L'Asie Orientale
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’Asie ie ori orient entale, ale, > L’As une aire en expansion
Séquence commune aux élèves L, ES et S
Séquence 6-HG00
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Chapitre 1 > L’Asie orientale, une aire en expansion
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A
6 entités animées et polarisées par des métropoles qui concentrent concentrent la puissance
B
Les cycles de la montée en puissance industrielle : trois phases de la mondialisation
C
Une aire où les relations internes sont le moteur principal de l’expansion mais qui doit faire face à des limites fortes
Chapitre 2 > La mégalopole japonaise
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A
La mégalopole, une formidable concentration dominée par Tokyo Tokyo
B
La mégalopole, moteur et incarnation dans l’espace, de la puissance et de l’affirmation mondiales du Japon
C
La mégalopole, au péril de la concentration entre en tre les nécessaires adaptations et rééquilibres territoriaux et gestion environnementale
Sommaire séquence 6-HG00
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ontenu du chapitre 1 L’Asie orientale, une aire en expansion L’organisation spatiale de l’espace mondial a été affectée par au moins cinq grandes dynamiques complémentaires dans les trois dernières décennies du XX e siècle : l’émergence d’un système tripolaire dominant, la triade ; la généralisation et l’accélération des processus de mondialisation et de continentalisation ; la remise en question du découpage binaire Nord-Sud, et celle du système d’organisation communiste de l’économie. Une région de l’espace mondial a joué un grand rôle dans ces dynamiques, l’aire de l’Asie orientale. Les six entités spatiales qui l’animent ont participé à au moins trois de ces dynamiques : le Japon pour les trois premières, les Quatre dragons (Corée du Sud, Taiwan, Hong-Kong, Singapour) pour la 2 e, la 3e et la 4e, et enfin la Chine Populaire pour les quatre dernières. Ainsi l’aire de l’Asie orientale est-elle devenue une des zones-phares des dynamiques récentes de l’espace mondial. Comment expliquer cette émergence ?
Problématique : Comment expliquer l’émergence d’une des zones-phares de l’espace mondial ?
Plan : traitement de la problématique
Notions-Clés
Repères
A 6 entités animées et polarisées
Peuplement, densités, métropoles, mégapoles, réseaux urbains, transition démographique, effet de ma sse, ISF, IDH, quartiers d’affaires, CBD, littoralisation, ports, ZIP, hubs, concentration, opposition littoral-intérieur, IDE.
– établir des corrélations entre plusieurs documents géographiques, – mettre en relation différents types de cartes, – opérer une synthèse, – interpréter différents types de documents, – entraînement au baccalauréat, – faire preuve d’esprit critique.
B Les cycles de la montée en
Cycle, montée en puissance, évolution géopolitique, modèle de développement, État, conglomérats, ouverture capitaliste, ZES, croissance, interdépendance, coûts salariaux, marché potentiel.
Croquis cartographique de l’encart couleur : Les foyers de la puissance de l’Asie orientale.
C Une aire où les relations
Intégration commerciale, industrielle, division régionale du travail, IDE, joint-venture, diaspora, plaque tournante, interface, regroupement économique régional, littoral, intérieur, désastres écologiques, contentieux, tensions.
par des métropoles qui concentrent la puissance Exercice : caractériser le peuplement de l’Asie orientale Des métropoles puissantes, mais inégalement Des acteurs et moteurs de la littoralisation de l’espace puissance industrielle : trois phases de la mondialisation Des cycles en phase avec l’évolution géopolitique de cette région du monde Une croissance et un développement exceptionnels Le développement industriel de l’aire de l’Asie orientale, moteur de la croissance mondiale Des montées en puissance, moteurs et reflets des phases de la mondialisation internes sont le moteur principal de l’expansion mais qui doit faire face à des limites fortes Une sphère de coprospérité asiatique Limites et vulnérabilités
Conclusion 320
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L’Asie orientale, une aire en expansion A
6 entités animées et polarisées par des métropoles qui concentrent la puissance
Question 1
Caractériser le peuplement de l’Asie orientale, quelle unité ? Quelle diversité ?
(Thèmes à développer : population, densités, réseaux urbains, dynamiques démographiques, développement). (Ne retenir que les pays au programme).
Indicateurs démographiques
Chine Corée du Sud Hong-Kong Japon Singapour Taiwan Total % population mondiale
ISF
Taux accroissement naturel
Population millions hab projections 2025
% population urbaine
IDH
1 288,7
1,7
0,7 %
1 454,7
35,8
0,726
47,9
1,3
0,7 %
50,6
81,9
0,882
6,8
0,9
0,2 %
8,4
100
0,889
127,5
1,3
0,1 %
121,1
78,9
0,932
4,2
1,4
0,7 %
4,8
100
0,885
22,6
1,3
0,5 %
24,4
95,5
…
Population millions hab 2003
1 497,7
1 664
23,7
21
Réponse dans le fichier corrigés des activités et exercices.
Des métropoles puissantes, mais inégalement
a. Une aire bien placée à l’échelle mondiale L’aire de l’Asie orientale compte 10 des 45 premières métropoles en termes de PIB. Toutes les entités sont représentées. Le Japon vient nettement et doublement en tête, par le nombre et la puissance du PIB, avec quatre villes dans les 45 premières, dont 3 dans les 6 premières. Tokyo occupe doublement le haut de la hiérarchie (1 er PIB mondial, 1er PIB/hab). La Corée du Sud est représentée par Séoul (12 e PIB), Hong Kong est à la 14 e place, Taipei (Taiwan) à la 23 e place, Singapour est 25 e. La Chine apparaît en repli dans ce classement : Shanghaï, la ville « tête de dragon » de la Chine du XXI e siècle, n’est qu’en 45e position. On retrouve là, le décalage dans la chronologie des cycles de puissance (voir § B).
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b. Une différenciation et une hiérarchisation internes, mais aussi des similitudes paysagères La densité du semis ne doit pas masquer une hiérarchie et une différenciation très fortes entre entités, mais aussi à l’intérieur des entités. Le PIB de Tokyo (ville la plus puissante du monde) est 7 fois supérieur à celui de Séoul, 25 fois celui de Shanghaï, 1 re agglo. chinoise). Ces écarts se retrouvent dans les fonctions de commandement. En revanche, les principales métropoles présentent de fortes similitudes en termes de paysages comme le montrent les paysages urbains de centres d’affaires (CBD). L’acharnement à ériger des gratte-ciel de plus en plus hauts traduit bien aussi la volonté d’affirmer une puissance toute neuve.
Source : Wikimédia (J. Klamo).
Des acteurs et moteurs de la littoralisation de l’espace
a. Le rôle de la configuration des territoires : deux villes portuaires, un archipel (Japon), une île (Taiwan), une péninsule (Corée du Sud), les puissances de l’Asie orientale ont une dimension littorale obligée. Mais même en Chine, les plus importantes agglomérations sont littorales. b. La plus forte concentration de ports du monde Avec ces villes, on est au cœur d’une des dynamiques de la mondialisation qui accorde une grande importance à la localisation littorale : activités portuaires (exportations, importations), l’Asie orientale compte 16 des 25 premiers ports mondiaux ! Ces ports sont le plus souvent très modernes, ils comptent parmi les plus grands ports de conteneurs du monde. Ils ont été à la base de la formation d’importantes ZIP (zones industrialo-portuaires) qui ont permis l’émergence industrielle, et économique, de l’aire de l’Asie orientale. Singapour, 1 er port mondial, relié avec 600 ports dans le monde, est tout à fait représentatif de la puissance portuaire de cette zone. 322
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c. La concentration du peuplement La population se concentre sur les littoraux où les densités sont souvent très élevées à l’instar de la mégalopole japonaise de Tokaido (82 % de la pop. sur 20 % du territoire). En Corée, le littoral accueille les 3/4 de la population, le pourcentage est encore plus élevé à Taiwan. A Hong-Kong et Singapour, elle est, par définition, 100 % littorale. En Chine, bien que ce soit un pays continent, le littoral fait partie de la « Chine pleine » qui regroupe 91 % de la population, se trouve sur 41 % du territoire.
d. La concentration littorale des richesses Cette concentration se retrouve en termes de richesses, mais aussi en termes d’attractivité économi que. Ce sont les littoraux qui accueillent en priorité les IDE, d’où un processus cumulatif qui ne fait que creuser les écarts avec l’intérieur, comme en Chine.
Bilan
B
Une émergence pilotée par des métropoles souvent très puissantes et généralement portuaires pour des entités spatiales au régime démographique moderne, mais à l’avenir démographique différent. Une émergence qui a privilégié les littoraux et qui a connu trois cycles de montée en puissance en fonction des entités.
Les cycles de la montée en puissance industrielle : 3 phases de la mondialisation
Des cycles de la montée en puissance en phase avec l’évolution géopolitique de cette région du monde
a. À partir de 1950, l’aire de l’Asie orientale devient, après l’Europe, un des théâtres et un des enjeux de la guerre froide. La révolution chinoise (1949), la Guerre de Corée (1950-1953), la guerre d’Indochine (1946-1954), la guerre du Vietnam (1965-1975) font apparaître, aux yeux des Etats-Unis, cette région du monde comme une des zones où la menace communiste est la plus dangereuse. Cela les conduira, outre le dispositif d’encerclement des traités militaires, à mettre en œuvre des politiques successives d’aide au développement économique en fonction de l’évolution du contexte géopolitique. Ce sera d’abord le Japon, puis la Corée du Sud, et Taïwan. Pour la Chine, qui s’ouvre de manière spectaculaire à partir de la décennie 1980 et qui abandonne l’organisation économique communiste, on retiendra le forcing du président des Etats-Unis Clinton, pour faire adhérer la Chine à l’OMC et les importants IDE étatsuniens.
b. Le pays pionnier : le Japon (1950-1980) Le modèle de croissance japonais associe le soutien géopolitique et financier des Etats-Unis, un État incitateur, des conglomérats puissants, des liens étroits entre milieux politiques et milieux d’affaires dirigeants, une adhésion forte des salariés à statut, une organisation du travail ayant remédié à l’inertie et aux lourdeurs du fordisme, une mise en œuvre de cycles industriels cohérents, des exigences de qualité (« zéro défaut »…), et une ouverture dissymétrique (protectionnisme culturel, conquête des marchés).
c. Les Quatre dragons Ils vont beaucoup s’inspirer du modèle japonais, mais en tenant compte des spécificités nationales et locales. Les pays étaient confrontés à des difficultés de développement, ils (Corée du sud, Taiwan) ont su « marcher sur les deux jambes » en associant agriculture et industrie. Une forte scolarisation, un Séquence 6-HG00
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État autoritaire et interventionniste (nuancer pour Singapour), de la main d’œuvre à bon marché, une « taylorisation primitive », une industrie substituant d’abord les importations aux exportations, puis favorisant les exportations ont permis aux Quatre dragons d’accéder en quatre décennies au groupe des pays du Nord.
d. La Chine est un cas à part – Ce pays, toujours adepte politiquement d’un communisme autoritaire, a opéré un retournement économique spectaculaire à partir de la fin des années 1970 et opté pour le « socialisme de marché ». – L’ouverture intérieure : elle se traduit par la décollectivatisation des campagnes et une révolution verte. Les Chinois ont eu la possibilité de créer des entreprises individuelles, d’ouvrir les entreprises au capital privé, d’orienter l’industrie vers les biens de consommation. – L’ouverture extérieure vers le monde capitaliste : appel aux IDE (Chine dans le peloton de tête aujourd’hui, « atelier du monde ») ; adhésion à l’OMC (entrée en vigueur en 2004-2005) ; littoralisation intensive (ZES, ouverture progressive des ports, définitive en 1988, villes-champignons comme Shenzen). La faiblesse des coûts salariaux, comme aux temps de la montée en puissance des Quatre dragons, explique l’importance des implantations industrielles étrangères, mais il n’y a pas que cela, l’importance potentielle du marché intérieur chinois, est aussi une deuxième motivation.
20 ans de développement des zones économiques spéciales vus par l’ambassade de Chine Shenzhen (près de Hong-Kong) qui fut la première zone économique spéciale (ZES) de Chine, vient de fêter le 20 e anniversaire de sa création. Par la suite 4 autres zones économiques spéciales furent établies à Zhuhai (près de Macao), Shantou (Guangdong), Xianmen (Fujian) sur la côte et à Hainan (sud). Ces zones économiques spéciales ont développé les forces productives en commerçant avec l’extérieur. En 20 ans, ce village est devenu une ville dont le produit intérieur brut (PIB) a connu une croissance annuelle de 31,25 %, chiffre record en Asie et parmi bien d’autres villes de la planète. En 1999, le PIB des zones économiques spéciales (y compris la nouvelle zone de Pudong de Shanghai) s’est élevé à 366,73 milliards de yuans (44,2 milliards de dollars), 14,5 fois de plus que celui réalisé au moment de leur création, tandis que le volume de leur exportation a atteint 36 milliards de dollars, soit plus de 20 % du total du pays. Le développement rapide de ces zones reflète bien la croissance économique qui a été possible par l’importation de capitaux et de technologies de l’économie de marche qui s’harmonise avec le système socialiste à la chinoise. La combinaison de l’économie de marché et d’un socialisme à la chinoise, est une pratique sans précédent en Chine. Au cours de ces 20 dernières années, ces zones économiques spéciales ont obtenu des avancées remarquables dans le développement de l’économie et la construction urbaine mais il y a eu aussi des échecs et des erreurs graves. Citons par exemple « l’incident dû aux émissions d’actions » qui s’est produit le 10 août 1992 qui fut un important revers pour Shenzhen. Cette zone a été forcée par la suite de revoir et reformer son système d’actions sur le capital. Le gouvernement de Shenzhen a tiré la leçon de cet incident qui a été une expérience en ce qui concerne les émissions d’actions et le marché boursier. Fin 1999, 463 entreprises ont émis à la Bourse de Shenzhen 504 titres d’action pour une valeur de marche de 1 000 milliards de yuans (120 milliards de dollars). Les zones économiques spéciales ont joué un rôle important dans le développement de l’économie chinoise. Que deviendront-elles au 21 e siècle ? Si les zones économiques spéciales ont eu pour mission historique d’explorer les voies de la réforme et de l’ouverture sur l’extérieur en vue de l’édification économique nationale, dans la nouvelle conjoncture, elles auront pour rôle d’explorer les voies de la modernisation de la Chine qui reste un pays agricole en voie de développement. Cette tache qui sera plus pénible, exercera cependant une plus grande influence dans l’ensemble du pays, notamment pour le développement de la partie ouest de la Chine.
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Une croissance et un développement exceptionnels
a. Des taux de croissance souvent à deux chiffres Le taux de croissance du PIB a été supérieur à 10 %, généralement dans les débuts de cycle. Pendant la période de « haute-croissance » du Japon (1955-1973), il dépasse 7 fois 10 %. Pour la Chine, il est de 10,9 pour la période 1981-1985, il atteint 9,3 % au cours du 1 er trimestre 2004, ce qui fait craindre d’ailleurs un risque de « surchauffe » de l’économie, le gouvernement voulant le limiter à 7 %. Croissance annuelle (%) (1991-2001)
12 10
9,9
8 5,5
6
6,7
5,4 4
4
1,2
2 0 Chine
Corée du Sud
HongKong
Japon
Taiwan
Singapour
b. L’impact de la crise de 1997 Partie de Thaïlande, avec l’effondrement du baht (monnaie thaïlandaise) au printemps de 1997, la crise financière a secoué plus ou moins fortement les Quatre dragons. La Corée du Sud a été une des plus touchées, elle a dû remettre en cause l’organisation des chaebols (conglomérats) et son système bancaire. Finalement, c’est, en partie grâce au dynamisme de la Chine continentale, que l’aire de l’Asie orientale a pu juguler les effets de cette crise.
c. Du sous-développement au développement Période
PIB en $ /hab Corée du Sud PIB en $ /hab Côte d’Ivoire
1950
770
1 041
1973
2 841
1 899
1998
13 317
1 373
Angus Maddison, L’économie mondiale. Une perspective millénaire, © OCDE, 2001
L’observation du tableau montre la formidable trajectoire de la Corée du Sud par rapport à la Côte d’Ivoire, alors que pour beaucoup d’experts, l’aire de l’Asie orientale (sauf le Japon) était condamnée au sous-développement au début des années 1950, contrairement à l’Afrique. L’évolution de l’IDH de l’Asie de l’Est qui passe de 0,32 en 1950 à 0,74 en 2000, illustre bien ce processus de développement régional. L’aire de l’Asie orientale est la seule région du monde où des pays sont passés, du groupe des pays du Sud, au Nord. Cela étant, la Chine, reste encore, globalement un pays du Sud. Enfin, alors que les inégalités de revenus s’accentuent à l’échelle du monde, l’aire de l’Asie orientale est, notamment grâce à la croissance chinoise, la seule région du monde où le nombre d’individus vivant dans une extrême pauvreté a baissé significativement dans les années quatre-vingt-dix.
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Le développement industriel de l’aire de l’Asie orientale, moteur de la croissance mondiale
De 1994 à 2001, la part (Japon compris) dans le PIB mondial est passée de 9,34 à 11,65 %, la part de Chine, de 3,62 à 5,05 (taux de croissance en 2003 : 9,9 %). L’Asie orientale est la 2 e zone de commerce mondial avec 18,6 % du commerce mondial, derrière l’Union européenne. Les industries manufacturières représentent 85 % de ces exportations. Le dynamisme actuel de la Chine a des répercussions mondiales. Il entraîne une forte pression sur les matières premières, il conduit à faire repartir des activités en Europe comme le montre l’extrait de presse suivant. Cokes de Carling rallume ses fours en 2004 L’aciériste allemand Rogesa a racheté in extremis la filiale de Charbonnages de France. Jeudi 1er avril, la cokerie de Carling a ressuscité. L’affaire n’a rien d’une blague. Elle bénéficie des garanties financières de l’aciériste allemand Rogesa qui a finalisé le rachat de cette filiale de l’établissement public Charbonnages de France (CdF), installée en plein bassin houiller mosellan. Une nouvelle société est née, Cokes de Carling, dotée d’un capital initial de 10 millions d’euros. Son PDG, Michel Escoin, affiche aujourd’hui une solide confiance. « Mais au mois de décembre, reconnaît-il, j’étais convaincu comme tout le monde que la cokerie allait fermer. » Le miracle se produit en 2003 avec le retournement du marché du coke.« La Chine qui vendait du coke à des prix défiant toute concurrence n’en exporte pratiquement plus aujourd’hui, à cause des besoins énormes de son marché interne, explique Michel Escoin. Les prix ont été multipliés par deux ou trois. C’est un marché de folie. » Résultat : la cokerie de Carling est à nouveau rentable. De source syndicale, elle aurait même enregistré un résultat positif de 4 millions d’euros pour le seul mois de janvier. Thomas CALINON, Libération , mardi 6 avril 2004 « Libération est détenteur des droits pour toute reproduction »
Des montées en puissance, moteurs et reflets des phases de la mondialisation
L’émergence de l’aire de l’Asie orientale est à la fois produit et moteur de la mondialisation de l’espace. L’affirmation du Japon dans les décennies 1980 et 1990 a participé à la mise en place du système tripolaire de la triade. Parallèlement l’émergence des Quatre dragons a contribué à l’avènement d’un espace industriel mondial (multiplication des IDE, « délocalisations »). Ce processus est parachevé de manière spectaculaire par l’ouverture et le dynamisme de la Chine (75 % des jouets du monde, 55 % des appareils photos, 30 % des exportations mondiales de cuirs et chaussures, 22 % d’articles manufacturés divers, 21 % des vêtements de confection, 18 % de l’électroménager, de l’EGP, 11 % de l’optique…) qui a par ailleurs renforcé les interdépendances entre les différentes régions du monde, comme nous venons juste de le voir.
Bilan
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Des montées en puissance qui sont le résultat de dynamiques géopolitiques, économiques, spatiales et géopolitiques qui ont permis une croissance spectaculaire au point que quatre entités ont quitté le groupe des pays du Sud. On n’oubliera pas que ces montées en puissance industrielles se sont réalisées alors que l’autosuffisance alimentaire (compte non tenu des Cités-Etats de Hong-Kong et Singapour) était atteinte. Mais l’aire de l’Asie orientale doit faire face à un certain nombre de limites.
C
Une aire où les relations internes sont le moteur principal de l’expansion, mais qui doit faire face à des limites fortes
Une sphère de coprospérité asiatique
a. Une intégration commerciale et industrielle
Part de l'Asie dans le commerce extérieur pour les pays de l'Asie orientale 100 80
80,5 66,8
60
62,4
62,1
55,7 50
40 20 0 Hong-Kong
Singapour
Chine
Corée du Sud
Japon
Taiwan
Comme le montre le graphe, les pays de l’aire de l’Asie orientale commercent d’abord entre eux. La Chine est ainsi devenue le 1 er partenaire commercial du Japon. Dans le domaine industriel on note une intégration par le biais de la division du travail entre les différents pays de l’aire de l’Asie orientale. « Le jeu du « circuit intégré asiatique » Les pays de l’aire de l’Asie orientale et le Japon utilisent largement la Chine comme plateforme d’assemblage pour leurs productions (vêtement, cuir, jouets, produits chimiques, et, avec de plus en plus d’importance, matériels électroniques). Les délocalisations et la sous-traitance gonflent les importations, une grande part des composants qui alimentent les usines d’assemblages provenant des maisonsmères. La part des importations pour assemblage dans les importations chinoises s’élevait, en 2002, à 41 % (59 % pour les filiales étrangères) ; la part des produits exportés après assemblage représentait 55 % du total (80 % pour les seules entreprises étrangères). D’autre part, les délocalisations alimentent les exportations chinoises via les réimportations dans le pays d’origine, ou, surtout, comme une plate-forme d’expédition vers l’Amérique du Nord ou l’Europe. Ainsi le « circuit intégré asiatique » se traduit par l’importance des flux de marchandises et l’imbrication accrûe des appareils productifs. » Extrait de Focus, février 2004
b. Le Japon, moteur de l’intégration Elle est exemplaire dans le domaine de l’organisation d’une division régionale du travail comme celle mise en œuvre par l’industrie automobile japonaise. Les IDE japonais traduisent donc le rôle moteur du Japon, mais ils ne se limitent pas uniquement au secteur de l’automobile, et la Chine en prend une part de plus en plus grande, à l’exemple des joint-ventures (= IDE sous forme d’une entreprise créée en association avec l’état chinois ou une firme chinoise) : on en comptait près de 900 à Pékin, plus de 2 500 à Shanghaï, près de 1 000 dans le Shandong, à la fin des années 1990. Séquence 6-HG00
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De plus, début novembre 2003, les gouvernements chinois, japonais et sud-coréen ont déclaré vouloir bâtir ensemble un système d’exploitation alternatif de Windows, s’inspirant fortement de ce que peut proposer l’OS libre Linux. Va-t-on cependant, et très progressivement, vers un régionalisme pan-asiatique ? (voir séquence « La mégalopole japonaise »), dans la mesure où le Japon semble décidé à s’engager vers une nouvelle Ere Meiji, mais orientée, cette fois-ci, vers l’Asie, de façon à mieux concrétiser le processus de continentalisation.
c. Hong-Kong et la diaspora chinoise La diaspora chinoise a un rôle relationnel majeur à l’échelle de l’Asie de l’est, mais, à l’échelle de l’aire de l’Asie orientale, pour ce qui concerne les liens qu’entretient la Chine avec Hong-Kong et Taiwan. Hong-Kong est une plaque tournante pour les IDE en Chine. La diaspora chinoise est aussi la base de l’organisation des relations commerciales et d’IDE entre Taïwan et la Chine, comme le montre l’intensité des flux qui traversent cette zone stratégique particulièrement sensible qu’est le Détroit entre la Chine continentale et Taïwan. Cela nous conduit à insister sur l’existence de pôles de coopération régionale transfrontaliers où se concrétisent, dans des espace réduits, les différents types d’intégration régionale.
d. Une intégration culturelle ? L’appartenance à une même région du monde, l’influence de la philosophie confucéenne d’origine chinoise, qui expliquerait la priorité accordée au groupe avant les intérêts de l’individu, suffisent-elles à affirmer l’existence d’une unité culturelle dans cette région du monde ? Alors que cette thèse a connu beaucoup de succès dans les années 1980-1990, sa pertinence est aujourd’hui remise en question. Il convient donc d’être prudent et de se contenter de mentionner l’existence de cette thèse.
Limites et vulnérabilités
a. Une zone globalement fragile financièrement La dépendance extérieure est réelle, mais surtout pour la Chine, soumise encore à de nombreux IDE extérieurs à la zone. La crise financière de 1997 a mis en évidence la fragilité financière de cette région du monde, mais aussi la volonté des Etats-Unis de forcer des pays comme la Corée à s’ouvrir entièrement aux flux internationaux de toute nature.
b. La grande faiblesse en termes de regroupement économique régional Cette zone ne comprend pas de regroupement économique régional propre, même si c’est l’objectif de l’ASEAN à laquelle le Japon n’appartient d’ailleurs pas. Ce dernier souffre d’ailleurs encore de sa réticence à s’excuser de ses comportements inadmissibles pendant la deuxième guerre mondiale, ce qui bloque un certain nombre d’initiatives. Alors que l’UE s’est dotée d’une monnaie commune, que l’ALENA commerce sur la base du $, la région souffre de l’absence de l’unité monétaire. Il n’y a pas de zone yen. Le commerce se fait en dollars. La Chine a d’ailleurs, pragmatiquement, aligné le yuan sur le cours du $, ce qui lui permet de commercer sans problème avec les Etats-Unis.
c. Des insuffisances de développement Le succès actuel de la Chine ne doit pas masquer que son PIB et l’IDH sont faibles (104 e IDH mondial (0,726), 116e PIB mondial (4 020 $/hab/an). De plus, même si une classe moyenne émerge, les salaires sont encore très faibles. 328
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d. Les déséquilibres entre littoraux et intérieur Enfin, l’insertion dans la mondialisation a contribué au développement des littoraux, bien souvent aux dépens de l’intérieur. Le Japon et la Chine en sont de bons exemples. Dans le cas de la Chine, le décalage entre le littoral et l’intérieur a été très brusque. Il a contribué à déstabiliser l’architecture du pays en accélérant l’exode rural. La croissance urbaine n’est pas totalement maîtrisée. De plus, la croissance s’effectue au prix de quelques désastres écologiques, comme en Chine. Même si le pouvoir actuel a l’air de modérer les projets pharaoniques du type « Barrage des trois Gorges ».
e. Le contentieux et les tensions entre la République de Chine et Taiwan La Chine, qui revendique l’île comme une partie de son territoire, l’isole sur le plan diplomatique en l’empêchant d’avoir des relations avec la plupart des autres pays. La pression militaire augmente. La Chine a pointé 500 missiles sur l’île. Ils sont de plus en plus précis, et devraient être 700 ou 800 en 2010. Les capacités navales et aériennes de la Chine sont de plus en plus performantes et pourraient permettre à terme de neutraliser l’aviation taiwanaise ou imposer un blocus naval. Les relations commerciales et les IDE taiwanais jouent un rôle modérateur. Mais ce n’est pas une garantie de paix. Le caractère passionnel de la question taiwanaise pour les Chinois, les enjeux stratégiques de la récupération de Taiwan par la Chine, la volonté de Taiwan de continuer de favoriser la séparation, tous ces facteurs idéologiques non maîtrisables peuvent alimenter le risque de guerre. Il y a une accumulation d’armes de part et d’autre, donc des risques de dérapages, et éventuellement de guerre.
Bilan
Des relations fortes qui attestent bien l’idée de l’existence d’une aire régionale, et au-delà celle de la continentalisation. Mais l’intégration dominée par le Japon, est surtout effective dans le domaine de l’organisation de la production et du commerce. L’intervention des Etats est incontestable et fonda- mentale, mais dans le domaine de la mise en œuvre des regroupements économiques régions, cette aire apparaît à la traîne par rapport à l’Europe et à l’Amérique.
Conclusion
Une émergence spectaculaire qui a démenti les « pronostics » du théoricien du capitalisme qu’était Max Weber, pour lequel la civilisation asiatique apparaissait incompatible avec la réussite de l’implantation du capitalisme, au contraire de la civilisation européenne. Une affirmation qui s’inscrit dans la thèse du basculement du centre de gravité économique mondial vers le Pacifique, même s’il faut relativiser la portée, dans la mesure où l’organisation du monde ressemble de plus à plus à un archipel, dominé par un pays qui relie les rives des deux grands océans, l’hyperpuissance étasunienne. Quoiqu’il en soit, il est incontestable que l’aire de l’Asie orientale peut être définie, au prix de dynamiques et de caractères propres à chacune des entités spatiales qui la composent, comme un des grands « laboratoires » des dynamiques actuelles de l’espace mondial, excepté dans le domaine de l’affirmation des regroupements économiques régionaux. Autre fait incontestable : l’émergence et l’expansion de cette région du monde fascinent les experts occidentaux. Mais cette fascination ne doit pas faire oublier les limites qui affectent l’aire de l’Asie orientale, notamment sur les conditions des montées en puissance.
Séquence 6-HG00
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ontenu du chapitre 2 La mégalopole japonaise Parmi les grandes dynamiques de l’espace mondial qui ont affecté l’espace mondial à partir de la deuxième moitié du XX e siècle, l’émergence d’un système tripolaire, la triade, l’affirmation des littoraux, celle des grandes mégalopoles, mais aussi des grandes métropoles mondiales, figurent en bonne place au même titre que la généralisation et l’accélération des processus de mondialisation ainsi que l’affirmation de l’aire de l’Asie orientale. Un pays y joue un rôle de premier plan, le Japon, et particulièrement à l’intérieur du Japon, un espace spécifique : la mégalopole Tokaido. Comment expliquer l’affirmation de la mégalopole japonaise comme acteur majeur de l’espace mondial ?
Problématique : Comment expliquer l’affirmation de la mégalopole japonaise comme acteur majeur de l’Asie orientale et de l’espace mondial ?
Plan : traitement de la problématique A La mégalopole, une formidable
concentration urbaine dominée par Tokyo
Un long et mince ruban littoral qui concentre les hommes
Plus qu’un simple chapelet urbain, un réseau de métropoles efficacement reliées entre elles
Une des trois grandes mégapoles mondiales
Un réseau urbain puissant avec à sa tête une des trois villes globales : Tokyo
B La mégalopole, moteur et
incarnation dans l’espace, de la puissance et de l’affirmation mondiales du Japon
Un lien étroit entre la formation de la mégalopole et l’ascension économique du Japon
Un espace hiérarchisé et littoralisé qui a sa logique d’organisation
Une mégalopole ouverte de manière dissymétrique sur le monde
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Notions-Clés
Repères
Concentration, mégalopole, risque sismique, ville millionnaire, mégapole, espaces peri-urbains », armature, réseau de transport, shinkansen, marchés financiers, sièges sociaux, façade maritime, organismes internationaux, regroupement économique régional, ville globale, centralité, quartier d’affaires.
– établir des corrélations entre plusieurs documents géographiques, – mettre en relation différents types de cartes, – opérer une synthèse, – interpréter différents types de documents, – entraînement au baccalauréat, – faire preuve d’esprit critique.
Axe, genèse, croissance économique industrielle, Guerre froide, reconstruction, foyers industriels, « vol d’oies sauvages », acteurs, CBD, modèle économique orginal, conglomérats, espace hiérarchisé, ouverture dissymétrique, délocalisations, organisation de la production, dispositif portuaire, participations croisées, grandes façades maritimes, insertion mondiale.
Exercice : « La baie de Tokyo en quête de nouveaux équilibres »
Plan : traitement de la problématique C La mégalopole, au péril
de la concentration entre les nécessaires adaptations et rééquilibres territoriaux et la gestion environnementale
La mégalopole, le théâtre privilégié d’une crise économique qui dure
Le Japon et la mégalopole souffrent des problèmes de l’insertion en Asie : la nécessité d’une nouvelle ère Meiji, mais ouverte sur l’Asie
Les risques et les contraintes de la saturation spatiale, et les réponses
Les rééquilibrages territoriaux, quel bilan ?
Notions-Clés
Repères
Crise économique, modèle de production, bulle spéculative, regroupement économique régional, risques, contraintes, rééquilibrages territoriaux, « nouvelles villes industrielles », aménagement du territoire.
Conclusion
Séquence 6-HG00
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La mégalopole japonaise A
La mégalopole, une formidable concentration urbaine dominée par Tokyo
Un long et mince ruban littoral qui concentre les hommes
Japon : 127,5 millions km 2, 378 000 km2 Densité : 337 hab/km 2
Carte © Francis Monthé, www.carto-gh.com 332
Séquence 6-HG00
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La mégalopole a la forme d’un ruban littoral mince (une centaine de kilomètres d’épaisseur) sur un peu plus d’un millier de kilomètres de long, logé dans des plaines littorales (importance de l’emprise montagneuse) au sud du Japon (partie sud de Honshu), en enjambant la mer Intérieure pour mordre sur Shikohu, et commencer à conquérir Kyushu. La mégalopole est vraiment représentative de l’« Asie des hautes densités ». Les densités y sont très fortes, elles dépassent 500 hab/km 2 avec des noyaux supérieurs à 2 000. On peut estimer la densité moyenne à 1 000 km2, dans un pays où les densités sont déjà très fortes (337 hab/km 2). Enfin, et cela peut paraître paradoxal si l’on tient à une observation superficielle, la mégalopole se localise sur une zone à fort risque sismique (bordure et mouvement des plaques et failles).
Plus qu’un simple chapelet urbain, un réseau de métropoles efficacement reliées entre elles
a. La mégalopole est un concentré de 11 villes millionnaires (au moins d’un million d’habitants) et
d’une vingtaine de villes de plusieurs centaines de villes de plusieurs centaines de milliers d’habitants. Si l’on s’en tient à la seule partie de la mégalopole située sur Honshu, la distance moyenne est de 90 km. Une concentration unique au monde ! En termes de paysages, cela se traduit par une succession de centres urbains, de « vastes espaces péri-urbains composés de lotissements pavillonnaires et de grands ensembles, entrecoupées de lambeaux agricoles, de ceintures horticoles, jalonnés par des espaces verts résiduels souvent reconvertis en zone de loisirs ». (P. Pelletier) b. Une armature structurée par un réseau de transports performant.
Cette structuration est indispensable au fonctionnement de toute mégalopole dont une des raisons d’existence est l’intensité des flux (humains, biens, services). Le shinkansen (TGV) a été ouvert en 1964, un an plus tard c’est l’autoroute Tômei-Meishin, sans oublier les lignes aériennes internes. Depuis, les réseaux se sont densifiés. Des ponts qui ont nécessité des prouesses technologiques, permettent de franchir la mer Intérieure entre Honshu et Shihoku. La mégalopole est aussi reliée au reste du territoire par des réseaux tels que les nouveaux shinkansen.
Une des trois grandes mégalopoles mondiales Mégalopole
Attributs
Mégalopole américaine Mégalopolis
Mégalopole japonaise Tokaido
Mégalopole européenne Euromégalopole
Dimensions
750 km de long, 100 à 200 de large
1 200 km de long, ruban de moins de 100 km de large
1 500 km de longe sur 100 à 200 km de large
Configuration spatiale
Nébuleuse littorale du Nord-Est
Ruban littoral du sud de Honshu enjambant la mer Intérieure et mordant sur Shikoku et Kyushu
Arc interétatique qui enjambe les Alpes et la Mer du Nord
Population (hab.)
45 millions
105 millions
70 millions
Principales agglomérations
New York (21,2 millions d’hab) ; WashingtonBaltimore (7,6) ; Philadelphie (6,2) ; Boston (5,8)
Tokyo (33,4 millions d’hab) ; Osaka-Kyoto-Kobé (17) ; Nagoya (8,6)
Londres (10,3 millions d’hab.) ; Conurbation Ruhr (9,2) ; Milan (4) ; Francfort (2,7) ; Stuttgart (2,5)…
PIB des agglomérations de plus de 2 millions d’habitants
1 215 milliards de dollars
2 435 milliards de dollars
1 013 milliards de dollars
(supérieur à l’Italie)
(supérieur à l’Allemagne)
(équivalent à celui de l’Italie)
Présence de marchés financiers
oui
oui
oui
Paris (11,3) n’est pas considérée comme faisant partie de la mé galopole.
Séquence 6-HG00
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Mégalopole Attributs
Mégalopole américaine Mégalopolis
Mégalopole japonaise Tokaido
Mégalopole européenne Euromégalopole
Présence de sièges sociaux de grandes firmes à dimension mondiale
oui
oui
oui
Façade maritime
Oui. 5 grands ports totalisent 215 millions de tonnes métriques.
Oui. 9 grands ports totalisent 944 millions de tonnes métriques.
Oui. 11 grands ports totalisent 624 millions de tonnes métriques.
Aéroports de taille mondiale
3 grands aéroports totalisent 133 millions de passagers.
2 grands aéroports totalisent 105 millions de passagers.
5 grands aéroports totalisent 145 millions de passagers.
Présence de sièges d’organismes internationaux
Nombreux
Absence
Un certain nombre (cf. Genève).
Intégration dans un regroupement économique régional
Oui, ALENA
Non
Oui, regroupement le plus abouti : l’Union européenne
Un réseau urbain puissant avec à sa tête une des trois villes globales : Tokyo
a. Nous connaissons déjà l’importance de l’armature urbaine. Mais il importe d’aller au-delà du simple
énoncé des effectifs de population, même si celui-là doit de toute façon être considéré comme un indicateur pertinent de la puissance d’une ville. 5 grandes agglomérations doivent être mises en évidence : Tokyo, Osaka-Kyoto-Kobé, Nagoya et Fukuoka. b. Tokyo, la « ville globale », centre principal de la mégalopole et du Japon.
Depuis 1996, Tokyo est considérée, avec New York et Londres, comme une « ville globale », c’est-àdire une métropole (en fait une mégapole dominant une mégalopole) centre de commandement du capitalisme mondial, née du double mouvement paradoxal de centralisation (ou concentration) des fonction de direction, coordination, prévision et gestion s’exerçant à l’échelle mondiale, mais aussi de dispersion des activités manufacturières dans le monde. L’importance du PIB de Tokyo (1 444 milliards de $, le plus élevé du monde, atteignant presque celui de la France) est une bonne illustration du statut de « ville globale ». Tokyo accumule d’autres indicateurs : avec 33 millions d’habitants (mégapole la plus peuplée du monde), l’agglomération d’une soixantaine de km de rayon concentre un quart de la population japonaise, la moitié des entreprises de pointe et des médias, les 2/3 tiers des sièges sociaux des grandes firmes, 85 % des établissements financiers étrangers, 60 % des transactions boursières, près de la moitié des étudiants du Japon… Le dispositif tetraportuaire (Tokyo, Chiba, Kawasaki, Yokohama) atteint 470 millions de tonnes métriques. L’aéroport fait transiter 84 millions de passagers par an.
Une centralité et un espace urbain évolutifs.
De part la faiblesse de la disponibilité spatiale, on assiste actuellement à un redéploiement des fonctions tertiaires dans de nouveaux centres, à la multiplication des grandes opérations urbaines, et aux relocalisations industrielles dans la mégalopole ou dans sa périphérie.
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c. Les autres grandes métropoles associées-rivales.
Osaka et le Kinki
Osaka Avec ses 15 039 millions d’habitants, la mégapole d’Osaka est la 10 e agglomération du monde, la 5e d’Asie et la 2e du Japon. Située dans la plaine du Kansai, au centre de la partie sud de la principale île, Honshu, Osaka est au cœur du berceau historique et culturel du Japon, le Kinki (les deux anciennes capitales, Nara et Kyoto sont distantes d’une soixantaine de km). Avec ces deux villes, Osaka forme une conurbation de 15 millions d’habitants. Si on ajoute la région urbaine du port de Kobé, situé à l’ouest, le Kinki compte 22 millions d’habitants et constitue le deuxième pôle de la mégalopole Tokaido. La ville est située au fond d’une baie qui donne à la fois sur la côte Pacifique et la Mer Intérieure du Japon. L’implantation de son site entre les fleuves qui se jettent dans la baie lui vaut l’appellation de « ville de l’eau ». Le surnom de « Manchester de l’Orient » qui lui a été donnée au XIXe illustre la percée industrielle d’Osaka. Une percée qui avait pris appui sur la vigueur ancienne des activités agricoles, industrielles et portuaires du Kinki. Dès 1920, Osaka compte 2 millions d’habitants ; 3,5 en 1940. La Seconde guerre mondiale laisse Osaka en cendres. La population et la production industrielle sont réduites de 30 %. La ville d’Osaka, rapidement reconstruite après 1945, retrouve son niveau d’avant la guerre dans les années 1950 mais l’urbanisation s’étend fortement en dehors de la ville et participe à l’expansion d’une vaste agglomération qui comprend 44 municipalités. La « haute-croissance » (1955-1973) renforce le caractère urbain du Kinki, mais celui-ci est désormais distancé par le Kanto (région de Tokyo). Sa part dans le produit national passe de 40 à 20 %. Un sixième des sièges sociaux des grandes entreprises est implanté à Osaka (parmi elles,Sumitomo, Matshuhita, Sanyo, Minolta et Sharp) , alors que Tokyo en comptait près des deux tiers dès les années 70. Les industries traditionnelles de la région (aciéries, chantiers navals, textiles) ont subi une forte crise. Les atouts sont cependant de poids. La mégapole concentre les richesses : son PIB est le 3 e du monde, derrière Tokyo et New York. Par habitant, Osaka est au 3e rang derrière Tokyo et Nagoya. La bourse d’Osaka est la 3e du monde, le potentiel commercial est le plus fort du Japon (700 entreprises de distribution contre 500 à Tokyo), les centres scientifiques sont performants. Avec les ports de Kobe, et de Sakai, le Kinki dispose du 2e ensemble portuaire du Japon. Pour contrebalancer la suprématie de Tokyo, les dirigeants du Kinki misent sur l’ouverture internationale aspire à un rôle international. Osaka a organisé une exposition universelle en 1970, accueilli le sommet de l’APEC en 1995, elle a été candidate à l’organisation des Jeux Olympiques d’été de 2008. La construction (1994) de l’« Aéroport international du Kansai », sur un terre-plein de 511 ha à 5 km du rivage dans la baie d’Osaka constitue l’exemple emblématique, d’autant qu’il a été accepté alors que les appels d’offres obéissent aux normes plus transparentes du GATT. Le plan Directeur de la Préfecture d’Osaka décidé en 1991 a mis en œuvre de nombreux projets ambitieux (Parcs technopolitains, « villes scientifiques »…). La préservation de l’environnement, longtemps très malmené par les extensions industrielles et urbaines, est aussi aujourd’hui mieux prise en compte. J.-M. Bernardin et C. Hocq, Dictionnaire d’Histoire et de Géographie. Les Noms propres, les hommes et les lieux, Ellipses, 2002.
Nagoya est la troisième mégapole de la mégalopole (8,6 millions d’habitants). C’est une métropole
industrielle et portuaire dont l’agglomération accueille Toyota City (plus de 300 000 habitants) la ville que la firme Toyota a dédié à l’automobile avec douze usines et 72 000 salariés logés sur place avec leurs familles dans des maisons individuelles et des petits immeubles collectifs où l’accession à la propriété accompagne les plans de carrière fixés pour toute une vie.
Bilan
La mégalopole japonaise figure donc en tête des trois grandes mégalopoles mondiales de par ses dimensions, sa population, la concentration de ses activités, et la présence incomparable de grandes mégapoles dont Tokyo est le symbole le plus évident. Mais la croissance et l’affirmation de la mégalopole de l’affirmation internationale du Japon. Séquence 6-HG00
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B
La mégalopole, moteur et incarnation dans l’espace, de la puissance économique et de l’affirmation mondiales du Japon
Un lien étroit entre la formation de la mégalopole et l’ascension économique du Japon
a. Une formation progressive Le nom de Tokaido a une forte dimension historique puisqu’il désignait la route rejoignant Kyoto (du temps où cette ville était la capitale, c’est-à-dire avant 1868 (début de l’ère Meiji, quand le Japon sous l’impulsion de l’Etat restauré s’est ouvert aux techniques de l’Occident) à Edo (nom ancien de Tokyo). La mégalopole s’est d’abord formée sur l’axe fondateur Tokyo-Nagoya-Osaka à l’est, puis s’est prolongée vers l’ouest avec l’axe Osaka-Kobé pour poursuivre vers l’est en allant jusqu’à mordre sur l’île de Kyushu et en enjambant la mer Intérieure en débordant sur l’île Shikoku.
b. Une genèse en interaction avec la forte croissance économique dont les bases sont industrielles À la fin de la Seconde guerre mondiale, le Japon est à la fois exsangue du fait des dégâts considérables, mais aussi disqualifié en tant que puissance du fait de ses responsabilités et de son comportement pendant la guerre. Les Etats-Unis le mettent sous tutelle. La Guerre froide et en particulier la guerre de Corée (1950-53) vont modifier l’attitude des Etats-Unis qui estiment que le Japon est une bonne carte géopolitique à jouer face aux deux géants communistes voisins (URSS, Chine à partir de 1949). C’est ainsi qu’ils vont tout faire pour accélérer la reconstruction du Japon. Débutera alors un processus de croissance exceptionnelle qui exercera une forte fascination sur les puissances capitalistes rivales. Cette croissance repose quasi exclusivement sur l’industrie nationale que le Japon construit progressivement (voir tableau) et qui donne naissance à de gigantesques foyers industriels dans les pôles urbains et portuaires qui vont impulser le développement de ce qui devient progressivement la mégalopole.
Un développement industriel organisé doublement en phases Décennie
1950
Branche industrielle créée
Textile
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n s
n o i t c
d u
o P r
i o t a t r
p o E x
1970
Automobiles Construction navale
1980
Electronique Robotique
phase I
Le produit est importé.
phase II
La production démarre sur le sol et les importations diminuent.
Bio-industries Informatique Nucléaire Cosmétiques
phase III
l'exportation commence er s'accroît.
nouvelle phase
Le cycle recommence pour d'autres produits plus perfectionnés.
1990
Séquence 6-HG00
n s
i o t a t o r p m
I
1960
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Le développement industriel "en vol d'oies sauvages"
phase I
phase II
phase III
nouvelle phase I
L’observation du tableau met en évidence le caractère progressif et logique du développement industriel du Japon. Un développement qui repose d’abord sur la volonté de construire une industrie nationale tout en se préoccupant de plus en plus de la nécessité de s’imposer face à la concurrence internationale. C’est ainsi que le Japon devient la deuxième puissance industrielle mondiale en occupant les places d’honneur à l’échelle mondiale :
Quelques exemples de la puissance industrielle japonaise Rang mondial
% production mondiale
Acier
2e
12,1
Automobiles
2e
Caoutchouc synthétique
2e
Secteur
Production
Rang mondial
% production mondiale
Electricité
3e
17
Centrales nucléaires
3e
12,4
13,9
Textiles synthétiques
6e
4,6
c. La mégalopole concentre les acteurs de la croissance
Les 105 millions d’habitants sont les premiers acteurs de la mégalopole. Il s’agit d’une population bien formée, faisant preuve d’un grand dévouement pour l’entreprise qui l’emploie, surtout s’il s’agit d’une firme qui assure, encore, l’emploi à vie. Pourtant la durée du travail est longue, les conditions de vie difficiles surtout pour les très nombreux travailleurs pendulaires qui doivent supporter de longs et fastidieux déplacements quotidiens pour se rendre à leur travail et en revenir. Par ailleurs la forte capacité d’épargne des Japonais est une des bases de la puissance bancaire japonaise, de plus le « protectionnisme culturel » les pousse à privilégier les achats de produits japonais. La mégalopole, et essentiellement la ville globale de Tokyo, monopolise les centres de commandements qu’ils soient politiques et/ou économiques. Cela s’est traduit par l’édification de quartiers d’affaires (CBD) gui peuvent être gigantesques comme celui de Shinjuku à Tokyo.
Parmi les acteurs, les grands conglomérats (keiretsu) dont le gratte-ciel qui accueille le siège social est symbolique de la puissance. Tokyo présente une très forte concentration de gratte-ciel comme le montre la carte avec une très forte présence au centre.
La répartition des gratte-ciel à Tokyo
d. La mégalopole au cœur d’un modèle économique original qui a fasciné les concurrents
Le capitalisme japonais se caractérise par des aspects originaux en termes de présence de conglomérats puissants (ou keiretsu) comme Mitsui, s’appuyant sur un système financier non moins puissant (la 1re et la 5e banques mondiales sont japonaises), des maisons de commerce intégrées (Sogo Sosha) ainsi que sur une myriade de petites et moyennes entreprises sous-traitantes. Séquence 6-HG00
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Un autre trait original réside dans les liens très étroits entre les hauts fonctionnaires (l’Etat), le patronat (Kandeiren), et la direction des firmes. Il est très fréquent pour un dirigeant de passer d’une instance à l’autre. Ce qui n’est pas forcément sans inconvénient comme nous le verrons un peu plus loin. Beaucoup de firmes japonaises ont réagi face aux effets pervers de l’organisation taylorienne : désintérêt des travailleurs, manque de souplesse… Elles ont donc mis en place des systèmes permettant aux salariés d’exprimer leurs observations quant aux améliorations à apporter au système de production (réunions d’atelier, boîte à idées, système de récompense pour les meilleures suggestions et initiatives…).
Par ailleurs, des normes très strictes ont été édictées en termes de qualité de la production (zéro défaut, zéro panne…), de respect des délais de livraison et surtout en termes de gestion des stocks. Les Japonais ont été les grands initiateurs du just in time (juste à temps) fondé sur la suppression des stocks, en reliant les différents sites de production selon le système des « flux tendus », « les stocks étant les camions ».
Un espace hiérarchisé et littoralisé qui a sa logique d’organisation
La littoralisation est une des traductions et des conditions spatiales de la mondialisation pour au moins trois raisons, dont une plus spécifique pour le Japon, – la mondialisation repose sur des échanges accrus, dont la plus grande partie est réalisé par bateaux, les ports jouent donc un rôle d’interface incomparable, – les firmes ont privilégié la localisation industrielle près des ports ou même le plus souvent dans les ports (zones industrialo-portuaires), – les firmes japonaises ont fait le choix d’utiliser au maximum les plaines côtières. Mais pour remédier au manque d’espace dû à l’exiguïté de ces plaines côtières, de nombreuses plates-formes industrielles ont été construites sur la mer, en prolongement du trait de côte.
Une mégalopole ouverte de manière dissymétrique sur le monde
a. La conquête des marchés mondiaux s’est traduite par un fort développement des exportations, alors que les importations, même si elles progressent, sont plus faibles, traduisant une ouverture dissymétrique sur le monde. L’excédent commercial est traditionnel (taux de couverture en 2002 : 123). b. Mais la mondialisation n’est pas seulement que l’augmentation du commerce mondial, elle est aussi un accroisseLe Japon dans la zone Asie-Pacifique : délocalisations ment très fort des IDE. et organisation de la production de la Firme Toyota Le Japon est un des acteurs de ce mouvement, d’autant que dans les années 1980 et 1990, les firmes japonaises ont été dans l’obligation d’installer des usines dans des pays comme les Etats-Unis et la France pour contourner les diverses restrictions à leurs exportations.
« Le Japon dans la zone Asie-Pacifique », in Les Rivages asiatiques du Pacifique , R. D’Angio, J. Mauduy. © Armand Colin, 1997. 338
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En 2001, le Japon était le 7 e investisseur mondial, mais là encore l’ouverture est dissymétrique car en 2002 le Japon occupait seulement la 30 e place des pays d’accueil. Cette ouverture est récente et contrainte (pression des Etats-Unis dans le cadre de l’OMC, fortes difficultés de firmes (Nissan). Elle se produit essentiellement dans l’automobile : Ford a pris un tiers du capital de Mazda en 1996, Renault 36,8 % de celui de Nissan, etc. Au-delà des IDE, les participations croisées avec d’autres firmes se développent, comme par exemple Sony qui s’est associé avec Apple (Etats-Unis), Matsushita (Japon), Philips (Pays-Bas)… pour fonder General Magic (haute-technologie).
c. Une des grandes façades maritimes mondiales : un dispositif portuaire exceptionnel pour le 3e exportateur mondial. Ce dispositif portuaire était une condition indispensable pour faire de la mégalopole le cœur de l’accession au statut de deuxième puissance économique mondiale. D’une part pour accueillir les importations de matières premières métalliques et chimiques ainsi que de l’énergie (hydrocarbures) dont le Japon manque cruellement. Les ports étaient évidemment aussi nécessaires pour assurer le transport des produits exportés. Aujourd’hui cette double mission perdure, mais les importations se sont élargies : produits agro-alimentaires (le Japon a la balance commerciale agricole la plus déficitaire du monde), pièces industrielles provenant des délocalisations dans l’Asie-Pacifique (cf. § d).
d. Une insertion mondiale qui privilégie l’Asie L’Asie est la première zone pour le commerce extérieur japonais qui représente 16 % du commerce, que ce soit pour les exportations que pour les importations. Résultat des nombreuses délocalisations industrielles dont la firme Toyota est un exemple (voir schéma) mais aussi de l’abandon de la produc tion de certains biens, la balance commerciale est déficitaire avec cette zone. En revanche elle est largement excédentaire avec les Etats-Unis, plus équilibrée avec l’Europe. Signe de l’évolution de la politique industrielle en Asie, ce ne sont pas les matières premières et l’énergie qui fournissent le poste le plus important des importations, mais les équipements industriels suite au développement des IDE japonais en Asie (16 % des IDE, à égalité avec les Etats-Unis), particulièrement dans l’industrie automobile comme le montre l’exemple de Toyota. Cette évolution est aussi le résultat de l’influence japonaise en tant que modèle d’industrialisation. Beaucoup de pays d’Asie Pacifique, à commencer par la Corée du Sud, se sont largement inspiré de la façon dont le Japon a conduit la constitution de son appareil industriel après la guerre.
Bilan
Sans mégalopole pas d’affirmation comme pôle de la triade ; pas de mégalopole sans affirmation économique ; pas de mondialisation sans mégalopole, pas de mégalopole sans mondialisation. Ces formules circulaires permettent d’insister sur le rôle incomparable d’une configuration spatiale urbaine originale, mais aussi des effets de renforcement produits sur elle par les processus et les phénomènes auxquels elle a participé.
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C
La mégalopole, au péril de la concentration, entre les nécessaires adaptations et rééquilibrages territoriaux et la gestion environnementale
La mégalopole, théâtre privilégié d’une crise économique qui dure
Depuis le début de la décennie 1990, le Japon est entré dans une crise qui dure et qui a affecté particulièrement le moteur économique du pays qu’est la mégalopole. Le tableau de l’évolution du taux de croissance du PIB et du chômage en est une bonne illustration.
L'évolution du taux de croissance du PIB et du chômage du Japon (1991-2002) en % 4
6
Cette sévère dégra3 5 dation est le résultat PIB de plusieurs facteurs 2 4 chômage parmi lesquels on peut 1 3 citer : – l’essoufflement d’un 0 2 modèle de production original qui a du mal -1 1 1998 à affronter la remon-2 0 tée en puissance des Etats-Unis. – L’éclatement d’une énorme bulle spéculative qui s’était formée dans la décennie 1980 consécutivement à des investissements inconsidérés, ce qui a provoqué de nombreuses faillites d’entreprises et de banques entraînant dans leur sillage de nombreuses autres faillites. La formation de cette bulle spéculative a été sérieusement aggravée par les liens étroits entre les dirigeants économiques et politiques (cf B-1-d). Ces liens pouvant aller jusqu’à la corruption. 1991
1995
2000
– La crise asiatique de 1997 a été un facteur d’affaiblissement supplémentaire. On en voit les conséquences sur la courbe de l’évolution du PIB, pour la première fois, le taux de croissance du PIB est négatif ! – Enfin, l’incapacité des dirigeants japonais à mettre en route un nouveau modèle économi que constitue un facteur de prolongation de la crise. – L’enfoncement dans la crise a profondément affecté le moral de la société japonaise qui avait déjà été fortement ébranlé par la gestion du terrible tremblement de terre de Kobé de 1995 (voir § 4).
Le Japon et la mégalopole souffrent des problèmes de l’insertion en Asie : la nécessité d’une nouvelle ère Meiji, ouverte sur l’Asie
a. L’absence d’un véritable regroupement économique régional Nous avons vu que la formation d’un regroupement économique régional était un facteur important dans les dynamiques récentes de l’espace économique mondial et, consécutivement, dans l’affirmation d’un pôle régional ou sous-continental. Cela explique en grande partie la réussite de l’Europe occidentale qui a entrepris cette démarche dès la décennie 1950. Les Etats-Unis ont pris conscience de cette nécessité plus tardivement mais ont amorcé la démarche avec la création de l’ALENA en 1994. Le Japon ne s’est pas engagé dans un tel processus. L’histoire et les traditions culturelles permettent de l’expliquer. Le souvenir des atrocités commises par le Japon pendant la Seconde guerre mondiale 340
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est encore vivace en Corée du Sud surtout, mais aussi en Chine. Il faut aussi prendre en compte une tradition culturelle asiatique qui veut qu’un Etat évite d’intervenir dans les affaires d’un autre. On sait aussi que c’est le choix d’une ouverture dissymétrique (faibles importations, fortes exportations) qui a été à l’origine de l’essor de la zone asiatique. Si la signature d’un traité de libre-échange avec Singapour en 2001 peut être considéré comme une sorte de révolution, sa mise en application fait l’objet de nombreuses réticences au Japon. Si le Japon fait partie de la PECC (Pacific Economic Cooperation Conférence), de l’APEC (Asia Pacific Economic Cooperation), il n’appartient pas à l’ASEAN (Association of South-East Asian Nations) qui prône le libre-échange. De plus, contrairement à ce qui a été souvent affirmé, il n’y a pas de zone Yen (monnaie du Japon). Le yen est une monnaie très faiblement internationalisée (part de 8 à 10 % dans les échanges internationaux). La monnaie utilisée en Asie est principalement le dollar. Enfin, dans un autre domaine, les Japonais éprouvent toujours une grande « affinité » pour les Etats-Unis, leur protecteur pendant la Guerre froide. Leur attachement au pacifisme (article 9 de la constitution) est un obstacle à l’exercice de responsabilités géopolitiques réelles dans la région.
b. Vers un régionalisme pan-asiatique ? Le Japon envisage un accord de libre-échange avec la Corée du Sud, il participe aussi aux dialogues ASEAN + 3 (Chine, Corée, Japon) qui visent la coopération monétaire. C’est finalement le domaine industriel et particulièrement l’automobile qui fait figure de pionnier dans l’émergence de ce régionalisme.
Les risques et les contraintes de la saturation spatiale et les réponses
a. Un mode d’occupation de l’espace et de mise en valeur économique porteur de contraintes et de risques environnementaux – La surconcentration en termes de population et d’équipements dans la mégalopole rend encore plus aigue la question du risque sismique, que le séisme de Kobé a réactivé de manière dramatique (1995). Ce tremblement de terre a suscité une immense émotion (plus de 4 500 victimes) et fortement remis en question la confiance des Japonais dans la gestion du risque sismique. Les autorités municipales de Kobé ont été mises en accusation. Non seulement elles n’ont pas su organiser les secours de manière satisfaisante, mais elles sont aussi accusées d’avoir négligé les quartiers pauvres au profit de projets très coûteux pour les quartiers riches. Par ailleurs le séisme a révélé un certain nombre de faits de corruption concernant notamment des équipements dont les normes de construction parasismiques n’avaient pas été respectées par les constructeurs. En bref, ce sont les principes de solidarité et d’union, ressorts traditionnellement essentiels de la société japonaise, qui ont été ébranlés.
– La surconcentration exacerbe la dimension des risques et contraintes environnementaux inhérents à toute concentration urbaine et industrielle. La période de la Haute-Croissance a même été qualifiée de PMB « pollution maximale brute ». Sous la pression d’une société japonaise de plus en prompte à se mobiliser pour défendre l’environnement (nombreux procès engagés contre les firmes responsables de pollution), des progrès sont réalisés. Les équipements nucléaires connaissent des problèmes de sécurité. La production industrielle et la circulation des véhicules automobiles sont à l’origine de pollutions atmosphériques, de la dégradation des conditions de vies liées à l’environnement, de bruit (trafic routier, passage du shinkansen ), boues, produits toxiques, ordures ménagères en quantité considérable (une partie est intégrée dans la construction des îles artificielles de la baie de Tokyo).
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La question de l’eau se pose de manière aiguë. Des villes comme Yokohama et Horoshima ne sont pas encore complètement équipées du tout-à-l’égout. De nombreuses nappes phréatiques sont contaminées.
Les autorités japonaises apportent un certain nombre de réponses à ces contraintes. Des mesures sont prises pour limiter les nuisances comme la loi sur le retraitement des bouteilles métalliques et des sacs en plastiques en 1995 ; le marché des équipements anti-pollution progresse de même que celui des capteurs solaires. Mais le retraitement des déchets industriels évolue lentement.
b. Un littoral sous tension Par définition, tout littoral est fragile, du fait de son caractère d’interface instable entre le milieu maritime et le milieu terrestre. De par sa configuration, le littoral de la mégalopole a été, et est toujours, soumis à rude épreuve. L’artificialisation des côtes est généralisée : « bétonisation » des côtes, constructions de terre-pleins artificiels pour accueillir industries, entrepôts et quais portuaires, ainsi que d’îles artificielles (dont celle qui sert à accueillir le nouvel aéroport d’Osaka qui peut ainsi fonctionner jour et nuit). La construction de terre-plein littoraux a été sévèrement réglementée en 1971, mais elle redémarre (baie de Tokyo notamment) avec des équipements moins polluants : zones résidentielles, parcs de loisirs. Les eaux maritimes ont été longtemps considérées comme un réceptacle « naturel » des diverses pollutions, comme à Minamata. De 1953 à 1970, une intoxication par le mercure a causé la mort de 46 personnes, et provoqué des séquelles considérables chez nombre d’habitants du petit port. Ces personnes, des pêcheurs et leurs familles avaient consommé du poisson et des coquillages. Or ceux-ci avaient été contaminés par la pollution de la mer par le méthylmercure déversé dans la baie de Minamata par les usines d’engrais de la société Nippon Chisso. Il a fallu une longue procédure pour que la société Shin Nippon Chisso soit condamnée à indemniser les victimes et leurs familles. Par ailleurs, un autre danger guette les eaux de la mer Intérieure : il s’agit de l’eutrophisation (prolifération de plancton) des eaux semi-fermées. L’eau devient rouge, la pêche est freinée et les exploitations aquacoles ravagées.
c. La saturation spatiale a un coût Hormis la facture liée à la pollution et aux mesures prises contre elles, la saturation spatiale coûte cher : coût des déplacements quotidiens, des infrastructures de transport, des travaux d’artificialisation, mais aussi coût du foncier, surtout dans les mégapoles. Tokyo est la ville la plus chère du monde : le m 2 d’un appartement neuf est 1,3 fois celui de New York ; le m 2 de bureau 3,42 celui de New York !
d. Des réponses avec l’évolution des aménagements littoraux : la baie de Tokyo
Question 2
En vous appuyant sur la partie C, répondez à la question : «La baie de Tokyo en quête de nouveaux équilibres ? » Réponse dans le fichier corrigés des activités et exercices.
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Les rééquilibrages territoriaux : quel bilan ?
a. La mégalopole présente un cas – certainement unique au monde – de concentration spatiale
Carte © F. Monthé, www.carto-gh.com Cette concentration est à l’origine d’inégalités très fortes entre le centre mégalopolitain hyper peuplé et hyperactif et des périphéries souvent reléguées au statut de zones récréatives. Pour remédier à ces inégalités spatiales, des politiques d’aménagement du territoire, ont été mises en œuvre, mais il convient d’en montrer les limites. Dès 1962, des «Nouvelles villes industrielles » sont construites dans le cadre du plan d’aménagement du territoire. Il s’agit de construire de véritables villes technopolitaines. Mais l’examen de la carte montre que si beaucoup de technopoles sont édifiées en dehors de la mégalopole, celle-ci profite également de cette politique d’aménagement du territoire. Séquence 6-HG00
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b. Des résultats insuffisants Si l’on assiste actuellement à un « dégraissage industriel » de la mégalopole, c’est le résultat d’une politique de délocalisations dans la zone Asie-Pacifique. Tokyo continue à s’élargir et à se renforcer, bénéficiant d’un contexte international où les grandes mégapoles jouent un rôle de premier plan. L’évolution récente du peuplement montre qu’une bonne partie des zones où l’accroissement démographique est positif se situe dans la mégalopole. La majeure partie de la périphérie est confrontée au déclin ou à la stagnation démographiques. On notera cependant le dynamisme de la partie située au nord du Tokyo. Plus qu’un dynamisme périphérique, ne s’agit-il pas d’une poursuite pure et simple de la mégalopolisation de l’espace japonais ?
Bilan
La mégalopole, et le Japon avec elle, est donc confrontée à de nombreux défis : réamorcer la croissance économique, s’ouvrir, enfin, vers l’Asie, apporter des réponses à la saturation spatiale, aux problèmes environnementaux et rééquilibrer le territoire. Le contexte économique récessif de la décennie 1990 et du début de la décennie 2000 n’est pas forcément le meilleur pour relever ces défis.
Conclusion
La concentration apparaît donc comme un maître mot dans l’organisation spatiale du Japon. Concentration en termes de peuplement alors que l’espace apparaît – aux yeux de Français – déjà rare, alors que les risques sismiques sont omniprésents, concentration d’agglomérations urbaines, concentration sur un littoral, concentration des acteurs économiques et politiques, concentration des fonctions de commandement, concentration incomparable des activités, concentrations qui
exigent de plus un très haut degré d’artificialisation avec la construction de très nombreux terre-pleins. Autant de types de modes d’occupation, de mise en valeur et d’aménagement de l’espace qu’un seul mot résume : la mégalopole. Ils peuvent nous paraître paradoxaux, mais ils sont finalement le résultat de choix successifs de la société japonaise, particulièrement dans l’objectif de s’ouvrir vers l’occident, de s’affirmer comme puissance économique à l’échelle mondiale et partir à la conquête des marchés mondiaux. Ainsi la mégalopole a-t-elle pris toute sa place dans les grandes dynamiques mondiales de l’espace mondial et a-t-elle permis au Japon de s’affirmer comme pôle de la triade.
Mais encore faut-il apporter des réponses aux risques et contraintes générés par ce type d’organisation de l’espace, dans la mesure où il apparaît difficile de le remettre en cause. ■
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