La traduction en suédois du roman Je l’aimais d’Anna Gavalda
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Étude de traduction du français vers le suédois...
Description
La traduction en suédois du roman Je l’aimais d’Anna Gavalda Étude des références culturelles et des expressions idiomatiques
Vincent Fréchin
La traduction en suédois du roman Je l’aimais d’Anna Gavalda Étude des références culturelles et des expressions idiomatiques
Vincent Fréchin
Abstract Abstract A translator, during his work, has to face linguistic challenges and to take multiple decisions but those decisions must be based on strategies of translation such as, for example, transposition or adaptation. Our analysis is based on the cultural references and the idiomatic expression in the novel Someone I loved, by Anna Gavalda, and their translation from French into Swedish. Based on Tegelberg’s semantic categories, we have classified the cultural references and analysed their translation according to Vinay’s and Dalbernet’s the strategies of translation. We have even categorized the idiomatic expressions according to Ingo’s three strategies of translation. In order to analyse their translation, we followed Ingo’s four ground principals of translation. Our analysis showed that, concerning the cultural references, their translation seems to be a challenge for a translator since most of the French references do not exist in Sweden. For those references, the translator, then, chose to borrow, adapt them, transpose or copy them from French into Swedish. Regarding the references known or existing in Sweden, the translator chose to translate by an equivalent term. Regarding the translation of idiomatic expressions, we found out that at each of the four ground principals of translation has to be considered in order to give the most adequate translation but one of them in different cases are more important to pay attention to. We also came to the conclusion that connotations, allusions or figure of speech are the most difficult phenomena to translate and require very good knowledge of the language to be translated from in order to accomplish his task.
Keywords Translation, cultural references, idiomatic expression, strategies of translation, four ground principals of translation, semantic categories, Gavalda, Tegelberg, Ingo, Vinay et Dalbernet. Romanska och Klassiska institutionen Uppsats på Franska III Kandidatuppsats, Vårterminen 2015 Directrice de mémoire: Françoise Sullet-Nylander Rapporteur: Elizabeth Kihlbom
Table des matières 1 Introduction...............................................................................5 1.1 But et méthode............................................................................................5 1.2 Recherches antérieures.................................................................................6 1.3 Corpus........................................................................................................7
2 Définitions..................................................................................7 2.1 Les références culturelles..............................................................................8 2.2 Les expressions idiomatiques.........................................................................9
3 Analyse.......................................................................................9 3.1 Les références culturelles dans le corpus.........................................................9
3.1.1 Références culturelles liées aux Médias..........................................10 3.1.2 Références culturelles liées aux marques déposées.........................12 3.1.3 Références culturelles liées à la nourriture.....................................13 3.1.4 Références culturelles liées aux traditions......................................13 3.1.5 Références culturelles liées à l’enseignement..................................14 3.1.6 Références culturelles liées aux institutions/ établissements publics...14 3.1.7 Références culturelles liées aux surnoms affectifs............................15 3.1.8 Références culturelles liées à la nature..........................................15 3.2 Les expressions idiomatiques dans le corpus..................................................16
3.2.1 Expressions idiomatiques traduites par une expression idiomatique. . .16 3.2.2 Expressions idiomatiques traduites littéralement.............................18 3.2.3 Expressions idiomatiques traduites par une phrase explicative..........19
4 Conclusion................................................................................20 Appendice.....................................................................................23 Bibliographie................................................................................30
1 Introduction La traduction est, pour les non-initiés, souvent considérée comme une tâche facile qui ne demande pas beaucoup d’efforts du moment que le traducteur se contente de copier un texte d’une langue à une autre. Cependant, dans son ouvrage Konsten att översätta, Rune Ingo (2007 : 335) s’oppose à cette affirmation et explique que la traduction est, en fait, compliquée et « implique une transformation qui concerne à la fois la forme et le contenu du texte ». Par conséquent, tout bon traducteur fait face, tout au long de son travail, à des obstacles linguistiques et doit prendre des décisions importantes mais ces décisions ne doivent pas être aléatoires et doivent suivre les principes et les stratégies de traduction (Ingo, 2007 : 335) mais quels sont ces obstacles linguistiques ? À quelles stratégies le traducteur peut-il avoir recours? Pour tenter de répondre à quelques unes de ces questions, nous avons étudié le roman Je l’aimais d’Anna Gavalda ainsi que sa traduction en suédois, Jag älskade honom, parue en 2003 et faite par Malin Björkman en nous intéressant essentiellement aux références culturelles et aux expressions idiomatiques.
1.1 But et méthode Le but de ce mémoire est ainsi de repérer et de décrire les références culturelles et les expressions idiomatiques, de tenter d’expliquer les difficultés linguistiques rencontrées et nous permettant ainsi d’analyser les stratégies utilisées par la traductrice du roman de Gavalda pour résoudre les problèmes posés par les références culturelles et les expressions idiomatiques. Quels types d’obstacles linguistiques représentent ces phénomènes ? Quels principes ont influencé le travail de traduction ? À quelles stratégies la traductrice a-t-elle eu recours ? Quels « sacrifices » (perte de sens, omissions, généralisations, etc.) a-t-elle dû faire ? Quelles solutions ont été utilisées par la traductrice ? Tout d’abord, nous définirons le concept de références culturelles en nous basant sur les définitions de Svane (2002 : 27) et des catégories de Tegelberg (2004 : 186- ) puis nous identifierons les problèmes linguistiques liés aux références culturelles et nous analyserons les procédés de traduction choisis par la traductrice en suivant les catégories de Vinay et Dalbernet (1958 : 46-54). Après avoir défini la notion d’expression idiomatique, nous catégoriserons les traductions des expressions idiomatiques dans le roman de Gavalda en suivant les stratégies de traduction des expressions idiomatiques ainsi définies par Ingo (2007 :144,145). Selon lui, une
expression idiomatique peut être : traduite par une expression idiomatique, traduite littéralement ou traduite par une phrase explicative. Puis, nous nous baserons sur les quatre aspects de base de la traduction selon Ingo (2007 :65) pour expliquer le choix de stratégie de traduction pour chaque expression idiomatique en suivant les quatre aspects de base de la traduction selon Ingo (2007 :65). Le premier aspect est la structure grammaticale, c’est à dire, entre autres, la construction de la phrase, la syntaxe, l’orthographe, etc.… Le second aspect est la variété linguistique, comme Ingo la décrit, concerne les variations de la forme et de style de langue. Il faut distinguer la langue orale de la langue écrite, prendre en compte les variations géographiques de la langue et les idiolectes ainsi que faire la différence entre la langue de tous les jours et les jargons professionnels. La sémantique, le troisième aspect, regroupe les dénotations et les connotations des termes utilisés, les faux amis, les métaphores, les acronymes et abréviations. Le quatrième et dernier aspect d’Ingo est la pragmatique qui concerne les facteurs situationnels de la langue, c’est à dire les intentions de l’auteur lors de l’écriture de l’œuvre et le contexte dans lequel elle a été écrite et la fonction de l’œuvre.
1.2 Recherches antérieures Pour nombreux linguistes, tels que Tegelberg, Nida, Ballard ou Svane, les références culturelles et les expressions idiomatiques sont souvent le sujet de recherches et d’études en traduction car ces phénomènes sont spécifiques à une langue et ne peuvent, à priori, être traduits tels quels dans une autre langue. E. Tegelberg a publié un article en 2004 dans le magasine Moderna språk dans lequel est présente en grandes lignes son travail de recherches sur les problèmes de traduction en français des « mots culturels » dans deux œuvres de Jonas Gardell. Tegelberg commence par constater que « la spécificité et l’unicité référentielles des mots de ce genre posent de sérieux obstacles » (2004 : 184). Selon elle, afin d’analyser la traduction de ces phénomènes linguistiques, il faut tout d’abord les catégoriser selon leur aspect sémantique. Dans les œuvres de Gardell, Tegelberg a pu relever sept catégories sémantiques dont l’enseignement, les coutumes ou encore les médias. Concernant leur traduction, il est apparu, après analyse, cinq stratégies de traduction dont, entre autres, la traduction directe, la généralisation et la précision. La traduction directe implique une traduction « mot à mot » du terme d’origine (kräftskiva = fête des écrevisses), la généralisation consistant à « élargir l’extension sémantique du mot d’origine » impliquant souvent une perte de sens sémantique et pragmatique (konsumbiträde = employée), la précision où un mot est rajouté dans la traduction (Gröna Lund = le parc d’attractions de Gröna Lund).
Tegelberg a pu observer que, selon les catégories sémantiques des « mots culturels », certaines stratégies de traduction sont plus dominants, par exemple, pour les « mots culturels » liés aux médias, la traduction directe et la précision seraient les plus fréquentes alors que pour les coutumes, la généralisation serait la stratégie la plus utilisée. Cependant, Tegelberg a pu également constater des pertes de nuances dans les traductions afin de les rendre plus fonctionnelles et parfois même une déculturalisation lorsque que « le contenu pragmatique n’a pas été reproduit » (2004, 200). Dans son mémoire, Evelina Steneby analyse la traduction en français des références culturelles dans la bande-dessinée suédoise Rocky de Martin Kellerman (2011). Elle répartit ces références culturelles en sept catégories sémantiques pour, ensuite, analyser les stratégies de traduction utilisées et la fidélité ou la perte de sens et de signification de la traduction dans l’édition française de Rocky. Steneby constate que les stratégies les plus fréquemment utilisées par le traducteur sont la généralisation et l’adaptation puis également dans certains cas une perte de sens et de signification mais la traduction, dans son ensemble, semble rester fidèle au texte original suédois. Dans son étude, Ghariani Baccouche (2003: 98) appelle « idiomatique tout ce qui n’est pas transposable tel quel d’une langue à une autre ; ce qui se traduit par des locutions de toutes sortes et des tournures propres à chaque langue. » Dans son mémoire « Den förlorade dialogen » (2004), Yvonne Håkansson analyse la traduction des idiomes, de l’argot et des jeux de mots dans le sous-titrage du film Le Placard du réalisateur français Francis Veber. L’analyse des sous-titrages montre que les stratégies de traductions utilisées pour le sous-titrage tendent à réduire le niveau de style de langue vers le suédois dans plus de la moitié des exemples relevés par Håkansson. Cette réduction de niveau du style concerne surtout les idiomes et l’argot dont une partie disparait dans les soustitrages en raison de la restriction imposée par la longueur maximale des sous- titrages. Håkansson estime, cependant, que le style de langue de la version originale et les caractéristiques linguistiques des personnages sont représentés dans les sous-titrages en suédois.
1.3 Corpus Je l’aimais est le premier roman d’Anna Gavalda après la parution et le succès de son recueil de nouvelles Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part en 1999. Anna Gavalda est née en 1970 dans la région parisienne où elle a également grandi. Elle a étudié à la Sorbonne et est
professeure de français diplômée. Gavalda écrit, aujourd’hui, à temps plein. Dans ce premier roman, Chloé vient d’être quittée par son mari pour une autre. Avec ses deux filles et son beau-père, Chloé s’installe provisoirement dans leur maison de campagne. Pour la première fois, Chloé apprend à connaître son beau-père, Pierre, jusque là silencieux. Ensemble, ils font le deuil de leurs amours passés. Lors de la lecture du roman Je l’aimais, sachant que sa traduction serait faite en suédois, la question s’est naturellement posée quant aux références culturelles et aux expressions idiomatiques contenues dans l’œuvre. Dès le titre, la traduction en suédois a, selon nous, perdu l’ambiguïté du titre en français exprimée par le pronom personnel « l’ » alors que le titre en suédois nous indique que l’objet de l’amour porté par « je » est masculin, ce que le titre en français ne révèle pas. C’est pour cela que nous avons donc décidé de nous pencher sur ces phénomènes et leur traduction en suédois dans la version suédoise du roman de Gavalda. Notre corpus est constitué des références culturelles et des expressions idiomatiques dans le roman d’Anna Gavalda (2002), que nous retrouvons également dans Le Petit Robert : dictionnaire des expressions et locutions de Chantreau et Rey (1993), et de leur traduction en suédois (2003). Pour la catégorie des expressions idiomatiques traduites pour une expression idiomatique, l’on retrouve les expressions idiomatiques en suédois dans l’ouvrage de Hultman (2002), Svenska idiom, 4500 vardagsuttryck.
2 Définitions 1.4 Les procédés de traductions de Vinay et Dalbernet Selon Vinay et Dalbernet (1958), les procédés de traductions auxquels les traducteurs peuvent avoir recours sont les suivants: 1. L’emprunt : le traducteur utilise le terme utilisé sans adaptation dans la langue d’arrivée. Un exemple d’emprunt est : Fr. J’habite Rue de la Reine.1 Sv. Jag bor på Rue de la Reine. 2. Le calque : le traducteur emprunte le syntagme et le traduit les éléments qui le composent dans la langue d’arrivée : Fr. Il fait un temps printanier. Sv. Det är ett vårlikt väder. 1 Les exemples suivants sont nos propres exemples.
3. La traduction littérale : le traducteur garde la structure de la langue de départ et la traduit mot à mot comme dans l’exemple suivant : Fr. J’hurlai avec les loups.2 Sv. Jag tjöt med vargarna. 4. La transposition, procédé de traduction où le traducteur remplace une partie du discours par une autre sans changer le sens : Fr. Il vient de se marier.3 Sv. Han har just gift sig. 5. La modulation qui implique une variation dans le message. Un exemple de modulation est : Fr. Après cinq minutes, il entra 4 sur l’autoroute. Sv. Efter fem minuter körde han ut på motorvägen. 6. L’équivalence : de par leurs différences deux langues peuvent exprimer la même chose mais avec des moyens stylistiques et structuraux différents. Ceci implique que le traducteur transforme le texte de départ mais garde le même message, par exemple : Fr. Elle roulait des mécaniques.5 Sv. Hon var styv i korken. 7. L’adaptation. Au cas où la situation référée dans la langue de départ n’existe pas dans la langue d’arrivée, le traducteur adapte le texte et réfère à une situation jugée équivalente dans la langue d’arrivée à celle de la langue de départ : Fr. Il avait hâte de manger du camembert.6 Sv. Han längtade efter att få äta köttbullar.
1.5 Les références culturelles Selon les ouvrages de références que l’on choisit, il existe plusieurs discussions autour du terme référence culturelle, à savoir, son utilisation et ce qui les définit. En effet, Svane (2002: 27) parle dans son ouvrage d’expressions référentielles spécifiques à la culture en d’autres termes des expressions référant à une réalité concrète en dehors du texte dont le référent présupposé ne peut être séparé du contexte culturel spécifique (2002: 43). 2 3 4 5 6
Exemple tiré de Je l’aimais de Gavalda. Exemple issu de Från källspråk till målspråk de Ingo. Exemple issu de Från källspråk till målspråk de Ingo. Exemple tiré de Je l’aimais de Gavalda. Cet exemple est le notre.
Marco A. Fiola et Miguel Brillant (2004: 4) ont, eux, optés pour le terme référence culturelle et en ont une définition plus élaborée. Selon eux, une référence culturelle est « un mot ou syntagme constituant un élément d’information extralinguistique et extratextuelle, c’est-à-dire une information dont la compréhension sollicite le recours à un savoir acquis antérieurement. » Le sens de ces références culturelles est donc implicite et peut parfois poser des problèmes lors de leur traduction. Nous avons ici choisi d’utiliser le terme de référence culturelle car il nous semble être plus généralisant que le terme expression référentielle ou locution. Une fois repérées dans notre corpus, nous nous devons de séparer ces références culturelles en différentes catégories et pour cela, nous nous basons sur les catégories sémantiques de Tegelberg (2004 : 187), les références culturelles liées : 1. aux coutumes. 2. aux médias. 3. à la nourriture. 4. marques déposées. 5. aux institutions et à l’enseignement. Tegelberg explique également que certaines références culturelles sont compliquées à catégoriser compte tenu de l’incertitude de leur appartenance sémantique (2004 : 187) mais, lors de la constitution de notre corpus, nous avons pu constater que certaines des références relevées peuvent être regroupées en d’autres catégories.
1.6 Les expressions idiomatiques Nous avons pu le constater : le terme de référence culturelle suscite des discussions quant à sa définition. Le terme expression idiomatique n’est pas différent à cet égard. Certains choisissent, comme Rey et Chantreau (1993 : VI), le terme locution décrivant « une unité fonctionnelle plus longue que le mot graphique, appartenant au code de la langue en tant que forme stable et soumise aux règles syntaxiques de manière à assumer la fonction d’intégrant ». D’autres préfèrent le terme d’idiome ou idiotisme ou encore expression. Certains évoquent également le terme de gallicisme7 étant « une tournure propre à la langue française » par opposition aux anglicismes. Dans ce mémoire, nous optons pour la définition d’Ingo (1991) selon laquelle il existe dans toute langue, des expressions idiomatiques dont le sens ne peut être perçu seulement sur la signification de chaque des mots qui les composent (1991: 208). L’ensemble des mots composant les expressions idiomatiques forment ainsi une unité et doivent, par conséquent, être traitées comme telles (1991: 209). Ces expressions sont spécifiques à chaque langue et peuvent poser problèmes lors de la 7 http://www.linternaute.com/dictionnaire/fr/definition/gallicisme/
traduction comme, par exemple, les expressions tomber des cordes, péter les plombs ou encore prendre ses jambes à son cou. Nous prenons également en compte la définition de M. Gahriani Baccouche (2003: 98) du terme idiomatique, c’est-à-dire : « tout ce qui n’est pas transposable tel quel d’une langue à une autre; ce qui se traduit par des locutions de toutes sortes et des tournures propres à chaque langue. »
3 Analyse 1.7 Les références culturelles dans le corpus Dans le roman de Gavalda, nous avons relevé 21 références culturelles, dont deux sont relevées deux fois, que nous avons divisées selon les catégories sémantiques de Tegelberg (2004 : 186), c’est-à-dire les références culturelles liées : aux médias, aux marques déposées, à la nourriture, aux traditions et à l’enseignement. Certaines références culturelles ne pouvant être placées dans aucune des catégories nommées ci-dessus, nous en avons donc choisi de créer trois nouvelles catégories : les références culturelles liées aux institutions/ administrations, les références culturelles liées aux noms affectifs et celles liées à la nature. Nous avons également étudié leur traduction en suivant les procédés selon Vinay et Dalbernet (1958 : 46-54) puis analysé le choix de ces stratégies.
1.7.1
Références culturelles liées aux Médias
Cette catégorie sémantique est l’une des catégories les plus fréquentes dans Je l’aimais. Les références culturelles liées aux médias proviennent essentiellement de la télévision française : un dessin animé culte pour enfants des années 80 avec Candy, Télétoon, une émission matinale pour enfants, un personnage de dessin animé (et bande dessinée) belge avec la Schroumpfette, un symbole d’entreprise, le Bibendum, exposé dans les publicités et les journaux, une signalétique d’avertissement 8, le carré blanc dont le but est de prévenir le téléspectateur que le programme allant être diffusé n’est pas destiné à tous les publics, surtout pas aux plus jeunes. Et enfin, nous retrouvons un animateur de jeu télévisé connu de tous, Julien Lepers. 8 http://www.csa.fr/Television/Le-suivi-des-programmes/Jeunesse-etprotection-des-mineurs/La-signaletique-jeunesse/Quel-signal-pour-quelcontenu
Candy est un dessin animé japonais présenté à la télévision qui a rencontré un énorme succès à son arrivée en France au début des années 80 et est rapidement devenue une série culte connu aujourd’hui de tous les adultes nés dans les années 70. Le personnage principal de Je l’aimais, Chloé, réfère à Candy en analogie à l’obsession de sa fille à regarder la télévision. Chloé avait la même fascination pour Candy que sa fille pour son dessin animé. La traductrice a choisi de garder Candy dans le texte suédois ce qui, selon Vinay et Dalbernet (1958 : 47), est un emprunt. Le dessin animé Candy étant plus connu en Suède sous le nom de Candy Candy, l’emprunt du terme français ne pose donc ici aucun problème réel pour la compréhension de l’analogie faite par Gavalda. En effet, les indices laissés dans le récit désignent Candy comme une jeune fille blonde naïve ne parlant que d’amour, permettant, ainsi, au lecteur suédophone de faire le lien entre Candy et la version suédoise, Candy, Candy. L’emprunt semble, donc, dans ce cas, être un procédé de traduction adéquat : (1) Fr. : « - J’avais envie de parler de Candy. » (p.46)9 (1a) Sv. : ”- Jag får lust att berätta för henne om Candy.” (p.33)
Le symbole de l’entreprise Michelin, le Bibendum, fait également office de référence culturelle dans l’œuvre de Gavalda. Le personnage principal réfère ici à ses deux petites filles qui, en raison du froid régnant dans la maison de campagne dans laquelle elles se trouvent, ont plusieurs épaisseurs de vêtements ressemblant ainsi au bonhomme Michelin, au Bibendum. Contrairement à Candy et Télétoon, le bonhomme Michelin est également connu de tous en Suède et a sa propre appellation en suédois, notamment Michelingubbe. Il s’agit donc ici, selon Vinay et Dalbernet (1958 : 52), d’une équivalence : (2) Fr. : « - Mes Bibendums sont descendus manger leur soupe. » (p.51) (2a) Sv. : ” - Mina Michelingubbar gick ner och åt sin soppa.” (p.36)
Le terme Télétoon (3) est également emprunté dans la traduction vers le suédois. Ici, l’emprunt est acceptable car le terme est compréhensible pour toute personne ayant des bases en anglais. Le lecteur suédois peut faire tout de suite le lien avec l’émission suédoise pour enfants Bolibompa qui, tout comme Télétoon, diffuse des dessins animés. Le choix de ne pas traduire le terme par son équivalent suédois permet de préserver l’authenticité du récit de Gavalda ainsi que de préserver la nationalité du contexte dans lequel l’histoire se déroule. Gavalda réfère également à la Schtroumpfette, personnage de bande dessinée belge de petite taille et à la peau bleue, pour donner une idée au lecteur de l’apparence de Chloé après avoir chevauché une moto sur une longue distance. Le but de l’auteur, étant de faire une métaphore et de 9 Numéro des pages auxquelles nous avons relevé nos exemples dans le roman de Gavalda en français, respectivement en suédois. Œuvres citées dans la bibliographie.
faire sourire le lecteur, la traductrice ne pouvait que traduire littéralement le terme Schtroumpfette par Lilla smurfan, qui est aussi l’un des noms du personnage. Un autre nom étant par exemple Smurfelina aurait pu tout aussi bien convenir. Le but de comparer la couleur de la peau de Chloé après son aventure en moto et la couleur bleue de la Schtroumpfette. Le choix de la traductrice préserve également le but de l’auteur de donner une note d’humour au récit : (4) Fr. « À Suzanne qui s’affolait déjà, Adrien avait répondu en riant : « Je vous ai ramené la Schtroumpfette ! ». Ensuite, il t’a portée à l’étage et t’a immergée dans un bain brûlant. » (p.81) (4a) Sv. « Suzanne började oja sig direkt, men Adrien bara skrattade och svarade : ”Jag kommer med den lilla Smurfan!” Sen bar han upp dig och la dig i ett brännhett bad. » (p.59)
Une autre référence culturelle liée à la télévision est la signalétique d’avertissement référant à l’âge recommandé afin de pouvoir regarder un film ou une émission, l’âge variant selon la couleur de la signalétique. Chloé, curieuse de savoir ce qui s’est passé entre son beau-père et son interprète lorsqu’il s’interrompt dans son récit, lui demande si la situation est classée carré blanc, c’est-à-dire si c’est interdit aux moins de 18 ans. Rien de que nommer le carré blanc, le lecteur français comprend, immédiatement, à quoi cela fait référence mais, en Suède, le système de recommandation est complètement différent ne permettant pas, ainsi, l’emprunt mais l’équivalence, c’est-à-dire, avec le terme barnförbjudet. Le message et la fonction dans le récit du carré blanc restent ainsi intacts : (5) Fr. « Vous ne voulez pas me raconter la suite, c’est ça? C’est carré blanc? » (p.149) (5a) Sv. : ”- Ni vill inte berätta resten, är det så? Är det barnförbjudet?” (p.108)
Quant à la référence à Julien Lepers, la traductrice a choisi de ne pas utiliser de nom propre mais d’en expliquer sa fonction et l’univers dans lequel nous retrouvons Julien Lepers, c’est-à-dire de généraliser en utilisant le terme jeu télévisé (frågesport) : (6) Fr. « Même pas en répondant exactement en même temps aux questions de Julien Lepers. » (p.173) (6a) Sv. ”Inte ens om man svarar precis samtidigt på en fråga i en succéfrågesport i tv. ” (p.127)
La traductrice a donc choisi, selon Vinay et Dalbernet (1958 :52-53), d’adapter la référence culturelle à Julien Lepers plutôt que de choisir un équivalent suédois comme Magnus Härenstam, lui-même connu pour avoir animer Jeopardy à la télévision suédoise. Le choix d’adapter permet, tout comme le choix d’emprunter Candy et Télétoon, de préserver l’authenticité du récit et de ne le pas « suédiser ». De nommer Magnus Härenstam viendrait à dire au lecteur suédois qu’il est également connu en France, ce qui, évidemment, n’est pas le cas.
1.7.2 Références déposées
culturelles
liées
aux
marques
Comme pour les références culturelles liées aux médias, celles liées aux marques déposées sont au nombre de quatre mais les procédés de traduction diffèrent. En effet, les procédés les plus utilisés pour la traduction des marques déposées sont l’adaptation et l’équivalence. Dans le texte français original, nous retrouvons les références aux Fraises Tagadas10, au rouleau de Sopalin, aux Petits Filous et au Jokari11. Les Petits Filous existent également en Suède et le terme est donc emprunté dans la traduction. La traductrice aurait pu choisir d’utiliser un terme plus généralisant comme yoghurt (fr. yahourt) mais la fonction de Petits filous disparaitrait car l’intention de l’auteur étant d’utiliser la marque déposée comme jeu de mot dans le récit. En remplaçant le terme par un autre, la suite du texte perdrait tout son sens et la traductrice aurait échoué, selon Ingo (2007 :335) dans son rôle, étant de préserver la forme d’un texte d’une langue à une autre. Les autres marques déposées n’étant pas les mêmes en Suède, ou inexistantes, leur traduction doit se faire par adaptation en utilisant le terme équivalent en suédois. Dans le roman de Gavalda en suédois, la traductrice a choisi d’utiliser le terme générique de chaque élément : les Fraises Tagadas sont devenues par conséquent jordgubbsgodis, le rouleau de Sopalin se transforme en hushållspapper et le Jokari en paddleball. Dans tous les cas, les marques déposées n’ont, dans le roman, d’autre fonction que de référer à un objet ce qui rend le choix de les adapter ou de choisir l’équivalent en suédois légitime : (7) Fr. : « - (…) en mâchant des fraises Tagada! (p.64) (7a) Sv. : - (…) och smaska i sig jordgubbsgodis! (p.45)
La traduction de ces marques déposées peut cependant entraîner une perte de sens si le produit est moins spécifique dans la traduction que dans sa version originale. En effet, les fraises Tagadas sont un type particulier de bonbons à la fraise, dans leur forme et leur consistance, qui 10 http://www.lefigaro.fr/societes/2009/01/23/0401520090123ARTFIG00677-haribo-fete-les-40-ans-de-la-fraise-tagada-.php 11 Jeu d’extérieur dont le but est de frapper, avec une raquette, dans une balle attachée par un élastique. http://www.journaldunet.com/economie/industrie/jeux-vintage/jokari.shtml
n’est pas reconnu dans sa traduction puisque jordgubbsgodis décrit n’importe quelques types de bonbons du moment qu’ils sont à la fraise. Il y a donc ici une perte légère de sens et, pourtant, le message reste identique. Cependant, les marques déposées Sopalin et Jokari n’ont ni la même importance dans le récit, ni d’autre fonction que de décrire et donner un nom à un objet. La marque déposée Sopalin est utilisée, en France, comme terme généralisant pour décrire le produit auquel il réfère : le papier essuie-tout. Il fallait donc traduire par le terme suédois équivalent, hushållspapper, également généralisant et référant au même produit que la marque Sopalin représente : (8) Fr. « - Je m’étais levée pour attraper le rouleau de Sopalin. » (p.124) (8a) Sv. ” - Jag hade rest mig för att hämta hushållspappersrullen. ” (p.89)
De même pour Jokari, représentant un type de jeu de raquette, le terme équivalent en suédois est paddleball, qui est légitime d’utiliser puisqu’il décrit le même jeu auquel Jokari réfère : (9) Fr. « - Toi, tu aimes le squash et moi le Jokari, tout est là… » (p.163) (9a) Sv. ”- Du, du älskar squash och jag paddleball, det säger allt…”. (p.119)
1.7.3
Références culturelles liées à la nourriture
Dans le récit, les références culturelles liées à la nourriture sont le vin Chasse-Spleen et les gâteaux pâtissiers fraisiers et vacherins. Ces références ont deux fonctions différentes, avec le terme Chasse-Spleen de faire de l’humour avec un jeu de mot et avec les termes fraisiers et vacherins de décrire le type de pâtisserie pouvant être vendus dans une boulangerie- pâtisserie, requérant, par conséquent, l’utilisation de procédés de traduction différents. Le nom du vin, Chasse-Spleen, a, ici, une fonction humoristique et implique que la traduction se doit aussi d’être humoristique dans la mesure du possible. L’humour et ses formes étant différents d’un pays à un autre, il n’est pas toujours facile de garder le même niveau d’humour d’une langue à une autre. Cependant, la traductrice a choisi de garder le terme original dans la version traduite mais à décider d’expliquer en quoi le nom du ce vin est plutôt comique : (10) Fr. « - Château circonstances… » (p. 69)
Chasse-
Spleen…
Avoue
que
c’est
de
(10a) Sv. ”- Château Chasse- Spleen…Håll med om att det namnet passar bra till att skingra svårmodet…” (p. 50)
La note d’humour donnée dans le récit en français est préservée dans la traduction. Seulement, cette note, implicite dans le texte original, devient explicite dans le récit en suédois. Ce choix permet, également, comme dans le cas de Télétoon ou de Petits filous, de préserver l’authenticité du récit car en remplaçant Télétoon par Bolibompa et Petits Filous par, par exemple, yoghurt för barn, le récit pourrait se dérouler dans un autre pays et perdrait son identité française. Pour les termes fraisiers et vacherins, leur traduction jordgubbstårtor et marängtårtor résultent du choix de donner un équivalent suédois car ils n’ont qu’une fonction descriptive. Il n’est donc pas nécessaire d’emprunter ces termes ni de les adapter. Le procédé de traduction le plus adapté pour ce genre de références culturelles est, selon Vinay et Dalbernet (1958 : 47) le calque. Le traducteur emprunte le syntagme et traduit les éléments qui les composent dans la langue d’arrivée.
1.7.4
Références culturelles liées aux traditions
Dans notre corpus, nous n’avons relevé qu’une seule référence culturelle liée aux traditions. En effet, Pierre, le beau-père, raconte l’histoire de la vie de son frère. Dans son récit, il parle de défilé, notamment du défilé militaire du 14 juillet, et des événements associés au 14 juillet, comme les bals et les feux d’artifice. Dans la version suédoise, la traductrice a choisi le procédé d’adaptation. Le principe de démonstration militaire et de défilé n’existe pas en Suède et il est donc impossible de se contenter de traduire défilé par parad sans considérer l’aspect sémantique du terme défilé de plus renforcé par l’emploi des termes bals et feux d’artifices dans le même passage. Le terme choisi, nationaldagsparad, ne peut être adéquat : (11) Fr. : « Inutile de te dire qu’après ça, mes parents n’ont plus jamais regardé un seul défilé de leur vie. Les bals et les feux d’artifice aussi, pour eux, c’était terminé. » (p.37 et 38) (11a) Sv. : ” - Jag behöver väl knappast berätta att efter det tittade mina föräldrar någonsin mer på en enda nationaldagsparad. Danserna och fyrverkerierna var det också slut med för deras del.” (p. 26)
1.7.5
Références culturelles liées à l’enseignement
Les systèmes d’éducation français et suédois étant très différents l’un de l’autre, la traduction des références culturelles qui y sont liées demande plus réflexion et une connaissance avancée des deux systèmes pour parvenir à trouver la traduction équivalente dans la langue d’arrivée. En France, les parents d’élèves ont, pour le déjeuner, la possibilité de laisser leurs enfants en demi-pension, c’est-à-dire de manger à la cantine
de l’école, ou de manger à la maison. Le terme demi-pensionnaire évoque donc le choix des parents de laisser leurs enfants à l’école pour le repas de midi. Il n’est donc pas de nécessaire de préciser ce qu’implique d’être demi-pensionnaire. Dans la version suédoise, la traductrice explique ce qu’implique le terme demi-pensionnaire : (12) Fr. « J’étais demi-pensionnaire à Janson-de-Sailly. (12a) Sv. lunchen.” (p.31)
» (p.44)
”jag åt lunch i Janson-de-Sailly istället för att gå hem på
1.7.6 Références culturelles liées aux institutions/ établissements publics Tout comme les références culturelles liées à l’enseignement, celles liées aux institutions et établissements publics peuvent poser certains problèmes lors de la traduction car le fonctionnement dans les deux pays diffère et implique indubitablement, pour le traducteur, d’avoir de grandes connaissances sur le fonctionnement de chaque pays et de trouver l’équivalent le plus proche de chaque institution ou établissement nommé dans la mesure du possible car certaines institutions et certains établissements publics d’un pays n’existent pas nécessairement dans l’autre. Le travail de traduction devient plus difficile, s’il faut inventer dans la langue d’arrivée une organisation que les lecteurs puissent comprendre. Ici, le problème ci-dessus n’est pas actuel puisque, à la fois en France et en Suède, il existe un établissement public régulant l’exploitation des forêts. Dans le roman de Gavalda, l’acronyme O.N.F. (Office National des Forêts) n’est pas expliqué, ce qui peut poser problème aux lecteurs nonfrancophones, voire même à certains francophones. En Suède, il existe un organisme ayant la même fonction que l’O.N.F., notamment Skogsstyrelsen12. L’équivalence semblerait donc être le choix évident de procédé traduction mais la traductrice a choisi de traduire par den statliga skogsvården: (13) Fr. « - Il voulait travailler à l’O.N.F. » (p.38) (13a) Sv. ”- Han ville jobba inom den statliga skogsvården. ” (p.27)
Cependant, ce choix nous semble plus proche du texte original car cette personne voulait travailler dans la forêt et non pas dans le bâtiment dans lequel se trouvent les bureaux de l’O.N.F. Ce que la traduction, han ville jobba på Skogsstyrelsen, aurait pu laisser entendre.
12 http://www.skogsstyrelsen.se
1.7.7 Références affectifs
culturelles
liées
aux
surnoms
La catégorie de références culturelles liées aux noms affectifs n’est pas introduite par Tegelberg (2004) mais, ayant relevé plusieurs références dans notre corpus, il nous a paru légitime de créer cette catégorie. La première référence culturelle liée aux noms affectifs relevée dans le récit est le nom affectif ma puce, typique pour les petites filles, que la traductrice a choisi de traduire littéralement par min lilla loppa, un terme qui pourtant à son équivalent en lilla gumman en suédois. Tout comme pour les autres références culturelles, la traduction littérale permet de préserver l’authenticité du contexte du récit. Même si le surnom est traduit en suédois, il garde, selon nous, une légère connotation étrangère. En effet, les surnoms affectifs français semblent pour la majorité être liée à la faune et la flore, des exemples de surnoms affectifs pouvant être : ma biche, mon chou, mon lapin, ma bichette, mon canard, ma caille, mon chaton et bien d’autres. En Suède, par contre, les surnoms affectifs relèvent plutôt de traits caractéristiques humains comme älskade, gumman, gubben, hjärtat ou encore sötnos. Le fait d’opter pour une traduction littérale nous semble légitime et préserve l’authenticité du texte original. Une seconde référence culturelle liée aux surnoms affectifs est une marque d’humour sur le mot Cro-Magnon adapté au féminin : CroMignonne qui a été traduit par gulliga fröken Cro-Magnon en suédois. Le choix ici d’adapter entraîne une perte de signification. La marque d’humour disparaît totalement dans la traduction. Cependant, il est difficile d’utiliser un autre procédé pour éviter cette perte. Le problème est, ici, la difficulté, voire l’impossibilité, de traduire l’humour et surtout les jeux de mots d’une langue à une autre. La troisième référence relevée dans notre corpus est le surnom affectif le pauvre biquet. De nouveau, ce surnom affectif lié à un animal est typiquement français et n’a pas d’équivalent dans la langue suédoise ce qui amène le traducteur à faire un choix entre plusieurs procédés de traduction : le calque, la traduction littérale ou l’équivalence. En choisissant l’équivalence, la traductrice a opté pour den stackars älsklingen. Si elle avait opté pour le calque ou la traduction littérale, la traduction aurait pu être la suivant : den stackars getungen, ce qui en suédois ne serait pas perçu comme un surnom affectif mais plutôt comme une référence à un animal, créant ainsi un tout autre sens car il n’est jamais question d’un chevreau dans le texte original.
1.7.8
Références culturelles liées à la nature
La dernière catégorie de références culturelles relevées dans notre corpus est la catégorie des références culturelles liées à la nature, ici représentée
par une sorte de rose ancienne13 : la Cuisse de nymphe émue (ett rörd nymfs lår), dont le nom décrit la couleur de la rose : la couleur rosée d’un être des eaux imaginaire lorsque elle est émue. Le terme en français est donc métaphorique. La rose ancienne a donc la même couleur que la cuisse de nymphe lorsqu’elle est émue. Le nom de la rose évoque de par son nom sa couleur. À la première mention du terme, la traductrice a gardé le terme tel quel. Il s’agit donc selon Vinay et Dalbernet (1958 :47) d’un emprunt. Puis à la deuxième mention de Cuisse de nymphe émue, la traductrice y ajoute une traduction littérale, en rörd nymfs lår. Cela peut s’expliquer par le choix de vouloir, encore une fois, préserver l’authenticité du récit, la connotation liée au terme et surtout l’humour dans la texte original : (14) Fr. « - Bien sûr! Cuisse de nymphe émue, tu penses… Comment faire autrement? » (p.63) (14a) Sv. ” - Självklart! Cuisse de nymphe émue, fattas bara… Kan man göra annat med en rörd nymfs lår?” (p.44)
1.8 Les expressions idiomatiques dans le corpus Afin que notre choix de sélections ne paraisse arbitraire et subjectif, nous avons relevés dans notre corpus les expressions idiomatiques également retrouvées dans l’ouvrage de Chantreau et Rey (1998), dictionnaires des expressions et locutions. Nous avons donc relevées 57 expressions idiomatiques. De la même manière, nous avons vérifié l’authenticité des expressions idiomatiques en suédois en consultant l’ouvrage Svenska Idiom, 4500 vardagsuttryck de Lars Hultman. Ensuite, nous nous sommes basé sur les procédés de traduction selon Ingo (2004: 144,145) et selon lesquelles : 1. les expressions idiomatiques sont traduites par une expression idiomatique 2. les expressions idiomatiques sont traduites littéralement 3. les expressions explicative.
idiomatiques
sont
traduites
par
une
phrase
Puis, nous nous sommes aussi basé sur les quatre aspects de base de la traduction selon Ingo (2007 : 65-152) pour tenter d’expliquer les difficultés pouvant être rencontrées lors de la traduction. De par le grand nombre d’expressions idiomatiques relevées, nous avons choisi d’analyser seulement quatre expressions idiomatiques pour chaque catégorie et dont chaque procédé de traduction choisi par la traductrice peut être expliqué par un aspect de traduction : la structure grammaticale, la variété linguistique, la sémantique ou/et la pragmatique. 13 http://www.roses-anciennes-eve.com/produits/2047_CUISSE%20DE %20NYMPHE%20EMUE.html
1.8.1 Expressions idiomatiques expression idiomatique
traduites
par
une
Sur les 57 expressions relevées, 20 ont été traduites par une expression idiomatique. Selon Ingo (1991 :209), la tâche du traducteur est, dans la limite du possible, de traduire la forme et le contenu en même temps. Par conséquent, si le texte dans la langue de départ contient des expressions idiomatiques, le texte dans la langue d’arrivée doit également en contenir et ces expressions idiomatiques doivent avoir le même sens. Le choix de traduire une expression idiomatique par une autre relèverait, donc, essentiellement de la sémantique et de la pragmatique selon Ingo (2007 : 145). Cependant, nous avons pu également constater que la structure grammaticale et la variété linguistique peuvent avoir aussi une influence sur la traduction. Nous avons choisi les quatre expressions suivantes car elles représentent chacune un des quatre aspects de base jouant un rôle essentiel dans la traduction : 1. – Mais non, elle me reconnaissait bien là, croyant m’en tirer à bon compte. (p.114)
- Men icke, det där kände hon igen, att jag trodde att jag skulle komma så billigt undan. (p.82)
2. - (…) et je mettais la clé sous la porte pendant qu’elle resserrait son chignon. (p.139)
- (…) och jag hann gå omkull medan hon stramade åt knuten i nacken. (p.101)
3. - (…) et je n’en menais pas large. (p.142)
- (…) och jag var illa ute. (p.103)
4. - Je l’avais piquée au vif (…). (p.115)
- Jag träffade hennes ömma punkt (…). (p.83)
Certes, en premier vue, l’aspect dominant à prendre en compte pour la traduction est l’aspect pragmatique car, selon Ingo (2007 : 141), les idiomes ont un sens difficile à cerner en se basant uniquement le sens de chaque mot car ces idiomes forment une unité. Cependant, d’autres facteurs peuvent ici constituer un obstacle à la traduction. Dans l’expression (1), l’aspect pragmatique ne doit pas être le seul à être pris en compte lors de la traduction. La structure grammaticale de l’expression peut influencer le choix de procédé de traduction. D’une langue à une autre, la morphologie, par exemple, peut être complètement différente. Prenons les deux phrases suivantes14 : Fr. « Il vient de se marier »
Sv. ”Han har just gift sig.
14 Exemples tirés de Från källspråk till målspråk de Ingo (1991:180)
En français, le fait que le mariage soit récent est exprimé par le verbe venir de alors qu’en suédois, cela est exprimé par l’adverbe just. Il faut donc être prendre en compte la structure grammaticale pour obtenir une traduction adéquate. Il en est de même pour la syntaxe, où l’ordre des syntagmes composants une phrase ont une place particulière dans chaque langue : Fr. « Bossuet, de son vivant, n’eut pas, comme prédicateur, la faveur de la court. » Sv. ”Bossuet åtnjöt inte, när han levde, som predikant någon gunst hos hovet.”15 L’expression idiomatique 1 est composée d’un seul syntagme prépositionnel : à si bon compte. Le but du traducteur étant de rester le plus proche possible du texte original, la traduction devrait être également composée d’un syntagme prépositionnel. Cependant, la traduction faite dans la version suédoise montre une structure grammaticale différente ; l’expression idiomatique suédoise doit être composée d’un syntagme verbal : komma billigt undan. Donc, la traductrice a dû prendre en compte la structure grammaticale pour obtenir une traduction équivalente en suédois et qui s’avère également être une expression idiomatique : Fr. : « - Mais non, elle me reconnaissait bien là, croyant m’en tirer à si bon compte. (p.114) Sv. : ” - Men icke, det där kände hon igen, att jag trodde jag skulle komma så billigt undan.” (p.82) La structure grammaticale dans l’exemple 2 n’est pas un aspect qui pourrait poser problème lors de la traduction car elle est identique dans les deux langues. Un autre aspect doit être pris en compte dans cet exemple : la variété linguistique que l’expression idiomatique présente. Pierre est le directeur général de sa propre société et l’expression mettre la clé sous la porte y prend tout son sens. Le contexte est tout aussi important que le registre de langue. Hors de son contexte, le sens de cette expression pourrait être perdu. Ici, la traductrice a trouvé une expression équivalente en suédois avec : gå omkull, exprimant, comme l’expression française, la cessation de toute activité pour une société : Fr. : « (…) et je mettais la clé sous la porte pendant qu’elle resserrait son chignon. » (p.139) Sv. : ”- (…) och jag hann gå omkull medan hon stramade åt knuten i nacken.” (p.101) La pragmatique n’est donc, ici, pas le seul aspect de traduction à devoir être pris en compte ; la variété linguistique l’est tout autant. L’expression idiomatique 3, ne pas en mener large, présente une autre problématique de traduction que les deux précédentes. Le problème principal lorsque l’on rencontre cette expression est le message qu’elle est supposée faire passer, c’est-à-dire, son aspect sémantique. Le sens de chaque mot en tant qu’unité n’est pas suffisant pour l’expression puisse 15 Exemples tirés de Konsten att översätta de Ingo (2007: 73)
être comprise. Il faut les comprendre en tant qu’ensemble. La traductrice semblerait donc être partie du sens de l’expression pour parvenir à trouver une traduction en suédois, c’est-à-dire : att vara illa ute. Cependant, cette traduction entraîne, selon nous, une perte de sens car l’expression française exprime également une certaine forme de gêne et d’insécurité, ce qui n’est pas exprimé dans l’expression suédoise. Pour certaines expressions idiomatiques, comme l’expression 4, piquer quelqu’un au vif, l’aspect pragmatique paraît être le facteur essentiel à devoir être pris en compte. Une traduction possible aurait pu difficilement être autre chose que l’expression idiomatique suédoise träffa någons ömma punkt. Ici, ni la structure grammaticale, ni la variété linguistique et ni la sémantique de cette expression semble jouer un rôle essentiel dans la traduction.
1.8.2
Expressions
idiomatiques traduites littéralement
Cette catégorie est la moins représentée parmi les trois procédés de traduction proposés par Ingo (2007 : 144, 145). En effet, nous n’avons relevé que neuf cas dans lesquels les expressions idiomatiques sont traduites littéralement en suédois. Pour ces neuf expressions, la pragmatique est également l’aspect principal à prendre en compte dans la traduction et tout comme pour les expressions idiomatiques dans la catégorie précédente, d’autres facteurs jouent également un rôle essentiel lors de la traduction vers le suédois. Nous avons donc choisi trois expressions dont la traduction semble avoir été influencée par la structure grammaticale, la variété linguistique ou la sémantique. 1. – Je ne l’ai jamais vue plus loin que le bout de mon nez. (p.119)
- Jag har aldrig sett längre än näsan räcker när det kommer till henne. (p.86)
2. – Je tombais des nues. (p.91)
- Jag var som fallen ur skyarna. (p.66)
3. – Le lendemain, le cœur n’y était plus. (p.58)
- På morgonen var hjärtat någon annanstans. (p.40)
Pour l’expression idiomatique (1) dans cette catégorie, la structure grammaticale nous paraît être une des plus importantes pour obtenir une traduction correcte car une traduction littérale, ici, ne fonctionnerait pas car la structure grammaticale du suédois diverge de la structure grammaticale du français concernant les compléments d’objet composés de syntagme pronominaux, qui n’occupe pas la même place dans la phrase. D’où l’importance de prendre en compte de l’aspect structure grammatical selon Ingo (2004 : 65). Une traduction littérale peut être le
procédé de traduction adéquat mais il faut faire attention aux grammaires respectives de chaque langue. Quant à l’expression (2), l’aspect de base de traduction dominant est sa variété linguistique. Le style de langue, dans lequel cette expression est retrouvée, est plus soutenu que le style de langue quotidienne. Ce n’est pas une expression idiomatique de tous les jours, ceci impliquant qu’il faut traiter sa traduction, vara som fallen ur skyarna, de la même manière Le fait d’utiliser le mot skyarna (les cieux) et la structure verbale vara som fallen ur fait preuve d’un style de langue plus soutenu en suédois également. Certes, la traduction est une variante de l’expression idiomatique suédoise : stå som fallen från skyarna mais la traduction montre tout de même une variation de style de langue. La traduction nous semble, donc, adéquate et équivalente à tomber des nues. La dernière expression idiomatique (3) choisie parmi les expressions traduites littéralement est l’expression, dans sa forme de base, le cœur n’y est pas. Dans le texte original, cette expression est représentée dans une variante au passé : le cœur n’y était plus. La traductrice de Gavalda a opté pour une traduction littérale partielle: hjärtat var någon annanstans, car elle n’as pas été traduite en suédois par : hjärtat var inte där längre. La structure grammaticale de hjärtat var någon annanstans, et du suédois, est plus idiomatique et par conséquent plus adaptée. L’aspect sémantique semble être tout aussi important que la structure grammaticale ou la variété linguistique. La métaphore, dans le texte original, fonctionne ainsi également dans la version traduite en suédois.
1.8.3 Expressions idiomatiques phrase explicative
traduites
par
une
La troisième est dernière catégorie de traduction d’expressions idiomatique est la plus représentée dans notre corpus avec 34 expressions relevées. Comme pour les deux autres catégories, nous avons choisi quatre expressions, que nous estimons représentatives, dans cette catégorie et pour lesquelles un des quatre aspects selon Ingo (2007 : 65153) joue un rôle tout aussi important que la pragmatique. 1. Elles étaient excitées comme des puces. (p.52)
De var uppspelta och gick på högvarv. (p.37)
2. – C’est à prendre ou à laisser… (p.186)
- Du får välja själv… (p.135)
3. – (…) ce monsieur Jarmet que je ne connaissais ni d’Ève ni d’Adam. (p.168)
- (…) den där monsieur Jarmet som jag någonsin förr hört talas om. (p.122)
4. – « Regarde, Maman ! Tu as des cornes sur la tête ! » Je le savais déjà. Ce n’était pas drôle mais ça m’a fait rire. (p.51)
- ”Titta, mamma! Du har fått horn på huvudet!” Det visste jag redan. Bedragen och behornad. (p.36)
Nous avons choisi l’expression (1) comme des puces car cette expression à une structure grammaticale complexe dans le sens où elle est composée d’un syntagme introduit par une conjonction, comme des puces, ayant également une connotation très chargée. Lors de la traduction, la structure grammaticale, s’il est doit être préservée dans la langue d’arrivée, complique le travail de traduction car il faut, selon nous, trouver une comparaison qui fonctionne en suédois et contienne la même connotation, afin de respecter la structure grammaticale dans la langue de départ. La structure grammaticale peut donc être un facteur important à prendre en compte. Même si les expressions de cette catégorie sont traduites par une phrase explicative, la structure grammaticale peut être la cause pour laquelle une traduction littérale ou une traduction par une expression idiomatique est compliquée. Ici, la structure grammaticale de l’expression fonctionnerait en étant traduite littéralement par som loppor mais la connotation en deviendrait négative. Ce qui, selon nous, ne rendrait pas justice à l’expression française qui a une connotation positive. Il n’existe pas non plus d’expression idiomatique équivalente, impliquant que l’expression peut être traduite, selon nous, par la phrase explicative : de var uppspelta och gick på högvarv. De même que pour la première expression, l’expression idiomatique (2) à prendre ou à laisser peut causer quelques difficultés d’un point de vue de la variété linguistique lors de sa traduction. L’expression française relève d’un style de langue familière et la variété linguistique joue dans la traduction un rôle important vu que le traducteur doit à la fois prendre en compte la forme et le contenu du texte original dans sa traduction. Une traduction littérale par *att ta eller lämna est impossible car cette combinaison de mots en suédois est difficile à comprendre sans contexte particulier, alors que à prendre ou à laisser n’a pas besoin de contexte pour être comprise. L’expression peut être autonome. Une traduction par une expression idiomatique n’est pas envisageable car il n’y a pas dans la langue suédoise d’expression figée contenant le même message. Il ne reste donc qu’un seul choix pour la traduction : celui de traduire cette expression par une phrase explicative, par exemple, att få välja själv (pouvoir choisir soi-même) ou encore det var ett engångstillfälle (c’était une occasion unique). La traductrice a choisi de traduire l’expression idiomatique par: Att det var ett engångstillfälle och att du tog tillfälle i akt, (…). Quant à l’expression idiomatique (3), ne connaître quelqu’un ni d’Ève ni d’Adam, l’aspect pragmatique n’est pas non plus l’unique aspect à devoir prendre en compte lors du processus de traduction. En effet, il faut prendre en compte la connotation religieuse de l’expression et, donc, selon Ingo (2007 : 109), l’aspect sémantique de l’expression. Il existe en suédois très peu d’expressions idiomatiques à connotation religieuse d’où la difficulté de traduire les expressions françaises référant à la religion, compliquant ainsi la tâche du traducteur qui n’a plus que deux
solutions devant soi: soit une traduction littérale, soit une traduction par une phrase explicative. Une traduction littérale de cette expression pourrait être *inte känna någon från Adam och Eva mais qui causerait chez le lecteur suédois une haussement de sourcil, ne laissant ainsi plus qu’une option : la traduction par une phrase explicative. Il est, par conséquent, adéquat de traduire ce Monsieur Jarmet que je ne connais ni d’Ève ni d’Adam par den där monsieur Jarmet som jag någonsin förr hört talas om (en français : ce monsieur Jarmet dont je n’ai jamais entendu parlé auparavant). Nous pouvons observer que la structure grammaticale dans la traduction reste la même que celle du texte original. En effet, en français, la phrase est constituée du syntagme nominal, ce monsieur Jarmet, et de la relative que je ne connaissais ni d’Ève ni d’Adam. En suédois, la phrase est constituée d’un syntagme nominal, den där monsieur Jarmet, et de la relative, som jag någonsin förr hört talas om. D’un point de vue, à la fois, morphologique et syntaxique, les phrases dans les langues ont une structure identique, rendant la traduction, selon nous, exacte même si ce n’est pas par une expression idiomatique. La langue n’en reste pas moins idiomatique. Finalement, notre dernier exemple d’expression idiomatique traduite par une phrase explicative est l’expression porter les cornes, façon imagée d’expliquer qu’une personne a été trompée par son partenaire. Dans le texte original, l’expression est sous-entendue par le personnage de Chloé en réaction à ce que sa fille disait de sa coupe de cheveux lors de leur bain. Les cheveux de Chloé, après avoir été shampooinés par sa fille, restent droits sur tête, faisant ainsi penser à des cornes. La traductrice a choisi d’expliquer cette allusion par la phrase Bedragen och behornad16. La traduction est devenue la suivante : Fr. « ”Regarde- toi, Maman! Tu as des cornes sur la tête!” Je le savais déjà. Ce n’était pas drôle mais ça m’a fait rire. » (p.51) Sv. ”- ”Titta, mamma! Du har horn på huvudet!” Det visste jag redan. Bedragen och behornad. ” (p.36) Selon Ingo (2007 :151), les allusions sont une part de l’aspect de traduction qu’est la pragmatique. La pragmatique est donc l’aspect primaire à prendre en compte lors de la traduction d’allusions, même si elles sont exprimées par une expression idiomatique.
16 i uttr. som beteckna l. syfta på hustrus otrohet mot sin man. Sätta horn på ngn, giva ngn horn, äv. kröna ngn med horn, göra ngn till hanrej. Bära l. få horn, vara l. bliva hanrej,horn i uttryck: http://g3.spraakdata.gu.se/saob/show.phtml? filenr=1/98/82.html behornad: http://g3.spraakdata.gu.se/saob/show.phtml?filenr=1/23/206.html
4 Conclusion À travers ce mémoire, nous avons fait une étude de la traduction du roman Je l’aimais d’Anna Gavalda en nous concentrant sur les références culturelles et les expressions idiomatiques. Notre ambition était, tout d’abord, de catégoriser ces références culturelles selon les catégories sémantiques de Tegelberg (2004). Puis, nous avons analysé les procédés de traduction selon Vinay et Dalbernet (1958) utilisés lors de la traduction ainsi que sur les problèmes que ces références peuvent causer lors du processus de traduction. Nous avons pu constater que les catégories proposées par Tegelberg (2004) n’étaient pas suffisantes. Plutôt que de parler de références culturelles « inclassables », nous avons pris l’initiative d’en créer trois nouvelles puisque nous avons trouvé plusieurs références culturelles pouvant être placées dans la même catégorie. Nous avons donc choisi de créer trois nouvelles catégories : les références culturelles liées aux institutions et établissements publics, liées aux surnoms affectifs et celles liées à la Nature. Quant à leur traduction, nous avons pu également observer que les références culturelles peuvent poser problème en traduction lorsqu’elle n’existe pas dans la culture de la langue d’arrivée. La traductrice a eu recours aux procédés d’emprunt, d’adaptation, de transposition et de calque pour résoudre ce problème mais le procédé d’adaptation semble le plus utilisé et adapté face à cette situation. Selon notre analyse, pour six références culturelles parmi les 21 relevées, l’adaptation a été la méthode la plus utilisée par la traductrice. Ne pouvant supprimer les références culturelles dans la traduction, il faut donc faire preuve d’adaptation et trouver une solution aux problèmes posés par ces références culturelles sans équivalent dans la seconde culture. Pour huit références culturelles, nous avons pu observer que l’équivalence était le procédé de traduction choisi par la traductrice. Pour ces cas, cela peut être expliqué par le fait que la référence culturelle existe également en suédois. Cela s’est avéré plus fréquent pour les références culturelles liées aux Médias et celles liées aux marques déposées, pouvant s’expliquer par le fait que les Médias sont, aujourd’hui, plus ou moins globalisés, notamment la télévision où les chaînes vendent leurs programmes à l’étranger qui les adaptent. Nous pouvons retrouver les mêmes programmes sous d’autres noms facilitant ainsi le travail de traduction. L’équivalence est alors le procédé de traduction le plus adéquat dans ce genre de situations. Regardant les références culturelles liées aux marques déposées, on peut, aujourd’hui, trouver beaucoup de produits venant de l’étranger dans la plupart des surfaces de vente (Petits filous). Les marques déposées, même si elles changent parfois de d’appellation, deviennent donc plus simples à traduire en utilisant le terme équivalent dans la langue
d’arrivée, dans les cas où les appellations d’origine ne serait pas préservées (Fr. Jokari, Sv. Paddelboll). Un second procédé de traduction courant dans la traduction du roman que nous avons étudié est l’adaptation, procédé auquel la traductrice a eu recours lors de son travail. Cependant, cela semble ne pas être le procédé dominant pour une catégorie particulière. En effet, dans cinq catégories de références culturelles, au moins une de ces références a été adaptée en suédois (Fr. Julien Lepers, Sv. En succéfrågesport i tv). Le troisième procédé selon Vinay et Dalbernet (1958) le plus fréquent est l’emprunt. Il nous semble que la traductrice a opté pour ce procédé car les références culturelles ne sont pas uniques à la culture française et restent perceptibles aux lecteurs suédophones (Fr. Télétoon, Sv. Télétoon) ou parce que le terme dans sa forme originale remplit un rôle précis dans le roman. Dans nos exemples, certains termes sont empruntés au français car ils sont sujets, par exemple, à un jeu de mot ou à l’humour. Pour les traductions des expressions idiomatiques, nous avons procédé différemment par rapport aux références culturelles et leur traduction. Nous nous sommes basé, pour les catégoriser, sur les procédés de traduction selon Ingo (2007), résultant à trois catégories : les expressions idiomatiques traduites par une expression idiomatiques, celles traduites littéralement et celles traduites par une phrase explicative. Nous avons également discuté les aspects de base selon Ingo (2007) pour analyser les traductions. Nous en sommes arrivé à la conclusion que l’aspect pragmatique est l’aspect commun à chaque traduction. Selon Ingo (2007 :126), c’est dans cet aspect que le texte prend tout son sens et trouve sa fonction. Il est donc essentiel, afin de faire une bonne traduction, de comprendre le sens et le rôle de l’expression idiomatique dans le texte original pour obtenir la traduction la plus adaptée. Cependant, ce n’est pas le seul facteur à prendre en compte lors du processus de traduction. La structure grammaticale de part sa complexité dans chaque langue est également un facteur déterminant pour une traduction adéquate qui ne puisse provoquer aucun doute chez le lecteur dans la langue d’arrivée. Un autre aspect a ne pas omettre est la variété linguistique d’un texte car la langue varie dans la langue de départ, il faut également qu’elle varie dans la langue d’arrivée sinon le récit perd une part de son contenu dans la langue traduite, ce qui est à l’encontre de la définition du rôle du traducteur selon Ingo (2007 :35). Cependant, nous avons pu observer que la variété linguistique, avec la structure grammaticale, est l’aspect de base ayant le moins d’influence sur la traduction. En effet, les deux aspects de base de traduction les plus récurrents dans notre analyse sont la sémantique et la pragmatique. La sémantique semble jouer un rôle décisif dans la traduction des expressions idiomatiques, avec 30 cas sur les 59 totaux par rapport à 11 cas pour la structure grammaticale, comme pour la variété linguistique. Les figures de styles, comme des puces, les connotations, ne connaître ni d’Ève ni d’Adam, ou les allusions, porter les cornes, parmi
d’autres traits caractéristiques d’une langue liés à la sémantique et la pragmatique, semblent être les phénomènes linguistiques les plus compliqués à traduire et demandent du traducteur des connaissances linguistiques importantes pour accomplir sa tâche. Nous pouvons conclure ce mémoire en reconnaissant que le travail de traduction est plus complexe qu’il n’y paraît mais que cela reste très subjectif car ce travail est basé sur les compétences linguistiques personnelles du traducteur. Ces compétences et connaissances linguistiques varient, selon nous, d’un traducteur à un autre. Ce qui pourrait être intéressant maintenant est de comparer la traduction suédoise des références culturelles et des expressions idiomatiques du roman de Gavalda à la traduction norvégienne ou en anglais de ces phénomènes et de voir si les traducteurs ont eu les mêmes solutions et ont eu recours aux mêmes procédés que la traductrice suédoise ?
Appendice Notre corpus est composé des références culturelles, et leur traduction, relevées dans le roman Je l’aimais d’Anna Gavalda. Ces références sont classées selon les catégories de Tegelberg (2004) et dans l’ordre chronologique dans chaque catégorie. Certaines de ces références sont relevées deux fois car elles apparaissent dans plusieurs passages et leurs traductions peuvent différer. Notre corpus est également composé des expressions idiomatiques que nous avons relevées au fil de la lecture ainsi que leur traduction. Ces expressions sont classées selon le procédé de traduction selon Ingo (2007) choisi. Comme pour les références culturelles, certaines expressions peuvent apparaître dans plusieurs catégories car leur traduction peut être le résultat de l’utilisation de deux procédés à la fois. Les références culturelles, les expressions idiomatiques ainsi que leur traduction sont soulignées.
1. Références Pag Traduction suédoise culturelles e Références médias
liées
aux
- J’avais envie de parler de Candy. Mes Bibendums descendus manger soupe.
Pa ge
46
- Jag får lust att berätta för henne om Candy. 33
51
- Mina Michelingubbar gick ner och åt sin soppa. 36
sont leur 64
- (…) Korsa gubben Marcels gårdsplan och få se på 45 Télétoon (…).
- (…) Traverser la cour du 81 vieux Marcel et voir Télétoon (…). 149 - ”Je vous ai ramené la Schtroumpfette!”
- ”Jag kommer Smurfan”
- Vous ne voulez pas me 173 raconter la suite, c’est ça? C’est carré blanc?
- Inte ens om man svarar 126 precis samtidigt på en fråga i 127 en succéfrågesport i tv.
- Même pas en répondant exactement en même temps aux questions de Julien 64 Lepers. Références liées marques déposées
aux
- (…) en mâchant des fraises Tagada!
124
Pag
- Je m’étais levée pour e attraper le rouleau de Sopalin
1. Références culturelles Références liées aux marques déposées (suite) - Petits Filous… C’est malin.
med
lilla 59
- Ni vill inte berätta resten, är det så? Är det barnförbjudet?
- (…) och smaska jordgubbsgodis!
i
sig
- Jag hade rest mig för att hämta hushållspappersrullen.
Traduction suédoise
108
45 89
Pa ge
129
- Petits Filous… Passande 93 namn för oss små filurer.
163
- ”Du, du älskar squash och 119 jag paddleball, det säger allt…”. 119 - Jag tror du borde börja med paddleball, det är mycket roligare.
164
- ”Toi, tu aimes le squash et moi le Jokari, tout est là…” 69
50
Bibliographie CORPUS GAVALDA, ANNA (2002) Je l’aimais. Paris: Le Dilettante. GAVALDA, ANNA (2003) Jag älskade honom. Stockholm: A. Bonniers förlag.
LITTÉRATURE DE RÉFÉRENCE GHARIANI BACCOUCHE, MOUFIDA, (2003) Expressions idiomatiques, traduction et enseignement, MEJRI, SALAH (2003), Traduire la langue, traduire la culture. Paris : Maisonneuve et Larose. INGO, RUNE (1991), Från källspråk till målspråk. Lund: Studentlitteratur INGO, RUNE (2007), Konsten att översätta. Lund: Studentlitteratur. SVANE, BRYNJA (2002), Hur översätter man verkligheten? Stockholm: Elanders Gotab. VINAY, J.P., DALBERNET, J. (1958) Stylistique comparée du français et de l’anglais. Paris : Les éditions Didier.
SOURCES
ÉLECTRONIQUES
FIOLA, MARCO A., BRILLANT, MIGUEL. Consulté le 6 mai 2015. http://www.academia.edu/2907981/Les_références_culturelles_comme_dispositifs _énonciatifs_pour_une_définition_du_bagage_cognitif_du_traducteur
ARTICLES
ET
MÉMOIRES
HÅKANSSON, YVONNE (2004). Magisteruppsats: ”Den förlorade dialogen”. Översättning av språklekar, idiom och slang i undertextning av Le Placard. Stockholms universitet. STENEBY, EVELINA, (2011). Kandidatuppsats: La traduction française de la bande dessinée Rocky de Martin Kellerman. Une étude de la traduction des références culturelles. Stockholms universitet. TEGELBERG, ELISABETH (2004). « Kvällstidning > Journal à sensation ? Le problème de la traduction en français des « mots culturels » suédois » in Moderna Språk 2 (pp. 184-200).
DICTIONNAIRES CHANTREAU, S., REY, A. (1993) Dictionnaire des expressions et locution. Paris : Dictionnaires Le Robert. HULTMAN, HANS (2002). Svenska idiom, 4500 vardagsuttryck. Kristianstad: Hans Luthman och Folkuniversitetets förlag.
Stockholms universitet/Stockholm University SE-106 91 Stockholm Telefon/Phone: 08 – 16 20 00 www.su.se
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