Performance de l'entrepôt
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Lignes de préparation de commande chez Office Dépôt à Senlis.
Votre entrepôt est-il assez performant ? Alors même que l’on pense que tout a déjà été fait pour optimiser la Supply Chain, on découvre parfois des gisements de productivité insoupçonnés au sein même de l’entrepôt. Ces améliorations s’obtiennent le plus souvent sans révolutionner l’organisation, ni même investir dans un logiciel hyper sophistiqué. Elles résultent au contraire d’une démarche visant à appréhender sur le terrain chaque geste, chaque détail, pouvant conduire à une amélioration, même modeste. De même que les petits ruisseaux font les grandes rivières, la somme de ces « petits riens » conduit parfois à de surprenants progrès. A travers le témoignage de consultants et d’experts, ce dossier en deux parties aborde d’une part l’organisation et d’autre part la mise en place de logiciels d’entreposage (WMS). Si les méthodes et les technologies y sont passées en revue, on y apprend surtout que la notion de productivité est indissociable d’une gestion subtile des ressources humaines. N°14 - SUPPLY CHAIN MAGAZINE - AVRIL 2007
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Dossier entrepôt
Des plates-formes logistiques encore plus productives Comment améliorer encore la productivité de votre entrepôt ? Nous vous proposons des pistes de réflexion tirées de témoignages de Directeurs logistiques, de retours d’expérience de prestataires logistiques, de conseils d’experts et d’idées pertinentes extraites de l’ouvrage « Optimisez votre plate-forme logistique » de Michel Roux et Tong Liu (Eyrolles Editions d’Organisation, 3e édition 2007). Elles ne sont bien sûr pas exhaustives et doivent être adaptées à votre secteur ou à vos spécificités. Quoiqu’il en soit, le meilleur moyen d’augmenter la productivité de votre plate-forme sera de concentrer vos efforts sur les mesures les plus adaptées à votre situation, sans vous disperser, selon un objectif fixé de qualité de service. Sans oublier de considérer qu’elle fait partie d’une Supply Chain, pour au final améliorer la performance logistique globale.
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’analyse des processus, des flux, des coûts, des stocks, des délais et du niveau de service en fonction des caractéristiques produits est l’étape préalable à ne pas rater dans le cas d’un entrepôt en fonctionnement. Les gains de productivité sont à chercher dans les quatre fonctions de l’entrepôt : la réception, le stockage, la préparation de commandes et l’expédition. L’optimisation de la circulation des flux physiques conduit à étudier l’implantation des zones. L’ordonnancement du site va répondre, selon les besoins, à une logique de flux poussés à partir des prévisions ou de flux tirés par les commandes, ou souvent à un mix des deux. La productivité peut se calculer sur la base de la décomposition d’une journée type d’une population en plusieurs gammes d’opérations élémentaires, dont les temps moyens sont mesurés (méthode MTM). Chaque
tâche élémentaire correspond à une productivité standard. Le nombre d’heures consommées pour un enchaînement de tâches sera comparé au nombre d’heures théoriques nécessaires à leur accomplissement. Les éléments dimensionnels du site doivent être pris en compte, de même que la nature du portefeuille de commandes. Même entre les sites d’un même groupe, les résultats peuvent surprendre. Michel Roux, Consultant indépendant, constate : « Pour une même tâche, la productivité en entrepôt varie dans une proportion de 1 à 3. Elle dépend de la
« Pour une même tâche, la productivité en entrepôt varie dans une proportion de 1 à 3. » Michel Roux, Consultant
qualité du recrutement, du niveau de salaire, du management, de la polyvalence des employés, de la qualité des sols et des chariots, de la longueur des allées… »
Etudier l’amont et l’aval Pour Yvan Salamon, Président d’Argon Consulting : « Au-delà de la productivité instantanée de l’opérateur, il faut regarder celle du process, et surtout la productivité globale, en prenant en compte le taux d’utilisation globale des équipes et les ruptures de charge entre les différents processus. » Le but étant d’éviAVRIL 2007 - SUPPLY CHAIN MAGAZINE - N°14
Dossier entrepôt L’amélioration continue chez Nature & Découvertes Alain Reynaud, Directeur logistique du distri-
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buteur spécialisé Nature & Découvertes, prône l’adaptabilité. Il dispose actuellement de deux entrepôts à Coignières (78). « A chaque extension de surface, il faut tout réorganiser. » Pour le premier, qui date de 1991, baptisé Baleine, 13.000 m2 tout en longueur et avec des hauteurs de 8 et 10 mètres, il faut faire avec. Le second, Dauphin, est tout neuf, datant de 2005. Il bénéficie de 5.000 m2 en grande hauteur et d’un format losange. Le premier est aujourd’hui réservé aux 3.000 références destinées aux 62 magasins de la marque ; le Alain Reynaud, second, aux neuf magasins Résonances. Directeur L’équipe de 75 personnes (130 en fin d’année) logistique, Nature & travaille sur une période unique d’environ huit Découvertes heures par jour, modulable selon la période de l’année. Un magasin est livré une fois par semaine, sauf à Noël, ce qui fait quinze livraisons par jour. Chaque magasin commande en moyenne neuf palettes. Le taux de service est de 98 % de janvier à octobre et tombe à 96 % lors du pic de Noël. En réception, la moitié des produits sont déjà étiquetés avec la référence du groupe et entrent directement en stock, le reste étant étiqueté à la main. Le système d’entreposage est en grande partie manuel. Parmi les cinq zones de picking de Baleine, le picking livres et CD (1.000 références) bénéficie d’un système de convoyeur mécanisé. Alain Reynaud se félicite de l’installation de la radiofréquence mise en place depuis fin 2006, qui a fait gagner 5 à 15 % de productivité dans les préparations. Elle a permis de fournir un bon de livraison unique par magasin. Elle s’accompagne d’un système de contrôle pondéral lors du filmage. Le Directeur logistique sait qu’il lui reste une bonne partie du chemin à parcourir en matière de productivité. En 2007, 500 références Nature & Découvertes vont être traitées sur Dauphin, aujourd’hui à moitié vide. Il bénéficiera d’une extension de 6.000 m2 en 2008 pour encore plus de références. Les sites du groupe, engagé dans le combat écologique, sont certifiés par la norme de management environnemental ISO 14001. CC
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L’entrepôt Dauphin à Coignières.
Stockage des produits hors gabarit
ter les ruptures de charges. « Les fonctions en amont et en aval qui ont un impact sur la productivité en entrepôt sont à étudier, poursuit-il. Par exemple, inciter commercialement ses clients à être livrés en couches plutôt qu’en colis peut mener à un gain de productivité dans l’entrepôt. » En amont, la planification des tâches permet de mieux lisser l’activité, tout comme la gestion des ruptures de stocks. Avec les fournisseurs, le travail est multiple. L’annonce des livraisons dans un délai adéquat représente un atout. La mise en place d’une politique qualité peut réduire le nombre de contrôles et donc d’opérations de déconditionnement et de reconditionnement. L’étude d’un étiquetage universel, parfois difficile à réaliser en pratique, limite les opérations de saisie et d’étiquetage. A l’arrivée de la marchandise en entrepôt, la qualité de la réception est aussi un facteur de productivité très important. En aval, il faut penser à bien gérer les retours.
Mesurer et corriger Sur la durée, un reporting avec des indicateurs-clés de performance – pertinents ! – permet de procéder aux ajustements nécessaires. Des tableaux de bord automatisés par un progiciel de gestion d’entrepôt (WMS) offrent ainsi un gain de temps notable. Comme le note Pascale Barbé, Directrice commerciale et projet de SED Logistics : « Avec un nouveau client, nous travaillons dans l’abstrait en nous engageant sur un prix et une productivité cible. Après une période d’observation de quelques semaines à quelques mois où nous identifions des sources de non productivité, nous rectifions le tir par petites touches et déterminons les axes d’amélioration à long terme. »
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Cibler les budgets main d’œuvre et surface
La radiofréquence a changé la vie des opérateurs..
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Les budgets main d’œuvre et surface sont les deux principaux postes de coût d’un entrepôt manuel. Ils constituent les deux principaux gisements de productivité, selon le cabinet Argon Consulting. Il donne l’exemple
par combien) rend plus pratique et plus rapide la prise d’un paquet de dix unités plutôt que dix séparément, sans compter les erreurs de comptage.
Combiner les mouvements La préparation est une phase cruciale où le déplacement représente de 50 % (PGC) à 80 % (pour les pièces de rechange) du temps. Aussi nos interlocuteurs s’accordent sur une voie majeure d’amélioration : optimiser les déplacements dans l’entrepôt, en plus de la capacité de stockage. Les déplacements inutiles et à vide sont à limiter. Optimiser le chemin de préparation de commande est un gain de productivité naturel. Ainsi, l’optimisation de la journée du cariste sera gérée par un système reposant sur un logiciel de gestion d’entrepôt (WMS) en temps réel, grâce à l’utilisation de la radiofréquence. Les missions lui seront attri-
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d’une structure de coût pour un site de stockage sous-traité de produits de grande consommation (PGC) de 60.000 EPR à 60 % en palettes complètes, à process manuel : 48 % de frais de main d’œuvre et 30 % de coûts de surface et de matériel de stockage. La fonction préparation/ expédition est le premier poste de consommation de main d’œuvre : dans un entrepôt PGC, le cabinet de conseil évalue qu’elle consomme 69 % des frais de main d’œuvre. La qualité de la préparation peut déjà être optimisée en termes de méthode. Pour la préparation de détail ou de cartons complets, l’optimisation du nombre de réapprovisionnements est une première étape. Une organisation en « pick to line » peut être judicieuse selon les cas : le préparateur prélève les articles correspondant à toutes les lignes de commandes d’une même vague de préparation en un seul déplacement. La création de SPCB (sous
La zone de picking livres de Nature & Découvertes dispose d’un convoyeur automatisé.
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Dossier entrepôt Office Dépôt à Senlis, une nouvelle organisation L’entrepôt de Senlis d’Office Dépôt, ex-Guilbert, traite chaque jour 1.000 palettes en entrée, 90.000 picks, 7.000 lignes de commandes pour 7.000 commandes et 43.000 colis. Il emploie 300 personnes. La diversité de la taille et du poids des produits, du papier à la gomme, nécessite plusieurs modes de stockage : de masse, en palettes gerbées… Deux systèmes automatisés, le CIMAT de Savoye et un transstockeur de Jungheinrich se partagent chacun la moitié des unités de chaque produit, pour plus de sécurité. Tous les équipements critiques ont été doublés. La préparation compte deux lignes de seize stations. Laurent Delville, Directeur du site, explique : « Un travail sur la régularité et l’équilibrage des gares a permis de passer de trois à deux équipes par jour, pour un même volume. Un opérateur fait 110 prélèvements à l’heure et en moyenne, une erreur par jour. » Le taux de service de l’entrepôt est de 99,4 %. Les commandes sont expédiées vers 32 plates-formes de cross-docking, puis au client final. Grâce à la nouvelle organisation (nouveau système d’ordonnancement et de tri) depuis septembre 2006, toute la France est livrée en 24 h, contre 48 h auparavant. Les gains de productivité sont estimés à 5 %. CC
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Lignes de préparation de commandes chez Office Dépôt, à Senlis. Le transstockeur de l'entrepôt Office Dépôt de Senlis.
buées selon son positionnement pour diminuer les déplacements à vide.
Automatiser la préparation La fonction préparation/expédition constitue la fonction privilégiée de mise en place de solutions d’automatisation. Selon le type de préparation et la volumétrie, et plus largement différentes caractéristiques (nombre de références, de commandes, de lignes par commande, dispersion des tailles…) diverses solutions sont à mettre en œuvre pour améliorer la qualité et la productivité. Ainsi, à une préparation à l’unité de vente consommateur peut correspondre un système à gares correctement dimensionné ; à une préparation au colis, un système de tri ou un miniload ; pour le textile, des trieurs ; à une préparation par couche, un palettiseur automatique et à une préparation par palette, un transstockeur. Norbert Dentressangle fait ainsi du tri sélectif lorsqu’il a beaucoup de commandes en petites quantités de références très variées ; à partir d’une ramasse globale pour l’ensemble des commandes du jour, un tri successif par région permet d’arriver aux cartons finaux. Ainsi, une préparation très fine et productive est effectuée pour SFD, distributeur du groupe SFR. Plus largement, l’automatisation de tâches manuelles est source de productivité. Par exemple, une formeuse de carton d’emballage automatise leur formation et leur fermeture, ainsi que leur pesage et leur étiquetage. En bref, il faut automatiser les tâches qui le méritent. Plus une tâche est répétitive et son temps d’exploitation, long (8 h/16 h/24 h par jour), plus l’automatisation s’avère pertinente. L’entretien des matériels (et des sols qui détériorent les roues des chariots…) est un basique à ne pas négliger.
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Calcul du ROI
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Les solutions d’automatisation représentent néanmoins de gros investissements, qu’il faut rapporter aux coûts d’exploitation. Le risque est aussi de figer la solution, la ren-
Dossier entrepôt dant moins adaptable à un changement de nature de produit. Quand on est prestataire logistique avec un contrat de trois ans, l’amortissement est souvent supérieur à la durée du contrat. François Bertreau, Président du pôle logistique de Norbert Dentressangle, souligne qu’« un niveau élevé de mécanisation est évident dans le textile. Mais d’une part, elle ne gère pas la flexibilité face aux incertitudes du client liées à sa Supply Chain à moyen terme, de la localisation de sa production à l’évolution de sa clientèle. D’autre part, elle nécessite des investissements lourds amortis sur huit ans et plus. Il faut donc un schéma Supply Chain relativement stable dans le temps. Ainsi, pour la distribution du textile des hypermarchés Carrefour, nous gérons sur la plate-forme de Melun-Sénart de 200.000 m2 sur deux niveaux 240 millions de pièces par an. Et d’ajouter : Nos contrats varient entre trois et neuf ans selon les clients. »
Entrepôts multi clients
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Dans le cadre d’investissements lourds, le développement récent des entrepôts multi clients a permis de mutualiser les moyens et les frais fixes C’est assez souvent l’une des raisons de l’externalisation chez un prestataire logistique. Sur un même site, il va servir des clients de diffé-
Faire simple et efficace Le Lean Manufacturing, méthode de gestion des flux inventée par le constructeur automobile Toyota, est applicable en entrepôt. Daniel Marco, fondateur de Geolean, a installé le Lean dans plusieurs plates-formes, à partir des principes du « Toyota Production System ». « L’objectif est de faire simple et efficace, dans le cadre d’une installation rapide et à moindre coût de la méthode dans l’entrepôt. C’est un travail de terrain, les opérateurs se sentent concernés. » Fondé sur une logistique de flux, le Lean réduit le stockage, en particulier celui de masse. Il repose sur du management visuel, avec des signes très simples. L’information est réduite au strict nécessaire. Les cartes Kanban dans les bacs comportent une lettre et trois chiffres, qui correspondent à un code barres. Un emplacement est dédié à une référence, un client. Le circuit est standardisé et la routine s’installe. « La simplification des informations enlève de la fatigue mentale aux opérateurs et diminue le taux d’erreur. » Fin 2006, Daniel Marco a installé le Lean dans un entrepôt de proximité en Rhône Alpes qui travaille pour une usine principale d’assemblage. 32 % de surface ont été dégagées. L’équipe de caristes a gagné 18 % en productivité. Le taux d’erreur dans la distribution a été divisé par 3 (1 pour mille). CC N°14 - SUPPLY CHAIN MAGAZINE - AVRIL 2007
rentes activités ayant des pics d’activité inversés dans la semaine et dans l’année. La charge est ainsi lissée. « Sur une plate-forme semi dédiée à plusieurs clients, le risque est moins élevé, remarque P. Barbé. Mais une plate-forme dédiée permet d’être plus créatif. » L’analyse de rentabilité d’une solution d’automatisation s’avère nécessaire, accompagnée d’une démarche d’anticipation des évolutions à moyen terme. Il semble judicieux de réfléchir à travers une logique mixte – automatisée et manuelle – et de conserver une alternative manuelle. Au-delà de la productivité théorique des équipements automatisés, il faut aussi considérer la productivité globale du processus, en prenant en compte les effets de bord, les pointes et les goulots d’étranglement.
Densifier le stockage Mais certains types d’automatisation représentent l’une des voies royales d’un autre grand gisement de productivité : densifier le stockage. Avec un transstockeur, la densité des palettes en stockage automatisé en allée étroite sur grande hauteur est six à huit fois supérieure au rack standard. Par ailleurs, différentes mesures permettent de gagner de la place. En amont, la réduction des stocks, à travers notamment l’analyse des taux de rotation, et l’élimination des références mortes, diminuent mathématiquement la surface nécessaire.
ABC contre le superflu L’adressage banalisé consiste à stocker une référence au meilleur moment de son arrivée dans la zone correspondant à son taux de rotation : A, B ou C. La loi de Pareto montre qu’en général, 80 % des ventes concernent 20 % des articles en catalogue, dans la classe A. Dans la classe B, 30 % des références engendrent 15 % des mouvements, et dans la C, 50 % des références n’en génèrent que 5 %. La zone A sera naturellement la plus proche de la préparation de commandes. Il faut sélectionner divers critères pour classer chaque référence dans telle ou telle catégorie, selon l’acti-
Modeler sa plate-forme selon ses besoins
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L’idéal pour optimiser sa productivité serait de personnaliser l’entrepôt dès sa construction selon ses besoins, lors de la conception du schéma logistique (localisation, taille…). François Bertreau, Président du pôle logistique de Norbert Dentressangle, met en avant le procédé de conception de l’entrepôt Store Max de son service ingénierie, qui augmente de 10 à 15 % la capacité de stockage pour une surface donnée. « Pour nos implantations dans les pays de l'Est, nous démarrons parfois un entrepôt à partir de zéro, comme cela a été le cas à Bucarest et à Budapest. Toutefois, la règle générale est d'offrir des solutions à partir de nos installations existantes », souligne Jean Damiens, Directeur conseil, études et projets clients, Geodis. Jean-Pierre La tendance actuelle Tardy, est de louer des responsable Responsable pôle logistique, plates-formes groupe em2c construites en blanc par des investisseurs, les dimensions standard s’imposant. Il faut donc faire au mieux avec des coques identiques de surface de 6.000 m2. La recherche d’une taille critique a conduit à centraliser les plates-formes logistiques et à mutualiser les coûts. Mais la massification a ses limites comme l’explique Jean-Pierre Tardy, Responsable du pôle logistique du groupe immobilier em2c : « Dans des boîtes de 60 m sur 96 m, il y a souvent des trames de 12 m de largeur sur 24 m de long. Pour optimiser le nombre de poteaux, cela peut valoir le coup de penser à 2x30 m en largeur. Bien sûr, il n’y a pas de règle ; il faut d’abord réaliser une étude de flux. En hauteur, une activité avec beaucoup de préparations et d’éclatements requiert moins de hauteur qu’un stockage d’un petit nombre de références en palettes, avec lequel on pourra monter. Enfin, le nombre de quais prévu par les investisseurs est parfois réduit quand une longueur de 100 m permettrait d’en insérer jusqu’à quinze, ce qui évite de se poser la question de la saturation des quais. » L’analyse des flux va de pair avec une analyse économique et réglementaire. « Tous les aspects doivent être pris en compte, jusqu’à l’installation de sprinklage différente selon la hauteur », ajoute-t-il. En conséquence, les constructions d’em2c ne sont jamais identiques. Le groupe a aussi bien réalisé un entrepôt en froid de 50.000 m3 destiné aux chocolats pour le prestataire logistique Stef qu’une plate-forme pour Point P avec 200.000 références différentes. CC
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vité concernée, du plus évident (le nombre de lignes de commande) à d’autres qui le sont moins, comme le cycle de vie du produit ou sa saisonnalité. L’augmentation de la hauteur de stockage, le stockage des palettes petit côté en façade, la rationalisation des tailles de cartons… sont des pistes à explorer parmi d’autres. Le double effet de la diminution des surfaces est en prime la réduction des trajets des magasiniers.
Gérer les flux d’information en temps réel L’automatisation du système de gestion des flux d’information et l’utilisation de nouvelles technologies dans l’acquisition des données sont une source importante de productivité. Michel Roux rappelle pourtant que très peu de sites sont informatisés en France, alors même que l’automatisation des flux d’informations est « indispensable en termes de productivité ». L’abandon de tâches manuelles coûteuses en temps y est pour quelque chose, de même que la gestion fluidifiée des tâches qu’elle permet ou l’amélioration de la qualité de l’information. La préparation assistée par radiofréN°14 - SUPPLY CHAIN MAGAZINE - AVRIL 2007
quence, de plus en plus répandue, est un bond en avant en matière de productivité. Elle organise en temps réel les déplacements et les tâches des opérateurs équipés de terminaux radio reliés au WMS, facilite et améliore la qualité de l’inventaire. Le Voice Picking est à la mode, notamment dans la grande distribution. Ainsi, il est utilisé dans plus de 20 entrepôts de Norbert Dentressangle en France, qui y voit un gain de productivité de 10 % à 15 % et un taux d’erreur plus faible, qui fiabilise la préparation. Gilles Fleury, Consultant chez Colise, précise que le système « apporte de la productivité brute mais doit être fiable, vocalement clair et suffisamment cadencé pour que l’opérateur ait le temps d’effectuer sa tâche. » La RFID, cette Arlésienne vantée depuis tant d’années mais encore relativement peu installée, peut apporter des gains de productivité en automatisant le contrôle et l’acquisition de données.
Une bonne gestion des RH Un entrepôt, c’est avant tout des hommes et des femmes qui travaillent dans des conditions difficiles et à des salaires peu attractifs. Certes, les gains de productivité et l’automatisation « ... Et la sont là pour réduire cette part très formation est d’autant importante du budget qu’est la main d’œuvre. Des gains importants exisplus tent dans l’amélioration des condiimportante tions de travail. « L’automatisation est que aussi un moyen de supprimer la pénil’entrepôt bilité de tâches répétitives, explique est peu automatisé. » Fabrice Corbière, Consultant Cap Gemini Consulting. Et la formation Fabrice est d’autant plus importante que l’enCorbière, consultant, Cap trepôt est peu automatisé. En règle Gemini Consulting générale, la qualité de la main d’œuvre tend à diminuer quand le turn-over augmente. » Il faut se poser les bonnes questions, au cas par cas. Une bonne ergonomie des postes de travail et une formation gestes et postures conduisent à réduire le taux d’accident et le taux d’absentéisme. Le Voice Picking n’est-il pas pour certains à la longue usant nerveusement ? Si la polyvalence des opérateurs est source de productivité, certains se sentent plus
valorisés sur un seul poste. « C’est tout rater que de ne pas penser à l’humain. Il faut motiver et avant tout rassurer le personnel », constate Pascale Barbé. Un management juste de la part du directeur d’entrepôt, un salaire convenable et d’autres avantages viendront fidéliser le salarié. On ne perd rien à être convivial. Alain Reynaud, Directeur logistique de Nature & Découvertes, salue ainsi tous ses salariés quand il les croise. Des idées toutes simples qui sont bonnes à prendre ! Les ressources humaines sont cruciales dès la conception du projet d’implantation logistique. Selon Jean Damiens, Directeur conseil, études et projets clients chez Geodis : « Pour chaque dossier client, il y a souvent une ou plusieurs solutions possibles. Le choix d’un pays d’implantation plutôt qu’un autre a un fort impact, à la fois en termes de coûts salariaux et de productivité (pays de l’Est). Ils sont moins coûteux mais aussi moins productifs du fait notamment de la réglementation du travail. La France est de ce point vue très bien placée, en particulier en matière de flexibilité. La réglementation permet de mettre en place une organisation du travail qui prend en compte la saisonnalité de la charge et de répondre aux pics d’activité. »
La chasse au gaspi En conclusion, l’automatisation et l’informatisation des processus ainsi que la bonne gestion des ressources humaines sont autant de moyens au service d’une noble fin : l’optimisation de l’organisation, condition sine qua non pour gagner en productivité. Une réflexion préalable sur l’organisation, peu coûteuse en elle-même, est fondamentale avant de se lancer dans un « simple » changement organisationnel ou dans un investissement coûteux. La productivité se gagne par plein de petites mesures et quelques grandes actions. Enfin, les gisements de productivité sont à concevoir de façon dynamique, dans le temps. Alors, partez traquer les temps morts, la surface superflue et les déplacements inutiles, et bonne chasse au gaspi ! Christine Calais
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Tirer le meilleur parti de votre WMS Le meilleur progiciel d’entreposage (WMS) n’est pas forcément le plus puissant ou le plus complet. Il est surtout celui qui correspond le mieux à votre besoin et aux spécificités de votre métier. Seule une étude approfondie de vos objectifs et de vos contraintes vous permettra d’obtenir avec l’aide de cet outil, de nouveaux gisements de productivité au sein de votre entrepôt.
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epuis une dizaine d’années, l’informatique occupe une part de plus en plus importante dans le pilotage des entrepôts. Les outils se sont enrichis de fonctionnalités nouvelles et répondent en théorie à la majorité des besoins exprimés par les utilisateurs. En théorie seulement. Car sur le terrain, tous les WMS ne se valent pas et chacun possède ses forces et ses faiblesses. Jean-Claude Wino, Directeur marketing de la société Hardis, le reconnaît volontiers : « Lorsque l’on examine les principaux outils du marché, on se rend compte qu’ils couvrent tous les
grandes fonctions. Ce qui fait véritablement la différence, ce n’est pas la largeur fonctionnelle mais plutôt la finesse avec laquelle le WMS répond à des attentes précises ».
Des compétences « métier » Et c’est bien là que se situe le véritable enjeu. Car pour gagner l’adhé-
sion du client, l’éditeur ne peut plus se limiter à la présentation d’un catalogue aussi complet soit-il. Il doit lui prouver que l’entrepôt va pouvoir se surpasser et donner le meilleur de lui-même, grâce à la compréhension qu’il a du problème et surtout à sa capacité de le résoudre à travers l’outil. Dans bon nombre de cas, la complexité du process est liée à des
La plupart des grands acteurs du marché sont souvent associés (à tort ou à raison) au domaine où ils excellent. Très implanté chez les prestataires, Hardis avec son progiciel Reflex, n’échappe pas à cette règle, même si Jean-Yves Costa, Directeur de l’activité logistique s’en défend : « La prestation logistique exige souplesse et adaptabilité puisque l’on est appelé à gérer des flux industriels aussi bien que des flux de distributeurs. Cela prouve simplement que Reflex peut s’adapter à tout type de situation ». Quoi qu’il en soit, un regard rapide sur les grands acteurs du marché, et surtout sur leurs prin-
Tess acquiert la taille critique Bien implanté dans l’ouest de la France, l’éditeur Delta Ressources a longtemps fait figure de « régional de l’étape ». Pour acquérir une dimension nationale, Frédéric Le Berre, fondateur de la société, a fait le choix voici quelques mois de s’adosser à Sigma, une SSII nantaise qui édite également des solutions informatiques : « Notre petite structure n’était plus adaptée à la typologie des clients que nous rencontrons. A présent, pour être crédible sur notre marché, nous devons présenter des garanties en terme de compétences, mais également de pérennité. Or, si nous avons fait nos preuves dans des domaines comme l’agroalimentaire et l’automobile, notre petite taille nous freinait dans notre développement. C’est pourquoi nous avons choisi de nous rapprocher de Sigma, société avec laquelle les synergies sont extrêmement fortes. En effet, cette entreprise de 570 collaborateurs dispose de gros moyens pour la conception et l’intégration des systèmes. Ses logiciels « Truck on Line », « Chargeur on line » et « Tour organizer » sont parfaitement complémentaires de notre WMS « Tess ». Aujourd’hui nous avons signé avec Etna Logistique et nous sommes consultés par des clients nationaux voire internationaux. Les utilisateurs sont particulièrement conquis par l’ergonomie et la convivialité de l’écran qui permet de faire du décisionnel en lançant par exemple des requêtes Frédéric en direct et en temps réel. Prochaine Le Berre, étape, l’intégration de « Business fondateur de Delta Object » pour mettre en place des Ressources tableaux de bord ». JPG
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Spécialiste ou généraliste multi secteurs ?
cipales références clients, fait apparaître de solides points d’ancrage. Ce qui est bien normal puisqu’il semble désormais acquis que la « Notre valeur ajoutée des solutions porte logiciel moins sur leurs caractéristiques techGildas niques (système d’exploitation, coudispose verture fonctionnelle, architecture, d’un module ergonomie…) que sur l’appréhenconceptuel sion du projet en tant que tel : qui permet « Certes le logiciel reste important, de bâtir tempère Jean-Yves Costa, mais il une solution n’est pas toujours discriminant. Le comme vocal est digéré, banalisé, les archiun Lego. » tectures sont normalisées et les foncGilbert Garcia, tions standardisées. Ce qui compte PDG de KLS avant tout, et qui emporte le plus souvent la décision, c’est l’accompagnement : être capable de s’engager sur des délais, de comprendre le métier de son client, de parler son langage, être en mesure de construire avec lui un partenariat sur
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subtilités « métiers » que l’on ne peut maîtriser sans une bonne dose d’expérience. C’est le cas pour des activités comme la pharmacie, le textile, l’automobile, l’agroalimentaire, la VPC ou encore les produits dangereux. Chaque secteur obéit à sa propre logique et doit respecter des contraintes légales, des modes opératoires ou des impératifs de délais ou de qualité. De la même manière, chaque métier est un cas particulier à l’intérieur duquel chaque entreprise construit son propre modèle. Dans de telles conditions, il est illusoire de penser qu’un seul WMS puisse couvrir tous les cas de figure. En revanche, les grands leaders du marché ont souvent mis à profit l’expérience acquise auprès de leurs clients pour descendre plus finement dans le détail des opérations. C’est le cas d’Infolog qui s’est très vite imposé dans le domaine de la distribution grâce à ses premières références. Bénéficiant de l’effet « boule de neige », le logiciel s’est enrichi au fil des ans d’innombrables fonctions, pour devenir un outil hyper spécialisé. C’est sans doute pour cette même raison que l’image d’Infolog, dont les références industrielles sont pourtant particulièrement étendues (Unilever, Beiersdorf, Faurecia, Bristo-Myers Squibb, etc.), reste fortement associée à l’univers de la distribution, où le logiciel est largement représenté.
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« Lorsque l’on conçoit un entrepôt, la phase d’élaboration du cahier des charges, constitue un élément clé. Gilles Fleury,
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PDG de Colise
le long terme. Voilà ce qui fait réellement la différence d’un éditeur à l’autre. »
Partir d’un cahier des charges très précis A écouter la plupart des éditeurs, la performance de la solution informatique et les gains qui en résultent sont intimement liés à la compréhension du besoin du client. Pour Gilles Fleury, PDG de Colise, cette étape de préparation est déterminante et conditionne le succès de l’implémentation : « Lorsque l’on conçoit un entrepôt, la phase d’élaboration du cahier des charges, constitue un élément clé. Il s’agit de décrire finement le process dans son intégralité, de bien appréhender la volumétrie des flux, le nombre de références. On prendra soin de détailler chacune des opérations afin de se poser les
bonnes questions et de les traduire sous forme de « Road Map » : constitution d’une base de données logistique, plan de charge prévisionnel, zonage du magasin, fonctions couvertes par le WMS, spécificités liées à l’activité, nombre d’opérateurs prévus, interfaçage du logiciel… Bref une somme considérable d’éléments qui permettront d’avoir une visibilité parfaite sur le projet et de lancer les appels d’offres. Les éditeurs pourront ainsi se positionner d’une manière opportune par rapport à une problématique clairement exposée ». C’est sur ces bases que seront ensuite sélectionnés les éditeurs. Chacun d’eux recevra le document, ce qui leur permettra de voir rapidement s’ils sont éligibles et peuvent ou non entrer dans la compétition. Si tel est le cas, ils devront poursuivre en établissant une première
Tenir compte de l’amont et de l’aval
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Tandis que certains éditeurs privilégient la verticalisation de leur WMS, Infolog Solutions s’applique à proposer une offre extrêmement large qui va bien au-delà du WMS. Alain Levy co-fondateur de la société s’en explique : « Grâce aux 5 progiciels de sa suite, Infolog Solutions s’inscrit dans une approche à la fois tactique et opérationnelle de la SCE. : opérationnelle avec les modules WMS, TMS et RMS (Sourcing) ; tactique, notamment avec GTS pour la traçabilité et GLS pour le pilotage ». Dominique Despiney précise pour sa part que le progiciel GLS est destiné à gérer les opérations logistiques multi sites, multi fournisseurs et multi clients : « Il fonctionne comme un élément centralisateur qui coordonne les flux amont issus des ERP, GPAO ou RMS et les flux aval gérés par les WMS et les TMS ». Bruno Gauffroy, DGA complète en indiquant que cet outil de décision et d’optimisation s’inscrit dans le cadre de la stratégie globale de l’utilisateur en s’appuyant sur ses différents systèmes d’information et de gestion : « C’est une véritable tour de contrôle qui permet de simuler et de modéliser des réseaux logistiques, en intégrant l’ensemble des acteurs (usines, entrepôts et clients) pour déterminer un schéma logistique optimal en fonction des demandes clients, des contraintes fournisseurs et des problématiques des plates-formes ». Infolog Solutions s’est illustré au cours de ces derniers mois par le lancement d’une offre transport (Infolog TMS) qui représente pour Alain Levy l’éditeur un fort potentiel de développement. et Plus récemment encore, « Infolog On Demand », Dominique Despiney co-fondateurs constitue une réponse aux entreprises qui soud’Infolog Solutions haitent utiliser le célèbre WMS en mode ASP. JPG
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De nouveaux gisements de productivité La bonne adéquation entre le besoin et la solution est sans doute la première source de progrès. D’où l’intérêt de travailler en amont pour intégrer dans la réflexion les éléments qui permettront de tirer le meilleur parti de l’outil et d’optimiser la productivité de l’entrepôt. Pour ce travail préparatoire, qui exige tout de même une bonne connaissance des systèmes et des organisations, il peut être utile de se faire accompagner d’un consultant « terrain » qui jouera le rôle « d’assistant à la maîtrise d’ouvrage ». C’est ce que préconise Gilles Fleury, dont le passé de concepteur de logiciel lui
permet d’avoir une approche pragmatique de la gestion des opérations. Dans tous les cas, il s’agira d’examiner la pertinence de l’offre et de la mettre en permanence en corrélation avec le besoin. Le maître d’ouvrage devra également s’assurer de la bonne compatibilité des fournisseurs entre eux. Le problème de l’interfaçage des systèmes et des périphériques peut n’être qu’une formalité, pour autant que toutes les précautions aient été prises au préalable. La question de la coordination des intervenants, la nécessité de les réunir pour planifier en amont le déploiement de la solution, fait partie des impératifs qui permettent parfois ©LXE
réponse. « Naturellement, précise Gilles Fleury, ce n’est qu’après un entretien approfondi avec l’éditeur que vous pourrez réellement savoir si sa solution correspond précisément à ce que vous en attendez. »
d’éviter des déboires. Enfin, l’étape du paramétrage ne doit pas être sousestimée. C’est une phase importante qui nécessite qu’on y consacre du temps et beaucoup d’attention. Une fois encore, les performances de l’entrepôt en dépendent.
De grandes évolutions technologiques Même si les efforts de productivité reposent le plus souvent sur une bonne organisation, on ne peut pas nier que certaines évolutions technologiques ont apporté, et vont continuer d’apporter, une amélioration dans l’optimisation des flux physiques à l’intérieur de l’entrepôt. Au nombre de ces technologies, la reconnaissance vocale est sans doute celle qui s’est répandue le plus rapidement au cours des derniers mois. Tandis que la RFID se limite encore à des sites pilotes en boucle fermée, voire semi-ouverte, le « Voice Picking » s’est imposé dans des
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Dossier entrepôt Agrostar, un WMS dédié agroalimentaire Contrairement à d’autres WMS du marché qui s’orientent vers une vertica-
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lisation par secteur, Agrostar est nativement dédié à l’agroalimentaire. Créée à l’initiative du logisticien « Stef-TFE », cette société s’est immédiatement positionnée sur le marché des produits frais : « Notre WMS est parfaitement adapté à son marché dans la mesure où il a été conçu pour lui, raconte Léon de Sahb, Directeur général. La raison d’être d’Agrostar est véritablement de faire vivre les clients du groupe Stef TFE, ainsi que tous ceux qui ont adopté sa solution. L’agroalimentaire possède des contraintes fortes liées à la spécificité des produits, aux impératifs de fraîcheur, au cadre légal et réglementaire (traçabilité), aux exigences sanitaires. Ce secteur impose également des modes de fonctionnement qui doivent tenir compte des problèmes de charge/capacité, de la gestion des dates (DLUO), de la préparation de commandes, de la constitution des palettes homogènes et hétérogènes… bref, un secteur exigeant qui nécessite une connaissance approfondie des bonnes pratiques. Et c’est aussi parce que ce secteur évoLéon lue constamment que notre logiciel doit s’adapter en permanence. La verde Sahb, Directeur sion V3.1, qui sort dans quelques semaines, bénéficiera de nombreuses général réécritures pour répondre à ces évolutions : réception de la palette en flux d’Agrostar tendu, gestion des fonds de palettes, préparation non prescriptive (déclaration de la palette au moment de sa préparation), évolution du concept de date, visualisation synthétique des promos prévues ou en cours, amélioration de l’interopérabilité avec les autres outils. Sur la partie TMS, nous avons également apporté des modifications comme l’annonce du transport et la normalisation des étiquettes d’expédition. Tous nos clients vont passer à la 3.1 d’ici septembre, y compris les sites de Cryologistics, société reprise récemment par Stef-TFE ». Rappelons qu’Agrostar a été couronné « Rois de la Supply Chain 2007 » avec Auchan pour « Logifresh », un portail collaboratif de pilotage des flux alimentaires. JPG
Un respect scrupuleux du planning « La fonction de notre entreprise est d’aider le client à respecter le planning. Dès le premier dérapage, nous discutons avec lui pour qu’il mette en place les ressources nécessaires », explique Joseph Felfelli, fondateur d’Acteos. « Chez Samada, par exemple, nous avons formé les équipes clients pour avoir deux équipes performantes. Ceci nous a permis d’effectuer tous les développements sur sept plates-formes produits frais en un an, sans jamais perdre de productivité », poursuit-il. Autre facteur de performance mis en avant par le PDG du groupe Acteos : un serveur de communication GPRS – UMTS disposant d’une technologie propriétaire qui compresse l’information. Ainsi, l’envoi d’un paquet de données ne prend plus que quelques dizaines de secondes, ce qui d’une part réduit les coûts de Telecom et d’autre part, augmente la fiabilité des communication (la fenêtre de tir étant très étroite, la probabilité de faire passer un message dans des conditions d’émissions défavorable est plus forte). « Disposer à 100 % de l’applicatif quel que soit l’environnement garantit l’intégrité des informations sur toute la chaîne », résume Joseph Felfelli. Il considère par ailleurs que l’objectif d’Acteos est de minimiser les coûts de mise à disposition des produits. « Pour réduire le coût de la disponibilité, il faut agir simultanément sur 5 problématiques (approvisionnements, pilotage des flux entrepôts, transports, planification des ressources et traçabilité) avec des technologies complémentaires. » C’est pourquoi fin 2006, Acteos s’est réorganisé en trois Business Units en Europe : un centre technique qui vend des technologies d’acquisition et de transmission de données (Voice Picking, Codes barres, RFID…), une entité qui vend une solution d’entreprise intégrée et une cellule de conseil. « Pour le client, trouver ces trois compétences chez Acteos permet de trouver plus rapidement des solutions en évitant que divers fournisseurs ne se renvoient la balle. » Appliquée chez Scapnor, Joseph cette vision aurait déjà porté ses fruits : + 60 % de références stockées, Felfelli, fondateur 30 % sur 40 M€ de stock, un taux de service amélioré, des ruptures d’Acteos réduites, le tout sans développer l’espace de l’entrepôt. CP
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et par fonction. Là encore, des économies peuvent être obtenues, notamment par une meilleure répartition des tâches.
Construire une solution comme avec des Lego
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secteurs comme la grande distribution, les prestataires logistiques et plus généralement, tous les domaines qui réunissent trois contraintes majeures : un grand nombre de références, une préparation détail et des délais de préparation extrêmement courts. Malgré une certaine réserve exprimée au départ, le vocal est en général bien accepté par les équipes au bout de quelques semaines d’utilisation. Cette technologie, qui a prouvé son efficacité en terme de productivité et de réduction du nombre d’erreurs, permet d’obtenir des retours sur investissement de l’ordre de 12 à 24 mois. Toujours au nombre des évolutions technologies, signalons une offre plus importante du mode ASP. Cette formule permet à des PME de s’offrir les services d’un logiciel en ligne, sans en supporter l’investissement, souvent trop lourd pour elles. Toujours au chapitre des nouveautés, notons également que de plus en plus d’éditeurs propo-
sent dans le WMS des modules de planification de ressources. Il s’agit d’une composante qui détermine, en fonction d’une prévision de charge, les moyens humains et matériels à affecter, par jour, par heure, par zone
Enfin, le grand sujet qui fait fureur chez les éditeurs est l’architecture S.O.A. (Service Oriented Architecture), qui se décline selon les logiciels de différentes manières. Chez 3M, par exemple, la conception du WMS s’appuie sur une bibliothèque d’objets pré définis. Le module Advantage Architect offre la possibilité de créer, puis d’assembler, des processus élémentaires à partir d’une base existante de modules objets standard. L’avantage est de donner au client le moyen de faire évoluer son application au gré de ses besoins spécifiques. Chez KLS, l’approche est assez similaire, comme l’explique Gilbert Garcia, PDG de la société : « Notre logiciel Gildas dis-
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Dossier entrepôt
Liste des principaux éditeurs de WMS Supply Chain Advantage Logisuite Agrostar Applications Gold FlexNet LM7 Speed Cyrus WM Tess WES Magistor e-Themis Logistique 4S iLogistics Generix Supply Chain Execution Logique Reflex IBS Enterprise Visual Chain IFS Application Alice WS Infolog WMS Trace Flow SCM WM 9.0 Gildas WM M3 SC Solutions Spidy Nilo Oracle Applications Minos Penta Icare Galatee Intelli’track DLX Entrepôt XPR Solutions Elit WMS MySAP SCM Ego Sydel Univers Chainware
De petites astuces qui conduisent aux grandes économies
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3M Supply Chain Solutions Acteos Agrostar Aldata Apriso a-SIS BK Systèmes Cylande Delta Ressources Dematic EPX e-Themis Four Soft Generix Gols Hardis IBS IER IFS Infflux Infolog Solutions Informia Infor KLS Lawson Manhatan Associates Negsys Nitica Oracle Ordirope Pent.a Pixao Pixao Pixisoft RedPrairie Sage C2G Sage Elit SAP AG Sitaci Sydel Kewill
pose d’un module conceptuel qui permet de bâtir une solution comme un Lego. Souvent nous réalisons les deux tiers de la mise en œuvre, après quoi, c’est le client lui-même qui prend la main. Cela représente pour lui un investissement en temps, mais à terme, c’est un excellent moyen de gagner en réactivité. A chaque nouveau changement (de fournisseur, de procédure de réception, d’événe« Souvent ments particuliers…), il peut intervenous nir sur le paramétrage. Un grand réalisons prestataire a même déployé notre les deux tiers solution à l’étranger, sans que nous de la mise ayons eu à intervenir. Le modèle était en œuvre, identique à celui implanté en France. après quoi, Il n’a eu qu’à changer les emplacec’est le client ments, les modes opératoires et tous lui-même les éléments spécifiques à ses entrequi prend pôts hors de France ». Par ailleurs, la main. cette société grenobloise qui propose Cela également dans Gildas un module représente de Labor Management (planification pour lui un des ressources humaines), estime investisseque des gains importants sont encore ment réalisables dans l’entrepôt : « Je en temps, pense, poursuit Gilbert Garcia, que mais à terme, l’effort doit porter sur l’ordonnancec’est un ment. Pendant longtemps, les logiexcellent ciels ont fait du suivi de flux, pas de moyen de la gestion. Les logisticiens ont besoin gagner en d’un véritable outil d’ordonnanceréactivité. » ment et d’aide à la décision qui soit Gilbert Garcia, également en mesure de gérer les PDG de KLS alarmes et les événements ».
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L’entrepôt est un espace au sein duquel se déroule une multitude d’activités petites ou grandes. Ce qui ressort le plus souvent des entretiens tenus avec les logisticiens et les éditeurs, est que les gains de productivité s’obtiennent essentiellement à travers une optimisation très fine de chacune d’elles. Et c’est la somme de toutes ces optimisations qui peut constituer une source non négligeable d’amélioration et de progrès. Sans oublier le logiciel, à condition qu’il soit bien adapté aux besoins et réponde dans le détail à toutes les tâches, voire à toutes les petites astuces, qui font le charme des opérations en entrepôt. Jean-Philippe Guillaume
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