Morale (La) 03 Cours Moyen 160 Fiches de préparation Levesque-Leclercq 1961

September 29, 2017 | Author: SaurinYanick | Category: Breads, Morality, Pedagogy
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LES PRÉPARATIONS DU MANUEL GÉNÉRAL

L. LÉVESQUE Inspecteur de, l'Enseignement primaire

LA MORALE au cours moyen 160 FICHES DE PRÉPARATION

CLASSIQUES HACHETTE 79, Boulevard Saint-Germain, Paris-6e

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AVANT-PROPOS

« LA MORALE AU COURS MOYEN » s'inspire des principes et s'inscrit dans les perspectives de la «MORALE AU COURS PRÉPARATOIRE » et « AU COURS ÉLÉMENTAIRE ». Comme les précédents recueils, celui-ci se propose, en premier lieu, d'apporter aux maîtres cent soixante thèmes d'entretien, couvrant le programme traditionnel des habitudes élémentaires aux valeurs les plus hautes, du dressage banal à l'appel des héros, de la morale close à la morale ouverte. Malgré leur richesse, nos auteurs classiques sont parfois impropres à poser le problème moral dans une forme intelligible pour des enfants de dix ans. Certes, il est de beaucoup préférable que la littérature rejoigne la morale. Mais si elle ne la rencontre pas, il appartient à l'éducateur de présenter des situations sans le secours de l'écrivain. C'est ce que nous avons fait dans une vingtaine de cas et, en outre, dans les leçons du Code de la Route et de Sécurité. Et quand nous avons eu recours à l'art du littérateur, nous avons été souvent conduit, afin de mieux cerner le problème, à alléger son texte et à le dépouiller de tout ce qui n'était pas au cœur de la question. Si, dans les classes de petits, le récit domine l'entretien, au Cours Moyen la nécessité s'impose de préciser le sens des termes, de réfléchir, et, surtout de penser à appliquer les règles reçues. Ces exigences nous ont amené à structurer plus nettement le plan de la leçon. En général, celle-ci comportera cinq « moments » : la lecture d'un texte, des réflexions sur la lecture, des réflexions sur la vie, des actions et problèmes, enfin une résolution, aussi claire que possible, et ayant forme d'engagement. Au total, si l'on compte les lectures inductrices, c'est plus d'un millier de situations qui sont offertes à la réflexion des élèves. Parmi elles, près de deux cents font l'objet d'une analyse approfondie, les autres étant limitées à l'énoncé d'un problème ou d'un thème d'action. En ce qui concerne le Code de la Route et les Règles générales de la Sécurité, cet ouvrage est strictement conforme aux textes en vigueur, en particulier aux arrêtés du 31 juillet 1959 pour le Code et du 17 juin 1960 pour la Sécurité. Les leçons ont été groupées à la fin, mais il est conseillé d'en traiter, chaque mois, deux pour le Code et une pour la Sécurité. A propos de tous les sujets, nous avons cru devoir rechercher un constant appel aux connaissances, à la réflexion, au jugement de l'enfant afin de le mettre mieux à même de prolonger en actes les idées reconnues et admises, au cours de l'entretien. Puisse cette technique, dont le but n'est que de mettre un outil valable au service des hésitants, porter en elle quelque efficacité, à la fois pédagogique pour les maîtres et morale pour les élèves.

© 1961, Librairie Hachette.

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TABLE LA PROPRETE 1. La propreté du corps. 2. La propreté, l'ordre et le soin à l'école. 3. L'ordre et le soin en classe. 4. L'embellissement de la classe. 5. La propreté, l'ordre et le soin à la maison. 6. La propreté hors de chez soi. 7. L'ordre et le soin.— La négligence. LA POLITESSE 8. La politesse à l'école. 9. La politesse envers les camarades. 10. La politesse dans la rue. 11. Je serai poli à table. 12. Le respect du pain. 13. La politesse dans le train et dans un magasin. 14. Je serai poli au cinéma et en visite. 15. Etre poli, c'est penser aux autres. 16. Le jour des Morts. L'ECOLE 17. 18. 19. 20. 21. 22. 23. 24. 25. 26. 27. 28. 29. 30.

Les regrets du vieux berger. L'assiduité. L'exactitude. L'écolier courageux. L'écolier laborieux. L'écolier honnête. Le bon camarade. Camarades riches et pauvres. Les bons camarades. Les bonnes camarades. Les taquins. La dernière querelle. Les règles et le règlement de l'école. L'Instituteur.

LA FAMILLE 31. 32. 33. 34. 35. 36.

La mère Le retour de la maman. Le travail de la mère. Maman qui nous soigne. Maman qui nous aime. L'indulgence de la maman. Le sacrifice d'une mère.

Le père 37. Mon père. 38. Le père affectueux. 39. L'amour paternel. Frères et sœurs 40. Christophe et ses frères. 41. La grande sœur. Noël 42. Noël d'enfant. 43. Soir de Noël. 44. 45. 46. 47. 48. 49. 50.

Les bons enfants Les chaussures neuves. Les résolutions de Louis Bastide. Les mains de maman. Maman. L'écharpe de laine. Le trésor de Louis Bastide. La faim de Christophe.

Les grands-parents 51. La bonne grand-mère. 52. Mon grand-père. Joies et peines de la famille 53. Le nom de famille. 54. Séparation. 55. Soirée en famille. LES DEVOIRS INDIVIDUELS 56. La voix de la conscience.

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La tempérance 57. Le retour de l'homme ivre. 58. Misérable ivrogne ! 59. Le gourmand. La vérité 60. Pour une galette. 61. L'écureuil. 62. Le fils et le père. 63. 64. 65. 66.

La modestie La grenouille et le bœuf. Gil Blas. Le chêne et le roseau. Un tueur de lions.

Faire attention 67. La laitière et le pot au lait. L'économie 68. Les économies. 69. Un avare. 70. Le savetier et le financier.

Les exploits Un sauvetage périlleux. Le dévouement de M. Madeleine. Un héros modeste. A l'assaut de l'Annapurna.

84. 85. 86. 87.

Le courage civique 88. Les bourgeois de Calais. LES DEVOIRS SOCIAUX Le respect de la parole donnée 89. Prisonnier sur parole. La probité Le portefeuille. Dans un poêle. La poule. Le numéro gagnant. Le respect des règles. Justice et injustice.

90. 91. 92. 93. 94. 95.

Ne pas médire 96. La médisance. LE COURAGE 71. 72. 73. 74.

Vaincre la peur La peur de la nuit. La peur de l'inconnu. La peur de la douleur. La peur de tomber.

Ne pas calomnier 97. Le ruban volé. 98. La ficelle. La liberté 99. Le loup et le chien.

Le courage des soldats 75. Jeanne d'Arc à Orléans. 76. Dans la bataille.

La solidarité 100. La journée d'un Parisien. 101. Le devoir de solidarité.

Le courage de chaque jour 77. Une journée de travail. 78. Léa. 79. Une étudiante courageuse. La conscience professionnelle 80. La résistance du mécanicien.

102. 103. 104. 105. 106.

La volonté des sportifs 81. Victoire ! 82. La course cycliste. 83. Maryse Bastié.

La bonté 107. La bonté des pauvres. 108. La bonne boulangère. 109. Le secret de Maître Cornille.

La coopération La voiture dans le fossé. La construction de la cabane. Jour de fête. L'esprit d'équipe. La coopérative scolaire.

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La charité 110. Les pauvres gens. 111. Une discrète charité. 112. Mon frère. Les devoirs envers les animaux 113. Lisée et Miraut. 114. Ouarâ, la lionne. 115. La tourterelle. La nature et l'art 116. Le printemps. 117. Les belles choses. 118. 119. 120. 121.

La patrie Les regrets du pays natal. La patrie en danger. La dernière classe. L'appel de la patrie.

122. 123. 124. 125. 126.

L'APPEL DES HEROS Jeanne d'Arc. L'héroïsme du radiologue. Le docteur Schweitzer. L'héroïsme d'une institutrice. Les héros obscurs.

LA TOLERANCE 127. Le respect de la pensée. 128. La compréhension des autres. LA FRATERNITE 129. Les horreurs de la guerre. 130. De vrais frères.

LE CODE DE LA ROUTE Le piéton 131. (1C). Interdiction des jeux sur la chaussée. 132. (2 C). Traversée de la rue. 133. (3 C). Les signaux lumineux. 134. (4 C). Les signaux des agents. 135. (5 C). Traversée des places et carrefours. 136. (6 C). Piétons sur les routes, en groupe, la nuit. Le cycliste 137. ( 7 C). Ma bicyclette. 138. ( 8 C). Je roule à droite. 139. ( 9C). Je serai prudent. 140. (10 C). Je serai maître de ma vitesse. 141. (11 C). Les pièges de la route. 142. (12 C). Je sais dépasser et me laisser dépasser. 143. (13 C). Changer de direction — S'arrêter. 144. (14C). La priorité. 145. (15 C). La priorité (suite). — Les signaux. 146. (16C). Les signaux (suite). 147. (17 C). A bicyclette la nuit. 148. (18C). La conduite des animaux. LA SECURITE 149. (1 S). Danger des incendies. 150. (2 S). Dangers des appareils de chauffage. 151. (3 S). Dangers des médicaments. 152. (4 S). Dangers des appareils ménagers. 153. (5 S). Dangers des outils et des machines. 154. (6 S). Les jeux brutaux et dangereux. 155. (7 S). Dangers des explosifs. 156. (8 S). Dangers des rivières et de la mer. 157. (9 S). Dangers des chutes.

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ERRATA Jeux complets de 157 Fiches

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1. MORALE - C M. LA PROPRETÉ DU CORPS 1. Lecture et entretien. (Il est conseillé, après la lecture de chaque cas, de demander ce qui est « bien » et ce qui est « mal ».) Nous avons vu, dit Henri à sa sœur, un film sur la propreté. En voici les principales images : Jacques s'était sali les mains en touchant la chaîne de sa bicyclette. Lorsqu'il s'en est aperçu, il les a essuyées rapidement à son tablier puis a pris, son livre... (Est-ce bien ?) « Oh ! que tu es coquette ! » a dit Monique à Jacqueline qui, avec un petit appareil, se nettoyait les ongles... (Est-ce vraiment de la coquetterie ?) François, au saut du lit, a touché l'eau qui coulait du robinet et a fait une grimace. Puis il a savonné un gant de toilette et se l'est passé sur le visage, c'est-à-dire sur le front, les yeux, le nez, les joues, la bouche et le menton. Ensuite il s'est rincé, coiffé, habillé. Sa toilette ne lui avait pas pris plus de trois minutes. (Qu'en pensez-vous ?) Celle de Patrick a duré plus longtemps. Il s'est servi de sa brosse à dents, a nettoyé ses oreilles, s'est lavé les jambes et les pieds. (Est-ce bien ?) Enfin on a vu René, une serviette autour des reins, passer à la douche où il s'est savonné tout le corps ; il s'est même lavé les cheveux. Puis, se souvenant qu'il devait aller jouer, il est parti très vite. Sa maman lui a dit : « Toutes tes chaussettes sont trouées à la place du gros orteil... » (Pourquoi ? Qu'aurait-il dû faire ?) Les dernières images montraient Janine qui avait un joli ruban dans les cheveux, le visage et les jambes propres et qui s'essuyait le nez avec la manche de son tablier !... (Que pensez-vous de Janine ? Qu'avait-elle oublié ?) 2. Réflexions. 1. Que dit celui qui ne se lave pas ou qui se lave mal ? (eau froide, temps perdu, on se salit très vite). 2. Pourquoi faut-il se laver ? (Rappeler le rôle de la peau, des pores, le danger des parasites.) — Beaucoup d'animaux font leur toilette quand ils sont sales. — L'homme qui est supérieur aux animaux se doit de se laver. 3. A quoi faut-il penser chaque matin ? Aux actes de propreté : mains, visage, oreilles, dents, cheveux, jambes, pieds. 4. Quand faut-il prendre une douche ou un bain ? Tous les jours si c'est possible, ou tous les deux ou trois jours. 3. Actions et problèmes. 1. Faisons nous-mêmes notre visite de propreté. Demandons à un camarade de regarder notre visage. 2. Comment faire sa toilette lorsqu'il s'agit des dents, des cheveux, des oreilles, des ongles, de la manière de se moucher ? (Rappel des entretiens du C.P. et du C.E. et démonstrations.

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3. Nicole se regarde longuement dans la glace, coiffe avec soin ses cheveux. Vous vous apercevez qu'elle a les ongles sales. Que lui dites-vous ? 4. « Tu as les mains sales », dites-vous à votre petit frère. « Pourtant je les ai lavées ce matin », répond-il. Qu'ajoutez-vous ? 5. « Je n'ai pas pu me laver les jambes parce que l'eau était froide », affirme votre sœur. Que lui dites-vous ? 4. Résolution. Je serai propre, même si l'eau est froide. Je penserai à laver chaque matin, et chaque fois qu'ils seront sales, mon visage, mets dents, mon corps tout entier.

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2. MORALE - C. M. LA PROPRETÉ, L'ORDRE ET LE SOIN A L'ÉCOLE 1. Lecture et entretien. (Le maître a fixé au tableau plusieurs gravures. Ce que représentent ces gravures peut faire l'objet d'un récit ou de la lecture des textes ci-dessous.) lre gravure. Une classe avec des tables bien alignées mais, sous quelques-unes, de la boue, des papiers, des taches d'encre et, là-bas, un morceau de pain par terre. (Quelle est la qualité de cette classe ? Et son défaut ?) 2e gravure. Une table seule, une collerette autour de l'encrier, pas une tache mais un nom : « André », écrit à l'encre et un avion dessiné. Dans le casier, des livres en désordre, des cahiers, de la ficelle, un chiffon sale. (Qu'y a-t-il de bien ? Et de mal ?) 3e gravure. Un cartable. Trois livres bien rangés, deux cahiers couverts, des billes, une toupie, un croûton de pain, une balle. (Trouvez une qualité et un défaut au possesseur du cartable.) 4e gravure. Un vestiaire. Trois manteaux suspendus, un imperméable par terre, un cartable accroché. (Qu'y a-t-il de bien ? Et de mal ?) 5e gravure. Une cour d'école. Un coin propre, balayé, un petit garçon qui jette le journal de son goûter, une fillette qui laisse tomber une peau de banane. (Que pensez-vous de la cour et des deux élèves ?) 2. Réflexions. 1. Que disent ceux qui salissent leur classe ? écrivent sur la table, ne rangent pas leur cartable, jettent des papiers dans la cour ? (Ils n'ont pas le temps, cela n'a pas d'importance.) 2. Pourquoi n'ont-ils pas d'ordre ? (Paresse, négligence...) 3. Qu'est-ce qu'avoir de l'ordre, être ordonné ? C'est prévoir une place pour chaque chose et mettre chaque chose à sa place. 4. Qu'arrive-t-il si l'on est désordonné ? (Perte de temps et d'objets.) 3. Actions et problèmes. 1. Entrons et sortons en ordre. 2. Observons notre classe. Est-elle en ordre, en désordre ? Que faire pour qu'elle soit propre, que le mobilier soit ordonné ? 3. Mettons de l'ordre dans nos casiers, nos cartables. 4. Votre camarade lance un morceau de papier sur le sol de la classe. (Que lui ditesvous ?) 5. Votre petit frère jette un morceau de pain. (Que lui dites-vous ?) 4. Résolution. Je veillerai à ne pas salir une table et à ne rien jeter dans la cour. Une place pour chaque chose et chaque chose à sa place.

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3. MORALE - C. M. L'ORDRE ET LE SOIN EN CLASSE 1. Lecture - La visite des bureaux. Mme Gédéon, la maîtresse, s'installa à son bureau, en promenant sur nous un regard sévère. « Ouvrez vos bureaux », ordonna-t-elle... D'un seul coup, tous les bureaux furent ouverts, couvercles rabattus. Personne n'osait respirer. Ce fut un désastre complet. Tous nos trésors cachés disparaissaient tour à tour dans la poche profonde de son tablier... Calbrix, adroitement, put sauver de justesse ses deux boîtes de perles qui disparurent en un clin d'œil dans la poche de sa culotte. Mais son beau porte-plume en os, celui où on mettait l'œil pour voir les bateaux, fut confisqué. « Ce n'est pas un porte-plume pour toi, dit Mme Gédéon à Calbrix... C'est bien trop lourd. » Le cœur gros, Calbrix donna son porte-plume... Moi je perdis un jeu de dés, de la ficelle dorée et ma toupie. Au fur et à mesure que l'inspection s'avançait, la poche engloutissait de nouveaux trésors et se gonflait à vue d'œil... La maîtresse s'approchait des tables du fond. Elle poussait maintenant des cris indignés. « Oh ! Oh ! s'exclamait-elle, eh bien ! c'est du propre ! » Des croûtes de pain vénérables voisinaient avec des morceaux de chocolat fondu, des chiffons sales, des plumes cassées... « Vous n'avez pas honte ! criait la maîtresse. Allez, jetez tout au feu ! » Lorsque ce fut fini, elle remonta sur son estrade. La poche, sur son ventre, était bourrée à éclater. Nous contemplions avec désespoir les ruines de cette effroyable tempête. La classe était jonchée de papiers et «d'objets de toute nature. Nous ne nous y reconnaissions plus. « Ramassez-moi tout cela », ordonna-t-elle à deux grands. Ce fut vite fait. Tout fut jeté dans le poêle et on y mit le feu. Nous écoutions silencieusement le poêle ronfler. « Maintenant, nous allons mettra un peu d'ordre ici. » Nous dûmes ranger nos bureaux, vérifier et remplacer les couvertures de nos livres et de nos cahiers, nettoyer nos encriers dont l'encre était pâlie à force d'y fourrer des morceaux de craie- « Demain, vous apporterez tous une boîte pour y mettre votre chiffon mouillé, et un chiffon sec. Que je ne voie plus un seul d'entre vous cracher sur son ardoise, et l'essuyer avec sa manche ! » D'après GEORGES LE SIDANER - A la Volette. Julliard 2. 1. 2. 3.

Réflexions sur la lecture. Quels étaient les défauts de ces enfants ? (Désordonnés, peu soigneux, sales.) Qu'a fait la maîtresse pour supprimer le désordre ? Que décida-t-elle pour obtenir de l'ordre, du soin, de la propreté ?

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3. Réflexions sur la vie. 1. Que disent les désordonnés ? (Oubli, perte de temps de ranger.) 2. Quels sont les inconvénients du désordre et du manque de soin ? 3. Pour quelles raisons les bureaux et les cartables doivent être rangés ? (Avantages de l'ordre et du soin.) 4. Préférez-vous un livre déchiré à un livre intact? Que faire pour protéger les livres ? 4. Actions et problèmes. 1. Montrez des livres et des cahiers sur une table, d'abord en désordre, puis en ordre. Quelle est la plus belle présentation ? (Veillez à ce que le bureau du maître donne toujours l'exemple.) 2. Observez votre casier, votre cartable. Qu'y a-t-il en ordre ? en désordre ? (Rangez-les si c'est nécessaire.) 3. Apprenez à couvrir livres et cahiers, à tourner les pages sans les corner ou les déchirer. 4. Les yeux fermés, sachez où sont vos outils. (Règle, crayon, livres, cahiers.) 5. « Henri, ton manteau est mal accroché ! — Ça n'a pas d'importance », vous répond-il. (Que lui dites-vous? Que lui montrez-vous?) 6. Faire désigner, à tour de rôle, des élèves chargés de veiller à la propreté de la classe, des cartables, des casiers. 5. Résolutions. Les faire découvrir à partir des mots : Cartable. — Exemple : Je rangerai mes livres et mes cahiers dans mon cartable. Casier. — Exemple : Mon casier sera toujours propre. Cahiers et livres. — Exemple : Je veillerai à ne pas arracher de pages aux livres et aux cahiers.

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4. MORALE - C. M. L'EMBELLISSEMENT DE LA CLASSE 1. Lecture. (Ce matin-là, le maître a fixé au tableau deux gravures, l'une représentant une salle de classe voici environ cent ans, l'autre une classe dans une école moderne. Puis, ayant donné aux élèves deux minutes pour les regarder, il leur a demandé d'écrire sur l'ardoise ce qui leur semblait « bien » et ce qu'ils jugeaient être « mal ». Ce que représentent ces gravures peut faire l'objet d'un récit ou de la lecture des textes ci-dessous.) La vieille école. Qu'elle était obscure, étroite et salle ! Le soi était en terre, poussiéreux l'été, boueux l'hiver, les murs ne portaient que des traces de chaux, et une seule fenêtre ne laissait entrer qu'une étroite bande de lumière. Les enfants étaient assis sur des bancs sans dossiers devant des tables noires à six places. Pas de tableau, aucune gravure, aucune carte. Comment on apprenait dans cette école, un grand historien, Ernest Lavisse, l'a écrit : « ... Les écoliers tenaient une planche sur leurs genoux, leur planche à écrire, percée en haut d'un petit trou où passait une ficelle qui la suspendait au mur, la classe finie... La discipline était sévère ; pour les petites fautes, on était puni par l'agenouillement simple ; pour les grandes par l'agenouillement avec une main levée portant une brique ou bien par des coups de baguette. » E. LAVISSE - Souvenirs d'enfance. Calmann-Lévy La classe modem». Elle est bien différente des écoles d'autrefois. Un sol carrelé, des murs peints, de vastes fenêtres, l'éclairage électrique. Un mobilier de couleur claire, des bancs à dossiers à deux places, souvent le chauffage central, des fleurs sur le bureau, des gravures aux murs, une bibliothèque, un cinéma, etc. 2. 1. 2. 3. 4.

Réflexions sur la lecture. Qu'y avait-il de laid, d'inconfortable dans la vieille école ? Pensez-vous que les écoliers devaient s'y plaire ? Vous y plairiez-vous ? Comment le maître punissait-il les élèves ? En quoi la classe moderne diffère-t-elle de l'ancienne ?

3. Réflexions sur la vie. 1. Pensez-vous que toutes les classes sont comme la plus belle ? 2. De quoi a bénéficié celle-ci ? (Nombreuses découvertes, changements dans les idées des Français qui, depuis cent ans, ont voulu de belles écoles.) 3. Si votre école n'est pas très belle, ne pouvez-vous contribuer à l'embellir ? (Apports individuels de fleurs, d'images, de livres.) 4. Ce que quelques-uns ont apporté est-il suffisant ? Au lieu d'attendre l'effort de quelques-uns seulement, n'y a-t-il pas un moyen de rendre tous

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ensemble votre école plus belle ? La coopérative scolaire. (La coopérative scolaire fera l'objet d'une autre leçon au chapitre de la coopération.) 5. Que veulent dire les mots « coopérer », « coopérative » ? 4. Actions et problèmes. 1. Pendant quelques minutes réfléchissez à ce qui pourrait rendre votre classe, ou votre école, plus belles (gravures, rideaux, peinture, meubles, plantes, arbres, animaux). (Que désireriez-vous ?) 2. En se bousculant, deux petits ont fait tomber un sous-verre qui s'est abîmé. « Ça ne fait rien », dit l'un. (Que lui dites-vous ?) 3. « J'aimerais qu'il y ait des fleurs dans ce coin, dit Nicole. A quoi ça sert ? » réplique André. (Etes-vous de cet avis ?) 4. « Un meuble de la classe devrait toujours être fleuri », dit la maîtresse. (Lequel ? Que décidez-vous de faire ?) 5. « C'est bien joli d'avoir des plantes ou des fleurs mais qui va les soigner ? » remarque François. (Que lui répondez-vous ?) 5. Résolution. Il est plus agréable de travailler dans une école propre et claire que dans une école obscure et sale. Je m'efforcerai de rendre mon école plus belle et plus accueillante.

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5. MORALE - C. M. LA PROPRETÉ, L'ORDRE ET LE SOIN A LA MAISON 1. Lecture et entretien. « Maman, où sont mes chaussettes ? Tu n'as pas vu ma ceinture ? » Jean-Pierre va d'une pièce à l'autre, ne trouve pas ce qu'il veut, s'énerve. « Comment pourrais-je savoir où tu as mis tes vêtements ? répond la maman. Si tu en prenais soin, si tu les rangeais quand tu les quittes, tu les retrouverais au moment de les mettre. » Ces conseils, elle les a donnés cent fois mais Jean-Pierre, toujours préoccupé de jouer, n'en tient pas compte. « Et puis, je pense que ta chambre doit être aussi propre que d'habitude », ajoute-t-elle un peu triste. En effet, de la boue séchée, datant de la veille, est près de la porte. (Qu'aurait dû faire Jean-Pierre ?) Des taches d'encre, d'aquarelle, des inscriptions à la craie maculent sa table. Ses cahiers, ses livres, ses outils d'écolier ? Un véritable marché aux puces. Le cartable gît ouvert sur le sol. Billes, toupies, ficelle voisinent avec une boîte de peinture et des découpages. « Pourquoi n'as-tu pas rangé tes outils et tes jouets ? — Je n'avais pas le temps et puis René m'a appelé pour jouer... » A ce moment on entend : « Oh ! Oh !... » « Tu entends, dit Jean-Pierre, c'est encore René ; il faut que je reparte. — Non, dit fermement la maman. Tu ne partiras pas en laissant ta chambre en désordre. Viens plutôt voir celle de ta sœur Françoise... Regarde le parquet et la table... Où sont les livres, les cahiers, le cartable ? Elle a aussi des jouets, des cordes, des poupées. Qu'en a-t-elle fait ? Et ses vêtements ? Elle ne me demande jamais où elle les a mis. Et comme elle a tout mis en ordre, il lui reste encore du temps pour aller jouer. Quant à toi, tu sais maintenant ce qui te reste à faire... » 2. 1. 2. 3. 4. 5.

Réflexions sur la lecture. Quels sont les défauts de Jean-Pierre ? Quelle raison donne-t-il pour expliquer son désordre ? A quoi pense-t-il surtout ? Quelles sont les qualités de Françoise? Que devra faire Jean-Pierre avant d'aller jouer ?

3. Réflexions sur la vie. 1. A qui est-il arrivé de se conduire comme Jean-Pierre ? 2. Qui, au contraire, pense avoir les qualités de Françoise ? 3. Que disent ceux qui n'ont pas d'ordre à la maison ? (Oubli, pas le temps, la maman ou la bonne rangera.) 4. Quels sont les inconvénients du désordre ? les avantages de l'ordre ? 5. Entrez chez un mécanicien, un épicier, un quincaillier, un pharmacien... Pourquoi peuvent-ils trouver facilement ce qu'on leur demande ?

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4. Actions et problèmes. 1. Vous avez marché dans la boue. Que ferez-vous de vos chaussures? (Mais vous avez laissé aussi des traces sur le parquet...) 2. Votre petite sœur rentre de l'école avec son imperméable tout mouillé. Elle le pose sur la table de la salle à manger. (Que lui dites-vous ?) 3. Comment disposez-vous vos vêtements quand vous vous déshabillez ? 4. « J'ai perdu mes billes, ma gomme et mon crayon », vous dit votre petit frère. (Que lui dites-vous ?) 5. Où et comment ranger vos outils d'écolier, vos jouets ? 5. Résolution. Je m'efforcerai de ranger et de tenir propres mes vêtements, mes outils, mes jouets.

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6. MORALE - C. M. LA PROPRETÉ HORS DE CHEZ SOI 1. Lecture. Le bout de cigarette. (L'auteur séjourne dans un pays très propre : la Hollande.) A l'extrémité de la digue, j'aperçus un banc solitaire, un banc qui luisait si curieusement qu'on l'eût dit tout humide encore d'une averse récente. C'était en vérité un banc bien peint, bien verni, bien propre. Je m'y assis pour fumer une cigarette et rêver, face à la mer... Ma cigarette fumée, j'en jetai le bout par terre, comme nous faisons, nous autres fumeurs, quand nous sommes dans les champs ou dans la rue. Et puis je me levai pour m'en aller, pour continuer ma promenade. Je fis un pas, deux pas, trois peut-être. Je n'en fis sûrement pas quatre. Ce qui m'arrêta, ce fut une certaine gêne, ou mieux une honte certaine. Le chemin, pavé de briques, fuyait jusqu'à l'horizon perdu dans un brouillard bleu. Il n'y avait personne sur la digue, personne aux fenêtres des maisons lointaines et nulle barque en vue sur la mer. Mais je sentis fort bien que toute la Hollande regardait avec un affectueux reproche ce bout de cigarette que j'avais jeté là sur le chemin si parfaitement propre. J'eus la certitude que, ce bout de cigarette, on le voyait de partout... (Commenter le texte qui précède avant de lire la phrase qui suit.) Je revins sur mes pas, je ramassai le mégot sans trop en avoir l'air et je le cachai dans ma poche. D'après Georges DUHAMEL - Géographie cordiale de l'Europe. Mercure de France 2. Réflexions sur la lecture. 1. Où se trouvait l'auteur et qu'a-t-il fait ? 2. Comment jeta-t-il son mégot ? Comme il avait l'habitude de le faire. Qu'éprouva-til aussitôt ? 3. Quelqu'un l'avait-il vu ? Et cependant quelle certitude avait-il ? 4. Quel problème moral se posa-t-il ? Avait-il mal agi en jetant son mégot ? Non ? Pourquoi ? Cela se fait dans beaucoup de pays. Personne ne l'avait vu. Est-ce très important, un mégot sur le sol ? Oui? Pourquoi? Le chemin était très propre, la cigarette le salissait. Dans ce pays on fait attention à de petits détails. De plus l'auteur n'était pas dans son pays. Concluons : II avait mal agi en jetant le mégot. 5. Quelle solution auriez-vous apportée à ce problème si vous aviez été à la place de l'auteur ? (Lire la dernière phrase.)

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3. Réflexions sur la vie. 1. Est-il nécessaire d'aller à l'étranger pour vouloir être propre? Où devez-vous l'être? (Les rues, jardins, transports en commun, cinémas, lieux de camping, etc.) 2. Que faire pour ne pas salir les rues ? (Ne pas jeter de papiers (corbeilles à cet effet dans certaines villes), de boîtes, ne pas cracher, ni écrire sur les murs, ni lacérer les affiches.) 3. Que voit-on parfois écrit à l'entrée des jardins publics ? « Ils sont sous la protection des habitants. » (Qu'est-ce que cela veut dire ?) 4. Qu'avons-nous encore tous intérêt à trouver propres ? (Les gares, transports en commun, cinémas, hôtels-restaurants, W.-C. des établissements publics, terrains de camping ou de pique-nique, bois, bords de rivières, plages, piscines, etc.) 5. Pourquoi tous ces lieux doivent-ils être propres ? (Il ne serait pas digne d'un homme de les laisser sales après son passage.) 4. Actions et problèmes. 1. Votre camarade jette une boule de papier dans la rue. (Que lui dites-vous ?) 2. Votre petit frère est tout heureux d'écrire sur les murs des maisons, de déchirer les affiches. (Que lui dites-vous ?) 3. Nicole a jeté une peau de banane dans une allée du jardin public. (Qu'en pensezvous ?) 4. Vous avez « pique-nique » au bord d'une rivière. (Que ferez-vous des papiers, boîtes, détritus ?) 5. Vous vous asseyez, au cinéma, sur un « chewing-gum » laissé par un spectateur. (Que pensez-vous de lui ?) 6. Louis est fier d'avoir écrit son nom sur le mur de l'Arc de Triomphe. (Etes-vous de son avis?) 5. Résolution. Je ne jetterai rien dans la rue. Je ne laisserai, nulle part, aucune trace de mon passage.

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7. MORALE - C. M. L'ORDRE ET LE SOIN — LA NÉGLIGENCE 1. Lecture. Une porte mal fermée. Faute d'un verrou de peu de valeur, la porte d'une basse-cour qui donnait sur les champs se trouvait souvent ouverte. Chaque personne qui sortait tirait la porte, mais, comme il n'y avait aucun moyen extérieur de la fermer, la porte restait battante. Plusieurs animaux s'étaient enfuis de cette manière. Un jour, un porc s'échappa et gagna les bois. Voilà tous les gens à la poursuite de l'animal fugitif. Le jardinier fut le premier qui l'aperçut, et, en sautant un fossé pour lui barrer le passage, il se fit une dangereuse foulure qui le retint plus de quinze jours dans son lit. La cuisinière trouva brûlé du linge qu'elle avait abandonné près du feu pour le faire sécher, et un ouvrier agricole ayant quitté l’étable sans attacher les bestiaux, une des vaches, en son absence, cassa la jambe d'un poulain qu'on élevait dans la même écurie. Les journées perdues du jardinier valaient cent cinquante francs ; le linge et le poulain en valaient bien autant. Voilà donc en peu d'instants, faute d'une fermeture de quelques sous, une perte de trois cents francs supportée par des gens qui n'étaient pas riches, sans parler ni des souffrances causées par la maladie ni de l'inquiétude... D'après J.-B. SAY - Œuvres diverses. 2. Réflexions sur la lecture. 1. Qu'est-il arrivé et pourquoi ? 2. Quelles raisons aurait données le fermier à celui qui lui aurait reproché de ne pas avoir fait poser le verrou ? — Qu'il aurait perdu du temps pour aller l'acheter. — Que ce verrou ne servirait pas à grand-chose. 3. Est-ce que le verrou aurait coûté cher ? Pourquoi le fermier ne l'a-t-il pas fait placer? (Il a été désordonné, peu soigneux, négligent.) 4. Quelles sont les conséquences de sa négligence ? 3. Réflexions sur la vie. 1. Qu'est-ce que la négligence ? (Le défaut de celui qui manque de soin, d'ordre, qui ne s'applique pas, ne cherche pas à mieux faire, oublie volontiers, ne cherche pas à réparer ce qui doit l'être.) 2. Qu'arrivera-t-il si maman n'arrête pas une maille à son bas, ne coud pas un vêtement décousu, un bouton qui va se découdre ? 3. Qu'arrivera-t-il si un cycliste ou un automobiliste, constatant qu'un écrou s'est dévissé, qu'un frein ne marche plus, ne les fait pas réparer ? 4. Que regarde l'automobiliste avant de se servir de sa voiture ? (Huile, essence, eau, pression des pneus.) 5. Que lit-on au pilote avant le départ de l'avion ? (Une liste d'appareils divers qui interviennent dans le fonctionnement de l'avion. Pourquoi cette lecture ? Que répond le pilote?)

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4. Actions 1. A quoi dois-je penser le matin avant de partir en classe? (Toilette, leçons, livres à emporter, etc.) 2. Que dois-je faire avant de me servir de ma bicyclette ? (Vérifier : freins, roulements, gonflage, etc.) 3. « Le patin du frein de ma bicyclette est usé. Tant pis... » (Qu'en pensez-vous ?) 4. « La poignée de mon cartable se découd... » (Que faire?) 5. Un bouton de ma veste va tomber, le lacet de mon soulier va casser... « Ça tiendra bien encore un jour », dit votre petite sœur. (A-t-elle raison ?) 5. Résolution. Une petite négligence peut avoir de graves conséquences. Je réfléchirai afin de ne pas avoir d'ennuis. Je ne remettrai pas à plus tard ce que je pourrai faire le jour même.

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8 . MORALE - C. M. LA POLITESSE A L'ÉCOLE 1. Lecture et entretien - Choses vues. a) En ce matin d'automne, les enfants, par petits groupes, se dirigent vers l'école. Voici Henri qui ôte sa coiffure en passant devant M. Durand. François connaît aussi M. Durand, mais ça l'ennuie peut-être de se découvrir, aussi tourne-t-il la tête de l'autre côté. Le maître se tient devant la porte de l'école et tous les enfants se décoiffent ou inclinent la tête en disant : « Bonjour, monsieur ! » (Qu'y a-t-il de bien dans les actes des enfants qui vont à l'école ? Et de mal ?) b) Jacques aperçoit à l'extrémité de la cour son camarade René. Il se précipite vers lui. « Alors, à quoi jouons-nous ? » René ne répond pas. « A quoi jouons-nous ? » répète Jacques. « Bonjour, répond René, comment vas-tu? » Jacques a compris : « Bonjour », dit-il. (Qu'est-ce que Jacques a compris?) c) Jean-Paul a oublié son livre à la maison. « Monsieur, je vais à la maison chercher mon livre », dit-il en passant rapidement devant le maître. « Non ! » répond celui-ci. JeanPaul s'arrête interdit. « As-tu oublié ce qu'il faut dire ? » demande le maître. Jean-Paul murmure des mots, le maître donne la permission et on entend cette fois « Merci, monsieur ! » (Quels mots devait dire Jean-Paul pour obtenir la permission ?) d) Les élèves sont rentrés depuis quelques minutes et tout à coup la porte s'ouvre. Toute rouge, Simone gagne sa place. Mais l'institutrice lui dit : « Veux-tu sortir s'il te plaît?» Tout le monde s'attendait à cela. (Pourquoi ?) Simone fait alors ce qu'il faut et la maîtresse dit : « Entrez ! » Simone va à sa place mais l'institutrice la rappelle. (Qu'est-ce que Simone devait dire ?) 2. Réflexions. 1. Que faut-il faire quand on entre à l'école ou qu'on en sort ? (On rencontre le maître, des personnes connues, des camarades ?) 2. Que doit-on dire quand on demande quelque chose ? (S.V.P., voulez-vous me permettre...) 3. Que doit-on dire avant d'entrer dans une pièce ? Quand on a fait une sottise ou que l'on dérange quelqu'un ? (« Veuillez m'excuser », « Pardon » ou « Je vous demande pardon », plutôt que « je m'excuse ».) 4. Que signifient « bonjour », « bonne année » ? 5. Que dit-on des gens qui font ces gestes ou disent ces mots ? (Ils sont polis.) 6. Quelles raisons invoquent les impolis ? (Cela gêne, oblige toujours à faire attention aux autres alors qu'il est plus agréable de penser à soi, fait perdre du temps.) 7. Faut-il être poli ? Pourquoi ? (Celui qui est poli se sent au-dessus de l'animal et de l'homme mal élevé. Un homme digne de ce nom doit rendre la vie des autres et la sienne plus agréables.) 3. Actions et problèmes. 1. Comment devenir poli ? (Penser à se mettre à la place des autres.) 2. Apprenons à saluer, avec et sans coiffure, le maître, un camarade. 22

3. Apprenons à demander, à dire « S'il vous plaît » et « S'il te plaît », « merci ». 4. Apprenons à entrer dans une pièce fermée. (Frapper discrètement, attendre.) 5. Apprenons les formules que l'on emploie lorsqu'on passe devant quelqu'un ou que l'on doit s'excuser. 4. Résolution. Pour être poli, je saluerai le maître et les personnes que je connais, je saurai demander, frapper à une porte, dire « pardon » et m'excuser.

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9. ORALE - CM. LA POLITESSE ENVERS LES CAMARADES 1. Lecture et entretien. (Après la lecture de chaque cas, demander ce qui est « bien » « mal ».) et ce qui est a) Henri arrive à l'école, rejoint un groupe de camarades, dit « Bonjour » à chacun d'eux et prend part à la conversation. D'abord il interrompt René puis peu à peu il s'anime, s'énerve, fait de grands gestes ; on n'entend plus que lui. « J'ai fait ceci... je suis plus adroit que... moi... je... » Ceux qui ne sont pas de son avis essaient de parler mais à peine ont-ils ouvert la bouche que des flots de paroles et de cris couvrent leur voix... (Qu'est-ce qu'Henri fait de bien ? Et de mal ?) b) Dans le rang des élèves qui entrent en classe, François s'aperçoit soudain qu'il a oublié son cartable au pied d'un arbre. Pour aller le chercher, il se retourne brusquement et bouscule Jacques qui est plus fort que lui. Jacques le regarde d'un air mécontent ; alors François s'excuse. Puis il marche sur les pieds de Pierre et fait tomber les cahiers de JeanPaul. Ces deux-là ne sont pas satisfaits. Mais ils sont plus petits que François qui, ne songeant qu'à ses affaires, n'a ni un mot ni un sourire pour personne. (Qu'est-ce que François n'a pas fait?) c) Jacqueline et Simone travaillent à la même table. Simone s'étale, se couche presque sur la table. Son coude dépasse le milieu ; elle gêne sa petite camarade. Derrière elles, Jean mâche constamment du chewing-gum, ce qui finit par agacer. Et René fait toujours du bruit en se balançant sur son banc ou en bavardant à mi-voix avec un autre ; on entend presque tout ce qu'il dit. Que c'est gênant ! (Quels sont les défauts de Simone, de Jean, de René ?) d) A la récréation, la conversation est animée dans un groupe. « D'abord les boiteux ne devraient pas jouer à courir », lance Philippe. Il rougit... 11 y a là, près de lui, André qui boite... (Qu'est-ce que Philippe a fait de mal ?) e) « Annette, tu pourras me rendre le livre que je t'ai prêté il y a un mois ? demande Brigitte. — Oui, dans une quinzaine de jours,... je pense... » (Que pensez-vous de la réponse d'Annette ?) 2. Réflexions. 1. Faut-il être poli avec les grandes personnes seulement ? 2. Pourquoi faut-il l'être aussi avec nos camarades ? (Ils ont autant de droits que nous et souffrent du sans-gêne et de l'impolitesse des autres.) 3. Comment être poli dans la conversation ? 4. Comment être poli dans le travail, les jeux ? 5. Pourquoi est-on impoli ? Parce qu'on ne pense qu'à soi, qu'on est « égoïste ». (La vie serait très agréable si tout le monde était poli.) 3. Actions et problèmes. 1. Essayons de discuter calmement sur un sujet passionnant : jeu, film.

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2. Paul raconte une histoire que je connais. J'ai bien envie de lui couper la parole... (Aurais-je raison de le faire ?) 3. Votre petit frère prononce des mots grossiers qu'il a entendu dire. (Que faitesvous?) 4. Je serais mieux si j'allongeais mon bras sur la table... Mais alors je gênerais Nicole... (Que faire ?) 5. Louis bouscule souvent des camarades. Il s'excuse quelquefois... lorsqu'il s'agit d'un plus fort que lui. (Est-il poli?) 4. Résolution. Mes camarades sont mes égaux. Je serai poli envers eux. L'impoli est un égoïste qui ne pense qu'à lui. Je saurai me gêner pour ne pas gêner les autres.

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10. MORALE - C. M. LA POLITESSE DANS LA RUE 1. Lecture et entretien. (Il est conseillé, après la lecture de chaque cas, de demander ce qui est « bien » et ce qui est « mal ».) a) La classe se présente en rangs à la porte, chacun ôte sa coiffure et dit « Bonjour, monsieur ! » Cependant Louis, très pressé de rentrer chez lui, bouscule Maurice qui proteste. Louis se sauve en faisant une grimace. Maurice pousse des cris, ameute ses camarades : « Venez tous, on va le poursuivre ce mal élevé. » II réussit à entraîner trois garçons qui traversent la rue en courant, devant les bicyclettes et les automobiles, ramassent des cailloux et les lancent à Louis. (Qu'est-ce que les enfants en rangs ont fait de bien ? Et quelques-uns de mal ensuite ?) b) Les filles sont heureusement plus calmes. Françoise et Jacqueline discutent gentiment et choisissent ce moment pour débarrasser leur cartable de quelques morceaux de papier, d'un croûton de pain, d'une peau de banane qu'elles abandonnent sur le trottoir. Trois grandes du cours moyen jouent à la marelle sur le trottoir. Ce n'est pas commode : Nicole lance son palet sur la jambe d'une dame qui la regarde alors avec un air de reproche, et Geneviève, en sautant, bouscule un monsieur. Celui-ci va-t-il se fâcher ? (Qu'est-ce que les filles ont eu tort de faire?) c) Non, le monsieur ne se fâche pas. Il demande, poliment, où se trouve la rue La Fontaine. C'est précisément dans cette rue qu'habitent Nicole et Geneviève. Celle-ci, ne voulant pas interrompre son jeu, déclare : « Je ne sais pas. » Nicole a honte pour sa camarade et non seulement elle explique au passant le chemin qu'il doit suivre mais encore elle l'accompagne jusqu'au carrefour pour lui montrer la rue. (Que pensez-vous de la réponse de Geneviève ? Et de l'attitude de Nicole ?) d) A la porte de leur immeuble, Guy et Bernard rencontrent un vieillard qui revient du marché avec un lourd panier. Guy, pour passer le premier, se faufile entre le vieil homme et la porte et grimpe l'escalier en vitesse... (Approuvez-vous Guy ? Qu'auriez-vous fait si vous aviez été à la place de Bernard ?) 2. Réflexions. 1. Que disent ceux qui sont impolis dans la rue ? (Nous ne connaissons pas les passants et on ne nous connaît pas. Beaucoup, parmi les passants, sont impolis.) 2. Pourquoi faut-il être poli dans la rue ? Les autres ont autant de droits que nous. Nous ne devons pas les gêner. Dans la rue comme à l'école nous devons nous conduire en personnes bien élevées. 3. Comment être poli dans la rue ? (Ce qu'il ne faut pas faire. Ce qu'il faut faire.) 4. Pourquoi est-on impoli dans la rue? (Parce qu'on ne pense qu'à soi.) 3. Actions et problèmes. 1. Vous rencontrez au bord du trottoir une personne plus âgée que vous Qui doit descendre sur la chaussée ?

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2. Vous arrivez à la porte en même temps qu'une personne plus âgée Que devez-vous faire? (Mimer.) 3. Monique est très pressée. Elle se glisse entre plusieurs personnes, les tire, les bouscule. Que lui dites-vous ? 4. Vous cherchez une rue. Comment la demandez-vous ? 4. Résolution. Même si je n'y suis pas connu, je serai poli dans la rue.

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11. MORALE - C. M. JE SERAI POLI A TABLE 1. Lecture. Un grossier. Gnathon ne se sert à table que de ses mains ; il manie les viandes, les démembre, les déchire et il faut que les conviés, s'ils veulent manger, mangent ses restes. Il ne leur épargne aucune de ces malpropretés dégoûtantes, capables d'ôter l'appétit aux plus affamés ; les jus et les sauces lui dégouttent du menton et de la barbe ; s'il enlève un ragoût de dessus un plat, il le répand en chemin dans un autre plat et sur la nappe ; on le suit à la trace. Il mange haut et avec grand bruit ; il roule les yeux en mangeant ; la table est pour lui un râtelier ; il écure ses dents et il continue à manger... LA. BRUYÈRE - Les Caractères. 2. 1. 2. 3. 4.

Réflexions sur la lecture. Comment Gnathon mange-t-il les viandes ? Pense-t-il aux autres lorsqu'il se sert d'un ragoût ? Mange-t-il discrètement, silencieusement ? Que fait-il de dégoûtant ? Que pensez-vous de sa manière de .manger ? Se comporte-t-il comme un homme

poli ? 3. Réflexions sur la vie. 1. Pourquoi des gens sont-ils impolis ou même grossiers à table ? Ils ne pensent qu'à eux, qu'à satisfaire leur appétit. 2. Pourquoi faut-il être poli à table ? (Les autres ont autant de droits que nous. Nous ne devons pas les gêner. Nous devons nous conduire en personnes bien élevées.) 3. Quelles précautions faut-il prendre pour manger proprement ? — Se tenir correctement assis sans se balancer, sans se baisser sur son assiette, sans gestes brusques, sans gêner les autres, sans mettre les coudes sur la table ; — Se servir correctement du couteau, de la fourchette, de la cuiller ; —• Ne pas boire la bouche pleine, ne pas salir son verre. 4. Comment se servir d'un mets ? D'une viande ? (Prendre modérément de chaque plat et le morceau qui est devant soi, ne pas choisir.) D'un potage ? D'un gâteau ? D'un fruit ? D'une crème ? (Comment manger la sauce de son assiette ?) 5. A table, on mange, on boit et que fait-on encore ? On parle. — Comment demander ce dont on a besoin ? — Que devez-vous dire quand vous avez été servi ? — A quoi faut-il faire attention dans la conversation ? (Ne pas élever la voix, ni crier, ni rire aux éclats.) 6. Comment jouer dans la maison ? Que pensez-vous des voisins qui : — font du bruit ou de la musique le soir très tard ? — arrosent les fleurs et mouillent votre linge ? — secouent leurs tapis au-dessus de votre tête ?

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4. Actions et problèmes. 1. A la cantine, au besoin en rappelant l'exemple de Gnathon, mettre en pratique les gestes et attitudes évoqués ci-dessus, 2. Votre petit frère met les coudes sur la table. (Que lui dites-vous ?) 3. Votre petite sœur a choisi depuis longtemps le gâteau qu'elle désire. Mais ce gâteau est le plus éloigné d'elle. Elle le prend tout de même. (Que lui dites-vous ?) 4. Quelqu'un de plus âgé que vous raconte une histoire qui ne vous intéresse pas. (Que devez-vous faire ?) 5. Votre petit frère, que la conversation n'intéresse pas, vous parle à voix basse. (Que faites-vous ?) 6. Votre papa parle et vous avez tout à coup envie de dire quelque chose... (Que faire?) 7. Comment se moucher à table ? Et si l'on a envie de bâiller, d'éternuer ? 5. Résolution. A la maison, à table, je ne suis pas seul. Je dois manger proprement et éviter de gêner les autres.

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12. MORALE - C. M. LE RESPECT DU PAIN 1. Lecture - Le pain de Solange. Le pain de Solange ne ressemblait pas au pain de tout le monde. Tous les samedis, elle achetait neuf livres de farine... Elle humectait la farine, la mêlait d'un peu de levain et pétrissait la pâte qu'elle obtenait ainsi. Elle ajoutait même à la farine un peu de son, et elle en était très contente. Le son ne donne pas mauvais goût, il est nourrissant puisqu’il sert à engraisser les bêtes ; enfin il a son poids et permet avec neuf livres de farine d'obtenir un pain qui donnerait dix livres à la pesée. « Fais attention, mon petit, disait-elle à son fils Charles. On met sa main au-dessous de son morceau de pain quand on mange. Tu vois bien que les miettes vont tomber par terre. » Et lorsque, comme on dit, il avait eu les yeux plus grands que le ventre et ne pouvait achever la tranche de pain que sa mère lui avait coupée, celle-ci recueillait pieusement le débris que l'enfant n'avait pas mangé et le rangeait avec soin pour qu'il pût le retrouver le jour suivant. Une terreur superstitieuse la prenait parfois. Elle entourait son pain d'une serviette. Elle l'enfermait dans la huche dont elle rabattait le couvercle, puis elle se demandait encore si la huche était bien close. Elle craignait beaucoup les souris qui ne sont pas grosses. Elle avait peur des chats qui sont habiles. Il eût suffi d'un rien pour que quelque bête s'introduisît auprès du pain en son absence et, y mettant la dent, en dévorât le meilleur. « II est bien noir », répétait-elle. Elle mangeait un morceau de la croûte : elle avait le goût des pierres. Elle mangeait une poignée de mie : elle avait le goût du sable. Elle disait alors : « Si pourtant on en avait assez ! » D'après Ch.-L. PHILIPPE - Charles Blanchard. Gallimard 2. 1. 2. 3. 4. 5. 6.

Réflexions sur la lecture. Solange était-elle riche ? Qu'ajoutait-elle à la farine ? Pourquoi ? Que disait-elle à son fils ? Que faisait-elle du pain qu'il n'achevait pas ? De quoi avait-elle peur parfois ? Son pain était-il bon ? Que veut dire la dernière phrase : « Si, pourtant, on en avait assez ! >> Solange ne gaspillait pas le pain. Elle le respectait.

3. Réflexions sur la vie. 1. Connaissez-vous en France des gens qui mangent du pain aussi mauvais ? 2. Croyez-vous qu'aujourd'hui, en France, on respecte le pain comme le faisait Solange? On mange moins de pain et davantage d'autres aliments.

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3. Vous est-il arrivé de jeter du pain ou de voir un enfant en gaspiller ? 4. Que disent ceux qui jettent du pain ? — Il est sec. — Ils n'ont plus faim, ne savent plus où le mettre. — Le médecin a dit à papa qu'il ne devait pas trop en manger. 5. Pourquoi ne faut-il pas gaspiller le pain ? — Il a coûté beaucoup d'efforts. — A qui ? — Le pain est un symbole. Tant qu'ils ont eu du pain les hommes ont eu l'assurance de ne pas mourir de faim. Aussi Font-ils respecté. — Aujourd'hui, dans le monde, des centaines de millions d'hommes sont affamés. Ce serait faire injure à leur condition d'hommes que de jeter du pain. 6. Que faire si nous avons trop de pain ? Le laisser, le rapporter, la prochaine fois en demander un morceau plus petit, maman en achètera moins, etc. Si nous consommions moins de pain, nous pourrions offrir du blé aux peuples sous-alimentés. 4. Actions et problèmes. 1. Paul a mangé le chocolat. Lise a mangé la confiture. Tous deux ont jeté ensuite leur pain parce qu'ils n'avaient plus faim. (Que leur dites-vous ?) 2. A la cantine, Louis, qui n'aime pas la mie, en fait des boulettes qu'il lance à ses camarades. (A-t-il raison ?) 3. « J'ai trop de pain », vous dit votre petit frère. Que lui dites-vous ? (« Coupe-le proprement, reporte-le à la maison et demain demande un plus petit morceau. ») 4. Vous avez trop de pain et vous connaissez un petit garçon qui n'en a pas assez. Comment vous y prendrez-vous pour lui faire accepter un morceau ? (Tact.) 5. Si vous étiez tenté de jeter un morceau de pain, à qui devez-vous penser ? 5. Résolution. Les hommes travaillent pour se nourrir. Parmi eux, des centaines de millions souffrent de la faim. Je ne gaspillerai pas le pain.

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13. MORALE - C. M. LA POLITESSE DANS LE TRAIN ET DANS UN MAGASIN 1. Lecture. Quatre garçons du cours moyen profitent du jeudi pour aller voir des bicyclettes dans un grand magasin. Ils connaissent bien la ville et les transports pour s'y rendre. « Soyez prudents et polis », ont recommandé les mamans. C'est François qui doit prendre les billets. Gentiment il se place dans la file d'attente. Mais il y a beaucoup de monde et certains s'impatientent. Bernard vient lui parler à l'oreifle : « Tu ne peux pas te débrouiller mieux que cela ? Tu vas voir ! » Et, faisant semblant d'aller voir l'heure, se glissant devant une vieille dame, bousculant un monsieur, Bernard gagne une place... Dans le train, Bernard, toujours pressé, s'assied à droite mais, ne s'y .trouvant pas bien, se déplace à gauche, marchant, sans s'excuser, sur les pieds d'une dame. Mais cette place ne lui convient pas ; il se lève, froisse le journal d'un monsieur et trouve le moyen de murmurer de mécontentement. Heureusement, Jean-Paul est plus calme. 11 aurait bien voulu s'asseoir près de la fenêtre... Il y était presque lorsqu'il a vu une dame debout... Il lui a offert sa place... René n'a pas été aussi généreux. Il a pris la dernière place disponible et maintenant il fait semblant de lire le journal d'un voyageur pour ne pas voir une dame portant dans ses bras une petite fille de deux ans... Enfin voici nos écoliers dans le magasin. François flâne devant les trains électriques, mais se contente d'observer et de montrer du doigt ce qui l'intéresse. Si seulement René se tenait aussi bien ! Que fait-il là-bas au rayon de la parfumerie ? Il a bousculé deux ou trois personnes pour y arriver. Comme cela ne l'intéresse pas, il court au rayon des jouets et enfourche une bicyclette. Le vendeur l'ayant réprimandé il s'éloigne en bougonnant, accrochant au passage une boîte de perles qu'il fait tomber sur le sol... 2. 1. 2. vous ? 3.

Réflexions sur la lecture. Qui a été poli à la gare ? Qui a été impoli ? Qu'en pensez-vous ? Qui a été incorrect dans le train ? Qui a été poli ? Qu'a fait René ? Qu'en pensezQui s'est bien tenu dans le magasin ? Qui s'est mal tenu ?

3. Réflexions sur la vie. 1. Comment appelle-t-on ceux qui passent avant leur tour et parfois entrent sans payer? (Impolis, effrontés, « resquilleurs ».) 2. Que disent ceux qui essaient de passer avant les autres ? (Ils n'ont pas le temps d'attendre. Les employés sont trop lents...) 3. Avez-vous remarqué dans les trains, métros, autobus, des avis invitant à être poli. (Que disent-ils ?) 32

4. Avez-vous souffert du sans-gêne, de l'impolitesse des autres dans le train ou l'autobus ? (Dans quelles circonstances ?) 5. Pourquoi faut-il être poli dans le train, l'autobus, au magasin ? Il faut que chacun y agisse en homme, ne gênant pas les autres, soulageant les personnes âgées. 6. On vous recommande parfois d'être ingénieux, de vous débrouiller. Est-ce que cela signifie que vous devez être impolis ? 4. Actions et problèmes. 1. Qui a déjà cédé sa place dans le train ou l'autobus ? 2. Comment procéder pour céder sa place à une personne déterminée ? (« Madame, veuillez prendre une place », ou un simple signe aux heures d'affluence.) Mimer. 3. « Voulez-vous, jeune homme, dit un monsieur à Paul, me céder votre place ? — Ah ! non, je suis fatigué, dit Paul. — Alors, voici ma carte de mutilé... Cette place m'est réservée... » (Est-ce vrai ?) 4. Votre petit frère se met debout sur la banquette du train, s'accroche au filet, monte et baisse la glace... (Que lui dites-vous ?) 5. Un coup de frein... Vous tombez sur une dame... (Que dites-vous ?) 5. Résolution. Dans le train ou l'autobus, je montrerai que je suis un garçon poli en n'essayant pas de passer avant les autres et en cédant ma place aux personnes âgées et aux mamans.

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14. MORALE - C M. JE SERAI POLI AU CINÉMA ET EN VISITE 1. Lecture. La maman de Nicole et d'Henri les a conduits jeudi au cinéma. Un grand nombre de spectateurs attendent pour prendre leur billet. Lassé d'attendre, Henri a voulu montrer qu'il était plus habile que les autres. Profitant de ce que maman bavardait avec une voisine, il a souri à une dame, s'est glissé entre deux messieurs et a retrouvé un camarade près du guichet... Il va avoir gagné six places... Mais une main ferme le saisit par le bras et le renvoie en arrière... « A ton tour, comme tout le monde », dit une voix... Munis de leur billet, les spectateurs entrent dans la salle... Nicole, pressée, n'attend pas l'ouvreuse, bouscule deux personnes, s'excuse et s'assied sur un siège d'où on la prie aussitôt de s'en aller car ce n'est pas le sien. Maman n'est pas plus contente de sa fille que de son fils. Ils ne sont pourtant pas les plus impolis. Derrière eux, deux garçons se lèvent, s'asseyent, appuient leurs pieds sur les sièges d© devant, gesticulent, rient aux éclats, grognent, mastiquent du chewing-gum. Du moins sont-ils arrivés à l'heure. Or, dix minutes après le début du film, voici des retardataires qui écrasent des pieds, cpgnent des genoux, empêchent de voir... Après le cinéma, la maman et les enfants rendent visite à des amis. Nicole a salué les personnes âgées en tendant la main la première. Henri, lui, n'aime pas la dame qui les reçoit ; alors il profite de ce qu'elle parle pour ne pas la saluer... Un autre invité, François, a choisi le plus beau fauteuil pour lui, laissant une chaise à une dame âgée. La maman de Bernard n'est pas contente car son fils s'agite, passe sans cesse devant les dames sans dire le moindre mot... Heureusement, on passe les gâteaux... « Oh ! » dit Nicole... Qu'a dû faire Bernard ? 2. 1. 2. 3. 4. 5.

Réflexions sur la lecture. Qu'a voulu faire Henri ? Que lui est-il arrivé ? Qu'en pensez-vous ? Pourquoi maman n'est-elle pas plus contente de sa fille que de son fils ? Qui est encore plus impoli que Nicole et Henri ? (Que font-ils ?) Qu'est-ce que les enfants ont fait de mal en visite ? Qu'a dû faire Bernard ? (Choisir le plus gros gâteau.)

3. Réflexions sur la vie. 1. Avez-vous déjà souffert de voir des gens qui voulaient passer avant leur tour ? 2. Vous est-il arrivé, au cinéma, de vouloir trouver votre fauteuil sans l'aide de l'ouvreuse ? 3. Avez-vous été gêné par l'impolitesse de spectateurs qui se tiennent mal — ou arrivent en retard au cinéma ? 4. Que disent ceux qui parlent au cinéma ? « Nous avons payé notre place. — Nous sommes libres de juger le film. » 5. Pourquoi faut-il être poli au cinéma ? (Les autres ont aussi payé leur place. Nous ne devons pas les gêner.)

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4. Actions et problèmes. 1. Votre camarade exprime tout haut son avis sur le film. (Que lui dites-vous ?) 2. Votre petit frère se lève, s'assied, appuie ses pieds sur le fauteuil de devant. (Allezvous le laisser faire ?) 3. Le film n'intéresse pas Jacques et Nicole. Ils en profitent pour bavarder. (Que leur dites-vous ?) 4. Louis est arrivé en retard. Il a dérangé dix personnes et s'est excusé. (Que pensezvous de lui ?) 5. On vous présente à la dame qui vous reçoit. (Que faire ? Que dire ?). 6. Vous êtes en visite. Deux dames parlent. Vous voulez aller jouer. (Que dites-vous ? Comment ?) 5. Résolution. Au spectacle ou en visite, je montrerai que je suis poli en ne gênant pas les autres et en m'excusant si je commets une maladresse.

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15. MORALE - C. M. ÊTRE POLI C'EST PENSER AUX AUTRES A. - L'IMPOLI NE PENSE QU'A LUI. 1. Lecture - Un homme impoli. La côte est raide et brûlée de soleil, j'arrête la voiture et dis au passant : « Voulez-vous monter près de moi ? » II réfléchit, hoche les épaules et répond : « C'est pour ne pas vous désobliger ! » II se hisse à la place libre avec ses paquets, et nous commençons de causer, ce qui signifie que le voyageur parle, et que je l'écoute. « Qu'est-ce que c'est que votre voiture ? Ah ! ah ! c'est une Citroën... Moi, si j'avais une voiture, j'aimerais mieux une Bugatti. « Au moins, les Bugatti, ça marche. Dame, ça coûte assez cher. Ce n'est pas de la camelote. J'ai un beau-frère qui possède une belle voiture... « Lui, il conduit bien. Ce n'est pas pour dire... non. Ah ! mais il est prudent... Attention! attention ! « L'auto, ça fait gagner du temps, surtout maintenant qu'on arrive sur le plateau. Mon beau-frère, lui, il va vite. C'est un gars qui sait conduire. Qu'est-ce qui fait ce petit bruit-là ? Comme c'est drôle, ces voitures d'aujourd'hui : on ne sait pas où mettre ses jambes. « Vaut mieux ça que rien, bien évidemment. « Moi, d'ordinaire, je prends les raccourcis ; c'est plus agréable. M'y voilà. Pourvu seulement que je n'oublie rien ! Je commençais d'avoir une petite courbature. Merci quand même ! » D'après Georges DUHAMEL - Fables de mon Jardin. Mercure de France 2. Réflexions sur la lecture. 1. Qui a été poli dans ce récit et en quoi ? (Invite à monter, laisse parler.) 2. En quoi le voyageur se montre-t-il impoli ? Il ne pense qu'à lui. — Il a l'air d'accepter pour faire plaisir à l'auteur. — Il déclare préférer d'autres voitures. — Vante les qualités de conducteur de son beau-frère. — Se plaint de l'exiguïté de la voiture. — Quel « merci » lance-t-il ? Tout cela peut-il faire plaisir à l'auteur ? B. - PENSER A FAIRE PLAISIR AUX AUTRES. 1. Lecture - Les cerises. L'auteur est allé rendre visite aux grands-parents de son ami Maurice. Ceux-ci l'ont invité à déjeuner. C'est le moment du dessert. « Un drame terrible se passait à l'autre bout de la chambre, devant l'armoire. Il s'agissait d'atteindre là-haut, sur le dernier rayon, certain bocal de cerises à l'eau-de-vie qui attendait Maurice depuis dix arts et dont on voulait me faire l'ouverture. Malgré les supplications de 36

Mamette, le vieux avait tenu à aller chercher ses cerises lui-même ; et, monté sur une chaise, au grand effroi de sa femme, il essayait d'arriver là-haut. « Enfin, après bien des efforts, on parvint à le tirer de l'armoire, ce fameux bocal, et avec lui une vieille timbale d'argent toute bosselée. On me la remplit de cerises jusqu'au bord. Et tout en me servant, le vieux me disait à l'oreille, d'un air de gourmandise : « — Vous êtes bien heureux, vous, de pouvoir en manger ! C'est ma femme qui les a faites. Vous allez goûter quelque chose de bon. » « Hélas ! sa femme les avait faites, mais elle avait oublié de les sucrer. Que voulezvous! on devient distrait en vieillissant. Elles étaient atroces, vos cerises, ma pauvre Mamette... Mais cela ne m'empêcha pas de les manger jusqu'au bout, sans sourciller. » Alphonse DAUDET - Lettres de mon Moulin. Fasquelle 2. Réflexions sur la lecture. 1. En quoi les grands-parents se montrent-ils aimables ? (Le bocal qui attend depuis dix ans. Le vieux va le chercher lui-même au prix de quels efforts ! La joie qu'il éprouve de faire plaisir...) 2. Qu'avait oublié la grand-mère ? Comment étaient les cerises ? 3. Qu'a fait le visiteur ? Pourquoi ? Il a voulu être poli, faire plaisir. 3. Réflexions sur la vie. 1. Avez-vous vu des gens impolis comme le voyageur ? 2. Que disent ceux qui ne veulent pas faire plaisir aux autres ? — Les autres ne cherchent pas à nous faire plaisir. — Ce n'est pas toujours agréable de faire plaisir. 3. Pourquoi faut-il faire plaisir aux autres ? Si tout le monde voulait être aimable, la vie serait plus agréable pour tous. 4. Vous est-il arrivé de ne pas dire tout à fait la vérité pour faire plaisir à d'autres ? N'y a-t-il pas là un danger ? Vouloir faire plaisir à tout prix peut conduire à tricher, à dissimuler les vérités qui seraient désagréables aux parents, aux maîtres, aux personnes riches ou puissantes. 11 faut donc limiter cette volonté d'être agréable à des cas sans grande importance. 6. On entend dire parfois « trop poli pour être honnête ». Qu'est-ce que cela signifie ? Attention aux gens empressés, obséquieux (expliquer), flatteurs. 7. La politesse consiste aussi à se tenir dans un juste milieu entre deux excès. 4. Actions et problèmes. 1. Vous êtes invité ; on vous sert un mets qui ne vous plaît pas. (Que faites-vous ? Que dites-vous ?) 2. Un camarade vous a prêté un livre qu'il aime beaucoup. Ce livre ne vous intéresse pas. (Que direz-vous à votre camarade ?) 3. Jacqueline est fière de sa robe que vous trouvez affreuse. (Que lui dites-vous ?) 4. Votre camarade Paul a réussi à un examen auquel vous avez échoué. Vous êtes un peu jaloux. (Cependant, que devez-vous faire ?) 5. Résolution. L'impoli est un égoïste ; il ne pense qu'à lui. Je m'efforcerai de penser aux autres et de leur faire plaisir.

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16. MORALE - C. M. LE JOUR DES MORTS Note. — Par l'importance qu'on lui donne dans certaines familles et par le climat qu'il a fait naître : recueillement, visites au cimetière, décoration florale des tombes, le jour des morts peut émouvoir plus ou moins les enfants. Si dans certaines grandes villes il ne retient pas toujours l'attention, dans de nombreux villages il constitue un « moment » assez remarquable de la vie collective. Si le maître jugeait qu'un entretien sur ce sujet est utile, il pourrait y associer l'évocation du monument aux morts et des sacrifices qu'il symbolise. En raison de la nature du sujet, le plan habituel de la leçon est modifié. 1. Entretien. Le 2 novembre, de nombreuses familles célèbrent le jour des morts. En cette circonstance, des fleurs, le plus souvent des chrysanthèmes, seront apportées sur les tombes de ceux qui ne sont plus. Les parents se recueillent au cimetière, évoquent le souvenir des êtres chers aujourd'hui disparus. 1. Pourquoi cette journée et que nous apprend-elle ? Nous oublions beaucoup de choses et, même lorsque nous éprouvons un grand chagrin, lors de la mort d'un parent, par exemple, peu à peu la peine s'efface et disparaît et, avec elle, s'estompent les images des êtres chers. C'est à cause de cela que l'on a choisi un jour au cours duquel chacun peut revoir en esprit les disparus et leur adresser quelques pensées émues en fleurissant leur tombe. 2. Que signifient ces fleurs que nous apportons sur des tombes ? Que : — les morts ne sont pas complètement absents de notre esprit ; — nous n'avons pas tout oublié de ce qu'ils ont fait pour nous de leur vivant ; — nous leur sommes reconnaissants de leur tendresse, des soins qu'ils nous ont prodigués, de l'affection dont ils nous ont entourés, du travail qu'ils ont fait pour nous ; — nous regrettons qu'ils ne soient plus auprès de nous pour nous aimer, nous aider, nous guider. 3. N'y a-t-il qu'au cimetière que l'on garde des traces matérielles de ceux qui ne sont plus ? Notre village n'a-t-il pas (votre ville n'a-t-elle pas) un monument aux morts ? A la. Mémoire de qui a-t-il été édifié ? Quels noms porte-t-il ? En ce jour de novembre, c'est aussi vers ceux qui ont donné leur vie pour défendre la France que doivent aller nos pensées. 4. Comment les enfants doivent-ils se comporter ce jour-là ? Les parents n'emmènent pas toujours leurs enfants au cimetière. Ceux qui y vont doivent se conduire en ce lieu comme des enfants polis, éviter de courir, de crier, de jouer et de rire. 2. Lecture. (Après la lecture du texte de Lamartine, tout commentaire est déconseillé. Il suffit d'observer quelques secondes de silence pour laisser les enfants sur l'impression émouvante du morceau.)

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Le Jour des Morts. C'est aujourd'hui le 2 novembre, le Jour des Morts. Quand je suis libre, je passe ce jour dans le recueillement, le plus près possible du petit cimetière de village sur lequel s'ouvre une porte dérobée de mon jardin. Là repose, dans la terre qu'elle aimait, le cercueil de ma mère. Pendant cette courte et frissonnante journée de l'automne, je m'efforce de ne pas détourner mon âme de ceux qui ne sont plus. Je m'égare dans les sentiers les plus ténébreux des bois qui conservent encore assez de feuilles jaunissantes pour intercepter les pâles rayons du soleil, et qui en laissent pleuvoir de mortes sous les pas... Je vais, je viens, je traîne mes pas sur l'herbe mouillée, sans autre but que de repasser sur les traces des êtres chéris qui marchaient naguère devant moi, derrière moi, ou à côté de moi, dans ces mêmes allées. Mes pieds s'arrêtent d'eux-mêmes et semblent me clouer à chaque instant au sol, devant les gros arbres isolés de la lisière du bois, au pied desquels le hasard ou l'habitude groupait ordinairement les vieillards, les mères, les enfants, les oncles, les tantes, les nièces, les amis de la famille. Je crois encore entendre leurs voix confuses, graves ou enfantines, dans le gazouillement tour à tour sourd ou argentin de la source voisine. Hélas ! ils se sont levés pour jamais des racines où ils s'asseyaient dans les belles matinées de septembre. Mais ils ont laissé là une telle présence de souvenirs que je crois, par moments, qu'ils ne se sont éloignés que de quelques pas... LAMARTINE.

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17. MORALE - C. M. LES REGRETS DU VIEUX BERGER 1. Lecture - Les regrets du vieux berger. A la bergerie, on remarquait sur l'une des murailles blanchies à la chaux, dans un cadre rougeâtre et plein de petits trous, une vieille gravure. « Petiot, me dit le vieux pâtre Boutignan, le jour où j'arrivai à la bergerie, on m'a dit que tu savais lire ; est-ce que ce serait vrai ? — Je lis un peu. — Tu es allé dans les écoles ? — Jamais. — Et qui t'a appris ? — Dans le temps que je gardais les pourceaux, un homme dans les nuits d'hiver, m'apprit le peu que je sais. — ... Dis, est-ce que tu pourrais me lire ce qu'il y a d'écrit sur ce tableau ? » Et moi, dressé sur la pointe des pieds, en redressant la tête, je lus : « La Vengeance poursuivant le Crime. » « Oui, c'est bien ça ! s'écria le pâtre tout joyeux ; mon petit ami, tu es un homme, tu en sais plus que moi. » Et alors, muet, Boutignan alla s'appuyer contre le manteau de la cheminée. Les rides de son front se creusèrent, ses sourcils se hérissèrent ; puis, comme quelqu'un qui a assez ruminé ce qu'il cherchait, il se leva, et, les yeux noyés dans les immenses prairies, avec un grincement de dents, il lança ces paroles dans l'espace : « Oh ! mon père, mon pauvre père, comme vous aviez raison de le dire : quelle belle chose c'est que la lecture ! Lire ! autant dire se fortifier l'esprit avec l'esprit des autres, s'imbiber le cœur des sentiments qui vous plaisent, lutter avec ceux qui luttent, oublier ses mauvaises heures dans les tristesses d'un poète. Quelle consolation dans la vie ! Quelle belle chose tu sais là !... Est-ce que tu saurais écrire ? — Je connais un peu la grosse. — La grosse ou la fine, qu'est-ce que ça y fait ! Tu sais écrire, faire parler le papier, que demandes-tu de plus ? Ah ! si j'avais su, si je savais ce que tu sais, qui sait ce que j'aurais dit, ce que j'aurais fait ?... Je ne serais pas l'âne porteur d'une figure humaine que je suis ; dans les livres, je verrais autre chose que le noir et le blanc ; je pourrais lire, penser, écrire, je pourrais être heureux dans ma vie de pâtre, je pourrais fièrement dire : je suis un homme ! Mais je ne sais ni a ni b ! Je suis un imbécile, un zéro. Je suis un homme manqué. » D'après Batiste BONNET - Vie d'enfant (Traduction d'A. Daudet). E. Dentu 2. Réflexions sur la lecture. 1. Qu'a lu le jeune berger ? Le titre de la gravure. 2. Quels sentiments éprouve le vieux berger ? D'abord joyeux, puis muet, il réfléchit et rend hommage à son père. 3. Est-ce que le jeune berger sait bien écrire ? Et pourtant que dit le vieux ?

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4. Que regrette le vieux berger ? Qu'aurait-il pu faire s'il avait su lire et écrire ? Au lieu de cela que dit-il qu'il est ? 5. Pensez-vous que cette histoire s'est passée récemment ? Pourquoi ? 3. Réflexions sur la vie. 1. Connaissez-vous des gens qui ne savent ni lire, ni écrire ? En France, l'école est obligatoire. Mais dans le monde ? 250 à 300 millions d'enfants ne vont pas à l'école. 2. Peut-on vivre dans une ville ou un village sans savoir lire ? Noms des rues, enseignes des magasins, factures, étiquettes des commerçants, bulletins de vote. 3. Peut-on exercer un métier sans savoir lire ? 4. Un illettré, au milieu des autres hommes, serait-il heureux ? Imaginez sa vie. « Un homme ignorant est comme un aveugle dans la vie : il marche à tâtons. » (V. Sardbu.) 5. Un analphabète (expliquer) devrait-il, comme Boutignan, se contenter de se lamenter ? Il n'est jamais trop tard. Penser aux cours d'adultes, au C.E.P. pour adultes, à la promotion sociale, à l'éducation de base dans les pays sous-développés. 6. Suffit-il aujourd'hui de savoir « un peu » lire et écrire ? La vie est de plus en plus difficile et il faut être instruit pour être heureux. 7. Quelle leçon nous donne le vieux berger ? S'instruire est un besoin, un devoir (l'homme instruit est plus homme que l'ignorant qui reste près de la bête). 8. Comment continuer à nous instruire hors de la classe et après l'école ? 4. Actions et problèmes. 1. Pour ne pas être ignorant, que faire ? Aller régulièrement à l'école, arriver à l'heure, décider d'y travailler du mieux possible. 2. « Je vais jouer », vous dit votre petit frère. (Que devez-vous lui demander ?) 3. « Je n'aime pas étudier », dit Marcel. « Je préfère travailler la terre. » (Que lui ditesvous ?) 4. « Je serai épicière », dit Jacqueline. « J'en sais assez pour ce métier. » (Que lui dites-vous ?) 5. « Ce n'est pas la peine de rester très longtemps à l'école pour devenir riche », affirme Nicole. « Ma tante, qui est coiffeuse, sait à peine lire et gagne beaucoup d'argent. » (Que lui répondez-vous ?) 5. Résolution. Les ignorants sont malheureux. Je travaillerai de mon mieux à l'école, pour devenir un homme instruit.

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18 .MORALE - C. M. L'ASSIDUITÉ 1. Lecture - L'école buissonnière. Après le déjeuner, comme nous retournions à l'école, Gilardin me dit : « Si on n'y allait pas ? »... Un admirable après-midi commença... Nous allions à travers les prés. Nous courions dans la liberté... Nous finîmes par nous arrêter derrière une haie... Ce fut alors que nous fîmes une grande découverte. Nous n'étions pas heureux comme nous aurions dû l'être... Il n'y avait pas .longtemps que nous avions entendu sonner deux heures... L'ennui nous prit. Il nous semblait avoir usé tout le plaisir que pouvait contenir notre corps. Gilardin me demanda : « Quelle leçon avions-nous aujourd'hui ? » Nous avions une leçon de géographie. Nous n'en eûmes pas plutôt parlé que j'eus envie de la réciter à Gilardin. Quand nous eumes récité celle-ci, nous en récitâmes d'autres. Nous passâmes de la géographie à l'histoire. C'est ce jour-là que j'appris, de la bouche de Gilardin, à quelles dates exactes avait commencé et fini la guerre de Cent Ans... Un même sentiment finit par nous faire quitter le lieu où nous étions. « Si nous retournions à l'école ? » Nous en prîmes le chemin. Nous n'osâmes pas entrer, mais, par bonheur, le derrière de l'école donnait sur un hangar. C'était l'été, les fenêtres étaient ouvertes. Quand nous fûmes auprès du mur, audessous d'elles, nous pouvions entendre tout ce qui se disait dans la classe. Nous restâmes là, cachés comme des lépreux auxquels est interdite l'entrée de la cité, mais nous ne perdîmes pas un des bruits du lieu dans lequel, à défaut de nos corps, résidaient nos âmes. Nous reconnaissions des voix qui nous étaient chères, et qui étaient celles d'amis dont nous étions séparés. « C'est Bonnet qu'on interroge », disions-nous. Que n'eussions-nous donné pour être à sa place ! A quatre heures, quand nos camarades sortirent de l'école, nous les vîmes défiler. Quelle belle journée ils avaient dû passer ! Et leur visage à tous, même celui des cancres, était éclairé par une lumière qui nous semblait celle de la science. Peut-être, pendant cet aprèsmidi, avaient-ils appris des choses que nous ignorerions toujours. Ils seraient avant nous, maintenant nous ne les rattraperions jamais. D'après Ch.-L. PHILIPPE - Contes du matin. Gallimard 2. Réflexions sur la lecture. 1. Qu'ont fait ces deux enfants au lieu d'aller en classe ? Ont-ils réfléchi à ce qu'ils faisaient ? Qu'est-ce que faire l'école buissonnière ? 2. Qu'ont-ils tout d'abord éprouvé ? Ne connaissez-vous pas une histoire qui débute un peu de la même manière ? (La chèvre de M. Seguin.) 3. Quelle grande découverte firent-ils ? (L'ennui...) 4. Que se passa-t-il alors ? (Ils récitèrent leurs leçons, revinrent près de l'école, écoutèrent ce qui s'y disait, regrettèrent de n'être pas à la place de Bonnet, etc.)

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5. Est-ce par crainte de la punition qu'ils ne sont pas rentrés en classe ? (Ils avaient honte.) 6. Qu'éprouvèrent les deux enfants? (Du remords.) Pourquoi? (Ils avaient trompé la confiance de leurs parents et de leur maître.) Finalement leur après-midi a-t-il été plus agréable que s'ils étaient allés en classe? 3. Réflexions sur la vie. 1. Que disent ceux qui veulent faire l'école buissonnière? (Besoin de liberté, on apprend beaucoup de choses dans les champs, etc.) 2. Est-ce que ce sont généralement les bons élèves qui font l'école buissonnière ? Pourquoi? (Les mauvais élèves s'ennuient en classe.) 3. Pourquoi ne faut-il pas faire l'école buissonnière? (C'est mal de tromper ses parents et son maître. On risque un accident.) Et surtout qu'éprouve-t-on ? 4. Est-il nécessaire de faire l'école buissonnière ? N'y a-t-il pas assez de jours de vacances ? 5. Comment appelle-t-on les enfants qui ne manquent pas la classe ? Et leur qualité ? l'assiduité. Pourquoi faut-il être assidu ? 4. Actions et problèmes. 1. Vous ne savez pas votre leçon. Dehors il fait très beau et vous êtes tenté d'aller dans les bois. Quelles idées vous viennent à l'esprit? 2. Un camarade veut vous entraîner au cinéma aux heures de classe. Que lui répondezvous ? 3. Votre oncle, qui va passer plusieurs jours à la maison, vous propose de l'accompagner un après-midi de classe. Que lui dites-vous ? 4. Vous avez un peu mal à la gorge. Maman veut vous garder à la maison. Mais une composition est prévue à l'école. Composez le dialogue. 5. Quels sont, à votre avis, les seuls motifs d'absence valables ? 5. Résolution. Je ne manquerai pas la classe sans raison grave. Je ne ferai pas l'école buissonnière, je serai assidu.

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19. MORALE - C. M. L'EXACTITUDE 1. Lecture - L'exactitude d'un maître. A défaut d'autre vertu, j'avais celle de l'exactitude. Si dormeur que j'aie toujours été, la crainte d'arriver en retard me servait de réveille-matin. Je me levais résolument et sans feu, n'ayant d'autre ressource, pour dégourdir mes doigts tout crevés d'engelures, que de souffler dessus... Là ne se bornait pas ma misère. Il faisait nuit noire quand je partais, une nuit souvent redoublée par le brouillard que les réverbères ne parvenaient pas à percer. Si la neige était tombée la veille et que le froid ait repris vers le matin, c'était pis encore. Les rues s'étaient changées en miroirs glissants. Je me souviens des difficultés que j'avais à remonter la pente raide de la rue Saint-Gilles. Un matin, n'y pouvant parvenir avec mes souliers tout constellés, à la semelle, de clous plats, selon la mode du temps, je fus obligé de les retirer et de faire toute la longueur de la rue à peu près pieds nus. Et néanmoins, j'étais exact... J'ai su depuis, de mes élèves, qui pourtant m'aimaient beaucoup, que mon exactitude les désolait : « C'était si dur, me disaient-ils, de quitter un bon lit bien chaud, pour descendre dans une salle d'étude glacée. » Ils espéraient toujours, dans ces matinées sibériennes, qu'on allait leur dire : « Dormez une heure de plus, M. Michelet n'est pas venu. » Ils ne se doutaient pas que cette petite fête de paresse qu'ils convoitaient pour eux, m'eût été aussi bien douce. D'après MICHELET - Ma Jeunesse. 1. Réflexions sur la lecture. 1. Qu'est-ce qui réveillait l'auteur ? (La crainte d'arriver en retard.) 2. Que supportait-il pour être exact ? (Le froid, la nuit, le verglas...) 3. Que lui arriva-t-il un matin ? 4. De quoi ses élèves étaient-ils désolés ? 5. N'aurait-il pas aimé lui-même rester au lit une heure de plus ? Pourquoi ne le faisaitil pas ? 3. Réflexions sur la vie. 1. Qu'est-ce qu'être exact? Quelle est la qualité des gens exacts? 2. Etes-vous arrivés en retard quelquefois ? Pour quelles raisons ? 3. Quelles raisons donnent les enfants qui arrivent en retard ? (Pas réveillés, pas déjeuné. Habitent loin. L'enfant inexact invente et cela se voit.) 4. Quelle est, la plupart du temps, la véritable raison ? (Le jeu, la flânerie en route.) Vous souvenez-vous de la fable « Le Lièvre et la Tortue » ? 5. Pourquoi ne faut-il pas arriver en retard à l'école ? (Perte de temps, désordre, dérangement de la classe, mensonge pour justifier le retard.) 6. Quelle punition infligeriez-vous aux retardataires ?

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7. N'y a-t-il que les écoliers qui doivent être exacts ? Dans quelles circonstances ne faut-il pas être en retard ? (Tram, autobus, usine.) Importance des heures fixes dans notre vie : réveil, repas, travail, spectacles, etc. 4. Actions et problèmes. 1. Vous aimez dormir ou rêvasser quelques minutes après le réveil. Que devez-vous faire pour n'être pas en retard ? 2. Demain matin vous devrez faire un détour pour aller voir votre camarade fatigué. Que devez-vous calculer ? Que ferez-vous ensuite ? 3. Un camarade vous a donné rendez-vous à 15 heures. Il arrive à 15 h 30 et n'a aucune excuse. Que lui dites-vous ? 4. Jean s'est levé juste à l'heure, mais le boulanger n'ayant pas apporté le pain, Jean a dû aller le chercher et il est arrivé à l'école avec 15 minutes de retard. Le règlement prévoit que les retardataires seront punis. Pensez-vous que Jean doit entrer ? Non ? Pourquoi ? Il sera puni et n'est pas coupable. (Sa maman aurait dû lui donner un mot d'excuses.) Oui ? Pourquoi ? S'il explique la situation au maître, celui-ci sera indulgent. (S'il n'entrait pas il perdrait toute la classe.) Concluons : II doit rentrer. 5. « Je voudrais aller voir le magasin de jouets », vous dit votre petite sœur. Mais dans cinq minutes on va sonner la rentrée. Que lui dites-vous ? 5. Résolution. L'exactitude est la qualité de l'écolier qui arrive en classe quelques minutes avant l'heure. Je me réveillerai assez tôt, je ne flânerai pas en route, je serai exact.

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20. MORALE - C. M. L'ÉCOLIER TRAVAILLEUR 1. Lecture - L'écolier courageux. En passant devant la boutique, je m'entendis appeler ; c'était Coretti, mon camarade de classe. Il était tout en sueur et portait sur son épaule une charge de bois. « Que fais-tu, Coretti ? lui demandai-je. — Tu le vois, je travaille, et en même temps je repasse ma leçon. » Je me mis à rire. Mais Coretti parlait sérieusement, et en prenant le bois, il commença à murmurer en courant vers la boutique : « L'adjectif s'accorde en genre et en nombre... » et jetant le bois tout en l'amoncelant : « ... avec le nom qu'il qualifie. » II répétait ainsi sa leçon de grammaire. « J'ai eu beaucoup de tracas aujourd'hui, reprit Coretti ; je fais mes devoirs par bribes et par morceaux. Ce matin j'ai fait deux courses jusqu'au marché au bois... » Tout en parlant, il donnait un coup de balai pour enlever les feuilles sèches qui couvraient le plancher. Dans un coin, sur une table, étaient posés les livres et les devoirs commencés... Une charrette pleine de sacs noirs s'arrêta devant la boutique, Coretti courut prendre le premier sac sur son dos, recommença à trotter de la boutique à la charrette et de la charrette à la boutique... Coretti, tu es plus heureux que moi ; tu étudies et tu travailles tout à la fois ; tu es plus utile à ton père et à ta mère, tu es plus courageux que moi... D'après E. DE AMICIS - Grands Cœurs. Delagrave 2. Réflexions sur la lecture. 1. Quels sont les deux travaux qu'accomplit Coretti ? Exigent-ils tous deux les mêmes efforts ? 2. Qu'appelle-t-on travail manuel et travail intellectuel ? 3. Coretti a-t-il raison de mener de front ces deux travaux ? Que dit-il lui-même de la manière dont il fait ses devoirs ? Par bribes et par morceaux. 4. Pensez-vous que tout le monde pourrait f aire comme lui ? Quelles sont ses qualités? (Il est bon élève et courageux.) 5. Pourquoi l'auteur dit-il : « Coretti, tu es plus heureux que moi » ? 3. Réflexions sur la vie. 1. Beaucoup d'entre vous aident souvent leur maman. Quand ? Comment ? 2. Vous est-il arrivé de réviser vos leçons en même temps que vous aidiez votre maman? Si vous ne les avez pas sues au moment de les réciter, qu'avez-vous dit au maître ? 3. Faut-il faire deux travaux à la fois? (On risque de n'en bien faire aucun, mais certains travaux manuels n'empêchent pas de penser ou de réciter.) 4. Même si vous devez aider votre maman n'avez-vous pas, en dehors de ce travail, le temps de reviser vos leçons ? (Il est conseillé de séparer le temps du jeu, de celui du travail ou de l'aide.)

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4. Actions et problèmes. 1. Que puis-je faire pour aider mon papa, ou ma maman sans négliger mes leçons ? (Mettre le couvert, faire les commissions, garder mes plus jeunes frères.) 2. « Va faire les commissions chez l'épicier », vous dit maman. « Oh ! j'avais ma récitation à étudier », répondez-vous. N'est-il pas possible de mener à bien les deux choses ? Comment ? 3. « Tu ne sais pas ta table », a dit la maîtresse à votre petit frère. « Madame, c'est parce que j'ai gardé ma petite sœur. » Que direz-vous à votre petit frère ? 4. « Etudie tes leçons », avez-vous dit à votre petite sœur. « J'ai bien le temps, je vais jouer... » — « Mets le couvert », lui a dit maman. « Oh ! je n'aurai pas le temps d'étudier », répond-elle. Que lui direz-vous ? 5. Résolution. Je ferai avec courage mon travail d'écolier même si je dois aider mes parents.

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21. MORALE - C. M. L'ÉCOLIER LABORIEUX 1. Lecture - Le jeune Drouot. Le petit Drouot alla en classe dès son plus jeune âge... Son père était boulanger. Rentré de l'école, il lui fallait porter le pain chez les clients, se tenir dans le magasin avec tous les siens et subir, dans ses oreilles et son esprit, les inconvénients d'une perpétuelle distraction. Le soir, on éteignait la lumière de bonne heure, par économie, et le pauvre écolier devenait ce qu'il pouvait, heureux lorsque la lune favorisait par un éclat plus vif la prolongation de sa veillée. Dès les deux heures du matin, quelquefois plus tôt, il était debout : c'était le temps où le travail à la boutique recommençait à la lueur d'une seule mauvaise lampe. Il reprenait aussi le sien, mais la lampe, éteinte avant le jour, ne tardait point de lui manquer de nouveau : alors il s'approchait du four ouvert et enflammé et continuait à ce rude soleil l'étude de ses leçons. Durant l'été de 1793, de nombreux jeunes gens se pressaient, à Châlons-sur-Marne, dans une des salles de l'école d'artillerie pour subir un examen difficile en vue de devenir officier. On voit alors entrer un paysan, l'air simple et naïf, de gros souliers aux pieds et un bâton à la main. Un rire universel accueille le nouveau venu. L'examinateur, le savant Laplace, lui fait remarquer qu'il s'est certainement égaré. Mais non, le jeune Drouot vient aussi pour l'examen. Dès les premières questions il répond avec clarté et précision... Il est reçu le premier. Laplace l'embrasse. L'école se lève tout entière et accompagne en triomphe dans la ville le fils du boulanger de Nancy, qui deviendra un des meilleurs généraux de Napoléon. D'après LACORDAIRE - Eloge du général Drouot. 2. Réflexions sur là lecture. 1. Que faisait Drouot lorsqu'il rentrait de l'école ? Où travaillait-il ? 2. Pourquoi n'avait-il pas de lumière chez lui ? (Ses parents n'étaient pas riches.) 3. Quand travaillait-il ? A quoi s'éclairait-il ? 4. Comment fut-il récompensé à son examen ? 5. Quelle était la grande qualité de l'écolier Drouot ? Pourquoi étudiait-il avec acharnement ? 3. Réflexions sur la vie. 1. Est-il arrivé à certains d'entre vous de travailler dans des conditions qui rappellent, de loin, celles de Drouot ? (petits appartements, coins de magasin.) 2. Etudiez-vous beaucoup à la maison aujourd'hui ? 3. Que disent ceux qui n'ont pas le courage de travailler à l'école ? On peut être bon élève et échouer aux examens. Même si l'on réussit on n'est pas certain d'être plus riche ou plus heureux.

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4. Pourquoi faut-il travailler à l'école ? (Les gens instruits ont une meilleure place dans la société. S'ils ne sont pas toujours plus riches, du moins ils comprennent mieux ce qui se passe autour d'eux, ils méritent davantage le nom d' « homme ».) 4. Actions et problèmes. !.. Avez-vous une idée de ce que vous voudrez devenir plus tard ? Que faire dès maintenant? (Y penser et s'y préparer.) 2. « Je veux être épicier comme mon père, dit Jean. A quoi me servira la règle d'accord du participe passé ? » (Vous lui répondez.) 3. « Je veux être couturière, dit Louise. A quoi bon apprendre la géographie ? » (Que lui dites-vous ?) 4. «Ce n'est pas la peine que je me fatigue, je serai toujours dans les derniers », dit André. (Que pourriez-vous lui dire ? Ce n'est pas le classement qui compte, mais l'amélioration des moyennes.) 5. Résolution. Je n'oublierai pas l'exemple de Drouot. Je travaillerai de toutes mes forces à l'école pour devenir un homme meilleur.

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22. MORALE - C. M. L'ÉCOLIER HONNÊTE 1. Lecture - Copier c'est tricher. ... La fin de mon devoir me manquait brusquement. Cette composition si bien préparée, je ne pourrais pas la finir ! Il faudrait me résigner à remettre une copie non terminée. Adieu le prix ! Tout mon travail était perdu, et cela pour quelques lignes. Je me pris le front à deux mains, et je regardai avec désespoir ma solution de problème inachevée. « Lève ton coude », me souffla mon voisin. Et aussitôt je vis un papier blanc qui passait lentement sous mon coude et s'étalait devant mes yeux. Je levai tout doucement un coin du papier. Sur ce feuillet se trouvait la solution de notre problème. Il m'avait suffi d'une simple lecture pour comprendre la partie du devoir qui m'avait arrêté tout à l'heure. Je rendis la feuille à mon voisin. « Tu n'en veux pas ? — Non, je n'en veux pas. — Tu sais donc faire ta composition ? — Oui. — Tu mens ! » me dit nettement une voix intérieure, qui changea tout à coup ma joie triomphante en un amer chagrin. Oui, je l'avoue, j'avais conçu une joie immense à la vue de ce feuillet que je n'avais point demandé, qui était venu pour ainsi dire me trouver, et qui, en quelques lignes, me donnait la solution du problème où je me trouvais perdu. Comme il y a toujours deux voix en nous, la mauvaise, celle de l'intérêt, ne tarda pas à me représenter que mon travail avait été sérieux et sincère, et méritait récompense. Cette voix, qui est habile et éloquente, me représenta la joie dont j'allais priver mon grand-père, à qui jusque-là j'avais donné si peu de satisfaction. Mais, en pensant à mon grand-père, je me demandai ce qu'il aurait fait à ma place, à l'époque où il composait avec ses camarades. « Il n'aurait pas copié, parce que copier, c'est tricher, c'est voler une récompense, c'est manquer "à l'honneur, me dit une autre voix. — Bah ! pour quelques lignes ! — Quelques lignes ou beaucoup de lignes, cela ne fait pas de différence quant à l'acte lui-même. » Je résolus aussitôt de laisser ma copie inachevée. J'essayai alors de me représenter ce que dirait mon grand-père quand je lui raconterais ce qui s'était passé. Le connaissant comme je le connaissais, cela ne me fut pas bien difficile. Il aimerait mieux me voir perdre un prix par scrupule de délicatesse que de m'en voir gagner dix par un procédé déloyal. C'était si simple, si vrai et si naturel, que je fus tout surpris d'avoir hésité un instant. D'après J. GIRARDIN - Grand-père. Hachette 2. Réflexions sur la lecture. 1. L'auteur n'avait-il pas préparé sa composition ? Que lui est-il arrivé brusquement ?

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2. Que lui a offert un camarade? Lui a-t-il fallu longtemps pour comprendre ? Que faitil alors ? 3. Quelle est cette voix intérieure dont il parle ? 4. Qu'avait-il éprouvé d'abord ? Pourquoi ? 5. Que lui dit la voix de l'intérêt ? (Il a bien travaillé, il mérite une récompense et procurera une joie à son grand-père.) 6. Que lui dit l'autre voix ? (Copier c'est tricher.) 7. Cet enfant aurait-il eu raison de retenir ce qu'il avait vu sur la feuille ? Oui ? Pourquoi ? (Il a travaillé sérieusement. C'est un bon élève. Tout à coup il ne se souvient plus. Il n'a pas de chance. C'est injuste. Il n'a rien demandé. Après la malchance, la chance. S'il la laissait passer il priverait son grand-père d'une grande joie.) Non ? Pourquoi ? (Cette solution ne vient pas de lui mais du livre. Ce ne serait pas honnête, ce serait un vol. Le grand-père ne serait pas content d'un succès ainsi obtenu.) Concluons : L'enfant a eu raison de ne pas copier. 3. Réflexions sur la vie. 1. Vous est-il arrivé en interrogation d'oublier brusquement quelque chose que vous saviez ? Qu'avez-vous fait ? 2. Ne voit-on pas des élèves qui regardent sur leurs camarades, parfois sur le livre, qui se font « souffler » ? Est-ce parce qu'ils ont eu un brusque oubli ? ou parce qu'ils sont paresseux et cependant envieux ? 3. Qu'est-ce qui, mieux que la surveillance du maître, peut empêcher de copier ? (L'honnêteté de chacun.) 4. Actions et problèmes. 1. « Je ne savais pas faire mon problème, vous dit votre petit frère, mais j'ai jeté un coup d'œil, un seul, sur le cahier de René et j'ai compris tout de suite. » Que lui dites-vous ? 2. « J'ai tout d'un coup oublié la date de la prise de la Bastille, raconte Françoise. Heureusement Monique me l'a soufflée. » Que lui dites-vous? 3. En dictée vous ne savez plus faire accorder ce verbe. Le cahier de votre voisin est bien proche. Que pourriez-vous faire ? Que ferez-vous ? 4. Vous voyez copier votre voisin. Il sera mieux classé que vous. Allez-vous l'imiter, le dénoncer, le lui reprocher ? 5. Résolution. Il vaut mieux perdre un bon classement par honnêteté que le gagner en copiant. Copier c'est tricher, c'est voler.

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23. MORALE - C. M. LE BON CAMARADE 1. Lecture - Un bon camarade. (En raison de sa complication relative, il pourra être utile de lire ce texte deux fois avant de l'exploiter.) Ils sont quatre, Albert, Léon, Lucien et Gustave, qui font une partie de balle. Tout à coup Albert lance la balle dans la direction de l'école : Clac ! Un carreau de fenêtre se brise en mille morceaux. « Je te l'avais bien prédit, déclare Léon, et M. Denis nous avait assez défendu de lancer la balle du côté de la classe. — Encore, dit Albert, si M. Denis pouvait ne pas savoir que c'est moi qui ai lancé la balle ! mais c'est justement la mienne, et mon nom est écrit dessus ! Après tout, ce peut bien être un autre qui se sera servi de ma balle. Vous ne lui direz rien, n'est-ce pas ? — Oh ! si ! répond Léon. On t'avait prévenu. Il ne fallait pas être maladroit. — Eh bien ! moi, dit Lucien, M. Denis aura beau me demander si c'est toi qui as cassé le carreau, je répondrai : Connais pas. — Si M. Denis me questionne, dit à son tour Gustave, cela m'ennuiera, parce que, bien sûr, tu seras puni. Mais il est certain que c'est toi qui as cassé le carreau ; il est certain aussi que M. Denis t'avait prévenu aussi bien que les autres. Tout ce que nous pourrions faire, ce serait de nous cotiser, pour t'aider à payer le carreau, puisque c'est en jouant tous les quatre que le carreau a été cassé... puis si tu es puni, eh bien ! tu feras ta punition, et ensuite tu auras le cœur libre. » Albert réfléchit un moment, puis s'adressant à Gustave : « Eh bien ! dit-il, c'est toi qui as raison. Toi, ajouta-t-il en se tournant vers Lucien, tu m'en as promis plus que je n'aurais dû t'en demander. » Et enfin, regardant Léon entre les deux yeux : « Quant à toi, tu n'auras pas la peine de me dénoncer, parce que je me dénoncerai moi-même. » D'après J. GIRARDIN - Récits et menus propos. Hachette 2. Réflexions sur la lecture. 1. Qui jouait dans la cour et qui a cassé un carreau ? (Albert.) 2. Que demande-t-il à ses camarades ? 3. Sont-ils du même avis ? Qui veut le dénoncer ? (Léon.) Comment appelle-t-on celui qui dénonce ses camarades sans que le maître le lui demande? 4. Que dit Lucien ? Ne semble-t-il pas être le meilleur camarade ? 5. Que répondra Gustave si le maître le questionne ? Le fera-t-il avec joie? 6. Que propose Gustave pour atténuer la peine de son camarade ? (De se cotiser. « Quand tu auras fait ta punition tu auras le cœur libre. ») 7. Que dit Albert après réflexion ? Quel est à ses yeux le meilleur camarade ? Est-ce aussi votre avis ?

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3. Réflexions sur la vie. 1. Quel est le meilleur camarade ? Celui qui est toujours de notre avis, qui est toujours prêt à nous défendre ? ou celui qui se conduit honnêtement, courageusement, même si son attitude ne nous est pas toujours agréable ? 2. Que nous apporte le premier ? (Parfois une joie passagère, mais souvent il nous entraîne dans de mauvaises actions.) Que nous apporte le second ? (Parfois de légères peines, mais il nous aide à devenir meilleurs.) 3. Autre problème inoral. Faut-il ou non se dénoncer quand on a fait une sottise ? Non ? Pourquoi ? (Une sottise n'est pas très grave. Une punition est toujours désagréable.) Oui ? Pourquoi ? (Faute avouée est à moitié pardonnée. Lorsque la punition sera faite on aura le cœur léger.) Concluons : II faut donc se dénoncer. 4. Actions et problèmes. 1. Vous cassez un carreau Parmi les camarades, Henri vous dit : « Personne ne le saura » et Françoise : « Dénonce-toi. » (Lequel suivez-vous ?) 2. Vous cassez un carreau mais, cette fois, vous êtes seul et personne ne vous a vu. (Que faites-vous ?) 3. Yvonne a fait une grosse tache sur la table. « Je vais la cacher », dit-elle. (Que lui conseillez-vous ?) 4. Paul a copié. « Donne-moi des billes ou je le dirai au maître », dit Jean. (Que ditesvous à chacun d'eux ?) 5. Résolution. Le meilleur camarade n'est pas celui qui est toujours de notre avis mais celui qui, par ses conseils, nous aide à devenir honnêtes. Si je suis coupable, le bon camarade me demandera de me dénoncer.

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24. MORALE - C. M. CAMARADES RICHES ET PAUVRES 1. Lecture - Le comte et le charbonnier. Carlo Nobis est fier parce que son père est noble et riche. Hier matin, Nobis s'était querellé avec Betti — un des plus petits, le fils du charbonnier — et ne sachant que lui dire, parce qu'il se sentait dans son tort, il s'écria : « Ton père n'est qu'un gueux. » Betti rougit jusqu'aux cheveux, ne répondit rien ; mais ses yeux se remplirent de larmes. En allant déjeuner chez lui, il répéta à son père ce qu'avait dit Nobis. Aussi après le repas, voilà le père de Betti, un petit homme tout noir, qui vient se plaindre à l'instituteur. Pendant qu'il exposait sa plainte, le père de Nobis, qui aidait comnte d'habitude son fils à enlever son pardessus à la porte, entendit le charbonnier prononcer son nom. Il entra pour savoir ce dont il s'agissait. « C'est ce pauvre homme, répondit le maître, qui vient se plaindre parce que votre Carlo a dit à son enfant : « Ton père n'est qu'un gueux ! » M. Nobis fronça le sourcil et rougit un peu. « Est-il vrai que tu as dit cela ? » demande-t-il à Carlo. Celui-ci, debout au milieu de la classe, le front baissé devant le petit Betti, ne répondit pas. Son père le prit par le bras et le poussa tout contre Betti. « Demande-lui pardon », dit-il. Le charbonnier voulut s'interposer en disant : « Non, non. » Mais le gentilhomme n'en tint pas compte. Il répéta à Carlo : « Demande-lui pardon. Répète mes paroles : « Je te demande pardon, « Betti, du mot injurieux que j'ai prononcé contre ton père, auquel le mien est « fier de serrer la main. » Le charbonnier fit un geste de vive opposition, mais M. Nobis ne s'y arrêta pas, et son fils dut s'exécuter en disant à voix basse, sans oser lever les yeux de terre : « Je te demande pardon, Betti..., du mot injurieux... que j'ai prononcé... contre ton père... auquel le mien est fier... de serrer... la main. » M. Nobis tendit alors sa main au charbonnier qui la lui serra avec force, et poussa ensuite son fils dans les bras de Carlo Nobis. « Faites-moi la faveur de les mettre l'un à côté de l'autre », dit le comte en s'adressant à l'instituteur. M. Perboni mit Betti sur le banc de Carlo. Quand ils furent placés, M. Nobis salua et sortit. Le charbonnier resta quelques moments indécis, contempla les deux enfants réunis, puis s'approcha du banc, regarda Nobis avec une expression de sympathie et de regret. Sans rien dire, il allongea la main pour le caresser ; mais, n'osant le faire, il lui effleura seulement le front de ses gros doigts, et disparut. « Souvenez-vous, mes enfants, de ce dont vous avez été témoins aujourd'hui, nous dit l'instituteur ; c'est la plus belle leçon de l'année. » D'après E. DE AMICIS - Grands Cœurs. Delagrave 2. Réflexions sur la lecture. 1. Pourquoi Carlo avait-il lancé cette injure à Betti ? Etait-ce grave ? Que peut-on reprocher à Carlo ? (Orgueil, méchanceté.) 2. Qu'a fait M. Nobis ? Comment jugez-vous la punition de Carlo ? 3. Comment se comporte le charbonnier ? Etait-il venu pour demander une réparation aussi complète ? Qu'est-ce qui l'étonné ? 4. Pourquoi M. Nobis veut-il mettre les enfants l'un près de l'autre ? Pour humilier son fils? (Non, pour bien montrer que la fortune ne doit pas les séparer.)

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5. Qu'a montré M. Nobis? (Qu'il était un homme de cœur estimant le charbonnier comme son semblable.) 6. Pourquoi le maître dit-il que c'est la plus belle leçon de l'année ? Leçon de quoi ? Que vous enseigne-t-elle ? (Qu'un homme en vaut un autre, que chacun doit respecter les autres, être juste envers eux.) 7. Où est la véritable grandeur de M. Nobis ? Dans sa fortune ? (Non, dans la leçon qu'il a donnée à son fils.) 3. Réflexions sur la vie. 1. Vous est-il arrivé, au cours d'une querelle, de reprocher à un camarade la profession de son père, sa fortune, une infirmité ? Comprenez-vous à quel point ces reproches sont méchants ? 2. Peut-on avoir raison de dire des injures à un camarade ? Oui ? Pourquoi ? (S'il nous en dit lui-même. C'est peut-être le seul moyen de gagner la discussion.) Non ? Pourquoi ? (Les injures ne règlent rien. Elles sont dégradantes.) Concluons : « Eviter de s'injurier. » 3. Des enfants peuvent-ils avoir raison de faire intervenir la fortune de leurs parents dans la discussion ? Oui ? Pourquoi ? (On admire, à tort, les riches plus que les pauvres.) Non ? Pourquoi ? (La fortune peut changer. Elle n'est pas une supériorité de l'homme. Ce sont l'intelligence, la volonté, la bonté qui font notre valeur.) Concluons : « Ne faisons pas intervenir la situation de nos parents dans les discussions. » 4. Actions et problèmes. 1. André et moi, nous nous disputons. Il me dit des injures, Si j'en fais autant, où cela s'arrêtera-t-il ? 2. « Ton père n'est qu'un ouvrier », dit Jean à Louis, « Après tout, tu es presque Espagnole », dit Simone à Françoise. Qu'en pensez-vous ? 3. « Tout ce que tu peux me dire m'est bien égal, mon père est riche », dit Annie. Est-ce que cela lui donne une supériorité sur ses camarades ? 4. Henriette pleure dans un coin. « Je ne peux pas me défendre, ses parents sont riches et les miens sont pauvres. » Que dites-vous à Henriette ? 5. Résolution. Je ne dirai pas d'injures à mes camarades. La fortune des parents ne donne pas de véritable supériorité aux enfants ; ceux-ci ne vaudront que par leur intelligence, leur volonté, leur bonté.

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25. MORALE - C. M. LES BONS CAMARADES 1. Lecture - Le petit pupitre. Hilbruner n'est pas le meilleur élève mais il travaille beaucoup — et n'est pas heureux dans sa famille. A la fin du mois, on doit distribuer des récompenses que les élèves choisiront dans l'ordre de leur classement. Hilbruner voudrait un petit pupitre... mais deux enfants sont mieux classés que lui... « Qu'est-ce que tu voudrais avoir ? » lui demandai-je, bien que la réponse me fût connue d'avance. Il bégaya tout bas : « Oh ! bien sûr, le... le petit pupitre, mais je sais bien qu'il n'est pas pour moi, et je serai rudement content d'avoir le jeu de loto, ou le jeu de dames, ou même le sous-main. » Meunier était le premier de la classe, mais cela ne l'empêchait pas de jouer avec tous et de se montrer en toute occasion le meilleur des camarades. « Ecoutez, nous dit-il, je sais qu'Hilbruner a une adoration pour le petit pupitre. Il faut qu'il l'ait ! Moi, je le lui laisse... Vous devriez demander à Dumesnil de ne pas le prendre... Naturellement, il faut que nous jurions le secret. » Tout le monde jura... Nous arrachâmes Dumesnil à une partie : « Mon vieux, Hilbruner serait fou de joie s'il avait le petit pupitre. Il croit qu'il ne l'aura pas. Ce serait une épatante surprise à lui faire, ça le consolerait de ses malheurs... Est-ce que tu ne voudrais pas ?... » Tout de suite, Dumesnil se montre rébarbatif et grognon. « Eh bien ! non ! moi aussi, j'en ai envie du petit pupitre... — ... Dans ta boutique, tu as tout ce que tu veux ! — Vous croyez ça ? Ce qu'il y a chez nous, c'est pour le vendre, ce n'est pas pour me le donner. Et d'abord il n'y a pas de petits pupitres. — Meunier, lui, le laisse à Hilbruner, le petit pupitre... — Il le laisse parce qu'il n'en veut pas, tiens ! Il en a déjà un ! C'est même pour cela que je suis sûr de l'avoir. — Ecoute, Dumesnil, conclut avec fermeté Kernéis, réfléchis ! Si tu prends le petit pupitre, tu seras mal vu de toute la classe. Si tu le laisses à Hilbruner, tu seras nommé roi des chic types... » (Qu'auriez-vous fait à la place de Dumesnil ?) Pendant la récréation de l'après-midi, la réponse nous arriva par l'intermédiaire de Schmidt, le voisin et l'ami de Dumesnil : « II laissera le petit pupitre à Hilbruner... Mais il m'a dit qu'il ne vous le dirait pas... Et vous auriez tort de croire que, s'il le fait, c'est parce que vous le lui avez demandé. » D'après Charles VILDRAC. D'après l'écho. Albin Michel 2. Réflexions sur la lecture. 1. Que décide Meunier ? En quoi est-il bon camarade ? (Pense à faire plaisir. Le fait discrètement.) 2. Quelle est la réponse de Dumesnil ?

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3. Problème moral. Dumesnil est1!! mauvais camarade ? Oui ? Pourquoi ? (Il a tout ce qu'il veut et il ne veut pas faire plaisir à Hilbruner qui n'est pas heureux dans sa famille.) Non ? Pourquoi ? (Il a aussi envie du petit pupitre qu'il mérite par son travail.) Concluons : « Dumesnil n'est pas généreux. » 4. Comment Kernéis règle-t-il la situation ? Quel problème moral pose-t-il à Dumesnil? — Prendre le pupitre et être mal vu de tous. — Laisser le pupitre et être le roi des chics types. Qu'auriez-vous fait à la place de Dumesnil ? 5. Dumesnil laissera le pupitre, mais fait-il cela gentiment ? Le fait-il parce qu'on le lui a demandé ? Il dit que non pour laisser croire qu'il est un bon camarade, mais peut-être a-t-il eu peur d'être mal vu ? 6. Si vous aviez été à sa place, auriez-vous fait les mêmes réponses ? Qu'auriez-vous pu faire ? 3. Réflexions sur la vie. 1. Dans cette école tous, sauf un, étaient gentils. En est-il toujours ainsi ? Qui taquinet-on souvent ? 2. Quand un de nos camarades est moins heureux que nous, que devons-nous faire ? (S'efforcer de lui faire plaisir, de lui rendre service.) 3. Que disent ceux qui ne veulent pas être bons camarades ? 4. Pourquoi faut-il se dévouer pour les autres ? (Pour rendre plus agréable la vie de tous. Parce que nous aurons aussi besoin des autres.) 5. Quel est votre meilleur(e) camarade ? Comment se marque votre camaraderie ? Quels services vous rendez-vous ? 6. Quelles sont les qualités des bons camarades ? 4. Actions et problèmes. 1. Que puis-je attendre d'un camarade ? Que puis-je lui donner ? (Outils, jouets, présence.) 2. Les parents de Paulette ne peuvent lui acheter la boîte d'aquarelle semblable à celle que j'ai. Qu'est-ce que je ferai ? 3. Je n'aime pas Louise et je n'ai pas voulu lui prêter mon ballon. Plusieurs camarades insistent auprès de moi. Que dois-je faire ? 4. Mon papa accepte d'emmener dans sa voiture plusieurs camarades à la plage. Les autres demandent que Pierre, que je n'aime pas, soit du voyage. Que faire ? 5. Résolution. J'aimerai et j'aiderai mes camarades. S'ils me demandent un petit sacrifice pour une bonne action, je me dévouerai.

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26. MORALE - C. M. LES BONNES CAMARADES 1. Lecture - Le tablier de Marie. Marie est une enfant malheureuse. Un jour, elle vient à l'école avec un tablier trop petit et dont elle a honte. Aline et plusieurs de ses camarades décident de lui acheter un beau tablier. Pour le lui faire accepter, elles organisent une loterie et s'arrangent pour que Marie gagne le tablier neuf. « Le numéro 19 ! — 19 ?... C'est le mien ! » balbutie Marie, si troublée qu'elle ne pense pas à bouger de son coin. Je lui tends le paquet : « Ouvre-le, ouvre-le ! » Elle l'ouvre. Ah! je n'oublierai jamais son visage : il est devenu clair tout d'un coup, et ses lèvres tremblaient tant qu'on ne savait pas si c'était de joie ou de peine. Après avoir longuement contemplé le tablier, Marie s'est mise à le caresser d'un doigt timide, comme pour s'assurer qu'il était bien vrai. « Ça te fait plaisir ? » lui a demandé Violette. Elle a voulu répondre, mais on voyait qu'elle n'osait pas parler de peur de pleurer, et elle a fait seulement « oui » avec sa tête. « Hein, s'est écriée Tiennette, tu peux le jeter maintenant, ton vilain tablier jaune !... Aline a eu une bonne idée, de... — Tiennette ! » ai-je crié. Mais c'était trop tard, Marie avait compris ; sa main s'est crispée sur le tablier, elle a' baissé les yeux. Qu'allait-elle faire ? Nous l'observions toutes, en silence, et puis, soudain, au moment où je croyais qu'elle allait se sauver, elle a relevé doucement la tête et m'a souri d'un air tranquille, comme si elle n'avait rien deviné. « Vive Marie ! » avons-nous crié. Et nous l'avons aidée joyeusement à retirer le tablier jaune pour mettre le beau neuf, tout brillant. « Que tu es belle ! » disions-nous ; et Jacqueline lui prêtait sa glace de poche pour qu'elle s'admire, et Violette attachait les boutons ! Marie se laissait faire, sérieuse, un peu raidie, avec un petit sourke heureux qu'elle s'efforçait en vain de retenu:. Seulement, quand la récréation a été finie, et que nous avons dû rentrer en classe, elle a trottiné derrière moi et m'a retenue par la manche : « Aline, j'ai compris, tu sais... et tu as fait ça exprès... vraiment... pour me faire plaisir, à moi ? — Oui, pour te faire plaisir, à toi ! — Ah!... » Et elle a ajouté, très bas, très vite : « Est-ce que c'est donc... que tu voudrais bien... être un petit peu mon amie ? — Oh ! Marie, ai-je dit, mais oui, je le veux ! » Nous nous sommes regardées un moment, sans rien nous dire, et puis, nous sommes parties, la main dans la main. Colette VIVIER - La Maison des Petits-Bonheurs. Bourrelier

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2. Réflexions sur la lecture. 1. Qu'ont décidé les camarades de Marie ? Que font-elles pour qu'elle l'accepte ? 2. Comment Marie manifeste-t-elle son bonheur ? 3. Qu'a dit Tiennette ? L'a-t-elle fait exprès ? Qu'aurait-elle dû faire ? 4. Que pouvait faire Marie quand elle a découvert que ce n'est pas la chance mais la bonté de ses camarades qui lui a valu ce tablier ? Qu'auriez-vous fait à sa place ? 5. Comment s'est-elle comportée ? Et comment ont réagi ses compagnes ? 6. Que s'est-il passé à la récréation ? Comment Marie et Aline sont-elles devenues amies ? 7. Pourquoi Marie demande-t-elle à Aline : « Tu as fait ça exprès ? » (Elle est malheureuse et n'a pas l'habitude qu'on lui fasse plaisir.) 3. Réflexions sur la vie. 1. Problème moral. Lorsqu'on vient en aide à une camarade, doit-elle le savoir ? Oui ? Pourquoi ? (Elle pourrait ne pas s'en apercevoir. Il est préférable qu'elle se sache aimée, aidée. Elle pourra à son tour témoigner de bons sentiments à ses compagnes.) Non ? Pourquoi ? (Elle pourrait être blessée. Elle n'accepterait pas une aumône.) Concluons : « II faut l'aider discrètement. » 2. Que signifie le proverbe : « La façon de donner vaut mieux que ce qu'on donne » ? 3. Quelles sont les qualités des bons camarades ? (Serviables, bons, justes, ni jaloux, ni tricheurs.) A quoi faut-il faire attention cependant ? (Solidarité dans le mal, enfants querelleurs, chapardeurs, etc.) 4. Quelle différence y a-t-il entre des camarades et des amis ? (Les amis sont tout l'un pour l'autre : on ne peut donc avoir qu'un petit nombre d'amis, tandis qu'on peut avoir beaucoup de camarades. Dans les deux cas, on pense aux autres autant qu'à soi.) 4. Actions et problèmes. 1. Vous voudriez offrir une poupée à Simone dont les parents ne sont pas riches. Comment ferez-vous pour ne pas la froisser ? 2. Louis ne va jamais au cinéma ou au cirque parce qu'il n'a pas d'argent. Comment ferez-vous pour l'y emmener sans qu'il ait honte ? 3. Les parents de Paul ont donné des vêtements encore bons à ceux de Louis. Paul reconnaît ces vêtements. Que doit-il faire ? 4. Avez-vous déjà rendu service à des camarades ? Dans quelles circonstances ? 5. On a volé le cartable de Michèle et tous ses livres. Que ferez-vous ? 5. Résolution. La façon de donner vaut mieux que ce qu'on donne. Lorsque je viendrai en aide à un camarade, je le ferai discrètement sans le lui faire remarquer.

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27. MORALE - C. M. LES TAQUINS 1. Lecture - Que va dire sa maman? (Le petit garçon qui raconte cette histoire est, d'habitude, un gentil camarade.) ... Un jour, j'agis en bourreau envers un camarade d'école affligé de deux malheurs : une douceur de petite fille et il s'appelait Xéron. On ne lui pardonnait pas ces deux infirmités. Chacun de nous qui ne lui avait pas donné au moins une gifle se croyait déshonoré. Il ne les rendait jamais et ne pleurait même pas. Me promenant un jour avec mon petit frère, nous rencontrâmes Xéron de retour du marché. Il tenait, passée à son bras gauche, l'anse d'un panier plein, et de la main droite portait par la queue un gros chou qui lui embarrassait les souliers. Je dis à mon petit frère : « C'est Xéron. » Je lui barrai le trottoir à lui, à son panier et à son chou, et je criai toujours plus fort ce prénom pour exciter mon cadet que cela n'amusait pas. J'envoyai un grand coup de pied dans le chou de Xéron qui en perdit deux feuilles. L'enfant recula, silencieux, n'osant venir vers moi pour forcer le passage et ne pouvant courir, tant chargé. Mon petit frère me demanda : « Qu'est-ce qu'elle va dire, sa maman ? » Me quittant la main, il ramassa les deux feuilles de verdure, se haussa pour les mettre dans le panier. Je caressai le chou de Xéron, comme on fait d'une pauvre bête. Je lui dis : « II n'est pas abîmé ? — Non, » dit le martyr. Je lui proposai de porter son panier. Il me le donna. Quand nous arrivâmes devant la maison, mon petit frère, qui avait fini par apprendre le nom, lui dit : « Au revoir, Xéron. » Xéron pleurait. Les premières larmes que je lui voyais. L'habitude des gentillesses lui manquait. Tant d'égards le changeaient beaucoup. Pendant notre retour chez nous, mon petit frère me demanda : « Quand est-ce qu'on ira encore le voir, Xéron?... » Xéron ne s'y fiait pas. Un si beau changement lui paraissait impossible. Le lendemain, cet enfant aux doux yeux n'osait m'approcher à l'école. J'allai vers lui. Il y eut deux amis de plus dans le monde. D'après Pierre HAMP - Mes Métiers. Gallimard 2. Réflexions sur la lecture. 1. Qu'est-ce que ses camarades reprochaient à Xéron ? Comment celui-ci se comportait-il quand on le battait ? 2. Qu'a fait l'auteur à Xéron ? Pourquoi ? Qu'en pensez-vous ? 3. Quelle question posa le petit frère ? Que fit l'auteur ? Et Xéron un peu plus tard ? Pourquoi ? 4. Qu'arriva-t-il le lendemain ?

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5. Quels sont les défauts de l'auteur et de ses camarades ? (Taquins d'abord, ils deviennent vite méchants et lâches. Pourquoi ? Ils ne se rendent pas compte du mal qu'ils font.) 6. Qu'est-ce qui a « désarmé » l'auteur? (La simple question de son petit frère qui lui a montré le chemin de la bonté.) 7. L'auteur devient l'ami de Xéron. Imaginez ce qui va se passer quand ils se retrouveront tous deux devant leurs camarades. 3. Réflexions sur la vie. 1. Connaissez-vous des enfants taquins ? Et d'autres, victimes des tracasseries de leurs camarades ? On les appelle des souffre-douleur. Sont-ils heureux ? 2. Les taquins sont de mauvais camarades. Qui peut-on encore ranger parmi ceux-ci ? (Les tricheurs, orgueilleux, égoïstes, rapporteurs, jaloux, méchants, etc.) 3. Pourquoi ne faut-il pas être taquin ? (Parce que nous faisons souffrir les autres, nous les rendons malheureux et nous devenons encore plus méchants.) 4. Dans une classe les taquins sont-ils surtout parmi les petits ou parmi les grands ? Pourquoi ? (Il faut être fort pour imposer des taquineries aux autres.) 4. Actions et problèmes. 1. Un de vos camarades a une « figure de fille » et un nom peu répandu. Plusieurs se moquent de lui. Que leur dites-vous ? 2. Un enfant noir, vêtu de vêtements étranges, est admis à l'école. On serait parfois tenté de rire de lui car il n'a pas nos habitudes. A quoi faut-il penser ? 3. Un nouvel élève, Espagnol, ne parlant pas français, vient d'arriver. Il reste seul dans un coin. Que devez-vous faire ? 4. i Un petit boiteux est dans votre classe. Paul s'est moqué de lui parce qu'il ne court pas vite. Que dites-vous à Paul ? 5. Si vous étiez tenté de taquiner les autres, que devriez-vous faire ? (Vous mettre par la pensée à leur place.) 6. Vous vous êtes fâché avec un camarade. Est-ce que cela va durer ? Que ferez-vous ? 5. Résolution. Je ne taquinerai personne, car le taquin devient méchant. Je serai juste envers mes camarades, j'aiderai les plus faibles.

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28. MORALE - C. M. LA DERNIÈRE QUERELLE 1. Lecture - La dernière querelle. Le maître m'avait placé à côté de Coretti ; j'écrivais sur mon cahier. Coretti me heurta avec son coude et me fit faire un crochet affreux et une grosse tache d'encre. Je me mis en colère et dis une sottise. Coretti me répondit en riant : « Je ne l'ai pas fait exprès. » Je devais le croire car je le connais ; mais son sourire me déplut... Un peu après, pour me venger, je le poussai si bien qu'il abîma sa page d'écriture ; alors, tout rouge de colère : « Toi, tu l'as fait exprès ! » me dit-il, en levant sur moi la main. L'instituteur le regardait. Il baissa la main, mais ajouta : « Je t'attends à la sortie ! » J'étais contrarié ; ma colère s'était calmée et je me repentais déjà. Non, Coretti ne pouvait m'avoir poussé exprès ; car il est bon. Que n'aurais-je pas donné pour ne pas avoir eu ce vilain mouvement de vengeance ! Je pensai au conseil que m'aurait donné mon père : « Tu as eu tort ? — Oui. — Eh bien, fais-lui des excuses. » Faire des excuses ! Je n'en avais pas le courage ; j'avais honte de m'humilier. Je regardais Coretti de côté. Je me disais : « Courage », mais le mot « Excuse-moi » me restait dans la gorge. Lui me regardait à la dérobée, de temps en temps. Il me semblait plus affligé qu'en colère. Mais moi, je le regardais bien en face, pour qu'il ne crût pas que j'avais peur. Il me répéta : « Nous nous reverrons dehors. » Je répétai : « Soit ! nous nous reverrons dehors... » Quand je fus seul dans la rue, je vis que Coretti me suivait. Je m'arrêtai et l'attendis, ma règle à la main. Il s'avança, je levai ma règle... « Non, Henri, me dit-il, avec un bon sourire, en écartant la règle, redevenons amis comme auparavant.» Je demeurai stupéfait ; puis je sentis comme une main qui me poussait et je me trouvai dans ses bras. Il m'embrassa en disant : « Nous ne nous querellerons plus jamais, n'est-ce pas ? — Jamais plus ! » répondis-je. Nous nous séparâmes contents. Mais lorsque, arrivé à la maison, je racontai tout à mon père, croyant lui faire plaisir, il me gronda en disant : « C'est toi qui aurais dû lui tendre le premier la main, puisque tu avais tort. » D'après E. DE AMICIS - Grands Cœurs. Delagrave 2. 1. 2. 3.

Réflexions sur la lecture. Comment a débuté cette querelle ? Pourquoi Henri n'a-t-il pas cru Coretti ? (Celui-ci s'excuse en riant.) Comment Henri s'est-il vengé ? Qu'a répliqué Coretti ?

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4. Pourquoi Henri était-il contrarié ? Que regrette-t-il ? Quel conseil lui aurait donné son père ? 5. Pourquoi ne s'excusait-il pas ? Pensez-vous qu'il aurait dû le faire ? 6. Que s'est-il passé dans la rue ? Coretti a-t-il eu raison ? Non ? Pourquoi ? Henri avait commencé et encore dans la rue il le menaçait. Coretti a peut-être manqué de courage. Oui ? Pourquoi ? Ce duel aurait consacré la victoire du plus fort, non de celui qui avait raison. (Souvent c'est le plus intelligent, le moins orgueilleux qui cède.) Concluons : Coretti a eu raison ; la paix est préférable à la guerre. 7. Quel est le jugement du père ? Qu'en pensez-vous ? Est-ce que beaucoup de pères auraient jugé ainsi ? 3. Réflexions sur la vie. 1. Vous est-il arrivé de donner, sans le faire exprès, un coup de coude à votre voisin ? Que lui avez-vous dit ? Qu'en est-il résulté ? 2. N'y a-t-il pas des élèves qui, parfois, donnent le coup de coude en le faisant un peu exprès ? Sont-ils de bons camarades ? 3. Vous est-il arrivé de comprendre que vous deviez faire des excuses à un camarade et de n'avoir pas le courage de les faire ? 4. Vous est-il arrivé d'agir comme Coretti qui ne s'est pas battu ? Que prouvent les défis, les duels, les combats ? 5. Vous bousculez quelqu'un dans la rue. Il vous regarde avec des yeux furieux. Allezvous vous battre ? 4. Actions et problèmes. 1. Je fais attention de rester à ma place. Cependant, sans le faire exprès j'ai donné un coup de coude à Jacqueline. Que dois-je faire ? Comment ? 2. Pendant le dessin, Nicole, en se retournant, a renversé un godet d'aquarelle sur mon dessin. J'étais furieux. Elle s'est excusée... Cependant mon dessin est perdu. Vais-je la menacer, lui en vouloir longtemps ? 3. Louis est le plus fort. En jouant il veut éviter un petit et tombe. « C'est ta faute », lui dit-il... Mais il se ravise. « Non, non, continue à jouer. » Que pensez-vous de Louis ? 4. Nicole en jouant à la marelle bouscule une camarade plus petite... Que doit-elle dire à la petite ? 5. Résolution. Si un camarade me gêne et dit qu'il ne l'a pas fait exprès, je le croirai. Les excuses sont préférables aux disputes. Je saurai pardonner, je ne me vengerai pas.

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29. MORALE - C. M. LES RÈGLES ET LE RÈGLEMENT DE L'ÉCOLE 1. Entretien. Est-ce que chacun peut jouer aux billes ou à la marelle n'importe comment, comme il veut ? Non, il faut suivre les règles du jeu. Qu'arrive-t-il à ceux qui ne respectent pas les règles ? Ils perdent ou ils sont exclus du jeu. Dans la rue, est-ce que les piétons, les cyclistes, les automobilistes se déplacent au gré de leur fantaisie ? Quelles règles suivent-ils ? (Code de la route.) Et les joueurs de football sur le terrain ? Votre maman ne respecte-t-elle pas des règles pour préparer les repas ? élever les enfants ? Votre papa pour exercer sa profession, le cultivateur pour obtenir de bonnes récoltes, le commerçant pour vendre ses produits suivent des règles. Et tous les gens pour prendre le train, réaliser une opération postale, obtenir ce qu'ils désirent, n'obéissent-ils pas à des règles ? Pourquoi des règles sont-elles nécessaires ? Pour que chacun agisse sans gêner les autres. Comment appelle-t-on ceux qui ne suivent pas les règles ? (Mal élevés, tricheurs, voleurs, etc.) Que leur arrive-t-il ? (Ils sont l'objet de réclamations, protestations, plaintes, procès-verbaux, amendes, jugements, peines de prison.) Quelles règles suivez-vous à la maison ? (Propreté, ordre, heures du lever, coucher, repas, etc.) En classe ? Que faites-vous quand la cloche sonne ? quand le maître parle ? quand le directeur entre ? etc. Que disent ces règles ? Ce qu'il faut faire et ce qu'il ne faut pas faire. L'ensemble des règles constitue un Règlement. Chaque école en a un. Avant de lire et d'expliquer le règlement de cette école nous allons, ensemble, en établir un. 2. Réflexions. 1. Quelles règles proposeriez-vous pour chacun des mots suivants ? (Laisser dans chaque cas quelques secondes de réflexion.) Noms. Entrée - sortie - arrivée - départ - heure - absence - retard - pieds -cartable poches - livres - cahiers - couteau - taches - encre - cabinets - oiseaux - disputes - porte-plume - papier - imprudences - jeux interdits. Adjectifs. Propre - sale - couverts - appliqués - illustrés - dangereux -brutaux - soignés - exacts - assidus - silencieux. Verbes. Bavarder - se lever - cracher - écrire - se taire - frapper - souffler - se déplacer - sortir - entrer - ranger - lancer - jeter - essayer - rapporter -avouer. 2. Quelles punitions infligeriez-vous à un élève qtti arrive en retard ? Bavarde ? Apporte des objets interdits ? N'étudie pas ses leçons ? Est impoli ? 3. Quels sont les mots qui reviennent souvent dans tous les règlements ? (Il faut. Il est obligatoire. Fais. Il ne faut pas. II est défendu, interdit. Ne fais pas.) 4. Pourrait-on vivre dans une école sans en connaître le règlement ? Oui, mais à quoi faudrait-il penser ? (A ne pas gêner les autres.)

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3. Actions et problèmes. 1. Lire et commenter le règlement intérieur de l'école. 2. Quelles règles suivez-vous à la maison, bien qu'il n'y ait pas de règlement écrit ? 3. A la cantine Pierre bouscule ses camarades, part avant la fin du repas. Quand on lui en fait la remarque, il répond : « II n'y a pas de règlement, » Que lui dites-vous ? 4. Henri triche aux billes, Nicole triche à la corde. Que leur arrive-t-il ? 5. Désignons ensemble les responsables chargés de veiller au respect de certaines règles en classe ou dans la cour. 4. Résolution. Quand plusieurs personnes doivent vivre ensemble, elles adoptent des règles qui indiquent à chacun ce qui est permis et ce qui est interdit. Je respecterai le règlement de l'école.

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30. MORALE - C M. L'INSTITUTEUR 1. Lecture - Le vieux maître. (De nombreux maîtres estiment, non sans raison, que cette leçon est une des plus délicates. Cependant, des réflexions sur la mission et le dévouement de l'instituteur se dégagent assez naturellement du texte ci-dessous.) Trois hommes en habits sombres causaient à l'entrée du village. Le premier disait : « Je venais tout juste de lui bâtir une maison pour >ses vieux jours. » Le second : « Je lui avais préparé des cadres pour ses ruches. — Moi, disait le troisième, je devais lui bêcher son jardin. — Voilà, m'écriai-je d'un ton léger, voilà un heureux homme et qui vous doit beaucoup! » Ils me regardèrent sévèrement et répondirent : « Nous lui devons bien davantage ! — De qui parlez-vous ? — Nous parlons du maître d'école ; le maître d'école est mort. » L'un d'eux ayant regardé sa montre, ils se mirent en marche et je les suivis. Nous allions lentement sur un des côtés de la route. Mes compagnons, de temps en temps, laissaient tomber quelques paroles. Tantôt l'un, tantôt l'autre. « Il y a trente ans qu'il est venu dans notre commune. — J'avais dix ans quand il est venu. Je ne savais rien : l'année suivante, il m'a quand même mené au certificat d'études. — Il nous a élevés, il a élevé nos enfants. — Il a conseillé les vieux, il a instruit toute la commune. — Nommez-moi celui à qui il n'a pas rendu service ! — Quel âge avait-il au juste ? Cinquante-six, cinquante-sept ? — Cinquante-sept ! Il aurait pu prendre sa retraite il y a deux ans. Mais il disait : « Qu'est-ce que je ferai quand je n'aurai plus ces mauvais « drôles ?» Oh ! ce n'était pas un homme d'argent. — Le médecin lui avait dit de se mettre au lit tout de suite, mais il a voulu faire sa classe quand même. Et trois jours après... — A peine trois jours ! C'est qu'il y avait de l'usure en lui ! — Il avait bien mérité sa retraite ! Et puis voilà !... » Nous arrivions à la maison du maître d'école. Toutes les familles avaient envoyé quelqu'un. Il y avait des enfants immobiles dans un coin. Des femmes chuchotaient... Au cimetière, l'inspecteur prononça un discours. Il fut très écouté : car, ce qu'il disait, ceux qui étaient là le pensaient profondément et ses paroles ne dépassaient point la vérité. Quand il eut fini, le maire s'avança, courbé, et il essaya de lire ce qu'il avait écrit sur une feuille. La feuille tremblait en ses mains et il lisait mal, d'une voix chevrotante qui n'allait pas loin. On entendit un sanglot d'enfant. Alors le maire s'arrêta pour toussoter. Je levai les yeux : toute la commune pleurait. D'après E. PEROCHON - L'Instituteur. Hachette

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2. Réflexions sur la lecture. 1. Qu'est-ce qui fait croire à l'auteur qu'il existe un heureux homme qui doit beaucoup aux autres ? 2. Que répondent les villageois ? (« Nous lui devons bien davantage. ») 3. Que disent-ils du maître ? (Il les a élevés, instruits, conseillés.) 4. Le maître aurait-il pu se reposer plus tôt ? Quelle raison donnait-il ? Pourquoi n'a-t-il pas voulu prendre un congé ? 5. Qu'est-ce qui montre que le maître était regretté de tous ? Et quand le maire toussota? (Toute la commune pleurait.) 3. Réflexions sur la vie. 1. Les adultes regrettent leur instituteur. Et pourtant celui-ci est-il toujours souriant et aimable ? A-t-il raison de gronder et de punir quelquefois ? 2. Qui le maître remplace-t-il ? Pourquoi réprimande-t-il ? (Pour que les enfants soient heureux plus tard.) 3. Que vous donnent vos parents ? (La nourriture, l'affection, l'éducation.) Qu'y ajoute le maître ? (L'instruction et aussi, en partie, l'éducation.) 4. Avez-vous une idée des tâches du maître et des qualités qu'elles exigent ? Voudriez-vous, plus tard, devenir instituteur ou institutrice ? Pourquoi ? 5. Comment pourriez-vous faciliter la tâche du maître ? (En ayant les qualités des bons écoliers : assiduité, exactitude, application, travail, obéissance, etc., bons camarades, bons enfants.) 4. Actions et problèmes. 1. Vous avez été puni et vous avez pensé : « Le maître ne m'aime pas. » Qui dit cela? 2. « Le maître ne m'a pas mis une bonne note à la rédaction. Il m'en veut. » Qui dit cela? 3. Votre petite sœur raconte que la maîtresse l'a punie à la place d'une autre. Mais en réalité elle n'a pas su sa leçon. Que lui dites-vous ? 4. L'institutrice est souffrante. Elle est venue quand même mais ne peut parler. Nicole en profite pour bavarder. Que lui dites-vous ? Que peut décider la classe ? (De faire encore plus de silence que d'habitude.) 5. Le maître est malade pour un mois. Un autre le remplace. Que décidez-vous ? 6. Plus tard, alors que vous serez adulte, votre maître sera peut-être encore dans sa classe. Que pourrez-vous faire ? 5. Résolution. Ce que je sais, c'est en grande partie à mon maître que je le dois. « Celui qui instruit est un second père. » Je m'efforcerai d'être un bon écolier.

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31. MORALE - C. M. LE TRAVAIL DE LA MÈRE (L'une des fiches concernant la maman pourra être réservée pour la fête des Mères. Dans ces leçons, il conviendra, éventuellement, de tenir compte de la présence d'enfants orphelins.) 1. Lecture - Le retour de la maman. (Un petit garçon de huit ans, Nanay, habite depuis peu de temps dans un quartier pauvre.) A la sortie de l'école, je m'asseyais devant le couloir, tandis que la nuit descendait lentement dans notre rue étroite ; j'attendais le retour de ma mère. Et si ma mère ne revenait pas, si elle m'abandonnait, je demeurerais seul à jamais dans cette rue, à grelotter sous une porte ? Peut-être, qui sait, ne reviendrait-elle que dans plusieurs jours, ou au milieu de la nuit ? Aussi avec quel élan je courais vers elle quand je l'apercevais, le buste penché du côté opposé à la corbeille qu'elle portait, au creux de la hanche. Elle me souriait, se baissait, inclinait la tête, je posais mes lèvres sur sa joue humide de sueur. « Eh bien, lapin, tu n'as pas trop attendu ? « Je me suis dépêchée, mais j'en avais un fardeau ! Et des draps ! L'eau était gelée. Mes crevasses vont se rouvrir. Je dirai à monsieur Pintard, le cordonnier, de te prendre avec lui dans sa boutique, le soir. Comme ça, tu ne seras pas à la rue. Et tu seras au chaud. Je suis morte ! Si tu étais plus grand, tu m'aiderais à porter la corbeille, mais tu es trop petit encore. « Plus tard, je me reposerai, ce sera à ton tour de me nourrir. Ce sera bon quand je ne ferai plus rien et que mon lapinet me nourrira, pas vrai, Nanay ? — Oh ! oui ! maman. » Je me tenais du côté de la corbeille, et des gouttes tombaient parfois sur mes jambes nues. Je serrais dans ma main le tablier ruisselant. Nous entrions dans la maison froide. Ma mère s'asseyait un instant auprès de sa corbeille, après avoir retiré son tablier en toile de sac. « Ah ! mon Dieu ! il me faut encore allumer le feu, préparer le souper, faire les commissions. On n'en finit pas. Tiens, file ! » Je partais avec mes deux bouteilles sur les bras, en répétant sans arrêt, sur un air que j'inventais, tout au long du chemin, la liste des provisions : « Deux sous de sel, un sou de poivre, un demi-quart de café, un quart d'huile. » Que m'importait maintenant la tristesse de ma rue ! Ma mère m'attendait. Partout où elle était, le monde chantait avec moi. D'après Marc BERNARD - Pareils à des enfants. Gallimard 2. Réflexions sur la lecture. 1. Que fait le petit garçon tous les soirs ? Et quelles sombres idées lui viennent à l'esprit ? 2. Quel est le travail de la maman ? Que dit-elle quand elle aperçoit son petit garçon ?

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3. Qu'espère-t-elle pour l'avenir ? Que répond Nanay ? Mais y a-t-il réfléchi ? 4. Que fait et que dit la maman lorsqu'elle est entrée dans la maison ? 5. Où va Nanay et qu'est-ce qui le rend heureux ? Etes-vous de son avis ? 3. Réflexions sur la vie. 1. Votre maman travaille-t-elle hors de la maison ? Quel métier exerce-t-elle ? 2. Pourquoi des mamans travaillent-elles hors de la maison ? Ont-elles raison ? Non ? Pourquoi ? Le métier et le ménage, c'est trop pour une même personne. Surtout s'il y a des enfants. Aussi les mamans sont souvent fatiguées. Oui ? Pourquoi ? La vie est dure et parfois le gain du papa permet à peine de nourrir la famille. 11 arrive que le malheur frappe le papa. Si la maman n'a pas de métier, comment les enfants vivront-ils ? Concluons : « Il est souvent utile que la maman travaille. » 3. Avez-vous réfléchi à la fatigue de votre maman, le soir, quand elle rentre (de son bureau, usine, magasin) et qu'elle doit encore pourvoir aux repas, aux soins du ménage, des enfants ? 4. Ne l'avez-vous jamais vue lasse ? Quelles sont les qualités des mamans ? 5. Réfléchissez une minute à ce que vous pourriez faire pour aider votre maman et la rendre plus heureuse. 4. Actions et problèmes. 1. Que faire pour ne pas alourdir la tâche de maman ? (D'abord éviter de salir la maison, de créer du désordre, de déchirer ses vêtements, de faire trop de bruit.) 2. Quelle aide peuvent apporter les garçons ? (Commissions, bois ou charbon à porter, frères à garder.) Les filles ? (Commissions, dresser le couvert, desservir la table, faire la vaisselle, éplucher les légumes, garder les enfants.) 3. « Jacques, cela fait trois fois que je te dis de débarrasser la table ! » Comment Jacques aurait-il dû obéir ? Aurait-il même dû attendre que sa maman lui donne un ordre ? A quoi aurait-il pu penser ? 4. Françoise rentre de l'école. « Maman, que veux-tu que je fasse ? » Qu'en pensezvous ? 5. Si maman est triste, que faire ? (La consoler, lui sourire, l'embrasser. Des mots aimables, un bouquet pour sa fête, bien travailler en classe, etc.) 5. Résolution. Maman prend beaucoup de peine pour élever ses enfants, ranger son ménage et parfois travailler au-dehors. Je m'efforcerai de l'aider et de lui donner du courage.

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32. MORALE - C. M. LE TRAVAIL DE LA MÈRE 1. Lecture - Travail à la veillée. Ma mère faisait des chemises et des blouses pour les hommes de la campagne. C'était son travail de la veillée, car le jour était pris par tant de tâches. Elle avait commencé, toute jeune mariée, par ourler des mouchoirs : sa chaise près de l'âtre, elle s'éclairait avec des « résines », petites bûches pétillantes qui de loin éclairaient mal et de près éclaboussaient le linge. Puis était venue la chandelle de suif, puis la bougie, qui coûtait cher ; puis la petite lampe à essence, qui filait quant on montait la flamme ; puis la grosse lampe à huile. Au temps de la suspension à pétrole, ma mère eut une machine à coudre. On venait des environs voir cette merveille. Ce fut un nouvel instrument de supplice, car le travail du soir s'en accrut. Ma pauvre mère, harassée des tâches du jour, s'endormait dès qu'elle était assise à son ouvrage, et nous la regardions avec un sourire attristé quand soudain elle s'immobilisait, la main en l'air, son aiguille cherchant l'étoffe dans le vide. Elle s'éveillait, poussait un soupir, s'en voulant à elle-même de sa lassitude, et s'assoupissait encore, pour ne se réveiller vraiment et travailler à plein que quand nous dormions tous. S'il y avait un enfant au berceau, il ne manquait pas de pleurer juste au moment où l'ouvrage marchait bien, et il fallait s'interrompre pour le lever, le bercer, le rendormir. J'ai été à mon tour ce petit tyran impitoyable qui enlevait à ma mère ce qu'elle avait de plus sacré, les heures du travail payé. Ma mère m'a laissé le berceau où nous avons tous dormi, où elle avait dormi ellemême, taillé pour elle dans le chêne par son grand-père menuisier. 11 porte des trous où l'on passait la sangle qui tient le petit emmailloté. A -l'un de ces trous, ma mère avait fixé une ganse qu'elle attachait d'autre part à sa cheville. Et ainsi, tandis qu'elle travaillait, elle pouvait, balançant doucement une jambe croisée sur l'autre, bercer l'enfant sans s'interrompre de coudre. La ganse sacrée pend encore au rebord du berceau où, de son pied diligent, ma mère nous endormait en gagnant notre pain. D'après J. MAROUZEAU - Une Enfance. Bourrelier 2. Réflexions sur la lecture. 1. Est-ce que cette maman ne travaillait que le jour ? Que faisait-elle le soir ? Pourquoi? 2. Y avait-il longtemps qu'elle avait commencé ? Qu'est-ce qui le montre ? (La succession des moyens d'éclairage.) 3. La machine à coudre a-t-elle allégé sa tâche ? Pourquoi ? 4. Que lui arrivait-il sous l'effet de la fatigue ? Comment ses enfants la regardaient ? 5. Quand pouvait-elle travailler « à plein » ? Qui la dérangeait surtout ?

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6. Quelles sont les qualités de cette maman ? (Courage, volonté, amour des enfants.) 7. Pourquoi l'auteur dit-il qu'il était « un petit tyran » ? En quoi ces heures de travail étaient-elles ce qu'il y avait de « plus sacré » ? 8. Comment la maman avait-elle trouvé le moyen de coudre et de bercer l'enfant en même temps ? 9. Avez-vous l'impression qu'il y avait beaucoup de joie dans cette maison ? Qu'estce qui dominait tout ? 3. Réflexions sur la vie. 1. Connaissez-vous des mamans qui travaillent le soir à la veillée pour confectionner des chemises, mouchoirs, tricots ? ou exécuter d'autres tâches ? Pourquoi travaillent-elles ainsi ? 2. Pourquoi ce travail, qui paraît moins dur que celui de l'extérieur, est-il pénible ? 3. Problème moral. Une maman qui a des enfants à élever, un ménage à entretenir, at-elle raison de vouloir encore travailler le soir ? Non ? Pourquoi ? Elle s'use dans les deux tâches et peut-être ne les accomplit qu'imparfaitement. Elle risque de tomber malade. Tant de travail n'apporte guère de joies. Oui ? Pourquoi ? Si elle le fait, c'est qu'elle est pauvre et qu'il faut nourrir et habiller les enfants. Concluons : II faut qu'elle remplisse sa mission de maman et le travail du soir peut l'y aider. 4. Avez-vous réfléchi à la peine que prend votre maman ? Que devez-vous faire un jour pour lui rendre un peu de ce qu'elle vous donne ? 4. Actions et problèmes. 1. Maman tape le soir à la machine à écrire. On lui paie ce travail. Votre petit frère fait beaucoup de bruit et maman doit s'interrompre. Que dites-vous à votre petit frère ? 2. Maman se plaint. « Je n'y arriverai jamais... H me faut encore desservir, faire la vaisselle, coucher les enfants. » Que devrait dire Nicole qui a dix ans? 3. A son retour de l'école Simone trouve sa maman triste. Peut-être même a-t-elle pleuré ? Que feriez-vous à la place de Simone ? 4. Maman est malade et doit garder le lit pendant deux jours. Paul et Françoise se concertent. Que peuvent-ils bien se dire ? 5. Résolution. Qu'elle travaille à la maison ou au-dehors, maman est souvent fatiguée. Je ferai tout ce que je pourrai pour alléger sa tâche et lui apporter, par mon travail et mon affection, un peu de bonheur.

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33 . MORALE - C. M. MAMAN QUI NOUS SOIGNE 1. Lecture - Les petits malades. Les six fillettes Tariel s'étaient-elles enrhumées ? Rosine, la première, commença à se plaindre d'un mal de tête persistant... Les joues pâles, les yeux larmoyants, les mains chaudes, elle restait assise dans les coins, penchant la tête de côté, et regardant jouer ses sœurs avec des yeux désintéressés. Les autres, peu après, montrèrent les mêmes symptômes... Le docteur déclara que les enfants commençaient une rougeole. Dès le lendemain leur état s'aggrava et elles devinrent, dans leurs lits, blancs, de petites figures cramoisies... Dans les chambres fermées, étouffantes, Mme Tariel circule, ombre adroite et silencieuse. Les rideaux clos laissent apparaître aux fenêtres une croix de soleil. Une odeur de pharmacie, autour des lits, surcharge l'air fiévreux. Les enfants agitées, ébouriffées, tournent et retournent dans les draps défaits leurs petits corps souffrants ; et de temps à autre, une petite voix s'élève du fond de l'oreiller, appelle, en se plaignant, mais aussi en commandant : « Maman ! » Mme Tariel alors se penche sur le lit. Sa main patiente et légère redresse l'oreiller, avance la tasse de tisane près des lèvres, et sa voix interroge dans un souffle. L'immense dévouement maternel est dans son regard, comme une sorte de grand bonheur. On dirait que sa seule approche est déjà un soulagement. Les yeux cernés des petites cherchent les siens comme pour s'y réfugier contre la souffrance. N'est-elle pas là, debout, dans la toute-puissance de sa bonté ? Maman !... Pourquoi prononcerait-on un autre mot que celui-là quand on est malade? Comment peut-on désirer autre chose que de se laisser aller entre des mains infiniment douces, qui savent soigner et guérir ? D'après L. DELARUE-MARDRUS - Le Roman de six petites Filles. Fasquelle 2. Réflexions sur la lecture. 1. Quelle maladie les fillettes ont-elles contractée ? 2. Comment la maman soigne-t-elle les enfants ? « Ombre adroite et silencieuse. » 3. Comment les fillettes supportent-elles la maladie ? Sur quel ton appellentelles la maman ? 4. Comment la maman répond-elle à cet appel ? Pourquoi sa voix « interroge-t-elle dans un souffle » ? Quelles questions pose-t-elle ? 5. Qu'est-ce qui apaise les enfants plus encore que les médicaments ? 6. « Pourquoi prononcerait-on un autre mot que « Maman » quand on est malade ? » Etes-vous de cet avis ? 7. Quelles sont les qualités de cette maman de six enfants? (Douceur, calme, patience, dévouement.)

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3. Réflexions sur la vie. 1. Vous avez déjà été malade. Qui vous a soigné ? Qu'avez-vous demandé ? 2. La présence de votre maman était-elle pour vous un soulagement ? Aimiez-vous qu'elle vienne vous voir souvent ? 3. N'étiez-vous pas trop exigeante ? Votre maman n'avait-elle pas d'autres tâches à remplir ? 4. Pour quelles raisons maman est-elle attristée par votre maladie ? (Elle vous aime et souffre pour vous.) 5. Parce que les mamans souffrent de savoir leurs enfants malades, elles font souvent tout ce qu'ils leur demandent. Ont-elles toujours raison ? Certains abusent, deviennent exigeants, font des caprices... 4. Actions et problèmes. 1. Maman a beaucoup de soucis et voilà que vous tombez malade. Que faire pour ne pas aggraver les ennuis de maman ? (Pas de caprices, supporter la fièvre sans gémir.) 2. Véronique est malade. « Maman reste auprès de moi, maman apporte* moi ceci, donne-moi cela... » Que dites-vous à Véronique ? 3. Pierre est malade. Maman lui a bien recommandé de rester sage. Mais à peine estelle partie au marché qu'il se lève. Vous arrivez. Que lui dites-vous ? 4. « Je ne veux pas de ce médicament, il est mauvais », répète pour la troisième fois Nicole, Maman insiste. Que dites-vous à votre petite sœur ? 5. Paul est couché. Il pleure chaque fois que vient le médecin ou l'infirmière et ne se laisse pas soigner, ce qui désole maman. Que devrait-il faire ? Pourquoi ? 5. Résolution. La maladie de ses enfants apporte à la maman une fatigue et des inquiétudes supplémentaires. Lorsque je serai malade, je montrerai du courage, de lia patience et je ne ferai pas de caprices.

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34. MORALE - C. M. MAMAN QUI NOUS AIME 1. Lecture - L'émotion de la maman. (Il est conseillé de lire le texte jusqu'à l'avant-dernière phrase, de traiter les « réflexions sur la lecture », enfin de lire la dernière phrase.) J'avais un camarade qui s'appelait Bruneau ; il était très fort en calcul, et je l'admirais tant, que j'imitais tout ce qu'il faisait. Il était invinciblement attiré par l'eau et m'emmenait toujours du côté du canal... Là, nous jetions des pierres dans l'eau, visant quelque boîte de conserve à la dérive. Bruneau avait aussi inventé un jeu. Un pont de fer franchissait le canal ; son arc de cercle, dont les deux tabliers étaient larges d'à peine soixante centimètres, dominait l'eau noire et nous prenions ce chemin étroit et bombé... pour parvenir de l'autre côté. Avec Bruneau, nous courions, nous nous poursuivions, sur ce glissant passage de métal. Parfois un tramway traversait le pont qu'il faisait vibrer... Un jour, j'entendis une voix qui m'appelait... Je me penchai et j'aperçus ma mère ! Elle était pâle, défigurée par la peur, mais sans crier, sans faire de gestes inutiles. Elle se trouvait dans le tramway qui venait de franchir le pont — elle m'avait aperçu, avait sauté à terre au premier arrêt. « Viens !... viens, François ! » disait-elle de sa voix un peu rauque. J'hésitais à descendre car je craignais d'être puni, mais je ne pouvais rester indéfiniment là ; je la rejoignis enfin. Quand je touchai le sol, elle me saisit, me serra contre elle si violemment que j'en perdis le souffle, puis elle me prit par la main comme pour ne plus me laisser échapper et, sans dire un seul mot, elle me ramena à la maison. Je la revois encore fouillant dans son sac pour trouver la clef, entrant dans sa chambre, tombant assise sur le lit. Alors elle se mit à pleurer lentement, et ses larmes coulaient sans pouvoir s'arrêter comme doit faire le sang d'une blessure mortelle. Je me jetai contre elle, je lui criai : « Je te jure que je ne recommencerai jamais. » Elle passa sa main douce sur mon front, mais elle continua de pleurer longtemps encore, calmement, sans pouvoir s'arrêter, et bientôt je pleurai avec elle. Le lendemain, je me battis avec Bruneau qui voulait m'entraîner de force vers le canal. D'après Paul VIALAR - Le Clos des Trois Maisons. Domat 2. Réflexions sur la lecture. 1. Pourquoi l'auteur imitait-il tout ce que faisait Bruneau ? 2. Quel jeu celui-ci avait-il inventé ? Quels dangers couraient les deux enfants ? (Un croquis pourrait être utile.) 3. Qui, un jour, appela François ? Pourquoi sa mère ne criait-elle pas, ne gesticulait-elle pas ? Pourquoi, lui, hésitait-il à descendre ? 4. Que se passa-t-il après ? Comment la maman manifesta-t-elle son émotion ? 5. Comment réagit François ? Que jura-t-il ? Tiendra-t-il sa promesse ?

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6. Voici ce qui est arrivé : « Le lendemain je me battis avec Bruneau qui voulait m'entraîner de force vers le canal. » François a-t-il eu raison ? Sa maman sera-t-elle heureuse? 3. Réflexions sur la vie. 1. Avez-vous participé à des jeux dangereux ? Lesquels ? Aviez-vous raison d'y jouer ? 2. Vous est-il arrivé de faire de la peine à votre maman en suivant l'exemple d'un camarade ? 3. Avez-vous fait plaisir à votre maman en refusant de participer à des jeux dangereux ou de suivre de mauvais camarades ? 4. Qu'est-ce qui, outre des jeux dangereux, peut faire de la peine à votre maman ? (Du travail médiocre, de mauvaises fréquentations.) 5. Comment montrez-vous votre affection à votre maman ? (En lui obéissant, en tenant vos promesses.) 4. Actions et problèmes. 1. Quelles recommandations précises font souvent les mamans ? (Ne pas traverser la rue sans regarder, ne pas lancer de pierres, ne pas grimper aux arbres, etc.) 2. Il y a des jeux que les mamans ignorent. Avant d'y jouer demandons-nous si la nôtre nous le permettrait. 3. J'ai promis à maman de ne pas aller au bord de la rivière. Mais les camarades insistent... Que faire ? 4. Votre petit frère a des camarades impolis et turbulents. Que pouvez-vous lui dire ? 5. Maman m'a défendu d'aller jouer sur la glace de l'étang. Les camarades y vont et se moquent de moi. Que faire ? 5. Résolution. Maman souffre lorsqu'elle me voit en danger. Pour ne pas lui faire de peine, je choisirai avec soin mes camarades et je ne jouerai pas à des jeux dangereux.

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35. MORALE - C. M. L'INDULGENCE DE LA MAMAN 1. Lecture - La peine de maman. (Une dame raconte comment, alors qu'elle était enfant, elle fut traitée de voleuse.) « Le boulanger dit qu'il faut encore un centime pour le pain, dis-je à ma mère. — Il ment ! cria-t-elle tout d'abord. Le pain aujourd'hui est au prix d'hier. Il n'aurait pas augmenté sans que je l'apprenne... » Mais sans doute la pâleur de ma mine défaite venait de frapper ma bonne mère. Elle recula d'un pas pour me considérer des pieds à la tête. Sous le clair et doux regard qui m'interrogeait, j'allais lui révéler ma méchante action de la boulangerie, quand la porte s'ouvrit avec fracas et parut, sur le seuil, le boulanger, tête nue, mon pain à la main. Sans doute, il avait entendu les paroles de ma mère, car il s'écria : « C'est votre fille qui ment. Je l'ai attrapée volant une boule de caramel dans l'assiette. Elle n'a point osé faire autrement, alors, que de me la payer ; mais, bien sûr, c'est avec le centime de votre pain. Voilà ce qu'il faut que vous sachiez. » Sous le coup de l'émotion, je tombai sur une chaise. Ma mère se précipita à mon secours. Ma tête ballottait d'une épaule à l'autre ; rien autour de moi n'avait plus odeur ni couleur. Seul mon sang chantait tristement dans mes oreilles vides. Ma mère, debout devant moi, une main sur mon épaule, me regarda longuement. Enfin, elle tira, de sa bourse de toile bleue, une piécette de cuivre. « Tenez, boulanger », prononça-t-elle avec un accent d'une tristesse que je sentais infinie, et détachant une à une les syllabes : « Pardonnez-lui... ce n'est qu'une petite fille, boulanger ! — Voilà le pain ! dit l'homme... Merci, le compte est juste... Un conseil, voisine ; veillez sur elle... vous savez, les enfants voleurs ne promettent rien de bon... » A ces mots, ma mère s'assit et se tournant vers moi, elle se mit à pleurer. « Tu vois, me dit-elle, ce que ta gaminerie me force d'entendre de la bouche du boulanger. » Et la pauvre femme, baissant la tête, tordait un coin de son tablier, en crispant les mains d'une façon qui me faisait souffrir. Je courus me mettre 'à genoux devant elle. Une reconnaissance, une joie, une espérance sans nom me dilataient le cœur. « Maman, petite maman chérie, dis-je en joignant les mains, pardon ! pardon ! jamais plus, jamais plus, je ne toucherai à ce qui n'est pas à moi... » A l'instant, je lus dans ses yeux qu'elle acceptait ma parole, qu'elle croyait en mon serment. Elle me releva, me serra dans ses bras. Avec ravissement, je sentais que j'étais pardonnée. D'après L. DELATTRE - Le Parfum des Buis. Dechenne et Cie. Bruxelles

2. Réflexions sur la lecture. 1. Que dit la fillette et que répond la maman ? Mais de quoi se doute-t-elle aussitôt ?

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2. Qu'allait avouer l'enfant ? Qu'expliqué le boulanger ? 3. Comment réagit la fillette ? Que fait et que dit la maman ? « Pardonnez-lui... » A-telle raison de pardonner aussi rapidement? Non ? Pourquoi ? L'enfant a d'abord pris un caramel au boulanger puis un centime à sa maman. Elle a menti aussi et devrait être punie. Oui ? Pourquoi ? Pour la maman ce n'est qu'une gaminerie. L'enfant était d'ailleurs sur le point d'avouer quand le boulanger est entré. Concluons : La maman a pardonné parce qu'elle connaît bien sa fillette. 4. Le boulanger dit des paroles blessantes, qui font de la peine. Qu'éprouvé la maman ? Quelles sont les qualités de cette maman ? 5. Que fait la fillette et que promet-elle ? 6. Qu'est-ce qui a mis fin à cette situation pénible ? (Le grand amour de la maman pour sa fille ; pour celle-ci elle a supporté la honte.) 3. Réflexions sur la vie. 1. Vous est-il arrivé de commettre des actions qui ont fait honte à votre maman ? (Mauvaise tenue, impolitesses, indélicatesses.) 2. Avez-vous su vous excuser assez tôt de la peine que vous lui faisiez ? 3. Comment votre maman vous a-t-elle montré qu'elle vous pardonnait ? Qu'avez-vous éprouvé ensuite ? 4. Les mamans pardonnent-elles toujours facilement ? Certaines ne punissent-elles pas? Ont-elles raison ? Pourquoi ? 5. Aux petits qui ont mal fait, les mamans disent parfois « mon petit doigt me l'a dit ». Pourquoi? (Le coupable ne peut dissimuler sa faute.) 6. Comment ne pas mettre la maman dans des situations difficiles ? (Réfléchir, éviter les actes qui nous font apparaître comme impolis, mal élevés.) 4. Actions et problèmes. 1. Je prendrais "bien ce gâteau pour moi, je dois avoir asseiz d'argent pour le payer. Que faire ? (Se demander toujours si ce que nous faisons ne va pas gêner notre maman.) 2. Josette, qui faisait les commissions, a eu envie d'une glace. Elle rapporte la monnaie et ne dit rien. Maman s'aperçoit qu'il lui manque de l'argent. Qu'aurait dû dire Josette ? 3. Du jardin, on peut prendre les poires du voisin. Naturellement, c'est défendu. Henri en dérobe une. Le voisin le voit... Qu'aurait dû faire Henri ? 4. Maman m'a interdit d'aller à la rivière. J'ai désobéi. Mes chaussures sont crottées et mon petit frère, qui se doute de ce que j'ai fait, me regarde drôlement. Qu'est-ce qui serait plus simple que le mensonge que je prépare ? 5. Résolution. Une maman souffre des mauvaises actions que commet son enfant mais elle lui pardonne. Je m'efforcerai de ne pas faire de peine à maman et si j'ai mal agi je le lui avouerai sans tarder afin de mériter son pardon.

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36 . MORALE - C. M. LE SACRIFICE D'UNE MÈRE Note. — Ce texte émouvant peut constituer seul, sans aucun commentaire, l'essentiel d'une leçon. En raison de son caractère tragique, il convient de laisser les enfants éprouver l'émotion qu'une lecture expressive a dû faire naître en eux. La causerie peut prendre la forme suivante : bref entretien, lecture et, éventuellement, conclusion ou résolution. Celle-ci, afin de ne pas faire disparaître prématurément l'émotion, peut être imposée ou fortement suggérée plutôt que découverte par les élèves. 1. Réflexions. Comment les mamans montrent-elles qu'elles aiment leurs enfants ? 1. Elles travaillent pour eux à la maison. Que font-elles ? 2. Elles travaillent aussi parfois hors de la maison. Pourquoi ? 3. Elles soignent leurs enfants quand ils sont malades. 4. En quelles circonstances les mamans peuvent-elles avoir à souffrir pour leurs enfants ou à cause d'eux ? (Quand ils sont en danger. Quand leur conduite est mauvaise.) 5. Les journaux nous apprennent que des mamans offrent leur sang pour remplacer celui de leur enfant, une partie de leur peau pour cicatriser ses brûlures, un rein pour remplacer celui de leur fillette, etc. D'autres, voyant leur enfant près d'être écrasé par une voiture, se précipitent pour le sauver au risque d'être tuées... 6. Pourquoi les mamans font-elles cela ? (Parce que rien au monde ne compte autant que leurs enfants. Il en est même qui n'hésitent pas à faire le sacrifice de leur vie...) 2. Lecture - Le sacrifice d'une mère. Mme des Arcis rentre de nuit, en voiture, avec sa fille. Elles doivent traverser sur un bateau la rivière en crue. Le courant est très fort et malgré les efforts du passeur le bateau dérive vers l'écluse où il va s'écraser... A mesure que le bruit de l'écluse se rapprochait, le danger devenait plus effrayant. Le bateau, lourdement chargé, et défendu contre le courant par deux hommes vigoureux, n'allait pas vite. Lorsque la perche était bien enfoncée et bien tenue à l'avant, le bateau s'arrêtait, allait de côté, ou tournait sur lui-même ; mais le flot était trop fort. Mme des Arcis, qui était restée dans la voiture avec l'enfant, ouvrit la glace avec une terreur affreuse : « Est-ce que nous sommes perdus ? » s'écria-t-elle. A ce moment, la perche rompit. Les deux hommes tombèrent dans le bateau, épuisés, et les mains meurtries. Le passeur savait nager, mais non le cocher. Il n'y avait pas de temps à perdre : « Père Georgeot, dit Mme des Arcis au passeur, peux-tu me sauver, ma fille et moi ? Le père Georgeot jeta un coup d'œil sur l'eau, puis sur la rive : « Certainement, -répondit-il. — Que faut-il faire ? dit Mme des Arcis. — Vous mettre sur mes épaules. Empoignez-moi le cou à deux bras, mais n'ayez pas peur et ne vous cramponnez pas, nous serions noyés, ne criez pas, ça vous ferait boire, Quant à la petite, je la prendrai d'une main par la taille, je nagerai de l'autre et je la passerai en l'air sans la mouiller. Il n'y a pas vingt-cinq brasses d'ici aux pommes de terre qui sont dans ce champ-là. — Et Jean ? dit Mme des Arcis, désignant le cocher.

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— Jean boira un coup, mais il en reviendra. Qu'il aille à l'écluse et qu'il attende, je le retrouverai. » Le père Georgeot s'élança dans l'eau, chargé de son double fardeau, mais il avait trop préjugé de ses forces. Il n'était plus jeune, tant s'en fallait. La rive était plus loin qu'il ne disait et le courant plus fort qu'il ne l'avait pensé. Il fit cependant tout ce qu'il put pour arriver à terre, mais il fut bientôt entraîné. Le tronc d'un saule couvert par l'eau, et qu'il ne pouvait voir dans les ténèbres, l'arrêta tout à coup ; il s'y était violemment frappé au front. Son sang coula, sa vue s'obscurcit. « Prenez votre fille et mettez-la sur mon cou, dit-il, ou sur le vôtre ; je n'en puis plus. — Pourrais-tu la sauver si tu ne portais qu'elle ? demanda la mère. — Je n'en sais rien, mais je crois que oui », dit le passeur. Mme des Arcis, pour toute réponse, ouvrit les bras, lâcha le cou du passeur, et se laissa aller au fond de l'eau. Lorsque le passeur eut déposé à terre la petite, saine et sauve, le cocher, qui avait été tiré de la rivière par un paysan, l'aida à chercher le corps de Mme des Arcis, On ne le retrouva que le lendemain matin, près du rivage. D'après Alfred de MUSSET - Pierre et Camille. 3. Conclusion. Laisser pendant plusieurs secondes les enfants sous l'emprise de l'émotion puis écrire : Une mère aime son enfant jusqu'à donner sa vie pour le sauver.

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37. MORALE - C. M. LE PÈRE (Dans les leçons sur le père, il conviendra, éventuellement, de tenir compte de la présence d'enfants orphelins.) 1. Lecture - Mon père. Lorsque j'évoque les jeux et les joies de ma dixième année, l'image de mon père domine ces souvenirs. Chaque journée heureuse était marquée par sa présence. Les dimanches de printemps, je l'accompagnais dans les bois. Il connaissait le frêne qui était en sève et, en quelques minutes, il me fabriquait des trompettes avec lesquelles j'allais lui « casser les oreilles » tout au long de la journée. Il n'avait pas son pareil pour déceler, après un discret battement d'ailes de l'oiseau, l'emplacement d'un nid de merle, et je savais que chaque fois qu'il s'arrêtait derrière un saule il pourrait me montrer une truite inquiète sous la berge opposée de la rivière. L'été, dans les rares loisirs que lui laissaient les travaux des champs, il m'entraînait vers le seul cerisier de la région dont les fruits mûrissaient bien avant ceux des autres, ou conduisait mes pas vers le quinzième cep de vigne de la dix-huitième rangée, car il y avait là, transparent et doré, sucré à point, le premier chasselas. Mais les automnes surtout étaient merveilleux. Vêtus d'imperméables, chaussés de gros souliers, lui portant son fusil sous le bras, nous partions par les champs labourés. Il savait où s'abritait le lièvre, où se lèveraient les perdrix. Nous ne parlions presque pas mais je comprenais tous ses gestes... Crottés, fourbus, parfois ruisselants de pluie, nous rentrions à la nuit et nous approchions du feu. Et là était dit tout ce qui ne l'avait pas été plus tôt. L'hiver, nous ne sortions guère, mais la saison me comblait de jouets : « Papa, je voudrais un fusil, papa, je voudrais une voiture... » Mon père se mettait à son établi, et de vieilles planches devenaient sous mes yeux ravis les objets demandés. Comme il me paraissait fort et admirable alors, mon papa ! En toute saison, les soirées m'ont laissé d'inoubliables images... C'est autour de la table familiale que mon père m'a appris à jouer aux dominos et aux cartes. Et je revois encore ses yeux pleins de bonhomie lorsque, ayant donné lui-même le signal du coucher, je lui disais, quoique recru de fatigue : « Encore une partie, papa. » 2. Réflexions sur la lecture. 1. Comment qualifieriez-vous le souvenir que l'auteur a gardé de son père ? 2. Que faisait le petit garçon en toute saison ? Que lui montrait son papa au printemps ? 3. Que faisaient-ils en été ? Quelle était la saison merveilleuse ? 4. Que fabriquait le papa, l'hiver, pour son petit garçon? A quoi jouaient-ils le soir ? 5. Ce papa aimait-il son petit garçon et celui-ci était-il heureux auprès de son papa et l'aimait-il ? 3. Réflexions sur la vie. 1. Pourquoi et pour qui les papas travaillent-ils ? 2. Etes-vous heureux quand votre papa revient à la maison le soir ? Pourquoi?

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3. Votre papa s'occupe-t-il de vous, de vos études ? Joue-t-il avec vous ? Vous emmène-t-il promener, au cinéma, à la chasse, à la plage, etc. ? 4. Réfléchissez une minute à tout le travail que fait votre papa, à la fatigue qu'il ressent, aux difficultés qu'il doit vaincre. Que pensez-vous de sa vie ? 4. Actions et problèmes. Que faire pour rendre la vie de votre papa plus douce ? 1. Lui montrer votre affection. Il arrive fatigué de son travail. (L'embrasser, lui apporter son journal, ses pantoufles.) 2. Allez-vous, dès qu'il est assis, lui poser des questions, l'importuner, insister pour qu'il joue avec vous ? 3. Vous savez que papa aime avoir tous les soirs son journal. C'est vous qui, d'habitude, allez le lui chercher, mais ce soir vous êtes en train de jouer... Que faire ? 4. Papa demande à la fin de chaque mois le cahier mensuel. Que ferez-vous pour qu'il soit content ? 5. Résolution. (A nuancer s'il y a des orphelins dans la classe.) Les papas aiment bien leurs enfants. J'éviterai de faire de la peine à mon papa, je m'efforcerai d'être un bon écolier afin de le rendre heureux.

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38. MORALE - C. M. LE PÈRE AFFECTUEUX 1. Lecture - Séparation. (M. Roch accompagne son fils à la gare. L'enfant se sépare de son père pour entrer dans un collège.) Ils entrèrent dans la gare en avance d'une demi-heure. Le billet pris, les bagages enregistrés, ils gagnèrent la salle d'attente, s'assirent l'un près de l'autre, sur une banquette et, sans parler, ils regardèrent les affiches jaunes, les réclames enluminées qui bariolaient les murs. M. Roch tenait, dans sa main, la main de Sébastien, la serrait souvent d'une étreinte tremblante. « J'ai mis dans ta malle quatre tablettes de chocolat, dit-il, avec un effort visible... Ménage-les... N'avons-nous rien oublié ? Ta boîte de compas ?... Oui, c'est moi-même qui l'ai emballée... Et tes billes ?... Tes billes aussi, je me rappelle... tout au fond, dans un sac... Ménage-les... elles sont en agate... » Après un silence, il soupira : « C'est incroyable... Je n'aurais pas pensé que ça arriverait, comme cela, si vite !... Plus que dix minutes ! Comme le temps passe rapidement ! J'ai mis aussi du pain d'épice dans ta malle, entre tes chaussettes de laine. » II soupira longuement et ne prononça plus un mot, sinon pour demander de temps à autre : « Et ton billet ?... As-tu ton billet ?... Ne le perds pas. » Ou bien : « Ne te penche pas aux portières... Un accident est tôt arrivé... » Sébastien pleurait. Jamais il n'avait vu son père ainsi. S'il eût osé, il se fût jeté dans ses bras, il l'eût supplié de laisser là le train, et de s'en retourner, tous les deux, dans la boutique où ils seraient très heureux à s'aimer. Lui aussi, il se mettrait en manches de chemise, il aurait un tablier de cotonnade et il irait chez les clients, compterait les cadenas, pèserait les clous. Quelle joie de revoir la rivière, les images renversées des peupliers, les mouvantes chevelures des roseaux ! Et ses camarades retrouvés ! Et les champs et les fleurs, et les parties de marelle, sur la grand-place !... Les minutes s'envolèrent, douloureuses. Soudain, un employé vint ouvrir la porte. « Via le train, monsieur Roch... Dépêchez-vous !... Passez de l'autre côté. » Tous les deux, ils traversèrent la voie, se tenant toujours par la main, effarés, un peu chancelants. Et la sombre machine, terrible avec ses yeux rouges qui s'avançaient dans la nuit, siffla, roula, s'arrêta. A peine si M. Roch s'aperçut que Sébastien était monté dans le wagon, que le train s'était remis en marche, avait disparu, laissant la voie vide. Il demeura longtemps à la même place, sur le quai redevenu désert. Il fallut l'intervention du chef de gare pour qu'il se décidât à partir. Octave MIRBEAU - Sébastien Roch. Fasquelle 2. Réflexions sur la lecture. 1. Qu'éprouvent le père et le fils dans la salle d'attente avant de se séparer ?

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2. Quelles sont les préoccupations de M. Roch? Quelles recommandations fait-il ? Estce que ce sont, d'habitude, celles d'un papa ? 3. Quels regrets exprime le père en soupirant ? 4. L'enfant est-il ému ? Pourquoi ? Qu'aurait-il fait s'il l'avait osé ? 5. Aurait-il bien fait ? Oui ? Pourquoi ? C'est triste de se séparer de ses parents. Peut-être sera-t-il malheureux loin des siens et ne travaillera-t-il pas bien ? Dans ces conditions, ne ferait-il pas mieux de vendre des cadenas avec son père ? Non ? Pourquoi ? Les études au collège lui permettront d'être plus instruit. La séparation n'est qu'un mauvais moment à passer. Concluons : « Le père a raison d'envoyer son fils au collège. » 6. Comment se fait la séparation ? Pourquoi le père s'est-il à peine aperçu du départ du train ? 7. Que pensez-vous de ce père ? Quelles sont ses qualités ? 3. Réflexions sur la vie. 1. Vous est-il arrivé de vous séparer de vos parents et surtout de votre papa ? Avezvous éprouvé des regrets ? Pourquoi ? 2. Quand la maman est absente, qui vous aime à sa place, qui gagne votre vie, qui parfois s'occupe de votre entretien ? 3. Même quand maman est là, papa ne s'occupe-t-il pas de vous ? Auxquelles de vos activités s'intéresse-t-il ? 4. Réfléchissez une minute à ce que votre papa fait pour vous chaque jour. Essayez d'imaginer quelles sont ses pensées et dans quelle mesure elles peuvent vous intéresser ? 4. Actions et problèmes. Que faire pour rendre à votre papa un peu de ce qu'il fait pour vous ? 1. Lui montrer que vous l'aimez (révision), que vous lui obéissez, que vous suivez ses conseils. 2. Quand il rentre, fatigué, qu'allez-vous lui demander ? Quelque chose pour vous ? Non, mais ce que vous pourriez faire pour lui. 3. Un jour, vous êtes revenu de l'école avec de mauvaises notes, Qu'a dit votre papa ? Qu'avez-vous promis ? 4. Votre papa vous a défendu de grimper aux arbres. Vous avez désobéi. Qu'allez-vous faire ? 5. Vous avez mal répondu à votre papa qui vous faisait une observation. Qu'est-il arrivé ? Que promettez-vous ? 6. Papa est fatigué et demande à votre petit frère d'aller lui chercher des cigarettes. Votre petit frère est follement intéressé par un livre d'aventures... Que lui dites-vous ou que faites-vous ? 5. Résolution. Le père gagne par son travail la vie de la famille et parfois remplace un peu la maman. J'aime mon papa, je lui obéis et je ferai tout ce que je pourrai pour qu'il soit content de moi.

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39. MORALE - C. M. L'AMOUR PATERNEL 1. Lecture - Un père et sa fille. (Caleb et sa fille aveugle vivent pauvrement en fabriquant des jouets.) Caleb et sa fille aveugle vivaient seuls dans une petite maison en bois. Je ferais mieux de dire que Caleb vivait là et que sa pauvre fille vivait ailleurs, dans une demeure enchantée, meublée par Caleb et où ni la pauvreté ni l'inquiétude n'entraient. Caleb n'était pas sorcier : tout son art magique, il l'avait puisé dans un amour paternel éperdu. La jeune aveugle ignorait que le plafond était sali, que les murs laissaient tomber leur plâtre, elle ne savait pas que le fer se rouillait, le bois se pourrissait, le papier se déchirait. La jeune aveugle ne savait pas que sur le buffet il n'y avait que des poteries grossières, que le chagrin et le découragement étaient dans la maison et que les cheveux de Caleb devenaient chaque jour plus gris... Et tout cela était l'œuvre de Caleb. Caleb et sa fille travaillaient ensemble dans leur atelier. « Alors, père, tu es sorti hier soir par cette pluie avec ton beau pardessus neuf ? dit la jeune fille. — Oui, avec mon beau pardessus tout neuf, répondit le père en lançant un coup d'œil au sac qui séchait étendu sur une corde. — Comme je suis contente que tu l'aies acheté, père ! — Et chez un si bon tailleur, fit Caleb. Un tailleur tout à fait élégant. Ce paletot est bien trop beau pour moi. » L'aveugle suspendit un moment son travail et ajouta avec un rire joyeux : « Trop beau, père ! Rien ne peut être trop beau pour toi ! — Ça me gêne presque de le porter, dit Caleb, guettant l'effet de ses paroles sur le visage animé de sa fille. Quand j'entends les gamins et les bonnes gens dire sur mon passage : « Oh ! là ! là ! en voilà un élégant ! » je ne sais où me fourrer. Et ce mendiant qui ne voulait plus me lâcher hier soir : j'avais beau lui dire que j'étais un simple ouvrier. « Non, mon prince! Que le bon Dieu vous bénisse ! Il ne faut pas m'en faire accroire ! » Vraiment, j'étais honteux, comme si je n'avais pas le droit de porter de pardessus. » L'heureuse aveugle ! Qu'elle était joyeuse ! « II me semble que je te vois, père, fit-elle, joignant les mains ; quand tu es là, c'est comme si j'avais des yeux. C'est un pardessus bleu. — Il est vaste, pas trop collant, précisa Caleb. — Oui, confortable! fit-elle, riant franchement; qu'il doit bien aller, cher père, avec tes yeux brillants, tes cheveux noirs, ton visage souriant et ton pas rapide ; tu es superbe avec, j'en suis sûre ! — Allons, allons, dit Caleb, tu vas me rendre vaniteux. — Tu l'es déjà, je crois bien », fit-elle, rieuse... Quelle différence entre le Caleb qu'elle imaginait et celui qui l'observait au même moment ! Elle parlait de son pas rapide et elle ne se trompait pas. Depuis des années, il n'avait jamais franchi le seuil de la maison de son pas naturel, mais d'un pas contrefait, tout exprès pour qu'elle l'entendît ; jamais, malgré son cœur accablé, il n'avait oublié d'imiter ce pas léger qui devait alléger le cœur de son enfant. Charles DICKENS - Le Grillon du Foyer. Hachette

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2. Réflexions sur la lecture. 1. Pourquoi l'auteur dit-il que Caleb vivait là et que sa fille aveugle vivait ailleurs dans « une demeure enchantée » ? (Relire cet alinéa.) 2. « Caleb n'était pas sorcier : tout son art magique, il l'avait puisé dans un amour paternel éperdu. » Qu'est-ce que cela veut dire ? 3. Comment était la maison ? Et le mobilier ? La jeune aveugle le savait-elle ? Pourquoi ? 4. Pourquoi Caleb laissait-il croire à sa fille qu'il avait un beau pardessus ? 5. Avait-il raison de mentir à sa fille ? Non ? Pourquoi ? (On ne doit pas mentir. C'est encore plus pénible de tromper une aveugle.) Oui ? Pourquoi ? (Ce mensonge ne fait de mal à personne. Il adoucit les souffrances de sa fille. Pour mentir ainsi ne souffre-t-il pas lui-même ?) Concluons : Ce pieux mensonge est toléré car il est charitable. 6. Pourquoi Caleb a-t-il, depuis des années, allégé son pas, donné une idée toute différente de ce qu'il est ? 7. Que pensez-vous de ce père qui ment à sa fille, déforme son pas, essaie de la tromper sur la pauvreté de leur vie, crée pour elle un monde enchanté où elle éprouve un peu de bonheur ? 8. Quelles sont les qualités de ce père ? N'est-il pas à la fois le père par son travail et la mère par la tendresse ? 3. Réflexions sur la vie. 1. Dans quelles circonstances votre papa a-t-il apporté à l'un d'entre vous, ou à vos frères ou sœurs, des consolations à vos peines ? 2; Les infirmes, les grands malades ont besoin de plus d'affection que les autres. Si la maman est absente, qui apporte cette chaleur au foyer ? 3. Même si nous ne sommes pas malades, nous pouvons éprouver de la peine, des déceptions. Qui nous consolera, nous fera oublier, espérer ? 4. Connaissez-vous des malheureux auxquels on donne des raisons d'espérer. Ce n'est pas toujours vrai mais est-on très coupable de le faire ? 4. Actions et problèmes. 1. Vous avez mal travaillé et vous êtes malheureux. Maman comprendra facilement. Que faire auprès de papa ? 2. Vous avez désobéi et abîmé votre belle bicyclette. Quel est le plus sûr moyen de vous faire pardonner par votre papa ? 3. Vous avez eu un prix à la fin de l'année. Papa a voulu assister à la distribution. Estce que cela vous a fait plaisir ? 4. Lorsque votre papa sera vieux, que ferez-vous pour lui ? 5. Résolution. Les papas, comme les mamans, s'efforcent de rendre la vie agréable à leurs enfants. Je montrerai mon affection à mon papa en travaillant bien en classe.

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40. MORALE - C. M. FRÈRES ET SŒURS 1. Lecture - Christophe et ses petits frères. C'est au moment où la situation de la famille devenait la plus difficile, que le petit Christophe commença à comprendre ce qui se passait autour de lui. Il n'était plus seul enfant. Deux autres avaient trois et quatre ans. Le père ne s'en occupait jamais. Louisa, la mère, forcée de sortir, les confiait à Christophe. 11 en coûtait à Christophe, car il devait renoncer pour ce devoir à ses bonnes après-midi dans les champs. Mais il était fier qu'on le traitât en homme, et il s'acquittait de sa tâche gravement. Il amusait de son mieux les petits en leur montrant ses jeux, et il s'appliquait à leur parler, comme il avait entendu la mère causer avec le bébé. Ou bien il les portait dans ses bras l'un après l'autre, comme il avait vu faire ; il fléchissait sous le poids, serrant les dents, pressant de toute sa force le petit frère contre sa poitrine, pour qu'il ne tombât pas. Les petits voulaient toujours être portés, ils n'en étaient jamais las ; et quand Christophe ne pouvait plus, c'étaient des pleurs sans fin. Ils lui donnaient bien du mal, et il était souvent fort embarrassé d'eux. Ils demandaient des soins maternels. Christophe ne savait que faire. Ils abusaient de lui. Il avait envie, parfois, de les gifler ; mais il pensait : « Ils sont petits, ils ne savent pas » ; et il se laissait pincer, taper, tourmenter, avec magnanimité. Ernest hurlait pour rien ; il trépignait, il se roulait de colère : c'était un enfant nerveux, et Louisa avait recommandé à Christophe de ne pas contrarier ses caprices. Quant à Rodolphe, il était d'une malice de singe ; il profitait toujours de ce que Christophe avait Ernest sur les bras pour faire derrière son dos toutes les sottises possibles ; il cassait les jouets, renversait l'eau, salissait sa robe, et faisait tomber les plats, en fouillant dans le placard. Si bien que, lorsque Louisa rentrait, au lieu de complimenter Christophe, elle lui disait, sans le gronder, mais d'un air chagrin, en voyant les dégâts : « Mon pauvre garçon, tu n'es pas habile. » Christophe était mortifié, et il avait le cœur gros. D'après Romain ROLLAND - Jean-Christophe. L'Aube. Ollendorff 2. Réflexions sur la lecture. 1. Pourquoi Christophe devait-il s'occuper de ses frères ? 2. Est-ce que cela déplaisait à Christophe ? Pourquoi ? Mais quel sentiment éprouvaitil? 3. Comment s'occupait-il de ses frères ? Pouvait-il leur donner tout ce qu'ils demandaient ? 4. De quoi avait-il envie parfois ? Mais que pensait-il et que leur laissait-il f aire ? 5. Christophe était-il un bon frère ? Quelles étaient ses qualités ? Patience, indulgence, compréhension. Et qu'était-il encore ? (Un bon fils.) 6. Est-ce que les frères de Christophe étaient faciles à élever ? (L'un était nerveux, l'autre malicieux.) Quelles sottises faisaient-ils ?

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7. Que disait la maman à son retour ? Qu'éprouvait alors Christophe ? Avait-elle tout à fait raison ? N'aimait-elle pas son petit garçon ? (Si, mais elle n'était pas heureuse, elle était pauvre, excédée par des difficultés qu'elle ne pouvait surmonter.) 3. Réflexions sur la vie. 1. Christophe était le plus âgé, le frère aîné. Quels sont les devoirs du frère aîné envers ses parents et ses frères ou sœurs ? Que doit-il faire lorsque les parents sont absents ou viennent à disparaître ? 2. Avez-vous des frères ou des sœurs plus jeunes que vous ? Jouez-vous, travaillezvous avec eux ? Que devez-vous faire pour eux ? Les aider, les surveiller, leur montrer le bon exemple. 3. Avez-vous des frères ou des sœurs plus âgés que vous ? Jouez-vous, travaillez-vous avec eux ? Que leur devez-vous ? (L'obéissance dans les cas que les parents approuvent, la politesse.) 4. Préféreriez-vous être l'aîné ou le cadet ? Pourquoi ? 4. Actions et problèmes. 1. « Surveille ta petite sœur, vous dit maman, je vais au marché. » Justement, vous alliez jouer avec une camarade. Que dites-vous ? 2. Votre petit frère vous demande, pour la troisième fois, de lui expliquer un problème qu'il n'a pas compris. Vous avez, vous aussi, un problème à résoudre. Que lui répondez-vous ? 3. Votre grande sœur vous a dit de ranger vos affaires. Cela vous ennuie. Vous murmurez des mots désagréables. Est-ce bien ? 4. Françoise déchire là page du livre de son frère aîné. Que fera le frère ? Que dira Françoise ? 5. Votre sœur est tombée de bicyclette. Que faites-vous i 6. Vous êtes dans les premiers de la classe et félicité par vos parents. Votre sœur est dans les dernières. Que dites-vous ? (Problème inverse.) 7. Votre frère est malade. Comment lui montrer votre affection ? 5. Résolution. Le frère aîné, la sœur aînée sont souvent appelés à s'occuper des plus jeunes. Ils doivent les aider, les surveiller, leur donner le bon exemple. J'aimerai bien mes frères et mes sœurs.

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41. MORALE - C. M. FRERES ET SŒURS 1. Lecture - La grande sœur. (Les Dumont ont trois enfants : Lucie douze ans, Claude dix ans, Françoise cinq ans. La maman vient de mourir.) La mère morte, la famille fut un moment sans âme. Le père, écrasé de chagrin, ne retrouvait pas son courage. Ce fut Lucie, la fille aînée, qui le réconforta. Elle aussi, pourtant, avait le cœur déchiré ; mais devant son père accablé, devant son frère et sa petite sœur sans soutien, elle avait senti qu'un grand devoir s'imposait à elle. « II faut manger, ma petite Françoise !... disait-elle. Claude ! il est l'heure d'aller en classe !... » Le soir, quand elle voyait son père accoudé sur la table, le dos rond et la tête basse, elle s'approchait doucement : « Papa ! Tu ferais bien de te coucher. » Elle n'allait plus à l'école. Vaillamment, elle s'était mise à la besogne. Elle n'était ni forte ni très adroite, au début, mais elle s'ingéniait à répéter les gestes qu'elle avait vu faire à sa mère. Elle balayait, lavait, cousait, faisait la cuisine. Elle n'eût pas laissé son frère partir pour l'école avec une blouse déchirée ou des souliers malpropres. L'accompagnant jusqu'à la route, elle lui disait : « Prends garde aux automobilistes. » Toute la journée, elle veillait sur sa petite sœur avec un soin jaloux. Le soir, quand le père revenait du travail, il trouvait chaque chose à sa place dans la maison bien propre. Et, sur la table préparée, la soupe fumait comme naguère. Le père regardait la petite ménagère avec des yeux émus. « Tu es vaillante et bonne ». disait-il. Il avait toujours au cœur son grand chagrin, mais il retrouvait peu à peu son courage. Comme il était seul, maintenant, pour gagner la vie de toute la maisonnée, il travaillait comme jamais encore il n'avait travaillé. Si bien que Lucie lui disait parfois, du ton d'une grande personne très sensée : « Ménage tes forces, papa ! » E. PÉROCHON - Les Yeux clairs. Delagrave 2. Réflexions sur la lecture. 1. Qui remplace la maman ? Quel âge a-t-elle ? A quel moment a-t-elle senti qu'elle devait la remplacer ? 2. De qui s'occupe-t-elle ? Que dit-elle à son petit frère, à sa petite sœur ? Et à son papa? 3. Lucie, à la mort de sa maman, aurait pu continuer à aller à l'école. Qu'a-t-elle compris, alors ? (Un grand devoir s'imposait à elle : remplacer sa maman.) 4. Quels travaux faisait Lucie à la maison ?

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5. Que disait-elle à son petit frère en l'accompagnant à l'école ? Et à son papa qui travaillait beaucoup ? 6. Quelles sont les qualités de Lucie ? 3. Réflexions sur la vie. 1. Etes-vous l'aîné, le cadet, le plus jeune, dans votre famille ? Travaillez-vous, jouezvous avec les aînés ? Avec les plus jeunes ? 2. Vous êtes l'aîné. Que pouvez-vous faire, aujourd'hui, pour les frères ou sœurs plus jeunes ? Que devriez-vous faire si un malheur vous privait de votre maman ou de votre papa ? 3. Vous êtes l'un des plus jeunes. Que devez-vous à vos frères ou sœurs plus âgés ? 4. Actions et problèmes. 1. On n'est pas riche à la maison. La maman travaille, vous avez deux petits frères. C'est jeudi. Que pensez-vous ? Que faites-vous ? 2. Vous êtes l'aîné. Votre frère cadet a pris votre bicyclette, est tombé, a cassé trois rayons. Que dites-vous ? Que faites-vous ? 3. Un petit a pris le cahier de sa grande sœur et l'a taché. Vous êtes le petit. Que ditesvous ? Que faites-vous ? Vous êtes la grande sœur. Que dites-vous ? Que faites-vous ? 4. Un petit est allé se baigner dans la rivière malgré l'interdiction de ses parents. Son grand frère l'a vu. Vous êtes le grand. Que dites-vous ? Que faites-vous ? Vous êtes le petit. Que dites-vous ? Que faites-vous ? 5. Votre petit frère vous ennuie. Que dites-vous ? Que faites-vous ? 6. Vous taquinez votre sœur. Elle vous pince très fort. Que faites-vous ? 7. « Si tu ne m'expliques pas mon problème, vous dit votre petite sœur, je dirai à maman que tu as désobéi. » Que ferez-vous ? 5. Résolution. Le grand frère, la grande sœur remplacent les parents si ceux-ci viennent à disparaître. Si je suis l'aîné, je m'occuperai des plus jeunes. Si je suis le plus jeune, j'aimerai mes aînés et je suivrai leurs bons conseils.

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42. MORALE - C. M. NOËL 1. Lecture - Noël d'enfant. J'avais un peu plus de huit ans et c'était la nuit de Noël. Comme à l'habitude, maman nous avait servi le traditionnel repas, nous avions ri et joué ensemble, puis, nous étions allés au lit sans oublier de placer nos chaussures devant la cheminée. Je me réveillai. Comme il faisait froid cette année-là ! Je ne bougeais pas plus qu'un oiseau blotti au creux de son nid. Autour de moi, c'était la nuit profonde et noire. On n'entendait que le souffle régulier et puissant du père, à travers la porte entrouverte de la chambre voisine. Au bout d'un moment, je me décidai. Retenant ma respiration, je posai le pied sur le pavé glacial. Ma longue chemise de nuit m'embarrassait les jambes. Je soulevai mon oreiller. Je pris deux paquets enveloppés dans du papier bleu, le papier bleu des couvertures de cahiers d'école. Lentement, j'avançai vers la chambre de mes parents, serrant les paquets contre moi. Je me mis à genoux. Je poussai la porte qui grinça. Père se retourna dans son lit et respira bruyamment. J'avais peur. Puis il reprit son souffle régulier. A genoux, toujours, j'allais avec prudence. Je ne respirais plus. Enfin, j'atteignis la cheminée. Malgré l'épaisseur de la nuit, je distinguai des taches blanchâtres sur le sol... Le père Noël était passé ! A tâtons, je découvris mes propres chaussures, puis celles de père, puis les fines bottines de maman. Je glissai un paquet dans l'une des bottines, je déposai l'autre dans la grande chaussure de père. Le paquet était petit et fit du bruit en tombant au fond. Puis avec les mêmes précautions, je regagnai le lit chaud et douillet qui m'attendait. Bientôt, je m'endormis avec mes rêves... « Tiens, dit mon père le lendemain matin, qu'est-ce que c'est que cela ? » Il sortit de son soulier le paquet bleu. « Mais, j'ai quelque chose aussi », dit maman. Père ouvrit lentement son paquet. J'étais suspendu à ses doigts. « Eh bien ! dit-il, si je m'attendais... » II découvrait une vieille montre d'acier au bout d'une chaîne rouillée. La grande aiguille et le verre manquaient. Père tournait la montre entre ses doigts sans rien dire. « Et toi, maman, qu'as-tu trouvé ? — Ceci, dit maman, et elle présenta deux bobines de fil... » Puis elle déplia un long ruban rosé qui provenait d'une boîte de dragées. Père et elle se lancèrent un coup d'œil. Papa examinait sa montre d'un air absorbé. Il la mit à son oreille. « Elle ne marche pas », dis-je avec assurance. Cette fois, mes parents rirent franchement. Ils m'embrassèrent. « Maman, dit mon père, je crois que le père Noël n'a jamais été aussi généreux que cette année. » Je le pense bien. Mais cela m'avait coûté cher. J'avais dû donner à Calbrix 45 billes pour qu'il consentît à me les échanger contre la montre, les bobines et le ruban. C'était tout ce que je possédais. D'après Georges LE SIDANER - A la Volette. Julliard 90

2. Réflexions sur la lecture. 1. A quelle heure se réveille le petit garçon ? Qu'entend-il seulement ? 2. Pourquoi l'auteur dit-il : « je ne pouvais plus dormir et, du reste, il ne le fallait pas »? 3. N'y a-t-il pas de risques à aller ainsi dans la nuit ? Que distingue-t-il ? 4. Que fit-il enfin? 5. Que trouvent les parents le lendemain ? Est-ce que ce sont des cadeaux de prix? Font-ils plaisir cependant ? 6. Pourquoi les parents rient-ils ? Comment le petit garçon s'était-il procuré les cadeaux? 7. Problème moral. Le petit garçon a-t-il eu raison d'offrir de tels cadeaux à ses parents ? Non ? Pourquoi ? Ce sont des objets insignifiants. L'échange avec les billes a-t-il été honnête ? Oui ? Pourquoi. C'est la pensée affectueuse, l'attention délicate qui compte. Le petit garçon a donné tout ce qu'il possédait. Concluons : La véritable valeur d'un cadeau dépend du cœur de celui qui l'offre. Le petit garçon a eu raison. 8. Que pensez-vous de ce petit garçon ? 3. Réflexions sur la vie. 1. Avez-vous déjà offert à Noël un cadeau à vos parents ? Racontez. 2. Est-ce que cela leur a fait plaisir ? Comment vous Font-ils montré ? 3. Est-ce que l'on doit penser seulement à ses parents ? Quels sont les autres membres de la famille qui pensent à vous à Noël et vous le montrent ? 4. La fête de Noël est une fête de famille. A quelles réunions donne-t-elle lieu ? Quelle joie procure-t-elle aux enfants, aux parents ? 4. Actions et problèmes. 1. Si vous n'avez encore rien offert à vos parents, que pourriez-vous décider pour l'avenir ? 2. Si vous aviez quelques économies, que pourriez-vous offrir à papa ? à maman ? 3. Vous n'avez pas d'argent et vous voulez tout de même offrir un souvenir a vos parents. Quoi ? 4. Un camarade vous propose une vieille montre contre 50 billes. Vous n'avez rien trouvé pour offrir à vos parents. Allez-vous accepter cet échange ? 5. Est-il nécessaire de vous réveiller à trois heures du matin pour déposer votre cadeau? Comment pourriez-vous procéder ? 5. Résolution Noël est une fête de famille qui rend heureux parents et enfants. Je montrerai à mes parents que je les aime en leur offrant un petit souvenir.

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43. MORALE - C NOËL ET JOUR DE L'AN 1. Lecture - Soir de Noël. (Le soir de Noël, la petite Nathalie va rendre visite à une vieille demoiselle sans famille qui habite une propriété appelée « la Merlière ». Elle lui apporte une branche de sapin décorée de guirlandes.) Nathalie s'arrêta brusquement. Une idée venait de lui traverser l'esprit : pourquoi n'iraitelle pas à « la Merlière » ? Mlle Elisabeth devait être seule, et la visite lui serait peut-être agréable. La petite fille fit demi-tour, traversa le pont au-dessus de la rivière que l'on entendait gronder dans l'ombre et s'engagea sur le chemin montant. Ce fut une dure ascension. La lourde branche pesait sur ses bras tendus, le froid lui raidissait les doigts et remplissait ses yeux de larmes, ses pieds butaient contre les cailloux invisibles. Et puis... elle ne se sentait pas rassurée. La solitude et l'obscurité l'impressionnaient. De temps en temps elle se retournait pour regarder le village plongé dans un gouffre de ténèbres et ses lumières clignotantes de plus en plus lointaines, qui semblaient la rappeler vers les maisons pleines de gens et de vie, vers les chambres chaudes et les feux clairs. Elle continuait pourtant sa route. Elle atteignit enfin la maison et monta le perron en haletant. Mlle Elisabeth n'avait pas encore poussé les verrous de la porte. Nathalie l'ouvrit sans peine et pénétra dans le vestibule. A tâtons, elle alla poser la branche sur le coffre et, sortant les allumettes de sa poche, elle se mit en devoir d'allumer les bougies. Mlle Elisabeth, seule comme toujours, tisonnait le feu... Elle trouvait la journée de Noël bien longue et, ce soir, elle se sentait triste. Nathalie apparut, portant une branche de sapin étincelante de guirlandes et d'étoiles, et rayonnante de lumière. Les flammes des bougies éclairaient son visage tout rosé de froid, et sa bouche souriante qui disait : « Joyeux Noël ! Joyeux Noël ! » Elle déposa son fardeau sur le marbre du guéridon, s'avança vers Mlle Elisabeth stupéfaite et l'embrassa. Puis, sans dire un mot de plus, elle alla se placer près de la branche éblouissante, croisa les bras, et se mit à chanter les naïfs et très vieux noëls1 provençaux. Mlle Elisabeth l'écoutait... Elle écoutait ces chants depuis longtemps oubliés, mais qu'elle savait autrefois, lorsqu'elle était encore une petite fille du temps où le bonheur régnait à « là Merlière », où l'on y fêtait encore Noël, où vivaient ses parents, son frère 2... Et tandis que s'élevait la douce voix de Nathalie, quelque chose semblait se fondre dans son vieux cœur desséché et l'emplir d'une chaleur inconnue. « Merci, dit-elle quand la petite fille se tut : vous m'avez fait plaisir. Et quel courage de monter ici de nuit, par ce froid ! N'avez-vous pas eu peur ? — Oh si ! s'écria Nathalie. Mais je pensais que ce n'était pas drôle pour vous d'être toute seule à « la Merlière. » Pour la première fois depuis bien longtemps, Mlle Elisabeth passa une douce soirée de Noël... D'après L. RAUZIER-FONTAINE - Le Rêve de Caroline. Hachette 1. Chants de Noël. — 2. Ils sont morts.

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2. Réflexions sur la lecture. 1. Pourquoi Nathalie va-t-elle à « la Merlière » ? 2. Qu'est-ce qui rend cette marche de nuit peu agréable? 3. Qu'est-ce qui semble rappeler la fillette seule dans Se froid et la nuit ? 4. Comment entre-t-elle à « la Merlière » ? 5. Que fait Nathalie ? Qu'éprouvé Mlle Elisabeth ? Que lui rappellent les chants ? Cette visite imprévue est-elle agréable aux deux ? 6. Que pensez-vous de Nathalie ? Quelles sont ses qualités ? 3. Réflexions sur la vie. 1. Avez-vous, un soir de Noël où vous étiez heureux, pensé à d'autres enfants qui ne l'étaient pas ? 2. Avez-vous pensé, ce jour-là, à de grandes personnes seules, à des vieillards ? 3. Ce serait déjà bien d'oublier un peu votre bonheur pour penser à la peine des autres. Mais cela ne suffit pas. Avez-vous fait aussi quelque chose pour eux ? 4. Que se disent les gens à Noël? « Joyeux Noël. » Et au 1" janvier? Qu'est-ce que cela veut dire ? Qu'est-ce qu'un souhait ? Des vœux ? 4. Actions et problèmes. 1. Les parents de Pierre ne sont pas riches. Peut-être ne recevra-t-il rien le jour de Noël ? Dites ce que vous pouvez faire pour lui. 2. Le père de Jeannette est malade. La famille a tout juste de quoi se nourrir. Vous réunissez vos camarades pour essayer de lui rendre Noël agréable. 3. La mère Durand vit seule dans une pauvre maison. Qui pensera à elle le jour de Noël ? Que pouvez-vous faire ? 4. Les vieillards d'une maison de retraite, les malades d'un hôpital risquent d'être abandonnés pour Noël. Que pourriez-vous décider en classe ? 5. C'est le matin du 1" janvier. Que dites-vous à vos parents, à vos camarades, aux personnes que vous connaissez et, quelques jours plus tard, à votre maître ? 6. Vos grands-parents, votre oncle habitent dans une autre ville. Comment leur souhaiter la bonne année ? Réfléchissez deux minutes et dites ce que vous mettriez dans cette lettre du 1er de l'an. 5. .Résolution Tous les gens ne sont pas heureux à Noël. Je penserai à ceux qui souffrent de la faim, du froid, de la solitude, et je m'efforcerai de leur apporter un peu de bonheur. Le 1er janvier, je souhaiterai une bonne année à tous ceux que j'aime.

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44. MORALE - C. M. LES BONS ENFANTS 1. Lecture - Les chaussures neuves. (Pour le récompenser de son travail la mère de Louis vient de lui acheter une paire de chaussures neuves.) Louis avait pris tendrement la main de sa mère comme lorsqu'il était plus petit. De temps en temps, elle l'observait du coin de l'œil, pour profiter elle-même du plaisir de son enfant. Elle regardait aussi du côté des chaussures. Elle constatait avec satisfaction que Louis s'efforçait de marcher sans tourner les pieds, sans se frotter les chevilles. Mais tandis qu'ils avançaient... elle s'aperçut que la mine de l'enfant devenait soucieuse. Il regardait devant lui. Il avait l'air de poursuivre une idée un peu difficile pour lui. « A quoi penses-tu, mon petit ? — A rien. — Tu n'es plus content ? — Oh si ! — Mais alors ? — Combien ont coûté mes chaussures ? — Neuf francs cinquante. Tu n'as pas entendu que je marchandais ? (Il avait entendu ; mais il craignait de s'être trompé.) Il n'a voulu me rabattre que huit sous. Oh ! elles sont chères. Mais le cuir est très beau. — Dis, maman, combien est-ce que papa gagne par jour ? — Ce que gagne papa... Eh bien ! C'est très joli ce qu'il gagne. D'abord on le paie au mois. C'est un grand avantage. — Oui, mais ça lui fait combien par jour ? — Je ne fais pas le compte... Pas dix francs évidemment. Il n'y a que les gros employés qui gagnent dix francs. — Ah !... pas neuf francs non plus ? — En tout cas, ce n'en est pas loin. Mais de quoi vas-tu t'occuper ? » Elle se pencha un peu pour l'examiner de plus près. Son air radieux de tout à l'heure était complètement parti. Il avait un petit froncement des sourcils, un frémissement des lèvres. Ses yeux continuaient à regarder devant lui ; mais autour de leur lumière sombre, il y avait maintenant un voile humide. Il serrait plus fort la main de sa mère. Elle fut saisie tout à coup, atteinte au cœur par la pensée qui tourmentait son enfant. Elle fit un grand effort pour empêcher ses propres larmes de venir. Penchée sur lui, caressant ses cheveux, son béret, elle lui dit : « Mon petit garçon ! mon pauvre petit garçon ! mon petit Louis chéri ! » D'après Jules ROMAINS - Les Hommes de bonne volonté. Les Humbles. Flammarion 2. Réflexions sur la lecture. 1. La maman était-elle contente de la façon dont le petit garçon étrennait ses belles chaussures ? 2. Mais l'enfant était-il vraiment content ? Quelle est la question qui le préoccupe et comment la pose-t-il ?

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3. Pourquoi la maman est embarrassée par la question de Louis ? Que demande enfin celui-ci ? 4. La maman a-t-elle eu raison d'acheter des chaussures qui semblent chères à Louis ? Oui ? Pourquoi ? C'est une récompense pour Louis. Les bonnes chaussures sont chères et coûtent souvent plus d'une journée du travail du papa. Elles dureront longtemps. Non ? Pourquoi ? Les parents de Louis sont pauvres. On manque de beaucoup de choses à la maison. Concluons : « La maman a voulu faire plaisir à son petit garçon. Mais celui-ci voit la peine que se donnent ses parents. » 5. La maman est-elle satisfaite de la question de Louis ? Que lui répond-elle ? Pourquoi? Elle aurait voulu que cette petite folie échappe à Louis. 6. Comment se comporte Louis quand il a la certitude que ses chaussures coûtent plus cher qu'une journée de travail de son papa ? Quelle émotion s'empare de la maman ? 3. Réflexions sur la vie. 1. Avez-vous pensé à ce que votre nourriture coûte à vos parents ? 2. Combien coûtent une paire de chaussures, un costume, un manteau ? Ce prix représente combien de journées de travail de votre papa ? 3. Combien ont coûté vos vacances, vos livres et votre équipement pour la rentrée ? 4. Combien les jeux ou jouets que l'on vous offre représentent-ils de journées de travail? 5. Que faire pour ne pas augmenter les soucis et les peines de vos parents ? Eviter de se salir, de déchirer ses vêtements, prendre soin de tout ce que l'on vous donne, ne pas vous montrer exigeants. 4. Actions et problèmes. 1. « Ne marche pas dans l'eau, dites-vous à votre petit frère, tu abîmes tes chaussures. — Ça ne fait rien, répond-il, maman m'en achètera d'autres. » Que lui dites-vous ? 2. « Maman, achète-moi cette poupée... et cette robe... et ce bracelet. » C'est votre petite sœur qui parle. Qu'allez-vous lui dire ? 3. Vous voulez une belle robe jaune ? Maman vous en achète une bleue parce qu'elle coûte moins cher. Que deviez-vous faire et dire ? 4. Je voudrais cette belle montre, dit Nicole. — Elle est trop chère, répond maman. — Oh ! vous avez bien assez d'argent, » reprend Nicole.. Que pourriez-vous lui dire ? 5. Vous voudriez ces chaussures jaunes qui coûtent 40 F. Maman prend les noires qui coûtent 25 F. Que faites-vous ? Que dites-vous ? 5. Résolution Les parents font de gros efforts pour nourrir, habiller, élever leurs enfants. J'éviterai de me salir, je penserai au prix que coûtent les vêtements et aux heures de travail qu'ils représentent pour papa et maman.

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45. MORALE - C. M. LES BONS ENFANTS 1. Lecture - Les résolutions de Louis Bastide. (M. Bastide a perdu son emploi et ne trouve pas de travail.) M. Bastide persistant à ne pas trouver un travail qui lui convienne, Louis a pris une résolution. Depuis plusieurs jours, il s'est juré qu'il gagnerait sa vie. Il n'a pas la sottise de se croire capable de gagner celle de ses parents. Mais il ne veut plus rien leur coûter. Il ne veut plus être pour rien dans le tarissement des économies... S'il ne peut pas gagner la vie de ses parents, il est persuadé qu'il peut gagner la sienne, à lui. Il a fait des calculs, il connaît le prix des choses ; non de toutes, bien sûr, mais des principales... En outre, il a questionné sa maman avec adresse. Il estime qu'à condition d'être modéré, de ne jamais reprendre deux fois d'un plat à table, de dire : « Merci, je n'ai plus faim », en face d'un fromage ou d'un fruit qu'on aime ; à condition aussi de ne pas trop jouer dans la cour de l'école, pour épargner les chaussures ; de surveiller ces mille gestes nerveux qu'on fait sans y penser, quand on est assis, et qui usent les vêtements, il arrivera à ne coûter chaque jour à ses parents que dix-neuf sous. Zéro franc quatre-vingt-quinze centimes. Lui-même ne retrouverait que difficilement tous les calculs qu'il a faits pour aboutir à ce chiffre. Mais maintenant il l'a adopté. Il s'agit donc de se procurer dix-neuf sous chaque jour, par son travail. Ce qui complique l'affaire, c'est que Louis continuera de fréquenter son école. Ce qui la complique encore davantage, c'est qu'il veut que ses parents, au moins au début, ne soient informés de rien. Il mettra ses gains de côté. Où ? Il ne sait pas encore. Un jour, il dira à sa mère : « Voici tant d'argent. C'est ce que je t'ai coûté depuis tant de jours. » D'après Jules ROMAINS - Les Hommes de bonne volonté. Les Humbles. Flammarion 2. Réflexions sur la lecture. 1. Dans quelle situation se trouve M. Bastide ? 2. Que décide Louis ? Pourquoi veut-il gagner sa vie ? 3. A combien estime-t-il ce qu'il coûte à ses parents ? Et en prenant quelles précautions ? 4. Problème moral. Louis a-t-il raison de ne vouloir rien coûter à ses parents ? Oui ? Pourquoi ? Ses parents sont pauvres, il veut les aider. Il peut gagner quelque argent. Non ? Pourquoi ? Il est encore bien jeune et doit encore aller à l'école. N'est-ce pas une illusion pour un petit garçon de dix ans de vouloir gagner de l'argent chaque jour ? Concluons : Même si son idée n'est pas tout à fait réalisable, elle est émouvante.

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3. Réflexions sur la vie. 1. Quelqu'un a-t-il un jour décidé de gagner un peu d'argent pour moins couler a ses parents ? 2. Avez-vous au moins essayé d'évaluer ce que leur coûtent d'efforts votre nourriture, vos vêtements et chaussures, vos livres et jouets ? 3. Peut-être vous est-il arrivé de gagner ou de recevoir quelque argent ? Qu'en avezvous fait ? Avez-vous pensé à l'économiser, à offrir quelque chose à vos parents ? 4. Pensez-vous que vous pourriez, en continuant d'aller à l'école et en ne disant rien à vos parents, travailler chaque jour ? A quoi ? Auriez-vous raison de le faire ? Pourquoi ? 5. Si vous ne pouvez aider directement vos parents, comment pouvez-vous ne pas augmenter leurs dépenses ? (Eviter d'user trop vite les vêtements, d'être gourmand, de trop demander.) 4. Actions et problèmes. 1. Pendant les vacances vous avez aidé plusieurs fois un commerçant à ranger sa boutique. Il vous a donné 5 F. Qu'en avez-vous fait? Qu'auriez-vous pu en faire ? 2. Paul, dont les parents ne sont pas riches, fait le soir après la classe des livraisons pour un épicier. Avec l'argent qu'il reçoit il achète des gâteaux et des bonbons. Qu'en pensezvous ? 3. Votre petit frère descend une pente sur le derrière et déchire son pantalon. « Maman m'en achètera un autre », affirme-t-il. Que lui dites-vous ? 4. Monique a gardé pendant plusieurs jours les enfants d'une voisine. Celle-ci lui donne 20 F. Que feriez-vous de cet argent si vous étiez à la place de Monique ? 5. Résolution. Il est possible qu'un jour mes parents ne gagnent pas assez d'argent. Je m'efforcerai de ne pas leur demander trop de choses. Plus tard, je les aiderai.

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46. MORALE - C. M. LES BONS ENFANTS 1. Lecture - Les mains de maman. Un jour, pour la première fois peut-être, Jacques « regarda » maman. Elle était penchée sur sa machine à coudre, s'interrompant de temps à autre pour changer les pièces qu'elle cousait. Jacques remarqua des choses qu'il n'avait jamais vues. Il gardait le souvenir de la maman jeune et alerte, et voilà qu'il discernait dans les cheveux sombres des fils d'argent. Les yeux tendres restaient aussi tendres quand ils regardaient Jacques, mais ils s'enfonçaient dans les orbites, et l'on voyait qu'ils avaient beaucoup pleuré. Les mains de maman apparaissaient en pleine lumière. Jacques les vit pour la première fois. C'étaient de pauvres mains ridées, abîmées par les travaux du ménage et par les soins de la grande maison, plissées et durcies par la lessive, piquées par les travaux d'aiguille. Et ces mains parlèrent à Jacques et lui dirent : Autrefois, nous étions fraîches et sans rides. Tu as senti jadis notre douceur quand nous voltigions autour de ton berceau, comme des esprits bienfaisants et agiles. Maintenant, nous sommes rudes et fanées. Mais c'est pour toi que nous avons souffert. Chacun des bienfaits modestes que tu reçois chaque jour est marqué par une piqûre, une ride minuscule, un point plus noir au bout d'un doigt. Nous sommes devenues de tristes mains déformées pour que tu gardes les mains blanches et que la vie te soit légère. » Jacques, d'un regard, enveloppa sa mère, et il la vit telle qu'elle était, simple et bonne, douce et brave, tout entière penchée sur le devoir quotidien, qui se résumait pour elle en un seul nom : « Jacques ». Alors, d'une voix changée, il dit « Maman... — Qu'y a-t-il, mon chéri ? demanda maman en arrêtant sa machine à coudre. — Maman, reprit Jacques, donne-moi tes mains. » II s'agenouilla devant elle, comme il faisait si souvent autrefois, à l'heure où commence la veillée. Et, pieusement, il baisa les pauvres mains ridées, tandis que des larmes lui montaient aux yeux. « Ne les embrasse pas, dit maman, en retirant ses mains. Elles sont trop laides... » Mais Jacques les couvrit de baisers. Maman attira son fils contre elle, et, silencieusement, elle le serra contre son cœur. Ch. AB DER HALDEN - Hors du Nid. Bourrelier 2. Réflexions sur la lecture. 1. Pourquoi l'auteur dit-il que Jacques « regarda » maman ? 2. Que remarque-t-il à cette occasion ? Est-ce que la maman qu'il vit ce jour-là était semblable à celle dont il avait gardé le souvenir ? Qu'est-ce qui le frappe particulièrement ? 3. Comment vit-il les mains ? Ridées, abîmées, plissées, durcies, piquées. 4. « Ces mains parlèrent à Jacques. » Est-ce exact ? De quoi s'agit-il en réalité ? 5. Que racontèrent ces mains? Pour qui ont-elles souffert? Dans quel but ? 6. Quelles sont les qualités, qu'après cette évocation de l’histoire des mains, Jacques reconnaît à sa maman ? En quoi se résume pour elle le devoir de chaque jour ? 7. Que fait Jacques, gagné par une profonde émotion ? Comment se termine cette scène émouvante ?

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8. Quelles reconnaissance.

sont les

qualités

que

montre

Jacques?

Affection,

respect,

3. Réflexions sur la vie. 1. Avez-vous pensé quelquefois aux épreuves, aux fatigues que le travail, les difficultés de chaque jour imposent à vos parents ? 2. Avez-vous pensé qu'ils ont été enfants comme vous, puis jeunes gens et que, peu à peu, ils ont été marqués par les efforts, les souffrances qu'ils se sont imposés. Et pour qui toute cette peine ? 3. Réfléchissez pendant quelques secondes à ce que font pour vous les mains de maman ou de papa en une journée de travail. 4. Réfléchissez pendant quelques secondes aux pensées qui traversent l'esprit de maman ou de papa en une journée de travail. 4. Actions et problèmes. En échange de tout ce que vos parents font pour vous, que devez-vous leur montrer ? 1. Votre affection. Papa n'a pas eu le temps de se raser ce matin. Votre petite sœur fait la grimace pour l'embrasser. Que lui dites-vous ? 2. Votre petit frère a été puni à l'école. Pour que maman ne l'interroge pas, il a « oublié » d'aller l'embrasser. Que lui dites-vous ? 3. Votre obéissance. Pressé d'aller jouer, votre frère laisse sa chambre en désordre. Est-ce que cela fera plaisir à maman ? 4. Votre maman vous a confié la garde de la petite sœur. Mais vos camarades viennent vous chercher pour aller jouer, « juste devant la porte ». Que pensez-vous ? Que faites-vous ? 4. Résolution. Je n'oublierai pas les peines et les souffrances que mes parents ont supportées pour m'élever. Je leur montrerai mon affection et ma reconnaissance.

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47.MORALE - C. M. LES BONS ENFANTS 1. Lecture - Maman. Maman, c'est à douze ans que j'ai commencé à te comprendre... C'est à douze ans que j'ai commencé à te voir. Maman, tu es toute petite, tu portes un bonnet blanc, un corsage noir et un tablier bleu. Tu marches dans notre maison, tu ranges le ménage, tu fais la cuisine et tu es maman. Tu te lèves le matin pour balayer, et puis tu prépares la soupe, et puis tu viens m'éveiller. J'entends tes pas sur les marches de l'escalier. C'est le jour qui arrive avec l'école, et je ne suis pas bien content. Mais tu ouvres la porte : c'est maman qui vient avec du courage et de la bonté. Tu m'embrasses, et je passe les bras autour de ton cou et je t'embrasse... Tu es une bonne divinité qui chasse la paresse. Tu entrouvres la fenêtre, et l'air et le soleil, c'est toi, et tu es encore le matin et le travail... Maman tu es travailleuse. Le travail de mon père est celui qui nous donne la vie, et ton travail consiste à l'ordonner. Tu veux que rien ne manque, et tout ton corps, et tes mains et tes cheveux et tes jambes s'occupent à ce soin, et je sens que tu en as fait les serviteurs de notre vie... Il y a la vaisselle, il y a le ménage, il y a la cuisine. Il y a le balai et la lessive. Il y a les commissions chez l'épicier, chez le boucher et chez tous les marchands. Il y a le raccommodage et la confection. Ce sont des travaux simples qui s'étendent devant ta vie et que tu accomplis sans cesse. Après chacun d'eux, tu regardes le suivant et tu pars où il te conduit, docile et calme. Je te vois avec tes joues tendres où mes baisers s'enfoncent. Je vois tes mains un peu rugueuses que la vie a frottées avec tous ses travaux... Maman, lorsque tu es assise à la fenêtre, tu couds et tu penses. Je sais bien à quoi tu penses... Tu penses à la chemise que tu couds, à un gilet, à un pantalon ou à la soupe du soir. Tu penses à hier, à aujourd'hui, à demain... Mais surtout tu penses à moi. Tu veux vivre, non pas tant pour me voir grandir que pour m'aider à cela. Ton cœur est plein de forces et tu veux toutes les employer... Alors, maman, tu n'es plus une simple femme qui coud et qui pense, tu es la mère d'un enfant de douze ans, tu te recueilles, toi qui prépares un homme. D'après Charles-Louis PHILIPPE - La Mère et l'Enfant. Nouvelle Revue Française 2. Réflexions sur la lecture. 1. A quel âge l'auteur a-t-il commencé à comprendre et à voir sa maman ? 2. Quelles sont les tâches qu'il lui voit accomplir ? 3. Est-il content lorsque arrive l'heure du réveil ? Qui chasse la paresse, lui redonne courage ? 4. Quelle est la grande qualité que l'enfant reconnaît à la maman ? Quels sont les travaux qu'elle accomplit? 5. Cette maman se plaint-elle de ses tâches, de la monotonie de sa vie ?... « Tu accomplis sans cesse... Tu regardes le suivant... docile et calme... » 6. Comment l'enfant voit-il le visage, les mains de la maman ?

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7. A quoi pense la maman ? Au travail... A qui pense-t-elle ? A son enfant. Dans quel but ? Pour l'aider à grandir, à devenir un homme. 3. Réflexions sur la vie. 1. Avez-vous commencé, vous aussi, « à comprendre », « à voir » votre maman, c'està-dire à réfléchir à tout ce qu'elle fait ? 2. Quelles sont les tâches de sa journée ? A-t-elle beaucoup de repos ? 3. Si vous, vos frères et sœurs, n'étiez pas nés, votre maman aurait-elle autant de travail et de soucis ? Ses mains seraient-elles aussi rugueuses, son esprit aussi préoccupé ? 4. Outre la couture, la cuisine, son métier, à quoi pense votre maman ? A faire de vous un garçon (ou une fille) bon, raisonnable, méritant le nom d'homme. 5. Que devez-vous faire à votre tour ? L'aider à atteindre ce but et, pour cela, vous comporter en garçon (ou en fille) raisonnable, réfléchi, travailleur. 4. Actions et problèmes. 1. Votre petite sœur fait un caprice qui décourage maman. Que dites-vous à votre petite sœur ? 2. Vous rentrez de l'école. Votre maman est triste. Que lui dites-vous ? 3. Maman vous a envoyé faire une commission. Vous rencontrez des camarades et vous vous attardez à jouer. A votre retour maman n'est pas contente. Qu'avez-vous pensé et dit ? 4. Maman est malade. Que faites-vous pour alléger sa tâche ? 5. Vous avez, en jouant, cassé un carreau de la maison voisine. Vous vous sauvez. Que dira maman ? Que faites-vous ?

5. Résolution. Le travail de la maman est commandé par une grande idée : faire de son enfant un homme (ou une femme) digne de ce nom. Par mon affection et mon travail, j'aiderai mes parents à me rendre meilleur.

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48. MORALE - C. M. LES BONS ENFANTS 1. Lecture - L'écharpe de laine. (Pendant la guerre de 1914-1918, le soldat Maréchal ne recevait jamais de nouvelles. Sa femme était morte et sa petite fille âgée de six ans vivait chez une vieille dame qui ne savait pas écrire.) ...Ce jour-là, il y avait un paquet pour Maréchal. Oh ! un tout petit paquet, qui tenait presque dans le creux de sa main. Un pauvre petit paquet, enveloppé de papier gris, qui avait l'air honteux au milieu des gros paquets blancs. Mais Maréchal ne l'aurait pas échangé contre tous les autres ensemble. Il fit signe à ses deux amis ; et tous les trois, pour être bien seuls et tranquilles, entrèrent dans une maison vide. Et là, penchés sur le petit paquet que Maréchal tenait dans sa main, ils le regardaient en silence et attendaient, anxieux de l'ouvrir. Enfin le papa de Jacqueline dénoua la ficelle, déplia un coin du papier. Et aussitôt, sur le plancher de la maison, une petite pastille noire sauta, roula, puis une petite pastille blonde, puis à la file, noires et blondes, cinq, six, huit, douze petites pastilles. Elles rebondirent sur le plancher et se mirent à tourner en rond, à rouler, tournant et tournant, sous les yeux des trois soldats. Vite, ils se précipitèrent, coururent après, les rattrapèrent une à une. Mais plus ils en ramassaient, plus il semblait y en avoir. Elles roulaient et tournaient toujours, les noires qui étaient de réglisse, les blondes qui étaient au miel... « Ce n'est pas tout », dit alors Maréchal. Il avait déplié le papier et il montrait à ses amis quelque chose qu'il venait d'y trouver. Ce n'était pas une écharpe de laine, le paquet était bien trop petit. C'était seulement une chaînette de points, rien qu'une rangée de mailles où deux fils de laine s'enlaçaient, un fil blanc et un fil gris. Jacqueline avait appris à faire le point de chaînette, mais c'était tout ce qu'elle savait faire. Alors, de tout son cœur, elle avait tricoté des points, et encore des points à la file, aussi long qu'une longue écharpe : rien qu'une chaînette de mailles c'est vrai, mince comme la ,queue d'une souris, même pas de quoi réchauffer le cou d'un petit roitelet sans plumes. Peut-être que les deux autres avaient un peu envie de sourire et de se moquer. Maréchal en tout cas souriait. H contemplait cette chaînette de points, fil blanc et fil gris enlacés. Doucement, pieusement, il la mit autour du cou comme une chaude écharpe de laine. Ses amis le regardaient faire, et voici qu'ils souriaient aussi. Mais leur sourire ne se moquait pas... D'après Maurice GENEVOIX - L'Hirondelle qui fit le printemps. Flammarion 2. Réflexions sur la lecture. 1. Que reçoit le soldat Maréchal ? Est-ce un gros, un joli paquet ? 2. Pourquoi ne l’aurait-il pas échangé contre tous les autres ensemble ? 3. Est-ce qu'il ouvre très vite son paquet ? Qu'est-ce qui tombe du papier ? 4. lin quoi cet envoi est-il émouvant ? (« Jacqueline a tricoté tic de tout son cœur. ») 5. Est-ce une véritable écharpe ? Comment se comportent les deux autres soldats ? Que fait Maréchal ? Que font les deux autres ? 6. Pourquoi Maréchal est-il aussi ému ? (Il découvre l'affectueuse attention de sa petite fille. Ce paquet sans valeur c'est le cœur de son enfant.)

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3. Réflexions sur la vie. 1. Avez-vous déjà offert quelque cadeau à votre papa ou à votre maman ? En quelles circonstances ? 2. Est-il nécessaire que les cadeaux coûtent cher ? Qu'est-ce qui toucherait le plus papa et maman, un objet acheté dans un magasin ou bien quelque chose qui serait votre œuvre ? 3. Réfléchissez deux minutes à ce que vous pourriez offrir à maman ou papa pour la fête des mères, des pères, leur anniversaire, Noël, etc. 4. Actions et problèmes. 1. Vous êtes séparé de vos parents pour un mois. Que ferez-vous pour leur montrer que vous ne les oubliez pas ? 2. Papa ou maman est malade dans un lointain hôpital. Que faites-vous ? 3. Vous avez 4 F dans une tirelire et vous voulez acheter un joli ballon. « C'est demain la fête de papa », vous dit votre grande sœur. Que faites-vous ? 4. C'est bientôt la fête de maman. Vous n'avez aucune économie. Que pouvez-vous faire ? (Fleurs des champs, dessin, tricot, broderie, page appliquée, etc.) 5. C'est bientôt la fête des mères, puis celle des pères. Vous réunissez vos camarades pour rechercher en commun ce que vous pourriez confectionner à l'école afin de l'offrir à vos parents. 5. Résolution. Nos parents sont sensibles aux marques d'affection que nous avons pour eux. Si mes parents sont éloignés' de moi, je leur écrirai. Je leur offrirai un bouquet ou un petit souvenir pour leur fête.

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49. MORALE - C. M. LES BONS ENFANTS 1. Lecture - Le trésor de Louis Bastide. (M. Bastide-ne trouvant pas de travail, son fils Louis a pris la décision de gagner sa vie. Après les heures de classe, et à l'insu de ses parents, il a livré des fleurs, mais a été renvoyé au bout de deux jours... Il cherche d'autres menus travaux.) Ces jours derniers, Louis s'est déjà arrêté sur bien des trottoirs. 11 a failli entrer dans plusieurs boutiques. Il a regardé faire les marchands de marrons, les marchandes de frites ; les marchands de crayons et lacets qui errent de carrefour en carrefour ; les boutiquières installées sous les portes... les marchands de bretelles, bas et chaussettes, dont l'éventaire se blottit entre deux étalages de vrais commerçants... Heureusement, en ces deux jours, il avait noué de bonnes relations avec la concierge d'une maison toute voisine... Cette concierge, Mme Chapitre, s'occupait de vente de café... Louis Bastide entra donc au service de Mme Chapitre. « Je ne veux pas te tromper. Le café, ce n'est pas comme les fleurs. Tu ne pourras guère compter sur les pourboires. Un sou ou deux, de temps en temps, c'est possible. » Elle réfléchit. « Voilà : je te donnerai dix sous par jour... Et même, si ça va, je t'augmenterai... » C'est ainsi que de quatre heures et demie à six heures et demie... dans la nuit presque toujours pluvieuse, Louis Bastide porte sous sa pèlerine de petits sacs de café. Il n'en porte généralement qu'un ou deux à la fois. Les commandes ne sont pas très nombreuses, et les clients habitent tout près. Mme Chapitre préfère que le petit revienne plus souvent, et n'ait pas les bras trop chargés... Louis fait sa besogne du mieux qu'il peut. Quand il sonne ou frappe à une porte, il a toujours des battements de cœur. 11 craint parfois de s'être trompé d'étage... De temps en temps, Louis reçoit un léger pourboire : deux sous, ou bien un sou qu'on ajoute au paiement de la livraison... Louis n'a jamais pu atteindre au-delà de six sous de pourboire dans une soirée. Et il lui arrive de faire quinze livraisons. Trois bouquets lui rapportaient autant. Il en est bien ennuyé parce que le chiffre de ses gains est bien inférieur à celui qu'il s'était fixé... ****************************************************************** (Maintenant, Louis, qui a amassé quelque argent, va le remettre à sa maman.) Louis se dirigea vers sa petite chambre. Quand il reparut, il tenait une boîte dont il fit glisser le couvercle... Sa mère le regardait avec surprise. Elle le vit tirer de la boîte des pièces d'un franc et des pièces de cinquante centimes, des sous, et les distribuer devant lui par piles régulières... « Mais d'où vient cet argent ? — Je l'ai gagné, maman, je te le donne. — Tu l'as gagné ? Et comment as-tu fait ? Combien y a-t-il ? - Il y a trente-deux francs et trois sous. Je l'ai gagne en travaillant » lit Louis conta son aventure... Il ne voulut pas donner l'adresse du commerçant. « Mais pourquoi ne pas me le dire ?

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— Parce que tu m'empêcherais peut-être d'y retourner ; et moi, je veux gagner ma vie. Tant que papa n'aura pas de travail, je ne veux pas que tes économies diminuent à cause de moi. » D'après Jules ROMAINS - Les Hommes de bonne volonté. Flammarion. 2. Réflexions sur la lecture. 1. La famille de Louis est-elle riche ? Qu'a décidé le petit garçon ? 2. Qu'a-t-il commencé par faire ? Quelle activité choisit-il finalement ? Est-il bien payé ? 3. En quoi consiste son travail ? Comment le fait-il ? Que craint-il parfois ? Est-il satisfait de ses gains ? 4. Cependant Louis a amassé une petite somme. Que va-t-il en faire ? 5. Problème moral. A-t-il raison de la remettre à sa maman ? Non ? Pourquoi ? C'est peu de chose et cela ne va guère améliorer la situation de la famille. (C'est lui qui l'a gagnée : il pourrait en garder un peu.) Oui ? Pourquoi ? Son geste fera plus de plaisir à sa maman que l'importance de la somme. (Il montre qu'il aime ses parents.) Concluons : « C'est un joli geste d'un bon petit garçon. » 6. A-t-il raison de ne pas dire à sa maman qui le fait travailler ? 7. Quelles sont les qualités de Louis Bastide ? Affectueux, reconnaissant, travailleur, économe. 3. Réflexions sur la vie. 1. Avez-vous déjà travaillé, ou pensé à travailler, pour venir en aide à vos parents ? Dans quelles circonstances ? 2. Qu'avez-vous fait ou que pourriez-vous faire ? Vous êtes trop jeunes pour effectuer un travail régulier mais, certains jours de vacances, vous avez peut-être aidé un commerçant, participé aux vendanges, à la moisson, etc. 3. Serait-il nécessaire d'avoir beaucoup d'argent pour faire plaisir à maman ? De quoi se contenterait-elle ? 4. Actions et problèmes. 1. Vos parents ne sont pas riches. Pendant les vacances vous avez gardé les vaches d'une ferme. On vous a donné 10 F. Comment pourriez-vous employer cet argent ? 2. Votre papa est malade. Votre frère, âgé de douze ans, a vendangé pendant plusieurs jours et gagné 90 F. il veut acheter une bicyclette d'occasion. Que lui dites-vous ? 3. Votre oncle vous envoie 20 F. C'est bientôt la fête de maman. Que pouvez-vous faire? 5. Résolution. Je n'oublie pas que je coûte cher à mes parents. Dès que j'aurai gagné ou économisé quelque argent, je leur montrerai que je comprends ce qu'ils font pour moi

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50. MORALE - C. M. LES BONS ENFANTS 1. Lecture - La faim de Christophe. Il y avait des moments de gêne très étroite à la maison. On faisait maigre chère, ces jours-là. Nul ne s'en apercevait mieux que Christophe. Le père ne voyait rien. Louisa, la mère, servait les petits : deux pommes de terre à chacun. Lorsque venait le tour de Christophe, souvent il n'en restait que trois sur l'assiette, et sa mère n'était pas servie. Il le savait d'avance, il les avait comptées, avant qu'elles arrivent à lui. Alors il rassemblait son courage, et il disait d'un air dégagé : « Rien qu'une maman. » Elle s'inquiétait un peu. « Deux, comme les autres. — Non, je t'en prie, une seule. — Est-ce que tu n'as pas faim ? — Non, je n'ai pas très faim. » Mais elle n'en prenait qu'une aussi, et ils la pelaient avec soin, ils la partageaient en tout petits morceaux, ils tâchaient de la manger le plus lentement possible. Sa mère le surveillait. Quand il avait fini : « Allons, prends-la donc ! — Non, maman. — Mais tu es malade, alors ? — Je ne suis pas malade, mais j'ai assez mangé. » Ernest, le petit frère, toujours vorace, qui guettait la pomme de terre du coin de l'œil depuis le commencement du dîner, finissait par lui demander : « Tu ne la manges pas ? Donne-la-moi, Christophe ! » II souffrait plus qu'un autre enfant de ces jeûnes cruels. Son robuste estomac était à la torture. Mais il ne se plaignait pas ; il se sentait observé par sa mère, et il prenait un air indifférent. Louisa, le cœur serré, comprenait vaguement que son petit garçon se privait de manger, pour que les autres eussent davantage. Elle ne lui disait rien ; mais une ou deux fois, quand les autres étaient sortis, elle priait son aîné de rester, pour lui rendre quelque petit service, Christophe lui tenait sa pelote, tandis qu'elle la dévidait. Brusquement, elle l'attirait, le serrait contre elle. 11 lui passait avec violence ses bras autour du cou, et ils pleuraient tous deux en s'embrassant comme des désespérés. « Mon pauvre petit garçon !... — Maman, chère maman !... » Ils ne disaient rien de plus, mais ils se comprenaient. D'après Romain ROLLAND - Jean-Christophe. L'aube. Albin Michel 2. Réflexions sur la lecture. 1. Est-ce que cette famille était riche ? Qu'arrivait-il certains jours ? 2. Combien restait-il de pommes de terre lorsque venait le tour de Christophe ? Qui devait encore se servir ?

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3. Que disait-il ? Rien qu'une. Et encore ? Disait-il la vérité ? Pourquoi ? 4. Que faisait la maman ? Que disait-il quand elle insistait ? J'ai assez mangé. Etait-ce vrai ? 5. Quelle solution aurait pu être plus juste ? Mais qui intervenait alors ? 6. Est-ce que ces privations étaient agréables à Christophe? Quelles qualités montret-il ? (Affection pour sa mère, délicatesse, esprit de sacrifice, etc.) 7. Que faisait quelquefois la maman ? Qu'arrivait-il alors ? (Dans cette souffrance ils sentaient encore davantage combien ils s'aimaient.) 3. Réflexions sur la vie. 1. Vous est-il arrivé d'avoir à vous servir alors que le plat ne contient plus assez de nourriture pour ceux qui ne sont pas servis ? Qu'avez-vous fait ? (Que feriez-vous, si... ?) 2. Quels sacrifices vous êtes-vous imposés, ou pourriez-vous vous imposer, pour ne pas augmenter ce que vous coûtez à vos parents ? Recherchez les objets ou les fruits, les gâteaux dont vous pourriez vous passer. 3. Vous êtes-vous parfois demandé si vos parents ne souhaiteraient pas que vous soyez un peu moins gourmands ou exigeants en ce qui concerne vos vêtements, chaussures, jouets, etc. ? 4. Sauriez-vous avoir faim pour que vos parents, vos frères ou sœurs n'en souffrent pas? 4. Actions et problèmes. 1. Vos parents ne sont pas riches. Vous vous trouvez dans la situation de Christophe devant ses trois pommes de terre, maman n'étant pas servie. Que faites-vous ? 2. Lorsque le poulet arrive devant vous, il ne reste qu'une cuisse, que vous aimez bien, et la carcasse, qui est très maigre. Maman n'est pas servie. Quel morceau prenez-vous ? 3. On vous avait promis un ballon de 10 F. Mais la veille de l'achat vous entendez maman se plaindre de n'avoir pas assez d'argent pour arriver à la fin du mois. Que pensezvous ? Que faites-vous ? ^ 4. Votre jeune frère porte vos vêtements quand ils ne sont pas trop usés. Il n'en a donc jamais de neufs ? Aujourd'hui, il aurait envie d'une certaine veste. Que pourriez-vous dire à vos parents ? 5. Résolution. Je réfléchirai à ce que coûtent à mes parents ma nourriture et mes vêtements. Je saurai me priver à mon tour, limiter mes besoins, afin de ne pas augmenter inutilement les dépenses de la famille.

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51. MORALE - C. M. LES GRANDS-PARENTS 1. Lecture - La bonne grand-mère. Nonot frappe à la porte de sa grand-mère Nanée Sornin, qui habite seule dans un hameau de la vallée. Il entre ; la vieille femme est recroquevillée au coin du feu. « C'est encore toi, petit brigand, dit-elle. Ta mère te battra et elle aura raison. Tu as encore manqué la classe... — Bonne maman, je me suis bien amusé... Je voulais aller en classe, mais j'ai cassé des tuiles sur le toit, j'ai eu peur et je suis parti... — Prends du bouillon chaud, je parie que tu es gelé, mon pauvre petit... — Bonne maman, je n'ai pas faim... » Elle sourit et lui caresse les cheveux avec ses vieilles mains où les veines font de petites cordes. A ce moment, la mère de Nonot entre sans frapper. « II est là, crie-t-elle. Ce chenapan ! J'en suis malade. Je devrais le tuer... — Tu ne feras pas ça, ma fille... Le pauvre petit a eu peur... — Je ne suis pas contente. Tout l'été dernier, vous l'avez défendu contre moi... Vous le gâtez... Il ne me craint plus... » Nonot s'est réfugié derrière sa grand-mère. « II faut pourtant que ça finisse, dit la mère. Il n'est pas plus bête qu'un autre et il ne sait même pas : « Maître Corbeau sur un arbre perché... » Alors, la grand-mère se tourne vers Nonot et soupire et gronde : « Tu ne sais pas : « Maître Corbeau sur un arbre perché... » ? Ce n'est pas possible ?... A ton âge, je savais toute la fable et je me la rappelle encore. Oh ! je suis bien malheureuse d'avoir un petit-fils comme ça... Que tu ne saches pas compter sur le bout du doigt, ça passe encore, mais ne pas savoir : « Maître Corbeau » et la « Cigale ayant chanté »... Ce n'est pas possible. Je te fermerai ma porte. Je croyais que tu étais trop savant et que tu pouvais te payer des vacances... Oh ! que tu as les oreilles longues, mon ami. » Nonot est rouge de honte ; c'est la première fois que sa grand-mère lui parle avec sévérité ; et même elle se met à pleurer, car il est muet comme une carpe. « Laissez-moi le gifler, s'écrie la mère. — Non, ma fille. Qui lui donnerait le pardon, si ce n'est moi ?... Approche-toi, Nonot... Moi qui croyais que tu étais trop savant ! — Bonne maman, il ne faut plus pleurer, dit Nonot. — Je ne veux plus te voir avant que tu puisses me lire des histoires... il faudra que tu me dises sans faute : « Le chêne et le roseau... » Sans ça, tu ne seras plus mon petit-fils. Je ne veux pas d'un garçon qui soit plus bête que mon âne. Et toi, ma fille, ne le bats pas... Allezvous-en, tous les deux !... » ... Quelques mois après, le maître d'école trouve que Nonot a fait beaucoup de progrès... D'après Ch. SILVESTRE - Pleine terre. Pion 2. Réflexions sur la lecture. 1. Qu'a fait Nonot et que lui prédit sa grand-mère ? 2. Que lui offre-t-elle aussitôt? Le punit-elle pour avoir manqué la classe ?

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3. Qu'est-ce que la mère de Nonot reproche à la grand-mère ? A-t-elle raison ? 4. Que serait-il arrivé s'il n'y avait pas eu la grand-mère ? 5. Qu'est-ce que « Maître Corbeau » et pourquoi Nonot ne le sait-il pas ? 6. Quelle leçon la grand-mère donne-t-elle à Nonot ? Comment intervient-elle pour lui éviter la gifle que veut lui donner sa mère ? 7. Que pensez-vous du jugement de la grand-mère : « Allez-vous-en tous les deux » ? De quelles qualités la grand-mère fait-elle preuve ? (Bonté, finesse.) 8. Est-ce que Nonot a écouté sa grand-mère ? 3. Réflexions sur la vie. 1. Avez-vous une grand-mère ? De qui est-elle la mère ? Vit-elle avec vous ou bien la voyez-vous de temps à autre seulement ? 2. Les grand-mères sont toujours bonnes pour leurs petits-enfants. Qu'a fait la vôtre pour vous ? 3. Votre grand-mère est-elle plus sévère que vos parents ? Ne discute-t-elle pas avec eux à votre sujet comme l'ont fait la mère et la grand-mère de Nonot ? 4. Qu'ont fait vos grands-parents ? (Ils ont élevé vos parents.) 5. Que font-ils pour vous? Que leur devez-vous;? (Affection, aide, respect, obéissance.) 4. Actions et problèmes. 1. Que faire pour montrer à vos grands-parents que vous les aimez ? (Ne pas se moquer de leurs manies, les embrasser, être prévenant, guider leurs pas, leur apporter les pantoufles, les lunettes, leur parler avec douceur, etc.) 2. Votre grand-mère habite seule dans une maison. Que pouvez-vous faire pour rendre sa vie plus agréable ? 3. Les rhumatismes de grand-mère (ou de grand-père) l'empêchent de de marcher sans aide. Que pouvez-vous faire ? 4. C'est bientôt la fête de grand-mère. Comment allez-vous lui montrer que vous ne l'oubliez pas ? 5. Votre petit frère s'est moqué de grand-père. Que lui dites-vous ? 5. Résolution. Nos grands-parents ont peiné et souffert pour élever nos parents. Maintenant, ils nous montrent leur affection, leur indulgence. J'aimerai mes grands-parents.

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52. MORALE - C. M. LES GRANDS-PARENTS 1. Lecture - Mon grand-père. Le jeudi, j'allais souvent déjeuner chez mes grands-parents. Ma grand-mère étant impotente, c'est à mon grand-père qu'incombaient les soins de leur ménage. J'ai passé en leur compagnie des heures délicieuses. La bonne vieille m'a longtemps charmé de ses histoires, ce qui finissait par agacer son mari : « Laisse-le donc ce petit, tu l'ennuies avec tes boniments d'un autre siècle... Tu ne préfères pas que nous allions chercher des nids dans les bois ? » Je répondais « oui », doucement, afin que grand-mère n'en fût pas affectée. Grand-père m'a appris à regarder vivre les animaux. 11 connaissait les habitudes des insectes et m'expliquait la vie des fourmis et des abeilles ; ensemble, nous passions des heures à regarder une guêpe bâtir son nid. A genoux sur un tapis de feuilles mortes, il m'a enseigné à épier la chasse silencieuse du renard, l'agitation inquiète de l'écureuil qui nous avait repérés, le retour insouciant du naïf lapin de garenne. Aux approches de l'hiver, nous avons observé le vol des oiseaux migrateurs, tandis qu'il me racontait leurs voyages vers des pays dont le nom chante toujours à mes oreilles... A l'époque de mes dix ans on décida que j'étais assez savant pour entrer au lycée de la ville voisine. Je revois encore ce dernier jeudi de septembre que je passai avec mes grandsparents. A mon arrivée je les entendis discuter avec vivacité et, par déférence, je n'entrai pas tout de suite. « Nous allons lui dire, décidait ma grand-mère : « Mon petit Jacques, « voici une montre qui te rappellera que tu ne dois pas perdre ton temps et que... » — Ta, ra, ta, ta, l'interrompit grand-père, tu vas encore l'agacer avec des histoires de bons lutins et de méchants diables... C'est beaucoup plus simple que cela. Je vais lui dire : « Jacques, nous t'offrons cette montre en souvenir « de tes dix ans... » Emu et ravi par ce que je venais d'entendre, j'entrai vivement dans la pièce et me jetai au cou de mes grands-parents. 2. Réflexions sur le texte. 1. L'auteur a-t-il gardé un bon souvenir de ses grands-parents ? Pourquoi ? 2. Qu'est-ce qui agaçait le grand-père ? Que proposait-il à son petit-fils ? 3. Qu'est-ce que le grand-père a appris à l'enfant ? 4. Que firent les grands-parents lorsque l'enfant eut dix ans ? 5. De quoi discutaient les deux vieillards à l'arrivée de l'enfant ? Pourquoi le petit garçon était-il bouleversé ? 6. Quelles étaient les qualités de ces grands-parents ? Préférez-vous la manière d'offrir de la grand-mère ou celle du grand-père ? 3. Réflexions sur la vie. 1. Avez-vous vos grands-parents ? Vivent-ils près de vous ? Les voyez-vous souvent?

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2. Lorsque vous avez été séparés de vos grands-parents, avez-vous du plaisir à les revoir ? 3. Comment vos grands-parents vous montrent-ils leur affection ? Leur indulgence ? Sont-ils plus sévères pour vous que vos parents ? 4. Qu'ont fait vos grands-parents pour vos parents et pour vous ? 5. Que devez-vous leur témoigner ? (Affection, obéissance, reconnaissance.) 4. Actions et problèmes. 1. Que ne faut-il pas faire et que faut-il faire pour montrer votre affection à vos grandsparents ? 2. « Grand-père habite à 5 km, c'est trop loin, je n'y vais pas », dites-vous. « Tu as pourtant une bicyclette », ajoute votre sœur. Que ferez-vous ? 3. Grand-père est malade. Vos petits frères se poursuivent autour de son lit. Que leur dites-vous ? 4. Grand-père répète souvent les mêmes histoires. Cela ennuie votre frère qui hausse les épaules. Que lui dites-vous ? 5. Grand-père ne s'est pas rasé. En l'embrassant votre sœur fait la grimace et s'essuie la joue. Qu'en pensez-vous ? 6. Réfléchissez deux minutes à ce que vous écrirez à vos grands-parents pour Noël ou la nouvelle année. 5. Résolution. Les grands-parents se font une joie de recevoir leurs petits-enfants. Je m'efforcerai de les rendre heureux en leur montrant mon affection.

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53. MORALE - C M. LES JOIES ET LES PEINES DE LA FAMILLE 1. Lecture - Le nom de famille. Mon grand-père, Pierre Dumont, appartenait à une famille établie à Launay de temps immémorial, et estimée de tout le pays dans un rayon de trois ou quatre lieues, et il portait fièrement un nom qui représentait, à ses yeux, plusieurs siècles de travail et de bonne conduite. Ce nom, modeste et banal entre tous, il ne l'eût pas échangé contre ceux de Turenne et Condé réunis. Il gardait une profonde reconnaissance aux braves gens qui le lui avaient transmis d'âge en âge, si net et si pur ; il se faisait un devoir sacré de le garder exempt de blâme, et il voulait que ses enfants en prissent soin comme lui. Il s'expliquait là-dessus, en famille, d'un ton si loyal que personne ne pouvait l'entendre sans partager sa conviction. « Un Dumont ne ment pas ! Les Dumont n'ont jamais emprunté un sou sans le rendre. Il n'y a pas de place pour le bien d'autrui dans la maison des Dumont. Un Dumont ne frappe pas un plus faible que lui. Les Dumont, de tout temps, ont été les serviteurs de leurs amis... » D'après Edmond ABOUT • Le Roman d'un brave homme. Hachette 2. Réflexions sur la lecture. 1. Que représentait son nom aux yeux du grand-père ? Des siècles de travail et de bonne conduite. 2. Pourquoi l'auteur dit-il que ce nom est « modeste et banal entre tous » ? Qu'il « ne l'eût pas échangé » contre d'autres illustres ? 3. Quels étaient les braves gens qui le lui avaient transmis ? 4. Quel était le devoir sacré qu'il s'imposait ? "5. Que disait-il en famille sans que personne n'osât le contredire ? Ce qu'il ne faut pas faire pour être un homme digne de ce nom et ce qu'il faut faire (« les serviteurs de leurs amis»). 6. Les Dumont, dont l'histoire n'a pas retenu le nom, sont-ils moins respectables que Turenne et Condé ? 3. Réflexions sur la vie. 1. Avez-vous réfléchi à la signification ou à l'absence de signification de votre nom, ? Quelle a pu être son origine ? 2. Avez-vous une idée des « braves gens » qui vous l'ont transmis d'âge en âge ? 3. Pourquoi doit-on le transmettre « net et pur » ? C'est le nom qui vous désigne, c'est sur lui que se fixe l'estime ou la réprobation de vos semblables. 4. Est-il nécessaire d'être fixé depuis longtemps dans un pays pour veiller à ce que votre nom soit estimé des autres ? 5. Est-il nécessaire d'être un héros, un champion, un grand artiste pour être respecté des autres ? Que faut-il seulement ? (Etre honnête.)

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4. Actions et problèmes. 1. Certains feraient n'importe quoi pour que leur nom figure dans le journal. Qu'en pensez-vous ? 2. Interrogez vos parents, vos grands-parents pour essayer de connaître quelques-uns de vos ancêtres qui ont porté votre nom. 3. Le maître appelle les mauvais élèves. Votre nom est prononcé. Que ressentezvous? 4. A la distribution des prix vous êtes nommé. Qu’éprouvez-vous ? 5. Vous voyez quelquefois votre nom de famille gravé sur le monument aux morts. Vous êtes-vous demandé quelle fut la vie de celui-ci qui l'a porté ? 5. Résolution. La famille est désignée par le nom qu'ont porté nos parents, nos grands-parents et leurs ancêtres. Même si ce nom est peu connu, nous devons nous efforcer, par notre conduite, de le garder sans tache.

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54 .MORALE - C. M. LES JOIES ET LES PEINES DE LA FAMILLE 1. Lecture - Séparation. (Une fillette et sa maman qui viennent de passer quinze jours de vacances chez les grands-parents de l'enfant repartent pour Paris.) Un jour, brusquement, c'était le départ. J'y pensais depuis mon arrivée et, chaque fois, je m'étonnais qu'il fût survenu si vite. Il était donc pour moi, ce jour-là, le train de quatre heures ? Ma grand-mère pleurait en embrassant sa fille : « En voilà pour un an. Serai-je encore là, l'année prochaine ? » Ma mère lui faisait mille recommandations, dissimulant ses larmes sous un air enjoué ; mais elle pleurait aussi en montant vers la gare. Silencieuse, elle marchait à côté de mon grand-père, qui poussait une brouette chargée de notre vieille petite malle. Mon grand-père ne parlait pas. Il faisait enregistrer la malle, embrassait sa fille et sa petite-fille et, tandis que nous passions sur le quai, il allait s'accouder à la barrière. Nous étions toujours très en avance sur l'heure du train et nous restions auprès du vieil homme de l'autre côté de la barrière, déjà séparés, dans le silence tendu qui précède les départs. « Fais attention à maman », murmurait ma mère à voix basse. Mon grand-père ne répondait pas et inclinait la tête en signe d'assentiment. « ... Et à toi aussi, ajoutait ma mère encore plus bas, en proie à une émotion qu'elle ne parvenait plus à cacher. Ne va plus faucher en plein soleil, ménage-toi un peu, maintenant. Tu aurais dû me laisser conduire la brouette. Vois, tes mains tremblent. — Peuh ! ça n'est rien, assurait mon grand-père en haussant les épaules. Pour toi, mon enfant, c'était trop lourd. Tu n'es pas habituée... » On sentait, dans ces mots, une dédaigneuse tendresse. A cet instant sans doute, il maudissait son gendre et Paris qui lui avaient pris sa fille. Le train entrait en gare. Nous montions vite dans un compartiment, et ma mère, penchée à la portière, agitait son mouchoir. De loin, mon grand-père nous faisait un signe, puis s'en allait aussitôt, avant le départ du train, tête baissée, à pas lents, le dos courbé, menant sa brouette vide. Il était soudain très vieux. Sur la route, seul, il s'arrêtait une seconde et, dépliant son mouchoir, il s'essuyait les yeux. « Ton grand-père pleure », disait ma mère bouleversée. Elle regardait une dernière fois son père et son clocher, et fermait la vitre. Blottie dans son coin, elle abaissait les paupières après un dernier regard vers moi, et faisait mine de dormir. Jusqu'à Paris, elle ne parlait pas. D'après Laurence ALGAN - Rue de la Roquette. Pion 2. Réflexions sur la lecture. 1. La grand-mère fatiguée ne va pas à la gare. Que dit-elle en embrassant sa fille ? Quelles recommandations lui fait celle-ci ?

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2. Quel est le sentiment qui étreint toute cette famille dont les membres vont se séparer pour un an ? 3. Comment se comporte le grand-père ? Comment est marquée la séparation dès avant l'arrivée du train ? 4. Quelles recommandations fait la maman de la fillette au grand-père ? Pourquoi estelle aussi bouleversée ? 5. Pourquoi le grand-père maudissait-il son gendre et Paris ? 6. Pourquoi le grand-père n'attend-il pas le départ du train? Comment part-il ? Que faitil sur la route ? 7. Pourquoi la maman ne parlait-elle pas jusqu'à Paris ? A quoi pouvait-elle penser ? 8. Quels sont les sentiments que les membres de cette famille éprouvent les uns pour les autres ? 3. Réflexions sur la vie. 1. Vous est-il arrivé de vous trouver dans des circonstances analogues à celles du récit? Qu'avez-vous éprouvé ? 2. Vous êtes-vous séparé pour longtemps de vos parents ? Qu'avez-vous ressenti ? 3. Quelles recommandations votre maman vous a faites au moment où vous la quittiez? 4. Pourquoi les séparations sont-elles tristes ? Que montrent-elles ? (A quel point s'aiment les membres de la famille.) 4. Actions et problèmes. 1. Votre maman est triste parce qu'elle quitte ses parents. Que lui dites-vous pour la consoler ? 2. Comment rendre moins triste une séparation ? (Eviter de prolonger les adieux, s'efforcer de ne pas pleurer, de trouver des paroles d'espoir, penser que le temps passera, que l'on sera à nouveau réunis.) 3. « Tu iras en vacances, à la mer ou à la montagne », ont décidé vos parents. Préférezvous partir ou rester ? 4. Votre frère est envoyé dans un internat éloigné. Vous vous aimez beaucoup. Que lui dites-vous au moment de vous quitter ? 5. Résolution. C'est par le chagrin qu'ils éprouvent lorsqu'ils se séparent, que les membres d'une famille montrent leur affection. Je tâcherai de surmonter ma tristesse au moment d'une séparation.

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55. MORALE - C. M. LES JOIES ET LES PEINES DE LA FAMILLE 1. Lecture - Soirée en famille. (Une famille vient de s'installer dans un nouvel appartement.) Notre nouvelle salle à manger fut transformée comme l'ancienne en atelier de couture, et maman commença de rêver sur des patrons de papier gris. De gros ciseaux en main, elle, si vive, réfléchissait longuement avant de tailler à même l'étoffe. Parfois, elle nous criait : « Taisez-vous une minute, mes enfants, que je voie clair. » Nous faisions silence, frappés par la gravité de son accent^ de son geste. Et soudain, avec un bruit crissant et glouton, les ciseaux mordaient le drap. Joseph devait recevoir un complet de jeune homme avec, pour la première fois, un pantalon long. Il se montrait plein d'exigence... et maman disait : « Sois tranquille, ce sera comme chez le tailleur. » Elle savait tout faire : couper les vêtements d'homme, faufiler, piquer, broder, tricoter, passer à la teinture, laver, repasser. Joseph, rassuré, s'asseyait sur un petit banc et surveillait mère. Ferdinand, dans un coin, dévorait quelque lecture. Cécile et moi, nous organisions notre royaume sous la table... Mère se reprenait à chanter. Parfois elle faisait quelque confidence pensive touchant son travail. Elle disait : « Je vais bâtir. » Je savais bien qu'elle allait prendre une aiguillée de fil et coudre à grands points. J'avais toutefois le temps .d'imaginer qu'elle pouvait, par magie, faire surgir de la table des murailles, des palais, des tours... Papa, le plus souvent, rentrait pour dîner, une serviette bourrée de livres sous le bras. Nous lui disions : « Tu as l'air d'un écolier. » Cette remarque le faisait sourire et il posait sa serviette... Ferdinand murmurait alors : « Qu'est-ce que ça veut dire : apicole ? » Papa répondait d'une voix nette, précise. Il savait tout et l'expliquait clairement... Parfois, l'explication donnée, père disait : « Vérifions. » II ouvrait sur la table un pesant dictionnaire. Tous ceux qui savaient lire venaient se grouper autour de lui. Maman s'affolait : « Attention aux épingles ! Attention à mes bâtis ! » Alors, père commençait à lire. Maman cessait de se plaindre, et toute la famille écoutait religieusement. G. DUHAMEL - Le Notaire du Havre. Mercure de France 2. Réflexions sur la lecture. 1. Quels sont les membres de cette famille ? 2. Que devient la salle à manger et sur quoi rêve la maman ? 3. Qu'allait recevoir l'aîné ? Pourquoi était-il inquiet ? Que ^disait la maman ? 4. Cette maman vous paraît-elle abattue par son travail ? 5. Comment arrive le papa et que lui disent ses enfants ? Quelle question pose Ferdinand ? 6. « La maman, dit l'auteur, savait tout faire. » Et le papa ? « II savait tout », mais pourquoi se servait-il du dictionnaire? Qu'est-ce que cela provoquait ? Mais quel était le résultat de la lecture ?

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7. Que pensez-vous de cette soirée en famille ? Et de cette famille ? Les membres en étaient-ils heureux ? Qu'est-ce qui le montre ? 3. Réflexions sur la vie. 1. Que faites-vous, en famille, après le repas du soir ? 2. Votre papa vous explique-t-il ce que vous ne comprenez pas ? 3. N'y a-t-il pas des moments de la journée ou des jours de la semaine où les membres de la famille se sentent particulièrement unis ? Lesquels ? 4. Pourquoi appelle-t-on la maison, ou l'appartement, le foyer ? 5. A l'occasion de quels événements graves ou tristes les membres de la famille se sentent-ils unis ? 6. A l'occasion de quelles fêtes ou événements heureux les membres de la famille éprouvent-ils leur union ? 7. Qu'est-ce qui unit davantage, la souffrance ou la joie ? 4. Actions et problèmes. 1. Que faire pour que les membres de notre famille soient heureux ensemble? Vivre souvent en commun sans gêner les autres. 2. Votre grande sœur est triste. Elle a échoué à un examen. Votre petit frère veut se moquer d'elle. Que lui dites-vous ? Que pourriez-vous dire à votre grande sœur ? 3. Vos parents veulent, un soir, aller au cinéma. Mais il faut garder le petit frère. Qui va se dévouer ? 4. Dans quelques jours votre frère aîné va passer un examen important. Quelles sont les préoccupations de tous ? Comment attendez-vous le résultat ? 5. « Tu es toujours dehors », vous dit maman. Toute la famille est assemblée quand vous rentrez. Qu'éprouvez-vous ? 5. Résolution. Les repas, les veillées, les fêtes joyeuses ou les événements tristes permettent aux membres d'une famille de se sentir unis. Je saurai me dévouer pour assurer le bonheur de ma famille.

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56. MORALE - C. M. LA VOIX DE LA CONSCIENCE 1. Lecture - Le lieutenant Louaut. (Le lieutenant Louaut se promène au bord de la Seine. Il aperçoit un petit bateau.) Tout à coup le batelet chavire ; je vis le batelier essayer de nager ; mais il s'y prenait mal. « Ce maladroit va se noyer », me dis-je. J'eus quelque idée de me jeter à l'eau ; mais j'ai quarante-sept ans et des rhumatismes ; il faisait un froid piquant. « Quelqu'un se jettera de l'autre côté », pensai-je. L'homme reparut sur l'eau ; il jeta un cri. Je m'éloignai rapidement. « Ce serait trop fou à moi, aussi ! me disais-je ; quand je serai cloué dans mon lit, Ivec un rhumatisme aigu, qui viendra me voir ? Qui songera à moi ? Je serai seul à mourir d'ennui. Pourquoi cet animal se fait-il marinier sans savoir nager ? D'ailleurs son bateau était trop chargé. » Je pouvais être déjà à cinquante pas de la Seine, j'entends encore un cri du batelier qui se noyait et demandait du secours. Je redoublai le pas. « Que le diable l'emporte ! » me dis-je ; et je me mis à penser à autre chose. Tout à coup je me dis : « Lieutenant Louaut, tu es un misérable ; dans un quart d'heure cet homme sera noyé, et toute ta vie tu te rappelleras son cri. — Misérable, misérable ! dit le parti de la prudence, c'est bientôt dit ; et les soixante-sept jours que le rhumatisme m'a retenu au lit l'an passé ?... Que le diable l'emporte ! Il faut savoir nager quand on est marinier. » Je marchais fort vite. Tout à coup une voix me dit : « Lieutenant Louaut, vous êtes un lâche ! » Ce mot me fit ressauter. Et je me mis à courir vers la Seine. En arrivant au bord, jeter habit, bottes et pantalon ne fut qu'un mouvement. J'étais le plus heureux des hommes. « Non, Louaut n'est pas un lâche, non, non ! » me disais-je à haute voix. Le fait est que je sauvai l'homme, sans difficulté, qui se noyait sans moi. Je le fis porter dans un lit bien chaud ; il reprit bientôt la parole. Qu'est-ce qui m'a fait faire ma belle action ? C'est la peur du mépris, c'est cette voix qui m'a dit : « Lieutenant Louaut, vous êtes un lâche ! » Ce qui me frappa, c'est que la voix, cette fois-là, ne me tutoyait pas. « Vous êtes un lâche ! » Dès que j'eus compris que je pouvais sauver ce maladroit, cela devint un devoir pour moi. Je me serais méprisé moi-même, si je ne m'étais jeté à l'eau... D'après STENDHAL - Correspondance, 2. Réflexions sur la lecture. 1. Que voit sur la Seine le lieutenant Louaut ? Que veut dire : « J'eus quelque idée de me jeter à l'eau. » 2. Quel est aussitôt le problème moral qui se pose à lui ? Va-t-il se jeter à l'eau pour le sauver ? Quelles réponses se fait-il ? Oui ? Pourquoi ? C'est un homme et il va se noyer. Non ? Pourquoi ? J'ai 47 ans, des rhumatismes et il fait froid. — Un autre se jettera de l'autre côté. — Un marinier doit savoir nager. 3. Que pensez-vous de la manière dont il résout le problème ? Une seule raison pour se jeter à l'eau, six pour ne pas le faire. Ces dernières sont-elles aussi fortes que l'autre ?

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4. Que fait-il en entendant les cris ? Il s'éloigne. Tout à coup, que se dit-il ? « Toute ta vie, tu te rappelleras le cri de l'homme... » 5. Que pensez-vous du lieutenant Louaut ? Contre quoi a-t-il remporté la victoire ? Contre son égoïsme. Quelle est cette voix qu'il a entendue ? Celle de la conscience. 3. Réflexions sur la vie. 1. Qu'appelle-t-on la voix de la conscience ? C'est une idée qui nous dit ce qui est bien et ce qui est mal, ce que nous devons faire quand un problème moral est posé. Elle nous guide et elle nous juge. Comme nous sommes libres, nous pouvons choisir. Si nous faisons le bien nous aurons bonne conscience, le mal mauvaise conscience. 2. Quand on vous lit une histoire morale, vous jugez. Qui est-ce qui prononce le jugement ? La conscience. 3. Quand nous semble-t-il entendre cette voix ? Avant d'agir elle nous dit : « II faut faire cela. » Après, elle nous dit : « Tu as bien ou mal fait. » 4. Dans quel cas avez-vous éprouvé bonne conscience ? Elle vous apporte du bonheur, la satisfaction du devoir accompli. 5. Quand avez-vous éprouvé mauvaise conscience ? Elle vous donne du remords. 6. Pensez-vous que les animaux ont une conscience ? C'est elle qui fait la dignité, la grandeur, la noblesse de l'homme. 7. Les jeunes enfants ont-ils une conscience ? Quand se forme-t-elle ? Qu'est-ce que l'âge de raison ? 7-8 ans. Votre conscience est-elle « achevée » ? Elle s'enrichit chaque jour. 8. Qu'est-ce qu'être consciencieux dans son travail ? Apporter tous ses soins à le bien faire. 4. Actions et problèmes. 1. Votre camarade a oublié deux billes sur la table. Vous en avez envie, vous allez les prendre. Mais votre geste s'arrête. Que s'est-il passé ? 2. Vous copiez au cours d'un devoir. Personne ne vous a vu. Vous avez une très bonne note. Etes-vous content ? 3. « André ! André ! » : votre petit camarade, brutalisé par deux plus grands que vous, appelle à son secours. Vous hésitez. Et puis soudain... 4. Deux camarades vous invitent demain à aller au cinéma plutôt qu'à l'école. Vous acceptez puis vous réfléchissez... Qu'est-ce qui parle alors ? 5. Vous avez dérobé des cerises qui étaient fort bonnes. Personne ne vous a vu. Avezvous envie de recommencer ? 6. Le problème est trop difficile. Il est préférable d'aller jouer... Est-ce la voix de votre conscience ? 5. Résolution. Ma conscience me dit ce qui est bien et ce qui est mal. Je suivrai ses conseils. Je suis content quand j'ai bien agi. J'éprouve du remords, j'ai mauvaise conscience, quand j'ai mal fait.

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57. MORALE - C. M. LA TEMPÉRANCE CONTRE L'ALCOOLISME 1. Lecture - Le retour de l'homme ivre. C'était mon voisin, cet Arthur... Tous les samedis j'entendais, sans en rien perdre, l'horrible drame qui se jouait dans ce ménage. Cela commençait toujours de la même façon. La femme préparait le souper ; les enfants tournaient autour d'elle. Elle leur parlait doucement, s'affairait. Sept heures, huit heures : personne... A mesure que le temps passait, sa voix changeait, roulait des larmes, devenait nerveuse. Les enfants avaient faim, sommeil, commençaient à grogner. L'homme n'arrivait toujours pas ; on mangeait sans lui. Puis les enfants couchés, elle venait sur le balcon de bois, et je l'entendais sangloter tout bas. Elle persistait dans son espoir, dans son attente, et restait là accoudée, se racontant à elle-même et très haut ses tristesses. C'étaient des loyers en retard, les fournisseurs qui la tourmentaient, le boulanger qui refusait le pain. Comment ferait-elle s'il rentrait encore sans argent ? A la fin, la lassitude la prenait de guetter les pas attardés, de compter les heures. Elle rentrait. Vers une heure, deux heures, quelquefois plus tard, on chantait au bout du passage. C'était Arthur. Elle était terrible cette rentrée... « Ouvre, c'est moi... » J'entendais les pieds nus de la femme sur le carreau, et l'homme qui essayait de bégayer une histoire, toujours la même : les camarades, l'entraînement. « Chose, tu sais bien... Chose qui travaille au chemin de fer. » La femme ne l'écoutait pas : « Et l'argent ? — Je n'en ai plus, disait la voix d'Arthur. — Tu mens !... » II mentait, en effet. Même dans l'entraînement du vin, il réservait toujours quelques sous, pensant d'avance à sa soif du lundi ; et c'est ce restant de paie qu'elle essayait de lui arracher. Arthur se débattait : « Puisque je te dis que j'ai tout bu ! » criait-il. Sans répondre, elle s'accrochait à lui, le secouait, le fouillait, retournait ses poches. Au bout d'un moment, j'entendais l'argent qui roulait à terre, la femme se jetant dessus avec un rire de triomphe. « Ah ! tu vois bien. » Puis un juron, des coups sourds... C'était l'ivrogne qui se vengeait. D'après Alphonse DAUDET - Contes du Lundi. Fasquelle 2. Réflexions sur la lecture. 1. Que se passait-il tous les samedis dans ce ménage ? 2. Comment la mère parlait d'abord aux enfants ? Et puis « à mesure que le temps passait » ? Les enfants couchés, que faisait-elle ? 3. Quelles tristesses racontait-elle à haute voix ? Quels soucis occupaient son esprit ? 4. Dans quel état rentrait Arthur ? Que disait-il ? Que demandait sa femme ? Pourquoi mentait-il ? 5. Qu'est-ce qui était affreux alors ? La fouille, l'argent, les cris, les coups, les pleurs. 6. Quelles sont les conséquences de l'ivrognerie d'Arthur ? Pour lui ? Il ment, frappe, fait pleurer les enfants.

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Pour sa femme ? Inquiétude, tristesse, manque d'argent, brutalités, etc. Pour les enfants? La peur, la faim, la misère... 7. Un ivrogne comme Arthur, ridicule, brutal, qui rend sa femme et ses enfants malheureux, est-il encore un homme ? 3. Réflexions sur la vie. (Ce moment de l'entretien devra être nuancé. Il est préférable de ne pas demander aux enfants s'ils ont vu des ivrognes autour d'eux. On peut donc se limiter à l'antialcoolisme.) 1. Pourquoi boit-on et que boit-on ? 2. Pourquoi beaucoup préfèrent boire du vin, de la bière, du cidre, des apéritifs, des liqueurs, de l'alcool même, plutôt que de l'eau ? 3. Est-ce que ces liquides désaltèrent toujours ? Sont-ils toujours agréables quand on les boit pour la première fois ? Qu'arrive-t-il, cependant, quand on en boit souvent ? On finit par les aimer. 4. Quels sont les effets agréables de l'alcool ? Il rend d'abord gai, fait oublier les soucis. Et ensuite ? (Cf. le récit.) 5. Quelle différence y a-t-il entre un alcoolique (celui qui boit trop d'alcool) et un ivrogne (celui qui a pris l'habitude de s'enivrer) ? L'ivrogne est sûrement un alcoolique, mais on peut devenir alcoolique sans s'enivrer. 6. Quelle est la qualité de ceux qui boivent peu d'alcool ? Tempérance, sobriété. 7. Que signifie l'expression degré d'alcool ? Exemple : un litre de vin à 9° contient 9 % de son volume d'alcool, soit 90 cm3 d'alcool pur. Quand on boit 1 litre de vin à 9 " c'est comme si l'on buvait 6 petits verres de 30 cm3 chacun, d'eau-de-vie à 50°. 8. Quels sont les degrés d'alcool des boissons ? Vin ordinaire, 9° à 12° ; cidre, 5° ; bière, 4° ; liqueurs, 20° à 30° ; apéritifs, 40" à 50° ; eaux-de-vie, 35° à 70°. 4. Actions et problèmes. Que faire pour ne pas devenir alcoolique ? 1. Boire raisonnablement des boissons alcoolisées : pas d'alcool et très peu de vin jusqu'à 16 ans. Le travailleur de force ne devrait pas boire plus de 1 litre de vin à 10°'par jour, les autres 3/4 de litre. 2. Suivre l'exemple des sportifs, des champions. 5. Résolution. L'ivrogne est enrayant et brutal. Il rend sa famille malheureuse. Je suivrai l'exemple des sportifs. Je ne boirai pas d'alcool.

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58. MORALE - C. M. LA TEMPÉRANCE CONTRE L'ALCOOLISME 1. Lecture - Misérable ivrogne. (La description du spectacle d'un père ivrogne peut choquer les enfants. C'est pourquoi nous avons cru bon de supprimer du texte tout ce qui montre que Melchior est le père.) Un soir, vers sept heures, Christophe était seul à la maison. La porte s'ouvrit et Melchior fit irruption. Il était sans chapeau, débraillé ; il exécuta pour entrer une sorte d'entrechat, et il alla tomber sur une chaise devant la table. Christophe commença à rire, pensant qu'il s'agissait d'une de ses farces habituelles ; et il vint vers lui. Mais dès qu'il le regarda de près il n'eut plus envie de rire. Melchior était assis, les bras pendants, et regardait devant lui, sans voir, avec des yeux qui clignotaient ; sa figure était cramoisie ; il avait la bouche ouverte ; il en sortait de temps en temps un gloussement de rire stu-pide. Christophe fut saisi. Il crut d'abord que Melchior plaisantait ; mais quand il vit qu'il ne bougeait pas, il fut pris de peur. Melchior gloussait comme une poule. Christophe lui saisit le bras avec désespoir, et le secoua de toutes ses forces. Le corps de Melchior vacilla comme une chose molle, faillit tomber ; sa tête s'inclina vers celle de Christophe ; il le regarda, en gargouillant des syllabes incohérentes et irritées. Quand les yeux de Christophe rencontrèrent ces yeux troubles, une terreur folle s'empara de lui. Il se sauva au fond de la chambre, se jeta à genoux devant le lit, et s'enfouit la figure dans les draps. Ils restèrent longtemps ainsi. Melchior se balançait lourdement sur sa chaise en ricanant. Christophe se bouchait les oreilles, pour ne pas entendre, et il tremblait. Melchior vit Christophe qui pleurait ; il l'appela. Christophe voulait se sauver ; il ne pouvait bouger. Melchior l'appela de nouveau ; et comme l'enfant ne venait pas, il jura de colère. Christophe s'approcha, en tremblant de tous ses membres. Melchior l'attira vers lui, et l'assit sur ses genoux. Il commença par lui tirer les oreilles. Puis, il changea brusquement d'idée, et le fit sauter dans ses bras, en débitant des inepties ; il se tordait de rire. De là, sans transition, il passa à des idées tristes ; il s'apitoya sur le petit et sur lui-même ; il le serrait à l'étrangler, le couvrait de baisers et de larmes ; et finalement, il le berça. Christophe ne faisait aucun mouvement pour se dégager ; il était glacé d'horreur. Il resta dans cet état un siècle, à ce qui lui parut, — jusqu'à ce que la porte s'ouvrît et que Louisa entrât, un panier de linge à la main. « Ah ! misérable ivrogne ! » cria-t-elle. D'après Romain ROLLAND - Jean-Christophe. Ollendorff 2. Réflexions sur la lecture. 1. Dans quel état était Melchior quand il arriva à la maison ? 2. Que fit d'abord Christophe ? Et lorsqu'il vit Melchior de près ? 3. Qu'éprouva l'enfant lorsque ses yeux rencontrèrent ceux de l'ivrogne ? 4. Que fit Melchior lorsqu'il eut assis l'enfant sur ses genoux ? Et Christophe? 5. Que pensez-vous de l'état dans lequel est Melchior ? Peut-on dire qu'il se conduit en homme digne de ce nom ?

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3. Réflexions sur la vie. 1. Quels sont les effets de l'alcool sur le corps? L'alcool est un poison et non un aliment. Il est agréable au goût mais il attaque l'estomac, le foie surtout, les reins, le cœur, les poumons, le système nerveux. Il peut même tuer d'un seul coup (6 g d'alcool par kg d'un chien, le tuent). 2. Quelles sont les conséquences de l'alcoolisme pour l'alcoolique ? Il travaille plus mal, plus lentement et meurt plus jeune que l'homme tempérant. D'abord gai, le buveur peut devenir furieux, puis prostré, abruti, fou. 3. Connaissez-vous une légende arabe au sujet du vin ? On raconte que le diable dit un jour à un homme : « Tu vas mourir. Mais je puis te faire grâce à l'une des trois conditions suivantes : Tue ton père, frappe ta sœur ou bois du vin. — Que faire ? dit l'homme. Tuer mon père ? C'est impossible. Frapper ma sœur ? Ce serait affreux. Je vais donc boire du vin. » II but et, s'étant enivré, il frappa sa sœur et tua son père ! 4. Quelles sont les conséquences de l'alcoolisme pour les enfants d'alcooliques ? Ils sont privés, mal aimés, brutalisés. La moitié des enfants imbéciles ou idiots sont des fils d'alcooliques. 5. Quelles sont les conséquences de l'alcoolisme pour la famille de l'alcoolique ? Certains dépensent en alcool près de la moitié de leurs gains, privent leur famille de nourriture, de vêtements, d'un logement confortable. 6. Quelles sont les conséquences de l'alcoolisme pour la société ? En moyenne, chaque Français adulte boit environ 30 1 d'alcool par an. 1 adulte sur 25 est alcoolique. 11 existe un café ou un bar pour 100 habitants. 1/4 des accidents du travail, 1/2 des accidents de la route, 2/3 des délits pour coups et blessures sont provoqués par l'alcoolisme. 60 % des hommes et 30 % des femmes hospitalisés, 67 % des morts entre 35 et 50 ans sont des alcooliques. 50 Français meurent chaque jour de l'alcoolisme. 1 fou sur 3 est un alcoolique. Les soins aux alcooliques (malades, anormaux, accidentés) coûtent deux fois plus que ce que rapportent les taxes sur l'alcool. 7. Pourquoi un homme ne doit-il pas boire trop d'alcool ? — pour ne pas être malade et ne pas se rabaisser au rang de la bête ; — pour ne pas rendre sa famille malheureuse. 4. Actions et problèmes. Que faudrait-il pour diminuer le nombre des alcooliques ? 1. Diminuer le nombre des cafés ; 2. limiter la production de l'alcool ; 3. donner aux alcooliques la volonté de ne plus boire ; 4. donner à tous 1'habitude de boire peu d'alcool, de rechercher les activités de plein air, les sports. 5. Résolution. L'ivrogne est ridicule. L'alcoolisme ruine sa santé et fait le malheur de ses enfants. Je serai sobre.

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59. MORALE - C. M. LA TEMPÉRANCE 1. Lecture - Le gourmand. François et Monique ont reçu chacun 5 F de leur oncle. « Je vais pouvoir aller chez le pâtissier, dit François. Depuis le temps que j'ai envie de ces cornets à la crème ! — C'est vrai qu'ils sont excellents, reconnaît Monique, allons-y. » Dans la boutique, les yeux des enfants brillent de convoitise devant les gâteaux exposés. Tandis que Monique déguste lentement son cornet, François engloutit le sien avec avidité. « Au suivant », déclaret-il, et un éclair au chocolat disparaît aussi vite. « Oh ! ce chou à la crème doit être délicieux, dit-il en clignant de l'œil. — Tu seras malade, l'avertit Monique. — Mais non, c'est de l'excellente pâtisserie, tu l'as dit toi-même... Encore un. — Et puis tu vas dépenser tout ton argent, tu devrais en garder pour un autre jour, poursuit Monique. — Tant pis pour l'argent, d'ailleurs il est à moi... » Soudain le gâteau ne passe pas. François s'arrête. Des images d'un film qu'il a vu à l'école s'imposent à son esprit... des petits enfants affamés tendant la main pour avoir du pain... « Après tout, c'était au cinéma... », murmure François. Et il mange encore deux gâteaux, cinq au total. Il sort en se léchant les doigts. Il lui reste 1 F. « Quelle chance ! Voilà un marchand de glaces. Donnez-m'en une double, à la vanille et au chocolat... Ça, c'est encore meilleur que les gâteaux ! » s'écrie-t-il. Au repas du soir, François n'a pas faim... Il a des nausées, des envies de vomir, de la fièvre. « Au lit ! » décide maman. François a de la peine à s'endormir et, quand il y parvient, d'affreux cauchemars roulent dans sa tête. Il étouffe sous des flots de chocolat, disparaît dans des tourbillons de crème... Soudain, le voici transporté dans une pâtisserie où deux méchants hommes, armés de fouets, l'obligent à manger des tas de gâteaux plus hauts que lui, tandis qu'au-dehors des enfants pâles et maigres tendent les mains vers un morceau de pain qu'ils ne peuvent atteindre... François se réveille couvert de sueurs froides... Il a mal et il a honte... 2. Réflexions sur la lecture. 1. Qu'a fait François ? Quel est son défaut ? 2. Quels avertissements lui adresse Monique ? Que lui répond-il ? Qu'en pensez-vous ? 3. Qu'arrive-t-il soudain ? Comment François repousse-t-il ces images ? 4. Au lieu de penser aux autres, que fait François ? Que lui arrive-t-il ? 5. Que pensez-vous de François ? Comment aurait-il pu mieux employer son argent ? 3. Réflexions sur la vie. 1. Vous est-il arrivé de manger trop de gâteaux, ou de bonbons, ou d'un plat que vous aimiez particulièrement ?

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2. C'était très bon au goût, mais quelles furent les conséquences ? L'estomac ne prolonge pas le plaisir que nous éprouvons quand les aliments passent dans la bouche. Son rôle est autre : il doit les digérer. S'il ne peut y parvenir, qu'arrive-t-il ? Une indigestion. 3. Qu'est-ce qui dure le plus du plaisir de la bouche ou du mal de l'estomac ? 4. Quels sont les autres défauts qui accompagnent la gourmandise ? La gloutonnerie, l'égoïsme, le mensonge, parfois le vol. 5. Est-ce que tous les enfants du monde mangent à leur faim ? Beaucoup meurent parce qu'ils n'ont pas assez de pain. N'est-il pas attristant de penser que d'autres sont malades parce qu'ils mangent trop de gâteaux ? 6. Quelle est la qualité de celui qui n'est pas gourmand ? La sobriété, la tempérance. 7. L'intempérance, la gourmandise sont des excès. Qu'est-ce que cela veut dire ? Connaissez-vous d'autres excès? 4. Actions et problèmes. Comment ne pas être gourmand ? 1. Réfléchir, savoir s'arrêter, limiter ses envies. 2. Vous avez déjà mangé un chou à la crème. Quelques minutes après on vous en offre un autre. Que dites-vous ? 3. François aime beaucoup le pâté. « Tu en as assez », lui dit maman. Pendant qu'elle a le dos tourné il en reprend. Qu'en pensez-vous ? 4. Vous avez de l'argent. Voici un marchand de glaces. Combien en prenez-vous ? 5. Maman a reçu à Noël une boîte de chocolats. Elle vous en a donné un puis a laissé la boîte sur la table. Vous en voudriez encore. Que faites-vous ? 5. Résolution. Il faut manger pour vivre et non vivre pour manger. Le gourmand est presque toujours puni de sa gourmandise. Celui qui boit et mange trop est intempérant. J'éviterai de commettre ces excès.

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60 .MORALE - C. M. LA VÉRITÉ 1. Lecture - Pour une galette. (L'auteur travaille en qualité de « chef de four » chez un pâtissier à Paris. Il est aidé par deux jeunes apprentis.) On avait cuit pour une commande tardive deux douzaines de galettes. Généralement, le tourier, celui qui fait la pâte, ne tombait pas juste. Ce qui dépassait la commande allait en vitrine ; mais, comme cette fois on était en fin de journée, le tourier calcula très précisément le nombre de gâteaux. Je ne m'aperçus pas de cette exactitude et, comme les pièces sortaient du four, j'en croquai une. Bientôt, on entendit le patron demander : « Eh bien, tourier, pourquoi n'avez-vous fait que vingt-trois galettes ? » On vérifia sur les plaques encore chaudes la trace des vingt-quatre disques, et aussitôt Joseph, l'apprenti, qui avait monté la marchandise au magasin, fut accusé d'avoir mangé une galette dans l'escalier. Il nia, comme il le faisait toujours avec une grande conviction et la certitude qu'on ne croirait jamais à son innocence. Je le laissai accuser et restai silencieux, non par crainte de la punition, mais par dégoût de m'infliger une humiliation devant le patron. Je me serais tapé la tête sur le mur pour qu'on ne tourmentât pas Joseph, mais je serais sorti de la maison plutôt que de dire au patron : « C'est moi le voleur. » Aussitôt que je fus seul avec Joseph, je le lui dis. Il resta silencieux et ne voulut pas le croire. Jamais encore je n'avais senti une si grande honte que devant le camarade qui me répétait : « C'est toi ? C'est toi ? » II ne m'insulta pas. La faim, les coups, les lourdes charges portées en ville les jours d'hiver me semblaient des chapitres du paradis auprès de ce moment terrible où je sentais que j'étais déshonoré dans le métier... Jamais le patron ne sut rien... D'après Pierre HAMP - La Peine des Hommes (Mes Métiers). Gallimard 2. Réflexions sur la lecture. 1. Pourquoi le tourier avait-il préparé exactement vingt-quatre galettes ? L'auteur le savait-il ? Que fit-il ? 2. Etait-ce très grave ? Pourquoi ? 3. Qui est accusé d'avoir volé la galette ? Pourquoi l'accuse-t-on ? Il semble avoir commis plusieurs fois ce méfait. De quelle manière nie-t-il ? Et de quoi est-il certain ? 4. Quelle est l'attitude de l'auteur ? Comment essaie-t-il de se justifier ? (Il craint non la punition mais l'humiliation devant le patron ; mais n'est-ce pas aussi une punition ?) Veut-il faire du mal à Joseph ? 5. A-t-il raison de ne pas avouer 7 Quels sont ses défauts ? Gourmand, orgueilleux, mauvais camarade. 6. Que dit Joseph quand l'auteur lui avoue sa faute ? 7. Un problème moral se pose à Joseph. Aurait-il raison de dénoncer au patron un camarade qui l'a laissé accuser ?

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Oui ? Pourquoi ? La vérité, la justice seraient rétablies. On aurait plus de confiance en lui. Non? Pourquoi? Cela ressemblerait à une vengeance. En ne le dénonçant pas il apparaît meilleur que Fauteur. Il lui donne une véritable leçon de charité. Concluons : Joseph a été admirable. 8. Comment et par quoi l'auteur fut-il puni ? Le remords, la honte, le déshonneur. S'il avait avoué ?... « Faute avouée est à moitié pardonnée. » 3. Réflexions sur la vie. 1. Vous est-il arrivé de commettre une faute et de laisser accuser un camarade ? 2. Aviez-vous ensuite la « conscience tranquille... » ? Qu'est-ce que cela veut dire ? N'aurait-il pas mieux valu avouer votre faute ? 3. Pourquoi, ayant commis une faute, on ne l'avoue pas ? Lâcheté, manque de courage. 4. Vous est-il arrivé d'être accusé injustement ? Qu'avez-vous dit et fait ? 5. Quelles sont les qualités de celui qui avoue ses fautes ? Franchise, sincérité, respect de la vérité. Si tous les hommes mentaient, la vie serait-elle possible ? 4. Actions et problèmes. 1. Vous prenez un chocolat dans une boite. Maman accuse votre jeune sœur qui est très gourmande. Qu'éprouvez-vous ? Que faites-vous ? 2. Dans un magasin, un de vos camarades dérobe une balle. Peu après, la vendeuse vous accuse. Que dites-vous ? Que faites-vous ? 3. Vous voyez votre frère prendre le compas d'un camarade. Celui-ci se plaint. Le coupable ne se dénonce pas. Que faites-vous ? 4. Votre père vous a interdit de toucher aux poires. Vous en avez pris une. Il vous interroge. Que répondez-vous ? 5. Quel serment prononce-t-on devant les tribunaux ? « Je jure de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité. » 5. Résolution. Il est parfois pénible d'avouer une faute. II faut avoir le courage de le faire afin de ne pas être torturé par le remords. Je ne mentirai pas, je dirai la vérité, je serai franc.

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61. MORALE - C. M. LA VÉRITÉ 1. Lecture - L'écureuil. (Deux jeunes garçons, Pierre et Vincent, viennent de partir pour l'école... L'horloge qui bat dans le clocher ne s'arrête pas. Mais, eux, s'arrêtent en route... Un écureuil ! Déjà les enfants ont jeté leurs cartables...) « II tourne, Pierre ; va de l'autre côté... jette ta pierre ! » La pierre passa entre les feuilles, dégringola le long du tronc et tomba à terre. « II repart, Vincent ! A toi ! » Le choc de la pierre avait effrayé l'écureuil qui montait, les griffes enfoncées dans l'écorce... Une autre pierre manqua encore le petit animal... Pierre aurait voulu s'en aller : l'heure de la classe était presque venue. Il essaya d'entraîner Vincent. Mais celui-ci continua de lancer des pierres et grimpa même à l'arbre. Un peu tard, les enfants se décidèrent à repartir pour l'école... « Dis, Pierre, que vas-tu dire à l'instituteur ? — La vérité... — Que nous avons chassé l'écureuil ? — Oui, et j'ajouterai même que si nous sommes en retard, c'est que je n'ai pu t'empêcher de monter à l'arbre. Qu'est-ce que tu voudrais dire, toi ? — Je ne sais pas, répondit Vincent, tu n'inventes jamais rien, toi !... » Ils arrivèrent tout rouges devant la porte de l'école et entrèrent en retard dans la classe. Trente camarades écoutèrent l'interrogatoire. « M'sieu, souffla un petit, il faut punir Vincent. Il a mis son frère en retard... » (On peut interrompre ici la lecture et demander aux élèves de juger.) Le maître frappa de la main sur le pupitre, obtint le silence et prononça son jugement : « Je ne punirai pas le grand, parce qu'il est resté pour accompagner son frère qui est plus jeune... « Et je ne punirai pas le petit parce qu'il n'a pas menti. Il a un peu hésité, il ne s'est pas accusé assez franchement : mais enfin il n'a pas menti... » D'après René BAZIN - Il était quatre petits enfants. Marne 2. Réflexions sur la lecture. 1. Qu'ont fait les deux enfants quand ils ont vu l'écureuil ? Qu'en pensez-vous ? 2. Que voulut faire l'aîné ? Est-ce que son frère l'écouta ? 3. De quoi s'aperçoivent-ils un peu tard ? ' 4. Quelle question pose alors le plus jeune ? Que répond l'aîné ? 5. Que lui reproche Vincent ? 6. Que pensez-vous du jugement du maître ? Le petit a-t-il menti comme il en avait d'abord l'intention ? 7. Quels sont les défauts, les qualités, de ces deux enfants ?

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3. Réflexions sur la vie. 1. Vous est-il arrivé de jouer sur le chemin de l'école ou de la maison et d'arriver en retard ? Qu'avez-vous dit au maître ou à maman ? 2. Qui, ayant désobéi à son papa ou à sa maman, lui a caché la vérité ? Qu'est-il arrivé? 3. Qui, dans les mêmes circonstances, a avoué sa faute ? Qu'est-il arrivé ? 4. Pourquoi faut-il avouer ses fautes ? Les coupables seront moins punis que si le maître ou les parents les découvrent. — Mentir est indigne d'un homme. — Tout le monde commet des fautes. Mais on les pardonne ou on les répare. Il suffit de les avouer, de les reconnaître. Si on ne le fait pas, on ajoute souvent un mensonge à la faute. 5. Ne voit-on pas celui qui ment ? « Mon petit doigt me l'a dit », affirme maman. Qu'est-ce que cela signifie ? 4. Actions et problèmes. 1. Vous allez jouer au bord de la rivière et vous arrivez en retard à l'école... « On dira au maître que le réveil retardait », déclare Louis. Que décidez-vous ? 2. Votre maman vous envoie chercher un médicament. Vous rencontrez un camarade et vous bavardez. Au retour, vous racontez à maman qu'il y avait beaucoup de monde à la pharmacie... « Tu rougis », vous dit votre sœur. Que valait-il mieux dire ? 3. Vous êtes monté sur un mur malgré la défense que papa vous en avait faite. Votre culotte est déchirée. Que faites-vous ? 5. Résolution. Souvent on ment pour cacher une faute. J'aurai le courage d'avouer mes sottises, d'être sincère, de dire la vérité, même si je dois être puni.

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62. MORALE - C. M. VÉRITÉ ET MENSONGE 1. Lecture - Le fils et le père. (Un médecin, Antoine Thibault, rend visite à son père qui est gravement malade. Pour ne pas alarmer le père, Antoine lui cache la gravité de son état.) M. Thibault était dans un grand fauteuil de tapisserie, qu'on avait traîné près de la croisée. La tête semblait devenue lourde pour les épaules, et le corps, tassé, faisait paraître démesurément longues les deux béquilles noires appuyées de chaque côté du dossier. Il toussa. A chaque instant, il était interrompu par une petite toux sèche, machinale, sans suffocation, qui lui faisait serrer les poings et crisper ses paupières closes. « Tu sais, lança-t-il, hier soir et puis ce matin j'ai eu des nausées ! » Antoine se sentit dévisagé par un regard oblique. Il prit un air détaché : « Tiens ? — Tu trouves ça naturel, toi ? — Ma foi, je t'avoue que je m'y attendais », insinua Antoine en souriant. Il jouait son rôle sans trop d'effort. Pour aucun malade, il n'avait eu cette patiente pitié : il venait là tous les jours, souvent matin et soir ; et, chaque fois, sans se lasser, comme on refait le pansement d'une plaie, il s'ingéniait à improviser des raisonnements trompeurs, et, chaque fois, il répétait sur le même ton convaincu les mêmes paroles rassurantes : « Que veux-tu, père, ton estomac n'est plus un organe de jeune homme ! Voilà huit mois qu'on le bourre de potions, de cachets. Estimons-nous heureux qu'il n'ait pas manifesté sa fatigue plus tôt ! » M. Thibault se tut. Il réfléchissait, soulagé, déjà tout réconforté par cette idée neuve. D'après Roger MARTIN DU GARD - Les Thibault. Nouvelle Revue Française 2. Réflexions sur la lecture. 1. Le père est-il inquiet ? Qu'est-ce qui le montre ? 2. De quelle manière répond Antoine ? D'un air détaché. 3. Est-ce que vraiment Antoine trouve que ces nausées sont naturelles et dit-il la vérité quand il affirme qu'il s'y attendait ? 4. Qu'est-ce que l'auteur dit d'Antoine ? « II jouait son rôle sans trop d'effort. » « II improvisait des raisonnements trompeurs. » 5. Que diriez-vous plus simplement ? Il ment, il trompe son père. 6. Problème moral. Antoine a-t-il raison de mentir à son père ? Non ? Pourquoi ? On ne doit pas mentir et surtout à son père. C'est mal et sa conscience doit le lui reprocher. Oui ? Pourquoi ? La maladie est grave. Si le malade se sait perdu, il ne luttera pas pour vivre. Il souffrira encore plus s'il sait qu'il va mourir. Concluons. Ce n'est pas pour cacher une faute que le docteur ment, mais pour ne pas aggraver l'état de son père.

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Il s'agit là d'un « pieux mensonge », admis parce qu'il est charitable dans ses conséquences. 7. Ce mensonge est-il utile ? Pourquoi ? 8. Que pensez-vous d'Antoine ? 3. Réflexions sur la vie. 1. A qui cache-t-on souvent la gravité de leur état et donne-t-on des paroles d'espoir ? Malades, vieillards, enfants, 2. A-t-on raison de les tromper ainsi ? Ne préféreraient-ils pas connaître la vérité ? 3. Que pensez-vous d'un enfant qui, pour ne pas faire de peine à ses parents, n'avouerait pas ses fautes, mentirait, etc. ? Serait-il dans le même cas que le docteur ? (Celuici n'est pas coupable.) 4. Dans quels cas encore peut-on admettre des mensonges ? Quand on ne dit pas tout à fait ce que l'on pense, par politesse (dire à une maman que son bébé, plutôt malingre, est magnifique). Des plaisanteries sont parfois de petits mensonges sans importance. On ment encore, par patriotisme, à l'ennemi. 5. La vérité est-elle toujours bonne à dire ? Il faut s'abstenir quand elle peut blesser, il faut avoir du tact. 4. Actions et problèmes. 1. Le médecin vient de sortir de la chambre de grand-mère. Il est inquiet. Que direzvous à la malade ? 2. Nicole, dont les parents ne sont pas riches, arrive à l'école avec une robe neuve qui ne lui va pas très bien. Mais Nicole est heureuse d'avoir une robe neuve. Qu'allez-vous lui dire ? 3. Vous êtes invité et la maîtresse de maison déclare : « Vous me direz ce que vous pensez de ce gâteau, c'est moi qui l'ai fait. » Or, il n'est pas bon. Que dites-vous ? (Cf. la fiche 16, « Les Cerises », d'Alphonse Daudet.) 4. Les parents d'une camarade m'ont offert une place au cinéma. Le film était mauvais. Dois-je leur dire que je me suis ennuyée ? 5. Résolution. Le médecin peut mentir à un malade pour lui donner du courage. On peut aussi ne pas dire toute la vérité, par politesse, pour ne pas faire de peine à des personnes que nous aimons. Mais je ne mentirai jamais pour cacher une faute.

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63. MORALE - C. M. CONTRE LA VANITÉ ET L'ORGUEIL 1. Lecture - La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf. Une grenouille vit un bœuf Qui lui sembla de belle taille. Elle, qui n'était pas grosse en tout comme un œuf, Envieuse, s'étend, et s'enfle, et se travaille, Pour égaler l'animal en grosseur, Disant : « Regardez bien, ma sœur ; Est-ce assez ? dites-moi ; n'y suis-je point encore ? — Nenni. — M'y voici donc ? — Point du tout. — M'y voilà ? — Vous n'en approchez point. » La chétive pécore S'enfla si bien qu'elle creva. Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages : Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs, Tout petit prince a des ambassadeurs, Tout marquis veut avoir des pages. LA FONTAINE

2. Réflexions sur la lecture. 1. De quoi eut envie la grenouille ? 2. Que fit-elle pour égaler le bœuf ? 3. Que demandait-elle à tout moment à ses compagnes ? Qu'arriva-t-il ? 4. Quel est le défaut de la grenouille ? Elle est vaniteuse. 5. Y a-t-il beaucoup de vaniteux? Que veut, selon le fabuliste, chaque bourgeois, chaque petit prince, chaque marquis ? 3. Réflexions sur la vie. 1. Qu'est-ce que la vanité ? La vanité (caractère de ce qui est vain, vide, futile, désir de paraître, de briller) est le défaut des gens qui veulent paraître plus qu'ils ne sont. Elle doit être distinguée de l'orgueil (estime de nos qualités, de nos supériorités réelles). Le vaniteux veut être admiré pour des apparences qui ne sont pas dues à son mérite. L'orgueilleux a des qualités dont il est trop fier. 2. Connaisse/,-vous des gens vaniteux ? Sans les nommer, dites en quoi ils le sont. (La fillette qui fait trop admirer sa robe, le monsieur et sa voiture neuve.) 3. Que désire le vaniteux ? Qu'on l'admire, qu'on lui dise qu'il est beau, riche, adroit, qu'on le complimente, même s'il ne le mérite pas. Il attache trop d'importance à des choses vaines. 4. Quels sont les défauts que l'on rencontre encore chez le vaniteux ? Egoïsme, sottise, vantardise, méchanceté. 5. Quand on a bien travaillé en classe, quand maman a passé des nuits pour coudre une robe qui lui va bien, quand vous êtes fier d'avoir fait la charité à un malheureux, est-ce de la vanité ? Non, c'est de l'orgueil, c'est un défaut encore, mais moins grave. On est orgueilleux des qualités morales que l'on possède ; l'orgueilleux a souvent travaillé, lutté pour obtenir ce dont il est fier, mais il a le défaut de se croire plus fort que les autres. Le vaniteux, lui, n'a aucun mérite. 6. Est-ce que les vaniteux et les orgueilleux sont aimés de leurs camarades ?

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7. Comment appelle-t-on ceux qui veulent arriver par tous les moyens avant les autres (ambitieux, « arrivistes »), ceux qui ne disent du bien que d'eux-mêmes (vantards) ? 8. Quelle est la qualité qui s'oppose à l'orgueil ? La modestie. Le modeste connaît sa valeur, mais ne parle pas de lui, ne cherche pas de compliments. 4. Actions et problèmes. 1. On vous a acheté une belle robe. Vous passez, fière, devant vos camarades. Quel est votre défaut ? Pourquoi ? 2. André a beaucoup travaillé pour sa composition. Il est le premier. Dans la cour il joue au maître, donne des leçons à ses camarades. Quel est son défaut ? Pourquoi ? 3. Jacqueline, qui n'a rien fait, est dernière. « Ça m'est bien égal, dit-elle, la voiture de mon papa est la plus puissante et ma robe la plus jolie. » Quel est son défaut ? 4. Françoise est première en orthographe. « Félicitations, lui dit Simone. — Oh ! ça n'a pas d'importance... » Quelle qualité montre-t-elle ? 5. « J'ai fait ceci, cela..., moi, je... » On n'entend que Pierre. C'est vrai qu'il est le premier en dictée et qu'il court le plus vite. Mais a-t-il raison de se vanter ainsi ? 6. Joseph, aux longues jambes, saute, sans effort, 1,25 mètre. « C'est moi le premier », dit-il. Pierrot, qui ne passait que 0,90 mètre au mois d'octobre, est content de franchir, à force d'entraînement, 1,10 mètre. Que pensez-vous de chacun d'eux ? 5. Résolution. Le vaniteux est fier de choses vaines, souvent sans importance. L'orgueilleux se vante trop de ses mérites. Je m'efforcerai de n'être ni vaniteux ni orgueilleux.

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64. MORALE - C. M. CONTRE LA VANITÉ ET L'ORGUEIL 1. Lecture - Gil Blas. Dès que je fus dans l'hôtellerie, je demandai à souper. On m'accommoda des œufs. Lorsque l'omelette qu'on me faisait fut en état d'être servie, je m'assis tout seul à une table. Je n'avais pas encore mangé le premier morceau qu'un homme entra. Il s'approcha de moi d'un air empressé. « Seigneur écolier, me dit-il, je viens d'apprendre que vous êtes le seigneur Gil Blas de Santillane, l'ornement d'Oviedo et le flambeau de la philosophie. Est-il bien possible que vous soyez ce savantissime, ce bel esprit dont la réputation est si grande en ce pays ? « Vous ne savez pas, continua-t-il, en s'adressant à l'hôte et à l'hôtesse, vous ne savez pas ce que vous possédez ; vous avez un trésor dans votre maison. Vous voyez dans ce jeune gentilhomme la huitième merveille du monde. » Puis, se tournant de mon côté et me jetant les bras au cou : « Excusez mes transports, ajouta-t-il, je ne suis point maître de la joie que votre présence me cause. » Après que j'eus la tête dégagée de l'embrassade, je lui dis : « Seigneur cavalier, je ne croyais pas mon nom connu. — Comment, connu ! reprit-il sur le même ton ; nous tenons registre de tous les grands personnages qui sont à vingt lieues à la ronde. Vous passez pour un prodige. » Ces paroles furent suivies d'une nouvelle accolade. Si j'avais eu un peu d'expérience, je n'aurais pas été dupe de ses démonstrations : mais ma jeunesse et ma vanité m'en firent juger autrement. Mon admirateur me parut un fort honnête homme, et je l'invitai à souper avec moi... « Ah ! très volontiers, s'ecria-t-il ; je sais trop bien gré à mon étoile de m'avoir fait rencontrer l'illustre (Gil Blas de Santillane pour ne pas jouir de ma bonne fortune le plus longtemps que je pourrai. Je n'ai pas grand appétit, poursuivit-il ; je vais me mettre à table pour vous tenir compagnie seulement, et je mangerai quelques morceaux par complaisance. » On lui apporta un couvert. 11 se jeta d'abord sur l'omelette, avec tant d'avidité, qu'il semblait n'avoir mangé de trois jours. J'en ordonnai une seconde, qui fut faite si promptement, qu'on nous la servit comme nous achevions, ou plutôt comme il achevait de manger la première. 11 y procédait pourtant d'une manière toujours égale et trouvait moyen, sans perdre un coup de dent, de me donner louange sur louange, ce qui me rendait fort content de moi. Voyant notre seconde omelette à moitié mangée, je demandai à l'hôte s'il n'avait pas de poisson à nous donner. 11 me répondit : « J'ai une truite excellente ; niais elle coûtera cher à ceux qui la mangeront ; c'est un morceau trop friand pour vous. — Qu'appelle-vous trop friand ? dit alors mon flatteur d'un ton de voix élevé ; vous n'y pense/ pas, mon ami : apprenez que vous n'avez rien de trop bon pour le seigneur Gil Blas de Santillane. » Je fus bien aise qu'il eût relevé les dernières paroles de l'hôte. Je me sentais offensé, et je dis fièrement : « Apportez-nous votre truite, et ne vous embarrassez pas du reste. » L'hôte, qui ne demandait pas mieux, se mit à l'apprêter. A la vue de ce nouveau plat, je vis briller une grande joie dans les yeux du parasite. Enfin, après avoir bu et mangé tout son soûl, il voulut finir la comédie. « Seigneur Gil Blas, me dit-il en se levant de table, je suis trop content de la bonne chère que vous m'avez faite pour vous quitter sans vous donner un avis important, dont vous paraissez avoir besoin. Soyez désormais en garde contre les louanges. Défiez-vous des gens que vous ne connaître/, point. Vous en pourrez rencontrer d'autres qui voudront, comme 134

moi, se divertir de votre crédulité, et peut-être pousser les choses encore plus loin ; n'en soyez point dupe, et ne vous croyez point, sur leur parole, la huitième merveille du monde. » Et, achevant ces mots, il me rit au nez, et s'en alla. D'après LESAOE - Aventures de Gil Blas de Santillane'. 2. Réflexions sur la lecture. 1. Oui est Gil Blas et où se passe la scène ? 2. Qui arrive, alors que Gil Blas vient de se mettre à table ? 3. Comment s'adresse-t-il à Gil Blas ? (Relire à partir de « Seigneur .écolier... ») Et que dit-il à l'hôte ? 4. Est-ce que Gil Blas trouve ce discours désagréable ? Que reconnaît-il lui-même ? Il manque d'expérience et il est vaniteux. Comment juge-t-il son admirateur et que fait-il ? 5. Que mange l'invité et comment ? Que dit-il à propos de la truite ? 6. Qu'est-ce qui montre encore la vanité de Gil Blas ? 11 est offensé par les paroles de l'hôte. Celui-ci n'est-il pas d'accord avec le flatteur ? 7. Quelle leçon celui-ci donne-t-il à Gil Blas ? A quelle fable ceci vous fait-il penser ? Quelle était sa leçon ? « Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l'écoute. » 8. Quel est le défaut de Gil Blas ? Comment vous apparaît-il ? Sot, ridicule et généreux malgré lui. 9. Comment jugez-vous son admirateur ? Que cherche-t-il ? 3. Réflexions sur la vie. 1. De qui faut-il se méfier ? Des flatteurs et de notre propre vanité. 2. Où trouve-t-on des flatteurs ? A l'école, il arrive que des petits flattent les grands. Dans la vie, des pauvres flattent, parfois, les riches, les commerçants flattent leurs clients, les subordonnés leurs supérieurs. 3. Comment échapper aux flatteurs ? Connaître ses qualités, ses défauts. 4. Actions et problèmes. 1. « Que tu as une jolie robe ! dit Hélène à Renée. Je suis sûre aussi que ton chocolat est le meilleur... » A la place de Renée, que penseriez-vous ? 2. Vous essayez un costume, cher, et qui ne vous plaît pas beaucoup. « II vous va à ravir, vous êtes tout à fait à la mode... », vous dit le vendeur. A quoi devez-vous penser ? 3. « Toi qui es la plus forte en analyse, ne peux-tu me passer ton devoir ? » vous demande Paulette. Que ferez-vous ? 5. Résolution. Tout flatteur vit aux dépens du vaniteux qui l'écoute. Je m'efforcerai «le connaître mes qualités et mes défauts, afin de ne pas être vaniteux et d'échapper aux flatteurs.

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65. MORALE - C. M. CONTRE LA VANITÉ ET L'ORGUEIL 1. Lecture - Le chêne et le roseau. Le chêne un jour dit au roseau : « Vous avez bien sujet d'accuser la nature ; Un roitelet pour vous est un pesant fardeau ; Le moindre vent, qui d'aventure Fait rider la face de l'eau, Vous oblige à baisser la tête, Cependant que mon front, au Caucase pareil, Non content d'arrêter les rayons du soleil, Brave l'effort de la tempête. Tout vous est aquilon, tout me semble zéphyr. Encor si vous naissiez à l'abri du feuillage Dont je couvre le voisinage, Vous n'auriez pas tant à souffrir : Je vous défendrais de l'orage ; Mais vous naissez le plus souvent Sur les humides bords des royaumes du vent. La Nature envers vous me semble bien injuste. — Votre compassion, lui répondit l'arbuste, Part d'un bon naturel ; mais quittez ce souci : Les vents me sont moins qu'à vous redoutables ; Je plie et ne romps pas. Vous avez jusqu'ici Contre leurs coups épouvantables Résisté sans courber le dos ; Mais attendons la fin. » Comme il disait ces mots, Du bout de l'horizon accourt avec furie Le plus terrible des enfants Que le Nord eût portés jusque-là dans ses flancs. L'arbre tient bon : le roseau plie. Le vent redouble ses efforts Et fait si bien qu'il déracine Celui de qui la tête au ciel était voisine Et dont les pieds touchaient à l'empire des morts. LA FONTAINE.

2. Réflexions sur la lecture. 1. Quelles sont les faiblesses que le chêne reproche au roseau ? Quelles supériorités se reconnaît-il ? 2. Que regrette-t-il pour le roseau ?

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3. Quels sont les défauts du chêne ? Orgueilleux, dédaigneux, méprisant. 4. Que répond le roseau ? « Je plie et ne romps pas. » 5. Qu'arrive-t-il ? En quoi l'orgueilleux a-t-il eu tort ? En ce qu'il ne connaissait pas exactement sa résistance et qu'il s'est exagéré sa solidité. 3. Réflexions sur la vie. 1. Connaissez-vous des gens qui, comme le chêne, se sont crus plus forts qu'ils n'étaient en réalité ? 2. Jules Renard raconte l'aventure de cet « homme fort » qui se vante de casser une grosse bûche sur sa cuisse... Tout le monde le regarde, anxieux et... il se cassa la jambe. 3. Les paris stupides. « Je parie, dit le buveur, de boire le contenu de cette bouteille sans respirer... » « Je parie, dit Jean-Pierre, que je franchis cette rivière d'un saut... » Souvent ils présument de leurs forces. 4. Certains automobilistes se croient plus forts que les autres çt tentent de passer... Qu'arrive-t-il ? 5. Comment éviter ce ridicule ou ces ennuis ? Se bien connaître, ne pas se vanter. 4. Actions et problèmes. 1. « Cette fois, c'est sûr, je serai la première », dit Jeannette avant la composition. Sa solution est juste, mais dans sa hâte elle s'est trompée d'un rang en plaçant la virgule... Qu'aurait-elle dû faire au lieu de se vanter ? 2. « 11 n'y a qu'à... il n'y a qu'à... », dit Jacques. Pour toutes les difficultés il a une solution. Qu'en pensez-vous ? 3. « Je vais toujours plus haut », dit Louis en montant dans l'arbre. Que finira-t-il par arriver ? 4. Nicole veut toujours la meilleure place ou la plus grosse part, commander aux autres, diriger les jeux... Est-elle une bonne camarade ? 5. Résolution. L'orgueilleux, comme le chêne de la fable, se* croit souvent plus fort qu'il n'est en réalité. J'essaierai de connaître ma véritable valeur afin de ne pas me vanter.

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66. MORALE - C. M. LA MODESTIE 1. Lecture - Un tueur de lions. (Tartarin de Tarascon est allé en Algérie chasser le lion. Il se rend dans le Sud en diligence. En cours de route s'installe à côté de lui un vieux monsieur. Il est fort surpris par le matériel de Tartarin qu'il regarde longuement.) On attela, la diligence partit... Le petit monsieur regardait toujours Tartarin... A la fin, le Tarasconnais prit la mouche. « Ça vous étonne ? fit-il en regardant à son tour le petit monsieur bien en face. — Non ! Ça me gêne », répondit l'autre fort tranquillement ; et le fait est que Tartarin de Tarascon tenait beaucoup de place... La réponse du petit monsieur le fâcha : « Vous imaginez-vous, par hasard, que je vais aller au lion avec votre parapluie ? » dit le grand homme fièrement. Le petit monsieur regarda son parapluie, et sourit : « Alors, monsieur, vous êtes... ? — Tartarin de Tarascon, tueur de lions !... » II y eut dans la diligence un mouvement de stupeur... Le petit monsieur, lui, ne se déconcerta pas. Est-ce que vous avez déjà tué beaucoup de lions, monsieur Tartarin ? demanda-t-il très tranquillement. — Si j'en ai beaucoup tué, monsieur !... Je vous souhaiterais d'avoir seulement autant de cheveux sur la tête. » Et toute la diligence de rire en regardant les trois cheveux jaunes qui se hérissaient sur le crâne du petit monsieur. A son tour, le photographe d'Orléansville prit la parole : « Terrible profession que la vôtre, monsieur Tartarin !... On passe quelquefois de mauvais moments... Ainsi ce pauvre M. Bombonnel... — Ah ! oui, le tueur de panthères..., fit Tartarin assez dédaigneusement. — Est-ce que vous le connaissez ? demanda le petit monsieur. — Té ! pardi... Si je le connais... Nous avons chassé plus de vingt fois ensemble. » La diligence s'arrêta, le conducteur vint ouvrir la portière et, s'adressant au petit vieux : « Vous voilà arrivé, monsieur », lui dit-il d'un air très respectueux. Le petit monsieur se leva, descendit, puis, avant de refermer la portière : « Voulez-vous me permettre de vous donner un conseil, monsieur Tartarin ? — Lequel, monsieur ? — Ma foi ! écoutez, vous avez l'air d'un brave homme, j'aime mieux vous dire ce qu'il en est... Retournez vite à Tarascon, monsieur Tartarin... Vous perdez votre temps ici... 11 reste bien encore quelques panthères ; mais c'est un trop petit gibier pour vous... Quant aux lions, c'est fini. Il n'en reste plus en Algérie... » Sur quoi le petit monsieur salua, ferma la portière, et s'en alla en riant avec sa serviette et son parapluie. « Conducteur, demanda Tartarin en faisant sa moue, qu'est-ce que c'est donc que ce bonhomme-là ? 138

— Comment ! vous ne le connaissez pas ? Mais c'est M. Bombonnel. » D'après A. DAUDET - Tartarin de Tarascon. Klammarion 2. Réflexions sur la lecture. 1. Où est Tartarin, comment est-il équipé et pourquoi ? 2. Qui vient s'asseoir en face de lui, et que dit Tartarin pour justifier son équipement ? 3. Que pensez-vous de la manière dont il se présente ? Quels défauts révèle-t-elle ? De l'orgueil si c'est vrai, de la vanité, de la vantardise si c'est faux. 4. Quelle question pose le petit monsieur ? Que lui réplique Tartarin ? On rit, mais pensez-vous que Tartarin a déjà tué un lion ? 5. Que dit Tartarin de M. Bombonnel et de la chasse à la panthère ? 6. Quelle leçon donne le petit monsieur à Tartarin ? Quels sont les défauts de ce dernier ? Vanité, mensonge par excès d'imagination, bavardage. 7. Quelle qualité le petit monsieur a-t-il montrée dans la conversation ? 8. Qu'est-ce qu'être modeste ? C'est connaître sa valeur, ne pas se vanter. La modestie est le contraire de l'orgueil et de la vanité. 3. Réflexions sur la vie. 1. Vous connaissez des gens vantards, vaniteux. En connaissez-vous de modestes ? 2. Pourquoi, si l'on est le premier, faut-il être modeste ? Parce qu'on ne le sera peut-être pas la prochaine fois. 3. Quelles qualités accompagnent souvent la modestie ? La discrétion, l'effacement, la simplicité, la réflexion, la franchise. 4. Quels défauts accompagnent souvent la vanité ? Le bavardage, le mensonge. Le vaniteux se montre, le modeste se cache. 5. Il y a un faux modeste qui n'est qu'un vaniteux. Par exemple, l'élève bon en calcul, qui dit : « Je ne suis pas fort en calcul », pour qu'on lui décerne des éloges. 4. Actions et problèmes. 1. Vous avez été premier en calcul. Les camarades vous félicitent. Que leur dites-vous ? 2. Robert a été le héros du match de football. Il a marqué trois buts à lui seul. On veut le porter en triomphe, il refuse. De quelle qualité fait-il preuve ? 3. La semaine dernière Jacques a aidé à marquer un but. Pendant plusieurs jours il a dit à tout le monde : « C'est grâce à moi que nous avons gagné ! » Qu'en pensez-vous ? 4. En récompense de votre travail, vos parents vous offrent des vacances à la mer. Pierrette a encore mieux travaillé que vous, mais ses parents ne peuvent rien lui offrir. Que lui direz-vous ou ne lui direz-vous pas ? 5. Résolution. Etre modeste, c'est d'abord connaître sa véritable valeur et, même si elle est grande, ne pas en faire étalage. Je ne me vanterai pas, je resterai simple et modeste.

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67. MORALE - C. M. FAIRE ATTENTION - RÉFLÉCHIR 1. Lecture - La laitière et le pot au lait. Perrette, sur sa tête ayant un pot au lait Bien posé sur un coussinet, Prétendait arriver sans encombre à la ville. Légère et court vêtue, elle allait à grands pas, Ayant mis ce jour-là, pour être plus agile, Cotillon simple et souliers plats. Notre laitière, ainsi troussée, Comptait déjà dans sa pensée Tout le prix de son lait, en employait l'argent, Achetait un cent d'œufs, faisait triple couvée ; La chose allait à bien par son soin diligent. « II m'est, disait-elle, facile D'élever des poulets autour de ma maison ; Le renard sera bien habile S'il ne m'en laisse assez pour avoir un cochon. Le porc, à s'engraisser, coûtera peu de son ; II était, quand je l'eus, de grosseur raisonnable ; J'aurai, le revendant, de l'argent bel et bon. Et qui m'empêchera de mettre en notre étable, Vu le prix dont il est, une vache et son veau, Que je verrai sauter au milieu du troupeau ? » Perrette là-dessus saute aussi, transportée : Le lait tombe ; adieu, veau, vache, cochon, couvée. La dame de ces biens, quittant d'un œil marri Sa fortune ainsi répandue, Va s'excuser à son mari, En grand danger d'être battue. Le récit en farce en fut fait : On l'appela le Pot au lait. Quel esprit ne bat la campagne ? Qui ne fait châteaux en Espagne ? I.A FONTAINE

2. Réflexions sur la lecture. 1. Où va Perrette et dans quel dessein ? 2. Quels sont ses projets et par quoi commence-t-elle ? 3. Comment voit-elle le veau et que fait-elle ? 4. Qu'aurait-elle dû faire ? Attention, ne pas rêver. 5. Que signifient : « Battre la campagne » ? « Faire des châteaux en Espagne » ?

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6. Le fabuliste dit que tout le monde laisse son esprit battre la campagne, et fait des châteaux en Espagne. Qu'en pensez-vous ? 3. Réflexions sur la vie. 1. On vous répète souvent : « Attention à ceci. » « Attention à cela... » Pourquoi ? 2. Comment appelle-t-on ceux qui ne font pas attention ? Des étourdis, des rêveurs. 3. Vous est-il arrivé de faire comme Perrette ? Racontez. 4. Certains font des projets qui ressemblent à des châteaux en Espagne. « Si j'étais riche... Si je gagnais à la loterie... » 5. Dans quels cas est-il particulièrement recommandé de faire attention ? Circulation routière, dangers divers (cf. leçons spéciales). 6. On dit parfois de quelqu'un qu'il a « les pieds sur la terre ». Qu'est-ce que cela signifie ? 4. Actions et problèmes. 1. En classe plusieurs élèves laissent leur esprit battre la campagne Qu'arrive-t-il ? 2. Cet homme, préoccupé par ses intérêts, traverse la rue sans faire attention. Un camion surgit... 3. Tout à vos projets de vacances, vous suivez la file des cyclistes. Voici un feu rouge auquel vous ne pensiez pas... 4. Pendant la dictée vous pensez à autre chose. Quel est le résultat ? 5. Louis marche en suivant des yeux un avion dans le ciel. Peut-il voir le trou qui est sur le chemin ? 6. Jacqueline fait les commissions. Mais elle pense surtout au film qu'elle vient de voir. Elle a bientôt oublié ce que maman lui a commandé et se trompe dans ce qu'elle lui a dit d'acheter. Que se passera-t-il ? 5. Résolution. Perrette est une étourdie. Elle n'a pas su freiner son imagination. Je ferai attention aux obstacles sur la route, je penserai à ce que je fais, je réfléchirai.

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68. MORALE - C. M. L'ÉCONOMIE - LA PRÉVOYANCE 1.

Lecture - Les économies.

(Le père Bastide a perdu sa place et ne travaille plus, Mme Bastide réfléchit devant ses économies.) C'étaient les économies du ménage. C'étaient vingt-cinq ans de travail en commun, de sagesse de tous les instants, de refus des tentations... Au total, moins de dix mille F. — Dix mille F, ce n'est guère, quand c'est enfermé dans une boîte comme provision suprême pour le restant de la vie. — Mais c'est quelque chose d'infini, quand il faut le ramasser. — C'était quelque chose de désespérant à attendre, quand on partait du premier sou. — Dix mille F, c'est dix mille jours. — Même avec un courage sans limites, il n'est pas possible de mettre de côté plus d'un F par jour... — II faut réussir à mettre le F de côté tous les jours. — II faut trouver moyen de le garer même les dimanches et les grandes fêtes... Il faut savoir regarder les autres qui entrent dans les cafés, et détourner la tête sans amertume. — II faut s'endurcir à des épreuves plus poignantes, apprendre à ne pas s'apercevoir que votre mari s'est arrêté devant ce qui lui faisait envie... Il faut écarter son enfant de la contemplation des jouets trop chers ; lui expliquer que ce cheval de deux F est plus beau que l'autre qui vaut douze F. Jusqu'ici, quand Mme Bastide faisait une visite à ses économies, elle ne leur demandait qu'une promesse lointaine de sécurité. — Grâce à elles, il lui semblait que le ménage échappait un peu à la terrible loi du travail : sois capable de travailler demain matin, ou tu ne mangeras pas... Il allait s'agir, maintenant, hélas ! de demander aux économies couchées dans la boîte, le service essentiel pour lequel elles étaient là : écarter la misère, faire qu'un peu d'argent coule toujours dans la maison, quand la source habituelle est tarie... D'après Jules ROMAINS - Les Hommes de bonne volonté. Les Humbles. Flammarion 2. Réflexions sur la lecture. 1. Est-ce que ce texte est gai ? Amusant ? 2. Que représentent les économies du ménage pour Mme Bastide ? Travail, sagesse, refus des tentations. 3. Elle dit que c'est une provision suprême pour le restant de sa vie. Qu'est-ce que cela signifie ? 4. « C'est quelque chose d'infini », « de désespérant à attendre ». Dites la même chose en d'autres termes. 5. Dix mille F, c'est dix mille jours. Est-ce que tout le monde peut économiser 1 F chaque jour ? Que faut-il pour cela ? 6. Quelles sont les privations de Mme Bastide ? 7. Pourquoi Mme Bastide ne demandait jusqu'ici à ses économies « qu'une promesse lointaine de sécurité » ? Qu'allait-elle leur demander maintenant ? D'écarter la misère.

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8. Quelle est la source habituelle qui est tarie ? 9. Quelles sont les qualités de Mme Bastide ? Econome, prévoyante, courageuse, sachant s'imposer des privations. 10. Est-elle heureuse ? Et, cependant, si elle n'avait pas ses économies, que se passerait-il ? 3. Réflexions sur la vie. 1. Qu'est-ce que faire des économies ? Pourquoi économise-t-on ? Est-ce nécessaire ? 2. Qu'est-ce qu'un enfant qui ne gagne pas d'argent pourrait, en un autre sens, économiser ? Ses livres, ses vêtements. 3. Connaissez-vous une fable dans laquelle l'un des personnages a beaucoup économisé et l'autre pas du tout ? Auquel des deux voudriez-vous ressembler ? 4. Quand on gagne peu d'argent, quelles qualités faut-il avoir pour économiser ? 5. Connaissez-vous des gens qui dépensent tout ce qu'ils gagnent ? Pourquoi ? Ne gagnent-ils pas assez ou bien gaspillent-ils ce qu'ils gagnent, sont-ils prodigues ? 6. Qu'est-ce qu'être prévoyant ? Penser au lendemain. 4. Actions et problèmes. 1. Vous avez reçu 10F pour Noël. Allez-vous tout dépenser ? Combien pensez-vous économiser ? Où mettrez-vous vos économies ? 2. C'est demain la fête de maman. Vous avez quelques économies. Qu'éprouvezvous ? Vous avez tout dépensé. Que faites-vous ? 3. Des inondations ont ravagé une région de France. Un appel est lancé à tous les enfants. (Mêmes questions que ci-dessus.) 4. Vous voulez acheter un ballon de 20 F. Vous n'avez que 14 F, mais, lorsque vous avez bien travaillé, vous recevez 1 F par mois dont vous dépensez la moitié pour des journaux. Que décidez-vous de faire ? 5. Henri a déjà quatre balles. 11 en voit une de la même grosseur et l'achète encore. At-il raison ? 5. Résolution. Ceux qui n'ont pas d'économies peuvent être un jour dans le besoin. Je ne dépenserai pas tout l'argent que l'on me donnera et, plus tard, je m'efforcerai de faire des économies.

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69. MORALE - C. M. CONTRE L'AVARICE 1. Lecture - Un avare. (M. Grandet, qui est très riche, vit comme s'il était très pauvre. Chaque matin il distribue lui-même à sa servante, Nanon, les denrées nécessaires aux repas. Son neveu vient d'arriver, et Eugénie, la fille de M. Grandet, voudrait fêter l'arrivée de son cousin.) « Nanon, fais-nous donc de la galette. -— Et qui me donnera du bois pour le four, et de la farine, et du beurre ? dit Nanon. Demandez-le à votre père, il peut vous en donner. Tenez, le voilà qui descend aux provisions... » Muni de ses clefs, le bonhomme était venu pour mesurer les vivres nécessaires à la consommation de la journée. « Reste-t-il du pain d'hier ? dit-il à Nanon. — Pas une miette, monsieur. » Grandet prit un gros pain rond et il allait le couper, quand Nanon lui dit : « Nous sommes cinq, aujourd'hui, monsieur. — C'est vrai, répondit Grandet, mais ton pain pèse six livres et il en restera. D'ailleurs, ces jeunes gens de Paris, tu verras que ça ne mange point de pain... » Après avoir parcimonieusement ordonné le menu quotidien, le bonhomme allait se diriger vers son fruitier, lorsque Nanon l'arrêta : « Monsieur, donnez-moi donc de la farine et du beurre, je ferai une galette aux enfants. — Ne vas-tu pas mettre la maison au pillage à cause de mon neveu ?... — Ne voilà-t-il pas que vous ne m'avez donné que six morceaux de sucre ! Il m'en faut huit. — Ah ça ! Nanon, je ne t'ai jamais vue comme cela... — Eh bien, votre neveu, avec quoi sucrera-t-il son café ? — Avec deux morceaux ; je m'en passerai, moi. — Vous vous passerez de sucre, à votre âge ! J'aimerais mieux vous en acheter de ma poche... Est-ce que vous ne mettrez pas le pot-au-feu à cause de... — Oui. — Il faudra que j'aille à la boucherie... — Pas du tout ; tu nous feras du bouillon de volaille et je vais dire à Cornoiller de me tuer des corbeaux. Ce gibier-là donne le meilleur bouillon de la terre. » D'après BALZAC - Eugénie Grandet. 2. 1. 2. 3. 4.

Réflexions sur la lecture. Que voudrait Eugénie pour fêter son cousin ? Que répond Nanon ? A quoi voit-on le défaut de Grandet ? Tout est sous clef. Que fait observer Nanon pour le pain ? Que répond Grandet ? Et pour la galette ? Et pour le sucre ?

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5. Enfin, de quoi sera fait le pot-au-feu ? 6. Quel est le défaut de Grandet ? L'avarice. Qu'est-ce qu'être avare ? C'est se priver et priver sa famille afin d'entasser des richesses. 3. Réflexions sur la vie. 1. Avez-vous vu vivre des avares ? Citez quelques-uns de leurs actes. 2. Quel est le défaut opposé ? La prodigalité. Le prodigue dépense tout. Entre les deux défauts, quelle est la qualité ? 3. Trouve-t-on beaucoup d'avares parmi les enfants ? Que trouverait-on plutôt ? 4. Que recherche l'avare ? Il entasse les richesses pour les contempler. 5. L'avare peut-il être heureux ? Oui, sans doute, mais rend-il heureux les membres de sa famille ? 6. Quels sont les défauts qui accompagnent l'avarice ? (Egoïsme, dureté, méchanceté, ridicule.) Et la prodigalité ? 7. « Le plus riche des hommes, c'est l'économe ; le plus pauvre, c'est l'avare. » (Chamfort.) Qu'est-ce que cela veut dire ? 4. Actions et problèmes. 1. François et Robert ont reçu pour Noël 10 F chacun. Le lendemain François a tout dépensé. Robert, au contraire, conserve ses billets. Il va les voir souvent et ne les dépense jamais. Que pensez-vous de l'un et de l'autre ? 2. Nicole et Jacqueline passent devant un musicien aveugle qui demande l'aumône. Nicole lui donne tout ce qu'elle a, Jacqueline ne donne rien. Or, elle vient de montrer à son amie un porte-monnaie contenant plusieurs pièces. Qu'en pensez-vous ? 3. Vous avez dépensé tout votre argent à la toire. En sortant, vous rencontrez un mendiant. Qu'éprouvez-vous ? 4. Dans le matelas d'un mendiant qui vient de mourir on trouve 20 000 F. Qu'en pensezvous ? 5. Le prodigue gaspille ce qu'il possède. Que gaspille parfois l'écolier ? 5. Résolution. L'avare entasse de l'argent et des richesses, mais ne s'en sert pas pour rendre sa famille heureuse. Le prodigue dépense tout ce qu'il a. Je ne serai ni avare ni prodigue, je serai économe.

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70. MORALE - C. M. CONTRE L'AMOUR EXAGÉRÉ DE L'ARGENT 1. Lecture - Le savetier et le financier. Un savetier chantait du matin jusqu'au soir, C'était merveilles de le voir, Merveilles de l'ouïr ; il faisait des passages, Plus content qu'aucun des sept sages. Son voisin, au contraire, étant tout cousu d'or, Chantait peu, dormait moins encor. C'était un homme de finance. Si, sur le point du jour, parfois il sommeillait, Le savetier alors en chantant l'éveillait ; Et le financier se plaignait Que les soins de la Providence N'eussent pas au marché fait vendre le dormir, Comme le manger et le boire. En son hôtel, il fait venir Le chanteur, et lui dit : « Or ça, sire Grégoire, Que gagnez-vous par an ? — Par an ? Ma foi, monsieur, Dit, avec un ton de rieur, Le gaillard savetier, ce n'est point ma manière De compter de la sorte ; et je n'entasse guère Un jour sur l'autre, il suffit qu'à la fin J'attrape le bout de l'année ; Chaque jour amène son pain. — Eh bien, que gagnez-vous, dites-moi, par journée ? — Tantôt plus, tantôt moins : le mal est que toujours (Et sans cela nos gains seraient assez honnêtes), Le mal est que dans l'an s'entremêlent des jours Qu'il faut chômer ; on nous ruine en fêtes ; L'une fait tort à l'autre ; et monsieur le curé De quelque nouveau saint charge toujours son prône. » Le financier riant de sa naïveté, Lui dit : « Je veux vous mettre aujourd'hui sur le trône. Prenez ces cent écus ; gardez-les avec soin, Pour vous en servir au besoin. » Le savetier crut voir tout l'argent que la terre Avait, depuis plus de cent ans, Produit pour l'usage des gens. Il retourne chez lui ; dans sa cave il enserre L'argent, et sa joie à la fois. Plus de chant : il perdit la voix, Du moment qu'il gagna ce qui cause nos peines. Le sommeil quitta son logis ; II eut pour hôtes les soucis,

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Les soupçons, les alarmes vaines ; Tout le jour, il avait l'œil au guet et, la nuit, Si quelque chat faisait du bruit, Le chat prenait l'argent. A la fin le pauvre homme S'en courut chez celui qu'il ne réveillait plus : « Rendez-moi, lui dit-il, mes chansons et mon somme, Et reprenez vos cent écus. » LA FONTAINE. 2. Réflexions sur la lecture. 1. Le savetier était pauvre. Et cependant que faisait-il du matin au soir ? 2. Et le financier ? Il chantait peu et dormait moins. Qui le réveillait ? 3. Que demanda le financier au savetier ? Que répondit celui-ci ? Savait-il seulement ce qu'il gagnait par jour ? 4. Que lui offrit le financier ? Dans quel dessein ? 5. Que fit le savetier ? Il gagna son trésor, mais que perdit-il ? 6. Qu'est-ce que l'argent lui avait apporté ? Les soucis, les soupçons... 7. Que fit à la fin le pauvre homme ? 8. Qu'a voulu montrer La Fontaine ? On peut être heureux sans argent. 3. Réflexions sur la vie. 1. L'argent n'a-t-il pas une grande part dans les conversations des grandes personnes ? Pourquoi ? Gagner de l'argent est-ce le but de la vie ? 2. Connaissez-vous des gens peu fortunés et cependant heureux ? Comment montrent-ils qu'ils le sont ? 3. Connaissez-vous des gens riches qui ne sont pas heureux ? 4. Pensez-vous que pour être heureux l'argent soit indispensable ? En quoi contribue-t-il au bonheur des gens ? 5. On dit : « L'argent est un bon serviteur et un mauvais maître. » « Plaie d'argent n'est pas mortelle. » Qu'est-ce que cela signifie ? 6. Voudriez-vous être riche ? Pourquoi ? A quoi conduit parfois la recherche immodérée de l'argent ? 4. Actions et problèmes. Les problèmes engendrés par la prodigalité, l'avarice, l'amour des richesses, échappent aux enfants. On peut cependant leur rappeler qu'il est nécessaire : 1. De se tenir à mi-chemin de l'avarice et de la prodigalité, donc de satisfaire normalement les besoins de l'existence. 2. De rendre à l'argent son véritable rôle qui est de contribuer au bonheur des gens sans le constituer entièrement. 3. Pierre a un livret de Caisse d'épargne. Il y place le peu d'argent qu'il a et il n'en retire jamais. Il sait exactement son montant. Monique a aussi un livret. Elle en retire l'argent dont elle a besoin. Elle ne sait même pas combien elle possède. Auquel des deux voudriez-vous ressembler ? 5. Résolution. L'argent est un bon serviteur et un mauvais maître. Je ne l'aimerai pas pour l'entasser et lorsque j'en aurai je m'en servirai.

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71. MORALE - C. M. VAINCRE LA PEUR DE LA NUIT

1. Lecture - La peur de la nuit. J'étais à la campagne, en pension chez M. Lambercier. J'avais pour camarade mon grand cousin Bernard, qui était singulièrement poltron, surtout la nuit. Je me moquai tant de sa frayeur, que M. Lambercier, ennuyé de mes vanteries, voulut mettre mon courage à l'épreuve. Un soir d'automne qu'il faisait très obscur, il me donna la clef du temple et me dit d'aller chercher, dans la chaire, la Bible qu'on y avait laissée. Je partis sans lumière... Il fallait passer par le cimetière ; je le traversai gaillardement... En ouvrant la porte, j'entendis à la voûte un certain retentissement que je crus ressembler à des voix, et qui commença d'ébranler ma fermeté. La porte ouverte, je voulus entrer ; mais à peine eus-je fait quelques pas, que je m'arrêtai. En apercevant l'obscurité profonde qui régnait dans ce vaste lieu, je fus saisi d'une terreur qui me fit dresser les cheveux. Je rétrograde, je sors, je me mets à fuir tout tremblant. Je trouvai dans la cour un petit chien nommé Sultan dont les caresses me rassurèrent. Honteux de ma frayeur, je revins sur mes pas, tâchant pourtant d'emmener avec moi Sultan, qui ne voulut pas me suivre. Je franchis brusquement la porte, j'entre dans l'église. A peine y fus-je entré que la frayeur me reprit, mais si fortement que je perdis la tête ; et, quoique la chaire fût à droite, et que je le susse très bien, ayant tourné sans m'en apercevoir, je la cherchai longtemps à gauche. Je m'embarrassai dans les bancs, je ne savais plus où j'étais. Enfin j'aperçois la porte, je viens à bout de sortir du temple, et je m'en éloigne comme la première fois, bien résolu de n'y jamais rentrer seul qu'en plein jour. Je reviens jusqu'à la maison ; prêt à entrer, je distingue la voix de M. Lambercier à de grands éclats de rire; je les prends pour moi d'avance... j'hésite à ouvrir la porte. Dans cet intervalle, j'entends Mlle Lambercier s'inquiéter de moi, dire à la servante de prendre la lanterne, et M. Lambercier se disposer à venir me chercher, escorté de mon intrépide cousin, auquel ensuite on n'aurait pas manqué de faire tout l'honneur de l'expédition. A l'instant, toutes mes frayeurs cessent, et ne me laissent que celle d'être surpris dans ma fuite. Je cours, je vole au temple ; sans m'égarer, sans tâtonner, j'arrive à la chaire, j'y monte, je prends la Bible, je m'élance en bas ; dans trois sauts, je suis hors du temple ; j'entre dans la chambre hors d'haleine, je jette la Bible sur la table, effaré, mais palpitant d'aise d'avoir prévenu le secours qui m'était destiné. D'après J.-J. ROUSSEAU - Emile, livre II. 2. 1. 2. 3.

Réflexions sur la lecture. Pourquoi M. Lambercier envoie-t-il l'enfant chercher un livre ? Que traverse d'abord l'auteur ? A-t-il peur ? Qu'entend-il en ouvrant la porte ? Qu'est-ce qui, surtout, lui fait peur ? Que rencontre-t-il ?

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4. Quel sentiment le pousse à recommencer ? La honte. Que lui arrive-t-il ? Il perd la tête. 5. Revenu près de la maison, qu'entend-il ? Pourquoi toutes ses frayeurs cessent à l'instant ? De quoi a-t-il peur maintenant ? Du ridicule. 6. Comment se termine cette troisième tentative ? Qu'éprouve-t-il à ce moment ? 7. N'aurait-il pu mener à bien sa mission d'une autre manière ? En réfléchissant, en se disant qu'il n'y avait pas plus de danger la nuit que le jour dans le temple. 8. Problème moral. Il a rapporté le livre, mais a-t-il montré du vrai courage ? Non ? Pourquoi ? C'est la honte d'abord, la crainte du ridicule ensuite qui l'ont dominé. S'il n'y avait eu personne dans la maison, serait-il revenu au temple ? Oui ? Pourquoi ? 11 a dominé sa peur de la nuit. Il a persévéré. Concluons : II s'est tout de même montré courageux. 3. 1. 2. 3. 4.

Réflexions sur la vie. Vous est-il arrivé d'avoir peur la nuit ? Racontez. Quels sont les effets de la peur ? Affolement, « chair de poule », fuite, etc. Quelle est la qualité de celui qui triomphe de la peur ? Est-il nécessaire d'avoir peur du ridicule pour vaincre la peur de la nuit?

4. Actions et problèmes. 1. Iriez-vous sans lumière au grenier ou à la cave ? 2. Vous arrive-t-il de regarder, le soir, sous votre lit, dans les placards, derrière les portes' ? 3. Votre papa vous envoie chercher un couteau qu'il a laissé au fond du jardin. Vous voyez des ombres, vous entendez des bruits. Que pensez-vous ? Que faites-vous ? 4. Vous êtes allé chercher du charbon à la cave. Soudain, c'est la panne d'électricité. Vous entendez des bruits. Qu'est-ce que cela peut bien être ? 5. Vous rentrez à la nuit tombée. Le temps est menaçant. L'orage éclate. Plus de lumière mais des éclairs effrayants. Que faites-vous ? 5. Résolution. Les choses qui nous entourent ne sont pas plus dangereuses la nuit que le jour. Je m'efforcerai de garder mon sang-froid, de ne pas perdre la tête, de vaincre la peur de la nuit.

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72. MORALE - C. M. VAINCRE LA PEUR DE L'INCONNU 1. Lecture - Une maison hantée. (Le capitaine Forbin voyage avec son oncle Victor et un jeune Noir, Pépito. Un soir, les voyageurs décident de s'installer dans un palais abandonné, que l'on dit hanté par des fantômes.) Au cours de la première nuit, le capitaine fut réveillé par la voix de son oncle, qui demandait : « Est-ce toi ? Est-ce toi, Pépito ? Enfin, me répondrez-vous ? — Mais nous dormons ! — Vous dormez ? N'avez-vous rien entendu ? — Rien. — Alors, j'ai dû rêver... » Le manège se renouvela une autre fois mais, à la troisième, les deux garçons ne dormaient plus et, eux aussi, avouèrent avoir entendu un bruit anormal... Vers le petit matin, alors que les trois personnages avaient passé une nuit blanche, ils perçurent d'étranges murmures comme des cris étouffés. Mais ils eurent beau visiter l'escalier et les pièces du rezde-chaussée, ils ne trouvèrent rien... Les nuits qui suivirent furent identiques à la première... Alors le jeune Forbin décida de fouiller la maison. Il monta, une bougie à la main. Il n'avait pas gravi six marches qu'il y eut comme un coup de vent et que la lumière s'éteignit... Il redescendit : « Quelqu'un m'a touché le visage, affirma-t-il. J'ai reçu une gifle ! — Croirais-tu aux revenants ? — Pourquoi pas ? S'ils vous avaient giflé comme moi ! » Dans la nuit qui suivit, tout ce qui avait- effrayé les voyageurs se renouvela. Cette fois, Victor décida d'aller inspecter toutes les pièces du haut... Au fur et à mesure qu'il montait, les bruits étranges devenaient de plus en plus perceptibles. Il y avait comme le frou-frou d'une robe soyeuse, des soupirs étouffés, de petits chocs comme en ferait une balle mousse en rebondissant. Victor rentrait la tête dans les épaules, s'attendant toujours à recevoir une gifle magistrale du fantôme... Lorsqu'il repoussa une porte qui n'était point fermée, il eut l'impression qu'on jetait sur lui un suaire pour l'étouffer. Il hurla de terreur... Il put enfin trouver ses allumettes et faire briller sa bougie. Stupéfaction : des milliers de papillons de nuit, aux ailes noires, soyeuses, larges comme des soucoupes, voletaient autour de lui... D'après Robert GAILLARD - 4 000 kilomètres d'aventures. André Martel (Ed. Fleuve noir.) 2. Réflexions sur la lecture. 1. Où s'étaient installés les voyageurs ? Que veut dire « hanté » ? Qu'est-ce que des revenants ? Des fantômes ? 2. Que se passa-t-il la première nuit ? Craquements, murmures. 3. Que décida le jeune Forbin ? Que lui arriva-t-il ? Croyait-il aux revenants ?

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4. Que décida Victor, le jour suivant ? Quels bruits entendit-il ? Quelle impression éprouva-t-il en repoussant la porte ? Que fit-il ? Et pourtant n'était-il pas courageux ? 5. Qu'étaient les fantômes ? 6. Quelle qualité ont montrée ces voyageurs ? Qu'est-ce qu'avoir du courage ? C'est affronter l'inconnu pour savoir. Est-ce que cela veut dire « ne pas avoir peur » ? Non, tous ont eu peur, mais ils l'ont dominée, vaincue. 7. Ont-ils eu raison de dominer leur peur ? Ils ont ^su et finalement ri. S'ils avaient obéi à la peur qu'auraient-ils fait ? 3. Réflexions sur la vie. 1. Connaissez-vous des gens qui croient aux fantômes, aux revenants, aux maisons hantées ? 2. Quelles maisons dit-on « hantées » ? Les maisons abandonnées, châteaux, ruines, etc. 3. Pourquoi les dit-on hantées ? Parce qu'on ne sait à quoi attribuer les bruits qu'on y entend (animaux), les formes étranges qu'on y voit. 4. Quand a-t-on peur ? Quand on ne connaît pas la cause d'un bruit ou d'une forme et qu'on suppose qu'ils sont produits par des êtres ou des objets dangereux. 5. Que faire dans des cas semblables ? Essayer de connaître les causes, mais procéder avec prudence ; des animaux peuvent être dangereux. 4. Actions et problèmes. 1. Vous visitez les ruines d'un château. Vous entendez un crissement régulier. La peur vous domine... Qu'est-ce qui peut faire ce bruit ? Une porte, peut-être... 2. Vous explorez une grotte. A peine entré, vous entendez des cris. Vous avez peur. Qu'est-ce que cela peut être ? 3. Vous entendez un bruit dans un buisson. Vous avez peur. Que faites-vous ? 4. Vous vous promenez au crépuscule dans un bois. Soudain, vous croyez voir quelqu'un qui se cache, là-bas, dans ce buisson. Qu'est-ce que cela peut bien être ? 5. Vous entendez du bruit dans le grenier. Courageux, vous allez voir ce que c'est... Un rat surgit entre vos jambes... Que dites-vous ? 6. N'est-ce pas un homme qui m'attend là-bas ?... Non, ce n'est que l'ombre d'un arbre projetée par la lune. 5. Résolution. Des bruits ou des formes peuvent nous effrayer parce que nous n'en connaissons pas la cause. J'aurai du courage pour essayer, avec prudence, de comprendre la cause des bruits ou des formes qui m'inquiètent.

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73.MORALE - C. M. VAINCRE LA PEUR DE LA DOULEUR 1. Lecture - L'incision d'un abcès. (Deux orphelins vivent seuls à Paris. Le plus jeune, treize ans et demi, souffre d'un abcès. L'aîné le conduit chez le médecin.) « Vite, enlève tout ça. Ton frère va t'aider. Doucement... » Un bras malingre sous des linges à peu près propres. Au-dessus du poignet, un abcès, sur lequel le médecin pose l'index ; puis, avec deux doigts de l'autre main il fait mollement pression sur un autre point. Il palpe l'avant-bras gonflé, puis le bras : « Et là, ça te fait mal ? — Pas très..., murmure le petit, qui s'est raidi et ne quitte pas son aîné des yeux. — Si, fait le médecin d'un ton bourru. Mais je vois que tu es un bonhomme courageux.» II plante son regard dans le regard troublé de l'enfant et lui sourit. Il lui caresse la joue et doucement relève le menton qui résiste un peu. « Ecoute. Nous allons faire une légère incision là-dedans et, dans une demi-heure, ça ira beaucoup mieux... Tu veux bien ? Suis-moi par ici. » Le petit fait bravement quelques pas ; mais dès que le docteur ne le regarde plus, son courage vacille ; il tourne vers son frère un visage qui appelle au secours : « Robert... viens aussi, toi !... » Quelques minutes plus tard l'abcès était incisé. « Encore un peu de courage... Là... ça y est !... Donne ton bras. N'aie pas peur. Lavage et compresses, ça ne fait pas mal... » L'enfant parvint à sourire... D'après Roger MARTIN DU GARD - Les Thibault. Gallimard 2. Réflexions sur la lecture. 1. Que fait le médecin et quelle question pose-t-il ? Que répond le petit ? 2. Que dit le médecin d'un ton bourru ? Comment regarde-t-il l'enfant et lui donne-t-il confiance ? 3. Comment lui montre-t-il qu'il le prend pour un homme ? 4. Le médecin a-t-il raison de lui dire qu'il va lui faire une incision ? Non ? Pourquoi ? Une incision fait souffrir. Oui ? Pourquoi ? Il le prend pour un bonhomme courageux, lui fait confiance. Si l'enfant avait eu sept ou huit ans, lui aurait-il dit la même chose ? Concluons : II a raison de le considérer comme un homme. 5. Qu'arrive-t-il lorsque le docteur ne le regarde plus ? 6. Que dit enfin le docteur ? Comment réagit l'enfant ? 7. Que pensez-vous de l'enfant? Quel problème se posait à lui? Ou laisser l'abcès infecter le bras et le corps, ou bien supporter l'incision. (Il a eu raison d'accepter une douleur immédiate, mais de courte durée, en échange d'un mal profond et durable.) 8. Que pensez-vous du médecin ?

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3. Réflexions sur la vie. 1. Vous êtes-vous trouvé chez le médecin dans une situation semblable ? Comment vous êtes-vous comporté ? 2. Avez-vous souffert longtemps ? Si on ne vous avait pas soigné, qu'aurait-il pu arriver ? 3. Parmi les soins du médecin, qu'est-ce que vous redoutez ? Vaccinations, piqûres, incisions ? 4. Chez qui encore les enfants n'aiment-ils pas aller ? Pourquoi ? 5. Etes-vous allé chez le dentiste ? Avez-vous souffert ? Si vous n'y étiez pas allé, que serait-il arrivé ? 6. Qu'appelle-t-on un enfant douillet ? Citez des exemples. 4. Actions et problèmes. 1. Comment montrerez-vous au médecin que vous êtes courageux ? En acceptant les soins, en serrant les dents si c'est douloureux, en pensant que la douleur ne durera pas. 2. Le médecin vient pour vous vacciner. Vous n'aimez pas les piqûres. Que dites-vous? 3. Une abeille vous pique à la main. Vous avez mal. Que dites-vous ? 4. Votre petit frère s'est brûlé, il pleure, car on lui fait un pansement qui « pique ». Que lui dites-vous ? 5. Votre petite sœur doit avaler un remède amer. Elle fait un caprice chaque jour. Que lui dites-vous ? 6. Vous vous êtes écorché le genou. Vous avez mal. Le nettoyage de la plaie ne sera pas agréable. Et pourtant, que faire ? 7. Une dent cariée vous fait souffrir. Il faut l'extraire. Que vous fera d'abord le dentiste ? Combien de temps cela durera-t-il ? 8. D'autres dents doivent être plombées. Les soins ne sont pas toujours agréables. Que pensez-vous ? Que faites-vous ? 5. Résolution. Je n'aurai pas peur de la douleur d'une piqûre ou de l'application d'un pansement. Je serai courageux chez le médecin et chez le dentiste.

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74. MORALE - C. M. VAINCRE LA PEUR DE TOMBER 1. Lecture - Quand même. (Après un accident, Pierre, guide montagnard, a le vertige. Mais il veut vaincre sa peur.) ... Il lui faut maintenant traverser la paroi dans toute sa largeur... Redoublant de précautions, Pierre s'efforce de ne plus penser au vide qui se creuse déjà très profondément sous lui... Une pierre qu'on lâcherait d'ici ferait cinq cents mètres sans toucher le sol. Pierre regarde machinalement et sans le voir le magnifique panorama de cimes et de glaciers dont il n'est séparé que par ce gouffre bleuté où gronde le torrent ; son esprit est inquiet, son âme oppressée. 11 faut, pour atteindre la fissure, franchir un pas très long, juste au-dessus de l'à-pic vertigineux. Combien de débutants ont hésité à ce passage ! Pierre le sait, et voici qu'il avance en tremblant; son destin va se jouer. Il essaie de se pencher pour atteindre l'autre bord de ce puits sans fond ; mais il se sent peu à peu attiré violemment par tous ces abîmes... Il lui semble que s'il venait à tomber, son corps roulerait sans s'arrêter de mille cinq cents mètres de hauteur jusqu'aux premières prairies, là-bas, sous la forêt... Il est là, hésitant, prêt à fuir. Il se raisonne tout haut : « Qu'estoc que tu attends ? Tu l'as fait vingt fois, ce passage ! Une simple enjambée, tu te penches en avant, tu t'accroches, et ça y est ! Allons ! Vas-y. » II se penche, fléchit les genoux, va prendre son élan, mais au dernier moment, tout son être hésite ; c'est comme si une force occulte le retenait sur cette terrasse. Il tend les bras, impuissant à se décider à basculer en avant : au contraire ! Le cœur lui monte aux lèvres, il se rejette en arrière. Couché à plat ventre sur les pierres chaudes, il sanglote maintenant comme un gosse. « Accroche-toi ! Accroche-toi ! murmure une voix intérieure. Il faut combattre, Pierre ; il faut lutter ; allons ! saute !... » Ceux qui le verraient ainsi le prendraient pour un fou. Il l'est peut-être d'ailleurs ! Ne parle-t-il pas tout haut comme s'il s'adressait à un voyageur ? « Restez là, monsieur, dit-il ; ce n'est rien, un tout petit passage... une seule enjambée d'un mètre ; vous faites bien une enjambée d'un mètre en temps normal, alors il n'y a qu'à vous imaginer que vous êtes sur un trottoir, c'est exactement pareil. D'ailleurs, vous allez voir, j'y vais !... » Fermant les yeux, il s'est au hasard basculé dans le vide ; ses mains heurtent la paroi d'en face et le voici suspendu, les reins arc-boutés, au-dessus du néant. Il n'ose plus ouvrir les yeux... Ses ongles grattent la roche ; sous l'effort, ses pieds dérapent. Quel soulagement lorsque sa main gauche rencontre une faible prise !... Il est maintenant suspendu d'une seule main sur l'abîme... Il sait que s'il tourne par malheur son regard vers le bas, il lâchera. Alors, rassemblant ses forces, il colle son corps à la roche comme le ferait un débutant ; la fatigue l'envahit, son bras gauche se distend, ses phalanges cèdent et le voici qui crie de peur, sentant qu'il va lâcher. Non ! La main droite a palpé une prise... Dans un dernier réflexe, il se détend, se rétablit... Il est sauvé ! D'après R. FRISON-ROCHE - Premier de cordée. Arthaud

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2. Réflexions sur la lecture. 1. Qui est Pierre ? Qu'est-ce que le vertige ? Pourquoi veut-il le vaincre ? 2. Que fait-il pour cela ? Quelle hauteur de vide y a-t-il sous lui ? Qu'éprouve-t-il? 3. Quel problème se pose à lui ? S'il passe, il aura vaincu la difficulté. S'il ne passe pas, il ne pourra plus être guide. 4. Par quoi se sent-il attiré ? Que se dit-il tout haut ? Pourquoi ne franchit-il pas cet espace ? 5. Qu'est-ce qui lui permet de dominer un moment sa peur ? C'est d'imaginer qu'il accompagne un alpiniste. Que réussit-il enfin ? 6. Combien de fois la peur l'a-t-elle cloué sur place ? Quelles qualités a-t-il montrées ? 3. Réflexions sur la vie. 1. Connaissez-vous des gens qui ont le vertige ? Où éprouve-t-on cette impression désagréable et qui peut avoir des conséquences dangereuses ? 2. Vous n'avez sans doute pas eu à escalader des rochers en haute montagne. Mais n'avez-vous pas eu peur de franchir un ruisseau de un mètre de large ? Plus le ruisseau est profond, et plus vous avez peur. 3. Savez-vous monter à bicyclette ? N'avez-vous pas eu peur lorsque vous avez appris ? 4. Savez-vous nager ? Quelle peur avez-vous dû vaincre ? 5. Savez-vous plonger ? N'aviez-vous pas peur au début ? 6. Cependant, à quoi faut-il penser en essayant de vaincre ces peurs ? Aux accidents possibles. 7. Comment appelle-t-on ceux qui, croyant être courageux, n'ont pas apprécié les risques et courent de grands dangers ? Ils sont téméraires. 4. Actions et problèmes. 1. Votre petit frère tient mal son équilibre sur sa bicyclette. Il a peur. Que lui ditesvous? 2. A la piscine, vous vous cramponnez à la barre. « Allez, allez », vous dit le maître nageur. Vous avez peur. Que faites-vous ? 3. Au plongeoir, vous admirez les grands. De quoi avez-vous peur ? De vous faire mal et aussi du ridicule. Comment faire pour réussir ? 4. Vous vous baignez à la mer. Tout à coup, vous vous apercevez qu'un courant vous a lentement déporté vers le large. Que faites-vous ? 5. Votre camarade veut vous entraîner sur un étang gelé. Vous refusez, ^j Tu es un froussard », vous dit-il: Que lui répondez-vous ? 5. Résolution. Il m'arrivera d'avoir peur lorsque j'apprendrai à nager, à plonger, ou même lorsque je devrai sauter un ruisseau. Je m'efforcerai de vaincre cette peur. Je serai courageux sans être imprudent.

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75.MORALE - C. M. LE COURAGE DES SOLDATS 1. Lecture - Jeanne d'Arc à Orléans. Vers huit heures du matin commença la lutte pour la prise d'Orléans. Les Anglais criblèrent les assaillants de boulets et de traits. Les Français, sous le feu des canons, à travers flèches et pierres lancées contre eux, arrachaient les palissades, comblaient les fossés, escaladaient les murs. Quelques-uns arrivaient au sommet. Ils retombaient aussitôt, frappés par les haches, les piques de l'ennemi. Mais rien ne décourageait les survivants. Jeanne était partout, animant les courages : « Ayez bon cœur et bon espoir ! s'écria-t-elle. Ne doutez point. La place est vôtre. » Elle descendit dans le fossé, appliqua une échelle contre le rempart, et se mit à monter. A peine avait-elle gravi quelques échelons, elle tomba, atteinte d'un trait d'arbalète entre l'épaule et la gorge. On accourt, on l'emporte, on la désarme pour panser sa blessure. Elle était percée de part en part. Quand elle vit son sang couler, le cœur lui faillit, et elle se prit à pleurer. Mais bientôt, elle n'eut plus peur. Elle-même arracha le fer de sa plaie. La nouvelle que Jeanne était blessée avait jeté le découragement dans l'armée. Les capitaines faisaient sonner la retraite. Jeanne, retrouvant ses forces, courut à eux. « Ne partez pas, dit-elle ; faites seulement reposer vos gens, puis retournez à l'assaut. Les Anglais seront vaincus. » Bientôt l'attaque recommence, plus ardente que jamais. Au milieu des combattants, un soldat tenait l'étendard. Voyant au loin flotter son étendard, Jeanne ne put rester en place. Elle courut le ressaisir, malgré sa blessure. Les Anglais croyaient Jeanne mourante. Quand ils l'aperçurent debout sur le bord du fossé, sa bannière à la main, ils furent tout stupéfaits... Le soir, les cloches d'Orléans sonnaient à toute volée ; tout le peuple faisait cortège à Jeanne rentrant dans la ville... D'après Joseph FABRE - Le Mois de Jeanne d'Arc. Armand Colin 2. Réflexions sur la lecture. 1. En quelle année a eu lieu cette bataille ? (1429). 2. Qui occupait alors la ville ? Qui allait l'attaquer ? 3. Qui entraînait les combattants français ? Que leur disait-elle ? 4. Que lui arriva-t-il ? Comment se comporta-t-elle en voyant couler son sang ? Est-ce que sa peur dura longtemps ? 5. Apprenant qu'elle était blessée, que firent les soldats ? Que fit alors Jeanne ? Pourquoi ? 6. Quel problème se posait à elle ? Si elle cédait à sa douleur, qu'arriverait-il ? Si elle voulait vaincre, que devait-elle faire ? 7. Que voit-elle flotter au loin ? Que fait-elle, malgré sa blessure ? Pourquoi voulaitelle son étendard ? 8. Que savez-vous et que pensez-vous de Jeanne d'Arc ?

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3. Réflexions sur la vie. 1. Après la guerre de Cent Ans, la France n'a-t-elle pas dû se défendre au cours de nombreuses guerres ? En connaissez-vous ? 2. Gouvernée par des rois ou par des républiques, la France a dû trop souvent faire appel à ses soldats. Connaissez-vous quelques noms de victoires ? (Rocroi, Valmy, Austerlitz, la Marne) et de défaites ? (Crécy, Waterloo, Sedan). 3. Qu'appelle-t-on un héros ? Connaissez-vous des noms de chefs héroïques ? (Du Guesclin, Bayard, Turenne, Hoche, Bonaparte, etc.) Et des noms de soldats héroïques ? (Bara, Viala...) Pourquoi sont-ils peu nombreux ? Souvent, ils sont morts discrètement, sans que leur gloire soit connue et que l'histoire retienne leur nom. 4. Trop souvent le peuple de France, paysans, ouvriers, hommes, femmes, a dû laisser son travail pour aller au combat. Quels désordres accompagnent une guerre ? 5. Les guerres sont effroyablement meurtrières. Beaucoup de ceux qui partent ne reviendront pas. Quelle qualité doivent avoir les combattants ? Du courage, pour affronter les séparations, les privations, la fatigue, les blessures, les souffrances, la mort même. 4. Actions et problèmes. 1. Un jour, les garçons seront soldats. On leur apprendra à se servir des armes et peutêtre devront-ils défendre la patrie. 2. Lisez sur le monument aux morts les noms des combattants morts pour la France. 3. Quel est le héros français combattant que vous admirez le plus ? 5. Résolution. Depuis que la France existe, des millions de Français ont donné leur vie pour la défendre. Parmi eux, beaucoup sont morts courageusement dans les combats. Je respecterai le souvenir de ces héros.

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76 MORALE - C. M. LE COURAGE DES SOLDATS 1. Lecture - Dans la bataille. (Il s'agit de la bataille qui suivit le débarquement allié en France, en juin 1944.) Les mitrailleuses se mirent à tirer, et plusieurs hommes tombèrent. La ligne hésita. Les soldats regardaient, affolés, les haies énigmatiques, desquelles jaillissait la mort. « En avant ! En avant ! hurlait la voix de Rickett, par-dessus le vacarme des mitrailleuses. En avant ! Continuez ! » Mais la moitié des hommes gisaient à présent sur le sol... Un par un, les autres franchirent le talus, en sens inverse, et s'écroulèrent, épuisés, hors d'haleine, dans le fossé. Rickett apparut au sommet du talus, chancelant, agitant convulsivement les bras, tentant de crier quelque chose... Il fut touché une seconde fois et tomba... Le feu cessa, mais dès qu'un homme tentait de regarder le champ pour voir ce qu'il était possible de faire, une rafale de mitrailleuse fauchait l'herbe, au sommet du talus... Le lieutenant Green revenait, à travers champs, avec un homme de haute taille, qui marchait lentement, contemplant pensivement les soldats tapis dans le fossé. « Grand Dieu, un général ! » Noah se redressa. C'était la première fois qu'il voyait d'aussi près un général... Soudain, avec une agilité surprenante, le général sauta au sommet du talus, sous le feu des ennemis. Il marcha lentement de long en large, parlant aux hommes du fossé, qui le regardaient d'un œil morne. Il avait un pistolet à la ceinture, et portait une badine sous le bras. Les mitrailleuses tiraient de nouveau, mais le général n'accéléra pas l'allure. Il marchait lentement, souplement, comme un athlète entraîné, et parlait aux soldats à mesure qu'il passait devant eux. « Allons, les enfants », l'entendit déclarer Noah, lorsqu'il parvint à sa hauteur, et sa voix était calme, amicale, nullement autoritaire. « Debout ! On ne peut pas rester ici toute la journée. Nous tenons toute la ligne et il faut que nous avancions. Jusqu'à la prochaine rangée de haies, les enfants, je ne vous en demande pas davantage... » Noah vit soudain la main gauche du général exécuter un mouvement convulsif. Du sang se mit à couler, le long de son poignet. La bouche du général se tordit imperceptiblement, et il continua de parler, sur le même ton calme, en serrant sa -badine un peu plus fort. Il s'arrêta juste en face de Noah. « Allons, les enfants, disait-il avec bonté, montez ici avec moi... » Noah le regarda. Le visage du général était maigre, triste et grave... Ce visage troublait Noah... Il se dit qu'il était intolérable que lui, Noah, puisse refuser quoi que ce soit à un tel homme. Il escalada le talus... Un petit sourire complice détendit un instant la physionomie du général. « C'est ça, les enfants », dit-il. Noah parcourut au galop une quinzaine de mètres et sauta dans un trou. Le général était toujours debout sur le talus, bien que le feu fût particulièrement nourri dans ce secteur. Sur toute la surface du champ, des hommes couraient et avançaient par bonds successifs...

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Vingt minutes plus tard, ils avaient atteint la haie à travers laquelle avaient tiré les mitrailleuses ennemies. Irwin SHAW - Le Bal des Maudits, Traduction de G.-M. Dumoulin. Presses de la Cité 2. Réflexions sur la lecture. 1. Qu'éprouvaient les soldats sous le tir des mitrailleuses ? Peur, hésitation, affolement. 2. Qui criait : « En avant ? » Etait-ce un général ? 3. Y avait-il beaucoup de morts et de blessés ? Que font les autres soldats ? 4. Comment Rickett est-il mort ? Qui arrive peu après ? 5. Que fait le général sur ce talus exposé aux balles ennemies ? Pourquoi ? Où auraitil pu aussi bien parler aux hommes ? 6. Que dit-il aux soldats ? Quel est le ton de sa voix ? Que lui arrive-t-il ? A-t-il peur ? 7. Quel fut le résultat de l'attitude courageuse du général ? 8. De quoi était fait le courage du général ? Calme, sang-froid devant le danger, souci de communiquer la même détermination à ses hommes. 9. Que pensez-vous d'hommes comme Noah, qui avaient moins de responsabilité dans la bataille que le général ? Ont-ils été courageux ? 3. Réflexions sur la vie. 1. Au cours des guerres, de nombreux chefs ou généraux français ont montré leur courage. Connaissez-vous les noms de quelques-uns ? 2. Dans les mêmes guerres, des multitudes de soldats français ont été courageux. Des fantassins de Bouvines aux chevaliers de Marignan, des soldats de l'An II aux héros des dernières guerres, quelles formes diverses a pris leur courage ? 3. Les chefs militaires sont courageux, mais que pensez-vous des multitudes de Français qui, de l'époque de Vercingétorix à nos jours, ont pris si souvent les armes pour défendre la terre de France, ses villages et ses lois ? 4. Si les chefs ne montraient pas de courage, qu'arriverait-il ? Mais si les hommes refusaient d'obéir aux chefs, la victoire serait-elle possible ? Le courage des uns et des autres est nécessaire pour obtenir la victoire. 4. Actions et problèmes. 1. Des membres de votre famille sont peut-être morts pour la France. Dans quels combats ? 2. Arrêtez-vous devant le monument aux morts et lisez les noms de ceux qui ont donné leur vie pour la France. 5. Résolution. Pour remporter la victoire, il faut que les chefs et les soldats soient courageux. Je respecterai le souvenir des combattants qui ont défendu la France au cours de son histoire.

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77. MORALE - C. M. LE COURAGE DE CHAQUE JOUR 1. Lecture - Une journée de travail. (Un jeune orphelin, Milot, a trouvé du travail sur un bateau. Il doit prévenir du bras le mécanicien du treuil, au moment où le chargement de sacs de ciment, transporté par la grue, arrive au fond de la cale.) Ecolier, Milot n'avait jamais fixé son attention plus d'une heure sur la même leçon. Il n'avait aucune idée du courage qu'il faut pour accomplir, un long jour durant, la même besogne. La manœuvre du treuil, l'envol des sacs de ciment, l'amusèrent encore une demi-heure. Ensuite, il commença d'éprouver de la fatigue dans le bras droit, auquel il substitua le bras gauche. Au bout d'une heure, il avait grande envie de s'asseoir ou de courir, et le vacarme du treuil lui devint insupportable. A un moment, du fond du bateau, une voix rude lui cria : « Eh bien ! là-haut, qu'est-ce que tu attends ? » Milot avait oublié d'abaisser le bras ; il avait même oublié de suivre le travail. Il regardait passer un grand paquebot à deux cheminées. Il tressaillit, faillit choir dans la cale. A partir de ce moment, il dut faire effort pour demeurer attentif et sa fonction lui devint une corvée. A trois heures, il y eut une pause de dix minutes. Milot alla s'asseoir sur une caisse en soupirant : « Ouf ! que je suis fatigue ! — Eh bien ! lui dit l'homme du treuil, qui se trouvait à côté de lui, qu'est-ce que tu dirais si tu étais à la place de ceux qui portent les sacs en bas ! Toi, tu n'as qu'à les regarder faire. » Milot eut honte et bredouilla : « Oh ! Je ne suis peut-être pas fatigué de ce que je fais maintenant, mais j'ai beaucoup marché ce matin. » Ces débardeurs qu'il n'avait qu'à regarder faire, il les avait seulement admirés jusqu'alors pour leur endurance et leur force ; maintenant, il les plaignait de tout son cœur. On finissait la journée à six heures. Pendant la dernière heure, Milot tira sa montre toutes les cinq minutes ; il n'en pouvait plus d'impatience et de lassitude. D'après CHARLES VILDRAC - Milot. Sudel 2. Réflexions sur la lecture. 1. Milot avait-il déjà travaillé une journée entière ? Savait-il ce que cela pouvait demander d'efforts ? 2. Combien de temps cela l'amusa-t-il au début ? Qu'éprouva-t-il ensuite ? 3. Que lui cria-t-on du fond du bateau ? Pourquoi ? Qu'avait-il oublié de faire ? 4. A partir de ce moment, comment lui apparut son travail ? Que lui dit l'homme du treuil ?

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5. Que ressentit Milot et que bredouilla-t-il ? Quels sentiments éprouvait-il pour les débardeurs ? 6. Que fit Milot pendant la dernière heure ? De quelle qualité a-t-il fait preuve dès que ce travail lui est apparu comme une corvée ? 3. Réflexions sur la vie. 1. Citez des métiers « manuels » et « intellectuels ». Quelles sont les qualités requises par chacun d'eux, et quelle est la qualité que tous exigent ? 2. Les soldats doivent surmonter la peur. Et les travailleurs ? La fatigue, le froid, la lassitude, l'ennui, la monotonie, l'impatience. 3. Qu'est-ce qui rend pénible la tâche du travailleur agricole, de l'ouvrier d'usine, du débardeur, du mineur, du cheminot, du pêcheur en mer ? 4. Qu'est-ce qui rend difficile la tâche du boucher ? du boulanger ? etc. 5. Qu'est-ce qui rend difficile la tâche du conducteur d'autobus, du marin, du pilote d'avion ? 6. Qu'est-ce qui rend difficile la tâche de la maman, de l'institutrice, du médecin, du savant ? etc. 7. Que faut-il pour vaincre toutes ces difficultés ? Un effort quotidien, de la volonté, du courage. 4. Actions et problèmes. 1. Pour me préparer à mon métier d'homme, je ferai chaque jour avec courage mon métier d'écolier. Sur quoi devrai-je remporter des victoires ? Sur les envies de dormir, de flâner, jouer, rêver, faire ce qui me plaît. 2. Le réveil sonne. Vous êtes bien au chaud. Dehors, il fait froid. Que pensez-vous ? Que faites-vous ? 3. « Dépêche-toi, dit maman, tu seras en retard. » En route, des camarades vous invitent à une glissade. Auriez-vous raison de les suivre ? 4. Cette leçon de grammaire est ennuyeuse. Dehors, c'est le printemps... Que pensezvous ? Que faites-vous ? 5. Vôtre oncle vous invite, un jour de classe, à aller au cinéma, puis à goûter chez le pâtissier. Que lui dites-vous ? 5. Résolution. Les tâches de chaque jour sont parfois pénibles et souvent ennuyeuses. Il faut du courage à tous les travailleurs. Je m'efforcerai de dominer les envies de jouer, de dormir, de rêver, qui m'empêcheraient de bien accomplir mon métier d'écolier.

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78. MORALE - C. M. LE COURAGE DE CHAQUE JOUR 1. Lecture - Léa. (Léa, la fille aînée, remplace la maman.) Le repas de midi est achevé... Restée seule, Léa ferme la porte et, le linge de la semaine en paquet sur la tête, elle va laver au ruisseau... Ses mains actives savonnent et frottent. L'air est doux ; dans quelques jours, le printemps sera là... Or, des rires et des voix se rapprochent. Un groupe de cinq jeunes filles apparaît. « Bonjour, Léa ! crient-elles. — Bonjour ! répond Léa. Où allez-vous ainsi ? — A la fête des Sablons. — Amusez-vous bien ! —• Merci... Au revoir, Léa ! » Elles n'ont pas dit : « Viendras-tu aussi ? » Elles savent, chacun sait au village que Léa n'est pas une jeune fille comme les autres, depuis un an que sa mère est morte. Elles savent que Léa est une vraie ménagère et une maman, et que c'est elle, à présent, qui s'occupe de tout à la maison... Les voix et les rires se sont éloignés... Le front baissé, Léa lave et rince, dans l'onde claire... Soudain, elle croit voir sa vie couler dans le ruisseau. Elle songe aux courses dans les rochers et sur la plage, aux jeux avec les camarades, aux dimanches joyeux, à la mère qui l'aimait, aux jours faits de bonheur simple et exempts de soucis. Léa songe ensuite aux jours nouveaux... C'est elle qui, à l'aube, a rallumé le feu et préparé le déjeuner du père, puis celui des frères. C'est elle qui a préparé la soupe de midi. Et il faudra que le linge soit sec et plié avant le coucher du soleil, pour que le dîner ait le temps de cuire. Malgré elle, Léa pousse un soupir. Serait-elle découragée ? S'effraierait-elle de tant de travail ? Non : déjà, elle a relevé la tête ; dans ses yeux, on lit une volonté grave et décidée. L'eau a emporté les soucis. Le linge a séché sur les buissons. Léa refait son paquet et s'en revient au logis. Le soir est tombé. Jean et Marcel, puis le père sont rentrés. Neuf heures sonnent. Le père se lève, embrasse ses enfants, puis monte à sa chambre, « A votre tour », dit Léa à ses frères. Elle reste un instant assise, à rêver, près du feu. Mais la fatigue du jour alourdit ses paupières. Elle range encore les tisons sous la cendre, jette un dernier coup d'oeil à la lourde porte, et monte sans bruit. Avant de se coucher, elle s'accoude à la commode où, dans un cadre garni de crêpe, est l'image d'une femme jeune. « Maman, murmure-t-elle, ai-je été, aujourd'hui, celle que tu as voulue ? Ai-je été assez vaillante ? » Et il semble à Léa que sa mère lui sourit. D'après E. JAUFFRET - La Maison des Flots Jolis. Belin

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2. Réflexions sur la lecture. 1. Oui est Léa ? Que fait-elle en cet après-midi ? 2. Qui lui dit « bonjour » ? Où vont ces jeunes filles ? Qu'auriez-vous éprouvé à la place de Léa ? 3. A quoi songe Léa en lavant son linge ? Qu'a-t-elle fait aujourd'hui ? 4. Pourquoi pousse-t-elle un soupir ? Est-elle effrayée, vaincue par le travail ? Quelle qualité possède-t-elle ? 5. Quand se couche-t-elle ? Quelle question pose-t-elle à l'image de sa maman ? 6. Pourquoi faut-il à Léa plus de courage qu'à une maman ? Pensez-vous qu'elle soit malheureuse ? Oui ? Pourquoi ? C'est une vie peu agréable pour une jeune fille. Non ? Pourquoi ? Elle a la satisfaction de surmonter les difficultés, de remplacer sa maman. 3. Réflexions sur la vie. 1. Quelles difficultés doit vaincre chaque jour la maman ? 2. Quelles difficultés supplémentaires doit vaincre une grande sœur qui remplace la maman ? 3. Qu'est-ce qui rend difficile le rôle du papa? 4. Quelle qualité doivent avoir les enfants pour interrompre leurs jeux afin d'obéir, pour se dévouer alors qu'il est si agréable de ne penser qu'à soi ? 5. Des ouvriers, après leur journée de travail, vont encore aux > cours d adultes. Qu'en pensez-vous ? 4. Actions et problèmes. 1. C'est jeudi, et vous voudriez bien aller jouer. Mais maman est malade. Que faitesvous ? Que pensez-vous ? 2. Vous avez commencé de reviser vos leçons. Votre camarade vous appelle pour jouer. Que lui répondez-vous ? 3. Un garçon plus petit que vous vient vous taquiner. Comment vous montrez-vous courageux ? 4. Vous avez de la fièvre. Maman veut que vous restiez au lit. Mais le maître a dit qu'il ferait aujourd'hui une important-, leçon de calcul. Que décidez-vous ? 5. Résolution. Que ce soit à la maison ou à l'école, toutes les heures de la journée exigent du courage. Je serai courageux pour obéir à mes parents et travailler au lieu d'aller jouer.

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79. MORALE - C. M. LE COURAGE DE CHAQUE JOUR 1. Lecture - Une étudiante courageuse. (Mme Curie, avant de découvrir le radium, a été une étudiante pauvre à Paris.) Les chambres qu'habité Marie se ressemblent par la modicité du loyer et par l'inconfort. La première est située dans un pauvre hôtel meublé. Plus tard, la jeune fille, cherchant le calme, louera une mansarde semblable aux chambres de domestiques, au sommet d'un immeuble... Marie garnit ce local de tous les objets qu'elle possède : un lit pliant en fer, un poêle, une table de bois blanc, une chaise, une cuvette. Une lampe à pétrole coiffée d'un abat-jour de deux sous. Un broc qu'il faut aller remplir au robinet du palier. Un réchaud à alcool, grand comme une soucoupe, et qui, trois années durant, suffira à cuire les repas... Dans les occasions où elle reçoit des visites, Marie allume le petit poêle, et sort de son coin, en guise de siège, la grosse malle brune et bombée qui déjà lui tient lieu de commode et d'armoire... Le minimum de charbon : un ou deux sacs de boulets par hiver, que la jeune fille achète chez le marchand du coin et qu'elle hisse elle-même, seau par seau, au sixième étage d'un escalier à marches raides, en s'arrêtant à chaque palier pour reprendre haleine. Le minimum d'éclairage : dès qu'il fait nuit, l'étudiante se réfugie à la bibliothèque Sainte-Geneviève, où le gaz est allumé, où il fait tiède. Assise, la tête dans ses mains, à une des grandes tables rectangulaires, elle peut travailler jusqu'à ce qu'on ferme les portes, à dix heures du soir. Il suffit ensuite d'avoir assez de pétrole pour s'éclairer chez soi jusqu'à deux heures du matin... Alors, les yeux rougis de fatigue, Marie range ses livres et se jette sur son lit... Marie n'admet pas qu'elle puisse avoir froid ou faim. Afin de ne pas racheter de charbon, elle néglige d'allumer le poêle, et elle écrit des chiffres, sans s'apercevoir que ses doigts deviennent gourds, que ses épaules frissonnent. Une soupe chaude, un morceau de viande la réconforteraient. Mais Marie ne peut pas dépenser un franc et perdre une demi-heure pour préparer une escalope ! Elle n'entre presque jamais chez le boucher, encore moins au restaurant : c'est trop cher. Pendant des semaines, elle ne mange que du pain beurré, en buvant du thé. Souvent, lorsqu'elle se lève de sa table, la tête lui tourne. Elle a à peine le temps de gagner son lit, où elle perd connaissance. Revenue à elle, elle se demande pourquoi elle s'est évanouie. Il ne lui vient pas à l'idée qu'elle tombe de faiblesse et que son seul mal est de mourir de faim. D'après Eve CURIE - Madame Curie. Gallimard 2. Réflexions sur la lecture. 1. Hst-cc que Marie Curie était bien logée lorsqu'elle était étudiante? Kn quoi les chambres qu'elle occupait se ressemblaient? Pourquoi? 2. Que faisait-elle quand elle recevait des visites ? 3. En quoi consistait sa provision de charbon ? Comment la portait-elle dans sa chambre ? 4. Comment économisait-elle l'éclairage ? Jusqu'à quelle heure travaillait-elle ? 5. Que mangeait-elle ? Pourquoi n'avait-elle pas autre chose ?

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6. Que pensez-vous de Marie Curie étudiante ? 3. Réflexions sur la vie. 1. Connaissez-vous des étudiants qui travaillent beaucoup et s'imposent des privations parce que leurs parents ne sont pas riches ? 2. De quelle qualité doivent faire preuve les gens qui acceptent de souffrir de la faim ou du froid pour accomplir leur travail ? 3. Connaissez-vous des gens mal logés, mal vêtus ? Ne travaillent-ils pas quand même? 4. Ne connaissez-vous pas des gens qui ont souvent froid ou faim et qui cependant font leur métier ? 4. Actions et problèmes. 1. Vos parents ne sont pas riches et vos chaussures sont bien usées. Est-ce une raison pour ne pas aller en classe ? 2. Votre pull-over est bien léger et ne vous préserve guère du froid. N'irez-vous pas en classe à cause de ce vêtement ? 3. François a souvent faim parce qu'il ne mange pas assez à la maison. Et pourtant, il est un bon élève. Pourquoi ? 4. Nicole aurait voulu pour Noël une grande poupée. Elle n'a eu qu'un petit poupon. Qu'auriez-vous fait à sa place ? 5. Votre papa a eu un accident. La vie à la maison va devenir difficile. Vous aurez moins de nourriture, de vêtements, de jouets. Que ferez-vous ? 5. Résolution. Je supporterai avec courage de n'avoir pas tout ce que je désire, de souffrir du froid ou de la faim.

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80. MORALE - C. M. LA CONSCIENCE PROFESSIONNELLE 1. Lecture - La résistance du mécanicien. (Un matin, le mécanicien Rogeau perçoit un bruit anormal dans la machine à vapeur. Pour éviter l'accident, il va roder à l'émeri et à l'huile la glissière de la bielle.) A l'arrêt du repas, de midi à treize heures, Rogeau réduisit la vitesse à 30 tours pour maintenir un limage doux, puis repartit à 50. A dix-huit heures, assis devant la bielle, il continuait d'y doser attentivement l'huile et l'émeri, et jugeait qu'il fallait y passer la nuit... Rogeau cherchait le silence de la bielle et n'aurait de repos qu'à son glissement huilé. Son coup régulier le berçait. A minuit, il en comprit le danger et que le sommeil approchait de lui. Il avait déjà, dans sa vie de mécanicien, beaucoup passé de nuits, mais c'était la première qu'il veillait presque immobile, dans l'attention pure... A deux heures, Rogeau sentit le souffle du sommeil lui piquer les yeux. Il posa une main sur le cylindre chaud, et, du manche de sa louche à mélanger l'huile et l'émeri, se tapa sec sur les doigts. Il comprit, à voir soudain la clarté plus grande, combien il avait été près de dormir. A travers les vitrages de la salle, il voyait les étoiles assister à son travail. Indifférent à elles et à toute la douceur du monde, il n'était qu'un ouvrier qui veut bien faire son métier. Le démon du sommeil avait quitté son corps... Rogeau écouta le sifflet de sortie de l'équipe de nuit... Fier de sa résistance et de venir seul à bout de sa grande tâche, sans un battement de ses paupières ouvertes depuis vingt-cinq heures, il continuait sa besogne qui sauVait l'usine. « J'ai commencé, dit-il, je finirai. » II dura tout le jour, ferme à son poste. La bielle ne donnait plus qu'un tapement très sourd, mais qui augmentait s'il dépassait les 70 tours. Il n'avait pas encore gagné la bataille contre la 600 chevaux. A sa trente-sixième heure, le chef d'entretien Andrieu vint pour le remplacer... Rogeau refusa de quitter : « II n'y en a plus, dit-il, que pour une heure ou deux. Ça ne vaudrait rien de changer de main. Avant minuit, je serai couché et le volant fera ses 90 tours. » De nouveau, parurent les étoiles. Entre ses paupières rapprochées où il sentait des piqûres, on ne voyait plus de ses yeux qu'une clarté mince mais aiguë... Il savait maintenant que le bercement de la machine ne l'endormirait pas. Il vit au fond de l'ombre commencer la lumière d'un jour nouveau. Le sifflet de six heures domina les bruits de l'usine, puis le piétinement des six cents ouvriers de l'équipe de nuit. Celui qui ne dormait pas regarda passer ceux qui allaient dormir, et, derrière le vitrage blême, sa pâle figure aux sourcils froncés avait les traits de la mort et la lumière de l'orgueil. Il finit à midi trente, dans sa cinquante-cinquième heure de travail... La machine, sauvée, tournait sans bruit à 90 tours. D'après Pierre HAMP - Le travail invincible. Nouvelle Revue Française

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2. Réflexions sur la lecture. 1. Pourquoi Rogeau décide-t-il de mettre de l'huile sur la glissière? S'il ne le l'ait pas, qu'arrivera-t-il ? La machine et l'usine s'arrêteront. 2. Que comprit-il à minuit ? Qu'est-ce qui était pénible dans son travail '' 3. Problème moral. Avait-il raison de faire ce qu'il faisait ? Non ? Pourquoi ? Ce n'était pas sa faute si la machine cognait. Il lui faudrait beaucoup de temps, et rien ne dit qu'il réussirait. Oui ? Pourquoi ? S'il réussissait, il empêcherait l'arrêt du travail. C'était son métier de mécanicien, il devait le faire du mieux possible. Concluons : 11 avait raison. 4. Lorsque l'équipe de nuit sort, Rogeau est éveillé depuis 25 heures. Qu'éprouve-t-il ? La fierté de sa résistance. A-t-il raison de continuer ? 5. Accepte-t-il d'être remplacé ? A quelle heure finit-il ? 6. De quelles qualités Rogeau a-t-il fait preuve ? Courage, résistance, énergie, esprit de décision, conscience professionnelle, modestie. 3. Réflexions sur la vie. 1. Qu'est-ce que la conscience professionnelle ? L'attention apportée à son travail, la volonté de le bien faire chaque jour. 2. Comment montrent leur conscience professionnelle : le travailleur des champs, l'ouvrier d'usine, le mineur, le marin pêcheur, le cheminot, l'aiguilleur, le gardien de passage à niveau, le boulanger, le charcutier, le conducteur d'autobus, le pilote d'avion, le médecin, le pharmacien, le comptable, etc. ? 3. Citez des accidents imputables à un manque de conscience professionnelle : écrou mal serré, robinet mal fermé, médicament mal contrôlé, etc. 4. Pour bien faire son métier, que faut-il ? D'abord l'aimer, puis être régulier, assidu, y consacrer tout son temps. Etre consciencieux, c'est-à-dire vouloir être honnête, ne pas tricher. Etre courageux, ne pas écouter les mauvais conseils de la paresse. 4. Actions et problèmes. 1. Comment l'écolier peut-il montrer sa conscience professionnelle ? (En étant régulier, c'est-à-dire assidu, exact, attentif, poli. En étant travailleur, en faisant des efforts constants pour comprendre, apprendre, progresser.) 2. Pierre a été malade pendant une semaine. Ses camarades ont appris des choses qu'il ignore. Que lui conseillez-vous ? 3. Jacqueline a commencé une rédaction. Françoise l'appelle pour aller jouer. Elle termine sans conclure, sans relire. Qu'en pensez-vous ? 4. La bicyclette de votre petite sœur grince. Pourquoi ? Que dites-vous à votre petite sœur ? 5. Résolution. Fais bien ce que tu fais. Comme le mécanicien consciencieux, je ferai mon travail d'écolier avec toute ma volonté et toutes mes forces.

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81. MORALE - C. M. LA VOLONTÉ DES SPORTIFS 1. Lecture - Victoire ! (Des coureurs disputent une course de 400 mètres.) ... Debout, au seuil de mon 400, je contemple cet étroit couloir brun marqué par ces deux minces rubans blancs entre lesquels ma vie va être enfermée pendant moins d'une minute... ... « A vos marques. » Mon cœur bat à grands coups... Je sautille pour éprouver une dernière fois la puissance, la souplesse de mes muscles, puis tandis que le stade s'emplit peu à peu d'un silence croissant, je cherche ma position de départ... ... « Prêts ! » La voix du starter, d'un coup, a accéléré les battements de mon cœur... Dans le stade, on n'entend plus un bruit... Un coup de pistolet... Nous sommes partis... Mes jambes, mes bras, se sont détendus sans perdre une fraction de seconde... Je tire sur les bras. Je sens ma vitesse s'accroître... J'allonge ma foulée, je rythme ma respiration, j'expire fortement... Je dois être en tête... Oh ! ce n'est pas possible ! Avant même d'entrer dans la ligne droite, là, à gauche, dans le deuxième couloir, le buste appuyant chacune de ses grandes foulées, voici que Ska est apparu... Non, il ne faut pas qu'il entre le premier dans la ligne droite, il ne le faut pas. Je ne sais plus ce qu'est ma foulée, si ma respiration reste bien régulière ; ce que je sais, de tout mon corps, c'est que la lutte vient de commencer, que maintenant il faut vouloir. Et je veux, avec une énergie farouche, je veux. Je me suis senti, à l'apparition de Ska, me ramasser sur moi-même. Mes foulées doivent être moins longues, mais combien plus rapides, plus énergiques... Nous avons quitté le soleil et sommes entrés dans l'ombre. Nous entrons aussi dans les hurlements de la foule, tout entière dressée sur ses gradins, II faut que je gagne, je veux gagner. Ska est toujours là, à ma gauche, ses grands bras semblant venir, à chaque pas, toucher le sol. Plus que cinquante mètres. Je sens qu'aujourd'hui je tiendrai mon 400 ! Je l'ai dans les jambes, dans le cœur, dans les poumons. Sur un nouvel effort, j'essaie de me lancer en avant. Plus que vingt mètres... Plus que dix mètres. Mes jambes commencent à s'alourdir, mais qu'importé ! Je suis en tête, et le fil blanc est là, à quelques foulées. Je sens mon cœur battre et retentir dans ma poitrine, non pas de fatigue, mais sous le coup de l'émotion devant l'arrivée, la victoire si proche. J'ai besoin de respirer. J'ouvre la bouche toute grande, toute grande, car ce que j'aspire, ce n'est pas seulement l'air qui va emplir mes poumons, c'est le stade entier qui me paraît devoir s'engouffrer en moi. Je suis emporté, soulevé, et mes dernières foulées sont aériennes, immenses. J'ai surplombé la laine blanche qui marque le but, et quand j'ai senti la pression de cette mince et symbolique barrière sur mon torse, mon cœur s'est encore gonflé d'aise à la conviction que rien désormais ne pouvait résister à la fougue, à l'élan de ce 400 mètres gagné. Gagné, j'ai gagné ! D'après R. BOISSET - A vos marques. Edit. Je sers 168

2. Réflexions sur la lecture. 1. De quelle course s'agit-il ? Qu'éprouvé le champion avant de courir ? 2. Alors qu'il est en tête, qui apparaît sur sa gauche ? « II faut vouloir », dit-il. Que faut-il vouloir ? Qu'est-ce qui indique qu'il veut ? 3. Que veut-il fortement ? Que faut-il qu'il fasse pour cela ? Pourquoi dit-il qu'il a sa course dans les jambes, le cœur, les poumons ? 4. Il n'est pas encore arrivé, et cependant son cœur bat très fort. Pourquoi ? 5. Que sont ses dernières foulées ? Qu'a-t-il éprouvé au moment de la victoire ? 6. Le champion a gagné sa course. Pourquoi ? Entraînement et volonté. 3. Réflexions sur la vie. 1. Connaissez-vous des exemples de volonté montrés pair les sportifs ? 2. A-t-on raison de faire du sport ? Non ? Pourquoi ? A quoi cela sert-il ? L'entraînement fait perdre du temps. Oui ? Pourquoi ? Plein air. Développement physique. Attrait de la lutte qui doit rester loyale. 3. Quelles qualités exige la pratique du sport ? Physiques : force, adresse, souplesse, etc. Morales : volonté, loyauté, esprit d'équipe. 4. Lorsque deux hommes ou deux équipes ont des qualités physiques à peu près égales, qu'est-ce qui permet à l'un de remporter la victoire? La volonté de vaincre. 5. Qu'exigé encore le sport ? Une préparation régulière, un entraînement, l'acquisition d'habitudes, l'éducation de la volonté. 4. Actions et problèmes. 1. Robert et Jacqueline disent qu'ils ont mal au pied ou à la gorge au moment de la leçon d'éducation physique ? Qu'en pensez-vous ? 2. Engagé dans le cross des écoliers, François, sur le point d'être dépassé par un de ses camarades d'équipe, donne toutes ses forces et s'effondre, épuisé, sur la ligne d'arrivée ? A-t-il bien fait ? 3. Vous courez pour votre équipe. Vous faites de votre mieux, mais deux adversaires vous devancent à l'arrivée. Que leur dites-vous ? 4. Vous assistez à un match de football. L'équipe que vous préférez est battue. Quelles réflexions faites-vous ? 5. Vous disputez une course de relais. A mi-parcours, vous êtes fatigué et tenté d'abandonner. Pourquoi ne le faites-vous pas ? 5. Résolution. Les grands sportifs ont des qualités physiques et la volonté de gagner. Lorsque je ferai du sport, je mettrai toutes mes forces, toute ma volonté dans la lutte pour gagner honnêtement ou pour faire triompher mon équipe.

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82. MORALE - C. M. LA VOLONTÉ DES SPORTIFS 1. Lecture - La course cycliste. Le peloton des coureurs abordait les premiers lacets de la route de montagne. Cette étape, qui comportait l'ascension de deux cols à 2 000 mètres d'altitude, devait être décisive... Le coureur régional Delplat se demandait avec inquiétude s'il pourrait se classer honorablement. Dam la montagne, il perdait toujours beaucoup de temps, car il lui manquait la puissance des meilleurs... Deux Belges et un Italien venaient de le dépasser et, en se retournant, il n'apercevait plus derrière lui que deux coureurs. Déjà la route.était dure, il fallait appuyer fortement sur les pédales, et les grimpeurs les moins forts se déhanchaient pour monter « en danseuse ». Grimaçant sous l'effort, un maillot rouge se rapproche de Delplat et le dépasse. Plus qu'un autre, un vert, dont il entend le souffle à dix mètres et qui regagne peu à peu du terrain. Trois minutes plus tard, Delplat est dernier. La honte envahit son esprit : « Je suis le plus mauvais ; ce soir, si j'arrive, la radio dira et les journaux imprimeront « dernier » à côté de mon nom... Dans mon village, les gens diront : « II vaut « mieux être un bon ouvrier qu'un médiocre coureur. » Epuisé, Delplat met pied à terre et des larmes de rage perlent à ses yeux... Va-t-il abandonner ? Soudain, les klaxons des voitures suiveuses se font entendre. Dans quelques secondes, elles seront là, et tout le monde saura que Delplat a été vaincu... « Eh bien, non ! cela ne sera pas ! Je ne veux pas être le dernier, je ne serai pas celui que l'on plaint ou dont on se moque...» Enfourchant son vélo, Delplat pèse de toutes ses forces sur les pédales, s'arrache en zigzaguant de la route... « Allez, Delplat, dépêche-toi ! » Les voitures l'ont rejoint... Serrant les dents, tendant ses muscles, décollé de la selle, il poursuit. Au sortir d'un virage, voici le maillot vert... « Han ! Han ! » Et soudain, rassemblant toutes ses forces, le « dernier » démarre, dépasse l'homme vert et disparaît dans le tournant à la poursuite d'autres maillots... Au sommet du col, Delplat a rattrapé cinq coureurs... Demain les journaux titreront : « L'extraordinaire remontée... », « La volonté d'un jeune... », « Le triomphe du courage... ». 2. Réflexions sur la lecture. 1. Quelles difficultés comportait cette étape ? Que se demandait Delplat ? Que redoutait-il ? 2. En quelle place se trouve-t-il après les premiers lacets ? Et peu après ? 3. Découragé, que fait le coureur ? 4. Quel problème moral se pose à lui ? Doit-il continuer ? Non ? Pourquoi ? On sait maintenant qu'il est le dernier. Il est un coureur médiocre. Oui ? Pourquoi ? Il n'est pas complètement épuisé. Il doit essayer de mieux faire, sinon il donnera raison aux moqueurs. Concluons : II doit continuer, mettre toutes ses forces dans la course.

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5. Pour quelles raisons a-t-il voulu continuer? De quelles qualités a-t-il fait preuve ? 3. Réflexions sur la vie. 1. Connaissez-vous des sportifs qui ont montré leur volonté? Evoquer le souvenir du coureur de Marathon qui courut de cette dernière ville à Athènes (42,750 km) et tomba épuisé en y arrivant. 2. Quelles sont les qualités morales que doivent posséder les sportifs ? Volonté, loyauté. 3. Tous les sports permettent-ils aux sportifs de montrer ces qualités ? N'y a-t-il pas des tricheurs parmi les sportifs ? (Cyclistes qui se font pousser, footballeurs qui donnent des coups, etc.) 4. Les spectateurs prennent du plaisir à un match de football. En est-il de même pour les joueurs ? Qu'ont-ils fait avant ? Sont-ils toujours satisfaits pendant la partie ? 5. Qu'est-ce que les Jeux Olympiques? Que pensez-vous du Tour de France cycliste ? de la Coupe de France de football ? du championnat de rugby ? 4. Actions et problèmes. 1. Vous savez nager depuis peu. Vous vous êtes engagé dans le brevet des 25 m, mais aux 18 m, vous avez avalé de l'eau, vous êtes essoufflé... Que pensez-vous ? Que faites-vous ? 2. Votre frère aîné, qui joue dans l'équipe de football, a reçu un coup de pied sur la cheville. 11 parle de s'arrêter, ce qui ramènera son équipe à dix joueurs. Que lui dites-vous ? 3. Engagé dans le cross des écoliers, à mi-course, vous vous sentez fatigué. Si vous ne terminez pas, votre équipe sera sans doute battue. Que pensez-vous ? Que faites-vous ? 4. Votre sœur est devenue une championne de plongeons. Mais elle est dans les dernières en classe. Que pensez-vous ? 5. Vous jouez au football. Vous marquez un but, mais l'arbitre siffle « hors-jeu ». Que pensez-vous ? 5. Résolution. Pour s'entraîner, pour vaincre, pour se classer dans les premiers, le sportif doit faire preuve de volonté et de courage. Dans une course ou dans un match, je lutterai loyalement.

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83. MORALE - C. M. LA VOLONTÉ DES SPORTIFS 1. Lecture - Maryse Bastié. (Une aviatrice française, Maryse Bastié, tente de battre le record féminin de durée en avion.) Les premières heures furent pénibles, dans cet habitacle minuscule où, étroitement emboîté, faisant corps avec l'appareil, on est assis dans un espace si restreint que, sauf les mouvements des bras et des jambes nécessaires à la conduite, tout geste intempestif était interdit. C'était pourtant là que j'allais passer trente-huit heures sans dormir, le cerveau surchauffé, l'oreille tendue sans cesse pour percevoir le moindre bruit suspect du moteur, la moindre vibration anormale... La seconde nuit fut effroyable. Je l'abordais au bout de trente heures : .encore aujourd'hui, lorsque je l'évoque, j'en ai des frissons et je crois que je recommencerais n'importe quoi, sauf ça ! Je dois tourner, encore, et toujours... Je me fais l'effet d'une damnée dans un cercle infernal. Depuis des heures et des heures, attachée dans mon étroite carlingue, je subis cette effarante immobilité qui m'ankylose et me met au supplice. Muscles, nerfs, cerveau, cœur, tout chez moi me paraît atteint ; il n'y a que la volonté qui demeure intacte... Maintenant venait le sommeil, ce redoutable ennemi du pilote. L'incessant ronronnement du moteur, peu à peu, m'engourdissait le cerveau. Mes paupières s'alourdissaient... Mes yeux se fermaient plusieurs fois par minute. Des mouvements inconscients faisaient cabrer ou piquer mon appareil et je me réveillais, en sursaut, avec cette idée lancinante : dormir ! dormir !... Oui, mais, dormir dans un avion à cinq ou six cents mètres de hauteur, cela équivaut à un suicide. Dormir, c'est mourir... Il me semblait être au bout des forces humaines. Pourtant, je ne voulais pas abandonner, je ne voulais pas céder. Il me fallait à tout prix échapper à ce terrible besoin de sommeil qui allait me mener à la catastrophe... Je serre les dents et je prends le vaporisateur. Je m'envoie dans les prunelles un jet d'eau de Cologne... La brûlure dure dix minutes... mais si douloureuse ! La réaction de défense de mon corps est si violente que, pendant une heure, l'âpre besoin de dormir m'épargne. Après... il faut recommencer... toutes les heures, puis toutes les demi-heures... Il faut tenir, tenir jusqu'au bout... J'ai l'impression maintenant d'être une machine, une machine souffrante et agissante, mais que rien n'arrêtera avant le but définitif : ou je me tuerai, ou j'arriverai... L'état de mes yeux s'est aggravé. J'ai des bourdonnements d'oreilles. Mon corps tout entier est endolori... Je me sens abrutie... Lorsque j'atterris, mes yeux tuméfiés distinguaient à peine le sol : il y avait un jour et deux nuits que je tournais en rond sans lâcher les commandes. 37 heures 55 minutes à faire voler l'avion... Je ramenais d'un seul coup à la France trois records de durée. D'après Maryse BASTIÉ - Ailes ouvertes. Fasquelle

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2. Réflexions sur la lecture. 1. Qu'essaie de battre Maryse Bastié ? Qu'est-ce qu'un record de durée ? 2. Pourquoi les premières heures furent-elles pénibles ? Etait-elle à l'aise dans l'habitacle ? Combien de temps devait-elle y passer ? 3. Qu'est-ce qui fut effroyable ? De quoi souffrait-elle ? 4. Quel est le redoutable ennemi du pilote ? Par quoi est-il provoqué ? Dormir c'est... quoi ? 5. Problème moral. Aurait-elle raison d'abandonner ? Oui ? Pourquoi ? Elle risque un accident grave. Non ? Pourquoi ? Elle veut réussir. Concluons : Elle a raison de dominer sa fatigue. 6. Que fait-elle pour échapper au sommeil ? Dans quel état physique se trouve-t-elle à l'atterrissage ? 7. Quelles sont les qualités de Maryse Bastié ? Que pensez-vous d'elle ? Que montre ce récit ? Que des femmes peuvent avoir autant de volonté, de courage, d'endurance que des hommes. 3. Réflexions sur la vie. 1. Connaissez-vous des sportives qui ont montré du courage, de la volonté, de l'endurance ? 2. Aimeriez-vous pratiquer un sport ? Lequel ? Battre des records ou devenir un champion, une championne ? 3. Que pensez-vous des tentatives de records, des navigateurs solitaires ? En quoi cela peut-il être utile ? 4. Aimeriez-vous piloter une automobile, un canot à moteur, un avion ? Pensez-vous que ce soit très facile ? Comment y parvient-on ? Entraînement, réflexion, acquisition d'habitudes. 4. Actions et problèmes. 1. Comment se préparer à devenir des sportifs ? En participant régulièrement aux leçons d'éducation physique. 2. Vous aviez projeté avec André de grimper au sommet de la montagne voisine. Au moment de partir, André vous dit : « C'est pénible d'aller jusque là-haut... » Que lui répondezvous ? 3. Au cours d'un jeu dans les bois vous avez perdu vos camarades. Le soleil se couche. Que faites-vous ? 4. Votre grand frère participe à un cross. Vous le suivez à bicyclette. Il s'arrête. « J'en ai assez », déclare-t-il... Que lui dites-vous ? 5. Robert joue dans une équipe de football. Il est mal entraîné et vite fatigué. Il ne fait aucun effort pour courir après le ballon. Que lui dites-vous ? 5. Résolution. Le sportif doit suivre un entraînement régulier et il doit vouloir gagner. Je me préparerai à marcher et à courir sur des distances de plus en plus longues, à sauter de plus en plus haut.

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84. MORALE - C. M. LES EXPLOITS 1. Lecture - Un sauvetage périlleux. A l'usine de la Crêcherie, cette nuit-là, Nanet, qui faisait son apprentissage d'ouvrier électricien, aperçut une grande lueur rouge... Et, tout à coup, il comprit : c'était la maison du directeur qui brûlait. En une secousse brusque, la pensée de Nise le frappa, il se mit follement à courir. Et il se trouva dans le jardin, seul encore, l'alarme n'ayant pas été donnée. C'était bien la maison qui brûlait, qui s'allumait du rez-de-chaussée jusqu'à la toiture, sans que personne à l'intérieur remuât. La porte ne s'ouvrait pas : incendiée, déjà, elle ne permettait plus de sortir ni d'entrer. Enfin, les persiennes d'une des fenêtres du second étage furent rabattues violemment, et Nise parut dans la fumée, toute blanche... Elle appelait au secours, elle se penchait, terrifiée. « N'aie pas peur ! N'aie pas peur ! cria Nanet... Je monte. » II avait aperçu une grande échelle couchée le long d'un hangar. Mais quand il voulut la prendre, il découvrit qu'elle était enchaînée. Ce fut une minute d'angoisse terrible. Il avait saisi une grosse pierre, il tapait de toutes ses forces sur le cadenas pour le briser. Les flammes ronflaient, le premier étage prenait feu, avec un tel redoublement d'étincelles et de fumée, que Nise, par moments, disparaissait là-haut. Il entendait toujours ses cris qui l'affolaient, et il tapait, et il tapait, criant lui aussi : « Attends, attends, je monte. » Le cadenas s'écrasa, il put tirer l'échelle. Il la dressa sous la fenêtre. Alors il vit qu'elle était trop courte, et son désespoir fut tel que lui-même un instant chancela dans sa bravoure de héros de seize ans, résolu à sauver cette fillette de treize. Il perdait la tête, il ne savait plus : « Attends, attends, ça ne fait rien, je monte. » Et il monta quand même le long de l'échelle ; et, lorsqu'il fut au premier étage en flammes, il entra par une des fenêtres, dont les vitres avaient éclaté sous la violence de la chaleur. Des secours arrivaient, beaucoup de monde se trouvait déjà sur la route et dans le jardin, et il y eut parmi la foule quelques minutes d'effroyable anxiété. Le feu gagnait toujours, l'échelle semblait s'allumer elle-même, vide et debout devant la façade, où ne reparaissaient ni le garçon ni la fillette. Enfin, il revint, la tenant sur ses épaules comme un agneau qu'on emporte. Il avait pu, dans cette fournaise, monter un" étage, la saisir, redescendre ; mais ses cheveux grésillaient, ses vêtements brûlaient. D'après Emile ZOLA - Travail. Fasquelle 2. Réflexions sur la lecture. 1. Nanet voit l'incendie. A qui pense-t-il ? Que fait-il ? 2. Nise apparaît... Que lui crie Nanet? Pourquoi? Qu'avait-il aperçu? 3. Est-ce que Nanet a hésité, réfléchi ? Quel âge a-t-jl ? Et Nise ? 4. Pourquoi éprouve-t-il une minute d'angoisse terrible ? Que voit-il lorsqu'il place l'échelle contre le mur ? Que dit-il quand même ?

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5. Est-ce que ce sont des problèmes moraux qui se sont posés à lui ? De quelle nature étaient-ils ? Le cadenas, l'échelle... 6. Que fit-il parce que l'échelle était trop courte ? Pourquoi y eut-il parmi la foule une effroyable anxiété ? 7. Comment revient-il ? Que risquait-il ? 8. Quelles sont les qualités de Nanet ? Courage, sang-froid, ingéniosité. Que pensezvous de lui ? Quel nom pourrait-on lui donner ? C'est un héros. 3. Réflexions sur la vie. 1. Connaissez-vous des gens qui se sont dévoués au péril de leur vie pour en sauver d'autres ? (incendies, voyages, accidents de la circulation). 2. Avez-vous déjà vu des gens en danger ? Avez-vous participé ou assisté à un sauvetage ? Avez-vous aidé une personne en danger ? 3. Qu'est-ce qui est le plus beau, se jeter à l'eau sans réfléchir, même si l'on ne sait pas très bien nager, pour sauver un enfant qui se noie ou bien se poser le problème moral, réfléchir, vaincre sa peur, se décider ? 4. Comment appelle-t-on ceux qui affrontent un danger sans réfléchir ? Ils sont téméraires. Que faut-il admirer le plus, la témérité folle ou le courage tranquille ? 5. Connaissez-vous des exemples de témérité, dans la vie ou dans l'histoire ? 6. On entend dire parfois : « A cœur vaillant rien d'impossible. » Qu'est-ce que cela signifie ?

4. Actions et problèmes. 1. Un poulain emballé va passer au galop devant vous. « Je l'arrête », vous crie votre frère, âgé de quatorze ans. Que lui dites-vous ? Que faites-vous ? 2. Près de vous une maman pousse une voiture d'enfant. Soudain, à 15 m, une voiture freine désespérément sur la chaussée mouillée... Elle va peut-être renverser la maman qui ne se doute de rien... Que pouvez-vous faire ? 3. Une petite fille tombe à l'eau devant vous qui ne savez pas nager. Auriez-vous raison de vous jeter à l'eau ? Oui ? Pourquoi ? Ce n'est peut-être pas très profond et je pourrai la sauver. Non ? Pourquoi ? Ce serait de la témérité, non du courage. Au lieu d'une victime, il y en aurait deux. Concluons. Vous auriez tort de vous jeter à l'eau, mais que pourriez-vous faire ? Appeler au secours, tendre une branche, un vêtement, etc. 4. Un enfant tombe dans le canal devant Louis qui est un très bon nageur. « II fait froid, déclare-t-il, je vais lui chercher du secours... » Qu'en pensez-vous? Pierre, lui, n'est qu'un nageur moyen... Qu'auriez-vous fait à sa place ? 5. « Je n'ai pas peur des voitures, elles ont des freins », dit Monique. Et la voilà qui traverse hors du passage clouté. Que lui direz-vous ? 5. Résolution. Je m'efforcerai, sans être téméraire, de porter secours à toute personne en danger. A cœur vaillant rien d'impossible.

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85. MORALE - C. M. LES EXPLOITS 1. Lecture - Le dévouement de M. Madeleine. (M. Madeleine passait un matin dans une ruelle. Il entendit du bruit et vit un groupe à quelque distance. Il y alla. Un vieil homme, le père Fauchelevent, venait de tomber sous sa charrette dont le cheval s'était abattu...) Le cheval avait les deux cuisses cassées et ne pouvait se relever. Le vieillard était engagé entre les roues, et toute la voiture pesait sur sa poitrine... — A-t-on un cric ? demanda M. Madeleine. — On est allé en chercher un, répondit un paysan. — Dans combien de temps l'aura-t-on ? — Il faudra un bon quart d'heure. — Un quart d'heure ! » s'écria M. Madeleine. Il avait plu la veille, le sol était détrempé, la charrette s'enfonçait dans la terre à chaque instant et comprimait de plus en plus la poitrine du vieux charretier. Il était évident, qu'avant cinq minutes, il aurait les côtes brisées. « II est impossible d'attendre un quart d'heure, dit M. Madeleine aux paysans. — Il faut bien ! — Mais il ne sera plus temps ! Vous ne voyez donc pas que la charrette s'enfonce ? « Ecoutez, reprit M. Madeleine, il y a encore assez de place sous la voiture pour qu'un homme s'y glisse, et la soulève avec son dos. Rien qu'une demi-minute, et l'on tirera le pauvre homme. Y a-t-il quelqu'un qui ait des reins et du cœur ? » Personne ne bougea... Les assistants baissaient les yeux... Cependant la charrette continuait de s'enfoncer lentement. Le père Fauchelevent râlait et hurlait : « J'étouffe ! Ça me brise les côtes ! Un cric ! Ah ! quelque chose ! » M. Madeleine, sans une parole, tomba à genoux, et avant même que la foule ait eu le temps de jeter un cri, il était sous la voiture. Il y eut un affreux moment d'attente et de silence. On vit Madeleine, presque à plat ventre sous ce poids effrayant, essayer en vain de rapprocher ses coudes de ses genoux. On lui cria : « Père Madeleine ! retirez-vous de là ! » Le vieux Fauchelevent, lui-même, lui dit : « Monsieur Madeleine, allez-vous-en ! C'est qu'il faut que je meure, voyez-vous, laissez-moi ! Vous allez vous faire écraser aussi ! » Madeleine ne répondit pas. Les assistants haletaient. Les roues avaient continué de s'enfoncer, et il était devenu presque impossible que Madeleine sortît de dessous la voiture. Tout à coup on vit l'énorme masse s'ébranler ; la charrette se soulevait lentement, les roues sortaient de l'ornière. On entendit une voix étouffée qui criait : « Dépêchez-vous ! Aidez! » C'était Madeleine qui venait de faire un dernier effort. Ils se précipitèrent. La charrette fut enlevée par vingt bras. Le vieux Fauchelevent était sauvé ! D'après Victor HUGO - Les Misérables. 2. Réflexions sur la lecture. 1. Qu'était-il arrivé au père Fauchelevent ? De quoi était-il menacé ? 2. Fallait-il que quelqu'un se sacrifie pour essayer de sauver le charretier ? Non ? Pourquoi ? Le sauveteur risque sa vie. Il n'est pas sûr de réussir. Oui ? Pourquoi ? Il y a une

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chance de le sauver, il faut la tenter. Concluons : La décision de M. Madeleine est héroïque, car il risque sa vie. 3. Qu'est-ce qui permet de supposer que M. Madeleine n'était plus très jeune ? Que lui disent les assistants et même le père Fauchelevent ? 4. Que fait le sauveteur ? Et les autres, enfin ? 5. Que pensez-vous du courage de M. Madeleine ? Est-ce de la témérité ? Pourquoi ? S'est-il affolé ? 11 a eu du sang-froid. Il a été maître de lui. 3. Réflexions sur la vie. 1. Connaissez-vous des gens qui, après avoir réfléchi aux dangers qu'ils couraient, se sont dévoués pour en sauver d'autres ? 2. Vaut-il mieux affronter un danger sans réfléchir ? Oui ? Pourquoi ? 11 peut y avoir urgence. Non ? Pourquoi ? On peut être rebuté par les premières difficultés. Ou bien, après avoir réfléchi ? Oui ? Pourquoi ? On voit mieux ce qu'on doit faire. Non ? Pourquoi ? Pendant qu'on réfléchit, la victime peut mourir. 3. Dans quelles circonstances avez-vous fait preuve de sang-froid ou de maîtrise de vous ? Un animal vous attaque, un incendie se déclare, etc. 4. Ceux qui ne portent pas assistance à une personne en danger sont punis par la loi. Dans quels cas cela peut-il arriver ? 4. Actions et problèmes. 1. Devant vous un piéton est renversé par une automobile. L'accident est grave. Que pouvez-vous faire ? 2. Vous jouez malgré la défense de vos parents dans une maison en ruine. Un plafond s'effondre, retenant Pierre sous les décombres. Que faites-vous ? 3. Vous avez creusé, avec François, un tunnel dans une meule de paille. Tout à coup, la meule s'effondre et recouvre François. Que faites-vous ? 4. Au cours d'une promenade en montagne, Henri a glissé sur une pente de dix mètres. Il est blessé, il vous supplie de ne pas partir. Que faire ? Aller chercher du secours ? Essayer de lui tendre une branche ? 5. On vous avait défendu de jouer au bord de la rivière. Nicole tombe à l'eau, le courant l'entraîne. Que faites-vous ? 6. La barque dans laquelle vous êtes avec votre jeune sœur prend l'eau. Vous êtes au milieu de la rivière qui est très large. Que faites-vous ? 5. Résolution. Devant des personnes en danger, je ne m'affolerai pas, je resterai calme, maître de moi. Je réfléchirai rapidement aux moyens de leur porter secours et je ferai tout ce que je pourrai pour les sauver.

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86. MORALE - C. M. LES EXPLOITS 1. Lecture - Un héros modeste. (En gare de Marseille les voyageurs attendent, pour pouvoir traverser les voies, qu'un train achève sa manœuvre. Cependant, la petite Christine a échappé à la surveillance de ses parents...) Mme Dargoult répéta deux ou trois fois le nom de sa fille. Puis, soudain, se retournant, elle cria avec angoisse : « Christine ? Où es-tu, Christine ?... » La petite Christine s'était engagée sur la voie devant laquelle un convoi de marchandises restait interrompu. L'enfant était là, debout entre les rails, son gros carton tenu à bras-le-corps, comme un tambour ou comme une poupée. Elle était distraite, insouciante, et l'un des tronçons du train venait, monstre aveugle, de se mettre en marche à la rencontre de l'autre tronçon. Les puissants tampons rouilles s'avançaient. Le cri de Mme Dargoult jaillit, et une forme humaine, bousculant hommes et bagages, jaillit aussi. Un long corps maigre sauta, d'un bond, sur la voie. Une longue main osseuse pesa sur le cou de l'enfant. Deux corps, côte à côte, s'aplatirent parmi les galets et les silex du ballast. Il y eut, en ces deux corps, un instant d'immobilité terrible, pendant lequel tout fut distinct : Simon Chavegrand, couché par terre, serrait sur le sol, serrait contre soi la petite Christine. Puis les wagons s'accolèrent avec un fracas de ferraille, puis le convoi tout entier recula lentement. Et déjà, la multitude commençait à hurler quand on vit M. Chavegrand ramper sous la voiture, passer entre deux roues et surgir sur le quai, à genoux, sans chapeau, le visage pâle et souillé de suie, l'enfant dans ses bras. Les témoins de la scène se précipitaient vers le sauveteur. Il y eut une telle poussée qu'on put craindre une minute de voir les deux rescapés en péril de nouveau... Il y eut une bousculade grondeuse. On apercevait M. Chavegrand, debout, nu-tête. Il tenait toujours contre soi l'enfant, qui semblait frappée de stupeur. Un monsieur dit, en retirant son chapeau : « Vous êtes un héros, tout simplement. Vous aurez la médaille. » Simon Chavegrand, en quelques mots prononcés, déclara qu'il ne voulait pas de médaille, qu'il désirait garder l'anonymat, qu'il était seulement assez fatigué et priait qu'on voulût bien le laisser se retirer... Mme Dargoult saisit une des mains de M. Chavegrand et, furtivement, la baisa. « Mais non, mais non, disait Simon, en retirant sa main d'un air inquiet. Mais non, je vous assure. Vous vous trompez. Si vous saviez comme c'était facile. » D'après Georges DUHAMEL - Tel qu'en lui-même. Mercure de France 2. 1. 2. 3.

Réflexions sur la lecture. Où se passe le récit ? Que fait un train qui manœuvre ? Où est Christine ? De quoi est-elle menacée ? Qui répond au cri de la mère et de quelle manière ? Il jaillit aussi...

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Serait-ce de la témérité ? Etait-il nécessaire qu'il passe beaucoup de temps à réfléchir ? 4. Que fait le sauveteur pour que l'enfant ne soit pas écrasée ? 5. Quel problème moral se posait à tous les assistants ? Fallait-il risquer sa vie pour sauver l'enfant ? Combien ont répondu non ? Tous, sauf un. Pourquoi ? C'était très dangereux. Oui ? Un seul. Pourquoi ? Il est courageux. Il a de la présence d'esprit, de la maîtrise de soi. 6. Comment reviennent sur le quai le sauveteur et l'enfant ? Que font les témoins ? Que promet un monsieur ? De quelle médaille s'agit-il ? 7. Que répond le sauveteur ? De quelle qualité nouvelle fait-il preuve ? Modestie. 8. Que fait la maman de Christine ? Que répond-il ? « Si vous saviez comme c'était facile. «-Etes-vous de cet avis? Pourquoi cela lui a-t-il paru facile ? 9. Résumons ses qualités : héroïsme, sang-froid, modestie. 3. Réflexions sur la vie. 1. Connaissez-vous des gens qui ont risqué leur vie pour en sauver d'autres ? (accidents de la circulation, noyades, chutes en montagne). 2. Avez-vous été en danger quelquefois ? Comment y avez-vous échappé ? 3. Il y a peu d'accidents comme celui du récit. Mais quels sont ceux qui lui ressemblent? 4. Dans quelles circonstances avez-vous fait preuve de sang-froid, de maîtrise de vous? 5. Quelles sont les qualités que l'on reconnaît aux sauveteurs ? Courage, esprit de décision, intelligence. Et, une, qui est plus rare ? La modestie. Qu'est-ce qu'être modeste ? 4. Actions et problèmes. 1. Au sortir de l'école, votre petite sœur lâche votre main et s'élance pour traverser la rue. Que faites-vous ? 2. Echappant à votre surveillance, votre petit frère court pour traverser le boulevard. On entend des coups de frein, de klaxon, des cris... Que lui dites-vous ? 3. François sait mal nager et, soudain, perd pied. Vous appelez au secours et, en même temps, vous l'attrapez par un bras et vous le ramenez sur la rive. Vos camarades veulent vous porter en triomphe. Que dites-vous? 4. La maman de Janine nettoyait des vêtements à l'essence... Une flamme... Qu'est-il arrivé ? Janine s'est précipitée. Qu'a-t-elle fait ? Le soir même des journalistes, des photographes sont venus à la maison. Qu'auriez-vous fait si vous aviez été à la place de Janine? 5. Résolution. Si je me trouve devant des personnes en danger, je m'efforcerai de les sauver. Si je réussis, je n'oublierai pas que la modestie est une qualité qui doit accompagner le courage.

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87. MORALE - C. M. LES EXPLOITS 1. Lecture - A l'assaut de l'Annapurna. (Deux alpinistes français, Maurice Herzog et Lachenal, tentent l'ascension de l'Annapurna, un sommet de plus de 8 000 mètres d'altitude.) Le vent faiblit peu à peu... Chaque mouvement demande un véritable héroïsme. Ma pensée est engourdie. La réflexion me coûte. Nous n'échangeons pas une parole... Nous avons bien du mal à sortir des sacs de couchage et à en retirer nos chaussures complètement durcies par le gel... Les mouvements nous essoufflent terriblement. Nous suffoquons... A six heures, nous nous mettons en route. Il fait très beau, mais aussi très froid... Parfois la neige dure porte, mais parfois aussi nous enfonçons dans une neige poudreuse, molle, qui rend la progression très fatigante... ... La température est très basse. Le froid pénètre. Les vêtements spéciaux de duvet semblent nous laisser nus. Pendant les arrêts, nous tapons des pieds avec vigueur. Lachenal va jusqu'à enlever une chaussure qui le serre un peu : il est angoissé par la perspective du gel... La marche est épuisante. Chaque pas est une victoire de la volonté... Lachenal se plaint de plus en plus de ses pieds. « Je ne sens plus rien..., gémit-il. Ça commence à geler. » II défait de nouveau sa chaussure. Je finis par être inquiet : je me rends très bien compte du danger que nous courons et je sais par expérience combien le gel arrive sournoisement et vite si l'on ne se surveille de très près. Mon camarade ne s'y trompe pas non plus. « On risque de se geler les pieds !... Crois-tu que cela vaille la peine ? » Je suis anxieux. Responsable, je dois penser et prévoir pour les autres. Sans doute le danger est réel. L'Annapurna justifie-t-elle de tels risques ? Telle est la question que je me pose et qui me trouble. Lachenal a relacé ses souliers... J'ai froid aux pieds comme Lachenal. Sans arrêt, je iais fonctionner mes orteils, même en marchant... Brusquement, Lachenal me saisit : « Si je retourne, qu'est-ce que tu fais ? » En un éclair, un monde d'images défile dans ma tête : les journées de marche sous la chaleur torride, les rudes escalades, les efforts exceptionnels déployés par tous pour assiéger la montagne, l'héroïsme quotidien de mes camarades pour installer, aménager les camps... A présent, nous touchons au but ! Dans une heure, deux peut-être... tout sera gagné ! Et il faudrait renoncer ? C'est impossible. Mon être tout entier refuse. Je suis décidé, absolument décidé ! La voix sonne clair : « Je continuerai seul ! » S'il veut redescendre, je ne peux pas le retenir. Il doit choisir en pleine liberté. Mon camarade avait besoin que cette volonté s'affirmât. Il n'est pas le moins du monde découragé ; la prudence seule, la présence du risque lui ont dicté ces paroles. Sans hésiter, il choisit : « Alors, je te suis ! » L'angoisse est dissipée. Mes responsabilités sont prises. Rien ne nous empêchera plus d'aller jusqu'en haut. Cette fois, nous sommes frères. D'après Maurice HERZOG - Annapurna, premier 8 000 - Arthaud.

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2. Réflexions sur la lecture. 1. Où se trouve l'Annapurna ? Quelle est son altitude ? 8 075 m. Est-ce la montagne la plus haute du monde ? Everest, 8 840 m. 2. Qu'est-ce qui rend leurs mouvements difficiles ? Peuvent-ils penser facilement ? Parlent-ils ? Respirent-ils même avec aisance ? 3. Résumons les difficultés que doivent vaincre Herzog et Lachenal à 7 500 m : l'engourdissement, l'essoufflement, le froid, les chutes. 4. Soudain, quel est le problème moral que se posent les deux alpinistes ? Ils risquent de se geler les pieds... « Crois-tu que cela vaille la peine ? L'Annapurna justifie-t-elle de tels risques ? » Que répondriez-vous à ces questions ? 5. Est-ce que Herzog ne ressent pas les mêmes souffrances ? Que lui dit brusquement Lachenal ? Pourquoi? 6. Quel problème se pose à Herzog ? Que voit-il d'un côté ? Les efforts accomplis... Et de l'autre ? La victoire proche, mais encore des efforts et des souffrances. Sa décision estelle hésitante ? Comment sonne-t-elle ? 7. Quelles sont les qualités de ces deux alpinistes et particulièrement du chef ? Courage, triomphe de la volonté, décision réfléchie. A quoi les conduit l'acceptation des risques en commun ? A la fraternité. 3. Réflexions sur la vie. 1. Que veut dire « être courageux » ? Est-ce se jeter sans réfléchir au-devant des difficultés ou du danger ? C'est, au contraire, voir clairement les risques, décider de vaincre la peur, les craintes, accepter les peines. 2. S'il n'y a pas cette vision claire des risques, cette réflexion, qui peut d'ailleurs être très rapide, est-ce toujours du courage ? 3. Que pensez-vous des exploits des alpinistes, des spéléologues (expliquer), de ceux qui vont explorer les volcans, la lune, etc. ? Ont-ils raison de s'engager dans ces entreprises ? 4. Qu'est-ce qu'être responsable ? Connaissez-vous dans l'histoire, ou dans la vie, des exemples de responsabilité ? Christophe Colomb ; le capitaine qui coule avec son navire... Qu'en pensez-vous ? 4. Actions et problèmes. 1. Avez-vous déjà fait des ascensions en montagne, des excursions dans des grottes ? Ne vous êtes-vous pas découragé ? Aimeriez-vous en faire ? 2. Trois camarades vont chercher des edelweiss dans la montagne. L'un, au bout d'une heure de marche, a un peu mal au pied et décide de s'arrêter ; un autre s'expose dangereusement et fait une chute de 20 mètres. Que pensez-vous de chacun d'eux ? Que feriez-vous à la place du troisième ? 3. Vous êtes le plus grand d'un groupe de trois camarades. Vous allez explorer une grotte. L'un a peur dans le noir, se perd et hurle. L'autre glisse dans la boue et tombe dans une faille. Que dites-vous ? Que faites-vous ? 5. Résolution. Etre courageux, c'est voir les difficultés d'une tâche, en accepter les risques, vouloir les vaincre et accomplir les efforts nécessaires pour atteindre ce but.

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88. MORALE - C. M. LE COURAGE CIVIQUE 1. Lecture - Les bourgeois de Calais. Vainqueur à Crécy en 1346, le roi d'Angleterre assiégea Calais. La ville résista six mois. Alors, à bout de vivres, les habitants prièrent leur gouverneur, Jean de Vienne, de demander à l'ennemi à quelles conditions ils pouvaient se rendre. Jean de Vienne fit savoir que la ville ne pouvait plus résister et qu'il demandait quelles conditions seraient exigées... « Voici mes conditions, dit le roi : six bourgeois sortiront de la ville, tête nue et pieds nus, la corde au cou, les clefs de la ville en main. Je ferai d'eux ce qui me plaira ; je ferai grâce à tous les autres... » Jean de Vienne rassembla les habitants et leur répéta les paroles du roi d'Angleterre... En entendant ces nouvelles, ils commencèrent tous à crier et à pleurer. Peu après, le plus riche bourgeois de la ville, Eustache de Saint-Pierre, se leva, et dit : « Ce serait un grand malheur de laisser mourir tout ce peuple par la famine et ce serait une grande charité de le préserver d'une telle mort. Quant à moi je me mettrai en chemise, nu-tête et la corde au cou et me rendrai devant le roi. » Plusieurs personnes se jetèrent à ses pieds en pleurant... Un autre bourgeois, Jean d'Aire, se leva et dit qu'il ferait comme Eustache de SaintPierre, Ensuite se levèrent les quatre autres. Tous se dévêtirent sur place, se mirent la corde au cou et prirent les clefs de la ville. ... Les six bourgeois à genoux devant le roi, lui dirent : « Sire, nous vous apportons les clefs de la ville et nous nous soumettons à votre volonté pour sauver le reste du peuple de Calais qui a beaucoup souffert. » Le roi les regarda avec beaucoup de colère et commanda qu'on leur coupât aussitôt la tête. Tous les chevaliers prièrent le roi d'avoir pitié des bourgeois ; mais il ne voulait rien entendre. « Les habitants de Calais ont fait mourir tant de mes gens qu'il convient que ces hommes-là meurent aussi. » Alors la reine d'Angleterre se jeta à genoux devant le roi... (Que lui demanda-t-elle ?... Comment se termine le récit ?) D'après FROISSART - Chroniques. 2. Réflexions sur la lecture. 1. Que demande le roi d'Angleterre et comment les habitants de Calais accueillent-ils cette demande ? 2. Qui se lève le premier, et que dit-il ? 3. Quel problème moral se posait aux bourgeois ? Devaient-ils se dévouer ? Non ? Pourquoi ? C'était probablement aller à la mort et chacun devait penser : « Pourquoi moi plutôt qu'un autre ? » Oui ? Pourquoi ? Pour les raisons données par Eustache de Saint-Pierre. 4. Si personne ne s'était dévoué, que serait-il arrivé ? 5. Comment le roi les accueille-t-il ? Quelle raison donne-t-il de sa décision ? Comment se termine le récit ? 6. Que pensez-vous des six bourgeois ? Quelles sont leurs qualités ? Courage, dévouement, charité, amour des semblables jusqu'au sacrifice.

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3. Réflexions sur la vie. 1. Connaissez-vous des gens, qui ne sont pas des soldats, et se sont dévoués pour leurs semblables ? 2. Qu'appelle-t-on des otages ? 3. Lorsque la Patrie est en danger, on demande des volontaires pour aller au combat (1792), pour travailler dans les usines, les hôpitaux. Sont-ils obligés de s'engager ? Pourquoi la plupart le font-ils ? C'est une forme particulière de courage, le courage civique, vertu de ceux qui se dévouent pour les citoyens de leur pays, pour le bien public, pour l'intérêt de la Patrie. 4. Dans certaines communes on ne trouve pas de candidats conseillers municipaux, car ces fonctions ne sont pas payées. Quelle qualité ont ceux qui les acceptent? 5. Lors des élections, il est nécessaire que des électeurs constituent les bureaux de vote. Ils passent leur journée à contrôler les opérations électorales. Beaucoup préféreraient disposer de leur dimanche. Quelle qualité ont ceux qui acceptent ces fonctions ? 4. Actions et problèmes. 1. On demande des volontaires pour remplir les fonctions de secrétaire et de trésorier de la coopérative. Cela fera du travail supplémentaire. Qu'en pensez-vous ? 2. Le maître demande deux volontaires, l'un pour s'occuper de la bibliothèque, l'autre du cinéma. Il faudra venir le jeudi. Qu'en pensez-vous ? 3. « Regardez bien votre classe, dit la maîtresse. Pensez à la propreté, à la décoration, au cinéma, à la cour... » Que proposez-vous ? Que décidez-vous ? 4. La coopérative a secouru des enfants malheureux. Elle n'a plus d'argent. Vous réfléchissez, vous proposez, vous agissez. 5. On demande des volontaires pour vendre le timbre antituberculeux. « Je préfère aller jouer », déclare votre petite sœur. Que lui dites-vous ? 5. Résolution. Ceux qui acceptent de se dévouer, comme les bourgeois de Calais, pour sauver leurs semblables, sont courageux. Je saurai nie dévouer pour la coopérative et pour mon école.

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89. MORALE - C. M. LE RESPECT DE LA PAROLE DONNÉE 1. Lecture - Prisonnier sur parole. (Le capitaine Renaud, un jeune officier de Napoléon, a été fait prisonnier par les Anglais. Sa captivité dure depuis des années, mais il a donné sa parole de ne pas s'évader.) L'amiral anglais vint à moi : « Nous ne tarderons pas, me dit-il, à nous rapprocher de la France... Souvenez-vous que vous êtes ici sur votre parole et que je ne vous surveillerai point... Si la tentation devient trop grande pour que votre courage y résiste, venez me trouver quand vous craindrez de succomber... Souvenez-vous qu'il est permis de rompre une chaîne de galérien, mais non une parole d'honneur... » L'amiral me laissait en proie à un combat nouveau. Ce qui n'était en moi qu'un ennui profond de la captivité devint un besoin effréné de la Patrie... C'était une vie cruelle que je menais... Quelquefois le bateau s'avançait si près de la France que je pouvais distinguer des hommes et des enfants qui marchaient sur le rivage. Alors, le cœur me battait violemment et une rage intérieure me dévorait avec tant de violence que j'allais me cacher à fond de cale pour ne pas succomber au désir de me jeter à la nage. Un jour, le vaisseau L'Océan, qui nous portait, vint relâcher à Gibraltar. Je descendis à terre et, en me promenant seul dans la ville, je rencontrai un officier français prisonnier... Il me dit tout de suite qu'il allait se sauver avec des camarades, qu'ils avaient trouvé une occasion excellente... Il m'engagea à en faire autant : « A ta place je partirais. Sais-tu bien que ton avancement est perdu... Les lieutenants du même temps que toi sont déjà colonels... » La tête me tourna et je promis de partir... Le soir de l'évasion arriva. Ma tête bouillonnait... il se livrait en moi un combat violent... Tout à coup, je sentis que tout cela était impossible... Quand je vis ce que j'allais faire et que j'allais manquer à ma parole, il me prit une telle épouvante que je crus que j'allais devenir fou. Je courus sur le rivage, je me jetai à la nage, et j'abordai dans la nuit L'Océan, ma flottante prison. D'après Alfred de VIGNY - Servitude et grandeur militaires. 2. Réflexions sur la lecture. 1. Qu'a promis le capitaine Renaud ? Est-il surveillé ? Que lui rappelle l'amiral anglais? 2. Qu'éprouvait le prisonnier ? En quoi sa vie était-elle cruelle ? 3. Quel problème moral se posait constamment à lui ? Devait-il tenir sa promesse de ne pas s'évader ? Avait-il raison de rester prisonnier ? Non ? Pourquoi ? Il n'a donné sa parole qu'à des ennemis. L'amour de la Patrie devrait être plus fort que la parole donnée. Oui ? Pourquoi ? Pour lui, la parole donnée était sacrée. 4. Qu'éprouvait-il quand il approchait des côtes de France ? Que faisait-il pour ne pas se sauver ? 5. Qu'arriva-t-il un jour à Gibraltar ? Que lui rappelle l'officier rencontre ''

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6. Qu'accepté le capitaine Renaud ? Quel combat violent se livre en lui ? Que ressent-il tout à coup ? Honte, épouvante de manquer à sa parole. 7. Que fait-il au lieu de s'évader ? 3. Réflexions sur la vie. 1. Que signifient les expressions « je le jure », « donner sa parole d'honneur », « sa parole d'honnête homme », « tenir parole » ? 2. Où jure-t-on de dire la vérité ? Au tribunal. Où donne-t-on sa parole ? Au marché, à la foire. 3. On dit : « La parole d'un honnête homme vaut un écrit. » Qu'est-ce que cela signifie? 4. Qu'est-ce qu'un « homme de parole » ? « Un homme sur qui on peut compter » ? 5. Comment promet-on souvent ? Sans réfléchir. Qu'arrive-t-il ensuite ? Que faire avant de promettre ? Etre assuré qu'on aura assez de volonté pour tenir. 4. Actions et problèmes. 1. Votre papa vous a grondé parce que vous n'aviez pas bien travaillé. Vous avez promis de mieux écouter. Trois jours après, vous avez oublie votre promesse. Qu'en pensezvous ? 2. Tout le monde a promis en classe de ne pas s'accrocher aux camions. Deux jours après François l'a oublié. Que lui dites-vous ? 3. Vous avez tous promis de respecter le règlement de l'école, de ne pas bousculer les petits... Roger se prépare à rudoyer un petit qui a dérangé ses billes. Que dites-vous à Roger ? 4. Avez-vous fait à vos parents des promesses que vous n'avez pas tenues ? Pourquoi ne les avez-vous pas tenues ? 5. Quelles sont les promesses que vous pouvez faire et tenir ? 5. Résolution. Il faut parfois être courageux pour tenir ses promesses, ne pas manquer à la parole donnée. Je promets de bien travailler en classe. Je tiendrai parole, même si cela doit m'être pénible.

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90. MORALE - C. M. LA PROBITÉ - LE RESPECT DU BIEN D'AUTRUI 1. Lecture - Le portefeuille. (Dumont, un ouvrier, est en chômage. Sa fille aînée, Lucie, est malade.) Depuis plusieurs jours il n'y avait plus un centime chez les Dumont et les fournisseurs refusaient tout nouveau crédit. Le matin même, Dumont avait tenté près de l'un d'eux une dernière démarche et n'avait rien obtenu... Accoudé à la table, le père pensait avec amertume : « J'ai pourtant fait ce que j'ai pu... J'ai beaucoup travaillé et je ne demande qu'à travailler encore... Jamais personne n'a demandé mon aide en vain... Maintenant, j'ai besoin d'aide à mon tour, mais les autres s'écartent de moi. » Comme il remuait ses idées sombres, la petite Françoise entra dans la maison. Elle avait couru au soleil et revenait avec des yeux rieurs. Elle dit : « J'ai trouvé un petit livre... Je le mets sur la table. » Puis elle sortit. Le père leva la tête. Ce que la fillette avait pris pour un petit livre était un portefeuille. Dumont l'ouvrit : il contenait dix billets de mille francs. Dumont les replaça dans le portefeuille et se leva... Son premier mouvement fut de porter bien vite le portefeuille au commissariat de police où celui qui l'avait perdu irait certainement le réclamer. Comme il se dirigeait vers la porte, Lucie toussa dans la chambre voisine. Cela lui donna un coup au cœur et il s'arrêta. Ses yeux firent le tour de la pauvre demeure. Il vit la cheminée sans feu, le buffet vide... Le portefeuille était dans sa main. Il l'ouvrit, palpa les billets. Dix mille francs !... La guérison pour Lucie, des mois de bonheur pour ses trois enfants... Personne au monde ne saurait... Mais non ! Il ne pouvait pas être malhonnête. Il ne le pouvait pas... Il tenait les billets dans sa main. Avant de repartir, il voulut les replacer «dans le portefeuille. Ce fut alors qu'une carte de visite lui glissa entre les doigts. Il y jeta un regard et sursauta. La carte portait ces mots : Philippe Vilsec, négociant... « Ah ! celui-là, pensa Dumont, il ne me dira pas même merci ! Un homme si dur ! Il me doit toujours six cents francs... Il est très riche... Dix mille francs, pour lui, ce n'est rien. Chez moi, ce serait la vie... » Voilà que Lucie tousse encore... Ses mains tremblaient en touchant les billets. Son trouble était si grand qu'il n'entendit pas Lucie ouvrir la porte. « Que fais-tu là, papa ? demanda-t-elle. D'où vient tout cet argent ? » II blêmit et répondit sans la regarder : « Françoise vient de trouver ce portefeuille. J'allais le porter au commissariat lorsque j'ai découvert cette carte. Vois ! — M. Vilsec ? fit-elle. Ce vilain homme ! — Justement !... Il me doit toujours six cents francs et même davantage... Et voilà que son portefeuille tombe entre mes mains : c'est une justice. — Une fois de plus, dit Lucie, tu lui rendras le bien pour le mal... Porte donc le portefeuille tout de suite au commissariat. — Merci, fit-il, tu as raison, ma fille. » D'après Ernest PÉROCHON - Les Yeux clairs. Delagrave 186

6. Qu'éprouva-t-il pendant la nuit ? Le remords de sa conscience. 7. Que fit-il ? 8. Approuvez-vous Jeantou d'avoir rendu la boîte ? Etait-il obligé de le faire ? Pourquoi l'a-t-il fait ? Si quelqu'un l'avait vu la prendre et qu'il l'ait rendue à cause de cela, sa conduite aurait-elle été aussi bonne ? 3. Réflexions sur la vie. 1. Y a-t-il une différence entre ramasser un portefeuille dans la rue et prendre un portefeuille dans un tiroir ? Qu'est-ce qui est le plus grave ? Pourquoi ? 2. Un chat ne fait pas de différence entre une côtelette qu'il trouve abandonnée chez le boucher et une autre qu'il dérobe dans le panier d'une ménagère. Votre esprit est-il aussi tranquille si vous trouvez 100 F dans la rue ou si vous les prenez dans le tiroir d'un meuble ? 3. Qu'est-ce que le remords ? Une voix intérieure qui nous reproche d'avoir mal agi. Comment se manifeste-t-il? Tristesse, inquiétude, rougeurs, sueurs, etc. 4. Que faire pour échapper au remords ? Réparer sa faute. 5. On lit chaque jour dans les journaux des récits de vols. Ces voleurs n'éprouvent-ils pas de remords ? Habitude de mal faire. Les voleurs, surtout s'ils n'éprouvent pas de remords, sont-ils encore dignes du nom d' « hommes » ? 4. Actions et problèmes 1. Si vous trouviez, dans le grenier de vos parents ou dans celui d'autres personnes, une boîte avec de l'argent, que faudrait-il en faire ? 2. Vous trouvez 100 F dans la rue. On ne vous a pas vu. Que faites-vous ? 3. Dans un livre de vos parents, vous trouvez un billet de 100 francs. Que faites-vous ? 4. Louis a découvert dans le grenier des parents de Nicole une pièce d'or. L es parents de Nicole sont riches, ceux de Louis très pauvres. Que doit-il faire ? 5. Avez-vous éprouvé vous-même, ou connaissez-vous quelqu'un qui a éprouvé du remords ? Dans quelles circonstances ? 6. En rendant la monnaie, le boucher donne 10 F de plus à Simone. « II est bien assez riche », dit-elle. Que lui reprochez-vous ? 5. Résolution. Celui qui prend un objet qui ne lui appartient pas commet un vol. Je ne toucherai pas à ce qui appartient aux autres, même si cela paraît abandonné.

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92. MORALE - C. M. LA PROBITÉ - LE RESPECT DU BIEN D'AUTRUI 1. Lecture - La poule. (Louise, la fille de Séverin, va mourir. Elle veut un bouillon de poule.) Séverin était passé dans toutes les maisons du village pour trouver une poule... Mais le moment était mal choisi, et partout il avait reçu la même réponse : « Mes poules ne sont pas grasses en ce moment ; ce ne sont guère que des carcasses. Si tu veux, je t'en donnerai une tout de même. » Et Séverin avait répondu partout : « Non ! j'en veux une grasse... Je vous remercie... » II se hâtait dans la nuit vite épaissie... Tout à coup, comme il passait devant le logis de Magnon, riche propriétaire, il aperçut au beau milieu de la route une boule sombre ; il avança son sabot ; à sa vive surprise, une poule se leva, effrayée, et alla s'accroupir un peu plus loin... Il la suivit, se baissa, avança la main ; la poule, se sentant prise, battit des ailes et gloussa ; alors, pour la faire taire, il lui saisit le cou et vivement serra. Puis, soulevant la bête, il la glissa sur sa poitrine et repartit. C'était une poule superbe. Pourtant, à mesure qu'il approchait de la maison, une inquiétude grandissait en lui. Que dire à Louise, et que dire surtout à la grand-mère ? C'était une poule volée, en somme... Il poussa la porte et s'approcha doucement du lit de la malade. Il sortit la poule de dessous sa blouse et la mit sur le lit. Un sourire éclaira le visage blanc de la malade. « Ah ! c'est ma poule ! Tu as pensé à moi... Merci, père. Comme elle est lourde ! Je ne peux pas la soulever ! Quelle belles plumes ! Grand-mère, viens voir ! » La grand-mère se leva et vint près du lit. « Où Fas-tu prise ? demanda-t-elle à Séverin. Mais ce n'est pas une poule ! C'est un poulet ! » Séverin s'avança vivement : « Un poulet ! » — Oui, un poulet ! regarde la crête. Où as-tu pris ça ? Maintenant qu'il faut avouer cette chose énorme, Séverin n'ose parler, le cœur étreint par une angoisse sur laquelle il n'avait pas compté. Soudain, il se décide et vite lâche les mots : « J'ai trouvé cette bête sur la route. Elle est venue se fourrer sous mes sabots ; je l'ai tuée sans le faire exprès ; alors quoi ! je ne pouvais la laisser sur la route, je l'ai emportée ! » La grand-mère recule un peu pour le regarder. Ses yeux s'ouvrent très grands, comme si elle découvrait une chose horrible ; puis elle se dresse contre lui : « Alors, c'est vrai, dit-elle ; tu as volé, malheureux ! » Séverin, à son tour, recule ; il ne peut plus supporter le regard de ces yeux qui le condamnent... Après une minute d'effarement, il essaie de se défendre : « Voyons ! En voilà des histoires ! Justement, il n'y avait pas de poules. Alors, je trouve ce poulet sur la route ; il était égaré, perdu ; les chiens l'auraient mangé. Je l'ai ramassé, le mal n'est pas grand. — Tais-toi ! fait la vieille femme. — Peut-être bien qu'il était aux Magnon ! Des gens si riches et si mauvais ! Et puis, on est si malheureux !... Quand on a des enfants qui meurent de faim, on a bien le droit de prendre ce que les autres ont de trop ! » La grand-mère, indignée, lève sa canne. Elle frapperait !

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« Tais-toi ! Tu parles mal ! Quand on est dans la misère, on demande. Demain matin, j'irai en chercher une, moi, et je la trouverai puisqu'il le faut. Quant à ce poulet, personne ici n'y touchera... » Elle lance la bête qui retombe aux pieds de Séverin, avec un bruit mat. L'indignation redresse sa taille cassée... « Malheureux ! Voilà où tu en es !... » Séverin se baisse vivement, ramasse le poulet et s'en va dans la nuit. Quand il revint une heure plus tard, la grand-mère était assise à la même place. Elle lui mit une main sur l'épaule, se pencha pour l'embrasser, et murmura : « T'es bien malheureux, mon pauv' gars ! » Alors il pleura comme il n'avait jamais pleuré de sa vie. D'après Ernest PÉROCHON - Les Creux-de-maisons. Pion 2. Réflexions sur la lecture. 1. Qu'a demandé la malade ? Que fait le père ? Que répondent les gens ? 2. Que trouve-t-il dans la rue ? Que fait-il ? 3. Que ressent-il à mesure qu'il approche de la maison ? Remords ? 4. Problème moral. N'ayant pas trouvé la volaille qu'il cherchait, avait-il eu raison de prendre celle qu'il avait rencontrée ? 5. Comment la grand-mère le regarde-t-elle ? Que dit-elle ? 6. Que pensez-vous de cette affirmation ? « Quand on a des enfants qui meurent de faim, on a bien le droit de prendre ce que les autres ont de trop. » 7. Que fait Séverin dans la nuit ? Que se passe-t-il à son retour ? 3. Réflexions sur la vie. 1. Ceux qui manquent de quelque chose ont-ils le droit de le prendre à ceux qui le possèdent ? 2. Que font parfois, que devraient faire plus souvent, ceux qui sont riches et qui voient leurs semblables manquer du nécessaire ? 3. On peut commettre une faute, mais, alors, que reste-t-il à faire ? 4. Actions et problèmes. 1. Près d'une meule de paille, dans le champ du voisin, vous trouvez deux douzaines d'œufs. Que faites-vous ? 2. Un de vos canards a disparu chez le voisin qui ne vous le rend pas. Que ferez-vous quand un de ses animaux viendra chez vous ? 3. Chez le pâtissier, vous mangez trois gâteaux. Vous ne pouvez en payer que deux. « Combien en avez-vous mangé ? » vous demande le pâtissier. Que répondez-vous ? 5. Résolution. Prendre ce qui appartient aux autres, c'est voler. Je respecterai le bien d'autrui. Plus tard, par mon travail, je me procurerai ce dont j'aurai envie.

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93. MORALE - C. M. LA PROBITÉ - LE RESPECT DU BIEN D'AUTRUI 1. Lecture - Le numéro gagnant. Mme Dubois n'est pas riche et, de temps à autre, pour se donner un peu d'espoir, elle prend un dixième de billet à la Loterie nationale. Son amie, Mme Aubert, n'est pas plus riche. Comme elle habite assez loin de la ville, dans un quartier où l'on ne vend guère de billets, elle n'en achète pas souvent. Aussi, au cours d'une visite que Mme Dubois lui fait, elle lui dit : « Achetez-moi donc un billet de la loterie, s'il gagne, nous partagerons... » Mme Dubois prit donc deux billets, un pour elle et un pour Mme Aubert. Quelques jours après le tirage, elle consulta la liste des gagnants. Comme cela lui était souvent arrivé, elle ne gagnait rien. Maintenant, elle examinait l'autre billet, celui qu'elle avait pris pour Mme Aubert. « Voyons, 34 903... 903... Oh ! ça alors ! » Mme Dubois pousse une exclamation de surprise, elle n'en croit pas ses yeux, sourit d'abord, s'attriste aussitôt, tandis qu'une vague de regrets, de déception, de jalousie amère, envahit son esprit... Le n° 34 903 gagne 1 000 francs ! Elle en pleurerait... Mais une voix la réconforte... Après tout, c'est elle qui a pris ce billet et décidé qu'il était pour Mme Aubert. Mais celle-ci ne l'a jamais vu, elle ne l'a pas payé, et elle ignore même s'il a été acheté... Sans doute, Mme Dubois a écrit, derrière le n" 34 903, le nom de Mme Aubert parce que son billet, à elle, lui plaisait davantage ; mais un coup de gomme est vite donné... Et alors, ce sera le beau rêve réalisé : les meubles neufs, les vacances... Mme Dubois prend la gomme... [Si vous étiez à sa place, que feriez-vous ?] Pendant plus d'une heure, Mme Dubois hésite entre le bien et le mal. Enfin, elle se décide à annoncer la nouvelle à son amie. « Quelle chance ! dit celle-ci. Je n'y pensais plus, à ce billet que je vous avais demandé de prendre pour moi. Mais comment savez-vous que c'est le mien qui a gagné ? — Parce que j'avais inscrit votre nom sur celui-ci et mon nom sur l'autre. — Nous pouvons dire que nous avons de la chance, s'exclame Mme Aubert. — C'est vous qui avez de la chance... — Non, « nous avons », car je vous avais dit : « S'il gagne, nous partagerons... » Mme Dubois avait oublié ce propos. Une expression de bonheur envahit son visage. Le rêve des vacances sera, en partie, réalisé... D'après une idée de X. MARNIER - Au Nord et au Sud. Hachette 2. Réflexions sur la lecture. 1. Que fait assez souvent Mme Dubois ? Dans quel dessein ? 2. Que lui demande Mme Aubert ? Qu'arrive-t-il ? 3. Qu'éprouvé Mme Dubois ? Pourquoi ? 4. Problème moral. Mme Dubois peut-elle garder pour elle seule le billet gagnant ? Oui ? Pourquoi ? Elle n'est pas riche et c'est elle qui a choisi le billet. Mme Aubert a sûrement oublié, et n'a d'ailleurs pas payé le billet. Non ? Pourquoi ? Mme Dubois a elle-même décidé que c'était le billet de Mme Aubert.

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Concluons : Mme Dubois n'a pas de chance, mais si elle gardait le billet, elle volerait. 5. Que fait Mme Dubois ? Que demande Mme Aubert ? « Comment savez-vous que c'est le mien qui a gagné ? » Comment se termine l'histoire ? 6. Quelles sont les qualités de ces deux personnes ? Honnêteté, probité. 3. Réflexions sur la vie. 1. Connaissez-vous des gens qui se sont trouvés dans une situation semblable ? Pensezvous qu'on en trouverait beaucoup qui agiraient comme les deux dames ? 2. Devez-vous tenir une promesse, un engagement, même s'il a été fait du bout des lèvres, sans jurer ? 3. Le jardin public, les bureaux de poste, des panneaux de signalisation, le mobilier scolaire,. les livres de la bibliothèque, sont la propriété de tous. Quels sont les droits que cela vous donne et les devoirs qui en découlent ? 4. Que veulent dire les mots : « chaparder, resquiller, marauder, frauder, indélicatesse»? 4. Actions et problèmes. 1. A une loterie de l'école, vous dites à Louis, qui n'a pas assez d'argent pour prendre un billet : « Donne-moi ce que tu as... Si le numéro gagne, nous partagerons. » Le billet gagne un livre. Que faites-vous ? 2. Une camarade vous a prêté un livre l'année dernière. Vous avez oublié de le lui rendre et elle a oublié de vous le réclamer. Que faire ? 3. Danièle possède un stylo à bille de 2 F. Simone, qui en a envie, lui propose de l'échanger contre son stylo à plume en or qui vaut 20 F. Que devrait faire Danièle ? 4. Vous n'avez plus de billes. Justement, un petit qui en a vous demande de jouer avec lui. Il est très maladroit. Que ferez-vous ? 5. Dans une classe de petits : « M'sieu, Louise m'a pris mon crayon, dit Henri... — M'sieu, il m'a sali mon livre », réplique Louise. Si vous étiez à la place du maître, que leur diriez-vous ? 5. Résolution. Je serai honnête. Je ne toucherai pas à la propriété des autres et je désire qu'ils respectent la mienne.

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94. MORALE - C. M. LE RESPECT DES RÈGLES 1. Lecture et entretien - Des tricheurs. (Il est conseillé, après la lecture de chaque cas, de demander ce qui est « bien » et ce qui est « mal ».) a) Des petits jouent à cache-cache. Robert attend pendant une minute que ses camarades soient cachés. Il est contre un mur et ne doit pas regarder où vont les autres. Pendant quinze secondes, il respecte la règle, mais bientôt il s'impatiente. « Dépêchez-vous », crie-t-il, et, en même temps, il glisse son regard à droite, puis à gauche. Il voit Jean-Paul. Lorsque la minute est écoulée, il se dirige vers la cachette de Jean-Paul qui est pris... (Que pensez-vous de Robert ?) b) Des grands jouent aux billes. Au moment de tirer, on ne doit pas mettre le pied sur la ligne. C'est la règle. Pierre la respecte. François, lui, profite de ce que ses camarades ne le voient pas pour avancer d'un bon pied. Ainsi il gagne. Mais on l'a vu. « Tu triches ! lui crie Bernard, on ne jouera plus avec toi ! » (Que pensez-vous de François ?) c) Simone et Jacqueline font une partie de marelle. Il est interdit de marcher sur les lignes. Jacqueline se trompe et s'arrête. « A toi », dit-elle. Simone pousse son palet et pose son pied sur la ligne. Elle regarde sa camarade. Celle-ci n'a pas fait attention. Simone continue... (Qu'est-ce que Jacqueline a fait de bien ? Et Simone de mal ?) d) En composition de calcul, Monique ne sait pas faire son problème. Elle s'énerve, ne trouve pas la solution et rend son cahier. Pierrette non plus ne sait pas résoudre son problème, mais elle a auprès d'elle Claire qui est très forte en calcul. Pierrette copie... Qui la verra ? (A-telle bien fait ?) e) Dans un match de football, les rouges dominent... Soudain, un vert arrête la balle de la main. Tout le monde crie, mais l'arbitre n'a rien vu. Un peu plus tard, un rouge fait semblant d'avoir reçu un coup de poing d'un adversaire... On arrête le jeu, le camp des rouges est provisoirement sauvé. (Que pensez-vous du « vert »? Et du « rouge » ?) f) Dans une course cycliste, René est dans le peloton de tête, mais il •ne gagnera sans doute pas. C'est Bernard qui devrait être le premier... A cinquante mètres de l'arrivée, René saisit Bernard par son maillot... (Qu'en pensez-vous ?) 2. Réflexions. 1. Comment appelle-t-on ceux qui ne respectent pas les règles ? Des tricheurs. 2. Connaissez-vous d'autres exemples de tricheurs au jeu ? Cartes. 3. Connaissez-vous des gens qui ne respectent pas les règles établies ? Spectateurs qui « resquillent », circulation routière, fraudeurs de l'impôt, contrebandiers, mouilleurs de lait ou de vin, commerçants qui trichent sur le poids ou la qualité, ouvriers paresseux, etc. 4. Pourquoi y a-t-il des tricheurs ? Orgueil, égoïsme, pour être toujours le premier, gagner davantage... 5. Si les gens ne trichaient pas, quelles professions pourraient ne pas exister ? Arbitres, agents de police, contrôleurs, douaniers, etc. 6. Si les gens ne trichaient pas, la vie ne serait-elle pas plus agréable ?

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7. Le tricheur est parfois heureux de gagner. Est-ce que cette joie dure ? A quoi faitelle place parfois ? 8. Des joueurs de football ont-ils raison de faire tout pour que leur équipe gagne ? Oui ? Pourquoi ? Ils se doivent entièrement à leur équipe. Non ? Pourquoi ? Ils doivent rester des hommes, donc ne pas mentir, ne pas tricher, ne pas voler. Concluons : Un joueur doit d'abord respecter les règles. 3. Actions et problèmes 1. Lorsque nous acceptons de participer à un jeu, de vivre avec d'autres, nous nous engageons à respecter les règles du jeu ou les règlements, les lois de la société. Qu'est-ce que les tricheurs du récit devaient faire ou ne devaient pas faire ? 2. Si nous perdons aux billes ou à la marelle, que faire ? Savoir perdre sans amertume, avec le sourire. 3. Votre sœur allait copier son problème. « Je ne sais pas le faire », donne-t-elle comme excuse. Que lui dites-vous ? 4. Pourquoi perdez-vous aux billes, aux cartes ? Parce que vous êtes moins adroit, ou vous réfléchissez moins ? Que faire donc pour perdre moins souvent ? 5. Nicole n'est pas contente parce qu'elle a perdu à la marelle. Comme elle veut gagner, elle triche. Ses camarades n'aiment plus jouer avec elle. Que lui direz-vous ? 4. Résolution. Les tricheurs sont des voleurs. Je respecterai les règles du jeu, le règlement de l'école, les lois de mon pays. Je saurai perdre et accepter de n'être pas le premier. Je ne tricherai pas.

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95. MORALE - C. M JUSTICE ET INJUSTICE 1. Lecture et entretien. a) Louis a envie de la boîte de peinture de Simone qui coûte 30 F. Il lui offre en échange une vieille montre dorée qui ne marche pas et n'a aucune valeur. Simone voudrait bien la montre. (Cet échange serait-il juste ? Pourquoi ?) b) Au cours d'un devoir de calcul, la maîtresse dit plusieurs fois à Paulette, qui est très faible en calcul : « Attention, ne regarde pas sur le cahier de Jacqueline. » Paulette a fait les mêmes fautes que Jacqueline dont le devoir vaut 5 sur 10. (Si la maîtresse donnait 5 à Paulette, serait-ce juste ? Pourquoi ?) c) « Allons, les enfants, mettez le couvert », dit maman à chaque repas. A cet appel, Nicole ferme son livre et va chercher les assiettes. Sa sœur jumelle, Annie, ne bouge pas. Il en est ainsi tous les jours. (Est-ce juste ? Pourquoi ?) La maman s'est aperçue de la paresse d'Annie. « Ce soir et demain, décide-t-elle, c'est Annie qui mettra le couvert. Et ensuite, vous ferez ce travail un jour chacune. » (Cette décision vous paraît-elle juste ?) d) Jean-Louis joue aux billes avec André. Maurice s'approche et, d'un coup de pied, disperse les billes dans la cour, puis se sauve en ricanant... (Est-ce juste ? Pourquoi ?) (Si André prenait la balle de Maurice et la jetait dans un égout, serait-ce juste ? Pourquoi ne doit-il pas le faire ?) e) Madeleine, qui écrit bien, et Yvonne, qui écrit mal, travaillent à la même table. Yvonne donne un coup de coude à sa camarade. La feuille est tachée et trouée. « Excuse-moi », dit Yvonne en souriant... (Qu'auriez-vou's fait à la place de Madeleine ?) D'abord très en colère, elle a envie de tacher et de déchirer la feuille d'Yvonne... (Serait-ce juste ?) Puis elle réfléchit : « Yvonne a-t-elle été méchante ou seulement maladroite ? » (Serait-il juste d'être méchante à son égard ?) f) Les spectateurs en file attendent leur tour pour prendre leur billet de cinéma. Robert profite de sa petite taille pour se faufiler et se placer devant cinq ou six personnes. (Est-ce juste ?) Un monsieur le prend par le bras et le conduit à la dernière place. (Est-ce juste ?) g) Au match de football, un joueur au maillot blanc touche la balle avec la main. L'arbitre siffle, car c'est interdit. Peu après, un joueur au maillot bleu commet la même faute. L'arbitre ne siffle pas. (Est-ce juste ?) 2. Réflexions. 1. Dans l'idée de justice (souvent symbolisée par une balance), il y a celle d'égalité. L'échange est injuste si les articles échangés n'ont pas, à peu près, la même valeur. On ne peut mettre la même note à deux devoirs qui ne reflètent pas le même travail. 2. Les droits de chacun sont égaux, les autres ont les mêmes droits que nous. Si j'empêche les autres de jouer, si je les gêne dans leur travail, si je veux passer avant mon tour, je suis injuste. 3. Comment être juste ? En respectant les droits des autres, en nous mettant par la pensée à leur place, en ne leur faisant pas ce que nous ne voudrions pas qu'ils nous fassent. 4. Quelle qualité accompagne la justice ? La bonté.

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5. Comment est-on injuste ? En ne considérant pas les autres comme nos égaux, en ne respectant pas leurs droits. 6. Quel est le défaut qui accompagne l'injustice ? La méchanceté, l'égoïsme. Qu'éprouvons-nous devant une injustice ? 7. Qu'est-ce que rendre la justice ? Pourquoi deux personnes vont-elles au tribunal ? Parce que l'une a dépassé ses droits, gêné l'autre. Que devra faire le juge ? 3. Actions et problèmes 1. Si Françoise, qui n'a pas su sa récitation, et Geneviève, qui l'a sue, avaient la même note, est-ce que ce serait juste ? 2. Si la part de gâteau de Pierre était plus grande que celle de son frère jumeau, est-ce que ce serait juste ? 3. Quelqu'un a dérobé des cerises dans un verger. On vous accuse à tort. Que ressentezvous ? 4. Le grand Louis et le petit Pierre ont fait, tous deux, une tache sur la table. Le maître punit Louis plus sévèrement. Est-ce juste ? 5. Nicole et Jacqueline arrivent en retard. La maîtresse ne punit pas Jacqueline (elle habite loin, aide sa famille). Est-ce juste ? 6. Deux voleurs sont pris : l'un, affamé, volait un pain, l'autre une bouteille d'alcool qu'il allait vendre. Devront-ils être punis de la même peine ? 4. Résolution. Les autres ont les mêmes droits que nous. Etre juste, c'est respecter les droits des autres. « Ne pas faire aux autres ce que tu ne voudrais pas qu'on te fît » est une règle de justice. Je ne ferai de mal à personne.

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96. MORALE - C. M. NE PAS MÉDIRE 1. Lecture - La médisance. (Gobe-Lune est un élève médiocre. Aujourd'hui, il n'a pu retenir la table de multiplication de six ni le résumé de la leçon de choses.) « Voyons maintenant si Gobe-Lune a compris », dit M. Prenant. Gobe-Lune se leva péniblement... S'il avait pu se dominer, il eût dit franchement à son maître que, malgré ses efforts, il ne savait pas ses leçons, mais il voulut réciter son résumé comme s'il le savait par cœur. « L'eau est un gaz... », dit-il en se rappelant vaguement les réponses de ses camarades. Il s'arrêta : la classe éclatait. « Gobe-Lune, tu ne sais pas ta leçon. Tu ne l'as pas apprise... Je me demande même, dit ensuite M. Prenant, si tu as appris ton calcul. Récite la table de 6... — Je ne la sais pas. » II attendait la foudre et déjà, épouvanté, sanglotait. « Bien, dit M. Prenant, tu apprendras tes leçons ce soir, en retenue... » Si Gobe-Lune restait en retenue, son père le corrigerait et l'enverrait au lit sans dîner... « Mes enfants, dit soudain M. Prenant, j'ai un travail urgent. Exceptionnellement, je permets aux élèves qui devaient rester après la classe de retourner chez eux avec leurs camarades. Ils feront leurs punitions chez eux. Ceux que je voulais garder, levez la main ! » II n'y en avait point d'autres que Gobe-Lune et l'instituteur le savait bien. Personne ne devina cette ruse qui sauvait Gobe-Lune. Il quitta donc l'école à la sortie avec son frère. Gobe-Lune vit au loin son père qui labourait. Il dit alors à son frère en le suppliant : « Mau, ne dis pas chez nous que j'étais puni. » Le grand Mau eut des yeux sévères : « Pourquoi ne savais-tu pas ta leçon ? — Je l'avais apprise ! » Le grand Mau n'était ni généreux, ni fort intelligent. Il trouvait plaisant de persécuter son petit frère. « Je ne dis jamais que la vérité. » Sitôt qu'il eut goûté, Mau partit rejoindre son père aux champs... Pendant qu'ils labouraient, Mau conta à son père la mésaventure de Gobe-Lune. « Mon grand, lui répondit le fermier, je te remercie de m'aider ; je serais pourtant plus heureux si tu ne m'avais pas répété cette histoire. — Il faut toujours dire la vérité, répondit Mau avec une obstination hypocrite. — II faut la taire pour épargner son frère, mon garçon. Je suis fâché que tu ne l'aies pas compris, et puisque M. Prenant veut visiblement pardonner à Gobe-Lune, j'oublierai ce que tu m'as dit. » Mau, vexé, mordit sa lèvre et le fermier, quand il revint chez lui, embrassa Gobe-Lune comme s'il ne savait rien. D'après André BARUC - Gobe-Lune. Magnard

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2. Réflexions sur la lecture. 1. Gobe-Lune est-il un méchant garçon ? Un bon élève ? 2. En quoi est-il interrogé ? Comment le maître le punit-il ? 3. Que dit le maître ? Est-il vrai qu'il a un travail urgent ? Pourquoi fait-il cela ? 4. Gobe-Lune est-il sauvé ? Que demande-t-il à son grand frère ? Que répond celui-ci ? 5. Mau est-il bon ? Que fait-il après son goûter ? Est-ce bien ? Comment cela s'appellet-il ? Médire (la médisance). 6. Est-ce que le père est content ? Pourquoi ? Que dit Mau ? 7. Quelle leçon le père donne-t-il au grand frère ? 8. Quels sont les défauts des personnages de ce récit ? Sottise de Gobe-Lune. Médisance et méchanceté de Mau. 9. Quelles sont leurs qualités ? Bonté du maître et du père. 3. Réflexions sur la vie. 1. Qu'est-ce que médire ? Dire de quelqu'un une chose vraie qui peut lui nuire. 2. Qui médit en classe ? Qu'est-ce qu'un rapporteur ? Celui qui rapporte au maître, alors qu'il ne les lui demande pas, les fautes des autres. 4. Est-ce que les camarades ou le maître aiment les rapporteurs ? Pourquoi y en a-t-il ? Parce que des enfants aiment bavarder, se rendre intéressants, parce que d'autres n'avouent pas leurs fautes. 4. Citez des exemples de médisance ? Qu'est-ce qu'un dénonciateur ? 5. Quelles qualités faut-il avoir pour ne pas médire ? Discrétion, réflexion, maîtrise de soi, sens de la justice (se mettre à la place des autres). 6. Qu'est-ce qu'être discret ? Savoir ne pas parler, ne pas être bavard si ce qu'on va dire peut faire du mal à quelqu'un. 7. Que veut dire : « La parole est d'argent, mais le silence est d'or » ? Qu'est-ce qu'une « cancanière », un « mouchard », une lettre anonyme ? 4. Actions et problèmes. 1. On a cassé un carreau en classe. Le coupable n'avoue pas. A la récréation, Robert va dire au maître qui a cassé le carreau. A-t-il bien fait ? 2. Françoise dit à Jacqueline : « Je vais dire à la maîtresse que tu as copié. » Que ditesvous à Françoise ? 3. Louise a été grondée parce qu'elle n'a pas bien travaillé. Véronique va le dire à la maman de Louise. Qu'en pensez-vous ? 4. « François a volé des cerises », dites-vous à l'un de vos camarades. Celui-ci le rapporte à François qui vous menace. Que faites-vous ? 5. Résolution. Le rapporteur est un Bavard, un médisant, qui dit au maître les fautes de ses camarades. Je serai discret, j'éviterai de raconter ce que les autres ont fait de mal.

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97. MORALE - C. M. NE PAS CALOMNIER 1. Lecture - Le ruban volé. Beaucoup d'autres meilleures choses étaient à ma portée ; ce ruban couleur de rosé et argent seul me tenta ; je le volai ; et, comme je ne le cachais guère, on le trouva bientôt. On voulut savoir où je l'avais pris. Je me trouble et enfin je dis en balbutiant que c'est Marion qui me l'a donné. Marion était une jeune cuisinière, bonne fille et d'une fidélité à toute épreuve. C'est ce qui surprit quand je la nommai. L'on n'avait guère moins de confiance en elle qu'en moi, et l'on jugea qu'il importait de savoir lequel était le fripon des deux. On la fit venir : l'assemblée était nombreuse. Elle arrive : on lui montre le ruban. Je la charge effrontément ; elle reste interdite, se tait, me jette un regard qui aurait désarmé les démons et auquel mon cœur résista. Elle nie enfin avec assurance, mais sans emportement, m'exhorte à ne pas déshonorer une fille innocente qui n'a jamais fait de mal ; et moi, avec une impudence infernale, je confirme ma déclaration et lui soutiens en face qu'elle m'a donné le ruban. La pauvre fille se mit à pleurer. Elle continua à se défendre avec autant de simplicité que de fermeté, mais sans se permettre contre moi la moindre invective. Cette modération, comparée à mon ton décidé, lui fit tort. Il ne semblait pas naturel de supposer d'un côté une audace aussi diabolique, et de l'autre une aussi angélique douceur... On nous renvoya tous deux en disant que la conscience du coupable vengerait assez l'innocent... J'ignore ce que devint cette victime de ma calomnie, mais il n'y a pas d'apparence qu'elle ait après cela trouvé facilement à se bien placer. Ce souvenir cruel me trouble quelquefois et me bouleverse au point de voir, dans mes insomnies, cette pauvre fille venir me reprocher mon crime, comme s'il n'était commis que d'hier. D'après J.-J. ROUSSEAU - Confessions, livre II. 2. 1. 2. 3.

Réflexions sur la lecture. Qu'a fait l'auteur ? Que veulent savoir les gens chez qui il est ? Répond-il franchement ? Qui accuse-t-il ? Qui est Marion ? Pourquoi les gens furent-ils surpris quand il la désigna ? Que décida-t-

on? 4. L'auteur écrit : « Je la charge effrontément », « elle est interdite ». Que signifient ces expressions ? 5. L'auteur l'accuse avec force. Comment se défend-elle ? Avec douceur. Comment jugèrent les gens ? Que dit-on en les renvoyant ? « La conscience du coupable vengera l'innocent. » Qu'est-ce que cela veut dire ? 6. Comment la conscience de l'auteur a-t-elle vengé Marion ? 7. Qu'a dit l'auteur en accusant Marion ? Du mal qu'elle n'avait pas fait. Est-ce seulement de la médisance ? C'est de la calomnie. 8. Quelles ont été les fautes de l'auteur ? Il a volé, menti par lâcheté, calomnié. Il a été injuste et méchant. Avait-il, au début, l'intention de lui faire du mal ? Mais qu'est-il arrivé ?

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3. Réflexions sur la vie. 1. Qu'est-ce que calomnier ? Accuser quelqu'un d'une faute qu'il n'a pas commise. 2. Quelle est la différence entre la médisance (le mal rapporté a été fait) et la calomnie (le mal dit n'a pas été fait par l'accusé) ? Qu'est-ce qui est le plus grave ? 3. Ecoutez comment un auteur décrit la calomnie : « D'abord un bruit léger, rasant le sol comme une hirondelle avant l'orage... Telle bouche la recueille et vous la glisse à l'oreille adroitement. Le mal est fait : il germe, il rampe, il chemine de bouche en bouche... puis tout à coup, vous voyez la calomnie se dresser, siffler, s'enfler, grandir à vue d'oeil. Elle s'élance, étend son vol, tourbillonne, enveloppe, arrache, entraîne, éclate et tonne et devient un cri de haine » (Beaumarchais, « Le Barbier de Séville »). 4. Que faire pour ne pas calomnier ? Se taire, être discret, ne dire que du bien. 4. Actions et problèmes. 1. Louise dit à la maîtresse en parlant de vous : « Madame, elle copie. » Si c'est vrai, quel est le défaut de Louise ? Et si c'est faux ? 2. Jacqueline accuse Nicole d'avoir pris le compas d'Henriette. Vous savez que c'est faux. Que dites-vous à Jacqueline ? 3. « Qui a pris les billes qui étaient sur le bureau ? » demande le maître à René. Celuici n'en sait rien, mais répond tout de même : « Je crois que c'est Henri... » Pourquoi répond-il cela ? Que lui dites-vous ? 4. Plusieurs enfants jouent. Leur balle casse un carreau. « Qui a lancé la balle ? demande le maître. — C'est Louis », répond Jacques. Or, Louis était au cabinet. A la place du maître, que feriez-vous ? 5. Résolution. Dire du mal des autres alors que ce mal est faux, c'est calomnier. Je serai discret, je parlerai peu, ce sera le plus sûr moyen de ne pas calomnier. « Prenez garde aux choses que vous dites » (Victor Hugo).

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98. MORALE - C. M. NE PAS CALOMNIER 1. Lecture - La ficelle. Maître Hauchecorne se dirigeait vers la place du Marché quand il aperçut par terre un petit bout de ficelle... Econome, il pensa que tout était bon à ramasser qui peut servir. Il prit par terre le morceau de corde mince, et il se disposait à le rouler avec soin quand il remarqua, sur le seuil de sa porte, maître Malandain, le bourrelier, qui le regardait. Ils étaient fâchés. Maître Hauchecorne fut pris d'une sorte 4e honte d'être vu ainsi par son ennemi. Il cacha brusquement sa trouvaille sous sa blouse et s'en alla. Après le marché, le crieur public annonça : « II a été perdu ce matin un portefeuille en cuir noir contenant cinq cents francs et des papiers. On est prié de le rapporter à la mairie ou chez maître Houlbrèque. » Peu après parut le brigadier de gendarmerie : « Maître Hauchecorne, dit-il, monsieur le maire voudrait vous parler... » Le maire l'attendait, assis dans un fauteuil... « Maître Hauchecorne, on vous a vu, ce matin, ramasser le portefeuille perdu par maître Houlbrèque. — Moi, moi, j'ai ramassé ce portefeuille ? — Oui, vous-même. On vous a vu. — On m'a vu, moi ? Qui m'a vu ? — M. Malandain. » Alors le vieux comprit et, rougissant de colère : « Ah ! il m'a vu ! Tenez, monsieur le maire, il m'a vu ramasser cette ficelle-là. » Et, fouillant au fond de sa poche, il en retira le petit bout de ficelle. Mais le maire, incrédule, remuait la tête... Le lendemain, un valet de ferme rendait à maître Houlbrèque le portefeuille et son contenu. Il l'avait trouvé sur la route. Maître Hauchecorne triompha et conta son aventure à tout le monde. Mais on avait l'air de plaisanter en l'écoutant... Et un jour, au cours d'une conversation, on lui dit : « II y en a un qui trouve et un autre qui reporte... » Le paysan resta suffoqué. On l'accusait d'avoir fait reporter le portefeuille par un complice. Il voulut protester. On lui rit au nez. Il s'en alla au milieu des moqueries, honteux et indigné, étranglé par la colère... Son innocence lui apparaissait comme impossible à prouver. Il se sentait frappé au cœur par l'injustice du soupçon... Vers la fin de décembre, il s'alita. 11 mourut dans les premiers jours de janvier, et, dans le délire de l'agonie, il attestait son innocence, répétant : « Une petite ficelle... une petite ficelle... tenez, la voilà, m'sieur le maire. » Adapté de Guy DE MAUPASSANT - Miss Harriett. Albin Michel 2. Réflexions sur. la lecture. 1. Que ramasse maître Hauchecorne ? Qui l'aperçoit ? Etait-il son ami ? 2. Qu'éprouvé maître Hauchecorne ? Que fait-il ?

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3. Qu'annonce le crieur public ? Qui arrive peu après ? 4. Que dit le maire ? Pourquoi ? Qui a dénoncé le paysan ? Est-ce de la médisance ? De la calomnie ? 5. Comment se défend maître Hauchecorne ? Le maire le croit-il ? Qu'ar-rive-t-il le lendemain ? 6. Que fait alors maître Hauchecorne ? Est-ce qu'on le croit ? De quoi l'accuse-t-on maintenant ? 7. Pourquoi le paysan était-il « suffoqué » ? Quel terrible problème lui était posé ? Prouver son innocence. Parviendra-t-il à le résoudre ? Il en mourra. 8. Quel problème moral se posait à Malandain, au maire et aux autres ? Maître Hauchecorne était-il coupable ? Pourquoi ont-ils répondu « oui » ? — Il a ramassé quelque chose peu après la perte du portefeuille. — Il l'a caché sous sa blouse. — Il dit que c'est une ficelle, mais on ne cache pas une ficelle. — N'a-t-il pas eu un complice qui aurait rapporté le portefeuille ? 9. Ses ennemis ne peuvent prouver qu'il est coupable, mais comme lui ne peut prouver qu'il est innocent, maître Hauchecorne a contre lui le soupçon, la calomnie. Qui est responsable de sa mort ? Malandain d'abord et tous les autres ensuite. 3. Réflexions sur la vie. 1. Pourquoi calomnie-t-on comme l'a fait Malandain? Par méchanceté, par haine. 2. Quelles qualités faut-il avoir pour ne pas calomnier ? Le sens de la justice, la discrétion, éviter les racontars, les commérages, ne pas vouloir se rendre intéressant, ne pas être mauvaise langue, dire surtout du bien des autres. 3. Qu'est-ce que la réputation ? Ce que plusieurs personnes s'accordent à penser de quelqu'un. Elle peut être bonne ou mauvaise. 4. Qu'est-ce qu'attaquer la réputation de quelqu'un ? 4. Actions et problèmes. 1. « René a copié. » Jean l'a dit à Henri, qui l'a répété à Pierre, lequel vous le dit. Allez-vous le répéter ? Que pourriez-vous faire de mieux ? Remonter la chaîne en demandant à Pierre et aux autres s'ils l'ont vu, s'ils ont des preuves... Si c'est vrai, quelle faute commettent-ils ? Et si c'est faux ? 2. « Tu sais, me dit Simone, on m'a dit que c'est Jeannine qui a volé les rosés du voisin. » Que lui répondez-vous ? 3. Jeannette et Louise sont fâchées. « Que penses-tu de Louise ? dit-on à Jeannette. — Je n'en dirai rien, nous sommes fâchées. » Que pensez-vous de Jeannette à votre tour ? 4. François et André sont fâchés. « Que penses-tu de François ? dit-on à André. — C'est un copieur, un voleur. — Qu'a-t-il copié, volé ? — Je ne sais pas, mais il en est bien capable. » Que dites-vous à André ? 5. Résolution. Celui qui calomnie peut faire beaucoup de mal. Je ne répéterai pas les propos qui attaquent la réputation des autres.

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99. MORALE - C. M. LA LIBERTÉ ET SES LIMITES 1. Lecture - Le loup et le chien. Un loup n'avait que les os et la peau, Tant les chiens faisaient bonne garde. Ce loup rencontre un dogue aussi puissant que beau, Gras, poli, qui s'était fourvoyé par mégarde. L'attaquer, le mettre en quartiers, Sire loup l'eût fait volontiers ; Mais il fallait livrer bataille, Et le mâtin était de taille A se défendre hardiment. Le loup donc l'aborde humblement, Entre en propos, et lui fait compliment Sur son embonpoint, qu'il admire. « II ne tiendra qu'à vous, beau sire, D'être aussi gras que moi, lui repartit le chien. Quittez les bois, vous ferez bien : Vos pareils y sont misérables, Cancres, hères, et pauvres diables, Dont la condition est de mourir de faim. Car quoi ? rien d'assuré ; point de franche lippée ; Tout à la pointe de l'épée. Suivez-moi, vous aurez un bien meilleur destin. » Le loup reprit : « Que me faudra-t-il faire ? — Presque rien, dit le chien : donner la chasse aux gens Portant bâtons, et mendiants ; Flatter ceux du logis, à son maître complaire : Moyennant quoi votre salaire Sera force reliefs de toutes les façons, Os de poulets, os de pigeons, Sans parler de mainte caresse. » Le loup déjà se forge une félicité Qui le fait pleurer de tendresse. Chemin faisant, il vit le col du chien pelé. « Qu'est-ce là ? lui dit-il. — Rien. — Quoi ? rien ? — Peu de chose. — Mais encor ? — Le collier dont je suis attaché — De ce que vous voyez est peut-être la cause. — Attaché ? dit le loup : vous ne courez donc pas Où vous voulez ? — Pas toujours ; mais qu'importé ? — Il importe si bien, que de tous vos repas Je ne veux en aucune sorte, Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor. » Cela dit, maître loup s'enfuit, et court encor. LA FONTAINE.

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2. Réflexions sur la lecture. 1. Comment est le loup ? Et le chien ? Qu'aurait fait volontiers le loup ? Pourquoi ne le fait-il pas ? 2. Que dit-il au chien ? Des compliments. Que répond le chien ? 3. Quelle question pose le loup ? Sur quoi insiste le chien ? 4. Que voit le loup ? Le cou du chien pelé... Quelle question pose-t-il ? 5. Que répond le chien ? Le loup est-il de cet avis ? 3. Réflexions sur la vie. 1. Les hommes sont-ils dans la situation du chien ou dans celle du loup ? 2. N'avons-nous pas tous des colliers ? Nos pensées ou nos désirs qui s'opposent, les parents, le règlement de l'école, celui de la rue, le métier, etc. 3. Les hommes pourraient-ils vivre selon ce que désire le loup ? Sommes-nous seuls sur terre ? La liberté donne-t-elle le droit de faire tout ce que l'on veut ? Avec quoi ne faut-il pas la confondre ? (Le bon plaisir.) 4. Par quoi toute liberté est-elle limitée ? Par celle des autres, par des règles, des lois. Notre liberté finit où celle des autres commence. 5. Que faut-il pour être un homme libre ? Limiter ses envies, ses désirs, se dominer, avoir du courage, penser aux autres. 6. Article 4 de la Déclaration des Droits de l'Homme de 1789 : « La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui. » 7. Quand nous dépassons les limites de notre liberté, qu'arrive-t-il ? Nous empiétons sur la liberté des autres. Quelles sont les causes de cet empiétement ? Egoïsme, méchanceté, jalousie, envie, colère. 8. Quelles sont les libertés garanties par la loi ? Liberté individuelle : droit de disposer de sa personne ; de conscience (nul ne peut être inquiété pour ses opinions...) ; de choisir son travail. 4. Actions et problèmes. 1. « Tu ne sortiras que lorsque tu sauras ta leçon », dit papa. Que ressentezvous ? Un quart d'heure après, vous la récitez... « Va jouer, tu es libre », dit-il. De quoi êtesvous libre ? 2. « Je suis libre de jouer dans toute la chambre », vous dit votre petit frère. Vous en occupez une partie avec votre Meccano. Que lui dites-vous ? 3. Le maître a dit que nous étions libres. Robert, voulant user de cette liberté, veut faire l'école buissonnière. Quels « colliers » devraient le retenir ? 4. J'ai payé ma place d'autobus et je m'assieds. On me prie de laisser mon siège à un mutilé. Ne suis-je pas libre d'occuper cette place ? 5. J'ai le droit de traverser la rue. Je le fais sans regarder. Un coup de klaxon, une interpellation de l'agent. Ne suis-je pas libre ? 6. A la maison, je suis seul, j'ouvre la fenêtre. Dans le train j'ai trop chaud, j'ouvre la fenêtre. Une dame demande qu'on la ferme. Que dois-je faire? 5. Résolution. La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui. Toute liberté est limitée ; la nôtre finit où celle des autres commence.

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100. MORALE - C. M. LA SOLIDARITÉ DE FAIT 1. Lecture - La journée d'un Parisien. Le matin, dès son réveil, M. Durand se lave à l'aide d'un savon fabriqué avec l'arachide du Congo et s'essuie avec une serviette de coton de la Louisiane. Puis il s'habille : sa chemise, son faux col sont en lin de Russie ; son pantalon et son veston, en laine venue du Cap ou de l'Australie ; il orne son cou d'une cravate de soie faite avec des cocons du Japon ; il met ses souliers dont le cuir fut tiré de la peau d'un bœuf argentin, tanné avec des produits chimiques allemands. Dans la salle à manger — garnie d'un buffet hollandais, fait avec des bois des forêts hongroises —, il trouve mis son couvert fait avec le cuivre du Rio-Tinto et l'argent de l'Australie. Devant lui se trouve un pain bien frais, fait avec du blé, qui, selon l'époque de l'année, vient de la Beauce, à moins que ce ne soit de la Roumanie ou du Canada. Il mange des œufs récemment arrivés du Maroc, une tranche de « pré-salé » qu'un frigorifique a peutêtre amené de l'Argentine, et des petits pois en conserve qui ont poussé au soleil de Californie ; pour dessert, il prend des confitures anglaises (faites avec des fruits français et du sucre de Cuba) et il boit une excellente tasse de café du Brésil. Ainsi lesté, il court à son travail. Il dicte son courrier, dactylographié sur une machine à écrire anglaise, et le signe avec un stylographe américain. Dans ses ateliers, des machines, construites en Lorraine d'après des brevets allemands, fabriquent des matières de toutes provenances, des « articles de Paris », pour des clients brésiliens. Il donne l'ordre de les expédier à Rio de Janeiro par le premier paquebot allemand qui fera escale à Cherbourg... Qu'a s'agisse de sa nourriture, de son vêtement, de son travail ou de ses plaisirs, chacun de nous est tributaire de tous les pays sous le soleil. Il ne peut faire un geste sans déplacer un objet venu des régions les plus lointaines, et réciproquement tout événement important à la surface du globe a son retentissement sur les conditions de sa vie. L'homme est vraiment citoyen du monde. Francis DELAISI - Les Contradictions du monde moderne. Payot 2. Réflexions sur la lecture. 1. Quels sont les produits étrangers que M. Durand emploie pour sa toilette ? 2. D'où viennent les éléments qui entrent dans la composition de ses vêtements ? 3. Qu'y a-t-il, dans la salle à manger, qui vient d'ailleurs ? 4. Quels aliments étrangers consomme-t-il ? 5. D'où proviennent ses outils ? Où envoie-t-il les articles qu'il fabrique ? 6. « Chacun de nous est tributaire de tous les pays sous le soleil. » Qu'est-ce que cela veut dire ? 7. En quoi sommes-nous citoyens du monde ?

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3. Réflexions sur la vie. 1. Pensez-vous que quelque pays produise tout ce dont il a besoin ? Que reçoit la France de l'étranger ? Essence, caoutchouc, or, etc. 2. Quels sont les produits français que l'on demande en d'autres pays ? Vins, automobiles, produits agricoles... 3. On entend dire que nous sommes solidaires les uns des autres. Qu'est-ce que cela signifie ? Nous appartenons à un ensemble, à un bloc, à un solide. 4. De quoi sommes-nous solidaires ? De notre famille : comment ? De notre classe : comment ? Notre région est solidaire des autres régions, un homme des autres hommes. 5. Où voit-on encore une solidarité ? Entre les divers organes de notre corps, les pièces d'une machine. 6. Quand s'aperçoit-on de la solidarité ? Quand un organe est malade, quand des guerres ou de mauvaises récoltes nous privent d'essence, de caoutchouc, de café, etc. 7. Nous sommes solidaires des hommes qui nous ont procédés et nous ont transmis leurs découvertes : le feu, les étoffes, la roue, la vapeur, les machines, la radio, l'aviation, etc. 8. Pourrions-nous vivre seuls ? Qui a entendu parler de Robinson Cru-soé ? (Il s'était servi de ce qu'il avait trouvé dans le bateau naufragé.) 4. Actions et problèmes. 1. Que seriez-vous ou que feriez-vous si votre école n'avait pas été construite ? 2. Essayez de reconstituer l'histoire de votre veste ou de votre robe. 3. Une explosion s'est produite à l'usine qui va devoir fermer ses portes. « Ça ne m'intéresse pas », dit Louis dont le père est boucher. Que lui dites-vous ? (Le chômage, le manque à gagner des ouvriers et... du boucher.) 4. Le boulanger du village est malade. « Oh ! il a gagné assez d'argent, il peut se soigner », dit une commère. Que se passera-t-il ? 5. On a découvert un tissu merveilleux qui ne se froisse pas et ne se tache pas. « Ça m'est égal », dit Françoise dont la maman est blanchisseuse. A-t-elle raison ? 6. Une guerre vient d'éclater en Malaisie. « C'est bien loin », remarque Geneviève, dont le père est garagiste. Que risque-t-il de lui arriver ? Raréfaction du caoutchouc, pneus, etc. 7. Les distributeurs d'essence ont décidé une grève. « Les gens iront à pied », déclare le père de Maurice qui habite dans une ferme. Le soir, il est malade. On fait appeler le médecin... Plus d'essence... 5. Résolution. L'homme ne pourrait vivre seul. Nous utilisons les produits fabriqués par les autres hommes. Nous sommes solidaires des vivants et des morts.

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101. MORALE - C. M. LE DEVOIR DE SOLIDARITÉ 1. Lecture et entretien. Aucun homme ne peut vivre seul. Il utilise chaque jour des produits, des outils, des machines, des idées même qui sont l'œuvre des autres. C'est que d'autres hommes ont travaillé et pensé pour nous. a) Les enfants d'une classe ont gardé leur manteau, leur cache-nez, leur coiffure et cependant ils grelottent de froid. Ils ne peuvent pas travailler et sûrement plusieurs seront malades ce soir. Qui est responsable ? Le plombier qui a mal réparé le chauffage central. — (Si le plombier avait pensé que de son travail dépendait la santé de nombreux enfants, ne l'aurait-il pas mieux fait ? Peut-il être considéré comme un bon ouvrier ?) b) Un automobiliste fait réparer sa voiture dans un garage. Il revient quelques heures après. « Vous avez bien tout vérifié ? demande-t-il. — Absolument tout, vous pouvez partir tranquille. » Le client s'en va. Il sent bientôt que sa voiture ne lui obéit pas parfaitement. Tout à coup, dans un virage, il ne peut la diriger et elle s'écrase contre un arbre. Quand on essaiera de savoir ce qui s'est passé, on constatera qu'un écrou n'a pas été serré à fond et a fini par se dévisser. — (Si le mécanicien avait réfléchi au lieu de répondre étourdiment, n'aurait-il pas pu empêcher l'accident ? Pensez-vous que, lorsque les clients le sauront, ils iront dans ce garage ?) c) Des bûcherons du Congo abattent des arbres dont le bois sert à fabriquer du mobilier scolaire. Pendant plusieurs jours, dans une exploitation importante perdue au fond des bois, on attend des outils, des scies, un moteur. Mais le conducteur du camion qui les transportait s'est enivré et a versé son chargement dans un ravin. Le travail a été arrêté pendant trois mois, jusqu'à l'arrivée d'un autre bateau, les ouvriers n'ont pas été payés et les enfants d'une école de France n'ont pas eu de tables. — (Si le conducteur du camion avait pensé à cela, se serait-il enivré ?) d) Un tremblement de terre a dévasté une région. Des enfants sont blessés, souffrent de la faim, du froid... (Que ressentez-vous en imaginant leur situation ? Que ferez-vous pour eux?) e) Un poste de radio annonce qu'au Sahara un enfant va mourir si on ne lui administre pas un certain médicament qu'on ne trouve qu'en Allemagne. Paris alerte Berlin. Le médicament découvert, il faut le transporter à Paris au plus tôt. Il n'y a pas d'avion avant le lendemain. Un homme courageux part dans la nuit, à 100 à l'heure. Panne d'essence... un camion le transporte à une gare... un taxi à l'aéroport... Plus de place : un voyageur lui abandonne la sienne, etc. — (Savez-vous comment on appelle cette série de dévouements ? Une chaîne de solidarité... Que pensez-vous des gens qui y ont participé ?) f) Quatre savants yougoslaves, dangereusement brûlés par des radiations atomiques, ont été guéris en France parce que des Français ont donné un peu de leur moelle osseuse pour les sauver. — (Que pensez-vous de ces Français ?)

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2. Réflexions sur la lecture. 1. Solidarité du travail (a, b, c). Notre existence dépend du travail des autres et de notre travail dépend l'existence d'un certain nombre d'autres. 2. Solidarité de la charité (d, e, f). Notre vie peut dépendre de l'aide et de la bonté des autres et de notre bonté peut dépendre la vie de certains hommes. 3. Réflexions sur la vie. 1. Il ne suffit pas de voir que nous sommes solidaires. Puisque les autres travaillent pour nous, que devons-nous faire ? Travailler pour eux, c'est le devoir de solidarité. 2. Pourquoi travailler en pensant aux autres ? a) Pour leur rendre ce qu'ils nous donnent par leur travail. b) Pour transmettre à nos enfants ce que nous avons reçu de nos pères. 3. En quoi consiste ce devoir pour un écolier ? Etudier, se rendre utile, être juste et bon. 4. Comment pourrais-je être pleinement heureux si je sais que des hommes, des femmes, des enfants comme moi souffrent et pleurent? 5. Est-il nécessaire d'attendre des catastrophes pour remplir le devoir de solidarité ? Que peuvent faire les pays riches pour les pays sous-développés, les gens qui mangent à leur faim pour les affamés, les meilleurs hommes pour éviter les guerres et répandre plus de bonheur ? 4. Actions et problèmes. 1. Un membre de votre famille, travailleur et sérieux, n'a pas réussi dans ses affaires. Que décide la famille ? 2. Un bateau lance un signal de détresse. Que doit-on faire ? 3. Tous les ans on fait appel à la générosité en faveur de certaines œuvres (timbre antituberculeux, école publique, aveugles, etc.) Pourquoi ? 4. Qu'est-ce qu'un donneur de sang ? A quoi sert ce sang ? Qu'est-ce que la banque des yeux ? 5. Le maçon qui a construit l'école n'a pas respecté le dosage de ciment prévu. L'école menace de s'effondrer. Que pensez-vous du maçon ? 6. Un chimiste se trompe dans le dosage d'un médicament. Au lieu de guérir, ce produit aggrave l'état des malades. Qu'en pensez-vous ? 7. Un agent de la tour de contrôle d'un aérodrome bavarde avec un camarade- et donne l'ordre à un avion d'atterrir sur la piste d'où un autre décollait. Qu'en pensez-vous? 5. Résolution. Puisque nous devons beaucoup au travail des autres, à notre tour travaillons pour eux. Nous nous efforcerons de remplir le devoir de solidarité en aidant nos semblables.

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102 .MORALE-CM. LA COOPÉRATION 1. Lecture - La voiture dans le fossé. L'auto de Marcel Kuhn est dans le fossé. Cela s'est passé le plus simplement du monde. Marcel Kuhn a voulu trop bien se ranger ; voilà sa machine sur le flanc, les deux roues droites dans la boue jusqu'au moyeu. Kuhn a bien du mal. Il a quitté sa veste et gardé ses gants. Il tâche à tirer, du fossé, en même temps que sa voiture, sa jeune réputation de chauffeur. Une petite foule sympathique contemple la scène : rien que des amis, des gens qui ne s'aventurent pas à donner des conseils... Aussi bien, voilà le sauveur, le dépanneur. C'est M. Thiébaut, vétéran de la route. Il jette à la bête malade un coup d'œil précis. Et, tout de suite, à l'ouvrage ! Que faut-il faire ? Rien ! Des pierres, des briques, des planches, des crics, des madriers, des leviers, des cordages. M. Thiébaut revêt une salopette et opère. Il connaît la technique. Il mêle généreusement sa sueur à celle de Marcel Kuhn. Le monstre échoué se soulève un peu, retombe, frissonne, se cale, s'endort définitivement. Une heure s'épuise. La petite foule grossit, jabote, s'exaspère. Un jeune cycliste s'arrête. C'est un paysan. Il a vingt ans à peine. Il est robuste, rougeaud. Il souffle. Il pétrit son vélo à pleines mains. Il n'a pas l'air content. Pendant un petit moment il regarde, en silence, ce groupe d'hommes inertes et cette voiture en détresse. Et soudain, il n'y peut plus tenu-. Il jette son vélo contre la haie et, levant les bras, tombe au milieu de nous. Il crie, d'une voix rude et pathétique : « Quoi ! eh bien, quoi ! On ne va quand même pas la laisser là ! Une voiture ! qu'estce que c'est que ça pour dix hommes ! Allez ! On l'empoigne par l'arrière, qui est plus léger. Et toc ! sur la route. Après il n'y a plus qu'à tirer. » Les mécaniciens relèvent le front, ébranlés. « Allons, allons ! crie le paysan. Dix hommes sur l'arrière, ça suffit. » La voix est impérieuse, presque furieuse. Nous obéissons tous, sans discuter. Et, tout de suite, il donne des ordres, place les hommes, règle l'opération. « Une, deux, trois ! Ensemble ! Ça y est ! » La voiture cède. Elle ne résiste plus. Elle se prête, de bonne grâce, à la manœuvre; En dix secondes, la voiture est sur la route. Nous sommes groupés tout autour, stupéfaits du miracle. Nous avons eu si peu d'efforts à fournir ! Et pourtant, tout est fini. » D'après Georges DUHAMEL - Fables de mon Jardin. Mercure de France 2. Réflexions sur la lecture. 1. Qu'a fait l'automobiliste pour tirer sa voiture du fossé ? Qu'y a-t-il autour de lui ? Que font-ils ? 2. Qui arrive et que va-t-il chercher? Combien sont-ils à s'efforcer de soulever la voiture ? Réussissent-ils ? 3. Que fait la foule ? Elle grossit et bavarde. 4. Qui s'arrête ? Que regarde-t-il ? Que crie-t-il ?

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5. Que font les hommes à son exemple ? Faut-il beaucoup de temps pour dégager la voiture ? Qu'en pensent les hommes ? Quel miracle y a-t-il eu ? 6. Que montre cette histoire ? Ce qu'un homme ne peut faire, dix le réussissent. La foule des spectateurs n'a pas vu ce qu'il fallait faire. Que fallait-il pour le voir ? Un peu d'intelligence, de sens pratique. 7. Qu'ont fait ces hommes ? Ils ont coopéré. Que veut dire coopérer ? Travailler ensemble. Et l'action de travailler ensemble ? La coopération. 3. Réflexions sur la vie. 1. Connaissez-vous des exemples de coopération ? 2. Vous avez lu ou entendu la fable « L'aveugle et le paralytique ». Qu'ont-ils fait ? 3. Quels sont les travailleurs qui coopèrent pour fabriquer une automobile ? 4. Quelles qualités faut-il avoir pour coopérer ? Un peu d'intelligence, l'oubli de soi, l'amour des autres. 5. Un incendie se déclare dans une maison éloignée d'un village. Quelles coopérations sont possibles pour éteindre l'incendie ? 6. Que signifie la devise : « Tous pour un, un pour tous » ? 7. Essayez de rompre une poignée de tiges dé blé ou de sarments... Cependant chaque tige prise séparément est facilement brisée. Quelle conclusion en tirez-vous ? L'union fait la force. 4. Actions et problèmes. 1. Pierre est tombé au cours d'une promenade. Il ne peut plus marcher. Vous êtes trois autour de lui. Que faites-vous ? 2. Le maître veut créer une bibliothèque scolaire. Il a demandé à tous de coopérer à cette création. Qu'allez-vous faire ? 3. On voit assez souvent sur un livre de classe les noms de plusieurs auteurs. Pourquoi? 4. Un paysan a pu acheter un tracteur, mais il devra attendre deux ans avant d'avoir une moissonneuse. Son voisin a bien la moissonneuse, mais il n'est pas assez riche pour acheter le tracteur. Que doivent-ils faire ? 5. Un bateau en détresse lance un S.O.S. Que se produit-il ? 6. Deux jeunes gens sont surpris en montagne par le mauvais temps. Les secours s'organisent. Quels sont ceux qui y coopèrent ? 5. Résolution. Ce qu'un homme seul ne peut réaliser, plusieurs en viennent à bout L'union fait la force. Je coopérerai avec mes camarades et, plus tard, avec les autres hommes.

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103. MORALE - C. M. LA COOPÉRATION 1. Lecture - La construction de la cabane. (Des écoliers ont décidé de construire une cabane.) Lebrac chargea l'un de ses camarades de trouver un marteau, un autre des tenailles, lui, apporterait une hachette, Camus une serpe, Tintin un mètre et tous devaient apporter au moins cinq clous chacun... Le lendemain, tout le monde avait ses outils : on allait s'y mettre... « Moi, je ferai le charpentier, déclara Lebrac. — Et moi, je serai le maître maçon, affirma Camus. C'est moi qui poserai les pierres. Les autres les choisiront pour nous les passer. » L'équipe de Lebrac devait avant tout chercher les poutres et les perches nécessaires à la toiture de l'édifice. Le chef, de sa hachette, les couperait à la .taille voulue et on assemblerait ensuite quand le mur de Camus serait bâti. Les autres s'occuperaient à faire des claies que l'on disposerait sur la première charpente pour former un treillage analogue au lattis qui supporte les tuiles... Les idées jaillissaient comme des sources au flanc d'une montagne boisée, les matériaux s'accumulaient en monceaux ; Camus empilait des cailloux ; Lebrac, poussant des han ! formidables, cognait et tranchait déjà à grands coups... Pendant ce temps, une équipe coupait des rameaux, une autre tressait des claies et, lui, la hache ou le marteau à la main, entaillait, creusait, clouait, consolidait la toiture... Le lendemain on posa le toit... Ho, hisse ! ho, hisse ! clamait la corvée des dix charpentiers de Lebrac, soulevant, pour la mettre en place, la première et lourde charpente du toit de la forteresse. Et, au rythme imprimé par ce commandement réciproque, vingt bras crispant ensemble leurs muscles vigoureux enlevaient l'assemblage et le portaient au-dessus de la carrière... « Doucement ! doucement ! disait Lebrac ; bien ensemble ! ne cassons rien !... » Les blousées de feuilles mortes, apportées par les petits, formaient un tas respectable... Les cailloux inégaux furent enlevés et remplacés par d'autres. Chacun eut sa besogne... Et, tandis que les uns bâtissaient les sièges, les autres partaient en expédition pour chercher dans le sous-bois de nouveaux matelas de feuilles mortes... D'après Louis PERGAUD - La Guerre des boutons. Mercure de France 2. Réflexions sur la lecture. 1. Qu'ont décidé ces écoliers ? Où veulent-ils la construire ? Dans quel dessein ? 2. Que faut-il d'abord pour cela ? Des outils. Lesquels ? Comment se les procurer ? 3. Que faut-il ensuite ? Un chef ou plusieurs ayant des idées et répartissant le travail. 4. Que fallait-il pour poser le toit ? Comment y parviennent-ils ? « Ho ! hisse ! » Quel est le but d'un tel commandement ? Quelle est la recommandation de Lebrac ? « Bien ensemble. » 5. Quel âge pensez-vous qu'avaient ces enfants ? N'y en avait-il pas de plus jeunes ? Qu'apportèrent-ils ? 6. Quel soin est apporté à l'aménagement de l'intérieur ? Est-ce l'œuvre d'un seul ? 210

7. Un seul serait-il parvenu à construire une cabane aussi grande ? En aurait-il eu le courage ? Aurait-il pu monter le toit ? 8. Quelles qualités avaient ces enfants ? Intelligence, initiative, dévouement à un but non égoïste. La cabane est le résultat de leur coopération. 3. Réflexions sur la vie. 1. Les enfants construisent des cabanes. Et les hommes ?... Quels travailleurs coopèrent dans la construction d'une maison ? 2. Citez d'autres exemples de coopération : confection d'un vêtement, fabrication d'un morceau de pain, etc. 3. Quand les hommes éprouvent-ils le besoin de coopérer ? Quand ils comprennent qu'un seul ne pourra pas arriver à construire, fabriquer, réaliser ce qu'il veut. 4. Si les enfants avaient eu d'autres cabanes à construire, qu'est-ce qu'ils auraient pu constituer ? Une coopérative de construction. 5. Dans la montagne que se passerait-il si chacun devait conduire ses quelques brebis ou chèvres au pâturage ? Aussi, que font souvent les montagnards ? 4. Actions et problèmes. 1. Un groupe de garçons de douze ans n'ont plus trouvé de place dans une colonie de vacances. Ayant pris conseil du maître, ils décident de construire leur propre colonie. Quelles opérations devront-ils mener à bien ? 2. Louis a huit ans et Pierrot neuf ans. Chacun dit : « Je vais faire mon bonhomme de neige. » Ils essaient, mais ne font qu'un tas informe de neige. Que leur dites-vous ? 3. Les cinq familles d'un hameau, relié à la route par un chemin défoncé, voudraient bien une meilleure voie. Chacune ne peut le faire seul. Quelques-uns des habitants sont fâchés. Que devraient-ils faire ? 5. Résolution. Ce n'est qu'en coopérant que les hommes peuvent réaliser de grandes choses. Chacun doit penser à travailler avec d'autres. Tous pour un, un pour tous.

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104. MORALE - C. M. LA COOPÉRATION 1. Lecture - Jour de fête. A l'usine d'Indret, près de Nantes, on vient de terminer une puissante machine à vapeur. Les ouvriers s'apprêtent à l'embarquer, pour Saint-Nazaire. Ce fut un jour de fête pour Indret. A une heure, tous les ateliers étaient fermés, les maisons et les rues désertes. Hommes, femmes, enfants, tous avaient voulu voir la machine sortir de la halle de montage, descendre jusqu'à la Loire et passer sur le transport qui devait l'emporter... Enfin les deux battants de l'atelier s'écartèrent, et, de l'ombre du fond, on vit s'avancer l'énorme masse, lentement, lourdement, portée sur la plateforme roulante... Quand elle apparut à la lumière, luisante, grandiose et solide, une immense acclamation l'accueillit. Elle s'arrêta un moment comme pour prendre haleine et se laisser admirer sous le grand soleil qui la faisait resplendir. Parmi les deux mille ouvriers de l'usine, il ne s'en trouvait pas un peut-être qui n'eût coopéré à ce beau travail, dans la mesure de son talent ou de ses forces. Mais ils avaient travaillé isolément, chacun de son côté, presque à tâtons, comme le soldat combat pendant la bataille, perdu dans la foule et le bruit, tirant droit devant lui sans rien apercevoir au-delà du coin où il se trouve. Maintenant ils la voyaient, leur machine, debout dans son ensemble, ajustée pièce à pièce. Et ils étaient fiers ! En un instant, elle fut entourée, saluée de joyeux rires et de cris de triomphe. Ils l'admiraient en connaisseurs, la flattaient de leurs grosses mains rugueuses, la caressaient, lui parlaient dans leur rude langage : « Comment ça va, ma vieille ? » Les fondeurs montraient avec orgueil les énormes hélices en bronze. « C'est nous qui les avons fondues », disaient-ils. Les forgerons répondaient : « Nous avons travaillé le fer, nous autres, et il y en a de notre sueur là-dedans ! » Et les chaudronniers, les riveurs célébraient non sans raison l'énorme réservoir, passé au minium. Si ceux-là vantaient le métal, les ingénieurs, les dessinateurs, les ajusteurs se glorifiaient de la forme. Jusqu'à Jack qui disait en regardant ses mains : « Ah ! coquine, tu m'as valu de fières ampoules ! » Alphonse DAUDET - Jack. Fasquelle 2. Réflexions sur la lecture. 1. Pourquoi est-ce un jour de fête pour les ouvriers ? Que se passe-t-il quand la machine apparaît ? 2. Pourquoi les ouvriers l'admirent-ils ? Ils ont coopéré (travaillé ensemble) à sa fabrication. 3. Mais comment ont-ils travaillé ? Qui agit comme eux dans la bataille ? 4. Qu'éprouvent-ils devant leur machine ? Pourquoi ? Comment la considèrent-ils ? 5. Que disent les spécialistes, les fondeurs, les forgerons, etc. 7 6. Qui se glorifie de sa forme ? 212

7. Que pensez-vous de ces ouvriers et des sentiments qu'ils éprouvent ? 3. Réflexions sur la vie. 1. Puisque chacun de nous ne peut produire tout ce qui est nécessaire à ses besoins, que devons-nous faire ? 2. En quoi consiste la coopération dans une famille, une entreprise, une équipe sportive, une troupe de scouts ? 3. Qu'est-ce qu'une coopérative de production ? Quels sont ses avantages ? Qu'estce qu'une coopérative de consommation ? 4. Quelles qualités suppose la coopération ? Ne pas être égoïste, penser aux autres, être juste. 5. A quoi les hommes de tous les pays pourraient coopérer pour rendre tous les autres plus heureux ? (Suppression des guerres, maladies, famines, etc.) 4. Actions et problèmes. 1. Des agriculteurs d'un village admirent une moissonneuse-batteuse. « Oui, oui, disent-ils, mais c'est trop cher. » Que devraient-ils faire ? 2. Des vignerons éprouvent de nombreuses difficultés pour fabriquer et vendre leur vin. Que pourraient-ils faire ? 3. Le maître a décidé de créer une chorale. François, qui n'a pas la voix très sûre, participe à tous les exercices. Nicole n'y assiste pas souvent. Que lui dites-vous ? 4. Les grandes du CM ont décidé d'organiser une fête scolaire. Quelles difficultés devront-elles surmonter ? Quelles qualités devront-elles avoir ? 5. Les camarades d'une école voisine, nous ayant envoyé leur journal, nous décidons d'en rédiger et imprimer un. Comment nous y prendre ? Qui choisira les textes, imprimera, illustrera, expédiera, etc. ? 5. Résolution. Coopérer, c'est travailler avec d'autres à une même œuvre. La coopération rendra les hommes plus heureux.

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105. MORALE - C. M. L'ESPRIT D'ÉQUIPE 1. Lecture - Brillants seconds. On va donner le départ du championnat de France d'aviron. Le bateau est un « huit ». (Huit rameurs et un barreur.) Ces huit hommes constituent une équipe. Qu'arriverait-il si l'un d'eux ne se dévouait plus totalement pour faire triompher l'équipe ? Six équipes au départ. Duval nous barrait. Paris, notre rival le plus sérieux, était à notre gauche, du côté de la terre... Nous avions le trac, tous... Je respirais profondément, je me « décontractais » de mon mieux, sans parvenir à calmer les toc ! toc ! de mon cœur... Le coup de feu claqua. La moitié seulement de l'équipe put donner le premier coup. Au second, l'autre moitié, pour se rattraper, attaqua trop tôt. Cafouillages, jurons : une demi-longueur de perdue ! C'était sans importance. Mais Quercy n'arrêtait pas de criailler : « ... C'est un coup monté. Ne partons pas. Je ne cours pas dans ces conditions... » IL y eut, à cause de Quercy, un léger flottement, encore une demi-longueur perdue... Je haïssais Quercy à ce moment-là avec une telle intensité que, s'il ne s'était pas repris, je lui aurais donné un coup d'aviron sur la tête. Heureusement, il se mit à ramer normalement. Nous étions encore bien placés... Nous tapions allègrement quarante coups à la minute. Duval grimaçait de joie : « Très bien, les gars ! Continuez comme ça ! Vous remontez Paris à chaque coup ! Dix coups de plus et vous serez en tête ! Un ! Deux ! Trois !... » Jamais je n'avais été aussi fort. Je sentais passer dans mes reins et dans mes bras toute l'énergie de nos huit volontés pareilles. « Ça y est ! hurla bientôt Duval. Vous êtes en tête. Vous le tenez, votre championnat ! » Nous avions, en effet, une demi-longueur d'avance sur Paris. Je voyais maintenant toutes leurs pelles qui accrochaient l'eau avec fureur... Les quinze cents mètres arrivèrent sans que l'équipe accusât la moindre trace de fatigue. Plus d'une longueur d'avance... Et ce fut alors que Quercy recommença : « J'en ai assez ! cria-t-il, d'une voix aigre, que je ne lui connaissais pas. Je m'arrête. Arrêtez ! Avec un départ comme ça, on ne peut continuer. » Duval faillit se mettre debout pour hurler. Nous hurlions tous... Quercy frappa un dernier coup, qui fit une large éclaboussure blanche, puis s'effondra sur son aviron, la tête entre les mains. « Continuons sans lui ! hurlai-je. Continuons ! » Nous n'avions pas perdu toute notre avance. Le pauvre petit barreur se crispait sur ses ficelles pour nous maintenir en ligne droite. Nous allions quand même de travers comme des crabes... Paris s'avança peu à peu, vint bord à bord, passa. Des larmes de colère brouillaient ma vue. Je donnai un petit coup de poing dans le dos de Quercy et lui dis, en m'efforçant de prendre un ton amical : « Quercy, mon vieux Quercy ! Tu ne peux pas nous lâcher ! » II parut se réveiller, il empoigna son aviron, reprit la cadence... Le bateau recommençait à voler sur l'eau. Nous rattrapions Paris, qui n'avait jamais eu plus d'une longueur et demie d'avance. Je pus voir d'abord le barreur, puis un rameur, puis deux. Hélas ! le coup de feu de l'arrivée retentissait déjà. Nous étions « brillants seconds »... D'après Georges MAGNANE - Les Hommes forts. Gallimard

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2. Réflexions sur la lecture. 1. Pourquoi toute l'équipe avait-elle le trac ? 2. Que se passa-t-il au départ ? Le retard pris était-il très important ? 3. Que faisait et que disait Quercy ? C'est un coup monté. (Il pensait que le départ avait été donné alors qu'ils n'étaient pas tout à fait prêts et qu'on l'avait fait exprès pour les empêcher de gagner.) 4. Quels sentiments éprouve l'auteur pour Quercy ? Jusqu'où serait-il allé ? Heureusement, que fait Quercy ? Que font tous les autres ? Qui les encourage ? 5. Quel est le résultat de ces efforts ? Qu'arrive-t-il de nouveau ? Que font les autres ? Et Quercy ? Il s'effondre. 6. Que décident les autres ? De continuer. Mais qu'arrive-t-il ? Le bateau, avec 4 rameurs d'un côté et 3 de l'autre, est déséquilibré et avance en crabe. 7. Qu'éprouvé l'auteur et que dit-il à Quercy ? Que fait celui-ci ? 8. Qu'est-il arrivé à Quercy ? Trop nerveux, il a accordé trop d'importance à cette finale et il a eu une défaillance. 9. A-t-il eu raison d'abandonner la lutte ? Oui ? Pourquoi ? Il était sûr qu'ils étaient victimes d'une injustice au départ. Non ? Pourquoi ? Il n'est pas seul, mais un membre d'une équipe. Même s'il y a eu injustice, c'est toute l'équipe qui doit la ressentir et, puisque les autres continuent, il doit continuer. Concluons : Quercy a eu tort. Il a été un mauvais équipier et a fait perdre à ses camarades la joie de la victoire et le titre de champions. 3. Réflexions sur la vie. 1. Qu'est-ce qu'avoir l'esprit d'équipe ? C'est obéir à la loi de l'équipe, faire tous ses efforts pour assurer le succès du groupe, s'oublier soi-même pour ne penser qu'à l'ensemble des équipiers. 2. Quelles qualités suppose-t-il ? Pas d'égoïsme, de la discipline, de la volonté. Ne pas bouder quand l'équipe perd, ne pas s'attribuer son succès quand elle gagne. 3. Dans quels métiers travaille-t-on en équipe ? Sur une locomotive, un avion, un bateau, dans les usines, etc. 4. Actions et problèmes. 1. En éducation physique, deux équipes tirent sur la corde. Hélène pense à autre chose et ne tire pas. Que lui dites-vous ? 2. Une équipe de relais a été constituée dans votre classe. Par la faute de Pierre, qui ne s'est pas assez entraîné, vous perdez. Que lui dites-vous ? 3. Vous faites partie d'une équipe de travail. Un jour vous n'avez pas su faire le problème parce que vous n'aviez pas étudié la leçon. Vos camarades ne sont pas contents. Que vous disentils ? Qu'éprouvez-vous ? 4. Robert ne pense qu'à lui dans l'équipe : il veut à tout prix marquer son but, n'y réussit pas et fait perdre à ses camarades plusieurs occasions de gagner. Qu'en pensez-vous ? 5. Résolution. Avoir l'esprit d'équipe, c'est s'oublier soi-même et faire tous ses efforts afin que le groupe soit le meilleur. Je ne penserai pas à moi mais à l'équipe.

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106. MORALE - C. M. LA COOPÉRATIVE SCOLAIRE 1. Entretien. a) Qu'est-ce que coopérer ? C'est travailler ensemble pour atteindre un but qui nous dépasse. C'est dominer son égoïsme, afin de penser aux autres. b) Qu'est-ce qu'une coopérative scolaire ? C'est une petite société d'élèves gérée par les élèves, avec le concours du maître, en vue d'activités communes. Son but est d'éduquer, moralement et intellectuellement, les coopérateurs, d'initier l'enfant à la vie sociale par la coopération. Elle doit développer l'esprit de solidarité en amenant chacun à penser aux autres plus qu'à soi. Enfin, l'effort de tous procure des ressources qui permettent d'améliorer les conditions de travail, d'embellir l'école, de soulager des misères. La coopérative est une société démocratique, dont les membres, élus au bulletin secret, se réunissent et délibèrent avec le souci de promouvoir une vie morale meilleure. Elle doit mettre les élèves dans les conditions de la vie sociale, éveiller et exercer leur sens social et civique. Ses membres établissent un budget dont les recettes proviennent de cotisations, de la vente de produits de petit élevage, de plantes médicinales, du bénéfice des fêtes. Les dépenses sont décidées en commun. c) Quelles sont les principales activités de la coopérative ? — Embellissement de la classe : gravures, plantes, corbeilles à papiers, tapis-brosse ; — Entretien de la cour : fleurs, bancs ; — Achat de matériel d'enseignement, enrichissement de la bibliothèque ; — Organisation de fêtes, kermesses, ventes-expositions, etc. ; — Amélioration des conditions d'hygiène (pharmacie), développement des sports ; — Visites de monuments et de musées. Excursions et voyages ; — Entraide et solidarité à l'école et hors de l'école. — Correspondance interscolaire. d) Quels sont les écueils à éviter ? — N'attribuer à la coopérative que la recherche et l'emploi des ressources ; — Limiter celles-ci aux cotisations ; — Placer trop étroitement la coopérative sous la tutelle du maître. e) Comment procéder pour créer une coopérative scolaire ? — Lire et commenter les statuts qui sont ensuite envoyés à l'IP pour approbation ; — Après approbation, élection du bureau, puis affiliation à l'Office départemental de la coopération scolaire ; — Le maître doit éduquer l'élève-trésorier (tenue des registres, inventaire, sécurité des fonds, CCP, etc.).

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2. Lecture et commentaire des statuts types. STATUTS TYPES D'UNE COOPÉRATIVE SCOLAIRE Article premier. Formation. — A partir du .... il est formé entre les élèves, anciens élèves et amis de l'école de ..., une Société Coopérative Scolaire, dont le siège est à l'école. Article 2. Objet. — La Coopérative Scolaire aura pour objet, sous l'autorité permanente du directeur ou de la directrice de l'école : 1° De former et de développer chez les élèves l'esprit d'entraide et de solidarité ; 2° De prendre soin de l'école et de la rendre agréable, de façon à la faire aimer ; 3° D'entretenir et d'améliorer la bibliothèque et le musée scolaires, le matériel de jeu, le cinéma, les appareils de radio et de télévision ; 4° D'organiser des fêtes scolaires et sportives, voyages d'études et d'excursions ; 5° De resserrer les liens de solidarité entre l'école et les familles. Article 3. Sociétaires. — Font partie de la Coopérative : a) Des membres actifs, âgés de .... à .... ans, élèves ou anciens élèves de l'école, qui versent une cotisation mensuelle de......; b) Des membres honoraires qui, par leur appui matériel ou moral, contribuent à la prospérité de l'école. L'Assemblée générale décerne le titre de membre honoraire à toute personne qui paie une cotisation annuelle de ......NF, soit en nature, soit en argent. La Société est placée sous la présidence d'honneur de M. l'Inspecteur de l'Enseignement primaire et M. le Maire. Article 4. Administration. — La Coopérative est dirigée par un Comité de trois membres : le président, le secrétaire et le trésorier, nommés pour un an. Ce Comité peut s'associer des camarades pour chacun des objets que la Coopérative Scolaire se propose et avec eux constituer le Conseil d'administration qui se réunit toutes les fois qu'il est nécessaire. Toutes les décisions sont soumises au maître. Article 5. Assemblée générale. — L'Assemblée générale a lieu, en principe, au début et à la fin de chaque année scolaire. Le président du Comité assure l'ordre de la réunion. Le maître est le conseiller naturel de l'Assemblée et du Comité. Le titre de membre de la Coopérative se perd par une mauvaise conduite nuisant au travail commun ou au bon renom de l'école. Cette mesure est prise en Assemblée générale à la majorité absolue. Article 6. Ressources et dépenses. — Les ressources de la Coopérative comprennent: a) Les cotisations des membres actifs et les dons en argent ou en nature des membres honoraires ; b) Le produit de la vente de la récolte, de l'élevage ou du travail des coopérateurs; c) Une part du produit des fêtes scolaires ; d) Les subventions communales ; e) Les ressources (collectes pour la bibliothèque, le cinéma, la T.S.F., etc.). Les fonds sont employés : a) A l'achat de matériel d'enseignement, de matériel décoratif et de jeux ; b) A l'organisation de promenades scolaires ; c) A l'abonnement à des journaux, revues, etc. ; d) A l'installation d'appareils d'hygiène ; e) A l'entraide scolaire, aide aux pupilles de l'école, etc. ; f) En général, à l'achat de toutes choses susceptibles de perfectionner l'instruction et l'éducation, d'embellir l'école, et à toutes dépenses de solidarité scolaire.

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Artide 7. Registres de la Coopérative. — Les registres de la Coopérative sont : a) Le registre des procès-verbaux et des situations mensuelles tenu par le secrétaire ; b) Le registre du trésorier, comprenant : la liste des adhérents, avec, en face de chaque nom, les cotisations payées et l'état général des recettes et des dépenses ; c) Le registre d'inventaire, tenu par le secrétaire. Ces différents registres peuvent être consultés par les sociétaires. Article 8. Contrôle. — L'Assemblée générale désigne parmi les membres honoraires une personne chargée de contrôler les comptes du trésorier. Article 9. Modifications aux statuts. — Toute modification aux présents statuts devra être soumise au directeur de l'école pour être présentée au conseil, adoptée par lui et ratifiée par le vote d'une Assemblée générale.

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107. MORALE - C. M. LA BONTÉ 1. Lecture - La bonté des pauvres. (Jeantou, le jeune maçon creusois, qui travaille à Paris, est venu passer l'hiver dans sa famille.) Un soir, je me distrayais en regardant cuire la soupe, quand tout d'un coup, j'eus l'idée que quelque chose devant ce feu manquait, et je m'écriais : « Ah ! c'est la Bathune ! elle n'a pas apporté bouillir son pot ! — Je vois, dit ma mère, c'est la place vide entre les chenets qui t'y fait penser. Eh bien ! elle restera vide longtemps, on a porté la Bathune au cimetière l'an passé... » Je l'avais vue pendant quinze ans, tous les soirs, à l'heure où l'on met cuire la soupe, ouvrir la porte avec l'hésitation peureuse d'une souris, entrer, petite, bossue, noire comme une sorcière, et sortir de dessous sa mante rapiécée, sans couleur, un pot ébréché... « Bonsoir, vous autres », disait la vieille, sans aller plus avant dans la cuisine. « Ah ! voilà la Bathune qui apporte cuire sa soupe avec la nôtre, disait ma mère. Approchez, Bathune. » La Bathune donnait son pot. Il n'y avait dedans que de l'eau où nageait un oignon, quelquefois une rave. On mettait le pot devant le feu, en faisant un trou dans la cendre. Ainsi, la Bathune économisait du bois et en même temps se chauffait, car elle restait tout le temps que la soupe cuisait. Toujours ma mère y ajoutait quelques cuillerées de la nôtre, ou bien y mettait une graine de beurre ou un peu de lait, pour la blanchir. La Bathune apportait aussi son pain, qu'elle taillait dedans longuement. Mais il arrivait aussi qu'elle n'apportait pas de pain. On le devinait tout de suite, à sa façon de sortir, une fois son pot donné, ses deux mains de dessous sa mante, des mains vides qui tremblaient un peu. Alors, ma mère, sans rien dire, taillait des tranches de notre pain dans le pot qui bouillait. Quand c'était prêt, la Bathune faisait mine de vouloir s'en aller ! « Mangez donc votre soupe au chaud », disait ma mère. Et la vieille, tout heureuse, ses pieds sur les chenets, mangeait sa soupe, lentement. « Ça sent le brûlé ! » criait parfois quelqu'un. C'était la Bathune qui avait mis trop près des braises le bout de ses sabots. Georges NIGREMONT - Jeantou, le Maçon creusois. Bourrelier 2. Réflexions sur la lecture. 1. Qui était la Bathune ? Les parents de Jeantou étaient-ils riches ? 2. Qu'a fait la Bathune pendant de longues années ? Pourquoi ? Comment entrait-elle ? Que disait-elle ? Que lui répondait-on ? 3. De quoi se composait sa soupe ? Que faisait-elle pendant que chauffait son pot ? 4. Qu'ajoutait à cette soupe la mère de Jeantou ? La pauvre vieille apportait-elle toujours son pain ? A quoi voyait-on qu'elle n'en avait pas ? 5. Que faisait la Bathune quand la soupe était chaude ? Que lui disait la mère ? Qu'arrivait-il parfois ? 6. Quelles étaient les qualités de la mère de Jeantou ? Comment était-elle bonne ? Avec discrétion. Combien de temps a duré cette bonté ?

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3. Réflexions sur la vie. 1. Connaissez-vous des gens qui ont été bons pour d'autres ? Dans quelles circonstances ? 2. Qu'est-ce qu'être bon ? C'est voir le malheur, la misère, la peine ou les ennuis des autres et s'efforcer de les soulager. 3. La bonté peut avoir divers noms. Qu'est-ce qu'être : Bienveillant ? C'est montrer de la bonne volonté à l'égard de quelqu'un. On examine une demande avec bienveillance. Bienfaisant ? Le mot l'indique. Il existe des sociétés de bienfaisance. Indulgent ? Ne pas attribuer beaucoup d'importance aux fautes des autres, pardonner facilement. Pitoyable ? Plaindre ceux qui souffrent. Dévoué ? Donner son temps et son travail pour les autres. Généreux ? Donner pour les malheureux, pardonner les injures, rendre le bien pour le mal. Charitable ? Rechercher le bonheur des autres en donnant son temps, ses biens, ses pensées. 4. A quelle vertu la bonté est-elle supérieure ? A la justice. Quelle vertu est plus élevée? La charité. 5. Quand pourra-t-on montrer de la bonté ? Quand des gens souffrent physiquement (malades, infirmes, mal nourris, etc.), ou moralement (orphelins, coupables, tous ceux qui ont de la peine, etc.). Et aussi envers les animaux. 6. Comment montrer sa bonté ? Avec discrétion. Que faut-il éviter ? De froisser celui qui reçoit. « La façon de donner vaut mieux que ce qu'on donne. » 4. Actions et problèmes. On peut avoir dans la classe une « boîte aux bonnes actions », dans laquelle chacun peut mettre un billet, signé ou anonyme, relatant les bonnes actions qu'il a faites. Ce procédé a des avantages et des inconvénients. 1. Roger n'a souvent pour son goûter qu'un morceau de pain. Que pouvez-vous faire pour lui ? Comment ne pas le froisser ? 2. Monique voudrait des crayons de couleur pour ses cartes. Nicole le sait, mais elle tient trop à ses crayons. A sa place que feriez-vous ? 3. Jean-Louis a perdu son livre. « Tant pis pour toi », lui ont dit ses parents. Que pourriez-vous faire ? 4. Marinette est mal vêtue. Le froid passe à travers ses vêtements. Vous en parlez à deux camarades. Vous allez essayer de faire quelque chose. Quoi ? 5. Les grands ont exclu de leur jeu le petit François. Il pleure dans un coin. Que ferezvous ? 6. Votre sœur est malade. Elle s'ennuie. Comment être bon pour elle ? 5. Résolution. Etre bon, c'est voir la peine des autres et s'efforcer de la soulager. Il faut être bon avec discrétion. Je n'oublierai pas que la façon de donner vaut mieux que ce qu'on donne.

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108. MORALE - C. M. LA BONTÉ 1. Lecture - La bonne boulangère. (Les ouvriers d'une ville sont en grève. La foule, les gendarmes, le sous-préfet même, parcourent les rues.) Maintenant, la foule violente et hargneuse remontait la rue au galop. L'événement avait dû se produire plus haut, vers la boulangerie Mitaine. Des femmes criaient, un vieillard tomba. Un gros gendarme courait si fort, au milieu des groupes, qu'il renversa deux personnes. Il allait prêter main-forte à un camarade, un gendarme maigre et long, qui tenait fortement Nanet, un enfant de cinq à six ans, par le poignet. Il venait de voler un pain, à l'étalage de Mme Mitaine : le vol était indéniable, car il tenait encore le grand pain, presque aussi haut que lui ; et c'était donc bien le vol d'un enfant qui venait de soulever, de bouleverser ainsi toute la rue. « C'est un enfant qui a volé un pain », répétaient les voix. Mme Mitaine, étonnée d'un tel vacarme, était venue, elle aussi, sur le seuil de sa boutique. Elle resta toute saisie lorsque le gendarme, s'adressant à elle, dit : « Tenez, madame, c'est ce vaurien qui vient de vous voler ce gros pain-là. » Et, secouant Nanet, il voulut le terrifier. « Tu sais que tu vas aller en prison... Dis, pourquoi as-tu volé un pain ? » Mais le petit ne se troublait guère. Il répondit clairement, de sa voix de flûte : « J'ai pas mangé depuis hier, ma sœur non plus. » Cependant, Mme Mitaine s'était remise. Elle regardait le gamin avec une indulgente bonté. Pauvre petit ! Et sa sœur, où l'avait-il donc laissée ? Un instant, la boulangère hésita, tandis qu'une rougeur légère montait à ses joues. Puis, avec son rire aimable, elle dit d'un air gai et paisible : « Vous faites erreur, gendarme, cet enfant ne m'a pas volé un pain. C'est moi qui le lui ai donné. » Béant, le gendarme se tenait devant elle, sans lâcher Nanet. Dix personnes avaient vu celui-ci prendre le pain à l'étalage et se sauver. Et, tout d'un coup, le boucher Dacheux, qui avait traversé la rue, intervint, avec une passion furieuse : « Mais je l'ai vu, moi !... Justement, je regardais. Il s'est jeté sur le plus gros, puis il a galopé... Aussi vrai qu'on m'a volé cent sous avant-hier, et qu'on a volé aujourd'hui encore chez Laboque et chez Cafaux, cette vermine d'enfant vient de vous voler, madame Mitaine... Vous n'allez pas dire non. » Toute rosé de son mensonge, la boulangère répéta doucement : « Vous vous trompez, mon voisin, c'est moi qui ai donné le pain à cet enfant. Il ne l'a pas volé. » Et, comme Dacheux s'emportait contre elle, en lui prédisant qu'avec cette belle indulgence elle finirait par les faire tous piller et égorger, le sous-préfet Chatelard, qui avait jugé la scène de son coup d'œil d'homme prudent, s'approcha du gendarme, lui fit lâcher Nanet, auquel il souffla d'une voix de croque-mitaine : « Sauve-toi vite, gamin ! » Emile ZOLA - Travail. Fasquelle

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2. 1. 2. 3.

Réflexions sur la lecture. Pourquoi la foule remonte la rue au galop ? Que s'est-il passe ? Qui tient le voleur ? Peut-il nier le vol ? Pourquoi ? Que dit le gendarme à la boulangère? Et au petit voleur? Pourquoi celui-ci a-t-il

volé? 4. Qu'y a-t-il dans les yeux de la boulangère? Une indulgente bonté. Qu'est-ce qu'être indulgent ? 5. Pourquoi la boulangère hésite-t-elle ? Comment deviennent ses joues ? Pourquoi ? Que dit-elle au gendarme ? Est-ce vrai ? 6. Y a-t-il des témoins du vol ? Quel est le plus méchant ? Que répète la boulangère ? Que dit le boucher ? Que fait le sous-préfet ? 7. Problème moral. La boulangère ment. Pourquoi? A-t-elle raison de mentir ? 3. Réflexions sur la vie. 1. Connaissez-vous des cas dans lesquels on peut mentir par bonté ? Le médecin au malade, le père à sa fille aveugle, etc. 2. Dans quels cas vos parents ou votre maître vous ont-ils montré de l'indulgence ? 3. Qu'est-ce qui empêche les gens d'être bons ? L'égoïsme, la méchanceté, l'avarice, la dureté, l'orgueil. 4. Comment peut-on être bon pour des gens qui souffrent sans se plaindre ? (La fierté de certains pauvres, la discrétion de parents qui ne montrent pas leur peine, etc.) 5. La bonté consiste aussi à supporter. Quel nom porte-t-elle ? En quoi les personnes patientes sont-elles bonnes ? 4. Actions et problèmes. 1. Un petit camarade dont les parents ne sont pas riches dérobe des fruits dans votre jardin. Vous le voyez. Que pensez-vous ? Que faites-vous ? 2. Vous avez interdit à votre petite frère de toucher à vos jouets. En votre absence il prend votre balle et la perd. Que faites-vous ? 3. Jeannette n'a pas de bicyclette. Vous en avez une. Que faites-vous ? 4. Sans le faire exprès, en courant, André a donné un coup de pied dans les billes de François. Furieux, celui-ci se précipite pour le battre... Que lui direz-vous ? 5. Votre petite sœur, qui n'est pas en bonne santé, s'accroche à vous, dérange vos livres. Que pouvez-vous montrer ? 6. Votre petite sœur a déchiré son tablier. Maman la grondera. Que pouvez-vous faire ? 7. Une petite camarade, Véronique, est malade. Elle s'ennuie. Ce n'est pas très amusant d'aller chez elle... Que faire ? 5. Résolution. Etre indulgent, c'est pardonner les fautes des autres. Je serai patient et je saurai pardonner.

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109. MORALE - C. M. LA BONTÉ 1. Lecture - Le secret de Maître Cornille. (Il y avait autrefois, en Provence, des moulins à vent. L'installation de moulins à vapeur les obligea à fermer, faute de clients. Un seul, celui de maître Cornille, continuait de tourner. Mais tout le monde se demandait pourquoi ? En l'absence du maître, des jeunes gens vont pénétrer dans le moulin pour connaître son secret...) La porte était fermée à double tour ; mais le bonhomme, en partant, avait laissé son échelle dehors et tout de suite l'idée vint aux enfants d'entrer par la fenêtre, voir un peu ce qu'il y avait dans ce fameux moulin... Chose singulière ! la chambre de la meule était vide... Pas un sac, pas un grain de blé ; pas la moindre farine aux murs, ni sur les toiles d'araignée... La pièce du bas avait le même air de misère et d'abandon : un mauvais lit, quelques guenilles, un morceau de pain sur une marche d'escalier, et puis, trois ou quatre sacs crevés d'où coulaient des gravats et de la terre blanche. C'était là le secret de maître Cornille ! C'était le plâtras qu'il promenait le soir sur les routes, pour sauver l'honneur du moulin et faire croire qu'on y faisait de la farine... Les enfants revinrent tout en larmes me conter ce qu'ils avaient vu. J'eus le cœur crevé de les entendre... Sans perdre une minute, je courus chez les voisins, je leur dis la chose en deux mots et nous convînmes qu'il fallait, sur l'heure, porter au moulin Cornille tout ce qu'il y avait de froment dans les maisons... Sitôt dit, sitôt fait. Tout le village se met en route, et nous arrivons là-haut avec une procession d'ânes chargés de blé — du vrai blé, celui-là ! Le moulin était grand ouvert... Devant la porte, maître Cornille, assis sur un sac de plâtre, pleurait, la tête dans ses mains. Il venait de s'apercevoir, en rentrant, que, pendant son absence, on avait pénétré chez lui et surpris son secret. « Pauvre de moi ! disait-il. Maintenant, je n'ai plus qu'à mourir. Le moulin est déshonoré. » A ce moment, les ânes arrivent sur la plate-forme, et nous nous mettons tous à crier bien fort : « Ohé ! du moulin !... Ohé ! maître Cornille ! » Et voilà les sacs qui s'entassent devant la porte et le beau grain roux qui se répand par terre, de tous côtés... Maître Cornille ouvrait de grands yeux. Il avait pris du blé dans le creux de sa vieille main, et il disait, riant et pleurant à la fois : « C'est du blé !... Du bon blé !... Laissez-moi que je le regarde. » Nous voulions l'emporter en triomphe au village. « Non, non, mes enfants ; il faut avant tout que j'aille donner à manger à mon moulin... Pensez donc ! il y a si longtemps qu'il ne s'est rien mis sous la dent ! » Et nous avions tous les larmes aux yeux de voir le pauvre vieux se démener de droite et de gauche, éventrant les sacs, surveillant la meule, tandis que le grain s'écrasait et que la fine poussière de froment s'envolait au plafond. A partir de ce jour-là, jamais nous ne laissâmes le vieux meunier manquer d'ouvrage. Alphonse DAUDET - Lettres de mon Moulin. Fasquelle 2. Réflexions sur la lecture.

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1. Qu'est-ce qui avait ruiné maître Cornille ? Avait-il accepté sa ruine ? Que voulait-il laisser croire ? 2. Qu'en pensaient les habitants du village ? Que décidèrent des jeunes gens ? 3. Que virent-ils dans le moulin ? Qu'y avait-il dans les sacs que maître Cornille promenait le soir sur les routes ? Pourquoi le faisait-il ? 4. Qu'éprouvèrent les enfants ? Et l'auteur ? Que décidèrent-ils ? Pourquoi ? Etait-ce nécessaire, obligatoire? Quelle vertu montrèrent-ils? Pitié, bonté. 5. Comment les villageois trouvèrent-ils maître Cornille ? Qu'avait-il constaté ? Que dit-il ? 6. Quelle émotion éprouva maître Cornille, quand il vit le blé ? Pourquoi n'accepta-t-il pas d'être porté en triomphe ? Que voulut-il faire d'abord ? 7. Qu'éprouvèrent les villageois ? Que firent-ils à partir de ce jour ? Que pensez-vous d'eux ? Ils eurent pitié, furent bons, généreux. 3. Réflexions sur la vie. 1. Vous est-il arrivé de rendre des gens heureux et d'en éprouver de la joie ? Dans quelles circonstances ? 2. Que ressent-on quand on a mal agi ? Et quand on a fait le bien ? 3. Est-ce difficile d'être bon ? Que faut-il ? Voir la peine des autres, se mettre à leur place, vouloir alléger leurs ennuis, le faire discrètement. 4. Est-ce de la bonté, quand : — la maman laisse faire à son petit garçon tout ce qu'il veut ? — le grand frère donne des billes au petit, à condition qu'il ne raconte pas ce que l'aîné a fait de mal ? — la grande sœur vous dit : « Tiens, voilà 1 F et laisse-moi tranquille » ? 4. Actions et problèmes. 1. Il fait froid et la mère Durand, qui habite loin du village, n'a pu aller chercher son pain. Que ferez-vous ? 2. Un aveugle vend des cartes postales qui ne vous intéressent pas. Henri a laissé une aumône, mais n'a pas pris de carte, malgré l'insistance de l'aveugle. Qu'en pensez-vous ? 3. Grand-mère est infirme et sa vie n'est pas toujours drôle : aujourd'hui, bien que le temps soit très beau, elle s'ennuie. Que pouvez-vous faire ? 4. Vous avez reçu pour Noël deux livres qui se ressemblent beaucoup. « Va en échanger un chez le libraire », a dit maman. Mais vous savez que Jacqueline n'a eu qu'une petite poupée. Que faire et comment ? 5. Que pourrait décider la coopérative pour une vieille dame seule qui voudrait un poste de radio et ne peut l'acheter ? 5. Résolution. Nous éprouvons de la joie lorsque nous avons pu donner aux autres un peu de bonheur. Je penserai à adoucir la peine des autres. Ce sera un moyen sûr d'être heureux moi-même.

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110. MORALE - C. M. LA CHARITÉ 1. Lecture - Les pauvres gens. (Ce sont des pêcheurs qui habitent une pauvre cabane au bord de l'Océan. L'homme est en mer et sa femme, Jeannie, l'attend. Ils ont cinq enfants. Ce soir, Jeannie décide d'aller attendre son mari. En passant, elle s'arrête à la maison qu'habité sa voisine, une pauvre veuve, avec ses deux enfants. Elle frappe à la porte, personne ne répond. Elle entre : la voisine est morte et ses deux enfants dorment dans leur berceau... Que va faire Jeannie ?... Prévenue à la maison elle attend avec impatience le retour du pêcheur. Celui-ci est mécontent : il n'a rien pris et son bateau a failli sombrer. « Et toi, qu'as-tu fait ? » demande-t-il à Jeannie.) Alors, tremblante ainsi que ceux qui font le mal, Elle dit : « A propos, notre voisine est morte. C'est hier qu'elle a dû mourir, enfin, qu'importé, Dans la soirée, après que vous fûtes partis. Elle laisse ses deux enfants, qui sont petits. L'un s'appelle Guillaume et l'autre Madeleine ; L'un, qui ne marche pas, l'autre qui parle à peine. La pauvre bonne femme était dans le besoin. » L'homme prit un air grave, et, jetant dans un coin Son bonnet de forçat mouillé par la tempête : « Diable ! Diable ! dit-il, en se grattant la tête, Nous avions cinq enfants, cela va faire sept. Déjà, dans la saison mauvaise, on se passait De souper quelquefois. Comment allons-nous faire ?... Si petits ! On ne peut leur dire : « Travaillez. » Femme, va les chercher. S'ils se sont réveillés, Ils doivent avoir peur tout seuls avec la morte. C'est la mère, vois-tu, qui frappe à notre porte ; Ouvrons aux deux enfants. Nous les mêlerons tous ; Cela nous grimpera le soir sur les genoux. Ils vivront ; ils seront frère et sœur des cinq autres... Moi, je boirai de l'eau, je ferai double tâche, C'est dit. Va les chercher. Mais qu'as-tu ? Ça te fâche ? D'ordinaire tu cours plus vite que cela. — Tiens, dit-elle, en ouvrant les rideaux, les voilà ! » Victor HUGO - La Légende des Siècles. 2. Réflexions sur la lecture. 1. Pourquoi Jeannie est-elle tremblante ? Que dit-elle à son mari ? 225

2. Est-ce que le pêcheur réfléchit longtemps ? Que dit-il seulement ? 3. A quoi pense-t-il aussitôt ? « Ils doivent avoir peur tout seuls avec la morte. » 4. Le pêcheur est-il riche ? Est-il abattu par cette nouvelle épreuve ? Non, il cherche des raisons d'espérer. 5. Pourquoi ce poème est-il si émouvant ? C'est un pauvre qui porte secours à plus pauvre que lui. Quelle est la vertu du pêcheur ? Il est charitable. 6. Quel problème était posé au pêcheur et à Jeannie ? Devaient-ils recueillir les orphelins ? Non ? Pourquoi ? Ils sont pauvres. Ils ont du mal à nourrir leurs enfants. Oui ? Pourquoi ? S'ils les abandonnent, qu'arrivera-t-il ? Concluons : Leur geste est admirable. 3. Réflexions sur la vie. 1. Qu'est-ce que la charité ? C'est la forme la plus élevée de la bonté. Elle consiste à donner son temps, son travail, ses biens, ses pensées, pour contribuer à rendre les autres plus heureux. 2. Quand faut-il être charitable ? Quand des gens souffrent physiquement et moralement. 3. Nous avons vu que la justice consistait à « ne pas faire aux autres... ». La charité complète la justice. Quelle pourrait être la règle de la charité ? « Faire aux autres ce que nous voudrions qu'on nous fît à nous-mêmes. » 4. Comment être charitable ? Donner avec son cœur. Etre discret, ne pas se montrer, se vanter, ne pas blesser. 5. Que signifie « rendre le bien pour le mal » ? C'est une forme encore plus élevée de la charité ; elle comporte le pardon des injures. 4. Actions et problèmes. 1. Avez-vous été charitable ? Dans quels cas ? Qu'avez-vous éprouvé ensuite ? 2. Dans quelles circonstances peut-on montrer qu'on est charitable ? Guerres, famines, inondations, révolutions, maladies, tremblements de terre. 3. Dans une famille de cinq enfants, le père ne peut plus travailler. Vous allez réunir vos camarades pour qu'on fasse quelque chose. Que leur direz-vous ? 4. Un tremblement de terre a fait des milliers de victimes. Le maître vous en a parlé au cours d'une leçon. Louise dit : « On ne les connaîtra jamais. » Que lui répondez-vous ? 5. Pierrot a un manteau rapiécé avec des morceaux de différentes couleurs. « On dirait Arlequin », murmure Jacques. Vous lui expliquez ce que c'est qu'être .charitable. 6. « J'ai donné 1 F pour le Noël des enfants pauvres et 2 F pour le Noël des vieux », dit Nicole à tout le monde. Que lui dites-vous ?

5. Résolution. Même si je ne suis pas riche, je penserai qu'il existe de plus pauvres que moi, qui souffrent de la faim et du froid. Je me priverai pour leur venir en aide. Aimons-nous les uns les autres.

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111 . MORALE - C. M. LA CHARITÉ 1. Lecture - Une discrète charité. (Une jeune fille, Modesta, a perdu la vue à la suite d'un accident. Gottfried, un pauvre colporteur, se rend auprès d'elle.) Modesta, jusque-là, insouciante et rieuse, tomba dans un tel désespoir qu'elle voulait mourir. Elle refusait de manger, elle pleurait du matin au soir ; et, la nuit, on l'entendait encore se lamenter dans son lit. Un jour, Gottfried revint. Modesta n'avait jamais été bonne pour lui. Non qu'elle fût naturellement méchante, mais dédaigneuse ; et puis, elle ne réfléchissait pas, elle aimait à rire ; il n'y avait pas de malice qu'elle ne lui eût faite. Quand il apprit son malheur, il fut bouleversé, comme une personne de la famille. Pourtant, il ne lui en montra rien. Il alla s'asseoir auprès d'elle, ne fit aucune allusion à l'accident, et se mit à causer tranquillement, comme il faisait avant. Il n'eut pas un mot pour la plaindre ; il avait l'air de ne pas même s'apercevoir qu'elle était aveugle. Seulement, il ne lui parlait jamais de ce qu'elle ne pouvait voir, il lui parlait de tout ce qu'elle pouvait entendre ou remarquer dans son état ; et il faisait cela simplement, comme une chose naturelle : on eût dit qu'il était lui aussi aveugle. D'abord, elle n'écoutait pas et continuait de pleurer. Mais, le lendemain, elle écouta mieux et même elle lui parla un peu... Et depuis elle a toujours été mieux. Elle semblait oublier son mal. De temps en temps, cela la reprenait encore ; elle pleurait, ou bien elle essayait de parler à Gottfried de choses tristes, mais celui-ci ne semblait pas entendre ; il continuait de causer posément de choses qui la calmaient et qui l'intéressaient. Il la décida enfin à se promener hors de la maison, autour du jardin, puis dans les champs... Et un jour je l'ai entendue rire. Alors Gottfried m'a dit : « Maintenant, je crois que je puis m'en aller. On n'a plus besoin de moi... » II est parti ; mais il faisait en sorte de repasser plus souvent par ici ; et c'était, à chaque fois, une joie pour Modesta... D'après Romain ROLLAND - Jean-Christophe. La Révolte. Albin Michel 2. Réflexions sur la lecture. 1. Qu'était-il arrivé à Modesta ? Dans quel état d'esprit était-elle après cet accident? 2. Qui était Gottfried ? Pourquoi dit-on qu'il « revint » ? Modesta avait-elle été bonne pour lui ? Que lui avait-elle fait ? Des malices, des taquineries, de petites méchancetés. 3. Qu'éprouva Gottfried quand il apprit son malheur ? Est-ce qu'il le lui montra ? Comment fut-il discret, délicat ? Aucune allusion, pas un mot pour la plaindre. 4. Lui parlait-il de ce qu'elle aurait dû voir ? De quoi lui parlait-il surtout ? De tout ce qu'elle pouvait entendre, sentir, remarquer... Qu'aurait-on dit ? 5. Que faisait-il quand elle parlait de choses tristes ? Pourquoi ? Un jour qu'arriva-t-il ? Que dit alors Gottfried ? « On n'a plus besoin de moi. » 6. Que pensez-vous de Gottfried ? Modesta n'avait pas été bonne ? Que lui donna-t-il en échange ? Quelle vertu montra-t-il ? Comment ? Avec discrétion, délicatesse. 3. Réflexions sur la vie. 1. Lorsque des gens ont eu des malheurs, que font leurs amis ? Visites, consolations, encouragements, condoléances. Dans tous ces cas, on prend part à la peine ou à la douleur des autres.

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2. On voit parfois des personnes riches qui donnent une partie de leur fortune pour fonder un hôpital, une bibliothèque, une colonie de vacances. Comment appelle-t-on ces personnes ? Des philanthropes. Qu'est-ce que cela veut dire ? 3. Est-il nécessaire d'être riche pour être charitable ? Si l'on n'a pas d'argent, que peuton donner ? Ses pensées, de bonnes paroles, des consolations. 4. Beaucoup d'hommes et de femmes sont méchants. Si tous l'étaient ?... Un nombre assez important sont charitables. Si tous l'étaient ?... 5. Que faire pour devenir charitable ? Penser aux peines des autres, imaginer ce que l'on pourrait faire et se demander, souvent, ce que l'on a fait pour eux. 6. Pensez-vous que des animaux pourraient être charitables ? Cette vertu est proprement humaine. Elle est le signe de la grandeur, de la dignité de l'homme. 4. Actions et problèmes. 1. L'un de vos camarades a eu un grave accident. Il restera peut-être aveugle. En vous inspirant de l'exemple de Gottfried, dites ce que vous pourriez faire pour lui ? 2. Une de vos camarades a perdu son papa. Comment lui montrerez-vous que vous prenez part à sa douleur ? 3. Emile contrefait un boiteux. Que lui dites-vous ? 4. Un aveugle tâtonne sur le trottoir. André lui demande ce qu'il cherche. Comme il s'agit d'une rue éloignée, André dit que c'est plus loin et s'en va. Que lui dites-vous ? Que faites-vous ? 5. L'autre jour, François vous a donné un coup de poing. Vous alliez le lui rendre, mais le maître est intervenu. « Je t'aurai un jour », avez-vous lancé à votre camarade. Aujourd'hui deux grands le brutalisent. Que faites-vous ? 6. Un monsieur passe devant un infirme, tourne la tête à droite, à gauche. Plusieurs personnes le voient. Il laisse tomber un billet de 5 F dans le chapeau de l'infirme. Qu'en pensez-vous ? 5. Résolution. Le bonheur que l'on a vient du bien que l'on fait. Je saurai consoler les malheureux, adoucir leurs tristesses.

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112. MORALE - C. M. LA CHARITÉ 1. Lecture - Mon frère. (Un évêque vit très simplement avec sa servante, Mme Magloire. C'est le soir, la nuit vient de tomber. La porte s'ouvre. Un homme entre...) Il fit un pas et s'arrêta, laissant la porte ouverte derrière lui. Il avait son sac sur l'épaule, son bâton à la main, une expression rude, hardie, fatiguée et violente dans les yeux. Il était hideux. C'était une sinistre apparition. « Voici, dit-il, je m'appelle Jean Valjean. Je suis un galérien. J'ai passé dix-neuf ans au bagne. Je suis libéré depuis quatre jours... Ce soir, en arrivant dans ce pays, j'ai été dans une auberge, on m'a renvoyé à cause de mon passeport jaune que j'avais montré à la mairie. J'ai été à une autre auberge. On m'a dit : « Va-t'en ! » J'ai été à la prison, on ne m'a pas ouvert. J'ai été dans la niche d'un chien. Ce chien m'a mordu et m'a chassé comme s'il avait été un homme. Je m'en suis allé dans les champs pour coucher à la belle étoile. J'ai pensé qu'il pleuvrait et je suis rentré dans la ville pour y trouver le renfoncement d'une porte. J'allais me coucher sur une pierre, une bonne femme m'a montré votre maison et m'a dit : « Frappez là. » Qu'est-ce que c'est ici ? Etesvous une auberge ? J'ai de l'argent. Je paierai. Voulez-vous que je reste ? — Madame Magloire, dit l'évêque, vous mettrez un couvert de plus. » L'homme fit trois pas et s'approcha de la lampe qui était sur la table... « Voilà ce qu'on a mis sur le passeport : « Jean Valjean, forçat libéré. « Est resté dix-neuf ans au bagne. Cet homme est très dangereux. » Voilà ! Toute le monde m'a jeté dehors. Voulez-vous me recevoir, vous ? Voulez-vous me donner à manger et à coucher ? Avez-vous une écurie ? — Madame Magloire, dit l'évêque, vous mettrez des draps blancs au lit de l'alcôve. » Puis se tournant vers l'homme : « Monsieur, asseyez-vous et chauffez-vous. Nous allons souper dans un instant, et l'on fera votre lit pendant que vous souperez. » Ici, l'homme comprit tout à fait. L'expression de son visage, jusqu'alors sombre et dure, s'empreignit de stupéfaction, de doute, de joie, et devint extraordinaire. Il se mit à balbutier comme un homme fou. « Vrai ? Quoi ! vous me gardez ? Vous ne me chassez pas ? Un forçat ! Vous m'appelez monsieur ! Vous ne me tutoyez pas ? Je vais souper ! Un lit avec des matelas et des draps ! comme tout le monde ! Un lit ! Il y a dix-neuf ans que je n'ai couché dans un lit ! Monsieur l'aubergiste, comment vous appelez-vous ? Vous êtes aubergiste, n'est-ce pas ? — Je suis, dit l'évêque, un prêtre qui demeure ici. — Un prêtre ! reprit l'homme. Oh ! un brave homme de prêtre !... Vous êtes bon. Vous ne me méprisez pas ! Vous me recevez chez vous ! Je ne vous ai pourtant pas caché d'où je viens et que je suis un homme malheureux. » L'évêque, assis près de lui, lui toucha doucement la main. « Vous pouviez ne pas me dire qui vous étiez... Vous souffrez ; vous avez faim et soif ; soyez le bienvenu... Qu'ai-je besoin de savoir votre nom ? D'ailleurs, avant que vous me le disiez, vous en aviez un que je savais. » L'homme ouvrit des yeux étonnés. « Vrai ? Vous saviez mon nom ? — Oui, répondit l'évêque, vous vous appelez « mon frère ». » Victor HUGO - Les Misérables.

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2. Réflexions sur la lecture. 1. Comment était l'homme qui entra ? Etait-il sympathique à regarder ? 2. Comment se nommait-il ? D'où venait-il ? Que lui était-il arrivé dans cette ville ? A cause de quoi ? Le passeport jaune était la pièce d'identité que l'on donnait aux forçats libérés. 3. A ses questions, que répondit l'évêque ? Qu'y avait-il sur le passeport ? « Cet homme est très dangereux. » Que demandait-il seulement ? Une écurie. 4. Quelle fut la réponse de l'évêque ? Et comment s'adressa-t-il au forçat ? 5. Qu'éprouva Jean Valjean lorsqu'il eut compris qu'on ne le chassait pas ? Qu'avait-il de la peine à croire ? 6. De quoi fut-il surpris, alors qu'il se croyait dans une auberge ? Qu'est-ce qui l'étonnait surtout ? Qu'on ne le méprise pas, qu'il soit traité en homme. 7. Quelle était la grande vertu de l'évêque ? La charité. Comment était-il charitable ? Avec discrétion, délicatesse. S'était-il arrêté à ce qu'était Jean Valjean ? Qu'avait-il vu simplement en lui ? Un homme qui souffre. 3. Réflexions sur la vie. 1. Pensez-vous qu'il existe beaucoup d'hommes aussi charitables que l'évêque de ce récit ? Connaissez-vous des exemples de charité ? 2. Pourquoi faut-il être charitable ? Parce que des hommes qui sont nos frères souffrent. Certains diront : « Nous ne sommes pas responsables de leurs malheurs. » Mais l'idée de la souffrance humaine doit suffire à nous décider. 3. Qu'est-ce que faire l'aumône ? On voit parfois des méchants, des voleurs, faire l'aumône. Dans quel dessein ? Pour oublier leur égoïsme et se pardonner facilement à eux-mêmes. 4. Comment faire la charité ? Discrètement, simplement, sans froisser. C'est un homme qui donne à un autre homme. Que faut-il éviter ? Orgueil et vanité. 4. Actions et problèmes. 1. Deux vieillards sont très pauvres et malheureux. Une réunion de la coopérative a lieu à leur sujet. Que dites-vous ? Qu'est-il décidé ? 2. On demande à tous de l'argent ou des vêtements pour des enfants très pauvres. Jacqueline est aussi très pauvre. Allez-vous lui dire qu'elle ne devra rien apporter ? Si vous étiez à sa place, que feriez-vous ? 3. Nicole a un peu d'argent, mais elle dit souvent : « II faut faire l'aumône aux malheureux... Venez, je vais vous montrer... » Qu'en pensez-vous ? 4. Votre sœur, âgée de neuf ans, est fâchée avec Simone qui vient de perdre sa maman. Que conseillez-vous à votre sœur ? 5. Henri a été méchant avec vous. Il vous a injustement dénoncé au maître. Vous avez décidé de vous venger. Vous le voyez commettre une grosse faute. C'est le moment. Que faitesvous ? 5. Résolution. Tout homme qui souffre est mon frère. Je serai charitable envers les malheureux et je m'efforcerai aussi de rendre le bien pour le mal.

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113. MORALE - C. M. LES DEVOIRS ENVERS LES ANIMAUX 1. Lecture - Lisée et Miraut. (Lisëe a dû vendre son chien, Miraut, pour payer les frais d'un procès. Il éprouve un grand chagrin d'en être séparé.) Miraut mangeait, dormait, se laissait caresser, témoignait même de la gratitude à ses patrons quand on partait en promenade, tant que son nouveau maître, un beau matin, après huit jours d'accoutumance, crut qu'il n'y avait plus de danger de le voir repartir et le libéra de l'attache. Ils se promenèrent côte à côte, mais du premier coup d'œil, Miraut avait bien vu que ceci était encore une épreuve et qu'à la moindre velléité de fuite il serait poursuivi, et peut-être cerné et rattrapé. Aussi, dominant son désir de fausser compagnie à son gardien, il resta auprès de lui, obéit docilement, s'éloigna aussi peu qu'il le voulut, revint au premier appel lui lécher la main et continua deux jours cette comédie. Elle réussit parfaitement et un après-midi, deux heures environ après la promenade, comme Miraut demandait la porte, elle lui fut ouverte. Il en profita pour rôder comme un flâneur autour de la maison, mais pressentant que, par un dernier geste de méfiance, on l'épiait peut-être, il vint se coucher sur le seuil et ferma les yeux. Sa maîtresse, qui vint pour le chercher, l'ayant aperçu dans cette posture, rentra aussitôt annoncer la chose à son mari, et lui affirmer : « Maintenant, c'est bien le nôtre et il ne pense plus à Lisée. » Cinq minutes après, il filait sans hésitation aucune, reprenant tout droit le chemin de son village... Cet après-midi-là, plus triste et plus sombre que jamais, Lisée, devant sa maison, s'occupait à scier quelques rondins... Il tirait et poussait lentement la scie, d'un air accablé, lorsque, tout à coup, sans qu'il s'y attendît le moins du monde, il sentit deux pattes brusquement s'appliquer sur ses reins, en même temps qu'un aboi de joie et de tendresse, un aboi bien connu, retentissait, roucoulait à ses oreilles. Du coup,'il en lâcha la scie et le morceau de bois, et comme électrisé, avec la rapidité de l'éclair, il se retourna. Miraut était là qui le léchait, se tordait, se tortillait, lui parlait, lui disait sa joie de le retrouver, sa peine de l'avoir quitté, son ennui là-bas, sa longue attente, et, lui aussi fou de joie, il s'était baissé et se laissait embrasser et entourait son chien de ses bras, le cajolant et ne trouvant à lui dire que ces mots : « C'est toi, Miraut, mon vieux Miraut ! Ah ! mon bon chien, je savais bien que tu reviendrais ! » D'après L. PERGAUD - Le Roman de Miraut. Mercure de France 2. Réflexions sur la lecture. 1. Pourquoi Lisée s'était-il séparé de son chien ? Qu'avait-il éprouvé ? 2. Comment se comporte Miraut chez son nouveau maître ?

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3. Est-ce que Miraut essaie de s'en aller dès qu'on le lâche ? Pourquoi ? A quel moment part-il ? 4. Comment Miraut manifeste-t-il sa joie de retrouver son maître ? Et celui-ci de revoir son chien ? 5. Que dit Miraut par ses aboiements, ses attitudes ? Que dit Lisée ? 6. De quelles qualités Miraut a-t-il fait preuve ? Intelligence, affection. 3. Réflexions sur la vie. 1. Connaissez-vous des chiens qui se montrent intelligents, dévoués, caressants, affectueux pour leurs maîtres ? 2. Quels sont les services que les chiens peuvent nous rendre ? Garde, chasse, aveugles, blessés. 3. Comment devons-nous nous comporter à l'égard des chiens ? (Essayer de les comprendre, ne pas les taquiner ni les maltraiter. Les nourrir suffisamment.) 4. Doit-on consulter un vétérinaire pour un chien malade ? 5. Tous les chiens sont-ils comme Miraut ? Chiens méchants, enragés. Quelles précautions faut-il prendre ? 6. Qu'appelle-t-on animaux domestiques ? Quels services nous rendent-ils ? Comment devons-nous les traiter ? 7. Il est des animaux que nous devons tuer. Lesquels ? Pourquoi ? Que faut-il éviter de faire ? Qu'est-ce qui défend les animaux domestiques ? La loi Grammont. Les sociétés protectrices des animaux. 4. Actions et problèmes. 1. Il pleut, il fait froid. Où faites-vous coucher votre chien? Que lui donnez-vous à manger ? 2. Dans la rue, un chien aboie sur votre passage. Henri fait comme s'il n'entendait pas. Vous, vous cherchez une pierre que vous lancez au chien, lui faisant très mal. Etes-vous content ? 3. Un chat dort sur un mur. Votre petit frère va lui tirer les moustaches. Que se passe-til ? 4. Le père de votre camarade a un cheval. Comment le traite-t-il ? Quelles précautions vous dit-il de prendre quand vous l'approchez ? 5. On voit parfois des chiens de luxe, portant des vêtements et mieux soignés que des enfants pauvres. Qu'en pensez-vous ? 6. Le petit Jacques attrape des mouches et leur arrache les ailes. « Ce sont de vilaines bêtes », dit-il. Que lui expliquez-vous ? 7. Un petit chien surgit devant une automobile dont le conducteur freine brusquement. Il aurait pu tuer le chien, il ne risquait rien. Pourquoi a-t-il freiné au risque de provoquer un accident ? 5. Résolution. Les chiens "et les animaux domestiques, qui nous rendent des services, doivent être bien traités. Je soignerai mon chien, mais je serai prudent avec les animaux que je ne connais pas.

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114 . MORALE - C. M. LES DEVOIRS ENVERS LES ANIMAUX 1. Lecture - Ouarâ, la lionne. (Un Français qui vit en Afrique élève une jeune lionne. La bête a six mois.) Ouarâ dormait dans l'entière paix que donnent une belle dentition toute neuve sortie depuis deux mois, un pelage net et le corps satisfait... A ce moment passa le chat de la maison avec qui Ouarâ s'amusait parfois. Le chat ne s'attendait-il pas à voir la lionne ? N'était-il pas en humeur de jouer ? Le fait est simplement celui-ci : au cours d'une brève lutte, le chat se rebiffa, donna un coup sur le museau de Ouarâ, et, avant qu'une des énormes pattes l'eût aplati et maintenu sur le plancher, il avait sauté à travers la balustrade... A sa suite, la lionne fit le même chemin pour le rattraper, oubliant le collier, la corde, la balustrade, ne pensant qu'au jeu. La corde et le collier étaient solides : la lionne n'atteignit pas le sol, mais se trouva plaquée brutalement contre le mur et pendue. Ce fut alors un beau tapage : sauts affolés, détentes énormes suivies de retombées le long de la maison, rauquements aigus. Les poils volaient en tous sens. Réveillé par tout ce vacarme, le maître apparut... Il vit la singulière position de la lionne. Ouarâ le vit aussi et, dans un sursaut de tout son corps, essaya de bondir vers lui. Mais elle retomba le long des pierres. Elle leva les yeux vers son maître qui, sans perdre de temps, peinait à tirer la corde. Ouarâ était trop lourde. Il dut la remettre dans sa périlleuse position. A ce moment sortit du gosier resserré de la lionne une longue et mince plainte, comme d'une poche qui se dégonfle : le maître avait disparu. Quand il revint, un couteau à la main, la lionne était immobile, les yeux fixés sur lui, des yeux immenses, résignés, exorbités. La gueule écumait. D'un coup, il trancha la corde et Ouarâ tomba comme un paquet. Pas pour longtemps. D'un bond, elle se dégageait et contournait la maison. A peine son maître venait-il de reposer le couteau sur la table qu'il sentit sur ses épaules deux énormes pattes qui l'étreignaient. Avant qu'il eût pu, de la voix et du geste, retenir l'agresseur, il était renversé, roulé sur le plancher... Et tout contre sa face, une face déjà grosse de lionne qui lui soufflait une haleine un peu acre. L'homme voulut se défendre, écarter la gueule, retenir les pattes. Mais la lionne était couchée sur lui et l'écrasait... L'angoisse l'anéantit... Elle fut de courte durée. De la gueule de Ouarâ ne sortaient pas des cris secs et durs comme ceux des lions qui menacent, mais des ronronnements sourds, profonds... Les babines ne se découvraient pas sur les crocs, mais laissaient passer une langue râpeuse qui léchait, léchait les mains en garde contre l'attaque, les coudes en parade, le front, les cheveux du maître... Les griffes rentrées, les pattes de Ouarâ embrassaient solidement la proie de sa bienveillance, de son amour, de sa reconnaissance. D'après André DEMAISON - Le Livre des Bêtes qu'on appelle sauvages. Grasset

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2. Réflexions sur la lecture. 1. Que faisait la lionne quand le chat passa ? Qu'arriva-t-il ? 2. Le chat se sauve. Que fait la lionne ? Pourquoi ? Dans quelle position se trouve-telle ? 3. Qui vient à son secours ? L'homme peut-il la remonter ? Lorsqu'il s'en va, comment se comporte la lionne ? 4. Comment la tire-t-il de cette situation ? Que lui arrive-t-il ? Essaie-t-il de se défendre? Qu'éprouve-t-il ? 5. Son angoisse dure-t-elle ? Pourquoi ? Que montrait Ouarâ ? 6. Que pensez-vous de la lionne ? Qu'avait-elle compris ? 7. Est-ce que les lionnes sont des animaux domestiques ? Quel âge avait celle-ci ? Aurait-elle pu rester longtemps encore à la maison ? Qu'est-ce que son maître aurait été obligé d'en faire ? 3. Réflexions sur la vie. 1. Est-il facile d'apprivoiser des animaux sauvages ? Lesquels peuvent vivre quand ils sont jeunes auprès des hommes ? Lion, panthère, gazelle, etc. Que leur arrive-t-il lorsqu'ils grandissent ? 2. Les animaux domestiques ont été sauvages. Qui les a domestiqués ? Quelles précautions faut-il prendre quand on veut apprivoiser des animaux sauvages ? Colliers, laisses, cages. 3. A quoi nous servent certains animaux sauvages ? A nous nourrir (gibier, poisson), à nous distraire (chasse, cirque). Tous sont-ils utiles ? 4. Les animaux prisonniers dans une cage ou un zoo peuvent-ils être heureux ? Pourquoi ? 5. On dit à quelqu'un qui ne comprend pas : « Que tu es bête ! » Qu'est-ce qui montre que les animaux ne sont pas aussi « bêtes » qu'on le dit, qu'ils ont une certaine forme d'intelligence ? 6. Comment vous comporter avec les animaux sauvages ? Prudence. Protéger ceux qui sont utiles, détruire les nuisibles sans les faire souffrir. Pourquoi ? 4. Actions et problèmes. 1. Votre petit frère, d'un coup de pierre, a blessé un crapaud. Que lui dites-vous ? 2. Des doryphores ravagent vos pommes de terre. « II ne faut pas tuer les bêtes », a dit quelqu'un. Qu'en pensez-vous ? 3. Vous avez capturé une taupe vivante, vous la traînez au bout d'une ficelle. Est-ce bien ? 4. Ayant pris un renard, un chasseur lui a mis un collier avec un grelot et l'a relâché. Que se passera-t-il ? Qu'en pensez-vous ? 5. Le petit André tue des sauterelles avec une baguette. Est-ce bien ? Il en prend une vivante et lui arrache les pattes. Que lui dites-vous ? 6. Votre papa a capturé un jeune lièvre. Que voudriez-vous en faire ? 5. Résolution. Les animaux sauvages peuvent être dangereux. Je ne les approcherai qu'avec prudence. Je détruirai les animaux nuisibles sans les faire souffrir.

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115. MORALE - C. M. LES DEVOIRS ENVERS LES OISEAUX 1. Lecture - La tourterelle. Un matin d'ouverture de la chasse, alors que depuis plusieurs heures des coups de feu éclataient sur le coteau, un oiseau gris, épuisé de fatigue, vint tomber sur un des arbustes du jardin. « C'est une tourterelle, dit mon père. Elle a dû être pourchassée et elle n'en peut plus. » Toute la journée elle resta là, tournant doucement la tête avec un roucoulement tendre, ne lustrant même pas ses ailes, tant elle était lasse. Mais le soir, quand maman jeta du grain pour les poules, elle descendit se poser sur le sol et se mit à picorer. Elle regagna ensuite son arbuste. Lorsque la nuit fut tout à fait venue, mon père réussit à l'atteindre et la prit dans ses mains ; elle battit un peu des ailes, ce fut toute sa résistance. On l'enferma pour la nuit, à cause des chats, sous une de ces cages grillagées qui servent à élever les poussins, et le lendemain mon père nous dit : « Maintenant qu'elle est bien reposée, reportez-la dans le bois, elle retrouvera son nid...» Je la roulai dans mon petit tablier et je partis avec l'une de mes sœurs. Après une demiheure de marche, dans un sentier du bois plein de rosée, l'endroit nous sembla favorable à la remise en liberté de notre tourterelle. Dégagée, posée sur une branche basse, elle y restait immobile, dodelinant de la tête. Enfin, elle s'envola et alla se percher un peu plus loin. Le soir de ce même jour, comme nous revenions d'une course au village voisin, mon père nous dit : « II est venu une visite pour vous... — Une visite ?... — Quelqu'un qui voulait savoir si vous étiez bien rentrées du bois ce matin... — La tourterelle !... » Elle était revenue se percher à la tombée du jour sur le cerisier ; de nouveau, elle avait picoré avec les poules, puis elle était remontée sur son arbre. Elle ne nous quitta plus, passant son temps aux environs immédiats de la maison, se nourrissant de graines éparses, animant le verger et le jardin de son doux vol gris et de son roucoulement. Le matin, nous la cherchions des yeux ; le soir, nous voulions voir où elle s'était perchée pour la nuit. Puis, un matin de gelée blanche, vers les premiers jours d'octobre, elle s'envola sans bruit, s'éloigna, disparut au-dessus de la colline. Pendant longtemps, des yeux et du cœur, nous l'avons cherchée et attendue, mais elle n'est pas revenue. Marie MARCILLAT - A l'écuelle du chat. L'Amitié par le Livre 2. Réflexions sur la lecture. 1. Pour quelles raisons cette tourterelle était-elle venue dans ce jardin ? Que fit-elle toute la journée ? Et le soir ? 2. Que fit le papa la nuit venue ? Que dit-il le lendemain ? Etes-vous d'accord avec lui?

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3. Problème moral. Aurait-on eu raison de garder cette tourterelle en cage ? Oui ? Pourquoi ? Elle aurait été bien traitée, bien nourrie. Non ? Pourquoi ? La cage est une prison et les tourterelles vivent normalement en liberté. Concluons : On a bien eu raison de ne pas la mettre en cage. 4. Que font les deux fillettes ? Quelle surprise leur est réservée ? Est-ce que cela fit plaisir aux enfants ? 5. Qu'arriva-t-il en octobre ? Combien de temps était-elle restée ? De l'ouverture de la chasse au mois d'octobre. 6. Qu'exprimé la dernière phrase ? Un peu de mélancolie. Les fillettes l'ont attendue « des yeux et du cœur ». Qu'est-ce que cela veut dire? 3. Réflexions sur la vie. 1. Pourquoi aimons-nous les oiseaux ? Plumage, grâce, chants, utilité. 2. Comment vivent la plupart des oiseaux ? En liberté. En connaissez-vous qui peuvent être dangereux ? Parmi les oiseaux sauvages, certains sont-ils utiles ? Les passereaux détruisent les insectes. 3. A quoi servent certains oiseaux sauvages ? Nourriture, distractions. 4. Pourquoi met-on des oiseaux en cage ? A-t-on raison ? Peut-on apprivoiser toutes les espèces d'oiseaux ? 5. Que font les oiseaux au printemps ? Que font certains enfants ? 6. Il est des oiseaux que nous pouvons tuer. Pourquoi ? Que faut-il éviter de faire ? 4. Actions et problèmes. 1. François a capturé un pinson. C'est un oiseau qui ne s'apprivoise pas. Que dites-vous à François ? 11 ne vous écoute pas. Qu'arrive-t-il ? 2. Pierre a attrapé un chardonneret. C'est un oiseau qui s'apprivoise. Il veut le mettre en cage. Que lui dites-vous ? 3. Il y a beaucoup de pies autour de votre village. Jacques va en dénicher. Est-ce bien ? Il essaie d'en apprivoiser une, et pour qu'elle ne s'envole pas, lui arrache les plumes des ailes Qu'en pensez-vous ? 4. Alors que, cherchant un nid, André plongeait sa main dans un arbre creux, il entendit un sifflement. Qu'est-ce que cela pouvait être ? 5. Emile se préparait à dénicher de petits merles lorsqu'il a vu arriver en piaillant le père et la mère. Si vous aviez été à la place d'Emile, qu'auriez-vous fait ? 5. Résolution. Beaucoup d'oiseaux sont utiles. D'autres sont jolis et chantent agréablement. Je ne dénicherai pas les oiseaux et je ne les ferai pas souffrir.

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116. MORALE - C. M. LES BEAUTÉS DE LA NATURE 1. Lecture - Le printemps. J'ouvris la fenêtre. Il était six heures du matin et mai commençait ; je compris que le printemps était venu. Il était arrivé d'un seul coup, pendant la nuit ; un petit vent avait rejeté les nuages là-haut, sur l'épaule des collines, et toute la terre était comme une peinture. Hier, la campagne était grisâtre et mouillée, sans autre vie que des bêtes et des gens qui passaient sous les averses comme des ombres.. Aujourd'hui, voilà que, dans ce cadre de la vieille fenêtre qui me verdit les doigts, je reçois tant de clarté et de fraîcheur que j'en suis ébloui et suffoqué. Un paradis brille devant moi. Une odeur fraîche me pénètre ; on dirait que je respire avec tout moi-même. Voici, tout près, la tête jaune et ronde d'un arbre énorme ; je ne connaissais pas encore l'érable et sa splendide floraison. Plus loin, une eau brille ; au-delà se trouve une prairie d'un vert doux comme le velours. Ça et là, on y a piqué des bouquets blancs. Et puis, partout, des oiseaux s'égosillent ; ils ont dû revenir d'un seul coup ; hier, à peine voyait-on quelques pierrots tomber obliquement des toits pour picorer le crottin de la route ; ce matin, dans l'éclatante lumière blanche, cela chante partout, même dans le ciel où on ne voit rien. Il y a des pit-pit-pit qui sortent des murs, des sifflets dans le verger, des roucoulements dans le bois ; je compterais bien vingt voix différentes, proches, lointaines, perçantes ou sourdes, dans cette fanfare de l'aube. J'allonge le cou ; là-bas, entre deux collines, c'est rouge comme un four. On dirait qu'une porte va s'ouvrir et laisser passer la lave d'un volcan. Et tout d'un coup, ma chambre s'illumine d'une lumière jaune : je vais voir le soleil ! Il va s'avancer sans doute vers nous, il s'élève ; le voilà qui domine la colline ; il pique mon nez et mes yeux : c'est le jour ! J'étais saisi. J'osais à peine bouger. J'étais pris d'une sorte de peur de déranger quelque chose dans le spectacle de ce théâtre splendide, et j'ouvrais des yeux immenses et fascinés. D'après Gabriel MAURIÈRE - Peau-de-Pêche. Librairie Gedalge 2. Réflexions sur la lecture. 1. Quelle heure était-il et que comprit ce petit garçon ? 2. Le printemps était-il arrivé lentement ? Qu'y avait-il eu pendant la nuit ? Comment était la campagne, la veille ? 3. Que crut-il voir tout à coup devant lui ? Un paradis. Quel est l'arbre qui l'étonné ? Que voit-il au-delà ? 4. Qu'entend-il partout ? Des chants d'oiseaux. Que voit-il enfin là-bas entre deux collines ? 5. Qu'éprouvé le petit garçon ? Pourquoi était-il « saisi » ? Pourquoi n'osait-il pas bouger ? 3. Réflexions sur la vie. 1. Avez-vous déjà fait attention à l'arrivée du printemps ? Est-ce toujours le 21 mars qu'on la remarque ? 2. Quels sont les signes de cette belle saison ? Comment s'aperçoit-on de sa venue ? Les gens sont plus vifs, plus gais. 237

3. En quelles saisons le changement du paysage est-il très marqué ? Quelles sont, à cet égard, les saisons que vous préférez ? 4. Vous est-il arrivé d'assister au lever et au coucher du soleil ? Qu'avez-vous éprouvé? 5. Après une longue marche montante, vous arrivez sur une colline d'où la vue est très belle. Qu'est-ce que vous admirez ? 6. Quelles fleurs printanières (narcisses, primevères, boutons d'or, violettes, etc.) préférez-vous ? 7. Quels paysages préférez-vous ? Mer, montagne, prairies, gorges sauvages, etc. 8. Qu'appelle-t-on, dans les villes, les espaces verts ? Pourquoi les a-t-on créés ? 4. Actions et problèmes. 1. Votre petit frère vous tire par la manche alors que vous vous êtes arrêté deux minutes pour admirer des pommiers en fleur. Que lui dites-vous ? 2. C'est le soir. Le soleil vient de se coucher. Dans une haie, un rossignol chante. Vous regardez, vous écoutez parce que c'est beau. Votre frère lance une pierre vers l'oiseau. Que lui dites-vous ? 3. Le train qui vous emmène en vacances débouche un matin sur la Côte d'Azur : forêts vertes, mer bleue, ciel lumineux, rochers rouges. Qu'éprouvez-vous ? Dans un coin, votre petite sœur lit un illustré. Que lui dites-vous ? 4. Votre frère vous propose de sortir pour voir la lune, le ciel étoile. Vous lisiez. Qu'allez-vous faire ou dire ? 5. Au cours d'une marche en montagne avec des camarades, vous vous arrêtez pour souffler un peu. Henriette s'est éloignée de quelques pas... elle écoute... Ce sont les clochettes d'un troupeau... Les avez-vous déjà écoutées ? 6. Vous est-il arrivé de regarder dans les rochers au bord d'une mer calme, lorsque l'eau est très claire ? 7. Nicole est restée une demi-heure, sur un rocher, à contempler la mer après le coucher du soleil. Pierre trouve cela étrange. Que lui dites-vous ? 8. Dans une clairière où pousse le muguet, des gens ont laissé des papiers, des boîtes de conserves. Que pensez-vous ? 5. Résolution. Les astres, le ciel, la mer, la montagne, les saisons nous offrent d'admirables spectacles. Il suffit de prendre le temps de les contempler.

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117. MORALE - C. M. LES BELLES CHOSES 1. Lecture - L'art. Avez-vous déjà remarqué qu'il y a une foule de choses que les hommes font, qu'ils aiment, qu'ils admirent et qui pourtant ne servent à rien du tout ? A quoi sert la broderie sur un vêtement ? Elle prend beaucoup de temps et ne rend le vêtement ni plus chaud ni plus commode. A quoi servent les fleurs peintes sur les assiettes que vos parents réservent pour les jours de fête ? L'assiette n'est pas plus solide, A quoi bon ces moulures profondes, ces panneaux travaillés en plein bois qui ornent tant de vieilles armoires dans nos fermes ? Ou encore ces vaisseliers du bon vieux temps, avec leurs élégantes balustrades travaillées au tour, où s'étalent aux regards les plus belles faïences de la famille ? Une armoire n'est-elle pas aussi solide et ne ferme-t-elle pas aussi bien quand elle est faite de planches unies ? Les assiettes, les verres, les couverts ne sont-ils pas aussi bien serrés dans un simple buffet de bois blanc, sans balustrade ni ornement ?... Ceux d'entre vous qui sont allés à la ville connaissent la vieille cathédrale, cette belle grande église dont les pierres noircies par le temps sont chargées d'ornements, de sculptures, de statues. A quoi bon ces sculptures, ces statues ? Quatre murs et un bon toit auraient aussi bien fait l'affaire. « C'est vrai, me direz-vous, tout cela ne donne point de profit. Mais ce n'est pourtant pas non plus de la peine perdue. C'est très joli un vêtement brodé. L'assiette peinte est plus agréable à voir que l'assiette toute blanche. Un beau meuble sculpté réjouit les yeux : il donne à la plus humble demeure comme un air de fête. Quant à notre vieille cathédrale, nous ne la donnerions pas pour tout l'argent qu'elle a coûté, tant c'est une chose belle, qui fait honneur à notre ville, au point qu'il vient des gens de très loin pour l'admirer. » II y a des choses qui ne servent à rien, du moins à rien qu'on ne puisse voir ni toucher, et qui sont pourtant plus précieuses que les plus précieux trésors. Eh bien, ces choses : les broderies, les beaux meubles, les peintures, les statues, les pierres sculptées, et bien d'autres encore, c'est là ce qu'on appelle l'Art. L'art, c'est tout ce qui ne sert à rien qu'à être gracieux, ou beau, ou admirable. L'art nous donne une joie que lui seul peut nous donner, cette joie qui émeut notre cœur quand nous sommes en face d'une belle chose. Cette émotion, qui de nous ne l'a, une fois ou l'autre, ressentie devant quelqu'un des grands spectacles de la nature, devant la mer infinie, devant la sauvage majesté des montagnes, ou simplement en présence d'un soir d'été frais et radieux ? ...Ce sont là les beautés de la nature ; elles ne doivent rien à l'homme. Mais l'homme ne s'est pas contenté d'admirer la nature, il l'a imitée. Il a voulu faire, lui aussi, de belles choses, à l'image de celles qu'il voyait autour de lui : il a créé des œuvres qui forment comme un autre monde de beautés, « aussi admirable que celui de la nature », il a créé le monde de l'art. E. PÉCAUD et C. BAUDE - L'Art. Larousse

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2. Réflexions sur la lecture. 1. On voit sur un vêtement, sur une assiette, sur des meubles, des choses qui sont belles et ne servent à rien. Lesquelles ? 2. Que pensez-vous de ce que l'auteur dit de la cathédrale ? Les églises que l'on construit aujourd'hui ont-elles autant de sculptures, de statues? Et ne les trouve-t-on pas belles cependant ? 3. Quand dit-on qu'une chose est belle ? Quand elle nous donne une joie, une émotion, quand on l'admire. 4. Quelle est la différence entre les beautés de la nature et les beautés de l'art ? 3. Réflexions sur la vie. 1. Connaissez-vous de « belles choses » dont il n'est pas question dans ce texte ? Châteaux, jardins. 2. Où sont conservées les belles choses ? Dans les musées. Quels musées connaissezvous ? 3. Celui qui achète quelque chose doit-il ne penser qu'à l'utilité ? Oui ? Pourquoi ? C'est l'essentiel. Les ornements coûtent cher. Non ? Pourquoi ? L'homme digne de ce nom est sensible à la beauté. Concluons : il faut s'efforcer d'ajouter la beauté à l'utilité. 4. A quoi reconnaît-on que ce que l'on voit ou entend est beau ? A l'émotion que l'on ressent. Devant quelles œuvres d'art avez-vous ressenti cette émotion ? Peinture, sculpture, architecture, musique, poésie, danse. 5. Souvent des monuments ont été détériorés au cours des siècles. Il arrive aussi que des visiteurs écrivent leur nom sur un monument. Qu'en pensez-vous ? 6. Des monuments, immeubles modernes, ont aussi leur beauté. Les connaissezvous ? Trouve-t-on toujours les choses belles la première fois qu'on les voit ou qu'on les entend ? 4. Actions et problèmes. 1. Quelles gravures choisiriez-vous pour décorer la classe ? Noir ou couleur ? Paysages ou personnages ? Natures mortes ou fleurs ? 2. Que trouvez-vous de beau et de laid dans votre classe, votre maison, votre village ? 3. La coopérative se propose d'acheter des reproductions d'œuvres artistiques. Dites ce que vous proposez en peinture et en musique. 4. Avez-vous assisté à un concert ? Avez-vous visité un musée ? Qu'est-ce qui vous a plu ? 5. Vous êtes passé cent fois devant cette vieille fontaine sans la regarder. Des touristes l'ont admirée et photographiée. A votre tour, vous la découvrez. Que pensez-vous ? 5. Résolution. Nous trouvons belles certaines choses qui font naître en nous une émotion artistique et nous les admirons. Je m'efforcerai de connaître de beaux tableaux, de beaux monuments, d'écouter de beaux disques.

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118. MORALE - C. M. LA PATRIE 1. Lecture - Les regrets du pays natal. (Un Français, Jean Peyral, vit à l'étranger et pense à son village natal.) Quand Jean était assis, à la tombée de la nuit, devant sa porte, sa pensée s'en allait au loin. Ce trajet à vol d'oiseau, que ses yeux faisaient chaque jour sur les grandes cartes géographiques pendues au mur, il le parcourait souvent en esprit, le soir surtout. Traverser d'abord ce grand désert sombre qui commençait là... Et puis franchir la Méditerranée, arriver aux côtes de France, remonter la vallée du Rhône et parvenir enfin à ce point que la carte marquait de petites hachures noires, et que lui se représentait en hautes cimes bleuâtres dans les nuages : les Cévennes. Des montagnes ! Il y avait si longtemps que ses yeux étaient faits aux solitudes plates ! Et des forêts ! Les grands bois de châtaigniers de son pays, humides et pleins d'ombre — où couraient de vrais ruisseaux d'eau vive, entre des tapis de fraîche mousse et d'herbe fine !... Il lui semblait qu'il aurait éprouvé un soulagement rien qu'en voyant un peu de terre humide et moussue, au lieu de toujours ce sable aride, promené par le vent du désert. Et son cher village, dont il imaginait d'abord de haut — comme en planant — la vieille église, la cloche sonnant l'angélus, et sa chaumière auprès ! Tout cela bleuâtre et dans la vapeur, par un soir de décembre bien froid, avec un pâle rayon de lune glissant dessus... Que faisaient-ils, ses pauvres vieux parents, à cette heure où il pensait à eux ? Assis au coin du feu, sans doute, devant la grande cheminée où flambaient gaiement des branches ramassées dans la forêt. Il revoyait là tous les objets familiers de son enfance, la petite lampe des veillées d'hiver, les vieux meubles, le chat endormi sur un escabeau. Et, au milieu de toutes ces choses amies, il cherchait à placer les hôtes bien-aimés de la chaumière. D'après Pierre LOTI - Le Roman d'un Spahi. Calmann-Lévy 2. Réflexions sur la lecture. 1. Où pensez-vous que pouvait vivre ce Français ? A quoi pensait-il à la tombée de la nuit ? 2. Sur quoi se fixaient ses yeux chaque jour ? Que faisait-il, le soir, en esprit ? 3. Que fallait-il d'abord traverser ? Et puis ? Quel était son pays natal ? 4. Que revoyait-il dans sa pensée ? Comment imaginait-il son village ? Et ses parents ? 5. Ce Français était-il heureux de vivre à l'étranger ? Qu'éprouvait-il chaque jour ? Tristesse, mélancolie. 6. S'il avait été plus libre, qu'aurait-il fait sans doute ? 3. Réflexions sur la vie. 1. Qui, parmi vous, a quitté pour un ou deux mois son village natal ? Qu'avez-vous éprouvé loin de chez vous ? Et au retour ? 2. Qui, parmi vous, n'habite pas aujourd'hui dans son village natal ? Y pensez-vous quelquefois ? Seriez-vous heureux d'y revenir ?

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3. Avez-vous séjourné, un mois environ, hors de France ? En quel pays ? Qu'avez-vous éprouvé ? 4. Pourquoi pense-t-on avec mélancolie au village natal ? Parce qu'on y a été heureux, on y a joué, grandi, laissé des parents ou des camarades. 5. Que regrette-t-on surtout ? Le cadre où l'on a vécu, la maison et les parents, le paysage, les jeux. 6. Eprouve-t-on toujours des regrets du village où l'on est né ? Dans quel cas, rare, eston heureux de l'avoir quitté ? Lorsqu'on y a été malheureux. 7. Qu'est-ce que la patrie ? Le grand pays où nous sommes nés et où nous avons vécu, c'est-à-dire sa terre, ses habitants, ses lois, sa langue et son histoire. Quelle est votre patrie ? Et celle d'un Espagnol, d'un Anglais ? 8. Qu'est-ce que la petite patrie ? Le village natal ou la région qui l'entoure. Qu'est-ce que 1' « esprit de clocher » ? 4. Actions et problèmes. 1. Vos parents ont changé de ville. Tout vous est étranger : l'école, les camarades, les manières de travailler. Qu'éprouvez-vous ? A quels moments ? 2. Un nouvel élève, venant d'un village éloigné de 200 km, vient d'arriver à l'école. Il est triste. Pourquoi ? Que faites-vous pour lui ? 3. Vos parents vous ont envoyé passer un mois en Angleterre ou en Espagne avec votre grande sœur. Qu'avez-vous éprouvé ? 4. Un petit étranger qui ne parle pas français vient d'arriver dans votre école. Pourquoi est-il triste ? Que pouvez-vous faire pour lui ? 5. Vous connaissez votre village, ses rues, ses monuments. Que pourriez-vous étudier de plus près encore ? Son histoire. 6. Des groupes de touristes étrangers visitent votre village. Francis les accueille par des coups de sifflet. Que lui dites-vous ? 7. En voyage à l'étranger, vous avez rencontré des Français. Qu'avez-vous ressenti ? 5. Résolution. Notre petite patrie, c'est le village où nous sommes nés et la région qui l'entoure. Elle a été le cadre de notre enfance. Je penserai souvent à mon pays natal.

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119. MORALE - C. M LA PATRIE 1. Lecture - La patrie en danger. (En 1792, la France est envahie par les armées autrichiennes et prussiennes. L'Assemblée législative déclare la patrie en danger.) Le dimanche 22 juillet, à six heures du matin, les canons placés au Pont-Neuf commencèrent à tirer, et continuèrent d'heure en heure, jusqu'à sept heures du soir. Un canon de l'Arsenal répondait et faisait écho. Toute la garde nationale, réunie sous ses drapeaux, s'assembla autour de l'Hôtel de Ville; et l'on y organisa les deux cortèges qui devaient porter dans Paris la proclamation. Chacun avait en tête un détachement de cavalerie et, derrière, un garde national à cheval portant une longue bannière tricolore, où étaient ces mots : « Citoyens, la patrie est en danger. » La proclamation se fit sur les places et sur les ponts. A chaque halte, on commandait le silence en agitant des banderoles tricolores et par un roulement de tambours. Un officier municipal s'avançait, et, d'une voix grave, disait : « La patrie est en danger. » Cette solennité était comme la voix de la nation, son appel à elle-même. A elle, maintenant, de voir ce qu'elle avait à faire, ce qu'elle avait dans le cœur de dévouement et de sacrifice, de voir qui voulait combattre, qui voulait sauver la France. Des amphithéâtres avaient été dressés sur toutes les grandes places, pour recevoir les enrôlements... La musique était au centre, et faisait entendre des hymnes guerriers et patriotiques. La foule se précipitait. Tous voulaient arriver ensemble et être inscrits. On les contenait, on les écartait, pour régler l'inscription ; quelques-uns seulement passaient, qui gravissaient, impatients, les escaliers, se pressaient aux balustrades ; à mesure, d'autres venaient, les inscrits redescendaient, et allaient gaiement s'asseoir dans le grand cercle de la place, chantant avec la musique, et caressant les canons... Tout était mêlé ici ; il n'y avait ni haut ni bas, ni inférieurs ni supérieurs ; c'étaient des hommes, voilà tout, c'était la France entière qui se précipitait aux combats. Il en venait de tout petits, qui tâchaient de prouver qu'ils avaient seize ans, et qu'ils avaient droit de partir. L'assemblée, par grâce, avait abaissé jusqu'à cet âge la faculté de s'enrôler. Il y avait des hommes mûrs, des hommes déjà grisonnants, qui ne voulaient pour rien au monde laisser une belle occasion, et plus lestes que les jeunes, partaient devant pour la frontière... Personne ne voyait ces choses sans émotion. La jeune audace de ces enfants, le dévouement de ces hommes qui laissaient là tout, sacrifiaient tout, tiraient les larmes des yeux. Les partants chantaient et dansaient. Ils disaient à la foule émue : « Chantez donc aussi, vous autres ! Criez : « Vive la « Nation ! » D'après MICHELET - Histoire de la Révolution française.

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2. Réflexions sur la lecture. 1. En quelle année la Patrie fut-elle décrétée en danger? Pourquoi? 2. Pourquoi tiraient les canons ? Que fit la garde nationale ? Pourquoi des cortèges s'organisaient-ils ? Que répétait-on ? 3. Problème moral. Les Français devaient-ils partir pour le combat ? Non ? Pourquoi ? Toute guerre est meurtrière. On y risque sa vie. Oui ? Pourquoi ? La Patrie, la France était en danger. Si l'ennemi était vainqueur, le sol, les libertés seraient perdus. C'est pour défendre la liberté de chacun et l'existence même du pays que chacun doit faire son devoir. Concluons : II faut défendre la Patrie lorsqu'elle est attaquée. 4. Comment les Français répondaient ? Y avait-il des différences entre tous ceux qui voulaient s'inscrire ? 5. Quel âge avaient-ils ? Tous les âges. Qu'éprouvaient les gens qui assistaient à ce grand élan de patriotisme ? 3. Réflexions sur la vie. 1. Qu'est-ce que la Patrie ? Terre de nos pères, le sol où nous vivons, limité par des frontières, habité par des compatriotes soumis aux mêmes lois, ayant la même histoire et le désir de vivre ensemble. 2. Quand nous ne sommes plus dans notre patrie, où sommes-nous ? La plupart des Français sont-ils plus heureux à l'étranger qu'en France ? 3. Que nous apprend la géographie sur notre Patrie ? Ses limites, la diversité de ses régions. 4. Que nous enseigne l'histoire ? La formation progressive de la patrie, l'union des provinces, le patriotisme, la Résistance, etc. 5. Qu'appelle-t-on l'amour de la Patrie, le sentiment patriotique, le patriotisme ? C'est ce que l'on éprouve lorsque quelqu'un dit du mal de notre patrie, lorsqu'elle est menacée ou attaquée. 6. Comment se manifeste encore le patriotisme ? Dans le respect des lois, le civisme, le souci de la justice. 7. Qu'appelle-t-on chauvinisme ? Un patriotisme orgueilleux, injuste, qui conduit à placer sa patrie au-dessus de toutes les autres dans tous les cas. 8. Comment pouvez-vous montrer que vous aimez la France ? En étudiant sa géographie et son histoire, en saluant son drapeau, etc. 4. Actions et problèmes. 1. Un orchestre joue « La Marseillaise » à la distribution des prix. Vous étiez en train de discuter. Que faites-vous ? 2. Une délégation d'enfants se rend au monument aux Morts. Votre petit frère vous demande comment il devra se tenir. Que lui dites-vous ? 3. Un petit étranger est votre camarade de classe. Vous lui expliquez rapidement les fêtes patriotiques françaises : 14 juillet, 11 novembre... 4. « Les Français ne sont pas toujours les premiers », vous dit Jacques. Que lui répondez-vous ? 5. Résolution. La France est la Patrie des Français. Chaque homme doit aimer sa Patrie et respecter les autres. J'aimerai la France et je m'appliquerai à la connaître.

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120. MORALE - C. M. LA PATRIE 1. Lecture - La dernière classe. (L'histoire se passe en Alsace, après la guerre de 1870-1871.) Ce matin-là, j'étais en retard pour aller à l'école, et j'avais grand-peur d'être grondé, d'autant que M. Hamel nous avait dit qu'il nous interrogerait sur les participes, et je n'en savais pas le premier mot... J'entrai tout essoufflé, j'enjambai le banc, et je m'assis tout de suite à mon pupitre. Alors, seulement, un peu remis de ma frayeur, je remarquai que notre maître avait sa belle redingote verte... Du reste, toute la classe avait quelque chose d'extraordinaire et de solennel. Mais ce qui me surprit le plus, ce fut de voir au fond de la salle, sur les bancs qui restaient vides d'habitude, les gens du village assis et silencieux comme nous... Pendant que je m'étonnais de tout cela, M. Hamel était monté dans la chaire et, d'une voix douce et grave, il nous dit : « Mes enfants, c'est la dernière fois que je vous fais la classe. L'ordre est venu de Berlin de ne plus enseigner que l'allemand dans les écoles de l'Alsace et de la Lorraine... Le nouveau maître arrive demain. Aujourd'hui, c'est votre dernière leçon de français. Je vous prie d'être bien attentifs. » Ces paroles me bouleversèrent. Ma dernière leçon de français ! Et moi qui savais à peine écrire ! Je n'apprendrais donc jamais ! Il faudrait donc en rester là ! C'est comme M. Hamel. L'idée qu'il fallait partir, que je ne le verrais plus, me faisait oublier les punitions... Pauvre homme ! C'est en l'honneur de cette dernière classe qu'il avait mis ses beaux habits du dimanche ; et, maintenant, je comprenais pourquoi ces vieux du village étaient venus s'asseoir au bout de la salle. C'était, aussi, comme une façon de remercier notre maître de ses quarante ans de bons services, et de rendre leurs devoirs à la patrie qui s'en allait. J'en étais là dans mes réflexions quand j'entendis appeler mon nom. C'était mon tour de réciter. Que n'aurais-je pas donné pour pouvoir dire tout au long cette fameuse règle des participes, bien haut, bien clair, sans une faute ! Mais je m'embrouillai aux premiers mots, et je restai debout à me balancer dans mon banc, le cœur gros, sans oser lever la tête. J'entendais M. Hamel qui me parlait : « Je ne te gronderai pas, mon petit Frantz ; tu dois être assez puni. Voilà ce que c'est. Tous les jours on se dit : « Bah ! j'ai bien le temps ; « j'apprendrai demain. » Et puis, tu vois ce qui arrive... Maintenant, ces gens-là sont en droit de nous dire : « Comment ! vous prétendiez être Français, et « vous ne savez ni parler ni écrire votre langue !» On passa à l'écriture. Pour ce jour-là, M. Hamel nous avait préparé des exemples tout neufs, sur lesquels était écrit en belle ronde : France, Alsace, France, Alsace. Il fallait voir comme chacun s'appliquait, et quel silence ! De temps en temps, quand je levais les yeux de dessus ma page, je voyais M. Hamel immobile dans sa chaire et fixant les objets autour de lui, comme s'il avait voulu emporter dans son regard toute sa petite maison d'école. Pensez ! Depuis quarante ans il était là à la même place, avec sa cour en face de lui et sa classe toute pareille. Quel crève-cœur ça devait être pour ce pauvre homme de quitter toutes ces choses, car il devait partir demain, s'en aller du pays pour toujours !... Tout à coup, l'horloge sonna midi... M. Hamel se leva, tout pâle, dans sa chaire. Jamais il ne m'avait paru si grand. « Mes amis, dit-il, mes amis... » Mais quelque chose l'étouffait. Il ne pouvait pas achever sa phrase.

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Alors il se tourna vers le tableau, prit un morceau de craie, et, en appuyant de toutes ses forces, il écrivit aussi gros qu'il put : « Vive la France ! » Puis il resta là, la tête appuyée au mur, et, sans parler, avec sa main il nous faisait signe : « C'est fini... allez-vous-en... » D'après Alphonse DAUDET - Contes du Lundi. Fasquelle 2. Réflexions sur la lecture. 1. Que s'est-il passé dans les écoles d'Alsace et de Lorraine après la guerre de 187018/71 ? Pourquoi cet élève avait-il peur d'être grondé? 2. Que remarqua-t-il en arrivant dans la classe ? La tenue du maître, les gens du village. 3. Qu'annonça le maître ? Qu'éprouva l'enfant ? 4. Que regretta-t-il ? Comment lui apparut son maître ? Que comprit-il ? 5. Pourquoi les vieux du village étaient présents ? 6. Qu'arriva-t-il alors au petit Frantz ? Que lui dit le maître ? 7. Qu'est-ce que les Allemands allaient être en droit de lui dire ? 8. A quoi pensait le maître pendant que les enfants écrivaient ? Que devait-il faire le lendemain ? Comment se termina cette classe ? 3. Réflexions sur la vie. 1. Quand s'aperçoit-on surtout qu'on est étroitement attaché à sa patrie ? 2. Essayez d'imaginer ce que vous éprouveriez si, aujourd'hui même, on vous disait : « Vous êtes chassés de votre patrie, allez chercher ailleurs une terre à habiter ou à cultiver ! » Que regretteriez-vous ? 3. Que faut-il pour éviter que notre pays soit envahi et que nous soyons réduits en esclavage ? Que notre patrie soit forte, que ses habitants l'aiment et la défendent. Ceci suppose quels devoirs ? Service militaire, impôts, travail... 4. Comment montrer que vous aimez votre patrie ? En étudiant sa langue, son histoire, en pensant à être un bon Français. 4. Actions et problèmes. 1. « C'est difficile et il y a si longtemps », vous dit votre petite sœur qui étudie l'histoire de France. Que lui dites-vous ? 2. La France a remporté dans un sport une victoire internationale. « Nous sommes les plus forts », dit Henri. Que lui répondez-vous ? 3. Recherchez les noms de quelques savants ou champions français. Connaissezvous aussi les noms de quelques savants ou champions étrangers ? 4. Recherchez les noms de quelques Français qui, au cours de l'histoire, ont contribué à la grandeur de notre Patrie. Mais quels sont les inconnus qui y ont aidé ? Paysans, ouvriers, commerçants, écrivains, artistes, etc. 5. Résolution. La France est le résultat d'un long passé d'efforts et de souffrances. J'aimerai mon pays, je m'efforcerai de le bien servir.

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121. MORALE - C. M. LA PATRIE 1. Lecture - L'appel de la Patrie. (L'auteur était, en 1914, agriculteur au Canada. Il vient d'apprendre que la France va être attaquée.) Un journal, vieux déjà de plusieurs jours, parlait d'une guerre imminente. Je me rappelai alors que j'étais Français, je m'épelai pour moi-même ce mot de Français, m'étonnant de lui trouver tant de sens nouveaux. Je parlais anglais... Pourtant j'étais Français ! J'habitais, au milieu d'une forêt, une chaumière construite de mes mains en troncs d'arbres équarris, et dont le toit était fait d'un foin grossier ; pourtant, j'étais né en France, dans une grande maison de province ! Je portais un large chapeau de feutre, une chemise de toile kaki, avec un mouchoir rouge autour du cou, de hautes bottes lacées ; pourtant, onze ans auparavant, j'avais été soldat. A côté de moi luisait le cuir de ma selle, à pomme d'acier, à étriers de bois. Mais il était vrai que j'avais été fantassin français !... Le 2 août, naturellement, mon. exaltation était à point. Il y avait deux ou trois jours déjà que j'avais pris une décision imprévoyante et folle. Ce que je pouvais avoir à moi, je ne m'inquiétais nullement de le sauvegarder. Mon père m'avait imprégné l'esprit des mots sacrés : Honneur et Patrie ! Après onze années d'exil, de labeurs, de luttes sur une terre étrangère, au milieu d'une nature hostile, ces mots que je croyais oubliés surgirent du fond de ma mémoire, et m'imposèrent leur présence. Deux jours après, je pris place à bord du train qui devait franchir la moitié d'un continent pour m'amener au port le plus rapproché d'où je m'embarquerais pour la France. D'après Maurice CONSTANTIN-WEYER - Manitoba. Rieder 2. Réflexions sur la lecture. 1. Où vivait ce Français ? Qu'éprouva-t-il lorsqu'il apprit que la France allait être attaquée ? 2. Qu'est-ce qui aurait pu lui faire oublier qu'il était Français ? Il parlait anglais... Le pays, les vêtements, les outils. 3. Qu'opposa-t-il à tout ce qui était sa vie ? Son pays natal, le service militaire. 4. Qu'arriva-t-il le 2 août 1914 ? Quelle décision avait-il déjà prise ? Pourquoi la jugeait-il « imprévoyante et folle » ? 5. Problème moral. Devait-il partir pour défendre la France ? Non ? Pourquoi ? Il y avait longtemps qu'il l'avait quittée. Toute sa vie se passait au Canada. Il risquait d'être tué dans une guerre. Oui ? Pourquoi ? Il était Français et la France était en danger. Au-dessus de ses intérêts il y avait son devoir de Français. Que lui avait appris son père ? Concluons : Même s'il vit à l'étranger un Français doit vouloir défendre son pays. 6. Que pensez-vous de ce Français ? Est-ce que tous auraient agi comme lui ?

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3. Réflexions sur la vie. 1. Quels devoirs comporte le patriotisme ? Contribuer à la grandeur du pays, obéir à ses lois, le défendre lorsqu'il est attaqué. 2. Pourquoi faut-il remplir ces devoirs ? Nous sommes solidaires de tout ce qui est français : écoles, langue, liberté, etc. Il faut donc maintenir, améliorer et transmettre l'héritage aux générations futures. 3. Comment se préparer à ces devoirs ? En aimant notre pays, en travaillant à sa grandeur, en le défendant s'il est attaqué. 4. En 1940, la France a été envahie. Comment s'est-elle libérée ? Résistance. 5. En quelles circonstances historiques la Patrie fut-elle en danger ? Comment fut-elle sauvée ? 6. Comment, en temps de paix, contribuer à la grandeur de la France ? Lui donner son travail, combattre la misère, l'injustice, l'alcoolisme, etc. 4. Actions et problèmes. 1. « Si mon village est attaqué, je prendrai un fusil, dit Pierre, et, de la fenêtre de la maison, je tirerai sur les ennemis. » Est-ce ainsi qu'il pourra défendre son pays ? 2. « Je n'aime pas me battre », dit Jacques... « Si la France était attaquée que ferais-tu ? » lui demandez-vous. 3. « Vive la France ! » entend-on souvent crier. Que pouvez-vous faire à l'école pour atteindre ce but ? 4. Quels sont les emblèmes de la France ? Comment se comporter, au cours d'une cérémonie officielle, devant le drapeau ou lorsqu'on entend « La Marseillaise » ? 5. Conclusion. Appel du général de Gaulle, le 18 juin 1940 (extraits à lire) : « La France a perdu une bataille ! Mais la France n'a pas perdu la guerre !... Rien n'est perdu... Dans l'univers libre, des forces immenses n'ont pas encore donné. Un jour, ces forces écraseront l'ennemi. H faut que la France, ce jour-là, soit présente à la victoire. Alors elle retrouvera sa liberté et sa grandeur... Voilà pourquoi je convie tous les Français, où qu'ils se trouvent, à s'unir à moi dans l'action, dans le sacrifice et dans l'espérance. Notre Patrie est en péril de mort. Luttons pour la sauver ! Vive la France ! »

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122 . MORALE - C. M. L'APPEL DES HÉROS 1. Entretien. 1. Qui était Jeanne d'Arc ? En quel siècle vivait-elle ? Où était-elle née ? Qui occupait une partie de la France à cette époque ? 2. Que crut-elle entendre ? Où alla-t-elle ? Que lui donna le roi ? 3. Au siège de quelle ville se montra-t-elle courageuse ? Où mena-t-elle le roi ensuite ? 4. Que voulait-elle ? Que lui arriva-t-il à Compiègne ? De quoi fut-elle accusée ? A quoi fut-elle condamnée ? 2. Lecture - La mort de Jeanne d'Arc. Quand elle se trouva en bas de la place, entre les Anglais qui portaient la main sur elle, la nature pâlit et la chair se troubla. Elle cria de nouveau : « O, Rouen, tu seras donc ma dernière demeure !... » Elle n'en dit pas plus, dans ce moment d'effroi et de trouble. Elle n'accusa ni son roi ni ses saintes. Mais parvenue au haut du bûcher, voyant cette grande ville, cette foule immobile et silencieuse, elle ne put s'empêcher de dire : « Ah ! Rouen, Rouen, j'ai grand-peur que tu n'aies à souffrir de ma mort ! » Celle qui avait sauvé le peuple, et que le peuple abandonnait, n'exprima en mourant que de la compassion pour lui... Elle fut liée... Le bourreau mit le feu... Elle le vit d'en haut et poussa un cri... Puis, comme le religieux qui l'exhortait ne faisait pas attention à la flamme, elle eut peur pour lui, s'oubliant elle-même, et elle le fit descendre. ... Cependant la flamme montait... Au moment où elle la toucha, la malheureuse frémit... Mais, se relevant aussitôt, elle ne nomma plus que ses anges et ses, saints. Elle leur rendit témoignage : « Oui, mes voix ne m'ont pas trompée. » Enfin, laissant tomber sa tête, elle poussa un grand cri. Dix mille hommes pleuraient... Quelques Anglais seuls tâchaient de rire. Un d'eux, des plus furieux, avait juré de mettre un fagot au bûcher ; elle expirait au moment où il le mit, il se trouva mal ; ses camarades le menèrent à une taverne pour le faire boire et reprendre ses esprits, mais il ne pouvait se remettre. « J'ai vu, disait-il, hors de lui-même, j'ai vu de sa bouche, avec le dernier soupir, s'envoler une colombe... » Un secrétaire du roi d'Angleterre disait tout haut en revenant : « Nous sommes perdus, nous avons brûlé une sainte ! » D'après MICHELET - Jeanne d'Arc. 3. Réflexions sur la lecture. Le caractère émouvant du récit dispense d'un long commentaire. 1. Qu'est-ce qu'un héros, une héroïne? Celui ou celle que l'on admire pour son courage, sa bonté, sa charité. 2. En quoi Jeanne d'Arc est-elle une héroïne ? Jeune fille, elle décida de sauver la Patrie. Elle redonna au roi et à ses soldats la volonté de vaincre. 3. Comment est-elle morte ? Elle a donné, avec courage et simplicité, sa vie pour la France.

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4. Réflexions sur la vie. 1. 11 n'y a qu'une Jeanne d'Arc. Mais n'y a-t-il pas en France d'autres héros ? Pouvezvous en citer quelques-uns ? 2. Y a-t-il des héros dont le nom n'est pas connu ? Oui, tous ceux qui font délibérément le sacrifice de leur vie pour leur famille, leur métier, leur patrie, les autres hommes. 3. Qu'est-ce que se sacrifier ? C'est se dévouer entièrement, donner son temps, ses forces, sa vie, etc. 4. Des sacrifices, des actes héroïques sont brefs, ne durent qu'un instant. D'autres se prolongent toute une vie (soins, travail, etc.). Ils sont obscurs, peu connus, moins éclatants mais aussi admirables. 5. Actions et problèmes. 1. Lire et retenir la vie de quelques héros. 2. Conserver leur souvenir afin que, si les circonstances l'exigent, nous puissions nous inspirer de leur exemple. 3. La vie de chaque jour, si nous voulons la remplir, ne fera peut-être pas de nous des héros mais exigera que nous fassions des sacrifices, 6. Résolution. Jeanne d'Arc a donné, courageusement et simplement, sa vie pour sauver sa patrie. Je n'oublierai pas son sacrifice.

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123 . MORALE - C. M. L'APPEL DES HÉROS 1. Lecture - L'héroïsme du radiologue. (Un docteur es sciences, Barit, a trouvé un emploi dans une pharmacie. Mme Curie lui propose de devenir le collaborateur d'un savant : Grandier.) Elle le regarde dans les yeux tout droit : « Vous n'êtes pas un homme peureux, n'est-ce pas ? — Je crois que j'ai cessé de l'être. — Voulez-vous devenir le collaborateur de Grandier ? Vous connaissez le risque ?... — Je sais, on parle beaucoup de cette radiodermite qui, lorsqu'on s'expose trop longtemps aux rayons, désagrège les tissus... L'adresse de Grandier ? — La voici. » Grandier le prit tout de suite. Dix-huit heures par jour — quand il ne couchait pas sur place — il se donna à sa nouvelle tâche... Il était redevenu gai. Même quand il arrivait rompu, accablé de sommeil et de fatigue, il n'apparaissait plus courbé, vieux avant l'âge ; son regard n'était plus vide mais animé, dansant... Un soir, alors que sa femme lui versait sa soupe et que sa main saisissait la cuiller, elle vit une rougeur à la base d'un de ses doigts : « Tu t'es brûlé? — Non, ce n'est rien, Grandier a la même chose : les rayons... — Pourtant, tu mets tes gants plombés ? — On n'en a pas toujours le temps, et puis ce n'est pas commode de manipuler des choses délicates, de tourner des petites vis de réglage quand on a la main emprisonnée... Mais ce n'est rien... » Un mois plus tard, alors qu'un matin il se lavait, le torse nu, et qu'elle lui apportait un pot d'eau chaude, elle vit, sur son avant-bras droit, une tache rouge, dont les pourtours se creusaient déjà. « Tu as vu ? — Oui. — Reste, il faut te soigner... — Pas le temps. Grandier m'attend. — Il serait le premier à te dire de prendre du repos. Ce qu'il faudrait, ce serait que tu demeures quelque temps éloigné des appareils. — Oui, et que ferait-il sans moi ? — Il y a un an il ne t'avait pas ! — A ce moment-là il ne comptait pas sur moi. Nous sommes en pleins calculs, au beau milieu de nos expériences, si je le lâche, tout sera à recommencer. » Elle s'inquiétait, le suppliait de rester. « Voyons, dit-il, sois raisonnable ! » Trois mois plus tard, on lui coupait la main. Cinq mois ne s'étaient pas écoulés qu'on l'amputait de l'avant4>ras... Dix-sept jours après, la manche vide..., il était de retour auprès de son maître. Il ne pouvait l'abandonner : qui eût continué la tâche pendant que le patron, à son tour, passait par la clinique pour y laisser trois doigts de sa main droite et quatre de la gauche?

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Et maintenant le mal faisait son chemin, c'était à l'abdomen, aux cuisses, à un pied même. Un jour il ne put se lever... Cette agonie dura longtemps, interminablement ; elle fut faite d'amputations successives, de chairs encore vivantes coupées au scalpel. Il résistait, car il avait retrouvé sa vigueur, même averti de sa mort prochaine, il avait redonné un sens à une vie qu'il n'avait plus de raison de quitter... D'après Paul VIALAR - La Mort est un commencement. Doinat 2. Réflexions sur la lecture. 1. Qui était Mme Curie et que dit-elle à Barit ? Qu'est-ce qu'un radiologue ? Un docteur es sciences ? De quel risque s'agit-il ? 2. Quel problème se pose à Barit ? Faire un travail médiocre et sans risques dans une pharmacie ou un travail de savant comportant des dangers. 3. A-t-il raison d'accepter ce travail périlleux ? Non ? Pourquoi ? Il est marié, peut avoir des enfants. Il s'expose et ne doit pas penser qu'à lui. Il a un métier tranquille, il pourrait y réussir. Oui? Pourquoi? Ces recherches l'enthousiasment. Il est auprès d'un grand savant et peut contribuer à d'importantes découvertes. Concluons : II a sans doute raison de vouloir s'élever, mais ne devait-il pas prendre certaines précautions?' 4. Qu'est-ce que sa femme découvre un soir ? Que dit-il ? Que voit-elle un mois plus tard ? Pourquoi ne veut-il pas se soigner ? 5. Quelle raison donne-t-il pour ne pas abandonner soft travail ? 6. De quelles qualités fait-il preuve ? Courage, obstination héroïque. 7. Qu'arriva-t-il quelques mois plus tard ? Abandonna-t-il ses recherches pour cela ? D'ailleurs, son maître ne subit-il pas le même sort ? 8. Pourquoi ont-ils ainsi donné leur vie ? Qu'en pensez-vous ? 3. Réflexions sur la vie. 1. Quelle est la différence entre le courage et l'héroïsme ? Dans les deux cas il s'agit de vaincre la peur. Dans l'héroïsme les risques sont parfois très graves. L'héroïsme c'est l'acceptation de risques, qui peuvent être mortels ou encore le dévouement total à une cause qui nous dépasse. 2. Les héros sont-ils nombreux ? Sont-ils toujours connus ? Pourquoi ? 3. Quelle est la vertu qui accompagne souvent l'héroïsme ? La modestie. Quel est le caractère commun à tous les héros ? Ils ne sont pas égoïstes. 4. Actions et problèmes. 1. On ne demandera pas à l'écolier d'être un héros,, mais il pourra se souvenir de ceux dont on lui aura parlé et s'inspirer de leur exemple. 2. Apprendre à se dévouer, à penser à autre chose qu'à soi. 5. Résolution. Ceux qui se dévouent à une œuvre jusqu'à leur mort méritent notre admiration. Je n'oublierai pas leur exemple et j'apprendrai à me dévouer pour mes parents, mes camarades, des gens malheureux.

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124. MORALE - C. M. L'APPEL DES HÉROS 1. Lecture a) Le médecin de la forêt vierge. A trente ans, professeur à Strasbourg, musicien réputé, Albert Schweitzer décide de consacrer sa vie aux populations de l'Afrique Centrale dont il avait appris l'effroyable misère. Il abandonne son métier, entreprend et mène à bonne fin des études de médecine, renonce à la musique, qui était cependant toute la joie de sa vie, et va s'installer à Lambaréné au Gabon. Il construit une case, transforme une ancienne cuisine en salle d'opération, se fait tour à tour terrassier, charpentier, couvreur, menuisier, chirurgien, médecin, pharmacien, apprend la langue du pays, nourrit et soigne ses malades, les délivre de leurs misères... Ses médicaments s'épuisent. Il obtient d'autres aumônes, renouvelle sa provision de produits pharmaceutiques ; elle disparaît en quelques semaines tellement l'invasion des éclopés s'est faite innombrable... Il retourne en Europe, reprend son orgue, donne des concerts, parle de ses malades avec tant d'enthousiaste pitié, qu'il émeut les plus égoïstes... 11 emploie l'argent gagné à construire de nouvelles baraques, commander de nouveaux médicaments, payer de nouvelles infirmières... D'après André DAVESNE - Croquis de Brousse. Sagittaire b) Le docteur Schweitzer. L'hôpital est devenu trop petit... Le nombre de dysentériques augmenta en peu de temps de façon angoissante... Où les mettre ? A cause du danger de contagion, il fallait les séparer des autres malades. Mais il n'y avait pas d'emplacement pour isoler cette foule... A cela s'ajoutaient les soucis que donnaient au docteur les aliénés amenés par leurs familles. S'ils étaient excités, il ne pouvait pas les enfermer de façon sûre. Où fallait-il mettre ces malheureux ?... Schweitzer lutta longtemps contre lui-même avant de prendre une décision qui, à première vue, lui avait paru extravagante. Serait-il de taille à mener à bien la tâche qu'il se proposait ? Aurait-il la force de vaincre toutes les difficultés?... Où trouver les ressources financières indispensables ?... Ses doutes et ses anxiétés étaient grands, mais, dans l'autre plateau de la balance, il y avait la misère humaine sans nom, dont il était tous les jours témoin. Pouvait-il refuser de secourir les hommes qui s'adressaient à lui comme à leur unique sauveur? Pouvait-il les décevoir et les renvoyer avec leurs douleurs et leurs peines, simplement parce qu'ils étaient trop nombreux et qu'il n'avait pas de place ? Non, il était venu pour les aider, et il voulait les aider tous... Quand il eut pris sa décision, des lettres partirent pour les amis de son œuvre en Europe: « Aidez-moi, pour que je puisse aider ! » Et l'aide arriva : partout, il trouva des cœurs et des mains ouvertes... Pendant des semaines, le docteur fut sans cesse en mouvement... Tantôt il disait quelques mots d'encouragement aux terrassiers, tantôt il descendait au fleuve et contrôlait la façon dont on pilonnait la terre de la digue, ensuite il remontait au sommet de la colline pour indiquer aux charpentiers comment il fallait assembler les poutres... Quiconque avait l'occasion de le voir en bras de chemise et vêtu d'un vieux pantalon rapiécé, donnant ses ordres aux ouvriers du haut d'une échelle, avait de la peine à croire que ce fût Albert Schweitzer qui, en Europe, donnait des récitals d'orgue et des conférences. Quand l'installation du nouvel hôpital fut suffisamment avancée, il se

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sentit récompensé et, avec une profonde gratitude, il pensa à ses amis d'Europe qui lui avaient fourni les ressources matérielles, et à ses collaborateurs qui, par leur aide, avaient rendu son œuvre possible... D'après M. WOYTT-SECRÉTAN - Albert Schweitzer. Oberlin 2. Réflexions sur les lectures. a) Première lecture. 1. Que décida, à trente ans, le docteur Schweitzer ? 2. Problème moral. Avait-il raison de vouloir aller au centre de l'Afrique pour soigner des malades inconnus ? Non ? Pourquoi ? C'était une aventure périlleuse. Il était heureux à Strasbourg. Il lui fallait recommencer des études, renoncer à la musique. Oui ? Pourquoi ? Des hommes souffraient. Il devait les soulager. Concluons : Son attitude est admirable. 3. Que fit-il pour atteindre son but ? A quoi renonça-t-il ? Où alla-t-il ? 4. Que furent ses travaux ? Que fit-il lorsque ses médicaments s'épuisèrent ? A quoi employait-il l'argent qu'on lui donnait ? b) Deuxième lecture. 1. Pourquoi l'hôpital était-il devenu trop petit ? Qui venait se faire soigner ? Quelle question se posa le docteur ? 2. Aurait-il la force de vaincre toutes les difficultés ? Que lui manquait-il ? 3. Problème moral. Pouvait-il refuser de secourir des malades ? Oui ? Pourquoi ? Il n'avait plus de place, plus d'argent. Il en a déjà soigné un grand nombre, mais l'étendue de la misère dépassait ses possibilités. Non ? Pourquoi ? Le refus ajouterait à leurs souffrances. Ils comptaient sur lui, espéraient en lui. Il ne pouvait les décevoir. Conclusion : II était venu pour les aider, il les aiderait tous. 4. Que pensez-vous du docteur Schweitzer ? C'est un héros qui a consacré sa vie au bonheur des malheureux. 3. Réflexions sur la vie. 1. A quoi pense-t-on surtout quand on parle des héros ? A des hommes courageux, intrépides, des combattants qui font le sacrifice de leur vie. 2. Ne peut-on, à l'exemple du docteur Schweitzer, être un héros sans aller au combat ? Que faut-il pour cela ? Faire le don de sa vie, de son travail et de ses pensées à une cause qui nous dépasse. 3. Connaissez-vous des héros qui ne sont pas des combattants ? 4. 1. 2. 3.

Actions et problèmes. Lire et retenir la vie de quelques héros. Conserver leur souvenir afin de pouvoir s'en inspirer. Penser chaque jour aux autres, à autre chose qu'à sa propre vie.

5. Résolution. Le docteur Schweitzer a abandonné une existence tranquille pour aller guérir les maladies et secourir les misères des populations d'Afrique.

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125 . MORALE - C. M. L'APPEL DES HÉROS 1. Lecture - L'héroïsme d'une institutrice. (Il est conseillé de lire le texte jusqu'à « visage accueillant », puis de commenter cette partie. En raison du caractère très émouvant de la fin du récit, il semble contre-indiqué de la commenter. Dans sa simplicité elle est propre à frapper le cœur et l'intelligence des enfants du cours moyen. On pourra donc se contenter, après la lecture, d'observer quelques secondes de silence. Ce sera la meilleure conclusion.) (Pour rejoindre son école, Marthe Dupeyron, courageuse institutrice du département de la Lozère, affronte la tourmente de neige.) C'était à la rentrée de janvier 1941. Toutes les hauteurs étaient drapées d'un blanc uniforme et les routes de montagne obstruées par d'énormes congères. Rejoindre dans ces conditions un petit poste perdu avait quelque chose d'angoissant. La maman dissimulait mal ses craintes à l'approche du départ. Cependant, elle n'avait pas cherché à retenir sa fille, elle s'était, résignée à la voir partir... Pour calmer sa propre inquiétude, elle faisait accompagner Marthe par sa sœur cadette. Le lendemain, les bambins n'attendraient-ils pas devant la porte l'ouverture de la classe... ? La longue traversée du plateau est une rude épreuve en hiver : la neige, le brouillard, le froid, la tourmente surtout, cette affreuse tourmente sur cette terre désolée et déserte balayée par le vent ! A Montmirat on essaie de les dissuader. Peine perdue ! Avec cette résolution, qui n'appartient, disent-elles, qu'à la jeunesse, elles résistent. Elles arriveront ce soir, et demain, dans le petit village enfoui sous une épaisse couche de neige, dans cette pauvre école..., les élèves trouveront un visage accueillant. La folle équipée commence par un froid terrible... Six heures, la nuit noire, et quelle nuit ! Le thermomètre marque — 20°, la tempête redouble de violence, on ne voit plus à deux pas devant soi... Elles luttent contre tous les éléments déchaînés à travers ce morne plateau, poursuivent une marche épuisante, dans la neige jusqu'aux genoux, sous les rafales de flocons qui cinglent le visage, s'insinuent dans les vêtements... Et toujours, ce pays hostile, blanc comme un suaire, sans abri, sans refuge... sans trace de pas humains, sans le moindre point de repère... On se sent tout à coup perdu, l'angoisse vous étreint, on veut lutter encore et la ronde infernale continue jusqu'à l'épuisement... « Maman ! maman ! » Ces pauvres cris étouffés, coupés de sanglots, se perdent dans les rugissements lugubres de la tempête... Pauvres petites ! Pauvre maman !... demain tu attendras en vain le télégramme qui ne devait jamais arriver. Demain, la porte de l'école restera fermée... Dans le petit hameau, nul ne se doutera qu'à la lisière du boqueteau qu'on aperçoit là-bas à l'horizon, l'institutrice et sa sœur gisent dans la neige... Marthe Dupeyron vient de mourir pour son école... D'après M. DEDET - Ecole libératrice, 11 janvier 1952.

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2. Réflexions sur la lecture. (jusqu'à visage accueillant). 1. Pourquoi la jeune institutrice s'en va dans la tourmente de neige ? 2. Quel problème moral s'était posé à elle ? Devait-elle rejoindre le village où elle enseigne, alors que les routes sont coupées par la neige ? Que pouvait-elle répondre ? Non ? Pourquoi ? Elle ne devait pas risquer sa vie. 11 y avait peu d'élèves dans cette école. Les jours perdus auraient pu être rattrapés. Qu'a-t-elle répondu ? Oui ? Pourquoi ? Le devoir est fixé par un règlement auquel on doit obéir. L'institutrice doit donner l'exemple. 3. La maman est-elle de cet avis ? Pourquoi ? Cependant s'oppose-t-elle au départ de sa fille ? Quelle précaution prend-elle ? 4. En cours de route qu'essaie-t-on de faire ? Est-ce qu'on y réussit ? De quoi font-elles preuve ? (Courage résolu, lucide, décidé à affronter les risques.) 5. Que répondent-elles à ceux qui leur conseillent de ne pas poursuivre ? Quelle est l'idée fixe qui les guide ? Les élèves doivent trouver demain « un visage accueillant ». 3. Lecture, aussi expressive que possible, de « La folle équipée »... jusqu'à la fin. 4. Observer quelques secondes de silence. 5. Résolution. (non obligatoire). Il est des héros dans toutes les professions. Je n'oublierai pas l'exemple de la jeune institutrice qui mourut dans la tempête de neige pour rejoindre son école.

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126 . MORALE - C. M. L'APPEL DES HÉROS Les héros obscurs. 1. Lecture a) Le conducteur de camion. Un camion transportant un important chargement de gaz, traverse une ville. Soudain, des gens font des signes au conducteur pour lui signaler une fumée qui se dégage de l'arrière de la cabine. C'est le feu à bord avec des bouteilles métalliques qui sont autant de bombes parce que leur contenu est explosif... Que faire ? Se servir de l'extincteur ? Mais le temps de s'arrêter, de descendre, l'incendie aura gagné et ce sera l'explosion dans la rue. S'arrêter ? Oui, si le camion était sur une route en campagne... Mais ici, en ville, près d'une école d'où sortent justement des enfants ? Le conducteur a vite décidé... Au lieu de freiner il appuie sur l'accélérateur, actionne son klaxon et lance son camion infernal à grande vitesse dans les rues, devant les piétons effrayés... Plus que deux cents mètres et il sera sauvé... Aux dernières maisons, une violente explosion plonge la petite ville dans l'angoisse... Le conducteur est mort à son volant, ayant donné sa vie pour épargner celle des autres... D'après les journaux. 2. Réflexions sur la lecture. 1. Quel problème moral s'est trouvé posé au conducteur du camion ? Se sauver luimême en laissant le camion exploser au milieu de la ville, ou risquer sa vie en essayant de le conduire au-dehors. 2. A-t-il eu raison de vouloir conduire le camion au-dehors ? Non ? Pourquoi ? Ce n'était pas sa faute s'il y avait le feu. Peut-être avait-il le temps de faire fonctionner l'extincteur ? Il a payé de sa vie sa décision. Oui ? Pourquoi ? Le camion aurait sans doute explosé en ville. Le conducteur serait mort aussi et avec lui beaucoup d'enfants ou d'adultes. Même s'il avait été sauvé qu'aurait-il éprouvé ? Concluons : Le conducteur a été héroïque. Nous devons l'admirer. 3. Lecture b) Le pilote de l'avion. Un avion à réaction se trouve en difficulté au-dessus d'une grande ville. L'un de ses réacteurs ne fonctionne plus, l'appareil est déséquilibré et perd de l'altitude. En pleine campagne on pourrait atterrir. Mais ici ? Par radio, le pilote signale le danger qu'il court. « Abandonnez l'avion, sautez en parachute, lui ordonne-t-on. — Impossible, l'avion va s'écraser en pleine ville. — Essayez de gagner vers l'Ouest, mais sautez au plus tôt... — Je vais essayer... » Ce seront ses derniers mots. L'avion est descendu de plus en plus vite malgré les efforts du pilote pour le redresser... Dans le crépuscule, une lueur

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sinistre a signalé son explosion dans des terrains vagues, là-bas vers l'ouest, non loin d'immeubles habités qu'il a su éviter à la dernière minute... Dans les débris de l'appareil on a retrouvé le corps du malheureux pilote qui a sacrifié sa vie pour sauver celle des autres... D'après les journaux. 4. Réflexions sur la lecture. 1. Quel problème moral le pilote s'est posé ? Se sauver en parachute et laisser exploser son appareil au milieu de la ville ou risquer sa vie en essayant de se poser dans la campagne. 2. A-t-il eu raison de choisir cette solution ? Non ? Pourquoi ? L'avion aurait pu tomber dans une rivière, sur un stade. Voler même sans pilote et ne pas faire de victime. Il a payé son choix de sa vie. Oui ? Pourquoi ? Lui-même risquait de s'écraser au sol. Même s'il avait été sauvé que de morts probables en ville ! Qu'aurait-il éprouvé toute sa vie ? Concluons : Le pilote est mort héroïquement. Nous devons l'admirer. 5. Réflexions sur la vie. 1. Ces héros sont à peu près inconnus. Qu'est-ce que cela montre ? Que le nombre de gens qui font le sacrifice de leur vie pour leur métier, leurs semblables, est plus élevé qu'on ne pourrait le croire. 2. Que nous apprennent de tels sacrifices ? Que des hommes peu connus, obscurs, n'ayant presque jamais leur photographie dans les journaux, méritent pleinement le nom d'hommes. 6. Actions et problèmes. 1. Lire dans les journaux les dévouements des héros obscurs. 2. Retenir leur exemple et nous préparer aux sacrifices que la vie exigera de nous. 7. Résolution. Chaque jour, sur la terre, des hommes dont le nom ne sera jamais célèbre, font le sacrifice de leur vie ou de leur bonheur pour sauver leurs semblables. Je n'oublierai pas qu'ils ont vécu et souffert pour les autres.

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127. MORALE - C. M. LE RESPECT DE LA PENSÉE 1. Lecture et entretien. (Il est conseillé de réfléchir sur la lecture aussitôt après chaque récit.) a) Les écoles. Dans un village, les enfants sont partagés entre deux écoles. L'école privée catholique reçoit les enfants qui vont à l'église. L'école pour tous, l'école laïque, reçoit les enfants de toutes les religions et aussi ceux dont les parents n'en ont aucune. Pour se rendre à l'école privée et pour en revenir, les enfants catholiques marchent sur un trottoir. Pour se rendre à l'école laïque et pour en revenir, les élèves de toutes les autres religions empruntent un autre trottoir. Lorsqu'ils se croisent, beaucoup ne se parlent pas et certains se regardent de travers. L'autre jour, François et Maurice, qui ne fréquentent pas la même école, se sont trouvés assis l'un près de l'autre au cinéma. « A mon école on n'enseigne que la vérité et dans la tienne on t'apprend des mensonges, a dit François. C'est mon papa qui l'a affirmé. — C'est la tienne qui ne t'apprend que des mensonges et la mienne qui ne m'apprend que des vérités », réplique Maurice. Cela aurait pu durer... Heureusement le spectacle a commencé. 1. Dans quelles écoles vont ces enfants ? Que se disent-ils ? 2. Que se sont-ils dit au cinéma ? Que pensez-vous d'eux ? b) Les religions. Louise et Pierrette vont à la même école et ont été jusqu'à ce jour bonnes camarades. Mais depuis la semaine dernière tout est changé. Elles évitent de se parler et restent chacune chez soi. A la récréation on a su pourquoi. Elles se sont querellées parce que les parents de Louise ont décidé qu'elle ferait sa première communion, alors que les parents de Pierrette ont décidé qu'elle ne la ferait pas. « Tu as tort de ne pas aller à l'église, a dit Louise. — Et toi tu as tort d'y aller... » Quelques minutes de réflexion, Louise reprend : « Peut-être que ce que tu penses est aussi juste que ce que je crois. Viens, allons jouer. » 1. Pourquoi Louise et Pierrette ne sont-elles plus bonnes camarades ? 2. Que dit Louise après réflexion ? Quelle qualité a-t-elle montrée ? c) Les étrangers. « Mohmadou, Ali, John, Pierre, venez jouer avec moi », lance François. Pierre fait la grimace. « Non, je ne joue pas avec vous. — Pourquoi ? — Parce qu'ils ne sont pas Français. — C'est vrai, mais ils sont très gentils et ne trichent jamais, reprend François. — C'est possible... mais il ne pensent pas comme nous. — Eh bien, tu as tort, je suis sûr que je vais bien m'amuser avec eux. » 1. Pourquoi Pierre ne veut pas aller jouer ? Que lui répond François ? 2. Que pensez-vous des raisons données par Pierre ?

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2. Réflexions sur la vie. 1. Que veut dire « tolérer » quelque chose ? Accepter, permettre, ne pas empêcher. C'est le contraire de défendre, interdire. Qu'est-ce que le maître tolère en classe ? L'écriture droite ou penchée ? Deux manières d'écrire une difficulté orthographique, certains jeux. 2. Qu'est-ce que la tolérance ? C'est l'action d'accepter ce qui est contraire à nos idées. 3. Quelles qualités rencontre-t-on chez les gens tolérants ? Intelligence, compréhension, justice, bonté. 4. Qu'est-ce qu'être intolérant ? C'est refuser d'accepter les idées qui s'opposent aux nôtres, c'est vouloir imposer celles-ci, c'est être méchant à l'égard des autres lorsqu'ils ne sont pas de notre avis. 5. Que croit l'intolérant ? Que les autres sont dans l'erreur et qu'il est le seul àconnaître la vérité. A propos de quoi parle-t-on souvent d'intolérance? Religion, politique. 6. Quels autres défauts rencontre-t-on souvent chez l'intolérant ? Orgueil, ambition, sottise, méchanceté. 7. Connaissez-vous, en histoire, des périodes d'intolérance ? Guerres de religion, dictatures. A quoi aboutissent-elles ? Suppression des libertés de pensée, d'écrire, de religion, de la vie même (six millions de Juifs massacrés par Hitler). 8. Suffit-il d'accepter seulement, par indifférence ou pour ne pas avoir d'ennuis, la pensée des autres ? Non, il faut aussi la comprendre et la respecter. 3. Actions et problèmes. 1. Un garçon dit un jour du mal de l'école laïque. Que lui répondez-vous ? Qu'est-ce que l'école laïque ? 2. Nicole va faire sa communion. Vous, non. Elle voudrait que vous alliez à l'église. Que lui répondez-vous ? 3. « Je ne veux pas être en classe à côté d'un étranger », vous dit votre petit frère. Que lui dites-vous ? 4. Dans certains pays, les Noirs ne sont pas reçus dans les écoles des Blancs. Qu'en pensez-vous ? 5. Pourquoi des étrangers sont venus en France ? Que faire pour les comprendre ? 6. Connaissez-vous plusieurs religions pratiquées en France ? 7. « Tu joues avec Simone qui va à l'école catholique ? » vous demande Frédérique. Que lui répondez-vous ? 8. Dans votre ville il y a plusieurs églises, un temple, une synagogue, une mosquée. Que faire en passant auprès de ces édifices ? 4. Résolution. Etre tolérant, c'est accepter que les autres n'aient pas la même religion ou les mêmes idées que nous, c'est respecter leur pensée. L'intolérant croit qu'il est le seul à connaître la vérité. La tolérance est une forme de la justice. Je respecterai la pensée des autres.

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128. MORALE - C. M. LA COMPRÉHENSION DES AUTRES 1. Lecture et entretien. a) Les équipes rivales. Les équipes de football de la ville se sont rencontrées la veille. Henri est un « supporter » de l'Olympique et François un « partisan » du Stade. L'Olympique a gagné par un but à zéro. Henri est rayonnant le lundi matin en arrivant en classe. « Je te l'avais bien dit que nous étions plus forts, dit-il à François. — Si l'arbitre rie vous avait pas favorisés vous n'auriez pas gagné, réplique celui-ci. — C'est que vos avants ne savent pas faire des passes », reprend Henri. Pierre intervient. Lui aussi préfère l'Olympique. Cependant, il pense que François n'a pas tout à fait tort. Des gens ont vu un joueur de l'Olympique commettre une faute. « Le Stade a bien joué aussi, ajoute-t-il. Il méritait d'obtenir le match nul. » 1. Quelle équipe préfère Henri ? Et François ? Qui a gagné ? 2. Sur quoi insiste Henri ? Quels sont ses défauts ? Orgueilleux, ne comprend pas ses camarades. 3. Quelle est l'équipe préférée de Pierre ? Et, cependant, que dit-il ? De quelle qualité fait-il preuve ? b) Les films. Dans un groupe de fillettes, Nicole pérore. « Je suis allée au cinéma voir un film sur les écoles nouvelles. C'était bête, et puis, l'acteur qui faisait le maître jouait mal. — Tu n'y as rien compris, réplique Jeanine. Si tu étais plus intelligente, tu aurais vu que cet acteur aurait été un bon instituteur. — Je crois que tu es aussi sotte que le film que j'ai vu », tranche Nicole. « Et voilà une nouvelle Saint-Barthélémy qui se prépare », dit la maîtresse, qui a tout entendu. 1. Que dit Nicole du film qu'elle a vu ? Est-ce l'avis de Jeanine ? 2. Que pensez-vous de leurs jugements ? Quels sont leurs défauts ? Que veut dire la maîtresse ? c) Les coutumes. « C'est vrai, demande Josette à Fatima, que les Arabes ne mangent pas de viande de porc et ne boivent pas de vin ? — C'est vrai, répond Fatima. — Eh bien, je trouve que c'est curieux. C'est aussi curieux que ce que j'ai vu l'autre jour dans un film. Avant d'entrer à la mosquée, les gens se déchaussaient et se lavaient les pieds. — C'est peut-être curieux, mais ce n'est pas risible, intervient la maîtresse. Cette coutume en vaut bien d'autres que nous avons. » 1. Que demande Josette à Fatima ? Quelle leçon lui donne la maîtresse ? d) Les opinions. Dans un groupe de garçons, on parle des élections qui vont avoir lieu. « Mon papa sera élu, car il est républicain, soutient Marcel. D'ailleurs, il n'y a que la République pour rendre les gens heureux. — J'espère bien que ton papa ne sera pas élu, réplique André.

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— Et pourquoi ? — Parce que mon papa a dit que la République que veut le tien, nous rendrait malheureux. — Oui, toi on te connaît, tu voudrais revenir à la royauté... » 1. Que dit Marcel à propos de la République ? Est-ce l'avis d'André ? 2. Quels sont leurs défauts ? Intolérants, aucun ne respecte la pensée de son camarade. 2. Réflexions sur la vie. 1. Qu'est-ce qu'être compréhensif, que la compréhension des autres ? C'est comprendre les idées de nos semblables quand elles sont différentes des nôtres, les admettre, les respecter, ne pas vouloir imposer les nôtres. 2. Quelles sont les qualités de celui qui comprend les autres ? 3. Quels sont les défauts de celui qui ne comprend pas les autres ? 4. Pourquoi faut-il être tolérant, comprendre les autres ? Parce que beaucoup de choses ne sont pas aussi certaines que « 2 et 2 font 4 » et qu'il faut admettre que les autres ne les comprennent pas comme nous. Ce sont peut-être eux qui ont raison. 5. Comment être tolérant, comprendre les autres ? D'abord ne pas imposer ses idées par la force. Ensuite, sans renoncer à ses propres idées, admettre celles qui sont différentes. 6. Ne doit-il pas y avoir des limites au devoir de tolérance ? Peut-on tolérer que quelqu'un veuille l'injustice, le meurtre, la désobéissance aux lois ? 7. Rappeler l'article 10 de la Déclaration des droits de l'homme de 1789 : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la loi. » 3. Actions et problèmes. 1. Votre équipe préférée a perdu un match. « Ils ne savent pas jouer », vous dit votre camarade. Vous êtes vexé. Si vous lui répondez sur le même ton, qu'arrivera-t-il ? 2. « Ce livre est très bien », affirme Jacqueline. Vous, vous l'avez trouvé sans intérêt. Que lui répondez-vous ? 3. Certaines pratiques religieuses, les coutumes de certains pays, peuvent nous étonner. Que ne faut-il pas faire ? En rire. Que faut-il faire ? Essayer de les comprendre. 4. La République permet à ses ennemis d'exprimer leurs idées et même de lutter contre elle. A-t-elle raison ? 5. Au cours d'une réunion électorale, un contradicteur a été injurié et frappé. Qu'en pensez-vous ? 6. Au cours d'une réunion de la coopérative, on décide de discuter sans se fâcher. Ceux qui se fâcheront seront exclus. 4. Résolution. Etre compréhensif, c'est comprendre, admettre, respecter les idées des autres et ne pas vouloir leur imposer les nôtres. La compréhension d'autrui ne se rencontre que chez les gens intelligents et justes.

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129. MORALE - C. M. LES HORREURS DE LA GUERRE 1. Lecture - Sous les bombes. Ça s'est passé dans un éclair... La rue a tremblé... J'ai vu du noir... Je me suis retrouvé dans un nuage de poussière... J'ai couru. Ma mère était devant la porte. Nous sommes partis comme des fous vers le port, où travaillait mon frère. Je ne savais plus où j'étais, je ne reconnaissais plus rien. Une bombe était tombée en plein sur un abri... On courait. Bloqués dans les caves, des gens hurlaient... Des blessés se dégageaient, hagards, défigurés, couverts de sang et de plâtre. D'autres agonisaient sur les trottoirs... Tout le centre de la ville flambait comme une forge... On ne savait pas où était Gustave. Il avait disparu avec deux autres apprentis. Quelqu'un a dit : « Il doit être blessé. » On s'est remis à courir. Folle d'angoisse, ma mère escaladait les amas de décombres, se faufilait entre les poutres, les câbles abattus. J'avais peine à la suivre. A tous ceux qui cherchaient comme nous, elle ne faisait que demander : « Vous n'avez pas vu mon gars ?... Il avait un blouson bleu, un pantalon de velours... » On a parcouru les cliniques, les hôpitaux, les entrepôts où s'entassaient les blessés. Des milliers de blessures horribles, de plaintes, de râles. « II doit être quelque part à souffrir tout seul, disait ma mère, il doit nous appeler, il faut qu'on le trouve !» On a cherché pendant trois jours et trois nuits... Jamais je n'oublierai le cri que ma pauvre mère a lancé quand elle a reconnu, parmi les morts, les vêtements de mon frère .. Ce n'était pas vrai, ce n'était pas possible !... Je restais là, debout, à pleurer, sans trouver de mots, les yeux sur cette scène affreuse, au milieu d'autres sanglots, d'autres cris... Mais pourquoi ? Pourquoi la guerre ?... Et, dans ma tête, j'ai promis de lutter pour en finir avec cette folie monstrueuse, pour qu'il n'y ait plus jamais de familles détruites, de pères déportés, de frères assassinés. D'après Georges DOUART - Opération « Amitié ». Pion 2. 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8.

Réflexions sur la lecture. Qu'est-ce qui s'est passé dans un éclair ? Où l'auteur et sa mère sont-ils partis ? Que cherchaient-ils ? Qu'ont-ils d'abord pensé ? Qu'éprouvait la maman ? Que demandait-elle ? Que rencontraient-ils partout où ils allaient ? Que disait la maman ? Qu'arriva-t-il après trois jours et trois nuits ? Quelles questions se posa l'auteur ? Que promit-il ? Les victimes de ce bombardement étaient-elles des combattants ? Qu'éprouvez-vous à la lecture de ce texte ?

3. Réflexions sur la vie. 1. Quels souvenirs la dernière guerre a-t-elle laissés dans votre famille, votre village ou votre pays ? Victimes, deuils, souffrances, destructions.

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2. Pour quelles raisons les hommes se font-ils la guerre? Grouper les réponses autour de vices ou défauts : orgueil, égoïsme, misère, peur, absence de compréhension d'autrui... 3. On ne se bat plus aujourd'hui comme à Crécy. Quel est le caractère des combats? De plus en plus meurtriers. Quelles sont les armes nouvelles dont les effets sont terrifiants ? 4. Les guerres ont-elles rendu les gens plus heureux ? Les vainqueurs n'ont-ils pas de victimes, de destructions ? Ont-ils pendant longtemps plus de bonheur ? 5. Quelles sont, pour les soldats, les souffrances apportées par la guerre ? Et pour les non-combattants ? Pertes de vies humaines en 1939-1945 : 25 millions, soit huit fois la population de Paris. 6. Rappelez quelques guerres auxquelles la France a participé au cours de son histoire. Même quand elle a été victorieuse, les Français ont-ils été plus heureux ? Et quand elle a été vaincue ? 7. Qu'est-ce qui, à votre avis, peut, plus que la guerre, rendre les gens heureux ? 8. Que pensez-vous qu'on pourrait faire pour empêcher les guerres ? 9. Si notre pays est attaqué, que faire? Quelles pensées devons-nous avoir pour ceux qui sont morts à la guerre ? 4. Actions et problèmes. 1. « Voici des bâtons pointus, des carabines à flèches, on va jouer à la guerre », vous disent les camarades. Que leur répondez-vous ? N'y a-t-il pas des jeux aussi intéressants et moins violents ? 2. « Je voudrais pour Noël un revolver, une carabine, un sabre, un poignard », vous dit votre petit frère. Que lui conseillez-vous ? 3. Le quotidien parle, presque chaque jour, de la guerre. « Tu vois », vous dit Marcel. Que lui répondez-vous ? 4. La guerre coûte cher. Pourquoi ? Avec tout cet argent, que pourrait-on acquérir pour rendre les gens plus heureux ? 5. Conclusion. La guerre fait mourir des millions de gens dont beaucoup ne sont pas des combattants. Elle est cause de deuils, de souffrances, de privations, d'injustices. Comme le monde serait plus heureux si les peuples réglaient leurs différends sans recourir à la guerre !

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130. MORALE - C. M. LA FRATERNITÉ 1. Lecture et entretien - De vrais frères. a) A la maison. « Lève-toi, Jacques, le réveil a sonné... Dépêche-toi de faire ta toilette et de revoir tes leçons... Il fait froid, ce matin... N'oublie pas ton cache-nez... » Qui parle ainsi à Jacques ? Sa maman ? Non, la maman est déjà partie pour son travail. « Tiens, reprend la voix, voici ton café au lait... Attention de ne pas te brûler... Veux-tu encore des tartines ? » Est-ce la grand-mère, le papa qui parlent ? Non, ils ne sont pas à la maison... C'est tout simplement Nicole, une fillette de onze ans qui s'occupe de son jeune frère qui n'en a pas tout à fait dix. 1. Comment Nicole parle-t-elle à son frère ? Qui remplace-t-elle ? 2. Est-elle obligée de s'en occuper ainsi ? Pourquoi le fait-elle ? b) Dans la cour. « Hou ! Hou ! le vilain... » C'est ainsi que souvent, deux ou trois élèves s'adressent à Maurice. Ils le taquinent, le bousculent... Personne ne joue avec lui... Aujourd'hui, les choses ont changé. Un nouvel élève, Pierre, a vu les taquineries que subissait Maurice. « Viens jouer aux billes avec moi », lui a-t-il dit... Maurice l'a regardé, étonné... Il a cru que c'était une nouvelle méchanceté... Mais Pierre lui a donné des billes et ils ont joué ensemble. Deux ou trois autres sont venus pour ennuyer Maurice... « Vous, allez jouer plus loin et laissez-nous tranquilles », leur a dit Pierre... Et, à la sortie, il a accompagné Maurice jusqu'à sa maison... 1. Quels sont les défauts de ceux qui ennuient Maurice ? 2. Que fait Pierre ? Comment traite-t-il Maurice ? Comme un frère. c) A l'hôpital. Jean Coquelin, le mécanicien du train Rennes-Saint-Malo, a été atrocement brûlé sur sa locomotive. Pour le soigner, il faudrait prélever de la peau sur d'autres hommes et la greffer sur le brûlé. 80 cheminots de Rennes ont répondu à l'appel des médecins ; 14 ont été acceptés par les médecins. Ils étaient tous pères de famille et n'ont pas voulu dire leur nom. Après les avoir anesthésiés, on a prélevé sur chacun un morceau de peau... Malgré cela, Jean Coquelin est mort de ses brûlures... Le désespoir s'est emparé de tous ceux qui ont donné un peu d'eux-mêmes pour le sauver... (D'après les journaux.) 1. Qui peut donner ce qui doit sauver le mécanicien ? Combien d'hommes faut-il ? Combien se présentent ? 2. Pourquoi tous ces hommes, dont beaucoup ne sont pas ses amis, s'offrent-ils à sauver Jean Coquelin ? Comment le considèrent-ils ? Pourquoi ? d) Nos ennemis sont aussi des hommes. En août 1944, le peuple de Paris se soulève contre les envahisseurs allemands qui ont occupé la ville pendant quatre ans et ont fait vivre les Parisiens dans la misère et la peur. Maintenant, les maîtres d'hier, prisonniers des Français, défilent à leur tour « les mains levées»...

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Qu'éprouvent la plupart des gens devant un tel spectacle ? Le désir de se venger, l'envie de prendre une revanche... Ce n'est pas là tout ce que ressent Georges Duhamel (« Images de notre délivrance », Editions du Pavois) qui, voyant les nouveaux vaincus, écrit : « J'ignorerai toujours les délices de la vengeance. L'abaissement d'un être humain, même d'un ennemi vaincu, même d'un ennemi exécré, même d'un ennemi criminel, secrètement, me fait mal. » 1. Si vous aviez terriblement souffert pendant plusieurs années et que vous soyez enfin plus fort que ceux qui vous ont fait du mal, que feriez-vous ? 2. Que dit à ce sujet G. Duhamel ? Que ressent-il ? Un sentiment de fraternité pour son semblable, l'être humain. 2. Réflexions sur la vie. 1. Qu'est-ce que la fraternité humaine ? Le sentiment d'affection qui nous fait considérer tous les autres comme des frères et nous conduit à les aider. 2. Connaissez-vous des exemples de fraternité ? (Secours à tout homme malheureux, à un navire en perdition, à une cordée en difficulté.) 3. Quelles qualités faut-il avoir pour être fraternel ? 4. A quels défauts s'oppose la fraternité ? (Egoïsme, intérêt.) 5. Si chacun considérait les autres comme des frères, que ne verrait-on plus sur la terre ? Misère, famines, guerres. 6. La faim dans le monde. Environ deux hommes sur trois ne mangent pas à leur faim. Ce sont nos frères. Si nous sommes fraternels, que faire ? 7. Pourquoi faut-il être fraternel à l'égard des autres ? Nous sommes tous solidaires, nous éprouvons à peu près tous les mêmes joies et les mêmes peines. Nous devons être unis et surmonter tout ce qui nous sépare. 3. Actions et problèmes. Que faire pour se montrer fraternel dans les cas suivants : 1. De petits Noirs arrivent dans mon école. 2. Des étrangers chassés de leur pays par la guerre se réfugient aux environs du village. C'est l'hiver. Ils vont camper. 3. Une école d'Asie, dont les enfants souffrent de la faim, nous a écrit. 4. Un tremblement de terre a fait de nombreuses victimes à dix mille kilomètres de la France. 5. Un bateau étranger lance un S.O.S. près de la côte française. 6. La maison dans laquelle logeait une famille vient de s'effondrer. Ces gens ne pourront être relogés que dans un mois. 7. Un homme est blessé sur la route. Une auto s'arrête. Le conducteur repart en disant : « Je vais téléphoner au village voisin. » Qu'en pensez-vous ? 8. De nombreux blessés sont en traitement à l'hôpital. On manque de sang pour les transfusions. 4. Résolution. Quelle que soit la nationalité ou la couleur de leur peau, tous les hommes font partie de la grande famille humaine. Tous sont nos frères. Aidons les affamés à mieux se nourrir, les malades à guérir et, avec les hommes de bonne volonté, faisons régner la paix et la fraternité dans le monde.

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131. MORALE - C. M. LE PIÉTON 1. INTERDICTION DES JEUX SUR LA CHAUSSÉE (Revision du C. E.) 1. Lecture et entretien. a) Jacques et Louis jouent aux billes sur le trottoir. A un mètre d'eux, sur la chaussée, passent des voitures. Tout à coup, Louis lance trop vivement sa bille, une belle agate, qui roule dans la rue. Louis se précipite pour la rattraper avant qu'elle ne disparaisse dans une bouche d'égout... On entend en même temps un grand coup de frein et des cris... 1. Qu'est-il arrivé ? Qui a crié ? Qu'est-ce que Louis a fait de mal ? 2. Qu'aurait-il dû faire ? Qu'auraient dû éviter les deux enfants ? Que doit-on faire seulement sur les trottoirs ? b) Dans ce faubourg de la ville, il n'y a pas de trottoirs, mais seulement la place où on les aménagera plus tard, c'est-à-dire une bande de terrain de part et d'autre de la chaussée. « On nous a défendu de jouer sur les trottoirs, dit Françoise, mais ici ce n'est pas un trottoir, c'est un accotement. » Et elle lance la balle à Nicole. Celle-ci la manque et la balle va sur la chaussée. En voulant l'éviter, un cycliste tombe. Effrayées, les deux fillettes s'enfuient... Qu'ont-elles fait de mal ? Doit-on jouer sur les accotements ? c) Sur ce trottoir, la circulation est intense. Voici quatre filles qui sortent de l'école et qui bavardent en marchant de front. Elles se déplacent comme si le trottoir leur appartenait... Aussi, pour éviter d'être bousculé, un vieillard est obligé de descendre sur la chaussée... Que risque-t-il ? Qui serait moralement responsable ? d) Bernard a reçu pour Noël une petite bicyclette avec des stabilisateurs. Sa maman lui a interdit de jouer dans l'appartement, car il abîmerait les meubles. Alors, profitant d'une absence de ses parents, il est descendu avec son jouet et le voilà qui roule sur le trottoir... Crac ! Il accroche le bas d'une dame qui se fâche... Pim ! Il fait tomber la canne d'un monsieur... Il aurait bien continué si une main ferme ne l'avait soulevé de terre... Son papa ! A-t-il raison ? e) Geneviève, Hélène et Lise ne savent où aller jouer. Les jardins, les places sont loin. Et puis, il va pleuvoir... « Dépêchons-nous ! »... Et les voilà qui sautent à la corde sur le trottoir dont elles prennent toute la largeur...

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« C'est défendu ! » dit un monsieur en passant... Elles le regardent. « II a peut-être raison, alors jouons à la marelle... » Mais, emportée par son élan, Lise saute dans les jambes d'une dame qui laisse tomber son panier et exprime son mécontentement. — Pourquoi ? Qui a tort ? f) André, Maurice et Paul veulent jouer au football. Mais le terrain est encore loin.. « II n'y a pas beaucoup de circulation... Si on commençait à jouer ici, sur la chaussée ? » dit Paul. André n'est pas du tout de cet avis. Que dira-t-il à ses camarades ? 2. Réflexions. 1. Qu'est-ce que le Code de la route ? Ne concerne-t-il que la route ? 2. Pourquoi faut-il un Code de la route ? S'il n'y en avait pas qu'arriverait-il ? Environ dix mille personnes sont tuées tous les ans, en France, sur les routes. 3. Connaissez-vous d'autres jeux qui sont interdits sur les trottoirs, accotements et chaussées ? Pourquoi sont-ils interdits ? 4. Où doivent marcher les piétons ? Quand peuvent-ils emprunter la chaussée ? Quand il n'y a pas de danger. 3. Actions et problèmes. 1. Si vous poussez à la main une voiture ou une bicyclette, où devez-vous circuler ? A droite. 2. Lorsqu'un véhicule croise ou dépasse un piéton, que doit faire celui-ci ? Se rapprocher du bord de la chaussée. 3. Vous conduisez un cheval à la main. Où devez-vous marcher ? A droite. 4. Un camion passe lentement. Paul s'élance et va se suspendre à l'arrière du camion. Qu'en pensez-vous ? 5. Louis fait semblant de lancer quelque chose contre une voiture qui vient vers lui... Que peut-il arriver ? 6. Monique joue « à marcher » sur la bordure du trottoir. Que risque-t-elle ? 7. Jean court sur la chaussée pour sauter dans l'autobus. Il pleut... Que risque-t-il,? 8. Françoise descend de l'autobus et traverse la rue sans regarder. Que lui dites-vous ? 4. Résolution. Les piétons marchent sur les trottoirs, les voitures circulent sur la chaussée. Je ne jouerai ni sur la chaussée ni sur les trottoirs.

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132. MORALE - C. M. LE PIÉTON 2. TRAVERSÉE DE LA RUE (Révision du C. E.) 1. Lecture et entretien. a) André sort de sa maison et va traverser la rue. Il regarde à gauche. Voilà une voiture qui arrive... Elle passe... André avance d'un pas, mais une autre voiture se présente... Il revient sur le trottoir. Enfin, la rue paraît libre et il commence à traverser. Mais a-t-il suffisamment regardé ? Voilà qu'à droite un gros camion s'avance. André est obligé de reculer, et un coup de klaxon discret l'avertit qu'une voiture, derrière lui, le frôle... André est agacé. Que n'a-t-il pas fait ? Qu'aurait-il dû faire ? b) C'est au tour de Bernard. Lui regarde à gauche. Aucun véhicule n'est proche. Il s'avance alors jusqu'au milieu de la rue. Là il regarde à droite et voit une auto qui arrive... Alors il s'élance et court, mais il n'a pas vu que la voiture, qui d'ailleurs l'évite de justesse, doublait un cycliste. Celui-ci, malgré ses efforts, « zigzague » et finalement renverse Bernard. Qui a tort ? Que devait-il faire ? c) Jacqueline a l'habitude de traverser les rues. Pourtant, aujourd'hui, elle est pressée et, pour gagner du temps, au lieu de traverser tranquillement tout droit devant elle, elle se dirige obliquement et en courant vers la boulangerie. Mais le flot des voitures l'oblige à rester au milieu. D'autres auraient peur... Elle reste calme. Qu'a-t-elle fait de mal ? Qu'a-t-elle fait de bien ? d) Janine connaît bien le code du piéton. Aussi n'est-elle pas embarrassée pour aller admirer la vitrine du magasin qui se trouve en face, de l'autre côté de la rue. Elle avance donc sans plus réfléchir, lorsqu'un coup de sifflet la fige sur place. L'agent qui règle la circulation lui fait signe de venir auprès de lui... Pourquoi ? Que va-t-il lui dire ? Auprès de quoi se trouvent souvent les agents ? e) Maurice est bien tranquille lorsqu'il emprunte un passage pour piétons. Il est si tranquille qu'il se croit chez lui, iLne regarde même plus à gauche ou à droite. Il se promène. « Je suis là chez moi », dit-il. Est-ce vrai? Voilà que, près de lui, sur le passage, Nicole rencontre Simone. Elles s'embrassent, bavardent, et ne se hâtent pas de traverser... Ont-elles raison ? Qui vont-elles gêner ? 2. Réflexions. 1. Doit-on traverser tout droit ou obliquement ? Pourquoi ? 2. Que faire quand on est seul au milieu de la chaussée et que des voitures passent devant vous et derrière vous ?

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3. Que faut-il faire pour traverser correctement une rue ? 4. Pourquoi ne faut-il pas courir lorsqu'on traverse ? (Chute possible. Quand on court, on ne fait pas attention.) 5. Pourquoi ne faut-il pas reculer ? 6. Comment les passages pour piétons sont-ils indiqués sur le sol ? (Clous, bandes jaunes.) 7. Que doivent faire les automobilistes quand il approchent d'un passage pour piétons ? 3. Actions et problèmes. 1. Une voiture va trop vite à votre avis. Vous estimez que c'est à vous de passer. Est-ce prudent ? 2. Quel chemin parcourez-vous en une seconde ? (1 m.) Et une voiture ? 3. Nicole traverse en regardant par terre. Est-ce bien ? Pourquoi ? Que faire ? 4. Un passage pour piétons existe. Peut-on traverser ailleurs ? 5. Regardez de votre fenêtre toutes les fautes commises par des piétons dans la traversée de la rue. 6. François voit arriver une voiture à gauche. Néanmoins, il s'engage sur le passage. At-il bien fait ? 7. Exercices pratiques dans la cour et dans la rue. 4. Résolution. Avant de traverser une rue, je regarderai d'abord à gauche, puis à droite. Je traverserai tout droit, sans courir et sans reculer. Je ne jouerai pas sur le passage pour piétons.

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133. MORALE - C. M. LE PIÉTON 3. LES SIGNAUX LUMINEUX (Révision du C. E.) 1. Lecture et entretien. a) Deux petits enfants de la campagne, Nicole et Jacques, passent quelques jours chez leur cousin qui habite dans une grande ville, au quatrième étage d'un immeuble. De là-haut, c'est amusant de regarder la circulation dans la rue. « Tiens, dit Nicole, ce sont les voitures qui passent. — Ça ne dure guère, une minute environ, observe Jacques. Elles s'arrêtent toutes en même temps et voici les piétons qui s'engagent sur le passage... » 1. Qu'est-ce qui commande ces arrêts et ces départs ? Les signaux lumineux. 2. Quelle est la signification de chacun d'eux lorsqu'on les a en face de soi ? Le vert ? Le rouge ? L'orange ? Celui-ci annonce le rouge, il signifie : « Attention. » b) Nicole et Jacques descendent maintenant sur le trottoir... « Allons voir la succession des feux... » Vert ! Les voitures passent à bonne allure... Orange ! Elles freinent. Rouge ! Elles s'arrêtent... Et la ronde recommence... « Bon, j'ai compris, dit Jacques, pour traverser je passe au vert... « Mais comment faire? La rue est occupée par les voitures ? 1. Le vert du « feu » le plus grand est pour qui ? Les automobiles. 2. Quand faut-il donc traverser ? Quand le feu pour les voitures est rouge. c) Le rouge brille depuis plusieurs secondes. Jacques ne s'en soucie guère. Il s'engage sur le passage sans se presser. Mais il n'est pas au milieu que les voitures démarrent. Une le frôle, un conducteur l'apostrophe... « Mais enfin, je suis sur le passage et j'ai commencé de traverser quand les voitures étaient arrêtées... Je ne pouvais pas prévoir... » A-t-il raison ? d) « II n'y a pas que de grands feux, remarque Nicole. En voici de petits, les uns tournés vers la rue et d'autres vers le trottoir. — C'est vrai, dit Jacques, et ils n'ont pas les mêmes lumières. Quand le petit signal de la chaussée est vert, celui du trottoir est rouge... » 1. Pour qui est donc le petit signal du trottoir ? Et celui de la chaussée ? 2. Quand celui de la chaussée est rouge, celui du trottoir est vert. Que font alors les piétons ? Et les voitures ? e) En se promenant, les enfants sont arrivés à un carrefour plus important. « Oh ! c'est encore plus perfectionné que là-bas, dit Nicole. Dans le petit feu rouge tourné vers le trottoir, on voit l'inscription : « Piétons, attendez ! » et dans le feu vert : « Piétons, passez ! »... Il suffit de savoir lire...

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f) Sur ce grand boulevard, les voitures ne roulent que dans un sens... « C'est facile de traverser, dit Jacques... Justement elles sont toutes arrêtées là-bas au feu... Viens ! — Attends un peu, répond Nicole. — Mais non, nous avons le temps... » Le boulevard est large, et Jacques n'a pas fait six mètres que le flot, là-bas, franchit le barrage... Les automobilistes, sûrs de leur droit, se précipitent dans sa direction... Quelle faute a-t-il commise ? Qu'aurait-il dû faire ? 2. Réflexions. 1. Que signifient les signaux lumineux qui règlent la circulation ? 2. A quel signal les voitures commencent-elles à freiner ? Quand les piétons peuventils traverser ? 3. Quels signaux intéressent particulièrement les piétons ? 4. Que signifie le feu orange clignotant ? Danger, nécessité d'être prudent. 5. Que ne faut-il pas confondre sur le poteau portant les feux ? Les signaux destinés aux voitures et ceux destinés aux piétons. 3. Actions et problèmes. 1. Sur des dessins au tableau ou sur des panneaux, cacher les cercles colorés et faire dire aussitôt la signification de ceux qui restent visibles. 2. Les feux s'allument, s'éteignent. Mais il n'y a pas de voiture en vue. Dois-je tout de même obéir aux feux ? 3. Sur ce poteau, il n'y a qu'un signal, celui des voitures. Quand pourrai-je passer ? 4. Sur ce poteau, il y a aussi un signal pour piétons. Quand pourrai-je passer ? 5. Pierre est descendu du trottoir avant l'arrêt des voitures au feu rouge. Que risque-til? 6. Dans la cour, avec des panneaux et des « enfants véhicules » et piétons, mimer des situations. 7. Du bord du trottoir, observez les fautes commises à un signal lumineux par des piétons ou des automobilistes. 8. Appliquons-nous à emprunter un passage réel protégé par des feux. 9. « Le feu est orange, donc je descends du trottoir », dit Simone. A-t-elle tout à fait raison ? 4. Résolution. Un feu vert, placé devant moi, me permet d'avancer ; un feu rouge m'oblige à m'arrêter. Le feu orange annonce le rouge et signifie : « Attention ». Je ne quitterai le trottoir pour traverser que lorsque le feu rouge aura arrêté les voitures.

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134. MORALE - C. M. LE PIÉTON 4. LES SIGNAUX DES AGENTS (Révision du C. E.) 1. Lecture et entretien. a) De leur quatrième étage, Nicole et Jacques s'intéressent à ce qui se passe au carrefour. « Pourquoi, se demandent-ils, y a-t-il un agent au milieu ? » En effet, vêtu de bleu, portant un ceinturon blanc et le soir une grande pèlerine blanche, un agent se tient au croisement des rues. Que fait-il ? Il lève son bâton, il tourne d'un quart de tour, il étend le bras (mimer), des voitures passent, d'autres s'arrêtent... C'est donc que les gens ont compris... Un coup de sifflet stoppe un conducteur... Qu'a-t-il pu faire qui était interdit ? b) « Allons le voir de plus près », décide Jacques. Il tourne sur place, fait passer des voitures, puis des piétons sur leurs passages. Un coup de sifflet s'adresse, cette fois, à un piéton... Pourquoi ? « J'ai compris, dit Jacques... Quand il étend le bras qui tient son bâton... » Mais qu'a donc compris Jacques ? Que signifient les gestes de l'agent ? (Règle : On peut passer quand le bras tendu de l'agent, que ce dernier soit de face ou de dos, ne nous barre pas le passage.) c) Un coup de sifflet ! Quatre voitures qui étaient reparties s'arrêtent. Tous ces conducteurs étaient-ils en faute ? Non, aucun n'avait tort... Mais, là-bas, une vieille dame est attardée sur le passage... L'agent a-t-il voulu l'avertir ? Non, seulement la protéger en arrêtant les voitures. (Même comportement pour une voiture d'enfant, une mère et des enfants.) d) Nicole réfléchit. Ce n'est pas la première fois qu'elle voit des agents. Elle en a rencontré quelquefois le dimanche dans la campagne, au centre de carrefours où la circulation est intense. « C'est vrai, reprend Jacques, mais ils ne sont pas habillés comme ceux-ci, ils ont un casque, un blouson et se déplacent à moto... — Ce sont des « motards », affirme Nicole. — Il y a aussi des gendarmes », ajoute Jacques. 1. Pourquoi y a-t-il des gendarmes, des agents motocyclistes ? Que font-ils sur la route? 2. Restent-ils toujours au même endroit ? Quelles sanctions infligent-ils ? 3. Quels services rendent-ils encore ? Blessés, dépannages, etc.

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2. Réflexions. 1. Y a-t-il toujours un agent auprès des feux ? 2. Voici des feux et un agent sur le trottoir. Qu'observe-t-il ? 3. Dans quels cas l'agent siffle-t-il un automobiliste ? Franchissement incorrect des feux. Stationnement sur un passage protégé. 4. Dans quels cas l'agent siffle-t-il un piéton ? Engagement hors du passage, actes interdits sur celui-ci. 5. L'agent fait des gestes rapides avec ses bras. Qu'est-ce que cela signifie ? 6. Que signifient les gestes de l'agent ? 7. Les fautes commises sur les routes ont-elles des conséquences plus graves que si elles sont commises en ville ? Pourquoi ? 3. Actions et problèmes. 1. « Je vais essayer ma bicyclette sur le trottoir », dit Pierre. Il l'enfourche... un coup de sifflet... Pourquoi ? 2. L'agent lève son bras. Qu'est-ce que cela veut dire ? 3. Exercices dans la cour avec des « enfants agents » et des « enfants véhicules » et piétons. 4. Exercice de traversée de rue aux signaux de l'agent. 4. Résolution. J'obéirai aux gestes de l'agent. S'il me barre le passage avec son bras, je m'arrêterai.

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135. MORALE - C. M. LE PIÉTON 5. TRAVERSÉE DES PLACES ET CARREFOURS (Révision du C. E.) 1. Lecture et entretien. a) Nicole et Jacques ont appris beaucoup de choses depuis qu'ils sont à la ville... Le carrefour, toujours si animé, les attire. Aujourd'hui, Jacques est pressé d'aller au magasin de jouets situé dans un angle de ce carrefour. Le plus court chemin, ce serait de prendre la diagonale du carré (croquis au tableau)... « Viens », dit-il à Nicole... Mais à peine ont-ils parcouru cinq ou six mètres qu'ils se sentent perdus... Des voitures les frôlent, derrière, devant..., on entend des klaxons, des freins grincent... Pour couronner le tout, l'agent siffle et s'avance vers eux... 1. Que fait-il d'abord ? Il les protège. 2. Et ensuite ? Il les reconduit à l'endroit d'où ils sont partis et leur explique longuement quelque chose. b) « J'ai compris, dit Nicole... La diagonale n'est pas un bon chemin pour traverser un carrefour. — C'est pourtant le plus court, tu n'as qu'à dessiner un carré et à mesurer, insiste Jacques. — C'est peut-être le plus court sur ton dessin, mais tu as vu, tout à l'heure, les voitures? Viens, traversons, comme l'agent nous l'a dit. — Bon, allons donc faire ce tour... » 1. Quel tour vont faire les enfants ? Vont-ils traverser le carrefour ? 2. Ils vont contourner le carrefour. Quel avantage ont-ils à traverser rue par rue (passages protégés) ? c) « C'est vrai que cela va plus vite en traversant une rue après l'autre, dit Jacques. Si nous allions jusqu'au grand bazar de la place de la Mairie ? » (Croquis d'une place circulaire, ayant en son centre un bassin, et sur laquelle débouchent plusieurs rues.) Lorsqu'ils arrivent sur la place, le bazar est en face d'eux, mais de l'autre côté. « Viens, traversons, dit Jacques, nous verrons les poissons rouges en passant... — Non, répond Nicole, il n'y a pas ici de passage protégé pour aller au bassin... — Alors que faire ? » Dites-le à Jacques... (On traverse une place, une rue après l'autre comme un carrefour... : il devrait y avoir aussi, au moins, un passage protégé pour aller au bassin.) d) En revenant de leur promenade, les enfants empruntent un parcours différent, mais aussi fréquenté. « Regarde, comme c'est commode, remarque Jacques. Ici, on a bâti un petit trottoir au milieu de la rue (croquis d'un refuge)... C'est comme s'il 275

y avait deux rues... de ce côté, les voitures viennent de notre gauche, et de l'autre côté, elles viennent de droite. » Comment traverser la chaussée à refuge ? (Regarder à gauche jusqu'au refuge, puis à droite jusqu'au trottoir.) e) Voici une rue avec un seul courant de circulation. Un grand disque indique le sens qui est interdit (montrer ce disque). 1. Combien y a-t-il de sens de circulation ? Comment appelle-t-on cette rue ? A sens unique. 2. Comment voit-on le « sens obligatoire » et le « sens interdit » ? En regardant les disques et les voitures qui circulent ou stationnent. 2. Réflexions. 1. Pour traverser une place ou un carrefour, faut-il prendre le chemin qui paraît le plus court ? Pourquoi ? 2. Pourquoi le chemin que l'on doit prendre est-il le moins dangereux ? Passages protégés. 3. Si la place n'est ni ronde ni carrée, peut-on la traverser en diagonale ? Non, suivre toujours la même règle. 4. A quoi faut-il faire particulièrement attention aux places et carrefours ? Aux voitures qui tournent au centre du carrefour (croquis) et à celles dont le virage à droite est toléré (flèches, sur le sol, ou aux feux, croquis nécessaire). Elles doivent laisser passer les piétons sur les passages, mais ceux-ci doivent faire attention. 5. Qu'est-ce qu'un refuge ? Pourquoi l'appelle-t-on ainsi ? 6. Quand on va vers le refuge, d'où viennent les voitures ? Quand on le quitte, d'où viennent-elles ? (Croquis.) 3. Actions et problèmes. 1. Votre petit frère, pressé d'aller acheter des bonbons, s'engage, en diagonale, sur le carrefour. Que lui dites-vous ? 2. Comment se rendre au bassin aménagé au centre de la place ? (Croquis.) Regardez bien, il doit y avoir un passage protégé... 3. Et s'il n'y a pas de passage ? Regarder toujours à gauche pour y aller. Et pour en revenir ? A quoi ressemble donc le bassin ? A un refuge. 4. La place est très grande (croquis). Comment la traverser ? Que dois-je regarder ? S'il n'y a pas, venant au centre, un passage pour piétons. 5. Exercices, mimés dans la cour, pratiques au-dehors, de traversées de carrefours, places, chaussées à refuges. 4. Résolution. Je ne traverserai pas un carrefour ou une place en diagonale. Je le contournerai en traversant une rue après l'autre. Lorsqu'un refuge est aménagé sur une chaussée, je regarde à gauche avant d'aller vers le refuge et à droite avant de le quitter.

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136. MORALE - C. M. LE PIÉTON 6. CIRCULATION DES PIÉTONS SUR LES ROUTES, EN GROUPE, LA NUIT (Revision du C. E.) 1. Lecture et entretien. a) Pierrot s'en va voir sa grand-mère qui demeure au village voisin distant d'un kilomètre. Il marche sur le côté droit de la route. Ça l'amuse un peu de voir arriver de loin les voitures qui vont le croiser, mais il sursaute lorsqu'il entend un klaxon derrière lui. Il a beau se ranger, il a toujours peur surtout que certains automobilistes ne klaxonnent qu'au dernier moment... Il voit venir en face de lui, sur le même côté de la chaussée (croquis), Françoise qui va faire une commission. « Qu'elle est imprudente, Françoise, de marcher ainsi sur le côté gauche ! pense Pierrot... Et si les gendarmes passent, que vont-ils lui dire ? » 1. Etes-vous de l'avis de Pierrot ? Le code (art. 220) laisse au piéton qui circule sur une route le choix du côté sur lequel il veut marcher. Les instructions du 31 juillet 1959 du ministre de l'Education nationale « recommandent » la circulation à gauche. 2. Quels avantages y a-t-il à marcher à gauche ? On est en face du danger, on peut l'éviter. b) Voilà dix élèves qui se déplacent sur la grand-route. Ils marchent d'abord par petits groupes, mais des coups de klaxon impatients leur disent qu'ils ne doivent pas faire ce qu'il faut... Après discussion, ils se mettent en ligne, l'un derrière l'autre, et se partagent en deux files, l'une qui suit le côté droit, l'autre le côté gauche... Nouveaux coups de klaxon, gestes d'automobilistes... Pourquoi ? Sur quel côté de la chaussée doivent marcher les files ? A droite (art. 220). c) Jeannette et son papa qui habitent un hameau, ont pris la route pour aller, de nuit, au village. Ils marchent sur le côté droit de la chaussée. « Comme c'est désagréable ! dit Jeannette lorsque deux voitures se croisent ! — Pourquoi est-ce désagréable à ce moment-là ? Les automobilistes baissent leurs phares, voient mal, et se rapprochent de la droite. On entend des grincements de freins, car les conducteurs ne voient les piétons qu'au dernier moment. — On serait plus tranquille à gauche, remarque Jeannette, on pourrait se garer sur l'accotement quand on verrait arriver la voiture. — C'est vrai, dit papa, mais pour être moins en danger, la prochaine fois, nous prendrons une lampe électrique. — Elle ne sera pas assez puissante pour nous éclairer, objecte Jeannette. — Sans doute, mais les automobilistes, eux, nous verront... » De nuit, sur les routes, où doivent circuler les piétons ? A gauche.

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2. Réflexions. 1. Quand on est seul sur la route, hors du village, de quel côté doit-on marcher ? (Circulation à gauche recommandée.) 2. Si vous êtes dix ou douze, comment vous déplacer à pied, et de quel côté ? (En file, à droite.) 3. Les phares-codes des automobiles éclairent à 30 ou 40 mètres. C'est la distance que parcourt une automobile marchant à 50 ou 60 kilomètres à l'heure lorsqu'elle veut s'arrêter rapidement. Si le piéton n'est aperçu qu'à la limite des phares, il risque d'être renversé. Donc, où doit-il marcher ? (A gauche.) 4. De nuit, comment doivent marcher les files de piétons ? Sur le côté droit et signalées par des feux (blancs à l'avant, rouge à l'arrière). 5. Pourquoi les virages sont indiqués sur les routes par des poteaux blancs? De quelle couleur devrait-on s'habiller quand on circule, à pied, la nuit ? 3. Actions et problèmes. 1. Henri marche à gauche sur la route. Il voit venir une voiture vers lui et se précipite à droite. A-t-il bien fait ? Sur quel bord devait-il se ranger ? (Le plus proche.) 2. Nicole se promène sur la route au sommet d'une côte, Jacques à un croisement, Yvonne dans un virage. Ont-ils raison ? Que faire en ces endroits ? Marcher sur les bas-côtés. 3. Pierre pousse une brouette. Il fait nuit. De quel côté doit-il marcher ? A droite, car il pousse un véhicule. De même pour un charreton, une voiture d'enfant... 4. Jeannette, Paul et Jean rentrent de l'école par la route. Ils se tiennent tous les trois de front. Vous les rencontrez. Que leur dites-vous ? 5. Exercices pratiques dans la cour et sur une route au cours d'une promenade. 4 Conclusion. Sur les routes, en dehors des villages, les piétons peuvent marcher à droite ou à gauche. La circulation à gauche est recommandée. S'ils sont nombreux, ils doivent se mettre en files et marcher à droite. De nuit, les piétons doivent circuler à gauche de la route et porter une lumière.

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137. MORALE - C. M. LE CYCLISTE 7. MA BICYCLETTE 1. Lecture et entretien. Louis a reçu, pour son entrée au cours moyen, une bicyclette toute neuve... Oh ! il y a longtemps qu'il sait monter à bicyclette. Déjà, à cinq ans, il en avait une avec des stabilisateurs... On lui permettait de s'en servir seulement dans les endroits où il ne courait aucun danger, où il ne risquait pas de rencontrer un animal ou une voiture... Maintenant, c'est bien différent. Avec sa vraie bicyclette, Louis va partout et très rapidement... Quelle joie de se déplacer quatre ou cinq fois plus vite que les piétons, de se griser de vent sur la route, d'aller voir des camarades éloignés, de se tenir en équilibre sur un ruban de caoutchouc ! Quelle joie, mais que de dangers !... Qu'au lieu de rester à sa place sur la route Louis rêve à autre chose, ou veuille étonner ses camarades en se montrant plus rapide, ou fasse l'acrobate en lâchant le guidon... voilà l'accident ! Qu'au lieu d'attendre sagement le signal des feux ou celui de l'agent, il se glisse pour être le premier et fasse dévier d'autres cyclistes, voilà qu'il provoque un accrochage !... Que d'autres fassent ainsi, veuillent la chaussée pour eux seuls, n'obéissent à personne, ne soient satisfaits que s'ils sont les premiers partout, alors c'est Louis qui risque d'être en danger. Sans compter des automobilistes qui ne pensent qu'à eux, des piétons qui se moquent des autres, la pluie qui rend la chaussée glissante, les freins qui cassent au moment où l'on en a besoin, le chien affolé qui se jette dans la roue... l'envie de porter un camarade sur le cadre, celle de pédaler tout en se regardant dans la vitrine de l'épicier... Pour éviter tous les dangers, pour éprouver toutes les joies, que faut-il bien connaître ? Sa bicyclette d'abord et le code du cycliste ensuite. Enfin il faut regarder, réfléchir, être prudent. Pour bien connaître sa bicyclette, Louis l'observera à la maison ou à l'école en leçon de choses. Il apprendra le nom de ses divers organes et comment ils fonctionnent. En arithmétique, il étudiera comment on calcule son développement et en travail' manuel la manière de l'entretenir... Aujourd'hui, nous allons seulement voir si la bicyclette de Louis porte tout ce qu'exigé le code de la route. Article 194. Tout cycle... doit être muni de deux dispositifs de freinage efficaces. Article 195. Dès la chute du jour, ou de jour, lorsque les circonstances l'exigent, tout cycle monté doit être muni d'une lanterne unique, émettant vers l'avant une lumière non éblouissante jaune et d'un feu rouge à l'arrière. Article 196. En outre, tout cycle... doit être muni, de jour et de nuit, d'un ou plusieurs dispositifs réfléchissants, de couleur rouge, visibles de l'arrière... 279

Article 198. Tout cycle doit être muni d'un appareil avertisseur constitué par un timbre ou un grelot, dont le son peut être entendu à 50 mètres au moins. Article 199. Tout cycle doit porter une plaque métallique indiquant le nom et le domicile de son propriétaire... 2. Réflexions. 1. Comment sont disposés les rayons sur une jante de bicyclette ? Pourquoi ? 2. Comment avance une bicyclette ? Comment se transmet le mouvement quand on appuie sur les pédales ? 3. Comment fonctionnent les freins ? Si les patins sont usés qu'arrive-t-il ? 4. Comment répare-t-on un pneu percé ? 5. Que peut-il arriver si les pneus ne sont pas correctement gonflés, si la selle est trop haute ou trop basse, le guidon mal fixé ? 6. Quels sont les dispositifs d'éclairage que doit avoir une bicyclette ? A l'avant ? A l'arrière ? 7. Pourquoi un feu jaune et non pas blanc ? A quoi sert le feu rouge ? Et le catadioptre? 8. Que doit porter, en outre, obligatoirement, toute bicyclette ? Avertisseur, plaque d'identité. 3. Actions et problèmes. 1. Comment faites-vous pour voir si les pneus de votre bicyclette sont convenablement gonflés ? Que faites-vous s'ils le sont trop ? 2. Comment réglez-vous la hauteur et l'inclinaison de la selle, la hauteur et la place du guidon, la tension de la chaîne ? 3. Comment vérifiez-vous que vos roues ne sont pas voilées, qu'elles sont bien fixées ? 4. Comment réglez-vous les freins ? 5. Comment nettoyer et graisser la bicyclette? 6. Quels instruments, quelles pièces devez-vous avoir dans votre sacoche ? 7. Dans quels cas devez-vous utiliser le signal sonore ? Est-ce permis partout ? 8. Henri a cassé un frein. « Bah ! j'en ai un autre », dit-il. Que lui dites-vous ? 4. Résolution. Je vérifierai souvent que ma bicyclette a bien ses appareils d'éclairage, son timbre, ses freins, sa plaque d'identité. Je m'assurerai de son bon fonctionnement.

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138. MORALE - C. M. LE CYCLISTE 8. JE ROULE A DROITE 1. Lecture et entretien. a) C'est jeudi. Louis va voir Robert, qui habite au village voisin, distant de trois kilomètres. Il enfourche sa bicyclette mais, avant de partir, il dit de la main un « au revoir » à sa sœur Caroline qui le regarde de la fenêtre... Et, tout à coup, il démarre en ne tenant, d'ailleurs, le guidon que de la main gauche... Un coup de klaxon le fait sursauter... 1. Que s'est-il passé ? (Ne tenant son guidon que de la main gauche, il a été déporté à gauche au moment où une voiture arrivait derrière lui.) 2. Qu'aurait-il dû faire ? b) Cette émotion passée, Louis pédale vigoureusement en se tenant à droite, à environ un mètre du bord... Est-ce bien ? Pourquoi ? Louis se rapproche de la sortie de la ville... Il pense aux bonnes parties qu'il va faire avec Robert et il ne voit pas un panneau qui est destiné aux cyclistes. Maintenant ce n'est plus un klaxon, mais un sifflet qui l'arrête, le sifflet de l'agent... 1. Pourquoi l'agent a-t-il sifflé ? Louis n'était-il pas sur la chaussée ? 2. Que pouvait bien indiquer ce panneau pour cyclistes ? Une piste cyclable, que Louis aurait dû obligatoirement emprunter au lieu de rester sur la chaussée réservée aux automobiles. (Montrer le panneau de la piste cyclable.) c) Enfin sorti de la ville, Louis commence à peiner pour grimper une côte. Il monte « en danseuse », comme disent les coureurs. Comme il n'a plus la bordure du trottoir pour le guider, il se rapproche du milieu de la route. Que risque-t-il ? d) Heureusement, voici une descente. Louis respire. Il est en roue libre... Qh ! ce virage n'en finit plus... Au lieu de rester à droite, il coupe le virage, c'est-à-dire se rabat sur sa gauche, atteint le milieu de la route... A-t-il raison ? A ce moment arrive devant lui une puissante automobile... Louis n'a plus le temps de revenir à droite... Que peut-il lui arriver ? e) Après avoir bien joué avec Robert, Louis .revient à la tombée de la nuit. La circulation est intense, tout le monde est pressé de rentrer chez soi. Un feu arrête le flot des véhicules. Louis est à vingt mètres du feu, mais il se faufile entre les voitures, s'accroche à l'une, s'appuie sur l'autre, perd l'équilibre et patatras !... En tombant, il érafle une carrosserie, s'écorche le genou. « Tu l'as bien cherché », lui dit un automobiliste. Etes-vous de cet avis ? Qu'aurait dû faire Louis ? 2. Réflexions. 1. A quoi faut-il penser au moment de démarrer ?

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2. Quelle est la règle de circulation pour les cyclistes comme pour les piétons ? Tenir sa droite. 3. Quels sont les panneaux de signalisation particuliers aux cyclistes ? « Piste cyclable» et « Interdit aux cyclistes ». Les montrer. 4. Comment un cycliste, habitant dans la cour d'un immeuble, doit-il rejoindre la chaussée ? 5. Lorsque la route comporte plusieurs bandes limitées par des lignes jaunes, où doit rouler le cycliste ? Le plus à droite. 3. Actions et problèmes. 1. Jean, fatigué de rouler à bicyclette, monte sur le trottoir en la tenant à la main. « Attention, lui dit Pierre, c'est défendu... » A-t-il raison ? Non, une bicyclette peut être conduite par un piéton sur le trottoir. 2. Nicole sort à bicyclette d'une porte cochère, traverse le trottoir trop vite, et tourne brusquement à droite... Est-ce bien ? Pourquoi ? 3. La route est étroite. Simone roule à un mètre du bord. Deux voitures vont se croiser à sa hauteur. Que doit-elle faire ? Serrer à droite. 4. « II y a des trous sur la piste, dit François, et l'autre jour je me suis accroché avec un autre cycliste, aussi, je vais rouler sur la chaussée. » Que lui dites-vous ? 5. Exercices pratiques dans la cour et dans la rue. 4. Résolution. Que je sois piéton ou cycliste, je circulerai sur le côté droit de la chaussée. Lorsqu'une voiture sera en position de me croiser ou de me dépasser, je « serrerai » encore plus à droite.

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139. MORALE - C. M. LE CYCLISTE 9. JE SERAI PRUDENT 1. Lecture et entretien. a) Jacqueline et Jean vont se promener chacun sur sa belle bicyclette. « Regarde, dit Jean, je roule sans tenir le guidon et même en levant les bras... Tu n'en fais pas autant... — Je pourrais en faire autant, mais à quoi ça sert? répond Jacqueline... — Ça sert à montrer qu'on est un « as... » Mais Jean n'avait pas fini sa phrase que sa roue avant bute contre une betterave tombée, sans doute, d'un camion... On a beau être un as, qu'arrive-t-il dans des cas semblables ? Que pensez-vous de Jean ? Que ne faut-il pas faire ? b) Françoise n'a pas de bicyclette et elle envie Jacques qui est si fier de la sienne. Comme ils habitent tous les deux dans le même immeuble, Jacques propose à Françoise de la transporter sur le cadre... « Je voudrais bien, mais tu sauras garder l'équilibre ? demande Françoise. — Tu parles, depuis que je roule à bicyclette !... » Le démarrage est assez pénible... On parcourt cinquante mètres et voici une petite côte. Jacques se déhanche un peu... Françoise glisse sur son cadre... Qu'arrive-t-il ? Et si un agent les avait vus ? (Ce transport est interdit.) c) Dans la montée de la côte, Henri et Simone s'essoufflent un peu. « On va rattraper le camion, dit Henri, et on s'accrochera à lui... — C'est dangereux, dit Simone, et défendu. — Oui, mais tu verras, on montera toute la côte sans pédaler... » Un démarrage de champion et voici Henri près du camion. Il s'accroche d'une main, conduit comme il peut de l'autre... Tout à coup un trou dans la chaussée, un trou peu profond, mais qui suffit à déséquilibrer Henri... Que peut-il lui arriver ? Et si un agent de la circulation routière l'avait vu ? d) Pierre, Louis et Monique vont faire une promenade à bicyclette. Au départ, Pierre et Monique sont en tête et Louis derrière. Mais il entend mal ce que disent ses camarades... Aussi, à la première occasion, il se porte à leur hauteur. Ils roulent tous les trois de front et tiennent presque la moitié de la largeur de la route. Une auto les croise et le conducteur leur fait un signe. Qu'a-t-il voulu dire? Un car veut les dépasser et il ne peut le faire facilement. Le conducteur klaxonne, s'impatiente... Au passage, un voyageur leur crie : « Attention aux gendarmes ! »... Pourquoi a-t-il crié cela ? Qu'ont-ils fait de mal ? Qu'est-ce qui est interdit ?

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2. Réflexions. 1. Peut-on conduire sans tenir le guidon ? Est-ce permis ? Pourquoi ? 2. Est-il utile de savoir conduire en tenant le guidon d'une seule main ? Pourquoi ? 3. Que peut-il arriver si l'on suit de trop près un véhicule ? Que portent certains camions à l'arrière ? « Freins puissants. » 4. A quelle distance devez-vous vous tenir d'un véhicule qui roule ? Une dizaine de mètres. Et s'il est à l'arrêt ? Un mètre. Pourquoi ? 5. Pourquoi ne faut-il pas rouler à plus de « deux de front » ? 6. Avez-vous toujours le droit de rouler « à deux de front » ? Que faire dans les croisements, virages, sommets de côtes ? Et la nuit ? Se mettre en file simple. 7. Art. 189 du code. « Les cyclistes ne doivent jamais rouler à plus de deux de front.. Il leur est interdit de se faire remorquer par un véhicule... » Art. 193. « Les transports de personnes par des cycles... ne sont autorisés que sur des sièges ou dans des remorques. » 3. Actions et problèmes 1. A-t-on le droit de transporter un bébé sur une bicyclette ? Sur quoi doit-il être installé ? 2. A quoi sert le porte-bagages ? A quoi faut-il veiller ? Les bagages doivent être peu encombrants et bien arrimés. 3. « II n'y a presque jamais de voiture sur cette route, dit Paul, on peut rouler à trois de front. » Que lui répondez-vous ? 4. « Porte-moi sur le guidon de ta bicyclette ou sur le porte-bagages », vous dit Paulette. Que lui répondez-vous ? 5. « Tu vois bien que je ne risque rien à m'accrocher au camion », vous crie Paul. Tout à coup, le camion tourne à gauche... 6. Sur une route fréquentée, observons les imprudences des cyclistes. 4. Résolution. A bicyclette je ne lâcherai pas le guidon et je ne transporterai personne. Je ne m'accrocherai à aucun véhicule. Lorsque je serai avec des camarades, nous ne roulerons jamais à plus de deux de front ; la nuit nous roulerons toujours en file simple.

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140. MORALE - C. M. LE CYCLISTE 10. JE SERAI MAITRE DE MA VITESSE 1. Lecture et entretien. a) Françoise et Henri vont se promener à bicyclette. Voici une grande descente. Henri se lance. « Fais comme moi, lâche les freins, crie-t-il à Françoise. — Non, tu vas trop vite et la route est mouillée... » A peine a-t-elle dit cela qu'un chien, intrigué par les cris des enfants, surgit brusquement sur la chaussée devant Henri... Celui-ci freine de toutes ses forces... Qu'arrive-til ? Ses roues dérapent sur le goudron humide et Henri termine sa course folle la tête la première dans le fossé... Ses genoux saignent, ses vêtements sont déchirés... — Si vous étiez à la place de Françoise, que lui diriez-vous ? b) On va faire la course, dit Jacques à Louis, peu avant d'arriver au village. — Ce n'est pas prudent, risque Louis, nous allons rencontrer des gens, des animaux. — Nous avons de bons freins, reprend Jacques... Si tu ne fais pas la course, c'est que tu as peur d'être battu... » — A la place de Louis, qu'auriez-vous répondu ? Louis n'aime pas qu'on lui dise qu'il a peur. Et, brusquement, il s'élance en criant : « Allons-y ! » Pendant deux cents mètres, tout va bien. Mais voici des enfants qui, à la sortie d'un virage, traversent la chaussée. Sont-ils prudents ?... Louis fonce sur eux, freine, est déporté et renverse un petit... — Quelle faute Jacques et Louis ont-ils commise ? c) A la sortie de la ville, on traverse un carrefour qui n'est pas protégé par des feux. Marcel et Jeannette y arrivent assez vite. « Va doucement, dit Jeannette, c'est très fréquenté ici... » Justement, voilà un camion qui va couper leur route, et défiler devant eux... (croquis). « Freine ! crie Jeannette. — N'aie pas peur, il sera passé avant qu'on arrive... » Cela aurait été vrai si le camion avait poursuivi sa route à la même vitesse. Mais, pour éviter deux cyclistes qui se trouvaient devant lui, le conducteur du camion a dû freiner... Marcel ne l'avait pas prévu... Que lui arrive-t-il ? Qu'aurait-il dû faire ? 2. Réflexions. 1. Le code dit : « Tout conducteur doit constamment rester maître de sa vitesse. » Qu'est-ce que cela veut dire ? 2. Est-il plus facile d'être maître de sa vitesse en terrain plat ou en côte ? Par temps sec ou humide ? 285

3. En quels endroits est-il particulièrement dangereux d'aller vite ? Agglomérations, carrefours, virages, descentes, sommets de côtes, lieux ou moments où la visibilité est réduite, quand on croise ou dépasse un cortège, des animaux... 4. Que faut-il regarder lorsqu'on roule sur une route que l'on ne connaît pas ? Les panneaux qui indiquent les virages, carrefours (montrer ces panneaux). 5. Faut-il freiner brusquement ? En commençant par le frein de quelle roue ? Pourquoi? 6. Si l'on doit ralentir brusquement, c'est-à-dire réduire sa vitesse, quelle précaution faut-il prendre ? Lever horizontalement et abaisser le bras gauche. Pourquoi ? 3. Actions et problèmes 1. « Mon frein arrière ne serre pas assez, dit Caroline ; heureusement le frein avant est très bon. » Que lui dites-vous ? 2. Une troupe de soldats, échelonnés par groupes séparés d'une quinzaine de mètres, passe à un carrefour. « Passons entre les groupes », vous dit votre petit frère. Que lui répondez-vous ? 3. Un troupeau se déplace sur l'accotement. « Sprintons », dit Marcel, sinon nous serons dans la poussière. A-t-il raison de vouloir aller plus vite en croisant le troupeau ? Que peut-il arriver ? 4. « Je prends le virage très vite, comme les coureurs, déclare Paul, et, au milieu, je donne un coup de frein... » Que lui dites-vous ? 5. « Simone, tu vas trop vite... » « Mais non, j'ai de bons freins... » Brusquement, la voiture qui est devant elle s'arrête. Qu'arrive-t-il ? 6. Allons observer les fautes commises par tous ceux qui se laissent emporter par leur vitesse. 4. Résolution. Etre maître de sa vitesse, c'est pouvoir s'arrêter lorsque c'est nécessaire. Tout conducteur doit constamment rester maître de sa vitesse. Je serai prudent, je n'irai pas vite, je freinerai progressivement.

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141. MORALE - C. M. LE CYCLISTE 11. LES PIÈGES DE LA ROUTE 1. Lecture et entretien. a) Nicole et Jean se promènent à bicyclette. Ils ont beaucoup d'histoires à se raconter. Et quand on parle on ne regarde pas attentivement sur la route. Or, voilà qu'un camion a laissé tomber des morceaux de brique. Ce n'est pas très dangereux, mais ça peut percer les pneus... Ah ! voici qui est plus mauvais : deux briques entières. Jean les a vues trop tard. Il donne un coup de guidon à gauche et heurte Nicole, qui tombe... Heureusement, ils n'allaient pas vite... Mais si une voiture les avait suivis? b) « Tiens, dit maman à Catherine, va porter à grand-mère son pain et son lait. » La route est recouverte de neige depuis quelques jours et grand-mère habite hors du village. Dans les sillons tracés par le passage des voitures, le verglas (expliquer) a remplacé la neige. — Est-il facile de circuler sur une telle route ? Pourquoi ? Que faut-il faire? Catherine fait d'abord attention. Deux ou trois fois elle dévie et, sa roue avant entrant dans la neige, elle s'arrête... Mais elle voudrait aller plus vite... Alors elle accélère, « zigzague»... Et, tout à coup, qu'arrive-t-il ? c) « Que cette route est mauvaise ! » s'écrie Françoise. En effet, les trous y sont nombreux et il faut bien tenir son guidon pour ne pas être déséquilibré. On y trouve aussi des traînées de gravier qui peuvent provoquer des dérapages. Françoise n'est pas très rassurée. Et puis qu'est-ce qu'elles ont toutes ces vaches à la regarder passer ? C'est complet maintenant ! Voilà qu'un troupeau d'oies, non gardées, traverse la route. Françoise n'aime pas les oies... Justement en voici une qui n'aime pas les cyclistes. Elle tend son cou vers les mollets de la fillette en poussant des cris désagréables... Françoise, déjà inquiète, prend peur, s'affole, lâche son guidon pour chasser l'oie et, patatras !... — Qu'aurait-elle dû faire ? Garder son sang-froid, ne pas s'affoler. 2. Réflexions. 1. Quels objets dangereux peut-on rencontrer sur une route ? D'où viennent-ils ? 2. Quels sont les animaux dangereux que l'on rencontre sur les routes ? 3. Qu'est-ce qui est dangereux en hiver ? Neige, verglas. Présenter le panneau «Chaussée glissante ». Et en toute saison ? Les animaux, les trous, les rails, le soleil bas sur l'horizon. 4. Qu'est-ce qu'un dérapage ? Comment se produit-il ? Pourquoi dérape-t-on ?

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5. Sur quelles chaussées ou dans quels cas on doit craindre de déraper ? Pluie, boue, poussière, sable, cailloux, taches d'huile. 6. Qu'est-ce qui favorise les dérapages, mais qui, cette fois, est sur la bicyclette ? De mauvais pneus, trop ou insuffisamment gonflés. 7. Que faire pour éviter de déraper ? Freiner le moins souvent possible. 3. Actions et problèmes. 1. Votre petit frère va partir seul sur la route pour une promenade de 3 kilomètres. Vous lui dites les obstacles qu'il pourra rencontrer. 2. « Moi, dit Louis, quand la route est mouillée, je me lance et je relève les pieds sur la fourche, pour ne pas me mouiller. » Que risque-t-il ? 3. Un jour de neige, observons les cyclistes, leurs difficultés et leurs fautes. 4. Les rails d'une ancienne voie de tramway ne sont pas encore recouverts de goudron. Expliquez à un camarade comment on peut les franchir sans danger. 5. « Aïe ! je n'y vois plus, une abeille m'a piqué », s'écrie votre camarade, et il lâche le guidon. Que lui dites-vous ? Que faites-vous ? 6. La route descend. Elle est couverte de plaques de verglas. Que faites-vous ? 4. Résolution. La route peut être parsemée de nombreux obstacles. J'observerai toujours l'état de la chaussée, je resterai maître de ma vitesse, je freinerai le moins possible et, si je dérape, je ne m'affolerai pas.

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142. MORALE-CM. LE CYCLISTE 12. JE SAIS DÉPASSER ET ME LAISSER DÉPASSER 1. Lecture et entretien. a) Jean est tout fier de montrer qu'il va vite à bicyclette. Il a tellement l'habitude de dépasser tous ses camarades qu'il ne pense même plus à se ranger sur la droite quand il a doublé un véhicule. — Est-il prudent ? Que risque-t-il de lui arriver ? Souvent il oublie de faire une chose importante... L'autre jour, Pierre a voulu se mettre à sa poursuite. Il était presque parvenu à la hauteur de Jean lorsque celui-ci, pour dépasser un triporteur, s'est déporté sur sa gauche... Pierre, qui ne s'en doutait pas, a accroché son camarade. Tous deux sont tombés sur la chaussée et se sont fait mal... 1. Qui avait tort ? Pourquoi ? Qu'aurait-il dû faire ? S'assurer d'abord qu'il n'y avait pas de danger, qu'il pouvait dépasser, ensuite avertir... 2. Comment avertir ? A quel moment ? Une dizaine de mètres au moins avant de changer de direction. b) L'autre jour Geneviève a été accidentée... Elle dépassait, en la frôlant presque, une voiture en stationnement... Soudain, la porte de la voiture s'est ouverte et Geneviève, malgré un écart à gauche, l'a heurtée et est tombée sur la chaussée. 1. Qui avait tort ? L'automobiliste d'abord. 2. Mais à quelle distance faut-il dépasser un autre véhicule ? Un mètre. c) Roulant sur une route assez fréquentée, Louis se prépare à dépasser une voiture tirée par un cheval... Mais il ne voit pas qu'ils arrivent à une carrefour et que le cheval qu'il va doubler a ralenti parce qu'un camion roule sur la route transversale... Lorsque Louis voit le camion, il est déjà trop tard... Il freine de toutes ses forces, dérape, passe par-dessus le guidon... Quelle faute a-t-il commise ? d) Paul, qui a un vélomoteur, avertit Nicole et André qui roulent l'un près de l'autre, qu'il va les dépasser.... « Dépêche-toi, dit André à Nicole, on va lui montrer qu'on va aussi vite que lui... — Pourquoi ? Laissons-le passer... — Non, non, tu vas voir... » Et André, tête baissée, pédale de toutes ses forces... A-t-il raison ? Que risque-t-il ? 2. Réflexions. 1. De quel côté d'un véhicule le dépasse-t-on ? A gauche. 2. Quel signal fait-on avant de tourner ? A qui est-il destiné ?

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3. Comment avertir ceux qui nous précèdent que nous allons les dépasser ? Est-ce toujours permis ? Présenter le panneau « Signal sonore interdit ». 4. Pourquoi le cycliste doit-il laisser un mètre entre lui et le véhicule dépassé ? 5. Où est-il interdit de dépasser ? Aux croisements, passages à niveau non gardés, virages, sommets de côtes, et tous lieux où la visibilité est faible. 6. Ne peut-on dépasser à droite ? Quand ? Véhicule ayant annoncé qu'il tournait à gauche, tramway, sauf s'il est arrêté. 7. Quand on a terminé un dépassement, que faut-il faire ? Reprendre sa place à droite progressivement. Pourquoi ? 8. Un véhicule va vous dépasser. Que devez-vous faire ? Vous laisser dépasser, serrer à droite. 9. Peut-on, pour dépasser, emprunter la moitié gauche de la chaussée ? Oui, si on ne gêne pas la circulation en sens inverse. 3. Actions et problèmes. 1. Votre petit frère ne sait pas conduire d'une main et pourtant il veut dépasser les autres. Que lui dites-vous ? 2. Francis aime faire peur à ses camarades. Il les dépasse en les frôlant. A-t-il raison ? Que risque-t-il ? 3. Jacqueline veut doubler ce camion qui a ralenti, mais elle n'a pas vu la flèche indiquant qu'il va tourner à gauche... Que risque-t-elle? 4. « II n'y en a pas beaucoup qui me dépassent, se vante Paul. Dès que j'en entends un je pédale très fort... » Que lui dites-vous ? 5. « Je me suis bien amusé, dit Pierre. Quand j'ai doublé Jean, je me suis rabattu et je lui ai coupé la route ; il a failli tomber. » Que dites-vous à Pierre ? 6. De quoi faut-il se méfier quand on dépasse une voiture arrêtée ? Ouverture de portes, piétons surgissant de devant le capot. 7. Observer sur une chaussée les fautes commises par ceux qui dépassent incorrectement ou ne veulent pas se laisser dépasser. 8. Exercices pratiques dans la cour et dans la rue. 4. Résolution. Les dépassements se font à gauche. Avant de dépasser un véhicule, je m'assure que je peux le faire sans danger et je tends le bras gauche. Je laisse un mètre entre le véhicule dépassé et moi. Si un véhicule veut me dépasser, je me range sur la droite et je le laisse passer.

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143 MORALE - C. M. LE CYCLISTE 13. CHANGER DE DIRECTION - S'ARRÊTER 1. Lecture et entretien. a) Tourner à droite (croquis). « Dépêche-toi, dit Jacques à Nicole, et fais attention, là-bas nous tournerons à droite. » Lui-même commence à se ranger dans la file de droite, c'est-à-dire la plus rapprochée du trottoir. « Viens derrière moi, dit-il à Nicole, tu ne pourras plus tourner ensuite... » A-t-il raison ? Pourquoi ? (croquis). Au carrefour, parmi les cyclistes qui tournent à droite comme eux, certains ont tendu le bras droit, d'autres non. 1. Qui a raison ? Que faut-il faire ? Avertir en tendant le bras. 2. Pourquoi est-ce obligatoire ? Parce qu'il arrive que certains, étourdis ou pressés, veulent dépasser à droite... il faut donc les avertir. b) Tourner à gauche au carrefour (croquis). « Maintenant, dit Jacques, cela va être moins facile. Il s'agit de tourner à gauche... » Mais Nicole est dans la file de droite... Est-elle bien placée ? (croquis). Où devrait-elle se trouver ? Jacques s'avance vers la gauche, près du petit refuge qui marque le centre du carrefour... 1. Qu'a-t-il oublié ? De tendre le bras gauche. 2. A quelle distance du refuge ? Une dizaine de mètres. Voilà que, pour compliquer la situation, une voiture vient sur la droite... (croquis). « Aïe ! dépêche-toi, crie Nicole. — Non, répond Jacques, c'est à la voiture de passer... » Enfin, Jacques peut tourner et s'engager dans la rue perpendiculaire à la précédente... c) Francis, lui, veut rattraper Jacques et Nicole qui sont partis avant lui. Au lieu de faire le tour du petit refuge par la droite, comme l'ont fait ses camarades (croquis), il veut raccourcir la distance et il coupe à gauche du refuge (croquis). Des coups de klaxon, des grincements de frein, des invectives... Qu'est-ce que Francis a fait et qui est interdit ? d) « Tu feras attention, crie Jacques à Nicole. Nous allons nous arrêter juste avant la prochaine rue... Suis-moi... » Jacques serre progressivement sur sa droite et voilà qu'il tend son bras gauche horizontalement, l'élève et l'abaisse plusieurs fois comme s'il faisait de l'équilibre (battement lent). Nicole n'est encore pas assez adroite pour l'imiter... Elle ne fait aucun signe, freine et s'arrête brusquement... Derrière elle, c'est une cascade de grincements de freins... Pourquoi ?

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2. Réflexions. 1. Que faut-il faire avant de tourner à droite ? D'abord voir qu'on peut tourner sans danger, puis se placer dans la file de droite. 2. Que faut-il faire avant de tourner ? Signe. A quelle distance du virage ? 3. Que faire avant de tourner à gauche ? Voir si on peut le faire sans danger, se placer dans la file de gauche, faire signe... 4. Comment doit-on tourner autour des agents, refuges, poteaux ? Par la droite. Qu'estce que le sens giratoire ? 5. Est-il dangereux de s'arrêter brusquement ? Quel signe faut-il faire avant de s'arrêter? 3. Actions et problèmes. 1. Pierre est dans la file de gauche. Il veut tourner à droite. Le peut-il ? Que doit-il faire? 2. Henriette est dans la file de droite. Elle veut tourner à gauche. Le peut-elle ? Que doit-elle faire ? 3. Il n'y a aucune borne ou refuge au carrefour. Pour aller plus vite, Louis le coupe en diagonale. A-t-il raison ? Que doit-on faire même s'il n'y a pas de borne ? 4. Pour s'arrêter, Véronique s'est contentée d'étendre le bras comme si elle allait tourner à gauche. Dites-lui pourquoi elle a tort. 5. Observons les fautes commises par les gens qui changent de direction ou s'arrêtent. 6. Exercices pratiques dans la cour et dans la rue. 4. Résolution. Avant de changer de direction, je me place dans la file convenable et j'avertis ceux qui me suivent en étendant le bras à droite ou à gauche. Je n'oublie pas de prévenir lorsque je veux m'arrêter.

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144. MORALE - C. M. LE CYCLISTE 14. LA PRIORITÉ 1. Lecture et entretien. a) Pierre et Monique, montés chacun sur une bicyclette, se rencontrent exactement au croisement de deux rues (croquis). Chacun voudrait passer le premier... Ils font un peu d'équilibre, se rapprochent, se touchent et, finalement, mettent tous les deux pied à terre. C'est alors un beau concert de klaxons... Pourquoi ? Monique venait sur la droite de Pierre, donc celui-ci sur la gauche de Monique. Qui doit laisser passer l'autre ? Le conducteur qui vient par la gauche. On dit que Monique avait priorité. b) Pierre et Monique se sont réconciliés, mais voilà qu'un peu plus tard, ils se retrouvent encore à un croisement dans une position un peu différente (croquis). Cette fois c'est Pierre qui vient par la droite, mais Monique a déjà atteint le milieu de la rue sur laquelle se trouve Pierre. Celui-ci est encore^ à cinq mètres de la fillette. « Laisse-moi passer ! lui crie-t-il. J'ai priorité... » Et il pédale plus fort. 1. A-t-il raison ? Quelle faute commet-il ? Sera-t-il maître de sa vitesse ? 2. La priorité est-elle un droit absolu ? Monique pouvait-elle céder le passage ? (Quand elle s'est engagée, Pierre était à une dizaine de mètres.) c) Jean et Lise connaissent les règles de priorité. Ils savent qu'ils doivent céder le passage à tout véhicule venant sur leur... ? et que tout véhicule venant sur leur... ? doit les laisser passer. Mais si tous les conducteurs connaissent ces règles, il en est qui ne respectent pas toujours le droit des autres... C'est ainsi que les deux enfants arrivent à un croisement en même temps qu'un scooter qui vient sur leur gauche (croquis). « C'est à nous de passer, dit Jean. — Cela ne fait rien, tu vois bien qu'il ne ralentit pas, laissons-le passer. — Tant pis, dit Jean, j'ai priorité. » Et il fonce... dans le scooter. — Jean a-t-il eu raison ? Qu'aurait-il dû faire ? d) Jean et Lise vont aborder un nouveau croisement lorsque le klaxon d'une voiture de police se fait entendre. « Oh ! cette fois on ne nous prendra pas la priorité, dit Lise, puisque ce sont des policiers... — Tu crois ça ? Freine ! » commande Jean. — A-t-il raison ? Pourquoi ?

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2. Réflexions. 1. Qu'est-ce que la priorité ? Le droit de passer le premier. Un cycliste peut-il avoir priorité sur un automobiliste ? 2. Que dit le code pour la circulation à l'intérieur des agglomérations ? Art. 25. « Lorsque deux conducteurs abordent une intersection de routes par des routes différentes, le conducteur venant par la gauche est tenu de céder le passage à l'autre conducteur. » Cela signifie que c'est à celui de droite de passer le premier. 3. Faut-il toujours vouloir passer le premier quand on a priorité ? Qu'est-ce qui est le plus important, ce droit ou la vie ? 4. N'y a-t-il pas des voitures qui ont priorité sur tous les véhicules, même venant de droite ? Pompiers, police, gendarmes, ambulances. 5. Que faut-il faire quand on entend leurs klaxons ? Serrer à droite, s'arrêter. 3. Actions et problèmes. 1. A un croisement, un cycliste arrive sur votre droite. « Dépêchons-nous », vous dit votre petit frère. Que lui répondez-vous ? 2. Une automobile ne respecte pas votre droit de priorité. Votre petit frère n'est pas content. Que lui dites-vous ? 3. « Cette voiture blanche aurait quand même pu respecter notre priorité », dit Janine. C'est une ambulance... 4. Caroline a été renversée par une voiture. « J'avais la priorité », pleure-t-elle. Que peut-on lui dire ? 5. Observons les fautes commises contre le droit de priorité. 6. Exercices pratiques dans la cour et dans la rue. 4. Conclusion. Lorsque deux véhicules se rencontrent dans une agglomération ou un croisement de routes d'égale importance, celui qui vient de gauche doit céder le passage à l'autre. Celui qui vient de droite passe le premier : c'est la priorité. Le droit de priorité ne dispense pas d'être prudent. •Les voitures de pompiers, de police, ont priorité sur tous les autres véhicules.

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145. MORALE - C. M. LE CYCLISTE 15. LA PRIORITÉ (suite) - LES SIGNAUX 1. Lecture et entretien. a) Jean et Lise ont emprunté la route départementale conduisant à la Nationale 7, sur laquelle la circulation est intense. « Nous avons de la chance, observe Lise, nous arrivons de droite sur la Nationale. Avec notre droit de priorité... — Nous n'avons pas de priorité, rétorque Jean. Regarde ce triangle jaune, bordé de rouge, la pointe en bas... et puis l'autre bordé de bleu sur ce petit poteau qui s'appelle une balise... Sais-tu ce qu'ils veulent dire ? Qu'en arrivant sur la route à grande circulation nous devons céder le passage à tous les véhicules, qu'ils viennent de gauche ou de droite... — Quand pourrons-nous passer alors ? — Quand nous ne gênerons personne... Il nous faudra attendre que la circulation soit moins intense... » b) Le stop. Revenant de leur promenade par une autre route qui croise encore la Nationale, Lise espère, car il se fait tard, qu'ils n'auront pas à attendre l'écoulement du trafic. « De toute façon, dit Jean, il y a un « stop » à ce croisement. — Un « stop » ? — Oui, tiens... Regarde ce triangle là-bas... Que dit-il? — Stop à 150 m... Mais que faut-il faire ? — Tu vas voir... » Cent cinquante mètres plus loin, c'est-à-dire au croisement, on voit un signal circulaire portant le mot « stop » (présenter les panneaux). « Que faut-il faire ? insiste Lise. — S'arrêter, regarder et attendre pour passer que l'autre route soit libre... — Mais comment les gens de la grande route savent-ils qu'ils peuvent passer librement? — Ils en sont informés par le panneau « Passage protégé » (montrer). Ils savent donc qu'ils peuvent rouler tranquilles. »

c) « Tu as parlé, dit Lise, de routes à grande circulation et de routes secondaires, mais on ne voit écrit nulle part si la route est secondaire ou à grande circulation... — C'est vrai, mais il y a des panneaux... Que dit le triangle la pointe en bas?

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— Qu'on va arriver à une route à grande circulation... - Donc, si l'on a le panneau devant soi, on se trouve sur une route secondaire... Et sais-tu ce que signifie celui-là ? — Ah ! ça, c'est facile, c'est un croisement... — Mais entre quoi et quoi ?... »

1) D'une route secondaire avec la route à grande circulation ou l'on roule. 2) De deux routes secondaires. 3) De deux routes à grande circulation. 2. Réflexions. 1. Quelle est la règle du droit de priorité ? Céder le passage au véhicule venant de droite. 2. En quels lieux cette règle s'applique-t-elle ? Dans les agglomérations et hors des agglomérations entre routes d'égale importance. 3. Pourquoi les véhicules des routes à grande circulation ont-ils priorité sur ceux des routes secondaires ? 4. Quand on passe d'une route secondaire sur une route à grande circulation, la priorité du véhicule de droite existe-t-elle ? D'après quelle règle se fait le passage ? 5. Quelles sont les voitures qui ont priorité sur tous les autres véhicules ? 6. Que signifie le signal « Stop » ? Que faire quand on en rencontre un ? Que signifie le signal « Passage protégé » ? 7. Comment est signalé le croisement de deux routes secondaires ? De deux routes à grande circulation ? 3. Actions et problèmes. 1. « Nous arrivons de droite, nous avons priorité, dit votre petit frère, au croisement d'une route à grande circulation. » (Croquis.) Que lui dites-vous ? 2. « Attention au stop, dites-vous à Jacqueline... — C'est pour les automobiles », dit-elle... Que lui expliquez-vous ? 3. Vous roulez en compagnie d'un petit étranger, qui comprend mal le français écrit. Vous arrivez devant le panneau « Danger, priorité à droite ». Il vous propose de « sprinter ». Comment lui expliquer qu'il ne faut pas ? 4. Résolution. Je laisserai la priorité aux véhicules venant de ma droite. En abordant une route à grande circulation (triangle jaune pointe en bas), je céderai le passage à tous les véhicules venant de droite ou de gauche. Le signal « stop » me commande de m'arrêter et d'attendre que la voie croisée soit libre.

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146. MORALE - C. M. LE CYCLISTE 16. LES SIGNAUX (suite) 1. Lecture et entretien. a. Le virage à droite. Jacqueline a appris à connaître ce que veulent dire les signaux lumineux, du moins les principaux... Mais voici que depuis quelques jours on en a installé de nouveaux... Justement, alors qu'elle s'arrête comme d'habitude, avant de tourner à droite, au feu rouge du carrefour de la poste, elle est étonnée de voir deux ou trois cyclistes ne pas s'arrêter, bien que le feu soit au rouge, et tourner à droite. L'agent ne leur dit rien. Avaient-ils le droit de passer ? Oui, car sous le feu rouge, une petite flèche verte, dirigée vers la droite, le permet. — A quelle condition ? Qu'ils ne gênent pas les piétons engagés sur les passages ou les voitures circulant dans la rue perpendiculaire. b. Les feux clignotants. Paul sait que devant les feux clignotants jaunes, il faut être prudent. Mais, ce soir, il arrive à un passage à niveau non gardé, non fermé par une barrière, et là, il voit clignoter des feux... rouges. « Ça, c'est nouveau pour moi, se dit-il, il vaut mieux que je m'arrête... » Ilcomprend bientôt... A trois cents mètres, un train arrive... — Que signifie le signal clignotant rouge ? Danger... arrêt absolu. c. Les passages à niveau. Paul a repris sa petite route qui serpente à travers la campagne et traverse plusieurs fois la voie ferrée... Ah ! voici un triangle représentant une barrière. Celui-là, Paul le connaît : c'est un passage à niveau gardé. Devant la barrière abaissée, il rencontre Jean. « Nous n'allons pas attendre..., passons par le portillon », dit Jean. — Si vous étiez à la place de Paul, que répondriez-vous ? Plus loin, voici un panneau triangulaire représentant une locomotive... — Pourquoi ne représente-t-il pas une barrière comme l'autre ? — Que veut-il dire? C'est un passage à niveau non gardé. Quelles précautions faut-il prendre pour le franchir ?

d. Connaissez-vous d'autres signaux ? Résumons les principaux : 1. Signaux de danger. Triangulaires, la pointe en haut, jaunes, bordés de rouge. Que nous commandent-ils, tous ? De ralentir.

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2. Réflexions. 1. N'aurait-il pas mieux valu, à la place des panneaux, avertir les gens par une inscription ? Pourquoi ? 2. Quel est l'avantage des panneaux? Compris de tous, même des illettrés, des étrangers. 3. Quelles sont la forme et la couleur de tous les signaux de danger ? d'interdiction ? d'obligation ? 3. Actions et problèmes. 1. Le passage à niveau est fermé. « Ça ne fait rien, on passe par le portillon », dit Henri. Etes-vous d'accord? 2. Le passage à niveau n'est pas gardé. « II ne passé presque jamais de tram, dit Paul. Ce n'est pas la peine de s'arrêter... » Etes-vous de cet avis ? 3. Pierre et Simone arrivent à un passage à niveau au moment où les barrières s'abaissent. Pierre veut passer. Si vous étiez Simone, que diriez-vous ? 4. Résolution.

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Les signaux de danger, d'interdiction, d'obligation forment un langage que doivent comprendre tous ceux qui circulent sur une route.

147. MORALE - C. M. LE CYCLISTE 17. A BICYCLETTE LA NUIT 1. Lecture et entretien. a. « As-tu vérifié ton éclairage ? a demandé maman à Jean-Pierre qui, en compagnie de Françoise, va au village voisin. — Oui, oui, répond Jean-Pierre, et puis, nous rentrerons avant la nuit... » C'est bien ce qu'ils voulaient faire, mais pfftt ! Jean-Pierre est monté sur un clou, son pneu est percé et il a dû réparer aux dernières lueurs du jour... Et lorsqu'il a voulu se servir de sa lanterne, il s'est aperçu qu'elle ne fonctionnait pas... « Passe devant, a-t-il dit à Françoise. — Mais ton feu rouge aussi ne marche pas, », a remarqué celle-ci... Que risquait JeanPierre ? « Heureusement qu'il te reste le catadioptre... — Tant pis, nous allons repartir ainsi... » Lorsqu'une voiture les croise, tout va bien, niais lorsqu'un véhicule les dépasse ? Deux ou trois s'arrêtent sur un coup de frein brutal dans le dos de Jean-Pierre... C'est alors qu'il pense au conseil de sa maman... b. « Je vais me mettre à côté de toi, dit Jean-Pierre, ...comme cela, ceux qui viendront derrière verront tes lumières. » Et tandis que Françoise roule en bordure de la chaussée, Jean-Pierre reste à gauche et à sa hauteur... — Pensez-vous que ce soit bien ainsi ? — Que risquent-ils de l'arrière ? Et de l'avant ? c.. Tout à coup, plus de lumière. Le feu avant de Françoise s'éteint : l'ampoule est grillée... « Je pense que tu as une ampoule de rechange ? interroge Jean-Pierre. — Non, et toi ? — Non plus... » Qui a tort ? « Eh bien, il ne nous reste qu'une solution... » Laquelle? — De quel côté doivent-ils marcher ? Comment ? — Qu'est-ce qui va signaler leur présence ? Le catadioptre. — Que diront les parents à l'arrivée ?

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d. Jacques et Simone sortent de l'étude. Le soleil vient de se coucher. On y voit encore et les deux enfants roulent côte à côte. Deux ou trois automobilistes qui les ont croisés ou dépassés ont bien klaxonné, mais Jacques a dit : « Qu'est-ce qu'ils nous veulent ? On y voit, on n'a pas besoin d'allumer. » — Mais est-ce seulement la lumière qu'ont demandée les automobilistes ? Un peu plus tard, alors qu'ils ont allumé leurs lanternes, un coup de sifflet stoppe les enfants... Les gendarmes ! Oh ! ils ne sont pas méchants, mais que vont-ils dire aux écoliers ? (Les cyclistes doivent se mettre en file simple, rouler les uns derrière les autres dès la chute du jour.)

2. Réflexions. 1. Quels sont les feux qu'une bicyclette doit avoir ? Justifiez la couleur de chacun d'eux. 2. Quel dispositif doit-elle encore porter à l'arrière ? Un dispositif réfléchissant : le catadioptre. Comment fonctionne-t-il ? Il réfléchit la lumière des phares. 3. Comment doit être placé le catadioptre ? Verticalement. Remplace-t-il le feu rouge ? Non. 4. Si un cycliste n'a pas son éclairage et son catadioptre, que risque-t-il ? 5. Que conseille-t-on encore aux cyclistes de porter ? Vêtements clairs, brassards, etc. 6. A quel moment faut-il allumer son éclairage ? Dès que le soleil est couché ou s'il y a du brouillard. 7. Quelles précautions faut-il encore prendre la nuit ? Signaler les changements de direction à gauche en tendant un journal ou un mouchoir à la main. Redoubler d'attention dans la traversée des carrefours. 3. Actions et problèmes. 1. «Ton éclairage ne marche pas, dites-vous à votre petite sœur... — Ça n'a pas d'importance, je rentrerai avant la nuit. » Que lui conseillez-vous ? 2. « As-tu des ampoules de rechange ? demandez-vous à Paul. — Ce n'est pas la peine, les autres sont presque neuves... » A-t-il raison ? 3. « Pourquoi faut-il encore un catadioptre, puisqu'il y a un feu rouge ? » vous demande Simone. Que lui répondez-vous ? Deux précautions et, en outre, si l'on conduit à pied la bicyclette... 4. Apprenons à entretenir, nettoyer, réparer le système d'éclairage de la bicyclette. 5. La nuit est tombée. « Pourquoi ne veux-tu pas que je roule à côté de toi ? » vous demande votre petit frère. Que lui répondez-vous ? 4. Résolution. Je dois avoir sur ma bicyclette une lanterne jaune à l'avant, un feu rouge et un catadioptre à l'arrière, tous en bon état de fonctionnement. J'allume ces lumières dès le coucher du soleil. Dès la chute du jour, les cyclistes doivent rouler en file simple.

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148 . MORALE - C. M. 18. LA CONDUITE DES ANIMAUX 1.

Lecture et entretien.

a. Jacques, un petit garçon de la ville, est allé passer quelques jours de vacances chez son cousin Henri... Cet après-midi, les deux enfants vont conduire les vaches au champ. « Est-ce qu'elles marchent à droite comme les voitures ? demande Jacques. — Bien sûr, c'est le meilleur moyen pour qu'elles ne soient pas écrasées. » Et, en sortant de la ferme, Henri regarde à gauche et à droite et attend que la route soit libre avant d'engager le troupeau sur la chaussée. b. Tout alla bien pendant qu'on était sur la grand-route. Les voitures croisaient et dépassaient le troupeau sans difficulté. Bientôt, ils prirent une route plus étroite bordée de haies. Soudain, fitt ! fitt... un jeune lièvre traverse la chaussée et escalade le talus... « Attrapons-le... Attrapons-le ! » s'écrie Jacques. Tous deux s'élancent à la poursuite du lièvre. Quelques minutes après, un coup de klaxon et des beuglements se font entendre. « Mes vaches ! » s'écrie Henri. Que s'était-il passé ? Que va dire aux enfants le conducteur du camion ? c. Jacques et Henri se sont attardés au champ. La nuit est tombée lorsqu'ils prennent le chemin du retour. La première voiture qui les dépasse fait longuement fonctionner son klaxon... « II n'a pas l'air content, dit Jacques. Pourtant, il nous voit bien encore et nous marchons à droite. » Voilà un gros camion qui dépasse même le milieu de la chaussée. « Oh ! celui-là ne se gêne pas, dit Henri. Il serait bien capable d'écraser une vache... — Mais est-ce qu'il voit le troupeau ? demande Jacques. Est-ce qu'il ne nous faudrait pas aussi une lanterne ? » Dès la chute du jour, le troupeau doit être signalé par une lanterne. 2. Réflexions. 1. Qu'arriverait-il si on laissait des animaux circuler librement sur la voie publique ? 2. Si votre chien, un mouton, un porc vous échappe et provoque un accident, qui est responsable, qui paiera les dégâts ? 3. Les troupeaux peuvent-ils stationner sur la chaussée ? Ils peuvent y circuler. Pourquoi ?

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4» Si un troupeau occupe une assez grande longueur sur la chaussée, combien de conducteurs sont nécessaires ? Deux, un à l'avant, l'autre à l'arrière. Que doivent-il avoir chacun ? Une lanterne. 5. Connaissez-vous des accidents survenus à des automobilistes ou à des animaux et qui étaient imputables au conducteur du troupeau ? 3. Actions et problèmes. 1. Votre troupeau va sortir et occuper pendant quelques minutes toute la largeur de la route. Comment organisez-vous sa sortie ? Au besoin, faire les gestes nécessaires pour arrêter la circulation. 2. Françoise vous dit : « Cet automobiliste ne pense qu'à lui... il vient de nous tuer une poule. » Que lui dites-vous ? 3. Vous conduisez quatre vaches. Vous arrivez à un passage à niveau non gardé. Quelles précautions prenez-vous ? 4. La chaussée sur laquelle vous conduisez les oies est étroite. Où devriez-vous vous déplacer ? 5. La nuit est tombée. Avec Jean, vous conduisez quinze vaches. Vous n'avez qu'une lanterne. Où vous mettez-vous l'un et l'autre?,Qui porte la lanterne et comment ? De manière qu'elle soit visible de l'arrière. Pourquoi ? 6. Paul fait paître ses moutons sur la voie ferrée. Que lui dites-vous ? 4. Résolution. Lorsque je conduirai des animaux, je les ferai marcher sur la partie droite de la chaussée où ils ne devront ni gêner la circulation, ni stationner. Je ne les Baisserai jamais sans surveillance.

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149. MORALE - C. M. DANGER DES INCENDIES 1. Lecture et entretien. a. Les allumettes. Pierre, Jean et Françoise ont décidé d'aller, seuls, en pique-nique à la forêt. Ils se sont bien gardés de le dire à leurs parents... C'est donc en secret qu'ils partent avec, dans leurs poches, deux œufs, quelques pommes de terre, un morceau de saucisse... Ayant trouvé un endroit agréable, ils préparent un foyer avec deux grosses pierres. Jean ramasse des brindilles, des pommes de pin... Pierre sort une boîte d'allumettes qu'il a prise dans la cuisine de sa maman et allume le feu... Un coup de vent disperse quelques étincelles et des herbes s'enflamment autour du foyer. Ça n'est pas grave et les enfants n'y font guère attention, occupés qu'ils sont à placer les pommes de terre sous la cendre... Tout à coup, le vent devient plus fort, un tas de feuilles mortes crépite derrière eux et, en quelques minutes, ils sont entourés par le feu... Affolés, ils se sauvent... Qu'en pensez-vous ? b. Le briquet. Les tentures. Henri et son petit frère Jacques s'ennuient beaucoup en ce jeudi après-midi. Dehors, il pleut à torrents... Que faire ?... Soudain, Henri aperçoit les cigarettes et le briquet de papa. On leur a bien défendu de toucher aux cigarettes, mais Henri ne se souvient pas qu'on ait parlé du briquet... Il prend le petit appareil, le tourne, le retourne... « Fais-le marcher, pour voir », demande Jacques. Deux fois, trois fois, des étincelles jaillissent... « II marche mal..., observe Jacques. — C'est parce qu'il y a un courant d'air ici, explique Henri. Tu vas voir... » Et il va se mettre à l'abri de l'un des grands rideaux de la fenêtre... Une belle flamme apparaît : « Tiens, regarde », dit-il à Jacques. Mais, en se tournant, il approche le briquet du rideau, celui-ci prend feu, une immense flamme s'élève au plafond, en deux minutes tous les rideaux de la pièce brûlent... — Qu'est-ce que les enfants n'auraient pas dû faire ? — Quel danger y a-t-il à approcher une flamme des rideaux ? Pourquoi ? c. Les pétards et fusées. C'est la fête au village et les enfants ont acheté des pétards. C'est très amusant de marcher dessus, mais n'est-ce pas dangereux ? Que peut-il arriver ? Paul, lui, a pu se procurer deux fusées. Il va étonner ses camarades. En effet, admirée par tous, la première fusée monte tout droit dans le ciel... Pour la seconde, il cherche un

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emplacement plus élevé... La fusée s'élève de cinq mètres et retombe, enflammée, sur une meule de paille... Qu'aurait dû faire Paul? 2. Réflexions. 1. A quoi faut-il réfléchir avant d'allumer un feu ? Choisir un endroit loin des broussailles ou des herbes sèches. Observer la direction du vent. 2. Pourquoi un feu peu important peut-il être très dangereux ? Rapidité de l'extension. Nécessité de le surveiller, d'en être maître. 3. Que voit-on souvent l'été dans certaines régions ? A quoi sont dus les incendies de forêts ? Imprudences d'enfants, de bergers, campeurs, chasseurs... 4. Quelles sont les pertes causées par les incendies de forêts ? Quelles précautions fautil prendre en forêt ? 5. Pourquoi interdit-on aux enfants de toucher aux allumettes et aux briquets ? Pourquoi les rideaux et tentures prennent-ils facilement feu ? Verticalité, nature du tissu. 6. Comment étouffer un incendie à son début ? Que faire si le feu a pris à vos vêtements ? 7. Il faut, pour éteindre un incendie^ « un verre d'eau à la première minute, un seau d'eau à la deuxième, une tonne d'eau à la troisième... Ensuite, on fait ce qu'on peut ». 3. Actions et problèmes. 1. « Surveille bien le feu, avez-vous recommandé à Jeannette. — Ça ne risque rien, la meule de paille est à dix mètres... » Que lui dites-vous ? 2. Il est l'heure de rentrer du pique-nique. Vous aviez allumé un feu. Que regardezvous avant de partir ? 3. Pour faire une surprise à votre papa, vous mettez le feu à un tas de feuilles mortes qu'il voulait brûler. A quelques mètres, du linge sèche... Qu'auriez-vous dû faire? 4. « J'ai des pétards, nous dit Paul, on va les faire éclater devant la boulangerie. » Mais il y a là-bas un tas de vieux papiers, une pompe à essence... Que dites-vous à Paul? 4. Résolution. Je ne jouerai pas avec le feu et ne toucherai pas aux briquets. Il suffit d'une allumette pour mettre le feu à une forêt. Les fusées et les pétards peuvent être dangereux.

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150. MORALE - C. M. DANGERS DES APPAREILS DE CHAUFFAGE 1. Lecture et entretien. a. Le brasero. Grand-mère, qui vit à la campagne, a placé dans sa chambre un vaste récipient contenant de la braise. Toutes les portes et les fenêtres sont bien fermées et il fait chaud dans la pièce. Bientôt, grand-mère se plaint d'avoir la tête lourde ; elle n'a plus la force de tricoter... et il lui semble que tout tourne... Soudain, elle a des nausées... 1. Que se passe-t-il ? Pourquoi ? 2. Que faut-il faire ? Aérer au plus tôt. b. Le poêle de fonte. Paul et Geneviève sont restés au chaud à la maison. Dehors, le sol est couvert de neige, dedans le poêle ronfle. C'est un vieux poêle de fonte qui brûle du charbon et que les enfants bourrent jusqu'au bout... La fonte rougit et met une jolie couleur cerise dans F appartement... « J'ai mal à la tête, dit Paul, je vais me coucher sur le tapis. — Moi aussi, j'ai mal, dit Geneviève, j'ai envie de dormir... » Heureusement, maman arrive... 1. Qu'allait-il se passer ? Pourquoi ? Le poêle de fonte chauffé au rouge devient poreux et laisse filtrer l'oxyde de carbone. 2. Quelles précautions faut-il prendre ? Ne pas le chauffer au rouge. Aérer. c. Le chauffage central. « Chez nous, a dit Jacqueline, nous ne risquons pas de nous asphyxier, nous avons le chauffage central. » Et cependant sa maman se plaint souvent d'avoir mal à la tête. 1. Quel est l'inconvénient du chauffage central ? Il dessèche l'atmosphère, 2. Que faire ? Aérer. Faire évaporer de l'eau. d. Le chauffage au gaz. Le papa de Jacqueline va acheter un poêle à gaz. « C'est un peu plus coûteux mais ça chauffe mieux, dit-il. — Oui, mais attention..., lui dit le papa de Louis. — Attention à quoi ? Ce n'est pas le gaz de houille ou de ville, il ne contient pas d'oxyde de carbone... » 1. Que peut-il arriver ? Risque d'explosion.

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2. Que devra faire le papa de Jacqueline ? Veiller à ce qu'il n'y ait pas de fuite. Aérer la pièce. 2. Réflexions. 1. Pourquoi les appareils de chauffage doivent-ils être surveillés ? En fonctionnant, ils absorbent de l'oxygène et dégagent du gaz carbonique ou de l'oxyde de carbone. 2. Qu'est-ce qu'un poêle à combustion lente, ou à feu continu ? Que brûle-t-il ? De l'anthracite. Que produit-il en fonctionnant ? Surtout de l'oxyde de carbone. Où ne faut-il pas le placer surtout ? Dans une chambre. 3. Quel est le danger des braseros, poêles de fonte ? Que faire contre ce danger ? 4. Quel est l'inconvénient du chauffage central ? Que faire pour l'éviter ? 5. Quels sont les inconvénients du chauffage au gaz de houille ? 11 peut faire explosion et les produits de la combustion sont toxiques. 6. Quels sont les dangers de la manipulation de l'essence ? 3. Actions et problèmes. 1. Vous êtes dans une pièce fermée. Vous avez de plus en plus mal à la tête. A quoi devez-vous penser ? Que devez-vous faire ? 2. Votre petit frère porte au rouge le poêle de fonte pour faire griller du pain. Que lui dites-vous ? 3. Comment recherche-t-on une fuite de gaz ? Avec de l'eau savonneuse. Surtout pas avec une allumette. Pourquoi ? 4. « J'ai taché ma robe, je vais la nettoyer avant que maman arrive », dit Janine. Elle n'a pas pensé qu'il y avait un réchaud allumé dans la pièce. Que lui dites-vous ? 5. Près de vous, Paul a mis le feu à ses vêtements. Que faites-vous ? 4. Résolution. En fonctionnant, les appareils de chauffage produisent du gaz carbonique et de l'oxyde de carbone qui sont des poisons. Pour éviter l'asphyxie, il faut aérer souvent les pièces. Je prendrai des précautions avec les appareils à gaz.

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151. MORALE - C. M. DANGERS DES MÉDICAMENTS ET PRODUITS MÉNAGERS TOXIQUES 1. Lecture et entretien. a. Les médicaments. Jacqueline est gourmande. Comme elle avait mal à la gorge, on lui a donné des pastilles. La boîte devait durer cinq jours ; en deux jours, elle les a toutes croquées... Mais Jacqueline a une idée. Ces pastilles, maman les a prises dans l'armoire à pharmacie... Peut-être y en a-t-il encore ? Jacqueline sait où se trouve la clef. Elle ouvre le petit meuble. Que de flacons, de tubes, de boîtes ! Elle prend un tube portant une étiquette rouge et contenant de petits disques blancs et plats semblables aux pastilles qui guérissent. Elle en sent un, le goûte : c'est sucré... « Puisque c'est dans l'armoire à pharmacie, cela ne doit pas faire de mal », se dit Jacqueline. Elle croque deux cachets, remet le tube en place et va jouer. Elle n'est quand même pas très rassurée... Pourquoi ? Qu'a-t-elle fait de mal ? Bientôt, elle s'inquiète... Elle a mal à l'estomac, sa tête tourne, elle est très pâle... « Maman ! Maman ! J'ai mangé des pastilles de l'armoire à pharmacie... Celles qui sont dans un tube avec une étiquette rouge... — Malheureuse ! Tu t'es empoisonnée... Vite, le médecin... » b. Les liquides toxiques. Robert et Jean-Louis rentrent assoiffés à la maison. « Si maman était là, dit Robert, je lui demanderais de la citronnade... Où peut-elle l'avoir rangée ? » Il ouvre les placards, regarde les bouteilles... « Ah ! voilà la bouteille... Mets vite de l'eau dans les verres, j'ajoute la citronnade... — Elle a une drôle d'odeur, cette citronnade, remarque Jean-Louis. — Tant pis, dépêchons-nous avant que maman arrive... » Les deux enfants avalent d'un trait leur boisson, puis se sauvent. Ils n'ont pas fait dix mètres qu'ils ressentent de vives brûlures dans la bouche et l'estomac... Ils se regardent effrayés... « Maman ! Maman « nous sommes empoisonnés... » Qu'est-ce que les enfants ont fait de mal ? Qu'ont-ils pris pour de la citronnade ? De l'eau de Javel ou un acide, peut-être...

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2. Réflexions. 1. Qu'est-ce qui permet de comprendre qu'un tube, une boîte, un flacon contient du poison ? L'étiquette rouge. 2. Que doit-on faire si l'on a très soif ? (Boire de l'eau.) 3. L'étiquette d'un tube, d'une boîte, d'un flacon, indique-t-elle toujours ce qu'il contient au moment où vous le prenez ? 4. Quels sont les produits toxiques que l'on trouve dans les cuisines ? Eau de javel, crésyl, acide chlorhydrique, lessives, détersifs, etc. Sont-ils toujours dans leur emballage d'origine ? 5. Avec quoi peut-on s'empoisonner encore ? La mort aux rats. Les champignons. Quelle règle suivre pour ces derniers ? Ne cueillir que ceux dont on est absolument sûr, que l'on a appris à reconnaître. 3. Actions et problèmes. 1. « J'ai vu des bonbons dans l'armoire à pharmacie », vous dit votre petit frère. Que lui répondez-vous ? 2. « J'ai trouvé une bouteille de limonade, affirme votre petite sœur ; on va la goûter. » Que lui dites-vous ? 3. Il y a dans un pot quelque chose qui ressemble à de la confiture. « On peut y goûter ? » demande Annette. Que lui répondez-vous ? 4. Louis a soif. « Où est le sirop de citron ? » demande-t-il. Maman n'est pas là. Que conseillez-vous à Louis ? 5. Maurice revient avec un plein panier de champignons. « Tu les connais au moins ? lui demandez-vous. Un peu, mais, de toute façon, ils étaient tous au même endroit. » Est-ce une raison suffisante ? 4. Résolution. Je ne toucherai pas aux tubes, boîtes, flacons de l'armoire à pharmacie. Ceux qui ont une étiquette rouge contiennent des poisons. Les bouteilles ordinaires peuvent aussi en contenir sans que je le sache.

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152. MORALE - C. M. DANGERS DES APPAREILS MÉNAGERS 1. Lecture et entretien. a. La cuisinière à gaz. Maman est partie faire des courses, laissant la maison à la garde de Michèle qui est très enrhumée. Au bout d'une heure, Michèle a envie de boire quelque chose de chaud... Et, sans cesser de lire le livre qu'elle tient à la main, elle prépare un chocolat. Ce livre est tellement intéressant qu'elle surveille à peine sa préparation... Une odeur de brûlé l'avertit que son chocolat ne sera pas aussi bon que lorsque maman s'en occupe. Vite, elle souffle sur le gaz pour l'éteindre, tourne distraitement le- bouton de la cuisinière et emporte son chocolat dans sa chambre... Un moment après, elle sent l'odeur du gaz et entend aussi un sifflement... « Ça doit être chez les voisins », pense-t-elle. Heureusement maman arrive... « Malheureuse ! qu'est-ce que tu as fait ? » 1. Qu'a fait, ou plutôt que n'a pas fait Michèle ? Qu'aurait-elle dû vérifier ? 2. Que se serait-il passé si maman avait tardé ? 3. Et si maman avait gratté une allumette ou provoqué une étincelle en tournant le commutateur ? b. Le fer électrique. Maman a bien interdit à Véronique de toucher aux prises de courant et aux appareils électriques. Mais maman est au marché et, justement, Véronique a envie de repasser la robe de sa poupée. C'est facile de se servir du fer électrique. Elle le branche sur la prise de courant, le pose bien droit et attend qu'il chauffe... AU début, tout va bien, mais voilà que Véronique entend du bruit... Elle laisse son fer et descend... C'est Anne qui vient bavarder... Bientôt une forte odeur de brûlé emplit la maison. Véronique monte quatre à quatre l'escalier... Trop tard ! La robe de la poupée est brûlée, la planche à repasser a pris feu, la lingerie est pleine de fumée... Et voici maman qui revient ! c. La casserole d'eau bouillante. Maman devant s'absenter a demandé à Jacqueline de faire bouillir le lait du petit déjeuner sur la cuisinière. Ce n'est pas la première fois que Jacqueline remplace sa maman. Elle sait bien se servir du gaz et connaît les précautions à prendre... Voilà que Pierrot, le petit frère, sort de la chambre. Il a cinq ans. « Ah ! te voilà, Mistigri, je vais t'attraper », dit-il au chat. Mais en se retournant, il accroche le manche de la casserole qui dépassait de la cuisinière... Le lait bouillant lui tombe sur les jambes... Ces brûlures sont graves... — Qui a tort ? Qu'aurait-elle dû faire ?

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2. Réflexions. 1. Quel est l'un des deux dangers du gaz de houille ou de ville ? Il peut nous asphyxier, car il contient 6 % d'oxyde de carbone. 2. Quel est l'autre danger ? Mélangé à l'air, il forme un mélange détonant qui explose au contact d'une flamme. 3. Quelles précautions se doit-on de prendre avec les appareils à gaz ? (Bobonnes, bouteilles, citernes…) Bien fermer les robinets, les boutons, vérifier les tubes de caoutchouc, etc. 4. Quelles précautions faut-il prendre lorsqu'on se sert d'un fer électrique ? Ne pas le laisser branché si on s'en va. 5. Quelles précautions doit-on prendre lorsqu'on pose une casserole ou une poêle sur une cuisinière ou un réchaud ? 6. En quoi les installations électriques peuvent encore être dangereuses ? Prises de courant en mauvais état. Appareils, commutateurs des salles de bains manipulés avec les mains humides. 3. Actions et problèmes. 1. Vous entrez dans la cuisine. Vous sentez une forte odeur de gaz. Que devez-vous faire ? Ouvrir les fenêtres, fermer le compteur, ni flamme ni étincelle (danger du commutateur). 2. Votre petit frère porte à sa bouche un fil électrique branché sur une prise de courant. Que faites-vous ? 3. « Je vais faire aussi l'électricien », dit Jean en introduisant un fil de fer dans une prise de courant. Que faites-vous ? 4. « C'est amusant, dit Jacques en tordant un fil électrique, regarde ces petites étincelles. » Que lui dites-vous ? 5. Votre frère sort de son bain et veut allumer l'électricité. Que lui expliquez-vous ? 4. Résolution. Le gaz peut nous asphyxier. Mélangé à l'air, il explose au contact d'une flamme. Je ferai très attention si je dois me servir d'une cuisinière à gaz ou d'un fer électrique.

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153. MORALE - C. M.

DANGERS DES OUTILS ET DES MACHINES 1. Lecture et entretien. a. Le marteau. Francis et René regardent papa qui se sert du marteau pour clouer une caisse. « Ce marteau n'est pas solidement emmanché, dit-il. Il faudra que je l'ajuste mieux que cela... » Peu après, il est obligé de s'absenter. « Ne touchez pas aux outils », dit-il aux enfants. Mais Francis veut profiter de l'absence de papa pour réparer son traîneau. Il frappe deux ou trois coups, lève le marteau plus haut... Soudain, il ne lui reste que le manche... Près de lui, René, qui a reçu le marteau en pleine figure, s'écroule... Qu'en pensez-vous ? b. La fourche. Toute la journée, les gens de la ferme ont rentré les foins dans le fenil situé au premier étage. Ils viennent de repartir au champ, laissant du foin sur le sol et des fourches dans un coin. « On va monter ce foin au fenil, décide Bernard. — On nous grondera si nous touchons aux fourches, remarque Josette. — Au contraire, on nous félicitera d'avoir travaillé... — Aïe ! » s'écrie tout à coup Josette. En soulevant sa fourche, Bernard a blessé sa sœur à la jambe... Le sang coule.. c. La scie circulaire. A la ferme des parents de Pierre on se sert d'une scie circulaire pour débiter des bûches. « Je sais m'en servir, affirme Pierre en l'absence de son papa. En dix secondes, je scie une branche grosse comme une cuisse. — Ce n'est pas dangereux ? demande Jacques. — Pas du tout, tu vas voir... » Mais soudain, il pâlit. Il a poussé la branche trop vite et la scie a mordu sur son doigt... Le sang gicle... Et papa qui revient ! d. Les courroies de transmission. Dans ce village, la batteuse est actionnée par un tracteur. Une courroie relie le moteur du tracteur à la batteuse. Cette courroie amuse beaucoup Robert et Jeannette. Ils posent des herbes, des feuilles sur la courroie, et celle-ci les transporte comme le ferait un tapis roulant. « Je mets une sauterelle, dit Robert. 311

— Oh ! non, pauvre bête », intervient Jeannette, et elle avance la main pour chasser l'insecte. Mais la manche de son tablier est prise par la poulie et son bras est brutalement soulevé. Elle a failli être projetée elle-même contre la poulie... Le mal n'est pas trop, grand, mais quelle peur ! 2. Réflexions. 1. Quels outils de l'atelier peuvent être très dangereux ? Scies, tranchets, ciseaux... 2. Quels outils de la ferme peuvent être très dangereux ? Fourches, haches, cisailles... Que peut-on faire pour les transporter ? Les envelopper dans des chiffons. 3. Quelles sont les machines les plus dangereuses ? Celles qui tournent très vite : scies, raboteuses, toupies... 4. Quels vêtements sont dangereux auprès d'une machine qui tourne? Vêtements flottants, cravates, cache-nez... 5. Quels accidents peuvent arriver avec un tracteur ? Renversement, écrasement, collision... 6. Quels sont les dangers des courroies de transmission ? des engrenages ? 3. Actions et problèmes. 1. Votre petit frère veut se servir pour la première fois d'une scie à bois... Que lui montrez-vous ? 2. Paul, qui veut se rendre utile, refend du bois avec une hachette. Deux fois la hachette frôle ses doigts. Que lui dites-vous ? 3. Chez le menuisier, Henri est très intéressé par une machine tournant à grande vitesse. Il se penche, son cache-nez va glisser... Heureusement, le menuisier le voit... Que risquait Henri ? 4. Le tracteur vient de s'arrêter au bout du champ. Son moteur tourne. Votre petit frère se précipite pour monter sur le siège que le conducteur vient d'abandonner. Que faites-vous ?

4. Résolution. Les outils de l'atelier et ceux de la ferme sont faits pour écraser, couper, piquer, déchirer. Ce ne sont pas des jouets. Je ne m'en servirai pas sans l’autorisation de mes parents. Les machines, les courroies sont très dangereuses.

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154. MORALE - C. M. LES JEUX BRUTAUX ET DANGEREUX 1. Lecture et entretien. a. Les jeux brutaux. « On va jouer à la guerre », décident les grands à la sortie de l'école... Et, aussitôt, deux bandes s'organisent. Tout d'abord, ce n'est qu'un jeu de cachecache. Mais bientôt chacun prend des pierres dans ses poches, coupe des branches qui seront des lances ou des sabres. Après un bombardement avec des cailloux, l'assaut est donné. Jets de pierres, coups de bâtons, coups de poings... « Aïe ! Aïe ! Au secours ! » C'est Louis qui a reçu un caillou en plein nez. Le sang coule tandis que Francis est allongé sur le sol après avoir reçu un violent coup de poing... Cette petite guerre est-elle encore un jeu ? b. Les jeux dangereux. Jouons à Guillaume Tell. « Pierre était mon ami. Il me dit un jour : « Viens, nous allons jouer à Guillaume Tell... Prends cette « pomme et mets-la sur la tête. Je vais l'abattre d'un seul coup. » « Il me pose une pomme en équilibre sur le crâne, il se recule de quatre pas. Il avait un petit fusil à ressort qui lançait de courtes flèches munies à leur extrémité d'une rondelle de caoutchouc... Mon ami vise lentement, il presse la gâchette, et je reçois la flèche dans l'œil... » c. Le fil de fer. « Chaque lundi, Anne descendait au jardin pour étendre sa lessive sur les fils de fer tendus d'arbre en arbre... Je faisais alors des bonds pour tâcher de prendre à pleine main un des fils de fer qui se balançaient au-dessus de ma tête... Je tirais sur lui de toutes mes forces. Il se tendait comme la corde d'un arc et je le lâchais brusquement pour l'entendre siffler en l'air. « Tu feras mal à quelqu'un », me criait Anna... ... Un jour, le fil la frappa sous le front. Elle fit un cri et tomba sur les genoux. « Monstre d'enfant ! » Je crus qu'elle continuait à jouer et je courus me cacher... Mais Anna restait à genoux, les bras en avant, les mains ouvertes dans l'herbe... « Tu m'a crevé les yeux », hurlait-elle... J'étais terrifié par ce que je venais de faire... (Anne ne sera pas aveugle, mais devra être soignée pendant de longs jours.) D'après André CHAMSON - Le chiffre de nos jours. Gallimard. 2. Réflexions.

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1. Les enfants doivent-ils jouer à la guerre ? Pourquoi ? 2. Citez des jeux brutaux, violents auxquels vous ne devez pas jouer. 3. Citez des jouets dangereux. Arcs, flèches, carabines, frondes, élastiques...

3. Actions et problèmes. 1. Jean et Marcel ont formé chacun une bande. Ils se sont lancé un défi et vont aller se battre dans les bois. Que pouvez-vous leur dire ? 2. Votre petit frère vous dit : « Je veux une panoplie de soldat avec une mitraillette, un sabre, un poignard. » Que lui dites-vous ? 3. « Tu m'as pris deux billes... » Et Pierre donne deux coups de poing à Paul. N'y a-t-il pas d'autres moyens de régler leur différend ? 4. Pour rendre ses boules de neige plus lourdes, Louis met un caillou à l'intérieur. Que lui dites-vous ? 5. « Tu n'es pas de mon avis, eh bien ! on va se battre en duel », vous dit Jean-Paul, qui est à peu près de votre force. Acceptez-vous ? Pourquoi ? 6. « L'étang est gelé, allons patiner dessus », vous dit Maurice. Que lui répondez-vous? 4. Résolution. Je ne ferai pas de mal à mes camarades et je ne leur lancerai pas de pierres. J'éviterai de participer à des jeux brutaux, de me servir de jouets dangereux.

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155. MORALE - C. M. DANGERS DES EXPLOSIFS ET DES OBJETS INCONNUS 1. Lecture et entretien. a. Les explosifs. Un jeudi, Jean, Bernard et Paul jouent à cache-cache dans les bois... Dans un buisson, Bernard a son regard attiré par un objet qu'il n'a jamais vu, gros comme ses deux poings et plus lourd qu'un marteau... (Esquisser au tableau le dessin d'un obus.) Il appelle ses camarades. Paul, qui est le plus grand, déclare : « C'est peut-être un obus qui n'a pas éclaté, laissons-le... — On va le lancer contre une pierre, propose Bernard, et on se jettera à plat ventre... — Tu es fou, s'écrie Jean, s'il explose nous serons tués... — Que tu es peureux ! reprend Bernard. Attention ! un, deux, trois... » Et il lance l'objet de toutes ses forces contre un rocher... Une violente explosion réveille la forêt., trois petits corps, les jambes brisées par les éclats, s'écroulent sur le sol. Il leur faudra de longs mois de soins et de souffrances pour guérir de leurs blessures... b. Les objets inconnus. François, qui habite toute l'année à Paris, passe le mois d'août dans une ferme où beaucoup de choses sont nouvelles pour lui... Près d'une haie qui borde la basse-cour, il voit un objet qu'il ne connaît pas : deux lames de fer arrondies, un ressort, le tout à demi rouillé... « A quoi cela peut-il bien servir ? » se dit François. Il vaut mieux ne pas y toucher, toutes les machines qui ont un ressort peuvent être dangereuses... Il détourne son regard mais, peu après, il revient à cet appareil et, sans plus réfléchir, pose le pied dessus... Un déclic, deux claques violentes, des cris de douleur, le sang qui coule de la jambe... 1. Sur quoi avait-il posé le pied ? Sur un piège à belette ou à renard. 2. Qu'aurait-il dû faire ? 2. Réflexions. 1. Qu'est-ce qu'un obus, une bombe, une grenade, un explosif ? 2. Que faire quand on trouve un objet que l'on ne connaît pas ? Ne pas y toucher. Et si l'on croit que c'est un explosif ? Bien repérer l'endroit et avertir le maire ou les gendarmes. 3. Une circulaire du 20 avril 1959 invite les maîtres à appeler l'attention des élèves, aux environs du 15 juin de chaque année, sur le danger que présentent les engins de guerre abandonnés. Dans une note complémentaire, des exemples pris sur le vif sont relatés. En voici quelques-uns :

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— Le 12 mars 1958, à Clerguerec (Morbihan), Pierre A..., 14 ans, trouve une grenade dans un fossé. Il essaie de la découper avec une scie à métaux. L'engin explose et le blesse très grièvement. — Le 24 avril 1958, à Maubeuge (Nord), six enfants de cinq à treize ans jouent à la petite guerre. L'un d'eux trouve un obus dans une haie. L'engin explose au milieu du groupe, tuant cinq enfants. — Le 27 mars 1959, à Montereau-sur-le-Jard (Seine-et-Marne), Guy W..., dix ans, tente, malgré les conseils de ses camarades, de démonter une bombe de 10 kilos. Il a été pulvérisé par l'explosion. — Le 28 mars 1959, à Brest, deux frères, Jean A..., 14 ans, et Claude, 12 ans, trouvent des cartouches. Ils les démontent et mettent le feu à la poudre. L'une explose. Jean a l'œil droit perdu, Claude est blessé à la tête. 4. Qu'est-ce qui est encore dangereux ? Les armes à feu, vieux fusils, pistolets rouilles. 5. Où trouve-t-on des objets abandonnés et qui peuvent être dangereux ? Greniers, caves, remises. 6. Vous est-il arrivé de rencontrer des pièges à rats dans les greniers, de vous blesser avec des objets que vous ne connaissiez pas ? 3. Actions et problèmes. 1. Votre petit frère a trouvé une cartouche de chasse chargée. Il la lance deux ou trois fois contre un mur. Que faites-vous ? 2. Louis a dérobé à son papa une poignée de poudre de chasse. « On va faire des pétards », dit-il. Qu'en pensez-vous ? 3. Paul a trouvé un vieux pistolet rouillé au grenier. Il le brandit, menace ses camarades... Que dites-vous ? 4. De grands garçons ont une carabine du modèle que l'on voit dans les tirs des foires. Louis, qui a 8 ans, leur demande de le laisser tirer. Ils refusent. Ont-ils bien fait ? Ont-ils raison de jouer avec cette carabine ? 4. Résolution. Si je trouve des obus ou des explosifs, j'avertirai les gendarmes. Des objets abandonnés, pièges, armes, cartouches, peuvent être dangereux. Je n'y toucherai pas.

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156. MORALE-CM. DANGERS DES RIVIÈRES ET DE LA MER 1. Lecture et entretien. a. Le cuvier, « Chaque fois que nous passions près de la buanderie, nous admirions le grand cuvier sur son trépied... Un matin, j'appelle mon frère, nous courons à la buanderie et nous mettons le cuvier à l'eau. « Il flotte. Mes camarades le maintiennent d'aplomb pendant que je m'y installe... A l'aide d'une perche, ils me poussent au large et je risque mon premier coup de pagaie. A l'instant, mon cuvier se met à tourner comme une toupie... « Me voici au milieu du canal. Tout d'un coup, j'entends des cris perçants et je vois sur la berge mon père et ma mère qui hurle et se démène comme une folle... Pour comble d'horreur, j'entends la sirène d'une grand cargo... il sera sur moi dans quelques instants, ne me verra pas et je serai perdu... « De la berge, mon père me fait signe de revenir... J'aborde tranquillement... Il me saisit par le collet et m'administre la plus mémorable fessée de ma carrière. » — Avait-il mérité la fessée ? b. La barque. Henri et Jacques ont sauté dans une barque que son propriétaire n'avait pas attachée et sont allés se promener sur la rivière. Soudain, Henri pousse un cri : « Tu as vu ? » La barque prend l'eau, les planches sont disjointes. Il faut aborder, mais le canot s'alourdit et le courant l'entraîne, là-bas, vers la prise d'eau très dangereuse du moulin. L'angoisse étreint les enfants... Ils gagnent péniblement contre le courant... A cinq mètres du bord, la barque s'enfonce dans l'eau... En s'accrochant aux herbes, ils s'en tireront, mais dans quel état ! Ont-ils été prudents ? c. En mer. « Ne vous aventurez pas trop loin de la plage, avait dit papa à Jean et Caroline, le courant vous emporterait vers le large... » Mais c'est bien agréable de s'éloigner du bord et d'aller le plus loin possible. Tout à coup, Caroline s'aperçoit que, sans bouger, elle s'éloigne du rivage. Ça y est, elle est entrée dans le courant... Affolée, elle appelle Jean à son secours... Courageusement, il nage vers elle, mais le courant l'emporte à son tour... Ils crient... Personne ne les entend... De grosses vagues les recouvrent... Cependant, du rivage on les a vus. Une barque se détache. Après une heure d'efforts, les sauveteurs les ramènent à demi morts de peur, de fatigue et de froid. — Pourquoi n'ont-ils pas écouté leur papa ?

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2. Réflexions. 1. N'importe quel objet creux peut-il être un bon bateau ? 2. Faut-il aller en barque si l'on ne sait pas bien ramer ? Risques de courants. 3. Qu'est-ce qu'un canoë, un kayak, un voilier ? Que faut-il savoir pour utiliser ces bateaux ? 4. Qu'est-ce que la marée ? Quels sont ses dangers ? 5. A quels risques peut être exposé un baigneur ? Noyade, congestion, emporté par le courant, choc contre un rocher en plongeant. 6. Avant d'aller en eau profonde, que faut-il ? Savoir nager parfaitement. Et si l'on est emporté par le courant ? Ne pas s'affoler. 7. Doit-on se baigner aussitôt après un repas ? Combien de temps après ? Environ de 1 h 30 à 2 heures. 3. Actions et problèmes. 1. « Je vais aller sur la rivière avec ce demi-tonneau », vous dit votre petit frère. Que lui dites-vous ? 2. « Mon frère va me prêter son kayak, dit Paul. Viens-tu avec moi ? » Vous ne savez pas bien nager. Lui non plus. Que lui répondez-vous ? 3. « C'est facile de se laisser glisser au fil de l'eau sur un voilier », affirme Louis. Etesvous de son avis ? 4. « On ne voit pas bien le fond, mais je vais plonger tout de même », déclare Simone. Il y a des rochers à quelques mètres. Que lui conseillez-vous ? 5. « On dit qu'il y a un courant, mais la mer est bien calme... allons-y », propose Jacqueline. Acceptez-vous ? 4. Résolution. J'apprendrai à bien nager et je ne monterai seul dans un bateau que si je sais le diriger. Je serai prudent lorsque je me baignerai.

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157. MORALE-CM. DANGERS DES CHUTES 1. Lecture et entretien. a. Les arbres. Jean et René veulent savoir ce qu'il y a dans un nid de pie, à la cime d'un grand peuplier. « II faut y monter, dit Jean. — Méfie-toi, les branches de peuplier cassent facilement. — Mais je resterai collé au tronc », réplique Jean en commençant à grimper... Bientôt, il se trouve à sept ou huit mètres du sol... Encore un effort... Il saisit une branche, s'élève, mais crac ! la branche casse et le dénicheur dégringole lourdement de son arbre... René, affolé, se trouve devant un camarade à la jambe cassée. b. Dans un puits. Bernard et Nicole jouent au ballon et celui-ci tombe dans le puits. « Ce n'est rien, dit Bernard, avec le seau on va le repêcher. » Et les deux enfants, penchés sur la margelle, s'évertuent à placer le seau sous le ballon... Soudain, on entend un cri d'effroi. Bernard, trop penché, s'est trouvé en déséquilibre et est tombé dans le puits... « Au secours ! » crie Nicole, tandis que Bernard, après être allé au fond, est remonté et a pu saisir le seau. On l'en sortira, mais quelle peur ! c. L'éboulement. Il y a, non loin du village, une carrière de sable abandonnée. Les parents ont bien défendu aux enfants d'y aller, mais elle constitue un endroit rêvé pour jouer à cache-cache. Marcel et André y courent, s'y poursuivent... Tout à coup, on entend un grondement. Une masse de sable vient de s'ébouler, entraînant les enfants dans une chute de plus de dix mètres. Par bonheur, Marcel, qui n'est qu'à demi enseveli, pourra appeler au secours. Lorsqu'on dégagera André, il restera sans connaissance pendant de longues heures. — Pourquoi n'ont-ils pas écouté les parents ? d. L'échelle. Charlotte s'est aperçue qu'une poule allait tous les jours au faîte d'une meule de paille. Sûrement elle doit y pondre et on doit trouver là-haut de quoi faire une belle omelette... Justement, le long du mur voici une vieille échelle. Avec l'aide de Maurice, Charlotte la dresse contre la meule et commence à monter... Le sixième barreau n'a pas l'air très solide. Essayons tout de même. Crac !... le barreau casse et Nicole se retrouve au pied de la meule avec un mollet qui saigne, un poignet foulé, la robe déchirée...

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2. 1. 2. 3.

Réflexions. Qu'est-ce que les enfants vont chercher sur les arbres ? Qu'arrive-t-il souvent lorsqu'on grimpe à un arbre ? Pourquoi ? Qu'est-ce que le vertige ? Ou l’éprouve-t-on ? Que provoque-t-il parfois ?

4. Quels sont les dangers auxquels sont exposés les alpinistes l'été ? l'hiver ? 5. Quels dangers peut présenter l'exploration d'une grotte? 6. Qu'est-ce qu'une trappe ? En quoi peut-elle être dangereuse ? 3. Actions et problèmes. 1. « Je vais cueillir des cerises sur cet arbre », vous dit votre petit frère. Que lui conseillez-vous ? 2.. « II y a une grenouille dans le puits, dit Jacques. Avec une épuisette, en se penchant un peu, on pourrait l'attraper. » Qu'en pensez-vous ? 3. « Allons sur les rochers au bord de la rivière », vous dit Albert. Les rochers surplombent l'eau de vingt mètres. Que lui direz-vous ? 4. Prenons la vieille échelle pour aller chercher la balle sur le toit », propose Paul. Que dites-vous ? Que faites-vous ? 5. Je voudrais prendre ce livre qui est là-haut sur la dernière étagère. Je place une chaise sur la table et... maman arrive. Que dit-elle ? 4. Résolution. Les chutes causent parfois de graves blessures. J'éviterai de grimper aux arbres, de jouer près d'un puits ou sur un terrain peu solide. Je serai très prudent quand je me servirai d'une échelle.

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Imprimé en France, par l'Imprimerie HERISSEY à Evreux — No— 4973 11-93-0013-06. Dépôt légal 11° 1133 — 2e trimestre 1961).

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