L’intention phonétique III.

November 29, 2017 | Author: aczecjzefci | Category: Egyptian Hieroglyphs, Writing, Semiotics, Languages
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Cahiers Caribéens d’Egyptologie no 11 février-mars 2008

L’intention phonétique III. Le potier et le scribe. Potmarks et powermarks prédynastiques : du côté des auteurs.

Alain Anselin Université des Antilles-Guyane

Introduction. L’époque proto-dynastique égyptienne connaît un développement d’inscriptions que nous avons proposé de distinguer en potmarks et en powermarks (A.Anselin,2007). Si la plupart ont pour contexte l’archéologie funéraire des élites, potmarks et powermarks ne sont pas pour autant distribués sur les mêmes supports. Poteries pour les premiers, variété croissante d’artefacts –de powerfacts pour les seconds, y inclus des vases de pierre imités des poteries. Des groupes de signes attestés sur les potmarks se retrouvent sur les sceaux. Après avoir relevé l’association de O49, nwt et R8, ntr, sur pas moins de 14 potmarks de wine jars, dont une peut être datée de l’Horus Den, Edwin van den Brink note qu’une impression de sceau protodynastique trouvée sur le site Hk6 de Hierakonpolis répète cette combinaison. «The occurrence of the same combination of signs on a seal impression on the one hand, and incised on storage jars on the other, raises the question of what exactly was the function and meaning of these potmarks» (E.van den Brink 1992,265). Des serekhs se retrouvent aussi sur des poteries. Karla Kroeper évoquant les potmarks du site de Minshat Abu Omar dans le delta oriental de l’Egypte prédynastique constate que «whereas a great majority of marks consists of abstract strokes or singular signs, some few early inscriptions (i.e serekhs and a collection of signs representing early hieroglyph inscriptions) are also present (….)”. “The most frequently occurring signs are the hwt signs (squares) occurring together with a second sign (41 times), two lines (34 times), crosses (30 times), 3 lines (20 times) and ntr sign (19 times)» (K.Kroeper, 2000,187-218) :

Serekhs avec ou sans faucon

Signes de k3,

ntr,

hwt

sur des wine-jars

Une partie des potmarks et des powermarks des élites de la même époque documente des sémogrammes analogues aux monogrammes bilitères du corpus hiéroglyphique classique. Les deux corpus ne coïncident pas cependant signe

pour signe - ils se distinguent par une relative hétérogénéité et indépendance des potmarks. Ils se différencient aussi par la longueur des libellés iconographiques, une série réduite de signes (de un à quatre) d’allure idéogrammatique incisés avant cuisson pour les potmarks, des suites plus longues pour les powermarks, souvent inscrites dans des décors complexes portés sur les supports les plus variés, étiquettes d’ivoire, tablettes, sceaux, peignes, copper adzes, palettes etc… Les potmarks des jarres des tombes des Dynasties I et II ont en commun avec les inscriptions les plus anciennes, portées à l’encre sur les poteries, ou gravées sur des étiquettes d’ivoire de la tombe Uj, Nagada IIIA1, un type de libellé iconographique où les signes iconiques apparaissent le plus souvent associés à d’autres signes, avec lesquels il forme des textes iconiques. Même noté seul, l’idéogramme reste un élément du système dont il tient sa valeur, et c’est ce système qui doit d’abord être identifié (A.Anselin, 2004 & 2007). Potmarks et powermarks se distinguent enfin non seulement entre eux, mais aussi des horizons iconographiques plus anciens, par les idéogrammes qu’ils emploient. Ainsi, le répertoire de 77 signes des 2474 potmarks établi par Edwin van den Brink pour le proto-dynastique (E. van den Brink, 1992,282-284) n’a que peu de sémogrammes en commun avec le répertoire des 78 Schriftzeichen (décompte fait des variantes, jarres et étiquettes confondues) établi par Gunter Dreyer pour le Nagada IIIA1 (G.Dreyer,1998,183-187). Les powerfacts de la tombe Uj mobilisent surtout des idéogrammes dont les référents sont la faune -éléphant, scorpion, faucon, la flore, les humains, des artefacts divers, mais pas de serekh. Beaucoup feront hiéroglyphes plus tard. Ils sont gravés sur des étiquettes d’ivoire ou inscrits à l’encre à flanc de jarre. Les potmarks enregistrent d’autres idéogrammes qui deviendront également classiques dans l’écriture hiéroglyphique (ntr, nwt, mr, k3, 3bd, etc…), ainsi qu’un logogramme arbustif peut-être l’arbre im3 (potmark-egypt.com, basic signs, groupe XLII), et parfois des serekhs (K.Kroeper,2000,187). L’objet de ce court article est de contribuer à identifier l’intention phonétique dans les corpus de powermarks et de potmarks en les replaçant dans le contexte de leur production, qui implique de répondre aux who’s questions (auteurs ou commanditaires), de définir l’écologie sociale des groupes ou corps auxquels ils appartiennent, et le rapport social dans lequel ils inscrivent leur activité et ses traces.

Powermarks sur des jarres de la Dynastie 0 et powerfact épousant le même motif idéogrammatique (palette de Ka) (Source : Francesco Raffaele, http// : members.xoom.it/francescoraf/ )

Figure 94. potmark KHD4000.

Figure 98. Potmark KHD4005

Storage vessel from Grave 823 with the bori fish prominent in the centre Showing a crocodile or lizard from Grave 970 (F.Hassan & G.J.Tassie, 2003 'Site location and history' Kafr Hassan Dawood On-Line, http://www.e-c-h-o.org/khd/)

Potmarks proto-dynastiques

Corpus des potmarks de Tarkhan constitué par Petrie

(Source : potmark-egypt.com Groupe I.63.1 & Groupe III.38.1)

(W.M.F.Petrie,1914)

Préalable : Pourquoi ? Le contexte archéologique, tombeaux des rois et des notables, permet de résoudre en partie cette question. L’inscription trouve sa motivation dans sa destination. On peut considérer ensemble les potmarks dont l’inventaire accompagne celui des Tombeaux des élites pré- et protodynastiques, et les powermarks, comme des éléments participant de l’expression d’un mode de vie - et de mort, l’egyptian way of death et les cérémoniels funéraires de ses élites, dans une culture qui intègre les générations, les vivants et les morts. C’est dans ce contexte que l’analyse doit prendre en compte la matérialité et la socialité des potmarks et des powermarks pour identifier leur signification propre mais aussi rendre intelligibles leurs interactions1. Ils apparaissent ainsi comme les ostraca d’une socialité impliquant un projet social propre à la culture de référence et de performance dans laquelle ils sont produits ainsi qu’un rapport social qui en détermine la réalisation. Qui ? Quel lieu social, quels acteurs - quel rapport social dominant, aussi, les organise et détermine la formation de deux corps d’arts et de métiers différents également à l’œuvre dans la production de la déictique funéraire royale, en atteste le vocabulaire : ikdw qui désigne le potier et zn, le scribe ? Les deux groupes, eux-mêmes stratifiés au sein d’ateliers ou d’équipes, ne sont pas étanches, en témoignent les marks partagés. Une dialectique mouvante, socio-historique et culturelle, du potier et du scribe, également attachés, comme métier et comme corps social à la manifestation du pouvoir royal, conditionne les emplois communs, et les bassins de référents que chaque groupe, qui les constituent, offre à l’autre. Quoi ? Des théonymes, des anthroponymes (éventuellement théophores), des noms de domaines ? Quelles sont les formes et les normes de la libellation graphique, propres, et/ou partagées ? Les libellés autorisent-ils leur lecture sémantique et/ou phonétique? Peut-on saisir le moment historique où l’intention phonétique surgit et se développe, et son lieu social privilégié dans ce cadre plus général ? 1 Cf. la mise en scène des groupes sociaux dans les contes fang par Jean-Emile Mbot et sa méthode d’analyse (1974, 651-670).

Les potmarks. Selon leur type de gravure, incision avant ou après cuisson, les potmarks répertoriées sur les poteries des sites funéraires proto-dynastiques sont supposées être soit l’œuvre des potiers, soit celle des propriétaires des poteries. «Marks were occasionally found on the pots, but were much rarer at Ballas than at Naqada. They were nearly all scratched on the pots after baking, probably by the owners» (W.M.F.Petrie & G.W.Wainwright, 1896, §21). Les égyptologues ont donc logiquement attribué les marques aux potiers ou aux propriétaires selon qu’elles sont inscrites avant cuisson ou après : «In the former case, the marks are more or less deeply incised; in the latter, lightly scratched through the coloured slip. The former are marked “Potter” on the plate; the latter “Owner”. (…).The former are most common in the early periods» (G.Brunton & G.Caton-Thompson 1927,5-28,168). Le potier est défini par son rapport au matériau qu’il façonne, l’argile, où lui ou un graphiste portera ensuite l’image avant ou après cuisson – un décorum iconographique susceptible d’apparaître, dessiné, peint, sculpté sur d’autres supports. «The term for potter means literally «builder in little»2. «The Coptic word ekwt derived from ikd definitely means both potter and builder with mud brick» (R.J.Forbes,1950,608). Aussi le déterminatif du pot accompagne-t-il la graphie, dont le complément phonétique est …. la main.

Entrée du Worterbuch pour ikdw

Entrée du Worterbuch pour kd W.Vycichl commente ainsi les entrées du Worterbuch : « pyr ikdw(w), pl. maçons, copte ekwt (SBFL) pl. ekote, , kd, avec ekote et surtout : pyr le déterminatif de la poterie, copte kwt, kwt 1. former des pots, travailler sur un tour de potier 2. construire 3. créer, former» (W.Vycichl,1983,40,89). Il ajoute : «L’emploi d’un même mot pour construire et former des pots montre que les termes proviennent de la préhistoire (civilisation de Naqada I)…». 2

R.J.Forbes distingue ainsi ikd nds.(t)(Wb II 385,16) et ikd hnw, maker of hin pots

(Wb II 493,5) - le ME hnw, “pot” pour liquides, blé, la cuisine - en argile, pierre ou métal (Wb III 107,1-11). Démotique : hnw, pot. Copte : hnaay (S).

A tout le moins, le vocabulaire porte la cicatrice de temps anciens où le potier et le maçon furent pensés et nommés comme appartenant à un même corps d’arts avant d’être distingués. Cette manière n’est pas à vrai dire isolée. Dans la culture luba, c’est le mythe qui relaie la langue dans l’exposé de la solidarité de l’architecture et de la poterie. Le «couple primordial» luba est composé d’un homme, Kiubaka-Ubaka et d’une femme, Kibumba-Bumba, «lui constructeur actif de maisons (….) elle, potière affairée» (L.De Heusch,1972,38). Le mythe de la technogonie luba et les mots égyptiens de la construction et de la poterie semblent ainsi l’écho lumineux encore visible d’étoiles disparues, l’écho des temps d’une sociogonie réputée néolithique, mais tout autant caractérisée par l’émergence de la poterie - particulièrement dans les espaces du Sahara oriental à partir des huitième et septième millénaires BC. Sur la base des données archéologiques, Alfred Muzzolini y perçoit «une possible différenciation entre un premier ensemble septentrional caractérisé par les industries lithiques des groupes capsiens, groupes ne possédant pas encore la céramique (…) et un second ensemble, celui du «Néolithique saharo-soudanais» couvrant le Sahara central et méridional et le Soudan», caractérisé par une «céramique précoce et abondante» (A.Muzzolini, 2001,205-218).

Early Ceramics 8000 BC

Incised Wavy Line and Dotted Wavy Line 8000-4000 BC

«La carte linguistique suggère immédiatement que l’ensemble septentrional pourrait être le territoire des Afro-asiatiques, l’ensemble méridional celui des Nilo-Sahariens» (A.Muzzolini,2001,205-218). L’un des deux foyers de développement de la céramique consécutif au repeuplement du Sahara à la fin de l’aride postatérien, celui de l’Incised Wavy Line pottery court des confins du nord du Tchad à la vallée du Nil dès 8000 BC (F.Jesse,2003,35-50). Il est légitime de comparer dans ce contexte le mot égyptien à un vocabulaire de termes bi-consonantiques répandu dans les langues des régions voisines, également distribuées entre langues afro-asiatiques et nilo-sahariennes3, et 3

Alfred Muzzolini précise, toujours au regard des données archéologiques, que «le foyer initial des Afro-Asiatiques se situe (…) quelque part vers le nord ou le centre du Soudan, et non au Moyen-Orient. La mise en place de l'autre grand groupe linguistique du nord de l'Afrique, celui des Nilo-sahariens, se perçoit aussi parallèlement à celle des Afro-asiatiques». (A.Muzzolini, 2001,205-218)

dessinant une isoglosse est-africaine atteignant l’Orient proche : égyptien ancien : qd, to use the potters’s wheel, medqd, pot, copte : cot, ot corbeille, panier (…), akkadien : qadû, pot, tchadique occidental : bole : kuda, jar, tchadique oriental : dangla : kódà, jar ; nilo-saharien : kenuzi : kada, corbeille, panier (cf. G.Takacs,1995,123-131). Au vu de sa position géographique et du mythe luba, le comparandum serait incomplet sans le proto-bantu : *kadi, pot (A.Meeussen, 1980). L’observation de Werner Vycichl selon laquelle le vocabulaire égyptien porte la cicatrice de temps anciens s’avère concordante avec les données archéologiques. Le travail de l’argile pour faire des pots et des murs apparaît incontestablement avant les premières idéographies comme l’écrivait Werner Vycichl. «The oldest pottery technique consisted in hollowing out a lump of clay by hand and pinching it to give it the final form. Later a flat tool was used to press the clay against the other hand. This simple procedure brought forth the elegant and astonishingly thinwalled vessels of the Naqada II period» (N.Buchez,2004,665-688). La céramique égyptienne est d’abord une poterie «faite à la main» décorée de motifs géométriques et de décors cynégétiques blanc sur fond rouge au Nagada I (amratien), et toujours «faite à la main» au Nagada II (J.Cl.Goyon et A.Caubet,1981,147-148) sur les célèbres vases Decorated peints brun-rouge sur fond blanc (S.Hendrickx,2002). Le modelage cède la place à la tournette ou tour lent au Nagada III (J.Cl.Goyon et A.Caubet,1981,162 & 237), époque qu’illustre la céramique égyptienne, mais aussi palestinienne importée (vin) de la tombe Uj d’Abydos (G.Dreyer,1998). Les potmarks n’attendent pas cette époque pour apparaître, bien avant l’écriture hiéroglyphique et ses prémisses. Ainsi, Renée Friedman évoque les éléphants incisés «as potmarks after the vessel was fired» «One appears on a Black-topped jar (….) from Naqada grave 879 (Petrie & Quibell,1896, pl. LI.12) dated to Nagada IIAB». «Another elephant potmark occurs on a sherd of a Black-topped beaker from Naqada grave 1497 (…) dated to Naqada IC (Petrie & Quibell,1896, pl.LI.11)» (R.Friedman,2004,154).

Eléphants incisés Naqada T. 879 & 1497, Naqada IC (W.Petrie & Quibell,1896,pl.LI) Comme l’avait suspecté William F.M.Petrie à propos des poteries Black Topped des tombes de Naqada (Nagada IC-IIB): «In some cases these marks appear to have been property marks, as whole several jars in one tomb bear the same» (W.M.F.Petrie,1896,44). Assez rares, «scratched on the pots after baking», incisées après cuisson, il est probable que les potmarks soient le fait des commanditaires, «probably (by) the owners» (W.M.F.Petrie,1896,11). Ce point les distingue des potmarks des tombes proto-dynastiques, incisées avant cuisson, vraisemblablement par les

artisans. Sans doute la notion de propriété mérite-t-elle aussi d’être replacée dans le contexte culturel égyptien du lieu et du temps, inscrite dans un système de valeurs particulier à la manifestation funéraire du statut social.

31 33 34 37 36-44 40-43 58-63 Légende : Numéro de la Tombe en bas à droite de chaque vignette. Sequence Date sous chaque vignette.

Potmarks des jarres des Tombes de Naqada (W.M.F.Petrie, 1896, LI-LV & 1920, LI-LII) D’un point de vue synchronique, la comparaison tourne les éléphants incisés des jarres de Naqada, particulièrement celui de la Tombe 1497, que William F.M.Petrie date de la Sequence Date 33, du Nagada I (W.M.F. Petrie, 1920,LII et sq), vers un arrière-pays de représentations d’éléphants incisés dans le roc du désert occidental et des abords des oasis de Kharga et Dakhla (R.Friedman, 2004,154). Leur gravure a changé de support dans la Vallée du Nil. Sur un autre site de Haute-Egypte, Hierakonpolis, un pot, de type Rough Ware, de la tombe 213 du site Hk 43, est orné d’une décoration incisée représentant deux oiseaux. Le pot a pu être la propriété de l’enfant inhumé (S.Hendrickx,2002,11-12). Un autre pot du même site, tombe 104, comporte les dessins, toujours incisés, d’une girafe et d’un oiseau (R.Friedman,1998,4-5). La céramique de type Rough ware est documentée du Naqada IC au IIIA1, «but the majority of examples date to Naqada IIB-IID1». Fréquent sur le site Hk 43 de Nekhen, le Type R91a en est limité au Nagada IIB-IID (S. Hendrickx, 2002,11-12).

Autruches et girafes incisées sur poterie Rough ware, Hierakonpolis Hk43, Naqada IIB-D (S.Hendrickx,2002,11 ; R.Friedman,1998, 5)

Girafes et Autruche peintes sur Vases Decorated, Gebelein et Hammamiya, Naqada IIC-D (S.Hendrickx,2002, 29-50)

L’interprétation de ces potmarks doit aussi être replacée dans leur horizon archéologique, et non rapportée, au seul titre de sa technique, l’incision, aux potmarks, plus tardifs, du Nagada III B-C. potmarks, effectuées avant cuisson, du Nagada III B-C -celles-ci participent d’un autre système graphique, celui d’une hiéroglyphie de powermarks en cours de standardisation avec laquelle

elles partagent un corpus d’idéogrammes. En effet, par ses thèmes et par son bestiaire, girafe et autruche, la décoration incisée de la Rough Ware du Nagada II B-D participe d’un système iconographique -sans doute gros d’éléments graphiques des hiéroglyphies futures4-, qui va connaître son apogée avec une poterie dépourvue de potmarks (W.M.F.Petrie,1896,44), les Vases Decorated du Nagada II C-D (S.Hendrickx, 2002,29-50 & 2002,11-12). On suspecte également une corrélation possible entre la distribution des formes d’iconographie ou leur absence et la position sociale. Même liés à la manifestation du statut, l’iconographie et les signes marqués après cuisson de la Black Topped et de la Rough Ware funéraires de Naqada et de Hiérakonpolis n’en établissent pas moins que l’incision décorative est antérieure aux potmarks stricto sensu des Tombes prédynastiques. D’un point de vue diachronique, les potmarks nagadéennes incisées avant cuisson s’avèrent elles-mêmes antérieure aux potmarks prédynastiques, incisées après cuisson. Elles sont contemporaines des inscriptions gravées sur les étiquettes ou encrées sur le ventre des jarres de la tombe Uj (Nagada IIIA1) : «The oldest known pre-firing potmark identified at Adaïmai found on a vase in a tomb of the Naqada IIIA1 period» (N.Buchez, 2004,682).

(A)

(B)

Potmarks on the inside (A) and the outside (B) of bread moulds , Adaïma, Naqada IIIA1 (N.Buchez,2004,684) Pratique peut-être fonctionnelle, elle mobilise aussi une approche diastratique, mettant cette fois au centre du dispositif non pas Horus ou Scorpion, mais, dans une petite localité de Haute Egypte, les potiers. Nathalie Buchez distingue les potmarks par leur point d’application, interne ou externe, et propose plusieurs interprétations : «Potmarks may be : identification of the potter’s workshop ; indications of property belonging to an individual or an institution ; pertinent to or responsability for the vessel or its content in whatever manner ; identification of the person for whom the vase or its contents were intended ; and indications of capacity with whatever may be the administrative objectives» (N.Buchez,2004,682). L’écologie sociale du corps de métiers, où contrôle politique et distance sociale s’opposent assez pour sembler limiter la standardisation des pratiques, lui confère une relative autonomie dans son art. Si rien ne permet d’établir que l’incision est l’œuvre du potier luipermet d’établir que l’incision est l’œuvre du potier lui-même, il paraît 4

L’iconographie nagadéenne des Rough Ware et des vases Decorated met en scène, peut-être comme codocuments d’un texte composé d’objets funéraires, des pictogrammes ou icônes, des sémogrammes, dont certains vont fournir des antécédents aux corpus de signes des systèmes à venir. La mise en scène obéit à la syntaxe de la langue (G.Graff,2002,35-58, A.Anselin,2007,9-13).

évident que l’incision de la potmark a lieu avant cuisson et est donc exécutée par son auteur dans l’atelier des potiers lui-même. C’est sans doute dans ce cadre d’une pratique sociale que la question de la pensée égyptienne du rapport entre l’homme et la poterie prend tout son sens.

Entrée du Worterbuch pour kd ( fin) Le potier, ikdw, est celui qui kd, modèle, forme, crée (Wb IV, 72,8 et sq.). Les textes rappellent comment Ptah et Khnoum, le dieu bélier d’Eléphantine, façonnent, kd, l’humanité. Khnoum le potier, «dieu à la main façonneuse qui ignore la lassitude», «façonna sur son tour les hommes et les dieux» (C.Lalouette,1987). Hapy ? kd.n sw Hnmw, Khnoum le façonna aussi (M. Lichteim, 1975, 206-209). Le mythe égyptien s’accorde ainsi aux contextes archéologiques successifs du millénaire. Son propos, accommodé aux stratégies de la mouvance sociale qui en use, incorpore en une savante rétrodiction la technique de la tournette (Nagada III) à l’art du modelage manuel plus ancien de la poterie. Une technologie récente selon des critères culturels plus anciens, sans documentation textuelle avérée, où les hommes sont «modelés» par le potier. Si, pour comparaison, l’on se tourne vers les cultures africaines, chez les Koma de l’Adamawa, dans une région où la poterie, importante pour les cérémoniels de la vie et de la mort (libations de bière de mil), est souvent l’œuvre de la potière (plutôt qu’une exclusivité masculine), l’art en assimile le pot à un être humain qu’il faut refroidir après cuisson. Aussi la poterie fait-elle l’objet de certains interdits, concernant l’acte sexuel, la menstruation, et chez les enfants, la dentition, phénomènes réchauffants (O. P.Gosselain,1999,73-105).

Les powermarks. Une étiquette portant le nom de la princesse im3 ib à côté du (W.M.F.Petrie,1901,iii,I) ne combine que deux serekh d’Aha, ch3 : idéogrammes, sans qu’on puisse identifier de principe directeur de la graphie et de sa lecture, sémantique ou phonétique : aucun complément phonétique n’accompagne les deux monogrammes, bilitères lisibles en égyptien. La logique de la lecture veut que le dessin de l’arbre im3 soit employé pour sa valeur phonétique, im3, doux -paronymie d’ailleurs motivée … et que la dame soit douce de cœur et non le cœur d’un arbre !…Une lecture bnr est envisagée par F.F.Bruijning, et il est tout aussi peu probable que la dame soit une datte….

C’est un des traits des potmarks que de combiner de la même manière que sur cette étiquette incisée d’un serekh deux voire trois monogrammes bilitères sans le moindre guide de lecture. Mais à la différence des potmarks, les powermarks font mention déclarée et déclarative des anthroponymes sur les powerfacts les plus variés, de l’étiquette d’ivoire, à la stèle en passant par les tablettes de bois, les peignes, les empreintes de sceaux. Elles sont au fil des règnes de plus en plus suivies de titres notabiliaires. L’identification de l’intention phonétique sur des powermarks plus prolixes semble alors plus aisée que sur des potmarks plus laconiques mobilisant souvent des signes similaires. L’oeuvre hiéroglyphique suppose l’existence d’un corps social, secrété par un rapport social particulier aux polities «horiennes» des siècles «nagadéens», et producteur d’outils culturels voué à l’iconographie et la déictique royale et à l’administration de celle-ci. Ce corps social a produit dans ses ateliers de plus en plus hiérarchisés et spécialisés une grande variété de powerfacts et de théofacts, et n’a plus cessé d’enrichir une iconographie royale pratiquée sur des supports de plus en plus variés - statuaire, peinture, decorum et inscriptions des palettes et des vases de pierre, des bols, gobelets et coupes, des sceaux… C’est de ce corps d’artisans du palais qu’émerge la figure du scribe, , zs, dont la «bonne lecture» est zn, démotique : sH. Copte : chai (S) (W.Vycichl,1983,204). La stèle d’Irtysen, datée du Moyen Empire, sous Mentouhotep, ca2000 BC, garde la cicatrice des temps anciens dans son inventaire des compétences du scribe. Irty-sn est chef des artistes ou artisans, scribe, sculpteur (en relief- mais il sait aussi faire des statues) : «imy-r hmwt, ss, gnwty». Directeur des travaux, imy-r k3(w)t, dans l’art des matériaux précieux, argent, or, ivoire, ébène. Coloriste et peintre accompli, il sait faire les pigments et les appliquer. La maîtrise de tous ces arts concourt à l’art des mdw ntr, des paroles divines, que sont les hiéroglyphes - et Irtysen, chef des scribes ne manque pas de s’afficher comme étant celui qui connaît les mystères de l’écriture : iw rn.wi sst3 n mdw ntr (A.Eggebrecht,1986,407 et sq. ; T.Obenga,1994,29-49). Parmi les scribes, le ss kdwt (Wb III 480,11), qui dessine et peint, plonge l’analyse dans l’interférence des deux genres, l’art du pot et l’art du signe. Le ss kdwt est un marqueur (Zeichnen) de signes (Zeich) - un dessinateur (Zeichner), un peintre (mal, marque, signe, maler, peintre) -kdwt signifie ici dessins (Zeichnung) (R.Hannig,1995,869). C’est bien avant qu’Irtysen ne définisse son art, et sa propre position sociale, que les scribes ont laissé trace écrite d’eux-mêmes, pour les plus notables d’entre eux, les plus proches du pouvoir. «La fonction de scribe apparaît très tôt dans l’administration». Certaines «fonctions remontent à la I° ou II° Dynastie», sous Sekhemib ou Peribsen. «Aux II°-III° Dynasties remontent aussi les premières représentations des scribes avec leur équipement». «Le titre figure sur des empreintes de sceau, des vases ou des stèles, et il est souvent suivi du nom du ou des personnages auxquels il se rattache» (P.Piacentini,2002,42-43).

Le voisinage d’un nom de souverain permet souvent de dater l’objet, sinon il faut faire appel aux données archéologiques ou à la paléographie. Pour l’époque Patrizia Piacentini «a répertorié une trentaine d’attestations du titre simple de zn» et une douzaine de titres composés en provenance des sites les plus importants des premières dynasties (P. Piacentini,2002,45). A Abydos, un fragment de stèle en calcaire de la Tombe U (I° Dynastie, Semerkhet) (W.M.F.Petrie,1900,XXXI,43) associe pour la première fois les trois titres, zn, smr et ntmw bity. Une inscription de la I° Dynastie, Nfr-p(yt), zn, smr mentionne la «Belle celle de Buto», avec le déterminatif de la déessehippopotame de Buto (P.Piacentini,2002,69 ; E.Amélineau,1899,pl.35). Une empreinte de sceau en argile du Tombeau P (II° Dynastie, Peribsen) forme l’anthroponyme du scribe sur le nom du dieu Min, hzw mnw, et rédige son titre, zn, avec ses compléments phonétiques (P.Piacentini,2002,69-70 ; W.M.F.Petrie,1901, XXII, 189).

(F.F.Bruijning The tree of the Herakleopolite Nome in Ancient Egypt, London,1922, 7, fig 16)

A Saqqara, la première attestation du titre zn md3t ntr, scribe des livres divins, sur un gobelet de diorite (galerie de la pyramide à degrés étudiée par J.Lacau et J.P.Lauer), accompagne le nom du scribe im3 ss3t. Elle est datée de Ninetjer (II° Dynastie) par J.Kahl (P.Piacentini,2002,48). Comme les plus anciens titres ou anthroponymes le suggèrent, le corps social est placé sous l’égide de la déesse Seshat -alors que le dieu des potiers est Khnoum. Le titre apparaît encore sur une coupe de diorite de la même Dynastie au nom de , mrrw, c zn, probablement zn cw, ou rmn zn, porteur de l’équipement de scribe (P.Piacentini, 2002,49-50), un vase en albâtre : ndm ss3t, zn md3t ntr (P.Piacentini,2002,51), un sceau en argile, sn k3, zn, du mastaba S 2322 datés des II ou III° Dynastie (P.Piacentini,2002,52). Le fameux Hezira (III° Dynastie) collectionne les titres et les fonctions dans un corps social à la fois producteur d’idéologie et d’administration. Chef des dentistes, chef des médecins, mdh znw nswt, il est le véritable patron des scribes royaux (P.Piacentini, 2002, 55). A Helouan, une stèle du Tombeau 889 H 8 datée de la fin de la II° Dynastie ou du début de la III° dépeint un scribe (également snnw-3n nswt, funerary royal priest) assis devant une table d’offrandes, mn k3 hkt, zn hsb kd-htp (Z.Saad, 1957). A Eléphantine, une empreinte de sceau sur bouchon d’argile de la III° Dynastie : ndmt m3ct, zn, porte les compléments phonétiques. Enfin, de provenance inconnue et datés des I-III° Dynasties, une empreinte de sceau: cnn mrr nswt zn, une coupe de pierre : nb k3, zn nswt, un sceau de pierre noire : rc htp, zn avec compléments phonétiques (P.Piacentini,2002,81).

La plupart de ces inscriptions proto-dynastiques sont caractérisées par le recours au complément phonétique, donnant en quelque sorte le «la» de la lecture, phonétique et non idéogrammatique, du document - et le focalisant comme une signature sur l’auteur générique du nouveau système, le scribe, zn. Le fait n’a pas échappé à Patrizia Piacentini : «Une particularité graphique des documents des premières dynasties est que l’idéogramme servant à écrire le mot scribe est à cette époque très fréquemment suivi de ses compléments phonétiques, ce qui devient très rare par la suite» (P.Piacentini,2002,47)5. Le procédé de complémentation phonétique de la graphie hiéroglyphique du nom du scribe est bien attesté pour les trois premières Dynasties, et se continue au début de l’Ancien Empire où, le système graphique définitivement constitué, le nom du scribe fait l’économie du complément phonétique «très rare par la suite» (P.Piacentini, 2002,47), témoignant peut-être de sa banalisation relative – il n’est plus un élément de déictique sociale. Dans le libellé d’une empreinte de jarre en argile de Hierakonpolis, , nfr m3ct zs, zs est suivi de ses compléments phonétiques (P. Piacentini, 2002,72 ;J.Quibell & F.W.Green,1902, II,54-55,pl.LXX, fig.18). F.LL.Griffith note, chapitre XIV, The Clay sealings, de l’ouvrage de Quibell: «The sign for scribe is followed by its usual reading sesh (for sekh?) in alphabetic characters». En fait le monogramme bilitère zs est suivi de ses compléments phonétiques, deux monogrammes monolitères, z (plus tard s) et s lu n qui indiquent le système graphique employé : phonographique, et insistent sans doute au début de la IV° dynastie une dernière fois sur ce fait essentiel : les monogrammes monolitères (les alphabetic characters de F.Ll. Griffith) constituent un trait systématisé au milieu de la Dynastie I de la phonographie hiéroglyphique, une marque de fabrique, littéralement revendiquée par les scribes, dont la graphie du titre porte la signature sous forme d’une complémentation phonétique (P.Piacentini,2002,47). Dans une seconde inscription hiérakonpolitaine, , rs (…) ?, zs, titre précédé des signes t, p et w (nom propre ?) est doté de ses compléments phonétiques, z et s, semi-effacés, (J.Quibell & F.W.Green,1902, II, pl LXX, fig. 19). Quelques siècles plus tôt, un vase de basalte de provenance inconnue (P.Piacentini,2002,78), porte le serekh de Peribsen et peut donc être daté du milieu de la II° Dynastie:

(P.Kaplony,1968,39-41). Un scribe y est mentionné,

Elle suggère que cela a pu «être du à la nécessité d’opérer une distinction entre les mots mnhd, palette de scribe, écrit sans compléments phonétiques, et zn, écrit avec compléments phonétiques». En fait, cette contrainte n’est pas unique, ni peut-être décisive. 5

son nom reste inconnu, mais son titre est complet : zn, lu zs par Kaplony, , et son domaine de compétence, , zmiwt, est hiéroglyphé de manière composite : pluralisation idéogrammatique et graphie phonétique complémentaire permettant la distinction zmwt # n3swt. Enfin, le bigramme in, tribut, précède le nom de Stt, un pays d’Asie, doté du morphème du féminin et du déterminatif de la ville : dès le milieu de la II° Dynastie, tout le système de l’écriture hiéroglyphique se trouve documenté. Pour suivre littéralement le texte du libellé hiéroglyphique, le nom du Seth, plutôt que de

l’Horus, dans son serekh, , est lui-même phonétisé en quatre signes, , Pr ib sn, deux monogrammes bilitères, pr et ib, et deux monogrammes monolitères, purement phonétiques, s et n. L’analyse du sceau cylindrique de Peribsen, inv.RAN 997.02.01 du Civiche Raccolte Archaeologiche e Numismatiche de Milan, translittéré par Francesco Raffaele : Pr r ib sn mry ntrw, Peribsen, aimé des dieux (F.Raffaele, Early Dynastic Egypt, http// : members.xoom.it/francescoraf/) nourrit les mêmes conclusions : , pr est écrit avec complément phonétique, , r ; , ib, avec l’idéogramme du cœur, un monogramme bilitère ; , sn, avec deux monogrammes monolitères, phonétise la fin du libellé anthroponymique ; , mry, combine un monogramme bilitère, l’idéogramme de la houe, retenu pour sa paronymie lexicographique, et donc sa valeur phonétique, et le monogramme monolitère, répété, de l’idéogramme du roseau, choisi pour sa valeur phonétique, permettant ainsi la graphie quasi «alphabétique» du morphème du participe passif, -y ; enfin, la pluralisation idéogrammatique, archaïque, ntr.w, , du terme divin antéposé, phonétiquement lisible, est dépourvue du morphème du pluriel –w, que sa triplication économise en quelque sorte. En deux libellés hiéroglyphiques très courts gravés sur un vase de pierre et un sceau, leurs auteurs, les officiels palatiaux que sont alors les scribes, font ainsi étalage exhaustif (idéogrammes vs phonogrammes, compléments phonétiques, déterminatifs sémantiques, graphie des éléments grammaticaux….) de leur maîtrise de la stratégie phonétique qui gouverne la hiéroglyphie des powermarks dès l’époque proto-dynastique. Les scribes des premières dynasties manifestent au passage leur qualité dans la graphie de leur titre, ne cessant en quelque sorte de répéter que le scribe, c’est celui qui «phonétise». Le jeu de la distinction phono-graphique des valeurs attribuables à un même monogramme idéogrammatique s’inscrit dans ce mouvement général qui participe de la déictique royale. C’est dans ce cadre d’une véritable «théologie de l’écriture» qui caractérise les mdw ntr, les paroles divines, selon le mot de Patrizia Piacentini, et le mouvement d’une réforme pratique

«sans décret» attesté en l’état des connaissances, que les scribes constituent un patrimoine de monogrammes monolitères employables dans un système phonographique. C’est dans cette dynamique qu’ils entreprennent de généraliser le complément phonétique dans la graphie des monogrammes bilitères, suggérant que l’intention est au principe de la graphie, et dirige la lecture -comme en atteste le libellé de pr sur le sceau de Peribsen publié par Francesco Raffaele. Ce sont encore les mêmes signes, ce n’est plus le même système. On l’a vu c’est particulièrement vrai de la graphie de leur titre : . Ce l’est aussi de celle de leurs noms et de celle des noms des officiels. En témoignent une étiquette d’ivoire datée de Djer ainsi que des copper adzes : «A finely cut ivory label of Zer ; by the side of the name is bekh with the bird, see pl.XII,I, which also is on two copper adzes, III,I,2. From comparing the arrangement on these, it is clear that the bird is named bekh, sometimes with kh complement, sometimes the bird as the complement.(…) If this is the name of an official, these objects were not all buried with him as they were found in graves 461 and 612, at opposite ends of the square of Zer, nearly four hundred feet apart» (W.Petrie,1925,pl. II.8). Lu Hw b3 par Jochem Kahl (2002,131). «Ten copper adzes were found in various graves of Zer, and five of these are inscribed. Two, together, 461, have the name of Bekh, of which one was royal property, with an exquisite engraving of the falcon and name of Zer. « N°4 has Ba-she, or possibly the name is Hershefi and the sh is a complement» (Petrie,1925,pl. III.1-5). Soit b3-s .

Ivory label and copper adze, Djer I° D (W.M.F.Petrie, 1925, pl.12.1)

Etiquette et tablette d’Hemaka, Den I°D (F.Raffaele, Early Dynastic Egypt, A.J.Spencer, Early Egypt)

En témoignent encore, découvertes dans la tombe 3035 de Saqqara, une étiquette (W.B.Emery,1938,pl.17b,18b), et une tablette de bois abondamment hiéroglyphée, où le nom, phonétisé, h-m3-k3, d’un officiel de la Dynastie I, qui ne se présente pas comme scribe (P.Piacentini,1998,867), figure à la gauche du serekh de l’Horus Den, lui-même écrit phonétiquement [d-n] de deux monogrammes monolitères (K.A.Bard,1992,301). Tous ces éléments concordent avec les conclusions de Jochem Kahl. La «réforme» poursuit, développe et systématise indéniablement un mouvement commencé plus tôt, les premiers monogrammes monolitères et le choix d’homophones trahissant une intention phonétique apparaissent dès la Dynastie 0. Jochem Kahl énumère d’abord une liste où i et n sont documentés dès Sekhen/Ka dans ipw.t et dans nhb, Abgabe, Fleischabgabe (Wb II,293,14).

«The word nhb «a kind of gift or revenue» is written with the lotus M9v whose consonantal sequence sounds similar (J.Kahl,1994,102,118)”. «That early hieroglyphic writing passed through a long developmental phase can de best evidenced (or illustrated) by means of phonograms. During the reign of Den, the stock of monoconsonantal signs was almost but not yet fully, complete. At this time monoconsonnatal signs were lacking only for y and s, eventually also for h and k (…). However, most of the monoconsonantal signs were not created before the 1st Dynasty (during the reigns of Djer to Den)” (J.Kahl,2001,119). C’est aussi le constat de John Baines : «Les écritures phonographiques des noms personnels sur les stèles furent diffusées (…) dès les tombes «subsidiaires» du complexe du roi Djer au début de la 1° Dynastie» (J.Baines,2004,165). A titre d’exemple, un fragment de stèle d’une tombe de la Dynastie I porte le nom de son propriétaire “owner’s name”, littéralement orthographié en trois monogrammes monolitères : [i-(w)-t].

Fragment de stèle, tombe subsidiaire de la Tombe de Djet (I° Dynastie) (W.M.F.Petrie, 1900, pl.XXXI)

L’écriture entre deux conceptions. L’élite lettrée inscrit sa pensée de l’écriture dans une conception théologique des mdw ntr, où le défunt en se faisant représenter en scribe, «perpétue pour l’éternité ses connaissances et sa maîtrise» des hiéroglyphes (P.Piacentini,1998,867). La contrepartie en est, dans ce cadre culturel organisateur, le développement d’une conception économique de l’écriture nécessaire au développement des institutions du pouvoir, et l’élaboration de formes plus cursives de l’outil graphique. Le titre de scribe finira par «cesser de mentionner l’appartenance» aux rangs les plus élevés de la société, et par devenir «une condition pour entrer dans l’administration», comme l’exemplifient les zs snwt, les scribes des greniers de l’Ancien Empire, (P.Piacentini,1998,867). Ainsi, à l’époque proto-dynastique, «on cylindrical, and small, baggy vessels, royal (and also some non-royal) names appear alongside the specification of a particular, prestigious type of oil or fat, accompanied by signs meaning ‘produce’, ‘delivery’ or ‘food’ of Upper Egypt or Lower Egypt». Ces inscriptions ont pu être tenues pour la preuve d’un système de taxation, prenant l’huile comme ressource standard. Cependant, Jochem Kahl a montré que le terme «produce of Lower or Upper Egypt were applied to a range of other commodities, and appear to be ceremonial, rather than narrowly administrative». Au contraire, les sceaux ne comportent pas d’information sur les produits, évidente sur les jarres auxquels ils sont attachés. «They were marked with royal names, sometimes accompanied by the name or title of an official», souvent associés à des «enclosed signs designating royal foundations, including estates set up to provide for the mortuary cults of particular kings» (D.Wengrow,2006, 236-238).

Sans entrer dans le débat sur le caractère religieux ou administratif des documents, notons que tout cérémoniel exige la gestion de son approvisionnement, des choix dans l’allocation des ressources collectées, et les institutions nécessaires : «During the First Dynasty, some of the institutions responsible for supplying grave goods were mortuary foundations, their names written within an oval frame, and usually translated as «domains».

Noms de domaines royaux sur des impressions de sceaux : I° Dynastie : w3d hr (Djet), tpi-t-w (Den, administré par MerNeith), hr tpi Ht (Den, administré par Hemaka) & II° Dynastie : hr sb3 b3w (Khasekhemwy) (W.M.F.Petrie,1900 & 1901) «Beginning with Djer, each king seems to have founded his own domain, which delivered goods not only to his tomb at Abydos, but also to those of some of the higher officials at Saqqara and, less often, at other sites» (E.M.Engel,2004, 705). Le développement et la phonétisation du système graphique se construisent ainsi en parallèle autant qu’en liaison étroite avec l’expansion du pouvoir, de sa déictique funéraire et de ses institutions. Contraint à l’administration de son exhibition et de son exercice, le pouvoir se manifeste autant qu’il s’administre, déterminant en pratique l’extension sociologique de l’écrit à de nouveaux domaines et de nouvelles catégories sociales. Aussi aurions-nous pu exploiter listes d’inventaire et noms de domaine dans le cadre de cette courte étude. Le choix des graphies des noms et des titres de scribe dont David Wengrow souligne l’association aux noms de rois et de domaines, présente l’avantage d’identifier leurs auteurs.

Pour résumer. A partir de la tombe Uj d’Abydos, l’écriture égyptienne est formellement, pour reprendre le mot de John S.Robertson (J.S.Robertson,2004,16-38), une logographie, déployée depuis l’articulation sémantique du signe iconique. Elle agence d’abord des idéogrammes lisibles dans la langue de leur auteur, dont les valeurs phonétiques vont plus tard servir à écrire leurs paronymes, particulièrement ceux dépourvus de référent concret, voir plus haut le sceau cylindrique de Peribsen, , pribsn mry ntrw, où le mot mr(y), aimé, est écrit avec le logogramme de la houe, mr. L’égyptien imagine deux guides de lecture, le complément phonétique, et un complément sémantique, le déterminatif, pour distinguer les homonymes. A partir de la I° Dynastie, «(these) semantic extensions were often supplied with phonetic complements» (B.G.Trigger,2004,49). Le choix du complément phonétique n’est pas innocent, il engage le scribe dans l’élaboration d’un système graphique phonétique. Les déterminatifs catégorisent signe et valeur du point de vue sémantique -ce ne sont ni des idéogrammes auxquels ils empruntent leur forme, ni des phonogrammes, mais des taxogrammes à valeur strictement sémantique.

«Signs represented both words or morphemes (logograms) and sounds (syllabograms or phonograms)» (B.G.Trigger,2004, 49). De ce point de vue, les hiéroglyphes méritent le nom d’écriture logophonique – par laquelle Bruce G.Trigger définit l’égyptien ancien, au même titre que le chinois, le maya ou le sumérien (B.G.Trigger, 2004,49). Mais les hiéroglyphes ne représentent pas tantôt des logogrammes, tantôt des phonogrammes, justifiant la désignation de l’écriture comme un ensemble, logophonique, de logogrammes et de phonogrammes. Ce sont des signes uniques, toujours susceptibles de double articulation, selon le contexte de l’énoncé graphique. Le système hiéroglyphique apparaît ainsi comme une écriture phonographique distinguant la double articulation, et jouant des propriétés, sémantique et phonétique, du signe iconique (A.Anselin,2004,547-48, 551, 567-568 ; A.Anselin, 2007c). C’est de ce point de vue que les unités élémentaires de cette écriture, les hiéroglyphes, méritent d’être définis comme des logophones. Au vu de ces éléments, les scribes semblent pouvoir être tenus pour les auteurs de cette réforme décisive qui systématise l’emploi phonétique des logogrammes, en développe et ordonne le corpus, et phonographie l’écriture. En tous cas, à l’époque proto-dynastique, ils ne se privent pas de signer littéralement, à la lettre, à chaque fois qu’ils libellent leur titre, zn, leur œuvre en accompagnant le logogramme de l’écrit vs du scribe des compléments phonétiques qui le pourvoient d’une phonographie complète du mot . Ce n’est sans doute pas par hasard que les officiels se font représenter en scribe comme le remarque Patrizia Piacentini (1998,863-870) L’affichage de la maîtrise des mdw ntr et particulièrement la maîtrise de leur phonographie, constitue un élément notable de la mise en scène du statut social, et participe de la déictique des élites. Toujours au regard de ces éléments, les hiéroglyphes apparaissent comme un corpus, dynamique, de signes graphiques aux affluents multiples. Les potmarks constituent un bassin très ancien à la fois parallèle, autonome et interdépendant où le potier en son domaine a joué un rôle précoce dont on commence à entrevoir la réalité. L’histoire du hiéroglyphe de l’Âme jambée (A.Anselin, 2007 b, 5 et sq.), attesté sous la seule forme des potmarks pendant la I° Dynastie, et abandonné ensuite, ne le met-elle pas, à bien y réfléchir, en évidence ? Mais après tout, ce sont des potiers qui créent et façonnent le Bol jambé, une Polished Red Pottery du Nagada II B-C, et les scribes qui le mettent en signe plus tard au Nagada III B-C (A.Anselin, 2007 b, 7 et sq.). Aussi bien, ces trois courts articles, L’Âme jambée des potmarks de la I°Dynastie, Meret et le pot-au-lait, et celui-ci, Le Scribe et le Potier, qui s’attachent à éclairer tout cela, ne sont qu’un premier saut dans le feu d’une longue recherche. Rien de plus. Or, comme on dit en wolof, quand on saute dans le feu, il reste un saut à

faire ! Before firing, or after firing ?

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