L'Abécédaire de l'orchestre

April 15, 2019 | Author: orchestre | Category: Orchestras, Symphony, Oboe, Clarinet, Musical Instruments
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En 59 articles, ce guide complètera avec humour et légèreté votre culture musicale ! (...) Applaudissements : L’écrivai...

Description

  DE L’ORCHESTRE

d’ Applaudissements  Applaudissements à Zygomatique, une promenade au cœur de la symphonie

A S S

petit bâton mince servant à accomplir des prodiges. ◊ Baguette des sourciers, des fées, des chefs d’orchestre … BAGUETTE.

  DE L’ORCHESTRE d’ Applaudissements  Applaudissements à Zygomatique Zygomatique,, une promenade au cœur de la symphonie

A S Une initiative de l’Association Française des Orchestres

 s

’ il est par é de tou le ingulier attrait du gete muial olleti, l’orhetre ymphonique et aui regardé omme une organiation humaine non moin ingulière et troublante. Depui Prova d’orchera, le lm de Federio Fellini, la aue e entendue : l’orhere e tout implement un parait miroome de no oiété, une image   vivante de la relation ucuante de l’ humanité tout entière ave elle-même, entre diorde et unanimité. Flatté d’une aui glorieue métaphore, le muiien d’orhere n’eaieront peut-être pa, d’abord, de vou détromper. Mai il reonnaîtront bien vite que e mytère, e parum d’éotérime et de vertu mêlé, il le doivent moin à eux-même et à leur acivité ollecive qu’au trè noble art qu’il ervent, à a réalité immatérielle, inviible. La muique e un art de antame, d’éhappée imaginaire, de monde perdu ou en devenir. C’e aui un art ait de haute tehniité et de imple bon en, de reherhe et de tradition, de diipline et de liberté ; ’e tout ela, et bien d’autre hoe enore, qu’il aut à un orhere et à haun de eux qui le ompoent pour exerer pleinement et art. La promenade que nou vou propoon dan le voabulaire ymphonique n’a don pa d’autre but que de démyier, en même temp qu’elle eaie d’initer à l’éoute, de jeter ur l’orhere de regard indiret, de regard en biai, de regard de l’intérieur, de regard amué. Un petit abéédaire qui veut urtout ditraire en inormant, idéal aui noble et humble que l’e elui… du muiien d’orhere.

 A 

pplaudissements. L’érivain et riti-

que muial George Bernard Shaw ironiait ur ette pratique barbare qui onie à aluer la plu ublime muique par un violent et hideux déhaînement de bruit. Pourtant, il emble que la pratique de laquement de main approbateur exiait déjà dan l’Antiquité romaine, et pa eulement dan le irque et le arène mai dan le théâtre et pour le manieation artiique de toute orte. Cette pratique e répandue aujourd aujourd’’ hui dan le monde entier ; mai, d’une manière qu’il erait bien diile de qualier voire d’expliquer, le applaudiement d’un publi de onert ymphonique ont trè diérent à okyo de eux qu’on peut entendre à Pari. Une diérene de taille, urtout, nou diingue du monde angloaxon où le ri et le ifet ont partie de manietation d’enthouiame. En Frane, le ifet ree réervé à la déapprobation la plu arouhe, dan le alle de onert omme dan le ade.

Téâtre-Auditorium de Poitier

 A 

uditorium. Ce mot que a ononane

latine ennoblit d’une jolie réérene à l’Antiquité ne ’e impoé dan la langue rançaie qu’au tout début du XXème ièle, à l’époque préiément où ont apparue le première alle séialement onçue pour le onert ymphonique. Car longtemp, le orhere e ont produit dan le théâtre, mai aui dan le halle d’anien marhé ou d’expoition, dan de alle de bal, voire dan de irque ! En Frane urtout, le grande alle de onert étaient peu nombreue il y a trente an. Depui lor, de  ville aui importante que Mareille ou Renne attendent toujour leur auditorium. L’avenir emble ’ouvrir à Pari où, aprè la rénovation de la Salle Pleyel, le pro jet d’une « Philharmonie » à La Villette, emble enn prendre orp. L’ouverture toute réente de la alle de onert de la Sène nationale de Poitier e aui un igne poiti. Mai quel retard pri par rapport à de pay omme l’Allemagne où le auditorium e omptent par dizaine !

 B 

 aguette. Le rouleau de papier de

Italien, la anne de Lully, le tube de uir bourré de rin, pui le bâton de premier  véritable he d’orhere ne donnaient pa dan l’élégane : rappé ur le pupitre, il n’étaient que de peant métronome. C’e la génération romantique qui a envoyé envoyé la l a baguette dan le air ; on e rappelle r appelle Wagner ’adreant aux violonelle et aux ontrebae lor d’une répétition de la Neuvième Symphonie de Beethoven Be ethoven : « Meieur, ela maintenant, il aut que  vou le ahiez par œur : regardez-moi, il n’y a pa à battre la meure, je vou erai le dein dan l’air ; ela doit parler ». Aini le bâton du he, ené apter l’attention de haque muiien et lui tranmettre le « uide » muial, prenait on eor ave l’art ymphonique. En e même année, Félix Mendelohn troquait a jolie baguette en o de baleine ontre le tomahawk d’Hecor Berlioz, tout en boi de tilleul, ave l’éore l’éore ! Depui lor, la baguette de direcion ’e enore allégée, anée… tandi que le orhere ontinuaient d’augmenter en taille et en puiane. puiane.

 B 

iniou. Pourquoi le muiien laique

ont-il hoii le nom de la ornemue bretonne pour déigner leur inrument, quel qu’il oit ? E-e pare que, omme le diait un humorie anglo-axon, ’e le eul inrument qui onne de la même manière qu’on oit débutant ou pratiien onrmé ? oujour e-il qu’un muiien d’orhetre parle de on « biniou » et non de a ûte ou de on  violonelle, ave toujour plu d’aecion que d’ironie. Il aut avoir que lorque e muiien a été reruté, l’orhere a engagé non pa un individu mai une équipe, elle qu’il orme ave on inrument, pour le meilleur et pour le pire. En dehor de « bahut » (ontrebae, piano, harpe, peruion), dont le orhere ont en général l’aquiition, ’e bien au muiien d’aheter, renouveler i néeaire, entretenir et bihonner on « biniou ».

 B 

ruit. « Ma muique, diait Guav Mahler,

n’e que bruit de la nature. » Il y a en eet, dan l’art ymphonique, ave e mae d’inrument aux timbre le plu diver poible, une volonté d’embraer le monde onore tout entier et d’inarner tou le phénomène naturel. Cela ommene ave Le Quatre Saion de Vivaldi et ’épanouit au XXème ièle, qui ’ouvre par l’un de he-d’œuvre de Claude Debuy, La Mer . Mai, grâe notamment à la peruion, l’univer induriel et urbain, traveré de bruit innombrable, e aiit lui aui de l’orhere ymphonique dan le page le plu inpirée de Bélà Bartok, Arthur Honegger, Edgard Varèe et bien d’autre. Et, à la n de e ièle de déouverte, ’e la ratoshère, le monde de étoile, de planète lointaine, du hao originel, qui e maniee dan le œuvre d’un Ianni Xenaki ou d’un György Ligeti. A l’orhere, le limite entre le bruit, le on, la muique, ont omme en perpétuel mouvement.

 C

haise. En dehor de ontrebae, dont

la taille impreionnante rend néeaire un tabouret séial, le iège de muiien emblent a priori de plu ordinaire. En ait, leur ergonomie a été trè étudiée e dernière année, et de nouveaux modèle ont apparu, orant de meilleure garantie d’aie et de outien pour de artie dont on aurait tort d’oublier que l’acivité e aui phyique,   voire sortive. Il e dan le orhere, omme dan l’athlétime, de maladie aracériique aecant le quelette, le mule, le tendon et ligament, que l’on a appri à mieux oigner, et urtout à prévenir. L’autre handiap proeionnel trè répandu aece l’ouïe : le  volume onore du grand répertoire ymphonique touhe de plein ouet l’oreille de muiien. Et l’on a vu apparaître e dernière année, urmontant le doier de muiien plaé jue devant le uivre et le peruion, de pare-on, ouvent en plexigla, qui protègent leur oreille de « agreion onore » de leur ollègue.

Fauteuil “Prou”, Aleandro Mendini, édition Cappellini

Siegried Wagner, Otto Böhler, Wien, 1914

 C

hef. Il y a la tradition de ompoiteur he

d’orhere dont Pierre Boulez e aujourd’ hui la plu brillante illuration : un réateur a toute la muique dan la tête, dan l’oreille, il ne lui ree plu qu’à la aire paer dan on bra… Il y  a la tradition de he de hant, e pianie aompagnateur qui onnaient omme peronne le partition d’opéra et nient naturellement par paer du lavier à la baguette. Et pui il y a le muiien d’orhere qui « ortent du rang ». C’e la amille la plu nombreue. Peu importe l’inrument d’origine : pour Emmanuel Krivine, ’e le violon, pour Jean-Claude Caadeu, la peruion, pour Sylvain Cambreling, le trombone… L’autorité n’e pa non plu une donnée eentielle. Le temp de dicateur, de oanini à Karajan, e ort heureuement révolu, même i l’image du he tyrannique ontinue de ainer… le non-muiien. Déormai, le he e redevenu e qu’il était à l’origine : le muiien hoii par e pair pour éouter, orienter, propoer. Comme l’érivait Franz Lizt, « la véritable tâhe du he  d’orhere onie à e rendre oeniblement inutile. Nou omme pilote et non manœuvre. »

 C

in é ma. Eoutez bien la muique du Seigneur 

de Anneaux et elle de Star War ! Quel e le point ommun entre e deux inarnation muiale de e qu’on appelle au inéma l’ heroic antay ? Eh bien, ’e tout implement l’utiliation, pareillement héroïque et antaique, du grand orhere dan toute a slendeur. Un orhere plantureux à la Rihard Strau, direcement iu de elui de Zarathoura, la plu illure de toute le muique de lm de l’ hioire, grâe à Stanley Kubrik et à on 2001, Odyée de l ’ esace – de uivre tonitruant, de orde oyeue et intene, de onorité troublante de harpe, d’orgue, de peruion exotique : tout un monde onore et muial que n’ont pu upplanter, dan l’imaginaire du secateur de inéma, le réation le plu aboutie du rok, du rap ou de la tehno. Cahé derrière le grand éran, l’orhere ymphonique e enore omnipréent. Eoutez bien !

Cinéma Europa, Libonne. Arhitece : Antero Ferreira, 1958

 D 

 anse. Le

renontre entre la dane et la muique ne ont pa toujour idyllique. Igor Stravinky, an ontete « le » grand ompoiteur de ballet en on temp, proeait le plu proond mépri pour le talent de Nijinky, ignataire de la horégraphie du Sacre du printemp, et inventa plu tard ave  Jeu de carte une partition aite pour être danée mai dont le ompoiteur aurait lui-même xé par avane tou le mouvement. Fort heureuement, George Balanhine, qui lui avait ommandé ette pièe, ne tint auun ompte de e indiation et igna ur   Jeu de carte l’une de e horégraphie le plu inventive. La dane et la muique ont de nombreux point ommun, à ommener par ette unanimité du gee qui e tou jour ainante dan un ballet « blan » omme Gielle ou Le Lac de cygne, ou venant d’un pupitre de orde. Le grand ompoiteur ont u jouer de ette troublante relation : Adam et Delibe dan le répertoire romantique, haïkovky dan e partition pour Mariu Petipa, mai aui Claude Debuy ou Maurie Ravel dan elle que leur ommandèrent Serge Diaghilev et Ida Rubinein, et qui omptent parmi le grand hed’œuvre de la muique ymphonique au ièle dernier.

 D 

roits de l ’ homme. Langage an

mot, la muique peut e jouer de rontière. Pare qu’elle a onqui le inq ontinent, elle qu’on qualie aujourd’ hui de laique e onidérée omme une valeur uni  verelle, aranhie du temp mai aui de l’esae. Sou l’impulion de muiien généreux, briant le haîne de l’Hitoire – Pablo Caal, Yehudi Menuhin, Milav Roropovith – elle e même devenue une militante de l’univeralime et Milav Roropovith (1927-2007) de droit de l’ hom jouant Bah. Berlin-Oue, 11 nov. 1989. me. La muique laique réunit le peuple (L’ Ode à la Joie de Beethoven e aini devenue l’ hymne européen). Elle raemble et imente, tout omme le orhere raemblent de individu venu d’ horizon diver pour ormer un eul être olleci, né de l’éoute réiproque et d’une onvergene patiemment élaborée. On peut dire que l’orhetre, dan ette optique, e un miroome parait, la métaphore vivante d’une oiété harmonieue. Une harmonie tranendante qu’illure l’orhere ondé par Daniel Barenboïm, le We-Eaern Orhera, qui réunit haque été de inrumentie venu d’ Iraël en même temp que de Paleine, de Syrie, d’ Egypte et de Jordanie. Au-deu de onit aneraux : l’orhere et la muique !

Partition d’Hyperprim d’Edgard Varèe, Edition Curwen, 1924

 E

dition. La réation, enore réente, de

logiiel permettant à partir de la partition d’orhere d’obtenir toute le partie individuelle de diérent inrument, n’a pa proondément hangé la donne dan l’édition muiale. Celui qu’on appelait opie et qu’on nomme aujourd’ hui graveur e toujour le même artian de haut niveau muial et tehnique, travaillant ave patiene et rigueur, en eayant d’éviter le aute qui ont autant de oup de poignard dan le do du ompoiteur. Certaine édition anienne ont élèbre pour leur prouion d’erreur en tout genre, que le muiien doivent orriger eux-même ou, ollecivement, ave le he, au début de la première répétition. Le onuion qui ’enuivent amènent le maion d’édition à ommander à de muiologue et à de grand interprète de édition revue et orrigée qui tentent de démêler le aux du vrai – ar, ave le temp, le doute ’inalle ; il aut revenir aux oure quand elle exient, et le interpréter au mieux.

 E

lectronique. Génial préureur de e

qu’il appelait la « libération du on », Edgard Varèe e voulait prophète en 1949 : « Ave de inrument élecronique, il era poible d’élargir le regire juqu’aux limite de la pereption humaine ; l’interprète qui ’interpoait entre le ompoiteur et l’auditeur va enn disaraître ». La révolution élecroaouique ommençait à peine, et elle n’a eé en eet d’étendre e onquête, urtout depui un quart de ièle, grâe à l’ordinateur. Pourtant, la prophétie d’ Edgard Varèe ne ’e pa entièrement réaliée. Le interprète n’ont pa disaru et le orhere, auxquel le ompoiteur d’ Amérique reprohait leur « paéime », ont toujour là pour jouer la muique d’ hier, mai aui elle d’aujourd’ hui. Durant le dernier demi-ièle, le ompoiteur le plu avant-gardie n’ont pa été le moin attahé à la grande ormation ymphonique, à l’image de Karlheinz Stokhauen, poète de l’élecronique mai aui ompoiteur de pluieur grande reque ymphonique et horale, et qui proteait ingénument lorqu’on évoquait devant lui une poible disarition de orhere : « Ah non ! Compoer pour l’orhere, j’aime trop ela ! »

Le Daneue du harem (détail), George-Françoi Guiaud

 E

 xotisme. out au long de on hioire,

l’orhere ’e enrihi de onorité nouvelle grâe à de mode, à de inrument ou de tehnique de jeu partiulier, emprunté à d’autre iviliation muiale. L’exotime e l’un de trait de la muique rançaie du XIXème ièle, à partir de l’ode-ymphonie orientaliante intitulée Le Déert , de Féliien David, qui remporta un triomphe an préédent à Pari en 1844, juqu’à l’ Iberia de Claude Debuy, en paant par la Suite algérienne de Saint-Saën. Mai Rimky-Korakov dan Shéhérazade, Rihard Strau dan   Au Italien, Mahler dan le Chant de la erre, et bien d’autre depui lor, e ont livré eux aui aux ubtil plaiir du voyage imaginaire. L’inrumentarium de orhere porte la trae vivante de toute e pérégrination de muiien, du ôté de peruion urtout, aagnette et tambour ariain en tête, mai enore au traver de quelque « invitation » lanée aux mandoline, au itar indien ou à la ûte de Ande.

 F 

emmes. C’e une photographie de l’or-

here de l’Opéra de Pari, prie en 1916 de vant le Palai Garnier. Pour la première oi ur un lihé de groupe, il y a, parmi le muiien… de muiienne. Elle ont même quatre : il e  vrai que nou omme au milieu de la première guerre mondiale ; dan le orhere omme dan l’ indutrie, le emme doivent remplaer le homme ! En ait, la eule titulaire e la harpie, Lily Lakine, qui a été, en 1910, la première muiienne permanente d’un orhere en Frane. Depui lor, le hoe ont évolué, mai bien lentement… On n’a pa oublié, en 1983, la pouée de miogynie de Berliner Philharmoniker lorque Herbert von Karajan leur impoa Sabine Meyer au poe de larinette olo. Aujourd’ hui, i la parité e à peu prè hoe aite dan le orde (à l’exeption de ontrebae), le autre pupitre de l’orhetre retent majoritairement maulin. Mai e n’e là, bien ûr, que le trè logique reet de la ituation dan le onervatoire ou le éole de muique. Pourquoi le lle y apprennent-elle la ûte et le garçon la trompette ? Allez avoir ! Lily Lakine ver 1910

 F 

eu. Dan le jargon de orhere, le eu

déigne un upplément de rémunération lié à une « ervitude » partiulière. A l’Opéra, le muiien touhera un eu ’il doit e oumer et jouer ur ène (dan le nale de Don Giovanni, par exemple). Par extenion, on parle de eu dè qu’il y  a ahet upplémentaire pour un extra. Et le a ont nombreux : ertain hangement d’ inrument, par exemple, peuvent ne pa être prévu au ontrat du muiien qui va devoir paer, durant une même pièe, de la petite larinette en mi bémol à la groe larinette bae ou du or au « tuba wagnérien ». Dan le année 1960 et 1970, ertain ompoiteur, Ianni Xenaki en tête, e ont plu à hanger le muiien d’orhere en homme-orhere, appelé à marier on inrument ave de appeaux, de ouet, ou ave de ifement, de laquement de main, de pied… Il y avait de eux pour tout le monde !



 ar ç ons (d ’ orchestre). C’e le

nom donné à e peronnage virevoltant qu’on voit ur ène apporter le partition et le dépoer ur le pupitre, déplaer le piano du olie, le pupitre de muiien, l’erade du he, déménager le ontrebae et le peruion. Un tra vail trè phyique, mai aui d’une préiion diabolique, d’une exigene qui ne oure pa la moindre héitation, la moindre impréiion. Le garçon d’orhere ont le bra armé de deux entre névralgique dan la vie d’un orhere : d’une part la régie générale, en harge de toute l’organiation matérielle, notamment l’emploi du temp, la logiique de déplaement, l’entretien de inrument ; d’autre part la bibliothèque, qui gère toute le partition. De millier et de millier de page paent haque emaine entre le main de bibliothéaire, pui entre elle de garçon d’orhere.

Statue d’Atla, Palai de Doge, Venie

«Fare aux marron», arnet de reette de Roini



 astronomie. Muique et gatrono-

mie ont toujour ait bon ménage. Dan le our prinière d’ Europe, le orhetre avaient quatre lieux de travail : la hapelle pour le oe, la oe du théâtre pour le repréentation lyrique, la alle de bal pour la dane, mai aui la alle à manger pour e qu’on appelait en Allemagne la aelmuik, la muique de table. Le légendaire tournedo Roini et la pêhe Melba ont là pour nou rappeler que le muiien, ouvent, ont aui de grand gourmand. De toute le renontre entre muique et garonomie, la plu secaulaire a eu lieu au Canada en 2005, à l’ initiative de la Fondation Gérard Delage dont le but e de promouvoir l’ hôtellerie et la reauration au Québe. La « Symphonie garonomique » raemblait 35 he, 10 traiteur pour le hor-d’œuvre et 10 pâtiier pour le deert, an de ervir mille repa tou diérent et tou plu uulent le un que le autre à un publi qui était aui, à l’oaion de ette oirée, elui de l’Orhetre Symphonique de Jeune de Montréal. Le plaiir de la bouhe et eux de l’oreille étaient aini uni à une éhelle pour le moin inédite !

Mahler dirigeant la ymphonie dite « de mille » à Munih, 1910



é ant. A e jour, la plu grande ormation

intrumentale jamai raemblée emble être elle réunie au Canada, en mai 2000, par le Vanouver Symphony Orhetra : 6 400 muiien venu de toute la Colombie Britannique et onvergeant ver le ade de Vanouver. Depui prè de deux ièle, l’orhere alimente aini de antame de gigantime riallié par la élèbre ymphonie « de Mille » de Guav Mahler. En ait, omme on le ait, troi ou quatre ent exéutant uent pour l’ interprétation de ette ymphonie qui ne doit on ou-titre qu’au trè habile impreario resonable de la première exéution de l’œuvre en 1910. Soixante an plu tôt, Hecor Berlioz lui-même rêvait volontier à haute voix, et il e plut à réunir de orhere de 900 à 1200 muiien pour e grande page arée (e Deum) ou patriotique (Hymne à la France, Symphonie militaire). Aujourd’ hui, la Fête de la Muique, ouvent préentée omme le plu grand raemblement muial au monde, entretient à loiir e antame du grand nombre, nourri par le goût de reord mai aui par de rêve d’unanimité, de raternité… omme dan L’ Ode à la joie de Beethoven.

 H 

 arpe. Dan on raité d ’ orchetration,

Hecor Berlioz donne la nomenlature préie de e qu’il onidère omme l’orhetre idéal. Il e ompoe entre autre de 120  violon, 10 ûte et 16 or. Mai il y a aui 30 harpe ! Cependant, malgré l’aecion de e grand ompoiteur, qui leur réerve une plae de hoix dan e œuvre, le harpe ne eront preque jamai plu de deux dan l’orhetre. L’intrument de Marie-Antoinette et de Joéphine de Beauharnai e reé dan le ait un intrument plutôt éminin, omme par délité à e origine. Mai le progrè de la acure inrumentale, tout au long du XIXème ièle, grâe notamment aux rère Erard, lui ont permi de paer an problème de l’intimité de alon arioratique ou bourgeoi à la grande alle de onert. Il y a longtemp maintenant que la harpe n’e plu une invitée oaionnelle mai un membre à part entière de la amille orhere.

 H 

 autbois. Pourquoi don e-il le premier

à e « hauer » dan l’orhere ? Et pourquoi e-e lui qui va enuite donner le la à e ollègue ? Pour la même raion, en vérité : il aut au hautboi atteindre peu à peu a température de jeu pour trouver on jue aord. Cet inrument à anhe double ne omporte pa de disoiti méanique permettant de moduler la hauteur de on la, qui va don ’ impoer à l’orhere omme la note de réérene, d’autant plu aile à « attraper » pour le ollègue que le timbre du hautboi e rihe en harmonique. A l’époque baroque, il a été l’un de premier inrument à  vent à rejoindre le enemble de orde qui préludaient à l’avènement de no orhere ymphonique. Malgré de bien beaux olo hez Mozart, Haydn, ou Beethoven, ’e à l’âge romantique qu’ont vraiment ommené e triomphe peronnel, dan la « Grande » ymphonie de Shubert et dan la Fantaique d’Hecor Berlioz qui lui ore un magniique duo hampêtre, depui la oulie, ave on rère adet le or anglai. out omme la ûte, le hautboi onnaît de lointain ouinage ave le iviliation muiale le plu divere. Se parent, prohe ou éloigné, ont pour nom, entre autre, alghaïta en Arique du Nord, hichiriki au Japon, urnai en Aie entrale et en Inde, tarogato en Hongrie,  gralla en Catalogne, duduk en Arménie et en urquie, an oublier la bombarde bretonne !

Forum Européen de Orhere, Parlement européen Strabourg, juin 2005

 H 

 ymne. Un orhere en tournée à l’étran-

ger devrait toujour emporter le partition de l’ hymne national de on pay. Cela peut ’avérer utile en a de manieation oielle imprévue. Militaire à l’origine, le hymne nationaux ont devenu « ymphonique » au our du XIXème ièle, à l’époque où l’eor de orhere aompagnait elui de nationalime en Europe. La Mareillaie e le plu anien de e hymne nationaux, même i eux adopté depui lor par le Pay-Ba et la Grande-Bretagne (God ave the King ) remontent plu loin dan le temp. Quant au Star sangled banner de Amériain, il n’a été onaré hymne national qu’en 1831. Il aut rappeler que La Mareillaie a onnu une longue élipe aprè la Révolution. Sou Napoléon, on jouait Veillon ur le alut de l ’ Empire, ou la Reauration, Vive Henri IV ! , et durant le Seond Empire Partant pour la Syrie, inipide marhe militaire dont Camille Saint-Saën e moque allègrement dan on Carnaval de animaux. Roi ou empereur ne pouvaient tout de même pa e ranger ou la bannière de ette Mareillaie qui appelle de e  vœux la déaite de « vil desote » !

Rudol Eenberger , Au ervice de Dame Muique

 I 

mpresario. Au départ, ’e un entrepreneur,

omme le uggère on nom d’origine italienne. L’impreario engageait omédien, hanteur et muiien pour propoer dan le théâtre de aion d’art dramatique et lyrique ; le Schausieldirektor  (direceur de théâtre) de Mozart e en ait un impreario. Aujourd’ hui, le terme déigne e qu’on appelle aui un agent artiique, elui qui ’oupe de la vie proeionnelle d’un artie ou d’une ormation de hambre. Le orhere ont ouvent appel à de impreario pour leur tournée à l’étranger. Un intermédiaire e plu eiae pour négoier ave le alle et le ville d’aueil, mai aui pour l’organiation matérielle de mille et un détail du voyage, qui e gèrent moin aiément à diane : il emble par exemple diile de ’en paer pour une tournée au Japon ou en Chine ! A noter que le mot d’impreario e plu rarement utilié aujourd’ hui : elui d’agent lui e déidément prééré – le artie anglo-axon ont eux aui de « agent ».

 J 

eu. On parle toujour de « jeu » inrumental,

an doute pour ouligner que la pratique muiale e d’abord un plaiir. Et e plaiir e déuplé par le partage, la nature proondément ollecive de l’art de on. Le philoophe utopie Charle Fourier l’avait nement ouligné, il y a exacement deux ièle, dan a Téorie de quatre mouvement et de detinée générale : « Le muiien en onert, obligé de aire de paue, préipiter ou ralentir on jeu, arier pleinement a volonté à de ordre noble dont il e l’elave, a bien plu de plaiir que ’il était eul et entièrement libre. C’e un plaiir d’unitéime qui a la propriété de doubler l’intenité d’un plaiir en le ontrariant dan on eor, mai e ontrariété ont balanée par un entiment d’unité qui répand un harme puiant ur l’aerviement et le tranorme en volupté réelle pare qu’il atte l’amour-propre de l’individu en lui attribuant l’ honneur du bel ordre qui a régné dan le développement olleci ». En dépit d’un yle quelque peu ampoulé, e quelque mot réument à merveille e plaiir olleci qui émane d’un orhere, plaiir qu’un publi attenti ne peut que reentir et partager…

 J 

eunes. Le orhere de jeune ne ont pa

une nouveauté : dè le début du XIXème ièle, Françoi Antoine Habenek dirigeait au Conervatoire de Pari de « exerie publi », première érie de onert donné en Frane par un orhetre d’étudiant. Mai la réation en 1976 de l’Orhere de Jeune de l’ Union Européenne a marqué une nouvelle ère dan l’ hioire de orhere de jeune. Cette oi, il ’agiait d’un orhere rerutant non pa à l’intérieur d’un établiement d’eneignement mai ur une bae beauoup plu large (européenne dan e a préi !), pour onituer une phalange du plu haut niveau poible, le temp d’un été. Et le réultat depui trente an, ou la baguette de Claudio Abbado, uivi de Bernard Haitink et plu réemment de Vladimir Ahkenazy, a toujour été à la hauteur de esérane. Dan la oulée de l’Orhere de Jeune de l’Union Européenne, de nombreue phalange e ont réée à traver le monde entier. Fondé en 1982, l’Orhere Françai de Jeune a aini êté en 2007 on premier quart de ièle.

Gravure de Bartolozzi, XVIIIème ièle

Couverture de L’Aiette au beurre, n°78, 27 eptembre 1902

 J 

ournaliste. On leur a tant reprohé de

ritiquer… que le ritique muiaux préèrent aujourd’ hui e préenter omme de journalie de muique. Il n’empêhe que, omme pour toute le proeion artiique, la pree a longtemp été aux yeux de muiien moin une alliée naturelle qu’un mal néeaire. Le hoe ont bien hangé e dernière année, en Frane du moin. D’abord pare que le journalie de muique ont moin préent que naguère dan le page ulturelle de grand quotidien et de hebdomadaire (an parler de la téléviion !). Enuite, et du ait de ette raréacion de leur préene, il mettent plu d’énergie à outenir qu’à… ritiquer. Le quelque polémique et règlement de ompte qui émeuvent le milieu de olie, de orhere et de l’opéra reent le plu ouvent ignoré du grand publi ; ’e dommage an doute, pare qu’il ne ont pa moin pittoreque que le émoi de « ménagère déesérée » ou de emme de ootballeur dont on ne nou laie rien ignorer.

 K 

onzertmeister. On appelle aini

en allemand le premier violon olo d’un orhere. Cette dénomination, de « maître de onert », emblable à elle de l’anglai (concert maer ) a l’avantage de ouligner la resonabilité de e muiien, et non pa eulement a prééminene. Certe, ’e le muiien qui entre le dernier en ène et donne le ignal de l’aord avant le début du onert. Mai ’e aui et urtout elui qui e invei de l’expreion, pour ne pa dire de l’esrit de la ollecivité. Il e un garant de et esrit olleci et on porte-parole  vi-à-vi de he, notamment de invité qui déouvrent l’orhere et herhent à en « apter » la peronnalité. Un rôle qui nou ramène à l’époque où, de taille réduite, le orhere n’avaient pa enore tout à ait beoin de « onduceur ». A l’Opéra de Pari, au XVIIIème ièle, on ne qualiait d’ailleur pa e dernier de he mai de « batteur de meure ». L’âme d’un orhere était bien – et elle e toujour – dan l’orhere même et non ur l’erade du he.

 K 

 yrie. Le mee, et urtout le mee de

requiem, exerent ur le publi ymphonique une étrange aination. Qu’elle oit ignée de Mozart ou Verdi, Berlioz ou Durué, la grande mee de mort, ave e olie, e hœur, on vae orhere, attire plu d’auditeur que n’importe quelle autre œuvre du même ompoiteur. Le oiologue le plu déabué y verront un igne de la morbidité qui ’attahe à une ertaine onommation de la muique laique. Le philoophe préèreront rapproher la oncion de tranendane, propre à la muique, de grande queion qui obèdent l’ humanité. Mai, au-delà de leur « meage », le œuvre religieue délivrent urtout une image ondenée, allégorique, d’une ertaine ontemplation. Le repréentation muiale du divin, omme elle de peintre et de ulpteur depui le moyen âge, reent dénitivement humaine. C’e pourquoi une mee e tout autant à a plae dan un auditorium qu’une deente de roix dan un muée.

Vanita, XVIIème ièle. Pari, muée du Louvre

Cariature d’Anton Webern, anonyme

 L

 aconique. Le œuvre le plu ourte

du répertoire ymphonique ? Le plu élèbre ont an ontee le Cinq Pièce opu 10 d’Anton Webern, dont la durée totale n’atteint pa le inq minute. Ce page bréviime, aux onorité hatoyante, avaient été préédée quatre an plu tôt, en 1909, par le Six Pièce pour grand  orchere opu 6 , un peu moin laonique (une à deux minute haune) qui omptent parmi le « laique » du répertoire de l’ Eole de Vienne. En général, le he d’orhere hoiient de aire auitôt réentendre e Pièce de Webern qui paent à toute vitee et emblent déer l’attention de l’auditeur. Il e d’autre prodige de brièveté, dan le répertoire, mai e ont de œuvre trè rarement donnée, omme le Feu d ’ artifce d’Igor Stravinky, ompoé lui aui dan le première année du XXème ièle, époque où le ompoiteur n’ héitaient pa, emble-t-il, à onvoquer un trè grand orhere pour à peine inq minute de muique !

 L

 yrique. Si l’acivité prinipale de orhe-

tre e le onert, le repréentation d’opéra oupent une part importante de leur temp : au total, en Frane, un bon tier. Le ituation ont évidemment trè ontraée. L’orhere de l’Opéra de Pari ou elui de l’Opéra de Lyon ne donnent que quelque onert par an et paent le plu lair de leur temp « en oe ». Au ontraire, l’Orhere National de Frane et l’Orhere de Pari, omme une quinzaine d’autre ormation en région, ne e onrontent qu’oaionnellement au répertoire lyrique. Une dizaine, en Frane, e partage à part preque égale entre le deux acivité. Et le double métier du onert et de la oe ne manque pa d’attrait pour le muiien : quel plaiir de pouvoir jouer aui bien Le Noce de Figaro que la Symphonie Jupiter  de Mozart, le olo de larinette de La raviata et eux du Boléro de Ravel, le thème de Siegried au or, et elui du ill Eulensiegel de Rihard Strau !

La antatrie Adelina Patti en 1897

M

  achine à vent. La tempête du

Vaieau antôme ou elle du Peter Grime de Benjamin Britten, le moulin du Don Quichotte de Rihard Strau, l’appel de la mer dan Daphni et Chloé : tou e moment d’ évoation pure ont beoin d’un inrument aui pittoreque pour le yeux que pour le oreille : la mahine à vent, plu avamment appelée éoliphone. Il ’agit d’un ylindre acionné par une manivelle et garni de lamelle de boi qui vont, en rottant une toile tendue, produire un on trè emblable à elui du vent, et modulable en hauteur elon la vitee de la manivelle. Le plu anienne de e mahine ont de véritable pièe de muée,   jalouement onervée omme peuvent l’être, dan le réerve d’inrument de orhere, le irène à l’anienne (elle aui munie d’une manivelle) néeaire à l’exéution d’ Amérique, d’Edgard Varèe, ou le trè rare réplique de illure trompette séialement in ventée pour la réation d’ Aïda au Caire en 1871. Noton que la mahine à vent e trè ouvent aoiée à la grande plaque métallique qui, agitée ave ermeté, uggère le raa du tonnerre – inrument trè réquemment employé à l’opéra, depui l’âge baroque, pour ignaler au publi l’apparition d’un dieu.

Rudol Eenberger , Au ervice de Dame Muique

Schubert dan le cercle de e ami, d’aprè le tableau de Carl Rohling

M

é lodie. C’e Berlioz, le premier, qui

a ait paer la mélodie du alon à la alle de onert. Se Nuit d ’été reent à jue titre un modèle. Le genre a proséré par la uite, le mélodie ave orhere orant au secateur ymphonique un moment de diverion et au olie l’oaion de ’exprimer dan un répertoire qui ne oit ni lyrique, ni religieux. Aujourd’hui, Shéhérazade de Maurie Ravel et le Poème de l ’amour et de la mer  d’Ernet Chauon ont rejoint le Nuit d ’été au palmarè. Au total, le bilan ree un peu maigre, même i l’on peut y ajouter le mélodie d’Henri Dupar. De nouvelle ommande eraient bienvenue, de nouvelle tranription aui. Depui le ténor Adolphe Nourrit qui, en 1835, t arranger Die junge Nonne et Erlkönig  (en verion rançaie, bien entendu), le orheration de lieder de Shubert ont été nombreue. Le répertoire rançai e rihe de he-d’œuvre qui mériteraient eux aui une nouvelle parure.

Rudol Eenberger , Au ervice de Dame Muique

M

é lomanie. Pourquoi le mot mélo-

 phile ne ’e-il pa impoé en rançai ? Pourquoi, i l’on aime la muique, ne peut-on être que mélomane, ’e-à-dire « paionné, enthouiamé juqu’à la ureur » ? Auun dicionnaire ne vou l’expliquera. Aini don, le mélomane erait à la muique e que l’érotomane e à la exualité ! Eh bien tant mieux, le vrai amoureux de muique n’y verront an doute rien à redire. On n’aime pa la muique omme on aime le eak-rite. On ne e ontente pa de la déguer, de la onommer. Regardez un adoleent : quelle era pour lui, la plupart du temp, la hoe la plu importante au monde ? La muique qu’il aime, bien entendu ! Et e délarer épri de muique ymphonique, d’opéra, d’inrument anien, relève ouvent d’une même logique : derrière la reherhe du plaiir, une identiation plu peronnelle, exientielle même. Le ontraire, en tout a, de l’éoute diraite que uitent le « robinet de muique » ouvert partout, dan notre iviliation qu’on dit envahie par l’image, mai qui l’e plu enore par le on.

 N 

 ations. C’et l’une de ontrovere

auxquelle vou n’éhapperez pa i vou approhez de plu prè le monde du laique : y a-t-il enore un « on d’orhere » rançai, diérent du on rue, du on allemand, du on anglo-axon ? Certain he le prétendent, armant au paage leur préérene pour telle ou telle éole. D’autre le nient, oulignant que l’internationaliation de orhere n’e pa hoe nouvelle. Et il e vrai que le muiien, mai aui le eneignant, ont beauoup migré au XXème ièle. Il e vrai que le baon rançai a laié plae, y ompri dan la plupart de orhere hexagonaux, au  agott  germanique. Il e vrai que le répertoire lui-même e déormai trè homogène d’un pay à l’autre. Alor, pa de diérene ? Bien ûr, il en ree, mai an doute moin agrante que naguère : aini la « transarene » qu’on aoie à no orhere e aui et an doute d’abord la aracériique d’une ertaine muique rançaie, d’ Hecor Berlioz à Paal Duapin, en paant par Debuy, Ravel et Dutilleux. Mai la même transarene e néeaire hez Bartok, grand admirateur de Debuy et insirateur de nombreux ompoiteur italien ou allemand qui ne e privaient pa pour autant d’éouter et rééouter Verdi, Rihard Strau ou haïkovky…

 N 

uances. Le répertoire du XVIIIème iè-

le ne poe pa trop de problème : pour omprendre le indiation de nuane, quelque mot d’italien uent. Ave le temp, tout ’e ompliqué : il aut bien plu de quelque mot pour aiir le intention de Verdi ou Puini. Et il aut e onruire un voabulaire dan d’autre langue : dè l’époque romantique, le ompoiteur ont ommené à abandonner l’italien, autant par oui de larté que par erté nationalie. Un bon muiien doit don avoir que, en tête de l’avant-dernier mouvement de la roiième Symphonie de Guav Mahler, « Luig  im empo und keck im Audruck » ignie : « dan un tempo joyeux et ave une expreion impertinente ». Le Allemand, à l’invere, devront e amiliarier ave le voabulaire d’un Claude Debuy, tantôt impreionnie, tantôt d’une redoutable préiion. Aini, an être un parait polyglotte, le muiien d’orhere e doit-il de rayer an omplexe ave troi ou quatre langue étrangère.

Téâtre antique d’Orange - Chorégie d’Orange

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uits d ’ é t é . L’ hioire oionnante de

eival dière eniblement d’un pay à l’autre. Dan le pay germanique, ’e l’esrit du lieu qui ompte, ou plutôt elui de on insirateur : Mozart à Salzbourg, Wagner à Bayreuth ; en Angleterre, ’e l’immenité du lieu qui rée le ei val, à l’image de e grand palai d’expoition internationale, tel le Cryal Palae, pouvant aueillir de millier d’exéutant et de secateur, ou aujourd’ hui de lieux toujour inniment populaire omme le Royal Albert Hall. L’ Italie aui aime le grand esae, mai en plein air, omme le Arène de Vérone ou le Terme de Caraalla. Quant à la Frane, elle a onnu depui quarante an une véritable exploion de eival, pour la plupart eivaux et mettant en valeur le rihee du patrimoine arhitecural d’un pay partiulièrement bien pourvu dan e domaine. Le orhere partiipent à ette prouion de « nuit d’été » dan tou le lieux où le dimenion de plateaux et l’aouique naturelle leur permettent de e aire entendre. Depui plu d’un demiièle, le orhere ont aui « leur » eival, aoié à un onour de jeune he d’orhere, haque moi de eptembre à Beançon.

Ocobae, Jean-Baptie Vuillaume, Pari, a. 1850

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ctobasse. Cette ontrebae à troi

orde inventée en 1849 par Jean-Baptie Vuillaume appartient à la grande amille de prototype unique. L’inrument aiait une hauteur totale de prè de quatre mètre, la longueur   vibrante de orde dépaait le deux mètre. En ait, il y eut troi prototype. L’un d’entre eux e onervé aujourd’hui au Muée de la Muique de La Villette. Malgré l’enthouiame de Berlioz, qui la t jouer dan on e Deum en 1855 lor de l’ouverture de l’ Expoition univerelle, l’ocobae ne devait pa réuir à ’ impoer. Il e vrai que a taille n’allait pa an poer quelque problème : e n’e pa la main gauhe du muiien mai un méanime acionné par le pied qui permettait de hanger la hauteur de on, et l’arhet était évidemment d’une taille impoante et peu ommode. L’ocobae a rejoint au rayon de urioité de la acure de inrument à orde bien d’autre invention oae telle que le tribohorde de Duvergier et Laollonge (1869), le trohléon à touhe métallique de Dietz (1812) et le violon éolique « où un ourant d’air e ubitué au rottement de l’arhet », imaginé par un ertain Ioard.

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iseaux. Compoé en 1953, Le Réveil de

oieaux, pour piano et orhere, l’une de œuvre le plu magique d’Olivier Meiaen, ontient l’évoation paraite de e moment étrange, au petit matin, avant même le lever du oleil, lorque le oieaux ’ébrouent et e mettent à hanter omme i leur vie en dépendait… D’Olivier Meiaen, on peut dire qu’il ut tout à la oi muiien et ornithologue. Il en tirait lui-même erté, onarant au piano pluieur reueil de pièe qui réinterprètent pour l’intrument e hant d’oieaux prééré. On le retrouve aui dan la légendaire ène du prêhe aux oieaux que le ompoiteur ne pouvait manquer de mettre en muique dan on unique opéra Saint Françoi d  ’Aie. Ce page d’ornithologie muiale ne onituent qu’une partie de l’œuvre d’Olivier Meiaen, mai elle omptent parmi le plu attahante.

Saint Françoi d’Aie prêchant aux oieaux, Giotto, XIIIème ièle. Pari, muée du Louvre

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rchestration. L’art de ombiner

le on de inrument pour ormer eux de l’orhere e un art ubtil dont le bae remontent au XVIIIème ièle, lorque e réent le première ormation qu’on peut qualier de ymphonique, et qui va prendre tout on eor au ièle uivant. Le raité d ’inrumentation et d ’orcheration de Berlioz, en 1843, marque une date importante. Déormai, le timbre de l’inrument n’e plu une imple ouleur pour la mélodie ou à l’intérieur d’un aord. Il devient lui-même générateur de muique. Dè lor, la reherhe de nouveaux timbre va ’intenier. C’e pour de raion onore, mai aui expreive, que l’orhere ne va eer de ’adjoindre de nouveaux inrument, dan le uraigu omme dan l’extrême grave. L’inuene de la oneption berliozienne era énorme, tant en Frane ur un Bizet ou un Debuy, que ur Rihard Strau, Guav Mahler, ou enore hez le Rue. ou ont ait de l’orhere un grand orp  vivant, traveré de ouleur d’une inroyable diverité grâe à de ombinaion toujour plu ubtile.

Partition (détail) de la 9ème ymphonie de Mahler

Rudol Eenberger , Au ervice de Dame Muique

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ercussion. C’e la plu nombreue de

amille de l’orhere, même i le peruionnie permanent d’une grande ormation ymphonique de ent muiien ne ont pa plu de quatre ou inq. Longtemp, la peruion ’e limitée à une paire de timbale, rejointe par quelque habitué de ène de aracère, notamment de tableaux militaire dan le opéra : groe aie, ymbale, tambour, triangle, lohe ou lohette… C’e en eet le théâtre qui a ait entrer dan l’orhere de nouvelle peruion : on e rappelle le enlume de Wagner dan L’Or du Rhin… Fouet, grelot, ire, gong eront rejoint au XXème ièle par d’ innombrable inrument iu de tradition le plu divere, partiipant tout d’abord à la démultipliation de la amille et à un enrihiement igniati de onorité de peaux, de boi et de métaux ; partiipant aui à l’autonomiation et à la reonnaiane de la peruion omme une diipline muiale exigeante et omplexe. Reonnaiane tardive : e n’e pa avant 1914 que era réée une lae de timbale au Conervatoire de Pari.

Maquette de la Philharmonie de Pari. Arhitece : Jean Nouvel

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hilharmonie. Synonyme de oiété

philharmonique, le mot e de plu en plu ouvent employé pour déigner le bâtiment abritant un auditorium ymphonique ; ’e a igniation en allemand, et tout mélomane a entendu parler de la Philharmonie de Berlin, onruite en 1963, où ontinue de ’ illurer la ormation légendaire onduite à l’époque par Herbert von Karajan et aujourd’ hui par Sir Simon Rattle. L’identiation d’un orhere à une alle de onert n’e pa un haard. Si l’Orhere d’Amerdam a pri le nom de on Conertgebouw, i elui de Leipzig et identiié au Gewandhau, on domiile, ’e pare que le lieux qu’il habitent, par leur qualité aouique, ont largement ontribué à aire d’eux de phalange d’exeption. En travaillant jour aprè jour dan un environnement satial permettant la meilleure éoute réiproque, un orhere onruit patiemment a onorité et parvient à une préiion, à une ommunauté d’oreille et d’esrit totale, et don à la plu haute exigene muiale.

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uaranti è me. Le nombre ainent le

mélomane : on parle de la Quarantième de Mozart omme d’un étihe, on rionne à l’idée de la malédicion qui aurait empêhé tant de ompoiteur de ranhir le ap de neu ymphonie (Beethoven, Shubert, Mahler…), on ’extaie ur le 108 ymphonie de Haydn et ur l’utiliation par Bartok du nombre d’or dan la oneption de a  Muique pour corde, percuion et célea. Car le muiien eux-même partagent ette aination. Claude Debuy : « La muique e un total de ore épare… une mathématique myérieue dont le élément partiipent de l’inni ». Edgard Varèe : « Je trouve plu d’insiration dan la ontemplation de étoile ou dan la beauté d’une démonration mathématique que dan le réit de plu ublime paion humaine ». Ou enore Maurie Ravel : « Je ai de logarithme ; à vou de le omprendre ! ». On n’e pa plu lair et plu elliptique à la oi !

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uatuor. On déigne aini le quatre in-

trument à orde rottée de l’orhere : violon, alto, violonelle, ontrebae ; le quatuor à orde, en muique de hambre, e ompoe, lui, de deux violon, un alto, un violonelle. Pour revenir à l’orhere, préion qu’on y parle aui de quintette puique, omme dan la muique de hambre, le violon e voient attribuer deux voix. En ormation ymphonique, grande ou petite, le muiien de pupitre de orde ont le eul à jouer preque toujour à l’union. D’où leur dénomination de tuttie par oppoition aux olie, dont haun e pourvu d’une ligne muiale propre, omme l’enemble de vent. Comme on ’en doute, ette diérene induit une hiérarhie. Cependant, le muiien à orde reent le noyau dur et d’une ertaine manière l’âme de l’orhere. En muique de hambre aui, le orde ont partiulièrement privilégiée par la rihee et la haute valeur de leur répertoire.

Programme du 18 évrier 1922, Salle Gaveau

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ecrutement. Le « examen de paage »

  jalonnent toute la arrière de muiien, depui l’entrée à l’éole de muique juqu’à l’âge le plu avané. Un inrumentie doit toujour e remettre en queion, et la ompétition permanente – ave le autre, mai aui et d’abord ave oi-même – e preque onubantielle de on métier. Le onour de rerutement onituent l’une de e étape initiatrie, i importante dan le parour du muiien. Le épreuve en ont toujour trè ardue : au programme, au moin un onerto (en général parmi le plu diile !) et, urtout, un déhirage de « trait d’orhere », e paage virtuoe et ô ombien redouté dont ont hériée le grande page du répertoire ymphonique. Le te e exellent pour juger de la vivaité et de la ulture du muiien, mai plutôt reant pour e dernier, qui era en outre impreionné par le jury du onour : pluieur titulaire de l’orhere, mai aui le direceur muial, et pour aire bonne meure deux ou troi peronnalité extérieure reonnue et d’autant plu intimidante. Dan un onour de rerutement, le andidat e toujour oumi à rude épreuve !

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ituel. Ce qu’on déigne ou le nom de

onert ymphonique e de réation omme toute réente. En Frane, on hioire ommene ave le Conert sirituel, ondé en 1725. Pour la première oi, l’exéution de pièe muiale ’aranhit du adre de l’églie, de la our prinière, et ort de la shère privée. Le « rituel » qui l’aompagne e don avant tout libérateur. Le muiien ont à la oi en ommuniation direce ave haun de auditeur, an auune hiérarhie, et en même temp à diane resecueue, pour ne pa ’interpoer entre la muique et eux qui l’éoutent. De là ette neutralité de la tenue portée par le inrumentie, de là e ormalime, réduit à a plu imple expreion, de l’entrée en ène et de alut, de là et égalitarime auquel emble puier toute la ymbolique en jeu. out e ait pour que rien ne vienne diraire l’auditeur de a relation toute peronnelle, toute ubjecive, à e qu’il éoute. Le rituel du onert n’e don pa un déorum mai, au ontraire, une aèe qui permet à haun, ur ène et dan la alle, de parvenir à la plu grande onentration.

 Au ervice de Dame Muique, Rudol Eenberger

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 ythme. Pour Berlioz, « le ombinaion

rythmique ont probablement aui nombreue que elle dont e ueptible la ueion mélodique de on. Il y a de dionane rythmique, il y a de ononane rythmique, il y a de modulation rythmique, aui nombreue et  variée que le ont le aord, le mélodie et le ombinaion harmonique ». Soixante an plu tard, Igor Stravinky et Béla Bartok auraient pu reprendre à leur ompte e redo du ompoiteur rançai. Leur invention rythmique, tout omme le innovation de Claude Debuy et plu tard elle d’Olivier Meiaen, a libéré une ormidable énergie dan la muique ymphonique du XXème ièle. Ave le rythme aymétrique (impoible à appuyer par une battue régulière), ave le dane à « balanement » irrégulier venue de tou le ontinent, ave toute le reherhe menée ur la relation ubtile entre vitee et ouleur du on, le voabulaire et la grammaire rythmique ont parvenu à une rihee, une variété, une omplexité, que Berlioz, esrit aventureux, aurait aluée ave enthouiame.

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 ax. Le diminuti de axophone oïnide ave

le nom de on inventeur, Adolphe Sax (18141894), génial onepteur d’inrument nou veaux qu’il réaliait par amille entière ou vrant toute l’étendue de l’éhelle muiale. Le axhorn exie en inq taille diérente et il a éduit dè a réation le anare et harmonie auxquelle il apportait une onorité uivrée à la oi doue et laire. S’il e devenu par la uite un inrument privilégié du jazz, le axophone a lui aui ommené a arrière dan le orhere à  vent. Le ompoiteur d’opéra e ont intéreé à lui, notamment Jule Maenet dan Hérodiade et Werther . Mai le olo qui lui ont réervé dan L’ Arléienne de Bizet, dan le Boléro de Ravel ou enore dan le ableaux d ’ une expoition orheré par le même Ravel, ont ontribué plu enore à a gloire et ont de lui un invité de marque dan le programme ymphonique aiant appel à a onorité tantôt mélanolique, tantôt ironique ou oae.

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oliste.

Le muiologue Fred Goldbek  a utilié le terme de « révolution operniienne » pour mieux qualiier la progreive perte d’inuene de réateur au proit de interprète, phénomène qu’il onidérait à jute raion omme l’un de plu marquant de l’ hioire muiale Eugène Yaÿe, anonyme, Livre d’image pour le enant age du XXème ièle. Il e  vrai que le génération de virtuoe-ompoiteur qui e ont uédé juqu’à la première guerre mondiale, elle de Lizt et Chopin, uivi de Saint-Saën et Anton Rubinein, pui de Sriabine et Buoni, ont été aompagnée pui upplantée par d’autre amille d’artie entièrement tournée ver l’art de l’interprétation. Le ar-yem ’en e mêlé, aiant de Paderewki une idole (il allait devenir Préident de la République polonaie), de Yehudi Menuhin un harimatique artian de la paix, d’Arthur Rubinein une vedette du petit éran… Non ontent d’avoir tiré à eux toute la ouverture, le interprète eraient don tombé dan le piège de e qu’on appelle aujourd’ hui l’esrit « people » ? Pourtant, l’engagement et la rigueur artiique, la probité intellecuelle, le resec du texte muial et de la penée du ompoiteur reent de valeur intangible hez le jeune omme hez le grand olie d’aujourd’ hui. Dan le monde du laique omme ailleur, le ar-yem peut avoir e exè, l’art n’en garde pa moin tou e droit.

Violon le ”Davido “ (1708), le “ua“ (1708), le “Longuet“ (ver 1692), le “Provigny“ (1716), le “Saraate“ (1724). Antonio Stradivari, Cremone.

 s

tradivarius. Il e aujourd’hui omme

hier de grand maître de la acure inrumentale pour toute le amille de l’orhere. Mai dan elle de orde, le inrument vieux de plu de troi ièle ontinuent d’être le plu reherhé. Peronne ne peut expliquer pourquoi la acure du violon n’a pa vraiment onnu de «progrè» depui l’époque de Amati, Stradivari, Guarneri, légendaire luthier de Crémone dan la deuxième moitié du XVIIème ièle. Aujourd’hui, en tout a, leur légendaire inrument ’arrahent pour de omme aronomique. Le reord a été remporté par un Stradivariu de 1707, vendu aux enhère en 2006 à New York au prix de 2 750 000 euro ! Fort heureuement, le entreprie ou le partiulier qui poèdent de tel tréor ont preque tou en orte de le prêter à de interprète. C’e devenu, d’ailleur, l’une de orme de méénat avorite de grand établiement banaire ou d’aurane à traver le monde. De olie internationaux, mai aui de jeune muiien d’orhere e voient aini oner pour quelque aion de violon ou de violonelle preigieux qui leur permettent de démontrer toute leur qualité d’interprète en attendant de pouvoir aire à leur tour l’aquiition d’un bel inrument, anien ou moderne.

 s

 ymphonie. En latin, ymphonia, mot

d’origine greque, déignait l’aord de intrument. On l’utiliait aui pour parler de l’aord de entiment, de même que le mot trè voiin d’ harmonie déigne à la oi la perecion de rapport muiaux et elle de rapport humain. Par la uite, on a déigné ou le nom de ymphonie ii un tambour, une ûte de Pan, un orgue, là une vielle, ou enore une ornemue (zampogna en italien), pare qu’il étaient hargé de outenir ou inarner le hant. En réumé, la ymphonie, ’e une multipliité d’intrument et un aord parait. Par analogie, on parle de ymphonie de la nature ! Pour le muiien d’orhere, ’e une erté de ymbolier à e point l’ honneur et le bonheur de onner enemble omme tou le membre et le organe d’un orp parait.

Partition de la 9ème ymphonie de Mahler

T

é l é vision. C’e un peu omme au i-

néma : il aut ermer le yeux de temp en temp et éouter. Une devinette, par exemple : quel et le point ommun entre deux de érie amériaine le plu populaire du moment, Grey’   Anatomy et Deserate Houewive ? Eh bien ’e l’emploi du pizzicato de orde, omme dan la élèbre Polka de Johann Strau, pour urligner d’un trait primeautier que nou omme dan la omédie, voire dan le omique. C’e la nouvelle mode dan la muique pour érie téléviée ; auparavant, on utiliait plutôt un baon narquoi ou un hautboi naillard pour obtenir la même touhe ironique. Le eet e renouvellent, mai il y a tout de même de onante : aini, la muique atonale, à aue de on étrangeté maniee dan un monde tou jour réolument tonal, e volontier aoiée aux érie uturie ou antaique, e qui nit d’ailleur par le onnoter terriblement dan l’oreille du grand publi. Quoi qu’il en oit, dan le udio de la téléviion omme dan eux du inéma, le orhere ont toujour aui préent aujourd’ hui qu’ il l’étaient hier. Et pa eulement pour le érie hiorique.

T

emp ê te. Il y a en Frane une promptitude

à onvoquer l’ Hioire au moindre rémiement d’une querelle qui amue tou le muiien du ree du monde, tant ette agitation de esrit emble aire oublier la mineur de la penée. Aini le tempête de l’anti-germanime e ont uédé en Frane, omme le ylone ur la mer de Caraïbe, ave violene et ténaité durant prè d’un ièle. Aprè la querelle de Italien pui elle de Bouon, qui viaient le muiien tranalpin, le « a Wagner » a ait ouler plu d’enre hez nou qu’auun muiien rançai de la même génération, et e juqu’à une date aez réente. Le troi onit meurtrier qui oppoèrent en l’esae de oixante-dix an l’Allemagne à la Frane expliquent en grande partie la periane de e entiment que ne peut aire oublier la « béatiation muiale » aordée à Beethoven, pui à Shubert et Shumann, enn à Wagner lorqu’il devint impoible de ontinuer à nier on génie. Et il a allu la « déerlante Mahler » de vingt dernière année pour que le proeionnel de l’opinion muiale eent de voir dan e ymphonie ette démeure, pour ne pa dire ette bourouure, dont ne ont pa totalement abou, en revanhe, Rihard Strau et Anton Brukner. La tempête anti-germanique emble almée, mai pa enore aui inoenive qu’une imple brie marine.

T

riangle. Le petit inrument métallique

dont le weern ont popularié la orme et la onorité n’e pa venu de l’Oue mai bien d’Orient. A l’époque de Mozart, on l’aoie aux turquerie. Il poède alor à a bae de anneaux qui jouent le rôle de onnaille, omme dan ertain intrument ariain. Leur abandon a permi d’obtenir e on pur, aracériique, qui a toujour beauoup éduit le ompoiteur. Même joué trè douement, le triangle pae au-deu de tou le autre inrument tant on timbre e riallin. Il a don trouvé tout naturellement a plae dan l’orhere. Son olo le plu élèbre e an ontee elui que lui réerve Franz Lizt dan l’ Allegretto vivace de on premier onerto pour piano. En ait, il ’agit d’un dialogue ave le « vrai » olie, une aétieue poncuation qui donne à ette page un inimitable aracère humoriique et primeautier.

 U

niforme. Mai pourquoi le muiien

d’orhere arborent-il ette tenue qu’on aimile volontier au plumage du pingouin ? Pourquoi le muiienne, elle aui, ’ habillent-elle en noir ? Avant de déider que e tenue de onert ont ringarde, il aut eayer de répondre à la queion. Le ra et la robe noire ne ont pa la urvivane de uniorme de muiien laquai du XVIIIème ièle, qui étaient au ontraire trè oloré. Leur utilité e omprend mieux i on le rapprohe de robe de avoat. Au tribunal, la monohromie et la orme unique, un peu vague, de e robe noire ont que l’apparene viuelle e neutraliée ; eule ompte l’éloquene verbale de elui qu’on qualiera, ’il e trè doué, de ténor du barreau. La tenue du muiien d’orhere – ou le ra du olie – répondent à la même intention : l’important n’e pa e que le secateur verra mai e qu’il entendra. D’ailleur, on parle plutôt d’auditeur que de secateur, et à jue raion. Celui qui ranhit le euil de la alle de onert vient pour éouter. Pa beoin, pour lui, de ermer le yeux pour e onentrer dè lor que le muiien ’eorent d’éviter de diraire on regard par une tenue trop voyante.

 V 

irtuose. Voilà un mot qu’on emploie

beauoup moin ouvent aujourd’ hui pour déigner le grand olie, omme ’il avait une petite onnotation péjorative. Comme ’il était normal d’oppoer au virtuoe, orément uperiel, le muiien « proond », « insiré », « artie ». Pourtant, de Franz Lizt à Jimy Hendrix, la haute virtuoité e ouvent allée de pair ave une haute muialité. En leur temp, Sriabine, Buoni et Rahmaninov urent à la oi de grand pianie et de ompoiteur   viionnaire. La virtuoité appartient don bien au regire de l’art, et non à elui du sort. D’ailleur, à la raine du mot virtuoité, il y a elui de vertu. out un programme !

Emil Sauer au piano, Otto Böhler, Wien, 1914

 W 

 alzer. A l’âge baroque, la dane était

au œur de toute muique. Aini, une « uite », allemande ou rançaie, était une uite… de gavotte, gigue, ourante, menuet, et. Au XIXème ièle, une dane ’e peu à peu détahée de toute le autre : la vale, onidérée, à tort ou à raion, omme une quinteene de l’esrit de la dane. Ce qui e ertain, ’e que, ave le Strau, la  vale e devenue le trait d’union d’abord entre le aino et la our impériale, mai aui entre l’orhere de alon et l’orhere ymphonique. Le génie de membre de ette dynaie, ’e d’avoir peu à peu ait d’un répertoire de bal un répertoire pour onert de preige, au point qu’on oublierait preque aujourd’ hui que leur vale étaient vraiment aite, avant tout, pour être danée.

 X 

 ylophone. A e début, on l’appelait

aui harmonia de boi ou laqueboi. Son origine e ariaine : ’e le balaon, qui pénétra en Europe usendu au ou de muiien errant dont la provenane apparaiait de plu myérieue. Pour ette raion peut-être, et inrument à lavier e retrouve, dan l’ionographie de arnaval, parmi le attribut de la Mort. Rien d’étonnant don à le  voir aire on entrée dan l’orhere ymphonique par le truhement de la Dane macabre de Saint-Saën, en 1874. Depui lor, le xylophone a été rejoint par d’autre lavier - le vibraphone et le marimba - qui omme lui permettent aux peruionnie de jouer de mélodie élaborée et leur donnent aini une belle autonomie. San e inrument mélodique, le grand enemble tel que le Peruion de Strabourg n’auraient pu dipoer du rihe répertoire de tranription qu’il ontinuent d’ interpréter à ôté de œuvre originale ompoée pour eux depui prè d’un demi-ièle.

 Y 

 a yueh. La iviliation oidentale n’a pa

l’apanage de grande ormation « orhetrale ». Dan d’autre tradition, ur d’autre ontinent, de enemble qu’on pourrait qualiier de ymphonique exitent aui. Le plu aracériique, et le plu avant, ont an auun doute eux de l’Extrême-Orient. Le gamelan javanai ou le gong balinai, en Indonéie, ont eentiellement ompoé d’inrument à lavier métallique (le gender ) auxquel ’ajoutent d’autre peruion et de ûte. Dan le Japon impérial, le gagaku e une muique trè élaborée, aoiée aux érémonie, qui requiert une ormation aoiant le même amille d’inrument que elle de l’orhere oidental : orde, vent (notamment l’étonnant orgue à bouhe – le zheng ) et peruion. La muique hinoie dite Ya Yueh, elle aui aoiée à de rite impériaux et religieux (ou l’inuene du onuianime) e elle qui ait appel aux ormation le plu étoée. Sur ertain manurit anien, on voit que e ormation pouvaient être ompoée de plu d’une oixantaine de muiien.

Z

im boum boum. Entre homme de mu-

ique et homme de guerre, ’e omme une   vieille hioire d’amitié. Sur tou le ontinent, il n’e pa d’armée an muique, et l’initution militaire a entretenu la pratique de inrument ave une belle onane depui de ièle. Bien ûr, elle a privilégié eux qu’on peut jouer en marhant : le vent et la peruion. Mai ela n’empêhe pa le muiien de ’aeoir pour jouer de répertoire bien plu  varié que eux de déambulation de troupe. Fanare et harmonie e ont aini multipliée, au XIXème ièle, dan de milieux tout autre que eux de proeionnel de la guerre. En Frane, le « moule » militaire e reé prégnant – le harmonie muniipale ont longtemp ultivé le goût de l’ uniorme. Dan d’autre pay, notamment en Italie et en Esagne, la pratique et le répertoire ont toujour été plu détendu, plu populaire. Partout, la pratique ollecive en banda ou en orhere d’ harmonie a ontribué à entretenir le goût muial et l’exellene inrumentale. Dan tou le pay où elle ree développée, le orhere ymphonique ont eux aui oriant et de trè haut niveau.

Z

 ygomatique.

Le séialie de l’ humour, en muique, ont (preque) tou anglo-axon, aut-il ’en étonner ? Le plu illure, Gerard Honung, tubie, deinateur et ariaturie, a inventé dan le année 1950 le onert qui portent toujour on nom, un demi-ièle aprè a disarition prématurée. Il avait onçu pour e manieation d’ humour typiquement britannique de partition déormai entrée dan la légende, tel le Concerto pour quatre asirateur et  orchere, la uite pour orhere Quaimodo et Juliette, attribuée à Giaomo Sarlatina, ou enore le Concerto d ’ amore dan lequel le bra de deux olie, de exe oppoé i poible, ’entremêlent au point qu’on ne peut plu avoir lequel tient en équilibre le violon et lequel brandit de traver l’arhet de l’alto. De l’autre ôté de l’Atlantique, il y eut aui, dan la oulée, le maliieux PDQ Bah, ave on extraordinaire premier mouvement de la Cinquième Symphonie de Beethoven ommenté omme un math de ootball ! Mai tout et humour remonte bien plu loin en arrière : éoutez la Bourrée  antaque, la Joyeue Marche, la Fête polonaie ou l’inénarrable Esaña de Chabrier : impoible de garder on érieux ! Et pui remontez plu loin enore, un ièle auparavant. Ce n’e pa un haard i le ymphonie le plu élèbre et le plu revigorante de Joeph Haydn ont reçu aprè oup leur ou-titre drolatique : La Surprie, le Coup de timbale, La Poule… La muique ymphonique n’e pa que érieue, héroïque, impérieue. Elle peut être tout autant ouriante, légère et tendrement ironique.

L’AFO remerie Le orhere uivant d’avoir permi l’édition de et ouvrage dan le adre d’ Orchere en ête ! : Orhere de Bretagne, Orhere de Pay de Savoie, Orhere national de Lyon, Orhere Philharmonique de Monte Carlo, Orhere Philharmonique de Strabourg, Orhere de l’Opéra de Rouen / Haute-Normandie, Orhere Poitou-Charente, Orhere Régional de Canne – Provene-Alpe-Côte d’Azur, Orhere Symphonique Régional Limoge - Limouin, Orhere Symphonique et Lyrique de Nany, Orhere de Piardie. Crédit photo : Applaudiement : © Ruell J. Watkin - Auditorium : © Arthur Pequin - Baguette : Stokexpert - Biniou : Stokexpert - Bruit : Stokexpert - Chaie : Prou by Aleandro - Mendini or Cappellin, D.R. - Che : © Coll. Médiathèque Muiale Mahler, Pari. Cinéma : © Mário Novai. Collecion o Mário Novai Photographi Studio. Caloue Gulbenkian Foundation - Art Library - Dane : © Céilie Munk Koeoed - Droit de l’homme : © Ullein Bild / Roger-Viollet - Edition : © Coll. Médiathèque Muiale Mahler, Pari. - Elecronique : © Céilie Munk Koeoed - Exotime : © Sotheby’ Femme : Prêt graieux de L’Aoiation de Ami de Lily Lakine, D.R. - Garçon (d’orhere) : © Aaron Logan - Garonomie : © Coll. Médiathèque Muiale Mahler, Pari. - Géant : © Coll. Médiathèque Muiale Mahler, Pari. - Hautboi : © Albert Giordan / Médiathèque de la Cité de la muique - Hymne : © AFO / P. Fabri - Impreario : © Coll. Médiathèque Muiale Mahler, Pari. - Jeu : Stokexpert - Jeune : © Coll. Médiathèque Muiale Mahler, Pari. - Journalie : © Coll. Médiathèque Muiale Mahler, Pari. Kyrié : © RMN / Droit réervé - Laonique : D.R. - Lyrique : © Philip H. Ward Collecion, Rare Book & Manuript Library, Univerity o Pennylvania - Mahine à vent : © Coll. Médiathèque Muiale Mahler, Pari. - Mélodie : © Coll. Médiathèque Muiale Mahler, Pari. - Mélomanie : © Coll. Médiathèque Muiale Mahler, Pari. - Nation : Stokexpert - Nuane : © Franeo-Allano orçy-Blanqui - Nuit d’été : © Grand Angle - Oieaux : © RMN / Daniel Arnaudet - Ocobae : © Albert Giordan / Médiathèque de la Cité de la muique - Orheration : © Coll. Médiathèque Muiale Mahler, Pari. - Peruion : © Coll. Médiathèque Muiale Mahler, Pari. - Philharmonie : © gaon & eptet Quarantième : Stokexpert - Quatuor : © Coll. Médiathèque Muiale Mahler, Pari. - Rerutement : Stokexpert - Rythme : © Coll. Médiathèque Muiale Mahler, Pari. Sax : Stokexpert - Solie : © Coll. Médiathèque Muiale Mahler, Pari. - Stradivariu : © George Fey / Médiathèque de la Cité de la muique - Symphonie : © Coll. Médiathèque Muiale Mahler, Pari. - riangle : D.R. - éléviion : Stokexpert - empête : getty image © Alred Pleyer - Uniorme : © Ronald Eikelenboom - Virtuoe : © Coll. Médiathèque Muiale Mahler, Pari. - Walzer : Stokexpert - Xylophone : getty image © Adalberto Rio Lanz/Sexto Sol - Ya Yueh : D.R. - Zim boum boum : getty image © George Mark - Zygomatique : © Rajeh

ISBN : 2-9519593-5-4 – EAN : 9782951959354 Ahevé d’imprimer le 17 eptembre 2009 Impreion : l’agene Modee 72000 LE MANS – Imprimé en Frane Coneption graphique : Fake.r © Aoiation Françaie de Orhere – AFO 6, rue de Châteaudun 75009 Pari ou droit de traducion, d’adaptation et de reproducion par tou proédé, réervé pour tou pay, le ode de la propriété intellecuelle n’autoriant, au terme de l’artile L.122-5, que le « opie ou reproducion ricement réervée à l’uage privé du opie et non deinée à une utiliation ollecive », et préiant que « toute édition d’érit, […] ou de toute autre producion imprimée en entier ou en partie, au mépri de loi et règlement relati à la propriété de auteur, e une ontreaçon » (artile L.335-2).

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