Enseigner tamazight en tamazight: Notes de métalinguistique berbère (Vermondo Brugnatelli)

July 20, 2017 | Author: idlisen | Category: Berbers, Poetry, Writing, Vowel, Verb
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extr. de : Marielle Rispail (sous la direction de), Langues maternelles : contacts, variations et enseignement. Le cas de la langue amazighe, [C.R. du Colloque international sur « L’enseignement des langues maternelles », Tizi-Ouzou 24-26 mai 2003] Paris : L'Harmattan, 2005, p. 311-320

Enseigner tamazight en tamazight Notes de métalinguistique berbère Vermondo Brugnatelli (Université de Milano-Bicocca)

L’un des premiers problèmes que pose l’enseignement de tamazight en tamazight est la question d’un métalanguage amazigh. Ce n’est pas par hazard que Mouloud Mammeri a considéré comme prioritaire, dans son œuvre de réhabilitation de la langue berbère, la composition d’une grammaire, abrégée mais complète, de taqbaylit en taqbaylit : Tajerrumt. Pour créer un lexique spécialisé dans le domaine de l’écriture et de la grammaire il a fallu se tourner vers la création néologique (création « de toutes pièces » en partant de racines berbères, ou élargissement de sens, procédés métaphoriques, etc.), étant donné le manque d’un lexique traditionnel. Mais ce manque de terminologie était-il absolu, ou bien y a-t-il la possibilité de récupérer des termes dans les traditions existantes? 1. Oralité et écriture dans la société traditionnelle. Malgré l’opinion répandue selon laquelle la culture amazighe serait foncièrement liée à l’oralité, sans aucun rapport

312 avec l’écriture, les Imazighen ont toujours été en contact avec l’écrit, bien que les langues utilisées à ce niveau aient été trop souvent les langues d’autres peuples. Une littérature berbère écrite a quand-même existé depuis le Moyen-Age, surtout en domaine ibadhite et au Maroc (et les études de van den Boogert sont en train de dévoiler sa richesse), et cette litérature utilisait l’alphabet arabe. En outre, il ne faut pas oublier que les Touaregs, même si, en principe, ils n’utilisent pas leur alphabet pour fixer dans l’écrit des œuvres littéraires, possédent quand-même une technique de graphie et un lexique spécialisé. Pour commenter ces deux instances de présence de la culture écrite dans le monde amazigh traditionnel, on peut considérer les occurrences de termes rélatifs à l’écriture dans des textes littéraires. LÍe˜f-iw idda Ìef lfa d ääa s lxifáa s lmim ay iheˆˆa yism-is

Mon poème prélude en F Puis vient T suivi de I M clôt son nom.

Ce poème de Si Mohand ou-Mhend (Mammeri 1987 n° 105, p. 243) – ainsi que celui qui le precède, consacré à une Philadelphine – contient le nom de la femme aimée exprimé par les lettres de l’alphabet qui le composent.1 Dans ce cas, c’est une Fatima. Ces poèmes représentent une preuve écrasante de la maîtrise de l’écrit par cet auteur, que certains croyent à tort illettré, en oubliant ses études religieux dans l’école de son oncle Arezki. Ce qui nous intéresse ici c’est la référence à l’écrit dans un texte destiné, en principe, à une diffusion surtout orale. A l’époque de Si Mohand l’usage de l’alphabet berbère dans l’écrit n’était plus connu en Kabylie, et les références sont faites aux lettres et aux termes de la grammaire arabe. Le nom de Fatima, très répandu en Afrique du Nord, revient également dans un poème qui y fait allusion par des lettres de

1

Tout récemment ce type d’expression poétique qui fait référence à l’aimé(e) par l’énonciation des éléments phonétiques et graphiques de son nom a été repris par Carla Bruni dans sa chanson “Raphaël” : « Quatre consonnes et trois voyelles / C’est le prénom de Raphaël / (...) C’est le tréma qui m’ensorcelle... »

313 l’alphabet, dans une région très éloignée de la Kabylie, c.-à-d. dans un poème touareg de l’Aïr (Ghabidin ag Sidi Mukhammad, 1860-1944): OÒêÒ„, oÒ„Ò„ aÒÒaÒ s-´ÒÒay„t t´z„wwen fel "ef" d-"eääa" d-"emma"; s´rä´y-t„n, w´r-´rÌem! (Mohamed-Prasse vol. I, p. 111) , que Prasse traduit: « je suis attaché, [tant que je me sens] complètement attaché par sept cordelettes en poil / à cause de l’Effe et du Té et de l’Emme; réunis-les sans que cela se détourne [de l’ordre correct dans le nom de Faäma] ». Ici les noms des lettres ne suivent pas la tradition arabe (bien que Ghabidin était lettré en arabe, selon la tradition paternelle, et aurait même transcrit dans cette écriture plusieurs de ses poèmes: Mohamed - Prasse 1990 p. 58-9). Les noms des lettres sont ceux de l’alphabet tifinagh1. Un détail intéressant est qu’à côté des noms des lettres-consonnes (qu’on connaît déjà grâce à plusieurs études) il y a également un renvoi aux voyelles. L’expression que Prasse traduit « sans que cela se détourne » contient en effet le verbe ´rÌ´m dont le sens primaire est celui de « détourner ». Toutefois, ce passage est écrit et traduit d’une façon différente par Castelli Gattinara, qui a pu recueillir le même poème directement auprès de Mohamed ag Erly, fils adoptif et enalbaá (interprète et confident) du poète: f´l ´f d´ t taga emma ; s´räi-tan, w´r-´rgh´m « su effe e ti fai emme mescola-esse consonanti seguite da vocali » (p. 449) (c.-à-d. « sur F et T mets M : remue-les, consonnes suivies de voyelles ») Et une note explique: « w´r-´rgh´m - dal verbo ´rgh´m, non essere seguito da vocale (parlando di una consonante); se invece la consonante è seguita da vocale, si dice che non è ´rgh´ m , cioè w´r-´rgh´m ». (p. 453. Traduction : « w´r ´rgh´m - du verbe ´rgh´m, ne pas être suivi d’une voyelle (en parlant d’une consonne); si au contraire la consonne est suivie d’une voyelle, on dit qu’elle n’est pas ´r g h´m , soit w ´r´rgh´m ») On peut donc relever que le verbe ´rgh´m a un sens 1

Sur les noms des lettres dans les différentes régions, v. Prasse 1972, p. 151 : Hoggar yäb, yäd, etc., Aïr et Kel-Denneg du Nord: äb, äd, etc., Sud: äbba, ädda ou äbbé, äddé, etc., localement aussi : éb, ébba, etc.

314 spécialisé dans le domaine de l’écriture, et il vaudrait la peine de se pencher davantage sur ce mot et cette racine, qui pourrait contribuer à l’élargissement du lexique métalinguistique amazigh. En effet, la dernière édition du dictionnaire de K.-G. Prasse (avec Gh. Alojali et Gh. Mohamed, 2003), est riche en explications concernant la valeur de cette racine dans le lexique relatif à l’écriture. On peut donc relever que le verbe ´rgh´m (vol. 2, p. 662), à côté de la valeur « principale » de « détourner/être détourné » (ou de « hennir ») a également les sens métalinguistiques de : 1) « rimer/ê. rimé » 2) « être marqué d’un point vocalique final (mot/lettre dans l’écriture tifinagh) » 3) « ne pas être suivi de voyelle, être muette (consonne) ». De ces trois sens, le premier et le deuxième semblent liés (ils se rapportent tous les deux à la fin du mot), tandis que le troisième, celui dont on vient de parler, semble marquer une nuance différente. En effet, à première vue, les sens 2) et 3) semblent assez hétérogènes voire bel et bien opposés. Dans 2) le verbe indique la présence d’une voyelle tandis que dans le sens 3) il l’exclut. Dans le verse de Faäma le verbe a le sens 3). Un exemple du sens 2) de la racine se retrouve dans un poème de Kourman (dans Albaka-Casajus , p. 121): yässa d-yälla ed-(y)ämmä yelghâm « S et L et M et il marque un point représentant une voyelle (la présence d’une voyelle à la fin d’un mot est parfois signalé par un point, appelé alägham; l’action de tracer ce point est désignée par le verbe elghem; le vers pourrait donc se traduire par « S et L et M et point ») » Plus simplement, on pourrait traduire ce vers «S et L et M marqué d’un point final» (ici apparemment il y a allusion au nom de femme S„lma).1 Sur la base de ces deux sens de la racine, on a aussi le nom ar„Ìam « point vocalique final (dans l’écriture tifinagh) » et 1

La racine du verbe semble contenir ici l au lieu de r. C’est un trait caractéristique des textes de Casajus, comme le montre le v. 581 du recueil : ... tefuk dadä telghâm, qui correspond à t´ƒuk dad„
t´rÌâm dans MohamedPrasse poème 104, v.94 « le soleil en ce lieu-même tourne »).

315 l’expression a wa yrÌ„m „n « nom de la voyelle -„- (le a détourné/de timbre? voilé? central?) ». Le paradoxe semble au maximum dans le mot t„r´qqemt qui signifie, entre autres, « absence de voyelle » et « voyelle ». Apparemment le sens de cette racine est un peu bizarre, mais si l’on met de côté le point de vue « alphabétique » de l’écriture, je trouve que les deux nuances du verbe ne font que confirmer le caractère foncièrement « syllabique » des écritures dites « consonantiques ». Le « détournement » que marque le verbe ´rÌ´m est la même caractéristique qui obligeait les apprenants de l’écriture vénétique (et parfois aussi de l’etrusque) à rajouter une « ponctuation » à certaines lettres qui ne suivaient pas le model « syllabique » CV (consonne + voyelle), c.-à-d. justement les consonnes qui n’étaient pas suivies de voyelles, ainsi que les lettres-voyelles quand elles n’étaient pas précedées de consonnes.1 Une lettre qui marque une consonne qui n’est pas suivie de voyelle est « détournée » de la valeur primaire de la lettre (CV), et de la même façon, une lettre qui représente une voyelle, mais pas une consonne, doit être considérée « détournée » par rapport a ce modèle. Un certain rapport entre littérature orale et écriture est témoigné aussi, à l’intérieur des poèmes touaregs dont on vient de parler, par une sorte de « jeu de mots » qui semble se rapporter aux « énigmes » auxquels se prête l’écriture tifinagh. En effet, le debut du vers rapporté ci-dessus OÒêÒ„, oÒ„Ò„ aÒÒaÒ s-´ÒÒay„t t´z„wwen « je suis attaché, [tant que je me sens] complètement attaché par sept cordelettes en poil », si on essaye de faire une transcription en tifinagh, donnent : ss ss ss s sit (etc...) c.-à-d. une série de signes identiques, sans possibilité de comprendre le sens, si l’on ne connaît pas à l’avance la phrase. Le même jeu se retrouve dans le même poème, quelques vers plus haut (p. 110): 1

A ce propos, cf. mon étude de 1994, où je remarquais les similitudes typologiques entre certains procédés de l’écriture tifinagh et la ponctuation vénétique. Les « bi-consonnes » de l’écriture tifinagh marquent, en effet ce qu’exprime le verbe ´rÌ´m, c.-à-d. le manque de voyelle entre la première et la deuxième consonne.

316 ´llêl„ ´ll„l„ ellal, n´sâl tiÌ„temen « je suis effondré, [tant que je me sens] complètement effondré, je porte [comme] des sandales légères »

Dans ce cas, la transcription en tifinagh serait : || || || || || || | (etc.)1 2. Autres termes « traditionnels »

Comme le savait bien Mouloud Mammeri, le touareg renferme beaucoup de lexique métalinguistique, et les exemples ci-dessus confirment cette impression. Toutefois, je crois qu’il ne faut pas négliger les apports que le berbère « du Nord » peut donner, dans quelques cas. Je ne citerai ici que trois exemples: Par commencer, je tiens à signaler qu’il serait opportun d’élargir le champ des recherches en incluant le parler – jusqu’à présent assez mal connu – du zénaga (Maurétanie). Là-bas, en effet, l’alphabet tifinagh n’est plus en usage, tout comme dans le reste de la berbérophonie à l’exception du touareg, et pourtant il garde du lexique concernant l’écriture. Par exemple : t´g´mkih «épeler les lettres» (Nicolas 1953 : 118), qui est sans doute en rapport avec les expressions touarègues concernant l’alphabet : tagmuke « alphabet, tableau des lettres », etc. En passant au niveau de la segmentation des énoncés poétiques, on observe qu’un mot traditionnel semble exister en kabyle pour nommer le «couplet» d’un poème.2 En effet, les poèmes que A. Hanoteau a insérés dans son Essai de grammaire kabyle (pp. 311 ss.) sont répartis en couplets, appelés chacun tarusi (on peut observer que le mot est écrit aussi dans le texte en alphabet arabe qui reproduit celui de l’auteur, Si Mohammed Saïd ben Ali Cherif, agha des Illoulen Ousammer et des Beni Aidel). On a donc : tafÒiÍt tamezwarut - tarusi tamezwarut … «première chanson - premier couplet…» etc.

Apparemment, tarusi est le nom verbal de ers «descendre, se poser», et on en retrouve des témoignages de ce mot dans ce sens (avec un pluriel tirusiwin) dans une autre source plus récente, c.-àd. le recueil de poèmes traditionnels par B. Rabia. winna ad yessalay tirusiwin, nettat b-bwayeá tettarra «lui, il élevait ses couplets, et elle lui renvoyait un autre 1

Ces « jeux » ont été bien décrits par J. Drouin (1995: 82-83), qui remarque : « L’astuce consiste à accumuler le plus grand nombre possible de graphèmes semblables dans une séquence qui doit avoir du sens. Par exemple : || || || || || | al´lli ila ilal„n ‘ le noble a des bagages ’ ». 2 L’Amawal propose pour « couplet » un néologisme tamejrut, dont je ne connais pas l’origine.

317

poème» (B. Rabia 1993 p. 21: il s’agit d’une joute entre amants) Le troisième exemple ne fait que confirmer le choix de Mouloud Mammeri quand il a proposé d’utiliser udem (en principe « visage ») pour traduire le concept de « personne » grammaticale (et dans l’Amawal on a aussi deux adjectifs : u d m a w a n et u d m a w i ayant le sens grammatical de « personnel »). En effet, udem se prête à un usage métaphorique pour traduire l’idée de « rôle » joué par une personne. Tout récemment ma collègue A. M. Di Tolla vient de recueillir des chants de mariage en tamazight du Maroc central (région de Rissani), où l’on nomme udmawen n tislit, soit les « personnes (honorables) de la mariée » qui jouent un rôle important dans les ceremonies du mariage. 3. Quelques vestiges d’une grammaire « ancienne »? Étant donné que les Berbères, avant d’utiliser l’arabe dans l’écrit, avaient adopté le latin pour s’exprimer à ce niveau, on peut se demander si des traces de cette phase sont encore réconnaissables dans le domaine de la grammaire. Certes, le latin avait une place très importante en ce qui concerne le lexique « civilisationnel », mais l’arrivée de la civilisation arabo-islamique a effacé beaucoup des traces que la langue devait garder. Par exemple, le lexique religieux latin, lié à la religion chrétienne, avait sûrement une diffusion très vaste, mais maintenant ne survit que dans quelques reliquats. Le seul domaine « civilisationnel » où les traces de la civilisation latine sont encore bien reconnaissables est le calendrier, auquel les mois « arabes » se sont seulement rajoutés, sans se substituer à lui, étant donné son utilité dans l’agriculture.1 1

A ce propos, on repète souvent la frêle hypothèse de J. Servier « il est peu probable qu’il s’agisse comme cela a souvent été dit d’une survivance de la domination romaine en Afrique du Nord ou d’un héritage conservé et transmis par les colons romains réfugiés dans les montagnes au moment des grandes invasions. S’il en était ainsi, outre les noms des mois, on devrait trouver également conservées dans les traditions populaires les indications secondaires des Ides, des Calendes et des Nones : il n’en est rien » (p. 370). Selon Servier « il s’agit du calendrier copte apporté par les Arabes sous le

318 Quant à la diffusion d’une tradition grammaticale latine, je crois que quelques réliquats peuvent etres retracés dans des ouvrages médiévaux ou postérieurs. Dans les vieux lexiques arabo-berbères il n’y a pas des véritables esquisses grammaticales. Cependant, on peut aisément dégager quelques détails à propos de la grammaire prenant en considération la forme de citation des verbes ainsi que l’ordre dans lequel les personnes du verbe sont rangées. Par commencer, dans le lexique d’al-Hilali (11è siècle H./17è ap. J.C. : van den Boogert 1998), les verbes sont cités (dans le chap. 15) sous leurs maÒdar, soit l’infinitif, tout comme la grammaire latine. tankrawt (n.v. de nkr) « (action de) se lever”, ifsti “(action de) se taire », tiddukla « (action de) accompagner», etc. De la même façon, dans le « Lexique anonyme » (18è siècle?), les formes verbales commencent par la première personne (dans la tradition grammatical européenne), suivie par la deuxième et puis les troisièmes. Voilà l’exemple le plus éloquent, selon deux manuscrits (le ms. de Aix semble plus riche mais je ne sais pas s’il s’agit d’adjonctions tardives, ou si c’est le ms. de Leyde qui a été abrégé. De toute façon, on peut observer une concordance dans l’essentiel) : (section 26, “verbes et pronoms”)

nom de l -‘…m l-‘ajam† ». En faisant cette affirmation, Servier semble oublier que chez nous non plus, en Europe, Ides, Calendes et Nones n’ont laissé de traces. En outre, on peut remarquer que quelques traces des Calendes ont subsisté jusqu’à l’époque ziride, puisque le kairouanais alQabisi (324-403 H./935-1012) considérait « blâmable d’accepter (des cadeaux) pour les fêtes des polythéistes au nombre desquelles figurent aussi : Noël, Pâques et les Calendes (de Janvier) chez nous, la Saint Jean en Andalousie et le Baptême en Egypte » (Idris 1954, p. 263). Donc les Calendes de Janvier étaient fêtées en Afrique du nord (et Yennayer l’est toujours), et non en Egypte. Il semble donc que le calendrier copte (qui est très différent du calendrier « amazigh », à commencer de son début qui est fixé en septembre) n’ait rien à voir avec le calendrier de l’Afrique du Nord, qui remonte sans doute à l’époque romaine.

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ms. Aix

ms. Leiden

qultu

nni

nni

qulna: ’aqu:l

— —

qulti qultuma: qultum qultunna qul !

nenna ar ttini tnnit kiyyi tnnit kmmi tnnam k°nni n tnnamt k°nnimti tnnam k°nni tnnamt k°nnimti iny (...)

qa:la qa:lat qa:lu: qulna

inna tnna nnan nnant

inna tnna nnan nnant

yaqu:l yuqa:l

ar ittini ar ittiwnni

xarajtu

ffu

xarajna: naxruj

nffu nra an nffu nkk°ni tffut kiyyi tffut kmmi

qulta

xarajta xarajti

tnnit — — — — —

ffu

et ainsi de suite : biddx (qumtu) ... tbddt kiyyi (qumta); skkusx (jalastu), tskkust (jalasta), etc. Les pronoms isolés sont également dans cet ordre. Je crois que ces exemples, qui montrent un ordre des personnes différent par rapport à l’ordre des grammaires arabes (où la 3ème personne, al-gh…’ib est placée au debut et la première à la fin) s’expliquent seulement en supposant l’existence d’une ancienne tradition grammaticale, antérieure à l’arrivée des Arabes en Afrique du Nord. 4. Conclusions J’espère que ces quelques notes, bien que très partielles et assez inorganiques, démontrent l’existence d’un lexique métalinguistique « traditionnel » dans plusieurs parlers, et la nécessitè, par conséquent, de se pencher davantage à la recherche de ce lexique afin de l’exploiter dans l’enseignement, sans forcément recourir à des « inventions » dans le domaine de la néologie.

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