Extraordinaire_C&cie BTS_guide pédagogique

March 21, 2018 | Author: LPA | Category: Cinematography, Pedagogy, Color, Extraterrestrial Life, Paris
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Classiques & Cie BTS

L’extraordinaire

L’extraordinaire GUIDE PEDAGOGIQUE PAR JOHAN FAERBER

SOMMAIRE

PARTIE I. ENTRER DANS LE THÈME PAR UN FILM ( CINE & Cie)

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 Chapitre 1 : Les Aventuriers de l’Arche perdue de Steven Spielberg  Chapitre 2 : Independence Day de Roland Emmerich  Chapitre 3 : La Grande Bellezza de Paolo Sorrentino

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PARTIE II. QUATRE PARCOURS GUIDES POUR UTILISER LES DOCUMENTS DE L’ANTHOLOGIE

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 Parcours 1 : « Pourquoi rechercher ou créer un événement extraordinaire ? » o Objectifs o Corpus o Corrigé du 1er sujet blanc

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 Parcours 2 : « L’extraordinaire, un danger pour les hommes ? » o Objectifs o Corpus o Corrigé du 2e sujet blanc

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 Parcours 3 : « Le quotidien, un nouvel extraordinaire ? » o Objectifs o Corpus o Corrigé du 3e sujet blanc

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 Parcours 4 : « Comment ne pas céder à la surenchère d’extraordinaire ? » o Objectifs o Corpus o Corrigé du 4e sujet blanc

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PARTIE III. ANNALES ET SON CORRIGE

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: LE SUJET FRANCE METROPOLITAINE 2016

 Le sujet  Analyse des documents et plans pour la synthèse de documents et pour le sujet d’expression personnelle

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L’extraordinaire

Les deux premières parties du guide pédagogique sont consacrées à l’utilisation des documents de l’anthologie. Si elle s’organise en trois grands chapitres traitant chacun des problématiques inhérentes au thème, l’anthologie peut être exploitée de différentes manières que nous proposons. Un premier temps peut consister à entrer dans le sujet par les sections initiales CINÉ & Cie : le film visionné en classe ouvre à des discussions, débats et questionnements productifs chez les étudiants. Dans un second temps sont proposés quatre parcours pédagogiques afin de préparer les étudiants aux différentes problématiques. Chacun de ces quatre parcours se construit autour de la préparation de sujets blancs de BTS. On trouvera à la fin de chacun des parcours le corrigé de la synthèse de documents et de l’expression personnelle des « sujets blancs guidés » de l’anthologie.

Partie I Entrer dans le thème par un film ( CINÉ & Cie)

Aborder un thème nouveau pose toujours la question du « comment faire ? » sans en dévoiler trop, en suscitant la curiosité, sans effrayer les étudiants par l’ampleur du sujet. Aborder chaque aspect majeur du thème par des films et leur analyse permet à l’enseignant de dédramatiser le sujet tout en évitant l’écueil de l’abstraction et de propos trop généraux. À ce titre, « L’extraordinaire » est un thème qui peut être envisagé selon trois angles : le besoin de s’évader du quotidien et la recherche de l’extraordinaire, les risques de l’extraordinaire et enfin la nécessité de réconcilier le quotidien et l’extraordinaire. Les films proposés offrent à chaque fois des leviers problématiques et pédagogiques que l’on pourra utiliser avec profit. Nous proposons d’indiquer des pistes pour l’utilisation de l’analyse filmique des différents chapitres. Chaque analyse opère en trois temps : ● le visionnage du film avec la classe ; ● l’analyse de l’affiche du film qui permet de faire des rappels et invite à des débats ; ● l’illustration du thème par le film. Pour chacune des analyses d’affiches et de films, nous suggérons quelques pistes de réponses.  CHAPITRE 1 : Le besoin de s’évader du quotidien et la recherche de l’extraordinaire  Les Aventuriers de l’Arche perdue de Steven Spielberg, États-Unis, 1981 OBJECTIF 1 : Lire l’image Faites observer l’affiche du film (2e de couverture de l’anthologie) et relire la rubrique CINÉ & Cie (p. 12-13). Puis demandez aux étudiants de répondre aux questions.

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1. Quelles sont les composantes de l’image ? Il faut distinguer deux éléments : ● En premier lieu, le visage crayonné d’Harrison Ford qui interprète le personnage d’Indiana Jones. Son portrait occupe la majeure partie de l’image ce qui suggère qu’il est le personnage principal du film. ● Le reste de l’affiche consiste en détails, à taille très réduite, se situant au bas du portrait du personnage principal et présentant des silhouettes noires semblant renvoyer à différentes scènes du film. Ces éléments suggèrent qu’il s’agit d’un film d’aventures car chaque silhouette montre des personnages ou des véhicules en action. Ils viennent aussi, par contraste, renforcer l’importance d’Indiana Jones sur l’affiche et sa position centrale dans l’histoire. 2. Observez l’habillement d’Indiana Jones : ressemble-t-il à un professeur d’archéologie ? De son vrai nom Henry Walton Jones, Indiana Jones n’apparaît pas comme un sage et respectable professeur d’archéologie. Il revêt les attributs du personnage de film d’action : un chapeau, un fouet à l’épaule et un blouson de cuir, trois accessoires connotant l’aventure. De tels accessoires font écho au titre du film et justifient le caractère d’aventurier du personnage. On remarquera enfin que le crayonné de l’affiche renvoie aux codes de la BD et à l’univers merveilleux des aventures héroïques qu’elle met en scène. 3. Pourquoi Indiana Jones est-il mis en avant sur l’affiche ? Le visage d’Indiana Jones occupe l’ensemble de l’affiche, comme s’il s’agissait d’un portrait. Cela indique qu’il est le personnage principal du film. En outre, si ce portrait indique que l’histoire d’Indiana constituera le fil conducteur du récit, c’est l’héroïsme du personnage qui est valorisé. Son regard, accentué par des traits plus sombres, souligne sa détermination et son caractère frondeur. Il est l’aventurier par excellence, qui a le goût du risque. OBJECTIF 2 : Commentez le film Visionnez avec vos étudiants le film et amenez-les à le commenter en répondant aux questions. 1. À quel moment les agents secrets américains contactent-ils Indiana Jones pour le charger d’une mission contre les Nazis ? Quel contraste Spielberg souligne-t-il ? Dans les premières minutes qui suivent le générique, deux agents secrets, en civil, viennent voir Indiana Jones après son cours hebdomadaire d’archéologie à l’université où il enseigne. Le contraste naît du cadre dans lequel Indiana Jones est recruté : l’aventurier est approché dans ses activités les plus quotidiennes et banales. Ce contraste est souligné de manière plus nette par l’habillement de Jones, tout à fait classique et sage. Le but de Spielberg est de montrer que le quotidien le plus ordinaire peut tout à coup basculer, par l’héroïsme d’un homme, dans l’extraordinaire.

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2. Comment les scènes de course-poursuite au Népal démontrent-elles l’héroïsme d’Indiana Jones ? Ces scènes surgissent, tout d’abord, en contraste flagrant après les scènes, plus lentes, de réflexion d’Indiana Jones sur les mystères de l’Arche perdue. Elles semblent alors d’autant spectaculaires et haletantes. Elles montrent également que Jones n’est pas seulement un brillant archéologue, mais aussi un homme d’une force physique rare. Dans ces scènes, Indiana Jones démontre son héroïsme par son sens tactique, son courage à toute épreuve et sa bravoure qui l’incitent à ne jamais reculer devant le danger, comme la traversée périlleuse du pont. Il se dépasse sans cesse. Enfin, son héroïsme est renforcé par son attitude protectrice et rassurante envers la jeune femme qui l’accompagne. 3. Comment est mis en scène l’extraordinaire dans la scène de l’ouverture de l’Arche par les Nazis ? Steven Spielberg souligne le caractère extraordinaire de l’Arche en mettant en avant deux éléments. Tout d’abord l’aspect de l’Arche elle-même, qui ressemble à un trésor de pirates des romans d’aventures pour enfants. Elle renvoie au monde du rêve et de l’enfance, peuplé de merveilleux. Le coffre de l’Arche est également doré, ce qui souligne son caractère rare et précieux mais aussi son prix et sa puissance mythique. Le second élément est la mise en scène des puissances maléfiques qui s’échappent de l’Arche à son ouverture. Spielberg a recours à des effets spéciaux et crée des dessins bleutés de monstres spectraux provenant du coffre, autant de fantômes aux visages déformés évoquant explicitement « Le Cri » (1893), célèbre tableau du peintre norvégien Edvard Munch (1863-1944).

 CHAPITRE 2 : Les risques de l’extraordinaire  Independence Day de Roland Emmerich, États-Unis, 1996 OBJECTIF 1 : Lire l’image Faites observer l’affiche du film (3e de couverture) et relire la rubrique CINÉ & Cie (p. 6061). Puis demandez aux étudiants de répondre aux questions. 1. Quelles sont les composantes de l’image ? Comment expliquez-vous le choix des couleurs ? Deux éléments se distinguent : ● Le socle de ce qui semble être une soucoupe volante aux proportions gigantesques, dissimulant même le ciel, au-dessus de la Maison-Blanche. Cette soucoupe s’ouvre en son centre pour laisser échapper ce qui paraît être un puissant rayon laser, dont la largeur ne laisse aucun doute sur sa puissance de destruction. ● Si la soucoupe volante occupe les deux tiers de l’affiche, la Maison-Blanche n’occupe que le tiers restant. Le palais présidentiel est littéralement dominé par les extraterrestres qui entament sa destruction. Le rayon laser traverse le bâtiment, détruisant dans les flammes le fameux bureau ovale.

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● L’utilisation

de la couleur renforce l’opposition entre la soucoupe et la Maison-Blanche. La soucoupe est dans des couleurs froides, des tonalités dures qui soulignent la violence des extraterrestres. À ces couleurs glaciales s’opposent les tons chauds de la Maison-Blanche, lumineuse – même si la lumière provient de l’incendie qui la ravage. 2. Pourquoi le vaisseau extraterrestre est-il plus imposant que la Maison-Blanche ? L’opposition entre les deux parties de l’affiche est également accentuée par le caractère disproportionné du vaisseau extraterrestre au regard de la Maison-Blanche. Le vaisseau n’apparaît qu’en partie, montrant ainsi son caractère proprement gigantesque et ses proportions extraordinaires, effrayantes. L’aspect circulaire de la soucoupe suggère un possible remplacement de la Terre et des Terriens par une autre civilisation. 3. Comment est mise en scène la violence des extraterrestres ? La violence des extraterrestres est représentée par deux éléments. Le rayon laser et son large faisceau témoignent de la puissance de destruction des envahisseurs. La MaisonBlanche, représentée quelques secondes avant qu’elle n’explose, symbolise la destruction de ce qui, dans le monde occidental, incarne la toute-puissance. Les extraterrestres se montrent les plus puissants. Cette violence s’exerce d’une autre manière : aucune créature n’est visible sur l’affiche. Les envahisseurs n’apparaissent pas. Leur puissance de destruction est aveugle et sans visage, ce qui renforce son caractère terrifiant et fantastique. OBJECTIF 2 : Commentez le film Visionnez avec vos étudiants le film et amenez-les à le commenter en répondant aux questions. 1. Comment le quotidien de la famille de Steven Hiller est-il bouleversé dans les premières séquences du film ? Les premières séquences du film jouent sur l’opposition entre le quotidien banal d’une famille et le surgissement inattendu et violent de la menace extraterrestre. Installée dans une paisible banlieue de Los Angeles, la famille de Steven Hiller est filmée à son réveil, dans une scène idyllique de petit-déjeuner entre parents et enfants. La lumière est délibérément chaude et chaleureuse, pour souligner le bonheur quotidien. Mais il est soudainement rompu par la vision de vaisseaux survolant Los Angeles. L’arrivée des extraterrestres, par contraste, vient tout assombrir. Leurs vaisseaux sont des disques noirs qui viennent masquer la lumière californienne. De plus, on ne voit pas de quoi ni de qui il s’agit. L’événement est aussi inattendu qu’angoissant. Le quotidien en sera à jamais bouleversé. 2. Observez le choix des couleurs dans les séquences avec les extraterrestres et dans celles avec les humains : que remarquez-vous ? Quels sont les effets recherchés ? Deux tons de couleurs dominent et s’opposent : ● Les teintes sombres et froides dominent les séquences avec les extraterrestres. Les couleurs glaciales, en nuances de gris et de bleu acier, teintent les vaisseaux spatiaux jusqu’au ciel où 5 Guide pédagogique

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apparaissent les extraterrestres. Ces couleurs disent la cruauté des envahisseurs et sont synonymes de mort. ● La seconde gamme de couleurs est chaude et renvoie explicitement au groupe des humains persécutés par les extraterrestres. Ces couleurs, en dégradé de rouge et d’orange, évoquent la chaleur humaine, le corps humain, la part vivante et lumineuse de la vie. À ce titre, ils sont associés à des lieux marqués par la chaleur comme le désert ou la Californie. 3. Qui réussit à détruire le vaisseau extraterrestre principal ? Analysez le rôle de ce personnage en pensant à ce qu’il a vécu auparavant d’extraordinaire et de traumatique. Il s’agit du vétéran de la guerre du Vietnam qui choisit de se sacrifier en jetant son avion dans le vaisseau spatial afin de libérer l’humanité. Ce personnage, que le spectateur découvre progressivement, est un homme qui a vécu au plus près le versant horrible de l’extraordinaire à travers la guerre. Il est le seul à pouvoir surmonter sa peur pour vaincre l’ennemi. Par son sacrifice, il opère une double libération : celle de l’humanité mais aussi la sienne, car il se délivre de son passé.  CHAPITRE 3 : Réconcilier le quotidien et l’extraordinaire  La Grande Bellezza de Paolo Sorrentino, Italie-France, 2013 OBJECTIF 1 : Lire l’image Faites observer l’affiche du film (cahier couleur p. VII) et relire la rubrique CINÉ & Cie (p. 108-109). Puis demandez aux étudiants de répondre aux questions. 1. Quelles sont les composantes de l’image ? Deux éléments composent l’image : ● Le personnage de Jep Gambardella est assis sur un banc de marbre. Il se distingue aisément par sa veste au jaune soutenu, son allure distinguée et son raffinement de dandy. Sa moue semble pourtant hésiter entre le dédain et la désinvolture. ● L’arrière-plan est constitué d’une imposante statue de l’Antiquité romaine. Elle occupe presque les deux-tiers de l’image et renvoie directement au sens esthétique dont paraît témoigner le personnage. 2. Observez le contraste entre Jep Gambardella et la statue derrière lui ? Que soulignet-il ? L’homme et la statue s’opposent dans leur attitude et la manière dont leurs corps sont mis en scène. En effet, le corps dénudé de la statue contraste avec les vêtements de Jep Gambardella. Se développe ainsi une sensualité de l’art, et plus généralement du corps, à laquelle Gambardella reste étranger. La statue paraît être dans la jouissance et les plaisirs de la vie alors que Gambardella semble lassé de ces plaisirs dont la statue serait le symbole. 3. Observez l’éclairage de la scène : quel rôle joue l’ombre ici ? L’ombre dans laquelle se trouve la statue donne un indice sur l’histoire de film. De fait, à la manière d’un récit d’apprentissage, on peut deviner que Jep Gambardella découvrira progressivement cette sensualité de l’art à laquelle il a été étranger toute sa vie. De manière 6 Guide pédagogique

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symbolique, la lumière se fera progressivement sur ce qui est encore dans l’obscurité, à savoir la grande beauté des choses, qui donne son titre au film. OBJECTIF 2 : Commentez le film Visionnez avec vos étudiants le film puis amenez-les à le commenter en répondant aux questions. 1. À quoi voit-on, dans les scènes où Jep Gambardella évolue de fête en fête, qu’il s’y ennuie ? La Grande Bellezza se construit comme une odyssée nocturne où le dandy évolue de soirée en soirée. Il y montre un ennui prononcé qui prend trois principales formes : ● Il ne parle pas et évolue comme un fantôme. ● La caméra le suit souvent de dos, en plan séquence, de manière à souligner qu’il ne s’arrête que rarement pour discuter. ● Quand parfois il discute avec des groupes de personnes, il parle, n’attend pas de réponse et laisse promener son regard ailleurs. 2. Pourquoi Jep Gambardella est-il toujours habillé de couleurs vives ? Personnage principal, Jep Gambardella est toujours au centre des scènes présentées par Paolo Sorrentino qui choisit de l’habiller de couleurs vives. Cela remplit trois fonctions : ● une fonction sociale : le personnage, romancier et dandy, doit se distinguer de la foule par son goût marqué. Il a décidé de faire de sa vie une aventure extraordinaire, qui se reflète dans cette exigence vestimentaire qui évoque l’aristocratie ; ● une fonction narrative : présent tout au long du film, il doit sortir de la grisaille du quotidien et être aisément repéré par le spectateur au premier coup d’œil ; ● une fonction symbolique : les couleurs vives de ses costumes contrastent avec la grisaille de son esprit désabusé, sombre et mélancolique. 3. Quel procédé cinématographique utilise Paolo Sorrentino pour montrer l’intérêt de Jep Gambardella pour les monuments romains ? À de nombreuses reprises, du début à la fin du film, Jep Gambardella se trouve face à des monuments romains, filmés différemment selon l’évolution morale du personnage. Ainsi, dans les premières scènes, de nombreuses statues et tableaux sont à peine visibles à l’écran car le regard de Gambardella, lassé, glisse dessus. L’arrivée progressive de longs travellings va revêtir une valeur morale, comme s’il s’agissait de l’étape finale d’un apprentissage. Sorrentino, en développant des plans de plus en plus lents, montre que le personnage apprend à regarder le quotidien d’un œil neuf et que l’extraordinaire se loge dans la réalité qui l’entoure au jour le jour.

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Partie II Quatre parcours guidés pour utiliser les documents de l’anthologie

En plus de l’organisation thématique en trois chapitres de l’anthologie, réunissant près de 50 documents, nous proposons quatre parcours pédagogiques guidés à travailler avec vos étudiants. Répartis en quatre questions clés, posées dans la rubrique « Sujets blancs guidés » de l’anthologie (p. 141-144), chacun de ces parcours comprend trois objectifs pédagogiques à atteindre avec les étudiants pour mieux cerner les problématiques et enjeux de du thème au programme. Chacun de ces parcours s’appuie sur 8 documents qui, en plus des trois questions proposées dans l’anthologie, offre des pistes de travail à l’enseignant afin de préparer l’étudiant à la recherche d’arguments et d’exemples précis, utiles tant pour la synthèse de documents que pour l’expression personnelle. Ces quatre parcours se concluent par le corrigé, sous forme de plans détaillés des 4 sujets blancs guidés proposés dans l’anthologie (p. 141-144). Pour réussir la synthèse de documents et l’écriture personnelle, les étudiants pourront s’appuyer sur les deux premières fiches méthodologiques qui figurent dans l’anthologie (« Construire une synthèse de documents » et « Traiter un sujet d’écriture personnelle », p. 145-149). Ils pourront aussi consulter avec profit les autres fiches méthodologiques (Analyser un texte d’idées », « Analyser une image », « Les différentes formes de discours », p. 150-155).

 PARCOURS 1 : POURQUOI RECHERCHER OU CREER UN EVENEMENT EXTRAORDINAIRE ? OBJECTIFS Trois objectifs président à cette séquence de découverte de la nature et de la fonction de l’extraordinaire et des liens étroits qu’il entretient avec le quotidien : 1/ examiner la nature de l’extraordinaire et la manière dont il se manifeste à chacun ; 2/ distinguer les différentes fonctions possibles de l’extraordinaire et ce qui incite à créer des événements hors du commun ; 3/ apprendre à nuancer son propos en vue de l’expression personnelle en mettant en lumière les risques et les abus dans la recherche aveugle de l’extraordinaire. CORPUS : 8 DOCUMENTS DE TRAVAIL  DOC 2 : BRUCE BEGOUT, La Découverte du quotidien (p. 16) L’examen du texte de Bégout permet de définir le quotidien pour mieux comprendre, par contraste, ce qui pousse certains à rechercher l’extraordinaire. Pour le philosophe, le quotidien se caractérise par une série de gestes réglés par l’habitude et par la répétition d’actions strictement identiques. Le quotidien est un univers familier, monotone et qui ne change jamais. 8 Guide pédagogique

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 DOC 7 : VIOLETTE LEDUC, La Vieille fille et le mort (p. 24) Cet extrait du roman de Violette Leduc met en scène Clarisse, une vieille fille de 54 ans qui tient un commerce en province. Entre deux activités routinières, elle rêve secrètement de s’évader dans des contrées lointaines où elle pourrait mener une autre vie.  DOC 9 : MADAME DE SEVIGNE, Lettre de Madame de Sévigné à M. de Coulanges (p. 28) Cette lettre de madame de Sévigné permet d’exposer les caractéristiques d’un événement extraordinaire. L’extraordinaire est un fait inhabituel qui rompt avec les habitudes et fait oublier la platitude du quotidien. Il crée la surprise, le ravissement et la joie.  DOC 17 : FRANCIS SCOTT FITZGERALD, Gatsby le magnifique (p. 46) Fitzgerald montre, à travers la luxueuse fête donnée par Gatsby, qu’un événement extraordinaire peut être l’accès à un monde nouveau plus riche, plus intense et toujours inattendu. Il permet aux personnages de s’évader de leur vie banale et d’embellir leur existence.  DOC 18 : PASCAL QUIGNARD, Villa Amalia (p. 50) Articulé au précédent, ce texte montre que la recherche d’extraordinaire correspond à une quête de sensations nouvelles et plus intenses. Pour Ann Hidden, se baigner dans la baie de Naples consiste à goûter à un bonheur et un apaisement inédits. L’extraordinaire procède d’un dépaysement fondamental.  DOC 19 : ALAIN-FOURNIER, Le Grand Meaulnes (p. 53) Alain-Fournier met en scène le personnage du Grand Meaulnes découvrant, par hasard, une fête étrange, merveilleuse et fascinante. Rompant avec une campagne froide et triste ainsi qu’avec sa vie de collégien, cette fête offre un horizon magique et fabuleux.  DOC 26 : GUSTAVE FLAUBERT, Madame Bovary (p. 75) Ce passage du roman de Flaubert montre le personnage d’Emma Bovary en proie à la déception et l’ennui. Cherchant à tout prix à fuir son plat quotidien et son mariage sans envergure avec Charles, Emma survalorise l’extraordinaire qui, quand il disparaît, la jette dans la dépression.  DOC 27 : GEORGES PEREC, Les Choses (p. 77) Amertume et désillusion caractérisent également le jeune couple de ce premier roman de Georges Perec. Après avoir cherché la satisfaction en achetant tout ce qui pouvait exister d’extraordinaire, Jérôme et Sylvie sombrent sous le poids de leurs innombrables dettes, dans l’amertume et la mélancolie. SUJET

1 : POURQUOI RECHERCHER EXTRAORDINAIRE ? (→ Anthologie, p. 141) DOC 2 : BRUCE BEGOUT, La Découverte du quotidien (p. 16) DOC 18 : PASCAL QUIGNARD, Villa Amalia (p. 50) BLANC

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OU

CREER

UN

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DOC 19 : ALAIN-FOURNIER, Le Grand Meaulnes (p. 53) DOC 26 : GUSTAVE FLAUBERT, Madame Bovary (p. 75) Plan de la synthèse de documents I. L’extraordinaire : une fuite hors du quotidien a. Fuir un quotidien plat et répétitif b. Rechercher des émotions intenses et inédites II. Les fonctions de l’événement extraordinaire a. Fonction émancipatrice de l’extraordinaire b. Entrer dans un univers merveilleux III. Une quête entre bonheur et déception a. Découvrir le bonheur d’une nouvelle vie b. Après l’extraordinaire : la déception ? Plan de l’écriture personnelle I. L’extraordinaire, outil pour oublier le quotidien a. Rompre avec un quotidien répétitif et monotone b. L’extraordinaire : une machine à rêves c. Créer un événement hors du commun II. L’extraordinaire, promesse d’une vie meilleure ? a. L’extraordinaire comme synonyme de bonheur b. L’extraordinaire comme synonyme de dépaysement c. Le risque de l’extraordinaire : la désillusion

 PARCOURS 2 : L’EXTRAORDINAIRE, UN DANGER POUR LES HOMMES ? OBJECTIFS Trois objectifs président à ce deuxième parcours qui vise à mettre en évidence les risques propres à certains événements extraordinaires. Il s’agit de : 1/ mettre en lumière les différentes catégories de risques encourus ; 2/ affirmer la dimension tragique et fantastique de certains événements extraordinaires ; 3/ montrer que le risque n’est pas une fatalité et qu’il peut être surmonté.

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CORPUS : 8 DOCUMENTS DE TRAVAIL  DOC 21 : SERGE JONCOUR, L’Idole (p. 66) Ce premier texte romanesque de Serge Joncour ouvre à une nouvelle catégorie d’événement extraordinaire : l’irruption de faits fantastiques et inexplicables dans la vie des hommes. Le quotidien est interrompu par des épisodes confus semant le trouble.  DOC 23 : FRANZ KAFKA, La Métamorphose (p. 69) Dans le prolongement du texte de Joncour, La Métamorphose explore l’aspect fantastique et surnaturel de l’extraordinaire qui rompt avec le quotidien mais de manière terrifiante.  DOC 28 : J. G. BALLARD, Crash ! (p. 79) Le roman de J.G. Ballard montre que l’un des risques majeurs de l’extraordinaire est sa survalorisation. La quête du héros, morbide et malsaine, et sa recherche de l’extraordinaire à tout prix le conduisent à la folie.  DOC 33 : MICHEL VINAVER, 11 septembre 2001 (p. 90) Venant appuyer les trois textes précédents, cet extrait de la pièce de théâtre de Vinaver explore un autre aspect des risques de l’extraordinaire : le traumatisme. Ces scènes montrent la panique et la terreur lors des attentats new-yorkais du 11 septembre 2001. La violence de l’événement, ainsi que son caractère spectaculaire et exceptionnel, laisse de profondes séquelles physiques et psychologiques.  DOC 34 : BIRGITTA ORFALI, « Regard psychosocial et événements extraordinaires » (p. 92) Cette réflexion sociologique souligne que les événements extraordinaires entraînent des bouleversements graves et irréversibles dans le quotidien. Ceux qui ont survécu à des attentats ou des catastrophes naturelles doivent réapprendre à vivre au quotidien.  DOC 36 : WALTER BENJAMIN, « Le Conteur » (p. 96) Cet article montre qu’il est difficile pour certains de se reconstruire après des événements extraordinairement violents, comme la Première Guerre mondiale. En dépit de leurs efforts, un grand nombre d’individus demeure dans un état de sidération indépassable et handicapant. Tout le monde n’a, hélas, pas la force de se reconstruire.  DOC 42 : PIERRE ZAOUI, La Traversée des catastrophes (p. 118) Le philosophe Pierre Zaoui recommande de mettre à distance les événements extraordinaires, aussi horribles soient-ils, afin de trouver la force morale incitant à vivre de nouveau. Selon lui, la sidération et la terreur des événements violents peuvent être dépassées.  DOC 43 : SYLVAIN TESSON, Dans les forêts de Sibérie (p. 120) Dans ce journal de voyage, l’explorateur Sylvain Tesson montre que le quotidien le plus simple peut être regardé comme un événement extraordinaire. 11 Guide pédagogique

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SUJET BLANC GUIDE N° 2 : L’EXTRAORDINAIRE, UN DANGER POUR LES HOMMES ? (→ Anthologie, p. 142) DOC 21 : SERGE JONCOUR, L’Idole (p. 66) DOC 33 : MICHEL VINAVER, 11 septembre 2001 (p. 90) DOC 34 : BIRGITTA ORFALI, « Regard psychosocial et événements extraordinaires » (p. 92) DOC 42 : PIERRE ZAOUI, La Traversée des catastrophes (p. 118) Plan de la synthèse de documents I. L’extraordinaire : des événements violents a. Des événements qui sèment troubles et confusion b. L’extraordinaire comme puissance destructrice II. Des risques physiques et psychologiques a. Des traumatismes physiques b. Des traumatismes psychologiques III. Les risques de l’extraordinaire : une fatalité ? a. Échapper à la sidération b. Retrouver la sécurité apaisante du quotidien Plan de l’écriture personnelle I. L’extraordinaire : un danger pour les hommes a. Une puissance destructrice du quotidien b. Une violence meurtrière c. Les séquelles psychologiques de l’extraordinaire II. Surmonter l’horreur de l’extraordinaire a. Lutter contre le traumatisme : la distance critique b. Retrouver une force morale c. Réapprendre les gestes du quotidien

 PARCOURS 3 : LE QUOTIDIEN, UN NOUVEL EXTRAORDINAIRE ? OBJECTIFS Dans ce nouveau parcours pédagogique autour de la question de la réconciliation de l’extraordinaire et du quotidien, il faudra examiner : 1/ ce qui, dans le quotidien, peut sembler extraordinaire ; 2/ la nécessité, en conséquence, de réévaluer le quotidien ; 3/ enfin, l’essentielle remise en question de l’extraordinaire. 12 Guide pédagogique

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CORPUS : 8 DOCUMENTS DE TRAVAIL  DOC 39 : MAURICE BLANCHOT, « La parole quotidienne » (p. 101) Ce parcours pédagogique débute avec l’examen du texte de Maurice Blanchot qui insiste sur la surmédiatisation et la banalisation de l’extraordinaire. Selon lui, le flot permanent d’informations finit par susciter l’indifférence du public.  DOC 40 : REGIS DEBRAY, Du bon usage des catastrophes (p. 112) Cette réflexion de Régis Debray insiste sur une mise en perspective critique de l’extraordinaire. Pour Debray, il s’agit de résister à la survalorisation de l’extraordinaire et à l’hystérie médiatique qui a vidé l’extraordinaire de tout son sens. Il s’agit d’apprécier l’extraordinaire à sa juste valeur.  DOC 41 : SIGMUND FREUD, Psychopathologie de la vie quotidienne (p. 114) Le parcours pédagogique se poursuit avec ce texte de Freud qui invite à réfléchir sur un cas concret de survalorisation de l’extraordinaire. Freud insiste sur l’idée selon laquelle il faut, par la raison et l’examen critique, distinguer ce qui relève de l’extraordinaire et ce qui ne l’est pas. Les prodiges observés s’expliquent par le retour de souvenirs qui avaient été refoulés par l’inconscient et non par une quelconque force surnaturelle.  DOC 44 : GEORGES PEREC, L’Infra-ordinaire (p. 123) Dans ce texte, Georges Perec désigne sous le terme d’infra-ordinaire tous les détails qui sont en apparence insignifiants au quotidien mais qui donnent la possibilité de s’émerveiller. L’infra-ordinaire est une réponse à la surenchère de l’extraordinaire et lui oppose la quête mesurée et raisonnable des éléments infimes du quotidien qui lui donnent sa saveur.  DOC 45 : ROMAIN PUERTOLAS, L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea (p. 127) Cet extrait invite à considérer que trouver l’extraordinaire dans le quotidien est une question de point de vue. Si faire ses courses dans un magasin Ikea est banal pour nombre d’Occidentaux, il n’en va pas de même pour le héros indien qui en ressort émerveillé. À travers son regard naïf, le moindre objet routinier devient un trésor digne de la caverne d’Ali Baba.  DOC 46 : FRANÇOISE HERITIER, Le Sel de la vie (p. 129) Dans ce texte ethnologique, Françoise Héritier énumère un certain nombre d’éléments quotidiens qui, en apparence, n’ont rien d’extraordinaire. Mais sa démonstration obéit rigoureusement au mouvement inverse car elle dévoile, au contraire, la profondeur merveilleuse de l’insignifiant.

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 DOC 48 : LOUIS ARAGON, Le Paysan de Paris (p. 134) Ce célèbre extrait sur le passage de l’Opéra témoigne de la volonté d’Aragon de sublimer le réel en y posant un regard poétique fantastique et fabuleux. La leçon est aussi bien morale qu’esthétique : le réel peut être rendu vivable, même dans toute sa banalité, à condition d’y découvrir soi-même l’extraordinaire.  DOC 49 : MARCEL DUCHAMP, Fontaine (p. 137) Cette sculpture de Duchamp, délibérément provocatrice, veut renverser littéralement la vision du quotidien. En prenant un objet banal, un urinoir, le plasticien entend démontrer que le quotidien recèle un certain nombre d’œuvres d’art insoupçonnées. Il est une source permanente d’extraordinaire. SUJET GUIDE BLANC N° 3 : LE QUOTIDIEN, UN NOUVEL EXTRAORDINAIRE ? (→ Anthologie, p. 143) DOC 41 : SIGMUND FREUD, Psychopathologie de la vie quotidienne (p. 114) DOC 44 : GEORGES PEREC, L’Infra-ordinaire (p. 123) DOC 46 : FRANÇOISE HERITIER, Le Sel de la vie (p. 129) DOC 49 : MARCEL DUCHAMP, L’Urinoir renversé (p. 137) Plan de la synthèse de documents I. Réévaluer l’extraordinaire a. Échapper à la banalisation et à la surenchère de l’extraordinaire b. Une nécessaire distance critique II. Réconcilier extraordinaire et quotidien a. L’apprentissage du banal b. La quête de l’infra-ordinaire III. Le quotidien, ce nouvel extraordinaire ? a. Le sel de la vie : retrouver la saveur du quotidien b. Faire du quotidien une œuvre d’art Plan de l’écriture personnelle I. Redécouvrir le quotidien a. Réévaluer l’extraordinaire b. Une distance critique pour mieux apprécier le quotidien c. L’apprentissage de l’insignifiant II. L’extraordinaire du quotidien a. Les joies insoupçonnées de l’infra-ordinaire b. Le sel de la vie et le goût du banal c. Le quotidien : une poésie extraordinaire 14 Guide pédagogique

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 PARCOURS 4 : COMMENT NE PAS CEDER A LA SURENCHERE D’EXTRAORDINAIRE ? OBJECTIFS Trois objectifs président à cet ultime parcours qui évoque la surmédiatisation de l’extraordinaire et l’aveuglement de certains devant la fascination qu’il exerce. Trois pistes président au parcours pédagogique : 1/ montrer que les événements extraordinaires provoquent parfois une fascination dont il est difficile de se déprendre ; 2/ étudier ce que l’on appelle le sensationnalisme pour mieux comprendre le phénomène médiatique de surenchère ; 3/ s’interroger sur les buts et les fonctions des figures de l’exagération à l’œuvre dans les discours sur l’extraordinaire. CORPUS : 8 DOCUMENTS DE TRAVAIL  DOC 13 : JULES VERNE, De la Terre à la Lune (p. 35) Ce parcours pédagogique débute par l’examen du texte de Jules Verne qui présente un voyage en fusée vers la Lune. Ce dernier offre toutes les caractéristiques du discours sur l’extraordinaire : les termes se rapportant à l’inhabituel et le fabuleux, les hyperboles et les exclamations. La stupéfaction domine.  DOC 17 : FRANCIS SCOTT FITZGERALD, Gatsby le magnifique (p. 46) Ce deuxième texte s’attarde sur les buts de la quête de l’extraordinaire. Il s’agit d’embellir l’existence, de la rendre magique et merveilleuse afin d’échapper à sa platitude. Le récit de Fitzgerald insiste sur la débauche de moyens et la surenchère dans le luxe.  DOC 32 : STENDHAL, La Chartreuse de Parme (p. 88) Ce passage permet de montrer que l’extraordinaire peut renvoyer à un fait atroce, comme la guerre. Elle vient rompre le quotidien de Fabrice del Dongo en le jetant dans l’horreur de la bataille de Waterloo. L’extraordinaire est spectaculaire pour sa capacité de destruction : c’est cet aspect que les journaux et autres futurs médias sauront exploiter.  DOC 37 : LIBERATION, UNE DES 12 ET 13 MARS 2011 (p. 98) Il s’agit de la Une du quotidien Libération qui se compose d’une photo du tsunami japonais de 2011 surmontée d’une phrase de témoignage d’un rescapé. Le sensationnalisme est double : il vient ajouter de l’horreur à l’horreur pour rendre l’événement encore plus spectaculaire. La photo d’un tourbillon, déjà en soi terrifiante, est légendée d’une phrase encore plus atroce sur la fin du monde. La rhétorique de la surenchère est à l’œuvre.

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 DOC 38 : YANNICK VILLEDIEU, « Le sensationnalisme et le journalisme scientifique » (p. 99) Ce texte analyse avec précision comment procèdent les journaux scientifiques pour grossir une nouvelle et la rendre sensationnelle. Villedieu insiste sur l’exagération et l’usage des hyperboles. Le but est de créer un choc chez le lecteur et d’augmenter ainsi les ventes des journaux. Mais le risque, à force d’exagérer et de surenchérir, est de banaliser l’extraordinaire.  DOC 39 : MAURICE BLANCHOT, « La parole quotidienne » (p. 101) Ce texte de Blanchot insiste sur l’absence de hiérarchisation des informations à force de sensationnalisme. Si toutes les nouvelles sont extraordinaires, alors plus aucune ne l’est. La surenchère finit par lasser les hommes.  DOC 40 : REGIS DEBRAY, Du bon usage des catastrophes (p. 112) La réflexion de Debray montre qu’il faut adopter une distance critique face à la débauche médiatique d’extraordinaire. La mesure doit être de rigueur devant le sensationnalisme et il ne faut pas confondre ce qui est extraordinaire avec ce qui ne l’est pas.  DOC 47 : PHILIPPE DELERM, Enregistrements pirates (p. 132) Dans ce même mouvement de reconquête du quotidien contre la surenchère d’extraordinaire, Philippe Delerm fait l’éloge des petits plaisirs de tous les jours. Chaque vie, à chaque instant, recèle des trésors infimes et des joies intenses à redécouvrir. SUJET BLANC GUIDE N° 4 : COMMENT NE PAS CEDER A LA SURENCHERE D’EXTRAORDINAIRE ? (→ Anthologie, p. 144) DOC 17 : FRANCIS SCOTT FITZGERALD, Gatsby le magnifique (p. 46) DOC 37 : LIBERATION, UNE DES 12 ET 13 MARS 2011 (p. 98) DOC 38 : YANNICK VILLEDIEU, « Le sensationnalisme et le journalisme scientifique » (p. 99) DOC 40 : REGIS DEBRAY, Du bon usage des catastrophes (p. 112) Plan de la synthèse de documents I. L’extraordinaire : des événements hors du commun a. Des faits hors normes b. Des récits et des discours toujours plus extraordinaires II. Les dangers du sensationnalisme a. L’exagération médiatique b. La banalisation de l’extraordinaire III. Dépasser le sensationnalisme a. Retrouver sa distance critique b. Un nouvel apprentissage du quotidien 16 Guide pédagogique

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Plan de l’écriture personnelle I. L’exagération médiatique a. La course au sensationnel b. Une constante exagération c. Des informations toujours plus inattendues II. Sortir du sensationnalisme a. Hiérarchiser les informations b. Redécouvrir l’infra-ordinaire c. Le quotidien, cette sensation ultime

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Partie III Traiter le sujet d’annales 2015 Cette dernière partie du guide pédagogique présente le sujet donné en métropole à l’examen en 2016. Il est accompagné d’une analyse des documents et de la suggestion d’un plan pour la synthèse de documents et d’un plan pour traiter le sujet d’écriture personnelle.  Le sujet

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 Analyse des documents et plans pour la synthèse de documents et pour l’écriture personnelle 1. Présentation des documents et mise en évidence des idées Document 1 Dans cet article, trois arguments majeurs se détachent sur la question du devoir de mémoire et de la commémoration : ● Le devoir de mémoire est présenté selon un argument paradoxal : s’il regarde vers le passé et en célèbre la mémoire, il est avant tout un outil du présent et de l’avenir. Sa fonction est communautaire et sociale : il lie dans un destin commun les hommes qui commémorent. ● Le deuxième argument est d’ordre historique : il revient dans le détail sur l’histoire des commémorations en France dont le but, depuis la Révolution française, est double. Il est à la fois civique pour éduquer à la citoyenneté mais aussi politique pour construire un espace commun de valeurs. ● Le devoir de mémoire est enfin présenté comme une valeur et une pratique refuges devant le délitement des rituels. Loin d’être dévalorisé, le devoir de mémoire constitue l’une des dernières cérémonies qui permet encore de rassembler la population autour d’idées communes. Document 2 Dans ce deuxième document, volontiers polémique et ironique, Tzvetan Todorov prend ses distances avec la notion de « devoir de mémoire » qu’il met en perspective en suivant trois nouveaux arguments majeurs : ● Multiplié à foison et plus que de raison, sans motivation valable, le devoir de mémoire cède la place à un culte de la mémoire un peu partout en Europe. Il ne sert ainsi pas toujours à ce qu’il devrait. ● Le devoir de mémoire fait se tourner chacun vers le passé, de manière à ne pas regarder le présent. Il s’agit là d’une diversion politique qui vise à ne parler ni de l’actualité ni des urgences politiques. ● Enfin, si le devoir de mémoire est instrumentalisé politiquement, il doit cependant faire l’objet d’un examen critique qui reconsidère la puissance fédératrice nationale. Le devoir de mémoire peut être un outil citoyen à condition d’en ouvrir les conditions de célébration au débat. Document 3 L’article journalistique de Jean-Pierre Stroobants critique l’usage du devoir de mémoire par certains pays européens à l’occasion de la célébration du centenaire de la Première Guerre mondiale à travers trois idées : ● L’auteur déplore le renoncement à la célébration du centenaire qui pourtant pourrait servir à combattre les idées mêmes dont le conflit est né et qui reviennent aujourd’hui : à savoir le combat contre les différents nationalismes et l’idéal de paix qui fédère l’Union européenne. 27 Guide pédagogique

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L’Union européenne suit une tendance générale qui est au reflux du devoir de mémoire. Mais ce dernier peut servir précisément à unir chaque pays à l’idée même d’Europe. ● Le devoir de mémoire doit être l’outil d’une éducation civique à l’échelle européenne : dépassant les clivages nationalistes, il permet, dans la célébration de la douleur du conflit meurtrier, de montrer que désormais le destin des Européens est uni. Document 4 Cet ultime texte de Victor Hugo revient sur la célébration de l’enterrement de Napoléon Ier en 1840 et développe deux arguments majeurs sur la question de la célébration de la mémoire de feu l’empereur : ● Les funérailles présentent un faste en trompe-l’œil car le luxe n’est pas à la hauteur de ce que fut l’homme. L’absence de moyens ne parvient pas à rendre hommage à la grandeur de Napoléon. ● Hugo s’interroge : comment faire honneur par le devoir de mémoire ? Une commémoration est-elle capable de rendre justice à la mémoire de quelqu’un ? Le devoir de mémoire est-il en ce cas utile ? Ne trahit-il pas ce qu’il est censé célébrer ?

2. Suggestion d’un plan détaillé pour la synthèse de documents et d’un plan détaillé pour l’écriture personnelle Compte tenu des différentes orientations des documents, on peut suggérer le plan de synthèse suivant. Plan de la synthèse de documents I. Les fonctions du devoir de mémoire a. Célébrer la mémoire d’un événement de l’histoire b. Une fonction politique : fédérer une nation II. Les dangers du devoir de mémoire a. Une instrumentalisation politique b. Trahir la mémoire d’un homme III. Vers une morale du devoir de mémoire a. Un outil dans l’éducation civique b. Un outil dans le débat citoyen Plan de l’écriture personnelle I. De la nécessité du devoir de mémoire a. Lutter contre l’oubli b. Fédérer les hommes c. Rendre hommage au passé 28 Guide pédagogique

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II. Vers un usage critique du devoir de mémoire a. Un outil dans le débat civique b. Une pièce maîtresse dans l’éducation citoyenne c. Une arme contre les nationalismes.

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