Merleau-Ponty - Le Primat de La Perception

November 15, 2022 | Author: Anonymous | Category: N/A
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Maurice Merleau Ponty

e

prim t de l perception t

ses

conséquences philosophiques précédé

e

Projet de travail sur la nature de

la

perception

933 a

Nature de

la

934

perception

VERDIER

 

M. Maurice Medeau-Ponty présente à la Société les arguments suivants : La perception comme modalité originale de la conscience. L'étude de la perception, poursuivie sans préjugés P ~ 1 = J ~ t . P J i . Y C ~ o l o g u e s , finit par révéler que let' monde perçU· n'est pas une s o ~ ~ d'objets, au sens que les sciences donnerità ce mot:·-que notre relation avec lui n'est pas celle d un penseur avec l l l . . ~ Q p j ~ l _ . g e ~ et - ~ ~ . ~ e , qu'enfin l'unité ~ < : . ~ . - ~ ~ o s e pefçue, sur laquelle plusieurs·--c:oïisciences s'accordent, n'est pas assimilable à celle d un t h é ~ ~ . è m e que plusieurs penseurs reconnaissent, ·ni l'existence perçue -·-· · · à l'existence idéale. Nous ne pouvons, par suite, appliquer à la perception la distinction classique de la forme et de la ~ i è r e , ni concevoir conce voir llee sujet quf perçoit 1

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comme une conscience qui « interprète », ( « déchiffre » ou « ordonne » une matière sensible dont elle posséderait la loi idéale. s t . < - P . ~ é g n a g t e > ~ . d e saJorme, ce qui L a _ , . . ~ a t i ~ t ; ç ; revient à dire, en dernière aiialyse, que to:g_te perception a _lieu .dans ~ _e l ' _ t ~ ~ n 4o:Ii;zC?,n, e t enfin dans le mor1de » qu que, e, l un et l âutre nous sont p ~ s ~ ~ ~ plutôt qu ils t ne sont explicitement connus et- posés par nous, et qu enfin la relation en e n quelque sort sortee ~ r g _ _ a nique du i e t percevant et du m_gnde comporte par principe la contradiction de l immanence et ( de la transcendance. o.tte..Ia réflexion dans la vie irré fléc fl échi hie, e, c est-à-di est-à-dire re la nouvelle nouve lle forme for me de vie u a orte ort e la rojectio rojectionn d une norme nor me e erne e par la r é f l e ~ . t · Le a1t que a re exton exton s ajout ajoutant ant u n dépassement, àà une la vietranscendance, irréfléchie aboutit à peut-être formelle, peut-

 

être illusoire, mais sans laquelle elle ne pourrait pas se poser. Mme Prenan Pren antt : Le dram dramee du malin malin génie. génie. M. Hyppolite : Peut-être. T u m accordes que cette réflexion nous jette dans une nouvelle transcendance ? M. Merleau-Ponty.: Il y aurait certes beau coup de choses à ajouter à celles que j ai diteS. A considérer e que j ai dit, o n pourrait croire qu à mon m on se sens ns l hom homme me ne vit vi t que dans dans le réel; réel; o r o n vit dans l imaginaire aussi, et dans l idéal aussi; de sorte qu il a à faire une théorie de lJ existence imaginaire t de lde existence id éale le. a i déjà indiqu indiqué, é, au ecours la discussio discuidéa ssion, n,. qu en mettant la perception au centre de la conscience, je h ai pas prétendu enfermer la conscience dans la constatation d un donné naturel. J ai voulu dire que, même quand nous transformons no notr tree vie par p ar la cré création ation d une un e culture - e t la réflexion est une acquisition de cet ette te cult cu ltur ure no nous us ne e sup suppr imon onss nous p paas nos nles os attaches avec lee -temps et n avec l prim espace, utilisons bien plutôt. Réciproquement, o n peut dire que dans une perception humaine complè tement explicitée, o n trouverait toutes les ori ginalités de la vie humaine. La perception humaine porte sur le monde, une perception animale porte sur u n mili milieu, eu, co comm mmee di ditt Sch Schele eler. r. La même capac capacité ité créatrice qui q ui est à l œuvr œu vree dans da ns l imagination et dans l idéation est en

 

germe dans la première perception humaine (et sur ce point j ai évidemment été incomplet). Mais ce qui fait une différence essentielle entre mon point p oint de vue et cel celui ui d un unee philo philosoph sophie ie de l entendement, c est qu à mo mon n sen sens, s, mêm mêmee capable de se déprendre des choses pour se voir, la conscience humaine ne se possède jamais sans reste et ne se ressaisit au niveau de la culture qu en récap récapitul itulant ant les opér opérati ations ons expr expressive essives, s, discontinues e t contingentes, par lesquelles est devenue possible l interrogation philosophique elle-même. M . Hyppolite : Ma question ne concerne pas

simplement ce caractère incomplet : elle est de savoir si la réflexion humaine, contrairement à toute tou te au autre tre forme de vie, vie, n nee va pa pass jusq jusqu uà poser les problèmes, non plus de tel o u tel sens, mais d u sens en général; et si cette introduction d un unee réfl réflex exio ion n su surr l êtr êtree m mêm êmee de to tout ut sen senss n implique impli que pa pass u n problème nouveau et une nouvelle forme de vie.

»

M. Merleau-Ponty : J e suis tout à fait de cet avis. M . Hyppolite : Il ne me semble pas que la solution que t u donnes soit toujours satis fais fa isan ante te,, puisque puisq ue l h hom omme me est entraîn entraînéé à se poser le problème d un être de tout sens » le pro blème d un être absolu de tout sens ».

Il y a, en d aut autres res termes, dans le fait de la

réflexion chez l homme, une sorte de réflexion totale.

lOO  

M. Merleau-Ponty : J a i d dit it dans ma thè thèse, se, reprenant u n mot de Rimb Rimbaud, aud, qu il y a u n centre de la cons conscience cience pa parr o ù « nou nouss ne somme sommess pas au monde » Ma Mais is ce vide absolu n es estt constata con statable ble qu au mom moment ent o ù l expérience vient vi ent le remplir. Nous ne le voyons jamais, pour ainsi dire, qu en visio dire, vision n mar margin ginale ale.. Il n est percep perceptible tible que sur le fond du monde. n somme, t u veux dire simplement que je n ai pas fait une philo sophie religieuse. J e pen pense se que c est le p propr ropree de l homme de penser Dieu; ce qui ne veut pas dire que qu e Dieu Di eu ex exis iste te.. M

Hyppolite : T u

as

dis que Di Dieu eu était mort.

M. Merleau-Ponty: J ai dit que dire que Dieu est mort comme les nietzschéens, o u parler de la mor m ortt de Die Dieu u comme le less chrét chrétiens, iens, c était mêler Dieu à l homme, e t qu en ce sens les chrétiens mêmes étaient obligés de lier l éternité au temps. M. Hyppolite : T u

as

abordé une sorte

u problème dont ai d ontologie dire qu elle dest ambiguë, quand tu la mort de Dieu.

le as

droit parlé de de

M. Merleau-Ponty: O n est toujours ambigu quand o n essaie de comprendre les autres. C e qu quii est ambigu, c est la condi condition tion de dess hommes. Mais cette discussion est trop rapide; l faudrait y revenir. M. Hyppolite : T u n es don doncc pa pass engagé

lOI  

par ta description de la perception, et t u le reconnais M. Merleau-Ponty J e ne le reconnais pas d u tout. E n u n sens, tout est perception, puis qu'il n y a pas une de nos idées o u de nos réflexions qui ne porte sa date, dont la réalité objective épuise la réalité formelle, et qui s'emporte elle-même hors d u temps. M . Beaufret : Ce que j'ai à dire n'apportera

pas grand-chose après l'intervention d'Hyppo lite. J e voudrais seulement souligner que, parmi les objections faites à Merleau-Ponty, beau coup me paraissent injustes. J e crois qu'elles reviennent à lui faire grief de la perspective même dans laquelle l se place, place, et q qui ui est cel celle le de la phénoménologie. Dire que Merleau-Ponty s'arrête à un unee phéno phénoménol ménologie ogie ssans ans dépassement possible, c'est méconnaître que le dépassement de l ' e œ i r ~ ~ ~ P ~ . ~ ~ L . u _J?-hénol lène lui même, au sens o u 1 entend la phénoménologie. E ï i c e sens, en effet, le phénomène n'est pas l'empirique, mais ce qui se manifeste réelle ment, ce dont nous pouvons vraiment avoir l'expérience, par opposition à ce qui ne serait que construction de concepts. La phénomé nologie n'est pas une chute dans le phénomé nisme, mais le maintient d u contact avec « la chose même ». Si la phénoménologie repousse les explications « intellectualistes de la per percep cep tion, ce n'est pas pour ouvrir la porte à l'irra tionnel, mais pout la fermer au verbalisme.

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Rien ne m apparait moins pern1c1eux que la phénoménologie de la perception Le seul reproche que j aurais à faire à l auteu auteur, r, ce n est pa pass d êtr êtree allé «trop loin » mais plut pl utôt ôt de n avo avoir ir pas ét étéé assez radical. Les descriptions phénoméno logiques logiq ues qu il nous prop propose ose . . ~ l . Ç . w : t ~ l U n le . ? - . ~ ~ ~ 1 1 \ a i r e . . . . ~ - J ~ * ~ e . Elles sont ~ en cëia ordonnées aux descnptions husser-

liennes. Mais tout le problème est précisément de savoir si la phénoménologie poussée à fond n exige pas que l on sorte de la subjectivité e t du vocabulaire de l idéalisme subjectif comme, partant part ant de Husserl Husserl,, l a fa fait it Heidegger.

M. Patodi : Nous allons nous séparer sans avoir abordé la la questio question n primordiale primordiale peut peut-êt -être: re: c est de préciser en quoi consiste votre théorie de la perception. E n somme, que pensez-vous de la doctrine classique de la perception que vous av avez ez l air d écarter ? J e voudrais que la partie positive de votre thèse nous fût rappelée avant que q ue nous nous sép sépari arions ons.. Si la perceptio perception n n est pas une construction faite avec des maté riaux empruntés à la mémoire et appuyés sur des sensations immédiates, comment s en expli quer les processus ? M. Merleau-Ponty : Naturellement, l y a u n développement de la perception; naturellement, ellee n es ell estt pa pass achevée d emblée. C e que j ai cherché à dire ici présupposait u n peu trop la lecture de llaa thèse que j ai consacr consacrée ée à cette question. D un autre côté, l n e m a paru ni

 

possible, l exposé.

ni

souhaitable d en recommencer

M. Parodi: Pourriez-vous nous dire quel est votre apport app ort le p plus lus impor important tant ssur ur cett cettee question de fait? Vous êtes parti d exemples très clairs : nous croyons percevoir des choses nous ne voyons réellement réelleme nt qu en partie o u àque peu près. Quel est, pour vous, l es esse senti ntiel el de l op opér érat atio ion? n? M . Merleau-Ponty : Percevo Percevoir, ir, c est se rendre présent quelque chose à l aide d u coœ_s ra chose ayant toujours sa place dans u n horiZôn de monde, et le déchiffrement consistant à remplacer chaque détail dans les horizons perceptifs qui lui conviennent. Mais de telles formules sont autant d énigmes, à moins qu on ne les rapproche des développements concrets qu elles résument. M . Parodi : J e serais tenté de dire que le corps est essentiel pour la sensation beaucoup plus que pour la perception. M . Merleau-Ponty : Peut-on les distinguer?

M. Parodi : Étant donn donnéé l ampleur et la diffic dif ficult ultéé d du u sujet, l n est pas étonnant que nou nouss restions e n finissant en présence encore d une foule de questions à poser. Votre exposé n en

était pas moins du plus haut intérêt, et nous l avons écouté ave avecc le plus gr gran and d plai plaisir sir et le plus grand profit.

 

TABLE DES MATIÈRES

No te de l éditeu Note éditeurr .................................. .................................................... ........................... ......... 7 Projet de travail sur la nature de la perception ................ 9 amr e de la perc percept eption ion ....... ..... ........ ..... ...... ... . .. . 5 La N amre e primat de la perception e t ses conséquences philosophiques ........................... 39

ERRA r o

age 104 ligne

3:

au lieu de remplacer, lire replacer.

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