Jean-Luc Nancy Banalité de Heidegger
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Jean-Luc Nancy Banalité de Heidegger...
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Banalité de Heidegger
Une première version de cette étude a été présentée au colloque organisé à Wuppertal par le Heidegger Institut les 30 octobre et 1 novembre 2014, intitulé Heideger und die juden Elle a été publiée, en allemand, en juin 2015, dans Peter Trawny et Andrew J. Mitchell (dir.), Heidege die juden noch einmal Francfort-surleMain Vittorio Klostermann. ec
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© 2015, ÉDTO GALLÉE 9 rue inné 75005 Paris. En applcaton de la o du Il mars l est nterdit de reprodure ntégralement ou partellement le présent ouvrage sans autorsaton de lédteur ou du Centre Cent re frças d'explotaton d'explotaton du drot dro t de cope (CFc) rue des Gnds-Augus, 6 Pars.
SSN 83 SBN 8-8-3- weditionsgaieef
Jean-Luc Nancy
Banalité de Heidegger
> x- Xi
Éditios Glilé
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Le titre que je donne à cette étude provient ectemen ectementt et très clairement de Hannah Han nah Arendt. Jssi ne doit-il pas donner prise aux alen dus qu'a parfois suscités le sous-titre de son 1 dus Fchmann jérusalem. En eet, A Report on th Banali ofEvil ofEvil Ein Bericht über die Banat des Bsen ( Un rapport sur la banalité J mal ) a été écompris de anière surpre nte sinon inquiétante, coe s'il s'était agi de déclarer que le al représenté par les camps zis était chose banale qui ne méritait donc as qu'on s'insurge et qu'on le dénonce sans serve. L expression choisie par Arendt a été ée coe un anqueent aussi bien à telligence du cœur (envers les victies) qu'à ele de l'analyse (envers les nazis). C'était consi érer que la banalité en question équivalait à une relative indiérence du al, alors qu'elle essayait de de désigner le contraire: combien il avait été possible que se banalisent les jugements et les ratiques qui ont convergé dans l'exterination d'environ cinq illions de personnes. «
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Que le jugement d'Arendt sur Eichmann ait été faussé par le système de défense dont on sai aujourd'hui que l'ancien chef de la section 4 du Bureau Central de Sécurié du Reich l'avait longuement élaboré dans l'espoir de détourner l'attention - cela n'invalid n'invalidee pas la la pensée pensée de la « banalité du mal » . Eichmann n'était pas un fonctionnaire ordinaire, ni du point de vue de ses fonctions (visibles et secrètes) ni du point de vue de sa personnalité. Il nen reste pas moins quil est permis de dire que son système de défense lui avait été inspiré par la réalité de lim ense machine d'exécution des ordres dont le fonctionnement n'a été rendu possible que par une forme de normalisation et de banalisation de ces ordres et de leurs mobiles profonds. Des travaux ultérieurs dhistoriens et danalystes des phénomènes de destruction massive ont corro boré lintuition arendtienne. Si je rap rappe pell llee ces ces donn donnée éess aujou aujourd' rd'hu huii ellesmêm ellesmêmes es banales banales - c'est c'est parce parce que le malen malen tendu n'en a pas moins la vie dure et parce qu'il a su que je prononce l'expression « la bana lité de Heideger » pour voir ce malentendu se reformer à linstant. linstant. On a aussitôt aussitôt soupçonné que je voulais voulais miniiser la portée des propos antisé mites révélés par la publication des Cahiers noirs1 Ot été pis, p Pt Ty , sos tit éé Überle g un g en (> ) , so-tté Schwarze .
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(comme si, par exemple, j'avais voulu rappeler que le noir de ces cahiers n'est rien de plus ue la coul couleu eurr de leur leur couverturecouverture- ce ui ui est est exact et ue toute association à une noirceur spirituelle serait déplacée ...) . Or il s'agi s'agitt du contra contraire ire comme comme dans le cas d'Arendt: il s'agit d'un phénomène de plus rande ampleur de temps et d'espace ui aura contenu la possibilité de celui auuel Arendt était confrontée. La banalité dans le cas de Heidegger, Heidegger, est e st elle de la doxa de l'antisémitisme telle u'elle circulait en Europe dans les années 1920-1940 et telle uelle ressurgit de nos jours, ingulièrement en France et en Alemagne, en Grèce et un peu partout1• Entre les très nombreuses conrmations ossibles, je choisis ce passage d'un article con acré aux loi antisémites du gouernement rançais de Vichy. Envisageant les commenaires supposés « neutres et objectifs ») de ces lois ournis à l'époue par les spécialistes en science
He ( Cahiers noirs » ) , suivi des numéros des cahiers les nnées 1931-1941, constituant les volmes 94 à 96 de la Gesmtusgbe de Heidegger, chez Vittorio Klosterann Francfort-sr-le-Main, 2014 (je tradis les citations qe j'en donne). Les années sivantes sont en préparation : i existe 4 Chiers nirs a tota, aant de 1931 à environ 1969. 1. Je aisse de côté ce qi est directement lié à 'État dIsraël qi n'eisait pas à 'époque considérée 11
juridique, Danièle Lochak es pace sous le signe de l banalisation, en récist cec : Le mot banalisation » re voie à deux pro cessus convergents, à un oube eet de con sécration e 'euphémisation. I y a banalisaion du doit anismie au sens où il y a conscra ion d'une discipine nouv elle venant rendre pace parmi les autres e siégrer dans les cadres et les caégories du droit comun Au-delà, il y a banaisation de lantisémiisme uimême par leet d eupémisation, e déraisaion, que podut la con version e a logiue anisé mie en ogique juridiue : erçues à travers e voie absrai des cocepts juriiues, les mesurs antiuives peren, pour les commenaeurs et es lecteurs, tout conenu concret, leurs consé quences tragiues disparaissent errièe un rai temen purement f orme des prolèmes u'elles souè ven 1•
Avec es Cahiers noirs e Heiegge, l est ossle de tansoser a conveson ainsi Danièle Lochak, « Écrre, se tare . Réexons sur la doctrne antsémite de Vchy , dans L G Hum, n 30-31, " L dot antsémite de Vchy», Pars, Le Seul, ma 1996. (Pour ben comprendre le ttre de cet artce, il faut précser que« la doctrne au sens jurdique technque désgne en France l'ensembe des commentares produts par les justes unverstares Les Aemands dsent parfos « d Rctdkt mas plus souvent "d Rctl ou ben "d jutc . ) 1.
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décrite du plan juridique au plan philosophique. Et par conséquent de parler de l'introduction en hilosophie d'une banalité- cellelà même dont émoigne le discours juridique de Vichy mais ussi bien le discours antisémite plus que lar ement répandu en urope depuis le début u xe siècle Ce discours a produit des eets 'adhésion quasiment mécanique sur la majorité de tous ceux que ne préservait aucune pensée apable de critiquer les grossièretés historiques, anthropologiques, philosophiques et fantasma tiques dont ce discours est rempli Une telle capacité de critique pouvait relever de convic tions démocratiques ou religieuses, marxistes ou umanistes lle pouvait aussi tenir à une répul sion pour la vulgarité intellectuelle inhérente au acisme, cette vulgarité que Nietzsche avait fort bien détectée Heideger dans ses cahiers autant que dans les Beitr g e récuse le principe raiste ou racal, précisément parce que le premier dépend du second, lequel procède dune conception biologique, naturaliste et donc « métaphy sique »1• Parler de l« animal doué de raison », Voir par exemple Übl un n V vol. 94 de la Gsamaus ab, op. c, p 370. Je prote de cette première référence pour rendre hommage au travail de Peter Trawny, éditeur et commentateur des volumes 94 à 96 Cela ne signie pas que je partage entièrement tous ses développements mais que j'en salue la précision, la détermination et l courage. J'en prote aussi pour signaler que Maurice 1
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c'est rester deux fois (race et raison) en deçà de la nécessaire « métamorphose de l'homme en fondateur du Da-sen 1 »,c'est-à-dire de la venue de l'être ou bien comme être. 2
Or c'est bien dans la mse en jeu de « être » en tant que venue,arrivée,événement Geschehen et envoi Geschik irréductble à au cune donnée substantielle ou substantiable (telle que « l'être », justement) que résde le ressort intal et essentiel de la pensée de Heidegger. La diérence entre l'être et l'étant ne forme pas une diérence entre des termes mais cette diérnce sans concept dans laquelle Derrida a transposé 'ecace le plus propre du philosophe chez qui il reconnaissait a forme la pus déterminée et la plus vigilante de ce qu'il nommait,en « la réduction de l'ontologie naïve2 » Olender se rére longuement à Trawny dans la préface à l'édition italienne de son livre Razza e destino (chez Bompiani en 014 ; traduction de Race sans htoire Paris, Le Seuil, 009, dans lequel il est entre autres question de Heidegger). 1. Ibid p 411. . Jacques Derrida La Vix et le Phénomène Paris PUF, 1967, p 7. Si jindique dès maintenant la reprise ar Derrida du motif de l' (comme ce teme, l est aujoud'hu le plus souvent employé au pluriel), mas il évoque dabod pour Heidegger l'entrepse générale du . La technique y est donc impliquée, et avec elle "
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n'ore aucue autre possibilité que laéatis met aqel tedet de totes faços le mble des déteriatios et des forces ega es das la achiatio odere, dot la erre - das sa troisièe aée e 1941 et meçat à deveir dotese e tat que erre sur plusieurs frots 1• Chypothèse que s problèes pourraiet se régler à léchelle du ode, le« plaétarise , est pas à la hauteur lhistire de lêtre de l« historia >> car il est quue versio de« lordre des asses 2• À ce poit viet se cocetrer, vers la de 'aée 19413, otif déjà largeet appar as les cahiers précédets ais qui se reforce c cosidérableet et dot ous coaissos la domintion de 'objet : es Beitrge orent e mot « s Gegenstndlich-Machenschaliche » (Beitrge zur Philosophie [ 1936-938], dns Gesamtausgabe vo. 65, Frncfort-sur lMin, Vittorio Kostermnn, 2003, p. ), c'est-à-dire à eu près> dont i est dit que 'homme oderne est veugé u point que 'étnt ui est retiré > produit une allusion au lexique antisémite, je ne l'ai pas cherché. Cependant j'en prote volontiers pour renvoyer à toutes les réexions de Philippe LacoueLabarthe sur la « ypologie >> propre à la « métaphysique >> au sens critique du mot 22
ét le fai de Philippe Lacoue-Labrhe en 1987 t lus ard, n'a soulev aucune proesaion. Ce qui rvèle une sore de rexe condiionn aru plus rcemmen : des mos comme « al » ou « anismiisme » ne doiven ps êre ocis des ermes qui ne soien pas osensible en chargs de condamnaion ... ondamner t une chose analyser en es une aure qui en cun cas ne peu nuire la condamnaion s lus que la favoriser. e don nous sommes jourd'hui redevables apparien avan ou alyse non parce qu'il conviendrai d'oublier jugemen oral (poliique e philosophique) s prce que usqu'ici nous n'avons ouours s en assez loin l pensée des raons profndes de nos conmnations. Deux iers de siècle après erminaion nous n'avons pas encore assez ro ce qui nous es arriv à nous huma t europenne devenue pleinemen mondiale Js le emps e dans le mouvemen des vne ens que Heidegger dsignai comme« le dra emen de ou l'an >> aprs, en même es e encore avan que cen aures expres ons cherchen les nommer e les inerprer ( >. Il est indéniable qu'il l'a fait en êe teps que dautres Bataille, Benjain, Freud Witt genstein, pour ne nomer queux , mais que son opération a été la plus frotale, si on peut parler ainsi, prenant à braslecorps lonto logie, thème architectonique de la étaphy sique dont Kant, Schelling, Hegel, Nietzsche, Kierkegaard, Bergson et Husserl avaient engagé la ise en question ou en crise Il y a quelque ridicule à faire un tel rappel, ais cela paraît nécessaire tant est répandue lopinion que Hei degger pourrait être sans autre considération 24
yé de l'annuaire philosophique pour cause de 1zme. Ce qui revent à cuuler deux erreurs !,e : d'abord que l'événeent du nase ' us les fascises plus largeent des tota mes et de la déocratie qu s'en prétend •prte ne poserait pas de problèe philoso e (sinon un vague appe aux « valeurs ) , ,. , suite que Heidegger aurat été sipleent î (coe disons Buer) alors que es 1 ;hs ns déontrent exacteent linverse. < entonsnous dune phrase dans le volue 'l ui rasseble tout le mépris du philosophe H u la doctrine naie : « Savoir racial savoir -storique savoir du peuple consttuent ( ndement "scientique de la visiondu de populopolitique
Que sa anère de poser la question l'ait ut non pas vers le naise en tant que onduonde (expression qu'il rejette des otifs philosophiques) ais vers quel ' ji chose qu'on peut caractériser come un chifascise , selon un ot de Lacoue 1 .a rthe ou bien coe une esèce de révéla hyperboliue dune vérité destinale et " Rassenkunde, Vrgeschichtskunde und Vlkskunde
'·e die wissenschafliche Grundlegung der volkisch-poli '"h Wanschauung aus » M. Hdgg Überlegun gm Xl da Gesamtausgabe vo 95, op. cit p. 429)
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« en peuple » de l'être (je n'emploie pas le mot « révélation » sans une intention à préciser plus tard) - voilà qui mérite d'être scruté de près, démonté et désavoué Mais qu'il se soit agi d'un geste philosophique, on ne peut le nier. Cela ne fait que rendre plus aiguës les ques tions auxquelles ses Cahiers nous confrontent sans ambiguïté. 4
Il est tout d'abord évident que la qualica tion d'« antisémitisme historia » est entière ment justiée. Elle donne un abrégé de ce dont la phrase citée plus haut donne le développe ment inial : le peuple juif en tant que tel, joue un rôle déterminant, voire primordial, dans le « déracinement de l'être ». Livré à luimême - « totalement libéré » ou « aranchi » -, ce peuple s'avère très singulièrement approprié et adonné, à la tâche du déracinement Il est l'ac teur privilégié du déclin de l'Occident ou du moins en présentetil la gure - le « type », la sorte le mode - la plus caractéristique Une première question surgit : pourquoi fautil qu'un mouvement aussi large que celui qui s'incarne à la fois dans l'américanisme, le 26
bochevisme, la démcratie, la tecnique, l alité et l'jectalité ait recus à un gre siulière - s'il est iduita que n st pas juifs tus les acteurs de cet histi srphique ? Certaiemet cette écessité réd cipe même de la écessité d'u peple p re e œuvre tute dispsiti dcisive tiredesti : celleci 'est pas n si p essus elle est eaemet u écisi n se et reprise sus des ures détrminés e p rteurs de ces ures. Cette écessié pre ic tur à la fis très précis et très siulier: le juif se réclame pur luimêm e 'u prin e cial. U tel pricipe prviet limê e « dmiati de la vie pr la achi l n ». Or la machiati qui fait surir u l cie aturaliste cduit e irec de a " acialisati » (Entrassung intérle d'un aité réduite à l'éalité iiéciée 1 et e ééral de tus les étants. 1
I est itéressat de relever ue lauet pas très élié de celui pr lequl Max lie l'aret d'« équivalece éérle» dans Lelle est aliéée et arasée tte l'umié uctrice de sa prpre existec et dc de sa . M Hdggr Üb u VII, ':"• vl 95, op. p 56 27
da Gmu-
valeur ou sens Ce parallélisme dans la percep tion d'un nivellement et d'une indiéenciation se double presque d'un paallélisme de nature bien distincte : celu d'une classe destnée à renverser le rapport des classes et d'un peuple destné à annuler la distinction des races. Ce qu est le plus commun aux deux perspectives, c'est le recours à une instance déteminée et privilé giée- d'un privilège qui chaque fois se prévaut de sa négativité : le prolétaiat et le peuple juif sont exclus tous deux de l'humanité Ils sont l'un et l'autre doués d'une identité toute négative et/ ou négatrice Ce que suggère ce parallélisme, dont je ne prétends pas approfondi l'analyse, c'est un cetain régime eschatologique et gura de la pensée : une n approche une n, donc un commencement- et cet avènement requiert une gure, l'identication de la force anéan tissante (On ne peut même pas s'arrêter sur le fait que le prolétariat inaugure une révolution, tandis que le peuple juif engage une involution : car, pour Heidegger nous allons y evenir le naufrage est ndispensable au « nouveau commencement ». ) Il faut donc un type d'humanité de « moda lité d'existence humaine », pour que s'ac complisse la déchéance d'une humanité non seulement trop humaine >> mais surtout trop étrangère (aliénée ?) à sa plus prope destina 28
: en tant que Daein l'hmme est appelé à tt re l'être en jeu, u à rir l'uverture par tre est mis en jeu, c'est-à-dire expsé à être (be, nn substantif) en tant que sens de/ oe sa prpre mise en jeu. Il aut dnc cette assez singulière dialectique e identité du uleversement des identités 1ées et cnslidées par l'interprétatin sus e chsique, jectale etc.). Cette identité (t tre plus u mins que l'« humanité» plus u'un « peuple»« prvient»à partir de « l'es \e humaine» et dnc la surmnte) et mins uun autre « peuple» [au fait, purqui pas me ? est-n pussé à demander. . ] s'avère d ·un type vué au déracinement hrs de l'être. 1 in
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Aec la déracialisatin survient une aut �atin (Selbstenemdung des peuples en une unité indistincte (in ein) la perte de l'his1 c'est-àdire des espaces de décisin en ue de tre (Seyn). »Le lieu prpre, nn aliéné, de 1 ·anité en tant qu'elle sait se surmnter n'est e que l'histire, dnc l'advenir des événe ts en tant qu'ils peuvent rendre pssile de he) décider à l'égard de l'« être»lequel n'« est» s ais s'envie en tant que la pssiilité de «
l. M Hggr, Üb XI •:"· v 96, op. c p 38 29
a Gm-
s'envoyer avec/par/pour sa non-étance (s'il est possible de contracter ainsi cette pensée). Il faut donc que soit donnée une gure, un type de l'humanité se décidant à oublier l'« être », la néantité de ce que la métaphysique a pris pour un étant suprême ou général Toute cette construction tient peut-être à ceci : il ne doit ni donc ne peut y avoir ni suprématie ni généralité Pas de suprématie (ou de souverai neté) parce que chaque existence ouvre l'enjeu d'« être » en son entier jemein, comme dit Sein und Zeit1), pas de généralité pour la même raison : le « propre» (eigen doit être proprement « soi » L insistance sur l'existant insiste aussi sur l'ipséité l s'ensuit une sorte de règle implicite de l'ex ception : aucune généralité ne peut ni contenir ni orir l'exception que doit constituer l'ou verture d'une vraie possibilité d'« être » ou de laisser être 1'« être ». Il faut à chaque commen cement un peuple l en faut un aussi à chaque achèvement
Vir M. Heidegger, Übu XI, dans Gmt ub vl 96 op. ct p 32 1
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Or il s'agit d'achever. LÜccident s'achève, oi s'achever u bien est précipité dans l'achè ment. Lêtre est-il « essentielleent » vu à son ubli et à sa déshérence cplète u bien oubli et la dvastatin lui surviennent-ils ? is alrs, d'ù? Ils lui surviennent en quelque E1çn à la fis du dedans (S s'eace u se ure cnstitutiveent, purraitn dire) et du rs (l'ntlgie survient, êe si c'est déjà " dans» l'rigine) Ce« survenir» qui«vient» u dans le«cenceent» êe lui est érent en tant qu'il y a«cenceent» et nc devenir. e survenir appartient au devenir. En êe teps, le devenir est cpris ce estinatin» qui va vers leaceent prpre ;t ce qui cence. Mais jusqu'ù dans ces nditins y a-t-il un « survenir » prpreent ? t s'il y en a, cela laisse-t-il le devenir sans rprise? a questin reste en drit d'une diculté xrêe et je ne prétends pas leainer ici ais ic, dans ces cahiers, elle reçit un répnse de t : le peuple juifce peuple du ins ce xceptin rearquable au sein de l'enseble des ces de destructin qu'il accpagne et dnt il seble aussi furnir l'essence et le type. e euple juif est lagent identiabl, prpreent 31
identiable -pls popm il faut bien sans doute reconnaître cette bizarrerie de ce qui, par ailleurs, est une composition de masses et d'identités larges, américains ou américanisme, communisme et technique, Français, Anglais, Européens, Allemands même et« bla », soir, déclin, eondrement. Au fond, le déclin de lOccident est un pléonasme. L0ccident et déclin dan on nom, dan sa détermination topologique lieu tourné vers le couchant et dans son destin, son envoi, dans cet envoi quil est ou quil forme de lêtre cet-àdire d'une déciion. Pour Heidegger, lOccident comporte en luimême une fatalité ( Vhis un mot qui revient dan les Cahis qui appartient de manière constitu tive au detin et à la detination de lêtre. On peut lire dans Übwi Maphysik (texte des années 1936 à 1946) l'inistance toute particulière de sa pensée sur le caractère néceaire du déploiement de la métaphyique, cestàdire de la domination de l'étant parve nant à la dévastation du monde et ménageant ainsi après un long temp lirruption soudaine du commencement1 .
1. M Heidegger Neske 1954, p. 69.
rtrdge un Aufdtze, 32
Pfullingen
Je n'ai pas ici à m'interrger sur cette néces du déclin inscrite dans le premier cmmen L ent et indispensable à la survenue de l'autre omencement. De tute évidence cest ue Uesin rès imprtante et très ample das la sée du Heidegger de cette épque C' e est ê, à plus d'un égard le mtif directeur et k bile le plus acti Dans le cadre e cette (·de l sut de cnstater que le mtif atisé s'inscrit de manière très nete au sein de ce sitif: le peuple juif appartient de aière entielle au prcessus de la dévastatin du nde Il en est l'agent le mieux idetiable e fait mme qu'il présente une gure une >e u n type une Gestalt- la gure de tude au calcul du trac et de l'astuce1• ) cette gure est précisément une es plus l hées et peut-tre a pus ancienne des gures gigantes q ue2 ».
! Je traduis ams1 - pour evter des teres plus
gires coe > ou dont les .rs sont pourtant proches le ot « durcheinanderlJen On pourrait aussi le rendre par> : ptitudes spéciales des Juifs sont les caractères êes ,e la Machenchaf dans laquelle s'accoplit la dévasta I ion Le passae se trouve dans les Überegungen VI dans < ;'smtaugabe vol 95, op. cit., p 97 2. Da Rieige , trait caractéristique de l'Occident ,ant Les y reviennent souent 33
La gure juive congure le type même de la nécessit dvastatrice : le gigantesque, le calcul la rationalité aairée à indiérencier le monde et à proprement le défoncer: lui retirer toute espèce de sol. La Bk- manque de sol est un trait distincti de la « juiverie ». Le manque de sol consiste- ou conduit- à« n'étant attaché à rien mettre tout à son service (juiverie) 1 » Aussi ne peutil survenir de relle « victoire de l'histoire sur l'absence d'stoire >> que lorsque « le manque de sol s'exclut luimême >> (h h on peut noter le caractère euphémique du terme qui ne peut pourtant qe désigner une destruction une liquidation) Comment le j peutil se supprimer luimême ? S'agitil dans cette espèce de vœu d'une reprise de ce que Kant avait désigné comme une « euthanasie >> du judaïsme qui aurait constitué l'accès à la véritable religion morale2? D'une certaine façon il est permis de le 1. M Heidegger, Überlegungen VI, dans Gesamtaus gabe, vol 95, op. cit, p. 97 2. Immanuel Kant, Conit des fcultés, 1" section, Appendice, Remarque générale, tr. fr J. Gibelin, Paris, Vrin, 1973, p 61 Tout le contexte montre bien qu'il s'agit pour Kant d'une disparition du judaïsme dogmatique et ritue et de tout« sectarisme» religieux au prot d« un seul berger avec un seul troupeau La
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