Le Parisien Du Dimanche 15 Novembre 2015

January 19, 2017 | Author: Joshua Beach | Category: N/A
Share Embed Donate


Short Description

franch newspaper...

Description

IDF

Dimanche 15 novembre 2015 - N° 22141 bis - www.leparisien.fr

1,40 €

Résistons

129 morts et 352 blessés. Cet effroyable bilan n’est que provisoire. L’enquête montre que les trois équipes de kamikazes ont agi de manière coordonnée. Partout dans le pays, les Français expriment leur émotion et leur solidarité. milibris_before_rename

(LP/Matthieu de Martignac.)

Numéro spécial

02

SPÉCIAL ATTENTATS

Le Parisien Dimanche 15 novembre 2015

n L’ÉDITO

Revenir à la vie

FRÉDÉRIC VÉZARD

@FVEZARD

Lire aussi Le point sur l’enquête PAGES 4 ET 5

Dans l’enfer du Bataclan PAGES 6 À 9 Des vies brisées PAGES 10 À 12

Vigipirate renforcé PAGE 13 Les hôpitaux mobilisés PAGES 14 ET 15 L’émotion dans tout le pays PAGES 16 À 19 Les centres commerciaux ouverts PAGES 20 ET 21

Comment en parler aux enfants PAGES 22 ET 23 La peur des amalgames et les messages de paix PAGES 24 ET 25 Le choc au sommet de l’Etat PAGES 26 À 29 La COP21 aura bien lieu PAGE 30 Les multiples visages de Daech PAGES 32 ET 33 Quelle sécurité pour l’Euro 2016 ? PAGES 34 ET 35 Football : les Bleus en deuil PAGE 36 Les réactions du monde du spectacle PAGES 37 À 40 EN IMAGES Paris en état de siège milibris_before_rename

leparisien.fr

(PHOTOPQR/« La Provence »/Florian Launette.)

L

a France pleure. Elle n’a pas peur. Tandis que se précise le récit des attaques qui ont sidéré l’Occident, alors que se dessinent les figures sinistres de ceux qui ont semé la mort dans les rues de Paris, les premières lueurs d’un retour à la vie s’allument, à l’image de ces bougies déposées sur les trottoirs et les balcons. Dons de sang pour les blessés, organisation de la solidarité sur les réseaux sociaux, rassemblements silencieux dans tout le pays : une pulsation reprend, fragile. Pour qu’elle s’installe durablement, nous devrons apprendre à vivre autrement. Renoncer à une part d’insouciance, s’habituer à la vigilance. Et, surtout, affirmer haut et fort nos valeurs de fraternité et de liberté. La guerre contre le groupe Etat islamique se gagnera d’abord en Syrie et en Irak. Mais il serait vain de tout attendre de nos dirigeants et de nos soldats. C’est aussi ici, chaque jour, que doit s’organiser la résistance à la barbarie.

Rue de Charonne (Paris XIe), hier. Sitôt le périmètre de sécurité levé, de nombreuses personnes ont afflué sur les lieux des attentats pour témoigner de leur solidarité.

Les Français mobilisés contre le terrorisme Au lendemain d’un carnage sans précédent, Paris hésitait entre hébétude, émotion et esprit de résistance. C’est une longue guerre qui s’engage.

NEW YORK, 2001 ; Madrid, 2004 ; Londres, 2005. Et Paris, 2015… et 2015. Frappée à deux reprises en moins d’un an, la capitale devient la ville martyre du terrorisme. Encore sous le choc de la vague d’attaques de janvier, le pays, sidéré, gravit une marche de plus dans l’horreur. Au moins 129 morts et près d’une centaine de personnes en urgence absolue dans les hôpitaux. Des kamikazes qui se font exploser ici comme à Bagdad ou Kaboul ; de simples clients attablés aux terrasses d’un été indien abattus pour la seule raison d’être là au mauvais moment, au mauvais endroit. Des fans de rock fauchés au kalachnikov parce que les jihadistes envoyés par le groupe Etat islamique haïssent les « idolâtres », comme ils l’ont écrit dans leur communiqué revendiquant les attentats.

L’un des kamikazes natif de Courcouronnes Hier, les terroristes ciblaient un journal — « Charlie Hebdo » —, une religion — celle des juifs —, un symbole de l’Etat — la police. Aujourd’hui, ces fanatiques assassinent à l’aveugle, ou presque, dans le seul but de terroriser tout un pays. De le faire vaciller et plus encore. Y arriveront-ils ? Tout le monde se souvient du formidable sursaut citoyen du 11 janvier dernier, quand 4 millions de Français avaient défilé derrière le symbole « Je suis Charlie ». Bluffant le reste du monde et s’épatant eux-

mêmes, à l’heure où triomphe la mode décliniste. Cette fois encore, la mobilisation est au rendez-vous. Ces médecins qui accourent, volontaires, dans des hôpitaux débordés face à des blessures de guerre ; ces Parisiens qui, toute la nuit du drame, ont recueilli chez eux des resca-

pés hagards ; ces anonymes faisant la queue pour donner leur sang ; et, partout, de la place de la République aux collines de San Francisco, ces fleurs, ces bougies et ces messages de solidarité qui ont afflué du monde entier. Comme une façon de le proclamer : « Nous résisterons ! »

Difficile, pourtant, de ne pas trembler quand l’enquête révèle déjà — comme en janvier — que l’un au moins des terroristes est natif de Courcouronnes, à quelques kilomètres des lieux du carnage. La guerre, proclamée hier par le président, François Hollande, c’est à l’extérieur contre les foyers du jihadisme, mais aussi à l’intérieur des frontières, qu’il faut donc la mener. Cette France si longtemps célébrée pour son message universel est désormais la cible haïe d’obscurantistes qui grandissent dans ses écoles. Pour détestable que soit cette idée, il faut désormais vivre avec. D’autant que la guerre contre le terrorisme ne fait que commencer : comme le prédisent juges, experts mais aussi politiques, à l’image de Manuel Valls, d’autres tueries effroyables sont, hélas, à redouter. Pour les élus, cette unité, désespérément fragile et fugace dans notre arène politique, est un défi. Déjà, hier, on sentait plus que des réticences chez Nicolas Sarkozy et ses Républicains à faire front derrière le chef de l’Etat. Sans parler de Marine Le Pen, les yeux rivés sur les régionales et plus encore sur 2017, qui canonne sans états d’âme contre le « laxisme de l’UMPS ». Sur ce terrain aussi, le pouvoir de gauche devra obtenir des résultats. Pour rassurer les Français. CHARLES DE SAINT-SAUVEUR ET HENRI VERNET

@cdesaintsauveur @henriVERNET

SPÉCIAL ATTENTATS

Le Parisien Dimanche 15 novembre 2015

03

Au moins 129 morts en trois heures SAINTDENIS

1 21 h 20 21 h 30 21 h 53 Abords du Stade de France

1 victime

PARIS PARIS

2 km et prise rise e d’ d’ota d’otages tagess tage ta

250 m

Le Bata Bataclan Ba taclan tacla ta n

X

21h20

e

3 21 h 32 Restaurants la Bonne Bière et Casa Nostra

e

Restaurants le Petit Cambodge et le Carillon

15 victimes

5

Hôpital Hôpi pita pi pital tall ta int Saint uis Louis

victimes

al de Can nis t-De Saiin

21h25

Voltaire Vo e 2 21 hBdXI Volt 25ndissement arrondissement arro arr arrondis ement

IIe Place de la République

6 21 h 40 Le Bataclan

Ave nu

IIIe

XIe ed

e la

89

Rép ub

victimes

liqu

e

Bd ire lta Vo

21h30

IVe

21h32

5 21 h 40

4 21 h 36 Restaurant la Belle Equipe

Boulevard Voltaire 1 terroriste se fait exploser Place de la Bastille

A Le ven Ro dru ue llin -

TROIS HEURES de terreur pour un carnage. Vendredi soir, des terroristes déterminés ont semé la mort à Paris et au Stade de France, laissant derrière leur folie meurtrière un nombre de victimes vertigineux. Selon le bilan fourni hier soir par le procureur de Paris François Molins, 129 personnes ont péri lors de ces assauts dont la parfaite coordination effraie. Un bilan qui n’est malheureusement pas définitif puisque les balles et les explosifs ont également fait 352 blessés, dont 99 en urgence absolue. Récit détaillé de cette frénésie sanguinaire, sur la base des témoignages recueillis par la justice et livrés par le procureur, en charge du parquet antiterroriste. Alors que la France et l’Allemagne s’affrontent sur la pelouse du Stade de France à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), une première explosion retentit à la porte D de l’enceinte. C’est un kamikaze qui vient de se faire sauter. L’homme portait sur lui une ceinture composée de TATP, un explosif très instable, d’une pile, d’un détonateur sous la forme d’un boutonpoussoir et de boulons. Un passant est tué par l’explosion. Dans Paris cette fois, au coin des rues Alibert et Bichat (Paris Xe), des assaillants — dont le nombre n’est pas connu avec certitude — à bord d’une Seat Leon noire et armés notamment de kalachnikovs mitraillent les clients du bar le Carillon et du restaurant le Petit Cambodge. Les enquêteurs retrouveront une centaine de douilles de différents calibres mais notamment du 7,62 mm. La fusillade fait 15 morts et 10 blessés très graves. Un deuxième kamikaze déclenche sa charge explosive devant la porte H du Stade de France. Il ne fait pas d’autre victime que lui-même. L’équipe qui s’attaque aux bars parisiens s’en prend aux clients de l’établissement la Bonne Bière, au croisement des rues de la Fontaine-au-Roi et du Faubourg-du-Temple (Paris XIe). Là encore, on retrouve une centaine de douilles. On dénombre 5 morts et 8 blessés en urgence absolue. Nouveau carnage des hommes en Seat noire, cette fois devant le restaurant la Belle Equipe rue de Charonne (Paris XIe). Le modus operandi est toujours le même. Dix-neuf personnes succombent aux balles de kalachnikov, 9 sont blessées. Au Comptoir Voltaire, une brasserie du boulevard Voltaire (XIe), un kamikaze se donne la mort. « Le dispositif est identique », indique François Molins. Une personne est grièvement blessée, une plus légèrement. Selon le récit du gérant de l’établissement à « l’Express », le terroriste s’est installé puis s’est fait sauter alors qu’il passait commande. La serveuse a été blessée à l’abdomen et au thorax.

19 victimes LP/Inf LP/Infographie. LP Infograph ogr ie. ographie.

21h36

21h40

21h53 0h20 Paris (Xe), vendredi soir. En l’espace de trois heures, les terroristes ont semé la mort dans la capitale. « Ce sont vraisemblablement trois équipes de terroristes coordonnées qui sont à l’origine de cette barbarie », a indiqué hier le procureur de Paris François Molins. (AFP/Kenzo Tribouillard.)

21h40

A la même heure, une Polo noire se gare devant le 50, boulevard Voltaire, l’adresse du Bataclan, où se produit le groupe de rock américain Eagles of Death Metal. « Trois individus porteurs d’une arme de guerre font irruption,

tirent en rafales, prennent en otage le public regroupé devant la fosse », relate François Molins, qui confirme l’existence de brefs « pourparlers » au cours desquels les agresseurs « ont évoqué la Syrie et l’Irak ». Une sanglante prise d’otages débute.

A 400 m du stade de France, une troisième explosion se produit. Le kamikaze est la seule victime. Les policiers d’élite (BRI et RAID) donnent l’assaut au Bataclan. Tous les terroristes sont neutralisés. Le bilan est dramatique : 89 personnes ont été tuées par les terroristes, des dizaines blessées, parfois très grièvement. TIMOTHÉE BOUTRY ET PASCALE ÉGRÉ

VIDÉO

leparisien.fr

« En sortant du métro, j’ai entendu des coups de feu »

Des tueurs à la détermination glaçante FROIDS, DÉTERMINÉS et formés au maniement des armes de guerre. Et, pour certains d’entre eux, peut-être, encore dans la nature… Au lendemain de cette effroyable série d’attentats perpétrée en plein cœur de Paris et à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), les enquêteurs étaient toujours à la recherche d’au moins un membre présumé de ces trois équipes de terroristes, dont sept qui ont semé la mort sur leur passage. Des hommes dont la froideur dans l’exécution de leur implacable scénario criminel a été filmée par les caméras de vidéosurveillance déployées autour des restaurants pris pour cible. « Ces vidéos montrent des hommes qui tirent sur des clients, avant de les achever, confie une source proche de l’affaire. Il n’y avait aucune fébrilité, ni hésitation dans leurs gestes. Les images montrent également qu’ils sont rompus au maniement des armes. » Par ailleurs, quelques heures après l’assaut du Bataclan, un des assaillants a été formel-

milibris_before_rename

lement identifié grâce à ses empreintes digi- « coupé les ponts avec lui » pour « des histoitales. Né le 21 novembre 1985 à Courcouron- res de famille ». Le suspect, qui a également nes (Essonne), Ismaël M., déjà condamné à vécu un temps du côté de Chartres (Eure-ethuit reprises, entre 2004 et 2010 — sans ja- Loir), aurait également deux autres frères, mais être incarcéré —, pour des faits de droit qu’il ne voit plus, et deux sœurs. A Chartres, commun, avait également fait l’objet d’une selon « l’Echo républicain », le suspect aurait fiche S, pour sûreté de l’Etat. Une fiche rédi- fréquenté la mosquée de Lucé et, notamment, un Marocain gée en 2010 par les serislamiste radical vevices de renseignenant de Belgique. ment après la radicaliDeux interpellations « Il est parti au bled, sation de ce jeune garparmi les proches en Algérie, avec sa façon dans des du kamikaze français mille et sa petite fille, circonstances qui n’ont affirme encore son frèpas été précisées. En revanche, le procureur de la République de re. Ça fait un moment que je n’ai plus de Paris, François Molins, a expliqué hier qu’Is- nouvelles. Je n’ai pas son numéro au bled. » maël M. « n’avait jamais été impliqué dans Dans la soirée, le frère a été interpellé et un dossier de filière ou d’association de mal- placé en garde à vue. Toujours hier, une opération de police a faiteurs en relation avec une entreprise terété déclenchée à Romilly-sur-Seine (Aube) roriste ». Hier, un homme se présentant comme son au domicile d’un membre de sa famille qui frère à Bondoufle a expliqué qu’il avait pourrait être son père. Il a également été

interpellé et placé en garde à vue. Mais ni les identités ni les nationalités des deux autres terroristes qui se sont donné la mort au cours de l’assaut de la brigade de recherche et d’intervention (BRI) dans l’enceinte du Bataclan n’ont été dévoilées. Un passeport syrien a également été retrouvé à proximité du corps d’un des trois kamikazes qui ont déclenché leurs charges explosives à l’extérieur du Stade de France (lire pages 4 et 5). Enfin, un autre Français, identifié comme ayant loué la voiture des assaillants du Bataclan, puis comme ayant servi de chauffeur à deux hommes soupçonnés d’avoir pris part aux fusillades devant les restaurants du Xe arrondissement, était toujours recherché, hier soir. Selon plusieurs sources, il semble avoir joué un rôle « central » dans cette vaste opération terroriste. STÉPHANE SELLAMI ET ÉRIC PELLETIER

04

SPÉCIAL ATTENTATS

Le Parisien Dimanche 15 novembre 2015

Sur les traces des kamikazes Les investigations se concentrent sur l’identification des trois commandos, dont les crimes ont été revendiqués par Daech. La piste remonte jusqu’en Syrie, en passant par la Grèce et la Belgique. L’ENQUÊTE MONUMENTALE sur les attentats de Paris, qui ont marqué la capitale française au fer rouge, permet déjà de mieux cerner le parcours des sept islamistes qui les ont perpétrés. Les investigations se resserrent sur l’arrière-plan international du massacre. La menace prend sa source dans la zone irako-syrienne, fief de l’organisation Etat islamique (EI). Elle passe par la Belgique, devenue le « Jihadistan européen ». Mais les derniers rebondissements ouvrent aussi une perspective effrayante : l’un des assassins aurait pu se glisser grâce à un passeport syrien parmi le flux de migrants arrivant sur les rivages grecs. Ce qui pourrait accréditer l’hypothèse d’un commando mixte, composé de Français mais aussi de membres de Daech, venus de l’étranger (lire encadré). Dès hier matin, l’enquête a fait un bond considérable. Le doigt sectionné d’un des kamikazes du Bataclan a

permis de relever une empreinte digitale, comme l’a révélé « le Point ». Comparée aux données du Fichier automatisé des empreintes digitales (Faed), elle a permis d’établir un lien formel avec un certain Ismaël M., âgé de 30 ans et natif de l’Essonne. Les spécialistes du laboratoire de police technique et scientifique de Paris ont tous été mobilisés afin d’identifier au plus vite les auteurs de cette campagne de terreur. « C’est, pour nous, la priorité des priorités, explique un haut fonctionnaire. Le laboratoire de Paris comme celui de Lyon tourne à plein régime. » Dans la nuit de vendredi à samedi, les enquêteurs de la police judiciaire ont aussi visionné et revisionné les images des 1 400 caméras de vidéosurveillance disséminées dans Paris. Ils ont pu ainsi retracer l’itinéraire des deux voitures utilisées par les assassins. La première, une Seat Leon noire, a servi à conduire les premiers as-

saillants devant des restaurants situés entre la rue Bichat à 21 h 25, puis la rue de Charonne à 21 h 38. Objet d’intenses recherches, ce véhicule a finalement été retrouvé, hier soir, vide de tout occupant, à Montreuil (SeineSaint-Denis).

Traque sans relâche Un deuxième véhicule — une Polo noire immatriculée en Belgique — a emmené le second commando parisien devant le Bataclan, théâtre d’une effroyable prise d’otages qui s’est soldée par 89 morts. Abandonnée devant la salle de concert, cette voiture a permis aux enquêteurs de la sous-direction antiterroriste d’identifier un autre membre présumé de cette filière terroriste. A l’intérieur se trouvaient des documents de location au nom d’un Français, résidant à Molenbeek, commune voisine de Bruxelles. Dans la foulée, les policiers ont découvert que cet homme a été contrô-

lé, hier matin, au volant d’une Golf, du côté de Cambrai (Nord), en compagnie de deux autres hommes roulant en direction de la frontière belge. Aussitôt, la justice française a demandé à son homologue belge de procéder à l’interpellation du trio. « Il a été déterminé que le conducteur était parti de Belgique, à bord de la Golf, dans la nuit de vendredi à samedi, vers 3 heures, à destination de la France, relate une source proche de l’affaire. Nous pouvons imaginer qu’il est allé récupérer plusieurs terroristes présumés, auteurs des fusillades, car ces derniers se sont volatilisés après les faits. » Deux des hommes identifiés dans la Golf ont été interpellés et placés en garde à vue (lire page 5). En revanche, le conducteur n’avait, hier soir, toujours pas été arrêté. De nombreuses investigations sont en cours pour remonter sa piste. Une traque sans relâche. ÉRIC PELLETIER ET STÉPHANE SELLAMI

Un mystérieux passeport syrien

n

C’est l’un des points les plus brûlants de l’affaire. La découverte d’un passeport syrien à proximité du corps du kamikaze qui s’est fait exploser près du Stade de France accrédite la crainte de l’infiltration par Daech des colonnes de réfugiés fuyant la guerre qui ravage leur pays. Une source proche de l’enquête appelait, hier soir, à la prudence compte tenu, notamment, de la présence du corps d’une victime tuée juste à côté et non identifiée formellement. Le passeport retrouvé près de la porte D correspond au document de voyage présenté par un homme arrivé sur l’île grecque de Leros, venant de la Turquie voisine, le 3 octobre. Ce document porterait l’identité d’un certain Hamad, né en Syrie en 1990. Mais rien ne prouve qu’il ne s’agisse pas d’un faux ou qu’il n’ait pas été utilisé frauduleusement. Depuis l’ouverture relative des frontières aux réfugiés, les passeports syriens valent de l’or et se négocient entre 1 000 et 4 000 $ selon leur qualité. La trace de ce mystérieux réfugié se perd après son entrée dans l’Union européenne. Selon nos informations, les autorités grecques ont pris le soin d’enregistrer les empreintes du détenteur de ce passeport lors de son passage en Grèce. Celles-ci ont été transmises, ainsi que sa photo, aux enquêteurs français afin de les comparer à celles du terroriste décédé. E.P. ET ST.S.

DIAPORAMA Boulevard Voltaire (Paris XIe), hier. Après l’attaque, les enquêteurs ont retrouvé le doigt sectionné d'un des kamikazes du Bataclan. (EPA/MaxPPP/Laurent Dubrule.)

leparisien.fr

L’enquête sur les lieux des attaques

Daech défie frontalement la France

Rue de la Fontaine-au-Roi (Paris XIe), hier. Enquêteurs de la police judiciaire et spécialistes du laboratoire de la police technique et scientifique de Paris ont été mobilisés afin d’identifier au plus vite les auteurs des attaques. (Reuters/Pascal Rossignol.) milibris_before_rename

HIER PEU AVANT MIDI, l’organisation Etat islamique a revendiqué la série d’attaques coordonnées qui a ensanglanté Paris vendredi soir. Quelques minutes plus tôt, le président de la République, François Hollande, avait très clairement ciblé Daech. Diffusé en français, en arabe, en anglais et en russe, le texte évoque « l’attaque bénie de Paris contre la France croisée ». Le texte emploie la dialectique et la phraséologie classique de l’organisation terroriste. « Dans une attaque bénie dont Allah a facilité les causes, un groupe de croyants des soldats du Califat […] a pris pour cible la capitale des abominations et de la perversion, celle qui porte la bannière de la croix en Europe, à Paris », peut-on lire dans ce communiqué dont l’authenticité ne fait guère de doute. Egalement diffusé dans une version audio — le narrateur de la version française emploie un ton grandiloquent qui frise le ridicule —, le communiqué se veut surtout très précis :

« Huit frères portant des ceintures d’explosifs et des fusils d’assaut ont pris pour cibles des endroits choisis minutieusement à l’avance au cœur de la capitale française, le Stade de France lors du match des deux pays croisés la France et l’Allemagne auquel assistait l’imbécile de France François Hollande, le Bataclan où étaient rassemblés des centaines d’idolâtres dans une fête de perversité ainsi que d’autres cibles dans les Xe, le XIe et le XVIIIe arrondissement et ce, simultanément. »

Nouvelles menaces Même s’il rappelle la teneur « classique » de ce communiqué, le journaliste de RFI David Thomson, spécialiste de l’EI, souligne son caractère inédit en France. « Même après les attentats contre Charlie Hebdo on n’avait pas vu ça. L’EI s’était contenté d’un message de félicitations dans son magazine. Mais là, cela signifie que l’attentat a été entièrement décidé et planifié par les hautes instances de l’organi-

sation ». Cette revendication glorifie « les martyrs » qui ont perpétré ces attaques. Et profère de nouvelles menaces envers la France, en raison de sa participation à la coalition engagée contre l’EI en Syrie et en Irak. « Même si ça n’est pas explicité, c’est une référence directe au communiqué diffusé par un porte-parole de l’EI après le début des frappes en 2014 », rappelle David Thomson. « Si vous pouvez tuer un incroyant américain ou européen — en particulier les méchants et sales Français — […] alors comptez sur Allah et tuez-le de n’importe quelle manière », avait alors lancé Abou Mohammed al-Adnani. Unique curiosité de cette revendication, l’évocation d’une attaque dans le XVIIIe arrondissement, pourtant épargné. Il pourrait s’agir d’une erreur. Ou alors d’une indication à propos d’un assaut qui n’a pas eu lieu. TIMOTHÉE BOUTRY

Lire aussi

PAGES 32 ET 33

SPÉCIAL ATTENTATS

Le Parisien Dimanche 15 novembre 2015

05

du vendredi 13

Molenbeek (Belgique), hier. Des perquisitions ont eu lieu dans plusieurs appartements situés dans une cité connue pour être un foyer du radicalisme islamiste en Belgique. (AFP/James Arthur Gekiere.)

L’enquête passe par la Belgique

milibris_before_rename

une quatrième équipe », mentionne beek, une cité connue pour être un avec prudence un magistrat belge. foyer du radicalisme islamiste en Cependant, deux hommes qui l’ac- Belgique depuis vingt-cinq ans. compagnaient Avant ces perquisont, eux, bien sitions, les servi« Des arrestations connus de l’Orces du déminage en connexion avec une gane de coordiont dû ouvrir la nation de l’analy- voiture louée en Belgique » voie aux policiers se de la menace, qui redoutaient Le ministre de la Justice belge la DCRI belge. que les sites ne Des perquisitions dans des appar- soient piégés. Le quartier autour de tements de la rue du Bois-Thorne la station de métro Osseghem était étaient en cours hier soir à Molen- bouclé par les forces spéciales de la

police belge. « Des arrestations en connexion avec une voiture louée en Belgique », confirmait dans la soirée le ministère de la justice à Bruxelles. La banlieue de la capitale belge est considérée comme le « Belgistan », véritable foyer islamiste. Mehdi Nemmouche, le tueur présumé du Musée juif de Bruxelles en mai 2014, avait séjourné chez sa sœur à Molenbeek, juste avant de passer à l’acte. Ayoub el-Khazani, le tireur qui a attaqué le Thalys au mois d’août, rési-

dait aussi dans cette ville, qui a longtemps été le fief d’Abdel Rahman Ayachi, un jihadiste tué en Syrie. Il était le fils de Bassam Ayachi, un prédicateur radical installé de longue date à Molenbeek, parti lui aussi en Syrie. Le parquet fédéral belge a annoncé cette semaine que 494 Belges sont en Syrie ou en Irak, que 272 y combattent en ce moment, dont 54 femmes. Le plus fort contingent européen. JEAN-MARC DUCOS

« Des attentats sophistiqués » Marc Hecker, spécialiste du terrorisme

n

Chercheur à l’Institut français des relations internationales (Ifri), spécialiste du terrorisme, Marc Hecker souligne le caractère professionnel des derniers attentats. Il est l’auteur d‘« Intifada française ? » (Ellipses, 2012) Ces attentats sont-ils une surprise ? MARC HECKER. Non car, à l’inverse du 11 Septembre américain, tout le monde s’attendait à des attaques terroristes sur le sol français. Ce qui interpelle en revanche, c’est le mode opératoire, inédit en France. Jusqu’ici, on avait affaire à des attaques low-cost, conduites par des individus agissant seuls, comme Merah, Nemmouche ou Ghlam. Là, les premières informations font état d’au moins trois groupes d’assaillants, dont sept kamikazes porteurs de ceintures d’explosifs, et de six lieux ciblés de façon synchronisée.

Il s’agit d’attentats sophistiqués, perpétrés par des gens entraînés. Le bilan humain est lourd et traduit une escalade par rapport aux attaques des dernières années. Vu leur ampleur, peut-on s’interroger sur un raté des services de renseignement ? Par définition, un attentat réussi traduit un loupé des services. Mais, avec quelque 3 500 personnes à surveiller — dont 2 000 impliquées dans les filières jihadistes vers la Syrie —, les moyens face à la menace actuelle, même s’ils ont été renforcés, restent insuffisants. Ceci dit, plus un projet d’attentat est important, planifié, plus il est susceptible de laisser des traces et donc d’apparaître sur les écrans radar. Le fait que rien n’ait été détecté démontre sans doute le professionnalisme de ceux qui sont passés à l’acte. Les services devront (Emilie Moysson.)

ENCORE UNE FOIS, la Belgique apparaît comme la base arrière du terrorisme islamiste qui vient frapper en France. Trois hommes ont été interpellés dès hier matin en Belgique, après l’enquête éclair menée en France. Parmi eux, un suspect français de toute première importance. Ce résident de la commune de Molenbeek (Belgique), une banlieue populaire à l’ouest de Bruxelles, est soupçonné d’avoir loué la Polo de couleur noire avec des plaques d’immatriculation belges qui a été ensuite abandonnée à proximité du Bataclan. Une voiture utilisée par les tueurs kamikazes de la salle de spectacle. A l’intérieur, un indice précieux a été retrouvé : des tickets du parking de la rue Brunfaut à Molenbeek. Ces éléments ont entre autre permis à la police judiciaire de remonter la piste belge. Dans la nuit de vendredi à samedi, le parquet de Paris a aussitôt effectué quatre demandes d’entraide judiciaire auprès du parquet fédéral antiterroriste de Bruxelles, dont le procureur de Paris, François Mollins, a salué l’excellente coopération. En effet, dès samedi matin, le loueur présumé de la voiture des tueurs du Bataclan est interpellé par les policiers belges en compagnie de deux autres hommes. Fait troublant : il avait été contrôlé par des policiers français en passant la frontière vers la Belgique quelques heures avant. Le parquet fédéral belge n’a pas souhaité hier soir commenter cette arrestation ni expliquer si ces trois hommes qui revenaient de France préparaient un nouveau raid terroriste dans l’Hexagone, ou s’ils « y avaient participé en assurant la logistique des attentats ». « Un groupe qui aurait pu constituer éventuellement

analyser leurs erreurs éventuelles et en connu pour avoir abrité des galas de tirer les conséquences. soutien à l’armée israélienne, a été Ce professionnalisme suggère-t-il des maintes fois menacé par des auteurs rentrés de Syrie ? mouvances diverses pour cette raison. Il faut en tout cas un entraînement, et Or le communiqué de l’EI ne il est plus facile d’en disposer à mentionne pas cet élément. Je doute l’étranger qu’en France. S’il est avéré pourtant que le choix de cette salle que les terroristes sont partis en Syrie relève du hasard. et ont réussi à Le Stade de France, revenir sans se faire des terrasses de « Les moyens face remarquer, cela café… Pourquoi ces marquerait une faille à la menace actuelle, cibles ? des dispositifs de Viser un événement même s’ils ont été surveillance, sportif peut renforcés, restent notamment aux provoquer de gros insuffisants » frontières de l’Union dégâts humains et européenne. permet une forte Que vous inspire la revendication du médiatisation. Cibler les terrasses groupe Etat islamique ? parisiennes, symbole d’une capitale Cette revendication est plausible, mais touristique, peut avoir un impact il faut rester prudent. Les attentats économique. L’objectif du terrorisme contre « Charlie Hebdo » ont été est de faire peur. Face aux attentats, il revendiqués non par l’EI, mais par faut faire preuve de résilience : aller Al-Qaïda dans la péninsule arabique travailler, mener une vie normale, (Aqpa). Les groupuscules liés à malgré la dureté de l’époque. Al-Qaïda restent actifs. Le Bataclan, Propos recueillis par PASCALE ÉGRÉ

06

SPÉCIAL ATTENTATS

Le Parisien Dimanche 15 novembre 2015

Dans l’enfer du Bataclan r…

Paris (XIe), vendredi soir. Alors que la prise d’otages a toujours cours à l’intérieur du Bataclan, la police commence à évacuer des blessés. (Divergence/Laurent Troude.) COUCHER L’HORREUR sur procès-verbal. Mettre des mots sur l’innommable. Pour le tenir à distance, et paradoxalement se convaincre qu’il est bien advenu : de jour comme de nuit, depuis trente-six heures, les rescapés du Bataclan se succèdent au Quai des Orfèvres, au cœur de Paris, pour y être entendus par les hommes de la police judiciaire. A chaque fois, le récit d’une même terreur glaçante. D’abord, celle de ces « pétards » que tous ont cru entendre au fond de la salle. « Un son distinct, mais pas si fort, décrit Sidonie, 45 ans. On aurait dit comme un bruit de jouet. Plein d’étincelles jaillissaient dans la pénombre. On a cru à une mise en scène. Ça faisait Nouvel An chinois ! » Un bref silence tombe sur les lieux, suivi d’une vague de hurlements, à mesure que les crépitements strient l’atmosphère confinée. « La foule a foncé vers nous, souffle Sidonie. Les gens en piétinaient d’autres. Je ne sais pas comment, mais les portes se sont ouvertes sur notre gauche. On a rampé ou marché à quatre pattes, je ne

sais plus, puis couru. Il fallait sortir ! » Ce réflexe, c’est aussi celui qui a sauvé Stéphane, aussi bien qu’il aurait pu le condamner. « J’étais parti prendre une bière au bar lorsque j’ai croisé un vigile. Un colosse dont le regard était transfiguré par la panique. L’odeur de poudre a empli l’air. J’ai couru en arrière. » Au comptoir, Marion, photographe spécialisée dans le rock, est l’une des premières touchées. « J’avais fini mes photos et je discutais avec de vieux copains. La balle m’a atteint dans le bas du dos, pas très profondément. J’ai vu ce matin que mon sac photo avait un trou, c’est probablement lui qui m’a sauvé la vie. »

« Son gars s’est précipité sur elle. Il l’étreignait, mais je crois que c’était fini » Stéphane

Les lumières se rallument. Marion entend les ravisseurs clamer : « On intervient au nom de Daech, on fait ça pour tout ce que vous faites en Syrie et

en Irak. » La photographe pense alors que vivre, ça veut dire être actif. Je ne C’est donc de chez elle que Valérie*, à l’un de ses confrères et amis, tué voulais rien perdre de la scène pour en élève en classe de première, découvre justement en Syrie. « Mais je n’ai pas comprendre tous les rouages, et être l’ampleur du drame. « J’ai cru que paniqué. Je me suis allongée sous alors capable d’agir au mieux. » toute ma famille avait disparu. J’ai eu mon sac photo. » Stéphane, lui, se reL’espace de quelques minutes, trois secondes de vide total dans mon prend, s’agenouille l’avocat croit la fos- canapé, trois interminables secondes discrètement près se libre de tout ter- de blanc sans vouloir croire qu’ils « A chaque fois d’un poteau et obroriste. « Un couple n’étaient plus là. » Au même moment, serve. « Je voulais qu’ils trouvaient quelqu’un se trouvait devant son père s’est jeté à terre, et comprend voir leur tronche. moi. J’ai vu qu’ils immédiatement que cela ne pourra d’encore vivant, Etre capable de la p e n s a i e n t à l a suffire à le sauver. « Ils tiraient et buils l’achevaient » décrire à la police. » même chose. » La taient tout le monde, ne s’arrêtant que Grégory* C’est ce qu’a fait jeune fille et son pour recharger. A chaque fois qu’ils hier cet avocat de 48 ans, retraçant ami s’élancent. Une courte rafale cla- trouvaient quelqu’un d’encore vivant, minutieusement les dialogues des as- que, et la première s’effondre. « Son ils l’achevaient, comme ça », reprend saillants, « des mecs de 25-30 ans, gars s’est précipité sur elle. Il l’étrei- le père de famille, en décrivant une maghrébins avec une barbichette gnait, mais je crois que c’était fini », fois de plus le même geste, des larmes comme la mienne, pas du tout le look lâche Stéphane. Contre toute attente, dans les yeux, sa voix se brisant dans salafiste ». il fonce à son tour, dopé par l’adrénali- un sanglot. « Vous bombardez la Syrie, vous al- ne. « J’ai enjambé des corps. Mes ligaC’est alors Valérie qui parle pour lez comprendre », entend-il distincte- ments, qui avaient déjà craqué par le lui : « Mon papa a tout entendu et mon ment. « Ils disaient aux gens de ne pas passé, ont cédé. J’ai tenu bon, retrou- frère, lui, a tout vu. Je ne sais pas ce bouger, et les abattaient ensuite de vé la sortie. Je ne sais pas s’ils m’ont qui est le pire. » « Je me suis caché sous sang-froid. J’ai eu l’impression de fa- tiré dessus, mais je n’ai rien entendu. » un corps », témoigne le frère en quesnatiques surentraînés. » Rapidement, Il est 22 h 5. Les terroristes ne se tion, Frédéric*, parcouru par des spasdeux des trois assaillants montent à trouvent dans la salle de concert que mes d’angoisse. Stan, 28 ans, a lui ausl’étage. « J’ai pensé aux héros du Tha- depuis vingt minutes. A la porte prin- si plongé au sol. « A un moment, j’ai lys, se remémore Stéphane. Au fait cipale, Stéphane ne croise qu’« un îlo- fermé les yeux, revit le jeune homme. tier, tout seul, avec sa chasuble bleue, J’ai senti quelque chose de chaud qui et son flingue à la main ». L’avocat coulait sur mon visage. C’était le sang respire l’air extérieur comme au pre- d’un homme qui venait de s’écrouler mier jour, retrouve sa moto et… rentre sur moi après avoir pris une balle. Une chez lui. « Lorsque balle qu’il a prise à une réouverture en tant que salle de j’ai allumé la télé, « J’ai senti quelque chose ma place. » spectacle, elle est l’une des plus on parlait de qua- de chaud sur mon visage. Hanté par ce appréciées de la capitale grâce à sa rante morts. Mais je cauchemar, consC’était le sang d’un capacité d’accueil de taille moyenne savais déjà qu’il y cient qu’il a tutoyé homme qui venait de la mort, Stan tente (1 500 places), sa bonne qualité en avait et qu’il y en acoustique et son éclectisme. En aurait beaucoup s’écrouler sur moi après encore et encore de 2006, une restauration avait permis plus. » comavoir pris une balle. » comprendre à sa façade de retrouver ses couleurs A l’intérieur, le ment il a pu surviStan originelles. Arnaud Lagardère, dont le macabre décompte vre. « Je crois qu’ils groupe possède désormais les lieux, se poursuit inexorablement. L’index ont tiré des grenades. Je portais des s’y est rendu hier. Il en est sorti et le majeur pointés vers le bas, le pou- vêtements épais. Peut-être qu’ils ont secoué : « C’est l’horreur absolue, un ce relevé, Grégory*, 55 ans, n’en finit arrêté les éclats ? » s’interroge à haute champ de guerre. […] On ne m’a pas pas de mimer la scène. « Pan, pan, voix cet illustrateur. Comme beaupermis de tout voir parce que c’est pan », égrène le père de famille. Initia- coup d’autres masses silencieuses, vraiment encore plus horrible qu’on lement, il devait assister au concert mais vivantes, il aurait voulu pouvoir peut l’imaginer », a-t-il reconnu. avec sa fille et son fils, tous deux ado- se fondre dans le sol. Mais les sons se lescents. La lycéenne étant fatiguée ce sont chargés de le ramener à la réalité. MICHEL VALENTIN jour-là, c’est un copain du fils qui l’a « J’entendais les gens crier : Fais pas remplacée au pied levé. ça, s’il te plaît ! Une détonation réson-

Une salle historique plusieurs fois menacée

n

Construite en 1864, la salle du Bataclan se remettra-t-elle d’un tel carnage ? Jamais les lieux, situés au 50, boulevard Voltaire, n’avaient connu une telle tragédie, bien qu’ils aient fait, par le passé, l’objet de menaces. Cela avait été le cas notamment en 2007 et 2008, après l’accueil sur place de soirées de gala de la police aux frontières israéliennes, la Magav. Des conférences tenues ces dernières années par des organisations juives s’étaient aussi traduites par la réception de courriers anonymes au contenu haineux. Toutefois, la salle était surtout connue pour y accueillir de nombreux milibris_before_rename

concerts de musique, dans tous les styles. Le DJ électro français St Germain s’y est produit la veille de la tragédie. Le groupe de métal américain Deftones, dont les membres assistaient vendredi au concert des Eagles of Death Metal, devaient jouer trois soirs de suite d’hier à lundi. Une longue tradition musicale commencée à la fin du XIXe siècle avec au fil des décennies des revues, dont celle de Buffalo Bill, des opérettes, des stars comme Maurice Chevalier. De 1926 à 1969, le Bataclan avait cependant changé de vocation : cinéma, théâtre, puis à nouveau cinéma. Fermée jusqu’en 1983, avant

SPÉCIAL ATTENTATS

Le Parisien Dimanche 15 novembre 2015

DES EXÉCUTIONS MÉTHODIQUES 1

07

6 Le dernier terroriste se réfugie dans un local technique

à l’étage. A l’approche des policiers, il tire, tente de s’enfuir et est touché par un tir des forces de l’ordre. Au même moment, ses explosifs se déclenchent, peut-être sous l’efet des grenades assourdissantes lancées par pa la police. En tout, t, 89 personnes ont on été tuées.

21 h 40 Selon un témoin, un homme en costume est abattu devant la salle du Bataclan par trois assaillants qui entrent par l’entrée principale.

Balco n

2 sses i l u o C Sor t ie secdoe urs

3

sse) o f ( e l Sal

LP/Infographie - C. Têche.

L techocal niqu e

sa ge

4 3

2

WC hom mes

Bar

3 1

femWC mes

5

Am elo t

Les terroristes se positionnent devant le bar qui borde le fond de la salle et tirent sur la foule. Le groupe de rock, qui a déjà joué six morceaux, s’enfuit derrière la scène. Un vigile ouvre une sortie de secours au niveau des toilettes, permettant à 200 personnes de sortir.

Balcon

6

Sort ie secdoe urs 2

s Pa

2

e Scèn

3 Deux ou trois des hommes armés prennent l’escalier et montent au balcon. Les spectateurs sont regroupés dans la fosse, devant la scène. Un des assaillants se positionne sur la scène.

5

4 Un commissaire de police et son chaufeur arrivent dans la salle et abattent le terroriste sur la scène avant de ressortir du bâtiment.

l ta i o V vard oule

re

La police donne l’assaut, alors que les terroristes abattent méthodiquement les personnes présentes dans la salle. Les terroristes activent leurs ceintures d’explosifs.

nait, puis je n’entendais plus la voix genou, qui fait qu’il ne peut pas le par la police, 48 messages s’afficheront passer pour un jeune d’origine magd’avant… D’autres ont hurlé : Encu- plier complètement. Une fois, deux sur le téléphone. « Le pire, c’était l’at- hrébine. « Ils l’ont visé, puis se sont lés !, sans qu’on sache s’il s’agissait de fois, trois fois, ils ont tapé. Il n’a pas tente, et de ne pas savoir, lâche Valérie. repris, explique cette proche. Ils lui ont spectateurs ou des terroristes. » bougé. S’ils avaient essayé une qua- Vous imaginez, pour ma mère et moi, dit : Toi, t’es des nôtres !, et ils ont tiré Ces voix, Pascal les capte avec une trième fois, il m’a dit en pleurant qu’il ce que ça a été de se dire pendant si sur un autre jeune à ses côtés. » même acuité. Lui n’aurait pas résisté. longtemps que nos deux êtres les plus « On entendait distinctement les aussi a 48 ans. Lui Son genou ne se chers n’étaient plus de ce monde ? » pauses qu’ils faisaient, et le claque« Je me suis mis aussi est avocat, maintenait plus en Interminable, l’attente l’est encore ment lorsqu’ils changeaient de charcomme son pote en condition de terminer position, ça lui fai- plus à l’intérieur de ce Bataclan où geur », souligne Pascal. Jean-Baptiste Stéphane, qui, à ce sait trop mal. » Mais rarement « fosse » aura aussi sinistre- et un petit groupe de spectateurs proma vie là, comme ça. moment-là, a déjà Grégory a tenu le ment mérité son nom. « Ça canardait fitent de l’un de ces intervalles pour se J’ai pensé très fort à mes gagné la sortie. Paschoc. A moins de vraiment dans tous les sens », appuie précipiter vers une sortie annexe, donproches. » cal, lui, a fait le 50 cm de lui, son Jean-Baptiste, un spectateur dont la nant passage Amelot. Une fois dehors, Pascal choix de se figer voisin, lui, a bougé. place lui avait été offerte par son frè- ils s’engouffrent dans la porte d’un face contre terre. « Il a pris une balle r e p o u r s o n immeuble qu’un « Contrairement à beaucoup, j’ai im- en pleine tête, tremble Grégory. Je ne 22e anniversaire. couple a volontairemédiatement vu le gars sortir un fusil le connaissais même pas. » « Mon frè- « Il a hurlé lors- « Ils lui ont dit : Toi, t’es ment laissé ouverte. d’assaut. J’ai tout de suite compris re, lui, a aperçu un jeune homme qui qu’une balle l’a ef- des nôtres !, et ils ont tiré Pascal, lui, est touqu’il s’agissait d’un attentat. » Aussi rampait furtivement pour tenter de se fleuré, lui brûlant jours immobile, sur un autre jeune vite, Pascal saisit que le moindre fré- sauver, rappelle Valérie. Les tueurs le dos, raconte comme il le sera à ses côtés » missement se solde par une exécution l’ont vu. Ils l’ont achevé d’une balle Jean-Baptiste. Le resté plus de deux Une amie d’alexis*, rescapé immédiate. « Je me suis dit : c’est mon dans la nuque. » projectile a fini heures. Alors qu’il jour, je vais y passer, ou peut-être pas. Allongé, Frédéric reste silencieux. dans le ventre de ne sait pas encore J’ai une chance sur deux. Je me suis « Il avait son téléphone sur lui et la personne juste devant lui… » que le carnage touche à sa fin, l’avocat mis en condition de terminer ma vie n’avait qu’une peur, relève sa sœur : Les tueurs sont impitoyables. Ils ont entend un bruit de scotch lui laissant là, comme ça. J’ai pensé très fort à mes que quelqu’un l’appelle et que ces pourtant épargné Alexis*, un jeune penser que l’une de ses pires craintes proches. Je sentais mon portable qui monstres l’entendent. » Vers 4 heures majeur « typé », comme le décrit une est en train de se concrétiser : « J’étais vibrait dans ma poche au rythme des du matin, une fois exfiltré sain et sauf amie, dont la peau mate le fait souvent persuadé qu’ils disposaient des explonombreux SMS qui me parvenaient. » sifs pour tout faire sauter. » L’assaut Alentour, les blessés ne peuvent se est lancé, les survivants évacués. retenir de hurler. « Je savais que beauA peine ont-ils réchappé à ce precoup agonisaient », murmure Pascal. mier enfer qu’un autre va maintenant Un moment, la fusillade ralentit. s’ouvrir devant eux. Grégory est celui « C’est comme s’ils avaient fini une qui l’évoque le mieux. Incapable de se première étape, raconte Frédéric. souvenir comment il s’est retrouvé sur Alors, ils ont refait le tour de la salle, le trottoir, le père de famille tente de plus lentement cette fois, pour examipercer l’insondable mystère de ce ner chacun des corps. » Un jeune « miracle » qui lui a valu d’être encore homme, comme il l’a raconté hier à la en vie. Indemne physiquement, il est police, est mis en joue et… épargné. très loin de l’être psychiquement. « Ils m’ont dit : On a besoin de quel« Pourquoi, moi, je suis là ? Pourquoi qu’un ! » a-t-il témoigné sur procèsmoi et pas les autres ? » ressasse-t-il. verbal, n’ayant d’autre choix que de NICOLAS JACQUARD, NICOLAS MAVIEL répondre : « Je suis avec vous. » Le ET ÉRIC MICHEL, AVEC ÉRIC BUREAU garçon est alors mis à contribution ET CHARLES DE SAINT SAUVEUR pour bouger les corps, afin que les ter* Les prénoms ont été changés. roristes puissent distinguer les simulateurs, ou simplement les blessés. VIDÉO leparisien.fr Quand les tueurs arrivent à la hau« Ça pétaradait dans tous les sens » teur de Grégory, « ils l’ont frappé du « Les gens hurlaient, comme s’ils pied pour voir s’il vivait encore, récite Paris (XIe), vendredi soir. Blessés, en larmes, des survivants sortent d’un immeuble étaient torturés » sa fille, Valérie. Il a une prothèse du adjacent après l’assaut. (IP3/MaxPPP/Benjamin Girette.)

milibris_before_rename

B

0 h 30

ée Entr

Le groupe de rock sain et sauf

n

« Les musiciens sont sains et saufs. Nous avons réussi à les faire sortir, mais un membre de leur équipe est mort. Le groupe a annulé le reste de sa tournée européenne et rentre au pays. » La voix qui se brise, Salomon Hazot, patron de Nous Productions, qui organisait le concert des Eagles of Death Metal vendredi soir au Bataclan et leur tournée française, ne veut pas faire davantage de commentaires. Les musiciens américains ont réussi à fuir les tireurs. La femme du batteur, Julian Dorio, l’a confirmé au « Washington Post » : « Il m’a appelé pour me dire qu’il m’aimait et qu’il était en sécurité. Tous ceux qui étaient sur scène ont pu s’échapper. » Ce n’est pas le cas de leur ingénieur du son et de la personne qui vendait leurs teeshirts, tous deux tués. Les Eagles of Death Metal ont été créés en 1998 en Californie, par leur leadeur actuel, Jesse Hughes, aux convictions conservatrices affichées — dont le droit de porter une arme aux EtatsUnis —, et Josh Homme, aujourd’hui à la tête des très populaires Queens of the Stone Age. Contrairement à son nom, la formation ne donne pas dans le death métal, musique ultraviolente aux textes souvent morbides, mais propose plutôt un rock alternatif parfois pop, parfois hard. Leur patronyme vient en fait d’une plaisanterie de Jesse Hughes qui, à l’écoute de la musique d’un groupe polonais, trouvait qu’elle sonnait comme les Eagles essayant de jouer du death métal. Une image tellement insolite qu’il décida de l’utiliser pour nommer sa formation. M.V. AVEC E.B.

08

SPÉCIAL ATTENTATS

Le Parisien Dimanche 15 novembre 2015

Le Bataclan, Paris (XIe), vendredi soir. Les policiers de la BRI ont donné l’assaut sans trop s’attarder sur les négociations : « C’étaient des bombes humaines, de la chair à canon… » confie l’un d’eux. (Photos LP/Olivier Corsan.)

Ces policiers ont donné l’assaut DEPUIS LES ATTENTATS de qui ils ont affaire. « En matière de « Charlie Hebdo », en janvier, ils se terrorisme islamiste, cela fait un sont entraînés comme jamais, an qu’on est sur la brèche, rappelle s’adaptant aux nouvelles menaces l’un d’eux. On a accumulé de l’exterroristes, analysant les forces et périence, avec des formations les faiblesses d’un adversaire qu’ils spécifiques. » A mesure que misavent déterminé, pour être prêts nuit approche, la brigade se met chaque jour J. Mais pour la BRI, la en action. brigade de recherche et d’intervenDes premières tentatives de tion de la police parisienne, il y contact sont effectuées, en parallèle aura un avant et un après-vendredi de la préparation de l’assaut. « On 13 novembre. ne s’est pas trop attardés sur les Initialement, c’est au Stade de négociations, reconnaît un autre France que policier spécialil’« antigang », sé. Pour la bon« Nous avons fait une son surnom, a ne et simple raitoute petite erreur dans été engagé avantson que, contraila progression, qui s’est hier soir. Surrement à un vient alors l’an- payée cash avec un blessé » C o u l i b a l y nonce de fusilla(NDLR : le tueur Un homme de la brigade de recherche et d’intervention de la police parisienne des en plein Pad’Hyper Caris. Les fourgons cher), qui a tout blindés noirs sont déroutés en di- de même émis des revendications, rection du Bataclan, où un premier ceux-là n’avaient rien à négocier. dispositif a été mis en place par les C’étaient des bombes humaines, de hommes de la brigade anticrimina- la chair à canon… » lité (BAC) du XIe arrondissement. La brigade est scindée en deux Dès lors, la BRI prend le relais, et colonnes, face à l’entrée principases hommes savent parfaitement à le, quand d’autres hommes se pos-

tent en soutien à l’arrière et sur le côté du bâtiment. A l’intérieur, on entend distinctement des cris et les rafales d’armes automatiques. Les policiers avancent maintenant dans la salle, accueillis par le crépitement des kalachnikovs. Les boucliers renforcés, « ressortis complètement déchiquetés », attesteront de la violence des répliques. « Ils étaient parfaitement précis dans leurs tirs, note ce membre de la BRI engagé vendredi. Nous avons fait une toute petite erreur dans la progression, qui s’est payée cash avec un blessé, heureusement léger. » Pour le reste, « la seule chose que l’on peut craindre dans un assaut de ce type, c’est un lance-roquettes. Et là, nous savions qu’il n’y en avait pas… » Depuis l’attaque de l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes (XIIe), ces policiers spécialisés disposent de combinaisons anti-explosifs. Elles ont prouvé vendredi leur utilité. « On a retrouvé des morceaux des corps des terroristes

jusqu’au plafond… » Les éclaireurs Des blessés agonisent. Les memse ruent à l’étage. Le dernier mem- bres de la BRI portent les premiers bre du commando islamiste est secours. « Dans l’escalier, une jeune alors abattu (lire ci-dessous). Une fille hurlait qu’on la dégage, évotrentaine de spectateurs sont alors que Florian, un spectateur rescapé. retranchés dans une loge, parmi Instinctivement, un policier lui a lesquels Thierry, cadre commer- demandé qu’elle lui donne sa cial. « Lorsque les policiers sont ar- main. Mais elle avait eu le bras arrivés, on n’a pas osé sortir pendant raché… Ils lui ont fait un garrot sur vingt minutes. On son moignon. » leur hurlait : Prou« On est pourvez que vous êtes « On est pourtant blindés, tant blindés, dévemais là, ça n’avait rien loppe ce policier de la police ! » Lorsque le grou- à voir. C’était une scène habitué des prepe est finalement mières lignes, et de massacre. » évacué, c’est une qui avait participé avait participé à l’assaut à l’assaut d’Hyper vision d’horreur Un policier qui d’Hyper Cacher qui l’attend. Cacher. Mais là, ça « Derrière la porte, il y avait un n’avait rien à voir. C’était une scène terroriste, que j’ai dû enjamber, en de massacre. L’assaut a duré une jogging noir, recroquevillé. Il y poignée de minutes, mais nous somavait du sang partout », se souvient mes restés longtemps à l’intérieur Thierry. S’ils sont aguerris à tous les pour venir en aide aux survivants. types d’assaut, même les policiers C’était un choc comme on ne l’aurait sont choqués par ce qu’ils décou- pas imaginé. Certains d’entre nous vrent. « C’était un amas de corps étaient assez mal en sortant. » déchiquetés, criblés de balles, enARNAUD JOURNOIS, tassés partout, notamment dans les AVEC NICOLAS JACQUARD escaliers. » ET MICHEL VALENTIN

« Un terroriste voulait négocierpar téléphone » Un policier qui est intervenu au Bataclan, à Paris (XIe), vendredi soir

n

Quelques minutes après leur entrée dans les locaux du Bataclan (XIe), les policiers ont localisé un des terroristes dans un petit local technique situé au premier étage, côté gauche de la salle. La suite, c’est un des intervenants qui la raconte, sous le pseudonyme de Patrick. « Quand on est montés, il y avait des corps partout dans l’escalier. Un vrai carnage, je n’avais jamais vu ça de ma vie. A l’étage, où on entendait des cris, des chargeurs couplés avec du scotch et des dizaines de douilles jonchaient le sol. Et devant une loge milibris_before_rename

technique, un kalach abandonné. Là, on un piège à l’intérieur du local. » A travers la entend à travers la porte un homme qui crie : porte, le terroriste donne donc son numéro de Dégagez, j’ai de l’explosif, je mobile que les hommes vais tout faire sauter. On a transmettent à la hiérarchie. « Il a lâché une rafale alors tenté de discuter », Mais quelques instants plus raconte Thierry. tard, l’ordre d’intervenir à travers le battant Et là, scène surréaliste, le de la porte en criant : tombe. « On a fait venir le terroriste exige de parler à bouclier pare-balles à Tirez-vous ! » un patron. Pour cela il roulettes, et à peine avait-il Un des policiers qui a participé à l’assaut touché la porte de la loge donne son numéro de portable. « Il voulait que le terroriste a lâché une négocier, peut-être juste gagner du temps, rafale à travers le battant en criant : Tirezraconte Thierry. C’était comme s’il préparait vous ! » Les policiers lancent alors des

grenades offensives en direction du local où le retranché continue de tirer en rafales. Réussissant à accéder à un petit escalier étroit, l’homme veut redescendre. Il est poursuivi par les policiers qui continuent d’envoyer des grenades dans l’escalier jusqu’au moment où résonne une forte détonation. La ceinture d’explosif du terroriste s’est déclenchée. Peut-être sous l’effet du souffle des grenades, en tout cas sans faire d’autre victime que le terroriste lui-même. DANIEL ROSENWEG

SPÉCIAL ATTENTATS

Le Parisien Dimanche 15 novembre 2015

09

« Je suis si chanceux, si chanceux… » Mark, quinquagénaire londonien venu à Paris « pour voir [ses amis] et aller au concert » des Eagles of Death Metal SE RÉJOUIR parce que Mark est many », répète Mark dans un sourire vivant, s’effondrer parce qu’Elsa et désemparé, ses mains tremblantes lâsa mère sont mortes fauchées par chant sa perfusion mobile pour allules kalachnikovs, dans le chaos du mer une nouvelle cigarette. L’Anglais Bataclan. Devant la baie vitrée de devait rentrer à Londres aujourd’hui, l’Hôpital européen Georges-Pompi- mais, aujourd’hui, il doit être opéré. dou (HEGP), Marie oscille d’une « Tu sais, tu as besoin de ton épaule », émotion à l’autre, pleure et sourit, sourit son amie pour dédramatiser. fume cigarette sur cigarette. La jeuDevant l’entrée de l’hôpital, il y a ausne femme donne le change pour son si Arthur, 27 ans. Il n’est que désarroi. ami blessé, mais les rafales du Bata- Indemne dans son corps mais le cœur clan ont brisé le groupe de copains lacéré par ce qu’il a vécu. Arthur a mis fans des Eagles of Death Metal. une nuit pour se décider à venir aux « Ils sont trois ici, dont une amie urgences, poussé comme un automate qui est encore au bloc, raconte-t-elle par son amie et un copain en larmes. d’une voix blanche. L’horreur, c’est « Vous savez, sur le moment, on ne notre Elsa, qui était venue au concert comprend pas ce qui se passe, racontepour faire plaisir à son petit garçon, il t-il. On croit que c’est un pétard, deux adore le métal… Lui n’est pas blessé, pétards, parce que dans un tel endroit, mais il n’a plus de maman, plus de c’est inimaginable… Et tout à coup il y a grand-mère… » Marie aurait dû être des gens sur le sol, qui tombent ou qui au concert : le hasard a voulu qu’elle s’allongent, on ne sait pas vraiment, ait autre chose à faire. A son côté, mais on essaie de se protéger. » drapé dans un grand châle par-desSans vraiment comprendre, Arsus le trop fin pyjathur et son ami ma d’hôpital, Mark ont fait comme les « On s’est retrouvé se répète qu’il est autres. Ensuite il a sous des gens, « so lucky, so lucky compris. « J’étais as many » (« si deux rangs derrièsur des gens… chanceux »). Là, on pense qu’on va re la barrière et je Ce quinquagévoyais ces trois ou mourir asphyxié. » naire londonien quatre hommes Arthur, 27 ans, a réussi à se sauver était venu à Paris avec des fusils auindemne du Bataclan vendredi soir « pour voir [ses] tomatiques, alors amis et aller au concert », raconte-t-il on se dit que si on reste là on va d’une voix fébrile. Une balle dans le crever… Le seul moyen, c’est de saubras gauche, une autre dans son épau- ter la barrière. » Quitte à être touché le qu’il faudra opérer… Un moindre par une balle, Arthur a pris ce risque mal, quand le pire reste gravé dans la et s’est retrouvé « sous des gens, sur tête. « Lorsque des détonations ont re- des gens »… « Là, raconte-t-il, on tenti, comme presque tout le monde pense qu’on va mourir asphyxié. Et j’ai pensé à des pétards. Et puis, sou- puis au bout d’un moment, une éterdain, des gens tombaient, d’autres nité, ça s’est dégorgé et on est sortis. s’allongeaient. Moi, j’ai senti quelque On a couru, couru, couru, et pris le chose dans mon épaule. Je voyais les premier taxi croisé. » Arthur est renhommes qui tiraient depuis le milieu tré chez lui, il voulait juste quitter du balcon. » cet enfer, comme on quitte un cauLorsqu’il est sorti de cet enfer, chemar. ÉLODIE SOULIÉ « blessé oui, mais debout », Mark s’est réfugié dans un magasin proche avec VIDÉO leparisien.fr ses amis. « On y est restés environ deux heures, puis des médecins sont Kelly, rescapée du Bataclan : venus s’occuper de nous. So lucky as « On a tous prié »

Hôpital européen Georges-Pompidou (XVe), hier après-midi. Malgré deux balles dans le bras et une opération inévitable, Mark, sous perfusion et encore choqué, n’en revient pas d’être sorti de cet enfer debout. (LP/Élodie Soulié.)

Le chemin de croix des familles de disparus LES MORTS, LES BLESSÉS… et ceux dont on reste sans nouvelles. Hier, des dizaines de familles françaises et étrangères ont cherché à savoir si leurs proches, injoignables, étaient sains et saufs. Sur Twitter, des appels à témoins rassemblés sous le hashtag #RechercheParis ont circulé toute la journée, formant une immense chaîne de solidarité. Un numéro vert (0800. 40.60.05) et un site Internet (www.securite.interieur.gouv.fr/) ont aussi été mis en service par le gouvernement pour lever les doutes, quitte à devoir affronter une triste réalité. Georges a fait circuler la photo de sa fille, Lola, 28 ans, sur le réseau social dans les heures qui ont suivi la tragédie. « Sans nouvelles de ma fille Lola qui était au Bataclan. Numéro d’urgence injoignable », a-t-il écrit dans son premier message à l’adresse des internautes. « J’étais informé qu’elle allait à ce concert, mais, depuis le drame, elle ne décroche pas son téléphone », nous expliquait hier midi ce docteur parisien. Pour lui, comme pour d’au-

milibris_before_rename

tres, le numéro vert dédié était saturé. Le père inquiet a donc choisi de passer par Twitter et vu ses différents appels à témoins partagés plus de 15 000 fois.

Pour retrouver sa fille, Georges a rempli un formulaire de signalement sur le site Web mis en ligne par le ministère de l’Intérieur Georges ne s’est pas arrêté là. Avec l’aide d’autres proches, il a directement téléphoné à de nombreux commissariats et hôpitaux, mais aussi à l’Institut médico-légal de Paris, en vain. Il a également rempli un formulaire de signalement sur le site Web mis en ligne par le ministère de l’Intérieur. Un canal plus efficace. « Un officier de police judiciaire m’a rappelé quelques minutes plus tard, poursuit-il. Il m’a demandé la description physique de Lola, les vêtements qu’elle portait, ce genre de choses. Après

recherche, il m’a dit qu’à cet instant elle n’avait pas encore été localisée ou identifiée. Depuis, j’attends, mais je ne suis pas optimiste. » Ce site, comme le numéro vert, atterrit en bout de chaîne à la cellule de coordination des victimes, pilotée par le ministère de la Justice et installée au ministère des Affaires étrangères. Composée de psychologues, magistrats, et autres personnels spécialisés, elle permet de collecter les signalements, et d’effectuer des recoupements avec les équipes de police et de médecine légale sur le terrain. Un travail réalisé en partenariat avec les associations agréées par la chancellerie chargées de prendre contact avec les proches des victimes une fois celles-ci formellement localisées ou identifiées. En toute fin d’après-midi, la famille de Georges a reçu l’appel d’un membre de la Fédération nationale des victimes d’attentats et d’accidents collectifs (Fenvac) mettant définitivement fin à l’attente. Et à l’espoir. THIBAULT RAISSE

A la recherche du cousin Sami

n

Une quête acharnée. Depuis qu’il a appris les événements, à la fin du match de foot vendredi soir, Tarek a quitté Maisons-Alfort (Val-de-Marne) pour Paris avec son père Ahmed à la recherche de son cousin Sami, 43 ans, domicilié non loin du Bataclan. Leurs efforts ont fini par payer en fin de journée hier. Sami a enfin été localisé vers 19 heures, à l’hôpital Percy, à Clamart (Hauts-de-Seine) : « blessé grave mais pas mourant ». Dès qu’il a connaissance des événements vendredi soir, Tarek cherche à joindre Sami sur son portable, sans succès. « Ça sonnait dans le vide, jusqu’à 5 heures du matin. Depuis, je tombais directement sur son répondeur », confie-t-il, tandis que son père essayait aussi, encore et encore. Les deux hommes savent que Sami se trouvait au moment des fusillades avec deux amis dans un bar du quartier Oberkampf, où il habite. Deux des trois copains sont touchés. « Mais, dans le mouvement de foule, ils se sont perdus, rapporte Tarek. Ses amis ont été emmenés dans deux hôpitaux différents, on les a eus au téléphone, mais impossible de retrouver la trace de

Sami. » Alors Tarek arpente les rues avec son père, pendant que des proches font le tour des hôpitaux parisiens. « Le numéro d’urgence a fini par répondre, mais ils n’avaient pas d’infos et nous ont renvoyés vers la préfecture de police, qui n’avait rien à nous indiquer non plus. » Ahmed et son père tentent donc la mairie du XIe hier matin, où un recueil de témoignages de soutien a été ouvert. En vain. « Ce qu’on cherche, c’est à savoir s’il est encore en vie », s’inquiétait-il. En fin d’après-midi, il retente sa chance auprès du numéro vert. « Cette fois, je me suis fait passer pour son frère et j’ai enfin décroché des nouvelles : blessé grave mais pas mourant », glisse-t-il dans un soupir de soulagement mêlé d’amertume. « Pour avoir plus d’informations, c’est uniquement sur place et une seule personne, explique-t-il. Alors, comme je ne suis pas son frère, je n’essaie même pas. Sa femme, qui est en Tunisie, prend l’avion ce soir pour venir le voir. On est sa seule famille ici, je ne comprends pas qu’on nous laisse dans l’ignorance comme ça », déplore Tarek. AURÉLIE FOULON

10

SPÉCIAL ATTENTATS

Le Parisien Dimanche 15 novembre 2015

Toutes ces vies briséese Aurélie, 33 ans, attendait ce concert depuis des mois

Aurélie vouait une passion à la musique. Elle avait planifié quelques jours de vacances pour assister au concert, après avoir travaillé toute une saison dans la restauration. (DR.)

C’EST UNE DOULEUR qui relève « On a gardé espoir toute la nuit », plus… Je ne peux que parler au pasde l’indicible. Celle d’un père qui poursuit Jean-Marie de Peretti. La sé désormais, dit en pleurant Jeanpourtant, d’une voix douce et plei- terrible confirmation est finale- Marie de Peretti. C’est injuste, je ne peux pas m’habituer à ne plus la ne d’amour, tient à évoquer la mé- ment tombée vers 15 heures. Aux côtés de son père, Delphyne, voir. Le plus dur sera de retourner moire de sa fille Aurélie qui, à 33 ans, est morte, vendredi soir, la sœur aînée d’Aurélie, revenue chez nous, dans cette maison où dans l’attaque perpétrée au Bata- hier matin à la hâte de Londres, où nous l’avons vue grandir, de revoir clan. Les yeux remplis de larmes, elle vit, est sous le choc. « On vient sa chambre, son scooter, le vélo que d e m ’ a m p u t e r je lui avais offert… » Jean-Marie de PeAvec sa famille, Jean-Marie de d’une partie de retti parle d’une « jeune fille lumi- « On vient de m’amputer moi-même et je Peretti a ressenti l’impérieux bed’une partie ne parviens tou- soin de se rendre à l’une des celluneuse, qui aimait jours pas à réali- les d’écoute psychologique mises la vie et adorait la de moi-même » ser », lâche-t-elle. en place pour les familles de victimusique ». Une Delphyne, la sœur aînée d’Aurélie Très proches, les mes. « A l’institut médico-légal, j’ai passion qui l’avait amenée à planifier ces quelques deux sœurs, nées à 23 mois d’inter- eu l’impression d’avoir été face à jours de vacances à Paris avec son valle, ont grandi à Saint-Tropez, un guichet d’administration, sans amie Elodie — elle-même blessée maintenant des liens très forts mal- aucune écoute », regrette la tante dans l’attaque — autour de trois gré l’éloignement. « Je me souviens d’Aurélie. Le père de la jeune fille, concerts. Celui du Bataclan était le de nos bagarres, de ces moments qui a échangé avec des psychiatres, premier d’entre eux. « Aurélie nous que nous partagions dans la nature, assure y avoir trouvé une forme de réconfort. Mais ce parlait de ce concert depuis des au handball. Aun’est plus à luimois… C’était sa récompense après rélie aimait nager, une saison difficile, elle avait tra- monter à cheval, « C’est injuste, je ne peux même qu’il pense. pas m’habituer « Comment anvaillé six mois dans la restauration elle était curieuse noncer cela à ma à Saint-Tropez et se faisait une joie de tout ! Elle praà ne plus la voir » belle-mère, qui d’y assister. C’était sa récompense tiquait la guitare, Jean-Marie de Peretti, son père adorait sa petiteet ça lui a coûté la vie », livre-t-il le piano. Elle était d’une voix brisée, la main crispée très musique, avec des goûts éclec- fille ? Comment expliquer à nos nesur le montant de cette valise qu’il a tiques. Je m’étais même un peu veux que leur cousine ne reviendra fait à la hâte pour rejoindre la capi- moquée d’elle quand elle m’a dit pas ? interroge-t-il, désemparé. La tale, après une nuit d’angoisse. « On qu’elle allait voir ce groupe de mé- mort brutale est une chose, les rain’arrivait pas à joindre le numéro tal en concert… », avoue Delphyne. sons de cette mort en sont une auInfographiste de formation, Au- tre. L’homme est inhumain, dit la vert, ou alors on nous disait juste : On vous rappelle. Mais personne rélie « passait des heures à dessiner formule. Avec cette action terrorisn’a jamais rappelé ! », relate la tante au fusain, à peindre », reprend Del- te, elle prend aujourd’hui tout son d’Aurélie, qui a ressenti « un dou- phyne. « Elle adorait ce métier sens. » LOUISE COLCOMBET loureux sentiment d’impuissance ». qu’elle aurait aimé pouvoir exercer

Pierre, 40 ans, le restaurateur des stars SON RESTAURANT ITALIEN, Chez Livio, est une institution de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) qui attire les plus grandes stars. Pierre Innocenti, 40 ans, se faisait une telle joie d’assister au concert des Eagles of Death Metal qu’il avait posté sur Facebook une photo de la devanture du Bataclan quelques instants avec le début du spectacle. « Rock ! » avait-il simplement ajouté en commentaire de son cliché. « Son grand-père a fondé le restaurant, puis l’a confié à son fils, qui l’a à son tour confié à Pierre et à son frère Charles il y a environ quatre ans, raconte une intime. Charles gère la cuisine, et Pierre s’occupait de la partie commerciale. Tous deux travaillent avec passion et un profond respect de la tradition familiale. »

THIBAULT RAISSE milibris_before_rename

A Bobigny, derrière les grilles bleues du dépôt, les collègues de Thierry Ses collègues du dépôt du Hardouin arrivent petit à petit, la tribunal de grande instance de mine sombre. Aussitôt, ils ont voulu Bobigny (Seine-Saint-Denis) l’ont vu se retrouver dans ce lieu familier où quitter le bureau tiré à quatre Thierry Hardouin a passé toute sa épingles. Thierry Hardouin, souscarrière. « On se connaît depuis brigadier de 36 ans au dépôt de l’école de police. C’était un collègue et Bobigny, partait le cœur léger pour un très bon ami, reprend Jean-Luc passer la soirée à Paris. « Il allait Dubo. On garde tous de lui l’image fêter l’anniversaire d’un bon vivant, un de sa compagne », homme joyeux, « C’est un coup dur glisse au bord des serviable et très pour le service » larmes Jean-Luc professionnel. Dubo, collègue et Arnaud Leduc, secrétaire départemental Il mettait de la du syndicat Unité SGP Police-FO ami de Thierry. Le bonne humeur policier avait dans le service. » réservé une bonne table dans un Dans les rangs du syndicat Unité SGP restaurant du XIe arrondissement, la Police-FO, auquel appartenait Thierry Belle Equipe, rue de Charonne. Hardouin, Arnaud Leduc, le secrétaire Comme à l’accoutumée, il avait lâché départemental, qui l’a côtoyé de quelques blagues décapantes avant longues années, est sous le choc : de partir, « sa marque de fabrique ». « C’est un coup dur pour le service. Hier, à 11 heures, Jean-Luc Dubo a C’était un policier très estimé. » Le appris par un appel que Thierry sous-brigadier était affecté au dépôt Hardouin faisait partie des victimes depuis quinze ans — la souricière, des attentats parisiens. Ce père de dans le jargon des policiers. deux adolescents a été fauché, C’est dans cette zone comme dix-huit autres personnes, rue que les détenus transitent avant de Charonne (XIe). Sa compagne aussi leur comparution devant le tribunal est décédée dans la fusillade. « Hier ou une présentation devant un soir, on s’était tous inquiétés pour les magistrat. « Thierry avait affaire au collègues qui travaillaient dehors. On quotidien à des gens dangereux. On s’étaient envoyé des textos. Mais on savait qu’il fallait toujours rester sur n’avait pas pensé à Thierry parce qu’il le qui-vive », ajoute, accablé, un ne travaillait pas », poursuit Jean-Luc proche. Dubo. NATHALIE REVENU

Bobigny (Seine-Saint-Denis)

n

Un grand sportif Décrit comme un grand sportif fou de surf, Pierre avait réussi à donner un coup de jeune à l’établissement fondé en 1964 qui a compté parmi ses habitués Brigitte Bardot, Nicolas Sarkozy et, plus récemment, Zlatan Ibrahimovic. « Un garçon charmant, serviable, adorable. La famille est dévastée », poursuit cette même proche. Le restaurant a baissé son rideau hier et restera fermé le temps du deuil.

Thierry, 36 ans, policier, fauché rue de Charonne

Pierre Innocenti a repris l’établissement familial à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) il y a quatre ans avec son frère Charles. Le rideau restera baissé, le temps du deuil. (DR.)

SPÉCIAL ATTENTATS

Le Parisien Dimanche 15 novembre 2015

11

en quelques minutes Guillaume, 43 ans, la plume du rock

Halima était sortie faire la fête vendredi soir avec sa sœur Hodda, au café la Belle Equipe, rue de Charonne. Elle est tombée sous les balles des terroristes. (DR.)

Halima, 37 ans, laisse deux enfants derrière elle Le Creusot (Saône-et-Loire) De notre correspondant

reprend, dévasté. « Elle a été tuée avec tous ces innocents. Ceux qui ont fait ça ne peuvent pas se revendiCE VENDREDI SOIR, les deux quer de la religion. Dans la famille, sœurs étaient parties faire la fête à tout le monde travaille, on a toujours Paris. Halima, 37 ans, et Hodda, donné une belle image de l’intégra35 ans, se trouvaient au café-restau- tion. Et eux, les terroristes, ils foutent rant la Belle Equipe, rue de Charon- tout en l’air. » Son frère Abdallah a, lui aussi, des ne, à Paris. Avec un de leur frère, des amies et des copains, ils se sont re- mots très durs : « J’ai servi la France trouvés pour fêter un anniversaire. en Guyane. Aujourd’hui, après avoir Halima est tombée sous les balles travaillé à la chambre de commerce des terroristes, comme plusieurs de Paris, j’assure la promotion de amis. Tuée sur le coup. Elle avait trois marques françaises à l’étranger, deux enfants de 6 ans et 3 ans. Sa et notamment en Tunisie, d’où je sœur Hodda a semble-t-il été très suis rentré à 2 heures du matin. C’est terrible. En plus de grièvement blesma sœur, peut-être sée. « Mais on ne « Dans la famille, tout de mes deux sait pas où elle est e t r i e n n e d i t le monde travaille, on a sœurs, j’ai perdu qu’elle est entre la toujours donné une belle six amis… » Redouvie et la mort », image de l’intégration » tant le regard des autres, il rappelle confiait, hier en fin Bechir, le frère d’Hamila qu’il ne faut pas de journée, une de faire d’amalgame : ses grandes sœurs. « Je suis arrivé au Creusot en 1970, « Ces jihadistes ne représentent pas j’ai travaillé dans le bâtiment », la religion musulmane. » Les deux frères, comme les autres confie Khalifa Saadi, originaire de Tunisie. Ce père meurtri se tient au membres de la communauté musulpied de son immeuble, avec deux de mane du Creusot, ne veulent pas ses fils. Des amis viennent témoigner payer pour « les fous de Dieu ». Abde leur amitié et de leur compassion. dallah met en avant les valeurs transBechir, manageur de rayon dans la mises par son papa : le travail, l’efgrande distribution, a du mal à fort… « Je ne veux pas que l’on m’ascontenir sa colère : « Il faut être dur socie à ces gens-là », dit encore le avec tous ces gens-là. Il faut les chas- frère d’Halima. Venue voir la famille, ser du pays. Il faut dégager tous ceux Nasria embraye : « Il faut que tout ça qui sont fichés ! Ma sœur, comme cesse. Nous, les musulmans intégrés, tous les membres de la famille, était on en a ras le bol des mélanges et des parfaitement intégrée. » Le frère de amalgames… » ALAIN BOLLERY la victime marque un silence, puis

milibris_before_rename

Diplômé de l’Ecole supérieure de journalisme de Lille en 1999, Guillaume B. Decherf collaborait avec plusieurs rédactions. (DR.) DANS LES CONCERTS franciliens, on croisait souvent ses cheveux longs, ses boucles d’oreille et sa bonne humeur. Et toujours avec plaisir. La dernière fois, c’était le 14 octobre à la Boule noire. Nous avions passé le concert du groupe Last Train ensemble, nous avions discuté du prochain Hellfest et du nouvel album des Eagles of Death Metal. Il était vendredi soir au Bataclan pour assister à leur concert. Notre confrère Guillaume B. Decherf, 43 ans, était l’un des meilleurs et plus adorables journalistes musicaux, adepte du rock, hard rock et du métal, mais sans œillères ni préjugés. Il pouvait aussi

bien vous raconter en détail l’histoire d’AC/DC que chanter un tube de Céline Dion.

Eclectisme culturel Sa copine Flo se souvient en larmes des soirées « blindtest » musicales qu’il gagnait toujours. Olivier, attaché de presse, pleure « un passionné ». « Gamin, il écrivait déjà sur Iron Maiden, son groupe préféré, dans un fanzine et, devenu professionnel, il ne se limitait pas à la promotion des artistes mais partait les voir dans les festivals étrangers. On devait se retrouver dimanche au concert de Motörhead. Il allait faire un papier dans les Inrocks. »

Son parcours atteste de son éclectisme culturel depuis l’Ecole supérieure de journalisme de Lille, où il a étudié de 1997 à 1999. Depuis 2008, ce journaliste free-lance originaire de Morsang-sur-Orge (Essonne) avait mis sa plume au service des magazines « les Inrockuptibles » et « Rolling Stone », du quotidien « Métro » et du mensuel « Géo ado », pour la musique comme pour la BD. Il avait aussi été pigiste pour « Libération » de 1998 à 2003, rédacteur en chef de « Hard Rock Mag » en 2005 et 2006, avait écrit une biographie sur Indochine en 2010… Il avait deux filles, dont il nous parlait aussi avec passion. ÉRIC BUREAU

Valentin, 26 ans, l’avocat plein d’avenir n

Valentin Ribet était avocat au barreau de Paris depuis l’an dernier. Ce tout jeune homme, âgé de 26 ans, avait rejoint le cabinet Hogan Lovells, un cabinet d’avocats d’affaires réputé de la capitale. Il était vendredi soir au Bataclan. « C’était un avocat brillantissime qui avait l’avenir devant lui, souffle l’un de ses confrères, très affecté par sa disparition. On le croisait souvent au palais de justice, il était passionné par la justice pénale. Il était très ouvert, très marrant. Il ne fallait pas se fier à son physique de jeune premier car, avec sa voix grave, il en imposait. C’est une perte terrible. » Un autre confrère souligne ce trait de caractère : « Le plus inouï, c’est qu’il

aurait certainement défendu les auteurs des attentats dans un procès. » Valentin Ribet avait obtenu de nombreux diplômes en droit à la Sorbonne. Il avait également poursuivi ses études à la prestigieuse London School of Economics (Londres, Grande-Bretagne), où il avait obtenu son certificat en droit des affaires l’an dernier. « Nos cœurs sont remplis de tristesse », a fait savoir l’université britannique hier dans un communiqué. Selon un de ses confrères, qui s’exprime sur Twitter, sa compagne pourrait avoir été grièvement blessée lors de l’assaut de la salle de spectacle. TIMOTHÉE BOUTRY

Valentin venait d’intégrer un prestigieux cabinet d’avocats parisien. (DR.)

12

SPÉCIAL ATTENTATS

Le Parisien Dimanche 15 novembre 2015

«Et puis le mec suspect s’est décalé et ça a sauté…» Bley Mokono a vu un kamikaze se faire sauter au Stade de France

Hôpital de Pontoise (Val-d’Oise), hier. Bley Mokono a été hospitalisé une journée avant de pouvoir revenir chez lui. (DR.)

Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), vendredi soir. Des experts scientifiques passent au peigne fin les lieux de l’attentat peu après l’explosion. (AFP/Franck Fife.)

LA VOIX EST LASSE. Au lendemain de l’attentat, Bley Mokono est encore aux urgences de l’hôpital de Pontoise (Val-d’Oise) avec son fils de 13 ans. Vendredi soir, il était au plus près de la tragédie survenue au Stade de France, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). « On est arrivés à 20 h 55, la première bombe a explosé à 21 h 17 », lâche-t-il d’une voix blanche. A ce moment-là, père et fils se trouvent à la brasserie en face de la porte D. « On prenait un sandwich merguez avant d’aller au match. On est allés aux toilettes, un homme en est sorti au même moment. On s’est frôlés de l’épaule en se croisant. Je l’ai remarqué parce qu’il transpirait. Il a dû me prendre pour un vigile. » Bley Mokono décrit un « Maghrébin, 1,70 m, les cheveux bruns, presque noirs, le visage très fin, dans les 25-30 ans, en jean délavé ».

« On s’est frôlés de l’épaule. Je l’ai remarqué parce qu’il transpirait.» Bley Mokono

Le père de famille n’a « pas vu les explosifs avec ses vêtements larges et son manteau trois quarts ». En sortant de la brasserie, il croise « le deuxième, en arrivant au stand des sandwichs ». « Lui était un peu plus grand, avec un sac à dos. Il évitait mon regard, je me suis dit que leur attitude était un peu suspecte à ces deux-là, j’ai fait la remarque au mec de la brasserie en pensant à un braquage ou un règlement de comptes. Il m’a dit : Il y a toujours des gens bizarres ici. Et puis le mec suspect s’est décalé et ça a sauté. » Le souffle est puissant, il n’entend milibris_before_rename

Saint-Denis, vendredi soir. Le match France - Allemagne s’est déroulé jusqu’à son terme pour éviter tout mouvemement de panique. (LP/Arnaud Journois.) plus de l’oreille gauche. Son ami, avec lequel il discutait face à lui, n’entend plus du côté droit. Suivant les ordres des policiers, ils partent dans deux directions opposées et ne pourront pas se rejoindre mais restent en contact régulier par téléphone. « Je suis allé prendre par la main une jeune dame, poursuit Bley Mokono, elle avait les chairs de l’avant-bras du terroriste dans les cheveux et l’os sur l’épaule, décrit celui-ci. Puis je l’ai portée pour l’amener aux policiers. Et là, il y a eu la deuxième explosion. Je

suis retourné vers les toilettes d’où mon fils n’était pas encore revenu. Il n’y était pas. J’ai cherché ses vêtements dans les débris de chair, mais aucune trace. Je l’appelais, je criais. » L’homme de 40 ans à l’imposante carrure s’est alors « senti tellement impuissant ». Un policier lui dit enfin qu’un enfant avait été évacué par l’arrière. « J’y suis allé et c’était lui. Je voulais faire ma déposition avant d’oublier quoi que ce que soit, alors j’ai confié mon fils à des gens qui habitent la rue, pour le mettre à l’abri chez eux en atten-

dant. » Une heure plus tard, « vers minuit et demi », le père retrouve enfin son fils. Là, ils sont pris en charge par les secours. « Ils m’ont proposé d’aller à l’hôpital mais, avec l’adrénaline, je ne le sentais pas. » Ils préfèrent être en famille, « aller chez [eux] dans le Val-d’Oise, plutôt qu’à Paris ». « Les policiers et les secours ont été super, on a été vus par les médecins et j’attends maintenant le scanner, mais ça va. Mon fils a des hématomes et un traumatisme au rachis cervical. Mais, surtout, il a

vu les chairs. » Hier soir, avant de regagner leur domicile après vingtquatre heures de calvaire, ils devaient être débriefés en présence d’une psychologue. « Je crois que c’est important pour le petit », souffle le papa. AURÉLIE FOULON

VIDÉO

leparisien.fr

Attentat dans une brasserie près du Stade de France  Diaporama : des explosions en plein match

SPÉCIAL ATTENTATS

Le Parisien Dimanche 15 novembre 2015

13

Vigipirate renforcé au maximum PORTÉ À SON NIVEAU maximum depuis les attaques de janvier, le plan Vigipirate n’a jamais été réévalué à la baisse depuis. Dès vendredi soir néanmoins, deux cent trente gendarmes et plus de cinq compagnies de CRS sont venus prêter main-forte aux forces de l’ordre de la préfecture de police, de même que deux sections du GIGN prêtes à intervenir. Enfin, d’ici à mardi, 3 000 militaires supplémentaires vont venir s’ajouter aux sept mille toujours mobilisés depuis janvier.

« Quasiment tous les policiers et gendarmes du pays sont mobilisés » Un haut fonctionnaire

Depuis dix mois, trente mille policiers et gendarmes surveillent cinq mille sites répartis dans le pays. Et tous les services de police de la capitale et de la petite couronne renforcent l’ensemble. Au niveau alerte attentat, et particulièrement depuis les massacres de vendredi, « quasiment tous les policiers de sécurité publique et gendarmes du pays sont mobilisés », précise un haut fonctionnaire.« Le principe de Vigipirate, c’est de faire de la sécurité l’affaire de tous, reprend ce haut fonctionnaire. Pas seulement celle des forces de l’ordre. Les entreprises, les centres commerciaux, la SNCF, la RATP, les salles de spectacle reçoivent des instructions de leurs ministères pour que soit accru le nombre d’agents de sécurité et

Paris, quartier de l’Opéra (IXe), hier matin. Au lendemain des attentats, des militaires patrouillent dans ce quarter touristique. (LP/Olivier Corsan.) que soient renforcés les contrôles comme l’ouverture des sacs. » Créé en 1995 alors qu’une série d’attentats à la bombe a frappé Paris, Vigipirate a été entièrement revu et simplifié, il y a deux ans, par le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale

(SGDSN) et ramené à deux niveaux : vigilance et alerte attentat. Sa philosophie générale est d’assouplir sa mise en œuvre tout en favorisant la transparence de sorte que « l’ensemble de la société ait conscience de la menace et soit plus vigilante ».

« Certains stades sont des passoires » Un dirigeant d’un club de Ligue 1 de football

n

Comme l’ont prouvé les attentats aux abords du Stade de France, les enceintes sportives font aujourd’hui partie des cibles potentielles des terroristes. Mais quid de l’efficacité des mesures de sécurité mises en œuvre dans et à l’entrée des salles de sports et des stades ? « Disons que nous sommes partis de rien, il y a quelques années, pour arriver à quelque chose de relativement performant. Mais pour avoir une sécurité efficace, il faut y mettre le prix », commente Bernard Pasqualini, ancien commissaire aujourd’hui consultant en sécurité pour les clubs de foot. Le prix, cela signifie des mesures de palpation efficaces avec des personnels de sécurité formés, fiables et bien rémunérés. Tous les clubs n’ont pas les moyens nécessaires ou ne font pas l’effort d’investir. « Certains stades sont des passoires », constate le dirigeant d’un club réputé de Ligue 1.

Installer des portiques comme dans les aéroports ? Et ce n’est pas propre au ballon rond. Malgré des mesures drastiques, le responsable de la sécurité du dernier Euro de basket en France, en septembre, avoue, lui aussi, des failles dans le système. milibris_before_rename

Tous les clubs n’ont pas les moyens nécessaires de se payer un personnel de sécurité formé, fiable et bien rémunéré. (LP/Marc Menou.) « A Montpellier, on a laissé passer 14 drapeaux anti-israéliens. Cela aurait pu être autre chose mais on ne peut pas fouiller dans les culottes », constate Carlos Lobato. « Tout est réalisable, même faire rentrer une arme, ajoute un de ses homologues du football. On observe la faillite du renseignement policier qui permettrait d’agir en amont et de dissuader ce type d’actions. Dès lors, les organisateurs de manifestations sportives privés sont totalement démunis. » Il existe pourtant des solutions, comme celle d’installer des portiques

de détection des métaux à l’image de ceux qui existent dans les aéroports. « Un gros investissement, mais cela réduirait les risques, observe Pasqualini. Le problème, c’est que les gens arrivent souvent au dernier moment, donc il faudrait faire évoluer les habitudes. » Un autre garde-fou consiste à mettre en place un périmètre de sécurité autour du stade, afin d’effectuer des fouilles sur les spectateurs bien avant les portes d’accès. Cette disposition sera notamment mise en œuvre lors du prochain Euro de football en France. FRÉDÉRIC GOUAILLARD (AVEC J.L.)

Toutefois, la mobilisation générale ne suffit pas face à des hommes capables de tirer en rafale sur des clients attablés aux terrasses de cafés et restaurants ou des kamikazes se faisant sauter en pleine rue. Si un site sensible peut être protégé, « c’est très difficile en ce qui

concerne les espaces ouverts », reprend ce haut fonctionnaire. En clair, Vigipirate ne suffit pas à protéger les Champs-Elysées, les marchés, le parvis de Notre-Dame ou le Trocadéro, qui demeurent des cibles accessibles aux terroristes. VALÉRIE MAHAUT

Contrôles accrus pour les salles de spectacles « REDOUBLER de vigilance. » Tel- autour du Zénith », précise-t-il. le est la consigne donnée hier par la Dans la grande majorité des salles préfecture de police aux responsa- petites et moyennes, en revanche, bles des salles de spectacle. La poli- le public n’est accueilli que par des ce impose désormais un contrôle ouvreurs et des caissiers. Seuls des sacs des spectateurs. Hier, les quelques rares théâtres prennent rares théâtres à ouvrir leurs portes l’initiative de se doter de vigiles. mettaient donc déjà en place ces C’est le cas du Théâtre de Paris, où, instructions : à la Grande Comédie depuis septembre, un ou deux offi(Paris IXe) et à la Comédie Républi- ciers de sécurité « surveillent ». Face que (Paris IIIe), le public était ainsi à la question du renforcement de la fouillé par un vigile. En temps ordi- sécurité, les patrons de salles sont d’ailleurs divisés. naire, les proprié« Les mesures taires des salles de Face à la question de sécurité serspectacle sont resdu renforcement vent à tranquilliponsables de la séde la sécurité, les ser les spectateurs curité de leur public sans qu’aucun propriétaires sont divisés mais sont inutiles, soupire Hazis dispositif spécifiVardar, propriétaire du Palace. On que ne leur soit imposé. Les grandes salles ont des procé- ne pourra jamais rien contre des dés élaborés. Le Stade de France fait types armés de kalachnikovs. » Propriétaire du Théâtre de Paris, passer son public par des tourniquets, avant de le soumettre systé- Richard Caillat estime à l’inverse matiquement à un examen des sacs que les organisateurs de spectacles et à une fouille par palpation. Le « n’ont plus le choix » : « Si on veut Zénith de Paris, lui, est doté de deux pouvoir continuer à accueillir des sas d’entrée, de grillages et d’un centaines de personnes, on devra double contrôle. Et, suite aux atten- mettre en place des procédures de tats, le directeur de la salle, Daniel sécurisation et d’évacuation. Il ne Colling, a déjà prévu de renforcer faut pas réagir à chaud, mais il y les fouilles, d’augmenter le nombre aura un avant et un après les attend’agents de sécurité et de mettre en tats du 13 novembre. » place un système de files d’attente CATHERINE BALLE avant les guichets. « Des maîtres ET ÉRIC BUREAU chiens seront aussi disséminés tout

14

SPÉCIAL ATTENTATS

Paris, le 7 février. Patrick Pelloux affirme que ce qu’il a constaté est «un carnage de guerre». (SIPA/Erez Lichtfeld.)

Le Parisien Dimanche 15 novembre 2015

«Nousnoussommesbattus poursauverleplus demondepossible» Patrick Pelloux, médecin urgentiste au Samu de Paris EXTRÊMEMENT MARQUÉ par les attentats du 7 janvier contre le journal « Charlie Hebdo » auquel il collaborait depuis douze ans, le médecin urgentiste, en permanence sous protection policière, vient de publier un livre d’hommage aux victimes des attentats de janvier intitulé « Toujours là, toujours prêt ». Vendredi soir, Patrick Pelloux s’est notamment occupé de la régulation des blessés vers les services d’urgence des hôpitaux parisiens. Avez-vous participé aux opérations de secours vendredi ?

PATRICK PELLOUX. Oui, je me suis notamment occupé au Samu de Paris des opérations de régulation des secours chargés de répartir les blessés dans les services d’urgence. Nous nous sommes battus toute la nuit avec les équipes du Samu et des pompiers pour sauver le plus de monde possible et la mobilisation des hôpitaux a été incroyable. Chirurgiens, réanimateurs, infirmières, tous les effectifs sont spontanément revenus à partir de 22 heures et tous les blocs opératoires ont été rou-

verts. Nous avons même mobilisé des collègues d’autres Samu qui sont venus à Paris en hélicoptère depuis Dijon (Côte-d’Or), Rouen (Seine-Maritime), Lille (Nord) et Nantes (LoireAtlantique).

« On doit tous être le plus solide possible et il ne faut pas avoir peur ni changer nos habitudes » Quels types de blessures avez-vous dû soigner ?

Même si j’ai préparé leur arrivée, je n’ai pas voulu voir directement les victimes, car cela me rappelait trop d’horreurs. Mais c’est un carnage de guerre, causé par des armes lourdes de type kalachnikov, qui provoquent des lésions par balles très graves. C’est à la fois insensé et épouvantable. Je sais que certaines familles sont toujours sans nouvelles de leurs proches, mais l’urgence étant de transférer au plus vite les victimes au bloc opératoire pour les sauver, nous n’avons parfois pas pu vérifier toutes les identités. Dix mois après les attentats de janvier, vous attendiez-vous

à une nouvelle attaque terroriste ?

Tout le monde s’y attendait et nous y étions préparés. Le hasard veut que le matin même nous ayons organisé, au Samu de Paris, un exercice sur les attentats multisites. Comment vous sentez-vous à titre personnel ?

Peu importe mon cas personnel. Le seul message que je veux envoyer aux Français est que l’on doit tous être le plus solide possible et qu’il ne faut pas avoir peur ni changer nos habitudes. Le peuple français ne peut pas avoir peur. Au contraire, il faut se battre contre de pareilles horreurs. Dans les écoles et les collèges, il va falloir expliquer aux jeunes que ces terroristes sont des nazis. Qu’attendez-vous du gouvernement ?

Il faut une réplique à la hauteur des attaques que nous avons subies. Ouvrons les yeux, ils ont voulu tuer le président de la République et détruire la France. Aujourd’hui, ces ennemis, on les connaît. Ils s’appellent Daech. Notre réponse doit être proportionnée et il faut les neutraliser. Propos recueillis par FRÉDÉRIC MOUCHON

Hôpitaux : les médecins ont accouru de toute part BRANCARDIERS, aides-soignants, infirmiers, anesthésistes, médecins et chirurgiens. Toute la nuit, ils ont accueilli, secouru, opéré, géré l’afflux massif de blessés. La tête dans le guidon jusqu’au matin qui les a laissés hébétés, ou comme cette infirmière soudain en larmes au volant de sa voiture. « Quand on reçoit une cinquantaine de blessés, en l’espace d’une heure, dont la moitié dans un état très grave, on ne pense pas. On agit. On philosophe après… » souffle le professeur Philippe Juvin, chef du service des urgences de l’Hôpital européen Georges-Pompidou (HEGP AP-HP). Dans les hôpitaux d’Ile-de-France, la mobilisation a été maximale très tôt vendredi soir et, comme le soulignent les autorités sanitaires, « exemplaire ». A 22 h 30, face à la violence et la multiplicité des attaques, le plan blanc était déclenché en région parisienne et les services d’urgences des régions limitrophes (jusqu’à Chartres, dans l’Eure-et-Loir) mis en alerte. Son but : renforcer mais surtout coordonner les secours et les services de santé. Cinq établissements parisiens de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (Lariboisière, Bichat, Beaujon, la Pitié-Salpêtrière et Pompidou) ont été classés « trauma center », ces sites où sont adressés les polytraumatisés et les blessés jugés en urgence absolue, pour la plupart conduits au bloc opératoire ou en réanimation.

« A un moment, la moitié du personnel venu en renfort dans le service n’était pas de l’hôpital» Philippe Juvin, chef des urgences de l’Hôpital européen Georges-Pompidou (Paris XVe)

Dans chaque hôpital, hier, on témoignait aussi bien d’un sentiment de « jamais-vu » que d’une parfaite maîtrise de la situation. A la PitiéSalpêtrière — où quatre blocs opératoires sur les quinze de cet immense hôpital ont travaillé toute la nuit —, le patron des urgences souligne la solidarité de tous les personnels. A Pompidou, son homologue, Philippe Juvin, raconte aussi milibris_before_rename

Paris (XIIe), hier. L’hôpital Saint-Antoine a été mobilisé comme tous les établissements d’Ile-de-France et des régions limitrophes. (AFP/Francois Guillot.) comment la solidarité a permis de tenir. « En arrivant à 23 h 30, j’avais lancé un appel aux médecins du XVe, les plus proches, et sur Twitter. Mais sans attendre, le téléphone carillonnait de médecins — y compris un couple de Lorient en vacances à Paris — ou d’internes qui se proposaient de venir aider. Je crois qu’à un moment, la moitié du personnel venu en renfort dans le service n’était pas de l’hôpital. » Le bilan dressé hier après-midi par l’AP-HP

fait été de 300 personnes qui avaient ainsi pu être soignées, dont 80 en situation d’urgence absolue, 177 considérées en état d’urgence relative. Quarante-trois autres — témoins ou proches de victimes — ont aussi été prises en charge au cours de la nuit de vendredi à samedi. Au total, 53 personnes ont pu regagner leur domicile dans la journée, hier, tandis que s’organise l’après-attentat : la mise en place de cellules psychologiques à l’hôpital de Saint-Denis (Sei-

ne-Saint-Denis) et à l’école militaire sous l’égide du service de santé des armées. Le plan blanc reste en vigueur. Si besoin, des opérations non vitales qui avaient été programmées la semaine prochaine seront reportées. Inutile d’assaillir le standard des hôpitaux par des appels téléphoniques : les patients concernés, si cela s’avérait nécessaire, en seront prévenus, indique l’AP-HP. CLAUDINE PROUST

SPÉCIAL ATTENTATS

Le Parisien Dimanche 15 novembre 2015

15

La ruée vers les centres de don du sang À GAUCHE de la rue Bichat (Pa- d’être donneuse il y a plusieurs anris Xe), des dizaines de passants se nées, mais la jeune femme s’était massent devant le Carillon et le Petit évanouie dès qu’on l’avait piquée. Cambodge. A droite de la même rue, Dans la file d’attente de la rue Bichat, une autre immense file n’en finit pas elle était pourtant bien déterminée à de se former. Ironie du sort, l’Etablis- — cette fois — réussir. « J’ai vu les sement français appels à se mobidu sang (EFS), où liser après les at« Je ne voyais pas de nombreuses tentats. En fait, je d’autre moyen d’être utile » personnes sont ne voyais pas Pauline, qui effectue son premier don venues donner le d’autre moyen leur après les attentats meurtriers, d’être utile. C’est ce qui peut le plus est situé pile en face des brasseries aider à mon niveau », dit-elle, d’auoù quinze personnes ont été abattues tant plus émue qu’il lui était arrivé vendredi soir. « Cette proximité don- de fréquenter le Petit Cambodge, elle ne forcément une émotion encore plus particulière », confirme Pauline, 24 ans. Comme elle, partout en Ile-deFrance, des centaines d’habitants mais aussi de touristes se sont déplacés pour donner spontanément leur sang. A tel point que de nombreux points de collecte ont été débordés par l’ampleur de l’affluence. Hier, dès le milieu de journée, l’Amicale du don du sang assurait que, grâce à cette formidable mobilisation, les sites de collecte avaient fait le plein. Pauline, ingénieur, avait déjà tenté

qui habite à proximité. Devant elle, certains patientent depuis deux heures. Avec douceur et diplomatie, deux membres du personnel ont tenté de les faire revenir un autre jour. En vain. Une d’entre elles essaie de les convaincre : « Je vous remercie beaucoup pour votre solidarité, mais nous avons déjà beaucoup de sang aujourd’hui. Si vous revenez lundi, mardi ou un autre jour, cela permettrait une meilleure répartition. » Car le problème est que le sang ne se garde que quarante-deux jours et les plaquettes seulement cinq jours.

glots dans la voix. « Vendredi, je ne pensais qu’à faire revenir à la maison ma fille qui était de sortie dans Paris. J’étais dans une visée égoïste. Aujourd’hui, je veux penser aux autres, à toutes ces victimes. » Hier soir, l’EFS appelait les personnes à poursuivre les dons « dans les semaines, les mois qui viennent ».

« On a déjà des montagnes de poches de sang. Un samedi qui, sur un point fixe comme celui-ci, attire quinze donneurs est déjà considéré comme bon. Là, nous avons déjà plusieurs centaines de volontaires, c’est un record historique », explique un membre de l’EFS. Cette situation était à l’identique dans la plupart des points de collecte. Jean-Yves hésite mais ne se résout pas à rebrousser chemin : « Je vais quand même le donner », tranche-til. Lui aussi tient à apporter sa « contribution », dit-il avec des san-

FLORENCE MÉRÉO

VIDÉO

leparisien.fr

À la Pitié-Salpêtrière, ils viennent donner leur sang

milibris_before_rename

Paris (Xe), hier. Des volontaires se sont pressés en nombre pour faire un don à l’ESF, l’Etablissement français du sang (ci-dessus). Des membres du personnel sont allés au-devant d’eux (à gauche). Une même affluence a eu lieu en province, comme ici dans le Nord, à Lille (à droite).

« On proposait aux passants de se réfugier chez nous » Sébastien, témoin de la fusillade rue de la Fontaine-au-Roi (Paris XIe) LES TRAITS TIRÉS, un petit dus pour voir ce qui se passait et groupe de jeunes se dit au revoir, apporter notre aide », raconte Séhier au petit matin, en bas d’un im- bastien, 20 ans, marqué par les imameuble quai de Valmy (Paris Xe). La ges de « corps sans vie par terre » et fusillade qui a fait cinq morts, rue de « mares de sang ». La bande de la Fontaine-au-Roi, a eu lieu la d’amis finit par rebrousser chemin veille à quelques mètres de là. « On pour se mettre à l’abri dans son hall a passé la nuit d’immeuble. ici », confie Char« On n’a même pas pris « On proposait à lotte, 20 ans. tous les passants leur numéro » Quand les de se réfugier Charlotte, 20 ans, qui a hébergé coups de feu reavec nous, raplusieurs personnes dans son appartement tentissent, vers conte Sébastien. 21 h 30, la bande d’amis fait la fête Un couple qui sortait d’un théâtre dans l’appartement. « On s’est pré- dans une rue perpendiculaire nous cipités au balcon et on a vu des a rejoints, puis trois Danoises et un dizaines de gens courir, paniqués », monsieur. » Dans un élan de solidadécrit la jeune fille. « On est descen- rité, tout le monde monte dans l’ap-

(LP/Ariane Riou.)

(LP/Olivier Corsan.)

n

Le profil d’une Marianne en larmes et la photographie d’une banderole géante dans les gradins d’un stade de football de Grenoble avec ces mots « Nous sommes tous unis ». Sur les réseaux sociaux, des dizaines de milliers de personnes témoignaient hier de leur solidarité à l’égard des victimes des attentats. Sur Twitter, les mots-clés #jesuisparis, #jedonnepourparis se sont rapidement trouvés en tête des hashtags les plus partagés, tout comme #peaceforparis avec son dessin déjà incontournable : la tour Eiffel dans un cercle noir, à la place du logo de Peace and Love. Réalisé par un artiste nantais Jean Jullien, il a été partagé des milliers de fois. Dans l’après-midi, le réseau social mondial avait par ailleurs recensé près de 7 millions de mentions du mot-clé #prayforparis. Facebook a de son côté invité ses utilisateurs à voiler la photo de leur profil du drapeau tricolore à l’image de la une de notre journal. Et par SMS, de nombreux anonymes incitaient hier soir à « déposer une bougie à sa fenêtre afin de montrer que la solidarité française est bien plus forte que la violence ». Dans un message posté sur Twitter, Marie résumait dans une formule un état d’esprit que beaucoup hier partageaient sur la Toile : « Ma France à moi, elle pleure, elle a peur, mais ma France à moi est solidaire, elle se bat et elle vaincra. » F.M.

(PhotoPQR/« la Voix du Nord »/Edouard Bride.)

(DR.)

Sur Facebook, hier soir, de nombreux utilisateurs avaient voilé leur photo de profil avec les couleurs nationales.

(LP/Olivier Corsan.)

La grande solidarité des réseaux sociaux

Paris (Xe), hier. Les cinq amis faisaient la fête vendredi soir. Ils ont hébergé six personnes qui ont échappé à l’attentat. partement pour y passer la nuit. Comme cette petite bande de jeunes, les internautes se sont mobili-

sés pour abriter les personnes bloquées par l’arrêt de certaines lignes de métro. Sur Twitter, le hashtag #Portes ouvertes a circulé plus d’un million de fois dans la soirée, selon le réseau social. Dans l’appartement quai de Valmy, les jeunes, « choqués » par ce qu’ils découvrent à la télévision, se serrent dans le salon, improvisant un canapé de fortune avec un matelas. Au compte-gouttes, les compères d’un soir rentrent chez eux. « On n’a même pas pris leur numéro! » réalise Charlotte. Pas de numéro, mais une « nuit d’horreur » qui les liera probablement à vie. ARIANE RIOU

16

SPÉCIAL ATTENTATS

Le Parisien Dimanche 15 novembre 2015

Paris, entre silence et Dans une capitale désertée, les Parisiens sont sonnés. Leur seule arme contre l’innommable : des bougies. LE VOILE DE LA NUIT tombe à peine sur Paris que des bougies, signes de fraternité, apparaissent sur les rebords de quelques fenêtres. Sur la populaire place de Clichy (XVIIIe), une banderole a été déployée sur l’immense statue centrale. « Les lumières ne s’éteindront jamais », peut-on y lire à côté du drapeau tricolore dessiné. Comme hypnotisés, les passants jeunes et moins jeunes s’arrêtent pour la photographier avec leur smartphone. Dans le XIe arrondissement, devant les désormais tristement célèbres café et restaurant le Carillon et le Petit Cambodge, ils sont nombreux à déposer des roses blanches. Ces deux lieux, parmi tous ceux des tueries, paraissent immobiles. Cependant, lorsque les équipes de nettoyage de la Ville de Paris viennent effacer les dernières traces de sang au sol, le rideau pourpre du Carillon bouge légèrement de l’intérieur. Un employé regarde la scène avant de le refermer aussitôt. Des riverains portent une main à leurs yeux pour réprimer les larmes.

« Mais c’est où Nation ? Je sais plus où j’habite ! » Une femme dans le métro

C’est pourtant l’un des rares mouvements qui s’opèrent en cette fin d’après-midi dans la capitale. L’état d’urgence, qui y a été décrété la veille au soir après la vague d’attentats, a laissé la ville osciller entre endormissement et hébétement. D’une rue à l’autre, le même silence angoissant règne en maître. Les affiches de « Seul sur Mars », « Spectre » ou « Lolo » clignotent sur les façades des cinémas mais, sur les portes, un

papier manuscrit indique que les salles n’ouvriront pas. Dans les métros, les sièges sont vides. Les têtes restent baissées, comme si l’indignation ou la fatigue avaient remplacé les regards complices qui s’échangeaient encore le matin même. « Je n’ai même plus la force de faire un sourire amical », ne cache pas ce jeune homme sur la ligne 9. « Mais c’est par où Nation ? » demande cette femme pile devant le panneau… Nation. « Je sais plus où j’habite », répond-elle, les yeux écarquillés, quand on lui pointe du doigt l’indication.

« Tout est désert, tous les monuments sont fermés » Julio, un chauffeur de taxi

Quant aux magasins, y compris ceux qui avaient ouvert hier matin, ils ont tous (ou presque) leurs rideaux fermés. Même les cafés sont déserts. Sur les marchés, les commerçants ont dû remballer à l’aube leurs tréteaux. Leur tenue a été interdite par la préfecture. « Je suis venu du Lot-et-Garonne pour rien, mais c’est bien dérisoire par rapport à ce qui s’est passé ici », explique Patrick, volailler, qui essaie de faire bonne figure . Julio, 58 ans, attend depuis de longues minutes dans son taxi stationné près de la Madeleine qu’un client ouvre la portière. « Tout est désert, tous les monuments sont fermés, alors je n’ai plus aucun client », note-t-il. Julio n’est pas un petit nouveau dans la profession, mais cette fois il craque : « Je suis inquiet. Qu’est-ce qui se passera le jour où j’attendrai un client devant un grand magasin et qu’une bombe explo-

Paris (XIe), hier. Les Parisiens émus déposent des bougies et des fleurs devant la Belle Equipe, où au moins 19 personnes ont trouvé la mort. (AFP/Lionel Bonaventure.) sera ? Qui dit que moi aussi je ne prendrai pas une balle dans la tête ? » interroge-t-il. Derrière son comptoir, un kiosquier de la rue Tronchet (VIIIe) a l’air meurtri. Jeudi, 43 personnes ont été tuées dans un attentat perpétré (et revendiqué par le groupe

Etat islamique) à Beyrouth, la capitale de son Liban natal. Le lendemain, c’est sa terre d’adoption qui a été frappée en son sein. « Je ne vois même pas ce que je peux dire, murmure-t-il, à part triste, immensément triste. » FLORENCE MÉRÉO

n VOIX EXPRESS

Propos recueillis par ANNE COLLIN

(LP/Aurélie Lebelle.)

Est-ce que les attentats vont changer votre manière de vivre ?

Adrien Valentin

Anne Colin

25 ans, assistante de régie Paris (XVIIIe)

41 ans, magasinier Lyon (69)

27 ans, pharmacienne Paris (VIe)

72 ans, retraité Gruissan (11)

« Non. On est tous sous le choc, mais il faut continuer à vivre malgré l’horreur. Aujourd’hui, j’ai tenu à sortir et même à venir comme d’habitude sur les Champs-Elysées. Evidemment, je pense à ce qu’il s’est passé, et on sent une certaine crainte. Dans le RER, par exemple, les gens paraissent apeurés. Chacun se dit que cela aurait pu être lui. En tout cas, c’est ce que, moi, je me dis. »

« Pas vraiment, mais il est vrai que j’ai déjà changé mes plans de sortie pour ce samedi soir. J’avais prévu d’aller boire un verre à Saint-Germain avec mon frère et, finalement, nous allons rester à la maison alors qu’il n’est là que pour le week-end. Mais aujourd’hui j’ai quand même voulu sortir et me balader dans Paris. Lundi, il faudra bien retourner au travail. On est bien obligé d’apprendre à vivre avec. »

« Non. Tous ces événements tragiques, c’est affreux mais il faut que la vie continue. Avoir peur, changer nos habitudes, c’est céder face à ces lâches. Il ne faut surtout pas leur donner ce qu’ils veulent. Je tiens absolument à continuer à sortir dans la rue, à voir mes amis en terrasse, à me promener en ville. Mais il est vrai qu’aujourd’hui l’ambiance est pesante. Les gens sont méfiants. »

« Oui, malheureusement. Comme je suis originaire de Toulon, je me demande si je ne vais pas retourner dans le Sud. Ma famille s’inquiète et le souhaite. C’est d’autant plus angoissant que les attaques ont eu lieu dans des quartiers que je connais bien. Je n’y reviendrai pas tout de suite. Ce soir, je devais aller dans le XIe, finalement, je sortirai avec mes amis rive gauche, par prudence. »

« Non, hors de question, sinon ils ont gagné. Je suis d’ailleurs tout étonné de voir que les rues sont presque vides ce samedi après-midi. J’ai choisi de sortir me promener aujourd’hui avec ma petite-fille. Notre question principale à ce moment précis, c’est : où allonsnous manger ce soir ? Il faut profiter, surtout. Par contre, nous avions prévu d’aller aux puces et au marché mais c’est fermé. »

26 ans, étudiant Puteaux (92)

milibris_before_rename

Medjahed Hocine

Carole Nardin

Georges Girardet

n LE MOT

Etat d’urgence D’après une loi datant de 1955 adoptée pour faire face aux attentats en Algérie, l’état d’urgence peut être déclaré par décret en Conseil des ministres sur tout ou partie du territoire national « en cas de péril imminent résultant d’atteintes graves à l’ordre public ». Cette mesure avait été utilisée en 1958 et 1961 en Algérie après le putsch des généraux puis décrétée en Nouvelle-Calédonie en 1984. Elle avait aussi été instaurée par le Premier ministre Dominique de Villepin en Ile-de-France le 7 novembre 2005 pendant la vague d’émeutes qui avait démarré à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). La circulation des personnes ou des véhicules peut dans ce cas être interdite. Si des opérations de couvre-feu sont possibles, le ministère de l’Intérieur peut aussi prononcer l’assignation à résidence de toute personne résidant dans une zone déterminée, ordonner la fermeture provisoire des salles de spectacle, débits de boissons et lieux de réunion de toute nature. F.M.

VIDÉO

leparisien.fr

Recueillement à Paris : « Montrer qu’on est forts et encore debout »

Le Parisien Dimanche 15 novembre 2015

SPÉCIAL ATTENTATS

17

émotion « Je devais être là » Un voisin du Bataclan DES FLEURS qui s’amoncellent, un parterre de bougies, quelques dessins posés sur le bitume et deux messages accrochés à la barrière juste Paris (XIe), hier. Ce quinquagénaire, qui vit à côté du Bataclan, rend hommage derrière… « Vive la France », indique aux victimes. (LP/Benoît Hasse.) sobrement le premier. « Les voleurs de vie, les Français les combattent. naire qui n’a pas de mots pour expli- bars en courant. D’autres qui se caSachez-le, terroristes ! » proclame le quer sa tristesse. chaient derrière les voitures. Nous second. Hier, toute la journée, PariDans la foule autour de lui, un jeu- sommes restés tétanisés sur le trotsiens et touristes se sont succédé sur ne homme sanglote, les yeux rivés toir. Sur le coup, on n’a rien comle boulevard Richard-Lenoir (XIe), sur les bouquets au sol. Etudiant pris… et vingt-quatre heures après on aux abords du Bataclan, pour rendre dans une école d’audiovisuel, il a ap- ne réalise toujours pas », conclut-il hommage aux victimes. pris en milieu de journée qu’un de alors qu’une Anglaise entre pour lui Malgré l’interdiction de manifes- ses profs figure parmi les victimes du acheter une fleur « à déposer sur le ter décrétée par la préfecture de poli- Bataclan. « On va organiser un hom- trottoir ». ce, l’attroupement mage à sa mémoire Un autre rassemblement s’est forqui s’est formé à l’andans notre école, mé sur la place de la République, Des bougies gle du boulevard et Mais il fallait symbole de la lutte contre le terrorisaux fenêtres en guise lundi. de la rue Oberkampf, que je vienne sur me depuis les attentats de janvier et d’hommage derrière le périmètre les lieux dès au- la mobilisation « post-Charlie ». Aude sécurité, grossit sans cesse. Et des jourd’hui », lâche le jeune homme tour de la statue, où des inscriptions à passants franchissent le cordon de dans un souffle tandis que le défilé la mémoire des victimes de cette presécurité pour aller apporter leur des anonymes venus apporter des mière vague d’attaques dans la capicontribution au mausolée improvisé fleurs se poursuit. tale sont encore présentes, une grosse sur le trottoir. Une petite fille lâche « Regardez, je n’ai presque plus de centaine de personnes se recueillent brièvement la main de son père pour roses en rayon. Depuis ce matin, ça dans une certaine confusion. Les podéposer une rose. Elle est suivie par n’arrête pas », explique Christian Mo- liciers, nombreux sur la place, esun homme qui allume une bougie, rel, qui tient une boutique de fleurs à sayent vainement de disperser les s’agenouille puis se recueille quel- moins de 50 m du Bataclan. « On groupes trop importants. Hier soir, ques secondes, la tête dans les avait fermé, mais on était encore de- les Parisiens étaient invités à mettre mains. « J’habite à côté. Je passe tous vant le magasin quand les détona- des bougies à leurs fenêtres pour renles jours devant le Bataclan. Je de- tions ont retenti, explique-t-il. Nous dre hommage aux victimes dans des vais être là », explique ce quinquagé- avons vu des gens qui sortaient des conditions plus sûres. BENOÎT HASSE

DE NOMBREUX RASSEMBLEMENTS D’HOMMAGE DEPUIS HIER Halluin

« On échange des sourires et c’est bon »

Le Tréport

Antoine, venu sur la place de la République à Lille Lille (Nord) De notre correspondante

groupuscule d’extrême droite, se volatilisent. Des jeunes entonnent alors « la Marseillaise », reprise par les pasUN PETIT MILLIER de personnes sants, qui les applaudissent. La tense sont rassemblées, hier à 15 heures, sion retombe. Au milieu de la place, sur la place de la République à Lille Julien, Jordan et Thibaut se sont (Nord). L’appel avait été lancé dans drapés de drapeaux bleu-blanc-roula matinée, via les réseaux sociaux, ge : « Parce qu’on est fiers de nos par la Ligue des droits de l’homme couleurs, disent-ils. C’est la première (LDH), mais la mairie de Lille avait fois qu’on se met le drapeau français déconseillé de s’y rendre. « Nous sur le dos, c’est notre façon de dire avons eu l’autorisation de nous ras- qu’on est plus forts et que la solidarisembler un quart d’heure seulement, té vaincra. » Puis les militants de la explique Georges Voix, délégué ré- LDH demandent aux petits groupes de quitter la place. gional de la LDH. Chacun répond Mais c’est déjà ça. Les gens ont be- « On a choisi des slogans par un sourire, mais la foule a du soin d’être ensem- enfantins pour dire que ble, de se serrer les la solidarité, c’est simple » mal à partir. Antoine garde à bout coudes. » Antia, 18 ans, tient une pancarte sur laquel- de bras sa pancarte « Même pas le elle a griffonné « Vous ne nous mal », sa fille Lucile arbore : « Même faites pas peur » : « J’ai la nausée, pas peur » : « On a choisi des slogans souffle-t-elle. J’avais besoin de dire enfantins pour dire que la solidarité, que je rejette ces crimes. Même si c’est tout simple, qu’il faut rester nous ne sommes pas très nombreux, unis. Depuis cette nuit, j’étais dans on n’aurait été que cinq, je serais ve- un véritable état de sidération et ce matin je me suis dit qu’il n’était pas nue quand même. » Tout à coup, des cris fusent : une question de rester prostré chez moi, poignée d’énergumènes, fumigènes ça leur ferait trop plaisir. Même si on à la main, hurlent des slogans isla- ne parle pas, on échange des sourires mophobes. Immédiatement, un cor- et c’est bon. » Petit à petit, la place se don de CRS, invisible jusqu’alors, fait vide, tandis que quelques personnes irruption. La bousculade ne dure que restent recueillies devant des dizaiquelques secondes. Les individus, nes de roses blanches et de bougies HÉLÈNE HANNON identifiés comme des membres d’un posées sur le sol.

milibris_before_rename

Roncq Tourcoing Lille

Dunkerque Saint-Omer

Saint-Quentin

Deauville Caen Brest

Avranches Le Mans

Orléans

Laval Tours

Vannes Lorient

Nantes

Metz

Epernay

Neuillysur-Seine

Saint-Lô

Quimper Concarneau

Aujourd’hui ou demain

Douai

Arras

Cherbourg

Hier

Paris Aujourd’hui à 18 h 30 messe à Notre-Dame

Besançon Bourges Auxerre Chalonsur-Saône Moulins

Loches Poitiers Châteauroux Niort St-Etienne La Rochelle

Sigolsheim Montbéliard Morteau Pontarlier

Lyon Grenoble

Le Puyen-Velay Périgueux

Biarritz Bayonne Anglet St-Jean-de-Luz EN IMAGES

Valence Cavaillon

Avignon Toulouse Carcassonne

Nice

Hyères

Martigues

Cannes

Aubagne

leparisien.fr

Des hommages partout en France

LP/Infographie.

18

SPÉCIAL ATTENTATS

Le Parisien Dimanche 15 novembre 2015

Partout en France,n

Des Champs-Elysées désertés Champs-Elysées, Paris (VIIIe), hier. « Etat d’urgence, boutique fermée », pouvait-on lire sur la vitrine du magasin Orange. Presque toutes les grandes enseignes en avaient fait autant. (LP/Aurélie Lebelle.) IL FALLAIT BIEN venir quelque presque toutes fait autant. Lancel, part. Occuper le temps, combler un Montblanc, Cartier ou encore Louis vide, faire un pied de nez à ces mu- Vuitton sont en deuil. « Circulez, y a sées fermés. Alors, un peu hébétés, rien à voir », semblent d’ailleurs dire parfois avec un brin d’anxiété, les les panneaux accrochés aux devantouristes sont venus déambuler sur tures. Même le Fouquet’s a dit stop. les Champs-Ely« On a décidé sées, à Paris (VIIIe). d’être solidaires, « C’est un acte Le « passage obligé glisse Mika, un des des vacances », la de résistance de venir ici agents de sécurité « promenade idéadu prestigieux resaujourd’hui » le » du week-end. Alain et Malaya, un couple de banlieusards taurant. On va voir Mais, hier aprèssi on ouvre le resmidi, la plus belle avenue du monde taurant ce soir. Mais rien n’est sûr… » a baissé le rideau. « Etat d’urgence, Les touristes comprennent. Il flotboutique fermée », pouvait-on lire te ici un parfum de recueillement. sur la vitrine du magasin Orange. Le Mais aussi, et surtout, l’envie d’aller ton est donné : au lendemain des de l’avant. De sortir la tête haute, attentats, le spectacle est annulé sur coûte que coûte. De profiter des quelles Champs-Elysées. Le long de l’ave- ques boutiques et restaurants ounue, les grandes enseignes en ont verts. De montrer au monde entier

que Paris a, certes, été martyrisé, mais qu’il ne s’éteint pas pour autant. « C’est un acte de résistance de venir ici aujourd’hui ! », lancent Alain et Malaya, un couple de banlieusards. Plus loin, un groupe de jeunes Niçois regrette d’ailleurs que « la boutique Nike soit fermée ». « Si on n’ouvre plus les magasins, ils ont gagné et nous, on est foutus ! » lance Nicolas avec amertume. Cassy est d’accord. Pour cette touriste newyorkaise, qui a tout de même patienté jusqu’à 14 heures, « au cas où », avant de quitter son hôtel, « il faut rester vigilant mais on ne doit pas renoncer à vivre ». Certes. Le mot d’ordre est général. Alors on donne le change : sourires envoyés au smartphone, balade romantique main dans la main, café en terrasse. Mais

Bahri n’est pas dupe. Cela fait un bail qu’il sert les clients de la Pizza Vesuvio. Et, malgré la fermeture de nombreux commerces, sa terrasse n’est pas pleine. Et tout est bien trop silencieux, selon lui, pour être normal. « Il n’y a personne sur l’avenue aujourd’hui, ça fait peur, glisse-t-il. D’habitude, c’est noir de monde. Là, il n’y a que des touristes un peu perdus et des flics qui tournent. » Cinq camions de CRS sont en effet alignés près de l’arc de Triomphe, des policiers à scooter font des allées et venues et des équipes mobiles circulent à pied. Ça rassure les passants : ceux qui jaugent les gros sacs des uns, observent le visage des autres. « Tout le monde se regarde, c’est clair, reconnaissent Paula et Marina, deux sœurs italiennes croisées de-

vant le Lido. On essaie de ne pas y penser, mais on sent que tout le monde est suspicieux. » Malgré tout, la présence policière rassure les badauds comme Jay, un Américain qui espère que le dispositif sera « désormais suffisant ». Sourire de façade, pointe d’inquiétude dans le regard. Car le trottoir s’est figé. Les passants se sont tus. Tous scrutent avec angoisse le groupe de CRS, armés jusqu’aux dents, qui entoure avec précaution une camionnette mal garée. Fouille assidue de la voiture et du conducteur. Puis soudain… fausse alerte. Tout va bien. Rien à craindre. On souffle, on reprend sa route, on se sent un peu bête. « La vie continue, répète Jay pour se rassurer. La vie continue ! » AURÉLIE LEBELLE

Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis)

LES TROTTOIRS des puces de l’avenue Michelet à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) étaient déserts, hier matin, comme si on était un jour de semaine : un bon tiers des 200 puciers de l’artère avaient baissé le rideau de fer. « C’est une marque de solidarité avec les familles des victimes et de respect pour tous ces morts. C’est un geste humain », explique Fayçal Bennouioua, pucier depuis quinze ans. Tôt le matin, un représentant de la mairie leur avait conseillé de rester fermés par mesure de sécurité. « On n’a pas le cœur à travailler, de toute façon », avoue Fayçal, pour qui « tous les commerçants devraient le faire ». En haut de l’avenue, pourtant, la plupart des échoppes avaient déballé. Labidi guette le chaland. « Chez moi, ça se passe comme ça, explique ce jeune vendeur d’origine tunisienne. Pour combattre le terrorisme, on a choisi de vivre normalement. » Entre les partisans de l’ouverture et les promilibris_before_rename

fermeture, il existe une troisième catégorie. Devant sa boutique de sportswear, Ahmed presse un client de régler : « Jean-Paul vient de Reims, s’excuse-t-il presque. On lui donne deux paires et on ferme. » Un plus loin, des commerçants soulèvent rapidement le rideau, pressés par de rares visiteurs. « Evidemment, nous sommes touchés, maisnous avons un loyer et des charges. Nous avons fermé jusqu’à 11 heures », justifie ce commerçant. Derrière ses Ray-Ban fumées, Mourad soupire. Il a baissé le rideau, et se dit préoccupé par autre chose. « Nous travaillons tous ensemble ici, juifs, Arabes et Français. Nous voulons vivre en paix avec nos familles. » Après ces attentats, ces commerçants, pour la plupart d’origine maghrébine, redoutent les amalgames. « J’espère que les terroristes ne seront pas des Arabes, confie Karim. Car les gens vont automatiquement dire que tout ça, c’est à cause des musulmans. » NATHALIE REVENU

(LP/Nathalie Revenu)

Aux puces, « on n’a pas le cœur à travailler »

Puces de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), hier. Fayçal et Nacer ont gardé leur boutique fermée en hommage aux victimes.

SPÉCIAL ATTENTATS

Le Parisien Dimanche 15 novembre 2015

19

la vie tourne au ralenti A Marseille aussi, une armada de policiers Marseille (Bouches-du-Rhône) De notre correspondant

HIER, MARSEILLE s’est réveillé sous le choc et en état d’urgence. Les Marseillais ayant de la famille ou des amis dans la capitale ont fait crépiter les téléphones portables ou les réseaux sociaux. « J’ai un camarade de fac qui a été blessé au Bataclan, il a pris une balle dans la jambe, mais tout va bien », raconte Pierre, un informaticien de 45 ans. « Pour l’instant, il est hospitalisé et injoignable, c’est un ami qui m’a prévenu. Il a dû vivre l’horreur ! » « J’ai eu très peur parce que mon fils habite dans le Xe arrondissement, mais heureusement il était rentré à Marseille pour le week-end, raconte Najet. C’est un ami qui m’a alertée vendredi vers 23 heures, j’ai regardé la télévision et Facebook jusqu’à 3 heures du matin… Je n’arrêtais pas de pleurer. » « C’est une catastrophe, on ne pouvait pas faire pire pour faire monter le FN », se désole Hassan, commerçant du quartier populaire de Noailles, près de la Canebière.

« Je pense à toutes les victimes, mais aussi aux conséquences politiques de ces attentats. » « Malheureusement, avec toutes ces armes qui circulent, ça peut arriver même ici, renchérit un client. Les kalachnikovs, on sait bien qu’il y en a à Marseille. »

Rues quasiment vides Preuve de cet état de stupeur, les rues du centre étaient quasi désertes, hier, en dépit d’un samedi ensoleillé. « Il n’y a que quelques touristes, les Marseillais ne sont pas sortis », confirme un vendeur du centre commercial les Terrasses du port, à la Joliette. Quant aux 12 000 croisiéristes attendus ce week-end, ils avaient reçu l’ordre des compagnies maritime de rester à bord. Partout, la sécurité a été dopée. Le centre commercial de la Joliette a recruté des vigiles supplémentaires pour contrôler les sacs des clients. Mille deux cents policiers et gendarmes sont par ailleurs mobilisés dans les Bouches-du-Rhône, et les contrôles aux frontières sur les ports de Marseille-Fos et l’aéroport de Marseille

Marseille (Bouches-du-Rhône), hier. Seuls quelques touristes étaient dehors et les passagers des bateaux de croisière avaient été consignés à bord. (PhotoPQR/«la Provence »/Valérie Vrel.) ont été renforcés. En revanche, à quelques exceptions près, les manifestations sportives ou culturelles ont été maintenues. Comme ail-

leurs, les élus locaux ont assuré la ville de Paris et les victimes de leur solidarité en mettant les drapeaux en berne et ont suspendu la campa-

gne des élections régionales. Les Marseillais, eux, ont pris d’assaut les centres de dons du sang. MARC LERAS

A Lyon, l’incertitude plane sur la Fête des lumières Lyon (Rhône) De notre correspondante

A LYON, hier matin, le préfet a réuni d’urgence les maires du département, les parlementaires, les responsables des services de sécurité, le procureur et les responsables des grandes salles de spectacle afin de mettre concrètement en place l’état d’urgence. Première décision : annulation des manifestations sportives et festives pendant les trois jours de deuil national. « Quand la France est en deuil, on ne fait pas la fête », a résumé le préfet Michel Delpuech à la sortie de cette réunion. Hier, soir un concert de musique électro a d’emblée été annulé, comme tous

Mosquée, Lunel (Hérault), hier. Le lieu de culte était quasi désert et son président a fermement condamné les événements de Paris. (Topsudnews.)

Lunel (Hérault) De notre correspondant

n

A l’arrière de la mosquée de Lunel (Hérault), quasiment déserte, trois musulmans sont attablés. Ils se disent en état de choc au lendemain du bain de sang de Paris. Ils fréquentent assidûment cette mosquée très controversée depuis qu’une vingtaine de jeunes sont partis d’ici pour faire la guerre en Syrie. Pour beaucoup, désormais, Lunel, 25 000 habitants, est la « ville du jihad ». Les trois hommes disent ne rien avoir de commun avec les assassins de Paris. « Nous sommes comme vous, sidérés. Ces gens-là ne défendent pas notre religion », affirme Sofiane, qui regrette d’être stigmatisé à cause de son look de barbu. « On ne peut même plus sortir dans la rue, renchérit Rachid, un Franco-Marocain qui se considère parfaitement intégré. Je devais aller au supermarché avec ma femme. J’annule tout. Je rentre chez moi »,

milibris_before_rename

conclut celui qui rappelle : « Dans le Coran, il est écrit en toutes lettres qu’on ne doit pas tuer les innocents. » Hier à Lunel, tandis que les musulmans se faisaient discrets, tout fonctionnait au ralenti. Le marché aux puces, peu fréquenté, était déserté par les candidats aux régionales, Front national compris. « Nous devons continuer à vivre comme avant », réagissait pour sa part Claude Arnaud, maire DVD, qui a organisé normalement l’accueil des nouveaux arrivants après une minute de silence à la mémoire des victimes. Seul Philippe Moissonnier, élu socialiste à l’écoute de la communauté musulmane, a publiquement réagi. « Tous ceux qui se refusent à dénoncer les salafistes et/ou cautionnent les menaces sont complices des assassins », a-t-il écrit dans un tweet. Hier soir, le nouveau président de la mosquée, Benaissa Abdelkaoui, a fermement condamné les événements de Paris. CLAUDE MASSONNET

Le couvre-feu n’est pas exclu Aéroports, gares, partout, la présence policière était très forte hier. Et le préfet se réserve le droit de décréter le couvre-feu si la situation l’exige. « Je n’exclus pas de le faire dans des circonstances particulières, comme des manifestations de joie faisant al-

légeance au terrorisme, a-t-il prévenu. En effet, si la nuit de vendredi à samedi est restée calme dans l’agglomération, les maires de certaines communes sont inquiets pour les nuits à venir. Au-delà se pose désormais la question de la tenue de la Fête des lumières, qui doit rassembler 4 millions de visiteurs à Lyon du 5 au 8 décembre. Le maire, Gérard Collomb, et le préfet se donnent encore quelques jours pour trancher. Hier à midi, le glas de la cathédrale Saint-Jean a résonné dans le VieuxLyon. Et, le soir, les Lyonnais ont placé des lumignions sur leurs fenêtres en signe de solidarité.

(AFP/Philippe Desmazes.)

A Lunel, « ville du jihad », les musulmans se font discrets

ceux programmés dans les prochains jours. Idem pour l’Opéra, l’Orchestre national de Lyon, la Biennale d’art contemporain et les musées. Pour les lieux restant ouverts, comme les parcs, les gares et les centres commerciaux, la sécurité a été renforcée au maximum : le préfet a annoncé le déploiement de 53 équipages de police, avec possibilité de passer à 75.

Aéroport de Lyon Saint-Exupéry (Rhône), hier. La présence policière était très forte dans les lieux publics.

CATHERINE LAGRANGE

20

SPÉCIAL ATTENTATS

Le Parisien Dimanche 15 novembre 2015

Certains centres commerciaux ouvrent leurs portes malgré tout FERMER ? Ouvrir ? Au lendemain des attentats meurtriers, les centres commerciaux d’Ile-deFrance, partagés entre solidarité, sécurité et considérations économiques, hésitaient hier à accueillir leurs clients. La plupart ont prévu d’ouvrir aujourd’hui, alors que la période cruciale des courses de Noël démarre. n Les Quatre-Temps, Vélizy 2 ou Parly 2 accueillent toujours les clients. Plusieurs réunions ont été organisées hier par les préfectures pour étudier les conditions d’ouverture des centres commerciaux aujourd’hui. Celui d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), le Millénaire, qui avait programmé une ouverture dominicale, sera finalement fermé. A part lui, la plupart des autres de la région qui avaient prévu d’accueillir leurs clients restent sur leur décision initiale. Ce sera le cas notamment de tous les sites dépendant du groupe Unibail-Rodamco. Sont ainsi concernés les Quatre-Temps à La Défense, ainsi que Rosny 2 à Rosny-sous-Bois (93), Parly 2 au Chesnay (Yvelines), Vélizy 2 à Vélizy (78), le nouveau site Aéroville près de Roissy-Charlesde-Gaulle, So-Ouest à LevalloisPerret ainsi que Carré-Sénart à Lieusaint (Seine-et-Marne). n Des enseignes baissent le rideau. Malgré la décision d’ouvrir prise par la direction des centres, de nombreuses enseignes, telles que H&M, la Fnac, Etam, Puma,

Paris (IXe), hier matin. Si les Galeries Lafayette et le Printemps avaient choisi d’ouvrir à l’heure habituelle en début de journée, les deux enseignes ont vite décidé de renvoyer les clients vers la sortie. (LP/Olivier Corsan.) Sephora… ont décidé de leur propre chef de rester portes closes ce week-end. n A Paris, le Forum des Halles reste fermé. Après avoir ouvert à

l’heure habituelle dans un premier temps, les Galeries Lafayette et le Printemps ont finalement très vite décidé hier de renvoyer les clients vers la sortie. Dans la capitale, cer-

tains centres commerciaux n’ont pas réfléchi longtemps avant de fermer jusqu’à demain, suivant les recommandations de la préfecture et des commissariats d’arrondisse-

ment. C’est le cas du Forum des Halles, situé au cœur de la capitale et extrêmement fréquenté le samedi, ainsi que du Carrousel du Louvre, au sous-sol du musée, qui accueille des milliers de touristes chaque jour. Beaugrenelle, dans le XVe arrondissement, pourtant en pleine zone touristique internationale prévue par la loi Macron, est exceptionnellement fermé. n Des mesures sécuritaires supplémentaires. Par prudence, bien sûr, mais aussi pour rassurer une clientèle qui risque de fuir les lieux publics en cette période troublée, la plupart des magasins et des centres commerciaux ouverts, comme Val-d’Europe (lire ci-dessous), ont pris dès hier des dispositions pour renforcer leur sécurité. Ikea, après évaluation, a ainsi décidé de poursuivre son activité, y compris aujourd’hui, mais en mobilisant des moyens supplémentaires, à Paris comme en province, « pour surveiller les parkings et contrôler les sacs aux entrées et sorties », explique-t-on chez le suédois, qui a autorisé son personnel parisien touché directement ou indirectement par les attentats à ne pas venir travailler. Ailleurs, comme au centre des Arcades, à Noisy-le-Grand (SeineSaint-Denis), les accès type livraisons ont été fermés, et deux vigiles ont été postés à chacune des deux entrées pour fouiller les sacs des visiteurs. DANIEL ROSENWEG

Des courses sous surveillance à Val-d’Europe Serris (Seine-et-Marne)

Serris (Seine-et-Marne), hier matin. Des vigiles positionnés à toutes les entrées du centre commercial étaient chargés de contrôler les clients et d’examiner le contenu de leurs sacs. (LP/G.P.) milibris_before_rename

me qu’un samedi habituel », constate-til. « On sent quand même que les gens DES VIGILES en renforts position- sont tendus. On s’est demandé si on alnés à toutes les entrées pour contrô- lait venir mais on n’allait pas non plus ler systématiquement les sacs des s’arrêter de vivre », confient Davy et clients. Des policiers en civil, sur- Quentin, un jeune couple de Thorignyveillant de près les allées et venues… sur-Marne (Seine-et-Marne). Le centre commercial du Val-d’EuContrairement à ce que l’on aurait pu rope, à Serris, voisin du parc Dis- croire, les touristes restent nombreux à neyland Paris, en Seine-et-Marne, a parcourir la Vallée Village, le secteur des été placé sous haute surveillance commerces de marques à l’intérieur du hier, tout comme les gares RER les centre. Une conséquence inattendue de plus proches. La réplique exacte du la fermeture du parc Disneyland. « Nous dispositif mis en place lors de sommes arrivés à l’entrée ce matin l’après-« Charlie » en janvier. (NDLR : hier) et les portes du parc Le centre commercial a décidé de étaient fermées, raconte Jerry, venu rester ouvert hier, alors que le parc avec sa famille de Rotterdam (Pays-Bas). d’attractions, lui, On s’est dit que ce serait gardait portes clode faire une sor« On n’a pas changé mieux ses pour la deuxiètie plutôt que de rester nos habitudes, mais enfermés dans notre me fois de son histoire (NDLR : la prechambre d’hôtel. » Ils on a quand même mière avait eu lieu n’ont en revanche pas un peu peur » lors des tempêtes prévu de mettre les Romuald, un client de 1999). Si les parpieds à Paris d’ici à leur kings semblaient un peu moins départ, prévu demain. chargés qu’un samedi habituel, les Entre les mamans avec leurs poussetallées du centre étaient loin d’être tes, les touristes en famille et les jeunes désertes. Romuald est ainsi venu en quête d’accessoires branchés pour avec sa femme pour faire les cour- compléter leur tenue vestimentaire, ce ses. « On n’a pas changé nos habitu- 14 novembre a finalement, malgré un des, mais c’est vrai qu’on a quand contrôle renforcé, des allures de samedi même un peu peur », explique cet comme les autres au centre commercial habitué, son chariot rempli à ras du Val-d’Europe, qui sera également oubord à la sortie de l’hypermarché vert aujourd'hui. Auchan. « C’est beaucoup plus calGRÉGORY PLESSE

SPÉCIAL ATTENTATS

Le Parisien Dimanche 15 novembre 2015

21

« La situation est maîtrisée, non ? » Gavish et Deepthi, arrivés hier à l’aéroport de Roissy

Roissy-Charles-de-Gaulle, hier. Venu passer sa lune de miel dans la Ville Lumière, ce couple d’Indiens a entendu parler des attentats juste avant de monter dans son avion. (LP/Jean-Baptiste Quentin.) L’AVION en provenance de Bombay vient d’atterrir pile à l’heure, comme l’ensemble des vols qui clignotent sur l’écran des arrivées. Au terminal 2C à Roissy-Charles-de-Gaulle, hier peu après 17 heures, les touristes arrivent par petites grappes. Jeunes mariés, Gavish et Deepthi ont appris « les bombes à Paris », comme ils disent, juste avant de monter dans leur avion en Inde. Mais pas question d’annuler leur lune de miel de trois jours. « La situation est maîtrisée, non ? La France est un grand pays, de toute façon », se rassure Gavish. Aucune cohue ni accès de panique à signaler dans l’aéroport, tous les vols sont assurés.

« Nous avons renoncé à notre séjour » Simon, 50 ans, chercheur anglais

n

L’Eurostar de 7 h 52 est parti de Londres sans eux hier. Simon Gallacher, 50 ans, et son épouse Lucy, 42 ans, avaient prévu de s’offrir un week-end en amoureux à Paris. Au programme, du shopping en prévision des fêtes de fin d’année, ou encore une visite du château de Versailles. « Nous avons longuement réfléchi et hésité avant, finalement, de renoncer à notre séjour, raconte Simon, enseignant chercheur à Londres. Moins par peur que par respect. Les autorités françaises recommandent aux Parisiens de rester chez eux, et je ne me voyais pas me balader en touriste dans les rues. » S’il a annulé, le couple entend pourtant bien venir prochainement. « En janvier ou février, c’est promis », assure-t-il. Tous deux étaient en tout cas hier soir au rassemblement organisé à Londres en soutien aux familles de victimes. A.R.

milibris_before_rename

Au bureau des informations d’Aéroports de Paris (ADP), une jeune femme souriante explique qu’elle ne « peut faire aucun commentaire ». Au-dessus d’elle, un message d’avertissement dénote quand même : « En raison des renforcements des contrôles de sécurité, des délais supplémentaires sont à prévoir. »

Aux douanes, les files d’attente s’allongent Par petits groupes, des hommes en treillis font des va-et-vient, une arme à la main. Un badge autour du coup,

les agents d’escale évoquent « des files d’attente interminables aux douanes ». Comme Mehdi, sur le pont depuis 8 heures, qui souligne : « Ce matin, les contrôles étaient systématiques, même pour les voyageurs de l’espace Schengen. Il y a des embouteillages à la sortie des avions. » Mais les terminaux sont « beaucoup trop vides pour un samedi, selon Mehdi. Comme si les gens avaient finalement décidé de ne pas prendre l’avion ». Terminal 1A. Les passagers de Turkish Airlines viennent d’attendre

vingt minutes avant de sortir de leur avion puis une demi-heure aux douanes. « C’était le bazar. Beaucoup de touristes se posent des questions, mais les agents d’accueil français parlent mal anglais », rumine Elisa, en provenance d’Istanbul. La jeune Française n’a pas fermé l’œil de la nuit. « Vu sur les images de la télévision en Turquie, Paris, c’était Bagdad », lâche la jeune femme, qui parle de « psychose ». Dans l’avion, elle a croisé des Américains « qui se demandaient s’ils pourraient marcher dans les rues de la capitale ».

18 heures, le trafic du RER B est toujours interrompu vers Paris. Pas d’explication avancée. Les touristes se replient sur les taxis. « La situation évolue de minute en minute. On est perturbés, mais il faut assurer, rassurer », concède Lina, traductrice franco-chinoise qui attend un groupe de 100 voyageurs venus de Pékin. Elsa et son copain, eux, partent à la Réunion. « Jusqu’au dernier moment, on s’est demandé si on allait partir, avoue-t-elle. De toute façon, cette journée est surréaliste. » BÉRANGÈRE LEPETIT

Voyages, hôtels, restaurants… des annulations en pagaille LES RAMES de l’Eurostar étaient quasiment vides hier matin au départ de Londres. Nombre de voyageurs, à l’image de Simon Gallacher (lire ci-contre), ont annulé leur voyage à Paris à la suite des attentats. La société ferroviaire s’est engagée à rembourser intégralement les billets de celles et ceux ne souhaitant pas embarquer. S’il est encore trop tôt pour les chiffrer avec précision, les annulations se multiplient auprès des professionnels du tourisme. « Nos vols du week-end à destination et en partance de Paris ont été maintenus et nous avons enregistré plusieurs annulations dans la matinée, a confirmé hier Ursula Leonowicz, porte-parole du tour-opérateur canadien Transat. Nous ferons preuve de flexibilité en acceptant les changements jusqu’à mardi. » Le groupe TUI (Nouvelles Frontières…) s’adapte aussi et permet à ses clients de modifier sans contrainte leur voyage. Ceux à Paris peuvent repartir plus tôt et se faire rembourser les nuitées restantes. Avec l’instauration de l’état d’urgence et la fermeture au public des sites touristiques majeurs (tour Eiffel, Moulin-Rouge, musée du Louvre…), la baisse de la fréquentation

touristique risque d’être forte dans les jours et les semaines qui viennent. « Il est prématuré de mesurer l’impact sur l’activité, confie Christian Mantei, directeur général d’Atout France, l’agence officielle de promotion touristique de la France. Entre les touristes qui ne voudront pas venir et ceux qui sont là et souhaitent repartir rapidement, il y aura forcément une baisse. » Hier, Axa Assistance avait déjà enregistré une dizaine de demandes de rapatriements d’étrangers présents dans la capitale.

Départs précipités

Dès hier matin (ici, dans l’Eurostar), de nombreux voyageurs ont abandonné l’idée de se rendre dans la capitale. (Chris Green Twitter.)

Du côté des restaurateurs parisiens, les annulations étaient massives pour la soirée d’hier. Les hôtels doivent faire face à une situation similaire. « Nos professionnels sont plus occupés à répondre au téléphone pour des annulations qu’à faire leur métier, constate Didier Chenet, président du Syndicat national des hôteliers, restaurateurs, cafetiers et traiteurs (Synhorcat). Dans les hôtels, des clients commencent à partir. » Au Royal Opéra, un trois-étoiles situé au cœur de la capitale, cinq réservations sur dix pour hier soir ont été annulées, selon la réceptionniste. AYMERIC RENOU

SPÉCIAL ATTENTATS

Le Parisien Dimanche 15 novembre 2015

(LP/Guillaume Georges.)

22

Paris (Xe), hier. Trouver les mots pour aborder les attentats avec ses enfants est délicat mais néanmoins indispensable : pour eux, comme pour les adultes, c’est une source d’angoisse dont il vaut mieux parler.

Et que dire aux enfants ? S’ILS ÉTAIENT DÉJÀ couchés vendredi soir, la question s’est très vite posée, hier matin, tandis qu’adulte on se levait, groggy par une courte et mauvaise nuit. Comment parler de tout cela aux enfants ? Les morts, le sang, les images, la peur qui nous saisit, notre propre chagrin, les rideaux des magasins baissés et les écoles fermées… Quels mots trouver pour dire ce que l’on peine à se dire à soi-même face à une horreur qui dépasse tout ce que l’on pouvait concevoir, ici, à Paris ? Se taire semble tout aussi inconcevable. « Sauf à imaginer un enfant vivant dans une grotte, au fond d’un village, coupé de toute relation, de télévision, radio ou Internet, on ne peut faire l’économie d’expliquer un événement comme celui-ci, qui enveloppe toute la vie de la cité, à laquelle les enfants appartiennent aussi », souligne François Dufour,

rédacteur en chef et cofondateur des journaux pour enfants « le Petit quotidien » et « Mon quotidien » qui publie un numéro spécial (lire l’encadré ci-contre).

mement bouleversés. Mais ce qui est certain, c’est qu’à partir du moment où l’adulte parle à l’enfant il sait qu’en retour il pourra poser des questions. »

n Parler, absolument

n Quels mots choisir ?

C’est un conseil unanime. Même si les enfants sont petits, cela ne souffre aucune discussion. La psychanalyste Claude Halmos* est formelle : « Les enfants sentent l’angoisse des adultes ; ils surprennent les conversations des grandes personnes. Et, dès lundi, à l’école, ils verront peut-être des images, déformées par les conversations des autres enfants. Il faut, pour affronter tout cela, qu’ils aient en eux une information raisonnable. » Oubliez l’idée d’une recette posée et distancée : « Il n’y a pas de façon idéale de le faire », insiste la psychanalyste. « Nous-mêmes, adultes, psy ou pas, sommes tous extrê-

on évite de parler de cadavres et de sang. Si l’enfant pose des questions là-dessus, on peut lui répondre que c’est tellement affreux qu’on n’a pas soi-même envie d’en parler ».

n Que faire des images ?

Sans faire abstraction de notre émotion, il faut bien sûr choisir un registre de vocabulaire adapté à celui de l’enfant. Mais, surtout, il est « une précaution capitale à observer, souligne Claude Halmos : en parler de façon sobre ». Concrètement, il faut à tout prix éviter de « prêter, par ce que l’on va dire, à ce que l’enfant se fasse une sorte de film d’horreur dans sa tête. Ce qui s’est passé y ressemble déjà tellement… » Alors oui, on peut dire que des personnes sont venues et qu’elles ont fait comme à la guerre. Qu’elles ont tué, tiré sur des gens dans des restaurants, dans la rue, « mais

Clairement, s’agissant d’enfants de moins de 6 ans, la psychanalyste recommande de les proscrire absolument. « Elles sont beaucoup trop violentes. » Pour les plus grands qu’il est peut-être difficile de tenir éloignés des téléviseurs, « soyez à leurs côtés » s’ils les voient. Quant aux adolescents, difficile d’imaginer qu’ils y échappent, quand ils étaient les premiers, vendredi soir, hypnotisés par le flot d’infos et d’images qui se déversait entre télés et réseaux sociaux, à l’affût — pour les Parisiens — des nouvelles de leurs copains. Face à ce raz de marée d’images et d’émotions, les adolescents ont aussi besoin qu’on leur parle pour qu’ils comprennent qu’on est avec eux. « Avec eux, ce doit être comme entre adultes, c’est-à-dire sans cacher notre propre peur. »

n LE MOT

Deuil national n

milibris_before_rename

n Comment gérer la peur ?

(François Lafite/Wostok Press/MaxPPP.)

Les drapeaux en berne sur les édifices publics et les administrations et la minute de silence prévue lundi à midi sont les symboles les plus visibles du deuil national annoncé hier par le président François Hollande pour une durée de trois jours. En théorie, cela peut entraîner une fermeture des administrations publiques. Ce n’est que la sixième fois que cette mesure exceptionnelle est décrétée sous la Ve République. La dernière avait été déclarée il y a moins d’un an, le 8 janvier, à la suite de l’attentat survenu la veille contre le journal « Charlie Hebdo ». Le 14 septembre 2001, trois jours après les attentats aux Etats-Unis, un deuil avait été observé dans toute l’Union européenne, qui avait demandé aux Etats membres d’observer trois minutes de silence. Toute activité avait été suspendue à midi : drapeaux en berne, églises sonnant le glas, métros à l’arrêt, programmes de télévision interrompus et rassemblements sur des places publiques. Des deuils avaient également été décrétés après la mort des présidents De Gaulle, Pompidou et Mitterrand.

Palais de l’Elysée, Paris (VIIIe), hier. Les drapeaux ont été mis en berne sur les édifices publics pour trois jours.

Pour les plus grands, impossible d’en faire abstraction : « On ne peut en effet pas dire aujourd’hui à un adolescent : Ne t’inquiète pas, cela ne recommencera pas. L’horreur, que d’autres vivent déjà dans d’autres pays, que d’autres ont vécue ici avant nous dans le passé, est totale pour nous aussi : mais on peut leur dire que l’on va devoir inventer ensemble notre façon de faire face. » Pour les plus jeunes, veiller à trouver l’équilibre : « On peut parler de danger sans terrifier », explique Claude Halmos. En clair ne pas tomber dans « la panique obsé-

Un numéro spécial de « Mon quotidien »

n

Très vite hier matin, des enseignants se sont manifestés sur les réseaux sociaux de PlayBac Edition, qui publie « le Petit Quotidien » et « Mon quotidien », se demandant comment aborder le sujet et les questions lundi en classe. Pour aider à répondre à ces questions d’enfants qui se demandent si « ce sont des fous qui ont fait ça » ou « l’intérêt de tuer pour se tuer soimême », les deux quotidiens mettent en ligne Lepetitquotidien.fr et Monquotidien.fr, comme ils l’ont fait après les attentats de « Charlie Hebdo », gratuitement, et dès aujourd’hui un numéro spécial, partant des questions des 7-13 ans pour tenter d’expliquer l’inexplicable aux petits.

dante qui lui ferait voir un terroriste caché derrière chaque arbre ou au coin de la boulangerie ». Sans lui mentir « ni peindre la réalité en rose », conseille François Dufour, sans nier le risque, « on peut expliquer qu’il est restreint, parce qu’on vit dans une société civilisée qui se donne les moyens de le rester, détaille Claude Halmos : il y a effectivement des terroristes, de même qu’il y a des voleurs, mais que ce ne sont pas des superhéros dotés de superpouvoirs, et il y a la police, qui ne peut pas tout, mais agit et en arrête, régulièrement ». CLAUDINE PROUST

* « Dessine-moi un enfant », (le Livre de Poche, octobre 2015, 16,90 €).

SPÉCIAL ATTENTATS

Le Parisien Dimanche 15 novembre 2015

23

Les profs cherchent aussi leurs mots pour les élèves LA NOUVELLE a été annoncée hier un lycée de banlieue. « Il faut faire à la sortie du Conseil des ministres : il attention aux discours moralisay aura bien école demain matin, teurs, mieux vaut essayer de sortir dans tous les niveaux de l’enseigne- les élèves de l’affectif et les guider ment, y compris à Paris. Mais dans pour construire une pensée », précoquelles conditions ? Qu’ils ensei- nise-t-elle. Avec ses collègues, elle participera gnent dans des lycées situés à deux pas des massacres ou dans de petites sans doute à une réunion en salle des classes à la campagne, les profes- profs, lundi matin, pour que chacun seurs étaient nombreux à s’interro- accorde ses violons avant d’aborder ger dès le réveil, hier, sur la conduite le sujet en classe. Cette concertation à tenir, les mots pour le dire… et les est envisagée dans beaucoup d’auquestions qui ne manqueront pas de tres établissements, dont certains surgir dans la bouche d’élèves cho- ont prévu de faire commencer les qués, parfois très jeunes, ou dans cours une heure plus tard, pour les l’incompréhension. Il faudra aussi élèves. A Paris, où une cellule de criencadrer la minute de silence, pré- se a été mise en place par le rectorat, le choix devrait être laissé à chaque vue à midi. établissement d’orLe recueillement solennel or- « Balancer une minute de ganiser à sa guise la donné dans les sal- silence sans rien expliquer, journée de lundi. Audrey, dans son les de classes en c’est très compliqué » collège de la région janvier, au lendeClarisse, professeur de Calais, a aussi main des massade sciences économiques échangé des mescres à la rédaction de « Charlie Hebdo » et de l’Hyper sages avec ses confrères. QuelquesCacher, et perturbé par endroits, a uns plaident pour une minute de silaissé de très mauvais souvenirs. lence cadrée par l’administration et « Balancer une minute de silence aux les CPE afin de prévenir d’éventuels élèves sans rien expliquer, c’est très débordements. Mais d’autres sont encore trop sicompliqué : certains ne comprennent pas ce qui se passe, ils sont en dérés pour anticiper. « Nous ne saproie à des émotions contradictoires vons même pas comment nous alou sont influencés par les théories du lons faire face à nos propres émocomplot », s’inquiète Clarisse, profes- tions », admet Julie, professeur d’hisseur de sciences économiques dans toire-géographie. Même si le

Après les attentats de janvier, les élèves étaient arrivés avec beaucoup de questions en classe, désarçonnant parfois leurs profs. Pour la reprise des cours lundi, les enseignants se préparent au mieux pour aborder les événements. (LP/Olivier Lejeune.) ministère de l’Education a promis, hier soir, de mettre en ligne des « ressources pédagogiques », Delphine, qui dirige une petite école rurale en Sologne, redoute d’être livrée à elle-même lundi à la sonnerie de 8 heures. « Nous, enseignants, ne sommes pas psychologues, on n’a que notre bon sens personnel… s’inquiète-t-elle. J’ai peur de commettre un impair. Et il y a des parents qui

protègent leurs enfants de ce genre de nouvelles. Est-ce à moi de les informer ? » Hier, Delphine, comme beaucoup d’autres enseignants, cherchait sur Internet et les réseaux sociaux des documents, des idées pour aborder le sujet des attentats de la meilleure manière possible. « Ce qui est sûr, c’est que je ne reprendrai pas le mot de guerre, même s’il a été prononcé

« Mon inquiétude, c’est qu’un gamin soit tué ou blessé »

n

« LES HEURES ne passent pas vite… on n’a encore aucune information, aucune liste : je ne sais pas les blessés, ni les victimes, je ne sais que les gens qui vont bien. » Christel Boury, proviseur au lycée Voltaire, dans le XIe arrondissement de Paris, vit dans une attente anxieuse depuis vendredi soir. La cité scolaire qu’elle dirige abrite un collège et un lycée de 1 200 élèves, situés à deux stations de métro des cafés et des rues visés par les kamikazes. « Ma grosse inquiétude, c’est de savoir si des gamins ont été blessés ou tués », soupirait-elle hier matin, café en main devant l’entrée de Voltaire, les traits tirés par une nuit presque blanche.

milibris_before_rename

Tous les voyages scolaires, ce week-end ainsi que la semaine prochaine, sont annulés, de même que les sorties de classe dans l’ensemble du pays, a annoncé hier le ministère de l’Education nationale, à la suite du Conseil des ministres. Seules les sorties « régulières » des élèves, pour se rendre à la cantine ou au gymnase par exemple, sont autorisées à condition qu’elles n’impliquent pas de prendre les transports en commun.

Minute de silence demain

(LP/Christel Brigaudeau.)

Comme partout en Ile-de-France, l’établissement est resté fermé pour les 300 élèves qui devaient normalement se rendre en classe hier. Le message, placardé sur le grand portail bleu, est aussi passé par des e-mails et des SMS envoyés dans la soirée à tous les parents. « Malheureusement, on sait faire : les attentats de janvier nous ont appris. L’académie a été très réactive », constate la proviseur (syndiquée au SNPDEN). Le lycée était déjà en première ligne il y a dix mois : le siège de « Charlie

CHRISTEL BRIGAUDEAU

Sorties scolaires annulées

Christel Boury, proviseur du lycée Voltaire à Paris.

Déjà en première ligne lors des attentats de janvier

par le président, explique-t-elle. Les élèves pourraient craindre qu’on leur tire dessus comme dans les jeux vidéo, ou que leurs papas soient mobilisés et s’en aillent comme dans les films. » Si elle sait les mots qu’elle ne prononcera pas, Delphine n’avait hier pas encore trouvé le terme approprié pour dire l’horreur sans faire peur à des enfants de 8 ans.

Paris (XIe), hier. Au lycée Voltaire, qui rouvrira ses portes demain, une cellule d’aide psychologique pourrait être mise en place. Hebdo » est à proximité, et des élèves habitent dans la zone de l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes. Pour Voltaire, comme les établissements qui en feront la demande, une cellule d’aide psychologique pourrait être mise en place demain.

« Je ne sais pas encore comment je vais organiser le retour en classe : je pense à échelonner la rentrée et, en même temps, je ne sais pas si c’est une bonne idée, hésitait hier Christel Boury. Les consignes, en tout cas, sont d’une grande souplesse, et c’est

ce qu’il faut. Chaque établissement va s’adapter selon sa situation. » Ceux situés dans les Xe, XIe et XVIIIe arrondissements redoutent particulièrement de compter des victimes parmi leurs effectifs et s’y préparent. CH. B.

Quant aux voyages scolaires qui étaient déjà en cours au moment des attaques, « un recensement a été réalisé », indiquait, hier, la Rue de Grenelle, sans donner davantage de précisions sur le nombre d’enfants concernés. Il a été décidé qu’ils « reviendront dans les conditions prévues initialement ». Enfin, dans toutes les écoles, les établissements et les universités, une minute de silence sera observée à midi, demain, et les drapeaux mis en berne. CH.B.

24

SPÉCIAL ATTENTATS

Le Parisien Dimanche 15 novembre 2015

« Les gens risquent de faire des amalgames » Mohamed, un fidèle de la mosquée de Villeneuve-la-Garenne (Hauts-de-Seine) Villeneuve-la-Garenne (Hauts-de-Seine)

« J’ai reçu beaucoup d’appels de fidèles qui craignent des représailles » Abdelkhalek Khallouki, président de la mosquée de Villeneuve-la-Garenne

« On est français, on défend nos valeurs, notre république. On ne peut que déplorer ce qui s’est passé », renchérit Younes, 65 ans. Derrière cette tristesse, certaines craintes persistent aussi. « On va encore payer la double taxe, s’inquiète Mohamed. Les gens risquent de faire des amalgames. » Depuis les événements dramatiques de janvier, tous s’accordent

(LP/Ariane Riou.)

« UNE BARBARIE. » Abdelkhalek Khallouki, le président de la mosquée de Villeneuve-la-Garenne (Hauts-de-Seine), n’a pas de mots assez durs pour condamner les attentats. « Je suis bouleversé, choqué, confie, ému, ce musulman de France. C’est une guerre qui est déclarée. » A la sortie de la prière, hier après-midi, les fidèles condamnent tous ce qu’ils qualifient d’« actes de terreur ». « Nous aussi, on aurait pu être en terrasse en train de siroter un verre. Comment peut-on en arriver là, si jeune ? Comment peut-on s’en prendre à des innocents ? » fustige Samir, 32 ans, qui confie être resté « bouchée bée » devant sa télévision toute la soirée du drame. « On se demande comment on a pu embrigader ces jeunes. Il faut sensibiliser nos enfants, faire attention aux discours de haine. »

Villeneuve-la-Garenne (Hauts-de-Seine), hier. Les fidèles de la mosquée sont venus prier comme à leur habitude. Mais à leur sortie, les visages exprimaient de la tristesse. à dire que « le regard des gens a changé ». Leurs réactions aussi. « Au boulot, je me sens souvent obligé de me justifier auprès de mes collègues. Et ça me gène, regrette Mourad, père de trois enfants en bas âge. J’ai l’impression que je dois prouver que je n’ai rien à voir avec ces gens-là. Que je condamne tous leurs actes. » D’autant que l’« après-Charlie »

croix chrétiennes rouges ont été peintes devant le lieu de culte musulman. A Villeneuve-la-Garenne, des mesures vont être prises pour renforcer la sécurité autour de la mosquée. « J’ai reçu beaucoup d’appels de fidèles qui craignent des représailles », explique le président du lieu de culte. Des fouilles de sacs auront lieu à l’entrée

avait été marqué par la montée des actes islamophobes. « On nous traite régulièrement de terroristes, et c’est blessant, s’attriste Malik, 35 ans. Ma femme, qui porte le voile, n’ose même plus aller au supermarché parce qu’elle sait qu’elle sera épiée. » Hier, plusieurs mosquées ont été prises pour cible. Comme à Créteil (Val-de-Marne) où des

« Je n’ai que la prière comme recours »

milibris_before_rename

ARIANE RIOU

A la synagogue déjà éprouvée, des fidèles « traumatisés »

Josyane-Marie, 82 ans, est allée se recueillir à l’église

n (LP/Matthieu de Martignac.)

C’EST UNE MESSE spéciale qui se déroule « en temps de guerre ou de troubles graves ». « On demande au Seigneur de nous délivrer de la haine, de nous arracher des égoïsmes », explique le curé. Hier matin, à 9 heures, ils sont une trentaine de fidèles et cinq prêtres rassemblés en l’église Saint-Ambroise à Paris (XIe) pour un office d’une quarantaine de minutes dédié aux victimes de la barbarie. Parmi elles, ces dizaines de cibles du Bataclan, la salle de concert qui est située à seulement 300 m du lieu de culte. Vers la fin de la célébration, les Eglise Saint-Ambroise (Paris XIe), hier. Josyane-Marie et François ont tenu à fidèles sont invités à se serrer la assister au premier office de la journée dans cette église, la plus proche du Bataclan. main et se dire « la paix du Christ ». « Je suis encore dans l’émotion, c’est ment. Mais il ne faut pas avoir peur, 82 ans. Son fils l’avait appelée très vraiment traumatisant », souffle Oli- je continuerai à me promener dans tôt hier matin. « Il m’a dit : Maman, vier, un catholique pratiquant. les rues. Je suis en phase avec le tu ne sors pas dehors, c’est ris« Notre quartier, c’est le centre de prêtre. Oui, ce qu’ont fait ces crimi- qué ! » raconte-t-elle. Mais la retrainels, c’est de la bê- tée est quand même sortie pour se gravité des attentise humaine ! On rendre à la messe. « Moi, face à la tats terroristes. En « On n’a pas le droit n’a pas le droit haine, je n’ai que la prière comme janvier, Charlie d’utiliser Dieu d’utiliser Dieu à recours. C’est pour ça que je suis Hebdo, c’était tout à mauvais escient » mauvais escient », venue. Depuis Charlie, on a intégré près », rappelle-til. Dans l’homélie, François, 60 ans, à l’issue de la procession dénonce ce rive- dans nos têtes que ça pouvait rerain âgé de 60 ans commencer », souligne-t-elle penl’un des ecclésiastiques évoque « la bêtise humaine ». à l’issue de la procession. « Il ne faut dant qu’un autre fidèle allume un François, 60 ans, se recueille. pas rentrer dans le jeu des terroris- cierge en souvenir des défunts. « Tout ça me fait pleurer intérieure- tes », poursuit Josyane-Marie, VINCENT MONGAILLARD

et les parkings alentour vont être fermés. « Nous n’avons pas de gardien, la nuit. On va donc réfléchir à dormir sur place pour surveiller nous-mêmes », précise Abdelkhalek Khallouki, qui a préparé une prière spéciale pour les événements. « Je leur ai demandé d’être vigilants et de ne pas céder aux provocations. »

Hier, en fin d’après-midi, rue renfort, ce qui n’est pas de nature Saulnier, dans le à nous rassurer. » « Comme toute IXe arrondissement de Paris, les la communauté juive, je suis fidèles affluent pour la fin du complètement horrifié par ces shabbat, à la synagogue Beth-El, attentats barbares, s’indigne très fréquentée par la Sammy Ghozlan, le président du communauté juive du quartier. Les Bureau national de vigilance visages sont fermés. Les mines contre l’antisémitisme (BNVCA). inquiètes. Dans le hall, un large Nous nous sentons réellement en écran retransmet en continu danger et persuadés d’être des les images de la rue et de la cibles : le groupe qui se produisait porte d’entrée, au Bataclan filmées par les avait d’ailleurs « Il faut continuer caméras de donné des à protéger les lieux vidéosurveillance. concerts, très « Les gens sont contestés par de culte » complètement certains, en Sammy Ghozlan, président du Bureau traumatisés par national de vigilance contre l’antisémitisme Israël. L’attaque l’horreur de ce de cette salle qui vient de se passer, confie l’un ne doit rien au hasard. Quant aux des responsables de la lieux de culte, poursuit-il, il faut communauté, déjà éprouvée, voici absolument continuer de les deux ans, par la violente agression protéger et conserver les gardes au couteau d’un rabbin et de son statiques. Ne surtout pas baisser jeune fils. Les militaires qui la garde parce que, comme les étaient en faction jusqu’à ce membres de la communauté juive, matin (NDLR : hier matin) devant individuellement, les synagogues la synagogue sont partis, risquent d’être visées. » certainement appelés ailleurs en CÉCILE BEAULIEU

SPÉCIAL ATTENTATS

Leurs messages de paix

Hassen Chalghoumi, imam à Drancy (Seine-Saint-Denis) Dans le message d’Hassen Chalghoumi, imam à Drancy, il y a de la « colère ». « Ces barbares n’ont rien à voir avec la civilisation humaine. Il faut que tous les musulmans sortent de leur silence pour dire : Nous, on n’a rien à voir avec ces criminels. On ne peut pas rester à distance, il faut s’engager réellement », martèle celui qui est président de la Conférence des imams de France. « Les prêcheurs de haine n’ont pas le droit à la parole, ce sont eux qui ramènent des catastrophes », fustige-t-il.

(LP/Delphine Goldsztejn.)

« Combattons-les par l’amour, la sérénité » Ahmed Miktar, imam à Villeneuve-d’Ascq (Nord) Sa prière, hier matin, à 7 heures, s’est transformée en une « invocation de protection et de sécurité pour la France ». Ahmed Miktar, imam de la grande mosquée de Villeneuved’Ascq, dénonce la sauvagerie de ceux qui « ont perdu le sens de l’humanité ». « Ils n’appartiennent pas à notre France, à notre conception de la république. Combattons-les par l’amour, l’affection, la sérénité. Le message que je veux envoyer, c’est : Soyons humains avant tout, enlevons toute haine dans nos cœurs, essayons d’être forts face à la terreur en la chassant de notre pays. Je lance un appel à la responsabilité à tous ceux qui risquent de stigmatiser, de faire des raccourcis pour trouver des boucs émissaires », martèle celui qui est président de l’association les Imams de France.

DANS LES ÉGLISES, mosquées et synagogues de l’Hexagone, des centaines de milliers de prières ont été élevées hier pour les victimes de la barbarie, mais aussi pour la France et son unité nationale. Les responsables des différents cultes ont immédiatement condamné ces atrocités commises au nom de la haine. Ils sont en première ligne pour appeler à l’apaisement et combattre la tentation des amalgames. Nous avons demandé à des dignitaires religieux de toutes confessions quel message de paix ils souhaitaient envoyer à leurs fidèles comme au peuple français. TEXTES : VINCENT MONGAILLARD

« Nous devons rester soudés »

« Nous serrer les coudes »

Marc Pernot, pasteur à Paris l’amalgame », s’inquiètet-il. Ce membre de l’Eglise protestante unie de France s’interroge sur la part de responsabilité de notre société dans cette « montée » de barbarie. « Parfois, nos politiques ont des discours très guerriers, il ne faut pas réagir comme ça… »

Michel Serfaty, rabbin de Ris-Orangis (Essonne) Ambassadeur du dialogue interreligieux et président de l’Amitié judéo-musulmane de France, le rabbin de Ris-Orangis, Michel Serfaty, invite « l’ensemble des communautés juive, musulmane, chrétienne à descendre dans la rue pour crier : Nous sommes la France ». « Nous devons tous nous serrer les coudes. L’unité nationale s’impose. La victoire contre la barbarie nous est promise », lance celui qui est déterminé à « partager avec la France le destin du courage ». A ses « concitoyens musulmans », il adresse un message d’apaisement. « Nous leur disons que nous leur gardons notre entière fraternité et leur faisons confiance pour lutter avec nous contre le terrorisme », assure-t-il.

vier

/Oli

(LP Cor .)

san

Son message trouve sa source dans l’Evangile. « Il faut surmonter le mal par le bien », invite le protestant Marc Pernot, pasteur à l’Oratoire du Louvre à Paris (Ier). « Nous devons rester soudés. Je dis à nos frères musulmans qu’on ne fait pas l’amalgame entre les extrémistes haineux et les fidèles qui prient dans la paix. Ne cédons pas au sensationnel. J’ai également une pensée pour les migrants, je me demande s’ils ne vont pas subir

« Ne répondez pas à la provocation »

« Rejetons toute forme de haine »

M’hammed Henniche, président de la mosquée de Pantin (Seine-Saint-Denis)

é.)

St erl

ro le

P/ Ca

« Ne pas tomber dans l’affolement » Christian Lancrey-Javal, curé à Paris

milibris_before_rename

« Résistons ensemble »

téphan

e Ouzo

unoff.)

Père Vincent Féroldi, responsable des relations avec l’islam

(Ciric/S

Il a réécrit hier son homélie pour sa messe dominicale, soulignant : « Le péché et la mort font partie de ce monde. » Le père Christian Lancrey-Javal, curé à NotreDame-de-Compassion à Paris (XVIIe), appelle ses paroissiens à l’apaisement. « Je dois donner l’exemple plus que jamais. Un exemple de calme et de confiance. Il ne faut pas tomber dans l’affolement quand on quitte si brutalement l’insouciance. Dieu nous demande d’être proches les uns des autres. Nous devons être bons et fermes dans la foi pour rassurer les gens traumatisés », répète-t-il. « Ce qui est arrivé dépasse l’entendement, on est dans le mal absolu. Il y a un double interdit universel : l’interdit de tuer et l’interdit encore plus grand de tuer au nom de Dieu », rappelle-t-il.

Pour M’hammed Henniche, secrétaire général de l’Union des associations musulmanes (UAM) de Seine-Saint-Denis, lui-même président de la mosquée de Pantin, « les premiers à être traumatisés par ceux qui ont sali l’islam, ce sont les musulmans ». Mais il s’attend à ce que les fidèles de sa religion soient stigmatisés. « Je dis aux miens : Ne répondez pas à la provocation, ne paniquez pas, n’ayez pas peur, offrez une image de sérénité, insiste-t-il. Au-delà de l’émotion légitime des uns et des autres, on a le devoir de propager la paix. C’est la mission de tout musulman. Personne n’a le droit de la transgresser. Quand on dit Bonjour ! c’est Salam aleykoum ! cela signifie “Paix sur vous” ». (L

(Photopqr/« le Progrès »/Maxime Jegat.)

Il se dit « bouleversé par l’intensité de cette barbarie jamais atteinte en France ». « Ces crimes portent atteinte à notre humanité et aucune cause ne saurait justifier ces actes inqualifiables », s’indignet-il. Mgr Stanislas Lalanne, évêque de Pontoise, invite, en signe de solidarité, tous les prêtres de son diocèse à faire sonner le glas après la messe principale. Les églises du Val-d’Oise vont donc faire retentir la cloche qui annonce traditionnellement la fin prochaine, l’agonie ou le décès d’une personne. Le prélat convie les habitants du département à rejeter avec « fermeté toute forme de haine et de violence » et appelle les catholiques « à s’engager au service de la paix ».

(LP/Olivier Lejeune.)

Mgr Lalanne, évêque de Pontoise (Val-d’Oise)

Hier matin, le père Vincent Féroldi, directeur du Service national pour les relations avec l’islam de la Conférence des évêques de France (CEF), était invité à titre amical à un mariage en mairie entre un musulman et une chrétienne. « Je leur ai dit : Votre engagement, c’est ce que nous voulons vivre. Il faut solidifier le vivre-ensemble en amplifiant nos rencontres dans la diversité des cultures », estime-t-il. Il invite également ses « frères musulmans » à ne « pas désespérer ». « Résistons ensemble à ceux qui instrumentalisent une religion au profit d’une idéologie barbare ! »

« La force de notre pays, c’est son unité » Mohammed Moussaoui, président de l’Union des mosquées de France

« J’appelle les musulmans de France qui expriment leur compassion, leur solidarité avec les victimes à élever des prières dans toutes nos mosquées pour que notre pays et nos compatriotes soient protégés. Ils sont une partie à part entière du peuple français. Ce qui touche ce dernier nous touche également. Les terroristes, les criminels, les bourreaux cherchent à créer la division, alors soyons unis et solidaires face à la barbarie. La force de notre pays, c’est son unité. » (LP/Matthieu de Martignac.)

(Photopqr/« la Voix du Nord »/Chibane.)

« Que tous les musulmans sortent de leur silence »

25

(LP/Sébastien Morelli.)

Le Parisien Dimanche 15 novembre 2015

26

SPÉCIAL ATTENTATS

Le Parisien Dimanche 15 novembre 2015

Après le drame, une union Depuis les effroyables attentats de vendredi soir, François Hollande se pose en chef de guerre et tente d’incarner l’unité nationale. Un rôle qu’à droite certains lui contestent déjà. Bartolone. « Vous imaginez un camp d’internement pour musulmans ? » abonde un élu PS. « Mieux vaut taper directement en Syrie », plaide donc Mennucci. De fait, c’est sur le terrain militaire que la riposte pourrait se concentrer. Valls l’a promis hier : « Nous répliquerons coup pour coup pour détruire Daech. » La COP21, qui sera maintenue sous haute sécurité, devrait donc tourner au sommet mondial contre le terrorisme. Reste à savoir si Paris infléchira sa ligne diplomatique sur la Syrie. « Pour taper Daech, il faut s’allier à Bachar al-Assad et aux Russes », réclame un élu PS. Tous étaient toutefois d’accord sur un point. Comme dit un conseiller : « Cette fois, l’unité nationale ne tiendra pas. »

On ne peut pas être dans l’escalade, vraient. Dans la majorité, certains la réaction, céder à la panique. Il faut veulent aussi étendre aux policiers la des garde-fous », rétorque une autre. présomption de légitime défense et Pour l’heure, l’exécutif s’attache les autoriser à porter leur arme en donc surtout à afficher sa fermeté dehors du service. Mais pas question, dit l’Elysée, de sur la forme. « Hollande va être super ferme. Il n’y a que ceux qui ne le dégainer l’article 16 de la Constitution, qui donne les connaissent pas et le pleins pouvoirs au préprennent pour un mou La COP21 pourrait sident. Et le grand soir qui pensent le contraise transformer sécuritaire ne paraît re », assure Patrick Mennucci, député PS en sommet mondial pas pour demain. Un et coauteur d’un rap- contre le terrorisme Patriot Act à la française non plus. « Beauport sur les jihadistes. De fait, le chef de l’Etat a affiché coup de mots et un grand show… » un ton martial comme rarement, regrette un partisan d’une réponse parlant même de « guerre ». Côté me- plus ferme. A gauche, ils sont nomsures, les choses semblent plus com- breux à avouer des pudeurs face au plexes. Hier, le Premier ministre a risque de restreindre les libertés. Inannoncé sur TF 1 que l’état d’urgence terner les individus placés sous fiche (douze jours maximum) serait pro- S, comme le réclame Laurent Waulongé, que les expulsions et déchéan- quiez ? « Créer des Guantanamo parces de nationalité décidées par l’Etat tout, c’est favoriser Daech, qui mise — au compte-gouttes — se poursui- sur une guerre de religion », avertit

NATHALIE SCHUCK (AVEC ÉRIC HACQUEMAND)

@NathalieSchuck @erichacquemand

(AFP/Christelle Alix.)

(LP/Arnaud Journois.)

« SONNÉS », « assommés » : dans les coulisses du pouvoir, on décrivait hier un sommet de l’Etat sous le choc après les attentats les plus meurtriers en France. « Pour la première fois, Hollande a compris qu’il ne faisait pas la guerre à 3 000 km, qu’il aurait pu y passer. Sans compter qu’il a vu les corps au Bataclan… » glisse un conseiller du gouvernement. Dans ce contexte, l’exécutif a dû se pencher sur la riposte à apporter aux terroristes. Et la question a semble-t-il viré au dilemme, entre les partisans de mesures d’exception et ceux qui tiennent à rester dans les clous de la loi et jugent l’arsenal sécuritaire suffisant. « En temps de guerre, le droit change. Nous ne sommes pas seulement face à des terroristes, mais à des soldats, des vétérans, formés par une véritable armée », plaide une source gouvernementale. « Beaucoup de mesures ont déjà été prises.

Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), vendredi soir. François Hollande assiste au match France - Allemagne lorsque deux explosions retentissent. Immédiatement alerté, il se rend au PC sécurité du Stade de France pour s’informer de la situation. Avant de quitter l’enceinte pour superviser les opérations.

« Monsieur le président, le Quick a sauté » L’officier de sécurité du chef de l’Etat « MONSIEUR LE PRÉSIDENT, le Quick a sauté. » C’est par cet étrange message discrètement porté par le préfet de Seine-Saint-Denis et relayé par l’officier de sécurité présidentiel que François Hollande a été averti. Il est près de 21 h 30 au Stade de France, le président regarde France - Allemagne quand les explosions retentissent. « Un truc qui tape à la poitrine », raconte le président du conseil régional d’Ile-de-France, Jean-Paul Huchon, assis juste derrière le chef de l’Etat, lequel se rend alors au PC sécurité. Il s’informe de la tragédie auprès de Bernard Cazeneuve puis revient faire passer le message : « Ne bougez pas, restez à vos places. » Histoire de ne pas créer la panique.

horreur », lâche-t-il. Dans son bureau l’attendent les « 4 » qui, en janvier, l’ont déjà aidé à surmonter l’épreuve des attentats : Manuel Valls, Bernard Cazeneuve (Intérieur) sur lesquels la communication sera concentrée ; Christiane Taubira (Justice) et JeanYves Le Drian (Défense). « Même s’il a été touché, il n’a jamais perdu son sang-froid », assure Claude Bartolone, présent avec Hollande au Bataclan où il est venu jouer un classique de la communication de crise : la présence rassurante sur le terrain. Hollande se sait aussi sous l’œil du monde. A 4 heures du

matin, Barack Obama appelle pour lui apporter son soutien… Suivront Angela Merkel, David Cameron, Mohammed VI, le roi du Maroc...

« Le pays est dans un état de choc » François Hollande

L’action diplomatique est abordée lors du Conseil de défense qu’Hollande préside malgré une nuit presque sans sommeil. « Le pays est dans un état de choc », commence le chef de l’Etat. Devant les ténors du gouvernement et les patrons des services

« Même s’il a été touché, il n’a jamais perdu son sang-froid » Lui s’en va. Direction Beauvau, à la cellule de crise installée salle du Fumoir. Manuel Valls, qui était à son domicile, le rejoint. Le climat est lourd. « On briefe même le président et son Premier ministre en chuchotant », raconte un témoin. Décision est prise de décréter l’état d’urgence, annoncé vers minuit lors d’une déclaration télévisée où Hollande apparaît ébranlé. « C’est une milibris_before_rename

(EPA/MaxPPP/Ceci de F.)

Claude Bartolone, président de l’Assemblée

Paris (XIe), dans la nuit de vendredi à samedi. François Hollande, entouré notamment de Bernard Cazeneuve et Manuel Valls, prend la parole aux abords du Bataclan.

de sécurité, il arbitre les points plus chauds. Notamment la question du rétablissement des contrôles aux frontières : 61 points de contrôle sont décidés. Niveau maximum. « Jamais il n’a été question de suspendre les régionales ou la COP21 », assure un participant. Ce serait donner raison aux terroristes. Quelques minutes après, les « 4 » de nouveau réunis dans le bureau présidentiel, examinent les derniers éléments d’enquête. « C’est un acte de guerre commis par une armée terroriste », concluent-ils. Le président va reprendre la formule dans sa deuxième intervention télévisée. Manuel Valls et Bernard Cazeneuve insistent alors sur la nécessité de convoquer les parlementaires en Congrès à Versailles. « Face à cet événement sans précédent, le débat doit avoir lieu », lui glissent-ils. Notamment avec l’opposition. Nicolas Sarkozy est au bout du fil. « Pour cinq minutes, ça a été bref », indique l’entourage du chef de l’Etat. L’ancien président est attendu ce matin à l’Elysée comme tous les autres chefs de parti et de groupe parlementaire. Sur fond d’unité nationale, le mantra de François Hollande pour les prochains jours. ÉRIC HACQUEMAND

SPÉCIAL ATTENTATS

Le Parisien Dimanche 15 novembre 2015

27

nationale bien fragile Les Républicains réclament des comptes « ON DOIT ÊTRE responsable et totalement solidaire », exigeait, hier matin, Nicolas Sarkozy devant ses troupes. Pour le chef des Républicains, après la terrible série d’attaques dont a été victime la France, pas question de mettre à mal l’unité nationale réclamée la veille par François Hollande. Du moins pas tout de suite. D’ailleurs, Sarkozy a attendu que le président de la République se soit exprimé à nouveau devant les Français hier matin pour faire, à son tour, sa déclaration solennelle depuis le siège du parti. Et les deux hommes rejoueront l’air de la belle unité transpartisane ce matin, à l’occasion d’une rencontre en tête-à-tête au palais de l’Elysée. Mais la concorde nationale n’ira pas beaucoup plus loin. Car à droite, on compte bien réclamer des comp- Paris (XVe), hier. « Nous avons besoin d’inflexions majeures pour que la sécurité tes à la majorité. Et sans trop atten- des Français soit pleinement assurée », a expliqué Nicolas Sarkozy. dre. « Pas d’union nationale pour diluer les échecs du gouvernement. de déchéance de nationalité pour les exige surtout que nous prenions enPlus jamais ça », attaque sans rete- binationaux en lien avec des entre- fin des mesures efficaces. Moi, je fais prises terroristes, ou encore le place- des mesures concrètes et rapidement nue l’eurodéputée Nadine Morano. « On doit faire front commun ment dans des centres de rétention applicables si on veut s’en donner les contre les terroristes. Mais la réalité, fermés de tous les individus qui re- moyens », tonne Valérie Pécresse, chef de file en Ile-de-France, qui viennent du jihad. c’est que, dix mois après les attentats « La réalité, c’est que, dix Un point de vue égrène ainsi ses idées pour renforcer partagé par une la sécurité dans les transports en de janvier, on assiste à une dégradation mois après les attentats grande partie des commun, l’armement des polices de janvier, on assiste ténors du parti. municipales ou encore la réactivade la situation », Candidat en Auver- tion de la réserve citoyenne. renchérit le député à une dégradation Alors voilà François Hollande et gne - Rhône-Alpes, Eric Ciotti, qui a de la situation » Laurent Wauquiez Manuel Valls prévenus. Une fois présidé la commisEric Ciotti, député les Républicains est même allé un l’émotion passée, l’opposition ne fera sion d’enquête sur la surveillance des filières et des peu plus loin en demandant que « les pas la moindre concession. « Nous individus jihadistes. « J’ai encore 4 000 personnes vivant sur le terri- avons besoin d’inflexions majeures écrit une lettre à François Hollan- toire français fichées pour terroris- pour que la sécurité des Français soit de le 22 septembre pour m’éton- me » soient « placées dans des cen- pleinement assurée », a prévenu Niner qu’il ne prenne pas en tres d’internement antiterroristes colas Sarkozy hier dans son allocution, en guise d’avertissement. Il sera compte les propositions de cet- spécifiquement dédiés ». « Nous ne sommes pas là pour l’invité ce soir du 20 heures de TF 1 te commission… Eh bien, je n’ai eu aucune réponse », pointer telle ou telle responsabilité, pour préciser sa pensée. OLIVIER BEAUMONT confie-t-il, très agacé, tout et encore moins pour régler nos en réitérant sa demande comptes. L’urgence de la situation @olivierbeaumont

(AFP/Christelle Alix.)

(AFP/Bertrand Guay.)

Palais de l’Elysée (Paris VIIIe), dans la nuit de vendredi à samedi. Deux heures après les attaques, François Hollande prend la parole. « C’est une horreur », lâche-t-il, visiblement ébranlé.

Dérapages contrôlés au FN

milibris_before_rename

UNE DÉCLARATION, et me l’ensemble des représentants des puis s’en va. C’est une Ma- partis politiques. rine Le Pen volontaireAu FN pourtant, de nombreux cament sobre qui s’est expri- dres ont le verbe beaucoup plus libre mée hier au siège du Front que la présidente. A tel point que national à Nanterre (Hauts- Florian Philippot, numéro deux du de-Seine). Pas question d’en parti, qui évoquait hier sans détour rajouter, bien que la prési- « l’union nationale qui se fait natudente du FN ait profité de rellement parce que nous sommes l’occasion pour dérouler à nou- une nation », faisait figure d’excepveau ses protion. « L’union napositions. « La tionale, il aurait « L’union nationale, France et les fallu la faire il aurait fallu la faire avant, pour Français ne sont plus en sélimiter les avant, pour limiter curité », a-t-elle mar- les cercueils, pas après » cercueils, pas telé. Avant de lâaprès. Valls Gilbert Collard, député cher : « Le président Rassemblement Bleu Marine du Gard p a s s e s o n de la République a temps à annoncé l’état d’urgence et le contrô- combattre le FN plutôt le temporaire des frontières. C’est que l’islamisme radical », bien. Mais il est indispensable que la s’énerve ainsi Gilbert France retrouve la maîtrise de ses Collard, le député du frontières nationales, définitive- Rassemblement Bleu ment. » Et de militer pour le réarme- Marine, qui plaide pour ment de la France, l’anéantissement que « l’armée puisse tidu fondamentalisme islamiste et rer à balle réelle ». Hier, l’expulsion « des étrangers qui prê- son blog hébergeait une chent la haine sur notre sol » tout tribune qui appelait à la comme des « clandestins ». démission du gouverneBref, un discours sans surprises, ment et à l’arrivée de pesé au trébuchet. Marine Le Pen a Marine Le Pen au poupar ailleurs fait savoir qu’elle répon- voir. « Mais je ne suis pas dra cet après-midi à l’invitation à l’auteur de ces textes », l’Elysée de François Hollande, com- tient-il à préciser.

Le compagnon de Marine Le Pen, Louis Aliot, s’est fendu, lui, dès vendredi soir d’un tweet sans équivoque « Monsieur Valls, vous voyez où est le danger ? Le vrai ! Irresponsable ! » Idem pour Nicolas Bay, secrétaire général du parti frontiste : « Pendant que Hollande et Valls combattaient le FN, des assassins sanguinaires préparaient leurs attentats ! Honte, honte à eux. » Sébastien Chenu, tête de liste dans la Somme, affirme lui ressentir « une vraie colère. On se demande si quelque chose a changé depuis Charlie ». Quant au candidat aux régionales en Ile-de-France, Wallerand de SaintJust, il rappelle : « Après Charlie, le nombre de nos adhésions avait explosé.Cette foisci, la colère est encore plus grande. » VALÉRIE HACOT

@vhacot1 Nanterre (Hautsde-Seine), hier. Marine Le Pen, présidente du FN. (EPA/MaxPPP/C. Petit-Tesson.)

28

SPÉCIAL ATTENTATS

Le Parisien Dimanche 15 novembre 2015

t

« Hollande doit changer de stratégie au Proche-Orient »

(LP/Olivier Corsan.)

François Fillon, ancien Premier ministre

François Fillon : « Etudiante à Londres, mon épouse a connu la guerre avec l’IRA. On ne rentrait pas dans un cinéma sans être fouillé. Des habitudes avaient été prises. Nous devons, nous aussi, nous habituer à cela. » RIVAL de Nicolas Sarkozy dans la course à l’Elysée, François Fillon évoque une guerre totale contre le groupe Etat islamique. Que ressentez-vous après ces terribles attaques ?

FRANÇOIS FILLON. D’abord une immense tristesse vis-à-vis des familles qui ont perdu leurs proches. Je ressens de l’admiration pour les forces de l’ordre qui ont été exemplaires. Et je ressens une très grande colère contre les totalitaires islamiques qui nous ont déclaré la guerre et qui doivent s’attendre maintenant à payer le prix de leurs crimes. C’est-à-dire ?

Pour ceux qui en doutaient encore, nous sommes entrés dans une forme de conflit mondial. J’ai soutenu l’engagement militaire contre l’organisation Etat islamique. A partir du moment où on a décidé d’aller sur le terrain de la guerre, j’exige que nous nous donnions les moyens de gagner cette guerre. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.

vivre, des habitudes qui avaient été prises et qui étaient liées à cet état de guerre. Nous devons, nous aussi, nous habituer à cela.

Il faut notamment intensifier les attaques contre Daech en Syrie ?

Ce n’est pas avec quelques bombardements aériens qu’on éradiquera l’EI. Mais en décrétant une mobilisa- Comment renforcer le dispositif tion mondiale, sans tabou, sans pos- de sécurité ? ture. C’est-à-dire en utilisant tous les D’abord par le renforcement des sermoyens et sans faire le tri de nos vices de renseignement. C’est fondaalliés, y compris le mental. Car objecrégime de Bachar tivement, com« On ne va pas faire al-Assad. Et je penment une opéraune marche pacifique se aussi qu’il faudra tion de cette pour impressionner une intervention au envergure-là a-tsol. Le mieux étant le groupe Etat islamique : elle pu passer qu’elle soit condui- on est dans une guerre » c o m p l è t e m e n t te par les forces des inaperçue ? Et il y pays de la région. a aussi des mesures exceptionnelles Sur le plan de la sécurité à mettre en place pour écarter un intérieure, que peut-on faire certain nombre d’individus connus. de plus ? On devrait pouvoir les assigner à réMon épouse est britannique. Etu- sidence, restreindre leurs possibilités diante à Londres, elle a connu la de déplacement… guerre avec l’IRA (NDLR : l’Armée La gauche serait prête à entendre républicaine irlandaise). A cette cela ? époque, on ne rentrait pas dans un Le consensus ne peut plus être purecinéma sans être fouillé. Il y avait des ment symbolique. On ne va pas faire mesures de sécurité, une façon de une marche pacifique pour impres-

« La cohésion est nécessaire »

sionner les gens du groupe Etat islamique. On est dans une guerre avec eux. Elle est en train de prendre l’aspect de la guerre totale, on doit donc appliquer des mesures exceptionnelles. Comme les Américains avec le Patriot Act ?

On n’a pas besoin d’instruments législatifs supplémentaires. Les mesures que je propose, notamment les expulsions d’étrangers et les mesures administratives à l’égard des Français considérés comme dangereux, peuvent être prises dans le cadre de notre législation, notamment dans le contexte de l’état d’urgence. La campagne des régionales est suspendue. Faudrait-il repousser la date des élections ?

Sûrement pas ! Un pays démocratique qui bougerait la date de ses élections parce que les islamistes l’ont décidé perdrait toute crédibilité. Et la COP21 ?

Non plus. Si la cinquième puissance du monde n’est pas capable d’organiser un événement international

parce qu’elle se trouve sous le coup d’une attaque terroriste, c’est un signe terrible de faiblesse. Je propose en revanche que ce rendez-vous mondial soit aussi consacré à la lutte contre le terrorisme islamique. Paris est candidat aux JO : ce serait un geste symbolique de la part des pays étrangers de se prononcer pour cette candidature ?

Bien sûr. Ce serait un geste fort de solidarité et de confiance. François Hollande réunit le Congrès lundi, qu’en attendez-vous ?

Qu’il dise qu’il va changer de stratégie au Proche-Orient, renforcer la sécurité intérieure, dialoguer vraiment avec l’opposition sur la construction d’une politique d’unité nationale. Ce qui a manqué après les attentats de janvier, c’était une écoute de l’opposition et de ses propositions. Propos recueillis par OLIVIER BEAUMONT ET HENRI VERNET

@olivierbeaumont @HenriVERNET

Jean-Luc Mélenchon : « Leur but est de diffuser un sentiment de peur qui dérègle tous les comportements, à montrer du doigt une religion. C’est à cela qu’il faut savoir résister. »

Jean-Luc Mélenchon, député européen (PG) Que faut-il faire face à « cet acte de guerre » ?

Le temps du débat sur les causes de fond viendra. Cela est nécessaire et Quel est votre sentiment c’est le propre d’un pays démocratiaprès les attaques qui ont frappé que. Mais là, on est dans un moment Paris ? de deuil. Il faut mettre de côté un JEAN-LUC MÉLENCHON. C’est certain nombre de confrontations. une épreuve terrible pour le pays. Premièrement, il faut se rendre disLes assassins n’ont pas pour seul ob- ponible aux autres par des actes de jectif de tuer des gens. Ils veulent solidarité. Deuxièmement, il faut suifaire exploser la sovre les consignes ciété française. que donnent les Leur but est de dif- « On ne va pas reprendre autorités sans disfuser un sentiment cutailler, pour les polémiques alors de peur qui dérèait une acque le sang n’est pas qu’on gle tous les comtion cohérente effacé des trottoirs » dans le pays. Enfin, portements, de pousser les gens à chacun d’entre se méfier les uns des autres, à mon- nous peut faire obstacle à la haine, trer du doigt une religion. C’est à cela stopper les rumeurs, la désignation qu’il faut savoir résister. C’est un acte de tel ou tel bouc émissaire. de guerre. Quand on parle de terro- L’union nationale est-elle ristes, nous sous-estimons la nature possible, compte tenu du climat du danger. Ce n’est pas une petite politique et de l’approche bande, une poignée d’illuminés, que des élections régionales ? nous affrontons, mais une armée or- La cohésion est nécessaire. Il faut tout ganisée avec une direction politique, faire pour ça. Tous ceux qui ont le celle de Daech et des puissances ré- privilège d’avoir la parole ont pour premier devoir d’inciter au rassemblegionales qui l’aident et le financent. milibris_before_rename

(IP3 Press/MaxPPP/Clément Mahoudeau.)

COFONDATEUR du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon appelle au rassemblement après les attentats à Paris.

ment et à la compassion. On ne va pas reprendre les polémiques alors que le sang n’est pas effacé des trottoirs.

dans d’autres conditions, avec d’autres façons de parler. Sans doute qu’on y gagnera tous.

Faut-il maintenir la tenue des élections régionales ?

La mise en place de l’état d’urgence et le renforcement des contrôles aux frontières sont-ils les bonnes réponses ?

Oui. En 2012, la série d’attentats de Merah a complètement changé l’ambiance de l’élection présidentielle. Pour autant, on ne l’a pas reportée. On ne doit pas faire ce cadeau à ceux qui nous ont frappés. Notre force, c’est la démocratie. A nous, maintenant, de nous adapter. Peut-être faut-il que la campagne se mène

Pourquoi pas ? Mais j’observe une chose : on a fait beaucoup de concessions sur nos libertés en pensant protéger notre sécurité. Or, la sécurité ne s’est pas du tout accrue. C’est plutôt l’inverse. On a beaucoup discuté de l’importance du renseignement élec-

tronique. On s’aperçoit aujourd’hui que ces méthodes sont profondément inadaptées à la nature du combat. Il faut, à l’avenir, donner plus d’importance au renseignement humain et aux méthodes de l’infiltration. L’action de François Hollande et du gouvernement est-elle à la hauteur ?

On le saura plus tard. Mais ce serait une lâcheté et une bassesse, dans ce moment d’épreuve, de leur marchander la solidarité ou la cohésion. Propos recueillis par PAULINE THÉVENIAUD

SPÉCIAL ATTENTATS

Le Parisien Dimanche 15 novembre 2015

29

Le deuil efface la campagne régionale los : « Transformer les meetings et les déplacements en hommages et en temps d’échange avec les citoyens », glisse un proche d’Emmanuelle Cosse, la secrétaire nationale d’EELV. « On ne peut plus faire campagne sur un mode électoral. »

(LP/Sebastien Thomas.)

(LP/Sophie Bordier.)

Pas facile dans ce contexte de trouver le ton juste

Comme tous les candidats en France, Claude Bartolone (en haut à gauche), tête de liste PS en Ile-de-France, Wallerand de Saint-Just (FN, en haut) et Valérie Pécresse (LR, à gauche), sur le terrain ces dernières semaines, ont suspendu leur campagne.

(LP/Anthony Lieures.)

PAS QUESTION de reporter les élections régionales des 6 et 13 décembre. Manuel Valls a fermé la porte hier soir à cette éventualité : « Ce serait donner raison aux terroristes », a estimé le Premier ministre sur TF 1, pour qui la tenue du scrutin « est la plus belle réponse à leur apporter ». Une position unanimement partagée par la classe politique française, du PCF à l’extrême droite. L’attaque terroriste a toutefois stoppé net la campagne dès vendredi soir. Tous les candidats ont suspendu leurs activités militantes jusqu’à nouvel ordre. « Rien n’est prévu d’ici à demain, tous les plateaux ont été annulés, il n’y aura pas de prise de parole », indique-t-on dans l’entourage de Claude Bartolone, tête de liste PS en Ile-de-France. Le candidat socialiste reprend à plein-temps sa fonction de président de l’Assemblée avec la conférence des présidents aujourd’hui et le congrès du Parlement demain. « On va stopper la campagne pendant au moins une semaine. Je me vois mal faire des meetings et des déplacements en ce moment. On a tout annulé », précise Florian Philippot, le chef de file FN dans la grande région Est. La plupart des candidats ne savent pas encore combien de temps cette pause va durer. Une certitude : personne ne tractera sur un marché le temps du deuil national. Dans les différents partis, des réunions se tiendront en début de semaine pour envisager la suite. « Ces

analyse Valérie Pécresse, tête de liste les Républicains en Ile-de-France. Que faire après le deuil ? C’est la question à laquelle se heurtent les candidats. Impossible de continuer comme

événements tragiques sont forcément un tournant dans la campagne. Après ce que nous venons de vivre, on va devoir faire de la sécurité un des thèmes majeurs de ce scrutin »,

si de rien n’était. A tel point que chez les communistes on n’est même pas certain « de reprendre la campagne », confie-t-on dans l’entourage de Pierre Laurent. Piste envisagée par les éco-

Florian Philippot s’attend pour sa part « à un climat, une ambiance différente ». « Cela va créer une lourdeur, une pesanteur », pronostique-t-il. Quant à Wallerand de Saint-Just, chef de file FN en Ile-de-France, il n’envisage pas d’inflexion dans sa campagne. « Je vais continuer à m’adresser à nos compatriotes musulmans en leur disant qu’ils sont chez eux, mais qu’il faut respecter les fondements de la République », lâche-t-il le plus sérieusement du monde. Pas facile dans ce contexte de trouver le ton juste : « La campagne ne pourra plus être aussi agressive que jusqu’à présent », estime un responsable LR. Rue de Solférino, on avoue buter sur la question : « Une fois le deuil passé, comment procéder ? On n’en sait rien. On a tous en tête l’image du président devant les cercueils des victimes… » OLIVIER BEAUMONT, VALÉRIE HACOT ET PAULINE THÉVENIAUD

@olivierbeaumont @vhacot1 @Pauline_Th

« L’union sacrée, un concept de temps de guerre » Jean Garrigues, historien créé pendant la guerre de 14-18 — derrière le chef de l’Etat. Quel est le sens de la convocation du Congrès à Versailles ?

milibris_before_rename

 Alger (Algérie), le 23 avril 1961. Les généraux français putschistes quittent la délégation générale après leur prise du pouvoir.  Le général de Gaulle condamne aussitôt le putsch et annonce à la télévision qu’il ferait jouer l’article 16 de la Constitution.

des « inflexions majeures » en matière de sécurité…

La crainte de Nicolas Sarkozy, c’est que ces événements favorisent encore des transferts d’électeurs de droite vers l’extrême droite. D’où sa réaction prématurée : il n’aurait pas dû dire cela un jour de deuil, mais il ne veut surtout

pas laisser le terrain de la critique sécuritaire à Marine Le Pen. Faisant cela, il prend le risque d’un discrédit pour celui qui se mettrait en retrait de l’union sacrée, même provisoire. Propos recueillis par HENRI VERNET

@henriVERNET

/Collection Gre.)

 24 avril 1961. A la une du « Parisien libéré » : « De Gaulle prend tous les pouvoirs par l’application de l’article 16 de la Constitution. »

(Rue des Archives

JEAN GARRIGUES. Les précédents, dans la période troublée de la fin de la IVe République en mai 1958, La campagne des régionales puis en 1961 lors du putsch des gé- est suspendue. Faut-il repousser néraux à Alger, rappellent que cela les élections ? caractérise une menace d’ordre mi- Il n’y a pas de raison de les décaler. litaire. Aujourd’hui, cette notion de Ce serait en contradiction avec le disguerre intervient avec la désigna- cours de fermeté de François Hollande, car cela reviention d’un ennemi drait à céder aux extérieur, Daech, r e l a y é p a r d e s « Nicolas Sarkozy ne veut terroristes. Ce qui pas laisser le terrain est certain c’est que agents de l’intérieur. Dans un tel de la critique sécuritaire la campagne est matériellement contexte, l’état à Marine Le Pen » bouleversée, puisd’urgence donne des pouvoirs de police exception- que les réunions publiques peuvent nels. L’étape suivante, c’est le re- être interdites. Psychologiquement, cours à l’article 16 de la Constitu- politiquement, il y a un impact. tion, qui donne les pleins pouvoirs A qui cela profite-t-il ? Fondamentalement, ce qui s’est pasau président de la République. sé va conforter l’électorat lepéniste, François Hollande pourrait qui était déjà convaincu de la nécesrecourir à cet article 16 ? Seul le général de Gaulle y a eu re- sité de fermeté envers le terrorisme cours, en 1961, et il a été critiqué. Ce islamiste. Il peut aussi y avoir un efserait aussi le cas pour François Hol- fet de mobilisation en faveur de lande s’il décidait de l’appliquer, car François Hollande, qui bénéficierait il ne se justifie pas. On n’a pas le d’une nouvelle phase de légitimasentiment que le fonctionnement tion, comme il l’avait connue après institutionnel soit rompu. Ce qui se les attentats de janvier. Ce phénomèjustifie, ce sont des mesures d’ordre ne favorisera-t-il une mobilisation public permises par l’état d’urgence. électorale de la gauche aux régionaCela implique, sur le plan politique, les ? Rien n’est moins sûr, car les un devoir de réserve, une forme électeurs feront la part des choses. d’union sacrée — terme d’ailleurs Nicolas Sarkozy réclame

(AFP.)

Cela vise à donner de la solennité, l’image d’unité nationale. Cela permet d’asseoir la figure présidentielle comme le chef de la nation. C’est aussi une manière pour Hollande de tordre le bras à l’opposition, de tenter de lui imposer cette union sacrée.

(Rue des Archives/Agip.)

Après ces attentats d’une ampleur inédite en France, l’état d’urgence a été décrété sur tout le territoire. Qu’est-ce qui caractérise un pays en état d’urgence ?

(LP/Philippe de Poulpiquet.)

L’HISTORIEN Jean Garrigues, spécialiste d’histoire politique, souligne le caractère exceptionnel de l’état d’urgence.

30

SPÉCIAL ATTENTATS

Le Parisien Dimanche 15 novembre 2015

Quai d’Orsay (Paris 7e), le 6 novembre. Pour les ministres de l’Ecologie et des Affaires étrangères, Ségolène Royal et Laurent Fabius, hors de question d’annuler la conférence de l’ONU sur le climat. (LP/Olivier Corsan.)

La France ne renoncera pas à sa COP21 À QUINZE JOURS de l’ouverture d’un événement aussi planétaire que la COP21 — la gigantesque conférence sur le climat organisée sous l’égide des Nations unies — les attentats de Paris ont amené très vite à s’interroger sur le maintien de cette manifestation. Est-il possible dans un tel contexte de garantir la sécurité des 195 chefs d’Etat et de gouvernement et des quelque 40 000 participants attendus, sans mettre en danger non plus la population ? Hier, Laurent Fabius, qui préside à l’organisation de cette conférence, a coupé court à toute spécula-

tion. « La COP21 doit se tenir, a martelé le ministre des Affaires étrangères. Elle se tiendra avec des mesures de sécurité renforcées, mais c’est une action absolument indispensable contre le dérèglement climatique. » Manuel Valls l’a confirmé hier soir sur TF 1 : « La COP21, qui fait de Paris une nouvelle fois la capitale mondiale, se tiendra. » Un conseiller ministériel précise : « Oui, nous allons réévaluer le dispositif de sécurité qui était déjà bien blindé, ce n’est pas comme si on n’avait rien vu venir. » De fait, le contrôle aux frontières avait été rétabli quelques heures

Obama viendra bien

n

Un responsable américain a confirmé hier que Barack Obama sera bien à Paris dans deux semaines pour l’ouverture de la conférence sur le climat. Obama, qui fut l’un des tout premiers chefs d’Etat à exprimer sa solidarité avec le peuple français après la série d’attentats qui a ensanglanté Paris vendredi, doit participer le 30 novembre à un sommet au premier jour de la COP21. Il tenait déjà beaucoup à venir à Paris pour pousser un accord « ambitieux et durable » sur le climat, malgré de fortes résistances dans son propre pays. Le 11 janvier, il n’était pas venu à l’immense manifestation de solidarité organisée à Paris après les attentats. Obama avait été critiqué pour cela et avait reconnu milibris_before_rename

avant les attentats, avec pas moins de 30 000 policiers mobilisés pour sécuriser l’entrée sur le territoire avant l’ouverture de la COP21 le 30 novembre. La conférence doit s’achever le 11 décembre, date à laquelle est espéré un accord international permettant de limiter à 2 °C le réchauffement climatique. La partie du site du Bourget (Seine-Saint-Denis) réservée aux négociations diplomatiques bénéficiera du statut de territoire international et sera directement placée sous le contrôle d’une centaine de gardes de l’ONU. De multiples événements sont prévus en marge de la COP21, notamment au Grand Palais, du 4 au 10 décembre, où sont programmées les rencontres Solutions COP21 orchestrées par des entreprises. Dès hier, le débat sur le maintien ou non de la conférence a cependant commencé à s’installer dans le paysage politique. « Je suggère

que l’on reporte la COP 21 », estime Ségolène Royal, la ministre de Eric Ciotti. Pour le député LR des l’Ecologie. Chef de file LR pour les Alpes-Maritimes, la France ne dis- régionales en Ile-de-France, Valérie pose pas des moyens suffi- Pécresse approuve : « Ne reportons sants pour garantir un déroule- pas la COP21. Ne donnons pas le ment sans accroc : « En l’état, sentiment aux terroristes que nous compte tenu de la mobilisation ex- capitulons face à leurs menaces. » ceptionnelle reLa députée des quise pour assurer Yvelines propose « Réquisitionner la sécurité de nos même de « proficoncitoyens, je ne des milliers de policiers ter de cet événevois pas comment ment pour organipour cet événement nous aurons les ser un sommet va déstabiliser notre moyens d’assurer mondial contre le organisation actuelle » terrorisme dans le en plus celle de dizaines de chefs Eric Ciotti, député LR des Alpes-Maritimes m o n d e » . U n e d’Etat pendant proposition partaquinze jours. Réquisitionner des gée à droite par Bruno Retailleau, le milliers de policiers pour cet événe- président des sénateurs les Répument, cela va déstabiliser notre or- blicains. Sans écarter totalement ganisation actuelle. Il y a des hié- cette option, le Premier ministre a rarchies à avoir, des priorités ! » souhaité hier soir que la COP21 « se Une option combattue par d’au- concentre essentiellement sur le tres. « Au contraire, il faut plus que climat ». jamais tenir la COP21 ! Sinon, c’est PHILIPPE MARTINAT le terrorisme qui gagne », juge ainsi (AVEC OLIVIER BEAUMONT)

Manifestations revues à la baisse Washington, vendredi. Le président américain a pris la parole après les attentats. (AFP/Jim Watson.) que c’était une erreur de ne pas avoir fait le déplacement. En venant cette fois, il entend montrer que les démocraties ne se laisseront pas intimider par le terrorisme. Et que les Etats-Unis sont au côté de la France dans l’épreuve.

A DÉFAUT D’ANNULER ou de repousser la conférence de l’ONU sur le climat, la gravité de la situation sécuritaire créée par les attentats pourrait aboutir à réduire les proportions de l’événement et des multiples manifestations et colloques qui s’y rattachent. Dans les ministères, certains responsables commencent à faire observer que l’état d’urgence décrété par le président de la République ne pourra pas être sans conséquence. En particulier sur la présence dans la rue des nombreux défilés qui étaient prévus dans plusieurs grandes villes en région à la veille

de la conférence. En particulier la Marche pour le climat programmée le 29 novembre dans la capitale, à laquelle des centaines de milliers de participants sont attendus.

Aucune décision n’est encore prise «En tout état de cause, si ces manifestations avaient lieu demain, elles ne pourraient sans doute pas se dérouler», estime un fonctionnaire. «Mais interdire purement et simplement ce cortège suppose un accord politique avec les organisateurs», souligne prudemment un conseiller.

Pour l’heure, aucune décision n’a encore été prise. Mais du côté du ministère de l’Intérieur, on ne verrait sans doute pas d’un mauvais œil l’annulation des grandes manifestations qui s’annonçaient délicates à gérer du fait notamment de la présence d’activistes écolos parfois violents, comme ceux du Black Block. «Cela nous permettrait de trouver les effectifs nécessaires pour renforcer la sécurité de la COP21», échafaude un responsable. « De toute façon, remarque un conseiller, la COP21 n’aura pas le même visage que prévu». PH.M.

SPÉCIAL ATTENTATS

Le Parisien Dimanche 15 novembre 2015

31

Hommage planétaire à la France

Académie militaire de West Point (Etats-Unis), hier. Des footballeurs américains entrent sur le terrain en brandissant un drapeau français pour rendre hommage aux victimes des attentats.

maire a fait mettre les drapeaux en berne, avec ce message posté sur les réseaux sociaux : « Ce soir, nous sommes tous parisiens. » Tokyo, Mexico, Rio de Janeiro, Berlin l’étaient eux aussi, parisiens. Dans tous les coins du monde, officiels et anonymes ont voulu afficher leur soutien, en convergeant vers les représentations diplomatiques françaises. A Oslo, en Norvège, un fleuriste a même distribué des roses en pagaille pour que les passants puissent les déposer devant l’ambassade. Et comme un double hommage aux victimes et à la Ville Lumière, des habitants ont allumé spontanément d’innombrables bougies comme à Séoul (Corée du Sud), et bien sûr à Londres, « ville sœur », a déclaré son maire, Boris Johnson. « Nous sommes deux capitales qui partagent les mêmes valeurs : la liberté, l’ouverture, la tolérance. » Malgré la pluie battante, des centaine de personnes se sont réunies hier après-midi puis à nouveau dans la soirée à Trafalgar Square, au cœur de Londres. A 11 heures demain, c’est toute l’Europe qui est invitée à se recueillir pour un instant de silence.

(USA Today Sports/Danny Wild.)

C. BR.

MINUTES DE SILENCE, bâtiments illuminés, dépôts de fleurs… partout dans le monde, les manifestations de solidarité se sont multipliées avec Paris. Symboliquement, la tour Eiffel avait été éteinte hier soir. Privée de ses célèbres lumières… qui ont rejailli dans de très nombreuses autres capitales. L’Opéra de Sydney, célèbre voilier d’acier et de verre, a ainsi été illuminé des trois couleurs bleu-blancrouge, tout comme la porte de Brandebourg à Berlin, les mairies de San Francisco en Californie et de Tel-Aviv en Israël, l’immense tour CN, à Toronto (Canada) ou encore le stade de l’Etat de Puebla au Mexique. A Madrid, plusieurs centaines de personnes ont observé une longue minute de silence avant que le maire, suivi par d’autres, n’entonne une vibrante « Marseillaise ». Dans cette ville endeuillée par un terri-

ble attentat le 11 mars 2004 (191 morts), la tragédie parisienne résonnait forcément avec plus d’intensité. La capitale espagnole a décrété trois jours de deuil et mis ses drapeaux en berne par solidarité.

Roses en pagaille L’hymne français a aussi retenti à Dublin (Irlande), entonné par 6 000 personnes, ainsi qu’à Montréal (Canada), où le

Rio (Brésil), hier. Rassemblement de soutien devant le Corcovado. (AP/Leo Correa.)

Séoul (Corée du Sud), hier. Des Français disposent des bougies devant l’ambassade de leur pays. (Reuters/Kim Hong-Ji.)

New York « est » Paris New York (Etats-Unis) De notre correspondante

n

(AP/Matt Dunham.)

L’Opéra de Sydney (ci-dessous) et la roue de Londres (à droite) aux couleurs de la France, hier.

(AFP/William West.)

EN IMAGES

milibris_before_rename

leparisien.fr

« Le monde se pare de bleu-blanc-rouge » « Le choc à la une de la presse La presse internationale » « décline l’horreur »

C’est un jeune Français qui est à l’origine du grand rassemblement new-yorkais organisé hier après-midi à Washington Square, l’une des plus célèbres places de la ville. Se désespérant d’être loin de ses amis restés en France, Vincent Merle avait lancé une page Facebook invitant tous les habitants de Big Apple à exprimer leur solidarité. En quelques heures, des milliers d’internautes ont répondu à cet étudiant en économie de 19 ans. Et parmi eux, le maire démocrate, Bill de Blasio, qui n’avait pas pris la peine de se déplacer en janvier, lorsqu’un même rassemblement avait eu lieu après l’attentat contre « Charlie Hebdo ». A l’époque, plus de Français que d’Américains s’étaient déplacés. Pas hier, signe que la tragédie de vendredi bouleverse les Etats-Unis. En témoignent aussi les messages inscrits au marqueur sur les

gigantesques feuilles de papiers disposées autour de l’arche de Washington Square. « Pray for Paris » (Priez pour Paris), « Restez forts Paris », « Not afraid » (Pas peur) ou, tout simplement, « Paris, je t’aime ».

Humeur combative Au-delà de la tristesse, dans cette petite foule silencieuse (près de 2 000 personnes), les cœurs étaient plutôt d’humeur combative et solidaire, comme un indéfectible lien entre ces deux villes meurtries. New York, hier, « était » Paris avec sa flèche du One World Trade Center aux couleurs du drapeau français. A l’orchestre du Metropolitan Opera, dirigé par Placido Domingo, une « Marseillaise » au délicieux accent américain a été lancée avant la représentation de « Tosca », l’œuvre de Puccini. Pour que l’hommage soit repris par la foule, la direction avait glissé une feuille dans le programme sur laquelle figuraient les paroles de l’hymne français. GÉRALDINE WOESSNER AVEC C.D.S.

32

SPÉCIAL ATTENTATS

Le Parisien Dimanche 15 novembre 2015

Les multiples visages de la pieuvre Daech UN MOUVEMENT protéiforme capable de mener des actes de guerre classique, des raids dans le camp ennemi à coups de camions suicides, mais aussi des attaques terroristes de grande ampleur à l’étranger, comme vendredi soir à Paris. Voilà ce qu’est devenue en quelques années, selon les services de renseignements français, l’organisation Etat islamique, qui opère en Irak et en Syrie sur un territoire aussi vaste que le Royaume-Uni. Une véritable pieuvre, un groupe extrêmement difficile à éradiquer dans la mesure où il s’appuie largement sur la population sunnite — hostile aux gouvernements chiites — dans les zones qu’il contrôle.

« Pour les groupes islamistes, la France est tout en haut de l’échelle de la détestation » Un spécialiste des mouvements radicaux

« On considère que Daech dispose d’au moins 30 000 hommes très aguerris, dont une bonne partie de combattants étrangers venus du monde entier », explique-t-on encore à Paris. Depuis quelques semaines cependant, l’organisation islamiste a subi une série de revers militaires. Face à l’armée d’Assad, en Syrie, les jihadistes ont d’abord dû abandonner leur position stratégique autour de l’aéroport de Kweires, près d’Alep, qu’ils occupaient depuis deux ans. Un vaste complexe qui permettra aux forces régulières syriennes et éventuellement aux avions russes, alliés de Bachar al-Assad, de se repositionner dans le nord du pays.

L’organisation Etat islamique qui mène une guerre classique en Irak et en Syrie, a revendiqué hier les attaques terroristes de Paris. (DR.) Mais c’est en Irak que la défaite de Daech a été la plus spectaculaire. En moins de quarante-huit heures, les peshmergas kurdes, appuyés par des avions de la coalition, ont en effet repris la ville de Sinjar où, à l’été 2014, des centaines de yézi-

dis avaient été massacrés (pour les hommes) ou emmenées comme esclaves sexuelles (pour les femmes). Désormais, la route entre Raqqa, en Syrie, et Mossoul, en Irak — les deux grandes villes du « califat » autoproclamé par le chef de l’EI —,

LES PRINCIPAUX ATTENTATS LIÉS À DAECH EN 2015 (hors Moyen-Orient)

DANEMARK 1

FRANCE

3 morts > Fusillades contre un centre culturel et une synagogue * Revendiqué par ou lié à Daech.

2 3

1 Février Copenhague

4

est coupée. Sur le plan symbolique, les hommes en noir ont également perdu cette semaine une figure emblématique : Mohammed Emwazi, alias Jihadi John, un des pires bourreaux de l’EI, probablement tué par une frappe de drone

2 Août BelgiqueFrance 0 mort > Thalys

3 Janvier Paris 20 morts > Montrouge > « Charlie Hebdo » > Hyper Cacher

TURQUIE TUNISIE TU 5 6

129 morts > Stade de France > Bataclan > Restaurants

5 Mars Tunis 24 morts > Musée du Bardo

6 Juin Sousse 38 morts > Plage de Sousse

7

ALGÉRIE AL

4 Vendredi soir Paris-St-Denis

8

LIBAN

Daech SYRIE, IRAK

AFGHANISTAN

9 Majlis Choura hooura Chabab al-Islam (MCCI) ( CCCI) CI)) - LIBYE ÉG ÉGYPTE

PAKISTAN

7 Octobre Ankara 102 morts* > Attentat suicide lors d'une marche pour la paix

8 Novembre Beyrouth 43 morts > Attentat à la bombe

YÉMEN

Boko Haram Nord-est d-est du NIGERIA NIGERI ERI RIA A Fiefs importants de Daech LP/Infographie milibris_before_rename

Groupuscules sympathisants

au-dessus de Raqqa, en Syrie, dans la nuit de jeudi à vendredi. Si sa mort n’a pas été officiellement confirmée, les militaires américains sont « à peu près certains » d’avoir éliminé ce jeune Londonien de 27 ans qui apparaît sur plusieurs vidéos de décapitation d’otages occidentaux, couteau à la main, menaçant la Terre entière avant d’effectuer sa sinistre besogne. Changement de stratégie assumée ou fuite en avant ? C’est en tout cas au moment où Daech connaît quelques difficultés sur le terrain que l’organisation a choisi de frapper ses adversaires sur leur territoire. Multipliant les attentats ces dernières semaines : en Turquie, au Liban, en Egypte (contre l’avion russe) et en France. Paris a, il est vrai, toujours occupé une place de choix dans les communiqués de menaces de l’EI. Pour les jihadistes, la France est le pays de la laïcité, celui qui a interdit le voile à l’école, la burqa dans l’espace public et défendu les caricatures de Mahomet dans « Charlie Hebdo ». Depuis 2014, elle participe aux opérations de la coalition contre Daech en Irak, et en Syrie depuis septembre. « Pour les groupes islamistes, la France est mise sur le même plan que les Etats-Unis. Tout en haut de l’échelle de la détestation », assure un spécialiste des mouvements radicaux. Qui ajoute, fataliste : « Pour la population française, il va falloir faire preuve de courage et probablement s’habituer au pire… » FRÉDÉRIC GERSCHEL

@fgerschel

Estimation des combattants étrangers de Daech, par pays (100 personnes minimum)

3 000

Tunisie Arabie saoudite

2 500 2 100

Jordanie Maroc

1 500 900

Liban Russie

800

France

700

Libye

600

Roy.-Uni

400

Turquie

400

Egypte

350

Allemagne

270

9 Octobre Egypte (Sinaï)

Belgique

250

224 morts* > Crash aérien

Australie

250

Pays-Bas

120

Palestine

120

Danemark

100

SPÉCIAL ATTENTATS

Le Parisien Dimanche 15 novembre 2015

33

Quelle riposte pour la France ?

La France dispose de six Rafale basés aux Emirats arabes unis. Ils pourraient entrer très rapidement en action sur des sites stratégiques du groupe Etat islamique pour les affaiblir et marquer les esprits. (AFP.) tanniques, ni les Français ne souhaitent s’engager franchement dans le bourbier syrien. A un an de la fin de son mandat, Barack Obama reste très prudent, lui qui a retiré les GI d’Irak et d’Afghanistan. Mais les positions ont quand même un peu évolué ces dernières semaines. Tour à tour, l’état-major américain et le gouvernement britannique ont annoncé l’arrivée de petits contingents de forces spéciales pour déclencher des opérations coup de poing et coordonner la contre-offensive des milices kurdes. Après les attaques de vendredi, la France sera peut-être tentée de faire pareil.

n Des raids de représailles ?

n Se rapprocher de Bachar al-Assad ?

Paris est déjà engagé militairement en Irak et en Syrie contre le groupe Etat islamique. La France dispose de 12 avions sur place : 6 Rafale basés aux Emirats arabes unis et 6 Mirage en Jordanie. Avant les attentats qui ont endeuillé Paris, le chef de l’Etat avait annoncé l’envoi du « Charlesde-Gaulle » dans le golfe Persique pour muscler son dispositif. Le porte-avions appareillera mercredi pour être sur zone mi-décembre, doublant la capacité opérationnelle de la France. Sans attendre, l’état-major peut choisir de frapper des cibles de l’EI — camps d’entraînements, dépôts de munitions et de carburants, centres de commandement — pour marquer les esprits et faire passer le message que « la France est bien en guerre » comme l’a martelé le Premier ministre, hier soir, à la télévision.

Jusqu’à présent, la France est le pays qui a le plus haussé le ton contre le régime syrien, l’accusant d’être responsable du c h a o s a c t u e l (250 000 morts depuis 2011). Au nom de la realpolitik, faut-il à présent dialoguer davantage avec le maître de Damas ? Assad dispose toujours de puissants servi-

ces de renseignement et d’une armée, certes à bout de souffle, mais qui est en ce moment appuyée par les avions russes et les troupes d’élite iraniennes. Ce rapprochement est aujourd’hui souhaité par de nombreuses voix — notamment à droite — qui critiquent de plus en plus ouvertement la position française dans la région. Hier, du côté du Quai d’Orsay, on ne plaidait pas vraiment pour un changement de cap. « Il y a une collusion de fait entre le régime syrien et Daech. Tant qu’Assad restera au pouvoir, l’Etat islamique prospérera. Il faut en revanche davantage aider les groupes de la rébellion modérée qui, le moment venu, pourront lutter efficacement contre l’EI », explique un diplomate. Le choix est compliqué. Et c’est François Hollande qui devra trancher. Hier, en tout cas, Assad a joué la surenchère en déclarant devant une délégation française dirigée par le député (LR) Thierry Mariani : « Les politiques erronées adoptées par les pays occidentaux, notamment la France, dans la région ont contribué à l’expansion du terrorisme. » FRÉDÉRIC GERSCHEL

LE AUDANS LEDISPOSITIF DISPOSITIFFRANÇAIS FRANÇAIS DPROCHE-ORIENT ANS S LA AR RÉGION TURQUIE

Zone sous le contrôle de Daech

SYRIE Mossoul

Mer Méditerranée Damas JORD.

EGYPTE

JORDANIE

6 Mirage

Bagdad

IRAK

1 sous-marin nucléaire

ÉMIRATS ARABES UNIS

650 militaires 6 Rafale IRAK

700 militaires ARABIE SAOUDITE

SOUDAN Soldats français

IRAN

LP/Infographie.

MANUEL VALLS l’a affirmé très clairement hier soir, sur TF 1 : la France répliquera aux attaques terroristes de vendredi en frappant le groupe Etat islamique en Syrie et en Irak. Mais le Premier ministre s’est bien gardé de communiquer des éléments précis sur cette riposte qui se décidera lors d’un Conseil de défense restreint autour de François Hollande. Ou de dire si la stratégie occidentale sera revue et, si oui, de quelle façon. Voici les possibilités qui s’offrent à la France (et à la communauté internationale) dans les jours qui viennent.

Porte-avions Charles-de-Gaulle (arrivée mi-décembre) 2 frégates

@fgerschel

milibris_before_rename

(AFP.)

Tous les experts militaires sont formels. Même si elles ont permis de limiter l’essor de Daech en Syrie et en Irak, les frappes aériennes ne permettront pas de se débarrasser rapidement des jihadistes de l’EI. « Il faudra d’une façon ou d’une autre envoyer des troupes au sol », confirme le colonel Michel Goya, écrivain et expert militaire. Pour l’heure, ni les Américains, ni les Bri-

(AFP/Bertrand Langlois.)

n Envoyer des troupes au sol?

Plus d’un millier de soldats français sont déployés dans la région tandis que le porte-avions « Charles-de-Gaulle » (à dr.) prendra le large mercredi et arrivera sur zone mi-décembre.

SPÉCIAL ATTENTATS

34

Le Parisien Dimanche 15 novembre 2015

« La sécurité est LE défi de IL A SUIVI devant sa télévision vendredi soir la folle nuit d’attentats à Paris qui a débuté au Stade de France pendant France - Allemagne. Pour Jacques Lambert, il est beaucoup trop tôt pour envisager une annulation de l’événement, même si « rien n’est impossible ». La tenue de l’Euro 2016 en France est-elle menacée ?

JACQUES LAMBERT. C’est impossible d’y répondre, pas seulement au regard des responsabilités des organisateurs, mais aussi au regard de ce que cela représenterait pour un Etat de prendre une décision de cette nature. L’Euro, c’est dans sept mois. C’est un événement parmi d’autres en France. Il y en aura des manifestations importantes dans des domaines différents avant. Ce n’est pas en soi la question de l’Euro 2016 qui est posée, mais celle de la vie de la nation.

(LP/Lydia Chassier.)

Jacques Lambert, le président de la société d’organisation de l’Euro 2016, revient sur la tenue d’un tel événement dans un contexte désormais très tendu.

des responsables de toute nature dans les circonstances les plus difficiles consiste à garder son sangfroid. On en a tous besoin pour évaluer et décider dans les semaines qui viennent ce qui est le mieux pour la sécurité des spectateurs de l’Euro 2016.

Qu’est-il prévu en termes de sécurité pour cette compétition ?

Je ne dirai rien sur ce plan-là. Dévoiler les mesures de sécurité envisagées serait révéler des choses qui peuvent être utilisées contre nous. Ce qui avait été prévu va-t-il être renforcé ?

On ne peut pas répondre vingt-quatre heures après cette tragédie. Nous travaillons depuis trois ans sur le dispositif de sécurité avec le ministère de l’Intérieur et les préfectures dans chacune des villes. Nous n’avons pas fini ce travail puisqu’il reste sept mois pour affiner, peaufiner, régler, caler, etc. Il est bien évident que des Qui pourrait décider d’annuler leçons sont à tirer et l’Euro en France ? C’est une question « Des leçons sont à tirer seront tirées de ce vient de se pasqui relève de l’UEFA de ce qui s’est passé » qui ser. Il y aura des choau premier chef. ses supplémentaires et différentes Existe-t-il à ce jour un plan B prévues. si la France ne l’organise plus ? A sept mois du Championnat d’Eu- L’Euro 2016 a-t-il été ciblé rope, certainement pas. C’est une par les terroristes ? question qui n’a pas été évoquée Nous n’avons pas d’alerte particulière à ce jour. C’est la France en tant avec moi à l’UEFA depuis hier soir. qu’Etat, pays et nation qui est visée Vous n’envisagez aucun autre par le terrorisme international. scénario que cet Euro en France ? Mon rôle n’est pas d’envisager mais L’Euro peut être une cible parmi de faire face devant des décisions à d’autres, compte tenu de sa médiatiprendre. Je ne tire pas de plan sur la sation. La sécurité est LE défi majeur de l’organisation de cet événement. comète. Ce n’est pas parce qu’aucune menaLe chef de l’Etat peut-il décider ce précise n’a été détectée jusqu’à seul d’annuler l’événement ? Un Etat peut toujours prendre des dé- présent qu’il n’en existe pas. cisions exceptionnelles liées à une si- Des billets ont d’ores et déjà été tuation exceptionnelle. Rien n’est vendus. Sait-on à qui ? impossible dans la vie d’un pays, Oui. On a le nom, le prénom, l’adresmais la question ne se pose pas à ce se et les données bancaires. On est jour. Le chef de l’Etat et le gouverne- susceptibles de tracer de façon préciment ont des priorités à régler qui se les acheteurs de billets. Mais entre passent bien avant celle de l’Euro. tracer et identifier 2,5 millions Aujourd’hui, nous sommes tous sous d’acheteurs dans le monde entier, le choc et l’émotion. Ce qui s’est pas- c’est une autre paire de manches. Propos recueillis par DOMINIQUE SÉVÉRAC sé vendredi est terrifiant. Le propre

n L’EURO EN CHIFFRES

24 L’Euro regroupera 24 équipes, contre 16 auparavant, pour la première fois de l’histoire de la compétition. 10 Dix villes ont été retenues par l’organisation : Paris, Saint-Denis, Marseille, Lyon, Lens, Bordeaux, Toulouse, Saint-Etienne, Lille et Nice. 10 L’organisation a prévu de mettre en place une fan-zone autour de chaque stade. Elles pourront accueillir les 6,5 millions de supporteurs dépourvus de billet attendus pendant la compétition. L’accès y sera gratuit pour regarder les matchs sur écran géant.

7 à 8 millions 51 matchs Avec 36 matchs de poules et 15 d’une phase finale qui débutera dès les 8 , la compétition concernera 51 matchs pendant un mois. 1,8 million C’est le nombre de places à destination du grand public. Un million d’entre elles sont déjà parties cet été, les 800 000 places Comme le nombre de supporteurs attendus en France pendant le mois de compétition, du 10 juin au 10 juillet. es

restantes seront mises en vente le 14 décembre.

2,5 millions C’est le nombre total de personnes qui assisteront aux matchs, un quart des places étant destinées aux sponsors et aux invités. milibris_before_rename

Stade de France (Saint-Denis), vendredi soir. Raphaël Varane, Lassana Diarra et Blaise Matuidi (au premier plan, au centre, de g. à dr.) lors de la rencontre opposant la France à l’Allemagne. (LP/Arnaud Journois.)

Les fan-zones, l’autre enjeu à risques SI, CE MATIN, la sécurisation des 2,5 millions de spectateurs attendus, à partir du 10 juin prochain, dans les stades de l’Euro, s’annonce comme un défi majeur, que dire de celle des 6,5 millions de supporteurs supposés remplir les fan-zones ? Les dix villes retenues (Bordeaux, Lens, Paris, Saint-Denis, Toulouse, Marseille, Nice, Lyon, Lille et Saint-Etienne) devront en effet prévoir un immense espace d’animations où seront retransmis gratuitement les matchs sur des écrans géants. Mais l’UEFA n’a pas prévu de venir en aide, financièrement, aux municipalités. Et le choix des prestataires qui feront vivre ces lieux a déjà pris huit mois de retard. La raison principale ? Le coût grandissant de la sécurité.

« C’est aux municipalités de financer la sécurisation et nous l’avions intégrée, remarque Gaël Perdriau, maire de Saint-Etienne. Depuis les attentats de janvier, les exigences dans ce domaine avaient été revues à la hausse, mais nous étions capables d’y faire face. Maintenant, au vu des événements de vendredi soir, il n’est pas impossible que les règles de sécurité soient augmentées. » Et leur coût aussi.

Pas assez d’agents de sécurité formés « Nous allons lancer des appels d’offres pour assurer la sécurité des fanzones, promet le maire stéphanois. Mais, en France, il n’y a pas assez d’agents de sécurité suffisamment

formés pour répondre à la demande. Et l’UEFA exige un ratio d’agents de sécurité par nombre de spectateurs qui correspond à celui d’une salle fermée ! Or, les fan-zones sont en plein air. Il faut trouver le bon compromis. » De prochaines discussions entres les maires des villes hôtes sont programmées. Le dossier s’annonce comme un sérieux casse-tête. D’autant que, comme le souligne l’édile, « on a déjà installé le système de vidéo de l’Euro à Geoffroy-Guichard concernant les extérieurs. Mais quand on voit ce qui s’est passé au Stade de France, on se dit, hélas, qu’il est impossible de tout sécuriser. » DAVID OPOCZYNSKI ET CHRISTOPHE BÉRARD

SPÉCIAL ATTENTATS

Le Parisien Dimanche 15 novembre 2015

35

l’Euro 2016 » Une vague d’hommages dans les stades UN BRASSARD NOIR porté par Zlatan Ibrahimovic. A l’instar de tous les joueurs disputant un match sous l’égide de l’UEFA, le capitaine suédois a rendu hier soir hommage aux victimes des attentats lors du barrage aller de l’Euro 2016 face au Danemark (2-1). Comme à Lviv pour Ukraine - Slovénie (2-0), une minute de silence a été respectée au stade de Solna (Suède), illuminé pour l’occasion aux couleurs du drapeau français. Aux Etats-Unis, la patinoire des hockeyeurs des Washington Capitals s’est parée de bleu, de blanc et de rouge, dans la nuit de vendredi à samedi. A Buenos Aires, les 50 000 spectateurs du stade Monumental ont observé une minute de silence avant le choc Argentine - Brésil, en

Friends Arena, Solna (Suède), hier soir. Zlatan Ibrahimovic et ses coéquipiers ont respecté une minute de silence avant leur barrage contre le Danemark. (AFP.) éliminatoires du Mondial 2018. Dans la banlieue de Londres, la minute de recueillement a été brisée par les rugbymen agenais qui ont chanté « la Marseillaise » avant leur match contre les London Irish. L’hymne français a même été joué à Livourne, en Italie, avant une rencontre de football de Serie B (2e division). Il résonnera de nou-

veau aujourd’hui avant les autres rencontres de championnat italien quand, au Brésil, Sébastien Grosjean, seul pilote français engagé au Grand Prix de F 1, arborera un brassard tricolore. CYRIL PETER VIDÉO

leparisien.fr

La réaction d’Angel Di Maria

L’immense émotion du monde sportif

FACE à l’état d’urgence, les instances sportives ont reporté, hier, la quasi-totalité des rencontres de ce week-end en Ile-de-France. Seul le match entre le FC Mantois, club de Mantes-la-Ville, et les Guyanais d’Iracoubo, comptant pour le 7e tour de la Coupe de France de football, a été maintenu par la FFF, cet aprèsmidi (15 heures). Il a été en revanche délocalisé au Centre national du football de Clairefontaine (Yvelines) et se déroulera à huis clos. « C’est le séjour le plus controversé de ma petite vie. Notre premier voyage en métropole avait démarré par des entraînements à Clairefontaine, la visite de la tour Eiffel et des Champs-Elysées, avant les atrocités d’hier (vendredi). Cela va nous marquer à vie », confie le capitaine guyanais Gilbert Vontie, âgé de 22 ans, présent vendredi au Stade

milibris_before_rename

de France avec l’ensemble de sa délégation qui doit repartir mardi. Un cas unique, même si un tournoi international de gymnastique se poursuivra aujourd’hui à Combs-laVille, en Seine-et-Marne. Les Fédérations de basket et de volley ont, elles, annulé tous leurs matchs dans l’Hexagone (plus de 4 000). Celles de rugby et handball, qui ont pris cette décision uniquement pour l’Ile-de-France, ont demandé qu’une minute de silence soit respectée avant le début des rencontres dans les autres régions ce week-end. GILLES TOURNOUX (AVEC A.D.)

n Les

organisateurs de la Coupe d’Europe de rugby, dont les rencontres de la 1re journée ont été reportées en France, espèrent « être en mesure d’annoncer de nouvelles dates la semaine prochaine ».

« On n’a pas trop le moral »

n

(LP/Florent Pervillé.)

Un seul match maintenu en Ile-de-France

tout le monde en France et aux « ON SE RÉVEILLE et on réalise. familles des victimes », souligne Personne n’est préparé à vivre de Nicolas Batum. En Italie, le voltelles horreurs. » Arnaud Assouleyeur Earwin Ngapeth a posté mani, le champion paralympique sur son compte Twitter une phodu saut en longueur en 2008, préto de la tour Eiffel. sent au Stade de France vendredi En France, le judoka Teddy Risoir avec d’autres athlètes, mesuner parle d’une « soirée terrible », re l’ampleur du drame. « C’est le pilote de Formule 1 Romain l’horreur », ajoute l’ancienne Grosjean estime qu’il n’y a « pas championne de tennis Marion de mot pour décrire ce qu’il se Bartoli. « Une nuit tragique », afpasse ». Le perchiste Renaud Lafirme le basketteur Nando villenie dit être « sous le choc ». De Colo depuis Moscou. Toutes les Fédérations partagent Comme eux, de nombreux la douleur des familles. Eloyse Lesportifs ont, tout au long de la sueur, championne d’Europe du journée d’hier, fait part de leur saut en longueur, a « mal à sa émotion, notamment sur les réFrance ». Sa partenaire de l’équipe seaux sociaux. Depuis Paris, la de France, l’heptathlonienne AnFrance mais aussi dans le monde en- Usain Bolt a posté cette photo toinette Nana Djimou, avoue ressentier. « Tellement triste d’apprendre de lui devant la tour Eiffel sur son tir « douleur, colère et peur ». les attaques à Paris. Pensées aux vic- compte Instagram. (Instagram/Usain Bolt.) « C’est une nouvelle tragédie, souftimes et à leurs proches », s’est ainsi ému le sprinteur jamaïquain Usain « pensées au peuple de Paris ». Los fle Jean-Philippe Gatien, champion Bolt qui a posté une photo de lui Angeles, concurrent de Paris dans la du monde de tennis de table en 1993 prise devant la tour Eiffel sur Insta- course aux Jeux de 2024, a posté : et désormais président du conseil « J’ai le cœur brisé et je d’administration de l’Insep. J’ai failli gram. « Sois fort, Pasuis indigné. Los An- aller au Stade de France. C’est un ris, France, vous êtes « Je suis anéanti » geles est uni avec ceux symbole de la France qui a été attatous dans nos cœurs Rafael Nadal, en français, qui combattent le ter- qué. Un symbole du rassembleet nos pensées », a sur son compte Twitter ment. » Le théâtre de la France blackrorisme. » tweeté l’ex-rugbyDepuis les Etats-Unis, les basket- blanc-beur de 1998. man néo-zélandais Jonah Lomu. SANDRINE LEFÈVRE ET JULIEN LESAGE « Mon Dieu, que se passe-t-il avec les teurs français ont réagi. « Pensée à gens ? » s’interroge le basketteur LeBron James. « Je suis anéanti », confie Rafael Nadal en français dans le texte. Le numéro un mondial de tennis, Novak Djokovic, est « choqué, Florent Manaudou, chef de file des nageurs français heureusement personne Florent Manaudou a attristé, horrifié, sans voix ». de mon entourage n’a été remporté la finale du Après avoir été « Charlie », tous touché. C’était difficile de 100 m nage libre lors de la sont désormais « Paris », à l’image du dormir avec tout ça. Ça a 2e journée du meeting de basketteur espagnol Pau Gasol, été dur de faire du sport Compiègne (Oise) qui s’est champion d’Europe en septembre aujourd’hui. » Mais tenue hier. Les compétitions aux dépens de la France, qui a adresFlorent Manaudou a tenu prévues aujourd’hui ont été sé ses « pensées et prières au peuple à disputer la course : en revanche annulées en de Paris » avant de conclure son « J’ai nagé car les terroristes raison des attentats. Le champion tweet du hashtag #JeSuisParis. cherchent à nous terroriser, mais on olympique et double champion du « Ce n’est pas seulement une attan’a pas trop le moral. » Geste monde du CN Marseille est marqué que contre le peuple de France et symbolique mais fort, le clan par la tragédie. « Je regardais le contre Paris, c’est une attaque contre marseillais s’était peint un brassard match de foot France - Allemagne l’humanité et les valeurs humaines noir sur le biceps gauche. « J’ai dit et ça a basculé sur les attentats, et olympiques », précise Thomas aux gars cet après-midi (hier), on explique-t-il. J’ai suivi ça jusqu’à Bach, président du Comité internafait un truc pour les attentats. » 1 heure et demie du matin. Je tional olympique. Le comité d’orgaVINCENT MELOSCI connais des gens sur Paris, nisation des JO de Rio a adressé ses

36

SPÉCIAL ATTENTATS

Le Parisien Dimanche 15 novembre 2015

Les Bleus portent le deuil DES HEURES CHARGÉES d’émotion. Choqués, hébétés, traumatisés même pour certains, les joueurs de l’équipe de France, rassemblés à Clairefontaine, ont vécu hier, à l’unisson d’une nation frappée en son cœur, une journée particulière. Et plus particulièrement l’un d’entre eux, directement touché par la vague d’attentats ayant ensanglanté Paris et Saint-Denis. Peu avant 18 h 30, Lassana Diarra a ainsi révélé sur les réseaux sociaux que sa cousine, Asta Diakite, était décédée au cours d’une des fusillades. « C’est avec le cœur lourd que je prends la parole aujourd’hui. […] Elle a été pour moi un repère, un soutien, une grande sœur, écrit le joueur de l’OM sur Twitter et Facebook. Dans ce climat de terreur, il est important pour nous tous, qui sommes représentants de notre pays et de sa diversité, de prendre la parole et de rester unis face à une horreur qui n’a ni couleur ni religion. Défendons ensemble l’amour, le respect et la paix. Merci à tous pour vos témoignages et vos messages, prenez soin de vous et des vôtres, et que nos victimes reposent en paix. » Le milieu tricolore conclut son message d’un « Prions pour la paix » et d’un « France Unie ». Dans la matinée, d’autres joueurs français avaient manifesté leur émotion. « Pensée aux victimes », a tweeté le défenseur Ba-

cary Sagna, quand Laurent Koscielny a rédigé : « Pas de mot, triste, so sad, pray (“trop triste, prions pour“) Paris. » « Pas de mots pour exprimer mon choc et ma tristesse au lendemain de ces attentats. Mes pensées vont aux familles des victimes », a de son côté posté le milieu Morgan Schneiderlin sur le réseau social. Le défenseur Raphaël Varane a aussi posté un message sur Twitter : « Une soirée effroyable. Pensée à toutes les victimes et à leurs familles. » Dès leur sortie du terrain, vendredi soir, les Bleus prennent la mesure de la dramatique situation. Dans le couloir menant au vestiaire, ils tombent sur un écran de télé diffusant les images d’une chaîne d’information en continu, avec notamment le bandeau « Explosions au Stade au France ».

phrase glaçante : « Il y a des morts. » Le silence est pesant. Tout le monde écoute sans rien dire. Au choc se substitue la colère. « Les salauds », balance un joueur. « Des lâches, ces terroristes », ajoute un autre. La victoire contre les champions du monde allemands est déjà oubliée (2-0). Pas de célébrations, pas de félicitations. La longue nuit commence à peine. Les Bleus restent confinés dans le vestiaire, comme les Allemands d’ailleurs qui, eux, dormiront dans les entrailles du Stade de

France. Certains rejoignent brièvement leur famille avant de retourner avec leurs coéquipiers. Logiquement, personne ne se présente devant la presse en zone mixte, mais tous suivent les derniers développements de l’actualité sur les réseaux sociaux, les écrans ou à la radio. Pour des raisons de sécurité, leur départ intervient seulement à 2 h 55. Leur bus s’immobilise dans la pénombre de Clairefontaine à 3 h 45. Durant le trajet, pas un mot n’est prononcé. Personne ne ferme l’œil. Les atten-

tats peuplent tous les esprits. Le dîner est maintenu pour ceux le souhaitant. Il est rapidement avalé, chacun retrouvant ensuite sa chambre entre 4 h 30 et 5 h 15. Pour ceux ayant trouvé le sommeil, la nuit a été courte. Au petit déjeuner, toujours ce même silence. Transpirant d’ordinaire la joie et la bonne humeur, la salle de jeu est déserte. La tonalité pour le reste de la journée est donnée. CHRISTOPHE BÉRARD, JULIEN LAURENS ET HAROLD MARCHETTI

« Des lâches, ces terroristes » Un international

D’un seul coup, tous se souviennent des explosions entendues depuis le terrain pendant la première période face aux Allemands. Une fois au vestiaire, Thierry Braillard, le secrétaire d’Etat aux Sports, et Noël Le Graët, le président de la Fédération française, les attendent. En quelques mots, ils leur lancent la

Griezmann a eu très peur

n

On imagine l’angoisse. Et l’insupportable attente. Plus que n’importe quel autre Tricolore, Antoine Griezmann a traversé cette sinistre nuit l’oreille collée au portable. Alors que ses parents assistaient à la rencontre contre l’Allemagne, sa sœur Maud faisait en effet partie du public du Bataclan, où se produisait le groupe de rock Eagles of Death Metal. A 6 heures du matin vient enfin la délivrance. Sa sœur, très choquée, n’est pas blessée. L’attaquant de l’Atlético Madrid se fend alors d’un premier tweet : « Grâce à Dieu ma sœur a pu sortir du Bataclan. Toutes mes prières vont aux victimes et leurs familles. » Puis

Antoine Griezmann. (LP/Arnaud Journois.) viendra un deuxième, trois heures plus tard : « Grosse pensée pour les victimes des attaques. Dieu prend soin de ma sœur et des Français. #vive la France. »

Stade de France (Saint-Denis), vendredi soir. Lassana Diarra a fait part sur les réseaux sociaux de la mort de sa cousine dont il était très proche et qui a été victime des assassins qui ont ensanglanté la capitale. (Icon Sport/Nolwenn Le Gouic.)

(LP/Philippe Lavieille.)

Les Français sont-ils prêts à jouer contre l’Angleterre ?

Noël Le Graët, le président de la Fédération française de football, a décidé du maintien du match Angleterre - France mardi. milibris_before_rename

TF 1, QUI A ANNULÉ « Téléfoot » ce matin, n’a rien décidé. Angleterre - France, programmé depuis plusieurs mois à Londres dans le mythique stade de Wembley, a finalement été maintenu par la Fédération française (FFF) et sera retransmis par TF 1. Cinquante-sept mille places ont été vendues, 14 000 sont encore disponibles. La Fédération anglaise, ouverte à toutes les options, avait laissé le choix hier matin à son homologue française. La FFF s’est alors retournée vers l’Elysée, qui a donné son feu vert au maintien du match. « On ne s’y oppose pas », a-t-on expliqué à la Fédération depuis le sommet de l’Etat. On peut y voir

une volonté politique de ne pas céder devant la terreur. Roy Hogdson, le sélectionneur de l’Angleterre, a livré hier son sentiment : « Le match montrera que le monde du football est uni contre ces atrocités. Je suis sûr que l’équipe d’Angleterre et nos supporteurs afficheront leur solidarité avec nos amis français et soutiendront les deux équipes en ces moments difficiles. »

Un brassard noir à Londres Mardi, à l’heure du coup d’envoi, la période de deuil de trois jours, décrétée par François Hollande, sera terminée. « On va jouer mardi à Wembley. Il y a eu des hésitations, pas de notre part. La France

est debout, le foot aussi », ajoute Noël Le Graët, le patron de la FFF, sur RTL. Joint par nos soins, le président de la FFF développe sa pensée : « Les joueurs n’ont rien à voir dans le fait de jouer le match. C’est moi et moi seul qui ai pris la décision de jouer. J’en ai informé Didier (Deschamps) aux alentours de midi (hier), et il l’a ensuite dit aux joueurs. » Le sélectionneur annoncera effectivement après le déjeuner à son groupe que le match se déroulera comme prévu. En privé, certains joueurs, encore choqués, reconnaissent ne pas avoir la tête au football et pas envie de prendre part à cette rencontre amicale. Certains membres de la déléga-

tion bleue vont même plus loin et confient, préférant garder l’anonymat : « C’est irrespectueux et honteux de disputer cette partie. » En fin d’après-midi, hier, dans un Clairefontaine où tout a été annulé (la venue de supporteurs, les rendez-vous médias), la séance d’entraînement pour certains et de récupération pour les titulaires de vendredi soir n’est qu’une formalité. Professionnels et meurtris, les Bleus devraient porter un brassard noir à Londres en hommage aux victimes et respecter une intense minute de silence ou d’applaudissements, selon un protocole qui n’a pas encore été arrêté. CH.B., R.F., J.L. ET D.S.

SPÉCIAL ATTENTATS

Le Parisien Dimanche 15 novembre 2015

37

(AFP/Franck Fife.)

Le film sur le terrorisme reporté

Paris (XIe), hier. Les quatre membres du groupe U2, qui ont annulé les concerts qu’ils devaient donner hier et ce soir à Bercy, sont venus se recueillir devant le Bataclan.

Rideau sur la culture Théâtres, musées, cinémas, salles de concerts, parc d’attractions… A la fois par précaution et par solidarité, la plupart des sites culturels ont fermé ce week-end. LE DEUIL. Et la prudence. Après quelques hésitations dans la matinée d’hier, l’écrasante majorité des lieux culturels et de divertissement ont décidé de baisser le rideau ce week-end, soit de leur propre chef, soit par décision ministérielle. n Les concerts coupent le son. Les deux derniers concerts parisiens de U2, qui devaient avoir lieu hier et ce soir à Bercy, ont été annulés. Les quatre membres du groupe irlandais sont venus se recueillir hier devant le Bataclan. De même, le concert des Foo Fighters, demain à Bercy, a été annulé. Le groupe américain a annulé toute sa tournée. L’Olympia a annulé les spectacles de The Dø hier et Nekfeu ce soir. Au Zénith de Paris, le rappeur Soprano a reporté son concert prévu ce soir au 26 novembre, et la préfecture de police devait demander l’annulation des concerts de Motörhead ce soir et Marilyn Manson demain. En province aussi, plusieurs dates ont été reportées, comme à Lille, hier soir, pour les concerts de Maître Gims au Zénith, de Lou Doillon au Splendid et de Disiz à l’Aéronef.

La société de production Auguri a aussi décalé les concerts de Louane et des Innocents prévus ce weekend. « On ne peut décemment pas faire la fête ce week-end, argue son directeur, Olivier Wurth. Mais c’est chaque artiste qui décide. Et il n’est pas question pour l’instant d’annuler les autres dates des tournées. Il ne faut ni céder à la psychose ni céder tout court. » n Les théâtres font relâche. Tous les théâtres publics ou de la Ville de Paris ont été fermés hier et le resteront aujourd’hui, sur décision du ministère de la Culture. La grande majorité des salles privées, à l’exception du Théâtre Edouard-VII, du Dejazet, des Nouveautés, de la Comédie des Champs-Elysées, de La Bruyère ou encore de la Grande Comédie, ont également baissé le rideau hier et resteront fermées aujourd’hui dans la capitale, par mesure de sécurité et pour respecter le deuil national, mais aussi parce que de nombreux spectateurs ont annulé leur venue. Au Théâtre de Paris et à la Michodière, Robin, Berléand, Sardou,

Disney rouvrira mercredi CE NE SONT PAS seulement les salles de spectacle qui ont joué la carte de la prudence ce week-end. Certains jardins et parcs d’attractions ont préféré aussi baisser le rideau hier. Le jardin des Tuileries, par exemple, qui ne devrait pas non plus rouvrir aujourd’hui. Ou le jardin d’acclimatation, qui annonce une possible réouverture lundi. Le parc Disneyland Paris, qui accueille en moyenne 40 000 visiteurs par jour, a exceptionnellement immobilisé ses manèges hier, ce qui n’était pas arrivé depuis la tempête de 1999. Et en toute fin de journée hier soir, le plus grand parc

milibris_before_rename

d’attractions d’Europe a fait savoir qu’il resterait portes closes jusqu’à mardi inclus. Egalement cibles potentielles, les grands châteaux de la région parisienne ont baissé le rideau. Versailles (Yvelines), après avoir ouvert hier matin, a fermé en fin de matinée et le restera au moins jusqu’à lundi soir. Ce jour, il accueillera le congrès réunissant députés et sénateurs à la demande du président de la République. Le château de Fontainebleau (Seine-etMarne) reste également fermé aujourd’hui. PH.B.

Chazel font relâche tout le weekend. Une décision prise dès vendredi soir par Richard Caillat, le directeur de ces deux salles : « On ne peut pas se permettre d’exposer les spectateurs et les artistes à un tel risque. Cette fois, nous sommes des cibles. Et comment proposer des comédies après ce drame ? » n Ecran noir dans les cinémas. Après avoir ouvert dans la matinée, les réseaux Gaumont Pathé, UGC et MK2 ont fermé leurs salles parisiennes en milieu de journée, sur recommandation de la préfecture de police. Une mesure qui pourrait être prolongée aujourd’hui. Par ailleurs, deux avant-premières hollywoodiennes prévues aujourd’hui et demain, « le Pont des espions », de Steven Spielberg, et « Jane Got a Gun », avec Natalie Portman, ont été annulées. Certains cinémas indépendants, en revanche, comme le cinéma du Panthéon (Paris Ve), assuraient les séances hier. n Les musées décrochent. Le Louvre a ouvert à 9 h 30 après avoir eu un avis positif du ministère de la Culture, mais ce dernier a donné un

avis contraire à 11 heures. La direction du Louvre a ainsi fermé le musée, ainsi que le jardin des Tuileries et le musée Eugène-Delacroix. A midi, le ministère de la Culture annonçait la fermeture de tous les musées nationaux (le Louvre, Orsay, le Grand Palais…). A Paris, les musées municipaux avaient aussi ordre de ne pas ouvrir (Musée d’art moderne, Carnavalet, Petit Palais…). Ces fermetures seront reconduites aujourd’hui. n La tour Eiffel verrouillée. Monument emblématique de la Ville Lumière, la tour Eiffel, qui est restée éteinte cette nuit en signe de deuil, n’accueillera plus de visiteurs « jusqu’à nouvel ordre ». L’Opéra de Paris ou la Philharmonie resteront fermés tout le week-end, ainsi que la Géode et la Cité des sciences. Le Moulin-Rouge, le Lido, le Crazy Horse ont remballé leurs plumes. Le festival Les Inrocks a suspendu ses concerts d’hier et d’aujourd’hui, tandis que Paris Photo, au Grand Palais, était complètement annulé. CATHERINE BALLE, ÉRIC BUREAU ET THIERRY DAGUE

Qui décide de fermer

n

Hier, le gouvernement a décidé la fermeture des salles de spectacle et des musées publics (Louvre, Comédie-Française, Théâtre de la Colline...), tandis que la Ville de Paris a annoncé celle des établissements municipaux (musée d’Art moderne, Théâtre du RondPoint, Monfort, bibliothèques...). Mais, en ce qui concerne les établissements privés, comme les cinémas et de nombreuses salles de spectacle (Bercy, l’Olympia, le Théâtre de Paris...), le ministère de la Culture, la Ville et la police ont

seulement fait des préconisations. Comme le Prodiss — Syndicat national des producteurs, diffuseurs et salles de spectacle —, toutes ces institutions ont recommandé la fermeture des salles culturelles ce week-end. Mais c’est aux propriétaires des salles que revient la décision d’ouvrir ou non. L’état d’urgence permet à l’Etat d’ordonner la fermeture de toutes les salles accueillant du public, mais le gouvernement n’a pas franchi ce pas hier. C.BA.

SUR L’AFFICHE de « Made in France » figure en gros plan un kalachnikov. Au lendemain des attentats, le distributeur, Pretty Pictures, a décidé de ne pas sortir mercredi le film de Nicolas Boukhrief. Sinistrement prémonitoire, ce long-métrage, tourné en 2014, devait à l’origine sortir sur plus d’une centaine d’écrans. Il raconte comment, téléguidés par un terroriste de retour d’Afghanistan, de jeunes intégristes de la banlieue parisienne créent une cellule jihadiste à Paris et se constituent un arsenal d’armes lourdes pour semer le chaos dans la capitale. Cette cellule est infiltrée par un journaliste qui alerte la police. Tourné à la manière d’un thriller mais avec un grand souci de réalisme, juste avant les attentats de « Charlie Hebdo », « Made in France » décrit le processus d’embrigadement de jeunes musulmans, de toutes origines, qui basculent dans la lutte armée. Toute la promotion a été suspendue dès hier. Et les affiches ont été retirées, précisait hier la RATP. HUBERT LIZÉ

La télé bouscule ses grilles LOGO BARRÉ d’un ruban noir, les chaînes de télévision ont bouleversé leurs grilles depuis vendredi soir. Tandis que les chaînes d’information (i>télé, BFMTV, LCI) se branchaient très vite en direct sur les fusillades à Paris, TF 1, dès 22 h 52, a interrompu ses programmes pour se consacrer aux attentats. France 2 a enchaîné une heure plus tard, tout comme France 3 et M 6. Hier matin, ces quatre chaînes ont diffusé des éditions spéciales qui ont duré jusqu’au JT de 13 heures. Les JT du soir ont été augmentés sur TF 1 et France 2. De son côté, Canal + a programmé un « Grand Journal » spécial. Les prime times d’hier ont également été adaptés. Tandis que la Une remplaçait « Danse avec les stars » par un épisode du « Mentalist », la Deux faisait l’impasse sur « Ze Fiesta » de Patrick Sébastien et diffusait ensuite un « On n’est pas couché » spécial en direct (lire page suivante). Les déprogrammations se poursuivent aujourd’hui. TF 1 a annulé « Téléfoot » et consacrera son « Sept à huit » à l’actualité. Canal + a supprimé « Canal Football Club ». Sur la TNT, D 8 renoncera lundi à « Touche pas à mon poste » et repoussera le lancement de « Touche pas à mon sport », présenté par Estelle Denis, à lundi prochain. C.BA.

38

SPÉCIAL ATTENTATS

n ILS ONT REFUSÉ D’ANNULER

(LP/Jean-Baptiste Quenti.)

Laurent Ruquier a animé une «émission de concorde»

Il était impossible, selon lui, de diffuser l’émission d’« On n’est pas couché » enregistrée jeudi. Alors, hier à partir de 22 heures, Laurent Ruquier a animé en direct une émission spéciale sur les attentats rebaptisée « On est solidaire ». Un programme à la demande de la chaîne, nous avait-il précisé hier après-midi, et à laquelle il avait mis une condition : « Faire une émission de concorde ». Ruquier n’a voulu ni débats ni polémiques. Il s’est entouré d’artistes (Sylvie Testud, Catherine Frot…) et de politiques (Jean-Luc Mélenchon, Razzy Hammadi, JeanChristophe Lagarde…) qu’il a fait venir pour « exprimer leur solidarité et l’importance du rassemblement dans ce genre de situation ».

(ArtComArt/Pascal Victor.)

Jacques Weber ne veut pas céder à la haine

Harpagon ne lâche rien. Jacques Weber, qui incarne l’Avare , de Molière, au Théâtre Dejazet, place de la République, était hier soir sur scène. « Si on ne me l’interdit pas, je joue, nous confiait l’acteur avant d’entrer en scène. Je continue à faire mon métier. Je ne veux céder ni à la haine ni à la panique. » Vendredi, la troupe avait dû s’enfermer dans un café voisin en attendant la fin des attaques.

Jouer, chanter, sortir… « Il faut entrer en résistance » Pierre Perret, auteur de la chanson « Au nom de Dieu » niens en matière de sécurité, il sera toujours trop tard au moment où ils se décident.

IL EST L’AUTEUR d’une chanson sortie en 1998, intitulée « Au nom de Dieu », qui dit comment la religion a toujours été à l’origine des massacres de l’histoire. Pierre Perret s’est sans cesse engagé contre l’intolérance (« la Petite Kurde », « la Femme grillagée »). Le chanteur de 81 ans témoigne de son inquiétude, mais aussi de la nécessité, en son âme d’artiste, de faire plus que jamais acte de résistance.

Craignez-vous pour vos propres concerts ?

Comment voulez-vous vous sentir tranquille ? Que ce soit dans une salle de 1 000 places ou au 60 000 des Vieilles Charrues à Carhaix, il sera maintenant impossible de ne pas se dire : « Bon, est-ce que je ne vais pas sauter sur le plateau ? Est-ce qu’il ne va pas y en avoir Dans quelles conditions aviez200 qui vont être collés au plavous écrit « Au nom de Dieu » ? PIERRE PERRET. Il n’y avait pas fond ? » A partir du moment où ce d’événement particulier. Ce sujet a processus est engagé et que ça a l’air d’être toujours été en firelativeligrane chez moi. La religion est, à « On ne peut pas fermer ment fames yeux, le nerf sa gueule devant ce genre c i l e … On le de la guerre sur de comportement » conslequel est né le malheur des gens. C’est elle qui en- tate après chaque grave gendre les ostracismes qui font que attentat. Les trois pretout le monde ensuite se tape sur la miers mois, il y a beaucoup de remous au sujet gueule. de la vigilance. Ensuite, Dans quel état d’esprit êtes-vous les choses se calment et après cette nouvelle tragédie les mecs rentrent où ils à Paris ? Je me sens accablé, abattu. Et je veulent. me dis que, malheureusement, Les mots des artistes, tous les Cassandre que j’entends leurs chansons, sont-ils s’exprimer ici et là ne le sont peut- toujours aussi importants ? être pas autant que ça. Et que nous Oh oui ! Je crois que les mots ont sommes peut-être au début de une grande importance parce grands malheurs qui risquent de que ça les dérange. Regars’enchaîner. Parce que ces gens dez au nom de quoi (NDLR : les terroristes) sont capa- ils ont encore bles de tout. On le voit bien, on le dit agir. sait bien. A partir du moment où ils élèvent des gamins en batterie pour leur apprendre à se sacrifier et avoir « l’honneur » de se faire exploser au milieu d’une foule, tout est ouvert. Et c’est vrai que si nous ne sommes pas plus draco-

Pierre Arditi, comédien

Propos recueillis par T.D. milibris_before_rename

A 81 ans, Pierre Perret pense toujours que les mots ont une grande importance face aux terroristes. (LP/Arnaud Journois.)

VIDÉO

leparisien.fr

Un pianiste joue « Imagine » devant le Bataclan

n (LP/Frédéric Dugit.)

(LP/Pascal Villebeuf.)

Louis Bertignac souhaitait jouer hier soir à Chenôve (Côte-d’Or). Mais un arrêté municipal interdisant toute manifestation jusqu’à demain soir l’en a empêché. Sur Facebook, l’exguitariste de Téléphone a exprimé son désarroi : « Je comprends ceux qui veulent honorer les victimes. Ma façon de les honorer était de chanter pour eux et de faire chanter la salle pour eux. Je comprends ceux qui ont peur pour notre sécurité. […] Alors, on fait quoi ? On ne sort plus ? […] On donne raison à six méchants qui veulent nous tuer ou nous faire peur ? La seule réponse pensable : non, pas possible ! […] Le maire de Chenôve n’est pas de mon avis, alors je le respecte, c’est le maire… » C.BA., T.D. ET E.B.

Propos recueillis par PIERRE VAVASSEUR

Hazis Vardar, patron de salles de spectacle

n

A l’affiche du « Mensonge » de Florian Zeller, mis en scène par Bernard Murat au Théâtre EdouardVII, Pierre Arditi a tenu à jouer hier à 17 h 30 et à 21 heures, au côté de son épouse Evelyne Bouix. « Nous avons décidé de ne pas baisser la tête, nous a confié le comédien. Bernard Murat a voulu qu’on joue, et je suis exactement sur la même ligne. On ne va pas commencer à se terrer dans des caves et à vivre dans la peur. Chacun est libre de jouer ou pas, c’est une question de conscience personnelle. Pour moi, c’est un comportement citoyen. On est horrifié par ce qui s’est passé, bien sûr, je suis désespéré par ce que j’ai vu, mais la meilleure réponse à ces actes insupportables, c’est qu’ils n’aient pas prise sur ce que nous sommes et sur nos vies. »

Au nom de Dieu et des « lieux de perversité » que sont à leurs yeux les salles de spectacle. Je ne vous cache pas que je regrette parfois d’être l’un des seuls à évoquer ces sujets. En plus, ce n’est pas sans danger ! Mais on ne peut pas fermer sa gueule devant ce genre de comportement. Il faut maintenant entrer en résistance.

« C’est vendredi qu’on aurait dû fermer… »

« Ne pas baisser la tête »

Bertignac a dû ranger sa guitare

Le Parisien Dimanche 15 novembre 2015

Patron de plusieurs salles à Paris lourde, mais il ne faut pas s’arrêter de (le Palace, la Comédie vivre à cause d’un acte de guerre… On République et la Grande Comédie), ne doit pas plier. Sinon, on reprend Hazis Vardar a appelé le commissariat quand ? Demain, dans quelques jours, hier matin pour savoir s’il avait dans six mois ? Le seul jour où on l’autorisation de maintenir ses aurait dû fermer, c’est vendredi, mais spectacles. « Il n’y avait aucune on ne savait pas ce qui allait se interdiction, mais passer… » on m’a conseillé de Hazis Vardar a fermer, nous « On ne doit pas plier. effectivement expliquait-il en fin Sinon, on reprend quand ? choisi de maintenir de matinée. Nous représentations Demain, dans quelques les resterons donc d’hier à la Comédie jours, dans six mois ? » République et la vraisemblablement ouverts, comme Grande Comédie. Il nous l’avions fait au moment des comptait également ouvrir le Palace, attentats de Charlie Hebdo. » mais c’est l’humoriste Norman qui a Si le propriétaire se souvient qu’en décidé de ne pas jouer. « A la séance janvier dernier la fréquentation des de 16 heures, il y avait 50 % du public salles avait beaucoup diminué, il habituel », a précisé Vardar après assure que, dans ces périodes, être passé à la Grande Comédie, où certains spectateurs considèrent que se jouait « Familles (re)composées ». « sortir est un acte militant ». Le patron ne baissera le rideau que si « D’ailleurs, il y a des gens qui ont l’Etat le lui impose ou, « bien sûr », si déjà appelé pour confirmer leur la police l’informe d’un danger venue », se réjouissait-il hier matin. immédiat. « Bien sûr qu’il y aura une ambiance C.BA.

Hazis Vardar affirme qu’il ne baissera le rideau que si l’Etat le lui impose. (LP/Catherine Balle.)

SPÉCIAL ATTENTATS

Le Parisien Dimanche 15 novembre 2015

39

n ILS ONT REFUSÉ D’ANNULER

coûte que coûte

(LP/Matthieu de Martignac.)

(LP/Frédéric Dugit.)

Johnny Hallyday a dédié son concert de Strasbourg aux disparus

Pelouse de Reuilly (Paris XIIe), hier. Sur les 2 000 spectateurs attendus en début d’après-midi au cirque Phénix, seuls 400 se sont déplacés, dont Patricia et ses deux enfants.

« Bouleversé » par les événements, le chanteur a posté sur son compte Twitter un message de solidarité : « Bien triste cette fin de semaine. Mes pensées sont pour toutes les familles des victimes. » Après avoir attendu les consignes des autorités, il a maintenu son concert à Strasbourg hier soir. Marqué par une minute de silence très intense, le show était dédié aux disparus. « Sans opportunisme, nous a expliqué son manageur dans la soirée, juste parce que nous avons besoin d’être rassemblés. Et pour montrer que la vie ne doit pas s’arrêter. »

Laurent Gerra « plus fort que la bêtise » à Dunkerque

SAMEDI DE NOVEMBRE, samedi de cirque. La pelouse de Reuilly (Paris XIIe) en accueille deux. En temps normal, on se faufile difficilement dans la cohue des voitures. Hier, vingt minutes avant les représentations annoncées sous les chapiteaux voisins Pinder et Phénix, l’immense esplanade a l’air d’une morne plaine. « Que le spectacle commence ! » voiton clignoter en lettres lumineuses sur l’écran géant Pinder. Mais il ne commence pas. La séance de 14 heures est annulée. Le comité d’entreprise qui avait réservé presque toute la salle a dit à ses employés de rester chez eux. Le show de 17 h 30, lui, aura lieu. « Pourquoi on ne jouerait pas si le public est là ? La vie continue. Au contraire », lance Gilbert Edelstein, le patron de Pinder. Chez Phénix se tient la première du « Petit Dragon », par les Etoiles du cirque de Pékin et les moines Shaolin. Une sécurité renforcée filtre l’entrée, contrôle des sacs et bras écartés. « J’ai engagé 6 personnes supplémentaires ce matin pour les contrôles », précise Alain Pacherie, le direc-

teur de Phénix. Il attendait 2 000 avec ses deux enfants, n’a appris les spectateurs. A peine 400 sont là. attentats que samedi matin, en route « Même s’il n’y en avait eu que 4, vers le chapiteau. « En me garant, j’ai j’aurais joué. On ne va pas donner eu un doute. J’avais mal au ventre… raison à ceux qui nous attaquent. J’ai dit aux enfants : Au moindre Cent cinquante personnes travaillent bruit, vous vous couchez. On n’arrêsur ce spectacle. Est-ce que lundi les te pas de se retourner pour regarder gens n’iront pas travailler ? », enrage- derrière nous. Mais oseraient-ils s’att-il presque. « J’ai la rage », nous lan- taquer à un cirque ? De toute façon, cera en écho à l’entracte Stéphanie, on ne va pas les laisser gagner », une jeune infirmière venue avec son confie-t-elle à l’entracte. A 14 heures, le fils, les yeux en directeur du circolère, un peu L’émotion et le premier que, Alain Pacheembués. « J’avais des amies au Ba- numéro, d’une grâce infinie, rie, ouvre le spectacle en parlant taclan. L’une d’elfont venir des larmes de « compassion les est en réanimation, avec deux balles dans le ven- et de colère face à la vague d’attentre. Mais je ne veux pas vivre dans la tats », et de la nécessité de « se dresser contre les barbares ». La salle apcrainte. » Guylaine et Candice, mère et fille plaudit très fort. Et se lève unanimemartiniquaises, toutes deux adultes, ment, pour une minute de silence n’étaient pas du même avis. « Moi, je avec toute la troupe. L’émotion, lourne voulais pas venir, avoue la mère. de, et le premier numéro, d’une grâPar peur, dans les transports, et par ce infinie, avec des lampions rouges respect pour les victimes. » « Je l’ai dans l’obscurité et une danseuse convaincue, explique sa fille. Je dans les airs, font venir des larmes. n’avais pas envie de me laisser abat- Tant de finesse, tant d’horreur. Le public s’est massé, compact, detre. » Patricia, cadre médicale, ici

vant les artistes, comme pour se réchauffer. Des hourras accueillent un numéro d’acrobatie particulièrement osé. Le cirque, aujourd’hui, c’est presque un miracle. Plus qu’un spectacle. La représentation suivante sera annulée. Toutes les places avaient été réservées par un comité d’entreprise, les Hôpitaux de Paris, dont les personnels sont sur la brèche. Le Cirque d’Hiver Bouglione, lui, situé dans l’épicentre des attentats, entre République et Oberkampf, n’a pas eu l’autorisation d’ouvrir. Au bois de Boulogne (Paris XVIe), Alexis Gruss, le patriarche des cirques parisiens, l’amoureux des chevaux, a choisi le silence, chapiteau clos, « par respect » : « Je me suis couché à 4 heures du matin, après avoir suivi cette épouvante heure par heure. Je ne peux pas faire le comique. » Chacun, hier, avait sa propre manière d’être en deuil, en habit de lumière, pour consoler, faire rêver, ou dans l’ombre, chevaux à l’écurie, au pas, à l’arrêt.

(LP/Jean-Baptiste Quentin.)

Une minute de silence au cirque Phénix L’imitateur a décidé de maintenir hier soir son spectacle dans la sous-préfecture du Nord, « malgré les événements tragiques », indique la production dans un communiqué. « L’humour et la liberté seront toujours plus forts que l’abomination et la bêtise. Par devoir de respect et de reconnaissance envers le public si fidèle depuis vingt-cinq ans, Laurent Gerra exercera son métier de divertissement qui prend ici tout son sens. »

La chanteuse Jain « pour sa copine Aurélie et les victimes »

YVES JAEGLÉ

« Ne cédons pas au chantage » 12 h 10, HIER, cinéma MK2 Gambetta. « Il y a quand même des places, c’est ouvert ? » bégaie un adolescent. « Je voudrais deux places pour Spectre. Je crois qu’il y a de la place… » rigole un quinquagénaire venu avec sa femme voir le dernier « James Bond ». On leur demande s’ils n’ont pas peur d’aller au cinéma au lendemain des attentats. « Non, on ne sera que deux dans la salle. C’est pas intéressant de nous tuer… » ironise la spectatrice. « Tout est fermé, il n’y avait pas de marché ce matin, c’est le bordel, on se fait un ciné », ajoute monsieur. Comme d’autres salles du réseau MK2, celle du XXe arrondissement avait dans un premier temps ouvert

milibris_before_rename

normalement le matin, avant de fermer en début d’après-midi, sur préconisation de la préfecture de police. La première séance du nouveau « James Bond », à 9 h 45, n’a accueilli que 10 personnes, et les trois séances pour enfants du samedi matin ont été annulées faute de public. « On n’a jamais eu une matinée aussi calme », commente le caissier.

Les cinémas MK2 ouverts aujourd’hui Sandrine et Nathalie, directrice de salon et géologue, devaient aller au Théâtre de la Ville cet après-midi, voir un concert africain. Annulé. Du coup, elles viennent voir la comédie « Nous trois ou rien». « C’est chouet-

te que vous soyez ouverts, affirme Nathalie, la trentaine, au caissier. On se dit qu’il y a un risque mais il ne faut pas céder au chantage. Et puis le risque, c’est quand ? Aujourd’hui, demain, plus tard ? » Florence, la cinquantaine, est venue avec une amie. « J’ai pas peur aujourd’hui, justement. On voulait voir un film confidentiel, mais comme il n’y a personne, on va se faire Spectre. Normalement ça aurait été complet. » Florence réfléchit : « Ce qui me fait peur, c’est la restriction des libertés qui va s’ensuivre. Tout ce qui va s’abattre sur les immigrés… » Dix minutes avant la séance, le flux de spectateurs s’accélère un tantinet. « L’attentat ? C’est fait. On va

(LP/Frédéric Dugit.)

Nathalie, spectatrice au cinéma MK2 Gambetta (Paris XXe), hier

La salle a ouvert hier matin avant d’être fermée l’après-midi. (DR.) être peinard dans la salle », sourit une habituée. «On va continuer à vivre comme si de rien n’était. On ne va pas mourir. Et surtout, on ne va pas leur donner raison », lâche au vendeur celle qui la suit. « Oui, il faut aller au cinéma, être fataliste face au destin. Même si c’est plus facile à dire qu’à vivre », souffle un autre… En tout cas, aujourd’hui, les cinémas MK2 seront à nouveau ouverts. Y.J.

L’auteur du tube « Come » a décidé de maintenir son concert hier soir à Châteaulin (Finistère) : « Je vais chanter pour ma copine Aurélie, que j’aime, et toutes les victimes, nous a confié cette Toulousaine de 23 ans. Elle a été touchée de six balles au Bataclan mais, miraculeusement, elle est en vie. Je ne suis pas une adepte du silence. Mon hommage, même si je comprends ceux qui ne chantent pas, c’est de dire : je suis là, en place, et je continuerai. » E.B. ET T.D.

SPÉCIAL ATTENTATS

Le Parisien Dimanche 15 novembre 2015

ont su que la prise d’otages était terminée, ils avaient encore besoin d’être ensemble et de parler. » Au cinéma MK2 Beaubourg (IVe), dans le centre de la capitale, les spectateurs des dernières séances sont restés calfeutrés au soussol, où se trouvent les six salles, bien au-delà de la fin des films. « Les lumières extérieures étaient éteintes, les grilles étaient fermées.

« Je suis descendue avec le public… » Anne Roumanoff, humoriste, à l’affiche de l’Alhambra (Paris Xe) Alors que les premiers coups de feu retentissaient à quelques encablures de la place de la République, vendredi, Anne Roumanoff était sur la scène de l’Alhambra, une salle de 600 places très proche des lieux du carnage. Son spectacle « Aimons-nous les uns les autres » (sic !) avait commencé à 21 heures. L’humoriste est restée coincée dans la salle jusqu’à 1 h 30 du matin. « Le directeur de l’Alhambra, Jean-Claude Auclair, m’a laissée finir le spectacle puis est monté sur scène pour demander au public de ne pas sortir tout de suite, nous a raconté Anne Roumanoff hier matin. Une spectatrice avait compris qu’il se passait quelque chose de grave lorsqu’elle a reçu un texto de son fils ado demandant : Maman, t’es où ? Les ados ne demandent jamais où sont leurs parents… Une autre avait 56 messages sur son téléphone. Il

(LP/Jean-Nicholas Guillo.)

n

Vendredi soir, Anne Roumanoff donnait un one-woman-show dans une salle proche des sites attaqués. était 22 h 45. J’ai appelé mes proches pour les rassurer, puis je suis descendue dans le public pour être avec les spectateurs. Les gens étaient plutôt calmes, mais certains pleuraient, notamment une femme

enceinte. On les a rassurés comme on pouvait, on a pris des photos, on leur a offert à boire. Certains fêtaient leur anniversaire ce jour-là. Les gens n’étaient pas confinés, ils ont pu circuler dans le hall, aller aux toilettes. Sur le coup, je suis restée zen, j’ai eu peur après. Ce n’est que vers 1 h 30 qu’on a pu sortir. Certains spectateurs n’osaient pas rentrer chez eux, avaient peur de reprendre leur voiture, mais l’annonce de la mort des preneurs d’otages les a rassurés. » Hier matin, Anne Roumanoff a décidé d’annuler les représentations de ce week-end. « J’avais joué les soirs du 11 Septembre (NDLR : date des attentats des Twin Towers) et du 7 janvier (NDLR : l’attentat de “Charlie”), mais je n’étais pas à Paris. Là, c’est trop proche, je ne me sens pas capable de faire rire. Il y a un temps pour le deuil. » Propos recueillis par THIERRY DAGUE

La police nous avait recommandé de ne pas sortir », raconte un spectateur. L’impact s’est ressenti jusqu’au nord de la capitale. Au Zénith, la soirée électro Flash Deep battait son plein lorsque les 5 000 danseurs ont reçu les premiers textos d’alerte. « C’était étrange, tout le monde continuait à danser tout en étant rivé à son smartphone », témoigne un participant. Peu avant minuit, le DJ Joris Delacroix, qui devait clôturer la fête, s’est interrompu après quatre titres, et la salle a été évacuée dans le calme. Chez Bartabas, au fort d’Aubervilliers, la consigne est passée à l’issue du spectacle « On achève bien les anges » : personne ne quitte le restaurant. Certains spectateurs ont même passé la nuit dans les roulottes de la troupe… A l’autre bout de la ville, au palais des Sports (XVe), la comédie musicale « Résiste » s’est déroulée normalement, mais « plusieurs personnes ont quitté la salle avant la fin en voyant leurs SMS », relate une porte-parole du show. Au Théâtre du Palais-Royal (Ier), en plein centre de Paris, un comédien de « la Dame blanche » a voulu informer les spectateurs du drame à la fin de la pièce, mais Francis Nani, le directeur de la salle, a refusé : « Cela aurait pu créer un mouvement de panique. » De fait, aucun débordement à déplorer. D’après tous les témoignages, le public a partout fait preuve de sang-froid et de discipline. CATHERINE BALLE, THIERRY DAGUE, MAGUELONE BONNAUD

Retrouvez les résultats des jeux dans notre édition de demain milibris_before_rename

(LP/Frédéric Dugit.) (LP/Olivier Corsan.)

Salma Hayek : « La haine ne vaincra jamais. Je suis à Paris et, même si nous allons bien, je partage la tristesse de cette nuit tragique. » Eva Longoria : « Mon cœur se brise pour Paris et la France. Je prie avec vous. » Kirsten Dunst : « Choquée que ce ne soit pas sur toutes les chaînes américaines. Je prie pour les Français. » Justin Bieber : « Je viens de faire un super premier spectacle mais je viens d’apprendre ce qui s’est passé à Paris. Pensées et prières pour tout le monde #PrayForParis. » Madonna : « Nous sommes tous des immigrants. Nous saignons tous de la même couleur. Nous sommes tous UNIS. Priez pour la paix. A Paris et partout dans le monde. » Peter Gabriel : « Choqué, triste et en colère. Nous sommes tous Parisiens aujourd’hui. » Antoine de Caunes : « Condoléances aux proches des victimes. Même pas peur. United we stand, divided we fall. » Patrick Bruel : « Horreur. Tristesse. Jusqu’à quand ? » Nekfeu : « Une grosse pensée à toutes les personnes touchées… Ça fait vraiment mal au cœur, pas la tête à faire la fête sur scène ces prochains jours. » Cyril Hanouna : « C’est dur de se dire que ça n’était pas un cauchemar. J’ai tellement peur pour vous tous. » Omar Sy : « Pas de mots, à part Paix Unité Amour et toutes mes pensées pour les victimes et leurs familles. » Michaël Youn : « L’année 2015 termine comme elle avait commencé… dans l’horreur et la barbarie. » Elie Semoun : « Aucune parole, aucun mot, juste des larmes de rage et d’incompréhension devant la bêtise et la froideur de ces monstres. Pourquoi ? » Maïtena Biraben : « Immensément triste. Soyons Unis. Fraternels. Français. » Stéphane Bern : « L’effroi est indicible. »

(LP/Frédéric Dugit.)

Paris (Xe). Le Théâtre Antoine, non loin du quartier de la place de la République, a fermé ses grilles vendredi soir en pleine représentation. Une centaine de spectateurs, craignant les fusillades, ont préféré attendre dans la salle jusqu’à 3 h 30. (LP/Yann Foreix.) A la Comédie Bastille (XIe), tout près du Bataclan et de l’ancien siège de « Charlie Hebdo », les spectateurs, informés de l’actualité grâce à leurs smartphones, sont montés sur scène pour demander aux comédiens ce qu’ils devaient faire. Presque tout le monde est resté dans la salle jusqu’à 2 h 20. « Au début, les gens avaient peur de sortir, raconte un témoin. Après qu’ils

es

Réactions et hommages des stars du monde du spectacle et de la télévision se sont multipliés sur les réseaux sociaux, principalement sur Twitter. Voici quelques-uns de leurs messages.

(LP/Jean-Baptiste Quentin.)

CINQ CENTS PIÈCES, concerts, one-man-shows, des centaines d’artistes sur scène, autant de techniciens, des milliers de spectateurs : un vendredi soir comme les autres à Paris… Sauf qu’aux alentours de 22 h 30, avant-hier, près du Bataclan ensanglanté, il a fallu évacuer, protéger, informer un public confronté à un danger imminent. Dans le Xe arrondissement, autour des restaurants attaqués, des dizaines de passants en fuite se sont réfugiés à l’Apollo, un théâtre qui regroupe plusieurs salles, rue du Faubourg-du-Temple. « Alors que les spectacles étaient encore en cours, la police nous a demandé de fermer les grilles et de garder tout le monde à l’intérieur, confie le directeur, Philippe Delmas. Les gens — plus de 700 personnes — sont restés jusqu’à 5 heures du matin, avec les artistes. » Non loin de là, au Théâtre Antoine, boulevard de Strasbourg (Xe), Jean-Marc Dumontet, propriétaire des lieux, décide de fermer les grilles en pleine représentation de la comédie « Fleur de cactus ». « A 23 h 15, la directrice de la salle est montée sur scène pour annoncer ce qui se passait dans Paris et conseiller aux spectateurs de ne pas se diriger vers les lieux des attaques, raconte-t-il. Une centaine de personnes sont restées dans le théâtre jusqu’à 3 h 30 parce qu’elles avaient peur de sortir dans la rue. » Le même Dumontet a préféré faire évacuer le Point-Virgule, niché dans le Marais (IVe), alors que le show de 22 h 30 avait démarré depuis cinq minutes. « On entendait à la radio qu’il y avait une fusillade aux Halles et que les assaillants redescendaient vers le Marais, explique-t-il. Etant donné l’exiguïté du théâtre, je me suis dit que, si quelqu’un rentrait armé, ce serait un carnage, donc j’ai fait sortir tout le monde. »

n

(LP/Frédéric Dugit.)

Des spectateurs bloqués dans les salles

n LES STARS ONT RÉAGI

(LP/Frédéric Dugit.)

40

VOTRE SOIRÉE TÉLÉVISION

Le Parisien Dimanche 15 novembre 2015

1

2

3

20.55 Film

20.55 Film

Wolverine : le combat de l’immortel

Casino royale

De James Mangold - 2013 Avec Hugh Jackman, Brian Tee, Will Yun Lee

Pour sa première mission, James Bond afronte le tout-puissant banquier privé du terrorisme international, "Le Chifre"...

23.30 Les experts «Tomber des nues» Avec William Petersen

23.20 Faites entrer l’accusé «Le crime fou de Stéphane Moitoiret»

«Sévices d’étage»

La France ne juge pas les fous ; le code pénal l’interdit. Pourtant, selon certains psychiatres, c’est bien ce qu’elle a fait à deux reprises, en 2011 et 2013.

8 20.55 Film

Tandis que Murdoch replonge dans son passé, la bonne du presbytère de l’église St Francis est retrouvée morte dans le cimetière.

«Frères d’armes» 22.20 Les enquêtes de Murdoch «Femmes savantes» Avec Yannick Bisson

Le cadavre d’une jeune étudiante est retrouvé dans le lac par deux membres de l’athlétique club de Toronto.

«Enfant riche, enfant pauvre»

9

«Incidents en cascade» 22.45 New York Police Judiciaire «La couleur du sang» Avec Sam Waterston

«Chinatown» 22.40 Le Transporteur la série «Sexe, mensonge et vidéo» Avec Chris Vance

En quête d’actualité s’empare chaque semaine d’une question forte qui préoccupe les Français et pousse l’enquête jusqu’au bout.

En Albanie, Frank est contacté par Jérémy Donne, membre d’une association luttant contre la prostitution internationale.

Un homme noir meurt d’un coup de couteau. Rapidement soupçonné, son cousin évoque l’existence de Blancs qui voleraient le sang de la famille depuis des années.

21

22

23

21.00 Sport

20.55 Film

De Eric Toledano, Olivier Nakache - 2004 Avec Gérard Depardieu, Jean-Paul Rouve, Annie Girardot

Claude ne plaît pas tellement aux femmes. En quête de l’âme sœur, il rencontre Serge, son contraire…

22.55 Chroniques criminelles Présenté par Magali Lunel Afaire disparues de Perpignan. Perpignan, le 5 août 2013. Un légionnaire, Francisco Benitez, est retrouvé pendu au petit matin dans sa caserne. / Meurtre au pays de la country. 17 20.50 Spectacle

20.45 Film

«Championnat d’Espagne - 6e journée»

Animation - 1976

L’Empereur César ne supporte plus que le petit village gaulois résiste encore et toujours. Il propose alors un déi à Astérix, Obélix et tous leurs amis : la paix contre la réussite de douze épreuves...

Derrière les ogres madrilènes et barcelonais, Bilbao et Valence essaient de tirer leur épingle du jeu et de se faire une place au soleil ibérique. 22.00 Le Journal

22.50 L’Équipe du WeekEnd Présenté par Benoît Cosset Toutes les disciplines, tous les événements, tous les résultats : Benoît Cosset propose une séance de rattrapage avec un panorama complet de l’actualité du week-end.

22.20 Astérix chez les Bretons Dessin Animé de Pino Van Lamsweerde - 1986

Astérix et Obélix partent chez leurs amis bretons pour les aider à repousser les Romains... 23.45 C’est pour rire

Parlez-moi de vous

De Pierre Pinaud - 2011 Avec Karin Viard, Nicolas Duvauchelle

Animatrice de radio, Mélina est, à 40 ans, la voix la plus célèbre de France. Partie à la recherche d’une mère qu’elle n’a jamais connue, elle découvre que celle-ci vit au sein d’une famille nombreuse.

22.30 Mon nom est Tsotsi

À 19 ans, "Tsotsi", dirige une bande de marginaux dans un bidonville de Johannesburg. Après une soirée arrosée, il agresse une femme, et s’échappe au volant de sa BMW avec un enfant sur la banquette arrière...

Avec ce concert, Matthew Bellamy, Christopher Wolstenholme et Dominic Howard viendront nous enchanter avec leurs morceaux qui nous transcendent.

22.40 Rêves de chair Avec Viktoria Redd

Ce sera moi «Episode 1»

Qui n’a jamais rêvé d’être maitresse d’école ou policier ? Gulli, en partenariat avec l’ONISEP, propose l’émission qui permet aux enfants d’exercer le temps d’une journée la profession de leur rêve.

22.20 Ce sera moi «Episode 3»

38% des salariés français airment que leur motivation au travail est en baisse. Ce qui classe les Français parmi les travailleurs les plus démotivés d’Europe !

23.00 Enquête exclusive «Gangs du Honduras : la terreur au quotidien» Présenté par Bernard De la Villardière

De Clint Eastwood - 1995 Avec Clint Eastwood, Meryl Streep, Annie Corley

Michael Johnson et sa sœur Caroline reviennent dans la ferme de leur enfance ain de régler la succession de leur mère Francesca.

22.55 Les 18 fugitives

Le Honduras est le pays dont le taux d’homicide est le plus élevé au monde : 90,4 tués pour 100 000 habitants.

En 1987, au début de la première intifada, des habitants du village de Beit Sahour, en Cisjordanie occupée, achètent dix-huit vaches et créent une coopérative laitière. 0.10 Patrice en concert, spectacle 1.25 Au cœur de la nuit, doc.

14

20 20.50 Film

Je te promets

Dream House

Familles déchirées, adultes en détresse, ados en crise, couples au bord de la rupture... Pascal va les aider à régler leurs problèmes.

Paige et Leo était un jeune couple heureux, jusqu’à l’accident... Si Leo s’en sort indemne, Paige se réveille de son coma en ayant tout oublié des cinq dernières années de sa vie.

Éditeur à succès, Will Atenton déménage avec sa famille dans une ville pittoresque de Nouvelle Angleterre. En s’installant, ils découvrent que leur maison de rêve a été le théâtre du meurtre d’une mère et ses deux enfants.

22.15 SOS ma famille a besoin d’aide «SOS de Maxime, Sandra et Vincent»

22.30 Slumdog millionaire De Danny Boyle - 2007 Avec Dev Patel

22.30 666 Park Avenue «La vie de palace» Avec James Waterston, Rachael Taylor

«SOS de Brandon et sa famille» Présenté par Pascal Soetens

Pascal aide des familles avec des ados en détresse, à régler leurs problèmes.

«SOS de Marina, Dylan et Jordan» 1.15 Tellement Vrai, mag.

De Michael Sucsy - 2012 Avec Channing Tatum, Rachel McAdams

Jamal Malik, 18 ans, est sur le point de remporter le pactole de la version indienne de "Qui veut gagner des millions ?" quand la police l'arrête sur un soupçon de tricherie…

19

Wallis-et-Futuna est la terre française la plus éloignée de la métropole. Elle se situe à l’écart des routes commerciales et touristiques, au milieu du Paciique sud.

22.35 Rendez-vous en terre inconnue

En suivant une docteure interniste, un chirurgien proctologue et un médecin urgentiste, Hôpital, attention : fragile s’attache à capter le face à face singulier qui se noue avec les patients. 21.30 Débat - Hôpital public : ils ont des solutions !

24

Enchères à l’aveugle «Gros pari !»

Emission politique Présentée par Apolline De Malherbe

Le plus grand rendez-vous politique du week-end. Une star du monde politique est l’invitée d’Apolline de Malherbe pour expliquer ses idées...

13

Hôpital, attention fragile

Henry Martin et Jane Van Veen, un jeune couple du Midwest, arrivent à New York et doit passer un entretien pour devenir gérant au 666 Park Avenue.

20.45 Doc.

BFM Politique

22.30 Week-end direct

20.30 Doc.

Avec Daniel Craig, Naomi Watts, Rachel Weisz

15 21.00 Mag.

Wallis & Futuna, seuls au monde

18 20.50 Div.

Sur la route de Madison

«Temps de travail, salaires, hiérarchie : faut-il tout casser ?»

20.50 Film

SOS ma famille a besoin d’aide

7 20.45 Film

Capital

12

Passion Outremer

Concert

Les Douze travaux d’Astérix

Après l’audition de quelques témoins discrétionnaires qui évoquent - enin - la répression des résistants par le gouvernement de l’accusé, la défense commence à faire déiler ses propres témoins. 23.25 La grande librairie

20.45 Doc.

Muse :Live at Rome Olympic Stadium

Basket : Bilbao / Valence

22.25 Juger Pétain «Acte 3»

20.55 Mag.

Je préfère qu’on reste amis…

Le corps calciné de Brenna Lane, jeune mannequin, est découvert dans une benne à ordures.

La Loire attire chaque année des millions de touristes avec ses somptueux châteaux et ses vignobles. Ce leuve sauvage cache aussi des trésors méconnus que quelques passionnés gardent jalousement. 21.30 Bienvenue dans mon village, doc.

11 20.55 Film

«La dame de cœur» Avec Sam Waterston, Anthony Anderson, Jeremy Sisto

Frank doit venir en aide à son ami, l’inspecteur Tarconi, en danger en Biélorussie.

23.10 En quête d’actualité Présenté par Guy Lagache Pistons, avantages… Touche pas à mes privilèges !

Ray Donovan est l’homme à tout faire de l’élite californienne. Il eface toute preuve de ses dérapages avec une incontestable discrétion.

«The Power of Love»

New York Police Judiciaire

«Euphro» Avec Chris Vance, Violante Placido, Mark Rendall

La famille Saillard gagne le droit d’adopter Victor, charmant vieillard érudit abandonné de tous. Mais l’arrivée du sémillant octogénaire censée apporter la joie tourne rapidement à l’aigre…

22.55 Ray Donovan «La rolls des barbecues» Avec Liev Schreiber, Paula Malcomson, Jon Voight

20.55 Série

Le Transporteur La série

De Thomas Gilou - 2008 Avec Clémentine Célarié, Antoine Duléry

Katniss Everdeen s’est réfugiée dans le District 13 après avoir détruit à jamais l’arène et les Jeux.

6 20.55 Mag.

Au il de la Loire

De Francis Lawrence 2014 Avec Jennifer Lawrence, Josh Hutcherson, Liam Hemsworth

10

5 20.40 Doc.

Hunger Games : la révolte partie 1

«L’habit ne fait pas le moine» Avec Yannick Bisson

20.55 Série

Victor

20.55 Film

Les enquêtes de Murdoch

De Martin Campbell 2006 Avec Simon Cox, Daniel Craig, Eva Green

Wolverine, le personnage le plus emblématique de l’univers des X-Men, est entraîné dans une aventure ultime au cœur du Japon contemporain.

Une très belle strip-teaseuse est retrouvée sans vie dans le pire quartier de la ville et deux corps en état de décomposition sont amenés au laboratoire...

4

20.50 Téléfilm

41

La nouvelle liste d´enchères est arrivée, et les acheteurs sont prêt à tout pour acquérir les nouveaux biens.

«Le négociateur - S2» «Gros potentiel - S2» 22.05 Enchères à l’aveugle 23.25 Storage wars : adjugé, vendu, doc.

16 18.00 Information

18h politique

Présenté par Audrey Pulvar

Audrey Pulvar reçoit une femme ou un homme politique pour revenir sur les dossiers de la semaine.

19.00 Intégrale week-end Présenté par Antoine Genton, Aurélie Casse

25 20.55 Série

Diane femme lic

«L’amour d’un ils» Avec Isabel Otero, Laurent Gamelon, Hassan Koubba Jérémy Dangin, trente ans, se fait accoster dans la rue par un homme qui lui demande avec brutalité une marchandise dérobée.

22.50 Diane femme lic

Chaque vendredi tous les programmes dans votre hebdo TV. Tous les programmes de toutes les chaînes existantes sur www.leparisien.fr Président : Francis MOREL

« Le Parisien libéré » 25, avenue Michelet 93408 Saint-Ouen Cedex Tél. 01.40.10.30.30 Société par actions simplifiée Ligne turf : 0.892.683.675 (EPA 0,60 € /min) milibris_before_rename

Principal associé : UFIPAR (LVMH)

Publicité : Amaury Médias 738, rue Yves-Kermen 92658 Boulogne-Billancourt

Jean HORNAIN, Directeur de la publication

Publicité commerciale : 01.41.04.97.00

Eric HERTELOUP, DGA

Petites Annonces : 01.40.10.56.56

Stéphane ALBOUY, Directeur des rédactions du «Parisien» et «d’Aujourd’hui en France»

Annonces légales : 01.40.10.51.51

Commission paritaire n° 0120 C 85979

Diffusion controlée par O.J.D.

Emploi : 01.40.10.52.70

Abonnements - Services clients : [email protected] 0.811.875.656 (coût d’un appel local) - Lundi au vendredi : 7 h 30 à 19 h - Samedi : 8 h à 12 h Abonnement Portage à domicile : livraison dans votre boîte aux lettres 7 jours sur 7 avant 7 h du lundi au samedi et avant 8 h le dimanche Tarif: 1 an, 7 jours sur 7, 364 numéros: 474,78€. Prélèvement mensuel: 41,30€ maximum Abonnement par la Poste (hors TV Magazine) : 1 an, 7 jours sur 7, 364 numéros : 511,18 €. Prélèvement mensuel : 44,20 € maximum Ventes et Portage à domicile : AM Diffusion, 69-73, bd Victor-Hugo 93585 Saint-Ouen Cedex Tiragedu«Parisien» duSamedi14novembre2015: Ventes diffuseurs : 0.800.940.940 (appel gratuit depuis un poste fixe) 297354exemplaires Imprimerie : CINP (Mitry-Mory) - ISSN 0767-3558

42

ACTUALITÉ

Le Parisien Dimanche 15 novembre 2015

La rame d’essai du TGV finit dans le canal : au moins 10 morts ACCIDENT. Une rame d’essai a déraillé et a terminé sa course dans un canal près de Strasbourg. Le bilan provisoire fait état de 10 morts et 37 blessés, dont 12 très graves. La piste de l’acte terroriste est écartée.

Eckwersheim (Bas-Rhin), hier. La locomotive de tête a plongé dans le canal qui relie la Marne au Rhin après avoir quitté la voie. (AFP/Frederick Florin.) MACABRE COÏNCIDENCE. Au lendemain des attaques terroristes qui ont endeuillé Paris et plongé la France dans l’effroi, le déraillement d’un TGV, probablement accidentel et sans lien avec la tragédie du 13 novembre, a fait au moins dix morts près de Strasbourg (Bas-Rhin). Un bilan — encore provisoire — extrêmement lourd pour ce qui est le premier déraillement mortel d’un TGV depuis le lancement des lignes à grande vitesse en 1981. Le drame s’est noué hier en début d’après-midi. Sur une portion de la ligne du TGV-Est qui doit entrer en service commercial en avril 2016, une rame d’essais, bourrée d’instruments de mesures, file à 350 km/h. A bord, une équipe de 49 personnes parmi lesquelles des ingénieurs et techniciens de la SNCF, mais aussi quelques invités. Alors qu’elle s’apprête à quitter la ligne à grande vitesse pour rejoindre le réseau classique et aborder la dernière ligne droite avant la gare de Strasbourg, la rame, composée de deux motrices encadrant cinq voitures à deux niveaux, heurte vers 15 h 10 la pile d’un pont. Un ouvrage d’art qui

enjambe le canal de la Marne au Rhin à hauteur de la petite commune d’Eckwersheim, à une vingtaine de kilomètres au nord de la capitale alsacienne. « Les gens sur place ont entendu une forte explosion et un choc énorme », raconte Elodie, habitante d’une localité voisine qui s’est précipitée sur place (voir ci-dessous).

L’accident ferroviaire le plus meurtrier depuis la catastrophe du Paris-Nice en 1991 Sous la violence du choc, la rame prend feu. Dans l’impact, le train s’est aussi disloqué en faisant un « bruit métallique extrêmement fort », qui a pu être assimilé à une explosion. De nombreux témoins ont aperçu des flammes et un grand panache de fumée noire visible à des kilomètres à la ronde s’échappe des amas de ferraille du TGV, dont une partie repose sur la berge tandis que la motrice de tête a plongé dans le canal. Très rapidement, des secouristes affluent sur les lieux du drame, plusieurs véhicules du Samu et

Eckwersheim. Les secours sont rapidement arrivés sur place. Ils continuaient hier soir à désincarcérer les dernières victimes. (Reuters/Vincent Kessler.)

des sapeurs-pompiers convergent vers les rives du canal. Un hélicoptère de la sécurité civile survole la zone tandis qu’une équipe de plongeurs de la gendarmerie est dépêchée sur place. Le bilan fait d’abord état de 7 morts avant de s’alourdir au fil des heures. Dans la soirée, la préfecture du Bas-Rhin dévoile l’ampleur du drame. Sur les 49 passagers de la rame, 10 sont morts et 37 blessés, dont 12 placés en « urgence absolue ». Les secouristes tentaient encore en fin de soirée de désincarcérer des personnes coincées sous les voitures couchées sur le flanc. Les recherches devaient se poursuivre toute la nuit avec des chiens spécialement mobilisés. Peu de temps après la catastrophe, un poste médical avancé avait pris en charge les rescapés dont une dizaine ont été évacués par hélicoptère. L’école du village d’Eckwersheim a été transformée en un hôpital de secours improvisé. Arrivée sur place en compagnie d’Alain Vidalies, le secrétaire d’Etat aux Transports, Ségolène Royal, a évoqué un « drame apocalyptique » avant d’exprimer sa « solidarité avec les familles des victimes et

des cheminots », relayant un message adressé par l’Elysée. Parvenus eux aussi sur les lieux de la catastrophe en fin d’après-midi, le président de la SNCF, Guillaume Pepy, et le patron du réseau ferroviaire, Jacques Rapoport, ont écarté la piste terroriste et indiqué qu’une enquête interne a été ouverte pour éclaircir les causes de cet accident ferroviaire, le plus meurtrier depuis la catastrophe du Paris-Nice qui avait fait 16 morts en 1991 (voir ci-dessous).

Le train aurait « déraillé en raison d’une vitesse excessive » Le directeur de cabinet du préfet d’Alsace

Une douzaine de déraillements de TGV, parfois dus à des objets sur les voies, ont été recensés depuis 1981. Mais, jusqu’à présent, aucun n’a eu de conséquences aussi graves, et aucun ne concernait une rame d’essai. Les experts mandatés par la SNCF devraient rendre des premières conclusions sous 48 à 72 heures. La rame d’essai roulait-elle trop vite au moment d’aborder une courbe ? Le train au-

rait « déraillé en raison d’une vitesse excessive », a répondu le directeur de cabinet du préfet d’Alsace, Dominique-Nicolas Jane. Une hypothèse contestée au sein de la SNCF. « C’est vrai que la rame effectuait ce jour-là des essais de survitesse qui l’amènent à monter à 350 km/h, explique un cheminot. Mais il y avait dans la cabine deux conducteurs et un cadre traction. Cela m’étonnerait qu’ils aient commis une erreur de vitesse. On ne peut exclure, en revanche, une défaillance technique, voire un problème sur les voies. » L’enquête judiciaire devrait permettre assez rapidement d’apporter des éléments. Les recherches ont notamment pour but de retrouver les boîtes noires, a expliqué Stéphane Ottavi, commandant de la gendarmerie de la région Alsace. « Les enquêteurs vont mettre sous scellés l’enregistreur de bord qui seul pourra nous dire à quelle vitesse roulait le TGV et quel a été le comportement de l’équipage », indique-t-on à la SNCF. On saura alors quelle hypothèse devra être privilégiée entre l’erreur humaine et la défaillance technique. MARC LOMAZZI ET VINCENT VÉRIER

« Un choc énorme »

Les précédents les plus meurtriers

Elodie Weibel, habitante d’une localité voisine

n

n

Elle était sur les lieux en même temps que les pompiers. Il est 15 h 9 lorsque son ami, qui travaille dans un centre équestre situé à proximité immédiate du lieu de l’accident, avertit Elodie Weibel, 33 ans, du drame. « J’étais à Vendenheim, non loin de là, nous sommes partis tout de suite en voiture avec des amis pour voir si nous pouvions aider, porter secours », confie-t-elle. Sur place, « les gens parlaient d’une forte milibris_before_rename

explosion, d’un choc énorme. J’ai vu des morceaux du train carbonisés, des parois de la rame complètement détruites et un gros nuage de fumée qui s’échappait des décombres. » Les secouristes s’activent. « Il y avait des gens au sol recouverts de couvertures de survie. Nous étions de l’autre côté du pont qui enjambe le canal, mais on a aussi aperçu ce qui devait être l’avant du TGV tombé dans l’eau. » M.L.

En France, le dernier accident ferroviaire mortel est celui survenu le 8 février 2014 à Saint-Benoît (Alpesde-Haute-Provence). Un bloc de pierre tombé de la montagne avait provoqué le déraillement du train des Pignes, l’autorail touristique reliant Nice à Digne, faisant 2 morts et 9 blessés. Survenu l’année précédente, l’accident du train Intercités Paris-Limoges no 3657 en gare de Brétigny-sur-Orge (Essonne) est resté dans toutes les mémoires. Le 12 juillet 2013, à cause d’un boulon manquant sur une éclisse (sorte de grosse agrafe métallique reliant deux rails), plusieurs

voitures de ce train de voyageurs avaient déraillé, entraînant la mort de 7 personnes et en blessant 30 autres. Deux ans plus tôt, le 4 décembre 2011, au lieu-dit Le Breuil (Rhône), une voiture franchissant un passage à niveau non protégé avait été percutée par un TER et projetée à 30 m, provoquant la mort des 4 occupants de la voiture et blessant grièvement le cinquième. Le 2 juin 2008, c’est également un passage à niveau qui avait causé la catastrophe de Mésinges (HauteSavoie). Un TER entre Evian-les-Bains et Annemasse n’avait pu éviter un autocar

de collégiens resté bloqué sur les voies, faisant 7 morts et 31 blessés. Plus loin dans le temps, le 7 octobre 1991, un train couchettes Paris-Nice a été heurté de plein fouet par un convoi de marchandises en gare de Melun. Bilan : 16 morts et 57 blessés. A ce jour, la catastrophe ferroviaire la plus meurtrière en France reste celle de la gare de Lyon à Paris, le 27 juin 1988. A 19 h 10 une collision frontale entre un train SNCF en provenance de Melun et un train à l’arrêt, bondé, avait fait 56 morts et 57 blessés. BÉNÉDICTE ALANIOU

SPORT HIPPIQUE

Le Parisien Dimanche 15 novembre 2015

43

RÉUNION 2 (12 H 15) Aujourd’hui au Mans

R3(12 H )Aujourd’huiàBordeaux-LeBouscat(quinté,Pick5)

Sagamiyna (4e) attire l’œil

Astre d’Or (6e) doit briller

EN DIRECT SUR

1

Prix des Hunaudières..................12 h 45 Course G - 2 ans - Maiden 15 000 € - 1 950 m

TRIO - COUPLÉS - COUPLÉ ORDRE - 2SUR4

B. Angilletta G. Cherel Ballymore Thor. A. Fabre G. Dufit H.-A. Pantall F. Fratini A et G. Botti (s) M. Gozlan P. Leblanc O. Monnier A. Vetault J. Bourgeais J. Bourgeais A. Kurth Y. Barberot A. Louboutin J.-V. Toux P. Cornou P.et F. Monfort (s) Ec. Aigue Marine P. Chevigny J. Mérienne J. Mérienne

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

NOVEMBER RAIN H2 MAHARI M2 BRANCAIO - O M2 FREE FROM DESIRE M2 DÉSINVOLTE M2 RIVERSOUL M2 LADYSPEED F2 CHIEF’S APP F2 ALEX DES FOSSES F2 MY AFFAIR LADY F2 FÉLICITA F2 MISS ROMANTIQUE F2

55,5 58 58 54,5 58 58 56,5 56,5 56,5 54,5 54,5 54,5

4 5 11 2 1 12 7 9 6 3 10 8

L. Boisseau P.-C. Boudot F. Veron P. Bazire J. Cabre J. Claudic M. Delalande A. Fouassier Alex. Roussel Y. Rousset S. Martino J. Guillochon

M. Crochard : 2 - 1 - 3 - 9 - 8 - 4 Gentleman : 8 - 9 - 3 - 2 - 1 - 4 S. Flourent : 2 - 3 - 1 - 8 - 9 - 10

2

Prix Yves Lalleman...................... 13 h 15 Course E - 3 et 4 ans 15 000 € - 1 400 m TRIO - COUPLÉS - COUPLÉ ORDRE - 2SUR4

H.-A. Pantall C. Dupuis N.-R. Wilson Ballymore Thor. Chevotel Rac. J. Cygler E.A.R.L.Bony Haras Sablonnets M.-P. Reichstein Ecurie d’Haspel Ec. le Rossay Har.de la Perelle N.-F. Maslin E. Nicoleau S.-V. Tarrou

H.-A. Pantall C. Dupuis E-J. O’Neill M. Delzangles P. Brandt H.-A. Pantall D et A-S Allard F. Lemercier B. Renk M.et S. Nigge (s) P. Favereaux S. Wattel G. Rarick E. Nicoleau S.-V. Tarrou

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15

FLASHEEN - A FROYÈRES SWEET FONG PERFECT STRANGER A MAGIC TIGER DARK ORBIT MOONSKY WALKER MAREDSKAYA ZAFIRAH - A ENARA - A GREAT CORA GARCINIA PALOMA DANCER ISET HAPPY VALLEY - A

H3 H4 H3 F3 M3 H3 H3 F4 F4 F3 F3 F3 F3 F3 F3

58 55 57 56,5 56 52,5 53,5 56 56 52 54,5 52,5 54,5 54,5 55

4 3 12 14 5 6 15 7 10 9 2 11 8 1 13

F. Veron G. Le Devehat M. Delalande A. Fouassier J. Claudic L. Delozier R. L-Bellemain M. Androuin St.M Laurent L. Boisseau S. Breux E. Etienne D. Breux S. Martino Alex. Roussel

M. Crochard : 5 - 4 - 6 - 1 - 12 - 15 - 8 Gentleman : 4 - 9 - 3 - 1 - 5 - 15 - 6 S. Flourent : 3 - 4 - 1 - 6 - 9 - 12 - 5

3

Prix du Conseil Départemental..13 h 45 Course E - 4 ans et plus 12 000 € - 1 400 m

TRIO - COUPLÉS - COUPLÉ ORDRE - 2SUR4

K.-M. Al AttiyahM. Delzangles M. Desander J.-M. Capitte M. Drévillon D et A-S Allard Ec. Haras Senora Y. Barberot L. Nyffels L. Nyffels Scuderia Briantea P. Fleurie Ecurie A.B.U. Y. Nicolay Loderi Racing J.-E. Hammond P. Prunier D. Darlix B. Renk B. Renk R. Nerbonne R. Nerbonne C. Rondelé C. Rondelé O. Saelens J.-L. Bara J.-M. Tonnini M. Blanchard-J.

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14

WAHIB - O VIANELLO - O MISTER PAR CŒUR MAHER SENORA DYLAR A SHAMAR LOVE - A FRASCATA - A HAFTOHAF JEREMY ROAD PICADOR OLONNIA - O DIANA D’AUMONT VALLEY VICTORY HARD RUN

H5 H8 H7 M4 H8 F5 H6 H6 M5 H4 F7 F4 F6 F5

61 59,5 58,5 60 60 59,5 59 59 57 57 56,5 55,5 53 55,5

6 1 3 14 4 9 12 2 7 10 5 8 13 11

A. Fouassier N. Larenaudie R. L.-Bellemain R. Marchelli V. Vion F. Veron P.-C. Boudot Alexis Badel J. Cabre St.M Laurent J. Claudic A. Hamelin S. Chuette Y. Bourgois

M. Crochard : 5 - 7 - 6 - 9 - 3 - 8 - 1 Gentleman : 8 - 2 - 1 - 3 - 9 - 6 - 5 S. Flourent : 7 - 2 - 3 - 5 - 1 - 6 - 8

4

Prix de Longchamp......................14 h 15 Course E - 3 et 4 ans 15 000 € - 2 300 m - Premier peloton

TRIO - COUPLÉS - COUPLÉ ORDRE - 2SUR4

S. Chinchilla Adolf Renk M. Cailler Ec. Un Crin d’Or P.-L. Guerin S. Adet H.H. Aga Khan E. Haye J.-Y. Lepage A.-C. Trouvé Ec. Cerdeval B. Le Roux S. Renaud J. Aisbitt

N. Leenders 1 B. Renk 2 M. Cailler 3 F. Lemercier 4 P.-L. Guerin 5 S. Adet 6 A. Royer Dupré 7 M. Blanchard-J. 8 J.-Y. Lepage 9 A.-C. Trouvé 10 11 A. Couétil 12 F. Lemercier 13 S. Renaud 14 J.-E. Hammond 15

LUCKYDOM - A BIG NELSON GRAZIE MILLE SHOULD I DREAM LE BROSSILLON CERISE D’AVRIL - A SAGAMIYNA DÉMONIXIA - A VICI LA CANOPÉE SAYYAD MELCHIEF SILVER HEAT - A BALLYFRESNE - O RODELINDA

H4 H4 H4 H3 H4 F4 F3 F4 F4 F4 M3 M3 H3 F3

60 60 58 58 55,5 57,5 56,5 56,5 54 56,5 NON 56 53,5 56 54,5

7 A. Bourgeais 10 S.-M. Laurent 6 C. Grosbois 8 Alex. Roussel 15 S. Chuette 12 A. Bernard 3 Alexis Badel 13 V. Vion 5 G. Le Devehat 9 S. Martino PARTANT 2 A. Fouassier 4 L. Boisseau 14 Y. Barille 11 A. Hamelin

M. Crochard : 7 - 4 - 6 - 15 - 2 - 3 - 12 Gentleman : 7 - 6 - 2 - 13 - 15 - 4 - 3 S. Flourent : 7 - 2 - 6 - 3 - 4 - 15 - 1

5

Prix Reine Bérengère...................14 h 45 Cavalières - Course E - 5 ans et plus 12 000 € - 2 300 m

TRIO - COUPLÉS - COUPLÉ ORDRE - 2SUR4

J.-M. Baudrelle D. Bourillon Ec. N. Taudon O. Fau Th. Mercier S. Bossert D. Riou Ec. Victoria Dr. P. La Guillonnière D. Le Geay E. Leray J.-P. Domalain J. Juillet P. Le Ponner T. Lemarié

J.-M. Baudrelle D. Bourillon F. Grizon N. Leenders Th. Mercier S. Bossert D. Riou J.-Ph. Dubois C. Le Galliard D. Le Geay E. Leray J.-P. Domalain W. Menuet P. Le Ponner T. Lemarié

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15

TARA RIVER KISSAVOS STOCKHOLM EMERY HAYA KAN BANCOMAT LAYMAN JUNIOR - O STREET BOY - A EASY DREAM ULTRAJI REVANCHE DU RHEU ARGENTIER LOVING SONG - O MESHADORA PELEM VALTARÉNA GARINSHA - O

n EN RAISON des attaques terroristes, les courses d’hier à Saint-Cloud ont été annulées, et il n’y a pas donc pas eu de quinté. De même, la réunion de Laval a été annulée, tout comme la réunion de cet après-midi sur l’hippodrome d’Auteuil. Le quinté dominical se disputera à huis clos à Bordeaux-Le Bouscat dans la 6e .

63 59 59 63 63 58 57 56 60 56 55 58,5 53,5 55 53,5

6 12 8 14 10 3 4 11 13 7 2 1 5 9 15

M. Plat M. Bourillon S. Thouvenot B. Guenet J. Mercier M.-L. Bossert M. Lemartinel V. Dubois M. Artu C. Le Gland C. Poirier M. Rollando T. Menuet F. Le Ponner L. Lenglart

M. Crochard : 4 - 9 - 8 - 1 - 11 - 3 - 5 Gentleman : 9 - 11 - 1 - 4 - 8 - 3 - 6 S. Flourent : 1 - 2 - 5 - 6 - 8 - 3 - 12

6

Prix de Longchamp......................15 h 25 Plat - Course E - 3 et 4 ans 15 000 € - 2 300 m - Deuxième peloton

TRIO - COUPLÉS - COUPLÉ ORDRE - 2SUR4

Ec. P. Merienne B. Bonenfant T. Daguet M. Gozlan Ec. A. Pommerai J.-J. Chiozzi P. Grollier C. Regnault S. Adet Y. Berlioz N. Devilder O. Journet P. Loth Ec. N. Taudon M. Tronco

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15

J. Mérienne Joël Boisnard P.-A. Schott P. Leblanc N. Leenders J.-J. Chiozzi P. Grollier F. Cheyer S. Adet Y. Barberot N. Devilder O. Journet P. Loth F. Grizon G. Rarick

OLD CHAP VERRIÈRE MALISSUN FIRST GREEN - O CALIPSO DAY TONICA BARAKAH D'ISCLA BALLINDA CIARATZA CAMARO LOUVO OR DES OBEAUX FLY ONE ASCOT LÉO CHARM D'ART RISK WELL TAKEN

H4 F4 M4 M3 H3 F4 F4 F4 M3 H3 H3 H3 H3 F3 F3

60 55 58 58 57 54 56,5 56,5 56 52,5 56 56 56 52 54,5

4 9 7 13 11 12 5 14 15 6 1 2 8 10 3

J. Guillochon G. Le Devehat C. Sainjon J. Cabre Y. Barille L. Boisseau Y. Rousset F. Veron A. Bernard L. Delozier Alex. Roussel M. Androuin S. Breux T. Baron D. Breux

M. Crochard : 11 - 5 - 1 - 4 - 2 - 8 - 7 Gentleman : 11 - 7 - 8 - 1 - 2 - 5 - 4 S. Flourent : 11 - 4 - 2 - 1 - 7 - 8 - 10

7

Prix Useful....................................15 h 55 Plat - Mâles - Chevaux AQPS- Course G 11 000 € - 2 300 m

TRIO - COUPLÉS - COUPLÉ ORDRE - 2SUR4

P. Chemin P. Chemin N. Devilder N. Devilder A.-N. Dutertre L. Viel Ec. Mirande I. Pacault Gold and Blue EetG Leenders J. Planque J. Planque P. Chemin P. Chemin Ec. Bred To Win Sc Pat. Quinton P. Journiac P. Journiac P. Papot L. Viel

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

CONTE MALTAIX (E1) H3 CHEF DES OBEAUX H3 CYRANO VALLIS H3 CAREFREE - A H3 CALIXEL - A H3 COLIBRI H3 CRAK DE LA CHENEAU (E1) H3 CYRNAME H3 CHELSEA DE SÈVRES H3 CLINDŒIL DU MAQUI H3

64 64 64 64 64 64 62 62 62 62

6 7 2 3 8 9 10 1 4 5

F. Veron J. Cabre Y. Rousset Y. Gadbled P.-C. Boudot Alex. Roussel M. Delalande J. Guillochon L. Boisseau A. Fouassier

M. Crochard : 2 - 6 - 4 - 5 - 10 - 3 Gentleman : 6 - 2 - 4 - 5 - 3 - 10 S. Flourent : 5 - 4 - 6 - 10 - 2 - 3

8

Prix Chef de Clan.........................16 h 25 Plat - Femelles - Chevaux AQPS - Course G 11 000 € - 2 300 m

TRIO - COUPLÉS - COUPLÉ ORDRE - 2SUR4

M.-F. Besnard Joël Boisnard A. Clément N. Devilder Ec. Cerdeval P. Papot L. Viel J.-C. Werle A. Bidon P. Chemin G. Rocton

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11

P. Bourgeais Joël Boisnard A. Clément N. Devilder A. Vetault P. Peltier L. Viel J.-C. Werle A. Bidon P. Chemin B. Letourneux

CHANEL DU GÎTE F3 CARLA DES PLAGESF3 CALASIRIS F3 CÎME DES OBEAUX F3 CALIE DU MESNIL F3 CŒUR D'ALLEN - A F3 COQUINE MÔME F3 CHOUPA CHOUPES F3 CORÊVA DELONGCHAMP F3 CRISTALINE DU REPA F3 COQUETTE MÔME F3

64 64 64 64 64 64 64 64 62 62 62

8 3 1 2 7 6 11 10 9 4 5

S.M Laurent C. Grosbois A. Clément J. Cabre J. Claudic P.-C. Boudot A. Fouassier A. Werlé Y. Rousset M. Delalande M. Androuin

M. Crochard : 4 - 2 - 5 - 6 - 3 - 7 Gentleman : 5 - 2 - 7 - 6 - 3 - 4 S. Flourent : 2 - 3 - 5 - 4 - 6 - 7

Etat probable du terrain

Entraîneurs à suivre

Très souple

Jockeys à suivre

Dernière heure

QUINTÉ

H6 H9 H5 H5 H7 H7 H5 H6 H7 H7 H5 F6 F7 F6 F8

Brancaio - Dark Orbit Dylar - Big Nelson Easy Dream - Old Chap - Colibri Calasiris

À LIRE

H.-A. Pantall - Y. Barberot A. Roussel - P.-C. Boudot

Nos sélections

Gagnante : (407) Sagamiyna Placée : (501) Tara River

1 COURSE 1. Jolie Crickette (5), G. Ré, G. 5,80 P. 1,40 ; 2. Cadence d'Estruval (7), B. Lestrade, P. 1,30 ; 3. Bullrider (1), J. Tabary, P. 1,50 ; 4. Santa Amalia (8), J. Nattiez. Coup. gag. 5,90. Coup. pl. (5-7) : 2,40 (5-1) 2,90 (7-1) 2,50. Trio (5-7-1) : 7,40. 2e COURSE 1. Carminor (12), M. Farcinade, G. 9,50 P. 7,50 ; 2. Intrinsèque (4), D. Ubeda, P. 1,90 ; 3. Christmas In Usa (1), A. Renard, P. 2 ; 4. Robyx du Désert (6), S. Bigot. Cp. gag. 75,50. Coup. pl. (12-4) : 22,70 (12-1) 25,90 (4-1) 4,20. Trio (12-4-1) : 126,10. 3e COURSE 1. A Tout Propos (7), N.-W. O'Driscoll, G. 36,60 P. 6,70 ; 2. Wally Willong (4), T. Cousseau, P. 5,10 ; 3. Sibiril

Leparisien.fr

Les réactions des professionnels

milibris_before_rename

(6), J. Morel, P. 2,10 ; 4. Baby Madrik (1), A. Champenois. Coup. gag. 179,80. Coup. pl. (7-4) : 41,60 (7-6) 19,20 (4-6) 12,30. Trio (7-4-6) : 293,50. Tous Couru 4'33"06 (). 4e COURSE 1. Surname (8), W. Denuault, G. 3,60 P. 1,90 ; 2. Vol de Brion (1), A. Brunetti, P. 4,40 ; 3. Unechtimix (2), T. Blainville, P. 3,50 ; 4. Clétie de Teillée (5), A. Cardine. Coup. gag. 28,70. Coup. pl. (8-1) : 10,40 (8-2) 9,60 (1-2) 21,60. Trio (8-1-2) : 135,60. NP 14 Laisse Les Dires. 5e COURSE 1. Great Alana (2), A. Masson, G. 37,60 P. 8,30 ; 2. Dwinabad (10), J. Rey, P. 1,70 ; 3. Viva Brasilia (16), J.-C. Gagnon, P. 3,10 ; 4. Acropoli (6), D. Ubeda.

Prix Henri Durrey.........................12 h 30 Attelé - Course F 18 000 € - 2 550 m - Autostart TRIO - COUPLÉS - COUPLÉ ORDRE - 2SUR4

J. Leroyer J. Ains J.-M. Machet F. Delhal C. Pavone F. Clozier Ec. G. Rautureau X. Thielens G. Sorieux

J. Leroyer J. Ains G. Rivière F. Delhal D. Cordeau F. Clozier Y. Douin X. Thielens G. Sorieux

Ec. Richard Eric R. Ouchar-Tourg. M.-X. Charlot J. Séché E. Gomez J.-M. Espagnolle

Y. Dousset J. Paillé M.-X. Charlot J.-P. Lagenèbre Y. Dousset G. Metzler

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16

BEST DE VERRIÈRES BELLISA VIENNOIS BIG TOP GABINLEA BANCO DE LA ROUVRE BOUCHON DU MEDOC BAMBA DU PONT BE HAPPY BRUNE D’HAVAR. - P BAMBINO DE MÉE - Q BEAUJEU DE GUEH. - Q BABYLONE DANICA BALADE DU CHARI - A BLASON DU VIVROT BOURBON PHIL - P BELLE DE CORVEIL BEAUTIFUL BIRD

H4 F4 H4 H4 M4 F4 F4 F4 H4 F4 F4 H4 H4 F4 H4

2550 N. Binet 2550 J. Ains 2550 F. Corbineau 2550 J.-J. Delhal 2550 D. Cordeau 2550 F. Clozier 2550 N. Langlois 2550 X. Thielens 2550 E. Audebert NON PARTANT 2550 A. Wiels 2550 J. Paillé 2550 M.-X. Charlot 2550 J.-P. Lagenèbre 2550 Y. Dousset 2550 M. Criado

M. Crochard : 7 - 4 - 3 - 8 - 9 - 16 - 12 Gentleman : 4 - 3 - 9 - 11 - 8 - 7 - 14 S. Flourent : 7 - 3 - 8 - 14 - 1 - 4 - 13

2

Prix Henri Durrey.....................13 heures Attelé - Course F 18 000 € - 2 550 m - Autostart TRIO - COUPLÉS - COUPLÉ ORDRE - 2SUR4

D. Gevaux D. Ansquer A. Wilderbeek B.-R. Plaire Ec. Augustin-N. G. Héritier G. Paillé C. Feyte J. Séché G. Ruffato N. Priou F. Levesques M. Pauly P. Chaussepied G. Gautier X. Guillot

E. Buttigieg 1 BAGATELLE DU P. - P Y. Hurel 2 BOREV VEA A. Wilderbeek 3 BAZAR DU BOULAY - Q B.-R. Plaire 4 BOUM CHALÉONNAIS R. Lacroix 5 BEST LADY G. Héritier 6 BICHE D’HILAIRE - Q G. Paillé 7 BIARROTTE GRAT. - Q C. Feyte 8 BOGOTA DESBOIS - P J.-P. Lagenèbre 9 BOLÉRO D’ECAJEUL - P G. Ruffato 10 BORIANA DE VINDRAC P. Godallier 11 BAMBI CHALÉONN. - Q D. Cordeau 12 BELLA DE GINAI - Q S. Barbedette 13 BLUETTE D’ISIS P. Chaussepied 14 BLACKSTORM BASLOIR M. Criado 15 BALADE D’ENFER - A X. Guillot 16 BRAZ DE CRAVANS

F4 M4 H4 H4 F4 F4 F4 F4 H4 F4 H4 F4 F4 H4 F4 H4

2550 2550 2550 2550 2550 2550 2550 2550 2550 2550 2550 2550 2550 2550 2550 2550

J.-A. Eliphe Y. Hurel J. Chavatte D. Brossard R. Lacroix G. Héritier A. Podio C. Feyte R.-W. Denéchère G. Ruffato C. Mignot D. Cordeau S. Barbedette F. Jeanneau M. Criado X. Guillot

M. Crochard : 8 - 6 - 3 - 4 - 9 - 16 - 5 Gentleman : 6 - 16 - 3 - 8 - 9 - 11 - 12 S. Flourent : 1 - 3 - 6 - 8 - 14 - 12 - 9

3

Prix Hippodrome de Toulouse....13 h 30 Attelé - Course nationale - Course A 40 000 € - 2 550 m - Autostart

TRIO - COUPLÉS - TRIO ORDRE - COUPLÉ ORDRE

Ecurie Duem J.-L. Yacono G. Champié J-Et. Dubois G. Paillé Moratalla Ec. J.-A. Eliphe A. Babiel S.-M. Martin

K. Yemeloun E. Prudhon P.-M. Manceau E. Prudhon G. Paillé R.-W. Denéchère J.-A. Eliphe C. Feyte N. Langlois

1 2 3 4 5 6 7 8 9

BLUE PASS BOXING DAY BRUN DE BENAC BIXENTE BOPAL DU BIJOU BRÉTIGNY BRISSAC - P BRAVO QUIRKY BALADIN LUIS

M4 H4 M4 H4 M4 M4 M4 H4 H4

2550 2550 2550 2550 2550 2550 2550 2550 2550

F. Marty M. Criado P.-M. Manceau D. Brossard G. Paillé R.-W. Denéchère J.-A. Eliphe C. Feyte N. Langlois

M. Crochard : 6 - 7 - 2 - 1 Gentleman : 7 - 3 - 1 - 6 S. Flourent : 6 - 7 - 1 - 2

4

Prix de l’Hippodrome d’Agen..14 heures Attelé - Cse nation. - Course A 30 000 € - 2 550 m - Autostart TRIO - COUPLÉS - COUPLÉ ORDRE - 2SUR4

G. Veyrac N. Semeillon C. Forte F. Levesques D. Collin F. Marty J.-C. Porche G. Barny G. Lemière E. Kopinski G. Champié Moratalla C. Feyte J.-C. Delort G. Hilaire J. Paillé

E. Prudhon S. Bouisson E. Prudhon D. Cordeau M. Hanquier G. Marty N. Langlois F. Jeanneau G. Lemière J.-A. Eliphe P.-M. Manceau R.-W. Denéchère C. Feyte G. Metzler J. Asselie J. Paillé

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16

CHERRY DU VALLON CITY DU PADOUENG CERRINE DU BOSCAIL CALVIA CŒUR DE DYPP CAVALIER D’AVRIL CRISTAL DES BAUX COCKTAIL DE DUSSAC COLT DU DROPT CYRIANA BELLA CALINO PÉNÈME CAPTAIN AVENTURE CLINT D’AMBRI CORA DE MACAYRAN CRAZY HORSE COUDETA D’HÉRIPRÉ

Cp. gag. 56,90. Coup. pl. (2-10) : 19,60 (2-16) 55,50 (10-16) 6,60. Trio (2-10-16) : 233,20. 6e COURSE 1. Olcani (15), S. Paillard, G. 28,50 P. 7,70 ; 2. Ulla Banba (14), F. Giles, P. 4,90 ; 3. Voilabel (13), W. Denuault, P. 6,70 ; 4. Votre Plaisir (12), A. Gasnier. Coup. gag. 147,70. Coup. pl. (15-14) : 37,90 (15-13) 38,60 (14-13) 33,20. Trio (15-14-13) : 449,20. Non partant 9 Ulysse de Mai. 7e COURSE 1. Nina Nana (11), M. Daubry-Barbier, G. 18,70 P. 4,50 ; 2. Pull Marine (7), N. Gauffenic, P. 4 ; 3. Super Bal (10), M. Bréand, P. 3,50 ; 4. Big Nitwit (13), J. Rey. Cp. gag. 116,10. Coup. pl. (11-7) : 28,80 (11-10) 20,90 (7-10) 21,10. Trio (11-7-10) : 261.

5

F3 F3 F3 F3 M3 H3 H3 M3 H3 F3 M3 M3 H3 F3 M3 F3

2550 2550 2550 2550 2550 2550 2550 2550 2550 2550 2550 2550 2550 2550 2550 2550

D. Brossard S. Bouisson M. Criado D. Cordeau M. Hanquier F. Marty N. Langlois F. Jeanneau A. Honoré J.-A. Eliphe P.-M. Manceau R.-W. Denéchère C. Feyte N. Vimond J. Asselie J. Paillé

Prix Agri 33..................................14 h 30 Attelé - Apprentis et lads-jockeys - Autostart 20 000 € - 2 550 m - Course E TRIO - COUPLÉS - COUPLÉ ORDRE - 2SUR4

G. Héritier T. Le Floch Ecurie de l’Iton J. Sap M.-X. Charlot G. Cardine A. Dubert R. Westerink A. Hubert B. Goetz Ec. N. Langlois A. Wilderbeek B. Goetz D. Benchetrit Ec. R. Maurice L. Roussel

G. Héritier T. Le Floch H. Levesque J. Sap M.-X. Charlot G. Cardine A. Dubert R. Westerink A. Hubert B. Goetz N. Langlois A. Wilderbeek B. Goetz Y.-M. Desaunette D. Cordeau J.-F. Senet

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16

SYMPHONIE DU LYNX ULSTER NEMO - P UPLAND DE L’ITON Q TOCKEUR D’OCQUE - P TEXAS HAUFOR STARKY DU COTTEL. - A THÉMIS COPAISE - Q UMOKO UP AND GO TELFANTO DE COUD. (E1) UNE ZARKAVA SHARIF BOKO SIRIUS DE B. A. - Q (E1) TÉNOR D’YLÉA - P TIDUMÉE TARAHUMARA - P

Attelé - Course nationale - Course A 40 000 € - 2 550 m - Autostart

TIERCÉ - QUARTÉ+ - QUINTÉ+ - TRIO - COUPLÉS - COUPLÉ ORDRE - 2SUR4

M. Crochard : 3 - 10 - 2 - 7 - 4 - 1 - 5 Gentleman : 8 - 11 - 1 - 7 - 2 - 4 - 9 S. Flourent : 11 2 - 4 - 3 - 1 - 9 - 12

HIER À COMPIÉGNE re

1

6

Prix Hipp. Beaumont-de-Lomagne.....15 h 8

EN DIRECT SUR

F9 H7 H7 H8 H8 H9 F8 M7 H7 H8 F7 H9 H9 H8 F8 H8

2550 2550 2550 2550 2550 2550 2550 2550 2550 2550 2550 2550 2550 2550 2550 2550

P. Gapteau M. Houal T. Levesque L. Lachère M. Blot V. Poupiot L. Baudouin D. Bertrand A. Schnabel C. Mignot A. Wargnier A.-L. Pelletier P. Le Moel P.-L. Desaunette J. Cordeau N. Senet

M. Crochard : 3 - 9 - 5 - 4 - 8 - 7 - 14 Gentleman : 3 - 13 - 2 - 8 - 4 - 7 - 16 S. Flourent : 14 - 9 - 3 - 2 - 8 - 7 - 13

S. Pommier G. Rahault M. Candillier M. Hanquier M. Bourdon Ec. Saint-Hilaire Ec. Didier Louis R.-W. Denéchère Ec. J.-A. Eliphe P. Lourmière B. Goetz Ec. J.-A. Eliphe G. Paillé Ecurie Initial N. Mathias A. Chère

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16

Y. Vidal N. Langlois N. Vimond M. Hanquier M. Criado D. Cordeau D. Cordeau R.-W. Denéchère J.-A. Eliphe D. Brossard B. Goetz J.-A. Eliphe G. Paillé R. Le Creps N. Mathias B. Goetz

ALBAN DU POITOU - Q AL CAPONE APRION - Q ASHINGA DU WALL. - Q ARGINIO DES GOD. - Q ARIBO MIX A NOUS BOSDARR. - Q ASTRE D’OR ART DU BOS (E1) ATHOS DE MARLAU APOLLON MORAIRA - Q ALBANO BELLO (E1) AMOUR ROYAL ACTRICE DE CERISY - Q ANGIE CASH AU TEMPS DUBONH. - Q

M5 H5 H5 F5 M5 H5 H5 H5 H5 H5 H5 H5 H5 F5 F5 H5

2550 2550 2550 2550 2550 2550 2550 2550 2550 2550 2550 2550 2550 2550 2550 2550

Y. Vidal N. Langlois N. Vimond M. Hanquier M. Criado D. Cordeau S. Larduinat-D. R.-W. Denéchère S. Romero D. Brossard B. Goetz J.-A. Eliphe G. Paillé R. Le Creps N. Mathias J. Chavatte

M. Crochard : 8 - 2 - 3 - 5 - 6 - 1 - 10 - 4Gent leman : 8 - 12 - 16 - 3 - 7 - 2 - 5 - 6 S. Flourent : 8 - 3 - 10 - 5 - 7 - 2 - 1 - 15

7

Prix de Cagnes-sur-Mer..............15 h 40 Monté - Course européenne - Course F 22 000 € - 2 650 m

TRIO - COUPLÉS - COUPLÉ O. - 2SUR4 - CLASSIC TIERCÉ

M. Grolier M. Pauly M. Viel B. Marini L., M. Uggla Hold. Stall Pershion A. Randon G. Paillé J. Bordenave T. Mounie Ec. J.-F. Popot Ec. J.-P. Marmion Ec. Franck Pellerot M. Denisot P.-G. Marie P. Raquin F. Delanoë Moratalla N. Semeillon C. Groult

M. Grolier S. Barbedette M. Viel Y. Hurel Lutfi Kolgjini P.-G. Norman A. Randon G. Paillé Y. Henry G. Metzler J.-F. Popot J.-P. Marmion F. Pellerot D. Cordeau N. Langlois J. Paillé F. Delanoë R.-W. Denéchère S. Bouisson L. Delestre

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20

ASLY DE FLORANGE TOPAZE CILAO USTAR D’AUVRECY APÉRO CHENEVIÈRE VALETTA STRIX MYSTERY LOVE VIRGINIE DU PONT - Q VAILLANT WINNER ULTRA MIX URSULA SIRAULT URAGAN TEREL UMBRELLA DE CH. - Q ULF DU REVERDY TOLBIAC MORENO D’ASOLO - Q TOSSARI - A USIRIO SAPHIR DU GÎTE - P SLOW DE GODIN. - Q

H5 F8 H7 H5 F5 M6 F6 H6 H7 F7 H7 H8 F7 F7 H8 M9 H8 M7 H9 H9

2650 2650 2650 2650 2650 2650 2650 2650 2650 2650 2650 2675 2675 2675 2675 2675 2675 2675 2675 2675

M. Grolier T. Couvrechel H. Guérot M. Cantin M. Bacsich S. Liitiäinen A. Barthélemy A. Podio C. Théault C. Saout J. Lehericey A. Wiels N. Pacha M. Houal D. Laisis M. Blot P. Gapteau R. Joly C. Gazengel J.-B. Lelièvre

M. Crochard : 13 - 6 - 18 - 4 - 7 - 5 - 19 Gentleman : 6 - 5 - 11 - 13 - 19 - 7 - 3 S. Flourent : 5 - 11 - 7 - 13 - 4 - 6 - 18

8

Gd Prix Baron d’Ardeuil AOC Buzet...16 h 15 Attelé - Course E 24 000 € - 2 650 m

TRIO - COUPLÉS - COUPLÉ ORDRE - 2SUR4

J.-C. Vierge M. Constantin G. Gautier O. Cuzzupoli N. Duveau G. Hilaire Ec. S. Marmion L. Debayles J. Bodin P.-F. Pentecôte F. Théron J. Paillé S. Larduinat-D. J. Cottel H. Bazin B.-R. Plaire Ec. Franck Pellerot J.-E. Thuet

M.-P. Marie M. Constantin M. Criado M.-P. Marie M. Duveau E. Audebert S. Marmion D. Lebois J. Bodin R.-W. Denéchère O. Paillard J. Paillé D. Cordeau B. Goetz F. Clozier B.-R. Plaire F. Pellerot J.-E. Thuet

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18

UN PETIT PIRATE VOLCAN DE MONE APACHE D’ENFER VRÉDITH TACT VRIE VICTORIEUSE VALEUR GÈS - Q TÔT OU TARD - A TATIE DU CANTER - A AVENIR D’OR TONIA RUSH TIP TOP D’ANJO UPSOS DE GUEZ - Q VERMEIL DU LOISIR - Q TICIA DU BOCAGE VICTORIA DE MARZY VERTIGE DE CHENU - A VERZEE CARISAIE

H7 H6 H5 F6 H8 F6 F6 H8 F8 H5 F8 M8 H7 H6 F8 F6 H6 F6

2650 2650 2650 2650 2650 2650 2650 2650 2650 2650 2650 2675 2675 2675 2675 2675 2675 2675

B. Vanacker M. Constantin M. Criado M.-P. Marie M. Duveau E. Audebert S. Marmion J.-A. Eliphe D. Brossard R.-W. Denéchère J. Chevreux J. Paillé D. Cordeau B. Goetz F. Clozier B.-R. Plaire P. Pellerot J.-E. Thuet

M. Crochard : 10 - 18 - 17 - 14 - 13 - 16 - 7 - 2 Gentleman : 2 - 6 - 7 - 9 - 14 - 10 - 17 - 18 S. Flourent : 14 - 17 - 10 - 18 - 13 - 16 - 6 - 9

9

Prix André Carrus........................16 h 45 Attelé - Course G 16 000 € - 2 650 m

TRIO - COUPLÉS - COUPLÉ ORDRE - 2SUR4

F. Clozier C.-M. Rambert-L. J.-J. Beausse N. Catherine Ecurie Ginkgo R. Joly M. Candillier M. Blanc J.-M. Bernard J.-F. Senet I.-R. Billon N. Semeillon B. Goetz Patr. Martin G. Portier I.-P. Blanchon J. Rivière C. Clin

F. Clozier J.-A. Lamaison J.-J. Beausse D. Cannillo J. Asselie R. Joly N. Vimond M. Blanc J.-M. Bernard J.-F. Senet J.-F. Popot S. Bouisson B. Goetz Patr. Martin F. Jeanneau I.-P. Blanchon J. Rivière C. Clin

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18

VAS Y MON KIKI VIRGIL GRAND PRÉ VICTORIA DE MARC. - Q VIRTUOSE VOLO VINCENZO AUGEN. - Q VIVALDI D’ANJOU VENDANGEUR - A VAHINÉ DE FAUV. - Q VELOURS DARCHE - P VERY BEST OF TOM - P VERMEIL DE RIEZ VODKA FOR YOU VAZOUILLIS - Q VASCO DE LIGNY VÉNUS D’ÉVAILLES - Q VOYANCE DU RAVARY VRAIE BRILLOUARD - Q VIVA YAD

H6 H6 F6 H6 H6 H6 H6 F6 H6 H6 H6 F6 H6 H6 F6 F6 F6 F6

2650 2650 2650 2650 2650 2650 2650 2650 2650 2675 2675 2675 2675 2675 2675 2675 2675 2675

F. Clozier T. Couvrechel M. Criado B. Savoye J. Asselie R. Joly N. Vimond M. Blanc D. Brossard N. Senet A. Popot S. Bouisson B. Goetz E. Audebert F. Jeanneau D.-G. Chavatte J. Rivière C. Clin

M. Crochard : 11 - 17 - 14 - 18 - 12 - 10 - 9 Gentleman : 9 - 1 - 13 - 12 - 11 - 18 - 17 S. Flourent : 11 - 12 - 18 - 14 - 17 - 3 - 1

Corde à droite

Entraîneurs à suivre

Dernière heure

D. Cordeau - N. Langlois

Blason du Vivrot Drivers à suivre Bogota Desbois - Blue M. Criado - D. Brossard Pass - Calvia - Ulster Nos sélections Nemo - Aprion Uragan - Victorieuse - Gagnante : (608) Astre d’Or Placée : (814) Vermeil du Viva Yad Loisir

À LIRE

leparisien.fr

Retrouvez les résultats et les rapports de la réunion de Toulouse sur notre site Internet.

319e

Saint Albert

08h00 17h12

Sainte Marguerite

Dimanche 15 novembre

Votre avenir? Des experts vous répondent au 01 58 57 25 72

Un peu de douceur…

11° 15°

VOTRE

70 km/h

Pluies et vent de la Bretagne aux Ardennes en passant par les côtes de la Manche, soleil après dissipation des brouillards matinaux au sud de la Loire, ce dimanche de mi-novembre reste toutefois agréable, grâce à la douceur des températures. Revers de la médaille pour ceux qui auront plus de soleil dans la journée : soirée et nuit, sous un ciel clair, leur rappelleront que l’hiver approche. ÎLE-DE-FRANCE ET OISE. Après une matinée très grise, le ciel devient plus lumineux puis s’éclaircit franchement l’après-midi. Avec des températures à l’unisson, un peu de lumière et de douceur ne feront de mal à personne dans ce contexte lourd…

HOROSCOPE

12°

7° 70 km/h

par ALEXANDRA MARTY

13° 13° 11° 16°

9° 16°

50 km/h

15°



°

9

10° 16° 11° 13°

15°



10

14

15

3

17

°

TAUREAU 21 avril - 20 mai

3° 15°

7° 16°

°

°

°

BELIER 21 mars - 20 avril Cœur. Vous manquerez de dynamisme aujourd’hui ! Réussite. Vous ne ferez pas toujours preuve de diplomatie au travail. Forme. Faites un petit régime.

°

Cœur. Vous ne retiendrez pas votre colère aujourd'hui. Réussite. Des prises de contacts ouvrent de nouvelles perspectives d'avenir. Forme. Bonne résistance dans l'ensemble.

17°

7° 10° 16° 6° 19°

9° 14°

GEMEAUX 21 mai - 21 juin

9° 16°

9° 15°

8° 19°

50 km/h

Cœur. Votre charme fera bien des envieux. Réussite. Vous allez redoubler d'eforts pour maintenir votre activité. Mais attention, n'y laissez pas votre santé. Forme. Bonne résistance.

9° 17°

9° 15°

50 km/h

8 9

°

15

°

14

11h05 20h27



11° 20°

°

7

18

12

°

°

18

CANCER 22 juin - 22 juillet

21°

°

°

Cœur. Ne vous mettez pas à lirter sous le nez de votre partenaire. Réussite. Créatif en diable, vous pourrez mettre sur pied des projets originaux et ambitieux. Forme. Bonne.

12° 15°

°

11° 21° 8° 15°

50 km/h

LION 23 juillet - 22 août

13° 16°

26/30 27/30 25/26 25/26 27/28

7/13 7/18 10/20 15/21 3/12

14/20 15/25 17/20 13/14 9/13

Lundi 16 novembre

Mardi 17 novembre

7° 14° 13° 15°

12 18

11°° 11° 14

°

10 16

La météo, c’est toutes les ½ heures entre 4h30 et 9h30

Cœur. Vous proiterez de chaque moment passé aux côtés de votre bien-aimé. Réussite. Vous êtes débordé par vos nombreuses responsabilités. Forme. Excellente.

11°° 19 11°° 13

SAGITTAIRE 22 nov. - 20 décem. Cœur. Vous aurez l'occasion de vous montrer sous votre jour véritable. Réussite. Vous travaillerez en bonne entente avec vos collaborateurs. Forme. Buvez beaucoup d'eau.

APPLI MÉTÉO

CAPRICORNE 21 décem. - 19 jan. Cœur. Le grand amour pourrait se préparer à faire irruption dans votre vie... Réussite. Vous devez montrer plus de souplesse si vous voulez parvenir à vos ins. Forme. Nervosité.

EN FRANCE S u r w w w. l e p a r i s i e n . f r

LA QUESTION DU JOUR

INTERACTIF

Après les attentats de Paris, avez-vous changé vos habitudes ?

Attentats à Paris : 40 minutes de folie meurtrière

VERSEAU 20 janvier - 18 février Cœur. Vous serez victime de quelques désillusions. Réussite. Vous devrez faire preuve d'un grand sérieux et d'une parfaite maîtrise des sujets. Forme. Mauvaise digestion.

EN VIDÉO

POISSONS 19 février - 20 mars

Recueillement à Paris : « Montrer qu’on est forts et encore debout »

RÉPONSE À LA QUESTION D’HIER

Cœur. En famille, vous vous montrerez particulièrement généreux et attentionné, en famille. Réussite. Vous avez le sentiment d'être freiné dans vos activités. Forme. Allergies.

Le réchauffement climatique vous inquiète-t-il ?

NON : 58,4 % 1 137 internautes ont voté milibris_before_rename

(DR.)

Le baromètre de l’amour (LP/Georges Guillaume.)

OUI : 41,6 %

Cœur. Ne vous laissez pas inluencer par les discours qui viennent de tierces personnes. Réussite. Vous aurez du mal à vous concentrer sur votre travail. Forme. Nervosité.

SCORPION 23 oct. - 21 nov.

14° 19° °

°

11° 14°

BALANCE 23 sep. - 22 oct.

13° 16°

11° 20° °

Cœur. Vous pourrez compter sur l'être aimé pour vous soutenir moralement. Réussite. Une formation professionnelle pourrait vous tenter. Forme. Maux de tête.

9° 15°

14° 16°

11° 20°

VIERGE 23 août - 22 septembre

Mercredi 18 novembre

12° 16°

5° 15°

Cœur. Les amours sont au beau ixe, vous voyez l'avenir en rose. Réussite. Vous aurez l'occasion de prouver que vous avez une vue d'ensemble utile à tous. Forme. Bon moral.

Il joue « Imagine » au piano devant le Bataclan

Scorpion : Vous saurez comment ne pas perdre une minute ! Verseau : Vous ne serez pas toujours satisfait de certaines situations.

Bon anniversaire Laura Smet, 32 ans (actrice). Jenifer, 33 ans (chanteuse).

View more...

Comments

Copyright ©2017 KUPDF Inc.
SUPPORT KUPDF