(Fr)!Majeur!Base Médecine Traditionnelle Chinoise Jacques André Lavier
April 6, 2017 | Author: Ellen Rose | Category: N/A
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Description
SOMMAlRE
AVANT-PROPOS
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L' homme entre Ciel et Sol. Qualité et quantité - action et inertie haut et bas - organisation de l'homme les sexes - temps et espace - sédentaires et nomades - les écritures . . . . . . . . . . .
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La loi des eyeles. La manifestation cyclique - le nycthémere -les axes du cycle -les saisons les huit jalons -l'espace qualifié . . . . . .
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Les opérateurs et le référentiel. Production et inhibition - impulsion et entretien du cycle -le centre du temps l'ellipse - le schéma des Chinois - le systeme grec ..................... .
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CHAPITRE PREMIER :
CHAPITRE 11 :
CHAPITRE In :
Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés pour tous pays. © Editions Grasset ti: Fasq uel/e, 1973.
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MÉDECINE CHINOISE, MÉDECINE TOTALE
L'histoire de l'homme. La théorie de l'évolution - l'ancetre de la Tradition - l'homme moderne - synthese des sous-traditions ............. .
CHAPITRE IV :
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SOMMAlRE
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ratives ticaux et gique toire des
l'hote et l'invité - apports verlatéraux a la structure physiololes agents modulateurs - bismédecines ............... . 105
Le diagnostic précoce. Analyse et synthese - le dépistage des perturbations qualitatives -les pouls chinois - qualités des pouls - conditions de l'examen ..................... .
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Le médecin lace au malade. La question d'intention symptomes quantitatifs - expression des symptomes qualitatifs - maladies primitives et secondaires .......................... .
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L'ouverture du consciente Thérapeutiques fondamentales et thérapeutiques d'intervention - la récupération des fonctions supérieures - l'erreur des mystiques - solution du juste milieu - mobilisation des mémoires - erreurs occidentales a propos du subconscient ..
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L' alimentation de la structure. Les agents latéraUx - les couleurs - les odeurs et la musique - les saveurs et la nutrition - les lois de l'alimentation en ' . t herapeutlque ..................... .
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CHAPITRE IX :
La structure ternaire et le plan supérieur. Les trois plans de la physiologie - les fonctions intellectuelles - idéogenes propulsés et inertes - intuition et raison l'illumination - conscient, mémoires, automatismes et subconscient ......... .
CHAPITRE V :
Les plans intermédiaire et inférieur. L'étage émotionnel - forces émotionnelles indifférenciées et différenciées sentiments émetteurs et récepteurs - le contact humain - les fonctions somatiques : internes, tissulaires et externes ..
CHAPITRE X :
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CHAPITRE VI :
La colonne centrale. Les plans orientés - circulation vertical e - neutralité du plan émotionnel - technique de sérénité - la naissance et la mort ........................... .
CHAPITRE XI :
75
CHAPITRE VII :
La maladie; Incidents de structure et de\ythme, fonetionnels ou lésionnels - maladies dégéné-
CHAPITRE VIII:
..........
CHAPITRE XII :
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MÉDECINE CHINOISE, MÉDECINE TOTALE
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Les thérapeutiques d'intervention. La pharmacopée chinoise - les points d'acupuncture - résonateurs et concentrateurs - l'aiguille des acupuncteurs traitements par transmutation - interventions de renfort et de drainage - le choix des points apiquer -les cautérisations points interdits .................... 179
CHAPITRE XIII :
Les potentialités morbides. La santé -les virtualités pathologiques et leur développement - les activités de l'hornme, métier et exercices physiques apparition des maladies par résonance . .
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ApPENDICE ..•••••••••••••••••••••••
213
T ABLE
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CHAPITRE XIV :
.....
DES FIGURES .•.••••••.••••••••
AVANT-PROPOS
Lorsqu'on définit la Tradition selon son sens le plus exact, son acception la plus propre, cornme étant la Science de nos ancetres, la réaction habituelle est une sceptique ironie chez les plus polis, un tollé hilare chez les autres, tous étant dfunent conditionnés par l'enseignement des écoles et des universités, qui prétendent que les ébauches d'etres humains qu'étaient ces ancetres ne sauraient avoir eu les vastes connaissances de l'homme de nos jours. Qu'on se détrompe, et le propos du présent ouvrage, bien que limité a la physiologie et a la médecine, est justement de montrer que non seulement ces « ébauches » sont plus que problématiques, mais que les connaissances traditionnelles, du fait meme qu'elles se placent sur un mode qualitatif alors que la science actuelle est limitée a la stricte quantité, lui sont incontestablement supérieures. Personne qe contestera que les cathédrales du XII- siecle, pour ne prendre que ce simple exempIe, nécessiterent des maitres d'reuvre peu communs, et des tailleurs de pierre hautement qualifiés qu'il serait, en vérité, fort difficile de trouver
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MÉDEC/NE CH/NO/S!:.', MÉ:DEC/NE TOTALE
a I'heure actuelle. Plus lointaines sont les pyramides d'Egypte ou de l'Amérique prétendue latine, au fond des temps les étonnants trilithes de Stonehenge, et il est vraiment par trop facile, sinon illogique, de ne voir dans ces constructions que le simple résultat du labeur de fourmis d'une innombrable armée d'esclaves sans aucune fonnation particuliere, travaillant sous les ordres de quelques illuminés tyranniques. A tout le contraire, il y a dans ces impérissables monuments un enthousiasme et une authentique science qui n'ont plus aucun équivalent a notre époque modeme. C'est done l'ensemble des connaissances anciennes, dont les ouvrages d'art précités portent toujours témoignage, que nous transmet la Tradition, bien que celIe-ci, au cours des ages, se soit scindée en plusieurs sous-traditions, comme nous aurons l'occasion de le voir au cours de cette étude, ce qui, par ailleurs, n'enleve rien a sa définition. L'Occident se réfere volontiers, pour des raisons de proximité historique, a la tradition judéo-chrétienne, 1aquelle, par la voie hébraique, dérive de celle d'Egypte. Pour notre part, nous estimons que celle des Protochinois (c'est-a-dire des habitants du centre de la Chine avant les invasions turco-mongoles, done a une époque non historique a laquelle la Grande Muraille n'était pas eneore construite, méme dans sa partie ouest la plus antique) est historiquement la plus reculée, et par conséquent la plus proche de la Grande Tradition primordiale des hommes. C'est la raison pour laquelIe nous nous y référerons principalement, sans pour autant rejeter
A YANT-PROPOS
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les sous-traditions postérieures, telle celIe de Moise, que nous aurons l'occasion d'évoquer de temps a autre au long de cet ouvrage. En raison de son caractere fondamentalement universel. et afin d'étre comprise de chacun hors des expressions vernaculaires, la Tradition utilise le langage des symboles, qu'il faut bien entendu décrypter pour les rendre utilisables. Outre ce premier point, il en est un autre qui doit étre souligné, qui est que l'homme actuel n'a plus du tout les mémes processus de pensée que celui de jadis, et que ce qu'on est convenu d'appeler ses motivations sont totalement différentes, et ce n'est pas la la moindre erreur des historiens, pour qui I'homme est supposé avoir toujours pensé de la méme maniere. Sur le plan de la délibération intelIectuelle, les voies m(}o dernes telles que causalité, finalité ou dialectique, ne furent jamais celIes de la démarche traditionnelle, laquelle n'accepte qu'un seul et unique outil, toujours le meme, le raisonnement analogique, sans lequel l' expression symbolique ne saurait exister d'aucune maniere. Connaissance immuable paree que totale, acquise par d'autres moyens que les dérisoires découvertes du monde modeme, qui ne fonde sa science fragmentaire et toujours revisée que sur des observations fortuites ou des incidents expérimentaux, la Tradition ne tolere aucune discussion en ce qui concerne son contenu, et par la échappe a toute espece de critique: ou bie!l on l'accepte, ou bien on la rejette, et cela dans' sa totalité, car chacun de ses éléments est étroitement dépendant de l'ensemb1e
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MÉDECINE CHINOISE, MÉDECINE TOTALE
des autres, et ne peut en etre abstrait sous aucun prétexte, car il perdrait alors tout sens. Encore estil nécessaire, avant de décider de sa position vis-a-vis de la Tradition, de connaitre son contenu, ce que nous n'avons nullement la prétention de vouloir exposer entierement ici, bien loin de la. Nous nous bomerons simplement, dans le présent livre, a donner une sorte de vue d'ensemble de ce qu'est le point de vue traditionnel en matiere de médecine, sans chercher pour autant a vulgariser ce qui ne saurait l'etre, car qui dit vulgarisation dit simplification, et par suite altération. C'est la raison pour laquelle nous respecterons soigneusement le mode de pensée propre a la Tradition, et n'utiliserons que lui, sans chercher aucunement a faire appel a des démonstrations dans le style modeme, quí se révéleraient parfaitement inadéquates a notre sujet.
CHAPITRE PREMIER
L'HOMME ENTRE CIEL ET SOL
S'il n'avait pas les pieds sur le Sol et la tete vers le Ciel, l'homme ne pourrait recevoir aucune définition valable, et ce n'est pas le rlre, comme d'aucuns l'ont prétendu, qui lui est spécifique, car chacun sait bien que de nombreux animaux savent rire, mais bien la verticalité. Dans une premiere définition, l'Homme entre Ciel et Sol de la Tradition est done avant tout doté d'une structure verticale. Cet homme vertical (len), observant alors son milieu naturel, va en tirer d'essentielles conclusions quant a sa situation : regardant le Sol (Ti), se baissant pour le palper, il constate que celui-ci est solide, concret, matériel, mesurable, done fini, c'est-adire doté de limites. Il en fera le symbole de la substance (Hsing : substat, ce qui est au-dessous), et par extension de la quantité. Puis, regardant au-dessus de lui, dans la direction opposée a celle du Sol, i1 trouve le Ciel (T'ien), dont les caractéristiques, dans le cadre de la précédente observation, luí paraissent parfaitement inverses. En effet, essayant de le saisir dans ses mains, i1 s'aper~oit qu'il n'appréhende rien, que ce milieu
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MÉDECINE CHINOISE, MÉDECINE TOTALE
n'est pas solide et matériel, mais au contraire impalpable et subtil, qu'il ne peut pas lui appliquer la mesure en raison de l'absence de points de repere fixes, et que, par conséqueQt, on ne peut lui attribuer de limites: le Ciel sera le symbole de l'essence (Tching) par opposition a la substance, de la qualité par rapport a la quantité.
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Mais ce n'est Hi qu'une premiere prise de contact et, a ces notions de consistance, vont venir se superposer des correspondances d'ordre dynamique, car si le Sol, du fait qu'il sert de point d'appui al'observateur, est par la meme, pour lui, immobile et stable, le Ciel, tout au contraire, apparait perpétuellement mobile, les nuages y voyagent, des luminaires s'y déplacent en une incessante ronde: au regard du Ciel mouvant, le Sol est inerte. En outre, chaleur et lumiere venant du Ciel, celui-ci parait se comporter comme une sorte d'émetteur actif, et le Sol, par contraste, comme un récepteur en raison de sa passivité. Chacun de ces deux termes devient donc absolument nécessaire a l'autre, et ne peut se justifier que par l'existence de l'autre, car de quelle utilité serait un émetteur sans récepteur, et inversement? A l'opposition des deux milieux s'ajoute done la complémentarité, laquelle s'assortit par surcroit d'une hiérarchie, celui qui donne étant en haut, celui qui re~oit étant en bas : dans une certaine mesure, on peut des lors concevoir le Ciel comme noble et, par opposition, le Sol comme vulgaire.
L'HOMME ENTRE e/EL ET SOL
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Existant entre ces deux milieux et partICIpant l'homme possede, dans ses différentes fonctions, certaines d'entre elles en accord avec le Ciel, d'autres liées au Sol, sur le plan symbolique s'entend. En d'autres termes, et pour prendre des exempIes précis d'ordre physiologique, la pensée ou la douleur, qui ne peuvent d'aucune maniere etre quantifiées par la mesure, sont dépendantes de ressence et se rapportent au Ciel, alors que les organes délimités qui ont la charge de la nutrition et de l'excrétion, bien quantifiables, se rapportent évidemment au Sol. On constate que se superpose, dans ces exemples, la notion de hiérarchie mentionnée plus haut, car il est incontestab~e que la pensée est l'expression d'une fonction certainement plus noble que celles, pourtant aussi nécessaires, qui assurent le traitement des aliments et le rejet des résidus du métabolisme. C'est par la que peut, dans un sens, s'expliquer la verticalité de l'homme, laquelle n'est pas seulement effective, mais aussi et surtout symbolique, grace a cette qualijication des différents plans de la physiologie, et c'est alors qu'apparait une explication de la constitution de l'organisme que la science moderne n'a jamais tentée, a notre connaissance. Et pourtant, c'est la la question primordial e que devrait se poser celui qui, telle médecin, cherche par tous les moyens possibles (sauf justement celui-la) a comprendre et a expliquer les phénomenes de la physiologie, dont les incidents constituent la pathologie. (r~UX,
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Sol, de ~ don se j que invc s'aj, tit ' éta1 une Cie vul,
MÉDEC/NE CHINO/SE, MÉDEC/NE TOTALEI L'HOMME ENTRE C/EL ET SOL
Ce qui est noble est précieux, et c'est la raison pour laqueIle ce qui est en haut chez I'homme, le cerveau, est solidement protégé par ce véritable coffrefort qu'est la boite cranienne. Inversement, les organes inférieurs sont relativement assez vulgaires pour qu'une telle protection ne leur soit pas accordée : la paroi musculaire de l'abdomen suffit largement a assurer celle-ci. Entre la région « céleste » cranienne et la région « terrestre » abdominale, une zone intermédiaire, en quelque sorte a mi-distance entre Ciel et Sol, le thorax, contient le poumon et le creur. Ces organes sont moins nobles que l'encéphale, nous n'en voulons pour preuve que l'absence de fonction de reproduction chez la cellule nerveuse (la reproduction est une fonction vulgaire et d'ordre inférieur), mais en meme temps moins vulgaires que les organes abdominaux qui traitent des éléments matériels, car sang et air, bien que « matériaux » (Sol), sont des matériaux nobles (Ciel) et c'est pourquoi une protection relative est attribuée au thorax sous la forme de la cage thoracique : les cotes protegent, mais sont séparées par des intervalles ou toute protection disparait. C'est une solution moyenne entre le coffre cranien et l'enveloppe abdominale. Outre ces incidences sur son organisation anatomo-physiologique, l'insertion de l'homme entre le Ciel et le Sol détermine chez lui un comportement spécifique lié aux caractéristiques fonctionnelles d'émission et de réception de ces milieux. Ce comportement est la conséquence de la division de I'hu-
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manité en deux catégories sexuées, selon que les individus sont plus étroitement en contact avec l'un qu'avec I'autre des deux milieux, sans, pour autant, perdre la relation avec ce dernier. L'individu masculin est émetteur et extériorisé, tant par ses organes génitaux proéminents et sa fonction de fécondateur, que par sa tendance profonde a travailler hors de chez luí, et en utilisant sa force musculaire ; en parfait contraste, l'individu féminin est intériorisé, d'une part en raison de ses organes génitaux internes et récepteurs, d'autre part par sa vocation él rester a l'intérieur de sa maison sans dépenser d'énergie musculaire. Lié, nous I'avons précisé, en meme temps au Ciel et au Sol, tout etre humain a done une affinité particuliere et spécifique pour l'un ou l'autre de ces deux termes, d'ou la différenciation des sexes ; mais qu'on ne voie surtout pas 13. une raison pour justifier une hypothétique lutte concurrentielle des sexes car, de meme que Ciel et Sol, bien qu'opposés, ne sauraient exister l'un sans I'autre, existent au contraire l'un par I'autre, l'opposition des deux milieux détermine immédiatement la complémentarité, comme nous l'avons expliqué plus haut. Des lors, et plutot que de rechercher une illusoire égalité des sexes, ce qui est une pure et simple impossibilité, il vaut mieux insister, au contraire, sur les différences fondamentales qui les distinguent et développer celles-ci, puisque ce sont justement la les bases, les seules possibles, d'une nécessaire complémentarité. Ainsi, le couple ne doit en aucune fa~on etre con~u sous raspect d'une coexistence
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MÉDEC/NE CHINOISE, MtDECINE TOTALE
plus ou moins tolérable et tolérée de deux ennemis héréditaires, mais bien plutot comme une authentique association, une équipe pourrait-on dire, au sein de laquelle chacun apporte ce qui fait justement défaut a l'autre, dans la mesure ou sa « poIarisation » sexuelle est suffisamment développée dans le contexte précédemment défini. Mais ce n'est la qu'une partie des multiples aspects de la relation de l'homme avec le Ciel et le Sol du point de vue symbolique : mode qualitatif ou quantitatif des fonctions dont l'ensemble forme la physiologie, différenciation des individus en effecteur masculin et récepteur féminin, ne se rapportent en fait qu'a un homme tout théorique, lequel, par ailleurs, existe dans le temps et l'espace. Dans ce cadre, et en raison de son caractere d'universalité, la symbolique du Ciel et du Sol va encore intervenir, a condition, toutefois, que soient bien définis espace et temps, qui sont en réalité tout autre chose que ce que les physiciens confondent sous le terme général de « parametres », et melent en formules mathématiques comme s'il s'agissait de termes de meme nature, ce qui revient a prétendre trouver l'age du capitaine en combinant mathématiquement la hauteur du mat du bateau et le nombre des membres de l'équipage ! Pour bien comprendre ce que nous avan~ons, procédons a une expérience élémentaire : assis devant une table, prenons une regle et décidons que celle-ci sera un étalon de mesure. Il suffit alors de présenter cette regle sur le bord de ladite table pour
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savoir que sa longueur est égale a un certain nombre (entier ou fractionnaire, peu importe) de longueurs de regle. Nous appliquons ainsi le principe classique de la mesure des longueurs par comparaison de l'objet a mesurer a un étalon. De meme seront évalués des poids, des volumes, etc. Ayant compris ce principe évident que toute mesure implique la coexistence des deux valeurs a confronter, peut-on maintenant le reporter au temps? Est-il possible, par exemple, de superposer une heure a une autre, une année a une autre, pour montrer leur égalité ? On comprend immédiatement l'aberration d'une telle démarche, puisque les fractions de temps se succedent, sans jamais coexister d'aucune maniere. Ainsi l'espace, siege des coexistences, esf de l'ordre du Sol puisque la notion de quantité (mesure) peut s'y appliquer, alors que le temps, domaine de la stricte succession, hors de toute tentative de mesure, répond au Ciel et a la qualité. Les soi-disant mesures des temps des physiciens ne sont en fait que des conventions, d'ailleurs non dénuées d'un certain danger, des lors que l'on veut chercher a quantifier ce qui ne peut l'etre d'aucune maniere, car le temps n'est pas une « dimension ». La Tradition ne s'y est pas trompée, qui représente le temps par un cercle et l'espace par un carré (ou par les symboles du compas et de l'équerre, qui permettent respectivement de tracer le cercle et les angles droits, partant, le carré), et le fameux probleme de la quadrature du cercle se révele sans solution aucune, pour la simple raison qu'il est aussi impensable de transformer un cercle
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MÉDECINE CHINOISE, MÉDECINE TOTALE
en carré d'égale surface que le temps en espace. Dans ses rapports permanents avec le Ciel et le Sol, l'homme vit donc en meme temps dans deux mondes (et non deux parametres) aussi différents que complémentaires, le temps et l'espace : de par sa nature spatiale, il est une structure, que nous savons verticale, et dans laquelle coexistent un certain nombre d'organes ; alors que l'homme temporel passe par une série d'étapes successives au cours des jours, des années, de la vie. Sachant que le Sol dépend du Ciel, il est aisé de comprendre que la structure physiologique se modifie en fonction du temps, alors que les jalons temporels parcourus par l'homme ne dépendent aucunement de sa physiologie. Un autre aspect de la dépendance de l'homme vis-A-vis du Ciel et du Sol est son mode de vie selon deux voies distinctes et opposées : le mode sédentaire et le11lQde nomade. Le sédent~re tend a se fixer en un point précis de territoire et, cela fait, n'en bouge plus. 11 y construit sa maison en matériaux durs, délimite le champ qu'il cultivera, maison et champ étant conformes a un plan carré, ou du moins un plan établi sur la base de l'angle droit. Devenu cultivateur, cet homme stabilisé est évidemment plus pres du Sol que du Ciel, et, pour cela meme, s'intéressera a des arts dont les composantes coexistent : architecture, peinture, sculpture, etc. Ses activités agricoles donnent a son alimentation une dominante végétale, et c'est lui qui, en particulier, pro-
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cede a la cuisson des céréales (pain). Le Ciel lui apparait mystérieux, du fait qu'il en est éloigné, et le soleil, agent qualitatif de croissance et de maturation des végétaux, sera pour lui l'embleme d'un Dieu unique : le sédentaire est monothéiste par ___ ~-... nature. Mais il est curieux de remarquer que, par une sorte de réaction, ce sédentaire immobilisé dans l' espace a pour unique repere le soleil, astre essentiellement mobile, sur lequel il fonde non seulement sa religion, mais aussi son calendrier. Le nomade, on s'en doute, a un comportement parfaitement inverse : extremement mobile dans l'espace, se dépla9ant sans cesse, son abri sera une tente circulaire perpétuellement démontée et remontée. Vivant ainsi loin du Sol, et donc plus pres du Ciel, ses arts se composeront d'éléments qui se succedent dans le temps : danse, poésie, etc. Vu son activité de pasteur, son alimentation est surtout carnée et, du fait qu'il doit veiller sur ses troupeaux pendant la nuit, il observe le ciel nocturne et dé- , couvre la lune, les constellations et le zodiaque : f son calendrier ne sera pas solaire comme celui du i sédentaire, mais lunaire. Pour les memes raisons, \ il tendra au polythéisme, di stinguant autant de dieux qu'il voit d'étoiles dans le Cielo Son principal index, pour lui qui se déplace, sera le point fixe de l'étoile PoIaire, le nord, contrairement au sédentaire qui repere le s.oleil a midi, au sud, pour régler son gnomon. L'homme pense, et cherche toujours a consigner ses pensées aux fins de les conser ver et de les
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MtDECINE CHINOISE, MtDECINE TOTÁLE
transmettre, d'ou l'invention des écritures. Or, il Y a deux manieres d' écrire, chacune appartenant, c'est l'évidence meme, a la fa~on sédentaire ou nomade. Le sédentaire va inelure tous les éléments en meme temps dans son graphisme (coexistence), et créer ainsi le pictogramme, l'idéogramme, le hiéroglyphe; alors que le nomade écrira par succession, inventant les alphabets. Si, aux origines, les hommes étaient effectivement répartis selon ces modes de vie, ceux-ci se trouvent étroitement intriqués al'heure actuelle, au point qu'on peut voir dans tout etre humain un sédentaire en meme temps qu'un nomade. Qui ne voyage pas, bien qu'ayant un domicile fixe ? Qui, sincerement monothéiste, n'invoque néanmoins tel ou tel saint? Qui peut écrire un livre didactique sans y inclure quelque schéma? Meme tout au fond de l'histoire des hommes, le sédentaire est bien obligé de se déplacer, ne serait-ce que pour aller aux champs, et, de son cóté, le nomade doit tÓt ou tard faire étape et planter sa tente. C'est assez confirmer ce que nous avancions plus haut, a savoir que l'homme, situé entre\Ciel et Sol, participe étroitement de ces deux mondes et, bien qu'en proportions variables, obligatoirement des deux : per/ sonne n'est autorisé a se réclamer d'un seul, car ce serait perdre alors la qualité d'homme.
CHAPITRE 11
LA LOI DES CYCLES
Le Ciel et le Sol ont nécessairement des relations, puisque chacun de ces deux termes dépend de l'autre tout en le justifiant, et c'est l'ensemble des modalités de ces relations qui est exprimé par la loi des cycles (Tchou). Pour la Tradition, tout phénomene apparaissant entre Ciel et Sol est appelé « manifestation » (T'ien Hsia) et, comme pour l'homme, se produit en meme temps sur le plan de la qualité et celui de la quantité, dont les « pro portions » varient selon le moment du cycle, car toute manifestation est évoluante, allant symboliquement, tantÓt du Sol vers le Ciel, tantÓt du Ciel vers le Sol, et se trouve par conséquent soumise a un cyele. Une simple table, par exemple, est une manifestation, puisqu'elle « existe »", Il fut un temps ou elle n'existait pas, puis elle fut construite, et elle n'existera plus un jour, C'est assez montrer que le phénomene cyclique s'applique, sans exception aucune, a tout ce 'qui tombe sous nos moyens de perception. Pour étudier les différents temps d'un cycle,
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MÉDECINE CHINOISE. MÉDECINE TOTALE
nous prendrons l'exemple du rythme des jours et des nuits. Au cours d'un nycthémere (période de vingt-quatre heures), deux états bien distincts se succedent : le jour et la nuit (figure 1). Pour un observateur (o) faisant face au sud, la trajectoire apparente du soleil s'effectue dans le sens des aiguilles d'une montre, en haut d'est en ouest (de
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midi sud
aube
crépuscule
est
ouest
minuit
I
FIGURE 1 : Le nyclhemerc gauche a droite) pendant le jour, et en bas d'ouest en est (de droite agauche) pendant la nuit. Ainsi peut-on distinguer, de prime abord, un état positif en haut, entre l'aube et le crépuscule (Ciel), et un état négatif en bas. entre crépuscule et aube (Sol),
I.A LOI DES CYCLES
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seion que le soleil, dispensateur de chaleur et de lumiere, est présent ou non dans le ciel du lieu d'observation. Chacun de ces deux états est centré sur un axe vertical dont le point haut est midi, moment ou le soleil arrive a sa culmination, et le point bas celui de minuit, diamétralement opposé a midi. Nous appellerons cet axe vertical axe des ~ états. Mais le rythme qu'exprime le cycle fait que les) deux états opposés alternent, passant incessam- . ment de l'un a l' autre. Croisant l' axe vertical, un axe horizontal les sépare, dont les extrémités correspondent a des points qui, dans notre exemple, sont l'aube agauche et le crépuscule a droite. Ce sont, dans un cas comme dans l'autre, des points de passage entre les deux états de jour et de nuit, ou apparait une sorte d'indétermination. En effet, a l'aube, on ne peut décider s'il fait déja jour ou eneore nuit, et de meme au crépuscule, ou on ne peut savoir s'il fait encore jour ou déja nuit. Ces deux points définissent ce que nous appellerons l'axe des variations, soleil croissant (mouvement positif) agauche (Khepri, le soleil du matin des Egyptiens), de zéro a douze heures, ~oleil décroissant (mouvement négatif) a droite (Atoum, le soleil égyptien du soir), de douze a zéro heures. Ces deux axes une fois tracés, le probleme se pose de savoir quel .est l'instant exact qui marque le début du nycthémere. En effet, certains peuples, r,~ se fondant sur des données astronomiques (noma-M (!r-/b des), font commencer ce cycle a minuit, au momen~U ou le soleil amorcc sa remontée apparente, alors
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MÉDECINE CHINO/SE, MÉDEC/NE TOTALE
que d'autres (les sédentaires qui donnent la nuit) fixent son début a l'aube. La Tradition, que nous entendons toujours ici comme étant celle des Protochinois, fondée sur la notion du juste milieu comme nous aurons l'occasion de le constater souvent par la suite, apporte un point de vue différent
tA LOI DES CYCLES
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réunit la varíation (crépuscule) et l'état (rninuit) négatifs. Dans ces conditions, le point Matin, que / la Tradition nornrne « point du chant du coq », marque le début réel du nycthémere, qui est le moment ou le soleil quitte la zone in active pou~ . passer en zone active. Ce point correspond a trois \ )1 hcures du matin, a mi-chemin entre minuit et six . hcures (aube un jour d'équinoxe). Diamétralement opposé au point Matin, le point Soir donne l'heure du milieu exact du cycle nycthéméral, quinze heures, moment ou le soleil quitte la zone active pour entrer en zone inactive. Perpendiculaire a cette oblique, une autre ligne marque un point Joumée entre l'aube et midi, et un point Nuit entre le crépuscule et minuit. Ainsi le nycthémere se trouve finalement divisé en quatre quartiers : le matin, la journée, le soir et la nuit, dont les centres respectifs sont l'aube (six heures), midi, le crépuscule (dix-huit heures) et minuit. En pra-l tique, et a partir de maintenant, nous désignerons . ces quatre temps du cycle par secteur gauche (ma- tin), secteur supérieur (journée), secteur droit (soir) et secteur inférieur (nuit). I
ZONE ACTIVE midi
¡:S~
aube
crépuscule
minuit
ZONE INACTIVE
FIGURE 2 : La ligne oblique et interrnédiaire, en coupant le schéma par une ligne oblique (figure 2). Séparées par cette ligne apparaissent alors deux zones : la zone active El gauche et en haut, qui contient la variation positive centrée sur l'aube et l'état positif centré sur midi, et la zone inactive a droite et en bas, qui
Tout cycle obéissant au meme príncipe général, évidence sur laquelle il n'est pas utile d'insister, transformons notre horloge (figure 2) en calendrier, afin d' étudier le cycle annuel et la succession des saisons (figure 3). On voit qu'alors l'axe vertical des états devient l'axe des solstices : en haut le solstice d'été, jour ou le soleil atteint son plus haut point a midi. Sol stat, le soleil s'arrete, disaient
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MÉ:DECINE CHINOISE, MÉDECINE TOTALE
les Latins, montre bien qu'a ce moment précis, il a terminé son apparente croissance au-dessus de l'horizon a midi, mais n' a pas encore commencé de décroitre. Au plus haut de sa trajectoire an~ nuelle, comme a midi dans le nycthémere, que le marin repere au sextant en prenant la « méridienne », il marque un point fixe, fugace certes, mais qui n'en est pas moins réel : quand on lance une pierre en l'air, elle marque nécessairement un point d'arret a la fin de sa lancée, avant de redescendre. 11 en est évidemment de meme, mais selon un processus inverse, le jour du solstice d'hiver, ou le soleil fait une stase en fin de décroissance avant de croítre a nouveau. Arret, stase, état, ces . termes sont assez explicites pour qu'on n'insiste davantage sur l'aspect maximal ou minimal qui caractérise les points que relie l'axe vertical: le solstice d'été est le jour le plus long de l'année, le solstice d'hiver le jour le plus court (ou la nuit la plus longue). Tout différent est l'axe horizontal de notre calendrier, qui est celui des équinoxes : équinoxe de printemps et équinoxe d'automne sont des dates qui marquent l'égalité de durée du jour et de la nuit (douze heures de jour et douze heures de nuit). Le jour de l'équinoxe d~ printemps sépare les périodes des jours courts (ou nuits longues) et des ,jours longs (on nuits courtes), et inversement a ! l'équinoxe d'automne. On ne peut manquer de comparer ce phénomene d'égalité du jour et de la nuit a celui de l'aube et du crépuscule, ou nuit et jour sont melés jusqu'a l'indécision.
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LA LOl DES CYCLES
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FIGURE 3 : Le calendrier L'analogie des jalons de l'horloge et du calendrier entraine celle de leurs secteurs et, dans ce sens, on peut dire que le printemps est le matin de l'année, l'été sa journée, l'automne sa soirée et l'hiver sa nuit. Ou encore : le matin est le printemps du nycthémere, la joumée son été, la soirée son automne et la nuit son hiver. Poussant la comparaison a son terme, on peut alors se demander ou commence traditionnellement l'année, par confrontation au schéma nycthéméral. L'analogie continuant a s'appliquer, on comprend pourquoi la Tradition place le jour de l'an vers le 4 février, a michemin, si 1'0n peut dire, entre la date du solstice
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MÉDEC1NE CHINO/SE, MÉDECINE TOTALE
d'hiver (21 décembre) et celle de l'équinoxe de printemps (21 mars). C'est la le début réel de l'année solaire des sédentaires, mais ceux-ci ayant été envahis par les nomades (et le phénomene est parfaitement clair en Chine), ces derniers leur ont imposé leur calendrier lunaire et, fin alement , une solution moyenne fut adopté e, comme toujours, qui fixe le Nouvel An au lendemain de la nouvelle lune la plus proche du 4 février. Le milieu de l'année, d'apres ce qui précede, tombe a mi-chemin entre le solstice d'été et l'équinoxe d'automne, c'est-a-dire au début du mois d'aout, époque a laquelle de grandes fetes étaient célébrées chez les peuples sédentaires, pour marquer le terme de la maturation des végétaux et le début de la période des récoItes (passage de la zone active a la zone inactive). Chez les CeItes, héritiers des Atlantes, cette fete, appelée Lugnusad, était la plus importante de l'année, car elle durait un mois, alors que les autres jalons du cycle annuel (Imbolc début février, jour de l'an ; Beltein début mai, entrée dans l'été ; Samain début novembre, entrée dans le repos de l'hiver), ne donnaient lieu qu'a trois jours de festivités. En Chine ancienne, la célébration du milieu de l'an s~appelait « fete des petits chiens », car on attribuai~ a chacun des quatre secteurs du cycle un animal symbolique et, opposé au coq du secteur gauche, le chien présidait au secteur droit, et ce jour-la, il était tout jeune, vieux de quelques instants seulement. Or, petit chien se dit en latin « caniculus », et notre expression de « canicule », appliquée précisément a cette période
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de l'année, ne doit rien, en fait, a une quelconque notion de chaleur, n'étant, et c'est on ne peut plus clair, qu'un héritage de la Tradition parvenue jusqu' a nous par des voies assez complexes pour que nous ne les évoquions pas ici, ce qui serait hors de notre proposo Quoi qu'il en soit, on constate que le calendrier occidental moderne, qui fait commencer chaque saison au jour meme du signal astronomi- / que solsticial ou équinoxial, est parfaitement arti- I ficiel aux yeux de la Tradition, et que les rythmes biologiques, dont nous verrons quelques exemples '\ par la suite, obéissent au seul calendrier traditionnel. C'est la raison pour laquelle nous avons insisté sur ce sujet qui, malgré les apparences, intéresse la physiologie d'étroite maniere, et, par suite, la pathologieo
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Le simple exemple de la confrontation des rythmes nycthéméral et saisonnier suffit a faire comprendre la loi d' analogie, principal instrument de la connaissance traditionnelleo Etant donné que tout phénomene, quel qu'il soit, est soumis a un cycle de période déterminée, et que par ailleurs tous les cycles comportent les memes jalons et les memes secteurs, il est des lors possible de comparer et d'identifier des manifestations partielles tres différentes en apparenceo Qu'il s'agisse, chez l'homme, des battements du creur, de la respiration, des aIternances d'états de veille et de sommeil, du rythme de fonctionnement de tel ou tel organe digestif, du métabolisme cellulaire (assimilation-désassimilation), etc., la loi d'analogie s'applique rigoureuse-
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MÉDEC/NE CHINO/SE, MÉDECINE TOTA.LE
ment des qu'O'n pO'ssede le schéma universel que cO'nstituent les jalO'ns et les secteurs d'un cycle. Les jalO'ns cycliques sO'nt, nO'us l'avO'ns vu au nO'mbre de huit, étant les extrémités des axes c~di naux (vertical et hO'rizO'ntal) et sO'us-cardinaux (O'bliques). Or, nO'us l'avO'ns dit plus haut, tO'ute manifestatiO'n s'inscrit entre le Ciel et le SO'l, entre qualité et quantité, dans l'espace-temps, disO'ns entre le cercle et le carré et, de ce fait, participe a la fO'is de ces deux figures géométriques. PO'ur la TraditiO'n, l'octogone est intermédiaire entre cercle et carré, car ce peut etre aussi bien un carré dO'nt les angles se multiplient pO'ur devenir un cercle, qu'un cercle sur le périmetre duquel des angles apparaissent, et qui tend ainsi au carré. Mathématiquement, le nO'mbre 12 représente la divisiO'n naturelle du cercle (les dO'uze mO'is, les dO'uze heures, sachant que l'heure chinO'ise vaut deux heures O'ccidentales), alO'rs que le nO'mbre 4 s'applique au carré (cotés, angles, axes), et le nO'mbre 8, nO'mbre des cotés de l'O'ctO'gO'ne, est bien, a ce pO'int de vue, intermédiaire entre 12 et 4 (12 - 4 = 8; 4 + 4 = 8). On trO'uvera la une justificatiO'n de bien des symbO'les, depuis les huit trigrammes de Fo Hsi jusqu'aux tO'urs O'ctO'gO'nal~s des Templiers, en passant par les huit aretes de la pyramide, les huit tentacules du pO'ulpe des CrétO'is, et les huit directiO'ns de la rO'se des vents. NO'us avO'ns évO'qué précédemment le prO'bleme insO'luble de la quadrature du cercle, en précisant qu'il était impO'ssible, a tO'us égards, de transfO'rmer un carré en cercle O'u inversement. Mais, par
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cO'ntre, il est permis de cO'nsidérer que l'octO'gO'ne, . ",. lO'rsqu'il est placé hO'rizO'ntalement, peut a vO'1O'nté '1 devenir un cercle par sa face tO'umée vers le Ciel, i O'U bien un carré par sa face qui regarde le SO'l. 1 C'est de ce pO'int de vue, le seul pO'ssible, qu'O'n I peut apercevO'ir une cO'rrespO'ndance entre temps ; et espace, démarche qui va nO'us permettre de trO'u- I ver ce qu'il y a de cO'mmun a ces deux sO'i-disant I parametres, sans passer par l'illusiO'n de la mesure, qui, nO'us l'avO'ns sO'uligné, ne saurait en aucuI'k cas s'appliquer au temps. Les huit jalO'ns du cycle,
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FIGURE 4 :' Les axes de l'espace repO'rtés dll cercle (Ciel) a l'O'ctO'gO'ne (relatiO'n du Ciel a la manifestation), vO'nt ensuite descendre de
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MÉDECINE CHINOISE. MÉDECINE TOTALE
l'octogone au carré (Sol), dans le cadre de la relation entre la manifestation et le Sol. Dans ce processus de transfert, la regle est parfaitement{espectée, qui veut qu'un influx prenne naissance en haut pour agir en bas, tout intermédiaire démultipliant cette relation. lci, l'octogone est Sol pour le Ciel, en méme temps que Ciel pour le Sol (nous verrons plus tard les importantes conc1usions qui découlent de ce principe lorsqu'on l'applique a la physiopathologie). Ainsi, les jalons cycliques nés au niveau du cerc1e, puis descendus sur 1'octogone, vont de la s'appliquer au carré, mais en changeant de mode dans la mesure ou ils changent de niveau. En d'autres termes, de temporels et successifs en haut (cercle, Ciel) , ils vont devenir spatiaux et simultanés en bas (carré, Sol) : les huit jalons du temps deviennent ainsi les huit branches de la rose des vents (figure 4). Entre le schéma cyclique du nycthémere et les huit directions de l'étendue, l'analogie est limpide : dans sa trajectoire apparente, le soleil se leve a l' est, culmin~u sud, se couche a rouest, et passe a minuit en direction du ,nord, derriere 1'0bservateur (toujours immobile t face au sud). Limités ici a l'essentiel de la théorie du cerc1e et du carré, nous ne parlerons pas de l'apparition de la troisieme dimension de l'espace (qui fait de ce carré un cube), déterminée par les positions haute et basse du soleil amidi et aminuit, et retiendrons seulement que l' espace, vu sous cet angle, ajoute a .sa quantification intrinseque (le Sol est mesurable) la qualification que lui apporte le Cíel : parcourir cinq cents metres dans un sens
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ou dans l'autre revient quantitativement au meme, mais la direction prise ajoute une différenciation qualitative qui, nous le verrons, est d'une extreme importance quant al'apparition de certaines maladies. En résumé, on peut dire que si le temps (cercle et succession) est toujours qualifié sans pouvoir jamais étre quantifié (le Sol récepteur n'a pas d'influence sur le Cie1 effecteur), l'étendue est quantifiable par nature (Sol et coexistence), mais aussi qualifiable en raison de l'influence du Ciel, et par report des axes du cercle sur le carré.
( CHAPITRE 111
LES OPÉRATEURS ET LE RÉFÉRENTIEL
Lorsque le mathématicien procede a ses calculs, il utilise des. conventions qu'il appelle improprement symboles : a, b, x, y, etc., qui représentent dans son esprit des nombres précis. Ces symboles sont mis en relation par des opérateurs, qui définissent ce qui se passe entre eux. Ainsi a + b signifie que les nombres a et b s'ajoutent l'un a l'autreo Les opérateurs ne peuvent etre qu'au nombre de deux, l'addition et la soustraction, sachant que \ la multiplication n'est autre qu'une série d'additions, et la division une série de soustractions. \ Si nous avons rappelé ces notions, c'est parce ¡ qu'elles sont issues, sous la forme de résidus dégradés (dans le sens ou ils ne peuvent plus s'appliquer ~ " qu'a la quantité), des principes opératifs de la Tradition. Pour celle-ci, les symboles sont au nombre de cinq (les quatre secteurs ajoutés d'un élément . '(j 1lJ'rli
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FIGURE 12: Le plan émotionnel zone émettrice et une zone réceptrice (analogiquement aux zones active et inactive du schéma général que montre la figure 2). Dans la zone émettrice, la colere (Nou) est le sentiment différencié du secteur gauche, et la joie (Hsi) celui du secteur supérieur. Ces deux sentiments incontestablement positifs sont bien, en fait; de nature émettrice, car ils tendent a s' exprimer a rextérieur, et ainsí a se transmettre d'un individu a l' autre. Dans la zone réceptrice, on constate que la tristesse (Y u) résíde dans le secteur droit, et la peur (K'ong) dans le sec-
teur inféricur. Ce sont la del IIOnrlmcnts eJe type négatif, qui ouvrcnt toutes les pc)rtc~K II n'importe quel agent extérieur a la struclUrc. Du fait qu'une certaine quantification s'exprime dans ce plan, on peut distinguer des nuanees dans l'intensité des différents sentiments que nous venons de répertorier, la colere allant de la simple irritation jusqu'a la fureur c1astique, la joie de la satisfaction banale a la moria (hyperjovialité consécutive a une lésion cérébrale), la tristesse du spleen bénin a la psychose mélancolique en passant par la dépression, la peur, enfin, de la pusillanimité a l'angoisse suieidaire. Le centre, qui émet des influx tendant par définition a reneontrer une autre structure, est défini par un sentiment qui ne peut etre, vu cette recherche de contact, que la sympathie, que nous entendon s ici dans son sens le plus strict de participation affective, et dont les limites sont l'amour et la haine, extremes respectifs d'une reeherche de rapprochement ou, au contraire, d'une attitude répulsive. Dans un sens comme dan s l'autre, c'est le contact humain (Szeu) qui est ici impliqué au premier chef, sans lequel ce sentiment de sympathie ne pourrait exister, et a plus forte raison ceux qui se différencient dans les quatre secteurs, et qui dépendent des émotions centrales (voir l'élément Terre des Chinois au chapitre 111). Le plan inférieur (le char), le plus quantitatif des trois, bien qu'y persiste une trace de qualité pour les raisons que nous savons, doit etre symbolique-
repr~senté
par un earré. A ce niveau sont groupées toutes les fonctions corporelles, dont la premiere caractéristiq ue est la coexistence dans l'ordre quantitatif. S'ajoute a cela la notion de mul· tiplicité, ce qui demande un développement annexe: Par rapport au UN (Ciel), le Sol supporte une indéfinité d'etres dépendants et, par analogie, si le Ciel est le symbole de l'UNITE, le Sol est l'embleme du multiple. En d'autres termes, au fur et a mesure que ron descend du Ciel vers le Sol, qu'on s'éloigne de la qualité pour plonger dans la quantité, on quitte le contact de l'Unité pour évoluer de plus en plus profondément dans le multiple. C'est la l'un des principaux sens des pyramides, érigées par des peuples sédentaires, de tradition solaire et monothéiste. Ainsi les fonctions corporelles (Chen) s'organisent-elles, vu leur nombre, en quatre couches au nivcau du plan inférieur de la structure (autant de couches que de cótés au carré), chaque couche étant divisée en quatre secteurs répartis autour du centre, selon la regle. Evidemment, ce centre est proprement géométrique, et il n'est guere question ici de tracer une que1conque oblique référentielle comme précédemment, puisqu'il n'y a pas d'éléments cycliques a ce niveau, mais uniquement des éléments matériels et coexistants, ou la qualité n'est plus que théorique. La figure 13 détaille ces différentes couches, qui doivent en fait etre superposées l'une a l'autre en un bloc unique. La Tradition considere d'abord ment
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MÉDECINE CHINOISE, MtDECINE TOTÁLE
(couche A), comme étant les plus fondamentales, les fonctions (Tsang) qui traitent le milieu inté,rieur, sang, influx: nerveux, etc. L'axe vertical de cette premiere couche comprend en haut le creur (Sin), responsable de la circulation sanguine, et l'encéphale, sans qui l'influx: nerveux ne saurait étre entendu. Sachant que les Chinois attribuent au secteur supérieur le symbole du Feu (figure 8), et que cet élément est dispensateur de chaleur en meme temps que de lumiere, on peut assimüer la circulation sanguine a la fonction chaleur du Feu, et l'influx nerveux a sa fonction lumiere. En has de l'axe vertical, une fonction multiple (Chen), car ce qui est en bas est forcément multipIe comme nous l'avons vu un peu plus haut, réunit les sécrétions de la glande surrénale (cortisone, hormones sexuelles, adrénaline), la sécrétion urinaire (extraction de certains déchets transportés par le sang, et récupération de liquide s'il y a lieu), et la gonade ou glande sexuelle (testicule ou ovaire). Opposées au Ciel-Feu de haute noblesse, les fonetions du secteur inférieur sont évidemment les plus vulgaires et, a part le filtrage urinaire, ce qui est évident, on remarque que la fonction de reproduetion est considérée comme parmi les plus basses par la Tradition, a tel point, nous l'avons déja signalé (chapitre 1) que le tissu le plus noble de l'organisme, le tissu nerveux, n'en est pas doté: le neurone (cellule nerveuse) ne se reproduit pas (nous verrons plus has que, avec le cerveau, le nerf se classe dans le secteur supérieur). Toujours sur l'axe vertical, le centre, qui appar-
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LES PLANS INTERMtDIA,IRE ET INFÉRlEUR
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tient en méme temps aux deux axes, correspond a la lymphe, laquelle, en tant que liquide organique, participe a la circulation et se place donc symbo-
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A - Traitement du milieu intérieur
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FIGURE 13: Les couches·somatiques
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MÉDECINE CHINOISE. MÉDECINE TOTALE
liquement entre la pompe cardiaque (secteur supérieur) et le rein qui maintient la quantité de liquide circulant (secteur inférieur) ; et participe aussi au transport des hormones, s'insérant en particulier entre l'hypophyse (cerveau, secteur supérieur) et la glande surrénale (secteur inférieur). Croisant l'axe vertical circulatoire et endocrinien, sorte d' armature statique de la physiologie, l'axe horizontal va répondre au métabolisme, c'estit-dire it tous les phénomenes dynamiques qui sont l'expression meme de la vie. 11 n'est des lors pas étonnant d'y voir figurer le foie (Kan) dans le secteur gauche, et le poumon (Fei) dans le secteur droit, tous deux agents des phénomenes d'oxydoréduction, avec au centre le globule blanc (leucocyte), dont la forme la plus pure, l'histiocyte, est it la base du systeme réticulo-endothélial qui prend, on le 8ait, une tres importante part aux différents processus métaboliques (évidemment, la lymphe est le transporteur d'élection du leucocyte a l'état normal). Pour les anciens Chinois, la fonction qu'ils appellent P'i regroupe la lymphe, les organes lympholdes (qui fabriquent les leucocytes), et les globules blancs eux-memes : c'est donc la fonction centrale par excellence. Sous cette premiere couche vient la seconde (figure 13, B), ou sont rassemblés les différents tissus, considérés en quelque sorte comme les prolongements respectifs des fonctions précédentes. Ainsi les vaisseaux (Mei) continuent le creur, les nerfs (Chen Tching) continuent l'encéphale. Que la peau (Pi Fou) prolonge le poumon s'explique par
LES PLANS INTERMÉDIAIRE ET INFÉRIEUR
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le fait qu'elle assure une tres grande part de la respiration (on sait que les grands brUlés meurent ) d'asphyxie), mais que le muscle (Tchin) soit une suite logique au foie parait plus étrange. En fait, il faut, pour le comprendre, considérer ce couple par l'autre bout de la lorgnette, et ainsi constater que le muscle ne peut pas fonctionner sans le foie, qui non seulement lui fournit son combustible (car le muscle est une véritable machine thermique) sous forme de glycogene, mais récupere ensuite les résidus de son fonctionnement (acide lactique). Enfin, la relation entre la sécrétion urinaire et le tissu osseux (Kou) paraitrait parfaitement obscure (ce qui n'est que normal dans le secteur inférieur), a qui ignorerait que ros a d'énormes besoins de cal-//, cium, et que celui-ci lui est apporté sous forme ioni-' sée, la seule sous laquelle il soit assimilable. Sachant qu'un ion ne peut exister que dans une phase aqueuse, et que c'est le rein qui maintient constante la quantité d'eau circulant dans l'organisme, ros, en définitive, dépend bien du rein, comme le muscle du foie. Au centre est le tissu conjonctif (Jou), a partir duquel se sont différenciés les autres tissus que nous venons de classer dans les différents secteurs (voir au chapitre III l'élément Terre des Chinois, origine des quatre autres). C'est le conjonctif qui, en outre, colmate tous les intervalles séparant les différents organes dil corps et, par la, donne a l'ensemble la cohésion nécessaire a toute structure spatiale. Si les deux couches que nous venons de voir inté-
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ressent des fonctions plutót intériorisées, c'est-a.. dire des fonctions concemant l'organisme en tant que milieu autonome, les deux autres couches vont se rapporter ases relations avec le milieu extérieur. Considéré comme un transformateur d'énergie, point de we acceptable si l'on reste au niveau du plan inférieur, tout etre vivant doit prélever dans son milieu les matériaux énergétiques dont il a besoin, et y rejeter ses résidus métaboliques. Mais, avant cela, encore faut-il avoir les moyens de pero. cevoir ce milieu sous différents aspects, afin que prélevements et rejets soient effectués dans les meilleures conditions possibles. C'est ainsi que l'homme, auquel nous nous limitons icí, possede un certain nombre de fonctions qui le mettent en liaison avec ce qui l'environne, fonctions classées dans la troisieme couche du plan inférieur (figure 13, C). La parole est une émission, le Ciel est émetteur, done le verbe sera placé dans le secteur supérieur. Inversement, l'oule est une fonction qui re~oit les sons grace en quelque sorte a son inertie, et comme le Sol est par définition récepteur et inerte, elle appartiendra au secteur inférieur. L'olfaction demandant une inspiration dépendra de la respiration et, par suite, du secteur droit. Quant a la vue, qui permet d'évaluer les rapports de distance avant toute action, elle apparait comme une sorte d'estafette du muscle, appartenant par conséquent au secteur gauche. Ces justifications, nous l'avouons, sont peu convaincantes, et pourtant c'est ainsi que la Tradition donne les correspondances de cette couche. On pourrait peut-etre tenter une étude plus pous-
LES PUNS INTERMÉDIAIRE ET INFÉRlEUR
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sée a ce propos, a partir de 1'oblique qui sépare, tout théoriquement icí, nous l'avons précisé, la figure en deux. zones active et inactive, émettrlce et réceptrice. De ce point de vue, verbe et vue seo. raient des fonctions d'émission, allant du sujet vers le milieu et, effectivement, nos ancetres étaient doués de ces fonctions, toute partie de la manifestation n'existant pour l'homme que dans la mesure 011 il la voit et l'identifie en la nommant. Souvenons-nous d'Adam, a la vue de qui son Créateur présenta tous les etres afín qu'il les nomme (en hébreu, « dire » et « créer » sont des synonymes). Les sceptiques ricaneront en lisant ces lignes, peno. sant que personne n'est capable d'agir sur des éléments extérieurs par la vue (mis a part le phénomene de bon ou mauvais reil) ou le verbe. Nous sommes entierement d'accord avec eux, pour une fois, mais en ce sens que ces fonctions ont été per.. dues au cours de la déchéance de l'homme, ce qui l'a amené a se fabriquer des outils et des machines pour les remplacer. Nous avons déja évoqué ces protheses au chapitre IV, et n'y reviendrons pas icí. Ouant a l'odorat et a l'oule, ce sont des fonctions parfaitement réceptrlces qui, de ce fait, se classent naturellement dans la zone inactive. Nous n'avons pas la prétention d'épuiser ce sujet dans ces quelques lignes, et la question demanderait en fait d'importants développetnents qui n'ont pas, c'est regrettable, leur place dan s le présent ouvrage. Reste la fonction gustative, placée au centre de cette couche en raison de son caractere fondamen.. tal, qui n'apparait pas de prime abord, mais que
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MÉDECINE CHINOISE, MÉDECINE TOTALE
met en évidence l'expérience de l' extinction des sens : il est facile de remire un homme aveugle en lui bandant les yeux, muet a l'aide d'une poire d'angoisse, anosmique en bouchant son nez, sourd en obturant ses oreilles, mais il n'est pas possible de lui enlever sa fonction gustative. La quatrieme et derniere couche du plan inférieur (figure 13, D) rassemble les fonctions qui mettent l'organisme en relation avec le milieu extérieur en ce qui conceme les matériaux absorbés et rejetés : les fonction.s Fou des Chinois. Si ron conserve ici encore l'oblique théorique qui sépare la figure en deux zones, on remarque que les secteurs de la zone inactive sont consacrés au rejet de résidus relativement solides dans le secteur droit ou se trouve le cólon (Ta Tch'ang), liquides dans le secteur inférieur qui contient les voies de l'excrétion urinaire (P'ang Kwang). On trouvera une organisation comparable dans la zone active, ou la bile (Tan) du secteur gauche traite, dans le duodénum, un bol alimentaire relativement solide, alors que les autres segments de l'intestin grele (Siao Tch'ang), classés dans le secteur supérieur, absorbent des matériaux plus liquéfiés (chyle), qui passent alors dans le sango Le tout est centré sur le proces digestif (Wei) en général, c'est-a-dire la fonction qui retient et traite ce qui est utilisable, tout en triant, aux fins d'évacuation, ce qui ne l'est paso Ainsi les axes croisés perpendiculaires des états et des variations répondent ici a des matériaux liquides pour l'axe vertical, plus fermes pour l'axe horizontal, et l'on ne pourra pas manquer de rapprocher ce schéma
LES PLANS INTERMÉDIAlRE ET INFÉRIEUR
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de la symbolique des anciens Chinois (figure 8~ chapitre 111), qui attribuent des éléments solides a l'axe horizontal (Bois et Métal), et des éléments subtils a l'axe vertical (Feu et Eau).
CHAPITRB VII
LA COLONNE CENTRALE
Les trois plans de la structure physiologique de l'homme (figure 10) sont reliés entre eux par une colonne verticale passant en leurs centres, et grace a laquelle des échanges ont lieu entre ces trois niveaux. Un vieux schéma chinois va nous expliquer quelles s~nt les relations de cet axe central avec le Ciel et le Sol, relations qui doivent nécessairement exister, vu la verticalité du systeme (figure 14). Ce dessin peut etre entendu sous deux aspects fort différents : en tant que pictogramme, c'est-adire représentation figurative, c'est l'homme avec ses membres supérieurs en haut, ses membres inférieurs en bas, et le niveau de la ceinture au milieu. Mais c'est aussi et surtout un idéogramme qui, audela de la reproduction plus ou moins fidele, suggere tout autre chose ; s'il s'agit toujours du meme sujet, en l'occurrence I'homme, celui-ci est alors décrit selon un mode différent. C'est cette acception que nous allons retenir, car elle perfectionne les données de la figure 10. En effet, axés sur la colonne centrale, les trois plans figurent toujours,
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MÉDECINE CHINOISE, MÉDECINE TOTALE
mais avec une orientation précise : le plan supérieur s'ouvre vers le haut (Ciel), le plan inférieur vers le bas (Sol), pendant que le plan moyen reste horizontal, done en relation avec l'Homme, terme intermédi aire entre Ciel et Sol (remarquer que la croix
FIGURE 14 : L'homme orienté centrale du schéma évoque le systeme des quatre secteurs entre Ciel et Sol). On aura noté, en outre, que le plan supérieur a une forme arrondie rappelant le cercle, alors que le plan inférieur comporte des angles, évoquant par la sa relation avec le carré. C'est done faire clairement comprendre, sans qu'il soit besoin de torturer la graphie, que
LA COLONNE CENTRALE
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l'intellect répond a la qualité et le corps a la quantité, la pensée au temps et le soma (ensemble des fonctions corporelles) a l'espace. Sachant que l'homme est en meme temps effecteur et récepteur, ajoutons au schéma, pour plus de compréhension encore, des fleches indiquant le double sens des relations possibles avec les trois composantes de son milieu (figure 15). On peut alors concevoir ce qui se passe dans la colonne centrale de la structure, soit une circulation a double sens, de Ciel a Sol d'une part, de Sol a Ciel d'autre part, et ce double courant trouve un contact avec l'homme a hauteur du plan intermédiaire. Mais le symbolisme de l'attelage est formel quand i1 précise que l'aurige commande au cheval, lequel a son tour commande au char : c'est rappeler la hiérarchie de haut en bas, du Ciel effecteur au Sol récepteur. Par conséquent, ce sens de haut en bas apparait comme le sens normal, alors que les fleches ascendantes indiquent un transfert d'influx du Sol au Ciel évidemment anormal, car ce serait alors soumettre le cheval au char, et livrer l'aurige aux fantaisies de son cheval. Le plan intellectuel re~oit done, dans des conditions normales, des influx du Ciel, lesquels deviennent les idéogenes. Les grimoires protochinois sont transparents a cet égard, quand ils mentionnent que « les idées sont pn don re~u du Ciel », ce qui suffit a démontrer, qu'on le veuille ou non, qu'il n'est pas possible d'aborder logiquement les phénomenes supérieurs de la physiologie, et par suite tous les autres qui en dépendent (tout l'attelage
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dépend de l'aurige), sans se référer d'abord a des notions d'ordre métaphysique. Ciel puis Sol, telle est la elef d'une compréhension de l'homme total, elef malheureusement perdue en Occident depuis le soi-disant Sieele des Lumieres, dont les projecteurs ne sont braqués qu'en direction du Sol. Meme quand le plan intellectuel fonctionne parfaítement, il reste en son centre des idéogenes inemployés qui, ne pouvant diffuser dans les secteurs saturés du plan, et eu égard a leur mobilité constitutive (le Ciel est essentiellement mobile, avonsnous précisé au chapitre 1), sont obligés d'en partir. Ne pouvant remonter au Ciel, puisque le sens normal est de haut et bas, ils vont descendre le long de la colonne centrale, pour se retrouver a l'étage ; immédiatement sous-jacent, celui du plan moyen, au centre duquel ils vont devenir les forces émotionnelles indifférenciées. Dans la mesure ou elles restent inemployées, nous verrons plus tard dans quelles circonstances, et toujours en fonction de leur tendance a la mobilité, ces forces, qui se voient fermer les secteurs du plan émotionnel et ne peuvent normalement remonter au plan supérieur, sont obligées d'emprunter la seule voie disponible, celle qui les conduit au centre du plan corporel, a partir duquel elles vont animer le soma. On ne peut manquer de penser, en suivant ce transfert de haut en bas, au principe de dégradation de l'énergie et, de faít, il Y a la un processus qui, s'il n' est pas identique puisque les influx. dont il est ici question ne sont en aucune fa~on mesu-
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rabIes, est du moins comparable, si l'on considere la dégradation comme un passage progressif de la qualité a la quantité, du noble au vulgaire.
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MÉDECINE CHINOISE, MÉDECINE TOTALE
Pour comprendre le classement des couleurs, il faut appliquer leur analyse (étalement spectral) dans la zone active (secteurs gauche et supérieur), et leur synthese (disque de Newton) dans la zone in active (secteurs droit et inférieur). Dans ces conditions, le vert est une couleur « froide » en train de se réchauffer (secteur gauche), et le rouge la couleur la plus « chaude » de toutes, il n'est que de promener le réservoir d'un thermometre sur le spectre étalé pour s' en rendre compte. Opposé au vert, qui passe dynamiquement du froid au chaud (coté dynamique de l'axe horizontal des figures 2 et 3), le blanc bleuté (lumiere du jour) contient adynamiquement toutes les couleurs. Contrairement, d'autre part, au rouge hyperthermique, est la « couleur » du corps noir des physiciens a la température du zéro absolu, c'est-a-dire, en fait, l'absence de couleur. Reste le jaune, couleur traditionnelle du référentiel. Physiquement, le jaune monochromatique (raie D du sodium) est au centre exact du spectre visible et, de plus, sa raie est double, présentant en quelque sorte une face au secteur supérieur (zone inactive), et l'autre au secteur droit (zone inactive), ce qui suffit amplement a exprimer la neutralité de cette couleur. C'est la raison pour laquelle l'Empereur de Chine s'habillait de jaune, en tant que centre symbolique du pays, et que la robe des bonzes d'Extreme-Orient est de cette meme couleur, exprimant ainsi leur vocation a conserver un contact permanent avec le Ciel qui, on l'a vu, fait don a l'homme des idéogenes, lesquels arrivent
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au centre (jaune) de son plan supérieur (accordé sur les couleurs). Les odeurs sont classées selon leurs caractéristiques cycliques, tournées qu'elles sont, depuis leur plan intermédiaire, vers le Ciel. 11 suffit d'observer l'évolution d'un aliment quelconque qui, d'abord cru (secteur gauche) est ensuite soumis a la cuisson (Feu, secteur supérieur) et, s'il n'est pas consommé, va se dégrader peu a peu, rancir au contact de l'air par oxydation (secteur droit), pour finalement se putréfier (secteur inférieur). Hors de cette évolution sont certaines substances stables, donc proprement centrales, qui émettent un parfum agréable : on sait que les aromates ont en principal, entre autres propriétés, d'etre antiputrides, cornme les embaumeurs de l'antique Egypte nous l'ont amplement démontré. De la musique, surtout dans son acception traditionnelle, il est impossible de parler ici en détail, et nous devrons nous limiter a quelques indications succinctes, suffisantes toutefois pour que soient comprises certaines associations de notes a la lumiere du schéma général des quatre secteurs organisés en fonction du référentiel. 11 est deux fa~ons de concevoir l'association des notes d'une gamme, selon qu'elles sont émises simultanément, et c'est alors un accord, ou successivement, dans la séquence d'une ligne mélodique. On aura reconnu la, sans aucune peine, les caractéristiques fondamentales des sous-traditions sédentaire d'une part, nomade d'autre part. Ainsi, la
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musique appartient aux nomades dans la mesure ou ses notes se succedent, qu'elles soient émises soit par un seul instrument, soit par plusieurs jouant a l'unisson, et d'autre part aux sédentaires lorsqu'il y a émission simultanée de notes différentes qui, par lit meme, deviennent en quelque sorte coexistantes. Par conséquent, et quoiqu'il ait été souvent affirmé que la musique était un art spécifiquement nomade, il est ici montré que cela n'est pas exact, d'autant plus que, répondant analogiquement au plan moyen de la structure humaine, elle est exactement placée entre Ciel et Sol, et par suite entre les deux soustraditions, lesquelles sont melées actuellement a un tel point (chapitre 1) qu'il est difficile d'imaginer qu'une mélodie ne soit pas accompagnée d'accords, qu'un chant ne s'appuie pas sur une harmonie. Cela précisé, cherchons quels peuvent etre les rapports existant entre les intervalles musicaux (c'est-a-dire l'espace qui sépare deux notes, que leur émission soit successive ou simultanée, peu importe ici), et les secteurs du schéma qui nous a servi de point de départ. Mais, d'abord, que sont ces intervalles? Un est la tonique (s'il s'agit d'une mélodie) ou encore fondamentale (dans le cas d'un accord). C'est l'unisson, émission de la meme note, quelle que soit sa hauteur : do puis (ou avec) do, que l'octave soit la meme ou non, donnent l'impression de similitude, ou du moins de meme ordre. Vient ensuite deux, l'intervalle de seconde, do-ré par exemple (nous savons que prendre des exemples dans la gamme modeme n'est pas dans la ligne tra-
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ditionnelle, car les notes ont perdu, en Occident, tout leur contenu qualitatif dans la mesure ou on les a « faussées » pour simplifier la gamme, mais il faut bien arriver a se faire comprendre de chacun, surtout des non-musiciens). Suit trois, la tierce (do-mi pour rester dans la gamme qui nous sert d'exemple), puis cinq la quinte (do-sol). Remarquons que la quarte est excIue de la gamme traditionnelle, et ce hiatus peut s'expliquer ainsi : « Un produit Deux, dit Lao Tzeu (l'Unité crée le Ciel et le Sol), puis Deux produit Trois (l'homme, troisieme terme de par son apparition entre Ciel et Sol) et tout existe a partir de la. » La quarte (do-fa) devrait donc suivre la tierce, mais des que quatre apparalt, il devient immédiatement cinq, par la nécessité du référentiel. En d'autres termes, le nombre quatre n'est pas pensable en dehors de son point d'appui (la quintessence que recherchaient les Grecs, comme nous l'avons mentionné au chapitre 111). Donc, a la tierce fait immédiatement suite la quinte, qui précede la sixte (do-la), mais la septieme (do-si), comme la quarte, ne figure pas dans la gamme traditionnelle, non pas qu'on l'ait ignorée ou oubliée, mais parce que sept est le nombre fini par excellence, le terme de toute série (les sept notes, les sept jours de la semaine, les sept planetes, les sept couleurs, les sept ans du renouvellement cellulaire, etc., pour prendre des exemples dans divers domaines qui ne sont pas tous traditionnels), et que ce serait décider, en émettant cet intervalle, que la manifestation est ainsi arrivée a son terme.
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Ne se sentant aucunement ce droit, le musicien antique n'a finalement retenu que cinq intervalles possibles, quarte et septieme étant admis comme possibles mais, pour les raisons exposées plus haut, restant a l'état théorique, et dangereux a émettre. Ciel d'abord et Sol ensuite, dit la Tradition, forment une séquence analogue a celle des nombres un puis deux. De cette comparaison découle l'idée du Ciel impaír et du Sol pairo Par voie de conséquence, les intervalles impairs se succedent dans la zone active (tierce au secteur gauche, quinte au secteur supérieur), et les intervalles pairs dans la zone inactive (seconde au secteur droit, sixte au secteur inférieur). Quant a la tonique, ou fondamentale, elle répond évidemment au centre en tant que référence, en dehors de laquelle aucune gamme ne sauraít etre définie. Parmi les éléments proprement nutritifs qui sont répertoriés dans le tableau que nous étudions présentement, sont tout d'abord les saveurs : piquants (secteur droit) sont les ions alcalins sur la langue, diamétralement opposés aux saveurs acides (secteur gauche) ; amers sont les produits torréfiés ou brulés (élément Feu) tels le café, la chicorée, le thé, le tabac a fumer, et on remarque que, effectivement, ce sont tous la des stimulants du secteur supérieur du plan des fonctions Tsang (couche A), soit le creur et l'encéphale. Au secteur inférieur du plan, secteur qui correspond a la fin d'un cycle ou tout disparait théoriquement, on trouve les seIs solubles, la dissolution (disparition) étant la définition meme
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de tout secteur inférieur. Au centre, les sucres participent aussi bien a l'axe vertical en tant qu'hydrates (Eau, secteur inférieur) de carbone (Feu, secteur supérieur) qu'a l'axe horizontal, qui représente ici les anions et cations nécessaires a la formation de la chaine hydrocarbonée. Le classement des graines comestibles dérive de la géographie des territoires de culture en Chine ancienne, ou le blé poussait a l'est, le riz au sud, l'avoine a l'ouest, les légumineuses au nord, le mai's venant partout. En fait, il semble bien que, quel que soit le pays, on retro uve cette tendance qu' ont les plantes utiles a l'homme a se répartir selon les directions de l'espace, notamment en ce qui concerne le riz, dont la qualité s'accroit au fur et a mesure qu'on le cultive plus au sud de l'axe blé-avoine. Mais tout cela est bien relatif en vérité, et ce n' est que normal, étant donné qU,on se rapproche de plus en plus de la quantité en descendant le long des colonnes de notre tableau. Le répertoire des animaux sauvages, produits de la chasse et de la peche, est relativement facHe a comprendre: les oiseaux s'élevent dans les airs (secteur supérieur), coquillages et crustacés sont peu mobiles au fond de l'eau (secteur inférieur), alors que le poisson peut facilement remonter a la surface (mouvement de bas en haut caractéristique du secteur gauche), et que.le gibier a poils ne sait se déplacer qu'horizontalement sur terre (comparer au sens de la raison sur la figure 11). Le chef de file symbolique des animaux a écailles est le Dragon Vert, embleme de l'initiation en Chine tradition-
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\ nelle, en raison de la tendance du secteur gauche \ vers le Ciel, alors que le Tigre Blanc, symbole des '\ animaux a poils, fut toujours considéré comme le \ destructeur par excellence. Quant aux animaux qui répondent au centre, ils ne possedent aucun des phaneres qui différencient les précédents, tout en en portant les possibilités, parfois quelque peu actualisées : a partir de la peau de l'homme, par exempIe, on trouve des écailles (couche desquamante de l'épithélium épidermique), des plumes (duvets), des poils et des carapaces (ongles). Des animaux domestiques, la répartition analogique semble etre fondée sur les memes arguments qui servent a classer les plantes a graines comestibles, quoique l'évidence soit ténue, mais ne sornmesnous pas ici a l'éloignement maximal du Ciel, au bas des colonnes ? Ce tableau que nous venons d'établir est utilisé par les médecins traditionnels selon des regles tres précises. Apres avoir localisé la maladie a tel ou tel secteur de l'un des trois plans de la structure, et avoir défini son sens (exces ou carence), cela grace a l' examen clinique, le thérapeute choisit son moyen d' action selon le plan (couleur, odeur et son, aliments) et selon le secteur, en appliquant les lois suivantes: • Tout secteur perturbé se voit interdire l'élément qui lui correspond sinon, s'il est en exces, on risquerait de l'aggraver, et s'il y a carence, ce serait favoriser l'apparition d'un exces vicieux (chapitre x).
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A cela s'ajoute : • Dans un exces, la prescription de l'élément correspondant au secteur qu'il tend a inhiber, ce qui, en lui fournissant un travail supplémentaire, l'épuisera jusqu'a revenir a la carence primitive qui, dans un second temps, sera traitée cornme ci-dessous. • Dans une carence, la prescription de l'élément répondant au secteur qui précede dans le sens de l'opérateur de production, que celle-ci soit directe ou indirecte, seule maniere de redonner le tonus nécessaire au secteur intéressé, puisqu'on lui a supprimé son propre correspondant pour les raisons de sécurité énoncées plus haut. Ce sont la les regles principales que nous avons réduites a la théorie, car, en réalité, elles doivent etre assorties d'actions concomitantes sur d'autres secteurs, voire meme d'autres plans que celui qui est le siege des symptómes, mais cet ouvrage n'ayant pas le propos d'etre un traité de thérapeutique, nous nous bornerons a ces seuls principes généraux.
CHAPITRE XIII
LES THÉRAPEUTIQUES D'INTERVENTION
Dans le traité traditionnel N ei Tching Sou Wen (op. cit.), il est indiqué que « le symptome exprime I'aspect quantitatif de la maladie, alors que son mode qualitatif n'est perceptible qu'aux pouls ». Donc, si nous avons dit plus haut (chapitre VIII) que certains symptomes, telle la douleur, étaient d'ordre qualitatif en raison de l'impossibilité qu'il y a a les mesurer, ce ne sont, en réalité, que les conséquences qualitatives d'une atteinte quantitative, comme nous l'avons expliqué au meme chapitreo C'est ade tels cas que s'applique la prescription des remedes, alors que des symptomes existent dans un contexte qualitatif, que celui-ci soit causal ou conséquent. L'acupuncture p.eut intervenir selon deux méthodes distinctes, l'une s'adressant aux troubles qua.. litatifs en l'absence de symptomes, l'autre visant le symptome fonctionnel en dehors de toute perturbation qualitative, du moins théoriquement.
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MÉDECINE CHINOISE, MÉDECINE TOTALE
Quant a la chirurgie, qui ne conceme que les atteintes lésionnelles (strictement quantitatives), nous n'en parlerons pas ici car, qu'elle s'inspire ou non de la tradition, i1 n'est qu'une seule fa~on de pratiquer des ouvertures dans l'abdomen ou le thorax, de trépaner un crane ou de sectionner un membre. Si ron consulte ce gros volume de pres de deux mille pages (dans l'édition actuelle) qu'est le P'en Tsao Kang Mou, répertoire de tous les médicaments chinois prétendus traditionnels, on pourrait croire que tout, dans le milieu ou 1'homme évolue, peut devenir remede, qu'il s' agisse du regne animal, végétal ou minéral. Dans ce catalogue interminable, chaque produit est décrit avec une certaine précision, -et cette description est suivie de la liste des symptomes auxquels ce remede s'adresse plus spécialement, avec la mentíon de son appartenance a tel ou tel élément-symbole, c'est-a-dire a 1'un des secteurs ou au référentiel. C'est assez pour montrer qu'un médicament ne peut etre donné qu'en présenee d'un symptome déclaré, contemporain d'un déreglement des pouls. Prescrire un remede est donc une méthode ambivalente, quantitative devant le symptome, qualitative a partir des pouls, qui sont ici palpés selon des criteres tres complexes, en raison des corrections a apporter vu la présence de symptomes. 11 n'est pas dans nos intentions de discuter longuement de cette pharmacopée chinoise, car la plupart de ses produits végétaux sont indigenes, et par conséquent introuvables en Occident, ou beaucoup,
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par ailleurs, auraient peu de chances d'obtenir un visa légal de médicament. Si nous avons laissé entendre plus haut que ce catalogue, tel qu'il se présente a l'heure actuelle, n'a que de lointains rapports avec la Tradition, c'est que dans ses éditions les plus anciennes ne figuraient, paraít-il, que trois cent soixante-cinq plantes. Etant donné la situation intermédiaire de cette méthode entre les thérapeutiques fondamentales et les thérapeutiques d'intervention, il était normal qu'elle se serve du végétal, toujours considér~ comme un moyen terme entre le minéral (inerte,\ Sol) et l'animal (vivant, Ciel). Mais l'analogie sem-I ble avoir été poussée plus loin encore, PUiSqU'O~' trouve dans ce répertoire original autant de remedes que de jours dans l'année. Ces quelques considérations furent plus ou moins rappelées dans le préfaces des éditions successives de 1'ouvrage, bien que les empiriques aient peu a peu augmenté le nombre des remedes, dont ceux qui sont tirés des regnes minéral et animal ne doivent pas etre entendus comme authentiquement traditionnels, pour les raisons exposées ci-dessus. Quant a chercher a isoler de ces milliers de médicaments, en ne retenant que les plantes, les trois cent soixante-cinq originaux, tous ceux qui 1'ont tenté ont échoué. Dans ce sens, on peut dire que la Tradition s'est perdue quant aux regles exactes de prescription des remedes, et le parfait empirisme qui en est l'actuel principe suffit a expliquer pourquoi nous ne nous étendrons pas plus amplement sur ce sujeto
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La situation est différente en ce qui conceme l'acupuncture car, en ce domaine, il est possible de retrouver les techniques originelles authentiquement traditionnelles, en dépit de l'oubli dans lequel elles semblent etre tombées de nos jours. Comme chacun sait, l'acupuncture (Tchen) consiste a piquer certains points du corps a l'aide d'une aiguille. A partir de cette définition, nous discuterons successivement des points d'acupuncture et de la technique des piqftres chinoises. Les points d'acupuncture sont habituellement considérés comme spécifiques a la médecine chinoise, mais, en réalité, il vaudrait mieux dire que c'est la médecine chinoise qui a le mieux conservé la Tradition a cet égard, car on retrouve quelquesuns de ces points dans les sous-traditions, tels les chakras hindous ou les kua-tsu japonais, pour ne citer que ces deux exemples. L'Occident modeme lui-meme en a retrouvé empiriquement un certain nombre sous la forme des points moteurs des électrologistes, et de points de correspondances rganiques a qui, ignorant qu'ils portaient déja un :nom bien précis depuis des millénaires, on a sans vergogne donné le nom de leurs « inventeurs » : points de Mac-Burney, de Bazy, de Valleix, de Dujardin, de Martinet, de Wetterwald, de Hallé, de Ponteau, de Morrls, d'Erb, zones de Head, etc. Mais il reste que c'est dans la tradition chinoise qu'on trouve le systeme le plus complet et le plus cohérent. Depuis peu de temps, l'Occident étudie ces points chinois du point de vue scientifique, et s'étonne de constater que ceux-ci ont de curieuses caractéristi-
l
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ques vis-A-vis de la région cutanée environnante. \ Ainsi, le point d'acupuncture présente une résistance électrique extremement faible, possede par conséquent un potentiel électrique élevé et, par ail- f leurs (concomitance ou conséquence ?), concentre i électivement les traceurs radio-actifs. Et l'étonne- f ment grandit lorsqu'on s'aper~oit, apres avoir ainsi i bien localisé tous ces points (et il y en a presque un millier), que les Chinois en avaient déja établi une topographie aussi exacte que complete, et cela depuis un temps qui se mesure en millénaires. Nous ne cherchons nullement a prouver que ces « ancetres » possédaient des moyens techniques de recherche analogues, voire supérieurs a ceux dont dispose l'Dccident actuel, bien au contraire, et si l'on veut bien 'se reporter a ce que nous avons dit plus haut (chapitre IV), on comprendra que les anciens n'avaient nul besoin de ces « protheses » pour percevoir certaines choses, puisqu'ils voyaient ce que nous ne pouvons plus percevoir, décrépits que nous sommes devenus. Bref, ils voyaient tout simplement ces points, et pouvaient ainsi les décrire¿4sans aucune difficulté. 11 nous est arrivé de rencontrer des contemporains qui, ayant encore vivaces certaines mémoires ancestrales (chapitre XI), sont capables de percevoir les points chinois, soit par le toucher, soit par la vue. i
Les points d'acupuncture se classent en deux catégories distinctes : les résonateurs cycliques (Yu) et les concentrateurs statiques (H sué). Pour bien comprendre ce classement, il nous faut quelque peu
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revenir sur la morphologie de l'homme (chapitre 1) avec le coffre-fort cranien, la cage thoracique et la paroi abdominale : c'est sur un plan véritablement pyramidal (chapitre VI) que le corps humain est organisé, du moins quant a sa partie centrale et, pourrait-on dire, sta tique. Autour de ce bloc organisé et hiérarchisé, et analogiquement aux nomades qui ródent aux alentours des villes construites et habitées par les sédentaires, les membres assurent les mouvements et sont, outre leur mobilité constitutionnelle, au nombre de quatre, comme les saisons de l'année ou les « temps » du nycthémere (chapitre 11). Mieux encore : si l'on divise chaque saison en trois mois, d'ou une année de douze mois, si douze heures forment un nycthémere (l'heure chinoise vaut deux heures occidentales), chaque mem.. bre est aussi divisé en trois segments (bras-cuisse, avant-bras-jambe, main-pied). Les quatre membres, qui ont un total de 4 X 3 = 12 segments se rapportent donc au cercle, et encore plus étroitement qu'on ne le pense, car si le membre supérieur se meut vers le Ciel, le membre inférieur repose sur le Sol, d'oilla correspondance des deux bras aux deux secteurs de la zone active, et des deux jambes aux deux secteurs de la zone inactive. On pourrait consacrer un gros volume a cette seule question de l'organisation de l'homme dans le cadre traditionnel, mais nous en avons dit assez pour qu'on comprenne que les points appelés résonateurs ne peuvent se trouver que sur les membres, et meme sur leurs segments les plus mobiles, c'est-a-
LES THÉRAPEUTIQUES D'INTERVENTION
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dire vers les extrémités, alors que les concentrateurs sont surtout au tronc et a la tete. Si nous avons insisté sur cette distinction des points chinois en deux ca tégories , c'est parce que les interventions de l'acupuncture, selon qu'on s'adresse a la qualité ou ala quantité de maladie, en dépendent essentiellement : une maladie qualitative, donc sans sympt6mes (chapitre IX), se traite aux membres, sur les résonateurs, car c'est une perturbation d'ordre cyclique, alors qu'une affection cliniquement évidente et quantitative sera abordée, de par son caractere structural, au niveau des concentrateurs. Ajoutons que, du fait que les membres, en dehors de leur róle de « mobiles », sont par ailleurs corporels, ils possedent aussi, entre les résonateurs, des points concentrateurs qui s'adressent a leurs atteintes quantitatives. Si donc la tete et le tronc ne portent que cette sorte de points, on trouve sur les membres les deux especes, qu'il ne faut alors pas confondre. Tout point d'acupuncture possede tradítionnellement trois niveaux : celui du Cíe! (T'ien P'ing), qui est la surface de la peau, celui du Sol (Ti P'ing), profondeur maximale d'implantation de l'aiguille qui varíe, selon la région du corps, de quelques millimetres a plusieur~ centimetres, et enfin celui de l'homme (len P'ing), niveau intermédiaire entre les deux précédents. Nous ne pensons pas qu'il soit nécessaire d'insister sur ces définitions, bien évidemment fondées sur l'analogie qui s'établit entre
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le poínt d'acupuncture et l'homme entre Cíel et Sol, sachant que la partie a la meme constitution que l'ensemble. Aussi aborderons-nous immédiatement l'étude de l'acte d'acupuncture, dont la techníque sera radicalement différente dans la mesure ou elle s'adresse a un résonateur ou a un concentrateur : présentation (Ts'al T chen) ou pénétration (Tcheu Tchen) de l'aiguílle. Présenter l'aiguille ne se fait que sur un résonateur, et consiste a en poser la pointe au seul contact de la peau, sans qu'il y ait pénétration aucune. Le propos d'une telle intervention est d'apporter le Ciel a l'ensemble du systeme que forment les trois plans, afin d'en modifier les caractéristiques qualitatives : c'est la transmutation (Hwa). Toute différente, et en quelque sorte inverse, est la pénétration, au cours de laquelle l'aíguille s'enfonce jusqu'a la profondeur maximale requise dans un concentrateur, afin d' agir quantitativement sur le Sol du systeme, par apport (Pou) ou retrait (Sié) de ce qu'on peut appeler le potentiel physiologique. I1 est évident que la manipulation (Cheou Fa) de l'aiguille sera différente selon l'effet recherché mais, avant d'aborder cette question, nous devons rappeler ce qu'est l'instrument de l'acupuncteur, seIon la Tradition. L'aiguille est en fer (ou en acier inoxydable), métal sans couleur propre (Sol), avec un manche faít d'un enroulement de fU de cuivre rouge (Ciel). C'est également pour des raisons analogiques que
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s'explique la présence d'une petite boucle au sommet du manche, dont la forme circulaire correspond au Ciel, par opposition a la pointe qui, en bas de l'instrument, figure le centre de l'espace et se trouve au contact du malade (les amateurs de sciences occultes ne manqueront pas de reconnaitre la les éléments qui permettent de provoquer les phénomenes d'appel et de renvoi). Nous insistons sur ces conditions impératives d'un instrument de fer a manche de cuivre, comportant une boucle en haut et une pointe en bas, conditions sans lesquelles les résultats ne peuvent étre que médiocres. Nous avons vu en Occident, et meme récemment en Extreme-Orient (ou, inspiré que ron est maintenant des idées occidentales, on cherche a rendre l' acupuncture « scientifique »), des instruments qui n'ont plus rien de commun avec ceux que la Tradition exige, telles les petites épingles fran9aises faites d'un seul métal, généralement précieux (or ou argent), ou alors des aiguilles soi-disant chinoises qui, bien que faites d'acier, ont un manche constitué d'un enroulement de fil métallique blanc, pour éviter toute allusion a l'or et a la richesse, et ron se sert meme desdites aiguilles comme d'électrodes pour injecter des courants divers dans les points d'acupuncture. Ce sont la des aberrations issues, les unes d'une flagrante incompréhension, les aunes de directives politiques, les dernieres de conceptions scientistes, tout cela ne devant d'aucune fa90n etre considéré comme conforme a la Tradition, n'étant que la conséquence des multiples contingences de l'époque actuelle,
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lesquelles ne devraient pourtant intervenir en aucun cas dans l'acte médical, qui est et doit toujours rester en dehors et au-dessus de tous ces contextes éminenunentchangeanm. Cela précisé, revenons aux manipulations de l'aiguille. Un point résonateur est ainsi fait qu'il représente alui seul tout le phénomene pathologique qualitatif. En effet, on peut comparer sa surface a un contenant, et son ca: intérieur », a un contenu, analogiquement au Ciel qui contient en quelque sorte le Sol, dans la mesure ou il le recouvre et l' enveloppe. Sans vouloir entrer dans des détails qui n'ont pas ici leur place, sachons seulement qu'un résonateur correspond a tel ou tel secteur (ou au référentiel) par son plan superficiel (contenant), et a tel ou tel autre en profondeur (contenu). Si, par exemple, on trouve en automne un pouls antérieur gauche (chapitre IX) superficiel et tendu, on en tirera la conclusion que son émergence est nonnale, car c'est la caractéristique du secteur supérieur, mais que la tension est une anomalie, car l' automne devrait, au contraire, apporter une détente. Or il existe une série de résonateurs qui reproduisent en surface le secteur supérieur en tant que contenant (localisation du pouls), et en profondeur le secteur gauche (allure tendue du pouls), qui est le contenu. L'un de ces points sera choisi (selon des criteres trop complexes pour pouvoir etre mentionnés ici), et l'aiguille y sera présentée aux fins de transmutation. L'opérateur tient cette aiguille a deux mains, les doigts de la main gauche (coté qui tend vers le
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haut) sur le cuivre (Ciel), ceux de la main droite (cóté qui tend vers le bas) sur le fer qui constitue le corps de l'instrument (Sol). C'est l'acupuncteur, soulignons-le, qui est l'agent de la transmutation, en ca: polarisant » l'aiguille qu'il tient de ses deux mains, assurant ainsi le passage de haut en bas, de Ciel a Sol. Des lors, pour reprendre notre exemple (qui se situe en automne), le Ciel va etre a nouveau en contact avec le sujet (car la modification qualitative du pouls montrait que, sur ce point précis, le contact n'existait plus), grace a l'interposition du praticien et au choix du point en résonance. Le Ciel d'automne pourra alors inhiber (figures 3 et 4) la tension parasite la ou elle s'était installée, et la palpation du pouls antérieur gauche montrera qu'il est a nouveau nonnalement détendu. C'est ainsi que, selon la Tradition, on guérit la maladie avant son apparition. Il en est tout autrement lorsqu' on est en présence d'un malade, d'un sujet porteur d'un tableau clinique dont les symptómes, on s'en souvient, se classent en exces ou carences (chapitre x), et qui demandent a ce que l'exces soit enlevé, ou la carence comblée. A quoi correspondent, peut-on se demander, ces quantités qu'il faut ici modifier? La tradition chinoise parle de Tch'i, énergie vitale qui, mises a part ses manifestations qualitatives, s'exprime par ailleurs sous la forme d'une quantité de potentiel nécessaire' au fonctionnement des différents organes du corps, et e'est dans la mesure ou la physiologie est considérée comme un ensemble de phénomenes d'ordre électro-chimique que nous en-
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visageons ici l'exces et la carence. Un muscle contracturé (exces), un estomac qui digere mal parce qu'il ne sécrete pas assez de sucs (carence), un creur qui bat trop vite ou trop lentement, la pression artérielle modifiée dans le sens de I'hypertension ou de I'hypotension, sont les criteres en fonetion desquels l'acupuncture par pénétration peut etre appliquée. Tout exces doit etre drainé (Sié) et, pour ce faire, l'aiguille est laissée en place (Wo Tchen) apres avoir été implantée aussi rapidement que possible a la profondeur voulue. L'exces déterminant une hypertonie du point traité, l'instrument est alors fortement saisi par la peau, qui se spasme sur lui, au point qu'il est tres difficile de le retirer. Des tentatives de retrait, faites toutes les cinq minutes environ, montrent que cette crispation s'atténue peu a peu, jusqu'a disparaitre au bout de quinze a vingt minutes. Bien entendu, il n'est pas permis d'enlever l'aiguille tant que la peau ne l'a pas libérée, sous peine d'échec. Le retrait se fait tres lentement, et le point, selon le cas, devra ou non saigner. Les instructions de la Tradition sont formelles a ce sujet t et ne sauraient en aucune facron etre transgressées. Tout état de carence demande un apport (Pou) de potentiel physiologique, et la technique d'acupuncture est ici toute différente : autant l'aiguille de drainage s'implante rapidement et se retire lentement, autant elle reste longtemps en place sans que l'opérateur la manipule (inertie, lenteur, So1), autant l'aiguille d'apport ne reste implantée que quel-
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ques secondes, tout en subissant des rotations incessantes (mouvement, rapidité, Ciel). La peau, qui était atone a la pénétration, se spasme immédiatement sous l'effet de ces rotations et, des ce tonus obtenu, l'aiguille doit etre retirée sans délai. Dans ce cas, la saignée du point apres le retrait est formellement contre-indiquée, sous peine d'échec. Nous ne nous attarderons point a expliquer comment et pourquoi l'acupuncture par pénétration agit : nous avons personnellement effectué un certain nombre de travaux a ce propos dans le passé, portant sur le transfert d'électrons dans le point en exces (trop électro-positif), ou hors du point en carence (trop électro-négatif), grace au couple thermo-électrique qui s'établit entre le fer et le cuivre qui composent l'aiguille ; travaux concemant également les conséquences du stress (traumatisme) de la piqure sur les concentrations d'histamine et d'acétylcholine in situ ; tout cela n'est finalement d'aucun intéret du point de vue traditionnel, et seule est a retenir comme vraiment essentielle raetion par analogie opérative. Si l'aiguille c1assique d'acupuncture permet d'obtenir des résultats en général immédiats et durables, toutes les autres techniques d'intervention sur les points chinois, que ce soit par des électrodes (effet ionique seul) ou a l'aide de petites épingles monométalliques (stress seul), demandent de nombre uses séances sur beaucoup de points; pour obtenir en fin de compte des résultats qui, parfois indéniables, sont cependant toujours et nécessairement incomplets, ne « tiennent » guere longtemps, car outre que cha-
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cune des méthodes n 'utilise qu'une seule des deux précédentes actions physico-chimiques, aucune ne fait appel au troisieme principe, qui est en fait le premier, et le seul réellement fondamental. Les points appelés « concentrateurs », qui re~oivent les piqíires quantitatives que nous venons d'évoquer, ont tous une action locale, en ce sens que l'effet qu'ils re~oivent s'étend autour d'eux en cou· vrant une région qui correspond approximativement a la surface d'une paume. C'est ainsi que l'acupuncture s'applique dans les affections externes, soit directement sur un ou plusieurs points de la région malade (peau, muscles, articulations), soit indirectement, en entourant la région (si elle n'est pas porteuse d'un point central) par les points les plus proches (reil, oreille, nez, bouche, organes g6nitaux). L'acupuncture locale est également employée dans certains cas aigus intéressant la pathologie interne, sur le point central de la projection cutanée de l'organe malade. Ces points, appelés collecteurs (Mou), ont la particularité de se « charger ;¡) en meme temps que l'organe correspondant, d'ou leur nom, et, par voie de réversibilité, toute action de drainage appliquée sur I'un de ces points a pour effet de calmer I'organe en exceso Bien souvent, les collecteurs sont des points d'urgence qui, s'ils ne guérissent pas a proprement parler, ont l'avantage de calmer temporairement l'exces aigu, et de permettre de reprendre celui-ci, dans un second temps, par d'autres points : les points accordés (Yu). Les points accordés sont tous situés dans le dos,
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de chaque coté de la colonne vertébrale, et répondent en profondeur a la chaí'ne bilatérale des ganglions sympathiques, d'ou leur action interne métamérisée (c'est-a-dire étagée), qui en faít de véritables points de commande des différents organes contenus dans le tronc, grace a la voie sympathíque, et au niveau desquels on traite aussi bien les exces (non aigus, auquel cas on s'adresse aux collecteurs) que les carences. Dans l'acupuncture de drainage des exces, on a vu que l'aiguille, une fois mise en place, n'est plus manipulée par l'opérateur. Or il en est tout autrement dans l'acupuncture d'apport aux carences, on le manche de l'aiguille est manipulé, ce qui a pour effet que le thérapeute, si courte soit l'opération, est en contact (quantitatif) avec le malade. Tout acupuncteur a constaté que cette intervention d'apport est fatigante pour lui, sinon épuisante, car il joue le role du Ciel vis-a-vis du malade en situation relative de Sol, et doit alors lui fournir l'énergie qui lui fait défaut. C'est la raison pour laquelle cette acupuncture n'est plus guere pratiquée, et a été remplacée par la cautérísatíon du point (Tchiou), lequel re~oit de l'énergie, non plus du praticien, mais sous forme de chaleur fournie par l'incandescence d'un combustible. Ce combustible est la feuille s6chée d'armoise (Aí, artemisia vulgaris) qui, broyée, est fa~onnée en forme de petit cone de la taiIIe d'un grain de riz lequel, posé sur le point et allumé comme une chandelle (Aí Tchou), se consume lentement et doit etre retiré des que la sensation de
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chaleur est per~ue par le patient. Une autre méthode consiste a rouler une cigarette (Ai Tchuan Tchou) avec les feuUles d'armoise et, apres l'avoir allumée, d'en approcher l'extrémité incandescente du point a traiter, sans aller jusqu'au contact, restant a la distance nécessaire mais suffisante a la perception d'une chaleur supportable. Les empiriques ont remplacé la cautérisation classique par l'application d'objets divers préalablement plongés dans l'eau bouillante, tubes métalliques, cuilleres de porcelaine, etc., mais ces méthodes ne sont en aucune fa~on comparables a la cautérisation a l'armoise, dont la chaleur est spécifique, et qui apporte de surcro]t une action révulsive due a des hétérosides particuliers contenus dans la plante. Pour conclure ce chapitre, nous devons rappeler que certains points d'acupuncture sont dangereux, et que la Tradition foumit un répertoire complet de ceux-ci. Le lecteur demandera certainement la cause de ces véritables interdictions qui frappent les points dangereux, et nous regrettons de ne pouvoir lui répondre, car la Tradition ne s'explique pas a ce propos (textes probablement perdus), et nous n'avons jamais essayé d'en vérifier le bien-fondé pour de simples raisons de sécurité. Tout ce que nous pouvons dire est qu'il nous est arrivé de voir des malades qui avaient r~u un traitement sur des points interdits, de la part de praticiens insuffisamment informés, et que lesdits malades présentaient tous des troubles organiques, nerveux, psy-
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chiques, etc., parfaitement irréversibles, résistant atous les traitements possibles. Ce sont malheureusement des malades irrécupérables, qui suffisent amplement a montrer que ces interdictions ne doivent pas etre prises a la légere, quoi qu'en prétendent d'aucuns.
'.' CHAPITRE XIV
LES POTENTIALITÉS MORBIDES
Etre en bonne santé n'est pas, contrairement a ce qu'on pourrait d'abord penser, avoir ses fonctions normales, dans le sens ou cette normalité résulte d'une moyenne statistique prise sur un nombre plus ou moins grand d'individus supposés tous semblables, ce qui est une impossibilité pure et simple. En effet, nous sommes au contraire tous fondamentalement différents les uns des autres, et si quelques caractéristiques, d'ordre strictement quantitatif, nous sont communes (morphologie générale, anatomie, etc.), d'innombrables facteurs qualitatifs nous différencient, ce qui permet de comprendre que la normalité ne doit aucunement etre recherchée dans l'ensemble des autres individus, mais bien chez le sujet lui-meme. En termes plus brefs, etre en état de santé c'est, pour employer le raccourci banal, « se sentir bien dans sa peau lt. Combien de personnes prétendent n'etre « pas bien », sans pour autant pouvoir préciser davantage le siege et la nature de leur malaise ? Cellesla sont classées, par la médecine modeme, dan s l'arrnée des pithiatiques, c'est-a-dire de ceux qui,
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prétend-on, se decouvrent tres sincerement des maladies qu'ils n'ont nullement en réalité. Les considérer comme des malades imaginaires est une tres grave erreur, car un tel état de malaise indéfinissable est en quelque sorte le signal qu'un déreglement qualitatif est sur le point de donner ses conséquences quantitatives, encore floues a ce stade, mais qui ne tarderont guere a se particulariser dans tel ou tel plan de la structure physiologique. In· tervenir a ce moment, et par la voie qualitative, grace a l'examen des pouls, permet d' éviter un tel développement, et de redonner au sujet la sensation aussi agréable qu'indéfinissable du bien..etre physiologique. Mais nous avons déja traité de cela, et c'est surtout d'autres questions que nous voudrions discuter ici, qui se rapportent plus précisément a l'apparition de la maladie. On sait que celle-ci a des causes, mais pourquoi certaines de ces causes restent-elles a l'état virtuel chez les uns, alors qu'elles s'actualisent chez d'autres? Pourquoi, par exemple, tels enfants d'une meme famille reproduisent une maladie de run des ascendants (maladie héréditaire), pendant que les autres restent apparemment sains ? Second probleme : pourquoi la maladie, fut-elle accidentelle, apparait-elle a tel moment plutot qu'a tel autre? Hasard, répondra-t-on, hasard érigé a l'état de science par le calcul des probabilités. Comme nous l'avons déja dit plus haut (chapitre VIII),. nous ne souscrivons pas a cette opinion par trop simpliste, car il est bien évident que le hasard ne saurait se concevoir des qu'on
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admet que tout événement a une cause, meme en ce qui conceme l'instant ou il a lieu, et dire, pour reprendre notre précédent exemple, que la maladie est héréditaire, n'explique nullement pourquoi elle apparait a tel moment chez l'un et pas chez son frere. Que retre humain soit pOrteur de multiples virtualités morbides est incontestable, sinon il serait immortel. Aussi ne retiendrons-nous pas les classiques causes héréditaires ou acquises des maladies, qui ne sont, en réalité, que des possibilités, lesquelles sont en quelque sorte cultivées par l'humanité jusqu'a l'éclosion qui se produit sous des sollicitations d'un tout autre ordre que nous étudierons plus loin, apres avoir rappelé les modalités de cette véritable culture. C'est en jouant le jeu dangereux de la vie modeme que l'homme cultive et développe ses potentialités morbides héritées ou acquises. Sans vouloir passer en revue la totalité des modalités de la vie actuelle, nous devons cependant signaler les plus importantes et les plus nocives, qui se cachent souvent sous des aspects anodins, ou meme semblent assez logiques pour etre conseillées par certains en vue de conserver la santé, alors qu'elles ne font, en réalité, qu'accélérer le vieillissement de l'humanité (chapitre IV). L'homme est entre Ciel et Sol afin de jouer le role d'entremetteur entre ces deux termes: Cíel pour le Sol, il est en meme temps Sol pour le Cíel. C'est dans cette optique que doít etre défini le Métier (l'homme-Ciel agissant sur la substance-Sol),
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régi par les loís du Ciel (l'homme-Sol ~it le Ciel) au point qu'il devient un authentique rituel. C'est sur eette seu1e base qu'étaient organisées les corporations d'autrefois, au sein desquelles l'apprenti recevait l'initiation apres l'avoir dfunent méritée. Entendu dans son sens véritablement sacré, le Métier est tres éloigné de ce qu'on désigne actuellement. sous le nom d'emploi, sorte de fonetion standard que n'importe qui peut assurer sans vocation ni prédisposition particuliere. Si autrefois on était appelé au Métier, on en est maintenant a la recherche (et aux problemes du maintien) de l'emploi, et la nuance est d'importance. A cette perte de qualité du travail, due au fait que le Ciel n'y intervient plus, s'ajoute un autre événement : l'homme abandonne routil qu'il animait pour le remplacer par la machine, qui accomplit le meme travail, mais avec cette essentielle düférence que e'est a partir d'une énergie étrangere a l'hornme (charbon, pétrole, électricité, etc.), qui se trouve des lors réduit a rétat de conducteur de la maehine, et ne fait plus passer une partie de luimeme dans robjet fabriqué. Si on reconnaissait l'Artisan dans l'reuvre, qui était par la meme piece unique, les objets fabriqués maintenant sont parfaitement semblables entre eux, anonymes et sans vie propre. C'est la un réel détournement du role de l'homme entre Ciel et Sol, une perversion qui, a la limite, aboutit a la subversion, c'est-a-dire au renversement des valeurs Ciel et Sol, cornme le prouve cette ahurissante phrase d'un contemporain : « Fusées, usines atomiques et cyc1otrons sont les moder-
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nes cathédrales en tant que livre des mysteres » ! Et un autre de renchérir : « Notre haut degré de réalisation scientifique est une poussée irrésistible de notre progres vers un nouvel ~ge d'or » ! Ainsi, le vieil homme infirme en est arrivé a vénérer ses béquilles parce qu'elles sont pour lui le signe d'un extraordinaire perfectionnement ! Et c'est cela que récole incu1que aux enfants a qui, par ailleurs, on offre des jouets « scientifiques » afin de parfaire le eonditionnement... Ne pouvant plus dépenser son énergie reuvrer, l'homme lui a trouvé un emploi sous la forme du sport., rejetant ainsi cette prescription de la Tradition :
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