Edouard Blitz Et Le Martinisme
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Edouard Blitz , sept années de Martinisme aux Etats Unis 1894-1901...
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ÉDOUARD B L I T Z Sept années de Martinisme aux États-Unis 1894 - 1901
Edition Crp 2003 réédition augmentée Crp 2016 Nœux-les-Mines Nœux-les-Mines
2 Edition destinée aux membres de l’association CRP : Pédagogie initiatique.
LES
FEUILLETS
D’HERMOPOLIS
VOLUME I OCTOBRE 1999
ÉDOUARD B L I T Z Sept années de Martinisme aux États-Unis 1894 - 1901
1999 N I C E
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EN SOUVENIR = Andrée GOUBRON = René CHAMBELLANT = Adolphe DELILLE Hommage – Hommage – Gilbert Gilbert TAPPA qui a fourni les textes et les documents au CRP pour diffusion.
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Table des matières
ÉDOUARD B L I T Z............................................................. .................................................................................. ..................... 1 EN SOUVENIR ............................................................................................ 3 Table des matières ................................................................ ..................................................................................... ..................... 4 Blitz sur la toile ......................................................................................... 6 Carrière Maçonnique ................................................................................ 7 Carrière Martiniste .................................................................................... 7 Personal & Family Fa mily Life Li fe............................................................... ....................................................................... ........ 10 Masonic Career ................................................................................... 11 Martinist Career .................................................................................. 12 LES FEUILLETS D’HERMOPOLIS......................................................... ......................................................... 17 17 — I I — ..................................................................................................... ..................................................................................................... 17 1994 — 1999............................................................. ........................................................................................... .............................. 17 Édouard BLITZ ............................................................. ........................................................................................... .............................. 17 29 octobre 1896................................................................ ................................................................................... ................... 18 Le 27 octobre 1894 ............................................................................. 20 Pentwater Pentwate r............................................................ ............................................................................................. ......................................... ........ 23 O M ............................................................. .............................................................................................. ......................................... ........ 48 1894 — Aout Aout — 1901.............................................................. ................................................................................. ................... 48 MÉMOIRE CONFIDENTIEL CONFID ENTIEL ................................................................ .................................................................... .... 48 ORIGINE ............................................................................................ 49 ORIGINE DE L’ORDRE MARTINISTE ARTINIS TE .............................................. ................................ .............. 51 SA PERSONNALITÉ PROPRE. ........................................................... 52 L’ORDRE MARTINISTE .............................................................. ...................................................................... ........ 52 TRAVAUX MARTINISTES ................................................................. 54 ADMINISTRATION ADMINIS TRATION ................................................................ .............................................................................. .............. 54 INITIATIONS ; OFFICIERS SECRETS ............................................... 55 DOCTRINE DE L’ORDRE................................................................ .................................................................... .... 56 DOCTRINE MARTINISTE ................................................................... 57 AVENIR DE L’ORDRE ............................................................. ..................................................................... ........ 57 Nevada, Missouri, Missouri, le 29 Novembre Novembre 1901 ............... ...................... ............... ............... ............. ...... 60 Nevada, Missouri, Missouri, 30 Nov. 1901 .............. ...................... ............... .............. ............... ............... ............ ..... 62
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123 antidote ......................................................................................... 63 Nevada, Missouri, le 9 janvier 1902 ................................................... 63 Nevada, (Missouri) January 2, 1902....................................................... 72
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Blitz sur la toile (leçon de discernement) http://kg.vkk.nl/french/organisations.f/om.f/blitz/blitzbio.html Édouard Emmanuel Blitz naquit le 30 mai 1860 (certaines sources indiquent le 31 mai) à Gand, en Belgique. Il entra à un très jeune âge au Conservatoire Royal de Gand. On dit que toute sa famille possédait un tallent musical et Blitz ne fit pas exception comme on le verra plus tard. En plus de son éducation musicale, Édouard fut admis au Collège des Jésuites, bien qu’il eut une préférence pour les Bénédictins. Il n’entra pas dans l’Ordre de Saint Ignace de Loyola malgré les pressions exercées sur lui et sa famille. Il garda malgré tout pour le reste de sa vie, une affinité pour la spiritualité. Il devint dentiste et gagna une grande renommée dans cette profession. Il fut aussi connu pour son tallent en musique, philosophie et Maçonnerie. De 1904 jusqu’à sa mort, Blitz fut très actif sur la scène musicale de la ville de New York City et eut même un studio à Carnegie Hall. Édouard Blitz fonda aussi le Kansas City Symphony Orchestra dans l’état du Missouri. Édouard Blitz vint aux États-Unis en 1880 lors d’une tournée qui cessa subitement en 1882. Il se retrouva seul à Eureka, en Illinois où il rencontra Mattie Louise Miller. Ils se marièrent le 1er septembre 1884. Mattie, qui était née à Mansfield, dans l’Ohio, devint la directrice du Département musical du Cottey College à Nevada, dans l’état du Missouri. Le couple vint s’y établir et accepta des postes dans la faculté du même collège et y resta — d’après ses archives de 1895 à 1904. En plus de son talent remarquable de pianiste — elle avait eu le fameux Mendelssohn comme professeur — Mattie, qui avait grandi dans un ranch, était une cavalière accomplie. Son adresse lui servit dans une circonstance extraordinaire. Pendant un voyage à Gand avec son mari, elle vit qu’une jeune femme et son enfant étaient tombés en traversant une rue de la ville, juste devant un cheval emballé et une charrette. Réagissant immédiatement, elle Mattie courut au-devant du cheval et l’arrêta, sachant exactement comment faire. Pour cet acte de bravoure, le roi Léopold II lui décerna la Médaille du Courage, la faisant la première femme américaine à recevoir un tel honneur. Ce fut sur la recommandation de la maitresse de chant, Anna Johnson de New York, que le Cottey College bénéficia de la présence du couple Blitz Mme Johnson suggéra à Virginia Alice Cottey Stockard d’ouvrir un département musical complet dans le Central College après avoir entend un concert par les Blitz. On peut lire dans un article daté de 1899 : « Les étudiants en musique du Cottey College à Nevada ont eu une grande audience dans la Première Église Méthodiste, hier soir pour leur récital vocal et instrumental qui atteint une qualité professionnelle. « L’ensemble des œuvres d’une compagnie de dix musiciens jouant le violon, l’alto, le violoncelle et le piano, dirigé par le Dr Édouard Blitz, professeur de violon et de chant dans cette école, fut simplement extraordinaire et fit l’objet de nombreux rappels. Une musique de grande classe fut exécutée, montrant des jeunes gens dont le talent musical était cultivé de la bonne manière. » I En 1885, Mattie donna naissance à leur fils unique Julien Paul Blitz. Suivant les pas de ses parents, Julien Paul, qui naquit à Gand lui aussi, développa son don musical. Il obtint son Doctorat en musique avec la plus grande distinction au Conservatoire Royal de Gand, et eut une grande renommée comme violoncelliste. Pour un temps, il fut le chef d’orchestre du San Antonio Symphony Orchestra au Texas, et comme son père le fit à Kansas City, il fonda le Houston Symphony Orchestra. En 1919, il épousa Flora Briggs, la fille de Jim et Daisy Briggs. Daisy était une actrice connue. Flora devint une virtuose du piano après ses études au Cincinnati Conservatory. Le couple montait souvent des concerts à deux. En 1923, ils devinrent au Texas, les premiers musiciens professionnels à être radiodiffusés. Julien Paul mourut en 1951, mais Flora vécut centenaire et s’éteignit le 17 novembre 1994.
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Malheureusement, Mattie mourut le 27 mai 1904, plusieurs années avant Édouard. Après sa mort, au mois de novembre qui suivit, Cottey College retourna à New York En 1914, Édouard épousa Melle Mabel Shriver de Charleston, en Illinois qui était un soprano plein de promesses. Mais le mariage fut bref, un an plus tard, le 10 février 1915, le Dr Blitz mourut d’un empoisonnement accidentel par une solution de développeur photographique. Carrière Maçonnique Il est évident que le Dr Blitz prit contact avec le Martinisme par la franc-maçonnerie. Il y avait obtenu de nombreux degrés, en voici quelques-uns : Apprenti — 13 novembre 1883 Compagnon — 2 janvier 1884 Maitre maçon — 3 janvier 1884 — Wm. C. Hobbs Lodge #306, Eureka, IL Mark Maçon — 22 décembre 1894 Maitre Passé — 14 mars 1895 Excellent Maitre — 18 mars 1895 Royal Arch - 23 Mars 1895 - Oceana Chapter #56, Pentwater, MI Maître Royal Élu — 23 juillet 1909 — Oceana Conseil #27, Pentwater, MI Rose+Croix — 18 décembre 1895 Chevalier de Malte et Chevalier templier — 19 décembre 1895 — O’Sullivan Commanderie #15, Nevada, Missouri 32e degré — 21 novembre 1901 — Western Mo. Consistoire, Kansas City, Missouri
Édouard Blitz reçut aussi le degré de C.B.C.S. (Chevalier Bienfaisant de la Cité Sainte) du Rite Écossais Rectifié de Willermoz à Genève, Suisse le 15 mai 1901.
Carrière Martiniste Alors qu’il étudiait la médecine à la Sorbonne, à Paris, Blitz étudia aussi l’Égyptologie et l’Hindouisme. Il suivit les enseignements de Mme Helena Petrovna Blavatsky et devint un membre de la Société Théosophique. De retour à Paris en 1894, où il travailla pour un temps comme conseiller principal à la Clinique Dentaire du Louvre, Blitz rencontra Papus. Le 20 juin 1894, à la Librairie du « Merveilleux », Blitz fut initié au Martinisme. Quelques jours plus tard, Papus, lui accorda par la charte #37, tous les pouvoirs pour installer et développer le Martinisme aux ÉtatsUnis d’Amérique, comme Souverain Délégué National du Suprême Conseil de Paris. Le 27 aout 1894, Blitz célébra la première initiation, celle de sa femme, aux États-Unis.
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N’ayant N’ayant reçu que l’extrême l’extrême minimum d’information d’information et d’entrainement, d’entrainement, et agissant en sa qualité de Souverain Délégué National, Blitz entreprit de développer le Martinisme en Amérique. Dans une lettre datée du 27 octobre 1894, 1894 , Blitz informe Papus de ses progrès. Les traductions de certains documents données par Papus et Sédir sont terminées et il a commencé la rédaction des rituels de l’Ordre l’Ordre qui sont sensés transmettre, par les initiations, des connaissances ésotériques et symboliques. Pour ce faire, Blitz s’inspira s’inspira des écrits de Louis-Claude de Saint Martin, de Papus et d’Eliphas d’Eliphas Levi, aussi bien que des œuvres de œuvres de Mackey et Macoy. À cette époque, tous les initiés Martinistes étaient aussi Maitres Maçons. Dans cette lettre, Blitz indique également les signes des divers degrés qu’il qu’il veut introduire dans ses rituels. Le 24 septembre 1895, Blitz écrit à Papus qu’il qu’il croit que le Martinisme devrait consister en deux Temples de sept degrés chacun, afin d’être d’être un rite plus « complet. » Il introduisit des éléments de cabale, de géomancie et de symbolisme numérique dans les rituels d’initiation d’initiation et qu’il qu’il est fort satisfait d’avoir d’avoir reçu de Sédir son diplôme de Licencié en Cabale de l’Ordre l’Ordre Cabalistique de la Rose+Croix. Ceci fut la première indication de son intérêt de voir l’OCR+C l’OCR+C comme le second temple de l’Ordre l’Ordre Martiniste. Le 22 novembre de la même année, le Martinisme avait été établi dans 16 états : Massachusetts, New New York, New Jersey, Pennsylvanie, Maryland, Floride, Géorgie, Missouri, Ohio, Michigan, Illinois, Minnesota, Colorado, Oregon, Washington D.C. et le territoire de Washington. Peu de temps après, Blitz annonce qu’il qu’il y aurait une réunion de Ss : *Ii* l’année l’année suivante, en aout 1896, qui serait le premier congrès de l’Ordre l’Ordre Martiniste aux États-Unis d’Amérique. d’Amérique. Poursuivant sur sa lancée, Blitz se rendit à Chicago en juin 1896. La loge maçonnique l’invita l’invita à prendre la parole. Sa conférence impromptue fut si bien reçue qu’on qu’on lui demanda de revenir le lendemain pour une séance de questions et réponses. Plus de 50 personnes y assistèrent dont une grande majorité était des membres de la Société Théosophique. Chaque personne fut intriguée par ses idées et nombreux furent ceux qui exprimèrent leur désir d’entrer d’entrer en Martinisme. Blitz avait énormément travaillé au succès du Martinisme et avait pris beaucoup de risques pour que ce mouvement soit reconnu par les autres organisations spirituelles des États-Unis d’Amérique, d’Amérique, et il avait fait beaucoup de promesses : la création d’une d’une revue, des réunions mensuelles, l’établissement l’établissement d’une d’une bibliothèque, des relations avec tous les groupes dispersés dans le monde entier. Blitz présenta à Papus une liste de documents et d’action d’action de la part de la France nécessaires à la réalisation de ces promesses. Dans les premiers mois de 1898, Blitz fit un résumé de ses activités pour Papus. Il lui écrivit : « Voici en peu de mots ce que nous avons décidé : Que le Rite Martiniste constituera un Rite Supérieur de la maçonnerie qui sera mystique et philosophique. Pour y être admis, les candidats devront avoir atteint le grade de Maitre Maçon. Le privilège d’initier d’initier sera retiré des Initiateurs Libres, sauf s’ils s’ils forment des Loges régulières. L’initiation L’initiation sera payée par le néophyte. Les frais de correspondance, d’impression, d’impression, etc., etc. seront trop élevés pour être supportés par les membres, les plus dévoués étant souvent les moins riches, et ceci sera suffisant pour ralentir le mouvement progressiste de l’Ordre. l’Ordre. Des loges mixtes seront tolérées, mais utiliseront un rituel séparé. L’Ordre L’Ordre Martiniste sera placé à égalité avec le Rite Écossais. Que le caractère maçonnique de ses rituels et de son histoire demande une organisation maçonnique. Que les « Initiateurs Libres » conduisent à la vulgarisation des principes du Martinisme et tentent de détruire le caractère initiatique de la société.
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Que les initiations libres (non payantes) rendent impossible la mise en place d’une d’une organisation véritable ou l’expansion l’expansion du Rite... "... Je me vois forcé de demander l’autorisation l’autorisation de changer l’organisation l’organisation du Rite parce que j’ que j’en en reconnais la nécessité. Je n’ai n’ai à l’esprit l’esprit que le bienêtre de l’Ordre l’Ordre et le triomphe de nos idées et ne suis guidé par aucune autre considération. . » Donc l’idée l’idée d’un d’un Martinisme Maçonnique était née et prise en considération considération par Téder, Bricaud et Chevillon peu avant la mort de Papus, mais elle fut définitivement enterrée par Dupont dans les années 1960. Répondant à une lettre de Papus datée du 4 décembre 1899, dans laquelle celui-ci révèle son entrée dans la Maçonnerie de Rite Swedenborgien, le Dr Blitz écrit : ..... Je vais bientôt écrire au Frère John Yarker, en sa double qualité de Souverain Grand Conservateur du Rite 33∞ 95∞ et de Délégué Général Martiniste... Martiniste ... Ce serait idéal de faire revivre le Rite Swedenborgien, de le greffer sur l’Ordre l’Ordre Martiniste pour établir un système complet d’enseignemen d’enseignementt secret de Grand Profès. Ce serait le triomphe de vos idées et des miennes. Nous allons y travailler.... » Mais des problèmes se soulevèrent bientôt. Plusieurs membres de l’organisation l’organisation Martiniste dirigée par le Dr Blitz, comme un certain Dr Young de Boston, écrivirent à Papus, et accusèrent Blitz d’utiliser d’utiliser le mouvement comme une source de revenus. Bien que le Dr Blitz ait répondu en présentant toute la situation financière, financière, Papus décida de ne pas répondre. répondre . Beaucoup de membres, ne voyant pas la réalisation des promesses de Blitz, recherchèrent une entrainement formel. Ils rejoignirent la Société Théosophique, dans laquelle les étapes sont guidées, les travaux surveillés et les progrès encouragés. Les attaques du Dr Young, qui refusait de se placer sous l’autorité l’autorité étrangère comme le Suprême Conseil de Paris, mais voulait que tous les frais soient supportés par lui, furent très sérieuses. Malgré les justificatifs apportés par le Dr Blitz, Papus décida de croire les critiques et ne répondit plus aux lettres de Blitz jusqu’en jusqu’en avril 1902. Malgré sa frustration, le Dr Blitz resta entièrement dévoué au travail. Le 27 aout 1901, Blitz envoya un « Mémoire confidentiel » à Papus, résumant les sept années du Martinisme en Amérique et les projets pour son futur. N’ayant N’ayant pas reçu de réponse pour une période inhabituellement longue, Blitz écrivit à Paris le 28 octobre 1901, indiquant qu’il qu’il en avait assez du manque de support de l’Europe. l’Europe. Il présenta cet ultimatum à Papus :... vous serez toujours pour moi le restaurateur de l’occultisme l’occultisme scientifique, le père de la méthode analogique, un savant sans limite, mais vous êtes un organisateur détestable, le chef du groupe de paresseux qui, n’ayant n’ayant aucune mémoire, ne devraient jamais faire des promesses qui ne seront pas tenues. Voici ce que sera votre épitaphe, cher docteur, si vous et votre Suprême Conseil ne m’ont m’ont pas donné raison avant le 28 novembre. Je vous enverrai ma lettre de démission qui sera irrévocable.... » Répondant à une lettre de Sédir datée du 9 janvier 1902 : « Mon cher Frère, vous êtes terriblement mal informé : au contraire c’est c’est moi qui ne voulait pas participer à la transformation du Martinisme en une Maçonnerie clandestine !... Finalement, en terminant, je vous affirme qu’en qu’en 1896 ou 97 j’ 97 j’ai ai prié, supplié Papus de ne pas compromettre tout l’Ordre l’Ordre en créant quelque Rite Maçonnique clandestin, je l’ai l’ai prié et supplié d’envoyer d’envoyer des enseignements pour nos membres... on nous avait tout promis, des enseignements, enseignements, une copie des archives, de nouveaux degrés, etc., mais rien ne fut jamais réalisé. Nous avons finalement conclu que l’Ordre l’Ordre en France était un mythe, que le Suprême Conseil... ne fonctionne que dans l’astral... l’astral... Si pourtant [le Suprême Conseil] désire donner d onner une base solide à l’Ordre.... l’Ordre.... mes « documents providentiels » auront leur usage. Dans toute cette affaire, je n’ai n’ai pensé qu’au qu’au bien de l’Ordre. l’Ordre. Il y a une limite à toute chose, j’ai j’ai averti Papus il y a longtemps... attendant patiemment pendant plus de 6 ans, c’est c ’est suffisant. » suffisant. »
10 Edition destinée aux membres de l’association CRP : Pédagogie initiatique.
Le 13 février 1902, le Suprême Conseil en France, abolit le poste de Souverain Délégué Général pour les États-Unis ; Édouard Blitz n’était n’était plus le directeur de l’Ordre l’Ordre Martiniste en Amérique. Margaret B. Peeke, de Sandusky, dans l’Ohio l’Ohio devint l’Inspectrice l’Inspectrice Générale de l’Ordre l’Ordre aux États-Unis, elle y dirigea l’Ordre l’Ordre jusqu’ jusqu’àà sa mort qui survint le 2 novembre 1908. Après son décès, le Suprême Conseil de Paris la remplaça par François L. Gauthey de New York, avec le titre de Délégué Général pour les États Unis. Il reçut son diplôme le 19 février 1909. Gauthey, comme Blitz, demanda tous les documents nécessaires pour faciliter les opérations de l’Ordre l’Ordre (lettre à Papus datée du 2 janvier 1912), mais comme à l’habitude, l’habitude, l’Europe resta insensible aux besoins de la branche américaine de l’Ordre. Malgré les efforts de Peeke et de Gauthey, l’ Ordre Ordre Martiniste mourut aux États-Unis et dût attendre jusqu’ en en 1978 pour retrouver quelque vigueur par cet autre émigrant belge dans le Nouveau Monde que je suis. Heureusement, des circonstances assez semblables à celles qui affligèrent le Dr Blitz m’ avaient avaient rendu indépendant du Suprême Conseil français. Le Martinisme fut réintroduit par l’ Ordre Ordre Martiniste des Pays-Bas qui possède son propre Suprême Conseil. Sans avoir eu un départ fulgurant, comme ce fut le cas sous la direction du Dr Blitz, le Martinisme y est aujourd’hui fermement implanté. S’ ilil y eut jamais un individu qui aurait pu changer la face du Martinisme, ce fut très certainement le Dr Blitz. S’ ilil avait reçu l’ appui appui nécessaire de l’ Europe, Europe, les possibilités eurent été été étonnantes. étonnantes. Et pourtant, pourtant, je suis suis d’accord avec avec le Dr Blitz pour reconnaitre que le manque d’ appui appui reçu par la minorité d’ entre entre nous qui veulent pratiquer les les rites traditionnels traditionnels européens européens est extrêmement extrêmement frustrant.... frustrant.... son son œuvre ne œuvre ne fut pourtant pas vaine, car son énergie, son enthousiasme, son dévouement face à des obstacles apparemment apparemment insurmontables insurmontables est une une leçon pour pour chacun d’ entre entre nous.
Edouard Emanuel Blitz was born on 30 May 1860 (some sources indicate May 31) in Ghent, Belgium. At a very early age he entered the Royal Conservatory in Ghent. It is said that talent runs in families ... and Blitz's family is certainly no exception, as will be noted. Aside from his musical education, Edouard was admitted to a Jesuit college and, although he had more of an affinity for the Benedictines, he would not become a member. One can, however, see that he retained his spirituality throughout the rest of his life. He became a dentist, and became quite well-known for his skill. In addition, his talent in music, philosophy and freemasonry became quite renown. From 1904 until his passing, Blitz was very active in the music scene of New York City and even had a studio in Carnegie Hall. Edouard Blitz would also found the Kansas City Symphony Orchestra in Kansas City, Missouri. Edouard Blitz came to America in 1880 while on a tour. The tour ceased suddenly in 1882, and he found himself in Eureka, IL, where he met Mattie Louise Miller. They were married on 1 September 1884. Mattie, born in Mansfield, OH in 1865, became the Directress of Music at Cottey College in Nevada, Missouri. The couple would move there to take on faculty positions with the same college - according to the archives at Cottey College, they were listed as faculty from 1895 through 1904. Aside from her remarkable skill as a pianist - some reports indicate that she has studied in Europe under such famous personae as a s Mendelssohn - Mattie, having grown up around horses, became quite the horsewoman. This additional skill served her well, for while on a trip to Belgium with her husband, she noticed a woman and child who had fallen in the middle of the street in front of a runaway horse and carriage. Reacting quickly and fearlessly, she ran out into the middle of the street and stopped the horse and carriage, knowing exactly what to do. For her heroic act, the Belgian government, approved by Leopold II, awarded her with the Medal of Bravery; making her the first American woman to ever receive this honor. It was through the comments of a voice teacher, Anna Johnson of New York City, that Cottey College was to gain from the presence of the couple named Blitz. Ms. Johnson suggested to Virginia Alice Cottey Stockard that she consider a full music department. At a concert at Central College she had heard the Blitz couple play, who were then scheduled to go back to Europe for a year's study. The couple Blitz was invited head music department of the Cottey College, Nevada, Missouri. Edouard made quite an impression on this small college while he was there, and his efforts to introduce culture and finesse were not without notice. In an article from 1899 we read:
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« The music pupils of Cottey College at Nevada highly entertained a large audience at the First Methodist Church last night with a recital of vocal and instrumental music that would have done credit to professionals. « The ensemble work of the company of ten musicians playing upon violins, viola, violoncellos and piano, directed by Dr. Edouard Blitz, teacher of violin in the school, was simply grand and called forth repeated encores from the audience. An excellent class of music was rendered, showing the young people are hav ing their musical taste cultivated in the right way. » In 1885, Mattie gave birth to their only son, Julien Paul Blitz. Following in his parent's footsteps, Julien Paul, also born in Ghent, Belgium, was endowed with the gift of music. He received the degree of Doctor of Music and was a Laureate Cum Laude from the Royal Conservatory of Ghent, being recognized as a master cellist. He was, for a time, the director of the San Antonio Symphony Orchestra in Texas, and, like his father did in Kansas City, founded the Houston Symphony Orchestra. In 1919, he would marry Flora Briggs, daughter of Jim and Daisy Briggs. Daisy was a celebrated actress. Flora was a virtuoso pianist, having trained at the Cincinnati Conservatory. The couple frequently performed together, and in 1923 became the first professional instrumentalists instrumentalists to play over the radio in Texas. Julien Paul died in 1951, but Flora lived to the distinguished age of 100, passing on 17 November 1994. Unfortunately, Mattie died several years before Edouard, passing to the great beyond on May 27, 1904i. After her death, Edouard left his employment with Cottey College and the following November, Edouard returned to New York City. In 1914, Edouard married one Miss Mabel Shriver of Charleston, IL. Mabel was quite a promising soprano. It was, however, only one year later Dr. Blitz died on 10 February 1915. His death was due to an accidental dose of photographic developing solution,.
It is evident that Blitz's involvement with Martinism came from his knowledge of Freemasonry. Here are many of his credentials: (N.B. - these dates are according to Voorhis) Apprentice - 13 November 1883 Companion - 2 January 1884 Master Mason - 3 January 1884 - Wm. C. Hobbs Lodge #306, Eureka, IL Mark Master — 22 December 1894 Past Master - 14 March 1895 Excellent Master — 18 March 1895 Royal Arch - 23 March 1895 - Oceana Chapter #56, Pentwater, Pentwater, MI Royal and Select Master - 23 July 1909 - Oceana Council #27, Pentwater, MI Red Cross - 18 December 1895 Knight of Malta & Knight Templar - 19 December 1895 - O'Sullivan Commandery #15, Nevada, Missouri AASR 32∞ — 21 — 21 November 1901 — Western Mo. Consistory, Kansas City, Missouri
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In looking at copies of his Masonic Diplomas: the following dates are given: Apprentice, Companion & Master - 17 February 1896 Royal Arch - 11 February 1896 Royal and Select Master - 25 February 1896 Knight Templar - 17 February 1896 ( Red Cross & Knight of Malta) Edouard Blitz was also received as C.B.C.S. (Chevalier Bienfaisant de la Cite Sainte, or Knight Beneficent of the Holy City) of the Rectified Scottish Rite of Willermoz in Geneva, Switzerland on 15 May 1901.
While a student of medicine at the Sorbonne, in Paris, Blitz studied Egyptology and Hinduism. He was also a follower of Helena Petrovna Blavatsky and a member of the Theosophical Society. Then, in 1894, while back in Paris briefly serving as the chief consultant at the Louvre Dental Clinic, Blitz met Papus. On 20 June, 1894, at the 'Merveilleux' bookstore, Blitz was initiated a Martinist. Only a few days later, Papus, with charter #37, would give Edouard Emanuel Blitz full authority as a Sovereign National Delegate of the Ordre Martiniste to install and develop Martinism in the United States. On 27 August 1894, Blitz performed the first Martinist Initiation in the United States. Having received only the bare essentials, and acting in his capacity as Sovereign National Delegate, Blitz set about developing Martinism for America. In a letter dated 27 October 1894, Blitz informs Papus of his progress. Translations are being made of some of the materials given him by Papus and Sédir, and he has begun writing rituals for the Order to pass the initiations, esoteric knowledge and symbols. For this, Blitz drew upon the writings of Louis-Claude de Saint Martin, of Papus and Eliphas Levi as well as the Masonic works of Mackey and Macoy. At this time, all the initiates of Martinism were already at least Master Masons. In this letter, Blitz also indicates the words and signs of the degrees intended for use in these rituals. 24 September 1895. Blitz writes to Papus that he believes Martinism should be divided into two Temples equaling 7 degrees, in order to be a more 'complete' rite. He is including elements of Kabbalah, Gematria and numeric symbolism in the initiation rituals and is pleased to have received his Diploma from Sédir as a Licentiate of Kabbalah from the Ordre Kabbalistique de la Rose+Croix. This is the first mention of his interest in considering the OKR+C of Stanislas de Guaita as the second Temple of the Martinist Order. By 22 November of that same year, Martinism has been established in 16 states: Massachusetts, New York, New Jersey, Pennsylvania, Maryland, Florida, Georgia, Missouri, Ohio, Michigan, Illinois, Minnesota, Colorado, Oregon, Washington D.C. and the territory of Washington. Shortly thereafter, Blitz announces that there would be a reunion of SS:.II:. the following year, in August of 1896, the first Congress of the Martinist Order in America. Riding the momentum he had created, Blitz passing through Chicago in June 1896, the Masonic lodge requested him speak. His impromptu lecture was so well received that he was asked to continue the following day with an interview - which was attended by more than 50 people and included a large number of members of the Theosophical Society. Everyone in attendance was intrigued by the idea and expressed interest in entering into Martinism.
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Blitz has accomplished a great deal and had risked a lot to Martinism recognized by other spiritual organizations in the United States of America, and had to promise: the creation of a journal, monthly meetings, the establishment of a Library, relations amongst all the groups dispersed across the surface of the earth... Following this, Blitz presented Papus with a list both of demands, and of the necessary documents and action on the part of France to make this all happen. In the early months of 1898, Papus asked Blitz for a resume of his activities. Blitz lays it all out: « Here, in a few words, is what we, here, have decided: That the Martinist Rite will constitute a Superior Rite of Masonry. It will be Mystical and Philosophical. In order to be admitted, one must have attained at least the degree of Master Mason. The privilege of Initiation is removed from Free Initiators except to form regular Lodges. Initiation will be paid for by the neophyte, the cost of initiation, of correspondence, of printing, etc. etc. will be too high to be supported by the Members, the most devoted of whom are the least rich; and that will suffice to slow the progressive motion of the Order. Mixed Lodges will be tolerated but there will be a separate ritual. The Martinist Order will be placed on par with the Scottish Rite. That the Masonic character of both ritual and history call for a Masonic organization. That "Free Initiators" leads to the vulgarization of the principles of Martinism and attempts to destroy the initiatic character of the society. That free Initiation (nonpaying) makes it impossible to have a real organization, or the expansion of the Rite... "...I see myself forced to ask for the authorization to change the organization of the Rite because I recognize the necessity, I see only the welfare of our Order and the triumph of our ideas, no other consideration guides me... » Thus, the idea of a Masonic Martinism had begun and would be taken up, shortly before the death of Papus, by Teder, Bricaud and Chevillon, but would be extinguished by Dupont in the 1960's. Responding to a letter from Papus dated 4 December 1899 where Papus announced his entrance into the Masonic Swedenborgian Rite, Dr. Blitz writes: ..... I will soon write to Brother John Yarker, in his double quality as Sovereign Grand Conservator of the Rite 33∞ 95∞ and Martinist Sovereign Delegate General... it would be ideal if we could revive the Swedenborgian Rite, graft the Martinist Order onto it and complete the system with the secret teaching of the Grand Profess. There is the triumph of your idea... and mine. We will work on it... » But soon, problems will rise. Several new members of the Martinist organization headed by Dr. Blitz like a certain Dr. Young of Boston, wrote to Papus, and accuse him to use the movement as a source of revunue. Although Dr. Blitz responded, laying out the financial situation, Papus decides not to respond. Many members, searching for formal training, joined the Theosophical Society, where there steps are guided, the studies are watched and they will be encouraged to progress. The attacks by Dr. Young, who refuse to place himself under the authority of a foreign power like the Supreme Council of France yet still want everything paid for by him... lodge rental fees, regalia, etc., are very serious. Although Dr. Blitz responded, laying out the financial situation, Papus decides to believe his critics and not to respond until April 1902. In spite of Blitz » frustration, it is obvious that he was still committed to the work. On 27 August 1901, Blitz sent a 'Confidential Memoire' to Papus summarizing the 7 years of Martinism in America and its future, on
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behalf of himself as the Sovereign Delegate, and the Grand Council for the United States of America. Having not received any response in an unusually long period of time, on 28 October 1901, Blitz writes to Papus indicated that he has had enough of Europe's lack of support. He presented Papus with an utimatum: "... you will always be, for me, the restorer of Scientific Occultism, the father of the analogical method, a scholar without limits; but a most detestable organizer, the head of the laziest group of people, who, having no memory, should never make promises that cannot be kept. This shall be your epitaph, doctor, if you and your Supreme Council have not given me reason by 28 November or before. I will send you my letter of demission which will be irrevocable... » Responding to a letter from Sédir, Blitz writes, on 9 January 1902: " My Dear Brother, you are sorely misinformed; on the contrary, it was I who did not want to be party to transforming Martinism into some form of clandestine Masonry!... Finally, in ending this I tell you, that from 1896 or 97 I prayed, begged Papus not to compromise the whole Order by creating some clandestine Masonic Rite; I prayed and begged him to send some teachings for our members... we were promised everything, teachings, a copy of the archives, new degrees, etc... but nothing was ever realized. We finally came to the conclusion that the Order in France is a myth, that the Supreme Council ... functions only in the astral... If, however, [the Supreme Council] wants to give the Order a real, solid base... my 'providential documents' will be put to use... in this whole affair, I sought only to work for the good of the Order. There is a limit to everything, I warned Papus a long time ago... patiently waiting for more than 6 years is long enough. » On 13 February 1902, the Supreme Council in France discontinued the post of Sovereign Delegate General for the United States; Edouard Blitz was no longer the director of the Martinist Order in America. Margaret B. Peeke, of Sandusky, OH, was named as Inspector General of the Order for the United States; she directed Martinism in America until her death on 2 November 1908. Following her death, the Supreme Council in Paris replaced her with Franois L. Gauthey of New York, with the title of Delegate General for the USA. He received his diploma on 19 February 1909. Gauthey, like Blitz, demanded all the documents necessary to facilitate the operation of the Order (letter to Papus dated 2 January 1912) ... but, as usual, Europe seemed insensitive to the needs of the American branch of the Order. In spite of the efforts of Peeke and Gauthey, the Martinist Order died out in the USA in the 1950's. Martinism would have to wait until 1978 when Maurice Warnon, also from Belgium, would breath new life into Martinism in the United States of America. Fortunately, circumstances had made him independant from the French Supreme Council. Martinism was reintroduces in the US by the Martinist Order of the Netherlands, where it is today firmly rooted. If ever there was an individual in America who could have changed the face of Martinism, it was certainly Edouard Emanuel Blitz. If he had only received just enough support from Europe to proceed, the possibilities are enormous. And yet again, we must agree with Dr. Blitz, in that the lack of support for those few of us in America with a desire and inclination to work the European-based rites is more than frustrating ... his work was not in vain, for his drive and enthusiasm, his dedication even in the face of such seemingly insurmountable obstacles is a lesson to us all.
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American emigrant, born in Belgium and initiated to Martinism before his arrival in the United States. He was designated as the Sovereign Delegate of the Martinist Kabalistic Order of the Rose and the Cross. It is through him that Harvey Spencer Lewis was initiated. Dr. Blitz broke relations with the original Order and founded, on February 13, 1902, the American Rectified Martinist Order, and was later replaced by Margaret B. Peeke as the head of the Supreme Council of that Order. After the resignation of Dr. Edouard Blitz, in Quakertown, Pennsylvania. A reproduction of his S. I. certificate, dated 1903, is found in Ravalette the Rosicrucian's Story, published by the Philosophical Publishing Company, Beverly Hall, Quakertown, Pa., which serves as the publication organization of his Order. It is interesting to note that although the name of his initiator is given only by initials, it is indicated that it was a woman. The "Quakertown Rosicrucians" did not pursue any Martinist work or affiliations.]
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LES FEUILLETS D’HERMOPOLIS — I — 1994 — 1999
Au printemps 1994, nous avions projeté de créer un bulletin traitant de Franc-Maçonnerie, et des sociétés initiatiques annexes, en publiant des textes rares ou inédits, à cet effet, deux numéros étaient prêts : « Édouard Blitz — sept années de Martinisme aux États-Unis — 1894 — 1901 » et « Jean-Baptiste Willermoz — Instructions pour les Élus-Cohen ». Malheureusement, les choses de la vie nous ont contraints à abandonner ce projet dès l’été. Aujourd’hui, après un silence de cinq ans, nous tentons de reprendre cette intention, avec l’aide de Dieu. Nous garderons les deux premiers titres, mais en ajoutant quelques textes supplémentaires au volume I. Nous ne reviendrons pas sur l’histoire du Martinisme, créé par le Docteur Gérard Encausse, en 1888, Ordre qui vit toujours éparpillé dans divers groupes. Plusieurs spécialistes, de cet Ordre Initiatique Chrétien, ont écrit de nombreux articles et livres. Rappelons simplement que, dès sa création, l’Ordre prospéra immédiatement tant en Europe qu’en Amérique du Nord et du Sud. Dans ce présent volume, nous nous attacherons uniquement à la propagation du Martinisme aux ÉtatsUnis par le Dr Édouard Blitz. Au cours de nos lectures, il nous a semblé que les « spécialistes » faisaient presque de Blitz un être mythique et ne donnaient aucun renseignement biographique sur ce personnage, pourtant la Bibliothèque Municipale de Lyon conserve dans ses rayons de quoi satisfaire notre intérêt.
En 1894, le Martinisme avait déjà pris pied, timidement, aux États-Unis, mais dès cette époque, un citoyen Belge, né en 1860 d’après une lettre adressée à Sédir, en date du 29 juillet 1895 : « ... je n’ai que 35 ans... ». Grand admirateur de la France, établi dans ce pays aux environs de 1880, comme le confirme cet extrait d’une lettre envoyée à Papus, datée du 9 décembre 1896 [237] : « Et cependant je suis convaincu d’ avoir contribué à étendre l’ influence française en Amérique bien plus que tous les Consuls de France réunis aux États-Unis. Voilà bientôt 17 ans que je travaille à établir cette influence française, si considérable pour qui la connait dans le domaine littéraire et artistique ; par la parole, par les écrits, et un peu par l’ exemple même, j’ ai réussi à implanter un peu partout les germes des grandes qualités françaises : le gout, les manières. J’ ai vaillamment combattu les méthodes superficielles (en usage ici partout), et cela grâce à un certain talent de violoniste qui m’ ouvrait les portes de la société, ou à mes connaissances de la langue et de la littérature française qui m’ ouvraient les portes des établissements d’ instruction, ou encore, et surtout à la part active que j’ ai prise dans le mouvement Idéaliste inauguré en France et qui me place aujourd’hui devant le public intellectuel des grandes villes. »
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Dans une lettre du mercredi 1 29 octobre 1896 [227], il nous apprend qu’il enseigne la musique et le français :
Très Cher & très Savant Maitre, Votre lettre du 18 oct. vient de me parvenir. De suite j’ ai écrit à Chicago pour le diplôme de M. D. et j’ ai suivi votre conseil quant à Davidson : une très fraternelle lettre qu’ il ne pourra pas prendre de mauvaise part s’il a le moindre cœur. Quant à vous renvoyer votre Mss, jamais de la vie ! je le garde pour les Archives de l’ Ordre, mais je vais vous le recopier et vous l’ envoyer. Mais donnez-moi un tout petit brin de temps, j’ ai tant de choses !!! Maintenant quant à la F. T. L. Gardez-vous de croire que je n’ apprécie pas le travail ; vous seriez absolument dans l’ erreur, vous verrez par le rituel que je comprends. Ce que j’ y ai trouvé à redire c’ est la mise en scène et l’ absence de « recette » ; car faut-il que je le dise : ce pays est tout ce qu’il y a de plus superficiel ; dans tout, absolument tout. J’ enseigne ici la musique et le français, car j’ ai fréquenté le conservatoire et l’ Amphithéâtre et j’ ai vécu en France. Mes élèves sont des demoiselles et des femmes mariées. Les demoiselles veulent bien jouer du violon et les dames parler le français, mais sans que cela leur coute beaucoup de travail personnel et la pédagogie ici consiste à mettre l’ érudition en fioles et à l’ administrer hebdomadairement par cuillerées, encore ne fautil pas que la potion soit amère. En médecine ici il faut déguiser le gout des drogues avec du gingembre, de l’ anis ou du wintergreen ou se passer de clientèle. En occultisme c’ est la même chose, il faut leur dire tout... ou ils ne comprennent rien ; quand ils ont bien sucé l’ Isis Unveiled, de deux choses l’une ou leur érudition s’ arrête là, ou ils se jettent à corps perdu dans un mysticisme qui n’ a plus le sens commun. Je ne vous prendrai pas votre temps à vous citer des exemples d’ atrocités commises ici sous le prétexte d’ occultisme. Or, Cher Maitre, dans le Martinisme, nous avons été extrêmement heureux, tous les jours je reçois de nouvelles pétitions, dans le pamphlet que je vous envoie (p. 6) on a copié une partie de l’ introduction du Rituel. Ce résumé est copié dans les Notes and Queries, de ce mois, un périodique lu dans tous les pays de langue anglaise. Mais si le Martinisme a réussi au-delà de toute attente, c’ est que l’ initiation pouvait se faire par la communication des Rituels ; soit Mss soit imprimés, les figures étaient facilement dessinées — Ici, dans la F. T. L. ce sera plus difficile, il y a aussi la question du prix de l’ initiation ; il est malheureux de constater que les plus dignes d’ entrer dans l’ ordre n’ en auront pas les moyens. S’ il était possible d’ introduire dans le premier grade des règles pour un entrainement magique que l’on pourrait insinuer dans le symbolisme, ce serait d’ un grand secours pour faire des prosélytes — Je vais faire un grand tableau pantaculaire d’après la photographie et m’ inspirer de cela. Mais je suis très désireux de faire de cet ordre la source d’ un tout petit revenu pour vous ; vous vous prodiguez intellectuellement, cela est bien, mais il faut espérer que vos travaux vous rapportent dans un avenir, pas trop éloigné, une modeste compensation. C’ est dans ce but seulement que je tiens beaucoup à ce que votre ordre contienne quelque chose qui puisse remplacer le travail méditatif chez le superficiel qui aura donné son argent. Aidez-moi là, car « en vérité » l’ Américain, comme me l’ écrit F. Ch. Barlet, a des idées religieuses bien ardentes, mais aussi bien confuses. 1 Le
jour indiqué par le calendrier pour ce quantième est un jeudi et non un mercredi.
http://www.univ-lyon3.fr/servlet/com.jsbsoft.jtf.core.SG?ACTION=RECHERCHER&PROC=RECHERCHE_AGENDA&EXT=agenda&DTSTART=29-101896&AFFICHAGE=journalier&FILTRE=@@ETUDIANT@@@@@@&RH=INS-ACTU
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Cher Maitre, j’ ai plus d’ espoir dans l’ Union Idéaliste, là nous trouverons (nous avons déjà trouvé) des appréciateurs. À ceux-là nous communiquerons l’ Initiation gratuitement s’ il le faut avec mission d’ établir l’ Ordre et de faire payer l’ initiation aux nouveaux membres. Voilà un des motifs pour lesquels il est nécessaire que la personnalité de Lux Pauperum soit ignorée de tous, Lux P. est un principe, immortel, comme doit l’ être celui qui a trouvé la Pierre Philosophale. J’ aurais désiré que vous prissiez un autre nom, un nom d’ adepte, un nom légendaire bien connu ; Comte de St Germain, ou Cagliostro, s’ il ne s’ attachait à ces noms une idée de charlatanerie, répondraient assez à mon idée ? Cherchez, Lux P. n’ est pas encore un nom connu. J’ ai le plaisir de vous annoncer que le Martinisme pénètre dans les pays Scandinaves, mais je désire avant de mettre les LL suédoises et Danemark... oises sous la juridiction du S. C. de France qu’ elles soient bien organisées. J’ ai écrit à plusieurs Chinois de Hung, mais ces magots ne répondent pas (à cause de leur ignorance de l’ écriture anglaise) je vais mettre notre Inspecteur de la Côte du Pacifique à leurs trousses. J’ ai reçu une très gentille lettre de Sédir relativement à l’ Union, les membres en France sont : Papus F. Ch. Barlet Péladan Sédir Il y en aura d’autres, mais je n’ ai pas eu le temps encore de recevoir leur réponse. Mais revenons en 1894, lors d’un voyage en Europe Blitz fut initié au Martinisme, à Paris, le 20 juin 1894, en la Librairie du Merveilleux, comme il l’écrivit à Sédir, dans une petite lettre. [333 -410] Paris, le 14 juin 1894 12, rue des Filles Dieu Monsieur Sédir 14, rue de Strasbourg Cher Monsieur C’est avec le plus réel bonheur que je puis vous annoncer ma présence à la Librairie du Merveilleux mercredi prochain à l’heure indiquée pour y recevoir l’Initiation Martiniste dont j’espère me rendre digne. En vous remerciant mille fois pour cette grande faveur, je vous prie, Monsieur, de croire à tout mon dévouement. [signé] Édouard Blitz Mon départ pour les États-Unis peut être plus précipité encore que je ne le suppose, vers la fin de ce mois peut-être. Blitz est Martiniste, investi des pleins pouvoirs, pour les U.S.A, par Papus, quelques jours avant son départ. Le 20 juillet, il était toujours à Paris, il écrivit une nouvelle lettre, peut-être à Sédir. Paris, le 20 juillet 1894 Monsieur et T C F Papus vous a entretenu déjà du sujet de ma demande ; j’ ai un besoin absolu des cahiers M aux travaux des Loges.
relatifs
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Pourriez-vous venir ce soir à n’importe quelle heure afin que nous puissions causer à notre aise ? Pardonnez-moi de vous importuner, mais j’ai si peu, si peu de temps devant moi et j’ai si soif de connaitre ! Je vous attendrai ce soir jusqu’à 10 heures. Mille remerciements d’avance Fraternellement [signé] É. Blitz 12, rue des Filles Dieu [au 1 er à droite] Blitz s’embarqua pour les U.S.A. en aout, dès son installation, il fit parvenir une lettre à Papus pour lui faire part du commencement de son travail : traduction et commentaire, qu’il poursuivit jusqu’en 1901. On remarquera que Blitz signe souvent ses lettres avec les trois points maçonniques suivis des six martinistes. Voici, sa première missive des U.S.A. à Papus [389]. Pentwater [Michigan] É.U. A.
Cher et Savant Maitre, Il y a deux mois que nous sommes arrivés en Amérique après une traversée passablement lente et monotone. Nous nous sommes arrêtés aux bords du beau lac Michigan parmi les sables et les pins, dans un tout petit endroit que, pour me consoler de mon départ de France, je m’ imagine être aux environs de Paris. Immédiatement je me suis mis à l’œuvre, à la traduction du Rituel Martiniste, à la reproduction des pantacles, etc. Mais tout en travaillant au Rituel., je me suis permis d’ y apporter quelques développements qui me semblent nécessaires. Ainsi, par rapport aux Luminaires, j’ ai ajouté des extraits du Tarot, page 12, Tout Prêtre... etc. jusqu’ au quatrième alinéa, inclusivement. Page 24 — « L’ unité Principe, etc. jusqu’ à les parties constituantes. » Pages 208 et suivantes : Théogonies [extraits]. J’ai puisé assez largement dans les œuvres de Papus : par exemple, j’ ai traduit presque textuellement l’ analyse du pantacle de St-Martin, celles du Pentagramme, et du Sceau de Salomon, complétant par des traducti ons d’Éliphas Lévi [Haute Magie, etc.] — Les signes d’ Ordre étant, dans l’ O.M. la Croix, l’ Étoile Flamboyante et l’Étoile à 6 pointes, je leur ai donné l’ explication d’ Éliphas et de Papus, puisant, en outre, et largement dans les ouvrages Maçonniques de Mackey et de Macoy, qui font autorité ici. Je me suis permis de changer la façon de donner les signes, qui, d’après les indications que m’ a données Paul Sédir me parait trop compliquée. — Je n’ ai conservé que le signe du premier degré : la croix, faite avec 3 doigts de la main droite.
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Je fais faire le signe du 2e degré, le pentagramme, en faisant lever la main gauche, les doigts grands ouverts, image du quaternaire déséquilibré par une nouvelle unité. — L’ étoile à 6 pointes est dessinée de cette façon, À [baisant la main gauche, 3 doigts étendus et séparés] = « Ce qui est en bas[levant 3 doigts de la main droite vers le ciel] « est comme ce qui est en haut. » B [levant 3 doigts de la main droite] « Et ce qui est en haut » [montrant la terre avec 3 doigts de la main gauche] » est comme ce qui est en bas. » Tous deux [s’ accrochant les 3 doigts recourbés de la main droite] « Pour accomplir les miracles d’ une seule chose. » Pour mots sacrés j’ emploie au premier degré L V X ces lettres se trouvant dans la croix + Et pour devise l’ axiome hermétique : In Cruce Salus. Au second degré, la formule pythagoricienne du Pentagramme
Pièces frappées pour Eudes l’ancien XIe siècle
Au 3e degré, le précepte initial de la Table d’ Émeraude. Dans les 3 degrés, j’ emploie libéralement les figures et les expressions symboliques de la FrancMaçonnerie — enfin, j’ ai scindé le 3e degré en 3 parties — La 1re symbolique, le néophyte s’ appelle Supérieur Inconnu, La seconde n’ est donnée qu’ au Royal Arche, sommet de la Maçonnerie d’ York, au Kadosh, et aux grades d’ équivalente initiation. — Le néophyte prend le titre d’ Initiateur Silencieux ou mieux Secret Initiateur. On lui expose le symbole du Baphomet, d’après Éliphas, et de la non-existence du diable, incarnation du Mal, de la négation du Mal, qui n’ est qu’ un terme d’ opposition nécessaire à l’ équilibre moral. Enfin la 3e partie purement administrative comprend pour épreuve l’ action de présider une séance et de communiquer le premier degré à un postulant. Jusqu’à présent nous n’ avons pas encore de loge régulièrement parlant, mais le nombre de Martinistes augmente petit à petit. Tous mes initiés sont Maitres Maçons, plusieurs sont Royal Arches, un est 32° et Chevalier du Temple. Voici la liste — Eben Miller, professeur. G. O. Switzer, Royal Arche — Dr en médecine Johnson, Vén. de la loge et Roy. A. — Percepteur des Postes. Fred Nielsen, 32° — Banquier
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Jensen, M.M. et Odd Fellow — de la Brigade des Sauveteurs W. I. Compton M.M. et Odd Fellow, employé de Commerce. Evans, R.A. — Avocat Minshall, M.M. — Avocat Badgeley, M.M. — Fermier. Comme vous le voyez, Cher et Savant Maitre, je n’ ai pas perdu mon temps. Aussitôt arrivé je me suis mis en correspondance avec le Dr La Pierre de Minneapolis et avec Peter Davidson qui est un homme extraordinaire. Figurez-vous qu’ il demeure en plein bois, à 32 milles d’ une gare de chemin de fer et qu’ il doit subvenir à ses besoins en travaillant la terre ! Il est fort probable que nous parvenions à nous entendre pour la publication d’ un Rituel — Manuel du Martinisme. Il serait désirable dans ce cas d’ avoir l’ approbation du Suprême Conseil, voudriez-vous nous la donner ? Il y a deux articles qui me paraissent contradictoires dans le Rituel de l’ Ordre. 1° l’ obligation de ne pas révéler le nom de l’ initiateur et 2° Le diplôme de l’ initié qui porte en toutes lettres le nom de l’ Initiateur. Dans le Rituel, j’ ai corrigé cela en remplaçant dans le diplôme le nom de l’ Initiateur par celui du délégué du Suprême Conseil à défaut du Président du Suprême Conseil. Donc tous les diplômes doivent être revêtus de la signature du délégué qui ne remet jamais de blancs-seings. L’ article concernant les Finances est également impraticable en Amérique. Pas de frais d’ initiation, c’ est entendu ; mais les membres d’ une loge paient les frais de location, d’ éclairage, de chauffage, d’ entretien, etc., etc. Pour cela il est indispensable qu’ une somme minime soit perçue régulièrement, comme dans toutes les autres sociétés, d’ ailleurs. Pour le moment, nous nous réunissons chez moi, j’ espère bientôt vous annoncer la formation d’ une loge régulière, ici et dans l’ une des villes avoisinantes. Cher Maitre, je désirerais infiniment recevoir l’ instruction de la Rose+Croix, si je vous ai bien compris, l’ une des épreuves consiste dans la rédaction d’ un essai sur un sujet ésotérique. D’ici à peu de temps, c’est à-dire, aussitôt que le Martinisme me laissera le loisir de m’ occuper d’ autres choses, j’ écrirai une relation soit sur l’ enseignement de la Maçonnerie d’ York, soit sur les sociétés secrètes Américaines — Étude comparative des systèmes Maçonniques, Odd-Fellows, Chevaliers de Pythias, etc., etc. C’ est la seule étude qu’ il me soit permis de faire ici, dans ce pays où les ressources intellectuelles sont nulles — les bibliothèques manquent, la Nation Américaine, considérée synthétiquement, ressemble beaucoup à un enfant fort ingénieux, extrêmement actif, assez désireux de s ’ instruire en s’ amusant, mais d’ une ignorance crasse en matière d’ art, d’ esthétique, et de vraie science. Ici, il faut tout tirer de son propre fond, on y crée sa personnalité, parce qu’ on pourrait difficilement y créer autre chose. Cher et Savant Maitre, faites-moi de temps à autre la charité d’ une carte postale, je suis malheureusement exilé et la dégringolade est énorme : du Boulevard Sébastopol aux forêts carbonisées du Michigan ! ! ! Daignez me rappeler aux bons souvenirs de M. Paul Sédir et croyez-moi, Cher et Savant Maitre, Votre élève bien dévoué [signé] E. Blitz [S I D S C
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(Michigan) États-Unis d’ Amérique Vos ouvrages sur Martinez et St-Martin ont-ils déjà paru ? ? Une dizaine de jours plus tard, il confirme ses projets. [442] Pentwater (Michigan) É.U.A.
le 9 Novembre 1984 Cher Maitre Je vous ai écrit dernièrement au sujet de mes travaux Martinistes qui sont on ne peut plus encourageants. La présente a pour objet de vous demander votre concours pour la publication du Rituel dont j’ai eu l’honneur de vous entretenir dans ma dernière lettre. Peter Dadidson, dont vous connaissez le dévouement pour la cause idéaliste, consent à imprimer le Rituel si une cinquantaine d’exemplaires peuvent se vendre avant l’impression, de façon à en payer les frais. J’ai bon espoir de pouvoir arriver bientôt à placer ce nombre. Peter Davidson et moi nous chargerons de la rédaction, puisant largement dans vos œuvres et celles d’Éliphas. Mais ce que nous demandons, à tout prix ce sont : 1°] Une notice sur la vie et le Rite de St-Martin. 2°) Un aperçu très sommaire de ses œuvres principales : l’Homme de Désir, surtout. Je ne possède pas cet ouvrage, que Chacornac a pour commission de me retenir. 3°) Davidson écrira une notice sur les Nombres et moi, probablement sur les Erreurs. 4°) Il nous faut absolument des électro-gravures et Davidson demande à cor et à cri le joli portrait du Maitre dans le Serpent de la Genèse. C’est ici où nous avons surtout besoin de vous — de Guaita ne voudrait-il pas prêter à Davidson la planche qui lui a servi dans la publication de son livre ? Je vous en prie, Cher Maitre , tâchez d’obtenir cela de lui, l’Amérique n’excelle pas dans ces travaux et nous désirons publier un ouvrage Martiniste do nt vous, le Grand Maitre, pourriez vous montrer fier. Nous vous demandons également la planche qui a servi dans l’Almanach du Magiste, page 189 ainsi que l’Acte d’Initiation de St -Martin page 229 et les 3 figures de la page 230. Ce n’est pas tout. Il nous faut surtout le Pantacle Martiniste pour insérer sur le titre du Rituel et telles planches que vous daignerez nous communiquer pour donner à notre manuel une réelle valeur symbolique et historique. Davidson a l’intention de retourner en Écosse l’été prochain et me charge de vous demander s’il existe des M et si celles-ci sont nombreuses ? Il est convaincu qu’il pourra leur donner une grande extension. Le « Morning Star » est à notre disposition, si vous désirez y faire paraître une étude quelconque, je me chargerai de la traduction, envoyez-moi, à Pentwater vos Mss. J’ai, Cher Maitre, un grand service à vous demander : celui de me mettre en relation avec Mr Doinel (pour affaires « Gnostiques ») et de me renseigner sur les démarches à faire pour entrer dans la Fraternité de la Rose+Croix Cabalistique.
24 Edition destinée aux membres de l’association CRP : Pédagogie initiatique.
Nous avons fondé un groupe d’Études Ésotériques principalement thérapeutique et expérimental. L’Amérique semble offrir un champ très fertile pour les Études Occultes, malheureusement i ls (les Américains) sont très peu portés vers les études théoriques et je fais un excellent apprentissage pour apprendre à expliquer les théories des Anciens de très simple façon. J’espère obtenir bientôt une réponse favorable et vous remerciant d’avance mille et mille fois. Je vous prie de croire à tout mon dévouement pour la Grande Idée que nous poursuivons. Votre Élève dévoué. [signé] Édouard Blitz ******** Après ces deux premières lettres, toute une énorme correspondance s’échangea entre Blitz et Papus, si nous avons, les lettres de Blitz, il manque cruellement les réponses de Papus ! ! ! .* * * * Ne pouvant reproduire toute cette correspondance, nous glanerons parmi celle-ci quelques lettres qui nous semblent significatives. En Septembre 1895, Blitz précise encore à Papus l’état du Rituel qu’il prépare pour les U.S.A. [129] Névada, (Missouri)
Le 24 Sept [embre] 1895 Très Cher Maitre ; Je viens de recevoir votre précieux autographe qui m’a causé le plus vif plaisir d’autant plus que j’allais vous écrire cette semaine au sujet de votre livre que l’Illuminisme et vous demander de préparer p our le bel Ordre que vous avez reconstitué une seconde série de 3 grades destinée à la pratique de la Magie. À l’origine St -Martin a divisé son rite maç (en deux temples. Dans mon rituel, intuitivement, j’ai observé cette division donnant aux 3 premiers degrés initiatiques et au IV ° administratif (divisant le 3 e degré en 2 grades séparés) le titre de I Temple et gardant pour l’avenir la réalisation du II Temple. Je ne vous ai pas écrit à ce sujet, voulant d’abord mûrir le projet, et craignant de vous importuner. — Notre Ordre a besoin de 7 grades ; il faut lui donner l’importance qu’il mérite, il faut avant tout qu’il soit complet. — Vous vous figurerez aisément, Cher Maitre , la joie que j’ai ressentie en apprenant quel était votre projet, j’y souscris des deux mains et j’attends avec impatience des développements. J’hésitais à envoyer en France le Rituel ne sachant à qui l’adresser, me voilà parfaitement renseigné et vous pouvez vous attendre à le recevoir d’ici à quelques jours. J’y ai fait de larges emprunts à vos ouvrages, à ceux du Maître St-Martin (partie initiatique) et à Éliphas — mais vos cahiers ont été suivis à la lettre, sauf pour le manteau que j’ai placé au II degré — De plus, j’ai ajouté dans les instructions, des symboles numériques et kabbalistiques représentant les lumin [aires] , masques, colonnes et manteau par des chiffres et des lettres hébraïques — Pour nos candidats maç (le texte abonde en locutions maç (aisément comprises par les E d l V (mais qui passeront inaperçues des prof .
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Quant à la R+, le f Paul Sédir m’a envoyé mon diplôme de Licencié et dans la lettre (reçue il y a quelques jours) il m’annonce que je ne peux me représenter pour le Doctorat que dans un an. Il me prie en outre de choisir une autre thèse. De plus, il l’écrit que le S+ C+ se défie de la Societas Rosicruciana d’Amérique qu’il qualifie de « morte-vivante ». Mr Sédir est peu au courant des travaux de cette société qui compte aux États -Unis tout ce qu’il y a de plus brillant dans nos Universités, notre Clergé, parmi nos Artistes, nos avocats et nos écrivains. J’avais en vue d’associer la R+K à cette Soc. Ros. Qui est fort bien vue ici, et de faire de l’Ordre que dirige Mr de Guaïta le « II Temple » du système dont vous êtes l’âme de façon à faire bénéficier l’O M de puissantes affiliations. L’O est très jeune ici et il s’agit de le pousser en avant. Malheureusement ce premier projet n’a pas réussi, le Membre de la Soc. Ros. (qui est l’un des 3 Directeurs, se défiant un peu beaucoup de la R+K Française et cela peut-être à cause de la scission qui s’est faite au sein de cet Ordre par le départ de Joséphin Péladan. De plus, faut-il que je le dise, la Soc. Ros. Est plutôt scientifique que mystique : ses recherches s’étendent surtout dans le domaine de l’Archéologie , elle recherche les anciens grimoires, remet à jour les vieilles doctrines, mais sans pénétrer trop avant dans l’expérimentation. Sans nul doute nos doctrines M eussent apporté une brillante lumière pour la conduite de leurs travaux, c’eût été notre façon de payer notre entrée dans les Collèges d’Amérique. Mais grâce à la grande valeur de votre Ordre, Très Cher Maitre , nous n’avons besoin d’aucun autre ordre pour vivre et progresser. L’O M absorbera la F M ( (c’est une affaire de temps) à moins qu’i l ne la relève et n’en devienne lui -même l’âme et le pouvoir central. Tel qu’il est, incomplet, les nombreux 32 e , Templiers, Royal-Arches, et le Souverain Gr (Insp(Gén ( qui ont lu son Rituel (pour lequel je n’ai nul crédit) le déclarent infiniment supérieur aux autres R. de la F (M . Des démarches sont faites à présent près du Gr (Sec de la Gr ( ( d e l’Illinois pour la diffusion de l’O . À la lecture du Rituel il a été frappé de la lumière que le Martinisme apporte sur le Symbolisme Maç . J’ai donc bon espoir de voir d’ici peu le nombre de nos LL s’accroître, même sans nécessiter d’affiliation. Je vais écrire à Monsieur de Guaïta, il décidera ce qu’il lui paraîtra préf érable pour son Ordre ; peut-être a-t-il d’excellentes raisons pour désirer que son système reste non -représenté dans les pays où une telle organisation existe déjà ; cependant où se trouve-t-il ce pays où la France ne puisse entrer en lice avec n’importe quelle société dans le champ intellectuel ? La France est le seul pays où l’on sache raisonner, en Allemagne on rêve, en Angleterre on affirme, en Amérique on délire. Un petit peu de philosophie française ferait beaucoup de bien ici, et Monsieur de Guaïta n’est pas charitable, ni fort bon Martiniste pour sacrifier ainsi la Collectivité pour le plus grand avantage de quelques individualités. Quoique je sois très flatté et très honoré d’appartenir à un groupe aussi fermé que le sien, je ne puis me réconcili er à l’idée qu’un grand nombre, peut -être, de personnes plus dignes que moi d’y appartenir en seront impitoyablement exclues pour une simple question de Règlement. J’espère, pour l’avenir de la R+K, que le Sup+ C+ reviendra sur cette malheureuse décision , car pour la sélection des Membres de son Cercle Intérieur, il lui faut le nombre, c’est sur ce principe que repose toutes les Sociétés prospères que je connais. Mon Très Cher Maitre, ai- je déjà mérité d’être proposé pour une récompense extraordinaire ? Croyez bien que tout mon zèle pour l’O vient seulement de l’admiration que j’ai pour son enseignement. Maçon à tous les degrés du Rite d’York, et affilié à plusieurs autres, je ne puis m’empêcher de faire des comparaisons
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tout en faveur de l’O que vous avez tiré de l’oubli. Cette récompense revient à vous, à vous seul ; mais si vous tenez à me témoigner votre satisfaction, faites le en me pardonnant bien vite cette trop longue lettre et croyez moi, Très Cher Maitre, Votre disciple le plus dévoué. [signé] Édouard Blitz Au Dr Papus, Grand Maitre de l’O M Paris Quinze jours plus tard, la traduction de son Rituel était prête, il annonca son envoi à Papus. [198] [Voir, en fin, note sur le Rituel de Téder] Nevada, Missouri
Le 11 8bre 1895 Au Docteur Papus Grand Maitre de l’O M à Paris,
Très Cher Maitre, J’ai l’honneur de vous envoyer les Règlements et le Rituel du 1 Grade de l’Ordre (pour les É. U. d’Amérique). Les autres Grades suivront. La traduction étant presque littérale, je demande votre indulgence pour les anglicismes nombreux que vous y rencontrerez. Il y a même des phrases qui vous paraitront incompréhensibles, ce sont celles qui appartiennent à la F M du Rite d’York, phrases très suggestives en Anglais pour le F M de ce Rite dont j’appelle ainsi l’attention sur l’analogie qui existe entre votre Ordre et le Rite d’York. La ressemblance ou plutôt l’identité de leur ésotérisme étant rendue évidente.
J’ai donné au Rituel la forme maçonnique : le Récipiendaire ainsi que les Dignitaires et les Membres prennent une part active dans le drame de l’Initiation, c’est ce qui se passait dans les Mystères Anciens. Puis dans une seconde section, tout à fait séparée de la partie mystique et cérémonielle, se communique l’instruction symbolique : c’est ce qui se passait dans les Anciens Collèges grecs, et les cours privés des docteurs hermétiques du Moyen-Age. Cette forme double dépeint donc la manière dont la Tradition nous est parvenue — la loge est la représentation des souterrains égyptiens, la chambre d’instruction celle des universités primitives : c’est l’atelier de copie de Nicolas Flamel, ou l’amphithéâtre de Paracelse — Tout cela est préparatoire, c’est parmi le nombre des Membres de ces degrés A — I et SI qu’il faut choisir les Élus pour le II Temple. (que j’ai laissé en blanc) J’ai indiqué 3 grades le V la Mort, la Passion, la sortie du corps ? ? ? le VI Équilibre des forces opposées, ou plutôt leur présence, Dieu et Satan, descente aux Enfers, St-Michel et le Dragon ? ? ? ? le VII la Résurrection, le triomphe de l’Esprit, Satan terrassé, le Sabbat ou repos,
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l’adeptat ? ? Ces mots indiquent ma pensée ; ces 3 grades sont des grades d’application, de Cabale pratique, de Magie, la forme est à étudier et je me soumets, comme de juste, à votre programme. Le Tableau des Rites est assez exact quant à l’équivalence des grades, il m’a couté bien des recherches. C’est la seule partie du rituel dont je suis fier. Vous verrez, Très Cher Maitre , que je n’ai pas parlé de finances. Il faut laisser aux Loges (pas aux Initiateurs) le pouvoir de demander aux candidats un droit d’entrée et une cotisation annuelle comme dans n’importe quelle société. Le Rite Martiniste demande des fonds pour la décoration des Loges et les fonds ne tombent pas du ciel. Bientôt, il faudra supprimer les Initiateurs libres, au moins partout où il y a une loge établie. On va établir une à Philadelphie, à Atlantic city, il y en a à Baltimore , ce qui fait qu’en un peu plus d’un an, le Martinisme est entré dans 7 États : le Michigan, l’Illinois, l’Ohio, le New Jersey, le Maryland, la Pennsylvanie et le Missouri. Mme Marguerite Peeke, une occultiste, écrivain de beaucoup de réputation, demande l ’Initiation Martiniste, j’attends sa visite très prochainement. Tout cela est fort encourageant et vous fait honneur, très Cher Maitre, plus on étudie vos cahiers et plus vive est la lumière ; je ne doute aucunement que dans une dizaine d’années le Marti nisme soit aussi répandu que la F M aux É. U. et qu’il possédera ses journaux spéciaux, déjà des propositions m’ont été faites, mais le moment n’est point encore venu. Pourriez-vous, Cher Maitre, me faire parvenir les Cahiers de la R+K ? au moins ceux des 2 premiers grades, j’ignore absolument tout ce qu’on y fait et je ne crois pas que les titres de Bachelier, et de Licencié ne soient que des titres, sans cela je ne me serais guère mis en frais de calligraphie. Soyez assez aimable pour me les faire envoyer et croyez à toute mon admiration pour vous et à tout mon dévouement pour votre Idée. [signé] É. Blitz (90
22novembre Le 22 novembre de la même année, Blitz signa son compte rendu d’une année de Martinisme aux U.S.A. [334]
Au Docteur Papus, Grand Maitre, aux Dignitaires et Membres du Suprême Conseil de l’ Ordre Martiniste. Paris. Messieurs et Très Chers Fr , J’ ai l’ honneur de vous soumettre l’ historique de mes travaux martinistes pour l’ année qui vient de s’ écouler.
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À mon retour aux États-Unis, en septembre 1894, je me mis immédiatement en rapport avec les SS II qui m’ avaient été désignés à Paris par notre Grand Maitre ; les FF Peter Davidson, à Loudsville (Géorgie) et le Docteur Lapierre, à Minneapolis (Minnesota). Ce dernier m’ écrivit qu’ il existait un petit groupe martiniste au sein de la Branche Théosophique (T.S.) qu’ il préside, mais que les progrès en étaient lents et la propagande décourageante. — Peter Davidson, lui, habitant un hameau perdu dans les montagnes de la Géorgie, à 30 milles de tout chemin de fer n’ avait point encore trouvé l’ occasion de communiquer les grades martinistes à un seul Homme de Désir. Je trouvai donc le chemin libre devant moi, et, investi de pleins pouvoirs pour représenter l’ Ordre, (par la Charte n° 20 qui me fut remise à Paris, quelques jours avant mon départ par le Grand Maitre lui-même), je me mis aussitôt à l’œuvre. Bien au courant de l’ esprit américain toujours esclave des idées préconçues, je vis qu’ une administration aussi libre que celle dont l’ Ordre jouit en France, ne gagnerait que médiocrement la confiance de mes concitoyens à qui il faut des réceptions pompeuses, des serments terribles, des règles absolues, des traditions de fer, des statuts d’ une rigidité que rien ne saurait atténuer . Se réclamant citoyens d’ une République idéale où la Liberté seule est souveraine (?) les Américains aiment à se placer pendant quelques heures par semaine sous le joug d’ un pouvoir autocratique. C’ est un jeu qui leur plait, j’ en appelle au nombre incroyable de sociétés secrètes aux États-Unis qui toutes ont leurs serments dont la violation n’ entraine pas moins que la décollation ou l’ empalement !... Dans l’ intérêt de l’ Ordre, je ne voulus pas m’ attaquer à des idées aussi profondément implantées ; mais, usant de la liberté traditionnelle, laissée aux Initiateurs dans le régime du Phil... Inc..., j’ adaptai l’ Ordre Martiniste au milieu dans lequel je me trouvai et j’ organisai le Rite d’après les nombreux modèles que m’ offraient les sociétés secrètes et principalement la Franc-Maçonnerie d’ où le Martinisme tire son origine, sauf quant à la question des droits d’ Initiation, laquelle doit rester gratuite. Je traduisis en langue anglaise les Cahiers rédigés par Papus en 1887, développant les idées qui ne s’ y trouvent exposées que sommairement, m’aidant, pour ce travail des œuvres de Papus et d’ Éliphas Lévi, le Maitre Initiateur, par excellence ; je fis appel à l’ érudition des Ragon, des Mackey, etc., renonçant complètement à faire œuvre originale afin de rester dans l’ orthodoxie absolue pour ce Rituel qui devait servir de guide aux Initiateurs libres et aux Présidents de LL . J’ introduisis dans les Cahiers des données élémentaires de la Kabbale et de la Science des Nombres, ainsi qu’ un cérémonial initiatique tiré des œuvres de Saint -Martin , d’ anciens cahiers martinésistes, ou encore imité d’ une reconstitution intuitive (vision d’ Astral) des grades dont les documents matériels me manquaient. — De plus, je fis usage de l’ argot maçonnique (anglais) chaque fois qu’ une idée analogue à celles du Symbolisme maçonnique se présentait, afin d’ attirer l’ attention du récipiendaire Franc-Maçon sur les rapports étroits qui existent entre la Franc-Maçonnerie et le Martinisme. En résumé, je fis de l’ Ordre Martiniste ce qu’ il était du temps de ses fondateurs : un rite maçonnique ; la Légende du Temple en moins et la réception des femmes en plus ; les termes d’ architecture cédèrent la place au langage purement philosophique ; les traditions des travailleurs de la pierre furent abandonnées, étant inutiles et encombrantes, et l’ Ordre Martiniste fut présenté comme un système maçonnique purement et exclusivement spéculatif. Pendant que je me livrais à ces travaux préparatoires, je formai un groupe martiniste à Pentwater (Michigan), recrutant mes membres exclusivement parmi les Maçons. Les dignitaires et les Membres les plus
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zélés de la Loge, du Chapitre et du Conseil se firent affilier au Martinisme et le 18 janvier 1895 nous nous réunîmes tous en un joyeux banquet pour fêter (la première fois en Amérique), l’ anniversaire de naissance du Ph... Inc... et la fondation de la première loge martiniste régulière aux États-Unis, la Saint — Martin n° 37, aujourd’hui présidée par notre dévoué Frère, le Docteur Switzer, Maitre à tous les grades du Rite d’ York. D’autre part , j’ adressai maints articles à divers journaux et revues, notamment au « Morning Star », édité par Peter Davidson, journal de circulation très restreinte, mais dont les lecteurs appartiennent tous à la classe intellectuelle. Bientôt je me trouvai en correspondance suivie avec de nombreuses personnes déjà versées dans les hautes sciences et désireuses de se mettre en rapport avec un représentant de l’ Occultisme Français, malheureusement mon temps était loin de suffire pour répondre aux demandes empressées qui me venaient de toutes parts : force fut de me livrer à une sélection et, n’ ayant qu’ un spécimen graphologique (en dehors du style épistolaire pour établir mon choix je ne gardai parmi mes correspondants que ceux dont l’ écriture témoignait de leur régularité, concision et lucidité d’ esprit. Je dus négliger les autres. Ce moyen de mener mon entreprise à bonne fin me suggéra l’ idée d’ exiger de tous mes initiés la relation par écrit de leurs impressions avant de leur communiquer les grades supérieurs. Ces relations, fort précieuses au point de vue initiatique, le sont d’autant plus qu’ elles nous permettent en même [temps] de nous rendre un compte exact de la valeur intellectuelle de chacun de nos membres et de nous permettre de les classer systématiquement, ce qui pourrait avoir un jour une importance considérable. — Si jamais le Martinisme était appelé à remplir une mission, soit sociale, soit réformatrice, soit pacificatrice, le Suprême Conseil saurait à quelles personnes, en Amérique, il pourrait confier ses ordres avec la conviction qu’ ils seront intelligemment exécutés. . . . Bientôt se fonde à Chicago la loge Miriam n ° 38, qui réunit dans ses Chambres d’ Instruction la fraction la plus éclairée des occultistes de cette immense cité, livrée tout entière au matérialisme et au sensualisme à outrance ; cette ville, devenue la capitale de l’ Hémisphère d’ Occident, est le vrai champ de bataille où l’ Athéisme grossier et le Sentimentalisme transcendantal se livrent à de constants assauts. La ( Miriam, qui s’ accroit tous les jours et compte de nombreux maçons de tous grades, des journalistes, des conférenciers, des professeurs, est appelée à prendre une part active dans le mouvement intellectuel. Je dois signaler ici le zèle infatigable de la Sœur Mary R. Kent à qu i revient en grande partie l’ honneur d’ avoir formé cette ( , la plus importante à présent et habilement présidée par le F Townsend. Le F Eugène Morey de l’ H.B. of L. s’ acquitte avec grand talent de ses importantes fonctions d’ Orateur. Presque simultanément les FF C. F. Silliman, à Philadelphie ; Mac Kinney, à Atlantic City ; Richardson, à Seattle ; Laub, à Portland ; Lafosse à Jacksonville ; Rynard, à Kent ; Loomis, à Grands-Rapides ; Harbaugh, à Washington ; Mumsen, à Baltimore ; Ellsmere, à Denver ; Corbett, à Leavensworth; c’est -à-dire de l’ Atlantique au Pacifique, et des lacs Canadiens au Golfe du Mexique, des frères s’ affiliaient au Martinisme et se mettaient vaillamment à l’œuvre pour constituer des LL . La correspondance devint si considérable qu’ il me fallut avoir recours à un secrétaire particulier et constituer un Grand Conseil pour m’ aider dans la direction de l’ Ordre qui maintenant est représenté dans seize États :
Massachusetts New-York New Jersey
Missouri Ohio Michigan
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Pennsylvanie Illinois Maryland Minnesota District de Colombie Colorado Floride Oregon Georgie Washington (Territoire de) La semence est jetée ; et d’ici peu , dans quelques mois peut-être, les LL : : : Martinistes existeront florissantes dans tous les États de l’ Amérique du Nord. Telle est, Messieurs et Très Chers Frères, le prestige attaché à tout ce qui vient de France : mon succès, en somme, a été facile. Pour les Américains l’ Occultisme Français représente la philosophie idéaliste la plus élevée, la plus vraie, la plus savante et la plus... acceptable (logique), comme on dit ici. En cela les Américains ont raison et font preuve de sens commun — L’ Occultisme Français, ennemi à la fois du mysticisme et du sentimentalisme est destiné à triompher en ce pays où ; à vrai dire, l’ habitant ne demande qu’ à secouer le joug des préjugés religieux, moraux et sociaux. C’ est le « Morning Star » qui s’ est fait notre portevoix, mais la création d’ un organe officiel de l’ Ordre s’ impose dès à présent, et l’année 1896 ne s’ écoulera pas sans avoir vu se réaliser ce qui n’ est déjà plus un simple projet. Je saisis cette occasion, mes Très Chers Frères, pour vous demander communication des œuvres de Saint-Martin ; sauf le Traité des Nombres, L’ Éclair sur l’ Association et les Erreurs, je ne possède aucun ouvrage du Ph... Inc... et je suis très mal placé pour me les procurer à un prix raisonnable. Le journal des Martinistes contiendrait surtout des traductions d’extraits des œuvres de N V M et de ses commentaires ; ce serait rendre à notre cause le plus grand service que de m’ aider à faire connaitre ici la doctrine du plus grand des Mystiques Français. Enfin, Messieurs et Très Chers Frères, il a été décidé que les SS II se réuniront en Congrès au mois d’ aout prochain. Déjà, la Sœur Margaret Peeke, la conférencière connue de tous ceux qui s’ occupent d’ Occultisme, a mis son superbe cottage du Tennessee à notre entière disposition ; de même le Frère Silliman nous offre son ermitage du New Jersey ; un troisième frère nous ouvre son hôtel sur les bords du Lac Érié : ce n’ est pas l’ hospitalité, et je puis ajouter : ni l’ enthousiasme des Martinistes qui nous fera défaut. Le programme de ce premier Congrès Martiniste est encore à l’état d’ébauche : il y sera question d’ établir l’ Ordre sur une base solide en lui donnant une Constitution qui lui permettra de devenir une Association Universelle dont le but sera l’ Émancipation sociale et morale, autant que scientifique et intellectuelle. — On complètera le Rite par trois grades qui ne seront donnés qu’ aux Initiés, qu’ à ceux qui seront, ou qui pourront être appelés à jouer un rôle actif dans la société, à ceux qui sont désignés par les Directeurs Invisibles pour devenir les Chefs, les véritables Supérieurs Inconnus du mouvement Martiniste : ce sera la Société Secrète au sein de la Société Secrète, le cercle intérieur, l’ âme de l’ O M . Tel est, Messieurs et Très Chers Frères, l’ historique du Martinisme en Amérique ; cette relation contient quelques faits et beaucoup de projets, veuillez ne voir dans ceux-ci qu’ une manifestation (peut-être mal placée dans un simple rapport) de mon dévouement pour l’ Ordre Martiniste dont j’ apprécie tous les jours davantage la haute valeur. Après avoir exprimé ma profonde gratitude envers mes Guides Spirituels pour les résultats si encourageants obtenus pendant cette première année, je dois ici exprimer toute ma reconnaissance au F Peter Davidson, à la Sœur Mary R. Kent et au Frère Si lliman qui ont été mes collaborateurs les plus utiles ; à eux revient tout le mérite de l’ introduction du Martinisme en Amérique.
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Croyez, je vous prie, Messieurs et T C F , à tout mon dévouement
D G S C O M pour les E.U. d’ A. Nevada, Missouri, le 22 (0005895 *** Au Printemps 1896, dans son exaltation, Blitz rêvait de mettre sous la bannière de Papus tous les Ordres Initiatiques d’Amérique, à cet effet, il envoya plusieurs lettres à Paris, nous en avons sélectionné deux, assez significatives. [143 et 162] Très pressée Penwater — Michigan
le 8 juin 1896 Cher Docteur, J’ai bien reçu votre carte postale à Nevada où j’habite toujours. Mais je passerai cet été à Penwater, sur les bords du Lac Michigan. Je ne retournerai dans le Missouri qu’au mois de septembre prochain. J’avais annoncé mon passage à Chicago et en l’honneur de votre représentant la Loge avait convoqué un public fort choisi devant lequel j’ai dû improviser un speech. Le sujet choisi fût : de l’établissement d’une Union Universelle des Ésotéristes. Ce sujet eût un tel succès que le lendemain je fus interviewé par plus de 50 personnes, membres de la T.S., de l’H.B., et d’autres Sociétés désireuses d’entrer dans la Confédération proposée. Je vous avoue que depuis longtemps je caresse le projet d’englober au sein du Groupe Indépendant d’Études Ésotériques et sous votre Présidence tous les centres d’Occultisme, principalement la Société Théosophique et les nombreux groupes dispersés. Le moment est venu où je puis marcher hardiment de l’avant et d’ici peu vous pourrez vous considérer comme le Chef des Mouvements Ésotériques Universel. Maintenant tout est prêt, la conquête du Cœur de l’Amérique est faite : Chicago est disposé à entrer de toutes pièces dans l’Union. Je n’attends que les documents suivants, que, je l’espère vous daignerez m’envoyer par retour du courrier . Je dis, par retour du courrier, et j’espère bien que vous ne remettrez rien au lendemain, car le moindre délai est dangereux , ne chargez personne de ce soin, car si on met l’empressement de votre Archiviste, nous risquons fort de perdre le fruit de beaucoup de peine. Vous pouvez, personnellement être indifférent, mais, Très Cher Maitre, noblesse oblige et je tiens moi-même beaucoup à ce que l’Occultisme soit dirigé par Vous. Voici ce que je vous demande : Les statuts complets , imprimés ou manuscrits [peu importe] du Groupe Indépendant d’Études Ésotériques, et tous les documents relatifs au Groupe dont je pourrai avoir besoin.
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Des Chartes en blanc et une Charte personnelle de Délégué Général, ou de Président de la Branche Américaine du Groupe Indépendant. Je sais bien que cela est inutile, mais si vous connaissiez bien l’Amérique, je ne devrais vous donner nulle explication. D’ici à peu de temps, vous aurez dans le creux de la main tous les Mahatmas du Tibet. Dépêchez-vous d’achever les grades d’application, il s’agit d’offrir aux Américains quelque chose de mieux que le galimatias de Blavatsky, vous seul pouvez le faire, travaillez en Europe, moi je vous serai utile de ce côté-ci. Malgré moi on m’a mis en avant dans le Monde Occultiste et la réputation [imméritée] dont je jouis ici sera utile à votre œuvre. Je vous remercie de votre envoi que j’attends journellement. Les Commentaires de Fabre d’Olivet vont m’être bien, bien utiles. Sédir m’a promis les Rituels de l’Église Gnostique. Pourquoi ne les ai -je pas reçus ? ? ? Si l’on pouvait établir, ou rétablir un Culte Ésotérique comme la Gnose, on y attirerait foule de penseurs. De Guaïta m’a fait l’honneur des fous... Que pensez-vous de la Rose+Croix de Péladan ? Elle me plait par son côté artistique, mais quant à la Tradition, est-elle sérieuse ? Je vous prie de me renseigner à ce sujet. Il est important que le Groupe Indépendant ait différents avantages à offrir à ses futurs membres qui doivent pouvoir y trouver ce qu’ils recherchent, à savoir un centre où la Tradition est intégralement conservée. De là la nécessité de branches Rosicrucienne, Gnostique, Templière, Hermétique, etc. Puisque le hasard, ou la Providence a daigné me choisir pour la reformation du Mouvement Occultiste Américain, je vous prie, très Cher Maître de prier les Messieurs qui se trouvent à la tête des différentes sections d’Occultisme de seconder le hasard ou la Providence en daignant me communiquer les connaissances et les pouvoirs nécessaires pour mener mon entreprise à bonne fin. Cette mission que je me suis donnée à moi-même et qui a été affirmée par l’Invisible me coute du temps et de l’argent, ce n’est pas dans le but de « faire des affaires » que je leur demande communication de leurs cahiers d’abord et de leurs « pouvoirs » ensuite, mais uniquement pour le triomphe d’une idée qui est aussi la leur. Écrivez donc personnellement à de Guaïta, au sujet de la Rose+. Il va sans dire que je ne puis accepter la proposition de Sédir : de recommencer mon épreuve. J’ai d’autres occupations plus utiles pour notre idée et l’action me plait davantage que la spéculation. Si la Rose+ de Guaïta n’est pas introduite ici, ce sera celle de Péladan avec quelques changements s’il y a lieu. Cette dernière a toujours pour elle un côté artistique intense. Voyez également ce que l’on peut faire pour la Fraternité de l’Étoile, l’Église Gnostique. Il y aura ici un groupe pour l’étude de la Maçonnerie ésotérique, composée uniquement de Maçons. Je vous en prie, Cher Maitre, laissez de côté toute autre occupation pour ne vous occuper que de cette affaire-ci dont l’importance ne vous échappera pas. Au point de vue même de vos travaux littéraires qui
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sont volés ici d’une abominable façon et qu’une Confédération seule serait assez puissance pour protéger et vous rapporter de grands bénéfices. C’est une affaire dont je vous entretiendrai aussitôt que j’aurai reçu la réponse à cette lettre. Occupez-vous un peu de moi.
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Dimanche14juin1896 Très Cher Docteur, Pardonnez-moi si je vous ennuie de ma prose, mais pour des raisons que je préfère vous donner de vive voix et que vous comprendrez du reste si vous voulez vous rappeler les inévitables tiraillements qui ont existé entre les occultistes que vous avez formés, il me sera inutile de vous expliquer pourquoi je tiens essentiellement à faire mes « petites affaires » avec vous seul. Comme vous, je suis né organisateur et je connais les déboires, les déceptions de celui qui est poussé à la tête d’un mouvement, surtout d’un mouvement intellectuel, car chacun se croit doué d’une intellectualité supérieure à celle du prochain, partout, se considère en droit de gouverner. De là les scissions ; de là également mon désir de vous prouver que je vous admire et au besoin à consolider encore le trône, parfaitement soli de, du reste, où s’assoit votre autorité. Je tiens à ce que sous votre administration, s’accomplisse un projet que j’ai grandement à cœur et qui est très près de s’accomplir : l’enrôlement de toutes nos Sociétés Américaines depuis la S.T. d’Amérique et la S.T. des Indes c’est -à-dire celle de Judge [décédé] et celle d’Olcott, jusqu’aux plus petits groupes Spirites, dans le Groupe Indépendant d’Études Ésotérique dont vous êtes le Président. Je tiens à vous apporter 50.000 [ d’aucuns disent 400.000 ] Occultistes des États-Unis et plus tard des Indes et de l’Australie. Ce projet est lancé, je l’ai mis dans les mains de représentants autorisés des Sociétés d’Occultisme qui se réunissent jeudi prochain pour étudier la question et commencer la réalisation du projet par l’établissement à Chicago d’un Quartier Général Américain. J’ai profité de la discorde régnant dans le camp Théosophe ainsi qu’à la rivalité existant entre New -York et Chicago pour glisser parmi les mécontents une parole d’union, prêchant la paix et offrant mes services pour une réconciliation générale. Ma proposition m’a fait gagner des adhérents dans les deux camps, mais vous comprenez que pour les amener sous notre drapeau il m’a fallu promettre beaucoup : la création d’un journal, des réunions mensuelles, l’établissement d’une bibliothèque, des rapports suivis entre tous les groupes dispersés sur la surface du globe. Je me consacre volontiers à ce travail, mon temps, mon argent, tout ce que j’ai, mais il me faut votre collaboration, et une collaboration prompte, américaine. En France, on a toujours le temps et on n’aime à faire que les choses superflues. Très Cher Maitre , voici ce qu’il me faut après les Statuts, Chartes, documents demandés : 1°) La liste des correspondants du Groupe ésotérique dans le monde entier, ce — à-d, les noms et adresses de Messieurs Sellièrs de Moranville, Alfredo de Aldas, D r Bercero, Walderowiez, Bomia Pietro, etc., etc., etc., etc. Je dois me mettre en relations avec vos chefs de Groupes à Madrid, Valladolid, Barcelone,
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Rome, Nice, Genève, Lyon, Alep, Alger, Le Caire, Londres, Glasgow, St Petersbourg, Berlin, Vienne, Munich, Amsterdam, Bruxelles, Varsovie, etc., etc., etc., etc. 2°) Il me faut des correspondants à Paris, et des correspondants titrés , si c’est possible, dans ce pays démocratique on se moque des titres, mais on les envie, c’est comme le Ruban de la Légion d’honneur en France. Il me faut six correspondants à Pari s, Madame la Baronne Staffe, le Comte de Larmandie, s’ils daignent collaborer à cette œuvre d’Union Universelle qui, si Dieu me prête vie, se réalisera avant le XX siècle. 3°) La permission de traduire des articles de l’Initiation, du Voile d’Isis. 4°) La liste des journaux semblables à l’Initiation qui se publient dans les différents pays. Ces journaux seront désignés comme les organes du Groupe. 5°) Un article de vous sur « l’Ésotérisme de l’Union des Idées » sur la force emmagasinée par une Alliance Universelle, son action dans l’Astral, son action sur les masses. Adaptation de cette force en Magie, en Sociologie, etc. Je vous prie de traiter ce sujet, ce ne doit pas être bien long, mais d’un caractère assez convaincant pour décider ceux qui hésitent encore à s’enrôler dans notre armée. Le journal que je nommerai l’Hiérophante doit être prêt le 1 er septembre , jour de l’inauguration du Groupe en Amérique : les journaux seront remis au public ; il doit porter sur la couverture la liste des Correspondants, celle des journaux officiels du Groupe et autres renseignements. Occupez-vous, Très Cher Maitre, activement de votre Branche Américaine, consacrez-lui une journée de travail et surtout faites vite : il faut battre le fer quand il est chaud. En Amérique, il faut agir par surprise et ne pas laisser refroidir le zèle chez des personnes d’un tempérament impatient. Je n’ai pas encore reçu vos envois. J’attends de vos nouvelles par retour du courrier. Votre dévoué [signé] E. Blitz Le 27 juin, il remercia Papus de son envoi (?), entre autres une Charte et lui proposa la composition du Comité directeur honoraire. [165] [extrait]
Pentwater (Michigan)
le 27 juin 1896 Mon Cher et Savant Maitre, Je viens de recevoir votre envoi ! Que je vous remercie ! ... ... J’ai été surpris de voir que moi aussi j’avais une Charte d’Honneur. Quel malheur que vous vous soyez trompé dans les titres : vous avez fait suivre mon nom d’Aleph surmonté des 3 points Kabbalistiques. À moins que l’erreur n’ ait été volontaire. Ne craignez rien, je n’en soufflerai mot à Stanislas de Guaïta. C’est égal cette erreur, commise par vous et appuyée de votre signature me vaut un diplôme sur parchemin. Merci. ... Composition du Comité directeur international honoraire (encore à l’état douteux) Protecteurs ? S. M. le Roi Oscar II S. M. la Reine de Roumanie, Président honoraire ? Dr Papus (France), Membres Honoraires ?
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Dr von Hartman (Autriche) Occultiste Dr Lehmann — Hohenberg (Allemagne), littérateur. Dr Th. Schäfer (Allemagne) (fameux Maçon) Edward Maisland (Angleterre) (mystique) Dr Niels Sjoberg (Suède) F M (mystique Dr Eugène H. Schmitt (Hongrie) sociologue H. A. Sabro (Norvège) journaliste Peter Davidson (États-Unis) mystique Sylvestre C. Gould (« ’ « ’ ) savant Prof. Carl Michelsen (Danemark) (« ’) Je voudrais avoir Barlet — Sédir — de Guaïta — Joséphin Péladan — Augusta Holmès, une brillante représentation française........ Dans plusieurs lettres, Blitz fit allusion à la Fraternité F. T. L. que Papus espérait créer, mais restait toujours énigmatique, nous n’avons trouvé que le passage suivant qui pourrait faire penser que Papus demandait à Blitz de lui composer un Rituel. Extrait d’une lettre datée du 3 février 1897 [265]. ... Le Rituel de la F. T. L. ne devant être donné qu’à quelques-uns, les initiations d’autre part étant rares, couteuses et difficiles, j’ai dans l’idée de lui donner la forme du roman, de narration, ou de lettres ! La chose est difficile à régler, bientôt je m’y mett rai avec ardeur, et cela ira vite. ... En Mars-Avril 1897, une autre tentative d’union naquit dans l’esprit de Blitz : l’union du R.E.R genevois et du Martinisme de Papus. Dans une lettre non datée, mais portant la mention : « Reçue le 16 avril 1897 », on lit [315] :
16 avril Absolument confidentielle Mon Cher Maitre Je viens de recevoir une lettre presque officielle d’ un membre du Sup Cons 33° pour la Suisse, de la Confédération Maç. des Rites Écossais, en réponse à ma lettre traitant d’ un projet d’ union entre le rite martiniste et les puissances maç régulières. N’ oubliant jamais mon but... que vous connaissez, je vais avoir l’ honneur et l’ extrême plaisir de créer mon excellent ami Encausse au moins pour un certain terme d’ années Grand Maitre d’ une Maçonnerie régulière, pour les Grades d’ Apprenti, Compagnon et Maitre ! Une condition cependant : il faut d’un coup suspendre (pour le moment) toute étude maç dans les loges Martinistes et cesser désormais d’ associer en loge androgyne des femmes. Ne soyez pas choqué, attendez, je trouverai plus tard un moyen de réparer l’ erreur commise par moi, comme par vous. — Une autre condition importante, Papus doit laisser le pas au Docteur Encausse dans tout ce qui va suivre ; restons dans l’ Occultisme... mais que ce soit occulte. Je copie quelques passages de la longue lettre de Mr Joseph Leclerc Chancelier d’ État à Genève : « Cette profession de foi (de l’ Union Idéaliste) je me suis fait plus qu’ un plaisir, mais un devoir de la lire à mes f f lors de notre dernière réception de Chevaliers Bienfaisants de la Cité Sainte réception à laquelle en conformité de notre traité d’ amitié nous avions convié tous les membres du Suprême Conseil du 33° pour la Suisse, ainsi que les Grands Inspecteurs Généraux du même grade en non activité. Pour nous Chevaliers de la Cité Sainte, nous la connaissions déjà en son esprit, par les hautes leçons contenues en nos rituels. Pour nos f f du 33° elle se présentait comme un nouvel idéal, mais répondant si bien aux sentiments intimes des cœurs et des consciences de tous, que cette lecture a été acclamée à l’unanimité . Puisse le
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Souverain Architecte des Mondes permettre à quelques-uns d’ entre nous, aux plus jeunes peut-être d’ entrevoir l’ aurore de l’ ère de paix et de bienveillance qui pourrait résulter de l’ application des principes que vous proclamez. Puisse-t-il nous permettre de travailler pendant les quelques années que nous avons à passer encore ici-bas dans la voie que vous avez si bien tracée. J’ ai dû, naturellement, ne pas faire mention de la partie où vous déclarez croire aux rites mystiques idéalistes , etc., etc., où vous agitez la question de la Synarchie. — Tous nos f f n’ ont pas la connaissance de cet ordre de choses et parmi le petit nombre de ceux qui ont essayé de lire les ouvrages si intéressants d’ Yves d’ Alveydre et ont poursuivi cette lecture à fond, bien peu ont pu en comprendre la haute valeur et surtout se rendre compte des nombreux sous entendus et de l’ importance de bien des réticences que l’ auteur a été obligé d’ introduire dans son ouvrage. » Nous connaissons çà. Maintenant, Docteur, vous allez écrire au Chancelier d’État Joseph Leclerc à Genève, que vo us avez été élu Président de l’ Union, et Carl Michelson ( qu’ il connaît) Vice-Président, en vue des Congrès Humanitaires qui naturellement vont se tenir à Paris en 1900 comme ils se sont tenus à Chicago en 1893 — Vous allez inviter Mr Joseph Leclerc à honorer la Société ( l’ Union Idéaliste), en acceptant de représenter le Mouvement en Suisse et de faire partie du Comité Directeur International. Dites-lui que le Dr Blitz après avoir organisé l’ Union en a remis la direction au Comité et à ses Président et Vice-Président. Continuons : « Merci aussi pour tout l’ intérêt que vous mettez à faire rentrer, si possible, dans les Archives du Directoire Écossais et Rectifié, celles de la province d’ Auvergne du même rite, siégeant à Lyon et pour la recherche desquelles la préfecture de Genève avait envoyé dans cette ville en 1847, sans succès, une délégation spéciale, en la personne de feu le T R F Aubanel, désigné, par notre maître Willermoz, gardien des pièces et archives des Collèges de Profès et Grand Profès institués à Genève. Réussirez-vous, j’ en doute un peu et la fin de votre lettre me confirme dans ce doute. Ceci me conduit tout naturellement à vos lignes du 18 février qui prennent presque un caractère officiel. En ce qui me regarde, je n’ ai aucune objection à recevoir fraternellement les f f Martinistes qui se rendraient à Genève et pour les f Maç munis de grades Martinistes cette qualité ne sera jamais un obstacle qui les empêcherait de recevoir l’ accueil cordial auquel ils ont droit. Bien au contraire ! en ce qui concerne les f f Martinistes qui ne seraient pas f maç l’ obstacle à leur introduction dans nos L et Chap réside dans les serments que nous avons prêtés, dans les règles que nous avons promis d’ observer, règles et serments que vous connaissez comme nous. Vous avez T R F le cœur et la conscience assez haut placés pour ne pas vouloir nous faire manquer à des engagements aussi sacrés. Tout se tient dans la Maç vous l’ avez vu T C F quand il s’ agit de correspondre avec vous et, tous en reconnaissant votre haute valeur comme homme, c’ est avec le f maç que nous avons entamé des relations, c’ est à lui que j’ ai confié mes pensées sur tant de sujets importants. Comme vous le dîtes si bien dans votre lettre du 7 janvier, c’ est dans la sphère maç de tous les grades, de toutes les obédiences que nous devons agir pour arriver à l’ union si désirée. Pour cela nous serons pleins de bonne volonté, nous serons tolérant... etc. etc. Nous pourrons dans ces sentiments nous joindre au Néo-Martinisme car c’ est bien les principes qu’ il a déclaré professer dans la profession de foi que vous m’ avez envoyée. Nous saluerons ses tendances si élevées et les progrès qu’ il pourra faire. Mais pour aller plus loin je demanderai à mon bien cher frère Blitz pourquoi vouloir construire en commençant par le sommet de l’ édifice ? pourquoi ne pas appuyer cet ordre si intéressant sur la base maçonnique ? Les fondateurs l’ avaient bien compris ainsi et en le faisant, ils s’ étaient appuyés sur la règle qui est à la base de toute saine pédagogie, c’ est que l’on ne peut aborder avec fruit les études supérieures si l’on a préalablement acquis une solide instruction primaire et secondaire. L’ Ordre Martiniste ne compte-t-il pas dans son sein de nombreux francs-maçons et ceux-ci, s’ ils ne trouvent
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pas ou plus dans les loges où ils ont été reçus la lumière, l’ Idéal entrevu, ne pourraient-ils pas créer, au moyen des pouvoirs qu’ ils ont en mains des loges des 3 grades symboliques, conduisant par une instruction successive et appropriée aux sublimes leçons contenues dans les hauts grades Martinistes. Croyez-vous que je ne saluerai pas avec joie, par exemple en France, la reconstitution de la province d’ Auvergne du Régime Écossais et Rectifié avec le Martinisme au sommet et pensez-vous qu’ il y aurait alors bien des difficultés à renouer les relations rompues pendant un moment ! Ne serait-ce pas là le meilleur moyen d’ utiliser les archives et les pouvoirs de cette province qui pour le moment dorment inutiles dans une bibliothèque ! » Que dis-tu de cela, Docteur ? Et ton ambassadeur a-t-il mal mené cette entreprise glorieuse ? ? ? ? Oui, voilà le but à poursuivre, à atteindre. La reconstitution de la Province d’ Auvergne en France, l’ entrée dans le monde Maçonnique ; régénérer la Franc-Maçonnerie. Écoutez encore : « Vous voyez T C F par tout ce que je viens de vous dire, combien la philosophie de notre Système Maç Écossais et Rectifié se rapproche de celle que proclame l’ Ordre Martiniste. Comment pourrait-il en être autrement ? Ce sont deux branches sorties de la même souche, l’ une a continué à vivre quoique bien modestement, l’ autre après une longue léthargie parait reprendre vie sous l’influence du Maître Encausse et plus encore sous celle du besoin qu’éprouvent tant de cœurs et de consciences troublées par l’ épouvantable expansion du matérialisme au milieu duquel nous vivons, de rechercher dans l’ Idéal religieux et élevé que proclamait l’ ancienne Maçonnerie et que l’on retrouve encore dans bien des rites maç que les sectes religieuses, voire même les négations momentanées de certains corps maçonniques, suite inévitable de la lutte qu’ ils sont obligés de soutenir, sont impuissantes à leur donner. » Voilà donc un grand, beau travail à faire et voici la route à suivre : D’abord , il faut être Maçon, et ne discuter ces questions qu’ entre maçons exclusivement. Puis, se mettre en rapport avec la seule L du Rite Écoss Rectif qui existe encore et qui n’ a jamais cessé d’ exister, pour recevoir d’ elle l’ autorité nécessaire, l’ appui voulu à un moment donné. — Fouiller dans vos archives et voir si vous possédez des chartes authentiques que vous montrerez à Genève et que vous garderez bien entendu. Le Grand Orient de France étant matérialiste n’ est pas reconnu sauf par les Gr Or de Belgique et d’ Italie ; il ne faut pas vous en inquiéter ; mais le Rite Ancien Accepté (Rite Écossais) et la Loge Symbolique peuvent être, doivent être consultées et vous devez vous assurer de leur concours ; soyez ferme et poli, faites savoir que, fort de vos chartes, fort de l’ autorité émanée (si besoin en est) de la loge de Genève, vous êtes décidé à rétablir en France la Maçonnerie de Willermoz. Si vous voulez, je vous ferai le rituel, connaissant tous les rites, membre à tous les grades de la Maçonnerie je vous promets un rituel dont il n’ y aura à corriger que les fautes de français. Vous initierez aux grades symboliques tous les martinistes non-maçons, et à partir du jour de la résurrection, nul ne sera admis aux hauts grades Martinistes sauf des Maçons. Laissez les femmes, elles n’ entendent rien à la Maçonnerie, elles pourront se faire initier aux enseignements moraux et philosophiques par leurs maris leurs frères ou leurs fils. Franchement, je n’ ai de tracas parmi mes Martinistes que par les femmes que j’ ai eu la sottise d’ y introduire, elles ne s’ entendent pas à la discipline et devraient être laissées à leurs fourneaux. Nous n’ aurons jamais pour adeptes que des hystériques, les femmes de bon sens se contentent de remplir leurs devoirs d’ épouses et de mères. Il faut leur parler au cœur, et non pas à la tête, une femme sait tout par intuition, elle devient sotte et prétentieuse quand elle veut apprendre comme les hommes. — Ici, en Amérique, la femme n’ a pas le sens commun c’ est un bas-bleu vide et troué. Faisons de la femme une sainte nous y réussirons, elle n’ est guère propre à autre chose. Nous pouvons créer pour elle
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un rite androgyne, mais je ne vous le conseille pas, il faut de la circonspection quand il y a des Léo Taxil et que la loi de Lynch n’ est pas encore entrée dans les mœurs. — chez vous — Les Grades Symboliques seront payants, au lieu de conférences politiques, on y étudiera le symbolisme de la Maç des 3 grades et leurs variantes selon les rites. L’ Ordre Martiniste tel qu’ il est aujourd’hui constituera les hauts grades et ne seront conférés qu’ au plus méritant. La Maç à former contiendra la Bible, sur elle les candidats prêteront serment, le rituel se basera principalement sur le Rite d’ York, le plus ancien le plus répandu, modifié là où il sera le seul à différer d’ entre les autres rites. Vous vous ferez installer par le doyen du Rite Ec et Rect le Vénérable fr Suès-DuChemmin dont le père était l’ ami de Willermoz et qui fut initié dans la (même de St Martin. En attendant, soyez prudent, ne parlez de ceci que si vous êtes Maçon, et avec des Maçons. N’ écrivez pas encore au fr Leclerc au sujet de cette reconstitution glorieuse. Il est temps de créer un Rite d’ où l’ esprit religieux n’ est pas exclu et dont la tolérance n’ est pas bannie. Allons, Grand Maitre Provincial pour la France, je suis le premier à vous présenter mes hommages, faites bien comme toujours, plus tard quand vous serez organisé nous vous trouverons un protecteur haut placé. Le Martinisme je l’ ai prédit va devenir le brillant émule de la Maç écossaise. Demain ou après-demain je vais vous envoyer une pétition à faire signer par tous les Arméniens à Paris. La même pétition est en circulation ici parmi les 5000 Arméniens réfugiés, mettez nos amis à l’œuvre ; voyons si grâce à vos doctrines un petit mage (!) de rien du tout, perdu dans les plaines d’ Amérique pourrait reconstituer un royaume ; c’ est un exercice comme un autre pour exercer la volonté et j’ aime mieux cela que de me lever à minuit pour aller cueillir de la verveine et chercher des pierres dans la tête des serpents. Écrivez-moi si vous êtes content ? Avec mille poignées de mains. Votre dévoué [signé] E. Blitz
Ne pressez rien, méditez avant de consulter, et avant tout soyez Maç régulier et envoyez-moi le nom et numéro de la L à laquelle vous êtes affilié. Quand vous n’ aurez plus besoin de mon dossier, ayez l’ obligeance de me le retourner. S. V. P. Envoyez un numéro de l’ Initiation au frère Joseph Leclerc Chancelier d’ État à Genève [particulier] envoyez-lui la circulaire de l’ U. I. U — je vais bientôt vous écrire au sujet de l’ École Hermétique, je n’ ai guère le temps aujourd’hui — j’ ai envoyé un rituel, il y a longtemps au F Leclerc — Dans les premiers mois de 1898, Papus dut demander à Blitz de lui faire parvenir un compte rendu de son activité, il lui répondit cette longue lettre. [B309] Or
de Nevada, Missouri
Le 9 Mars 1898 au T P Gr M de l’Ordre M T P Grand Maître, Dans l’une de vos dernières communications, vous m’avez fait l’honneur de me demander un rapport sur l’état de l’O aux États-Unis, rapport destiné à figurer dans le Rapport Général que le Suprême Conseil du Rite se propose de lire à la Convention de Londres. Ce rapport sera adressé au Suprême Conseil ; cependant
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T P M me permettez-vous de vous soumettre quelques observations au sujet de la situation de l’O aux États-Unis ? À la suite de quelques difficultés dues à l’élément féminin, j’ai dû mettre en sommeil notre L la plus considérable, la L Miriam de Chicago ; cet élément féminin élevé à l’école de la Theosophical Society ne connaissait absolument pas la discipline et introduisait dans notre Ordre le gout du cancan qui caractérise nos Sœurs Américaines ; petit à petit elles ont voulu saisir le gouvernement exclusif de la loge, accepter telles personnes qui ne convenaient nullement à l’Ordre et rejeter telles autres pour des causes absolument futiles. Plus encore, l’ autorité du Grand Maitre n’était pas reconnue et l’on prétendait faire de l’Ordre une institution purement américaine. C’est alors que je crus de mon devoir d’intervenir et de mettre les Officiers de la Loge en demeure ou de se soumettre, ou de se démettre. Je demandai les livres de la L , on me répondit que le Secrétaire n’avait pas tenu note des tenues, et qu’il n’existait ni minutes, ni procès -verbal. Cela mit le comble à la situation et je redemandai la Charte qui est dans nos Archives. De ce jour, regrettant infinimen t d’avoir suivi le conseil de Mr Peter Davidson, je fermai l’Ordre aux femmes et cessai toute propagande ouverte. Cependant pas l’activité des Initiateurs libres partout dans les États -Unis, l’Ordre se propagea et assez rapidement, nous comptons aujourd’hui deux-cents Initiateurs Libres et tous les jours de nouvelles applications nous parviennent. Mais le moment est venu où il est impossible de constater les progrès de l’Ordre et quoique le système traditionnel soit excellent au point de vue d’une propagande secrète, l’Ordre, comme organisation, ne peut plus prospérer, au contraire, il est voué à l’extinction : il va devenir Exotérique, ses principes vont bientôt appartenir au domaine public. Il est arrivé au moment où il faut à tout prix restreindr e l’action discrétionnelle des Initiateurs. Voilà ce que le Grand Conseil a découvert depuis assez longtemps et une réunion prochaine va voir s’éliminer un nouveau programme, destiné celui -là, à devenir définitif. Mon séjour en Amérique va se prolonger d’au moins trois ans, cela m’encourage à entreprendre une rude tâche. Voici en quelques mots ce que nous tous ici désirons : Que le Rite Martiniste constitue un Rite Supérieur de Maç[. Il sera Mystique et Philosophique. Pour y être admis il faudra au moins être Maître Maç . L’initiation est retirée aux Initiateurs Libres, excepté pour former des LL régulières. L’initiation sera payée par le néophyte, les frais d’initiation, de correspondance, d’imprimerie, etc., etc., sont trop élevés pour être supportés par des Membres dont les plus dévoués sont les moins riches ; et cela seul suffit pour entraver la marche progressive de l’O . Les LL androgynes seront tolérées, mais un rituel à part leur sera donné. L’Ordre Martiniste prend place à côté du Rite Écossais. D’autres réformes importantes seront mises à l’ordre du jour, et l’O subira une réorganisation devenue absolument nécessaire. Pendant les années qui se sont écoulées, nous avons fait l’essai du système préconisé par le Suprême Conseil dans ses Cahiers de 1887 et nous sommes arrivés à conclure : 1°) Qu’il est impossible de faire de cet Ordre une institution semblable au Groupe Indépendant, uniquement occupé d’études ésotériques, considéré comme groupe fermé, il est moins efficace que le Chicago Esoteric Extension ; société nouvellement fondée par Votre délégué à Chicago et qui en moins d’un an a organisé une société d’une importance au moins égale à celle de la T. S. à New York et à Chicago. 2°] Que l’introduction des femmes est nuisible. 3°) Que le caractère maç ( du Rituel et l’histoire de l’O réclament une organisation exclusivement maç [. 4°] Que l’Initiation libre conduit à la vulgarisation des principes Martinistes et porte atteinte au caractère initiatique de la société. 5°) Que l’Initiation gratuite rend impossible une organisation réelle, et l’extension du Rite. En effet, plus le nombre des membres s’augmente et plus les frais multiplient, chaque nouveau membre représente un
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surcroit de travail, et la dépense d’un secrét aire payé s’impose au G. C. Il en est de même des frais d’impression, feuilles d’application, circulaires, communications officielles, frais de poste, etc. Or, T P G M , en présence de la situation présente de l’Ordre aux États-Unis, ne vaudrait-il pas mieux renoncer à publier un rapport, et ne parler de nous que lorsque notre organisation sera définitivement établie. Jusqu’à présent, l’introduction du Martinisme en Amérique a été une œuvre d’essai, les progrès ont été encourageants, mais la réputation est maintenant à faire, nos progrès sont un peu ambitieux, mais le Philosophe Inconnu a fondé une institution qui n’est pas indigne de notre ambition. En présence du Matérialisme maç (ne devons-nous pas relever l’étendard de la Maçonnerie Mystique et le hisser là où tous nous pourrons acclamer ses couleurs ? La foule de Martinistes répandus sur notre territoire mérite une organisation sérieuse ; je veillerai à ce que l’autorité du Suprême Conseil soit absolue, je mettrai son autorité là où il sera impossible de la discuter. Je me vois forcé de demander l’autorisation de changer l’organisation du Rite perce que j’en reconnais la nécessité, je n’ai en vue que le bien de l’Ordre et le triomphe de nos idées, nulle autre considération ne me guide, je demande donc, T P M de formuler le programme d’une réorganisation que j’aurai ensuite l’honneur de soumettre à l’approbation du Suprême Conseil sans laquelle je ne changerai rien. Mais je suis bien placé pour connaitre les défauts de la cuirasse, 4 années d’expérien ce comme organisateur du Martinisme m’ont permis de me rendre compte de ce qu’il faut faire pour établir solidement le Rite dont malheureusement je suis l’âme et le cœur : j’ambitionne d’organiser l’O de manière à ce qu’il soit indépendant de toute personnalité, qu’il puisse fonctionner indépendamment de moi ; pour cela il faut réviser sa Constitution en vertu de l’article Adjonction des Instructions aux Présidents de Loges, et de l’art. Amendements de la Constitution du G. C. des É. U. d’A. qui prévoient le cas. J’ajoute que quelque soit la décision du S C ou celle du Président, je me soumets d’avance à ses desiderata et ne ferai rien sans y être dument autorisé. Enfin, je me permets de signaler tout particulièrement le zèle de Notre Inspecteur Général de l’État de New York ; membre du Grand Conseil pour les sacrifices qu’il s’impose en faveur de la propagation du Rite, de son zèle infatigable, de son tact et de sa fidélité à l’Ordre : Mr Jérôme de F. J. Grunenberger, de New York, un Alsacien — Français. Je vous prie, T P Grand Maitre, de croire à tout mon dévouement. [signé] E. Blitz Cher Docteur, Nous avons pas mal de maç (enthousiastes prêts à se dévouer, mais il faut faire quelque chose pour eux. Sédir m’a promis des documents, mais comme sœur Anne je ne vois rien venir, le S C nous néglige beaucoup et j’ai toutes les peines du monde à donner des excuses pour sa conduite, il me faut une charte authentique, ou tout au moins sa photographie et quelques pièces historiques. L’idée d’un Martiniste Maç(est lancée, elle sera reprise, en France, peu avant la mort de Papus, par Teder, J. Bricaud et Chevillon, mais s’éteindra avec C. H. Dupont de 1960. Papus dut autoriser Blitz à entreprendre ses réformes, car il écrivit : [B243]
Nevada, le 7 avril 1898 ..... Le Martinisme va prendre une extension américaine à présent, nous allons faire quelque chose et à l’expiration de mon contrat ici ce sera une organisation dont vous aurez le droit d’être fier. J’espère que vous nous appuierez dans nos réformes, ici l’on ne peut conduire une institution comme en France et après bientôt 4 années d’essais selon l’ancienne façon, je vois que je ne puis plus avancer et que notre Rite va tomber dans des mains que nous n’estimons pas. Il s’agit d’y porter un remède héroïque et de rentrer dans le giron de la F (M ( qui ici, n’est pas matérialiste. Je veux que le Martinisme reste français et si j’avais dû quitter cette année les groupes se seraient désorganisés ou bien se seraient déclarés indépendants et avec notre rituel aux mains des membres, le Grand Conseil se serait déclaré pouvoir suprême en Amérique sans reconnaitre d’autre autorité.......
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... Voyons qu’on se réveille un peu au Suprême Conseil, qu’on s’occupe un peu de nous, qu’on daigne nous conseiller, ou nous consulter, ou nous condamner, il faut absolument donner satisfaction à ceux qui exigent de moi la preuve de la régularité du Rite. Nous voulons ici imprimer des diplômes, des chartes, à nos frais, mais pour cela il nous faudrait pour modèle une pièce originale, une pièce historique. Vous pouvez avoir foi en notre honorabilité, nous renverrons le tout. Si même vous pouvez me faire copier à nos frais d’anciens rituels Martinistes ou Martinésistes faites le sans tarder. Ne nous oubliez pas... Le 4 décembre 1899, Papus annonça son entrée en Maçonnerie au Rite Swedenborgien, Blitz lui répondit, dès le 18 : [B228] On remarquera qu’une lettre envoyée de Paris met moins de 15 jours pour parvenir au Missouri.
Nevada,Missouri,le18décembre1899 Mon Cher Docteur et excellent Ami, Je viens de recevoir votre bonne lettre du 4 courant. C’est avec le plus vif plaisir que j’apprends votre initiation aux mystères de la Franc-Maçonnerie. Vous y découvrirez (dans ses travaux de Loge) ce que l’étude de la lettre dans les rituels ne pourrait vous révéler. Mais maintenant, mon T (C (Frère Rouge, êtes-vous bien sûr que le rite n’est pas éteint ? Je sais qu’il se pratique encore dans deux ou trois loges de Suède, mais à part cela, ce système est tombé en sommeil, du moins je le supposais ; c’est avec plaisir que j’apprendrais son réveil. Il serait prudent toutefois de vous affilier aussi au Rite Écossais, ou a un autre rite dont l’activité est connue et qui vous placera vis-à-vis des maçons réguliers dans la position la plus favorable. J’écrirai bientôt au Frère John Yarker, en double qualité de Souverain Grand Conservateur du Rite 33(95(et de Souverain Délégué Général Martiniste, j’ai d’ailleurs déjà été en correspondance avec lui : cela ira donc tout seul. Ce serait l’idéal si on pouvait faire revivre le Rite de Swedenborg, y greffer l’Ordre Martiniste et compléter le système par l’enseignement secret des Grands Profès. Voilà quel serait le triomphe de votre idée.... et de la mienne. Nous y travailleront...... ... Cette lettre vous parviendra vers le 1 er de l’an, qu’elle vous apporte le bonheur, la santé et la réalisation de vos plus chères espérances. Mille souhaits pour votre bonheur. [signé] É. Blitz (33° — 95° En mars 1900, encore une très longue lettre sur l’activité de Blitz en Amérique. [186]
Le 26 mars 1900 Mon Cher Docteur, Je viens à l’instant de recevoir votre bonne lettre du 10 mars , et je m’empresse d’y répondre. Vous me demandez s’il n’est pas possible d’organiser en Amérique des Groupes Martinistes à forme non maçonnique et OU TOUT SERAIT GRATUIT. C’est par là que nous avons commencé il y a cinq ans à notre retour en Amérique. Vous connaissez le résultat obtenu. Ce fut un grand succès, du moins en apparence, mais bientôt l’engouement cessa comme par enchantement, aussitôt qu’il fallait se placer sous la Juridiction d’un Suprême Conseil FRANÇAIS, et ne pas mêler à l’enseignement Martiniste les doctrines de Madame Blavatsky (notez que je suis Membre de la Société Théosophique) et se livrer au tripatouillage mystique dans les Américains et les Américaines surtout se font une gloire. Petit à petit le Martinisme commençait à s’américaniser d’une jolie façon. Tout le monde entrait dans le Martiniste, les uns pour s’affubler d’un titre de plus, les autres pour
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satisfaire leur curiosité et savoir un peu ce qui se passait à l’ombre de ces fameuses loges lucifériennes (! ! !), d’autres pour dénigrer l’Ordre au sein des sociétés rivales, d’autres pour essayer d’une nouv elle théorie, d’autres pour surprendre le secret de la Transmutation (authentique) ; bien peu, (pas dix) pour s’instruire réellement de la Mystique de Saint-Martin dont ils avaient lu les Lettres à Kirchberger. Or n’oubliez pas, mon Cher Docteur, que je n’ avais Rien, absolument RIEN à donner à tous ces gens-là pour les diriger dans leur travail, pas dix personnes ne connaissaient le Français assez pour lire des œuvres du Maitre dans leur langue originale, sauf une édition devenue introuvable de la Correspondance, il n’existe aucune traduction anglaise des œuvres du Ph... Inc.... Force me fut donc de choisir les personnes me paraissant les plus intelligentes pour entamer avec elles une correspondance des plus suivies, plusieurs lettres de six à douze pages chacune par semaine ! ! ! J’ai gardé copies de quelques lettres et les réponses de mes correspondants, si un jour je suis assez heureux de revenir en France, je vous montrerai cela et quand je vous aurai dit que pendant plus de trois ans, j’ai dû me consacrer tout entier à cette correspondance au plus grand détriment de mes affaires, et de ma santé, fortement ébranlée à cette heure, vous n’hésiterez pas de me dire : Mon cher ami, vous étiez fou d’entreprendre une tache pareille avec de tels sujets surtout. La première année de mon séjour ici me fut particulièrement pénible ayant à copier à la main des rituels que je fournissais gratis, ces fameux initiés m’annonçant qu’il n’avaient pas LE TEMPS DE COPIER EUX -MÊMES LE RITUEL..... Je le copiais donc pour eux. C’est alors que je me suis décidé à faire imprimer le Rituel, ce qui m’a coûté plus de mille francs, ainsi que peut l’attester la facture de l’imprimeur. Pour obtenir ce résultat j’ai dû emprunter une par t ie de l’argent à Miss Kent de Chicago. Maintenant, ce Rituel a été délivré gratuitement à un grand nombre de Martinistes dont les travaux étaient utiles à l’Ordre, il a été envoyé en F rance, en Belgique, en Italie, en Danemark, en Angleterre, en plusieurs pays, les frais de poste, (recommandée) constituent déjà une assez belle dépense. Mais les nouveaux applicants, ou candidats, personnes que je ne connaissais absolument pas ont dû verser et verseront encore $ 3/50 l’exemplaire, c’est -à-dire le même prix que nous, maçons, payons pour un petit Rituel abrégé, de la Loge bleue, contenant moins de pages et dont la reliure est de beaucoup inférieure à celle du R. Mart. Faut-il dire que depuis que le rituel coûte $ 3/50, et qu’il faut le payer d’avance, le nombre de nos Candidats a diminué. Il y a aussi un droit de diplôme, et depuis l’année dernière des contributions annuelles de un dollar. Je joins à cette lettre tous les renseignements désirables. JAMAIS il ne sera demandé de droit d’initiation par le Grand Conseil, mais je ne défendrai pas que des Loges demandent ce qu’elles désirent afin de payer les frais de location, de décors, etc. Nous n’avons pas de membres riches ici, donc tous, nous devons contribuer à la dépenses, PERSONNE en Amérique dans L’ORDRE MARTINISTE n’a les moyens de subvenir aux frais d’une Loge. Il y a loin de ce que je vous présente ici, sous la foi du serment, à l’assertion imbécile qui vous a été faite, à savoir que nous ne voulions pas recevoir des gens pauvres chez nous. Mieux que cela, les Pauvres ont mes préférences, et pas plus tard que la semaine dernière un homme qui m’est tout à fait inconnu m’a demandé un Rituel... mais il y avait tant de sincérité dans sa lettre, elle était si loyale que je lui ai envoyé illico presto prestissimo, un rituel, un diplôme et la quittance de ses droits à payer. Il est vrai j’ai été bien récompensé par l ’envoi d’une œuvre magistrale de haute Kabbale, œuvre que je me ferai bientôt un plaisir de traduire et d’envoyer en France comme la contribution du Martinisme Américain au Congrès de 1900. J’ai eu le flair, comme toujours, du reste, je décide après simple lecture de la lettre d’application de mes correspondants, s’il y a lieu de les recevoir ou de laisser leurs lettres sans réponse. Vous allez dire que c’est très arbitraire, mais je ne me suis jamais trompé, et lorsque j’ai cédé aux instances de mes corres pondants à contre cœur, j’ai toujours eu à m’en repentir. J’en ai fait l’expérience plusieurs fois, on a beau dire, mais quand on ne connaît pas les gens, la seule chose que l’on ait pour les juger est leur écriture, leur style et le ton de leurs lettres. Je n’aime ni les fautes d’orthographe, ni les taches d’encre, ni les prétentions au mysticisme dont est tissue leur demande d’admission. Autrefois, j’allais jusqu’à recevoir les candidats chez moi, à Nevada, à Pentwater, payant tous leurs frais pendant huit et quinze jours, me consacrant entièrement à leur instruction ; tout ce que je leur demandais était la propagation de la doctrine, la formation de groupes martinistes, un simple rapport annuel de leurs travaux, soit publics, soit privés. Je vous citerai Mr Wherli de Saint-Louis, mon hôte pendant plusieurs jours à Nevada. Miss Joséphine Locke, femme très influente jadis à Chicago, pendant quinze jours à Pentwater ; Miss Kent de Chicago, à Nevada ; Mrs Richardson de Seattle, à Nevada. Miss n’a jamais rien fait que de s’accaparer des idées martinistes et les introduire à tort et à travers
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dans ses discours en ayant bien soin de ne pas mentionner l’Ordre si ce n’est pour l’accuser d’être une institution de Jésuites. Miss Kent qui a plus fait que personne pour mettre à exécution votre désir de former des Groupes gratuits, a été tellement dégoûtée de la besogne, qu’elle s’est enfuie du Martinisme pour se réfugier au sein de la Société Théosophique dont elle est un pilier aujourd’hui. Mr Wherli n’a pas fait UN seul initié en cinq ans, seul le mari de Madame Richardson est un Membre sérieux, un homme de bon sens, instruit et tout à fait dévoué à l’Ordre. Or TOUT MEMBRE UTILE A L’ORDRE, NE PAIE PAS DE DROITS ANNUELS, quand je m’aperçois qu’un Martiniste est de bonne foi, quand il travaille, soit qu’il initie, soit qu’il me tienne simplement au courant de ses progrès, il lui est envoyé quittance de ses droits à payer. Pour répondre à l’objection de faire payer les Membres, voulez vous savoir, mon Cher Ami, combien, en cinq ans, j’ai reçu de droits annuels ? ? ? ? ? ? ? ? ONZE dollars. Voilà ce que montre mon livre que je tiens en bon ordre, je vous l’assure. Parmi les cinq cents Martinistes au plus, il y en a tout juste ONZE, (et cela seulement depuis l’année dernière) qui paient des redevances annuelles. J’ai payé ma dette à Miss Kent aussitôt que j’ai appris qu’elle nous quittait pour le S. T. Mais la vente des Rituels ne m’a pas encore rapporté le tiers de la dépense. Ajoutez à cela l’impression des circulaires, des diplômes, des feuilles d’application, les frais de bureau et de timbres poste et vous verrez, mon cher Docteur, qu’il est absolument nécessaire de mettre quelque limite à une générosité qui ne nous mène à rien de bon, et qui n’a jusqu’ici qu’encouragé la curiosité et l’hostilité des gens. Or, il s’agit de lutter pour la victoire. Je ne puis pas blâmer bien de nos frères pour nous quitter, faute d’avoir sous la main quelque ouvrage qui puisse les guider dans leur travail ; non- seulement l’Ordre ne leur offre qu’un Rituel, mais les ouvrages étrangers leur sont inaccessibles, il est de toute importance que le Martinisme ait ici une revue, ou que des transactions annuelles soient publiées et délivrées gratuitement à tous les chefs de Goupes. Il devient indispensable que les Membres du Grand Conseil se réunissent à l’effet de travailler dans le bien de l’Ordre. Mais ce Grand Conseil est composé de gens demeurant à New York, à San Francisco, à Seattle, à Sandusky, à Nevada, à Manchester, et malgré que l’on nous fasse l’honneur de nous croire millionnaires, ces Membres ne pourront jamais se réunir si leurs frais ne sont pas payés. Pour moi, je veux bien payer mon voyage et héberger à mes frais mes Assesseurs. Soit ici, soit à Pentwater, ma maison est grande ouverte ; malheureusement, les distances sont énormes et il nous faudra reculer la date de notre réunion, jusqu’au moment ou nous pourront assister nos frères dans cette considérable dépenses qu’entraîne leur déplacement. Il faudra bien du temps encore afin de pouvoir réunir assez pour accomplir ce projet. Voyez donc si le Suprême Conseil avait demandé des droits annuels à tous ceux capables de les acquitter sans se gêner, il y aurait assez pour appeler à Paris les représentants du Martinisme à l’étranger, comme le R ite Écossais a fait en 1879, et ouvrir un Congrès qui aurait eu un retentissement. Et puis, en France, il y a de la délicatesse chez les gens, ils apprécient une faveur, mais ici, on ne sait guère ce que c’est que la délicatesse et vous trouverez des gens, comme un certain Dr Young de Boston, qui veulent avoir tout pour rien, refusent de se placer sous l’autorité d’une puissance étrangère comme le Suprême Conseil de France et voudraient encore qu’on paie les frais de location de loge, de décors, etc. C’est probablement l’un des imbéciles qui vous aura écrit, lui, le premier qui a refusé de se soumettre à l’autorité « ÉTRANGÈRE » et que se voyant mis à la porte de l’Ordre, non pas comme Membre, mais comme Initiateur, se sera trouvé bien aise d’en appeler à ce Suprême Conseil dont il refusait de reconnaitre l’autorité. Les prétentions de ce monsieur étaient si ridicules que je me suis même pas fâché avec lui ; et après près de trois ans de silence (alors que leur obligation leur impose un rapport annuel) il se reprend tout à coup d’un beau zèle pour l’institution. J’ai profité du fait que ce monsieur ne s’était pas acquitté du droit de Charte, et, pire que cela, n’avait tiré aucun parti de cette Charte, pour le déclarer déchu de sa qualité d’Initiateur. Je ne lui en ai pas écrit plus long. Boston est sous la juridiction de Mrs Peeke pour le moment. Maintenant pour ce qui dépend des Chartes. J’ai dû imposer cette dépense qui n’est jamais faite par un seul, mais par sept membres au moins, afin de m’assurer qu’on allait profiter de cette Charte. Il y a comme cela une douzaine de Chartes qui se promènent dans les États-Unis. De ceux qui les détiennent, peu en ont fait usage, elles servent d’ornement à des cabinets de travail. Aujourd’hui, nulle Charte n’est donnée s auf après avoir reçu la signature de sept ou de huit Membres s’étant choisi un Président et prêts à entamer le travail immédiatement . Autrefois, il y avait des Chartes et il n’y avait pas de groupes ou celui qui détenait la Charte
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ne plaisait pas à ses confrères et ne réunissait pas à réunir autour de lui un nombre suffisant de membres. Cette Charte étant plus ou moins un monopole, prévenait ainsi la formation d’autres groupes. Aujourd’hui, plus de ces plaisanteries. Elles trompent tout le monde : nous croyons avoir une force autour de nous, nous publions que le nombre de Martinismes aux États-Unis se chiffre par centaines, par milliers peut être, tandis qu’en réalité, il n’y a pas plus de onze qui aiment assez le Martinisme pour lui donner UN dollar par an, et d’une demi -douzaine de Membres pour lui donner le fruit de leurs méditations. Avouez que c’est une plaisanterie. Je ne sais comment les affaires du Martinisme vont en Europe, je crois cependant que vous vous faites illusion comme moi, au début, et que vous comptiez comme frères, tous ceux qui se sont fait recevoir et dont vous n’entendez plus parler. Tous les Rites ont commencé comme le vôtre, ces débuts sont fatals, mais il est impossible de continuer dans cette voie qui n’est pas celle de la bonne org anisation. Il est très beau de parler de ces Frères Inconnus qui, dans l’ombre, remplissent une haute mission humanitaire, mais ces Frères Inconnus peuvent toujours se compter sur les doigts, ils ne sont pas nombreux, par contre si vous exigiez un petit travail annuel de tous ceux que vous croyez Martinistes, ou une petite obole pour aider les maîtres ou directeurs à payer leurs frais de bureau, vous seriez obligé, comme moi, de constater que le nombre des Élus est très petit, sans aucun doute. J’ai le pressentiment que je reviendrai en France l’un de ces jours, si Dieu me prête vie ; je n’ai pas peur de vous dire déjà, que si vous voulez que cette institution vive, il faut la ré-organiser et introduire la question de finances, car c’est à cette question-là seulement que l’on peut constater le zèle des néophytes. L’argent représente le fruit de notre travail le plus pénible, c’est donc le sacrifice d’une faible partie de ce travail que nous demandons de ceux qui sont prêts à prendre les engagements les plus sérieux, qui prennent sur eux de réaliser un idéal qui peut leur couter le bonheur, etc. etc. des mots tout cela, je n’y crois plus depuis longtemps. N’allez pas croire cependant que l’Ordre n’ait que Onze Membres, tous les Martinistes reçus pendant les qua tre premières années de l’établissement du Rite aux E.U., c’est -à-dire depuis 1895 restent Martinistes et ne paient pas un sou de droits, ils n’en paieront jamais. La mesure que nous avons prise d’un commun accord n’a pas d’effet rétro -actif. À l’avenir, cependant, il faudra faire preuve de beaucoup de mérite pour obtenir cette dispense, car si l’Ordre a pour but la diffusion de la doctrine de Maitre , je ne crois pas qu’il soit à votre intention d’en vulgariser la teneur, de la jeter en pâture à tout le monde et de pousser l’amour du nombre jusqu’à jeter des perles devant les pourceaux, cela ne peut être votre idée, car ce serait du sacrilège, l’Ordre Martiniste doit être composé d’éléments choisis parmi les plus intelligents et les plus travailleurs. Ordinairement, les gens qui sont tellement pauvres qu’ils ne peuvent acheter un rituel sont des paresseux dont l’Ordre sait fort bien se passer. Si jamais une caste m’est sympathique c’est celle du pauvre, mais ici, dans l’élément au sein duquel nous recrutons nos Membres, il n’y a guère que le fainéant qui ne puisse sacrifier UN dollar pour s’instruire d’une doctrine comme celle du Phil... Inc... ou, s’il s’en prive, il faut convenir que pour un Homme de Désir, il a bien faiblement le désir de se joindre à nous. Laissez passer l’Exposition, et alors croyez moi réorganisez le Martinisme, il vous faut de l’argent pour faire paraître des ouvrages spéciaux et non mis en vente aux vitrines des libraires, il faut publier vos Transactions, les faire traduire, remuer un peu les Membres de l’Ordre comme le fait la S. T. dont l’organisation a le sens commun, c’est même la seule société dans laquelle il faille entrer pour avoir quelque guide dans le dédale de l’Occultisme Américain. Nous n’avons pas en anglais les ouvrages si méthodiques de Papus, qui valent à eux seuls toute une bibliothèque, le disciple américain n’a d’autre ressource que d’entrer dans la S. T. où l’on guidera ses pas, surveillera ses études, et où on le fera avancer. Vous voyez l’immense désavantage sous lequel nous travaillons ici, nous sommes des ouvriers et il nous manque les instruments de travail indispensables faute de ressources pécuniaires. Mais, nous nous en créerons bientôt, je l’espère. Seulement, il ne faut pas se décourager. Depuis quelque temps Peter Davidson ne cache plus son antipathie pour le Martinisme. Comment Grands Dieux, vous autres en France, avez pu vous laisser prendre par un pareil individu ? ? ? Il a encore quelques dupes ici, mais le bonhomme n’est pas mal connu. C’est lui avec un nommé Burgoyne qui avait établi cette H. B. of L. dont les tripotages vous sont connus. C’était un mythe que cette Association dont Burgoyne (l’auteur du Light of Egypt) était l’esprit. Vous vous rappelez encore comment après avoir demandé et reçu 500 $ dollars pour son ( ?) cours d’Occultisme, il l’a publié à 3,50 $ sous le titre de Lumière d’Égypte, fragments d’un admirable travail... Dont je connais l’auteur et dont l’auteur n’est ni Burgoyne, ni Davidson. Abominables voleurs, plagiaires détestables, voilà deux qui se sont fait passer en
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France, le pays de l’honnêteté littéraire, pour des savants et des Initiés. Or Davidson, me sait au courant de ces infamies, et ne veut plus tant de bien au Martinisme depuis que les ouvrages de Papus et de Guaïta, de Fabre d’Olivet et de Levi, d’Alexandre Wheil et tutti quanti sont plus connus de ce côté de l’Atlantique. Mais c’en est assez. À cette époque, moi aussi je suis débordé de demandes d’affiliation au Martinisme avec demande, surtout de lettres de recommandation pour Papus ! ! ! Inutile de dire que je ne réponds favorablement qu’aux personnes que je sais être dignes de cet honneur, je n’ai pas l’intention de vous faire prendre l’Amérique en grippe, surtout par ce temps d’influenza. Vous pouvez hardiment honorer les personnes que je vous envoie, porteurs d’une lettre autographe. Quant aux autres, rappelez -vous qu’elles doivent avoir leur diplôme, leur rituel en ordre. N’accueillez personne qui ne pourrait justifier par diplôme, etc., de sa qualité de Martiniste. Mlle Feusier de Cleveland entre autres est très désireuse de vous voir, il y en a pas mal de ce calibre, vous en ferez ce que vous voudrez, pour moi , je ne prends de responsabilité qu’avec les gens qui m’inspirent de la confiance. Plus tard, je reprendrai la question des droits et des finances, sans nul doute vous vous êtes aussi aperçu de ce que l’organisation présente offre de défectueux et combien vous êtes paralysé dans votre action par l’indifférence du plus grand nombre de vos disciples. À vrai dire, je crois qu’en dehors de Paris le Martinisme est faible ; je puis me tromper, mais l’esprit européen n’est pas celui de ce pays, où le travail sérieux de l’esprit n’est pas dans les mœurs , au fait sur vingt lettres que je reçois, il y en a quinze dont les auteurs feraient mieux d’étudier l’orthographe que la métaphysique, ensuite les études sérieuses, celles qui exigent un effort mental ne sont pas populaires ici ou les procédés mécaniques, les trucs à tiroir pour l’adeptat à courte échéance sont des articles très demandés et les seuls que l’on trouve à placer. Défiez -vous des lettres que vous recevez de l’Amérique, les uns se plaindront de ce que les pauvres d’esprit ne sont pas reçus à bras ouverts, d’autres que votre Délégué ne peut pas leur apprendre la Transmutation des métaux en or, d’autres que le Grand Conseil prétend défendre la doctrine Martiniste contre les extravagances des pseudodéfenseurs du higher self !, etc., etc. Le plus clair là- dedans est que je tiens à ce que l’Ordre soit représenté aux États Unis d’une manière à faire honneur au Suprême Conseil, je tiens à ce que tous les Membres se rendent utiles et travaillent dans la mesure de leur moyen à la G D G A D L’U sous les auspices de N. V. M. et sous la Juridiction du Suprême Conseil de France. Nous avons fait cinq ans d’apprentissage en matière de propagande, notre expérience étant enfin acquise, c’est maintenant que nous sommes en droit d’espérer le plus bel avenir pour notre cher Ordre et c’est de cet instant seulement que nous devons enregistrer nos petites victoires. Le travail le plus aride est fait, l’Ordre repose sur une base réelle, nous savons ce que nous désirons et la période empirique est passée. Patience, il nous a fallu cinq ans pour découvrir la voie, mais elle est trouvée et nous nous sommes engagés dans cette voie avec la certitude d’arriver au but. Pardonnez-moi la longueur de cette immense tartine, je ne pêcherai plus, je vous ai écrit comme je vous parlerais. Votre dévoué, [signé] É. Blitz Dans la lettre suivante, Blitz demande sans cesse que Papus lui envoie des documents ou des copies des archives prouvant l’authenticité d’une filiation le reliant à L.-Cl. de St-Martin et de là à Martinès. [396]
Nevada,Missouri,le16octobre 1900. Mon très cher Maitre et Ami, J’attends de vos bonnes nouvelles, mais comme sœur Anne, je ne vois rien venir. Il y a longtemps que vous m’avez promis une notice pour ma t raduction anglaise des « Erreurs » — puis la communication de travaux originaux à l’usage de nos loges. J’ai bien reçu, en son temps, l’étude du Maître Barlet, sur la « Pédagogie de l’Occulte », mais c’est tout. Puis « Psyché » a disparu et les instructions particulières promises pour tenir lieu de cette publication importante n’ont point encore touché les rives occidentales de l’Atlantique. J’ai aussi demandé que vous fassiez faire A MES FRAIS, la copie des Archives du Collège
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Métropolitain de Lyon, mais quoique vous ayez accédé à ma demande, cher Maitre , j’attends encore, après plus de trois ans que cette copie soit terminée. Je serais pourtant bien fier, comme Président du Grand Conseil de l’Ordre aux États-Unis de posséder au moins une copie certifiée conforme de ces Archives, ne fût-ce que pour donner à notre Ordre ici un prestige réel. Et, puisque je viens à parler des Archives de Willermoz, y tenezvous encore ? Ne voudriez-vous pas me les céder pour ce qu’elles vous ont couté, voulez-vous me les vendre ? Ce serait plus vite fait que la copie. J’ai beaucoup d’ambition pour le Martinisme, je voudrais lui donner la plus grande extension et avoir quelque chose à en dire dans nos revues spéciales, malheureusement je n’ai aucun document authentique sur lequel appuyer mes assertions et loin de toute bibliothèque maçonnique, je ne puis guère parler du Martinisme sauf à laisser de côté tout fait historique. Si vous voulez vous défaire de ces papiers, écrivez-moi vos conditions (je ne suis pas Crésus), sinon faites les copier pour nos petites archives américaines et vous rendrez service à la cause du Martinisme. Envoyeznous de temps à autre quelque communication instructive afin de montrer à nos zélés partisans que vous ne les oubliez pas. Pour eux le Suprême Conseil semble ne pas exister, il ne faut pas permettre cela, à Paris, en France on vous a, mais ici vous ne pouvez vivre dans l’esprit de nos membres que par quelques bonnes paroles ou par quelque marque frappante de votre sollicitude, voilà pourquoi aussi je serais désireux de recevoir les Archives, dusse je payer de ma bourse, mon intention dans tous les cas serait de faire passer l’envoi comme un cadeau particulier du Grand Maitre. Pensez-y, mon cher Ami, et répondez-moi au plus tôt. Votre bien dévoué, [signé] É. Blitz Je ne sais pourquoi je n’ai pas mis cette lettre à la poste, nous voilà au 23 octobre, il y a plusieurs jours que cette lettre est écrite. J’ai tant de choses à vous dire, mais mon cher ami, je n’ose pa s les confier au papier, une lettre peut être mal comprise et vous pourriez supposer en moi bien des sentiments que je suis bigrement loin d’entretenir à votre égard. Il y a dans mon cœur plus que de l’estime, une véritable admiration pour votre activité et votre œuvre qui est immense. Je n’ai guère à vous reprocher que trop d’activité, une activité telle que parfois vous n’avez pas eu la patience de vous renseigner à des sources authentiques et que vous n’avez pas donné à quelques-unes de vos idées le temps de murir. Il est vrai que vous aviez trop de choses a réaliser et que nous vivons dans un siècle ou l’on n’a pas le temps de dormir sur ses projets si on veut en voir la réalisation même imparfaite. Vous êtes tout excusé et si je pouvais me rendre à Paris et passer une ou deux après dînées dans votre cabinet à nous entretenir de plusieurs choses que nous avons à cœur tous les deux, il en arriverait de grandes et belles choses pour vous et vos institutions. Mais je le répète, je n’ose confier mes idées, mes découvertes au papier, ce que j’ai à vous communiquer ne s’écrit pas, mais il se discute oralement. Bien des travaux originaux sont arrivés dans les Archives du Grand Conseil de votre Ordre, mais un Membre du Conseil vient de m’adresser un travail admirable sur la Gematrie, quelque chose de tout à fait admirable que je vais traduire si vous le voulez afi n qu’il soit publié dans l’Initiation. C’est tout ce qu’il y a de savant en Kabbale et je réclame pour l’auteur le grade de Docteur en Kabbale. Nous aurons bientôt de lui une œuvre complète sur l’Alphabet Hébraïque, l’auteur est le Kabbaliste le plus fort de notre temps, et le Membre dont le Martinisme Américain est le plus justement fier. La R.C.K. s’honorera en décorant ce Membre de son grade le plus élevé. J’attends le document immédiatement. Je vous ferai remarquer que nous ne sommes pas en présence d’un compilateur, mais d’un Kabbaliste hébraïsant au courant du grec, et des langues sémitiques, Docteur en Médecine de l’école du Dr Burggreave (Dosimetrie) un vieillard de 70 ans. Faites quelque chose pour le G C américain, il vous fera honneur, envoyez-lui ou cédez-lui les Archives, nous avons besoin de nous donner du prestige devant des gens instruits que j’ai peur de recevoir chez moi n’ayant que de bien modestes archives à leur montrer : quelques lettres, quelques chartes, mais rien qui a trait à l’hi stoire documentaire du Martinisme. Écrivez-moi vite, ma santé est très délabrée, vos lettres me feront plaisir. Votre dévoué,
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[signé] É. Blitz (33 — 95 Enfin cette lettre qui est peut- être la dernière que Blitz adressa à Papus avant l’envoi de son « Mémoire ». [405]
Le 2 avril 1901 Merci, cher Docteur pour ta bonne lettre de Moscou. Je me sens plus fort maintenant et je mettrai à l’étude les différents projets que j’ai en tête pour le bien de l’Ordre. Je vais tâcher de l’appuyer sur quelque chose de sérieux. Tâche de me procurer la copie de tes Archives pour mon instruction personnelle. Sache une chose, c’est qu’il est absolument nécessaire de donner à nos adeptes, au moins à ceux qui se distinguent par leur initiative, quelque enseignement substantiel, quelque instruction particulière. Il ne suffit pas de se dire membre d’une société, comme la R+C Kabb., par exemple ou même le Martinisme, d’en recevoir un diplôme et un titre et d’ignorer toute sa vie la doctrine qu’on y préconise ou la philosophie , ou science, ou la théorie, qu’on y professe. On n’est pas à la recherche d’un titre, d’une fonction, d’un rang hiérarchique quelconque, mais à la recherche d’instructions plus ou moins complètes. Quand d’Europe on m’a nommé représentant de divers Rites Maçonniques on a copié pour moi Instructions, Rituels et Archives ; j’en possède de merveilleuses. Avec les diplômes, les chartes et les titres, on m’a envoyé tout ce que possédait le Rite ayant rapport à la doctrine. Si j’avais autorité sur un Rite quelconque, ou si je présidais, comme toi, un centre d’initiation et te nommerais Mon Délégué, je t’enverrais, avec les pièces nécessaires pour appuyer tes droits, tout ce que mon Ordre ou mon Rite possède. C’est probablement ainsi qu’en a agi le f Yarker pour son Rite de Swedenborg. Or, cher docteur, sais-tu que, sauf le petit schéma de Rituel, je n’ai jamais reçu la moindre instruction. J’ai dû même broder un rituel sur votre canevas. Mais le Martinisme doit posséder des Instructions particulières, ce doivent être celles dont tu parles dans ta lettre de Moscou, celles que donnait L. C. de Saint-Martin à ses initiés personnels. Quelles sont ces instructions ? Peux-tu me les faire tenir ; il est pourtant bien nécessaire que je les connaisse ; sont-elles contenues dans tes Archives, je le soupçonne et voilà pourquoi je voudrais en prendre connaissance. Je dois me sentir appuyé par quelque chose de tangible, le Martinisme doit absolument traiter d’une doctrine quelconque sur l’origine de l’homme, la raison d’être de son existence matérielle, sa destinée, élève de Pasqually, il doit au moins traiter d e la Réintégration, de la Prévarication , les ouvrages de St Martin ne parlent pas d’autre chose, or je connais la théorie de Pasqually et de Willermoz dans la perfection ; mais en dehors de ce que j’ai vu dans St -Martin et qui s’accorde à l’unisson avec les doctrines de ses Maitres, je suis encore à me demander ce que le Ph... Inc... a bien pu avoir trouvé de son crû. Tu vois qu’il y a urgence de m’éclairer. Or je sais très bien que si j’étais à Paris, tu m’ouvrirais les battants de ta bibliothèque, mais que tu es trop paresseux pour te mettre à m’écrire ce que tu pourrai s me montrer et me démontrer en un quart d’heure ; mais voilà précisément où il faut voir une main providentielle : ce corps de doctrine doit être rédigé, il doit exister ailleurs que dans l’astral, il faut lui donner existence sur le plan sensible ou l’O n’est qu’un Château en Espagne. Tu vas donc te mettre à l’œuvre, ou bien, je la réaliserai pour toi, fais-moi copier tes Archives, ou confieles moi pour un temps, ou encore cèdes-les moi à ton prix, pourvu que mes moyens me le permettent. Si j’ai l’original, ou la copie certifiée conforme, je rétablirai cette doctrine, elle sera la base et le couronnement de ton œuvre de réalisation, elle sera l’âme du Martinisme et lui assurera la vie. Avoue avec moi que l’enthousiasme pour les choses occultes se refroi dit singulièrement, consulte à cet égard tes éditeurs, les bouquinistes, les libraires ; l’Occultisme a rempli sa haute mission, celle de réveiller l’Idéalisme en léthargie, en asphyxie, ce fut une grande protestation contre le Matérialisme , mais il n’a plus la vogue, c’est malheureusement trop clair, et d’ici à peu de temps nous serons peu nombreux ; où sera le Martinisme sans corps de doctrine, sans dogme, sans culte régulier. Il aura rejoint l’H. B. of L. et un grand nombre d’autres institutions de ce genre. La Maç elle sera toujours debout parce qu’elle a une philosophie, une doctrine, un dogme inaltérables. Donnons cela au Martinisme, c’est urgent. Mais il ne faut pas mêler des idées personnelles à celles du Ph... Inc... le code d’instruction doit être basé uniquement sur la mystique du Maitre et doit naturellement être divisée en 3 parties.
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Réponds-moi vite Tout à toi [signé] É. Blitz Dr Encausse à Paris Dans quels termes es-tu avec le ministère ? ? ? On remarque, dans cette dernière lettre, le changement de ton envers Papus et surtout l’emploi du tutoiement, jamais utilisé jusque là. Pendant le mois d’aout, Blitz rédigea un « Mémoire confidentiel » qu’il envoya le 27 à Papus. [471] O M ______ 1894 — Aout — 1901 __________ ~ Res non Verba ~
adressé au T P G M Prés du Sup Cons pour la France par son Souv Dél Gén et Prés du Gr Cons pour les États-Unis d’ Amérique _______________ Pentwater, Michigan ; E.U.d’A.
27aout1901 ================== 1894 - 1901 T P G M Le premier septenaire de l’ histoire de l’ Ordre Martiniste aux États-Unis d’ Amérique vient de s’ accomplir ! — La période de première enfance s’ est enfin heureusement écoulée malgré les nombreux accidents qui en ont marqué le cours ci et là. L’ enfant grâce à Dieu fut de force à résister vigoureusement aux divers assauts qu’ il eut à subir : il n’ en a pas trop souffert, et les plaies et les bosses que lui ont occasionnées ses chutes nombreuses n’ont guère laissé de traces profondes sur son petit corps gras et potelé. Il est enfin parvenu à l’ âge de raison, à ce moment de la vie où le caractère se façonne et où il faut le préparer sérieusement pour la mission que la Providence lui a réservée. Déjà les traits de sa physionomie s’ accentuent sous l’influence des passions innées dont les germes se réveillent et s’ amplifient. L’ avenir, ce miroir du passé, va réfléchir un à un tous les traits moraux qui s’ ébauchent aujourd’hui pour se fixer demain. C’ est l’ heure où il faut regarder l’ enfant bien en face, pour étudier les qualités et les imperfections de sa jeune âme, afin de développer les unes et d’ extirper ou redresser les autres. C’ est maintenant surtout que celui qui aime bien châtie bien, car l’ indulgence pour les faiblesses morales deviendrait bientôt une coupable complicité dans les malheurs et les funestes conséquences qu’ elles entrainent inévitablement. C’ est à la
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discipline sévère de l’ éducation qu’ il incombe de former l ’ être physique, moral et intellectuel et de l’ équiper pour la lutte dont nous voulons le voir sortir victorieux. Nous qui avons présidé à l’ introduction de l’ Ordre Martiniste aux États-Unis, qui avons suivi son premier développement avec une sollicitude toute paternelle, qui avons anxieusement veillé sur lui lors des phases dangereuses de sa frêle existence et qui, à force de soins, l’ avons sauvé maintes fois des dangers qui l’ entouraient, nous le contemplons aujourd’hui avec un juste sentiment d’ orgueil, mêlé toutefois d’ une certaine crainte, car nous trouvons dans l’ éclat de ses yeux une beauté fatale semblable à celle de ces enfants qu’ une affection constitutionnelle menace d’ une mort prématurée et imprévue... L’ Ordre porte dans son organisme une tâche originelle que nous n’ avons pas devinée au début, mais dont l’ existence se manifeste de jour en jour plus clairement. Nous ne voulons pas suivre d’un œil optimiste les progrès croissants d’ une affection dont nous pouvons, sans trop de sacrifices, entraver et peut-être même arrêter la marche. C’ est à nous deux, T P M , qu’ incombe la tâche difficile de porter un remède radical à cet état de choses qui ne peut qu’ empirer s’ il est abandonné à lui-même et d’ appliquer le cautère là où déjà se révèlent les symptômes non équivoques du mal, sans nous apitoyer inutilement sur l’ apparente cruauté d’ une opération dont la nécessité s’ impose. Qu’ il nous soit donc permis d’ étudier ensemble l’ histoire de notre adolescent : sa généalogie, sa personnalité propre, sa religion, sa mission, sa conduite, ses travaux, les droits et les devoirs de ses tuteurs, etc., etc. Et, de part et d’autre , n’ hésitons pas à mettre le doigt sur la plaie, ne craignons pas à porter le scalpel partout où il faudra retrancher de son organisme ce qui s’ oppose à l’ accomplissement intégral de ses fonctions naturelles, ce qui menace son existence, ce qui compromet son avenir....... Ce qui suit, ce sont les conclusions auxquelles nous ont conduit nos patientes études au sujet de l’ Ordre Martiniste ; elles sont aussi le résultat de la longue consultation tenue par nous avec nos associés du Grand Conseil pour les États-Unis d’ Amérique depuis l’ établissement de cette assemblée jusqu’ à la convocation régulière de juillet dernier — dont le présent Mémoire résume les travaux — ; elles sont encore la somme totale de nos recherches personnelles et le fruit de nos méditations ainsi que de notre expérience de vingt années passées au sein de sociétés secrètes. Nous les présentons donc, pleinement convaincus qu’ elles seront un guide certain pour le remaniement devenu indispensable de notre respectable institution, et nous osons croire qu’ elles seront aussitôt acceptées et mises à exécution afin de consolider l’ union entre les deux grandes légions martinistes, qui se partagent les deux hémisphères, sous un seul Chef, sous une seule autorité souveraine, pour le plus grand avantage de l’ Ordre en général et de ses Membres en particulier.
La Philosophie mystique développée dans l’œuvre de Louis-Claude de Saint-Martin, sous les auspices duquel notre Ordre se trouve placé, dérive d’ une manière irréfutable de la maçonnerie de Martines de Pasqually, fondateur du rite dit des « Élus Cohens », au sein duquel, vers 1768, le Philosophe Inconnu reçut la Lumière. Plus tard, après le départ de M. de Pasqually pour Saint Domingue, et lors de la dissolution rapide du Rite des Élus Cohens, Saint-Martin combattit publiquement les formes théurgiques dont le rituel était chargé pour ne s’ attacher qu’ à l’ enseignement purement mystique du Maitre. Il fut suivi dans ce mouvement (qui, d’ailleurs n’ avait rien d’ officiel) par les membres de la Loge « la Bienfaisance » à Lyon, dont il faisait partie et où l’on donna le nom de Martinisme à cette édition simplifiée et dépouillée de ses rites et formules magiques, des grades sacerdotaux de Pasqually. Les enseignements du théurge de Grenoble sur l’ Origine de l’ Homme, ses Droits primitifs, sa Prévarication et sa Réintégration finale furent condensées en deux Volumes d’ Instructions Secrètes qui, lors du Convent des Gaules, en 1778, furent confiées aux soins d’ un Collège
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Métropolitain placé sous l’ autorité immédiate du Directoire de la Stricte Observance Rectifiée, IIe Province, dite d’ Auvergne. Saint-Martin ne prit d’ailleurs aucune part à la rédaction de ces Instructions Secrètes, qu’ il ne connut qu’ en 1785. Ce Martinisme — ou plutôt ce Martinésisme réduit à de simples discours — dû 1° à la rapide désorganisation du rite des Élus Cohens ; 2° au mépris pour les formules magiques affecté par Saint-Martin et ses partisans ; 3°, mais surtout au désir de Jean-Baptiste Willermoz — alors Président du Chapitre des Élus Cohens, à Lyon — de préserver les instructions théoriques de ce rite qui allait bientôt s’ éteindre ; ce Martinisme, disons-nous, est le seul qui ait jamais existé, le seul auquel il soit fait allusion dans les ouvrages des historiens maçonniques de l’ époque qui, peut-être, et vu le mystère dont s’ entourait cette classe, ont pu la confondre avec la StricteObservance, (devenue après le Convent de Wilhemsbad, en 1782, le Régime Écossais Rectifié) sur laquelle elle fut greffée dès 1778 sans toutefois perdre ni son identité, ni son indépendance. Or il appert par le témoignage de membres de notre Grand Conseil dument et régulièrement affiliés à ce Martinésisme rectifié et à l’ Ordre Martiniste actuel, qu’ il n’ y a aucun rapport, même très éloigné, qui puisse relier ces deux institutions, rien qui puisse faire naitre le moindre soupçon d’ une origine commune, rien qui permette de retracer l’ Ordre Martiniste jusqu’ à Saint-Martin ou à son initiateur Martines de Pasqually. Il s’ ensuit qu’ il est impossible d’ affirmer de bonne foi que l’ Ordre Martiniste, tel que nous le pratiquons aujourd’hui , fut fondé par Martines de Pasqually, dont Saint-Martin, pas plus que Willermoz, ne fut le successeur légal. — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — ——————————————————————————————————————— ———————————————————— D’autre part , la filiation indiquée par le rénovateur principal de l’ Ordre Martiniste, Saint-Martin — Chaptal — Delaage, qui en auraient transmis oralement les principes fondamentaux et les symboles traditionnels, semble désigner une société tout autre que celle dont il est parlé plus haut : martinésisme rectifié. En effet, les noms des grades martinistes proviennent de sources authentiques, mais n’ ont aucun rapport avec les désignations attribuées aux divers degrés de la hiérarchie des Élus Cohens ou des Chevaliers Bienfaisants de la Cité Sainte. Le grade martiniste de Supérieur Inconnu est emprunté au rite de la Stricte Observance d’ avant le Congrès de Kohlo (près Sorau, Basse Lusace Prussienne) en 1772, époque à laquelle furent sacrifiés ces Supérieurs Inconnus, dont l’ existence, d’ailleurs , ne fut jamais constatée. — Le nom du grade martiniste Initié, appartient au régime des Philalèthes, auxquels, et malgré les pressantes invitations officielles et les vives instances de ses amis, M. de Saint-Martin ne s’ affilia jamais. — Enfin, le nom Associé se retrouve dans le rite des Philosophes Inconnus, système de maçonnerie hermétique fondé par le baron de Tschoudy et qui n’ eut qu’ une existence éphémère. Si maintenant nous examinons le symbolisme qu’ offre le martinisme moderne à la méditation de ses adeptes, en en exceptant les enseignements relatifs aux initiales S.I. et les exhortations au sujet du manteau, nous en trouverons l’ origine dans la Franc-Maçonnerie : ce sont ici les trois lumières de l’ Apprenti et les colonnes du Compagnon ; là, le masque du Noachite et le double triangle encerclé, ou sceau de Zorobabel, du Royal Arche. Enfin, si nous considérons, en passant, le système de diffusion de l’ Ordre Martiniste, nous constatons qu’ il est pris tout entier de l’Ordre des Illuminés de Weishaupt . En somme, l’ analyse superficielle de l’ Ordre martiniste, hiérarchie des grades, symbolisme et organisation extérieure ; est loin de présenter la moindre trace de l’ influence martiniste, ou martinésiste, et,
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malgré son caractère composite, on chercherait vainement au sein du Martinisme moderne la griffe du Maitre. L’ Ordre que nous pratiquons doit avoir une toute autre origine que celle qu’ on lui attribue. — En effet, bien des sociétés, calquées sur le modèle de la franc-maçonnerie, ont disparu sans laisser de traces dans les localités mêmes où elles florissaient jadis. Nous pouvons admettre que notre Ordre ait eu une telle genèse ; fondé à l’ époque du Convent maçonnique de 1782, alors que les délégués d ’ une multitude de régimes qui se disputaient la prééminence, se trouvaient réunis à Wilhemsbad. Quelques maçons enthousiastes, désireux de réunir en un seul système ce qui lui avait paru de plus haute valeur parmi la nomenclature des grades maçonniques dont on lui avait décrit les beautés, aura pris sur lui de ressusciter les Supérieurs Inconnus, dont il blâmait sans doute le rejet à Kohlo, et de leur donner pour méthode de recrutement le système des Illuminés de Bavière dont le baron de Knigge venait de révéler l’ existence à Wilhemsbad. Afin de compléter l’ Ordre, il y aura ajouté des noms de grades empruntés aux rites des Philosophes Inconnus et des Philalèthes de Savalette de Langes, reliant le tout au moyen d’ enseignements tirés du livre « Des Erreurs et de la Vérité » devenu en quelque sorte le vade-mecum de la maçonnerie mystique du XVIIIe siècle. Peut-être, mais ce n’ est encore qu’ une simple supposition de notre part, cet ordre mixte, très éclectique, a-t-il été pratiqué ou préconisé par Louis-Claude de Saint-Martin ; mais il est plus probable que, seul, le pseudonyme de ce mystique, correspondant au nom générique des adeptes de Tschoudy, et à celui d’ un autre grade des Philalèthes — d’ où certainement les fondateurs de l’ Ordre Martiniste ont puisé bien des instructions — a-t-il laissé supposer à Messieurs Chaptal, Delaage et Encausse, que l’ Ordre que nous pratiquons aujourd’hui est l’œuvre personnelle du Théosophe d’ Amboise. Celui-ci était donc d’ une imagination assez féconde pour élever son édifice sans devoir faire usage de matériaux de seconde main. La découverte de nouveaux documents historiques peut seule nous édifier sur l’ origine véritable de l’ Ordre Martiniste, pour le moment il ne faut pas songer à l’ attribuer à Pasqually, ou à Willermoz, ou à Saint-Martin ; et c’ est rendre la confusion qui règne à cet égard plus complète encore, si c’ est possible, que présenter des faits que des documents authentiques et des preuves irréfutables ne viennent pas appuyer. ORIGINE DE L’ ORDRE MARTINISTE (Version Officielle G C E U ) L’Ordre Martiniste est l’œuvre d’un (?) philosophe inconnu. D’après le nom des grades, tirés de rites maçonniques célèbres, l’Ordre parait avoir été établi vers la fin du XVIIIe siècle. Ne recherchant aucune affiliation avantageuse et ne daignant même pas se faire reconnaitre des puissances régulières, cet Ordre très couvert se tint dans l’ombre la plus épaisse : les historiens de l’époque n’en parlent pas ou le confondent avec d’autres institutions. D’ailleurs, initiant aussi les femmes, il ne pouvait avoir aucun rapport avec la Franc-Maçonnerie dont il est tout à fait indépendant. L’Ordre Martiniste est placé sous les auspices de Louis-Claude, marquis de Saint-Martin, non pas parce qu’on lui attribue la création de l’Ordre, mais parce que c’est lui qui a le mieux développé la doctrine secrète de l’Ordre, soit qu’il y fut initié lui-même, soit qu’il contribua à l’établir par ses écrits. ___________
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SA PERSONNALITÉ PROPRE.2 Comme Société Initiatique Andro-gyne, l’ Ordre Martiniste occupe une place unique parmi les Sociétés Secrètes. Il est donc appelé à rendre les plus grands services. Basé sur l’ égalité intellectuelle de l’ homme et de la femme, en principe du moins, l’ Ordre Martiniste pose la première pierre pour la réédification de ce Temple mystérieux occupé par l’ Adam Primitif ; il conduit au rétablissement de cette union spirituelle des deux parties de l’ Humanité qui, ainsi que la Tradition nous en informe, existait avant la Prévarication. Cependant l’ initiation de la femme dans l’ Ordre Martiniste n’ est jamais encouragée : les admissions sont très peu nombreuses. Dans l’ état actuel du développement de l’ esprit féminin, la femme est encore très fille d’ Ève, agissant le plus souvent sous le mobile de la curiosité ; c’ est donc avec la plus grande réserve et en s’ entourant des précautions nécessaires que la femme est admise à partager les travaux de l’ Ordre. L’ admission de la femme est donc possible, mais elle n’ est pas rendue obligatoire au sein des Loges ; elle est à l’heure présente l’ exception et non la règle, une faveur et non un droit. Quoique les principes de la charité la plus étendue soient inculqués à tous ses membres et l’ exercice de la bienfaisance chaudement recommandée, l’ Ordre Martiniste n’ est pas une société de secours mutuel ni une association philanthropique. C’ est une école où s’ étudie et se pratique l’ art de se connaitre soimême, de se former et se créer selon un divin idéal par le silence et la méditation. Réunis en séances, les frères se livrent aux travaux de l’Initiation et à la discussion de la doctrine exposée dans les œuvres de Louis-Claude de Saint-Martin dont l’ Ordre possède la clé. L’ Ordre Martiniste est donc un Centre pour l’ étude et la pratique du mysticisme chrétien par la voie
de l’ initiation. Il est ouvert à tous, cependant, sans distinction de sexe, de race, de nationalité, de religion, d’ opinion politique, pourvu que l’on soit de bonnes mœurs et bien recommandé. L’ ORDRE MARTINISTE (Version Officielle du G C E U ) L’Ordre Martiniste, par l’Initiation, prépare au mysticisme chrétien de Louis-Claude de SaintMartin. Il n’est ni société de bienfaisance, ni club politique, ni secte religieuse. — Il n’impose aucun dogme, ni croyance spéciale à ses membres et ne prétend en aucune façon se substituer à la Religion établie, à ses articles de foi, ses rites et cérémonies. L’Ordre Martiniste est ouvert à toute personne de bonnes mœurs et bien recommandée. __________ Il est donc inadmissible de faire figurer sur le plan des travaux martinistes l’ étude en commun des sciences occultes telles que l’ Astrologie, la Kabbale, l’ Alchimie, la Magie et même la Chiromancie, toutes absolument étrangères à la doctrine de celui sous les auspices duquel l’ Ordre est placé. Par l’ introduction de bjet ces éléments hétérogènes dans l’ Ordre, le Suprême Conseil de France s’ éloigne complètement de l ’o unique des tenues martinistes et met l’ Ordre au niveau des nombreux groupes privés où l’on se livre, sans
2 Ceci
correspond à une donnée historique, rien de plus, rien de moins. Ces raisonnements montrent à quel point la place de la
femme, encore de nos jours, mérite toute l’attention des sociétés initiatiques dans lesquelles nos sœurs ont été admises à l’ égal des frères : rien de plus et rien de moins q u’une totale égalité.
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but déterminé, aux expériences spiritualistes et autres. Le Grand Conseil de l’ Ordre aux États-Unis refuse de suivre le Suprême Conseil dans cette voie anti-martiniste. De plus, dans le Règlement Administratif des Loges régulières et des Délégations, publié par les soins du Suprême Conseil de l’ Ordre siégeant à Paris, nous lisons : (Page 7). « Tout associé candidat au grade d’initié devra connaitre les symboles, les enseignements, les adaptations et les mots de passe des grades maçonniques d’Apprenti, de Compagnon et de Maitre — avec étude particulière de la légende d’Hiram et de son origine. « Tout initié candidat au grade d’initiateur martiniste devra de même subir un examen portant sur les grades maç de Rose-Croix, de Royal-Arche, de Royal-Hache et de Kadosh. « L’examen sera subi dans une séance précédant l’initiation devant les trois officiers principaux de la Loge. Cet examen sera public pour les membres de la Loge. « Les Initiés libres pour être régulièrement affiliés à une loge devront subir les examens susdits. — » Et plus loin, pages 9 et 10 : « Tenue d’Associé » « Étude de la Maç symbolique et des grades d’App et Compagnon. Étude approfondie du grade de M et de la légende d’Hiram. »
« Tenue d’Initié » « Étude de la maç des Chapitres. — Étude approfondie du grade de R+ (18° Écoss.) INRI... » « Tenue de S I » « Étude de la Maç des Aréopages et de son symbolisme. — Étude approfondie des grades de Kadosh et du 32° Écoss. Les coups de canon Maç ............... » Voir aussi, page 20 ; l’ Art. Conduite vis-à-vis des F M (en France) », et le 6° de l’ art. « Décoration de la Loge », page 21. Nous nous demandons vainement de quelle puissance maçonnique régulière, le Suprême Conseil de France détient ses pouvoirs pour se croire autorisé à traiter ainsi publiquement, devant une assemblée mixte, des mystères d’ une société qui ne peut avoir aucun rapport régulier avec un ordre que son caractère rend essentiellement non-maçonnique. Non seulement le Suprême Conseil de France fait preuve d’ une ignorance déplorable des traditions de la Franc-Maçonnerie dont il prétend faire une étude approfondie ; non seulement il pèche gravement par absence complète de tact envers une institution dont il semble estimer les travaux ; mais encore le Suprême Conseil de France foule aux pieds les propres traditions de l’ Ordre qu’ il dirige et travaille d’ une manière directe à sa désorganisation en ruinant la considération et le respect dont il jouit dans le monde profane et en chassant de ses loges l’ élément sans contredit le plus utile au maintien de l’ Ordre Martiniste et à sa diffusion. En effet, il est certain que le Suprême Conseil de France ne possède aucune autorité en matière maçonnique ; les travaux de cette classe auxquels il pourrait se livrer sont donc absolument clandestins et il est formellement interdit à tout franc-maçon, sous peine d’ expulsion, d’ y participer par sa présence. Le
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Suprême Conseil de l’ Ordre met donc le Martinisme dans la nécessité de renvoyer tous ses membres affiliés à la Franc-Maçonnerie et de fermer ses portes à l’avenir à tout membre de cette Fraternité ou il les oblige à se parjurer en assistant clandestinement aux « études approfondies » du symbolisme, mots de passe, etc. dont ils ont promis, sur l’ honneur, de garder inviolablement le secret. Le Grand Conseil de l’ Ordre pour les États-Unis ne prétend pas imposer au Suprême Conseil de France l’ objet de ses travaux particuliers ; mais il ne peut consentir à reconnaitre une autorité qui, sous un prétexte quelconque, se mêle de choses qui lui sont étrangères, une autorité qui compromet l’ Ordre tout entier et le conduit, par la plus inconcevable légèreté, à une fin scandaleuse. Donc, tant que le « Règlement Administratif des Loges régulières et des Délégations » sera en vigueur le Grand Conseil d’ Amérique ne peut reconnaitre l’ autorité du Suprême Conseil de France, ni rester affilié avec lui, ni s’ associer, de fait ou d’ intention, à ses travaux, ni accueillir fraternellement les martinistes d’ Europe de passage aux États-Unis, ni entretenir de relations martinistes avec les frères placés sous sa juridiction et les membres de sociétés affiliées avec lui. TRAVAUX MARTINISTES (Version Officielle du G C E U ) En dehors des initiations les Martinistes, étant réunis en séances, se livrent à l’étude de la doctrine contenue dans les œuvres du Philosophe Inconnu. Ils peuvent aussi s’instruire des traités mystiques de Martinès de Pasqually, Swedenborg et Jacob Boehme ainsi que consulter leurs commentateurs et biographes. Tout autre sujet d’étude est formellement défendu en tenue Martiniste régulière. __________ ADMINISTRATION Si nous considérons maintenant les modes de recrutement des membres de l’ Ordre Martiniste, nous nous trouvons en face de complications bien inutiles, voire même dangereuses pour le bon fonctionnement de l’ Ordre. L’ Ordre comprend deux méthodes de diffusion : celle des Initiateurs libres et celle des loges. Dans la première, l’ Initiateur est laissé maitre absolu du choix des candidats, ce qui maintes fois, a donné lieu à des abus regrettables ; la personnalité des membres créés par ces Initiateurs libres reste anonyme et échappe presque toujours à l’ autorité centrale. En effet, chaque Initiateur possède son registre secret et doit suivre fidèlement les progrès de sa branche ; mais il arrive généralement que cette comptabilité soit si mal tenue qu’ il devient impossible de s’ y retrouver et, au bout d’ un laps de temps très court, l’ Initiateur perd toute trace de ses initiés libres ; ou bien les registres secrets communiqués au Grand Secrétaire sont si indéchiffrables qu’ on ne peut, sans commettre une foule d’ erreurs, dresser une liste même très sommaire des membres de l’ Ordre. Afin de donner une idée de l’ imperfection de ce système, disons que parmi le nombre considérable de martinistes créés d’après ce mode de diffusion deux morts seulement ont été reportés en sept années ! plusieurs sont partis pour le Klondike ou d’ autres régions sans donner avis de leur départ, on n’ a plus reçu de leurs nouvelles ; parmi eux se trouvent des Initiateurs libres, possesseurs de registres probablement perdus. — Ces initiés libres, ne connaissant de l’ Ordre que leurs Initiateurs respectifs se trouvent complètement isolés dès qu’ ils cessent, pour l’ une raison ou l’ autre, de communiquer avec ceux-ci. L’ Initiateur lui-même, s’ il se sépare de l’ Ordre entraine avec lui, et sans que l’ autorité supérieure puisse l’ en prévenir, la chaine entière dont il est l’ anneau initial.
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Ce Système de diffusion secrète peut être utile, et encore ! à une association de personnes poursuivant un but révolutionnaire antimoral ou antireligieux, mais il ne saurait convenir à une société de mystiques qui n’ a, pour unique objet, que le développement spirituel de ses membres ; l’ Ordre Martiniste n’ a pas à redouter les caprices des gouvernements, les persécutions des autorités religieuses, les perquisitions de la police ; il ne recherche pas davantage les âmes tièdes qui auraient à rougir de leur foi en la sublimité de la religion du Christ et de leur zèle dans l’ étude des auteurs mystiques. De plus, par la méthode d’ initiation libre, il devient impossible d’ imprimer à l’ Ordre une direction déterminée. Ainsi, loin de pouvoir resserrer les membres de l’ Ordre en un seul faisceau par le lien d’ une doctrine positive, l’ initiation libre permet au contraire, à chaque individu de choisir l’ interprétation qui lui convient le mieux, quitte à aboutir à des conclusions absurdes ou diamétralement opposées à la tradition martiniste, ainsi que nous en avons connu de tristes exemples. Le Martinisme ne s’ invente pas, et ce n’ est pas porter atteinte à la liberté de penser, que de limiter les adaptations du symbolisme de l’ Ordre à des interprétations précises qui soient toujours en consonance parfaite avec les enseignements du Maitre dont nous nous réclamons. L’ Initié libre ne jouit d’ aucun avantage matériel ou spirituel et il se retire bientôt de l’œuvre martiniste, car la simple communication de quelques symboles ne peut suffire à mettre l’ Homme de Désir sur la voie qu’ il cherche. — Ce système de diffusion par segmentation ne remplissant pas son but, et, par le système dont il est entouré, étant susceptible de faire naitre une injuste défiance sur les motifs de notre institution, le Grand Conseil de l’ Ordre pour les États-Unis d’ Amérique décide de le rendre, au moins à titre de tradition curieuse, à l’ Ordre des Illuminés de Bavière d’ où on l’ emprunta à une époque où toutes les sociétés secrètes étaient tenues en suspicion. — Enfin, par cette méthode d’ initiation libre, très dangereuse pour la divulgation de nos mystères et qui n’ a même pas sauvé de la dissolution complète, en 1786, l’ association qui, la première, en fit usage, il est littéralement impossible à l’ Ordre Martiniste de se rendre un compte exact, à un moment donné, de sa force numérique et du zèle de ses membres. Ce système est donc absolument incompatible à une bonne administration et il est unanimement rejeté de l’ Ordre, en Amérique. À partir de cette date, le Grand Conseil pour les États-Unis ne reconnait comme régulières (mais sans effet rétroactif) que les initiations cérémonielles des Loges et celles qui, par dispense spéciale pour chaque cas, sont conférées par communication. Les fonctions d’ Initiateurs libres, ainsi que l’ usage des noms mystiques et registres secrets sont abolis. L’ introduction récente des Inspecteurs Secrets dans l’ Ordre (voir le Règlement Administratif, pages 3133) est hautement condamnée par le Grand Conseil qui ne reconnait pas l’ espionnage comme faisant partie intégrante de la philosophie de Saint-Martin , et, afin de prévenir sur son territoire tout précédent d’ une action aussi déshonorante pour l’ Ordre, le Grand Conseil se voit contraint de formellement défendre à ses Loges et Groupes de recevoir les Inspecteurs Secrets en cette qualité, de leur rendre les honneurs prescrits et d’ honorer en aucune façon leurs titres de nomination, cartes ou chartes, quelle que soit l’ autorité dont les pièces émanent. INITIATIONS ; OFFICIERS SECRETS Version Officielle du G C E U ) Les initiations se font en tenue régulière des Loges. Dans les localités où il n’existe pas de loges, les initiateurs, par dispense spéciale pour chaque cas, pourront se faire par communication.
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Les initiés par communication appartiennent à la loge la plus proche de la localité où ils résident et sont soumis à ses Statuts et Règlements. Sont seuls reconnus Membres de l’Ordre en Amérique les initiés dont les noms, prénoms, profession et résidence figurent sur les registres du Grand Conseil. L’Ordre en Amérique n’a pas d’officiers secrets. ____________ DOCTRINE DE L’ ORDRE Tel que l’ Ordre Martiniste nous est connu, il nous serait difficile, sinon impossible d’ en définir la doctrine. La désignation de l’ Ordre et le nom qu’ il invoque en tête de ses documents portent à croire que ses enseignements secrets sont tirés de la mystique du Philosophe Inconnu ; mais la nature composite des travaux auxquels se livrent le Suprême Conseil de France, ses Loges et ses Délégations est propre à jeter le doute dans l’ esprit des membres de l’ Ordre. Tandis que la Franc-Maçonnerie et les sciences occultes sont les sujets d’ autant d’ études approfondies, le Martinisme de Saint-Martin semble n’ occuper qu’ une place bien modeste sur le tableau des travaux assignés aux Loges et Délégations. Mais en dehors de ces études étrangères à la philosophie dont nous prétendons nous occuper spécialement on se demande vainement ce que l’ Ordre nous révèle de cette philosophie martiniste, quelle en est la partie principale, quelle en est le canevas, de quel principe elle découle, à quelle vérité elle abouti, quelle en est la clé. Le Grand Conseil attend encore la version officielle de la doctrine martiniste, une déclaration de principes, une formule quelconque. Tandis que les Statuts, Règlements et autres pièces documentaires nous enseignent admirablement sur certains objets accessoires, nous ne possédons aucune information sur le but de l’ Ordre, aucune exposition, ésotérique ou exotérique, de la doctrine Martiniste. Malgré les promesses réitérées qui nous ont été faites, nous, représentant du Grand Maitre de l’ Ordre, n’ avons reçu de l’ autorité supérieure la moindre instruction spéciale, la moindre communication officielle capable de nous édifier sur l’ objet réel que la dite autorité supérieure peut avoir en vue au sujet de l’ Ordre qu’ elle gouverne. Il s’ ensuit que le travail de propagande ne peut s’ accomplir d’ une manière intelligente par les agents de l’ Ordre qui n’ ont d’ accès facile que près des personnes poussées par l’ attrait du mystère qui entoure la plupart des sociétés secrètes. Les personnes vraiment sérieuses et sincèrement désireuses de s’ instruire tiennent à connaitre le caractère et le but d’ une société avant de se décider à demander l’ initiation et à s’ engager solennellement à remplir d’ incertaines obligations. — C’ est en vain que nous avons présenté nos désidératas au Grand Maitre de l’ Ordre à ce sujet. Absorbé par de nombreuses occupations il ne lui a pas été permis de répondre à nos instances en préparant, à l’aide des documents originaux qu’ il possède, un corps de doctrine en harmonie avec les instructions du Philosophe Inconnu. Soit négligence de sa part, soit tout autre motif, nous attendons encore ce qui nous a été si souvent annoncé. Possesseur d’ archives martinistes de la plus grande valeur, le Grand Maitre ne s’ en est servi jusqu’à ce jour que pour publier des faits qui ne devraient être connus que des Membres de notre Ordre et nous profitons de ce Mémoire Confidentiel pour le supplier de réserver ce qui reste de ces précieuses archives à l’ u sage exclusif des ff . L’ Ordre Martiniste à l’heure actuelle végète, sans âme, sans but, sans utilité connue : il attend encore la parole vivifiante que nous avons promise à la foule impatiente de ses membres : la doctrine martiniste est donc encore à formuler, elle peut être résumée tout entière en quelques feuillets, elle serait la clé des œuvres obscures du Maitre, l’ Ordre en serait le dépositaire : il ne renait de ses cendres que pour remplir cette mission sacrée. . . . .
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Mais tout récemment nous avons reçu du Grand Maitre un encouragement auquel nous ne nous attendions plus : la copie d’ un Catalogue de Cahiers ayant appartenu à une Société d’ Initiés dont Paganucci, de Lyon, était le dépositaire, 1ère partie des Archives Willermoz. Ce premier apport ne nous apprend encore rien, la plupart de ces cahiers sont détruits et ceux qui restent sont peut-être étrangers à la philosophie de Louis-Claude de Saint-Martin. . . Attendons, la Providence seule sait ce que l’ avenir nous réserve en curieuses et bienfaisantes révélations ! Bien découragé de ne pouvoir apporter aujourd’hui au milieu de l’ Ordre la lumière que nous avons désirée, la lumière dont nous avons besoin pour mener à bien nos travaux, l’ avenir peut nous récompenser généreusement pour notre persévérance et notre foi. Si le Grand Maitre tient enfin ses promesses et nous met à même de contribuer d’ une manière intelligente au succès de l’œuvre, nous pourrons, nous l’ espérons, combler les grands vides que nous venons de constater dans la partie initiatique et doctrinale de l’ Ordre Martiniste et lui donner ainsi une nouvelle poussée. DOCTRINE MARTINISTE (Version Officielle du G C E U ) ................................................................. [11 lignes de pointillés] AVENIR DE L’ORDRE Après l’ analyse rapide de l’ Ordre Martiniste et la critique sévère de sa conduite, on se demandera sans doute ce qu’ il reste de cette institution. Peu de choses en apparences, beaucoup en réalité. L’ Ordre tout ancien qu’ il est, à ne considérer que la date de son premier établissement, est néanmoins très jeune encore. Formé, au début, par un groupe de personnes déjà initiées aux mystères de la Franc-Maçonnerie et du Mysticisme de cette époque de révolution sociale et de réaction intellectuelle, 1780 — 1800, l’ Ordre n’ avait guère besoin d’ une administration compliquée ; il s’ éteignit bientôt pour ne se manifester qu’ après une gestation d’ un siècle, sous l’ initiative hardie de jeunes mystiques, enthousiastes, animés d’ une noble ambition pour le triomphe de l’ Idée sur la Matière. Mais, inexpérimentés dans ce genre de travail, les rénovateurs de l’ Ordre au lieu de songer tout d’abord à reconstituer sa doctrine par des recherches lentes et laborieuses, portèrent leur attention sur le moyen d’ en compliquer l’ appareil par des emprunts faits ci et là parmi les ordres morts et oubliés. Sous l’ emprise d’ une imagination ardente de poètes — qu’ ils ont confondue avec l’ illumination réelle des prophètes et des grands réformateurs — , ils rêvèrent de rendre l’ Ordre Martiniste très mystérieux, partant très redoutable. On lui chercha des origines fabuleuses, on évoqua les ombres d’ Agents inconnus, de Supérieurs Inconnus, de Philosophes Inconnus, tous personnages traditionnels dans les fastes de l’ histoire des Sociétés Secrètes ! Et, des ténèbres épaisses, cachés sous des masques bien noirs, enveloppés dans des manteaux bien sombres, mais sans poignards (une canne à épée seulement), les rénovateurs de l’ Ordre Martiniste lancèrent d’ une voix caverneuse le défi au matérialisme fin de siècle. . . . . Ce fut le début, l’ heure de la confusion, l’ époque des tâtonnements, la période des légendes et des fables, l’ âge des Mahatmas du Tibet, etc., et si on semble persister encore, en France, dans cette voie enfantine, c’ est seulement par crainte de se démentir, par fausse honte, par respect humain. Mais en Amérique où cette fantasmagorie de la première heure est peu connue et où elle ne fut jamais prise au
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sérieux, dans ce pays où les manteaux sont de tulle, les masques de verre et les ténèbres de vapeurs claires et transparentes ; nous nous trouvons en face d’ une association de gens à convictions sincères, animés d’ une foi inébranlable dans les principes de l’ Idéalisme et profondément pénétrée du désir de faire rayonner autour d’ eux l’ action bienfaisante des doctrines spiritualistes ; nous sommes en présence d’ une armée nombreuse de travailleurs de l’ esprit, fatigués de l’ immobilité forcée et bien décidés à se mettre en mouvement. — Sorti de ses langes le Martinisme américain se reconnait force intellectuelle et attend avec impatience le moment de se manifester : l’ enfant a brisé ses jouets, il veut des armes ; ainsi que nous le disions au commencement de ce Mémoire, c’ est l’ âge de raison, l’ âge du travail pour lui. . . Mais si ce travail lui est refusé, si on le considère trop jeune encore pour penser et agir, si, enfin, on persiste à l’ amuser de contes de Fées au lieu de lui donner la nourriture spirituelle qu’ il réclame, l’ Ordre Martiniste aux États-Unis d’ Amérique, par respect pour la mémoire du marquis de Saint-Martin, se verra forcé de se séparer de la branche mère pour prendre racine sur un sol plus favorable à son développement. Libre de toutes entraves, le Martinisme ici, trouvera rapidement sa voie, découvrira vite son but, et saura bientôt quelle mission la Providence lui réserve. ______ Il est donc de toute importance d’ arriver le plus tôt possible à une entente parfaite avec l’ autorité supérieure. Puissante par les convictions sincères de ses membres et par le nombre considérable de ses adhérents, la branche américaine menace d’ entrainer le tronc qui lui a donné naissance ; toute la force vitale de l’ arbre parait se diriger vers un seul endroit et il est nécessaire que le tronc se réserve pour lui-même un peu de cette sève abondante et généreuse qui se porte au loin ou c’ en est fait de l’ arbre tout entier. Que l’ autorité supérieure daigne donc s’ entendre avec le Grand Conseil pour donner à l’ Ordre Martiniste une Constitution générale, un corps de Doctrine, un But unique, une seule Mission, une Organisation universelle. Que l’ Ordre soit établi sur la VÉRITÉ, sur la base vraiment inébranlable qui puisse enfin lui permettre de poursuivre son travail tranquillement sans craindre les disputes intérieures, sans se préoccuper des assauts plus ou moins meurtriers que l’ envie pourrait lui livrer. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ................................................................................. Ajoutons, pour terminer ce Mémoire déjà trop étendu que, par respect pour cette Vérité que nous invoquons, le Grand Conseil est prêt à rétracter tout ce qui serait démontré inexact dans ce Mémoire, par l’ étude attentive des Archives de l’ Ordre et des documents authentiques dont nous n’ avons pas encore pu prendre connaissance, mais dont la communication nous a été officiellement promise. Ce Mémoire pourrait donc être à refaire en entier ! En attendant que nous puissions consulter ces pièces et faire connaitre le résultat de ce travail, qui aurait dû être fait il y a plusieurs années, le Grand Conseil de l’ Ordre Martiniste pour les États-Unis d’ Amérique, les Iles Philippines, de Porto-Rico et de Hawaii, le Mexique et Cuba, la Chine et le Japon, déclare s’ en tenir aux termes du présent Mémoire et décidera de l’ action à prendre selon la réponse du Grand Maitre. L’ avenir de l’ Ordre Martiniste aux États-Unis d’ Amérique, etc. dépend donc exclusivement du caractère de cette réponse. Pentwater, Michigan, le 27 aout 1901. 7e Anniversaire de la 1ère Initiation Martiniste aux E. U. [signé] E Blitz Souv Dél Gén ______ Fin ______
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Papus reçut, sans doute, ce « Mémoire » vers le 15 septembre, sans réponse, Blitz envoya, vers le 20 octobre, un « mot à la hâte... », nous ne l’avons pas retrouvé, mais la Bibliothèque de Lyon conserve une lettre datée du 28 octobre. [407] Nevada, Missouri, le 28 8bre 1901 Mon Cher Docteur, Il y a huit jours que je t’ai envoyé un mot à la hâte pour te demander des nouvelles regardant l’avenir du Martinisme en Amérique. J’ai bien reçu une carte de notre cher ami Sédir m’annonçant la réce ption du Cahier, mais elle m’annonçait aussi le fait que la réunion du Sup. Cons. Devait avoir lieu avant qu’il pût être répondu à ma planche Martiniste ! ! ! Je ne vois pas ce que le Sup. Cons., puissance non reconnue (pour le moment) peut bien avoir à faire ici ! Nous n’avons fait qu’adresser un rapport Confidentiel au Grand Maitre de l’Ordre et c’est du Grand Maitre seul que nous attendons réponse ; c’est précisément à cause de la dangereuse position où le S. C. a placé le Martinisme que la difficulté est survenue : son Règlement a mis le comble au mécontentement de nos plus intelligents collaborateurs, mécontentement justifié par l’absence de toute instruction initiatique, soit administrative, venant du Quartier Général ; il est inutile d’appuyer davantage, les faits te sont connus. Or donc, toute décision du Sup. Cons. serait considérée non avenue à moins que cette Puissance ne consente à travailler avec nous dans le but d’établir l’Ordre sur une base moins fantais iste, de lui donner l’uniformité administrative et rituélique qui lui fait absolument défaut aujourd’hui et de donner aux différents Grands Conseils les mêmes sources d’instructions que le Sup. Cons. possède lui -même. À ces conditions nous suspendrions les.... hostilités dont, jusqu’à ce jour, nous avons caché la nouvelle, et nous serions enchantés d’apprendre que telle action a été prise à Paris. Encore, Cher Docteur, ne faudrait -il point que cela nous fût présenté à l’état de promesse ; il nous est devenu impossible d’y ajouter foi : il faudrait se mettre à l’œuvre immédiatement ! Mon excellent ami, permets-moi de te parler mystiquement, la parabole est claire, tu comprendras tout de suite : J’ai trouvé un portefeuille bourré de billets de banque. J’ai vainement regardé autour de moi pour en trouver le propriétaire... mais la place était déserte. Je publiai généreusement le fait de ma trouvaille dans les journaux de la localité et dans maintes feuilles étrangères... mais mes annonces restèrent sans réponse. J’attends un an, deux ans, trois ans, mais nulle personne ne vient réclamer le portefeuille que je ne me lassai pas d’annoncer. Je me décidai alors de faire de cette fortune tombée du ciel, le meilleur emploi possible : j’élevai une institution utile , je la fis connaitre , j’en fis profiter bien des gens et le succès s’attacha à toutes mes démarches... Depuis longtemps je ne songeai plus au possesseur du portefeuille, lorsqu’un jour il parut devant moi, me donna la description fidèle de l’objet et de s on contenu. La probité me forçait à lui rendre la somme dont je décrivis l’emploi et j’étais tout disposé à restituer ce dont je m’étais servi avec avantage pour
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moi-même et mes concitoyens. Mais le propriétaire du portefeuille me dit : « Non, gardez-le, je vous en prie, je suis assez riche pour ne pas souffrir de la perte de cette somme, et l’emploi que vous en avez fait est si utile, comble une telle lacune, que je vous autorise, si vous le voulez bien, à continuer dans la même voie : travaillez dans la direction choisie, elle est différente de la mienne, mais elle conduit au même but et rassemble des personnes qui nous sont inaccessibles et que nous ne pouvons secourir. Gardez l’argent, c’est le vôtre. » Me voilà dans l’alternative de garder l’argent o u de le rendre ; Mr de la Palisse ne dirait pas mieux. Mais je n’hésiterai pas à rendre plutôt que de faire servir la somme à un usage qui ne serait pas digne de la générosité du donateur, je n’accepterai aucun autre arrangement. Faisons bien, nous le pouv ons sans peine, un peu de tact et de sincérité suffira ; il faut prendre le la quelque part, prenons-le du diapason normal et mettons notre orchestre d’accord sans plus s’écorcher les oreilles en jouant tous à la fois des airs différents sur tous les tons de la gamme chromatique ! C’est la dernière épitre, Cher Docteur, si le 28 nov. 1901 je n’ai pas reçu la réponse désirée, je rends l’argent, portefeuille et tout. Nous n’en resterons pas moins bons amis, nous n’allons pas nous entredéchirer, nous mordre, nous disséquer mutuellement ; tu resteras toujours pour moi le restaurateur de l’Occultisme Scientifique, le père de la méthode analogique, l’auteur de la Physiologie Synthétique et de l’Anatomie Philosophique, un savant hors lignes ; mais un détestable organisateur, une tête des plus légères, qui, n’ayant nulle mémoire, ne devrait jamais se permettre les promesses qu’elle est incapable de tenir, j’ajouterai à cela, homme de cœur et d’intelligence et artiste jusqu’au bout des doigts. Voilà quelle se ra ton épitaphe, docteur, si toi et ton Sup. Cons. ne m’aviez pas donné raison le 28 Nov. Ou avant. Si le courrier est en retard, tant pis pour le M , le 28 Nov. je t’enverrai ma démission et elle sera irrévocable, je n’y reviendrai pas d’autant plus que cela m’épargnera beaucoup de temps, d’ennui et d’argent à l’avenir. Ton dévoué [signé ] É. Blitz Dr Papus Paris. Le lendemain de la date de son « ultimatum », Blitz écrivit à Papus : [181]
Mon Cher Docteur, J’ai bien reçu ta lettre du 5 ct., à mon retour de voyage, et, puisque tu me demandes mon avis, comme ami , je veux bien te le donner avant de t’envoyer ma démission comme je te l’ai annoncé il y a un mois. Tu me parles du Suprême Conseil, de son autorité, de son prestige, etc. Eh ! que veux-tu que nous nous en soucions ? Qu’a-t-il fait pour nous, ce Suprême Conseil, quelles instructions nous a-t-il fait parvenir, à quels travaux nous a-t-il conviés, quel souci a-t-il eu de connaitre notre avis, celui de la branche américaine, de la plus considérable portion de l’Ordre, dans la composition de son fameux Règlement pour les délégations ? ? ? Ce que le Suprême Conseil a fait, c’est de nous mettre dans de mauvais draps en faisant des Martinistes une association de maçons clandestins, une société de spirites, ou toute autre chose qu’un ordre le Mystique Chrétien. Le Martinisme de ce Règlement ne tient pas debout et je ne sais comment une intelligence comme la tienne a pu un moment donner son assentiment à une pareille ineptie ! Tu parles de dissoudre l’Ordre pour le reconstituer : c’est le meilleur pas à faire et pourtant je ne te le conseille pas. La marque, le sceau, le titre déposés, ne peuvent pas se défendre devant les Tribunaux pour plusieurs raisons : 1) pa rce que l’Ordre Martiniste n’est pas tout à fait une boutique , un syndicat pour l’exploitation d’un produit commercial ; prétendre cela c’est assimiler les pantacles sacrés à une marque de fabrique quelconque. 2) parce qu’ en défendant le titre, le sceau, etc. tu te fais passer pour l’INVENTEUR du rite et alors il ne faut plus appeler l’Ordre « ORDRE MARTINISTE », mais « ORDRE PAPUSIANISTE ». 3) Parce qu’en trainant cette affaire devant les tribunaux tu causerais un scandale qui ne profiterait à personne et serait surtout néfaste à toi-même qui n’es pas en odeur de sainteté au Grand Orient, à Mizraïm, ni au Suprême Conseil du Rite Écossais. 5) Parce
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que le sceau Martiniste se trouve dans les œuvres de Law et que la loi n’admettra jamais qu’on dépose ce qui ap partient au domaine public depuis plus d’un siècle. 6) parce que, enfin, si une branche indépendante devait se former ici ou ailleurs on ne prendrait pas un titre qui pourrait évoquer le souvenir du Règlement administratif ni les irrégularités qui ont été la cause immédiate d’une rupture. Donc tout ce que le Suprême Conseil pourrait faire en vue de nous nuire serait plutôt avantageux que nuisible, certainement on ne se laisserait pas arrêter un instant par cette considération et nos motifs de mécontentement sont assez bien fondés pour faire triompher la cause partout ou l’on pourrait susciter des difficultés. Il nous importe peu ce que pourrait faire le Suprême Conseil, pour nous c’est comme s’il n’existait pas. Mais si tu veux mon avis, en ami, et bien sans attendre un jour de plus, que le Suprême Conseil fasse ce que nous lui demandons : qu’il se soumette sans restriction ; mais s’il préfère son autorité (qui du reste n’est pas reconnue) au bien de l’Ordre, tant pis pour lui. On nous a tant be rné de promesses depuis si longtemps que nous ne voulons plus nous en contenter ; si l’on tient à nous garder dans l’Ordre, qu’on tienne ses promesses, et ce, par retour du courrier, car nous avons assez temporisé et je ne suis pas le seul ici à conduire cette affaire. Tu m’as donné carte blanche, c’est très bien, et ici je puis organiser l’Ordre à ma façon, mais comme délégation nous sommes compris dans celles dont il est fait mention dans le Règlement Administratif et nous ne pouvons en aucune façon reconnaitre l’autorité d’un groupe de Martinistes qui sont classés parmi les maçons clandestins, ni même porter le nom de « Martiniste » que les pratiques du Suprême Conseil ont couvert de ridicule pour dire le moins. Mais si l’on veut suivre mon avis, on peu t encore reprendre la vie d’autrefois 1) en biffant du Règlement toute allusion à la Franc -Maçonnerie, et en prohibant sévèrement toute dissertation en loge sur ce sujet, 2) en nous donnant voix délibérante au Suprême Conseil ou le Grand Conseil de ce pays sera représenté pas nos députés, 3) en établissant une correspondance régulière avec nous afin de nous tenir au courant du mouvement Martiniste en France et ailleurs, 4) en nous édifiant COMPLÈTEMENT au sujet de la doctrine de l’Ordre, soit par des instru ctions, soit par la communication de travaux originaux, publiés ou inédits, etc., etc., etc. Mais le genre d’autorité que semble souhaiter le Suprême Conseil est pure question d’amour -propre, il veut la gloire, l’honneur, quant au reste il ne s’en soucie guère. Nous entendons l’autorité autrement et ne la considérons qu’en raison directe des services qu’elle rend. Nous ne voulons pas de l’honorariat. Si donc c’est là ce que désire le Suprême Conseil de France, il n’y a pas de remède possible et son autorité ne fera jamais que faire sourire. Le premier janvier 1902 au plus tard, il y aura un grand changement de fait au sein du Martinisme, c’est à toi de décider dans quel sens tu veux le changement, si tu veux que tout reste uni, décide ton Suprême Conseil à écouter ceux qui savent et qui ont plus à cœur qu’eux -mêmes le bien de l’Ordre : il nous faut SATISFACTION COMPLÈTE, sans restriction aucune, nous ne pouvons plus temporiser et ne voulons plus échanger des opinions pour le roi de Prusse, si tu ne réussis pas à leur faire entendre raison, fais comme moi donnes ta démission et viens chez nous ! ! ! mais comme Grand Maitre tu as quelque autorité aussi et tu parviendras à raccommoder les choses, si non, nous volerons de nos propres ailes ; ou bien le Martinisme sera dissout ici, les rituels qui nous appartiennent seront détruits ainsi que toute la paperasse du Secrétariat, les registres secrets indéchiffrables seront inutiles à nos successeurs et tout le travail de sept années sera à recommencer avec l’avantage d’une mauvaise réputation, du ridicule et de l’hostilité puissante des autorités maçonniques ici qui ne sont pas tendres. Vois dans quel état l’entêtement de quelques écervelés de ton Suprême Conseil va mettre ton Ordre ! crois-moi, évites cela à tout prix, tu le peux encore, mais à condition de nous accorder ce que nous demandons et à réaliser les promesses sans plus de retard, car c’est la toute dernière limite, je ne puis plus retenir la meute. Sois bien inspiré et hâte-toi. Toujours à toi [signé] É. Blitz
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On constate, évidemment, que Blitz était inquiet de l’avenir de l’Ordre Martinite en Amérique, après l’envoi de son « Mémoire », il envoya encore une lettre en France dont le destinataire nous est inconnu, peut être Sédir (?). [96]
Mon très cher Maitre, J’ignore si vous faites encore partie de l’Ordre Martiniste, je me plais à le croire, car c’est une institution appelée à rendre des services si elle est conduite de bonne manière. Je n’étais pas tout à fait satisfait de l’administration de ce système, il y a déjà assez longtemps et je fis part au Grand Maitre de nos désidératas. Celui-ci, confiant en mon zèle pour l’institution, m’octroya les pouvoirs les plus étendus, ce dont je lui fus très reconnaissant quoique je lui fis remarquer qu’en agissant ainsi je n’exposais à rompre l’uniformité du Rite ; je lui demandai donc de formuler un corps de doctrine Martiniste qui puisse être accepté universellement, ou bien de m’envoyer les documents nécessaires afin d’établir moi -même cette doctrine que je lui soumettrais avant de la rendre officielle. Cela me fut promis avec bien d’autres choses encore, mais sauf quelques envois de documents insignifiants et ne se rapportant nullement au Martinisme, je ne reçus rien de vraiment utile. Lorsque, pour comble de malheur, parut un règlement administratif à l’usage des Loges et des délégations qu’il nous est littéralement impossible d’observer : l’ordre devenait tout simplement une association de maçons clandestins, se livrant, devant des femmes et des profanes à l’analyse des mystères de la Franc Maçonnerie et même, m’a-t-on assuré, à des initiations maç irrégulières. Comme l’ordre se compose ici en majeure partie de francs-maçons et que la nature de nos obligations nous interdit tout commerce avec des maçons clandestins, ou des personnes s’arrogeant le droit de discuter publiquement le symbolisme que nous avons juré de garder inviolablement secret, je trouvais indispensable, pour sauver l’ordre d’une dissolution immédiate, de suspendre tout rapport avec le Sup. Cons., autorité responsable pour ce règlement et corps administr atif où nous n’avons pas de représentation quoique la Branche américaine soit plus considérable que le tronc même. Or la suite des longues délibérations du Grand Conseil des E. U. au mois de juillet passé, il fut décidé d’adresser un mémoire Confidentiel au Grand Maitre ; pour le mettre au courant de la situation. Le Dr Papus a, parait-il, jugé nécessaire de donner connaissance de ce long travail au Suprême Cons. qui, selon le Docteur, ne veut pas consentir à annuler son règlement et à purger ses rites et cérémonies des allusions pseudomaçonniques et des travaux d’exégèse maçonnique ; il se refuse à tout ce que nous demandons au Grand Maitre , et une rupture est à la veille de s’opérer. Or, mon très cher Maitre, je suis essentiellement partisan de la paix et je viens vous demander de faire tout votre possible pour prévenir une scission dans l’Ordre, car ce serait déplorable pour l’institution surtout en France. Faut-il que je vous avoue que les Martinistes Américains continueront leur œuvre, malgré ce Sup Conseil et se déclareront non seulement indépendants, mais prétendront, au contraire, exercer la juridiction partout où les Martinistes, loges et délégations lui demanderont de s’établir et reconnaitront l’autorité du Grand Conseil Américain. Totalement réorganisé, appuyé par des documents absolument authentiques issus par des puissances régulièrement constituées depuis 1778 et s’étant perpétués sans interruption à travers le temps et les évènements , fort de l’appui des puissances invisibles autant que visibles, l’Ordre Martiniste Américain aurait bien vite raison des difficultés que pourrait lui créer le Suprême Cons. de France qui parait plus tenir à son prestige, qui de reste n’est pas en jeu, qu’au bien de l’Ordre. En résumé, une scission serait cer tainement néfaste à l’Ordre, partout où il est placé sous la juridiction du Suprême Cons. de France et je vous avoue que, vu les liens d’amitié qui me lient à Papus, je préfèrerais de beaucoup que cette rupture se fasse sous un autre délégué. Cependant mes frères Martinistes Maçons, connaissant mes attaches directes avec le seul Martinisme qui ai jamais existé, avec les rites maçonniques divers qui m’ont élevé à leurs plus hauts grades et nommé leurs représentants et leur envoyé extraordinaire,
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chargé de pouvoirs, etc. me forcent à les guider ; d’autre part, les instructions d’ordre supérieur que j’ai reçues m’obligent à faire mon devoir en dépit même des liens de sincère amitié et de dévouement qui me lient à Papus auquel pour rien au monde je ne voudrais faire de tort. Voilà pourquoi je vous prie, très cher Maitre, de voir Papus immédiatement, sans aucun retard, car si nous n’obtenons pas satisfaction complète le 30 décembre, le Nouvel An verra s’accomplir un grand changement au sein du Martinisme ! Combien il serait préférable pour le Sup. Cons. d’abandonner son entêtement qui peut lui couter la vie. Usez donc de votre influence, cher Maitre, pour éviter ce conflit et tâchons, par tous les moyens possibles, de maintenir la paix au sein d’une association qui n’a déjà que trop d’ennemis et que sa présente administration rend bien faible. Et si vous ne faites plus partie du Sup. Cons. daignez tout de même faire entendre une parole conciliaire. Nous avons travaillé bien dur pendant 7 ans sans le moindre appui de ce Sup. Cons. Nous avons souvent demandé et on nous a toujours promis... Mais nos demandes sont restées comme le « Mémoire », sans réponse. Aujourd’hui, nous exigeons, et si, cette fois, nous n’obtenons rien c’est que le Martinisme de France n’a rien à nous donner ; nous ne nous adressons donc plus à lui, mais à ceux qui possèdent, à ceux qui ne cherchent pas seulement de vains titres et des honneurs, mais veulent instruire et savent conduire, et ce sera justice. Dans l’espoir de vous lire bientôt et d’apprendre que votre mission d’ambassadeur du Gr. Cons Amér. s’est favorablement terminée, je reste Votre très dévoué [lettre non signée]
Au début janvier, Blitz répondit à une lettre de Sédir. [249]
Monsieur Paul Sédir — Paris. Mon T C F , Votre lettre du 22 Xbre [décembre] 1901, m’a causé un profond étonnement, et, comme Bartholo, je me demande : « Qui trompe-t-on ici ? » Vous m’écrivez : « Comment prouverai-je que vous avez raison ? » La question même prouve que vous n’avez pas eu connaissance du Rapport dont vous m’accusie z réception le 18 aout dernier ; car, dans ce cas, il vous serait facile de me donner ou raison, ou tort, selon votre appréciation de mes arguments. Ce qui me prouve encore que vous n’avez pas été mis à même de prendre connaissance du Mémoire adressé à Papus c’est que vous m’accusez du crime (?) que précisément je ne veux pas commettre : « d’ici on ne voit qu’une chose — écrivez-vous — c’est votre tendance à donner au Martinisme une teinte maçonnique que. » Or, mon Cher Frère, vous êtes bien mal renseigné ; c’est moi, au contraire, qui ne veux pas être complice de la transformation du Martinisme en une Maçonnerie clandestine ! Un autre membre du Sup. Cons m’écrit à peu près comme vous : « Je ne connais pas vos raisons, Papus ne nous a rien communiqué de ce Mémoire dont je ne soupçonnais même pas l’existence. » Il y a ici un malentendu sério-comique : nous jouons aux deux sourds et notre conversation doit être divertissante pour la galerie. Il est vrai que ce Mémoire était CONFIDENTIEL, il était adressé au Grand Maitre particulièrement ; mais pourquoi, s’il n’a été communiqué à personne, Papus m’écrit -il deux mois après la réception du Cahier (20 octobre) : « A la suite de la communication du Mémoire de nos f des États-Unis, il y a eu un vif mouvement de protestation au sein du Sup. Cons (! ?). Si je laisse aller les choses tout sera rompu et le Sup. Cons (?) repoussant toutes les propositions des États-Unis mettra toutes les formations en sommeil pour en reconstituer de nouvelles, seules autorisées à user du titre et du cachet Martiniste, déposés pour tous pays. (sic) Voilà pourquoi je temporise, quoique je ne vois pas bien comment j’éviterai cette rupture, etc. »
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Or d’après vos lettres, ce n’est pas vous, non plus que mon autre correspondant du Sup. Cons qui vous êtes livrés à ce vif mouvement de protestation dont le Maitre m’apprend la nouvelle... et pour cause ! Donc le Sup. Cons. dont vous faites partie n’est pas celui dont parle Papus. Il y a donc 3 conseils suprêmes à Paris : l’un qui se livre à de vifs mouvements de protestation, l’autre qui ne sait pas de quoi il en retourne ; l’un qui remue, et l’autre qui ne va guère. Je n’ai pas demandé à Papus de communiquer le Mémoire, mais d’après l’extrait ci -dessus, vous convi endrez que j’ai pu croire un instant que l’on avait lu et discuté la tartine devant le Suprême Conseil au grand complet, d’autant plus qu’il ne fallait pas deux longs mois pour le convoquer pour une affaire aussi urgente. Donc, je répète, à moins que votre collègue du Sup. Cons et vous ne vous soyez entendus pour me mystifier, il y a deux Sup. Cons à Paris, ou Papus s’est joliment moqué de moi dans sa lettre du 30 octobre. « Quant aux autorités supérieures, pour que nous leur obéissions : il faudrait qu’on les connaisse : moi, je n’en ai jamais entendu parler. » Que vous êtes heureux ! ... Cependant d’après l’ami Papus, vous les connaissez sur le pied de l’intimité la plus complète, vous, le Dr Rozier et Marc Haven. Pourquoi le nier ? ? ? . . . Parce que vous croyez, à tort ou à raison, que j’invente ces autorités pour les besoins de la cause ? Fort bien , j’approuve votre prudence ; mais alors, pourquoi veut-on absolument que je leur obéisse, moi, à ces autorités supérieures que l’on invoque sans cesse à Paris et qui font une si jolie bouillabaisse de l’O M ? ? ? Mais tranquillisez-vous, mon Cher Frère, mes autorités supérieures se montrent et parlent, et le jour où vous voudrez en savoir plus long, j’essaierai de vous satisfaire. Enfin, je vous dirai pour finir, que depuis 1896 ou 97 j’ai prié, supplié Papus de ne pas compromettre l’Ordre tout entier en faisant une maç clandestine ; je l’ai prié, supplié, de nous envoyer quelque instruction pour mes Membres afin de les retenir au centre et de leur prouver, par l’intérêt qu’on nous témoignait en haut lieu que l’O M existait bel et bien à Paris, patrie des Palladiums Régénérés et des Rites Isiaques et Lucifériens ; afin surtout de donner l’O une doctrine traditionnelle basée sur l es Archives de l’O , Archives dont on a beaucoup parlé, mais qui n’ont été, jusqu’ici, d’aucune utilité à l’O M ; ce qui en a été publié est simplement MAÇONNIQUE. On a tout promis, envoi d’instructions, copie des Archives, Grades nouveaux, etc., etc., mais rien de tout cela n’a été réalisé. Enfin, nous sommes arrivés à conclure que l’O M en France était une mystification ; que ce Sup. Cons. qui se livre à de vifs mouvements de protestation ne fonctionne que dans l’astral, mais que s’il existe réellement, pour nous, qui ne recevons aucune instruction de lui, qui n’y avons nulle représentation, c’est comme s’il n’existait pas, et, fatigués du rôle de quantité négligeable nous avons décidé de vivre désormais de notre vie propre. Pour ma part, j’espère que mes Initiés décideront d’abandonner ce nouvel Ordre Taxilien pour me laisser m’occuper de choses plus sérieuses . Si, au contraire, ils veulent donner à l’O une base solide, je suis à même de les satisfaire, mes « documents providentiels » seront alors ut ilisés. Le résultat de l’affaire me laisse froid. Je ne regrette qu’une seule chose, c’est, je le crains, de voir cesser des rapports que j’appréciais hautement avec des personnes que j’estimais pour leur grand savoir et leur parfaite courtoisie. Cependant dans toute cette affaire, je n’ai cherché que le bien de l’O , pour ceux qui savent, j’ai mis assez de patience, de bonne volonté et d’esprit de conciliation pour être excusé dans ma détermination qui est celle de mes confrères. À tout il faut une limit e, j’en ai averti Papus, il y a longtemps déjà : une attente patiente de près de six années est suffisante. Votre dévoué [signé] É. Blitz En janvier 1902, Blitz envoya encore une lettre à Papus. [283]
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Mon Cher Docteur, Je t’envoie par la présente copie de la lettre de Convocation envoyée à nos délégués de cette juridiction, pour la Réunion Générale de l’Ordre qui se tiendra cet été, dans une ville du centre. Tu verras par cette circulaire que toute question personnelle est rigoureusement écartée, et comme je tiens essentiellement à donner aux débats une impartialité absolue, je te soumets à l’avance les griefs qui seront exposés. Je te conseille de te faire représenter par un membre de l’Ordre appartenant à cette juridiction, à la condition, bien entendu, de laisser toute question personnelle dehors et de ne pas contribuer à faire glisser le débat sur une question étrangère au fond de la question, qui est celle-ci : Le Martinisme est-il, oui ou non, un rite maçonnique reconnu ; si non, de quel droit le Sup. Cons se permet- il de se livrer publiquement à l’étude approfondie des mystères Maç ? Voilà tout le sujet du débat ; on n’entrera dans aucune autre discussion. On ne parlera de Papus qu’en sa qualité de P S C . Si tu consens à te faire représenter, fais-moi connaitre ton représentant que je puisse lui remettre son passeport, ou carte d’admission. Si tu ne connais personne, fai s-moi parvenir ton rapport (en anglais) et j’aurai soin de le remettre à un M intelligent, impartial, non maçon qui prendra le parti du S. C. avec une parfaite impartialité. Dans un prochain avis, je te ferai connaitre la date précise et la ville où se tiendra la Réunion, et ne négligerai rien pour que tu sois mis au courant de ce qui se fera à c e Congrès. Toujours à toi, [signé] É. Blitz Dr Gérard Encausse — Paris. (Voir en « Notes » la copie, en anglais, de la Convocation signalée dans la précédente lettre.) Enfin une dernière lettre à Papus, malheureusement il manque les deux premières pages, il est donc impossible de dater ce document, mais, comme on va le constater, le contexte nous indique qu’il fut envoyé après le « Mémoire ». [415] ... dans mes réformes, par les autres branches martinistes : à quoi bon donner une forme différente dans chaque pays ou localité, à une même chose ? Et c’est seulement lorsque j’aurai la promesse de l’autorité supérieure que la Constitution générale, ex térieure de l’Ordre, sera (après libre discussion) acceptée pour le monde entier, que nous commencerons a travailler. Vois-tu, ce qui fait entre nous le malentendu est ceci : « L’O. M., dis-tu, ne tient qu’à l’Invisible. » Est-ce à dire que l’organisation visible ne signifie rien ? Soit, mais alors, pourquoi publier des Règlements Administratifs ? Pourquoi avoir des Loges ? Pourquoi les rites et cérémonies ? ? Mon idée (prend la pour ce qu’elle vaut) est celle-ci : L’O.M. est une société dont le but est de conduire à l’Illuminisme. Il est donc double : Intérieur, Extérieur. Le Cercle Extérieur est celui où se recrutent les Élus du Cercle Intérieur. Ce dernier Cercle est soumis à l’action des Invisibles en tant que doctr ine Spirituelle ; mais, pour le travail physique d’administration, etc., tout comme le Cercle Extérieur, il est soumis à une organisation positive. Comme Illuminés les Membres du Cercle Intérieur, du Second Temple sont soumis à leurs Guides respectifs et ne relèvent d’aucune autre autorité ; mais comme Martinistes ils se plient à l’organisation générale, à la Constitution de l’Ordre.
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Donc 2 parties : une partie Spirituelle particulière, une partie matérielle — intellectuelle générale. C’est de cette derni ère seulement que j’entends parler. Il va sans dire que nul ne peut prétendre à imposer des lois aux Supérieurs Invisibles, mais il ne faut pas pour cela livrer l’O. M. aux caprices des fabricants de Règlements Administratifs de Paris ou de Pontoise. Le lien tenu entre le Sup. Cons. et nous sera un câble solide s’il veut apprendre à se mêler de ce qui le regarde et veut bien retirer son doigt de l’écorce maç. Avec le Sup. Cons. du Règlement Administratif qui permet et ne permet pas puis permet tout de même sans permettre, nous ne pouvons rien avoir à faire. Nous reconnaitrons le Grand Maitre et nous inclinerons devant son autorité ; mais là doit s’arrêter le lien. Pour le moment le Sup. Cons. n’existe pas pour nous ; on ne peut le prendre en considération. Au fait s’il nous est donné la mission de dresser une Constitution de l’Ordre, il n’y aurait plus de Suprême Conseil, mais un Tribunal Souverain composé du Souverain Grand Maitre ad vitam et des Souverains Délégués Généraux (ou Grands Maitres) pour la France et les Colonies, Égypte, Italie, Espagne, Grèce, Turquie, l’Angleterre et les Colonies, l’Amérique, Chine, Japon, Mexique, Cuba, Porto-Rico, Phillippines, et Hawaï, l’Allemagne, Russie et les Colonies. Tous ces Grands Maitres présideraient leurs Grands Conseils respectifs, ou ces Grands Conseils pourraient être appelés Suprême Conseils si cela leur ferait plaisir ; mais TOUS seraient soumis à une seule Constitution inaltérable. Ces Grands Maitres auraient des départements comme suit : Département de la Méditerranée France, Belgique, etc. « ’ « ’ « ’ de l’Atlantique Angleterre, etc. « ’ « ’ « ’ du Pacifique Amérique, etc. « ’ « ’ « ’ de la Baltique Allemagne, Hollande, Russie, etc. « ’ « ’ « ’ de l’Océan Indien Australie « « ’ « ’ « ’ « ’ ? ? ? En tout six grandes divisions présidées par le Souverain Grand Maitre et dont les représentants formeraient le suprême pouvoir. Tout acte d’importance générale devrait porter les 7 signatures. Chacun dans sa Province serait indépendant pourvu qu’il ne s’écarte pas des termes de la Constitution et ne fasse rien qui porte atteinte à l’uniformité du travail tant scientifique que ritualistique. Uniformité des Signes, mots de passe, de rites et de cérémonies ; etc., etc., etc. Il y a là un grand et beau travail à faire, surtout pour ce qui concerne les travaux des Loges . Mais nous parlerons de tout cela après ta réponse. Sache que nous ne rendons pas Papus responsable des actes du Sup. Cons. de Paris : Papus, du reste, peut d’un mot renverser tous les actes de ce Sup. Cons. par conséquent ce corps n’a aucune autorité. Avec un Souverain Tribunal au contraire tout acte aurait une importance capitale et ferait loi absolue sans appel. Malgré toutes mes occupations variées, je donnerai une grande partie de mon temps à l’Ordre de préférence à toute autre organisation. Très versé en jurisprudence des sociétés secrètes, ayant souvent collaboré à des travaux de ce genre ainsi qu’en qualité de ritualiste ; ayant de plus essayé le système actuel de Martinisme pendant les sept dernières années, j’ose te promettre un travail sérieux et utile, basé sur le système le plus solide d’organisation. Mais je le répète encore, il me faut la promesse qu’elle sera adopt ée universellement, car ce que je recherche d’abord est l’universalité, l’unification. Par exemple, je viens de recevoir une lettre d’un nommé Anut Pauli, se disant Délégué Spécial en Suède, il est en Amérique à présent et me demande les cahiers rituels, etc., pour initier des amis ! Quelle manière de procéder ! ! ! Je lui ai écrit de m’envoyer ses titres d’abord, que je vérifierai ; puis s’il désire se charger d’une
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fonction aussi délicate, de m’adresser sa pétition signée et contresignée par deux f rères connus ; alors qu’il serait tenu compte de sa demande. Il faut donc à tout prix mettre le holà à cette fabrication d’Initiateurs libres et ne nommer que des députés Grands Maitres là où il y a possibilité d’établir des groupes réguliers. Il ne faut pas que des Savagnac, des Pauli et autres s’en aillent de par le monde faire des petits Martinistes dont nous ignorerons l’existence à perpétuité. Eh bien, maintenant j’attends ta réponse officielle qu’elle soit courte et conçue dans ces termes ou à peu près : Le G. M. tenant compte des desiderata du G. C. Américain décide de le charger de la rédaction d’une Constitution Générale de l’O. M. laquelle deviendra définitive après son visa. En attendant le G. M. suspend les travaux Maç au sein des Loges Martinistes, les fonctions d’Initiateurs libres partout où l’Ordre fonctionne régulièrement, c-à-d où il existe des Loges ou des groupes : les fonctions d’Inspecteurs Secrets ; l’usage des Registres Secrets et des noms mystiques. Alors, tout le monde sera content et notre marche en avant ne sera pas entravée par mille et un obstacles. Toujours ton dévoué et plus que jamais ; [signé] É. Blitz Le 13 Février 1902 le Suprême Conseil de France supprima le Poste de Souverain Délégué Général pour les États Unis, Édouard Blitz n’était plus dirigeant de l’ORDRE Martiniste aux États -Unis. [446]
A dater de ce jour, le Règlement des Loges élaboré par le SUPRÊME CONSEIL de l’Ordre est applicable à toutes les formations Martinistes sans exception, y compris les États Unis d’Amérique. Le Poste de Souverain Délégué Général pour les États Unis est supprimé. Il est remplacé par un poste d’Inspectrice générale de l’Ordre et ce poste est confié à Mrs MARGARET B PEEKE, de Sandusky (Ohio), seul membre de l’Ordre aux États Unis possédant le grade de Rose-Croix de l’Ordre Martiniste. Mrs Margaret B Peeke est chargée par le Suprême Conseil de nommer un Délégué Général pour chaque État de l’Union, et de délivrer toutes les chartes régulières de l’Ordre, qui devront porter l’estampille du Suprême Conseil. Le Suprême Conseil déclare nulles et non avenues toutes les décisions des Présidents ou des délégués des Loges Martinistes, tendant à restreindre la libe rté des membres de l’Ordre en ce qui concerne leurs études sur les divers symbolismes. À cet effet : Toutes les Loges Martinistes des États Unis sont déclarées affranchies de la Dépendance du Grand Conseil qui est dissout. Toute Loge Réfractaire sera ray ée des Contrôles de l’Ordre, sera privée de la communication des Archives et aucun de ses membres ne recevra l’Initiation aux grade Supérieurs de l’Ordre. Toutes les Initiations doivent être gratuites et il est interdit aux Initiateurs de recevoir une somme quelconque pour la réception. Tous les membres de l’Ordre pourvus du Grade de S... I... ou 3 e Degré de l’Ordre sont déclarés autonomes et sont autorisés à conférer directement l’Initiation aux 1 e , 2e et 3e Degré de l’Ordre et à créer ainsi directement et en dehors des Loges des Initiateurs et des Initiés Libres.
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L’Inspectrice générale fournira toutes les chartes et les renseignements nécessaires à cet effet. Le Grade de Rose-Croix Martiniste est déclaré transmissible aux sœurs et aux frères des État s Unis d’Amérique, à dater d’un an de stage dans les formations qui se seront soumises au présent décret et qui auront sauvegardé la liberté absolue de leurs membres.
La sentence étant tombée, Blitz fut destitué de sa charge de Souverain Délégué Général, il fut remplacé par Mrs Margaret B. Peeke, nommée Inspectrice Général de l’Ordre, elle dirigea le Martinisme Américain jusqu’à sa mort le 2 Novembre 1908. Le Sup Cons de Paris remplace Margaret par François L. Gauthey, de New York avec le titre de Délégué Général pour les États-Unis d’Amérique, il reçut son diplôme le 19 février 1909 ; comme Blitz, il réclama à Papus toute la documentation possible pour la bonne marche de l’Ordre, mais comme de coutume Papus resta insensible, le 2 janvier 1912, Gauthey écrivit à Papus : [87] ... Je n’ai pas écrit depuis quelque temps, j’attendais toujours une réponse à la lettre que je vous ai envoyée au commencement de juillet... L’Ordre Martiniste, malgré les efforts de Margaret Peeke et de François Gauthey se mourrait aux États Unis, François, dans la même lettre l’avouait : « ... malgré tous mes efforts ils (les Membres de l’Ordre) tombent en sommeil ou individuellement nous quittent... ». L’Ordre amécicain perdit son âme, sous ses deux derniers dirigeants les contacts étaient difficiles, compte tenu des longues distances, les Initiations se faisaient souvent par correspondance. De son côté, après sa disgrâce, Blitz créa un nouvel Ordre : le Martinisme Rectifié, qui ne semble pas avoir eu un grand succès et qui s’éteint assez rapidement. En conclusion, nous espérons avoir donné un aperçu le plus objectif possible de cette période aux États-Unis en sélectionnant ces quelques lettres parmi la nombreuse correspondance de Blitz conservée à la Bibliothèque de Lyon, nous aurions pu insérer quelques épisodes plus souriants qui émaillent ces lettres, par exemple : les réponses d’Édouard à Papus qui demandait de lui fournir (de lui acheter dans une Université) un faux « vrai diplôme de Docteur en médecine » pour un ami en France, ou les insistances de Blizt pour que Papus intervienne auprès des autorités ministérielles afin de lui décerner la Légion d’Honneur...... En définitif, faut-il condamner Blitz pour son échec, faut-il lui reprocher son enthousiasme des premiers temps, ses hésitations, ses revirements, sa désespérance devant l’indifférence, les promesses non tenues du Maitre. Malgré la grande admiration que nous avons tous pour Papus, ne devons-nous pas reconnaitre son coup de bluff en s’arrogeant une filiation Saint Martinienne ; était-il certain de cette filiation ? ou faisait-elle
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partie d’un rêve ? De toutes façons, il lui était bien impossible de communiquer à Blitz les preuves tant demandées, puisqu’il n’avait pas grand chose à lui donner. N’aurait -il pas été préférable de lui avouer son manque de documents ? mais c’était se désavouer et il ne le pouvait plus. Pour pouvoir avancer un jugement, il faudrait avoir les lettres de Papus, mais cela est une autre histoire... Le Martinisme de Papus, en France, ne semble pas avoir été touché par les vicissitudes de l’Ordre en Amérique, mais il faudra attendre 1950 pour que son fils Philippe lui donne un second souffle. Actuellement, selon la mode, l’O M
est éparpillé en une multitude de groupuscules, aux mains de gourous qui, souvent ne font que satisfaire leur « égo », pour ne pas dire leur désir de briller ; ses grands maîtres en herbe séduisent leurs adhérents par de bonnes paroles et sont très loin de cette « Chevalerie Chrétienne » préconisée par Philippe Encausse. Malgré cet éparpillement disparate, quelques animateurs font un réel travail Martiniste, mais malgré leurs efforts, ils restent un très petit nombre de membres qui s’astreignent à l’étude de la pensée des grands « Hiérophantes » français ; pourtant s’ils voulaient bien reprendre les conseils du Dr Gérard Encausse, ils trouveraient dans ses livres des plans d’études qui peuvent satisfaire les plus exigea nts. Combien sont oubliés les Fabre d’Olivet, Wronski, Éliphas Lévi, Stanislas de Guaita, Péladan, Sédir, Saint-Yves d’Alveydre, Albert Jounet et bien d’autres, sans oublier que « certains Martinistes » ignorent les écrits de Louis-Claude de Saint-Martin. Pour terminer ses « Feuillets » consacrés à un épisode de l’histoire du Martinisme, citons ces quelques lignes prémonitoires de Papus en guise de conclusion : « Quel que soit l’avenir de notre œuvre, nous avons la conscience d’avoir fait notre devoir jusqu’au bout. La Science infusée partout saura faire justice de tous les sectarismes, et la Morale, assise enfin sur des bases positives, conduira peut-être les peuples à d’autres buts que l’extermination raffinée des pauvres par les riches, des intellectuels par les armées et des armées par des engins perfectionnés. « Groupons nos efforts, cherchons hardiment d’autres méthodes que celles qui conduisent à faire des perroquets diplômés inutiles ou nuisibles à la collectivité, et sans doute nous pourrons un jour inscrire au fronton du nouvel édifice : À CEUX QUI, FATIGUÉS D’APPRENDRE, DÉSIRENT ENFIN SAVOIR.
Note de lecture Rares sont les Groupes Martinistes qui publient leurs travaux, nous signalerons à nos Lecteurs un Bulletin de belle présentation et d’un contenu qui nous semble prometteur. L’expérience spirituelle est, difficilement communicable, la foi ne s’apprend pas, l’appartenance à une société initiatique ne suffit pas à faire prendre conscience à l’être humain de se rapprocher de Dieu, s’il ne le ressent pas en lui-même.
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Le Martinisme, comme la Franc-Maçonnerie spiritualiste mènent le même « combat » ; nous pensons que par l’étude, par la Connaissance et la méditation, il est possible de progresser dans la vie spirituelle, pas seulement par de beaux discours en réunion, mais en témoignant dans la vie quotidienne. Écrire : « Les Compagnons de la Rosée », 122, Bd de la Pétrusse — L -2330 — LUXEMBOURG De quelques ordres martinistes au hasard des rencontres sur la toile AMORC, Château d'Omonville, scribe INT, 27110 Le Tremblay Collège du temple de l'homme (anciennement Ordre des chevaliers martinistes 1980, puis Collège des chevaliers martinistes) Pierre Crimetz Grand prieuré martiniste-martinéziste international Marc Jones, grand-maître de l'Ordre martiniste SI, Grand prieuré martiniste-martinéziste international, Les Compagnons de la Rosée Ordre martiniste (filiation Papus) Association O.M., 5-7 rue de la Chapelle, 75018 Paris Ordre martiniste des chevaliers du Christ (Marcel Jirousek, 1975, nl) Ordre martiniste initiatique réformé Ordre martiniste libre 1983 par Pierre Rispal Ordre martiniste-martineziste (ou Ordre martiniste de Lyon) Ordre martiniste-martinéziste indépendant Ordre martiniste opératif Ordre Martiniste Traditionnel, Château d'Omonville 27110 Le Tremblay Société des Indépendants, Grand Prieuré des Gaules Ancient martinist order, Sovereign grand lodge of the United States and its juridictions Antico ordine martinista British martinist order Cadre vert (Bruxelles, 1994) Gran oriente martinista de Chile y para hispanoamerica Martinist order of the Temple Martinist order of the West-Indies Orden martinista de la America del Sur Ordine martinista ermetico Ordre martiniste belge Ordre martiniste d'Italie Ordre martiniste des Pays-Bas Ordre martiniste et synarchique (England, Barbados, Canada ??? dissous ou 1984 sar gulion ???) Ordre martiniste hermétique de Belgique Ordre martiniste suisse Ordre Martiniste universel (Nicola Ingrosso, via Calamandrei 2, 74100 Taranto, Italie) Rose-Croix martinist order
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Suprême conseil martiniste (SCN). Le lecteur voudra se souvenir du génie humain à créer et recréer des ordres et des titres, certains titres pour merveilleux qu’ils paraissent sont des étiquettes sur des enveloppes vides ou vidées. En initiation, commençons par vérifier les sources et continuons en aimant les hommes. Le lien ci-dessous permet d’accéder à une autre liste qui mérite elle aussi des vérifications. http://rflexionssurtroispoints.blogspot.fr/2010/02/panorama-des-ordres-martinistes.html
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Copie de la circulaire envoyée par Blitz à ses Délégués Américains annonçant une réunion générale en été 1902, jointe à sa missive à Papus du 18 Janvier 1902. [444]
Dear Sir and Brother, The Supreme Council of the Martinist Order residing in Paris, France, in its recent « REGLEMENT ADMINISTRATIF » for Lodges and Delegations, 1) - Having laid down a plan of work, which the greatest majority of our Members are unable to follow owing to certain obligations taken freely and voluntarily in other Fraternities, thereby causing the entire Order to be confounded with so-called c l a n d e s t i n e associations by persons unacquainted with our work in America ; 2) — After repeated respectful remonstrances and final ultimatum presented by the Sovereigndelegate-General for this continent in regard to the irregularity and illegal character of such dangerous and dishonorable innovation, the President of the Supreme council of France, speaking in behalf of that Assembly, having declared his unwillingness to amend the said « REGLEMENT ADMINISTRATIF » in order that our Brethren be permitted to act honorably to themselves and the other institutions of which they share the rights and benefits of membership ; and 3) - The Grand Master, President of the said Supreme Council, having threatened, in a pr ivate letter to his Sovereign-Delegate-General, to dissolve all Martinist formation throughout the World rather than to allow the America Branch to refuse recognition of the Supreme Council of France, or declare its own independance ; Therefore it is deemed meet and proper that the undersigned should, and the Sovereign-DelegateGeneral, President of the Grand Council of America, does herby call a GENERAL CONVOCATION of the Martinist Order in America to be held in some central city in the United States (probably Cleveland, Ohio) the time and place to be designated within next 30 days, after conferring by correspondence with the different Martinist Lodges and Groups, such meeting when convened to take such action in the premises as the seriousness of the occasion and the honorable welfare of the Order in the Americas may require, and the undersigned would respectfully request that each Martinist formation send one of its ablest members to such meeting for the purpose of hearing and discussing the situation created by the arbitrary and unreasonable « Promulgation » of the Supreme Council of France in its Rules and Regulations for Lodges and Delegations. It is highly desirable that each Martinist formation should be represented at this meeting in order that each Group may be told word of mouth of its own representative of the imperative but impossible regulations promulgated as above stated, and that each lodge or group may be informed by its own representative of the exact character and nature of the requirements of said « Promulgation ». When such MEETING shall have convened and the « Promulgation » in its entirety laid before the Convocation, either one of two courses will be left open to us in this Country : a) — Either forswear and perjure ourselves who are affiliated with other honorable institutions, or b) - Adopt a set of resolutions, something like the following : Resolved : The Grand Council of the Martinist Order in America severs all affiliation with the Supreme Council of France and all bodies placed under the jurisdiction of the same.
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Resolved : The Grand Council of the Martinist Order in America, under the title of « SOVEREIGN-GRANDCOUNCIL-GENERAL » as heretefore, continues the administration of the Order, according to its Statutes and Regulations. Resolved : The Martinist Order placed under the jurisdiction of the Sovereign Grand Council General, shall be known as the « AMERICAN MARTINIST ORDER » to distinguish it from that placed under any other obedience. Dear Sir and Brother, You are fraternally requested to cause the present announcement to be read at you next regular meeting and designate by vote of your lodge or group, the representative who, with yourself or delegate, will represent your body at the General Convocation which, in all probability, will be held in the month of June 1902. Very fraternally yours, [signé] É. Blitz Sov Del Gen , Pres G C of A
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dressé par TEDER Memb du Sup Cons de l’Ordre sous la Direction du Suprême Conseil de l’Ordre 1913 C’est en 1913 que les Éditions Dorbon-Ainé, à Paris, publient le Rituel de l’Ordre, dit de Téder. Dès la première page, on peut lire : « À dater de ce jour, le présent Rituel est rendu obligatoire pour toutes les Loges Martinistes répandues sur toute la surface du Globe. » suit la date « Paris, le 3 aout 1913 », et les signatures du Dr Papus et Phaneg. L’auteur de ce Rituel est Téder (Charles Détré) comme l’indique le titre, d’ailleurs confirmé par un petit article paru dans la revue de Papus : Mystéria, (mars, 1914, p. 284) ; « L’auteur du rituel, membre du Sup Cons Teder » ; pour une partie des Martinistes d’entre les deux guerres, l’auteur d u « rituel officiel » approuvé par Papus, est bien Téder. En 1946, dans « Le Martinisme » Robert Ambelain écrit, p. 158 : « ... le rituel établi par Papus et Teder (Rituel de 1913) et copié sur celui de Blitz... », cette petite phrase nous avait intrigués et les questions posées, dans les années 1970, aux érudits du Martinisme, restèrent sans réponse. Lors de nos recherches, à cette même époque, à la bibliothèque de Lyon, nous avons découvert deux cahiers, reliés chacun par un ruban rouge, intitulés « Cahi ers de l’Ordre Martiniste (pour les États-Unis d’Amérique ) Avant-propos — Règlements Rituel du Premier Degré) et la seconde page un autre titre que nous reproduisons
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L’Avant-Propos est signé « E. B. Nevada (Missouri) E. U. d’Am. le 1er octobre 1895 » Le second cahier est le rituel du second degré, il manque le cahier du 3 e degré. À la lecture de ces manuscrits, nous avons retrouvé presque identique le texte de Téder. Il faut donc, en convenir, c’est bien le texte qu’avait établi Édouard Blitz en 1895 et dont il annonce l’envoi à Papus dans sa lettre du 11 octobre 1895. Pourquoi cette supercherie de la part des Membres du Sup Cons de Paris ? Pourquoi avoir fait passé le rituel de Blitz sous la plume de Téder ? Nous ne saurions le dire. Il faut admettre que la « maçonnisation » de l’Ordre Martinisme n’a pas été adoptée après la mort de Papus, mais déjà envisagée dès les années 1912. À titre indicatif, nous transcrivons, côte à côte, la « Préface » du rituel dit de Téder et l’« Avant-Propos » signé de Blitz, le lecteur jugera.
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RITUEL TÉDER PRÉFACE
RITUEL DE BLITZ AVANT-PROPOS
Quand, à la décadence de l’Art Royal, les Rosicruciens d’Angleterre déposèrent dans le symbolisme naïf d’une Corporation ouvrière le secret de leurs opérations, ils crurent que la tradition de leur art passerait aux générations futures dans toute sa pureté.
Lorsqu’à la décadence de l’Art Royal, les Rosicruciens d’Angleterre, nos prédécesseurs, cachèrent dans le naïf symboliste d’une ancienne corporation d’ouvriers le secret de leurs opérations, ils crurent que la Tradition de leur Art atteindrait intacte et dans toute sa pureté les générations futures.
Tout ingénieuse qu’elle était, l’intention de ces Adeptes ne fut pas remplie ; nulle part la Science sacrée ne supporta de plus graves mutilations que dans le sein de cette Corporation, qui finit par descendre au rang d’une société ignorante de sa propre nature et de son but primitif.
Malgré l’ingéniosité du moyen, l’intention des derniers adeptes n’a pas été remplie : nulle part, en effet, la Science Sacrée n’a plus souffert de mutilations qu’au sein de cette Fraternité descendue au rang d’une prétendue société de secours mutuels, ignorant son origine, sa nature réelle, son but, et dépensant l’énergie de son million et demi d’adhérents en banquets, cérémonies d’inauguration et pompes funèbres.
Martinez de Pasqually et son disciple Louis-Claude de Saint-Martin, contemporains des derniers Rosicruciens d’Angleterre, ne virent pas la nécessité de confier à des associations vénales les Traditions hermétiques qu’ils conservaient ; mais ils réunirent autour d’eux un petit nombre d’Hommes de Désir, prêts à faire le sacrifice de leur personnalité, sans autre espoir de récompense que de transmettre à quelques disciples, soigneusement choisis, les enseignements lumineux des Hiérophantes de l’Antiquité et de leurs successeurs, les Kabbalistes et les Docteurs Hermétiques du Moyen Âge.
Martinez de Pasqually et son disciple favori Louis-Claude, marquis de Saint-Martin, contemporains des derniers Roses-Croix d’Angleterre, ne virent point la nécessité de confier à des associations mercenaires les Traditions Hermétiques dont ils étaient les détenteurs ; au contraire, ils s’entourèrent d’un petit nombre d’HOMMES de DÉSIR pour leur transmettre les enseignements lumineux des Hiérophantes de l’Antiquité et de leurs successeurs les Kabbalistes et les Docteurs Hermétiques du Moyen-Age.
Le Martinisme vécut obscurément, loin des convulsions des sociétés, au moins dans le Cercle extérieur, et absorbé dans la contemplation des grands mystères de la Nature, jusqu’à ce que le mouvement universel vers l’idéalisme eût apporté partout un témoignage éloquent en faveur de l’opinion avancée par les observateurs sincères : à savoir que le matérialisme est incapable de répondre aux besoins impérieux de l’homme de science ; que le cléricalisme est odieux à l’homme qui a de véritables sentiments religieux ; qu’un cœur pur se révolte devant la lettre répugnante entre une philosophie impotente et une théologie corrompue, et demande que toutes deux soient à
Le Martinisme vécut obscur et éloigné de la surface sociale, absorbé dans l’étude des Grands Mystères et celle des rapports existant entre Dieu, l’Homme et la Nature, jusqu’au moment où le réveil de l’Idéalisme dans ces derniers temps vint prouver au monde de l’intelligence que les doctrines matérialistes sont insuffisantes pour satisfaire l’homme véritablement scientifique ; que les dogmes du cléricalisme sont odieux à l’homme animé de réels sentiments religieux ; que tout esprit équilibré se révolte à la vue de cette lutte entre une philosophie impotente et une théologie corrompue qui ne veulent pas mourir et ne savent plus vivre.
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jamais ensevelies sous le souverain mépris de l’homme. Aujourd’hui des milliers d’hommes et de femmes cherchent un refuge dans la Sagesse des Anciens, dans la Science de ce temps qui ne connut ni persécution religieuse, ni intolérance scientifique, — de ce temps richesse d’un adorateur de Moloch et l’habileté d’un sectaire de Mithra travaillèrent avec la plus sublime harmonie à la construction d’un Temple érigé au Dieu d’Israël, temple dans lequel une idolâtre, la belle Reine de Saba, et un autre idolâtre, Alexandre le Grand, vinrent adorer de Saint des Saints En présence de ce retour fatal vers la Sagesse de l’Antiquité qui a produit Rama, Krisma, Hermès, Moïse, Pythagore, Platon et Jésus, le Martinisme, dépositaire des Traditions sacrées, sort de son obscurité volontaire et ouvre ses sanctuaires de science aux Hommes de Désir capables de comprendre ses symboles, encourageant celui qui est ardent, détournant celui qui est faible, jusqu’à ce que la sélection spéciale de ses Supérieurs Inconnus soit complète ; alors, le Martinisme dissoudra ses Assemblées et retournera à son sommeil séculaire. Le présent Rituel renferme la philosophie de Notre Vénérable Maitre, basée essentiellement sur les théories empruntées aux Égyptiens par Pythagore et son école. Il contient, dans son symbolisme, la clé qui ouvre le « monde des Esprits qui n’est pas fermé » ; secret ineffable, incommunicable, uniquement compréhensible au véritable Adepte.
À cet instant des milliers d’hommes et de femmes cherchent un refuge dans la Sagesse des temps passés ; de ces temps qui ne connaissaient ni persécutions religieuses ni intolérances scientifiques ; de ces temps où la Science d’un Initié d’Égypte s’associait la Fortune d’un Adorateur de Moloch et le Génie d’un Disciple de Mithras pour élever un Temple merveilleux à la gloire du Dieu d’Israël où se prosterna l’idolâtre Reine de Saba et où l’idolâtre conquérant macédonien vint offrir ses sacrifices dans le Saint des Saints. En présence de ce retour spontané vers la Science Antique qui produisit Rama, Krisna, Hermès, Moïse, Orphée, Pythagore, Platon, Jésus, Appolonius, le Martinisme, dépositaire des grandes Traditions, sort de son obscurité voulue et ouvre toutes grandes les portes de son Sanctuaire aux Hommes de Désir capables de saisir le sens secret de son merveilleux symbolisme ; soutenant le fort, encourageant le faible, il procède à la lente sélection de ses Supérieurs Inconnus jusqu’au jour où, leur nombre étant atteint, il dissoudra pour la seconde fois ses Assemblées et retournera dans son sommeil séculaire. Le présent Rituel contient un résumé de la philosophie de notre Vénérable Maitre, basée essentiellement sur les doctrines empruntées aux Égyptiens par Pythagore et son école. Il contient caché dans son symbolisme la clé qui ouvre de « Monde des Esprits qui n’est pas fermé » dont parle l’immortel auteur de Faust : secret ineffable, incommunicable de sa nature même, arcane que le véritable adepte seul peut pénétrer ;
Ce travail ne profane pas la sainteté du voile d’Isis par d’imprudentes révélations.
ce volume destiné à l’usage exclusif des SS II ne soulève donc point le Voile sacré d’Isis par d’imprudentes révélations Car celui-là seul qui est digne et qui est versé dans et lui seul qui en est « digne et qui est bien l’Histoire de l’Hermétisme, de ses doctrines, de ses qualifié », qui s’est au préalable bien instruit des rites, de ses cérémonies et de ses hiéroglyphes, mœurs des Hermétistes, de leurs doctrines, rites, pourra pénétrer la secrète, mais réelle signification cérémonies et hiéroglyphes pourra pénétrer la du petit nombre de symboles offerts ici à la signification secrète, mais réelle, des quelques méditation de l’Homme de Désir. symboles ici offerts à sa méditation. E. B.
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Nevada (Missouri) E. U. d’A. 1895
le 1er octobre
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Nous n’avons retrouvé ni annonce, ni compte-rendu de l’édition du « Rituel » dans les numéros de Mystéria 1913-1914, par contre un article a retenu notre attention : un lecteur, probablement Martiniste s’insurge en lisant dans ce rituel que Jésus soit mis au même rang qu’Apollonius et J. Molay ; Papus répond par la voie de sa revue :
À la page 92 du Nouveau Rituel de l’ Ordre se trouve un passage dont la rédaction peut prêter à équivoque et qui a, en effet, étonné beaucoup de frères et de sœurs. Il y est dit que si, par le secours de la divinité, l’initié arrive à contempler la vérité face à face, il doit garder le silence sur le mystère qu’il aura pénétré, même si sa fidélité doit lui couter la vie et qu’il doit toujours avoir présent à la mémoire le sort des grands initiateurs, qui avec les meilleures intentions, tentèrent de lever devant la multitude, un coin du voile d’Isis. Suit la liste des initiateurs où se trouve malheureusement, entre le nom d’Apollonius de Thyane et celui de Jacques Molay, le nom de Celui qui ne doit jamais être comparé à aucun Être, même dans son humanité. Ce passage a dépassé de beaucoup la pensée de Teder, qui, du reste, n’a jamais hésité à répandre ce qu’il peut connaitre de vérité. Le Sup Cons a estimé qu’il ne fallait pas laisser subsister de doute à ce sujet. L’ordre qui porte le nom de Jésus en tête de toutes ses planches, enseigne nettement, d’après l’ Évangile que, si on ne doit pas jeter des perles devant les pourceaux, la lumière ne doit cependant pas être mise sous le boisseau et qu’il n’est rien de caché qui ne doive être révélé. Comprendre le passage susmentionné, dans le sens d’un blâme, aux initiateurs qui donnèrent consciemment leur vie, pour répandre la vérité, serait méconnaitre la véritable pensée de l’Ordre. Il était nécessaire de le dire. Le Président du Sup Con PAPUS. L’ auteur du rituel, membre du Sup Cons TEDER. Le Secrétaire de l’Ordre, M du Sup Cons G. PHANEG. —————————— Cette mise au point sévère envers l’« auteur » présumé du rituel démontre-t-elle de sa part, une certaine négligence, laissant faire ses collaborateurs qui, eux, n’auraient pas eu la même vision du Martinisme ? Papus a toujours écrit que son Ordre était une Chevalerie Chrétienne laïque, et c’est bien dans cet esprit que son fils, Philippe, reconstitua l’Ordre en 1950.
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LES FEUILLETS D’HERMOPOLIS bulletin du CERCLE HISTORIQUE et PHILOSOPHIQUE DE MEMPHIS ET DE MISRAÏM (Association Loi de 1901) M. Maurice Hugues 166, Chemin des Farigoules 06340 — CANTARON
RÉDACTION M. Gilbert TAPPA 73, Av. du Petit Port Castel Aixois 73100 — AIX-LES-BAINS
VOLUME II Jean-Baptiste WILLERMOZ « INSTRUCTIONS pour les ÉLUS-COHEN »
Dépôt légal, le : 11 novembre 1999 I.S.N.N.
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Le diplôme martiniste de Blitz porte les signatures de Papus et de Sédir ; Les cachets de l’ordre et du suprême conseil. Gérard Encausse, Papus de son nomen, précise ses fonctions de président de l’ordre, le président suivi des 6 points du martinisme, et de président du suprême conseil. Il signe aussi de sa fonction dans l’ordre kabbalistique de la Rose— + — Croix par le aleph surmonté des trois points.
Yvon Leloup — Sédir signe dans sa fonction de secrétaire de son nomen suivi des 6 points.
Les signatures ne portent pas les signes distinctifs de la croix et des points qui figurent dans le sceau du suprême conseil. Le document ne porte pas d’indication de lieu, ce qui se comprend pour quelqu’un qui part aux États-Unis. Il n’est pas daté. Le lieu de travail des martinistes se nomme la loge. Il n’y est pas fait état d’une filiation.
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