IBN TAYMIYYA: “Miracles et prodiges”. Textes spirituels, N.S. XXI
April 5, 2017 | Author: Yahya Michot | Category: N/A
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Textes spirituels d’Ibn Taymiyya. Nouvelle série XXI. Miracles et prodiges On entend parfois que le Coran est le seul miracle du Prophète. Le Coran étant parole divine, il s’agit à vrai dire d’un miracle du TrèsHaut même et, partant, Muḥammad est un Messager sans miracle à son crédit. Ce n’est cependant pas de la sorte que les choses sont traditionnellement conçues. Diverses actions extraordinaires et autres signes miraculeux sont déjà attribués au Prophète dans les recueils canoniques de ḥadīths, dont les Ṣaḥīḥs d’al-Bukhārī et de Muslim. Au fil du temps, le nombre de ces miracles s’accrut considérablement et de longs volumes leur furent consacrés, dès le Ve/XIe siècle, sous des titres comme L’établissement des preuves du prophétat du cadi ‘Abd al-Jabbār, Les preuves du prophétat d’al-Iṣfahānī, Les marques du prophétat d’al-Māwardī, Les preuves du prophétat d’al-Bayhaqī, etc. Ibn Taymiyya a examiné ces ouvrages. Il connaît par ailleurs la popularité, à son époque, de toutes ces histoires de miracles. Le texte traduit ci-dessous est le début d’une « noble règle » (qā‘ida sharīfa) qu’il a composée sur ce sujet. Dans un premier temps, comme s’il souhaitait y mettre de l’ordre, il commence par définir une grille de classement de ces miracles et autres prodiges. Il la trouve, en référence au Coran, dans ce qu’il appelle les « attributs de la perfection » – le savoir (‘ilm), le pouvoir (qudra) et la richesse/autosuffisance (ghinā) – ou, plus succinctement, le savoir et le pouvoir. Il s’agit primordialement d’attributs divins et le Prophète n’en posséda jamais que ce que Dieu voulut bien lui en accorder. Cela dit, qu’il s’agisse de savoir et d’informer ou de pouvoir et d’influencer, en tant qu’agent immédiat ou bénéficiaire via autrui, Ibn Taymiyya juge les miracles et autres actions extraordinaires du Prophète innombrables, « comme la pluie ». Les exemples qu’il donne alors, classés selon la grille qu’il a définie et d’autres critères encore, pourront d’autant plus étonner qu’ils concernent non seulement les miracles de Muḥammad mais aussi ceux de Prophètes antérieurs, de saints Amis de Dieu et d’autres pieux individus. Dans un second temps, Ibn Taymiyya se fait moraliste. Certaines actions extraordinaires, juge-t-il en référence à deux personnages bibliques, Balaam et Baraq, peuvent être de nature prohibée et entraîner un châtiment divin alors même que d’autres sont excusables pour divers motifs. Plutôt que l’extraordinaire et le prodigieux, la rectitude devrait donc faire l’objet du cheminement spirituel. C’est ce que le maître soufi al-Suhrawardī explique dans une page qu’Ibn Taymiyya recopie en conclusion.
donne la paix, abondamment, jusqu’au Jour du jugement ! NOBLE RÈGLE CONCERNANT LES MIRACLES ET LES PRODIGES
Dans la langue et dans l’usage des imāms antérieurs, tels l’imām Aḥmad b. Ḥanbal et d’autres, le mot « miracle » (mu‘jiza)2 s’étend à tout [phénomène] extraordinaire3. Ils appellaient également ceux-ci « signes » (āya). Beaucoup4 des [ulémas] tardifs ont cependant fait une différence, s’agissant des termes, entre deux [choses]. Ils ont parlé de « miracle » [312] pour le Prophète et de « prodige » (karāma) pour l’Ami [de Dieu] (walī), ce qui les regroupe tous deux5 étant « l’affaire extraordinaire ». Les attributs de la perfection, dirons-nous, se ramènent à trois : le savoir, le pouvoir et la richesse6. Si tu veux, [tu peux aussi] dire : le savoir et le pouvoir. Soit en effet le pouvoir porte sur l’agir et c’est l’influence, soit il porte sur l’abandon et c’est la richesse. La première [division] est cependant meilleure. Ces trois [attributs] ne sont parfaitement indiqués que pour Dieu seul. Il est en effet Celui qui « embrasse toute chose de [Son] savoir7 », Il « a pouvoir sur toute chose8 » et Il est « riche [au point de se passer] des mondes9 ».
TRADUCTION 1
Les trois attributs de la perfection Le shaykh, l’imām, le savant, le savantissime, le connaisseur seigneurial, dans le cœur de qui la lumière coranique a été jetée, le shaykh de l’Islam Taqī al-Dīn Abū l-‘Abbās Aḥmad b. Taymiyya – Dieu soit content de lui et le contente ! – a dit [ce qui suit] : Loué soit Dieu, le Seigneur des mondes, en une louange abondante, excellente, en laquelle il y a de la baraka, comme notre Seigneur l’aime et en est content. Je témoigne qu’il n’y a pas de dieu sinon Dieu, Lui seul, Qui n’a pas d’associé et [tel qu’]il n’y a pas de dieu autre que Lui. Je témoigne par ailleurs que Muḥammad est Son serviteur et Son Messager, qu’Il a choisi, élu et guidé – Dieu le bénisse, ainsi que sa famille, et lui 1. IBN TAYMIYYA, MF, t. XI, p. 311-321 (sigle F). J’ai comparé cette édition à celle de Ḥ. SALĀMAT, IBN TAYMIYYA, Qā‘ida fī l-mu‘jizāt wa l-karāmāt, al-Zarqā’, Maktabat al-Manār, « Min rasā’il shaykh alislām, 7 », 1410/1989, p. 7-24 (sigle S). S copie F en y apportant quelques corrections mais, aussi, en en oubliant certains mots. Son principal intérêt réside dans les nombreuses références données dans les notes. Ces références n’ont pas toutes pu être traduites ici.
Noé10
[Dieu] a ordonné au Messager – Dieu le bénisse et lui donne la paix ! – de s’abstenir de prétendre posséder ces trois [attributs] en disant : « Dis : « Je ne vous dis pas que je détiens les trésors de Dieu, ni que je sais l’inconnu, et je ne vous dis pas que je suis un ange. Je ne fais que suivre ce qui m’est révélé11. » Ainsi Noé parla-t-il aussi – sur lui la paix1 ! Celui-ci 2. Traduire mu‘jiza par « miracle » ne rend pas le sens actif du mot arabe : « ce qui rend incapable, confond » ; voir A. J. WENSINCK, EI2, art. Mu‘djiza. 3. Khāriq al-‘āda signifie littéralement « ce qui perce, troue, l’habitude », d’où « l’extraordinaire ». 4. kathīran S : kathīr F 5. jimā‘u-humā F : jimā‘u-hā S 6. Al-ghinā est la richesse au sens de l’autosuffisance, qui rend indépendant, qui permet de se passer de tout ce qui est autre. 7. Voir Coran, al-Ṭalāq - LXV, 12. 8. Voir Coran, al-Baqara - II, 20. 9. Voir Coran, Āl ‘Imrān - III, 97. 10. Carte postale turque, Istanbul, vers 1980. 11. Coran, al-An‘ām - VI, 50.
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fut le premier des [Messagers] doués de détermination (ūlū l‘azm), le premier Messager que le Dieu Très-Haut envoya aux gens de la terre, et celui-là fut le Sceau des Messagers et le Sceau des [Messagers]2 doués de détermination. Tous deux s’abstinrent de telles [prétentions] et, cela, parce que [les gens] exigeaient tantôt du Messager – Dieu le bénisse et lui donne la paix ! – qu’il sache l’inconnu ainsi qu’Il l’a dit : « Ils disent : « À quand cette promesse, si vous êtes véridiques3 ? » et « Ils t’interrogent sur l’Heure : « Quand arrivera-t-elle ? » Dis : « Seul mon Seigneur en détient le savoir4 », tantôt qu’il exerce une influence ainsi qu’Il l’a dit : « Ils dirent : « Nous ne croirons pas en toi jusqu’à ce que tu fasses jaillir de la terre, pour nous, une source, ou que tu aies un jardin avec des palmiers et des vignes entre lesquels tu feras jaillir des ruisseaux en abondance, ou que tu fasses tomber le ciel sur nous, comme tu le prétends, en morceaux, ou que tu fasses venir Dieu et les anges en face de nous, ou que tu aies une maison [garnie] d’ornements, ou que tu montes au ciel. Et encore ne croironsnous pas que tu es monté au ciel jusqu’à ce que tu fasses descendre sur nous un Livre que nous [puissions] lire. » Dis : [313] « Glorifié soit mon Seigneur ! Ne suis-je pas qu’un humain, un Messager5 ? » Tantôt aussi ils lui reprochaient [sa] condition (ḥāja) humaine ainsi qu’Il l’a dit : « Ils disent : « Qu’est-ce que ce Messager qui mange de la nourriture et marche dans les souqs ? Que n’a-t-on point fait descendre vers lui un ange qui eût été, avec lui, un avertisseur ? Que ne lui a-t-on point lancé un trésor ? Ou que n’a-t-il point un jardin dont il mangerait6 ? » [Dieu] lui ordonna donc d’informer [les gens] qu’il ne savait pas l’inconnu, qu’il ne possédait pas les trésors de Dieu et qu’il n’était pas un ange pouvant se passer (ghanī) de nourriture et de biens : il n’était que quelqu’un suivant ce qui lui était révélé et suivre ce qui lui était révélé était la religion ; c’était obéir à Dieu et l’adorer, s’agissant du savoir et de l’agir, intérieurement et extérieurement. De ces trois [attributs] il obtint seulement ce que le Dieu Très-Haut lui donna : il apprit de Lui ce qu’Il lui enseigna, il eut de par Lui pouvoir sur ce sur quoi Dieu lui donna pouvoir et il put se passer de ce dont Dieu le rendit capable de se passer – [toutes] affaires allant à l’encontre de ce qui est habituel (‘āda), constant, ou de ce qui est habituel pour la plupart des gens. Ce qui, parmi les [phénomènes] extraordinaires, relève du domaine du savoir consiste en ceci : tantôt le serviteur entend quelque chose qu’un autre n’entend pas ; tantôt il voit quelque chose qu’un autre ne voit pas, en [état de] veille ou en dormant ; tantôt il sait quelque chose qu’un autre ne sait pas, par révélation et par inspiration, ou par la descente d’un savoir nécessaire (ḍarūrī), ou par une physiognomonie véridique. Cela se nomme « découvrement » (kashf) et « contemplations » (mushāhada), « découvertes » (mukāshafa) et « conversations » (mukhāṭaba). L’audition (samā‘), ce sont des conversations ; la vision, des contemplations. Le savoir est découverte et tout cela 1. Voir Coran, Hūd - XI, 31. 2. wa khātam F : — S fut le Sceau des Messagers doués 3. Coran, Yūnus - X, 48. 4. Coran, al-A‘rāf - VII, 187. 5. Coran, al-Isrā’ - XVII, 90-93. Ibn Taymiyya ne cite que le début
et la fin de ce passage, introduite par « jusqu’à ses paroles ». 6. Coran, al-Furqān - XXV, 7-8.
se nomme « découvrement » et « découverte », c’est-à-dire que [la chose] se découvre pour [le serviteur]. [314] Ce qui relève du domaine du pouvoir est l’influence. Elle peut être résolution (himma), véridicité et invocation exaucée. Elle peut aussi résulter d’une action de Dieu sur laquelle [le serviteur] n’a en rien de l’influence, comme [dans le cas où] son ennemi périt sans intervention (athar) de sa part ainsi qu’Il l’a dit : « Quiconque est l’ennemi d’un Ami à Moi s’engage dans une guerre contre Moi7 » ; « Moi, Je venge assurément Mes Amis comme le lion furieux se venge8 », et comme [dans le cas où] les âmes sont amenées à se soumettre à lui, l’aiment, etc. Ainsi aussi [en va-t-il pour] ce qui relève du domaine du savoir et du découvrement : de l’état du [serviteur] certaines9 affaires peuvent se découvrir à10 quelqu’un d’autre ainsi que le Prophète l’a dit – Dieu le bénisse et lui donne la paix ! – à propos des bonnes nouvelles : « Il s’agit des visions saines que l’homme vertueux voit ou qui sont vues pour lui11 » ; ainsi aussi que le Prophète l’a dit – Dieu le bénisse et lui donne la paix ! : « Vous êtes les témoins de Dieu sur la terre12. » [Le serviteur] peut être l’agent (qā’im bi-) et du découvrement et de l’influence et il peut ne pas en être l’agent, Dieu [lui] découvrant alors son état et faisant alors pour lui [quelque chose] d’une manière qu’il n’escomptait pas ainsi que Yūsuf b. Asbāṭ13 l’a dit : « Un serviteur ne juge pas Dieu véridique sans qu’Il fasse pour lui [quelque chose]. Et Aḥmad b. Ḥanbal de dire : « Si la véridicité était posée sur une blessure, elle guérirait. » Ce dont un autre que [le serviteur] est l’agent14, s’agissant de découvrement et d’influence, lui en est aussi la cause, même s’il s’agit de quelque chose d’extraordinaire provenant de15 cette autre [personne]. Les miracles des Prophètes, leurs marques16 et les preuves de leur prophétat rentrent làdessous. [315] Les miracles de Muḥammad et d’autres Prophètes L’ensemble des espèces de miracles et d’actions extraordinaires ont été réunies dans [le cas de] notre Prophète Muḥam7. Début du fameux ḥadīth qudsī des œuvres surérogatoires (nawāfil) ; voir AL-BUKHĀRĪ, Ṣaḥīḥ, Riqāq, t. VIII, p. 105 ; IBN ḤANBAL, Musnad, t. VI, p. 256 ; W. A. GRAHAM, Divine Word, p. 173-174, n° 49 ; D. GIMARET, Dieu à l’image, p. 303-306. Pour un commentaire taymiyyen de cette tradition, voir Y. MICHOT, Dieu hésitant. 8. Cette phrase, ou des phrases équivalentes, sont ajoutées dans certaines versions non canoniques du ḥadīth al-nawāfil; voir par exemple ‘Alā’ al-Dīn AL-BURHĀNPŪRĪ (m. 975/1567-8), Kanz al-‘ummāl fī sunan al-aqwāl wa l-af‘āl, 18 t., Beyrouth, Mu’assasat al-Risāla, 1405/1985, t. I, p. 230-231, n° 1160 : « Moi, la chose la plus urgente pour Moi, c’est assurément d’aider Mes Amis à vaincre. Moi, Je Me mets assurément en colère pour eux comme le lion furieux se met en colère. » 9. ba‘ḍ F : — S des affaires 10. li-ghayri-hi, « à » ou « du fait de ». 11. AL-BUKHĀRĪ, Ṣaḥīḥ, Ta‘bīr, t. VIII, p. 31 ; MUSLIM, Ṣaḥīḥ, Ru’yā, t. VII, p. 53. 12. AL-BUKHĀRĪ, Ṣaḥīḥ, Janā’iz, t. II, p. 97 ; MUSLIM, Ṣaḥīḥ, Janā’iz, t. III, p. 53. 13. Yūsuf b. Asbāṭ b. Wāṣil al-Shaybānī, soufi mort vers 196/811-2 ; voir AL-KALĀBĀDHĪ, Traité de soufisme, trad. DELADRIÈRE, p. 204, n° 20. 14. mā qāma ghayru-hu bi-hi : man qāma bi-ghayri-hi la-hu FS 15. min : fī FS 16. a‘lāmu-hum F : i‘lāmu-hum S les informations [qu’ils donnent]
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mad – Dieu le bénisse et lui donne la paix ! S’agissant du savoir, des informations concernant l’inconnu, de l’audition et de la vision, il y a par exemple le fait que notre Prophète – Dieu le bénisse et lui donne la paix ! – [nous] a donné sur les Prophètes antérieurs et sur leurs communautés, sur les paroles que [Dieu] leur adressa et sur Ses relations1 avec eux ainsi que sur d’autres que les Prophètes – les Amis [de Dieu] et d’autres –, des informations en accord avec celles [qu’on trouve] chez les gens du Livre qui les ont héritées par des voies abondamment récurrentes (tawātur) ou autrement ; [et cela], sans qu’il les ait apprises d’eux. Il y a semblablement le fait qu’il [nous] a donné, sur les affaires de la seigneurialité [divine], sur les anges, sur le Jardin et sur le Feu, des informations en accord avec les Prophètes d’avant lui, sans les avoir apprises d’eux2. On sait que cela est en accord avec les traditions (naql) des Prophètes, tantôt grâce à ce que [les gens du Livre] ont en leurs mains comme livres exotériques et traditions abondamment récurrentes similaires et tantôt grâce à ce que l’élite de leurs savants enseigne. Concernant de telles choses on pourra recourir au témoignage des gens du Livre et ceci relève de la sagesse qu’il y a à les laisser vivre sous l’impôt de capitation (jizya). Il n’y a pas lieu de détailler cela ici. Le fait que [le Prophète] a informé d’affaires concernant l’inconnu, passées et présentes, relève du domaine du savoir extraordinaire. Semblablement pour le fait qu’il informa d’affaires futures telles l’empire (mamlaka) de sa communauté, la fin de l’empire des Perses et des Romains3, le combat contre les Turcs4. [Semblablement par ailleurs] pour les milliers et les milliers d’informations qu’il donna et dont une partie est mentionnée dans les livres sur les preuves du prophétat, sur la vie du Messager, sur ses éminentes qualités, et dans les livres d’exégèse, de ḥadīth et des razzias, tels Les preuves du prophétat d’Abū Nu‘aym5 et d’al-Bayhaqī6, la Sīra d’Ibn Ishāq7, les livres de ḥadīths structurés selon les chaînes de transmetteurs comme le Musnad de l’imām Aḥmad [b. Ḥanbal] ou structurés selon les sujets comme le Ṣaḥīḥ d’al-Bukhārī, et les autres choses [316] également mentionnées dans les livres des adeptes de la théologie (kalām) et de la dialectique (jadal), tels Les
1. aḥwāli-him, littéralement « Ses états ». 2. Voir Abū Bakr AL-BAYHAQĪ, Dalā’il al-nubuwwa wa ma‘rifat
aḥwāl ṣāḥib al-sharī‘a [Les preuves du prophétat et la connaissance des états de l’auteur de la Loi], éd. ‘A. al-M. QAL‘AJĪ, 7 t., Beyrouth, Dār al-Kutub al-‘Ilmiyya, 1408/1988, t. I, p. 17. 3. Al-rūm, c’est-à-dire les Byzantins. 4. Al-turk, c’est-à-dire aussi, possiblement, les Mongols. 5. Aḥmad b. ‘Abd Allāh b. Isḥāq… al-Iṣfahānī, Abū Nu‘aym (Iṣfahān, 336/948 - 430/1038), juriste shāfi‘ite et théoricien du soufisme ; voir J. PEDERSEN, EI2, art. Abū Nu‘aym ; A. N. AL-IṢBAHĀNĪ, Dalā’il al-nubuwwa, éd. M. R. QAL‘AHJĪ & ‘A. al-B. ‘ABBĀS, Beyrouth, Dār al-Nafā’is, 1406/1986, 694 p. 6. Aḥmad b. al-Ḥusayn b. ‘Alī l-Khusrawjirdī l-Bayhaqī, Abū Bakr, traditionniste et écrivain fécond (m. 458/1066) ; voir J. ROBSON, EI2, art. al-Bayhaḳī, A. B. ; A. B. AL-BAYHAQĪ, Dalā’il. 7. Muḥammad b. Isḥāq b. Yasār, Abū ‘Abd Allāh (Médine, c. 85/ 704 - Baghdād, 150/767 ?), traditionniste et célèbre biographe du Prophète ; voir J. M. B. JONES, EI2, art. Ibn Isḥāḳ. Sa Sīra est traduite en anglais par A. GUILLAUME, The Life of Muhammad. A Translation of Isḥāq’s Sīrat Rasūl Allāh, with introduction and notes, Londres, Oxford University Press, 1955.
marques du prophétat du cadi ‘Abd al-Jabbār8 et d’al-Māwardī9, La réfutation des Nazaréens d’al-Qurṭubī10 et de très nombreux ouvrages. [Il en va semblablement encore] pour les informations que d’autres ont données à son sujet, informations qu’on trouve dans les livres des Prophètes antérieurs. De notre temps, ce sont vingt-deux11 prophéties (nubuwwa) qui sont dans les mains des Juifs et des Nazaréens, tels la Torah, l’Évangile, les Psaumes, le livre d’Isaïe, Habaquq, Daniel et Jérémie. Semblablement pour les informations données par d’autres que les Prophètes12 – les rabbins et les moines13. Semblablement pour les informations données par les jinns et pour les oracles (hātif) émis [par des idoles]14. Semblablement pour les informations données par des devins comme Saṭīḥ15, Shiqq16, et d’autres. Semblablement pour les songes et leur interprétation, tels le songe de Chosroès17 et [son] interprétation par le grand-prêtre1. 8. ‘Abd al-Jabbār b. Aḥmad b. ‘Abd al-Jabbār al-Hamadhānī, Abū lḤasan (m. 415/1025), cadi shāfi‘ite et théologien mu‘tazilite majeur ; voir S. M. STERN, EI2, art. ‘Abd al-Jabbār b. Aḥmad. L’ouvrage évoqué par Ibn Taymiyya est sans doute celui publié sous le titre Établissement des preuves du prophétat ; voir ‘A. AL-J. AL-HAMADHĀNĪ, Tathbīt dalā’il al-nubuwwa, éd. ‘A. al-K. ‘UTHMĀN, Beyrouth, Dār al‘Arabiyya li-l-Ṭibā‘a wa l-Nashr wa l-Tawzī‘, 1386/1966, 662 p. 9. ‘Alī b. Muḥammad b. Ḥabīb al-Māwardī, Abū l-Ḥasan (Baṣra, 364/974 - Baghdād, 450/1058), juriste shāfi‘ite, surtout connu pour son Livre des statuts gouvernementaux (K. al-Aḥkām al-sulṭāniyya) ; voir C. BROCKELMANN, EI2, art. al-Māwardī ; AL-MĀWARDĪ, A‘lām al-nubuwwa, Beyrouth, Dār al-Kutub al-‘Ilmiyya, 1406/1986, 210 p. 10. Muḥammad b. Aḥmad b. Abī Bakr… al-Qurṭubī, Abū ‘Abd Allāh (Andalousie - Haute-Égypte, 671/1272), savant mālikite notamment auteur d’un volumineux Exposé synthétique des prescriptions coraniques… (al-Jāmi‘ li-aḥkām al-qur’ān…) ; voir R. ARNALDEZ, EI2, art. al-Ḳurṭubī. L’ouvrage évoqué par Ibn Taymiyya est vraisemblablement celui publié sous le titre L’enseignement concernant ce qu’il y a comme corruption et illusions dans la religion des Nazaréens, exposé des excellentes qualités de la religion de l’Islam et établissement du prophétat de notre Prophète Muḥammad – sur lui la prière et la paix ! ; voir al-Imām AL-QURṬUBĪ, al-I‘lām bi-mā fī dīn al-naṣārā min al-fasād wa l-awhām wa iẓhār maḥāsin dīn al-islām wa ithbāt nubuwwa nabiyyi-nā Muḥammad ‘alay-hi l-ṣalāt wa l-salām, éd. A. Ḥ. AL-SAQQĀ, Le Caire, Dār al-Turāth al-‘Arabī, 1980, 503 p. 11. ithnatān S : ithnān F 12. al-anbiyā’ F : — S 13. Voir AL-BAYHAQĪ, Dalā’il, t. II, p. 74-79. 14. Sur les païens ayant entendu des jinns ou leurs idoles annoncer la venue du Prophète, voir A. N. AL-IṢBAHĀNĪ, Dalā’il, p. 109, 117-122 ; AL-MĀWARDĪ, A‘lām, p. 135-139. 15. Saṭīḥ b. Rabī‘a, devin arabe à l’apparence monstrueuse et sans doute légendaire que divers récits présentent comme ayant prédit le prophétat de Muḥammad ; voir G. LEVI DELLA VIDA & T. FAHD, EI2, art. Saṭīḥ b. Rabī‘a ; IBN ISḤĀQ, Sīra, trad. GUILLAUME, Life, p. 4-6 ; A. N. AL-IṢBAHĀNĪ, Dalā’il, p. 122-128 ; P. LORY, Le rêve et ses interprétations en Islam, Paris, Albin Michel, « Science des religions », 2003, p. 56-57. 16. Shiqq al-Ṣa‘bī, devin arabe, probablement aussi légendaire, à qui divers récits attribuent des prédictions semblables à celles de Saṭīḥ ; voir G. LEVI DELLA VIDA & T. FAHD, EI2, art. Saṭīḥ b. Rabī‘a ; IBN ISḤĀQ, Sīra, trad. GUILLAUME, Life, p. 4-6 ; A. N. AL-IṢBAHĀNĪ, Dalā’il, p. 125-128 ; P. LORY, Rêve, p. 56-57. 17. Chosroès, ou Khusraw I Anushīrvan (r. 531-579), souverain sassanide; voir M. MORONI, EI2, art. Kisrā. Un rêve de Chosroès fut interprété, en référence à la naissance de Muḥammad, comme annonçant la victoire future des Musulmans sur l’empire perse ; voir ALṬABARĪ (m. 310/922), Tārīkh al-rusul wa l-mulūk, 11 t., Le Caire, Dār al-Ma‘ārif, 1968, t. II, p. 166-168 ; trad. C. E. BOSWORTH, The History
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Semblablement2, les informations données par les Prophètes antérieurs sur ce qui est du passé et a disparu relève de leurs marques. Quant au pouvoir et à l’influence, ils [s’exercent] soit dans le monde supérieur soit dans ce qui est en deçà de lui. Ce qui est en deçà de lui est soit simple, soit composé. Le simple est soit l’air, soit la terre. Le composé est soit animal, soit végétal, soit minéral. L’animal est soit rationnel (nāṭiq), soit bestial. Le [pouvoir et l’influence s’exerçant dans le monde] supérieur, c’est comme la scission de la lune3 et le fait pour Josué, fils de Nūn, d’arrêter le soleil4. Ainsi aussi en va-t-il pour son arrêt quand le temps de la prière fut dépassé pour ‘Alī, alors que le Prophète – Dieu le bénisse et lui donne la paix ! – dormait dans son giron5, si le ḥadīth est authentique – il y a en effet des gens qui le jugent authentique, tels al-Ṭaḥāwī6 et le cadi ‘Iyāḍ7, et il en est qui le jugent remonter à un Companion seulement (mawqūf), tels Abū l-Faraj b. al-Jawzī8, et ceci est plus correct. Ainsi aussi en va-t-il pour l’ascension du [Prophète] vers les cieux9. [317] Le [pouvoir et l’influence s’exerçant dans] l’air, c’est comme of al-Ṭabarī. Vol. V: The Sāsānids, the Byzantines, the Lakhmids, and Yemen, Albany, State University of New York Press, 1999, p. 285289 ; A. N. AL-IṢBAHĀNĪ, Dalā’il, p. 138-141 ; A. B. AL-BAYHAQĪ, Dalā’il, t. I, p. 126-129. 1. al-Mōbadhān (pl. persan de mōbadh), mot persan désignant un grand-prêtre zoroastrien ; voir M. GUIDI & M. MORONY, EI2, art. Mōbadh. 2. wa ka-dhālika S : wa ka-dhā F 3. Voir Coran, al-Qamar - LIV, 1 ; AL-BUKHĀRĪ, Ṣaḥīḥ, Manāqib, t. IV, p. 206-207 ; MUSLIM, Ṣaḥīḥ, Ṣifāt al-qiyāma, t. VIII, p. 132133 ; IBN ḤANBAL, Musnad, t. I, p. 377 ; A. J. AL-ṬAḤĀWĪ, Sharḥ mushkil al-āthār, éd. Sh. AL-ARNĀ’ŪṬ, 16 t., Beyrouth, Mu’assasat alRisāla, 1415/1994, t. II, p. 176-185 ; ‘A. AL-J. AL-HAMADHĀNĪ, Tathbīt, p. 55-59 ; A. N. AL-IṢFAHĀNĪ, Dalā’il, p. 279–281, nos 207– 212; M. AL-QURṬUBĪ, I‘lām, p. 348–350. 4. Voir Josué, 10, 12-13 ; IBN ḤANBAL, Musnad, t. II, p. 325 ; M. ALQURṬUBĪ, I‘lām, p. 350–351 5. Voir M. AL-QURṬUBĪ, I‘lām, p. 350 : « Le Prophète – Dieu le bénisse et lui donne la paix ! – était en train de recevoir une révélation, la tête dans le giron de ‘Alī. Celui-ci n’avait [de ce fait] pas prié la prière de l’après-midi jusqu’au moment du coucher du soleil. Quand la révélation s’interrompit pour le Messager de Dieu – Dieu le bénisse et lui donne la paix ! –, il lui dit : « Ô ‘Alī, as-tu prié la prière de l’aprèsmidi ? » Il répondit : « Non ». Le Messager de Dieu – Dieu le bénisse et lui donne la paix ! – dit alors : « Mon Dieu, [‘Alī] était en train de T’obéir et d’obéir à Ton Messager. Ramène donc [le soleil]. » – « Je voyais [le soleil] se coucher, » dit le rapporteur [de l’événement], « et il s’arrêta au dessus des montagnes et de la terre. » Ceci se passa à alṢahba, à Khaybar. » 6. Aḥmad b. Muḥammad b. Salāma l-Ṭaḥāwī, Abū Ja‘far (m. 321/ 933), juriste et traditionniste ḥanafite égyptien, notamment auteur de l’Exposé des traditions faisant problème; voir N. CALDER, EI2, art. alṬaḥāwī ; A. J. AL-ṬAḤĀWĪ, Sharḥ, t. III, p. 92-96. 7. Al-qāḍī ‘Iyāḍ b. Mūsā b. ‘Iyāḍ al-Yaḥṣubī (m. 544/1149), traditionniste et juriste mālikite maghrebin ; voir M. TALBI, EI2, art. ‘Iyāḍ b. Mūsā. 8. ‘Abd al-Raḥmān b. ‘Alī Abū l-Faraj b. al-Jawzī (m. 597/1200) , savant religieux ḥanbalite, polygraphe et sermonnaire fécond de Baghdād ; voir H. LAOUST, EI2, art. ‘Ibn al-Djawzī. 9. Sur l’ascension du Prophète de Jérusalem jusqu’au trône de Dieu, à travers les sphères célestes, voir AL-BUKHĀRĪ, Ṣaḥīḥ, Ṣalāt, t. I, p. 78-79 ; MUSLIM, Ṣaḥīḥ, Īmān, t. I, p. 99-101 ; IBN ḤANBAL, Musnad, t. III, p. 148-149. Voir aussi J. E. BENCHEIKH, EI2, art. Mi‘rādj.
le fait que [le Prophète] pria pour la pluie et pria pour le beau temps, plus d’une fois, ainsi que [rapporté dans] le ḥadīth du bédouin qu’on trouve dans les deux Ṣaḥīḥs et d’autres [recueils]10. Semblablement pour l’abondance des lancers d’étoiles lors de son apparition [comme Prophète]11. Semblablement aussi pour son voyage nocturne de la Mosquée Interdite vers la Mosquée la plus lointaine12.
La scission de la lune13
Le [pouvoir et l’influence s’exerçant dans] la terre et l’eau, c’est comme le fait que la montagne trembla sous [le Prophète]14, qu’il rendit plus abondante l’eau dans la source de Tabūk15 et la source d’al-Ḥudaybiya16 et que l’eau jaillit d’entre 10. Voir AL-BUKHĀRĪ, Ṣaḥīḥ, Istisqā’, t. II, p. 28-32 ; Manāqib, t. IV, p. 195 ; MUSLIM, Ṣaḥīḥ, Istisqā’, t. III, p. 24-26 ; AL-NASĀ’Ī, Sunan, Istisqā’, t. III, p. 166-167. 11. Sur la lapidation de jinns trop curieux par des comètes, voir Coran, al-Ḥijr - XV, 17-18 ; al-Mulk - LXVII, 5 ; al-Jinn - LXXII, 89. De tels « lancers d’étoiles », d’une particulière ampleur, se produisirent au début du prophétat de Muḥammad et sont parfois considérés comme un de ses miracles ; voir IBN ḤANBAL, Musnad, t. I, p. 274 ; ‘A. AL-J. AL-HAMADHĀNĪ, Tathbīt, p. 64-80 ; AL-MĀWARDĪ, A‘lām, p. 133-135. 12. Voir Coran, al-Isrā’ - XVII, 1. 13. Gravure illustrant Muḥyī l-Dīn LĀRĪ (m. 933/1526), Hādhā kitāb futūḥ al-ḥaramayn, s. l. [Iran ?], s. d. [XIXe s.], p. 56. 14. Voir IBN ḤANBAL, Musnad, t. I, p. 59, 189 ; AL-NASĀ’Ī, Sunan, Iḥbās, t. VI, p. 236. Voir aussi Y. MICHOT, Textes spirituels. N. S. XIX, p. 5, n. 5. 15. Localité du Nord-ouest de l’Arabie contre laquelle le Prophète organisa un raid en 9/630 ; voir M. A. AL-BAKHIT, EI2, art. Tabūk. Sur le miracle évoqué ici, voir MUSLIM, Ṣaḥīḥ, Faḍā’il, t. VII, p. 60-61 ; IBN ḤANBAL, Musnad, t. V, p. 237-238 ; A. N. AL-IṢFAHĀNĪ, Dalā’il, p. 522 ; A. B. AL-BAYHAQĪ, Dalā’il, t. V, p. 236-237 ; M. AL-QURṬUBĪ, I‘lām, p. 352. 16. Village en bordure du territoire sacré de la Mecque, célèbre pour l’accord que le Prophète y conclut avec les Mecquois en 6/628 ; voir W. MONTGOMERY WATT, EI2, art. al-Ḥudaybiya. Sur le miracle évoqué ici, voir AL-BUKHĀRĪ, Ṣaḥīḥ, Manāqib, t. IV, p. 193 ; MUSLIM, Ṣaḥīḥ, Jihād, t. V, p. 190 ; IBN ḤANBAL, Musnad, t. IV, p. 290 ; A. N. AL-IṢFAHĀNĪ, Dalā’il, p. 409-410, n° 318-319 ; M. AL-QURṬUBĪ, I‘lām, p. 352.
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ses doigts plus d’une fois1. [C’est aussi comme ce qui se passa avec] l’outre de la femme2. Le [pouvoir et l’influence s’exerçant dans] les [êtres] composés, c’est comme le fait que [le Prophète] multiplia la nourriture plus d’une fois3, dans l’histoire du Fossé4 selon le ḥadīth de Jābir5, selon le ḥadīth d’Abū Ṭalḥa6, durant ses voyages7, dans la besace d’Abū Hurayra8 et sur les palmiers de Jābir b. ‘Abd Allāh9. Il y a aussi le ḥadīth de Jābir et d’Ibn al-Zubayr10 concernant le palmier qui se déracina pour [aller vers] lui puis retourna à sa place11, ainsi que le fait qu’il donna à boire à plus d’une terre avec la source d’Abū Qatāda12. Ceci est un vaste sujet et l’objectif, ici, n’est pas de men1. Voir AL-BUKHĀRĪ, Ṣaḥīḥ, Wuḍū’, t. I, p. 45, 51 ; Manāqib, t. IV, p. 192, 194 ; Ashriba, t. VII, p. 114 ; MUSLIM, Ṣaḥīḥ, Faḍā’il, t. VII, p. 59 ; Zuhd, t. VIII, p. 235-236 ; IBN ḤANBAL, Musnad, t. III, p. 132. Voir aussi A. N. AL-IṢFAHĀNĪ, Dalā’il, p. 405-409, 413 ; M. ALQURṬUBĪ, I‘lām, p. 351-352. 2. Les outres pleines d’eau d’une bédouine furent vidées par les Musulmans assoiffés, puis à nouveau remplies, miraculeusement, par le Prophète ; voir MUSLIM, Ṣaḥīḥ, Masājid, t. II, p. 140-141 ; IBN ḤANBAL, Musnad, t. IV, p. 434-435 ; A. N. AL-IṢFAHĀNĪ, Dalā’il, p. 411-412, n° 320 ; M. AL-QURṬUBĪ, I‘lām, p. 353. 3. Voir AL-BUKHĀRĪ, Ṣaḥīḥ, Manāqib, t. IV, p. 193-194 ; MUSLIM, Ṣaḥīḥ, Faḍā’il, t. VII, p. 60. Voir aussi A. N. AL-IṢFAHĀNĪ, Dalā’il, p. 415-430 ; M. AL-QURṬUBĪ, I‘lām, p. 354-356. 4. Nom et lieu d’une célèbre bataille entre le Prophète et les Mecquois (5/627) ; voir W. MONTGOMERY WATT, EI2, art. Khandaḳ. Sur le miracle évoqué ici, voir A. N. AL-IṢFAHĀNĪ, Dalā’il, p. 420-421, n° 327 ; A. B. AL-BAYHAQĪ, Dalā’il, t. III, p. 422-427 ; M. AL-QURṬUBĪ, I‘lām, p. 354. 5. Jābir b. ‘Abd Allāh b. ‘Amr, Compagnon (m. à Médine, 74/ 693 ?) ; voir IBN AL-ATHĪR, Usd, t. I, p. 256-258. Sur cette tradition, voir AL-BUKHĀRĪ, Ṣaḥīḥ, Maghāzī, t. V, p. 108-109 ; MUSLIM, Ṣaḥīḥ, Faḍā’il, t. VII, p. 60 ; A. B. AL-BAYHAQĪ, Dalā’il, t. III, p. 422-427 ; M. AL-QURṬUBĪ, I‘lām, p. 354. 6. Abū Ṭalḥat al-Anṣārī, Zayd b. Sahl b. al-Aswad, Compagnon (m. à Médine, 34/654 ?) ; voir IBN AL-ATHĪR, Usd, t. II, p. 232-233. Sur cette tradition, voir AL-BUKHĀRĪ, Ṣaḥīḥ, Manāqib, t. IV, p. 193194 ; MUSLIM, Ṣaḥīḥ, Ashriba, t. VI, p. 118-119 ; A. N. AL-IṢFAHĀNĪ, Dalā’il, p. 415-417 ; A. B. AL-BAYHAQĪ, Dalā’il, t. VI, p. 88-89 ; M. AL-QURṬUBĪ, I‘lām, p. 354. 7. Voir par exemple A. N. AL-IṢFAHĀNĪ, Dalā’il, p. 418-419 ; A. B. AL-BAYHAQĪ, Dalā’il, t. VI, p. 120-122. 8. Abū Hurayrat al-Dawsī l-Yamānī (m. 58/678 ?), Compagnon ; voir J. ROBSON, EI2, art. Abū Hurayra. Sur le miracle évoqué ici, voir IBN ḤANBAL, Musnad, t. II, p. 352 ; AL-TIRMIDHĪ, Sunan, Manāqib, t. V, p. 349, n° 3928 ; A. N. AL-IṢFAHĀNĪ, Dalā’il, p. 434 ; A. B. ALBAYHAQĪ, Dalā’il, t. VI, p. 109-111 ; M. AL-QURṬUBĪ, I‘lām, p. 355356. 9. Voir AL-BUKHĀRĪ, Ṣaḥīḥ, Manāqib, t. IV, p. 194. 10. ‘Abd Allāh b. al-Zubayr, Abū Bakr (m. 73/692), Compagnon ; voir H. A. R. GIBB, EI2, art. ‘Abd Allāh b. al-Zubayr. 11. Voir IBN ḤANBAL, Musnad, t. III, p. 113 ; AL-DĀRIMĪ, Sunan, Muqaddima, t. I, p. 12-13 ; IBN MĀJA, Sunan, Fitan, t. II, p. 1336, n° 4028. Voir aussi A. N. AL-IṢFAHĀNĪ, Dalā’il, p. 389-394 ; M. ALQURṬUBĪ, I‘lām, p. 356-358. 12. Abū Qatāda, al-Ḥārith b. Rib‘ī l-Ansārī (m. 38/658 ?), Compagnon ; voir IBN AL-ATHĪR, Usd, t. I, p. 327. Sur le miracle évoqué ici, voir MUSLIM, Ṣaḥīḥ, Masājid, t. II, p. 138-140 ; A. B. ALBAYHAQĪ, Dalā’il, t. VI, p. 132-133. Plutôt que d’irrigation d’une terre par une source, Muslim et al-Bayhaqī parlent d’un récipient pour ablutions (mayda’h) que le Prophète utilisa pour donner à boire à de nombreux Compagnons sans qu’il se vide. Y a-t-il ici une métaphore d’Ibn Taymiyya ou une erreur de copiste ? Il est impossible de trancher.
tionner les [diverses] espèces des miracles [prophétiques] en leurs particularités13 ; l’objectif est seulement d’[en] donner des exemples. Du domaine du pouvoir relèvent semblablement le bâton de Moïse14 – Dieu le bénisse et lui donne la paix ! –, la scission de la mer15, les poux, les grenouilles et le sang16, la chamelle de Ṣāliḥ17, la guérison de l’aveugle-né et du lépreux et la résurrection des morts par Jésus18. Tout comme du domaine du savoir relève le fait qu’il informait19 [les gens] de ce qu’ils mangeaient [318] et amassaient dans leurs maisons20. En somme, ce qui est visé ici, ce n’est pas de mentionner les miracles prophétiques en leurs particularités ; l’objectif est seulement d’[en] donner des exemples.
La chamelle de Ṣāliḥ sortant des rochers21
Les miracles de non-Prophètes Quant aux miracles22 d’autres [personnes] que les Prophètes qui relèvent du domaine du découvrement et du savoir, c’est par exemple ce que ‘Umar dit dans l’histoire de Sāriya23, l’in13. bi-khuṣūṣi-hā : bi-khuṣūṣi-hi FS 14. Voir Coran, al-A‘rāf - VII, 107. 15. Voir Coran, al-Shu‘arā’ - XXVI, 63. 16. Voir Coran, al-A‘rāf - VII, 133. 17. Voir Coran, al-A‘rāf - VII, 73. 18. Voir Coran, Āl ‘Imrān - III, 49. 19. ikhbāra-hu : ikhbāra-hum FS 20. Voir Coran, Āl ‘Imrān - III, 49. 21. Détail d’une miniature de RASHĪD AL-DĪN FAḌL ALLĀH (m. 718/
1318), Jāmi‘ al-Tawārīkh, Université d’Édimbourg, Or. MS 20, fol. 1 v. (714/1314, Tabriz, Iran) ; voir D. TALBOT RICE, The Illustrations to the “World History” of Rashīd al-Dīn. Edited by B. GRAY, Édimbourg, Edinburgh University Press, 1976, p. 42-43. 22. Si Ibn Taymiyya parle de « miracles » (mu‘jiza) plutôt que de « prodiges » à propos des non-Prophètes, c’est par fidélité à Ibn Ḥanbal et à d’autres « imāms antérieurs » ainsi qu’il l’a expliqué au début du texte ; voir supra, p. 1. 23. Sāriya b. Zanīm b. ‘Abd Allāh (m. 30/650 ?), Compagnon ; voir Kh. D. AL-ZIRIKLĪ, A‘lām, t. III, p. 69-70. Sur le miracle évoqué ici, voir A. N. AL-IṢFAHĀNĪ, Dalā’il, p. 579-581 ; ‘A. al-D. AL-BURHĀNPŪRĪ, Kanz al-‘ummāl, t. XII, p. 571-574. « ‘Umar avait envoyé une armée et lui avait désigné comme émir un homme appelé Sāriya. Un vendredi, ‘Umar se leva pour adresser un sermon aux gens et se mit à crier, alors qu’il était sur le pupitre : « Sāriya, la montagne ! Sāriya, la montagne ! » Un messager de l’armée arriva [par la suite] et [‘Umar] l’interrogea. [Le messager] lui dit : « Ô Émir des croyants, nous avions rencontré nos ennemis et ils étaient en train de nous vaincre mais voilà que quelqu’un cria : « Sāriya, la montagne ! » Nous nous mîmes donc dos à la montagne et Dieu les vainquit. Il [nous] a été dit que c’était toi qui avais crié cela ! » (A. N. AL-IṢFAHĀNĪ, Dalā’il, p. 579, n° 526).
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formation qu’Abū Bakr donna qu’il y avait une fillette dans le ventre de son épouse1, l’information que ‘Umar donna concernant celui qui serait issu de son fils et serait juste2, l’histoire du compagnon de Moïse concernant le savoir qu’il avait de la situation du garçon3. [Les miracles d’autres personnes que les Prophètes qui relèvent du domaine du] pouvoir, c’est par exemple l’histoire de « celui chez qui il y avait un savoir concernant le Livre4 », l’histoire des gens de la caverne5, l’histoire de Marie6, l’histoire de Khālid b. al-Walīd7, [celle de] Safīna8, le client du Messager de Dieu – Dieu le bénisse et lui donne la paix – et [celle] d’Abū Muslim al-Khawlānī9, et [autres] choses qu’il serait long d’expliquer. Énumérer [tout] ceci serait comme pleuvoir et l’objectif, [ici], est seulement de donner comme exemples des choses que la plupart des gens ont entendues. Quant aux [miracles d’autres personnes que les Prophètes qui relèvent du domaine du] pouvoir mais ne se rattachent pas à l’agir de [ces personnes], c’est comme la victoire que Dieu accorde à ceux qu’Il aide à vaincre et le fait qu’Il fait périr quiconque L’insulte. [319] Balaamites et Baraqites Si, de par [l’action] extraordinaire – qu’elle soit découvrement ou influence – se produit un bénéfice recherché dans la religion, elle est d’entre les actions vertueuses commandées religieusement et Légalement, [et] soit obligatoire, soit préférable. Si quelque chose d’autorisé se produit de par elle, elle est 1. Avant de mourir, le calife Abū Bakr prédit à sa femme Ḥabība la naissance de leur fille Umm Kulthūm ; voir ‘A. al-D. AL-BURHĀNPŪRĪ, Kanz al-‘ummāl, t. XII, p. 486, n° 35594. 2. ‘Umar b. al-Khaṭṭāb passe pour avoir prédit le caractère juste du règne du calife umayyade ‘Umar b. ‘Abd al-‘Azīz (r. 99/717-101/720), son arrière-petit-fils par sa mère Umm ‘Āṣim, fille de son fils ‘Āṣim b. ‘Umar ; voir ‘A. al-D. AL-BURHĀNPŪRĪ, Kanz al-‘ummāl, t. XIV, p. 26-27, n° 37846-37850. 3. Voir Coran, al-Kahf - XVIII, 74, 80. 4. Voir Coran, al-Naml - XXVII, 40. 5. Voir Coran, al-Kahf - XVIII, 9-26. 6. Voir Coran, Maryam - XIX, 16-34. 7. Khālid b. al-Walīd b. al-Mughīra l-Makhzūmī (m. 21/642), Compagnon et chef militaire qui joua un rôle de premier plan dans l’unification de l’Arabie et la conquête de l’Iraq et de la Syrie sous Abū Bakr ; voir P. CRONE, EI2, art. Khālid b. al-Walīd. Sur l’histoire évoquée ici, voir IBN TAYMIYYA, MF, t. XI, p. 277-278 : « Khālid b. alWalīd assiégeait une forteresse imprenable. [Les assiégés] lui dirent : « Nous ne nous soumettrons pas avant que tu boives un poison. Il le but et cela ne lui fit aucun mal. » 8. Safīna, Abū ‘Abd al-Raḥmān, esclave puis serviteur du Prophète ; voir IBN AL-ATHĪR, Usd, t. II, p. 324. Sur l’histoire évoquée ici, voir A. N. AL-IṢFAHĀNĪ, Dalā’il, p. 583-584 ; A. B. AL-BAYHAQĪ, Dalā’il, t. VI, p. 45-46 : « J’étais sur un bateau, en mer. Il se brisa et je montai sur une de ses planches. Elle me conduisit vers une jungle dans laquelle il y avait un lion. Quand le lion s’approcha et que je le vis, je dis : « Eh, lion, je suis Safīna, le client du Messager de Dieu – Dieu le bénisse et lui donne la paix ! Il s’approcha de moi au point de me cogner de son flanc, puis il marcha avec moi jusqu’au moment de me remettre sur la route. Il grogna ensuite pendant un certain temps et me frappa de sa queue. Je vis qu’il me disait [ainsi] adieu » (p. 45). 9. ‘Abd Allāh b. Thuwāb al-Khawlānī, Abū Muslim (m. 62/682), Suivant et célèbre ascète yéménite ; voir G. H. A. JUYNBOLL, EI2, art. al-Khawlānī, Abū Muslim. Jeté dans un brasier parce qu’il refusait de renier sa foi, al-Khawlānī en sortit indemne, à l’instar d’Abraham ; voir ‘A. al-D. AL-BURHĀNPŪRĪ, Kanz al-‘ummāl, t. I, p. 299.
d’entre les grâces de Dieu relatives à ce bas monde qui exigent de la gratitude. Si elle est telle qu’elle implique quelque chose d’interdit – d’une interdiction [consistant en] une prohibition (taḥrīm) ou d’une interdiction poussant à s’abstenir (tanzīh) –, elle est une cause de punition ou de colère. Ainsi [en alla-t-il dans] l’histoire de l’individu qui avait reçu les signes [divins] « mais s’en était détaché10 », Balaam, fils de Béor. L’auteur d’une [telle action] peut cependant être excusé [s’il a agi ainsi] suite à un effort de réflexion (ijtihād), ou par fidélité à un modèle (taqlīd), ou du fait d’une déficience d’intelligence ou de savoir, ou parce qu’un état [spirituel] le dominait, ou par impuissance, ou par nécessité. Il est alors du genre de Baraq11, l’adorateur. L’interdiction peut être due à la cause de [l’action] extraordinaire et elle peut être due à celui qui est visé par celle-ci. La première [possibilité], c’est par exemple adresser à Dieu une invocation interdite, [constituant] une transgression à Son encontre. Le Dieu Très-Haut de dire en effet : « Invoquez votre Seigneur avec humilité et recueillement ! Il n’aime pas les transgresseurs12. » Ce sont aussi, [autre] exemple, les actions interdites car provoquées (ūritha) par découvrement ou influence13. La deuxième [possibilité], c’est demander par invocation, à l’encontre d’un autre, quelque chose qu’il ne mérite pas, ou demander par invocation de l’aide pour un injuste et l’aider par sa [propre] résolution (himma), à l’instar des gardiens de l’ennemi et, parmi ceux qui ont des états [spirituels], des auxiliaires des injustes14. Si les auteurs15 d’une [action ainsi interdite] sont d’entre ceux des fous qui raisonnent (‘uqalā’ al-majānīn), d’entre ceux qui sont tellement dominés [320] [par quelque état spirituel] qu’ils sont excusables et d’entre les très déficients, ils ne sont pas à blâmer pour cette [action et] ils sont des Baraqites16. J’ai exposé ailleurs ce pour quoi ils seront excusés et ce pour quoi ils ne le seront pas. Si [par contre] ils savent [ce qu’ils font] (‘ālim) et sont en possession de leurs moyens (qādir), ils sont des 10. Voir Coran, al-A‘rāf - VII, 175. Non mentionné explicitement dans le Coran, ce personnage correspond à Balaam (ou Bil‘am), fils de Béor dans la Bible, Nombres, 22, 20 - 24, 25 ; voir G. VAJDA, EI2, art. Bal‘am b. Bā‘ūr(ā). Selon Ibn Taymiyya, il faisait partie du peuple de Moïse. Ayant illégalement invoqué la colère de Dieu contre son peuple, il fut exaucé mais Dieu le déposséda ensuite de sa foi pour le punir ; voir IBN TAYMIYYA, Iqtiḍā’, trad. MEMON, Struggle, p. 273, 279. 11. barkh : baraḥ ? FS. Il s’agit de Baraq, fils d’Abinoam ; voir la Bible, Juges, 4, 6 - 5, 31. « Certaines gens voient leurs besoins exaucés sans être réprimandés, soit du fait de leur ijtihād, de leur taqlīd, ou d’un savoir déficient. Nous pouvons en effet pardonner à un ignorant ce que nous ne pouvons pas pardonner à une autre personne, ainsi qu’on le raconte de Baraq le pieux, qui pria pour la pluie parmi les Israélites » (IBN TAYMIYYA, Iqtiḍā’, trad. MEMON, Struggle, p. 278 ; je traduis de l’anglais). 12. Voir Coran, al-A‘rāf - VII, 55. 13. Autre traduction possible: « car provoquant (awratha) découvrement et influence ». 14. Ibn Taymiyya critique plus d’une fois la collaboration de soidisant soufis avec les ennemis de l’Islam, notamment les Mongols, et d’autres populations ; voir les textes taymiyyens traduits in Y. MICHOT, Musique, p. 131 ; Saints, p. 93-94. 15. Littéralement, « l’auteur » (ṣāḥibu-hu). Le texte est peut-être corrompu. 16. barkhiyya : baraḥiyya ? FS
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Balaamites. Quelqu’un en effet qui produit une [action] extraordinaire d’une manière interdite ou pour quelqu’un qu’il est interdit qu’elle vise est soit excusable, pardonnable comme Baraq1, soit délibérément menteur comme Balaam. Prodiges et rectitude En résumé, les [actions] extraordinaires [comptent] trois divisions : ce qui est louable au regard de la religion, ce qui est condamnable au regard de la religion, et ce qui est permis – ni louable, ni condamnable – au regard de la religion. Si, dans ce qui est permis, il y a quelque chose d’utile, c’est une grâce (ni‘ma) et, s’il n’y a là rien d’utile, c’est comme le reste des choses permises en lesquelles il n’y a rien d’utile, comme jouer et s’amuser. Abū ‘Alī al-Jūzjānī2 a dit : « Sois à la recherche de la rectitude3, non pas à la recherche d’un prodige4 ! Ton âme est naturellement disposée à5 rechercher un prodige alors que ton Seigneur attend de toi la rectitude. » Dans son Indices, le shaykh al-Suhrawardī6 a dit : « Ce qu’[al-Jūzjānī] a ainsi mentionné est un fondement important7, majeur, sur le sujet, et un secret dont beaucoup des adeptes du cheminement et des chercheurs8 négligent la réalité. C’est que les adeptes de l’effort de réflexion (mujtahid) et ceux qui se livrent à l’adoration ont entendu [ce qui est rapporté] des vertueux anciens (salaf)9, [leurs] prédécesseurs, et de ce qui leur fut accordé comme prodiges et [phénomènes] extraordinaires ; leurs âmes ne cessent donc jamais d’aspirer à en [recevoir] quelque chose et ils aimeraient que quelque chose leur en soit accordé. Peut-être même l’un d’eux reste-t-il le cœur brisé et, s’accusant lui-même, [s’interroge] sur la validité de son agir étant donné que rien de cela ne s’est découvert10 [à lui]. S’ils connaissaient le secret de [tout] cela, l’affaire leur paraîtrait de peu d’importance11 ! On le sait, Dieu12 [321] ouvre une porte de cet [univers] à certains des adeptes véridiques du combat spirituel13 (mujāhid). La sagesse (ḥikma) qu’il y a en cela, c’est que ces [gens], du fait de ce qu’ils voient comme [phénomènes] extraordinaires et traces du pouvoir [divin], augmentent en certitude14, forte étant alors 1. barkh : baraḥ ? FS 2. Abū l-Ḥasan b. ‘Alī al-Jūzjānī, Abū ‘Alī (IVe/Xe s.), shaykh soufi
du Khurāsān ; voir Abū ‘Abd al-Raḥmān Muḥammad b. al-Ḥusayn ALSULAMĪ (m. 412/1021), Ṭabaqāt al-Ṣūfiyya, éd. M. ‘A. al-Q. ‘AṬĀ, Beyrouth, Dār al-Kutub al-‘Ilmiyya, 1424/2003, p. 196-198, n°38. 3. ṭāliban li-l-istiqāma FS : ṭālib al-istiqāma A 4. ṭāliban li-l-karāma FS : ṭālib al-karāma A 5. munjabila ‘alā FS : mutaḥarrika fī A se remue à la recherche d’un 6. Shihāb al-Dīn ‘Umar al-Suhrawardī, Abū Ḥafṣ (m. 632/1234), célèbre mystique et théologien, notamment auteur d’un célèbre traité de soufisme : Les indices des connaissances; voir S. VAN DEN BERGH, EI2, art. al-Suhrawardī, ‘Umar ; A. Ḥ. AL-SUHRAWARDĪ, ‘Awārif alma‘ārif, Le Caire, Maktabat al-Qāhira, 1393/1973 (sigle A). 7. ‘aẓīm FS : — A fondement majeur 8. al-ṭullāb FS : al-ṭalab A et de la recherche 9. ‘an salaf FS : bi-siyar A entendu les vies de [leurs] vertueux prédécesseurs et ce qui 10. yukāshaf FS : yukshaf ? A 11. al-amr FS : fī-hi + A d’importance à ce [sujet] 12. Allāh FS : subḥāna-hu wa ta‘ālā qad + A Dieu – Glorifié et Exalté est-Il – peut ouvrir 13. al-mujāhidīn FS : al-mujtahidīn A adeptes de l’effort de réflexion 14. yaqīnan A : tafannunan FS
leur détermination à vivre ainsi15 en ascètes en ce monde et à se soustraire aux appels de la passion. Il se peut [par ailleurs] que la certitude véritable16 se découvre à certains de Ses serviteurs et que le voile soit enlevé de leur cœur. Or, quelqu’un à qui la certitude véritable17 se découvre, il lui est par là donné de pouvoir se passer18 de la vision de l’extraordinaire19. Ce qui est visé par les [phénomènes extraordinaires], c’est en effet l’advention de la certitude, or la certitude est advenue. Si quelque chose de cela se découvrait à celui à qui la certitude véritable20 a été accordée, il augmenterait21 [encore] en certitude. Or, à ce niveau, la sagesse n’exige [plus] le découvrement du pouvoir [divin] par des actions extraordinaires étant donné qu’on peut [alors] s’en passer22 ; alors même que la sagesse exige [encore] le découvrement [du pouvoir divin] pour un autre23, du fait du niveau de son besoin, ce deuxième [individu] étant [alors] plus complètement préparé et qualifié que le premier24. Le chemin du véridique, c’est que [son] âme recherche la rectitude, laquelle constitue l’entièreté du prodige. Ensuite, quand une chose extraordinaire se produit sur sa route, c’est comme si elle ne s’était pas produite25 ; il n’y fait pas26 attention et n’en est pas diminué pour autant. Il [se sent] seulement diminué quand il enfreint une obligation [résultant d’un] droit de la rectitude. Apprends27 ceci, car c’est un fondement majeur pour les adeptes de la recherche, les ulémas28 ascétiques, et les shaykhs soufis29. » Yahya M. MICHOT (Hartford, Jumāda I 1438 - Février 2017) 15. hādhā FS : — A vivre en ascètes 16. bi-ṣidq FS : bi-ṣirf A pure 17. bi-ṣidq FS : bi-ṣirf A pure 18. ughniya FS : istaghnā A découvre peut par là se passer 19. kharq FS : khawāriq A des [phénomènes] extraordinaires 20. ṣidq FS : ṣirf A pure 21. la-zdāda FS : mā izdāda A il n’augmenterait [plus] en certitude 22. li-istighnā’i-hi A : istighnā’ bi-hi FS 23. li-l-ākhar A : al-ākhar F li-ākhar S 24. wa kāna hādhā l-thānī yakūn atamm isti‘dādan wa ahliyyatan
min al-awwal FS : fa-ka’anna hādhā l-thānī yakūn atamm isti‘dādan wa ahliyyatan min al-awwal ḥaythu ruziqa ḥāṣil dhālika wa huwa ṣirf al-yaqīn bi-ghayr wāsiṭa min ru’ya qudra fa-inna fī-hi āfa wa huwa l‘ujb fa-ughniya ‘an ru’ya shay’ min dhālika A besoin. C’est donc comme si ce deuxième [individu] était plus complètement préparé et qualifié que le premier étant donné que le résultat de [tout] cela, à savoir la certitude pure, lui a été accordé sans l’intermédiaire de la vision du pouvoir [divin]. En cela, il y a [cependant] un fléau, à savoir l’orgueil. Il lui a en effet été donné de pouvoir se passer de la vision de quoi que ce soit de cela. Ce passage de FS est de toute évidence corrompu mais il n’est pas possible de déterminer ici à qui cette corruption est due : aux éditeurs modernes de FS ou au copiste du manuscrit du ‘Awārif utilisé par Ibn Taymiyya ? On s’en est donc tenu, dans la traduction, à la version FS. Le « deuxième » individu évoqué par al-Suhrawardī est celui dont il a été dit, plus haut dans le texte, « Il se peut [par ailleurs] que la certitude véritable se découvre à certains de Ses serviteurs et que le voile soit enlevé de leur cœur. » 25. khāriq kāna ka’an FS : min dhālika jāza wa ḥasuna wa in A quand quelque chose de cela se produit sur sa route, c’est permis et c’est excellent ; et si cela ne se produit pas, il n’y 26. fa-mā FS : fa-lā A 27. fa-ta‘allam FS : fa-l-yu‘lam A Que l’on sache 28. wa l-‘ulamā’ FS : fa-l-‘ulamā’ A recherche. Les ulémas… (début d’une nouvelle phrase). 29. A. Ḥ. AL-SUHRAWARDĪ, ‘Awārif, Ch. III, p. 35, l. 9 - 36, l. 5.
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