étude texte descriptif

La nuit à la belle étoile Je me souviens même d'avoir passé une nuit délicieuse hors de la ville, dans un chemin qui côtoyait le Rhône ou la Saône, car je ne me rappelle pas lequel des deux. Des jardins élevés en terrasse bordaient le chemin du côté opposé. Il avait fait très chaud ce jour-là ; la soirée était charmante ; la rosée humectait l'herbe flétrie ; point de vent, une nuit tranquille ; l'air était frais sans être froid ; le soleil, après son coucher, avait laissé dans le ciel des vapeurs rouges dont la réflexion rendait l'eau couleur de rose ; les arbres des terrasses étaient chargés de rossignols qui se répondaient de l'un à l'autre. Je me promenais dans une sorte d'extase, livrant mes sens et mon cœur à la jouissance de tout cela (…). Absorbé dans ma douce rêverie, je prolongeai fort avant dans la nuit ma promenade, sans m'apercevoir que j'étais las. Je m'en aperçus enfin. Je me couchai voluptueusement (…) ; le ciel de mon lit était formé par les têtes des arbres ; un rossignol était précisément au-dessus de moi : je m'endormis à son chant ; mon sommeil fut doux, mon réveil le fut davantage. Il était grand jour : mes yeux, en s'ouvrant, virent l'eau, la verdure, un paysage admirable. Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions, 1770.

Questions : 1. Quelles sont les fonctions de ce passage descriptif ? 2. Comment cette description est-elle organisée ? 3. Etudiez les caractéristiques lexicales de cette description.

1. Les fonctions du texte : a. Créatrice d’impression, celle de la rêverie et du bonheur (délicieuse, tranquille, extase, jouissance…) b. Fonction poétique, en effet, l’auteur nous décrit sa promenade d’une manière poétique avec un langage qui laisse rêver le lecteur. 2. L’organisation : Cette description est organisée selon le point de vue de l’auteur/narrateur. Les marques de sa présence sont définies par la présence du pronom personnel « je » (ex. je me souviens, je ne me rappelle pas, je me promenai…). En se déplaçant, l’auteur nous fait découvrir des éléments du paysage qu’il voit. Puisque l’auteur/narrateur se déplace, celui-ci respecte un cadre temporel (du soir jusqu’au lever du jour). 3. Les caractéristiques lexicales : a. Les repères spatiaux : dans ce texte, l’auteur ne met pas trop l’accent sur les lieux (d’ailleurs, il ne se souvient même pas si son chemin côtoyait le Rhône ou la Saône), il se laisse aller dans un monde de rêve où l’endroit n’a pas d’importance, c’est pour cette raison que ce texte est pauvre en matière de repère spatial, à quelques exceptions près : Hors – chemin coté opposé - dans le ciel- au dessus de moi. b. Les repères temporels : sont très fréquents dans le texte puisque le narrateur est mobile ; ex : une nuit, ce jour-là, la soirée, après (le coucher du soleil), la nuit, jour. c. Le champ lexical des cinq sens : dans cet extrait l’auteur fait appel à trois de nos perceptions sensorielles : le toucher, la vue et l’ouïe. Le toucher : très chaud, humectait (rosée), flétrie, frais, froid (sans être). La vue : rouge, couleur de rose, virent, verdure, admirable (paysage). L’ouïe : les rossignols se répondaient, chant. d. Les réseaux lexicaux (champs lexicaux) : Champ lexical du bonheur : une nuit délicieuse, tranquille, couleur de rose, rossignols, extase, jouissance, rêverie, promenade, voluptueusement, sommeil doux, paysage admirable. Champ lexical de la nature : hors de la ville, Rhône ou Saône, jardins, l’herbe, vent, air, soleil, ciel, l’eau, arbres, rossignols, ciel, arbres, rossignol, l’eau, la verdure.