Etapes du processus de traduction

July 16, 2017 | Author: Papp Amalia Lorena | Category: Translations, Language Interpretation, Interpretation (Philosophy), Communication, Linguistics
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ÉTAPES DU PROCESSUS DE TRADUCTION 1. La conception interprétative du processus de traduction La conception interprétative du processus de traduction doit son nom au modèle théorique conçu dans les années ’80 par deux chercheurs de l’ESIT (École Supérieure d’Interprètes et de Traducteurs), Marianne Lederer et Danica Seleskovitch. Les chercheurs ont fondé la théorie interprétative de la traduction ou théorie du sens à partir des modèles cognitifs de saisie du sens et de la pratique de l’interprétation de conférence. M. Lederer et D. Seleskovitch défendent l’origine orale de leur théorie dans un livre intitulé Interpréter pour traduire (1986). Elles prennent comme point de départ la situation des interprètes de conférence qui avouaient ne pas traduire les mots, mais le sens, qui ne cherchaient pas à « traduire », mais à comprendre les idées de l’original et à les restituer au moyen des signes linguistiques d’une autre langue. Leur théorie a inspiré beaucoup de spécialistes : Jean Delisle, L’analyse du discours comme méthode de traduction (1980), La traduction raisonnée (1993), Elisabeth Lavault, Fonctions de la traduction en didactique des langues (1998), Amparo Hurtado Albir, La notion de fidélité en traduction (1990), Jeanne Dancette, Parcours de traduction (1998), etc. Selon les adeptes de la conception interprétative, la traduction représente un processus cognitif, une activité mentale fondée sur la recréation contextuelle et sur la recherche d’équivalences de traduction : « la voie menant à la traduction réussie suppose l’interprétation des textes et l’appel à des connaissances extralinguistiques. » (Lederer, 1994 : 9). L’interprétation serait « la voie par laquelle on atteint le sens d’un mot, d’un énoncé ou d’un texte tout entier » (Delisle, 1980 : 65). Schématiquement, la démarche traduisante repose sur deux étapes : la première consiste à comprendre le texte de départ (TD) et la deuxième, à réexprimer, à « reverbaliser » ce texte dans la langue d’arrivée (LA). Mais compte tenu de la complexité de l’activité de traduction, les théoriciens de la traduction ont proposé leur propre variante de description du processus de traduction. 1. Tout en s’appuyant sur la pratique de l’interprétation, Danica Seleskovitch (in Interpréter pour traduire, 1986 : 73) s’est rendu compte qu’il n’y avait pas d’équivalences préétablies entre les langues et que le traducteur devait sortir de la langue pour construire le sens. La spécialiste propose le schéma explicatif suivant : 1) réception du discours en langue X ; 2) saisie du sens hors langue de ce discours ; 3) réexpression de ce sens dans la langue Y. 2. M. Lederer et D. Seleskovitch ont exploité dans leur théorie du sens l’hypothèse de l’existence d’une pensée détachée des signifiants linguistiques et ont signalé l’intervention de la phase de déverbalisation dans le processus de compréhension. Le schéma du processus de traduction vu par M. Lederer (1994) est le suivant : compréhension, déverbalisation et expression. La déverbalisation est une étape non verbale, un processus cognitif, au cours duquel les données sensorielles s’évanouissent et deviennent connaissances (cf. Lederer, 1994 : 23). Cette hypothèse se vérifie à l’oral lorsque les « formes

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linguistiques de l’original s’évanouissent pour ne laisser subsister que la conscience du sens » (idem : 85). À partir de cette idée, le sens a été défini comme un « souvenir cognitif », « déverbalisé », un « état de conscience de l’idée ou du fait évoqué » (idem : 22). Par exemple, si quelqu’un raconte une histoire, une blague, on en garde un souvenir cognitif, car les mots disparaissent ; la preuve est qu’on la raconte en utilisant d’autres mots. 3. Pour Jean Delisle (1980 : 68), la postulation d’une équivalence, produit d’une interprétation (« analyse exégétique »), se réalise en trois temps : compréhension, reformulation et justification (v. Delisle, 1980 : 85, tableau IV - Le processus heuristique de la traduction -). À chaque étape correspondent les sous-catégories suivantes : 1. le décodage des signes linguistiques et la saisie du sens (compréhension) ; 2. le raisonnement analogique et la reverbalisation des concepts (reformulation) ; 3. l’interprétation à rebours et le choix d’une solution (vérification). 4. D’autres spécialistes ont mis en évidence l’importance d’une étape (soit de la compréhension, soit de la réexpression) dans la réussite d’une équivalence de traduction et, implicitement, de la traduction. Pratiquant une double démarche – interprétative et expérimentale -, Jeanne Dancette (1998) a mis en évidence l’importance du processus de compréhension. La conclusion de son étude est également l’idée maîtresse de son livre, Parcours de traduction, paru en 1998 : « l’adéquation sémantique est fonction du degré de compréhension qu’à le traducteur du TAT ». Toutes les perspectives évoquent l’importance de la saisie et de la restitution du sens lors de la postulation d’une équivalence de traduction. La saisie du sens s’opère dans l’étape de la compréhension du TAT tandis que la restitution du sens s’effectue dans l’étape de la réexpression, appelée également reformulation ou reverbalisation. 2. Les activités du traducteur professionnel L’évolution des activités et des tâches du traducteur à l’époque actuelle ainsi que l’évolution des domaines et des métiers de la traduction ont amené les spécialistes à réfléchir sur le concept de traduction en tant que « prestation de services de traduction », exercice de la profession. C’est l’acception assignée par Daniel Gouadec (2005, 2009) au terme « traduction ». Le spécialiste est tributaire d’une approche qu’il appelle « productive-expérimentale ». L’exécution d’une prestation de traduction compte cinq phases principales faisant partie du processus global de traduction (cf. Gouadec, 2009 : 18-19): 1. L’acquisition de la traduction comprend des activités de nature commerciale (recherche

d’ouvrage, négociation avec le donneur d’ouvrage, accord sur la prestation à fournir, etc.), jusqu’à la conclusion du contrat. 2. La préparation de la traduction ou pré-traduction représente l’étape préparatoire à la

traduction proprement-dite et comporte plusieurs sous-étapes :

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la réception du matériau à traduire (texte, document, code, message, bande, film,

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vidéo, etc.) ; -

le contrôle, la vérification et/ou la mise en place du matériau à traduire (ex.

démonter le logiciel, numériser le document, implanter le fichier dans un système de traduction, etc.) ; l’analyse du matériau à traduire et le choix d’options de traduction (établissement

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de la stratégie de traduction à suivre) ; la recherche documentaire dans le domaine du thème : documentation linguistique

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(terminologique), thématique (encyclopédique), consultation d’experts, interrogation d’autres traducteurs, étude de produits ou de services (si c’est le cas), etc. ; la préparation de la « matière première » de la traduction : terminologie du

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domaine (termes simples ou complexes), phraséologie (syntagmes, collocations, expressions figées), modèles de structuration et de formulation des énoncés ; la mise en place de la version pour la traduction : mise en place des titres ou des

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sous-titres, de la matière première. 3. La traduction proprement-dite ou transfert correspond à la reconstitution d’un matériau nouveau dont les contenus, les formes et les formulations sont adaptés à un nouveau public. 4. Les activités post-traduction sont des activités de contrôle de la qualité du matériau traduit et de mise en forme :

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relectures et révisions du matériau traduit afin de vérifier la conformité à

l’original (le relecteur a le rôle de vérifier la qualité linguistique, technique et traductionnelle, de signaler les anomalies, mais sans intervenir dans le texte de la traduction, alors que le réviseur garantit la qualité de la traduction et a le droit de corriger les erreurs ou de modifier le texte traduit) ;

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corrections et, selon le cas, adaptations (à un public différent, à un format ou

support différent) ;

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la validation du matériau traduit et sa mise en forme / en support concernent

l’édition du matériau traduit, la préparation pour sa diffusion. 5. La livraison marque la fin de la prestation de la traduction et la réussite de son entreprise. Avec l’émergence de la société de l’information, le métier de traducteur devient un ensemble dynamique de savoir-faire en constante évolution. L’évolution des tâches à exécuter par le traducteur, depuis l’acquisition du matériau à traduire jusqu’aux corrections suggérées ou imposées par des relecteurs ou réviseurs, sous l’effet de l’évolution des métiers de la traduction, conduisent au renouvellement des concepts de traduction et de traducteur. BIBLIOGRAPHIE :

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1. Albir Hurtado, A., La notion de fidélité en traduction, Paris, Didier Erudition, 1990, ch. Processus de traduction (pp. 45-72).

2. Delisle, J., L’analyse du discours comme méthode de traduction, Ottawa, Presses Universitaires d’Ottawa, 1980, ch. Démontage du processus de traduction, pp. 69-85. 3. Lederer, M., La traduction aujourd’hui, Paris, Hachette, 1994, pp. 32-48. 4. Gouadec, D., Profession traducteur, 2e édition, Paris, la Maison du Dictionnaire, 2009. 5. Gouadec, D. ‘Modélisation du processus d’exécution des traductions’ in Meta : journal des traducteurs / Meta: Translators’ Journal, vol. 50/2005, n° 2, p. 643-655.

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