielles (HE). Pour assurer le développement de la filière des PAM au Maroc, il faut introduire le concept de labellisation en maîtrisant la qualité et les prix des produits, connaître le marché, son évolution et ses exigences et également impliquer les populations rurales dans les concertations et les programmes de développement. Dans le but de mieux valoriser cette ressource et élaborer un référentiel national des principales PAM, des opérations de recherches ont été menées par le Centre de Recherche Forestière (CRF). Ainsi, les objectifs globaux assignés à ce programme sont axés sur l’identification botanique et l’estimation du potentiel en phytomasse par Abderrahman Aafi, la mise au point de techniques d’exploitation rationnelle et de domestication par My Rchid Ismaili et la valorisation et les caractérisations chimique et biologique des extraits des PAM par Mohamed Ghanmi, Badr Satrani et Mohamed Aberchane. Ces travaux ont été initiés par Feu Mohamed Fechtal et réalisés au sein du Service de Technologie du Bois et Valorisation des Produits Forestiers (Centre de Recherche Forestière) dont la gestion est assurée par Abdelhak El Abid. 9
Chapitre I Généralités sur les HE
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Les plantes aromatiques sont des végétaux qui renferment des HE, ces substances sont synthétisées naturellement par des cellules sécrétrices qui contiennent de la chlorophylle, ensuite elles sont transportées lors de la croissance de la plante dans d’autres parties. Ainsi, on les trouve dans le bois, les fruits, les écorces, les graines et les racines. Cependant, la quantité d’huile produite est très variable selon les espèces. Les HE sont très utilisées dans l’industrie des cosmétiques, de la parfumerie où elles sont considérées comme étant des éléments de base, ainsi que dans le
domaine de l’aromathérapie, elles ont des applications importantes en médecine, soit par leurs qualités odorantes, soit pour soulager la douleur ou leur efficacité physiologique. La norme AFNOR NF T 75-006 définit l’HE comme étant « un produit obtenu à partir de la matière première naturelle par distillation à l’eau ou par entraînement à la vapeur d’eau, soit à partir des fruits de Citrus par des procédés mécaniques et qui sont séparés de la phase aqueuse par des procédés physiques ». Cette définition exclut certainement les produits extraits à partir des solvants.
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01 Tissus sécréteurs des HE
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Les HE se rencontrent dans tout le règne végétal ; cependant, elles sont particulièrement abondantes chez certaines familles : Conifères, Rutacées, Ombellifères, Myrtacées, Labiées. Tous les organes peuvent en renfermer, surtout les sommités fleuries (Lavandes, Menthes, etc,), mais on en trouve aussi dans les racines ou rhizomes (Vétiver, Gingembre), les écorces (Cannelles), le bois (Camphrier), les fruits (Poivres), les graines (Muscade) (Paris, 1967 ; Arctander, 1969).
Les huiles volatiles sont élaborées au sein du cytoplasme des cellules sécrétrices (Sens, 1979). Cependant, on les trouve aussi bien dans les organes végétatifs que dans les organes reproducteurs. Muchalal et al., (1985) ont rapporté que les HE sont renfermées dans les glandes à huiles, dans les veines, les sacs d’huile ou dans les cellules glandulaires des plantes aromatiques. Lorsque la plante est laissée intacte, les huiles ne peuvent êtres entraînées par la vapeur qu’après être passées à travers la paroi des tissus à la surface.
Glande simple entièrement chargée d’huile en forme de dôme (800x)
Les poils épidermiques sur le calice d’une fleur d’un origan
Chapitre I Généralités sur les HE
02 Séchage des PAM
C'est la méthode de conservation la plus facile, efficace, économique et la plus utilisée. Le principe du séchage est simple et consiste à éliminer l'eau contenue dans la plante le plus rapidement possible tout en sauvegardant les essences et les principes actifs. En général, le goût et
les qualités des herbes se conservent bien par le séchage. Certaines gardent leur arôme intact et le concentrent. C'est le cas notamment de l'origan et de la marjolaine, du thym, du laurier et de la verveine. D'autres, se prêtent moins bien à cette technique telle que le cerfeuil, la ciboulette, le persil et la sauge.
03 Composition des HE
Les HE sont des substances très complexes qui contiennent plusieurs constituants chimiques, notamment les esters qui ont un effet relaxant et calmant sur le corps, les aldéhydes qui sont des composés organiques possédant des propriétés calmantes et sédatives, les cétones qui aident à stimuler la régénération des cellules et à favoriser la formation de tissus, les terpènes qui
peuvent inhiber l’accumulation des toxines dans le corps humain et peuvent aider le foie et les reins à se débarrasser de l’accumulation des toxines et ont des propriétés stimulantes, antibactériennes et sédatives, les oxydes qui ont une action légèrement stimulante, les acides comme l’acide benzoïque et les alcools qui ont des propriétés antimicrobiennes.
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De plus, les molécules de sesquiterpénol possèdent des propriétés antiinflammatoires et peuvent aider au bon fonctionnement du système immunitaire et les phénols qui sont parmi les
composés les plus bénéfiques de tous les groupes aromatiques contiennent des niveaux élevés de molécules oxygénantes et possèdent de puissantes propriétés antioxydantes.
HO
Ocimène (basilic)
Myrcène (laurier)
Nérol (géranium)
HO
Limonène (citron)
HO
Citronellol (rose)
HO
Menthol (menthe)
Thymol (thym)
O C
OH
H3C O
H3C H3C CH3
α-Pinène (pin)
Camphre
acide Chrysanthèmique
SCHÉMA DE QUELQUES MONOTERPÈNES DES HE
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Chapitre I Généralités sur les HE
04 Propriétés physico chimiques des HE Les HE sont des substances aromatiques liquides odorantes, plus ou moins colorées, volatiles, de nature hydrophobe, totalement solubles dans les alcools, l’éther et dans les huiles végétales et minérales. Leur densité est, en général, inférieure à celle de l’eau.
Elles ont un indice de réfraction élevé et la plupart des HE dévie la lumière polarisée. Contrairement aux huiles végétales, les HE ne contiennent pas de corps gras et elles sont sensibles à la décomposition sous l’effet de la chaleur.
05 Domaine d’utilisation des PAM et leurs HE En plus des rôles pastoral, énergétique et environnemental, les PAM ont de nombreuses utilisations. Elles sont employées, soit sous leur forme naturelle comme condiment et en pharmacopée traditionnelle, soit pour en extraire les principes actifs recherchés par les industries pharmaceutiques, cosmétiques et alimentaires. Les substances naturelles issues des végétaux ont des intérêts multiples mis à profit dans l’industrie : en alimentation, en cosmétologie et en pharmacie (Bahorun et al., 1997). Il y a eu donc un regain d’intérêt progressif de l’utilisation des PAM dans les pays développés comme dans les pays en voie de développement,
parce que les herbes fines guérissent sans effet secondaire défavorable. Ainsi, la recherche de nouvelles substances naturelles est un choix normal. Depuis 150 ans, les plantes médicinales ont fourni à l’industrie pharmaceutique des médicaments très efficaces. Cette découverte de nouveaux produits est effectuée en cherchant les principes actifs de plantes médicinales qui, pour la plupart, étaient des plantes toxiques. Le développement des techniques d’extraction a permis d’obtenir des produits qui ont montré une grande activité vis-à-vis de nombreuses maladies (Lanhers et al., 1990, Rolland et al., 1991).
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Les HE sont des mélanges naturels à haute valeur ajoutée, utilisées dans de nombreuses industries aussi diverses que la parfumerie, la cosmétique, la pharmacie, l’agro-alimentaire ou encore l’aromathérapie. Elles entrent dans la composition d’un grand nombre de produits tels que les additifs alimentaires (épices ou aromates), certaines préparations pharmaceutiques, de nombreux parfums, ou même des détergents. Les propriétés antiseptiques des HE trouvent de plus en plus leur utilisation à des fins diverses : •M édecine douce et industrie pharmaceutique : l’aromathérapie est une branche de la phytothérapie qui utilise les HE pour traiter un certain nombre de troubles et de maladies humaines. Cette spécialité intéresse de plus en plus les médecins et les pharmaciens qui ont ignoré un nombre important d’ouvrages d’aromathérapie. Actuellement, un retour très net aux HE pour la désinfection et le traitement des maladies infectieuses
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Chapitre I Généralités sur les HE
a été signalé. Ce retour est stimulé par le danger que représente l’usage de certains antibiotiques. Les HE ont une efficacité durable sans aucune résistance contrairement aux antibiotiques (Valnet et al., 1978). Deux récepteurs offrent un abord évident quant à la puissance des huiles : la peau et la sphère otorhino laryngologique et bronchopulmonaire (Franchomme, 1981). Cette efficacité des huiles est due au fait qu’elles contiennent plus de 20 molécules actives différentes, tandis que dans le médicament de synthèse, on ne peut évaluer les interactions de plus de 3 molécules. Les HE ont donc une action globale, un «large spectre» sur l’ensemble de la physiologie. •P arfumerie et cosmétologie : un grand nombre d’HE et de leurs constituants est utilisé dans l’élaboration de la majorité des parfums et produits de toilette.
Ces essences servent à préserver ces cosmétiques grâce à leur activité antiseptique tout en leur assurant leur odeur agréable. Le 1,8-cinéol connu commercialement sous le non d’eucalyptol est le principal constituant de la majorité des HE d’Eucalyptus. Il entre dans la fabrication des médicaments, des savons de toilette, des dentifrices et des lotions désodorisantes (Miyazawa et al., 1989). En plus de ces utilisations, Beylier-Maurel (1976) a réuni une vingtaine de composés d’HE à effet bactériostatique en une formulation harmonieuse du point de vue olfactif. Lahlou (2004) a aussi démontré la grande activité de plusieurs composés d’HE sur la microflore de la peau d’où leurs utilisations dans des formulations cosmétiques et thérapeutiques. L’utilisation des HE dans la désinfection des locaux est assez courante (Mallea et al., 1979). Elles sont douées d’un pouvoir
bactéricide et fongistatique sans aucune toxicité pour l’homme quant aux doses utilisées (Mallea et al., 1979). • I ndustrie alimentaire : actuellement, on utilise les plantes aromatiques et leurs extraits dans la conservation des denrées alimentaires. Dans son étude, Beraoud (1990) a mis en évidence l’efficacité antifongique de certaines épices et plantes aromatiques ainsi que certaines HE et extraits aqueux qui résultent de l’infusion de la plante. Pellecuer et al. (1976) ont révélé la possibilité d’utiliser certaines HE, telles que le romarin et le thym, pour lutter contre la flore cryptogamique qui se développe sur les produits alimentaires. La synergie antiseptique entre certains composés d’HE d’une part et le sel, le sucre ou les acides gras d’autre part a été avancée par Kurita et Koike (1982). Cette action donne une activité très forte au mélange.
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06 Toxicité des HE
Les HE contiennent des milliers de composants, elles sont très efficaces mais aussi dangereuses. Certains composants aromatiques peuvent être nocifs, allergisants, tératogènes ou cancérigènes. La toxicité des HE et les propriétés mutagènes ou cancérigènes de leurs composés restent encore mal connues. Pourtant, la neurotoxicité des PAM à thujone (Artemesia absinthum L.) et pinochaphène (Hyssopus officinalis L.) est assez bien connue. En effet, ces
substances cétoniques induisent des troubles psychiques et sensoriels, D’autres monoterpènes sont toxiques à fortes doses : camphre, menthol, cinéol, anéthol, etc. En effet, la toxicité des PAM dépend de la nature des composés qu’elles renferment et aussi de la dose administrée. On cite, par exemple, les HE de différentes variétés d’origan qui ont montré une forte cytotoxicité sur des cellules humaines cancéreuses (Sivropoulou et al., 1996).
07 Contrôle de qualité Les HE doivent répondre à des normes analytiques, imposées par les pays importateurs ou exportateurs, et établies par des commissions nationales et internationales d'experts. Ces normes décrivent avec précision les caractéristiques physico-chimiques et chromatographiques que doit avoir une HE de qualité reconnue. Le contrôle des HE s’effectue à travers différents essais, comme la miscibilité à l’éthanol et certaines mesures physiques : indice de réfraction, pouvoir rotatoire et densité relative. La couleur et l’odeur sont aussi des paramètres importants. Les points de contrôles à effectuer pour 18
Chapitre I Généralités sur les HE
se prémunir contre la falsification des HE concernent l’origine géographique, l’espèce botanique, l’organe producteur (feuilles, fleurs, fruits, écorces…), les caractéristiques organoleptiques (couleur, odeur, densité, indice de réfraction). En plus de ces points de contrôle, on peut conclure que la meilleure carte d’identité quantitative et qualitative d’une HE se base sur le profil chromatographique en phase gazeuse. Il permet de connaître exactement la composition chimique et de chercher d’éventuelles traces de produits indésirables tels les pesticides ou des produits chimiques ajoutés.
08 Importance socio-économique de la filière PAM
Les plantes médicinales restent le seul moyen de traitement médical pour 80 % de la population mondiale. Le marché des produits tirés de ces plantes a connu, au Maroc, une croissance en quantité mise en vente sur le marché. En plus des HE, cette activité connaît une exportation d'environ une centaine de tonnes d'herbes sèches. Actuellement, les activités de transformation et de valorisation des PAM permettent une exportation de près de 1 000 tonnes d'HE et d'extraits divers et environ 400 tonnes d'herbes séchées pour une valeur totale d'environ 300 millions de dh (MDSFS, 2007). Sur le plan socio-économique, la collecte des PAM constitue un moyen pour diversifier la production agricole
et demeure une activité génératrice de revenus pour les populations rurales locales. Cette activité procure à la population locale environ 500 000 journées de travail pour un revenu de 25 millions de dh et génère des recettes d'appoint pour les communes rurales. La valorisation économique des PAM connait un développement important sur le plan international, surtout avec la mondialisation et les libres échanges. Actuellement, parmi les secteurs à fort potentiel, figurent les PAM dites biologiques ; les plantes issues de la culture biologique sont très recherchées sur le marché international. Ce dernier est très exigeant, la qualité des produits issus des PAM est régie par des normes de qualités internationales.
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09 Techniques d’extraction des HE
Le mécanisme de distillation consiste à un entraînement des constituants volatils du matériel végétal par la vapeur d’eau. La seule différence entre les différents modes de ce mécanisme réside dans le degré de contact entre l’eau et le matériel végétal. Ainsi, dans l’hydrodistillation le matériel végétal à distiller se trouve en contact direct avec l’eau bouillante et dans la vapo-hydrodistillation le matériel végétal se trouve supporté par une grille
ou une plaque perforée placée à une distance adéquate du fond de l’alambic. La partie inférieure de l’appareil est remplie d’eau (Pellerin, 2000). Quant à la distillation à la vapeur directe, il y a introduction de la vapeur, saturée ou surchauffée à pression supérieure à la pression atmosphérique, au fond de l’alambic par un système de conduite en traversant la masse végétale de bas vers le haut.
10 Rectifications des HE
Cette opération permet de se débarrasser des molécules indésirables et d’isoler certains principes actifs et des éléments nobles des huiles brutes, augmentant ainsi leur puissance, leur finesse et leur solubilité. La déterpénation (séparation des terpènes) ou la rectification (sélection) des HE sont des techniques d’affinement. 20
Chapitre I Généralités sur les HE
11 Détermination du rendement en HE
La teneur des plantes en HE est faible, de l’ordre de 1 à 5% à l'exception du clou de girofle de (14 à 19%), du macis (10 à 13%), de la noix de muscade (8 à 9%) et de la cardamone (4 à 10%). Le rendement en HE est exprimé en ml de distillat pour 100g de matière sèche.
Rdt (%) =
[
][
V x 100 ± ms
]
ΔV x 100 ms
Rdt (%) : rendement en HE (ml/g) V : volume d’HE recueilli ΔV : erreur sur la lecture ms : masse végétale sèche
12 Méthodes d’analyses des HE • La chromatographie en phase gazeuse (CPG) : est une méthode d’analyse par séparation qui s’applique aux composés gazeux ou susceptibles d’être vaporisés par chauffage sans décomposition. La CPG est la technique usuelle dans l’analyse des HE. Elle permet d’opérer la séparation de composés volatils de mélanges très complexes et une analyse quantitative des résultats à partir d’un volume d’injection réduit (Arpino et al., 1995) • Le couplage CPG/SM en mode impact électronique (SM-IE) est la technique la plus utilisée dans le domaine d'analyse des HE. Il permet de connaître, dans
la grande majorité des cas, la masse moléculaire d’un composé et d’obtenir des informations structurales relatives à une molécule à partir de sa fragmentation (Constantin, 1996).
Chromatographe en phase gazeuse (HP série 6890) du CRF 21
13 Tests de bioactivités des HE
C'est une technique employée in vitro au laboratoire pour évaluer le degré d'efficacité des HE vis-à-vis de certaines souches microbiennes. Dans notre cas, quatre bactéries (Bacillus subtilis, Escherichia coli, Micrococcus luteus et Staphylococcus aureus) et trois champignons (Aspergillus niger, Penicillium expansum et Penicillium digitatum) ont été choisis pour leurs fréquences élevées à contaminer les denrées alimentaires et pour leur pathogénicité. Aussi, quatre autres champignons de pourritures brune et blanche du bois (Gloeophyllum trabeum (Persoon ex Fries) Murril; Poria placenta Fries Cooke sensu J. Eriksson; Coniophora puteana (Schumacher ex Fries; Coriolus versicolor Linnaeus Quélet ; Karsten) ont été testés. Ces espèces fongiques causent des dégâts considérables aux bois et produits dérivés. Les souches bactériennes sont des lots de l’ATCC (American Type Culture
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Chapitre I Généralités sur les HE
Collection). Elles sont entretenues par repiquage sur gélose nutritive favorable à leur croissance. Les sept champignons appartiennent à la collection de la mycothèque du laboratoire de mycologie du Centre de Recherche Forestière, Rabat, Maroc. L’étude de l’activité antibactérienne et antifongique des HE a été effectuée selon la technique de dispersion des HE dans l’agar-agar à 0,2% qui a été mise en évidence par Tantaoui-Elaraki et al. (1993) et modifiée par Satrani et al. (2001). Cette technique présente l’avantage de favoriser l’incorporation du composé dans les milieux de culture solides ou liquides, elle augmente au maximum le contact germe/composé tout en excluant l’apport d’un agent étranger. En plus des essais antimicrobiens, un procédé de tests insecticides a été utilisé pour l’huile essentielle de Mentha rotundifolia selon la méthode rapportée par Hamraoui et Regnault-Roger (1990).
14 Acquis de la recherche forestière dans le domaine des PAM Depuis sa création au CRF, l'unité des PAM a étudié les espèces suivantes : les romarins (Rosmarinus officinalis L et Rosmarinus tournofortii), le myrte (Myrtus communis L,), les origans (Origanum elongatum et Origanum compactum), les lavandes (Lavandula dentata et Lavandula stoechas), les armoises (Artemisia herba-alba Asso, A. mesatlantica et A. campestris), les thyms (Thymus capitatus, Thymus riatarum, Thymus ciliatus munbyanus, T. ciliatus
et T. bleicherianus), la menthe pouliot (Mentha pulegium L.), la menthe (Mentha rotundifolia L.), les satureja (Satureja calamintha et Satureja alpina), le khalla (Ammi visnaga), la camomille sauvage (Cladanthus mixtus), l'If commun (Taxus baccata L.), les genévriers (Juniperus thurifera, Juniperus oxycedrus et Juniperus phoenicea), le thuya (Tetraclinis articulata Masters), le cèdre de l'Atlas (Cedrus atlantica M.), l'Eucalyptus, , etc…
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Chapitre II Valorisation et caractérisation des PAM des strates arbustives et herbacées
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CHAPITRE II
Les espèces comestibles
Les espèces de PAM constituants les strates arbustives et herbacées occupent une place écologique et économique de premier ordre au Maroc. Ce sont des espèces, parfois endémiques, qui permettront une renaissance de la foresterie dans les zones aride, semiaride et humide. C’est là un domaine de compétition que le pays peut gagner en fournissant un effort dans la valorisation de ce potentiel naturel et par la domestication et la culture de ces espèces sauvages et endémiques pour préserver la richesse phytogénétique que le pays risque de perdre sous l’effet des changements climatiques dont l’impact est de plus en plus perceptible depuis les années quatre vingt du siècle dernier. L'exploitation de ces espèces au Maroc est loin d'être rationnelle. Elle peut, parfois, hypothéquer la survie et la pérennité des populations de ces espèces. Les ressources aromatiques et médicinales, longtemps considérées comme des produits secondaires dans les espaces forestiers, n'ont pas retenu toute l'attention méritée. Les techniques d’exploitation usuelles ne sont pas adaptées à toutes les PAM car elles ne tiennent pas compte des conditions spécifiques de chaque espèce, des conditions d'exploitation (niveau et intensité des coupes, outillage et période de récolte etc..).
Compte tenu de l’exigence du marché International, les qualités des produits issus des PAM sont soumises aux normes internationales. La qualité des produits et la régularité de la production connaissent des fluctuations importantes, ce qui se traduit généralement par une perte du marché. Ces difficultés proviennent essentiellement de l'absence d'organisation de la profession et de l'absence de promotion de la culture des espèces à forte demande. Certaines espèces cultivées sont sur la voie de disparition. La taille et l'encadrement technique des unités de transformation sont souvent très faibles. Le manque d'intégration de la filière constitue un autre handicap pour le secteur car les huiles sont exportées à l'état brut. C’est dans cette optique que s’inscrit ce chapitre qui traitera la valorisation des PAM des strates arbustives et herbacées et ce, par la connaissance du potentiel en phytomasse, la maîtrise des techniques d’exploitation et de culture, la détermination des rendements en huiles essentielles, la caractérisation de la composition chimique et l’évaluation de la bioactivité. Par ailleurs, une description botanique et biogéographique, une présentation des modes d’utilisation ainsi que l’importance économique sont indiquées.
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01 Romarin
(Rosmarinus officinalis L., et tournefortii Denoe)
A. Description botanique Le genre Rosmarinus regroupe deux espèces de plantes. Il s’agit de Rosmarinus officinalis L. et tournofortii Denoe. Ce sont des PAM appartenant à la famille des Lamiacées. Au Maroc, le nom vernaculaire de Rosmarinus officinalis L. est «Yazir», alors qu’au Moyen Orient, il est connu sous le nom «Iklil Al Jabal » (Hafidi, 1999). Le romarin est un arbrisseau poussant à l'état sauvage dans les régions à bioclimats semiaride et subhumide, avec une hauteur moyenne de 60 cm, mais il peut atteindre 1,50 m de hauteur. Il a des feuilles persistantes, coriaces, beaucoup plus longues que larges, aux bords légèrement enroulés, d’une couleur verte et sombre luisant sur le dessus et blanche en dessous. Les fleurs du romarin ont une couleur bleue avec des taches violettes au sommet des rameaux (Karkouzi, 2001).
Nappes du romarin
Romarin en floraison
Nappes du romarin tournofortii
Romarin tournofortii
B. Localisation Le romarin pousse pratiquement dans tous les pays du bassin méditerranéen. On le trouve en Afrique du nord (Maroc, Algérie, Tunisie et Libye) et un peu partout, depuis l’Europe méditerranéenne
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(France, Espagne, Portugal, Grèce, Turquie et Italie) jusqu’en Asie mineure en passant par l’île de Chypre. Le romarin pousse également au Moyen Orient (Egypte, Liban et Palestine).
Chapitre II Valorisation et caractérisation des PAM des strates arbustives et herbacées
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Au Maroc, cette espèce se développe dans le col de Feggous, Taouarirt, Tamokrant, chaînes du Gueb-er-Rahal et du Bou-Iblane, le mont Ouarirt au Sud Est de Taza et vallée de l’Oued Atchane près de Boulmane. Dans le Haut Atlas, il est fréquent dans la partie orientale à partir de Titahouine et Tizi-n-Telghemt. Le romarin est rencontré sur les hauts plateaux (Figuig). Il est aussi abondant dans la région de Midelt et dans la forêt de Debdou et rare dans la partie occidentale. Il est présent dans les peuplements clairs et Matorrals des basses et moyennes altitudes. On le rencontre depuis l'aride supérieur au subhumide de type chaud à frais dans le thermoméditerranéen et le mésoméditerranéen. Il est indifférent aux qualités chimiques du sol, cependant il présente une certaine préférence pour les sols carbonatés et bien drainés (Benabid, 2000). C. Utilisation du romarin Le romarin est connu à l’échelle mondiale comme plante aromatique et médicinale qui fait l’objet d’usages multiples allant du simple usage de la médecine traditionnelle aux multiples usages industriels : pharmacies, agroalimentaires, cosmétiques et autres. Le romarin est un arbrisseau très apprécié par les apiculteurs : produisant tout au long de l’année, des fleurs que les abeilles visitent volontiers, il permet à celles-ci de confectionner un miel très parfumé. Grâce à ses propriétés antioxydantes, le romarin est utilisé dans l’industrie de fabrication des produits à base de viande.
Ses HE entrent dans la fabrication des parfums, des shampoings et des produits insecticides. Le romarin stimule le fonctionnement de la vésicule biliaire. Egalement, il calme les spasmes d’origine digestive par son action spasmolytique sur les intestins et l’estomac. Il est également prescrit en médecine traditionnelle sous forme d’infusions de feuilles ou de sommités fleuries. Il s’emploie contre les céphalées et la dyspepsie sous forme de teinture homéopathique ou d’alcoolat. Les feuilles sont appliquées contre les gonflements articulaires et les rhumatismes. Par ailleurs ses propriétés diurétiques sont peu employées en médecine populaire.
D. Commerce des HE du romarin Le romarin constitue le deuxième aromate le plus exporté au Maroc, il représente 19% de tous les aromates exportés par notre pays. Les quantités exportées et les recettes réalisées par le Maroc ont progressé au cours de la période s’étalant entre 2001 et 2006 avec respectivement 0,6 t (équivalent 574 666 dh) à 13 tonnes (équivalent de 12 305 333 dh), ce qui permet au Maroc d’occuper le 2éme rang sur le marché international après l’Espagne (Office des changes, 2006). 28
Chapitre II Valorisation et caractérisation des PAM des strates arbustives et herbacées
Une quantité très importante de romarin est exploitée sous forme d’herbes culinaires et de feuilles sèches exportées vers la France et les USA. Le Maroc importe également des produits à base de cette espèce. Il s’agit essentiellement de produits finis utilisés directement dans la formulation des médicaments, des parfums et des produits cosmétiques. E. R endement et composition chimique Plusieurs provenances de romarin (Rosmarinus officinalis) ont fait l’objet d’études chimique et biologique au CRF. Il s’agit essentiellement du romarin du plateau de l'Oriental, du Moyen Atlas Oriental et du Rif. Les études réalisées au CRF ont montré que le rendement en HE du romarin (Rosmarinus officinalis) est variable en fonction de la provenance et de la période de récolte. En fonction de la provenance, le romarin fournit un rendement variable de 1,3% pour la provenance d’Aknoul (région
de Taza) à environ 2,2% pour celles de la région de l’Oriental (El Ayatte, Debdou et Rchida) et environ 2,5% pour la provenance de Maghraoua (région de Taza). D’autres études réalisées auparavant sur cette espèce dans les mêmes régions du Maroc ont montré des résultats similaires ou légèrement inférieurs : El Ayatte (1,6%), Aknoul (0,9%), Rchida (1,3%) et le rendement obtenu dans la région d’Errachidia au sud du Maroc est de l’ordre de 0,9% (Mounchid et al., 2006). En fonction de la période de récolte, le rendement maximum correspond toujours à la période de floraison.
0,9
2,1
2,2
Aknoul El Ayatte
2,5
Debdou
2,1 2,2
Rchida Maghraoua Berkine
Rendement en huiles essentielles en fonction de la provenance 29
La qualité chimique des HE de R. officinalis de six provenances est caractérisée par la présence de 1,8-cinéole comme principal constituant avec des teneurs qui varient de 41,6 à 50,8 %. En plus de ce composé, on a aussi la présence des α et β-pinènes et du camphre. 60 50
α-Pinène
40
β-Pinène
30
1,8-cinéole 20 11,9
12,4
13,69
camphre
13,2
11,6
7,4
10 0
Aknoul
El Ayatte
Debdou
Rchida
Maghraoua Berkine
Composition chimique des HE de Rosmarinus officinalis en fonction de la provenance
Ces HE conservent leur profil chimique avec une légère variation de la teneur 60 50
en fonction de la provenance et de la période de récolte.
52,2 48,4 42,2 38
40
α-Pinène
30 20
16,2
14,5 8,4
10
β-Pinène 1,8-cinéole
7,8
camphre
0 Avril
Octobre
Jbel Lakhder
Avril
Octobre
Maghraoua
Composition chimique des HE de Rosmarinus officinalis en fonction de la période de récolte 30
Chapitre II Valorisation et caractérisation des PAM des strates arbustives et herbacées
F. Effets du séchage à l’ombre et au soleil sur le rendement et la composition chimique des HE du romarin Le séchage à l’ombre et au soleil a un effet sur le rendement en HE du romarin, alors que la composition chimique est peu influencée par ces facteurs. Effet de séchage à l’ombre et au soleil sur le rendement et la composition chimique
Durée de séchage
composition chimique
Rendement en HE % α-pinène β-pinène 1,8-cinéole Camphre
J=0
8j
16j
24j
Ombre
2,21
2,14
2,19
1,99
Soleil
2,17
1,81
1,81
—
Ombre
9,58
8,34
5,68
6,34
Soleil
9,58
10,51
11,96
-
Ombre
9,16
8,03
9,09
8,99
Soleil
9,16
7,58
8,11
-
Ombre
44,75
46,37
46,36
45,90
Soleil
44,75
45,79
48,09
-
Ombre
11,66
11,26
8,78
9,95
Soleil
11,66
10,86
9,19
-
31
G. Rosmarinus tournefortii Une provenance de Tafoughalet a fait l’objet de l’étude de l’effet de la période de récolte sur le rendement et la composition chimique de ses HE. Cette espèce a donné un faible rendement en HE par rapport à celui de R. officinalis. Il varie légèrement de 0,5% à 0,7% respectivement entre avril et octobre. La composition chimique des HE est dominée par l’α-pinène, le camphène, le β-pinène, le 1,8-cinéole et le camphre avec des teneurs légèrement variables selon les périodes de collecte. 35 33,6
30
19,2
25 20
16,2
31,7
20,2 16,6
15 10
7,6
3
5
4,5
6,6
0
α-Pinène
Octobre camphre Octobre
β-Pinène Avril
Avril 1,8-cinéole
camphre
Effet de la période de récolte sur le rendement et la composition chimique des HE de Rosmarinus tournefortii
H. Rectifications des HE La distillation fractionnée des HE du romarin dans une unité pilote a permis de regrouper les différentes fractions en trois groupes. Le premier groupe est riche en α et β pinènes avec un pourcentage global d'environ 41% et représente 23 % de la totalité des huiles traitées.
32
Le deuxième groupe, constitue 56% des huiles rectifiées, fournit un taux global d'environ 90 % de 1,8-cinéol. Il peut être classé parmi les HE à 80-90% de ce principe actif selon la recommandation de la norme ISO R 869 (AFNOR, 1992) et la dernière fraction qui est riche en camphre.
Chapitre II Valorisation et caractérisation des PAM des strates arbustives et herbacées
I. Bioactivités des HE Les résultats de l’activité antibactérienne des HE du romarin officinal ont montré que toutes les souches de bactéries et de moisissures testées avaient presque la même
sensibilité vis-à-vis de ces huiles. Ces micro-organismes se sont montrés un peu résistants car ils n’ont été inhibés qu’à la forte concentration de 1/100 v/v.
J. E stimation du potentiel en phytomasse Rosmarinus officinalis L. (Debdou et Rchida) La forêt de Debdou se caractérise par des peuplements moyennement denses de romarin. Cette densité est de l’ordre de 1 580 plants/ha. La phytomasse totale a été évaluée à 1 400 Kg de matière verte par hectare (MV/ha), la phytomasse foliaire en matière verte est de 692 kg/ha, la phytomasse foliaire en matière sèche est de 499 kg /ha. Pour estimer les biomasses totale et foliaire, deux modèles statistiques ont été mis au point. Il s’agit de : • P hytomasse totale (PT) = - 359,9 + 2861,3 x dm2 (r = 69 % : Coefficient de corrélation). Compte tenu de la valeur du coefficient de corrélation qui est de l’ordre de 69 %, on peut dire que le diamètre moyen (dm) permet une bonne estimation de la phytomasse totale. •P hytomasse foliaire (PF) = -204,2 + 1735,5 x dm2 (r = 79 %). Il existe une corrélation très forte entre le diamètre moyen (dm) et la phytomasse foliaire en matière sèche. Les peuplements de romarin de la forêt de Rchida sont denses (1 500 plants/ha). La phytomasse totale en matière verte a été évaluée à 900 kg/ha, la phytomasse foliaire en matière verte est de 250 kg/ha, la phytomasse foliaire en matière sèche est de 200 kg/ha. Pour estimer la biomasse totale, un modèle statistique a été mis au point, Il s’agit de : •P hytomasse totale (PT) = - 1686,67 + 3901,1 x dm (r = 70%). Au vu de la valeur du coefficient de corrélation qui est de l’ordre de 70 %, on peut dire que le diamètre moyen (dm) permet une bonne estimation de la phytomasse totale.
33
K. R osmarinus tournefortii Denoe (Tafoughalet) La forêt de Tafoughalt se caractérise par des peuplements de romarin (Rosmarinus tournefortii) d’une densité de 1 800 plants/ha. La phytomasse totale en matière verte a été évaluée à 810 kg/ha, la phytomasse foliaire en matière verte est de 324 kg/ha, la phytomasse foliaire en matière sèche est de 260 kg /ha. Pour estimer la biomasse totale, un modèle mathématique a été mis au point. Il met en corrélation la phytomasse totale (PT) et le diamètre moyen (dm). Le modèle ainsi élaboré est égal à PT = - 98,67 + 0,117 x dm2, le coefficient de corrélation est de l’ordre de 70%. L. Culture • Multiplication Du fait que le romarin présente un très faible taux de germination des graines, la méthode la plus facile pour sa propagation est le bouturage. Cette forme de propagation végétative consiste à cultiver un fragment d'organe végétal dans des conditions de milieu favorable. La bouture peut éventuellement se transformer en un organisme entier capable de mener une vie indépendante et possédant les caractères fondamentaux de l'individu souche. Comme le romarin naturel est une espèce à enracinement difficile, la plantation directe de fragments de tige présente des échecs importants, d'où l'intérêt de l'élevage des boutures en pépinière dans des conditions de culture favorable avant la plantation au champ (Ismaili et al., 2005). • Type de boutures à utiliser Dans le cas du romarin, ce sont les boutures herbacées (pousses
34
terminales des tiges) qui donnent un taux d'enracinement meilleur, contrairement aux boutures ligneuses (fragments de base des tiges). Ce type de bouture donne un taux de réussite supérieur à 80%.
Bouture de romarin sélectionnée au niveau de la pousse terminale
Bouture de romarin après trois mois d’élevage en pépinière
Chapitre II Valorisation et caractérisation des PAM des strates arbustives et herbacées
• Période de bouturage Le bouturage du romarin réussit pendant l’hiver. Au delà du mois de mars, le taux d'enracinement des boutures diminue.
• Elevage des boutures L'élevage des boutures de romarin peut se faire à l'air libre dans des sachets de polyéthylène remplis de terreau. Avant la mise en terre des boutures, le terreau doit être légèrement humidifié. Ensuite, il faut enfouir environ les 2/3 de la bouture dans le sachet. Les boutures doivent être d'une dimension de 10 à 15 cm de longueur. Pendant les premiers jours du bouturage un arrosage quotidien est indispensable pour éviter le dessèchement des boutures. La fréquence de l'arrosage est fonction
des conditions climatiques : soit un à deux arrosages par jour si les conditions sont sévères (vents, températures élevées). L'utilisation d'une ombrière pendant les deux à trois premières semaines du bouturage est souhaitable. Une fois les boutures commencent à faire apparaître les premières pousses, un ensoleillement progressif permet de donner des individus vigoureux. Le temps de séjour des plants en pépinière est de l’ordre de 3 mois.
Boutures de romarin élevées à l’air libre à la pépinière du CRF 35
• Plantation Le romarin, une fois enraciné est assez résistant. C’est une plante qui aime les endroits ensoleillés et où le sol est bien drainé. Dès la première saison, il prend une bonne envergure (environ 30 cm de diamètre et 60 cm de hauteur). La plantation est réalisée en début du printemps. Les taux de réussites obtenus dépassent 80% dans la région de l’Oriental du Maroc (taux calculé après le passage du cap estival) et de l’ordre de
36
100% dans la région de Rabat. L'arrosage en première année de plantation pendant le cap estival améliore le taux de réussite des plants de romarin. Le romarin peut être cultivé en forme de haie le long des cultures avec un espacement entre plant de 0,5 à 1 mètre. Dans les travaux de reboisement, la méthode préconisée est par fossé de 20 cm de largeur sur 20 cm de profondeur le long des courbes de niveau.
Chapitre II Valorisation et caractérisation des PAM des strates arbustives et herbacées
• Fertilisation La fertilisation est un apport en éléments minéraux ou organiques pour combler le déficit du sol en ces éléments. L’application des fertilisants doit prendre en considération plusieurs facteurs à savoir : le type de sol, ses caractéristiques physicochimiques, sa déficience, le climat et l’espèce cultivée. Dans le cas du romarin, la fertilisation minérale améliore significativement la production en biomasse et en HE. Cette amélioration varie de 40% à 64% pour la production
en biomasse sèche et de 15 à 20% pour le rendement en HE. Quant à la composition chimique, elle est semblable au romarin non fertilisé. La teneur en constituants majoritaires (α et β pinène, 1-8 cinéole et camphre) reste la même quelque soit le traitement de fertilisation appliqué. La production en biomasse sèche de romarin est en moyenne de 1 tonne par ha au cours de la première année de culture. Dans le cas de la fertilisation cette production peut aller jusqu'à deux tonnes, par ha et par an.
37
• Irrigation L’irrigation des PAM améliore la production en biomasse, toutefois le rendement en HE reste relativement faible par rapport aux plantes en forêt. Les essais en pépinière ont permis de montrer qu’un assèchement des cultures (pas d’irrigation) pendant un mois avant la récolte permet d’améliorer le rendement en HE de 10%. Ce traitement a permis aussi une nette amélioration de la teneur en 1,8-cinéole et une légère diminution dans celle de l'α-pinène. Quant aux autres constituants, la composition chimique reste stable. • Transplantation Les populations de romarin de la région de l’Oriental transplantées à la pépinière du CRF à Rabat fournissent une teneur en HE, légèrement inférieure à celle des échantillons prélevés sur le terrain, soit en moyenne 1,68%. La qualité chimique des HE de ces provenances est caractérisée par une teneur élevée en 1,8-cinéole (principe actif prisé par les industries de transformation). Les populations transplantées ont conservé cette qualité chimique des
38
HE des populations naturelles avec une légère diminution de l’α et du β-pinène (Ismaili et al., 2001). La mise en culture des populations du romarin de cette région est encourageante. Sa transplantation dans un autre milieu n’affecte pas la qualité des HE. • Techniques d’exploitation Un dispositif expérimental est installé dans la forêt de Debdou (Région de l’Oriental). Il a pour objectif l’étude de différentes méthodes et périodes de coupe sur la régénération et la production des nappes de romarin. Les résultats préliminaires ont permis de montrer que le meilleur taux de reprise des touffes de romarin est obtenu avec la méthode de coupe qui permet d’exploiter la moitié de chaque touffe de romarin à une hauteur de 10 cm tout en laissant un minimum de biomasse verte (méthode de coupe 2). Quant à l’époque d’exploitation, on a pu constater que la reprise des touffes de romarin est difficile si l’exploitation est réalisée pendant la saison d’été quelque soit la méthode de coupe utilisée, alors qu’elle est meilleure pendant l’automne.
Chapitre II Valorisation et caractérisation des PAM des strates arbustives et herbacées
Méthode de coupe 1 : pousse de l’année
Méthode de coupe 2 : moitié de la touffe
Méthode de coupe 3 : coupe rase à 10 cm
Techniques d'exploitation du romarin
39
02 Myrte
(Myrtus communis L.)
A. Description botanique Le myrte (Myrtus communis, L.) est la seule espèce de la famille des Myrtacées qui existe à l’état naturel au Maroc. C’est un arbrisseau de grandeur variable, de 2 à 5 mètres, divisé en de nombreux rameaux dès la base. Les feuilles, opposées, courtement pétiolées, ovales, aiguës, entières, fermes, d'un beau vert luisant, sont parsemées de petits poils transparents. Les fleurs, blanches, odorantes, visibles de mai à juillet, sont portées par un long pédoncule dressé et solitaire à l'aisselle des feuilles. Le fruit est une baie ovoïde, noire à maturité, couronnée par le limbe du calice.
Rameau de myrte
40
Fleurs et fruits de myrte
B. Localisation
C. Utilisation
Le myrte se rencontre sur les terrains calcaires et siliceux. C’est un arbuste originaire des pays méditerranéens. Au Maroc, on le rencontre au bord de la mer jusqu’à 1100 m, dans les zones forestières et péri-forestières appartenant aux séries végétales à chêne-liège et chêne Kermès. Il se développe sur un substrat le plus souvent siliceux dans les climats subhumide, humide et perhumide à variante chaude à tempérée. Il est rencontré dans le Rif, la Mamora, Arbaa Sehoul, Amzmiz et dans la vallée d’Erdouz.
Les utilisations du myrte sont très nombreuses, il est antiseptique, désinfectant, parasiticide, stomachique, stimulant et astringent. Il est aussi employé comme condiment pour fortifier l’estomac, et appliqué contre l’entérite et la dysenterie. De même, son huile essentielle a des propriétés antiseptiques pour l'appareil respiratoire et tonifiantes pour l'épiderme. Il est utile pour lutter contre l'acné et le psoriasis. L’huile essentielle du myrte est exploitée industriellement pour la fabrication des parfums et employée pour diminuer les douleurs rhumatismales.
Chapitre II Valorisation et caractérisation des PAM des strates arbustives et herbacées
41
D. Commerce Chaque année, le Maroc exporte les HE du myrte. Selon l’office des changes (20022006), l’exportation de cette espèce est estimée en une moyenne à 1180 Kg d'HE pour une valeur de 652 000 dh (Office des changes, 2006). E. Rendement et composition chimique Pour le myrte, le rendement en HE est de l’ordre de 0,4 à 0,8 %. Il est légèrement variable en fonction de la provenance. Les provenances du Nord telles que Dardara (0,63%) et de Béni Idder (0,510,85%) sont mieux pourvues en HE que celles de la région de Rabat (Témara (0,29-043%)).
avec une différence quantitative en fonction de la provenance (Ismaili, 2000) : α-pinène (21,2 à 42,6%), 1,8-cinéol et limonène (27,3 -36,9 %), linalol (1,2 -16,3 %), acétate de linalol (0,3 - 8,6 %) et acétate de myrtényle (4,7 - 5,4 %) (Satrani et al., 2006). La transplantation du myrte est marquée par une diminution de la teneur de l’α-pinène et une amélioration du taux de l’acétate de myrtényle.
La composition chimique des HE du myrte présente les mêmes produits majoritaires
55 60 50 42,6
39,9
40
39,6 20,9
30
16,9
24
3,8
20
0,7
10 0
1,2 ne
ne
nè
i -p
a
è on
im
M
é
cin
8-
1,
/ ole
0,8
Témara Naturelle Dardara Transplanté
0,3
l alo
Lin
0,5 Témara Transplanté
2,3
5,4
lol
Dardara Transplanté Témara Naturelle Témara Transplanté
yle
ina
L A.
Dardara Naturelle
Dardara Naturelle
A.
n rté
y
m
Effet de la transplantation du myrte 42
Chapitre II Valorisation et caractérisation des PAM des strates arbustives et herbacées
F. Rectification des HE La distillation fractionnée des HE permet d’obtenir quatre groupes de fractions : la première (29% des huiles traitées) est riche en α-pinène (42 à 54,8%) et en 1,8-cinéol (27 à 53,6%) ; la seconde (33%) est dominée par 1,8-cinéol (83 à 95,8%) ; la troisième est caractérisée par la présence simultanée du 1,8-cinéol (12 - 36%) et d’acétate de myrtényl (35,8 - 54,8%) et la dernière (11%) est dominée par l'acétate de myrtényle (62 à 65%) (Satrani et al., 2006 ; Farah et al., 2006). G. Bio-activité des HE L’HE brute du myrte et le groupe de fractions riche en α-pinène et en 1,8-cinéol ont montré la même activité vis-à-vis des microorganismes dont la croissance est totalement inhibée à la concentration en huile de 1/100 V/V. Le troisième groupe de fractions caractérisé par la présence simultanée du 1,8-cinéol et d’acétate de myrtényle s'est révélé plus efficace en inhibant complètement tous les germes testés à la concentration de 1/250 V/V.
La nature antimicrobienne des HE de plusieurs PAM est attribuée à leurs compositions chimiques riches en alcools terpéniques. En effet, la troisième fraction montre les taux les plus élevés en α-terpinéol et en myrténol. En plus, la présence du 1,8-cinéol dans cette fraction avec des taux moyens qui varient entre 12,06 et 36,32% semblent accentuer cette activité contre les microorganismes (Satrani et al., 2006).
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H. Multiplication Le myrte présente un très bon taux de germination des graines car on peut le multiplier facilement au début du printemps. Le bouturage est aussi une technique facile qui permet d’obtenir des plants de myrte de bonne taille et de mêmes caractéristiques que les pieds-mères qu’on veut propager. • Type de boutures à utiliser En général, les boutures basales qui sont lignifiées s’enracinent mieux que les boutures terminales qui sont herbacées. Le suivi des boutures plantées au mois de février a permis de constater que lors de la première semaine du mois de mars, l’ensemble des boutures ont perdu leurs feuilles, ensuite après deux semaines, la majorité des boutures a rejeté de nouvelles feuilles. Mais après un mois, on a observé un nombre important de mortalités au niveau des boutures herbacées, seules les boutures robustes ont subsisté. Les réserves apportées par la bouture favorisent donc sa rhizogenèse. Dans le cas du myrte, ce sont les boutures ligneuses (fragments de base des tiges) qui donnent un taux d'enracinement meilleur contrairement aux boutures herbacées (pousses terminales des tiges). Ce type de bouture donne un taux de réussite d’environ 80%.
• Elevage des boutures Comme le romarin, l'élevage des boutures de myrte peut se faire à l'air libre dans des sachets de polyéthylène remplis de terreau. Avant la mise en terre des boutures, le terreau doit être légèrement humidifié. Supprimez la paire de feuilles inférieures et trempez la base des tiges dans de la poudre d'hormones de bouturage. Ensuite, Il faut enfouir environ les 2/3 de la bouture dans le sachet. Les boutures doivent être d'une dimension de 10 à 15 cm de longueur. Le processus d'enracinement est assez lent et prend de 6 à 8 semaines. Pendant les premiers jours du bouturage, un arrosage quotidien est indispensable pour éviter le dessèchement des boutures. La fréquence de l'arrosage est fonction des conditions climatiques.
• Période de bouturage Le bouturage du myrte réussit pendant le printemps. Au delà du mois de juin, le taux d'enracinement des boutures diminue.
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Chapitre II Valorisation et caractérisation des PAM des strates arbustives et herbacées
I. Culture Le myrte préfère un sol bien drainé, frais si possible. C’est une plante qui résiste bien à la sécheresse. Un excès d'eau leur est, par contre, néfaste. Dès la première saison, il prend une bonne envergure (environ 40 cm de diamètre et 50 cm de hauteur). La plantation est réalisée en hiver. Les taux de réussites obtenus sont de 1’ordre de 100 % dans la région de Rabat (taux calculé après le passage du cap estival). En période de croissance, l’arrosage adéquat est nécessaire sans laisser le mélange se dessécher et sans le saturer d'eau non plus. Quand les températures baissent en automne et en hiver, il faut réduire la fréquence des apports. Pour la fertilisation, on peut utiliser soit le fumier, soit un engrais ordinaire de type NPK (14-28-14) en surface et en petites quantités. Le myrte est frugal, à la plantation, vous pouvez incorporer un peu d'engrais à libération lente au fond des trous. La production en biomasse sèche de myrte est en moyenne de 750 kg/ha au cours de la première année de culture. Cette production dépasse une tonne par hectare de biomasse sèche au cours de la seconde année de culture. J. Transplantation Les populations transplantées de myrte provenant de la forêt de Témara et de celle de Dardara (Chefchaouen) à la pépinière de Rabat fournissent une teneur en HE, légèrement inférieure à celle fournie par les échantillons prélevés sur le terrain, soit respectivement 0,63% contre 0,58% pour la provenance Dardara et 0,43% contre 0,37% pour la provenance Témara. On note donc qu'après transplantation à la pépinière de Rabat, la supériorité de la provenance de Dardara reste conservée. Le myrte de Témara a été transplanté à la pépinière de Rabat où les conditions climatiques et édaphiques sont tout à fait semblables. La différence enregistrée entre ces deux échantillons
peut être alors expliquée par l’effet de l’arrosage. La composition chimique des HE de la provenance Témara transplantée est semblable qualitativement (mêmes composés) à l’huile extraite à partir des pieds naturels. Toutefois, une différence quantitative est remarquée dans les produits majoritaires. Les pieds transplantés contiennent moins d’α-pinène, de linalol et d’acétate de linalol et beaucoup plus d’acétate de myrtényle. La provenance Dardara, après transplantation, a subi une diminution de la teneur de l’α-pinène et une élévation du taux de l’acétate de myrtényle (Ismaili et al., 2001).
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03 Origan
(Origanum elongatum Emb et O. compactum Benth)
A. Description botanique Le genre Origanum regroupe environ 43 espèces et 18 hybrides. Ce sont des plantes herbacées ou des sousarbrisseaux vivaces et aromatiques de la famille des lamiacées. Ces espèces sont appelées localement « Zaâtre », ce sont des plantes vivaces chaméphytes, ligneuses à tiges dressées et plus ou moins ramifiées, les feuilles sont toujours simples, opposées, pétiolées ou sessiles à subsessiles. Les fleurs sont plus ou moins pourprées à inflorescence composées d’épis réunis de fleurs sessiles ou subsessiles. Les fleurs blanches ou rosées, androcées sont à quatre étamines et les fruits sont constitués de quatre nucules ovoïdes et lisses. Origanum compactum
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B. Localisation
C. Utilisation
L’espèce est originaire du bassin méditerranéen. Au Maroc, l’origan est rencontré dans les régions du Rif, Pré-Rif, Moyen Atlas et le Haut Atlas. Trois espèces (O. elongatum, O. compactum et O. grosii) et une seule sous espèce (O. vulgare Spp. virens) sont présentes. L’origan pousse à l’état sauvage et est cultivé dans un certain nombre de pays notamment en Espagne, en France et dans les Balkans.
L’origan peut avoir plusieurs utilisations, ses feuilles vertes ou séchées sont très utilisées dans les préparations culinaires. De même, leurs HE sont très recherchées pour leurs qualités aromatisantes. L’HE de ces espèces est douée d’un excellent pouvoir désinfectant, cette propriété lui vaut des applications dans divers domaines pharmaceutiques et médicamentaires notamment celles par voie orale.
Chapitre II Valorisation et caractérisation des PAM des strates arbustives et herbacées
47
Grâce à ses propriétés expectorantes et sédatives de la toux, ses fleurs sont recommandées dans les inflammations aigues et chroniques des bronches. Leurs propriétés biologiques ne cessent de se confirmer (activité bactéricide par exemple), ainsi contre des pathogènes foliaires (Botrytis, Clostridium et bien d’autres), les origans se sont avérés très efficaces. De même, l’origan permettrait d’accroitre la durée de stockage des pommes de terre en réduisant le risque d’attaques microbiennes. Dans la pharmacopée traditionnelle, les origans sont employés sous formes d’infusions comme calmant, somnifère et stimulant.
Les HE des origans sont utilisés dans les parfums et à forte dose, l’essence de marjolaine est stupéfiante et toxique pour l’homme. De nos jours, la pharmacopée traditionnelle marocaine considère les espèces suivantes : Origanum compactum, O. elongatum et O. grosii comme une panacée contre de nombreux maux tandis qu’elle utilise la marjolaine en infusion comme calmant. En effet, leurs HE justifient leurs usages comme antiseptique intestinal, buccal et pulmonaire, spasmolytique et comme conservateur alimentaire (Bellakhdar & Idrissi, 1990).
D. Commerce L’origan occupe une place importante au niveau mondial. L’estimation de la production mondiale est d’environ 10 000 tonnes. La Turquie est le grand producteur de cette plante grâce à son savoir faire en matière de production et de commercialisation. Elle a exporté environ 7 500 tonnes (équivalent de 16,6 millions de dollars). Selon L'Etablissement Autonome de Contrôle et de Coordination des Exportations (EACCE) en 2006, le Maroc a exporté 77 tonnes d’origan (équivalent 1 125 844 dh).
48
E. Rendement en HE
F. Composition chimique des HE
Le rendement en HE varie en fonction de l’espèce, la provenance et la période de récolte. Origanum elongatum est mieux pourvu en HE que O. compactum. Pour O. elongatum (Bab Berred et Taffert), le rendement varie entre 2,7 et 4,1% par contre la teneur en HE de O. compactum (Talembote et Tanaqoub) se situe entre 1,46 et 2,41 %.
• Origanum elongatum Origanum elongatum de la provenance de Bab Berred est à dominance de thymol (20,57-45,70) et de γ−terpinène (19,96 - 26,20) alors que celui de Taffert est à dominance de carvacrol (39,05-50,44). En fonction de la période de récolte, les HE de cette espèce ont conservé les mêmes constituants majoritaires mais avec des teneurs variables.
Chapitre II Valorisation et caractérisation des PAM des strates arbustives et herbacées
• Origanum compactum La composition chimique des HE de Origanum compactum est caractérisée par la présence de quatre principaux constituants : p-cymène, γ-terpinène, thymol et carvacrol. Les pourcentages de ces composés varient en fonction de la provenance et de la période de récolte. 40
35,2 35
27,48
30
25,31 22,64 22,3
25
Talembote Tanaqoub
17,3
20 15
9,75
10,9
10 5 0
p-cymène
g-terpinène
Yhymol
Carvacrol
Effets de la provenance sur la composition chimique de Origanum compactum 45
41,67
40
35,2
35
30,99
30 25,31
25 20,68
p-cymène
20
16,67
15
g-terpinène Thymol
10,9
9,75
Carvacrol
10 5 0 mai
juillet
Talembote
mai
juillet
Tanaqoub
Effets de la provenance et de la période de récolte sur la composition chimique de Origanum compactum, 49
G. Bioactivité Les HE des deux espèces d’origans étudiées se sont montrées très actives et ont inhibé tous les microorganismes à la faible concentration de 1/2000 V/V. En général, les moisissures étaient plus vulnérables aux HE d'O. elangatum que les bactéries.
Les deux huiles d’O. compactum et d’O. elangatum ont aussi exercé une forte activité fongicide contre tous les champignons de pourriture de bois testés. Cette grande activité des HE de ces deux plantes est due à leurs profils chimiques riches en carvacrol et en thymol.
H. Multiplication Pendant les mois de février et mars, l’origan a tendance à croître latéralement par la formation de marcottes. L’aptitude à la rhizogenèse est donc déjà acquise par les pousses latérales. La multiplication des boutures prélevées au niveau de ces pousses est facile. Les taux de réussite obtenus par les expérimentations réalisées au niveau de la pépinière du CRF ont donné des pourcentages supérieurs à 90%. Pendant le mois d’avril, l’origan n’a plus tendance à la formation de marcottes. Il dirige sa croissance vers la hauteur. Les boutures prélevées à partir des pousses sommitales sont différentes de celles prélevées au mois de février et au mois de mars, et ne présentent pas la même aptitude à la rhizogenèse, le taux de réussite obtenu pour ce type de boutures est en moyenne de 53%. I. Culture L’origan s’avère une culture intéressante puisqu’il est possible de cultiver cette plante aromatique et médicinale sur de petites surfaces. Cette culture peut remplacer l’agriculture de subsistance dans certaines régions du Maroc, tout en ayant une bonne rentabilité. L'origan se cultive dans un sol léger, pauvre à moyennement riche, sec dans un endroit moyennement ensoleillé. Préparez le sol en mélangeant la terre 50
avec un bon terreau, du sable et du fumier. Si le sol est argileux, il faut ajouter davantage de sable. La plantation est réalisée en hiver. Les taux de réussites obtenus sont de 1’ordre de 100%. En période de croissance, arrosez abondamment, sans laisser le mélange se dessécher et sans le saturer d'eau non plus. Réduire la fréquence des apports quand les températures baissent en automne et en hiver.
Chapitre II Valorisation et caractérisation des PAM des strates arbustives et herbacées
Pour la fertilisation, on peut utiliser soit le fumier, soit un engrais ordinaire de type NPK (14-28-14) en surface et en petites quantités. Le désherbage est effectué manuellement chaque fois que la densité des herbes devient importante. La production en biomasse sèche de l’origan cultivé est en moyenne d’une tonne par par ha. Le traitement de ces cultures par fertilisation permet d’améliorer la production d’un pourcentage d’environ 50% et n’a pas d’effet sur la qualité des HE. J. Transplantation Les populations transplantées d’origan provenant des forêts de Ketama et de Bab Berred (Rif) à la pépinière de Rabat fournissent une teneur en HE, légèrement supérieure à celle fournie par les échantillons prélevés sur le terrain. Cela peut être expliqué par un décalage du stade végétatif entre les deux zones c’est à dire la région de Rabat et celle du Rif. Les individus transplantés à la pépinière sont récoltés au mois de juin, à cette date tous les individus étaient au stade végétatif de pleine floraison, en plus seules les sommités fleuries ont été distillées. Cependant, l’origan naturel récolté dans la région du Rif durant la même période était au stade végétatif de pré-floraison (apparition de boutons floraux) (Ismaili, 2000).
augmentation de la teneur en thymol de 63,3% à 69,6%. Les autres composés n’ont subi que de faibles variations. Pour l’origan provenant de Bab Berred, la teneur en thymol est passée de 37,5% à 52% et le taux de γ-terpinène est passé de 29,7% à 17,5% (Ismaili, 2000).
La qualité de la composition chimique des HE de l’origan après transplantation reste identique, les produits majoritaires restent toujours les mêmes mais avec des variations quantitatives. Dans le cas de l’origan provenant de Kétama, on a noté une diminution de la teneur en γ-terpinène de 17,7% à 11,8% et une 51
04 Lavande
(Lavandula dentata et Lavandula stoechas)
A. Description botanique Le genre Lavandula appartient à la famille des labiées. Il comprend environ 30 espèces spontanées réparties principalement dans la région méditerranéenne et vers l’est de l’Arabie Saoudite jusqu’en Inde (Valentini et al., 1993). Il est particulièrement diversifié au Maroc avec dix espèces spontanées dont cinq sont endémiques (Benabid, 2000). C’est un arbrisseau présentant une tige fortement ramifiée, portant des rameaux herbacés densément couverts de feuilles linéaires, sessiles et persistantes. Les tiges sont droites et mesurent environ 70cm de haut, elles se terminent par des épis impairs de fleurs bleues ou violettes. Le fruit est un akène. La plante constitue un excellent pâturage pour les abeilles et dégage une odeur agréable.
Champ de lavande
Lavandula dentata
Mélange de Lavandula dentata et L. stœchas
Lavandula stœchas
B Localisation Souvent plantée dans les jardins campagnards et cultivés en plein champs. La floraison est plus importante de février 52
à juillet, elle dépend essentiellement des espèces, et la récolte de la lavande vraie se fait généralement en juillet (Peyron, 1994).
Chapitre II Valorisation et caractérisation des PAM des strates arbustives et herbacées
53
La lavande est une espèce originaire de l’Ouest du bassin méditerranéen et des îles Canaries. Elle représente une des principales PAM exploitée et cultivée dans plusieurs pays du pourtour méditerranéen. Au Maroc, la lavande existe à l’état naturel dans plusieurs régions, notamment dans le Rif, le Moyen, le Haut
Atlas et l'Anti-Atlas (Bellakhdar, 1997). Les espèces spontanées comprennent plusieurs variétés, à savoir la lavande officinale, la lavande stoechade, la lavande dentée et la lavande maritime (Raiss, 1998 ; Bellakhdar, 1997). La lavande cultivée dans la région d’Oulmès est un lavandin, c’est un hybride issu du croisement entre la lavande officinale et la lavande aspic.
C. Utilisation Depuis très longtemps, on connaît les vertus cicatrisantes et antiseptiques de la lavande. Elle accélère la guérison des brûlures et plaies, calme les inflammations dues aux piqûres d’insectes. Utilisée aussi pour traiter la gale et les poux. La plante a aussi été très utilisée pour soulager les maux de tête. Elle a des propriétés antivenimeuses en cas de morsure de vipère. La lavande peut être prise en infusion en cas de toux, de grippe, de rhumes, d’insuffisances biliaires, d’infections urinaires ou pulmonaires (Bellakhder, 1997).
54
Chapitre II Valorisation et caractérisation des PAM des strates arbustives et herbacées
D. Commerce Au Maroc, la lavande cultivée à Oulmès sur une superficie d’environ 1121,5 hectares est répartie entre 151 agriculteurs. Elle est destinée à la commercialisation locale à un prix de vente qui varie entre 10 et 20 Dh/Kg en fonction de l’offre et de la demande. Les circuits de commercialisation sont complexes et dominés par les intermédiaires. Jusqu’à 2004, la totalité de la production était commercialisée en vrac, ce qui limite la plus value au profit du producteur. E. Rendement et composition chimique Les échantillons de lavande des deux espèces (Lavandula dentata et L. stoechas) ont donné un meilleur rendement pour la collecte du mois de juin par rapport à celle de mars. Les meilleurs rendements ont été obtenus avec des échantillons de la collecte du mois de juin de la lavande dentée d’Assif Almale avec 1,37 % contre 1,02 %
L. stoechas de la forêt de Tifnout (Haut Atlas) et 0,76 % L. dentata de la même région (Tifnout). Pour la collecte du mois de mars, L. stoechas a fourni un rendement élevé d’environ 0,88 % contre seulement 0,59% pour les échantillons de L. dentata de Tifnout et 0,48% pour celle de la provenance d’Assif Almal.
1,37
1,4 1,2
1,02 0,88
1 0,8
0,76 0,59
Mars
0,48
0,6
Juin
0,4 0,2 0 L.dentata tifnoute
L.dentata assif almal
L.stoechade
Rendement en HE de la lavande dentée et stoechade 55
Le dépouillement des résultats de ces trois HE montre qu’elles sont riches en camphre. Ce constituant présente un pourcentage, respectivement, de 55,24 et 46,45 % pour la lavande dentée de Tifnout et Assif Almal contre 44,52 % pour Lavandula stoechas. L’HE de la lavande stoechade se distingue
de la lavande dentée par les teneurs élevées en camphène (15 %) contre 5 % et en terpinolène (13 %) contre 3 %. Aussi, les HE de Lavandula dentata se caractérisent par un taux plus important en 1,8-cinèole qui se situe entre 4 et 15 % contre 0,96 % pour la lavande stoechade.
60
55,24 44,52
50 46,45
40 30
15,37
20 10
12,85
6,23 3,15 3,39
5,6 2,92
7,04
4,18
0
0,76
L. dentata (Tifnout)
3,52 0,95
α-pinène
Camphère
β-pinène
Terpinolène
L. dentata (Assif Almal)
L. stoechas (Tifnout) Camphre
Composition chimique des HE de la lavande dentée et stoechas
F. Tests de bioactivités des HE Les HE des deux espèces de lavandes étudiées se sont montrées actives. Les germes les plus sensibles aux HE de Lavandula dentata sont S. sonnei et P. aeruginosa dont la croissance a été inhibée à 1/500V/V suivi d’E. coli, P. expansum, A. niger et P. digitatum à 1/250V/V. Par contre, les huiles de Lavandula stoechas ont une activité antimicrobienne plus faible par rapport aux HE de dentata. Les germes sensibles sont : P. aeruginosa et P. digitatum qui ont été inhibés à 1/250 V/V suivi d’E. coli, B. subtilis, M. luteus et P. expansum, à 1/100 V/V.
56
Chapitre II Valorisation et caractérisation des PAM des strates arbustives et herbacées
G. Estimation du potentiel de la lavande dentée dans la zone située entre Tétouan et Al Hoceima Cette zone se caractérise par des peuplements assez denses de lavande. Cette densité est de l’ordre de 11 721 plants/ha. La phytomasse totale en matière verte a été évaluée à 3 516,40 kg MV/ha, la phytomasse foliaire en matière verte est 1 893,20 kg /ha, la phytomasse foliaire en matière sèche est de 622,40 kg /ha. Pour estimer la biomasse totale et les phytomasses foliaires en matière verte et sèche, trois modèles statistiques ont été mis au point. Le premier modèle reliant la phytomasse totale au diamètre moyen moyennant
un coefficient de corrélation assez intéressant de l’ordre de 74 %. La formule mathématique de ce modèle est : 98,414 +7,906 x dm ; dm : diamètre moyen. Le second modèle reliant la phytomasse foliaire en matière verte au diamètre par le biais d’un coefficient de corrélation très intéressant de l’ordre de 85 %. Le modèle ainsi élaboré est égal à : - 1888+3965 x dm. Le troisième modèle qui est égal à : - 131,3 + 1299,4 x dm se caractérise par un très fort coefficient de corrélation (86%) entre la phytomasse foliaire en matière sèche et le diamètre moyen.
57
04 Armoise
(Artemisia herba-alba et A. campestris)
A. Description botanique Le genre Artemisia comprend quelque 400 espèces, réparties sur les cinq continents. Au Maroc, il est représenté par douze espèces dont les plus importantes sont : A. alba subsp «chitachensis», A. atlantica var «maroccana», A. flahauti, A. mesatlantica, A. negrei, A. ifranensis, A. herba alba, A. arborescens, A. absinthium. Ces armoises appartiennent à la famille des Asteraceae et le genre Artemisia est une plante herbacée de 30-60 cm à tiges nombreuses et tomenteuses, très feuillées avec une souche épaisse. Les feuilles courtes, généralement pubescentes argentées, pinnatipartites ; à inflorescences en grappes lâches et à capitules pauciflores. Les fleurs sont groupées en grappes, à capitules très petites (3/1,5mm) et ovoïdes. L’involucre est à bractées imbriquées, les externes orbiculaires et pubescentes.
nappe d’armoise
Artemisia herba-alba
B. Localisation L’armoise blanche s’étend depuis le littoral de l’Espagne méridionale jusqu’à la Palestine en passant par l’Afrique du Nord et l’Egypte (Hammoumi et Pourrat, 1982). Au Maroc, elle s’étend sur les hauts plateaux de l’Est, de la Moulouya, dans la région d’Ouest aride du Haouz, dans les basses et moyennes altitudes (500
58
à 2000m) du Moyen Atlas, Anti-Atlas et quelques stations dans le Rif oriental et le sous continental (Hammoumi et Pourrat, 1982). Elle est rencontrée dans les bioclimats aride et semi-aride à variantes chaudes, tempérées et fraîches au niveau des étages de végétation thermo méditerranéen et méso méditerranéen.
Chapitre II Valorisation et caractérisation des PAM des strates arbustives et herbacées
59
C. Utilisation L’HE contenue dans les feuilles des Artemisia est connue pour ses propriétés régulatrices du cycle menstruel. Elle est utilisée dans l’industrie de la cosmétologie et de la parfumerie. Elle est aussi utilisée en décoctions à des fins pharmaceutiques traditionnelles ;
ses feuilles sont utilisées pour soigner diabète, bronchite, abcès, diarrhée et comme vermifuge (Le Floch, 1983). Les propriétés pharmacologiques attribuées à certaines espèces d’armoises sont mentionnées dans le tableau ci-après.
Propriétés pharmacologiques attribuées à certaines espèces d’armoises
60
Espèces botaniques
Propriétés pharmacologiques
Artemisia absinthium (absinthe)
Diurétique Active contre les troubles hépatiques, les perionyxis, les ascaris, les gaz intestinaux, les dyspepsies, les aphtes, les syndromes digestifs en particulier les ulcères gastriques et duodénaux, vermifuge, Utilisé pour le traitement des plaies et piqûres de scorpion. Antiseptique et emménagogue.
Artemisia monosperma, Artemisia judaïca
Utilisées comme mélanges antihelminthiques.
Artemisia arborescens
Contre les gaz et les troubles intestinaux.
Artemisia atlantica, Artemisia brevifolia, A, campestris A, maritima
Vermifuge et diurétique.
Artemisia vulgaris
Contre les troubles digestifs et hépatiques, Vermifuge, activité cytoxique et antitumorale.
Artemisia herba-alba
Vermifuge et diurétique, antidiabétique, antispasmodique. stomachique et stimulante, contre les troubles digestifs et hépatiques, antiseptiques, synergiques des antidotes spécifiques et tous les empoisonnements. Utilisées comme mélanges antihelminthiques.
Chapitre II Valorisation et caractérisation des PAM des strates arbustives et herbacées
D. Commerce L’armoise blanche (Artemisia herbaalba) est également d’un grand intérêt économique au Maroc. Deux pays se partagent le marché international pour cette huile : le Maroc et la Tunisie. Mais la grosse part revient au Maroc qui détient 90% du marché mondial. Au Maroc, une seule voie d'exploitation industrielle d'armoise blanche est actuellement utilisée : la production d'HE pour la parfumerie de haut de gamme. La
consommation du marché local sous forme d'herboristerie reste négligeable devant la première forme de valorisation industrielle. Le Maroc est parmi les principaux producteurs et fournisseurs du marché mondial de ce type d’HE (Lawrence, 1985). Le produit recherché par les parfumeurs est celui qui correspond à l'armoise chemotype "α- thujone et camphre". Les teneurs de ces constituants doivent être comprises entre 30-36% pour l'α- thujone et 33-38 % pour le camphre.
61
E. Rendement et composition chimique Le meilleur rendement est celui obtenu dans la période entre septembre et décembre. L’huile essentielle de l’armoise est riche en composants divers : pinènes, thujone, chrysanthénone, camphre, davanone, etc. La composition chimique des HE est variable aussi en fonction de la période de collecte et de la provenance (Ghanmi et al., 2010).
• Artemisia herba-alba (armoise blanche) Le rendement en HE de la distillation de la plante entière (tiges, feuilles et fleurs) est de l’ordre de 0,7 à 2,4% pour l’armoise blanche des régions d’Oriental (Tendrara, Dayet Ben Rabha, Jbel Lakhdar, Jerada, Guercif et Barrage Machraa Hammadi) et Al Hoceima. Il est variable en fonction de la provenance et de la période de récolte. thujone 80
72
chrysanthone
70
camphre 60
38,9
Davanone
50
54,1
40 30
0
20
2,9
10
14,6 8,5
5,7 0
avril
0 1,6
0
octobre
0
Davanone
3,6
1,3
avril
0
2,2
octobre
Tendrara Jbel Lakhdar
2,6 7,3
1,5
camphre chrysanthone thujone
avril
Jerrada
avril
Dayet Ben Rabha
Effets de la provenance et de la période de récolte sur la composition chimique de l’armoise blanche
62
Chapitre II Valorisation et caractérisation des PAM des strates arbustives et herbacées
48,2
46,5 42,5
42,5
40
47,71
40,3
45,03
48,45
30,4
35
29,6
30
29,1
25
21,59
19,7 17,9
9,8
5
8
septembre
5
juin
avril
0
Machrâa Hammadi
4,4
0,28 0,25
Région d'Al Hoceima
septembre
1,9
5,7
septembre
10 5
24,85
10,6
3,9
avril
15
juin
20
juin
45
avril
50
camphre chrysanthone thujone
thujone chrysanthone
Guercif
Effet de la période de récolte sur la composition chimique de l’Artemisia herba – alba
• Artemisia campestris (Armoise champêtre) Le rendement en HE des échantillons de Artemisia campestris de la provenance de Saka (Maroc oriental) varie en fonction de la date de collecte. Il est de 0,7 % en mars ; 1,0 % en mai ; 1,1 % en juin et 1,4 % en septembre. La composition chimique de l’HE de Artemisia campestris est caractérisée par une teneur élevée en camphre dans les quatre périodes de récoltes. Elle est d’environ 49,30 % en mars ; 52,10 % en mai ; 53,80 % en juillet et 52,80 % en septembre.
63
F. Effets de séchage à l’ombre et au soleil sur le rendement et la composition chimique de l’armoise blanche Le séchage à l’ombre et au soleil de l’armoise blanche de Guercif fait diminuer le rendement en HE. Au niveau de la composition chimique, il n’y a, par contre, qu’une légère variation des pourcentages des constituants majoritaires (tableau ci-après). Effet de séchage à l’ombre et au soleil sur le rendement et la composition chimique
Provenance/date de récolte
Guercif/Juin 2008 J=0
J=4
J=8
J=15
1,26 1,26 4,40 4,40 0,20 0,20 48,45 48,45 24,85 24,85
1,1 0,96 5,32 5,24 0,36 0,42 46,13 46,20 23,09 21,52
0,92 0,91 4,5 4,22 0,88 0,42 47,49 48,60 22,76 21,85
0,88 0,86 4,19 4,46 0,67 0,72 51,62 47,51 20,51 21,53
Durée de séchage
Composition chimique
RT en HE % α-thujone β-thujone Chrysanthénone Camphre
Ombre Soleil Ombre Soleil Ombre Soleil Ombre Soleil Ombre Soleil
G. Bioactivités des HE L’HE d'armoise blanche s’est montrée active et a inhibé la croissance de B. subtilus à 1/500 v/v, M. luteus à 1/250 v/v, alors que E. coli et S. aureus sont inhibées à partir de 1/100 v/v. Les résultats de l’activité antifongique de l’HE de l’armoise blanche montrent que P. expansum est sensible à cette huile à partir de 1/500 v/v et que A. niger et P. digitatum sont inhibés à partir de 1/250 v/v (Ghanmi et al., 2010).
64
H. Estimation du potentiel en phytomasse de l’armoise blanche dans le Maroc Oriental Cette zone se caractérise par des peuplements assez denses de romarin. Cette densité est de l’ordre de 3 900 plants/ha. La phytomasse totale en matière verte a été évaluée à 624 kg de MV/ha, la phytomasse foliaire en matière verte est de 250 kg /ha, la phytomasse foliaire en matière sèche est de 200 kg /ha.
Chapitre II Valorisation et caractérisation des PAM des strates arbustives et herbacées
Par ailleurs, un modèle mathématique a été mis au point pour estimer la biomasse totale. Ce modèle relie la phytomasse totale (PT) au diamètre moyen (dm) et à la hauteur totale (Ht) de la plante moyennant un coefficient de corrélation fort intéressant de l’ordre de 75 %. La formule mathématique de ce modèle s’écrit : PT = - 137,5 + 0,326 x (Ht x dm). I. Multiplication L’armoise se multiplie facilement par éclat de souche et par bouture. Cette forme de propagation végétative consiste à cultiver un fragment de souche ou de bouture dans des conditions de milieu favorable. Le fragment de la plante se transforme en un organisme entier capable de mener une vie indépendante et possédant les caractères fondamentaux de l'individu souche.
• Type de boutures à utiliser Dans le cas de l’armoise, ce sont les boutures ligneuses (fragments de base des tiges) qui donnent un taux d'enracinement meilleur, contrairement aux boutures herbacées (pousses terminales des tiges). Ce type de bouture donne un taux de réussite supérieur à 90%.
Bouturage de l’armoise à l’air libre
65
• Période de bouturage Le bouturage de l’armoise réussit pendant l’hiver. Au delà du mois de mars, le taux d'enracinement des boutures diminue. • Multiplication par éclats de souche La multiplication d'Artemisia mesatlantica (armoise de montagne) par éclat de souche réussit pendant l’hiver avec des taux de réussite dépassant les 80%, alors que les éclats de souche de l’armoise blanche réussissent mieux pendant le printemps.
Armoise blanche éclats de souche
Armoise mesatlantica éclats de souche
L'armoise affectionne les sols secs préférant malgré tout les terres légères et les expositions découvertes. Plantes de soleil, l'armoise se contente d'un sol relativement pauvre, léger et drainé,
plutôt calcaire. Certaines armoises s'adaptent à un sol humide et argileux, les conditions de culture extrêmes accentuent leur couleur argentée et favorisent un port compact.
J. Culture
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Chapitre II Valorisation et caractérisation des PAM des strates arbustives et herbacées
Évitez donc de les planter dans un sol lourd et mal drainé. Espacez les pieds de 50 cm. Elles n'ont besoin d'aucun engrais et un simple arrosage suivant la plantation leur suffit pour assurer la reprise des plants. La production en biomasse verte d’armoise a été estimée en moyenne à 5 914 Kg/ha avec un maximum de production de 16 724 kg/ha et un minimum de 576 kg/ha. Ces estimations sont calculées pour un espacement entre plant de 0,5 mètre et un espacement entre ligne de 0,5 mètre.
Parcelle d’armoise à la plantation
Parcelle d’armoise après une année de plantation
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05 Thym
(Thymus capitatus, T. riatarum, T. ciliatus munbyanus, T. ciliatus et T. bleicherianus)
A. Description botanique Le genre Thymus englobe de nombreuses espèces et variétés. C’est un genre de plantes (couramment appelées thym) de la famille des Lamiacées. Ce genre comporte plus de 300 espèces. Ce sont des plantes rampantes ou en coussinet portant de petites fleurs rose pâle ou blanches. Au Maroc, le genre Thymus est représenté par 21 espèces dont 12 sont endémiques (Benabid, 2000). Ce sont des plantes riches en HE et antioxydants.
T. capitatus
T. ciliatus munbyanus
T. riatarum
T. algeriensis
T. ciliatus
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Chapitre II Valorisation et caractérisation des PAM des strates arbustives et herbacées
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B. Localisation Le thym pousse à l'état sauvage sur les collines arides et rocailleuses des régions méditerranéennes. C. Utilisation
D. Commerce
Le thym est une plante aromatique riche en huile essentielle qui lui confère de bonnes propriétés antiseptiques, anti-virales et antibiotiques. Ces HE sont aussi largement utilisées comme aromatisant pour de nombreux types de produits alimentaires. Le thym est commercialisé sous forme de plante sèche en vrac, d'infusions, de gélules d'extraits secs de thym et fait partie de la composition de nombreuses spécialités pharmaceutiques destinées au soin de la sphère ORL.
Le secteur des PAM représente une importante activité commerciale au Maroc. Les espèces les plus importantes sur le plan économique sont le thym, la verveine, l’armoise et la lavande. Ces quatre espèces exportées sous la dénomination « herbes » ou «épices» sur plusieurs destinations à travers le monde constitue la colonne vertébrale du secteur des PAM au Maroc.
E. Rendements en HE Le rendement varie en fonction de l’espèce et de la période de récolte. • T hymus capitatus : le meilleur rendement en HE est obtenu avec des échantillons récoltés au mois de juin (2,05 %) par rapport à ceux des mois de mai (1,86 %), d’octobre (1,25 %) et de décembre (0,50 %) (Amarti et al., 2008 ; El Ajjouri et al. 2008). • T hymus riatarum est mieux pourvu en HE au mois de mai (0,72 %) par rapport aux mois de juin (0,55 %), octobre (0,46 %) et décembre (0,18 %).
70
• T hymus ciliatus munbyanus fournit 1,46 % d’HE au mois de mai contre 0,46 en juillet. • T hymus ciliatus donne un taux d’environ 1,2% ± 0,05 (Amarti et al., 2010 ; El Ajjouri et al., 2010). • T hymus algeriensis a un rendement faible en HE d’environ 0,3% (Amarti et al., 2010 ; El Ajjouri et al., 2010). • Thymus bleicherianus : Les échantillons de Thymus bleicherianus ont donné un rendement moyen de 1,75 % (Amarti et al., 2008 ; El Ajjouri et al., 2008).
Chapitre II Valorisation et caractérisation des PAM des strates arbustives et herbacées
F. Composition chimique En général, la composition chimique des HE des différentes espèces de thym est caractérisée par la présence du p-cymène, de γ-terpinène, du bornéol, du thymol et du carvacrol avec des teneurs variables en fonction de l’espèce et du stade végétatif. • Thymus capitatus Le carvacrol domine la constitution chimique des HE, Il est d’environ 75,3 % au mois de mai ; 77,0 % en juin ; 73,8 % en octobre et 77,7 % en décembre (Amarti et al. 2008 ; El Ajjouri et al., 2008). 78 77 76 77,7
75 77
74
73,8
75,3
73 72 71
mai
juin
octobre
décembre
Carvacrol (T. capitatus)
Effet de la date de récolte sur le principal constituant de T. capitatus
• Thymus riatarum Environ 70% de la composition chimique totale est partagée entre p-cymène,
γ-terpinène, bornéol, thymol et carvacrol. La teneur de chaque constituant dépend du stade phénologique de la plante.
37,7
40 35 30 20 15
15,7
11,9
25
11,5 19
10 5 0
23,5
10,4
10,9 1,5
14,6
2,3
13,6
15,8 14,3
4,6
11,3 15
juin
5,7
p-cymène
γ-terpinèn
bornéol
décembre octobre
15,9
mai
thymol
carvacrol
mai juin
Variation saisonnière des composés majoritaires de T. riatarum 71
• T hymus ciliatus munbyanus de Taffert La composition chimique de ses HE est caractérisée par la présence de 60
l’o-cymène, de γ-terpinène, du thymol et du carvacrol comme constituants majoritaires avec des teneurs variables en fonction de la période de récolte.
45,84
50
50,48
40 30 20
21,53
mai 7,06
12,9
10
juin
7,45
2,67
0
juillet
p-cymène γ-terpinèn
mai
thymol carvacrol
Effet de la date de récolte sur la composition chimique des HE de Thymus ciliatus munbyanus
• Thymus ciliatus Thymus ciliatus est composé principalement de thymol (44,2%), de β-E-ocimène (25,8 %) et d’α-terpinène (12,3%) (Amarti et al., 2010 ; El Ajjouri et al., 2010).
12,3
25,8
44,2
thymol β-E-ocimène α-terpinène
Composition chimiques des HE de Thymus ciliatus 72
Chapitre II Valorisation et caractérisation des PAM des strates arbustives et herbacées
• Thymus algeriensis Thymus algeriensis de Rchida est composée principalement du camphre,
des pinènes (α et β), limonène, 1,8cinèole et du camphène (Amarti et al., 2010 ; El Ajjouri et al., 2010).
20,5 27,7
a-pinène b-pinène
9,02 7,69
Limonène 1,8-cinèole Camphre
4,85
Composition chimique de l’HE de Thymus algeriensis
• Thymus bleicherianus Thymus bleicherianus est caractérisé par sa richesse en α-terpinène (42,23 %) et en thymol (23,95 %) (Amarti et al., 2008 ; El Ajjouri et al., 2008).
2,93
23,95 α-terpinène
42,23
p-cymène (E)-β-ocimène thymol
8,29
carvacrol
3,67
Composition chimique de l’HE de Thymus bleicherianus 73
G. Tests de bioactivités des HE • T. algeriensis et T. ciliatus On note que l’huile de T. ciliatus a exercé une forte activité antibactérienne à faible concentration (1/2000 v/v). Cependant, pour l’essence de T. algeriensis, la croissance de toutes les bactéries n’a été inhibée qu’à partir de 1/500 v/v. Toutes les moisissures testées ont été inhibées à partir 1/3000 v/v de l’essence de T. ciliatus, alors qu’elles ont résisté jusqu’à 1/250 v/v de l’huile de T. algeriensis. L’HE de T. ciliatus a aussi exercé une très forte activité antifongique contre les champignons de pourriture du bois. Elle a inhibé la croissance de C. puteana, P. placenta et G. trabeum à partir d’une très faible concentration de l’ordre de 1/5000 v/v. La croissance de C. versicolor a été arrêtée à la concentration de 1/3000v/v. L’HE de T. algeriensis a montré une activité antifongique moyenne. Les deux souches de la pourriture du bois Coniophora puteana et Gloeophyllum trabeum ont été inhibées à partir de la même concentration 1/500 v/v. Il a fallu une concentration de 1/250 v/v de cette essence pour arrêter la croissance de Coriolus versicolor et Poria placenta. Globalement, toutes les souches fongiques lignivores testées ont montré une grande sensibilité à l’HE de T. ciliatus et une sensibilité inférieure à l’essence de T. algeriensis (Amarti et al., 2010 ; El Ajjouri et al., 2010).
74
L’importance de la bioactivité de l’HE de T. ciliatus est en relation avec sa teneur élevée en thymol (44,2%). • T. capitatus et T. bleicherianus Les HE de T. capitatus et de T. bleicherianus ont inhibé la croissance de toutes les bactéries à une faible concentration de l’ordre de 1/2000 v/v. Les deux HE de T. capitatus et T. bleicherianus ont montré une importante activité vis-à-vis des champignons étudiés. Une concentration de 1/1000 v/v de l’huile de T. bleicherianus était suffisante pour inhiber la croissance des trois moisissures : Aspergillus niger, Penicillium expansum et Penicillium digitatum. Cependant, ces trois champignons ont montré un comportement de sensibilité différent à l’égard de l’essence de T. capitatus : P. expansum est le plus sensible, il a été inhibé à partir de 1/3000 v/v, suivi d’Aspergillus niger (1/2000 v/v) et enfin Penicillium digitatum (1/1000 v/v). Quant aux champignons de pourriture du bois, ils ont été aussi très vulnérables aux HE de T. bleicherianus et T. capitatus. Pour l’essence de T. bleicherianus, les trois souches fongiques Gloeophyllum trabeum, Coniophora puteana et Poria placenta ont été toutes inhibés à partir de la même concentration minimale de 1/3000 v/v.
Chapitre II Valorisation et caractérisation des PAM des strates arbustives et herbacées
A l’exception de Coriolus versicolor qui a manifesté une légère résistance jusqu’à la concentration de 1/2000 v/v, à l’égard de l’huile de T. capitatus, Gloeophyllum trabeum s’est montré le plus sensible, il a été inhibé à partir de la concentration minimale de 1/3000 v/v. La concentration de 1/2000 v/v a été suffisante pour arrêter la croissance de Coniophora
puteana. Alors que, Coriolus versicolor et Poria placenta ont résisté jusqu’à la concentration en huile de 1/1000 v/v. Cette importante bioactivité des huiles de T. capitatus et T. bleicherianus est en relation avec leur teneur élevée respectivement en carvacrol (environ 71%) et en thymol (environ 24%) (Amarti et al., 2008 ; El Ajjouri et al., 2008).
75
06 Menthe pouliot
(Mentha pulegium L.)
A. Description botanique La menthe pouliot (Mentha pulegium) est une plante herbacée vivace de la famille des Lamiacées, quelquefois cultivée comme plante condimentaire pour ses feuilles très aromatiques.
Fleurs de la menthe pouliot
76
Feuille de la menthe pouliot
B. Localisation
C. Utilisation
Mentha pulegium est une espèce du Bassin Méditerranéen, elle se rencontre au Maroc dans les zones humides sur le littoral Atlantique dans le triangle Kénitra - Larache -Ouazzane; parfois même dans des zones et des montagnes jusqu’à 2200 m. Elle pousse à l’état spontané et elle est beaucoup ramassée dans le Gharb et dans l’Ouergha pour l’industrie locale de la distillation.
La menthe pouliot est utilisée partout, en infusion, en inhalation ou en cataplasmes thoraciques, dans les rhumes, les maux de gorge, la toux, les bronchites, les infections pulmonaires et les refroidissements de toutes sortes (Bellakhdar, 1997). C’est la plante des maladies de l’hiver. Elle est aussi utilisée pour parfumer le thé. Son huile essentielle est utilisée en mélange avec d’autres HE pour fabriquer des parfums, des détergents et des produits d’hygiène.
Chapitre II Valorisation et caractérisation des PAM des strates arbustives et herbacées
77
78
D. Commerce
E. Rendement et composition chimique
Les potentialités de production des HE de la menthe pouliot ont été estimées entre 10 et 30 tonnes par an. Les exportations moyennes étaient d’une moyenne de 10 T/an pour une valeur de 2 millions de dh (Fechtal, 2000). Le développement de la culture de la menthe japonaise (Mentha arvensis) riche en menthol a réduit les activités des unités de transformation de la pulégone ce qui a conduit à une baisse du marché des HE de la menthe pouliot.
Le rendement en HE est de 1 à 2,5% (Fechtal, 2000). L’HE de la menthe pouliot est source de pulégone, nécessaire à la production du menthol. Les constituants habituellement rencontrés dans la menthe pouliot sont la pulégone (52 à 67%), la menthone (jusqu’à 30%), l’isomenthone, le menthofurann, la transisopulégone, etc., (Lawrence, 1978). L’analyse d’une HE de la menthe pouliot provenant d’Ouezzane a donné un taux de 81 % de pulégone (Bellakhdar, 1997 ; Farah et al., 2001).
Chapitre II Valorisation et caractérisation des PAM des strates arbustives et herbacées
F. Rectification des HE La rectification a permis d’augmenter le taux de pulégone de 80% dans l’huile essentielle non rectifiée à 92 % pour une fraction représentant 26% et à 85% pour une deuxième fraction représentant
55% lors de la purification au laboratoire (Farah et al,, 2001). A l’échelle semiindustrielle, la rectification par une unité pilote a permis de fournir environ 55% de pulégone à 93% (Farah et al., 2001).
79
06 Menthe à feuilles rondes (Mentha rotundifolia L.)
A. Description botanique Mentha rotundifolia L. appelée aussi Mentha suaveolens E. est connue au Maroc sous le nom vernaculaire de Timija, appartient à la famille des Lamiacées. C’est une plante pérenne de 38-80 cm de hauteur, érigée et ramifiée ; de veloutée à densément tomenteuse.
Mentha rotundifolia L
Mentha rotundifolia L
B. Localisation Au Maroc, Mentha rotundifolia L. (Lamiacées) pousse dans les zones humides et près des cours d’eau en basse et moyenne montagne. Elle est assez répandue et s’observe sans peine dans tous les bioclimats.
80
Chapitre II Valorisation et caractérisation des PAM des strates arbustives et herbacées
81
C. Utilisation En médecine traditionnelle, elle est utilisée contre toutes sortes de maladies. Les femmes l’utilisent contre la stérilité alors qu’en infusion dans l’eau non sucrée, elle est utilisée par les hommes pour ses propriétés aphrodisiaques. L’infusion
dans le lait ou le thé est, comme le cas avec d’autres menthes, prise comme laxatif et reposant. Elle est aussi très connue en méditerranée pour son action sur les céphalées et les gastrologies (Ben Chaabane, 1991).
D. Rendement et composition chimique Le rendement moyen en HE de Menthe à feuilles rondes est de 1,25%. La pulégone est le constituant majoritaire des huiles de Mentha rotundifolia avec un taux d’environ 85,5%. On note la présence d’acétate de menthyl avec environ 2%, du menthol avec un taux légèrement inférieur à 1,8% et du menthone avec un pourcentage de 1% et (El Arch et al., 2003). 1,8 1
2
85,5
pulégone
menthol
menthone
acétate de menthyle
Comoposition chimique des HE de Mentha rotundifolia 82
Chapitre II Valorisation et caractérisation des PAM des strates arbustives et herbacées
E. Activités antibactériennes et insecticides des HE de Mentha rotundifolia Les résultats de l’activité antimicrobienne de l’HE de Mentha rotundifolia ont montré l’inhibition de toutes les bactéries même à la plus faible concentration 1/1000 V/V. Les champignons ont manifesté la même sensibilité vis-à-vis de l’HE de Mentha rotundifolia et ils ont résisté jusqu'à la concentration de 1/500 V/V. Les bactéries étaient donc plus vulnérables que les champignons à l’HE de Mentha rotundifolia (El Arch et al., 2003).
Les résultats des tests insecticides de l’HE de cette espèce ont montré une efficacité insecticide très importante. Le degré d’activité de cette HE varie selon l’espèce étudiée, la dose utilisée et la durée du traitement. Après un contact de 7 jours, Sitophilus oryzae est totalement détruite à une dose de 1,7 10-2 µl/cm3 alors que Rhyzopertha dominica a exigé une dose plus importante pour une mortalité de 100% soit 3,5 10-2 µl/cm3 (El Arch et al., 2003).
120
Taux de mortalité %
100
80
60
40
20
0 1,7 10-2
2,4 10-2
3,5 10-2
6,5 10-2
12 10-2
Concentration μg/Cm2
Comoposition chimique des HE de Mentha rotundifolia 83
07 Satureja
(Satureja calamintha et S. alpina)
A. Description botanique Le genre Satureja appartient à la famille des Labiées qui sont des arbustes, sousarbrisseaux ou plantes herbacées en général odorantes, à tiges quadrangulaires dont les feuilles sont opposées sans stipules. • Satureja calamintha Satureja calamintha Scheele (Satureja nepeta L.) appartient au sous genre Calamintha. C’est une plante vivace généralement dressée ascendante. La fleur est organisée en cyme pédonculée et ramifiée, rarement subsessile, mais dans ce cas, elle est dépourvue de bractées sétacées. Les inflorescences sont en cymes lâches et pédonculées. Le calice reste tubuleux à maturité. Les corolles sont roses ou violacées, bien plus longues que le calice. Cette plante est endémique du Maroc et de l’Algérie ; elle se développe dans le semi-aride tempéré, sur sol squelettique et peu épais, calcaire entre 500 et 1000m d’altitude. • Satureja alpina Satureja alpina Scheele appartient au sous genre Acinos. Elle est caractérisée par un calice renflé à la base. C’est une plante vivace à tiges décombantes flexueuses et allongées. Les feuilles sont lancéolées plus ou moins crénelées hispides. Le calice est de 6-8 mm. La corolle est purpurine, grande, de 12-16 mm et tube longuement exsert. Cette plante est endémique du pourtour méditerranéen ; elle se développe dans le semi-aride sur fissures de rochers granitiques entre 800 et 1500m d’altitude.
Satureja alpina (L.) Scheele
84
Satureja calamintha (L. Scheele
Chapitre II Valorisation et caractérisation des PAM des strates arbustives et herbacées
85
B. Utilisation Le genre Satureja offre l’intérêt d’être représenté par plusieurs espèces se trouvant dans les régions du pourtour méditerranéen, aussi bien en basse qu’en haute altitude. Il revêt, traditionnellement, une grande importance culinaire et thérapeutique. Certaines sarriettes sont utilisées par les populations marocaines rurales pour aromatiser le thé ainsi que pour conserver le beurre.
Elles sont indiquées contre les refroidissements, les rhumes et rhumatismes, en infusion, gargarisme ou décoction. Elles sont également galactogènes, emménagogues, vermifuges, diurétiques, digestives, antimicrobiennes et antiseptiques. Elles sont aussi utilisées contre les maladies du foie et pour leur effet aphrodisiaque (Bellakhdar, 1997).
C. Localisation Les espèces de Satureja se localisent dans les régions subhumides du nord-ouest du Maroc. Les échantillons de Satureja alpina provenaient de la région de Taza-El Hoceima (Rif-oriental) et ceux de Satureja calamintha de la région de Chefchaouen (Rif-occidental).
86
Chapitre II Valorisation et caractérisation des PAM des strates arbustives et herbacées
D. Rendement et composition chimique • Satureja calamintha Les échantillons de Satureja calamintha ont fourni un rendement de 1,60%. Les HE de cette espèce sont caractérisées par la présence de p-cymène (20,8%), de γ-terpinène (18,7%) et de thymol (34,9%) en tant que constituants majoritaires (Satrani et al., 2001).
• Satureja alpina La teneur en HE est de 1,24% pour les échantillons de Satureja alpina. Ces HE sont marquées par la présence de limonène (11,9%), d’isomenthone (7,2%), de néomenthol (6,5%), de pulégone (25,1%), de carvone (13%) et d’acétate de thymol (15,3%) (Satrani et al., 2001).
E. Activité antimicrobienne des HE Les HE de Satureja calamintha et de Satureja alpina présentent, in vitro, une bonne activité vis-à-vis des bactéries et des champignons étudiés. L’HE de Satureja calamintha est très remarquable par sa forte inhibition de tous les germes testés, même à la faible concentration utilisée 1/1000 V/V. Pour les échantillons des HE de Satureja alpina, on note aussi une sensibilité importante des différents micro-organismes (Satrani et al., 2001).
87
08 Khella
(Ammi visnaga L.)
A. Description botanique C’est une plante herbacée annuelle de la famille des Ombellifères et dont la hauteur est comprise entre 20 et 80 cm. Appelée aussi Khella, elle pousse spontanément autour du bassin méditerranéen, jusqu'au Proche Orient, sur des terres en friche et argileuses. On la reconnaît à son inflorescence en ombelle d’ombellule, dont la forme caractéristique ressemble un peu au fenouil.
Ammi visnaga L, (khella)
B. Localisation Ammi visnaga L. (khella) est une plante médicinale commerciale d’origine méditerranéenne. Au Maroc, Ammi visnaga (nom vernaculaire : Bochnikha) 88
est une plante spontanée très abondante principalement dans la région du nord. Actuellement, elle est surtout cultivée en Egypte, en Algérie et au Maroc.
Chapitre II Valorisation et caractérisation des PAM des strates arbustives et herbacées
89
C. Utilisation Le Khella était déjà utilisé dans l'Egypte des pharaons pour ses propriétés antispasmodiques, en particulier dans les coliques néphrétiques. Au Maroc, elle est utilisée localement dans la médecine traditionnelle. Une décoction des fruits de la plante, soulage les diabétiques, traite les abcès, lutte contre les maladies affectant les intestins et apaise
différentes douleurs et notamment la migraine. La décoction des ombelles et/ou des fruits du Khella, s'emploie en gargarismes, pour les soins de la bouche (gingivites, abcès buccaux, etc,) et contre les maux dentaires. Cette décoction est prise aussi, par voie orale, contre les palpitations de l’aorte, les douleurs des reins et de la vessie.
D. Rendement et composition chimique La distillation des ombelles d’Ammi visnaga L. donne un rendement moyen en HE d’environ 0,27%. Les méthodes d’analyses ont permis d’identifier l’isobutyrate d’amyle (environ 16%), le linalol (22,7%), le méthyl-2-butyrate d’isoamyle (environ 27,7%) et le valérate d’amyle (environ 10%) comme constituants majoritaires (Satrani et al., 2004).
22,71
27,68
9,98
16,04 3,97
4,02
Linalol
cis et trans-oxyde de linalol
valérate d’amyle
isobutyrate d’amyle
α-terpinène
méthyl-2-butirate d’isoamyle
Composition chimique des HE de l’Ammi visnaga L.
90
Chapitre II Valorisation et caractérisation des PAM des strates arbustives et herbacées
E. Bioactivité L’HE d’Ammi visnaga a montré une activité inhibitrice in vitro vis-à-vis des bactéries et des champignons. Les bactéries étaient plus sensibles que les champignons à cette HE. En effet, Escherichia coli a
été inhibée à partir de la concentration de 1/500 V/V alors que Bacillus subtilis et Staphylococcus aureus ont résisté jusqu’à la concentration 1/250 V/V en HE d'Ammi visnaga (Satrani et al., 2004).
91
09 Camomille sauvage (Cladanthus mixtus L.)
A. Description botanique La Camomille sauvage, Cladanthus mixtus, appelée aussi commercialement Camomille du Maroc est une Astéracée chaméphyte bisannuelle à nombreuses tiges dressées, terminées par des capitules à ligules blanches, ornées de jaune à leur base.
Camomille sauvage (Cladanthus mixtus)
Fleur de Cladanthus mixtus
B. Localisation Cette espèce est une sialophyte qui abonde dans les vides des bioclimats semi-aride et subhumide sur les sols sableux de l'étage thermoméditerranéen. Au Maroc, elle se rencontre dans deux zones disjointes, la première entre Tanger, Ouezzane, Souk Larbaa, Moulay Bousselham et Azilah, et la seconde entre Kénitra, Sidi Slimane, Khémisset et Rabat (Aafi, et al., 2005). C. Utilisation Cette espèce est caractérisée par une odeur fraîche balsamique. Elle donne une huile essentielle d’odeur camphrée recherchée en cosmétique, parfumerie et médecine (Haddad et al., 2003). La Camomille sauvage est conseillée au Maroc comme anxiolytique et rééquilibrante du système nerveux central, d’une grande valeur dans les dépressions nerveuses, et pour les insuffisances hépatiques et gastriques légères et les colites colibacillaires (Haddad et al., 2003).
92
D. Rendement et composition chimique
E. Tests de bioactivités des HE
La distillation de Cladanthus mixtus fournit 0,47 ± 0,02 % d’huile essentielle. Les HE de C. mixtus sont dominées par les monoterpènes (69,4 %) avec l’alcool de santoline (37,7 %) comme constituant majoritaire. Suivent l’α-pinène et la camphénilone (4,8 %), l’alcool de yomogi (4,5 %), le 1,8-cinéole (3,2 %) et le thymol (2,12 %) (Satrani et al., 2008).
L’huile essentielle a montré une forte activité contre tous les microorganismes testés. Chez les bactéries, Escherichia coli et Staphylococcus aureus ont manifesté une certaine résistance jusqu’à 1/5000 (v/v). Les champignons ont été tous complètement inhibés à 1/2000 (v/v) (Satrani et al., 2008).
Chapitre II Valorisation et caractérisation des PAM des strates arbustives et herbacées
93
Chapitre III Valorisation et caractérisation des PAM de la strate arborée ou arborescente
94
CHAPITRE II
Les espèces comestibles
Compte tenu de l’importance en superficie de ces espèces notamment celle du cèdre (133 000 ha), thuya (605 000 ha), genévriers oxycèdre, rouge et thurifère (76 000 ha), eucalyptus (587 000 ha) et If commun qui occupent les principales rivières dans les bioclimats humide et péri-humide, ces espèces jouent des rôles socio-économiques et environnementaux assez importants et stratégiques. Eu-égard aux avancées technologiques, ces espèces peuvent faire l’objet d’une valorisation des parties non ligneuses (branches, rameaux, fruits et aiguilles, sciures et fruits, bourgeons, boutons floraux, etc…). Ce qui permettrait d’apporter un supplément aux recettes provenant de l’exploitation usuelle de ces espèces (production de bois d’œuvre, bois de feu, pâte à papier, etc..). En effet, ces activités permettraient un développement durable au niveau local et régional et ce, par les recettes
qu’elles généreraient et par l’emploi qu’elles créeraient. En effet, les produits utlisés dans l’extraction des HE peuvent être récoltés au moment de l’exécution des opérations sylvicoles (élagage artificiel, éclaircies …) programmées dans le cadre des plans d’aménagement et de gestion. Jusqu’à nos jours, ces produits n’ont jamais été estimés mais compte tenu de leur importance volumique, on préconise à ce qu’ils soient pris en considération au moment des inventaires et évaluation des potentialités lors de la révision des aménagements en cours. Dans ce qui suit, l’aspect de valorisation de ces PAM (strate arborée ou arborescente) sera envisagé à travers l’étude des HE (sciure, rameaux, fruits et feuilles). Cette forme d’utilisation supplémentaire constitue une plus value assez importante qui contribuera à valoriser davantage ces arbres forestiers.
95
01 If commun
(Taxus baccata, L.)
A. Description botanique Taxus baccata (If commun) appartient au genre Taxus, qui regroupe un petit nombre d’espèces très peu distinctes dans les zones tempérées de l’hémisphère nord. C’est une plante de la famille des taxacées. C’est une espèce dioïque (les pieds femelles portent des fruits charnus, rouge vif, les arilles). Il peut atteindre 20 mètres de haut mais la plupart des individus sont généralement plus petits. La forme est variable avec une cime irrégulière et un tronc court et noueux d'où partent des branches à quelques centimètres du sol. L'écorce de l'arbre va du brun rouge parfois très foncé voir pourpre. Les feuilles sont des aiguilles souples, plates de couleur vert foncé dessus et vert plus clair dessous. Elles mesurent généralement entre 2 et 4 cm, les aiguilles sont insérées en spirale autour des pousses. If commun
B. Localisation L’If commun appartient au genre Taxus, qui évolue dans les forêts mixtes de chêne vert et de cèdre du Moyen Atlas et du Rif occidental, notamment dans les stations riches des montagnes humides. L'if est rare à l'état naturel : il a presque disparu des bois et des prairies en raison des nombreuses intoxications qu'il provoquait chez le bétail. Il peut 96
provoquer, en quelques minutes, la mort des chevaux : la dose mortelle est estimée à 0,5 – 2 g/kg de poids corporel. L'écorce de Taxus brevifolia a été utilisée pour ses propriétés anticancéreuses. On est alors parvenu à extraire le taxotère, une substance voisine du taxol, des aiguilles de Taxus baccata. Aujourd'hui, la molécule est entièrement synthétisée.
Chapitre III Valorisation et caractérisation des PAM de la strate arborée ou arborescente
97
C. Utilisation Le taxol, extrait de l'écorce de l'if pacifique (Taxus brevifolia) est utilisé comme inhibiteur de la multiplication des cellules cancéreuses (Wani et al., 1971). Actuellement, il est prescrit dans la thérapie du cancer de l'ovaire, du sein, de la gorge et du larynx (Lenaz et al., 1993). Récemment, des recherches ont abouti à l'extraction et l'identification, à partir des feuilles fraîches de l'if commun (Taxus baccata L.), d'un précurseur du taxol (taxotère) en quantité deux fois plus supérieure à celle que l'on extrait
98
des écorces de l'if pacifique (Ettouati et al., 1991, Wiegerinck et al., 1996). Le taxotère qui semble très actif en plus petites quantités que le taxol, est depuis quelques années en essais cliniques. A partir de ces résultats encourageants, la demande en feuilles de l'if commun devient de plus en plus importante. Pour répondre à cette demande, les pays européens cherchent à compléter leurs besoins en cette matière première par des importations à partir des pays limitrophes tel que le Maroc.
Chapitre III Valorisation et caractérisation des PAM de la strate arborée ou arborescente
D. Rendement et composition chimique Le rendement en taxines des feuilles de l’if commun (Taxus baccata) est de l’ordre de 0,53% (Fechtal et al., 2000). L’extrait de ces feuilles est composé
de treize produits dont les majoritaires sont la taxine B, l’isotaxine B et la 2-désacéthyletaxine (Fechtal et al., 2000).
99
02 Genévriers
(Juniperus thurifera L., Juniperus oxycedrus L. et Juniperus phoenicea L.)
A. Description botanique Le genre botanique des genévriers, nom scientifique Juniperus, famille des Cupressacées, comporte un grand nombre d'espèces, des variétés rigides aux aiguilles piquantes et des variétés souples au feuillage en écailles. Le genre Juniperus est caractérisé par des cônes très particuliers, appelés galbules, comportant des écailles plus ou moins complètement soudées entre elles. Le genre Juniperus se présente sous forme de plusieurs espèces, environ 60 espèces (Adams, 1998), dont quatre peuvent se trouver au Maroc (Benabid, 2000) : Le genévrier oxycèdre (Juniperus oxycedrus), le genévrier commun (Juniperus communis), le genévrier de Phénicie (Juniperus phoenicea) et le genévrier thurifère (Juniperus thurifera) (Benabid, 2000).
Juniperus oxycedrus
Juniperus thurifera
Juniperus phoenicea
B. Localisation D'origine américaine, asiatique, africaine et européenne, cet arbre atteint couramment 4 à 15 m de haut dans la nature, et même 25 à 30 m pour 100
certaines espèces. Il supporte les sols pauvres, éventuellement calcaires, sablonneux et secs jusqu'à 4500 m d'altitude.
Chapitre III Valorisation et caractérisation des PAM de la strate arborée ou arborescente
101
C. Utilisation Le genévrier était une plante appréciée des Grecs anciens et des Romains. Ces derniers utilisaient l'huile de cade, obtenue en chauffant les bois du genévrier : elle servait à laver les morts. Les tanins facilitent la digestion des gibiers et viandes grasses et relève la choucroute et le fumé de poisson. Seuls, le genévrier commun (Juniperus communis) et le genévrier oxycèdre (Juniperus oxycedrus) sont comestibles. Plus qu'un traitement des digestions très difficiles et des gaz intestinaux, les baies de genévrier sont ajoutées préventivement lors de la préparation des plats un peu lourds afin de faciliter leur digestion. Ainsi, un usage abusif du genévrier peut provoquer des troubles rénaux (Auclair, 1993). D. Rendement
E. Composition chimique
Les échantillons de Juniperus thurifera fournissent un rendement d’environ (1,32 ± 0,06 %) contre seulement (0,15 ± 0,03 %) pour les échantillons de Juniperus oxycedrus (Mansouri et al., 2010). Le rendement en huile essentielle des rameaux de Juniperus phoenicea est de 0,41 %.
L’HE de J. thurifera est composée principalement de β-pinène (36,26%), suivi de l’oxyde d’α-pinène (10,89%), E-β-ocymène (4,38%), myrcène (3,13%) et de l’α-pinène (3,14%) (Mansouri et al., 2010). Quant à celle de J. oxycedrus, elle est dominée surtout par l’α-pinène (52,13%) (Mansouri et al., 2010).
60 52,13
J. oxycedrus
J. Thurifera
50 40 30 20 2,67
10 0
J. oxycedrus
4,38
α-pinène
β-pinène
myrcène
5,44
4
0,29 3,13
3,14
β-E-ocymène
10,8
J. Thurifera
α-oxyde de pinène
Composition chimiques des HE Juniperus thurifera et oxycedrus 102
Chapitre III Valorisation et caractérisation des PAM de la strate arborée ou arborescente
L’analyse de la composition chimique des HE des rameaux de Juniperus phoenicea montre que les monoterpènes hydrogénés et dérivés sont les constituants majoritaires. Ces HE se répartissent en deux chimiotypes. • Chimiotype à α-pinène : Ce chimiotype représente les 2/3 des échantillons d’Assif Almal et de Dou Ouzrou. Les HE de ce type contiennent principalement l’α-pinène (74,03 à 76,33%). • Chimiotype à α-pinène et p-cymène : Ce chimiotype représente le 1/3 des échantillons du site Aghbar. L’échantillon d’huile essentielle contient principalement de l’α-pinène (64,19%) et du p-cymène (14,84%).
80 70
74,03
76,33
64,19
60 50 40 30 14,84
20 10
1,82 2,69 1,69
0
0
2,98 1,46 1,03
0
α-Pinène
Myrcène
p-Cymène
Germacrène B
Assif almal Aghbar Dou ouzrou Composition chimique des HE de Juniperus phoenicea 103
03 Thuya
(Tetraclinis articulata Masters)
A. Description botanique Le thuya de Berberie, Tetraclinis articulata, appartient à l’ordre des Pinales, famille des Cupressacées. C’est le seul représentant de la sous famille des Callitroïdées se rencontrant dans l’hémisphère nord. Cette essence endémique de la Méditerranée occidentale possède la faculté d'émettre vigoureusement des rejets de souches jusqu’à un âge très avancé (250 ans).
Loupe de Thuya (Tetraclinis articulata Masters)
B. Localisation Le thuya est une espèce se cantonnant essentiellement dans la portion méridionale du bassin méditerranéen occidental (Afrique du Nord) à l’exception de deux îlots : l’un au sudest de l’Espagne (Almeria) et l’autre à l’île de Malte (Morte & Honrubia, 1996). Les plus vastes peuplements d’Afrique du Nord sont observés au Maroc avec
104
une superficie totale estimée à 607 900 ha. La plus grande partie de l’aire des tétraclinaies marocaines se situe en ambiance bioclimatique semiaride à variante tempérée, douce, chaude et très chaude. Le thuya se développe aussi dans le sub-humide chaud, doux et tempéré sur sol filtrant (calcaire) de forte pente.
Chapitre III Valorisation et caractérisation des PAM de la strate arborée ou arborescente
105
C. Utilisation Différentes parties de l’arbre sont utilisés en médecine traditionnelle principalement contre les infections intestinales, les maladies respiratoires, le diabète et aussi contre l’hypertension. La gomme de sandaraque produite par Tetraclinis articulata est utilisée dans la fabrication de vernis de luxe et en pharmaceutique. D. Rendement et composition chimique • Bois Le rendement moyen en HE, calculé à partir de la matière végétale sèche du bois de thuya, est de 1,25% (Satrani et al., 2004). Les composés majoritaires de L’HE du bois de Tetraclinis articulata sont la
2,5 diméthoxyacétophénone (22,5%), le β-acorénol (20,4%), le cédrol (12,2%), l’α-cedrène (6,6%), la carvenone (6,5%), le β-caryophyllène (3%) et l’α-acoradiène (2,8%) représentant un total d’environ 74 % de l’HE (Satrani et al., 2004).
6,5 6,6 22,5
12,2
20,4
2,5 diméthoxyacétophenone
cédrol
b-acorénol
a-cedrène
carvenone
Composition chimique des principaux constituants du bois de thuya
106
Chapitre III Valorisation et caractérisation des PAM de la strate arborée ou arborescente
•A ctivité antimicrobienne des HE L’HE du bois de thuya a montré une forte activité inhibitrice vis-à-vis de tous les microorganismes testés. Chez les bactéries, Bacillus subtilis a été inhibé à la plus faible concentration 1/10000 V/V alors que Escherichia coli et Staphylococcus aureus ont été inhibés à la même concentration de 1/5000 V/V. Seul Micrococcus luteus a résisté jusqu’à la concentration de 1/2000 V/V. Ce pouvoir bioactif a été attribué essentiellement au 2,5 diméthoxyacétophénone (Satrani et al., 2004). • Rameaux Le rendement moyen en HE des rameaux de Tetraclinis articulata est de 0,41 %, L’α-pinène (30,22 %) et le limonène (22,29 %) sont les constituants majoritaires des HE des rameaux de Tetraclinis articulata. On note aussi la présence, à un degré moindre, de widdrol (5,41 %), d’acétate de bornyle (4,76 %) et d’humulène (3,49) (Bourkhiss et al., 2009).
4,76
3,69
5,41 30,22
22,29
a-pinène
Widdrol
Limonène
Acétate de bornyle
Humulène
Composition chimique des principaux constituants du bois de thuya
E. Bioactivité L’activité antimicrobienne des HE des rameaux est plus faible que celle des HE du bois, Staphylococcus aureus et Micrococcus luteus sont inhibés
respectivement à 1/250 et 1/100 v/v alors que les autres souches ont résisté à l’action de l’huile essentielle des rameaux de Tetraclinis articulata (Satrani et al., 2004).
107
04 Cèdre
(Cedrus atlantica)
A. Description botanique Le genre Cedrus existe sous quatre espèces : Cedrus atlantica en Afrique du Nord, Cedrus brevifolia Henry dans l’ile de Chypre, Cedrus libani London en Turquie et au proche Orient (Liban et Syrie) et Cedrus deodara London dans l’Himalaya. Le Cedrus atlantica est un arbre endémique au Maroc et en Algérie. Il peut atteindre 40 à 50 m de hauteur, avec un diamètre de 2 m. Il se différencie des autres espèces par des caractères distinctifs tels le port, la dimension du cône et l’aspect des feuilles et des rameaux. Le cèdre de l’Atlas est l’arbre noble par excellence de l’Afrique du Nord et du Maroc en particulier où il trouve les conditions les plus favorables. Il constitue une richesse sur les plans écologique, économique, social et culturel. Il est d’un port pyramidal quand il est jeune, puis devient tabulaire quand il est âgé, de rameaux généralement longs et dressés, portant des feuilles isolées (aiguilles vertes) de 1 à 2 cm de longueur et sous forme de nombreuses rosettes et ses fruits, sous forme de cônes ellipsoïdes de couleur brun marron à écailles minces et très serrées, sont d’une taille moyenne de 5 à 8 cm (Alexandrian, 1992). Cèdre (Cedrus atlantica)
B. Utilisations Le bois de cèdre est un bois tendre et léger, à odeur aromatique pénétrante et persistante, c’est un bois d’œuvre noble et durable, il est utilisé en charpente, ébénisterie, déroulage, tranchage et en pâte à papier en mélange avec le bois de pin. Il convient également pour la fabrication des crayons. La cédraie marocaine représente la principale source de production de bois d'œuvre en participant à hauteur de 80% à la production nationale. 108
L’huile essentielle de Cèdre est antiseptique, cicatrisante, antifongique, dépurative et relaxante, il est dit que cette huile, à arôme chaud, boisé et balsamique, a un pouvoir structurant. Elle est utilisée en parfumerie et en cosmétologie et indiquée contre les dermatoses et les inflammations cutanées. Les HE du cèdre sont demandées en parfumerie et en cosmétique (Müller & Oelkers, 1993) pour les himachalènes qu’elles contiennent.
Chapitre III Valorisation et caractérisation des PAM de la strate arborée ou arborescente
109
C. Commerce Economiquement, les forêts de cèdre engendrent par la qualité de leurs produits une importante activité économique : parcours (production de 116 millions d'unités fourragères), menus produits et matières premières pour les industries de sciage. Elles sont également pour les populations riveraines des sources de revenus inestimables (de l’ordre de 353,4 millions de dh), générées par la diversité des travaux forestiers qui emploient une main d’œuvre tout au long de l’année (équivalent travail de l’ordre de 6,5 millions hommes-jour) et par les
multiples servitudes de ces forêts qui fournissent des produits à haute valeur marchande tels que le bois d’œuvre, les champignons comestibles, les goudrons, les plantes médicinales, les lichens et autres. Les HE du bois de cèdre et son goudron, riches en sesquiterpènes et alcools sesquiterpéniques, constituent une matière première pour les industries pharmaceutique et cosmétique (Aberchane et al., 2004, Satrani et al., 2006). Les himachalènes sont aussi la base d’un médicament vétérinaire mis en vente sur le marché (Singh & Srikrishna, 2003).
D. Rendement et composition chimique des HE Le rendement en HE est variable en fonction de la provenance, il est d’une moyenne de 3,8 ml pour 100g de matière sèche (Aberchane et al., 2004, Satrani et al., 2006). Les cédraies du Moyen Atlas oriental et du Haut Atlas oriental sont les plus riches en ces huiles. Le β-himachalène est le principal constituant de ces huiles (Aberchane et al., 2001). C’est un précurseur dans la préparation des produits utilisés dans l’industrie des parfums (Fkih Tetouani et al., 1984) ; principalement des époxydes (Chekroun et al., 1997) qui permettent d’élever le pouvoir olfactif. E. E ffet de l’infection du bois de Cèdre de l’Atlas par Trametes pini et Ungulina officinalis sur la composition chimique des hE L’analyse chromatographique des trois échantillons d’HE étudiées a révélé qu’il y a des différences entre les compositions chimiques de ces huiles. Les HE du bois de Cèdre non attaqué et celles de bois attaqué par Trametes pini présentent des compositions chimiques sensiblement identiques avec les himachalènes et la E-α-atlantone comme constituants majoritaires.
110
Chapitre III Valorisation et caractérisation des PAM de la strate arborée ou arborescente
Ces compositions diffèrent de celles des HE du bois infecté par Ungulina officinalis qui sont caractérisées par de faibles teneurs en himachalènes et par des teneurs plus élevées en d’autres constituants. Dans ce cas, le taux global des himachalènes (α + γ + β) est faible et n’est que 15,85% par comparaison à celui des HE du bois sain avec 51,57% et à celui du bois attaqué par Trametes pini avec 55,90%. Les pourcentages des constituants majoritaires sont,
respectivement dans le cas non attaqué et attaqué par Trametes pini et par Ungulina officinalis, 10,87 ; 13,42 et 5,97% pour α-himachalène, 6,89 ; 8,32 et 4,20% pour γ-himachalène et 33,81 ; 34,16 et 5,68% pour β-himachalène. La E-α-atlantone, qui apparaît avec 11,24 % et 10,35% respectivement dans le cas non attaqué et attaqué par Trametes pini, est presque à l’état de trace (0,14%) dans les HE du bois infecté par Ungulina officinalis (Aberchane et al., 2003).
F. Influence de l’infection du bois de Cèdre sur l’activité antimicrobienne L’étude de la bioactivité des différents échantillons d’HE montre que les huiles issues du bois non attaqué et de celui infecté par Trametes pini ne possèdent, in vitro, aucun pouvoir bactériostatique ou fongistatique aux concentrations utilisées. Par contre, les HE du bois de cèdre attaqué par Ungulina officinalis sont réactives à partir de la concentration de 2 μl/ml. Ces dernières possèdent une activité inhibitrice vis-à-vis des bactéries et un faible pouvoir antifongique (Aberchane et al., 2003). sain
Tp
Uo
35 30 25 20 15 10 5 0 ne
alè
m
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Effet de l’infection du bois de Cèdre de l’Atlas par Trametes pini et Ungulina officinalis sur la composition chimique
111
05 Eucalyptus sp.
A. Description botanique La classification est basée principalement sur l’étude morphologique de différentes parties constituant l’arbre. La botanique utilise, pour la détermination des eucalyptus la description morphologique des parties constituant l’espèce, en particulier : l'écorce, les feuilles, les fruits, les glandes à HE, etc,. L’écorce constitue un élément majeur dans la reconnaissance des espèces. Elle est à l’origine de la principale classification forestière pratique qui s’est avérée très utile. On distingue deux grands types: écorce caduque dont les zones extérieures se détachent partiellement ou totalement de l’arbre lors de renouvellement d'assise en longues lanières comme chez l'E. globulus ssp globulus, en plaques plus ou moins larges cas de l'E. camaldulensis et l'E. saligna, ou en très petites plaques ou écailles cas de l'E. citriodora et l'E. astringens et écorce persistante dont l'état de vieillesse est marqué par une oxydation de sa surface qui devient de plus en plus pulvérulente, et perd sa couleur initiale cas de l'E. sideroxylon.
Feuille d’eucalyptus
B. Utilisations Au Maroc, hormis les quelques pieds plantés en 1890 dans le territoire Tangérois, les premiers peuplements artificiels à base d'essences d'origine australienne telles que l'E. camaldulensis, E. gomphocèphala et Acacia mollissima furent lancés dans la plaine du Gharb à partir de 1920. La mission en Australie, entreprise au cours de l'année 1948 par les forestiers, a permis l'introduction, dans différentes zones du Maroc, de plus de 200 espèces australiennes dont la grande majorité sont des Eucalyptus. Avec l'installation de l'usine de cellulose en 1953 à Sidi Yahia du Gharb, les plantations d'Eucalyptus ont connu un développement considérable. La superficie totale occupée par l'eucalyptus au Maroc est estimée en 1984 à 183 870 ha, en 1993 à 200 507 ha et en 1998 à 202 000 ha. 112
Chapitre III Valorisation et caractérisation des PAM de la strate arborée ou arborescente
113
C. Utilisation Les eucalyptus jouent un rôle primordial dans l’économie forestière. En plus des utilisations traditionnelles, tels que le bois de feu, le charbon, le bois d’industrie et perches, sont venus se greffer des emplois à plus haute valeur ajoutée tels que la construction, l’ameublement, la menuiserie, l’agencement intérieur et la production de placages décoratifs. L’Eucalyptus camaldulensis est utilisé comme bois de trituration, en taillis et en futaie.
Le bois d’Eucalyptus gomphocephala est employé dans la construction navale et peut être utilisé en ébénisterie. Les HE extraites des feuilles d'eucalyptus constituent l’une des principales sources du 1,8-cinéol (eucalyptol). Les essences d'eucalyptus, dont la teneur en 1,8cinéole dépasse 70%, sont les plus utilisées en industries pharmaceutique et cosmétique. Les HE d’E. globulus restent la principale source de ce principe actif.
B. Commerce Les importations d'HE d'Eucalyptus fluctuent, entre 80 000 dh en 1990 (niveau le plus bas durant les neuf années) et plus de 240 000 dh en 1991. Le Maroc ne produit pas les HE d'Eucalyptus et pourtant cette plante occupe plus de 200 000 ha. Bien que la biomasse foliaire représente un pourcentage non négligeable de la biomasse aérienne des Eucalyptus, les HE que l’on extrait, peuvent constituer une matière d’importance capitale pour le Maroc. Actuellement, les HE d'Eucalyptus sont essentiellement produites par l’Espagne, le Portugal, le Brésil, la Chine, etc.
114
Chapitre III Valorisation et caractérisation des PAM de la strate arborée ou arborescente
C. Rendement et composition chimique La quantité et la qualité des HE de la biomasse foliaire de quatre espèces parentales de cinq hybrides ont été étudiées. Le rendement moyen en HE des espèces parentales est de 3,4% pour l’E. globulus ssp maideni, 2,5% pour l’E. globulus ssp globulus, 1,6% pour l’E. diversicolor et 0,8% pour E. camaldulensis. Les rendements moyens de certains hybrides sont 2,9% pour E. camaldulensis x E. globulus ssp. Maideni, 1,4% pour E. camaldulensis x E. diversicolor et 1 % pour E. camaldulensis x E. globulus ssp globulus (Farah et al., 2002). L’analyse des HE des échantillons d'hybrides naturels d’Eucalyptus a permis d’obtenir une nouvelle source du 1,8-cinéol au Maroc. Pour les échantillons du clone 583 (hybride à base
d’E.camaldulensis), la teneur en ce produit représente environ 84%. Les HE de cet hybride naturel peuvent être commercialisées sous l’appellation "HE 80-85%" ou sous forme de 1,8-cinéole qu’on peut en extraire par une simple cristallisation à froid. Cet hybride présente un rendement moyen de 2,6%. Le clone 981 présente des huiles avec une teneur en 1,8-cinéole estimée à 70%, taux exigé par les utilisateurs. Son rendement en HE est estimé à 0,8%. Les HE d’autres clones tels que le clone 2414 (E. grandis x E. camaldulensis), le clone 949 (E. grandis x NI), le clone 366 (E. saligna x NI), présentent le 1,8-cinéole avec des taux allant de 45% à 69%. Ces huiles nécessitent des rectifications avant toute utilisation industrielle (Farah et al., 2001).
115
D. Rectification des HE La rectification des HE des Eucalyptus par la distillation fractionnée a permis d’obtenir des produits à hautes valeurs ajoutées. La séparation du 1,8-cinéole à partir des HE des feuilles d’E. camaldulensis a été effectuée au laboratoire et à l’échelle pilote. Cette opération a permis d’obtenir approximativement 59% d’HE d’E. camaldulensis de 1,8cinéole avec un taux moyen d’environ 88%. La cristallisation de ces huiles à une température allant de -16 à -20°C a permis l’obtention de ce produit avec un
116
degré de pureté estimé à environ de 98%. La purification du 1,8-cinéole à partir des HE du clone 583 s’est avérée plus facile, elle peut être réalisée par une cristallisation directe. Cette opération permet, dans une première étape, d’isoler environ 75% du 1,8-cinéole avec un degré de pureté de 96%. Les HE d’eucalyptus à cinéol (75-80%) sont écoulées sur le marché international pour environ 100 dh/Kg. Le prix du 1,8-cinéole, à 99% de pureté est de l’ordre de 850 dh/Kg (en flacons de 500ml).
Chapitre III Valorisation et caractérisation des PAM de la strate arborée ou arborescente
E. Influence de l’hybridation sur la bioactivité La sensibilité des différents microorganismes aux HE de l'hybride (clone 583) est similaire pour les concentrations testées. Tous les germes ne sont inhibés qu’à la concentration de 1/100 V/V. Pour les échantillons des HE de l’espèce parentale E. camaldulensis, certaines bactéries et champignons (Bacillus subtillis, Trametes pini et Aspergillus niger) ont été inhibés à la concentration de 1/500 V/V alors que la croissance des autres a été arrêtée à 1/250 V/V. L’hybridation naturelle a fait prédominer le produit 1,8-cinéole aux dépens des autres constituants et elle a diminué en l’occurrence la sensibilité des germes vis-à-vis des HE.
L’hybridation naturelle ou artificielle peut avoir comme conséquence l'amélioration de la qualité des HE, mais elle peut rendre les arbres vulnérables aux attaques d'agents pathogènes. Cette dernière remarque est confirmée par des observations sur le terrain dans une plantation d'hybride où il a été constaté de grandes attaques de feuilles qui jaunissent et tombent en pleine période de floraison. Les examens des échantillons au laboratoire ont permis d'identifier le champignon pathogène Harknessia eucalypti Cook comme responsable de cette défoliation. Ce pathogène est rare dans les plantations de l’espèce parentale E. camaldulensis qui avoisine celles de l'hybride (clone 583) (Farah et al., 2001).
117
118
CHAPITRE II
Conclusion
Les espèces comestibles
L’espace forestier marocain est très riche et renferme de nombreuses espèces susceptibles de fournir des HE utilisées dans différents domaines pour leurs propriétés thérapeutiques et organoleptiques, odorantes (parfumerie, cosmétique), pharmaceutiques (aromathérapie), gustatives (additifs alimentaires) ou encore comme sources d’isolats pour les hémisynthèses. Ces produits constituent donc des produits à très forte valeur ajoutée qui peuvent contribuer à la sauvegarde de la forêt marocaine et au développement économique du pays à condition que soient respectés les critères de qualité exigés sur le marché international. Aussi, pour renforcer sa place dans le marché et pérenniser les nappes, le Maroc doit fournir un effort dans le domaine de la rationalisation de l’exploitation de ces nappes naturelles, de la domestication et de la culture pour passer de l’économie de cueillette à celle de la production.
La maîtrise des méthodes d’extraction des HE, la caractérisation de leur composition chimique, la connaissance des facteurs influençant cette composition, le développement des techniques permettant l’augmentation du rendement des huiles en principes actifs, la détermination du spectre d’activité biologique de ces essences et de leurs constituants et la maîtrise des itinéraires techniques de cultures sont les étapes importantes pour contribuer à une meilleure valorisation des HE de ces PAM. Ces études entamées par la section « PAM » du CRF ont permis, d’une part de maîtriser les techniques culturales, de développer une méthode d’analyse des HE propre, basée essentiellement sur la combinaison de la CPG et du couplage CPG/SM et les tests de bioactivité des HE et d’autre part, de contribuer à une meilleure connaissance des HE de diverses PAM du Maroc, en les caractérisant et en les valorisant pour d’éventuelles utilisations dans plusieurs domaines industriels.
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