Les Entreprises Marocaines Face Aux Défis Du Libre Échange

January 2, 2018 | Author: Danoun Mustafa | Category: Comparative Advantage, Morocco, Free Trade, Economies, Business
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les entreprise marocains face au libre échnge...

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F

Les entreprises marocaines face aux défis du libre-échange salmouni MASTER Préparé par: HAISSEN Issam OULIDI JAWHARI Zineb TBER Salma

Encadré par : Mr. BOUAYAD Abdelghani

Economie et Management Internationaux 2014

Liste des abréviations ADPIC : Accords internationaux sur la protection des droits intellectuels AELE : Association européenne pour le libre-échange ALE : Accords de libre-échange AMDI : Association Marocaine de Développement des Investissements. AMITH : Association Marocaine de l’Industrie du Textile et de l’Habillement. APPI : Les Accords de protection et de promotion des investissements CNDI : Les conventions de non-double imposition HOS : Heksher, Ohlin et Samuelson MICNT : Ministère de l’Industrie, du Commerce, et des Nouvelles Technologies PAS : Plan d’Ajustement Structurel PED : Pays en voie de développement

2

Plan Introduction Axe 1 : Le libre-échange au Maroc : Cadrage théorique et historique : 1.1

Libre-échange : cadrage conceptuel et apports théoriques

1.2

Insertion du Maroc dans l’économie mondiale

Axe 2 : Les enjeux du libre échange pour l’entreprise marocaine : 1.3

Etat des lieux du libre-échange au Maroc

1.4

Opportunités et Menaces du Libre-échange pour l’entreprise marocaine

Axe 3 : Stratégies à mettre en œuvre face aux défis du Libre-échange 1.5

Par le Maroc

1.6

Par l’entreprise marocaine

Etude de cas : Secteur du Textile Versus. Secteur de l’aéronautique

Conclusion

3

Introduction Le monde est aujourd’hui assimilé à un village planétaire, et ce n’est pas sans conséquence aucune. Avec la libéralisation des échanges qu’il préconise, le phénomène de mondialisation a réussi, depuis plusieurs siècles, à mettre en concurrence de plus en plus accrue les Etats ainsi que les petites, moyennes et grandes entreprises du monde entier, qui doivent se battre pour survivre dans ce contexte marqué par la déréglementation des marchés financiers, l’élimination des barrières douanière (tarifaires et non tarifaires), et par conséquent une concurrence rude, voire déloyale. Ne faisant pas l’exception, le Maroc - après son indépendance – a vu dans l’ouverture le seul moyen de booster sa performance économique, et d’atteindre le développement rêvé. Ce choix, bien qu’indispensable, est unanimement considéré comme une sorte de désinvolture. Pour cause, le pays n’a mené aucune étude sérieuse pour mesurer l’impact de cette libéralisation sur son économie, et n’a pas instauré suffisamment de mesures pour soutenir l’entreprise marocaine, notamment la PME qui constituait alors 90% du tissu économique et qui était mise à rude épreuve, étant mal armée pour affronter la concurrence des entreprises étrangères. Aujourd’hui, l’économie marocaine est très ouverte sur son environnement extérieur et son taux d’ouverture dépasse les 60% du PIB. Bien que ce taux soit important, le bilan de cette ouverture laisse entrevoir un déficit structurel de la balance commerciale du pays (entre 1960 et 2012, soit 52 ans, elle a connu une chute de 1730%)1 encouragé par un taux de couverture qui peine à dépasser le cap des 50% (46,7% en 2013)2. En effet, tandis que les exportations du pays ont encore du mal à s’imposer sur le marché extérieur malgré la performance de certains secteurs comme l’automobile, l’aéronautique ou encore l’électronique, les importations quant à elles poursuivent un trend haussier soutenu par la dépendance du royaume vis-à-vis des ses principaux partenaires, notamment l’Union Européenne, l’Asie et les Etats-Unis,

1 2

Source : Banque mondiale, Perspectives Monde, Statistiques par pays, Université de Sherbrooke. Office des changes, “ indicateurs des échanges extérieurs”, Juillet-Août 2014. 4

principalement pour les produits à forte valeur ajoutée (produits bruts, énergie et céréales). Dans ce contexte, nous pouvons dire que l’entreprise marocaine se trouve au cœur d’un tissu économique encore vulnérable, ce qui nous interpelle sur la question suivante : « Le libre-échange constitue-t-il une opportunité ou une menace pour l’entreprise marocaine ? » Pour répondre à cette problématique, notre travail se penchera tout d’abord sur l’environnement dans lequel opère l’entreprise marocaine, et ce depuis l’insertion du Maroc dans l’économie mondial, chose qui sera suivie par un état des lieux des accords de libre-échange signés par le pays. Dans un deuxième axe, nous nous arrêterons sur les enjeux du libre-échange pour l’entreprise marocaine, en mettant en lumière à la fois les opportunités et les menaces que peut engendrer ce dernier. L’axe qui suivra portera sur les stratégies qui sont et doivent être mises en œuvre pour que l’entreprise marocaine puisse profiter de cette mondialisation. Enfin, et afin de nous rapprocher de la réalité, une étude de cas s’articulera autour de deux contre-exemples, l’un ayant pleinement profité de l’ouverture – le secteur de l’aéronautique- et l’autre ayant souffert de celle-ci, ce sera le secteur du textile.

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AXE 1 : Le libre échange au Maroc Cadrage théorique et historique Pour comprendre un phénomène et étudier son impact, il est toujours très utile d’étudier son origine, sa naissance. Le commerce est - avec la guerre et la diplomatiel’un des trois principaux modes par lesquels les Etats entrent en relation. En fait, afin de préserver ou établir des relations purement commerciales, les Etats peuvent entrer en guerre ou chercher à maintenir la paix, au détriment ou au profit des entreprises.

1. Le libre échange : cadrage conceptuel et apports théoriques : Le libre-échange est une doctrine économique qui préconise la libre circulation des marchandises, celle-ci peut s’étendre aux services, aux capitaux et à la maind’œuvre. Pour cela, les libre-échangistes préconisent la suppression de toutes les entraves aux échanges entre les nations. Les premiers défenseurs de l’abaissement des droits de douane furent des économistes français du XVIII siècle : les physiocrates. Le contrôleur des finances de Louis XVI, Turgot (1727-1781) supprima les taxes sur les céréales à l’entrée de chaque province française pour assurer la libre circulation des grains. 1.1.

Les explications traditionnelles de l’échange international .

1.1.1. La théorie des avantages absolus d’Adam Smith. Dans son ouvrage « Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations » (1776), Adam Smith reprend l’analyse des physiocrates sur les bienfaits du libre-échange. Il élabore la théorie des avantages absolus. Chaque pays doit se spécialiser dans les biens et les services qu’il parvient à produire à un coût de production inférieur à celui du reste du monde. Chaque pays doit en contrepartie délaisser la production de biens et de services pour lesquelles il est le moins efficace. Il doit alors importer ces produits du reste du monde. Exemple contemporain : Prenons le cas de la France et de l’Arabie Saoudite pour deux produits : les voitures et le pétrole.

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La France a un avantage absolu pour les voitures et doit se spécialiser dans cette production. Elle doit délaisser la production de pétrole et l’acheter à l’extérieur.



L’Arabie Saoudite doit se spécialiser, à l’inverse, dans la production de pétrole et importer ses voitures.

D’un point de vue économique, les deux pays ont intérêt à se spécialiser et à commercer. Il n’y a aucun perdant à l’échange. 1.1.2. La théorie des avantages comparatifs de David Ricardo (1772 1823) Dans son ouvrage, « Des principes de l’économie politique et de l’impôt » (1817), Ricardo apporte un complément à la théorie d’Adam Smith. Il existe un cas particulier non étudié par son prédécesseur : quand un pays n’a aucun avantage absolu sur ses partenaires commerciaux. Il ne peut donc se spécialiser dans une production pour échanger commercialement avec les autres. Ricardo élabore la théorie des avantages comparatifs pour remédier à la faille théorique de Smith. Chaque pays doit se spécialiser dans la production dans laquelle son coût de production est le plus faible au détriment de ses autres productions. Là où le pays est le moins mauvais, à défaut d’être le meilleur, il se spécialise. Ricardo a pris l’exemple désormais fameux de la production de draps et de vin dans deux pays différents : le Royaume-Uni et le Portugal. On considère que le coût du travail par ouvrier est identique dans les deux pays. 

La supériorité du Portugal découle d’une meilleure productivité du travail dans les deux domaines d’activité. Toutefois, en calculant les écarts de prix entre les deux produits, Ricardo remarque que le Portugal a un avantage plus grand pour le vin que pour les draps. On parle d’avantages comparatifs. Dans cette situation, le Portugal a intérêt à se spécialiser dans le vin et à importer ses draps.



Symétriquement, l’infériorité du Royaume-Uni est moindre pour les draps que pour le vin. Le Royaume-Uni doit donc abandonner la production de vin et se spécialiser dans la production de draps. En théorie, les deux pays ont intérêt à commercer en se spécialisant, car ils en tireront tous deux un bénéfice supplémentaire. 7

Ricardo est donc favorable au libre-échange, quelles que soient les situations des deux partenaires commerciaux. Pour lui, le commerce international est un moyen de dynamiser la croissance économique et d’éviter « l’état stationnaire » (taux de croissance égal à 0 %) 1.1.3. Le théorème HOS. Il s’agit d’un théorème élaboré dans la seconde moitié du XX siècle par trois économistes (Heckscher, Ohlin et Samuelson) et qui se situe dans le prolongement théorique de la pensée Ricardienne. Ces économistes expliquent les avantages comparatifs par les différences de dotation en facteurs de production3. Ils prennent comme hypothèse le caractère substituable des deux facteurs de production capital et travail. 

La dotation des pays en développement comprend une abondance de ressources minérales, une main d’œuvre peu qualifiée et nombreuse et un faible capital technique.



La dotation des pays développés comprend une main-d’œuvre qualifiée, beaucoup de capital technique et peu de ressources minérales.

Le théorème HOS s’énonce ainsi : chaque pays a un avantage comparatif dans l’activité qui utilise intensément le facteur de production dont il est le mieux pourvu. Pour les libéraux, la théorie du libre-échange, démontrée par Smith et Ricardo, est favorable à la croissance économique mondiale et tous les pays y gagnent quel que soit leur niveau de développement.

1.2.

Les analyses récentes de l’échange international :

La théorie traditionnelle de Ricardo a été souvent critiquée pour les échanges actuels. Ainsi, le développement des échanges intra-firmes (entre filiales, entre filiales et maison-mère) montre qu’une partie des échanges, en échappant aux règles du marché, ne peuvent s’expliquer par la théorie des avantages comparés.

3

Mémoire de Master, « Zones de libre-échange et développement : Cas du Maroc », Faculté des sciences juridiques économiques et sociale de SOUISSI, 2009, p. 29. 8

Mais c’est surtout l’accroissement des échanges de produits similaires entre les pays qui remet en question l’analyse traditionnelle. Le développement du commerce intra-branche entre pays voisins ne peut s’expliquer ni par des productivités du travail différentes (optique de Ricardo), ni par des dotations en facteurs de productions inégales (optique HOS). Certains économistes ont alors mis en avant les conditions relatives à la demande pour expliquer l’échange. Les consommateurs souhaitent acheter des produits semblables mais non identiques, se différenciant par leurs caractéristiques. La différenciation des produits est aussi une préoccupation des entreprises qui cherchent ainsi à retrouver un certain pouvoir de monopole (concurrence monopolistique).

2. Insertion du Maroc dans l’économie mondiale : Le Maroc est l’un des pays précurseurs en Afrique et dans le monde arabe à avoir opté pour la libéralisation de son économie et de ses échanges, et ce depuis le début des années 80 dans le cadre du Programme d’Ajustement Structurel qui visait une réduction substantielle des déficits macro-économiques tant intérieurs (Déficit public et déficit épargne / investissement) qu’extérieurs (déficit du compte courant). Cette politique s’est renforcée par l’adoption d’une nouvelle génération de réformes volontaristes qui a porté principalement sur le désengagement progressif de l’Etat et des entreprises publiques, l’élimination des mesures non tarifaires tant à l’importation qu’à l’exportation, la simplification du système de taxation des importations et la rationalisation du tarif douanier4. Ceci afin de maintenir la stabilisation de l’économie et la restructuration du processus de production, tout en assurant une meilleure allocation des ressources et en rétablissant les équilibres macro-économiques. La stratégie d’ouverture et de libéralisation adoptée par le Maroc s’est traduite également par son adhésion en 1987 au GATT puis à l’OMC en 1994 à Marrakech, ainsi que la conclusion de l’accord d’association avec l’Union européenne, qui prévoit à terme l’établissement d’une zone de libre-échange entre les deux partenaires ; la conclusion d’une série d’accords de libre-échange avec ses principaux partenaires commerciaux tels que l’Union Européenne, les pays arabes, les Etats-Unis d’Amérique et la Turquie. De même, d’autres conventions et accords ont été aussi conclus avec 4

Ministère du commerce extérieur, Royaume du Maroc 2013. 9

notamment les pays de l’Union du Maghreb Arabe et de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine. Ces accords émergent comme principal outil de la stratégie d’ouverture visant à renforcer l’intégration du pays à l’économie mondiale et à son environnement régional. La conclusion de ces accords se justifie alors par le besoin d’adaptation aux nouvelles exigences du commerce mondial et par la nécessité de la diversification des produits et des marchés à l’exportation. 2.1.

Accord d'Association Maroc-Union européenne

Signé le 26 février 1996 et entré en vigueur le 1er mars 2000, l’accord d’association entre le Maroc et l'Union européenne prévoit l'instauration progressive d'une zone de libre-échange industrielle à l'horizon 2012

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et une libéralisation

progressive des échanges agricoles. Pour les produits industriels, l'accord prévoit un démantèlement progressif sur 12 ans pour les produits originaires de l'UE dans le cadre de 3 listes contre un accès libre pour les produits industriels marocains. Par ailleurs, des négociations bilatérales ont été menées en vue de l'adaptation de l'accord d'association suite à l'élargissement de l'UE à dix nouveaux pays (ces négociations ont été achevées le 16 avril 2004). 2.2.

Accord de libre-échange avec les Etats-Unis

Le Maroc et les USA ont signé un ALE le 15 juin 2004. Cet accord est entré en vigueur le 1er juillet 2005. Il s'agit d'un Accord global qui touche à tous les secteurs de l'activité économique, allant du commerce des biens, au commerce des services, aux ADPIC, jusqu’aux questions sociales et environnementales. A vocation exclusivement économique et commerciale, cet accord a pour objectif d'organiser le développement des échanges de biens et services entre les deux pays dans un cadre maîtrisé, au regard des différences de développement socio-économique.6

5

http://www.lemoci.com/ UE-Maroc: accord commercial adopté par le Parlement européen, 16/02/2012. 6 www.mcinet.gov.ma (Ministère de l’Industrie, du commerce et de mise à niveau de l’économie) 10

2.3.

Accord de libre-échange Maroc-AELE :

Signé le 19 juin 1997 et mis en application le 1er mars 2000, l’accord d’association avec l'Association européenne pour le libre-échange (AELE) prévoit pour les produits industriels un démantèlement progressif sur 12 ans à l'image du schéma de l'UE. Pour les produits agricoles et contrairement à l'UE, l'AELE ne dispose pas d'une politique agricole commune. Aussi, des concessions ont été échangées avec chacun des pays membres. 

 2.4.

Accord de libre-échange Maroc-Turquie :

Dans le cadre du processus d'intégration régionale euro-méditerranéenne, le Maroc et la Turquie ont signé un ALE à Ankara, le 7 avril 2004. Il prévoit l'instauration progressive d'une zone de libre-échange industrielle sur une période de 10 ans à compter de la date d'entrée en vigueur avec un traitement asymétrique en faveur du Maroc. Les produits industriels d'origine marocaine bénéficieront de l'exonération totale et ce, dès l'entrée en vigueur de l'accord. S'agissant des produits agricoles, il a été procédé à un échange de concessions. 2.5.

Zone de libre-échange arabe : Le programme d'application de la convention de facilitation et de

développement des échanges commerciaux interarabes est entré en vigueur le 1er janvier 1998. Il vise la mise en place progressive d'une zone de libre-échange entre les pays membres de la Ligue arabe (sauf l'Algérie, Djibouti, les Comores et la Mauritanie).

7

Ce Programme prévoit un démantèlement progressif, pour arriver à l'exonération totale le 1er janvier 2005. Cependant des difficultés d'application demeurent.

7

http://www.invest.gov.ma 11

2.6.

Accord avec les pays arabes méditerranéens : Le Maroc a signé le 25 février 2004, un ALE quadrilatérale avec l'Egypte, la

Tunisie et la Jordanie en application de la déclaration d'Agadir, signée le 8 mai 2001. Cet accord vise la mise en place d'une zone de libre-échange quadripartite, tout en restant ouverte à tous les pays arabes méditerranéens. Il prévoit une exonération totale des droits de douanes dès la date d'entrée en vigueur (1er janvier 2005) pour tous les produits industriels et agricoles à l'exception de certains produits exclus pour des raisons de sécurité, santé et d'environnement.

2.7.

Accords avec les pays d’Afrique8 :

Le Maroc compte aujourd’hui de nombreux partenaires parmi les états subsahariens. En effet, plusieurs accords ont été signés en 2014, notamment : Les conventions de non-double imposition (CNDI) : 3 conventions

bilatérales

(Egypte, Sénégal et Gabon) et 1 convention multilatérale (UMA) en vigueur ; 3 conventions signées en cours de ratification (Burkina Faso, Cameroun et Côte d’Ivoire); 5 conventions en cours de signature (Afrique du sud, Centrafrique, Guinée Conakry, Seychelles et Soudan); et 5 conventions en cours de négociation Les Accords de protection et de promotion des investissements (APPI) : Le Maroc a signé 17 APPI en Afrique, dont 7 sont entrés en vigueur (Gabon, Gambie, Egypte, Lybie, Mauritanie, Soudan et Tunisie) et 10 sont en attente de ratification ou d’entrée en vigueur (Bénin, Côte d’Ivoire, Cameroun, Centrafrique, Cap vert, Ghana, Guinée Conakry, Guinée Equatoriale, Sénégal et Tchad) 

Accords de libre-échange (ALE) : le Maroc a un ALE avec 5 pays d’Afrique du Nord, et 2 projets d’ALE importants en cours de négociation avec l’UEMOA et la CEMAC.



En plus des accords cités, l’on peut également citer les accords sectoriels avec la RDC (agriculture), l’Angola (tourisme ; aéroportuaire), le Bénin (Conseil d’affaires), le Gabon (santé, formation, …), le Sénégal (transport, mines, énergie, ..), ou encore la Côte d’Ivoire (Investissement, tourisme, pêche, …), etc.

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www.casablancafinancecity.com/fr/content/le-maroc-en-afrique 12

AXE 2 : Les enjeux du libre échange pour l’entreprise marocaine 1. Etat des lieux du libre-échange au Maroc : L’ampleur du déficit commercial du Maroc, est en croissance régulière depuis 2002 (à l’exception d’une légère stabilisation en 2009 et 2010). En 2013, il a atteint la 9

somme record de 196 milliards de dirhams . Cet état de fait est notamment palpable au niveau de trois groupes de produits qui représentent 90% du déficit global de ces échanges, précise l’Office des changes « 2013 ». En tête du classement, on trouve :   

Les biens d’équipement avec un déficit de 25,1MMDH en 2013; Les semi-produits qui reculent de 24,6MMDH (+18,2%) ; Les biens de consommation avec un déficit de 10,6 MMDH. Globalement, il est déjà admis que ce qui pénalise le Maroc c’est que les

échanges commerciaux réalisés dans le cadre des accords de libre-échange demeurent prédominés par les importations. Bien évidemment, l’ALE avec l’UE s’accapare la part du lion avec plus de 23,6% des échanges commerciaux. Avec 2,4% du total des transactions commerciales, l’ALE avec les États-Unis arrive deuxième. Quant aux échanges générés par l’Accord d’Agadir, ces derniers ne représentent que 0,8% alors que ceux entrant dans le cadre de l’Accord avec les pays membres de l’Association européenne de libre-échange (AELE) ne dépassent pas 0,7% ; 1.1.

L’ALE avec l’UE :

Les échanges commerciaux avec l’UE ont enregistré en 2013 un déficit de 55,1MMDH et un taux de couverture de 41,9% En effet, les importations en provenance de l’UE, ont évolué de 5,3%, soit 94,9 MMDH ainsi que les exportations réalisées vers l’UE ont augmenté de 6,4% en 2013 à 39,8MMDH.

9

Office des changes dans l’édition définitive 2013 de son rapport annuel sur le commerce extérieur du Maroc. 13

1.2.

L’ALE avec les États-Unis :

En 2013, les échanges commerciaux avec les États-Unis ont baissé de 24,7% à 13,5MMDH contre 18MMDH en 2012. Ces échanges ont généré en 2013 un déficit en baisse de 44,6% (4,1MMDH contre 7,4MMDH). Quand au taux de couverture, il gagne 11,5 points et s’établit à 53,4% contre 41,9% en 2012. L’amélioration du déficit de ces échanges est due principalement à la baisse des importations originaires des ÉtatsUnis, réalisées dans le cadre de l’accord de libre-échange10 1.3.

L'Accord d'Agadir,

Les échanges commerciaux réalisés dans le cadre de l’accord d’Agadir (l’Égypte, la Tunisie et la Jordanie) réalisent une bonne performance en 2013 en se situant à 4,4MMDH contre 4,2MMDH un an auparavant, soit une augmentation de 3,9%. 1.4.

L’ALE avec la Turquie :

En 2013, les échanges commerciaux du Maroc, effectués dans le cadre de cet accord ont enregistré une hausse de 36,8% à 10,9MMDH contre 8MMDH un an auparavant. «Cette évolution est imputable tant aux importations (+40,6%) qu’aux exportations (+28,1%). Ces échanges font ressortir en 2013 un déficit de 4,7MMDH et un taux de couverture des importations par les exportations de 39,6%

2. Opportunités et menaces du libre-échange pour l’entreprise marocaine : L’approche libérale du commerce international prétend que chaque pays a intérêt à se rallier au libre échange et en ressort toujours gagnant. Or la réalité économique a souvent démenti cette vision idyllique. L’ouverture des frontières représente à la fois des opportunités et des menaces pour les économies et, plus particulièrement, pour l’économie marocaine. 2.1.

Les opportunités du libre échange :

L’ouverture du Maroc à l’international peut générer des gains dépassant les grains traditionnels en permettant d’exploiter les économies d’échelle, de profiter des

10

Selon l’Office des Changes 14

nouvelles opportunités en termes de marchés, d’attraits de capitaux et technologies étrangère. Facteur de croissance : L’ouverture des frontières offre de nouveaux débouchés aux entreprises marocaines pouvant ainsi exporter davantage, accroître leur production et leurs profits. L’essor des exportations accroît le PIB et le niveau des emplois ; Facteur de développement économique : La division internationale du travail accroît l’efficacité des firmes, les poussent à améliorer leur compétitivité face à une concurrence accrue. Elles sont

incitées

à

innover,

à

améliorer

leur

productivité, à développer la recherche afin de maintenir leur avantage concurrentiel. De plus, le libre échange a permis le développement des pays bénéficiant des avantages coûts comme le Maroc Facteur de concurrence entre les pays : La concurrence est devenue plus vive grâce à l’ouverture des frontières. Cette pression concurrentielle favorise la baisse des prix, la diversification des produits de consommation courante et profite ainsi aux consommateurs

2.2.

Les menaces du libre échange :

La principale menace qu’apporte le libre-échange à la sphère économique marocaine est qu’il ouvre les frontières à des produits étrangers dont les producteurs disposent de technologies, de savoir-faire et de compagne marketing beaucoup plus avancés que celles des producteurs locaux, il en découle : 

la perte d’importantes parts de marché pour ces dernières,



l’industrialisation contribue à la destruction de l’environnement



la dégradation des termes de l’échange



l’exploitation massive des ressources internes naturelles et humaines des PED.

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Facteur de désindustrialisation et de chômage : Face à la vivacité de la concurrence des pays émergents (Chine par exemple) ayant des coûts du travail (salaires + cotisations sociales) très faibles en raison d’absence de protection sociale et de normes sociales, pratiquant le dumping social et le dumping monétaire, nos industries ont fermé ( textile, jouets, électroménager, informatique…). Et d’autres se sont délocalisées provoquant la désindustrialisation de certaines régions ou encore la disparition des filières industrielles (le textile au Maroc dès la fin des années 9O par exemple) et aggravant considérablement le chômage. La limitation des recettes de l’Etat : Cela veut dire que le revenu de l’Etat connaîtra une croissance moins élevée, compte tenu du manque à gagner en matière de recettes douanières mais aussi de l’augmentation insatisfaisante des autres produits d’impôts et taxes. Pour compenser ce manque à gagner, l’Etat marocain sera obligé de trouver d’autres sources de financement Facteur de dégradation sociale : Sans normes sociales mondiales minimales, le libre échange fausse la concurrence et menace gravement les modèles sociaux des pays en développement notamment le Maroc qui s’est concentré sur le développement économique au détriment du développement social. Or, ce dernier constitue un véritable levier pour un pays qui cherche à améliorer son bien être. La menace de l’identité culturelle Face à la fragilité des structures marocaines dans le domaine des médias et de la culture, la supériorité américaine et européenne, technique et technologique, ne peut que menacer la culture marocaine dans la diversité de son contenu (perdre ses coutumes, cultures,…) et entrainer une perte de l’indépendance avec risque d’acculturation.

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Axe 3 : Stratégies à mettre en œuvre face aux défis du libre-échange : Conscient des menaces que peut engendrer l’ouverture, le Maroc prône la nécessité d’une mise à niveau des secteurs clés de son économie. A côté, l’entreprise est d’autant plus responsables de sa survie ou non, c’est pourquoi elle doiven identifier et exploiter ses facteurs clés de succès, et développer ses avantages compétitifs.

1. Les stratégies et perspectives du Maroc :

Stratégies sectorielles

Depuis 2002, le Maroc poursuit ses réformes économiques en vue d’accroître son intégration dans l’économie mondiale, l’objectif de sa politique commerciale étant de contribuer à la réduction de la pauvreté et au développement humain durable. À ce titre, elle se doit d’être en phase avec les autres politiques et actions nationales comme l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH) lancée en 2005. La croissance des exportations est perçue par les autorités marocaines comme l’un des leviers les plus importants avec l’amélioration de la productivité et la promotion des investissements pour la réalisation de ses objectifs économiques et sociaux. La politique commerciale du Maroc doit être examinée dans sa relation avec les programmes de développement sectoriels et trans-sectoriels comme le Plan Émergence. Ce dernier a été adopté par le Gouvernement en 2007 et vise à développer les filières de l’offshoring/nearshoring, l’agroalimentaire, les produits de la 17

mer, le textile, l’automobile, l’aéronautique, l’électronique et l’artisanat industriel. Le Pacte Émergence est un contrat-programme qui vise « à développer le tissu industriel national. Pour ce faire, il fixe les orientations et le cadre de développement pour les différents secteurs industriels. Il vise aussi à ‘contractualiser les engagements réciproques de l’État et du secteur privé »11. Parmi les autres programmes de développement économique, le projet « Inmaa » se concentre sur l’amélioration de la productivité nationale. Il s’agit d’un programme corolaire du Pacte Émergence, lancé par le Ministère de l'industrie, du commerce et des nouvelles technologies (MICNT) pour promouvoir « l’excellence opérationnelle » dans les PME industrielles. En ce qui concerne l’agriculture, il existe le Plan Maroc Vert, initié en 2008, qui consiste à dynamiser le secteur agricole. Ces dernières années, le Maroc a également introduit diverses mesures de simplification des procédures douanières notamment un système de base automatisée des douanes en réseau (BADR) depuis 2009. Ce système vise à faciliter les procédures de dédouanement en les regroupant dans un point unique accessible sur internet. Ce système a ainsi permis de relever le taux d’informatisation des procédures douanières à plus de 90%12. D’autre part, les licences d’importation ne sont exigées que pour des raisons de sécurité ou pour des produits couverts par des conventions internationales. L'importation de certains produits reste toutefois soumise à une autorisation préalable de l’agence compétente. Afin d’atteindre et d’encadrer ces différentes initiatives, les autorités marocaines ont adopté un ensemble de dispositions sectorielles regroupées dans la Loi de Finances 2011, notamment la hausse des droits d’importation sur certains produits agricoles et agroalimentaires comme le blé, et industriels comme le fer blanc, afin de protéger les producteurs locaux. En parallèle, les droits d’importation de certains intrants nécessaires à l’industrie nationale sont réduits notamment dans le secteur de la chimie13. La promotion des exportations passe également par une série d’incitations et d’avantages octroyés par les différents départements compétents. Il s’agit notamment de dispositions fiscales en faveur de l´investissement et des exportations, 11 12 13

Challenge du 25 février au 3 mars 2011, page 43. OMC, EPC 2009, p. 34 Challenge du 12 au 25 novembre 2010, pages 28-31.

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de la création de zones franches d´exportation et de régimes économiques spéciaux en douane, ou encore de la facilitation des changes. Par ailleurs, le Maroc s’est lancé depuis quelques années dans la modernisation de ses infrastructures de transport pour les mettre au diapason des pays développés. Désormais, les acteurs économiques disposent des infrastructures de transport qui leur manquaient pour être plus compétitifs et la carte marocaine des temps (délais) de transport est train de rétrécir. Cet effort de modernisation concerne toutes les formes de transport. Les axes autoroutiers continuent de s’étendre pour relier toutes les régions du Maroc à un réseau national qui compte déjà parmi les meilleurs du continent. Concernant le transport ferroviaire, l’Office National des Chemins de Fer (ONCF) compte injecter 33 milliards de dirhams dans différents projets dont 20 milliards DH dans le seul projet du TGV qui permettra de relier Tanger à Casablanca en deux heures et quinze minutes. Les autres formes de transport ne sont pas en reste. En effet, la compagnie nationale de transport aérien Royal Air Maroc continue la modernisation de sa flotte et son ouverture internationale à travers la prise de participation dans plusieurs compagnies aériennes en Afrique. Le transport maritime connaît lui aussi un essor sans précédent avec l’ouverture du secteur à la concurrence internationale, la modernisation des infrastructures portuaires et leur renforcement avec l’inauguration de Tanger-Med. Les réformes économiques et commerciales entreprises par le Maroc depuis quelques années ont contribué à la diversification croissante et la bonne performance globale de son économie. Toutefois, le recul de la demande étrangère, notamment de l’Union européenne, pourrait freiner cet élan. De plus, le ralentissement de la croissance dans de nombreux pays pourrait contribuer au retour d’un certain protectionnisme. Dans ce contexte, le Maroc n’a cessé de prendre des mesures pour faciliter le commerce mais reste fortement dépendent des mesures commerciales mises en œuvre dans les autres pays. Il est cependant difficile d’identifier ces mesures ainsi que de quantifier leur impact sur les entreprises.

19

2. Les stratégies de l’entreprise marocaine : Quelque soit la position dans laquelle se trouve l'entreprise marocaine : décroissante, constante ou encore croissante, la pression de la concurrence qu’impose la mondialisation s'exerce, situation devant laquelle elle cherche au moins à stabiliser sa part de marché. Par ailleurs, les entreprises qui s'adaptent à ses changements et conçoivent des stratégies flexibles verront dans ces tendances plutôt des opportunités que des menaces, et trouveront certainement un moyen de profiter du changement. Ces entreprises à caractère adaptatif doivent aussi être en mesure d’apprécier avec justesse des besoins des clients sur n'importe quel territoire, tout en sachant que ces besoins sont par nature changeants. D’une autre part, la flexibilité des entreprises leur permettra de tirer avantage des évolutions technologiques. Certes, la bonne appréciation des besoins de l'utilisateur final reste un élément décisif de succès, mais la capacité de transformer une bonne part du marché en nouveaux produits et services est tout aussi importante. Cependant, il ne suffit pas qu'une entreprise soit présente sur le plan mondial pour en dégager automatiquement un avantage concurrentiel, surtout que la concurrence de plus en plus acharnée fera toujours des gagnants et des perdants. Cette ouverture doit être confortée par une pensée statistique mondialisée, une vision stratégique claire est synthétique encadrée par une capacité d’identifier puis exploiter ses facteurs clés de succès. En jouant sur la productivité, la maîtrise des risques, la gestion de la qualité, l’optimisation des ressources et la gestion des coûts, la formation du capital humain et gestion de compétence, la responsabilité sociale, la diversification des débouchés ; l’entreprise marocaine pourra certainement s’imposer sur le marché mondial, ou du moins réduire les effets négatifs que peut engendrer le libre-échange.

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ETUDE DE CAS : L’objectif de cette partie est de montrer comment le libre-échange peut être à la fois une opportunité et une contrainte pour les entreprises marocaines, et ce à travers deux secteurs qui ont été affectés distinctement par l’ouverture, le secteur du Textile étant impacté négativement, et le secteur aéronautique positivement.

3. Le Secteur du Textile : Lorsqu’il s’agit d’aborder le revers de médaille de l’ouverture de l’économie marocaine, l’exemple du secteur « Textile » reste le plus parlant. Bien qu’il soit considéré comme l’un des plus grands employeurs à hauteur de 40% des emplois industriels, avec une contribution importante au PIB (13%) et 27% de la production orientée à l’export14, le 8ème secteur mondial du Maroc reste fortement sensible à la demande européenne, ses performances font du surplace depuis les années 2000, et il reste à la traîne face à ses concurrents étrangers, notamment chinois et turques15. En fait, tandis que l’Union-Européenne s’accapare la part du lion des exportations du secteur (93% en 2013)16, le Maroc n’occupe que 3%17 des importations de cette première. Ces chiffres reflètent les deux grandes fragilités du secteur. -

Forte dépendance vis-à-vis du marché européen L’industrie textile marocaine ne peut exister sans la demande européenne,

notamment française et espagnole, et reste très susceptible à la conjoncture de ces deux pays. Selon une étude menée par le ministère de l’Emploi et de la formation auprès de 715 unités membres de l’AMITH, la branche textile et habillement, pierre saillante de l’industrie nationale, a connu la suppression de 48.000 emplois déclarés durant l’année 2008, période qui renvoie à la crise financière internationale.

14

Selon l’Agence Marocaine de Développement des Investissements Ils couvrent respectivement 42% et 12% du marché européen, selon le quotidien « L’économiste » N°3996, du 26 décembre 2012. 16 Selon les chiffres de l’AMITH. 17 FZT, « Exportations textiles : Guerre des chiffres », Quotidien « L’économiste », Edition N°3996, 26 décembre 2012. 15

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-

Incapacité du secteur à s’imposer sur le marché mondial : Le secteur du textile et de l’habillement fait du surplace ces dernières années. La

crise de 2007 a lourdement pesé sur la profession. Pis encore, à la lecture des différentes statistiques, en remontant même au début des années 2000, on constate aisément que le secteur peine à franchir un nouveau palier. Selon les chiffres de l’Office des changes, les exportations marocaines de textile et habillement ont vacillé entre 25 et 29 milliards de DH durant la période 2001-2012, sauf en 2006 au terme de laquelle un pic de 30 milliards a été enregistré suite à un bon développement du courant d’affaires avec l’Espagne et à l’entrée en vigueur de l’accord de libre-échange avec les Etats-Unis qui a permis de réaliser un chiffre d’affaires de 383 MDH sur ce marché. Toutefois, ceci n’a pas duré avec la montée en force des nouveaux concurrents « Low-cost ». Aujourd’hui, les exportations du secteur s’établissent à quelques 17,5 milliards de dirhams18, encore une preuve que l’offre des entreprises marocaines satisfait de moins en moins ses clients étrangers. -

Quand les atouts se tournent en faiblesses :

Les années 1960 marquent le coup d’envoi du déploiement de l’industrie textile. En effet, la promulgation du premier code des investissements industriels et l’institution d’une protection douanière ont été à l’origine du démarrage réel de ce secteur et, 5 ans plus tard, la production a été multipliée par plus de 5 fois couvrant 50 % des besoins nationaux. Dans les années 70, et après avoir couvert la quasi-totalité des besoins locaux, l’industrie textile-habillement s’est progressivement tournée vers le marché international. Cette ouverture s’est automatiquement traduite par une forte croissance de l’activité de cette branche, confortée par la promulgation du nouveau code des investissements et des exportations de 1983. Vers la fin de la décennie suivante, les investissements européens de délocalisation se sont enchaînés et le taux de couverture des importations textiles par les exportations a dépassé le cap des 100%. Ministère de l’Emploi, de la Formation Professionnelle, du Développement Social et de la Solidarité, Direction de l’Enseignement Professionnel, « Portrait de secteur : Pour le secteur de Formation TEXTILE/HABILLEMENT, Février 2002.

Plusieurs facteurs ont joué en faveur de l’essor de l’industrie Textile marocaine, tous mis en relief par un contexte de libéralisation des échanges, jusqu’à ce que la donne s’inverse. Tout d’abord, la proximité géographique du Maroc au marché européen a été un atout indiscutable. Or, le libre-échange prôné à travers le monde, a aussi permis a des entreprises chinoises et turques notamment, bien qu’éloignée géographiquement, de détrôner l’offre marocaine. D’autant plus que la main d’œuvre habile, abondante et peu coûteuse dont se vantait le pays s’est avérée de faible 18

Ministère de l’économie et des finances, Note de conjoncture, N° 209, Juillet 2014. 22

qualification en allant de l’ouvrier et technicien jusqu’au cadre, et les retards de livraison ont entaché la réputation des entreprises opérant dans ce secteur. Pour finir, la structure souple et évolutive qui jadis caractérisait l’outil de production marocain ne faisait plus le poids face à ses concurrents étrangers, à cause de bon nombre de dysfonctionnements : absence d’équipement adapté à la production de tissus de qualité, manque d’approvisionnement en coton surtout, manque de créativité et de développement des produits finis, négligence du repassage/conditionnement mais aussi, manque d’une gestion satisfaisante de la qualité. Nous pouvons alors déduire que si l’industrie textile ne sait plus céder aux caprices de ses clients, étrangers notamment, ce n’est pas la seule faute de l’ouverture, mais s’est surtout la conséquence d’un manque d’adaptation et de perfectionnement de la plate-forme textile dont seul le pays est responsable.

2. Le Secteur de l’aéronautique : Contrairement au Textile, le secteur aéronautique marocain a pu tirer son épingle du jeu, dans le sillage de la dynamique du secteur aéronautique mondial. 100% dédié à l’export, ce secteur emploie près de 10.000 personnes hautement qualifiées19, avec des perspectives beaucoup plus ambitieuses. Avec une croissance annuelle qui s’élève à plus de 20 % en moyenne, le secteur suscite de plus en plus l’appétit des investissements étrangers, qui continuent de converger. En effet, le nombre d’implantations s’est fortement accru ces dernières années pour atteindre aujourd’hui près de 100 entreprises, le tissu d’acteurs étrangers étant assez large (plus de 70 entreprises), bien établi autour du noyau d’origine (EADS, Safran) et constitué en clusters (zone de Nouaceur). Par origine, les entreprises françaises représentent 72% des investissements consentis dans le secteur suivies par les entreprises nationales avec 21%. La part des entreprises américaines ne dépasse pas 3%. Les exportations du secteur sont concentrées sur trois principales activités représentant 82% du chiffre d’affaires global à l’export du secteur. Il s’agit du câblage

19

Selon les chiffres de l’AMDI 23

(51% des

exportations), du manufacturing (19% des exportations) et de la

maintenance (12% des exportations)20. -

Les atouts de la plate-forme la plus compétitive de l’Afrique : Si la base aéronautique au Maroc est considérée aujourd’hui comme étant la

Supply-Chain la plus compétitive dans le prolongement naturel de l’Europe, c’est que les entreprises marocaines du secteur ont été réactives à l’ouverture tout en étant à la hauteur des attentes de leurs clients. En fait, dès qu’un géant mondial lance un appel d’offre pour sous-traiter l’une des activités susmentionnées, le Maroc l’emporte avec grâce, et ce pour des raisons multiples. Les entreprises marocaines opérant dans le secteur ont aujourd’hui le luxe de ne pas avoir à chercher des clients grâce à la bonne réputation qu’elles se sont forgées. Elles ont su s’imposer dans un marché mondial caractérisé par une forte concurrence grâce à ce que nous pouvons appeler le « Trépieds » : Le respect des délais de livraison qui sont généralement respectés à 100%, la qualité indiscutable, et les coûts maitrisés. En parlant de coût, l’AMDI estime que les coûts totaux au Maroc sont inférieurs à hauteur de 30% par rapport au sud de l’Europe, quant aux coûts de la main d’œuvre, ils peuvent atteindre jusqu’à -50%. Bien évidemment, l’importance accordée par ces entreprises à la qualification de leur main d’œuvre n’est pas moindre. La méthode de gestion des ressources humaines est très développée, et la formation occupe une place importante dans celle-ci. En définitive, l’aéronautique a réussi là ou le textile a échoué.

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Aéronautique, Présentation du secteur, www.invest.gov.ma. 24

CONCLUSION Après des décennies de libre-échange, un constat s’invite de plus en plus dans les débats : le libre-échange a remplacé la guerre armée par une guerre économique mondiale. De ce fait, on peut dire que l’ouverture n’est pas une alternative viable pour un pays comme le nôtre qui a un besoin vital de l’établissement d’une stratégie plus pertinente que celles déjà existantes, pour pouvoir développer ses secteurs productifs et particulièrement, améliorer la compétitivité de ses entreprises qui doivent se préparer, sans plus tarder, à faire face aux défis qui les attendent du fait de la libéralisation des échanges et de la globalisation de l’économie. Autrement dit, la mise en commun de nos richesses pour fonder une industrie conquérante, reconnue et protégée du dumping écologique et social de nos concurrents. Dans ces conditions, les autorités marocaines parlent de revenir sur les conditions des différents accords. La tentation est de réintroduire des barrières pour protéger les entreprises nationales, notamment la TPE et la PME. Or, si cela peut se justifier dans le cadre de filières précises, pour lesquelles une exposition trop vive à la concurrence internationale pourrait être tout à fait délétère, un retour général au protectionnisme serait sans doute une grave erreur.

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BIBLIOGRAPHIE Ouvrages et Mémoires: EZZIDI Fatima Zahra, « L’action stratégique de l’entreprise dans l’ère de la mondialisation

et la recherche de la compétitivité », Mémoire de Master, Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de Casablanca, Université Hassan II, 2012. J.Jalila et al., « La compétitivité des entreprises marocaines face aux défis du libreéchange », Mémoire de Master, Faculté des sciences juridiques, économiques et sociale de Fès, 2012-2013. STIGLITZ Joseph, « The price of inequality: how today’s divided society endangers our future », éditions « Norton », Juin 2012.

Articles ALMERAS Guillaume, « Le bilan des accords de libre-échange est-il si décevant pour le Maroc », www.éconostrum.info, 12 février 2013. BAAZI Jalal, « ALE, des chiffres pour confirmer les insuffisances », www.lesecho.ma, 08 octobre 2014. BARMA Aboubakar Yakouba, « échanges extérieurs : bouffée d’oxygène pour la balance commerciale », www.lesecho.ma, 05 octobre 2014. FZT, « Exportations textiles : Guerre des chiffres », Quotidien « L’économiste », Edition N°3996, 26 décembre 2012. Revue « Challenge », Numéro du 25 février au 3 mars 2011 Revue « Challenge », Numéro du 12 au 25 novembre 2010

Publications et Sites webographiques : Ministère de l’économie et des finances, « Tableau de bord des indicateurs macroéconomiques », Direction des études et des prévisions financières, 2013. Ministère de l’économie et des finances, « Note de conjoncture », N°209, Juillet 2014. www.douane.gov.ma http://www.invest.gov.ma/ http://www.oc.gov.ma/portal/fr/content/statistiques-des-%C3%A9changesext%C3%A9rieurs www.mcinet.gov.ma 26

Table des matières: Liste des abréviations ................................................................................................................... 2 Introduction .................................................................................................................................. 4 Axe 1 : Le libre-échange au Maroc : Cadrage théorique et historique : ..................................... 6 1.

Le libre échange : cadrage conceptuel et apports théoriques : .................................. 6

1.1. Les explications traditionnelles de l’échange international .................................. 6 1.1.1.

La théorie des avantages absolus d’Adam Smith . ............................................ 6

1.1.2.

La Théorie des avantages comparatifs de David Ricardo. .............................. 7

1.1.3.

Le théorème HOS. ..................................................................................................... 8

1.2.Les analyses récentes de l’échange international : ................................................................. 8 2.

Insertion du Maroc dans l’économie mondiale :.....................................................9

2.1. Accord d'Association Maroc-Union européenne .................................................................. 10 2.2. Accord de libre-échange avec les Etats-Unis ........................................................................ 10 2.3. Accord de libre-échange Maroc-AELE : ................................................................................ 11 2.4. Accord de libre-échange Maroc-Turquie : ............................................................................ 11 2.5. Zone de libre-échange arabe : .............................................................................................. 11 2.6. Accord avec les pays arabes méditerranéens :..................................................................... 12 2.7. Accords avec les pays d’Afrique : ......................................................................................... 12 Axe 2 : Les enjeux du libre-échange pour l’entreprise marocaine :.......................................... 13 1.

Etat des lieux du libre-échange au Maroc :........................................................... 14

1.1. L’ALE avec l’UE :.................................................................................................................... 14 1.2. L’ALE avec les États-Unis : .................................................................................................... 14 1.3. L'Accord d'Agadir.................................................................................................................. 14 1.4. L’ALE avec la Turquie : .................................................................................................. 14 2.

Opportunités et menaces du libre-échange pour l’entreprise marocaine : ............. 14

2.1. Les opportunités du libre échange : ..................................................................................... 14 2.2. Les menaces du libre échange : ............................................................................................ 15 Axe 3 : Stratégies à mettre en oeuvre face aux défis du libre-échange : ............................... 17 1.

Les stratégies et perspectives du Maroc : ................................................................... 17

2.

Les stratégies de l’entreprise marocaine : .................................................................. 20

ETUDE DE CAS : Secteur du Textile vs. Secteur de l’aéronautique : ...................................... 21

27

3.

Le Secteur du Textile : ......................................................................................... 21

2.

Le Secteur de l’aéronautique : ............................................................................ 23

Conclusion : ....................................................................................................................... 25 Bibliographie : .................................................................................................................. 26

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