PROFEssEuR DONAtO
COURS PRATIQUE DE MAGIE
Préface de
FERNAND GIROD
Editions Alain LABUSSIERE B.P. 85 – 71700 Tournus
AVERTISSEMENT de L'EDITEUR n Les pratiques, les techniques, les conseils décrits dans ce livre ne doivent en aucun cas être utilisés en remplacement de traitements médicaux. Ce livre n'essaye aucunement de porter un quelconque diagnostic, de recommander un traitement, d'établir une prescription en vue de traiter des maladies, des douleurs, des blessures, ou un problème de condition physique. Cet ouvrage est édité dans un but d'information. Il exprime une philosophie de la vie. Seul votre médecin traitant est habilité à prescrire un traitement médical. L'auteur et l'éditeur ne sont donc responsables en aucune manière d'une utilisation inconsidérée de cet ouvrage.
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COURS PRATIQUE DE MAGIE
PREFACE
Magie ! Quel mot prestigieux ! Comme il faisait peur, il y eut un temps ! Ne fait-il plus peur aujourd’hui ? Oh ! si encore ! Et ceux qui sentent à son évocation, un petit frisson sous l’épiderme, sont peut-être ceux qui affectent de ne pas y croire. Qu’est-ce, en somme, que la Magie ? Une science, tout simplement. Science méconnue, c’est entendu, mais véritable science. Qu’est-ce encore que la Magie ? Lisez ce livre, si son titre ne vous effraye pas, et vous le saurez. Et puis, pourquoi ne pas vous donner de suite, une explications qui vous mette en confiance ? La Magie est l’ensemble de toutes les lois cachées de la nature ; la Magie, c’est l’extra-science ; c’est ce qui est inexplicable à priori par les lois connues ; c’est la manifestation des forces Z... dont la nature intime échappe à toute analyse visuelle ou tactile.
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La Magie ? C’est l’inconnu, l’Insondé, l’Occulte ! La Magie, c’est l’Incompris, c’est l’Incognoscible, c’est Dieu, c’est l’Au-deça, l’Invisible, l’Au-delà. C’est l’Immatériel, le souffle vital, l’âme, et leurs manifestations. La Magie, c’est encore la révélation de la subconscience, du Moi intime, de la Volonté. C’est enfin tout ou un peu tout cela qui entre en jeu dans une oeuvre de Magie. Le Magnétiseur qui endort un sujet en lui présentant la main au-dessus du front, fait oeuvre de Magie. Le spirite qui croit à la survivance de l’âme et évoque le principe animique de ses chers disparus, fait de la Magie. Est un magiste encore, celui qui a des rêves prémonitoires, des avertissements télépathiques. Fait de la magie, celui qui impose sa volonté à son semblable par son verbe ou sa manière d’être. En fait aussi, celui qui prie St-Antoine de Padoue pour retrouver un objet perdu ; celui qui croit à l’existence des forces occultes indéfinies. Tous ceux-là, et d’autres encore, peuvent s’enrôler dans la même armée et s’abriter sous un même étendard portant le mot : Magie.
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Le professeur Donato, ce vulgarisateur des Sciences psychiques, le fondateur du grand organe populaire la Vie mystérieuse, l’auteur de ce Cours d’Hypnotisme et de Magnétisme qui a eu plus de vingt éditions en France, et de tant d’oeuvres traitant de toutes les branches de l’occultisme, cet apôtre qui s’est fait un sacerdoce de désocculter l’occulte, si je peux m’exprimer ainsi, de rendre compréhensibles et accessibles à toutes les intelligences, des connaissances, qui, jusqu’à lui, n’étaient le partage que de quelques rares initiés, nous donne en ce nouvel ouvrage « Cours pratique de Magie », la clef de tous les phénomènes inexpliqués, la solution d’énigmes étranges et mystérieuses.
M. FERNAND GIROD
Fouillant les vieux livres des maîtres qui se sont distingués par la nébulosité voulue de leurs écrits, il en donne la synthèse, en extirpe la quintessence, trie le bon grain et rejette l’ivraie. Lisant aussi les classiques de l’occulte dans des ouvrages, pour la plupart très rarissimes, il assimile les 5
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théories, examine les faits, condense le tout et nous donne un livre clair, précis, débarrassé des incompréhensibles formules, manuel vraiment pratique, compendium des plus suggestifs et des plus riches en savantes dissertations, en anecdotes pleines de vérités, en relations de faits authentiques et d’une loyale sincérité. De tous les épis grapillés avec discernement de cette abondante glane de documents et de faits : il a composé cette oeuvre de bonne foi que nous présentons au public sous le titre de « Cours pratique de Magie ». Ce cours, certainement, ne sera pas pratiqué de sitôt dans nos officielles écoles. Il le devrait pourtant, car il apprendrait à nos générations de plus en plus prétentieuses et ignorantes dans leur prétention, à connaître les immuables lois de la vie, ses perpétuelles transformations en même temps qu’il les délivrerait de la crainte de la mort. Ce livre, médité par les jeunes gens, élargirait les horizons de leur pensée, élèverait les aspirations de notre race vers le suprême idéal, ferait de nos enfants des être forts, créerait des volontés, formerait enfin des hommes sachant se rendre maîtres des événements. Pour l’instant, que ceux qui savent un peu, feuillettent souvent ce livre et le méditent page à page, ligne à ligne. C’est à eux qu’échoira la connaissance parfaite et intégrale de toute chose, la maîtrise constante de soi, la douce autorité ou la domination sur autrui, la respectabilité et la considération du monde. Qu’ils aillent toujours de l’avant, ceux-là, qu’ils sachent, qu’ils veuillent, qu’ils osent... et le monde peut leur appartenir. Fernand GIROD 6
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CHAPITRE PREMIER La Magie Ce qu’elle est véritablement - Les Magiciens instinctifs - Magie et Aviation. - Le Triomphe de la volonté. - L’Homme de raisonet l’homme instinctif.
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hacun prononce couramment ce mot de « Magie », plusieurs fois par jour, sans en connaître exactement le sens. Il est pour le non initié, synonyme de « merveilleux », « surnaturel », « incompréhensible ». Et pourtant rien n’est moins surnaturel, moins incompréhensible que la Magie ! Et nous sommes tous plus ou moins magiciens, sans le savoir, comme M. Jourdain faisait de la prose. Est magicien, Edison qui trouva le moyen d’emmagasiner la parole et créa le phono-graphe qui fait la joie des plus modestes familles. Fut magicien Graham Bell, qui inventa le téléphone. Roentgen et ses rayons X qui permettent de jeter un regard indiscret dans le corps humain ; Curie, le grand savant qui découvrit cette source de chaleur intense qui est le radium, Branly qui rendit possible la télégraphie sans fil, et tant d’autres savants ! Ne sont-ils pas aussi magiciens, ces hommes oiseaux, qui, juchés sur un peu de toile et de bois, traversent les mers et les montagnes à 2.000 mètres d’altitudes ? Ils se tuent parfois, c’est vrai ! Mais n’est-ce pas tenter Dieu que d’essayer de se rapprocher de lui ? Et que devient la pauvre tour de Babel, cette orgueilleuse entreprise de nos pères devant le petit moteur qui emporte dans l’infini, l’aéroplane triomphant ? Le maître Papus a dit que la Magie était « l’application de la volonté humaine dynamisée à l’évolution rapide des forces vivantes de la nature ». Cette définition, un peu longue peut-être, est d’une justesse absolue si l’on considère que le magiste doit, s’il veut réussir, non seulement se rendre maître des forces inanimées de la nature, mais encore des forces vivantes représentées par les émanations astrales.
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J’ai parlé de l’aviateur, ce magicien instinctif sur lequel le monde a les yeux fixés. Il part, après s’être assuré que son moteur ronfle congrûment, que sa boussole est bien fixée devant lui. Le vent est faible, l’horizon clair, le but bien défini. Il semble au public que le constructeur de l’aéroplane est le seul triomphateur, et que l’aviateur, par cette belle journée, n’a qu’à bien tenir le volant de direction pour faire une promenade glorieuse et charmante. Mais voilà qu’au bout d’une demi-heure, l’atmosphère s’est modifiée. Le vent, tout à l’heure léger, souffle en tempête maintenant : l’esquif aérien est secoué par de formidables remous ; il tangue, il roule. Un brouillard intense obscurcit l’horizon. Et notre aviateur, pauvre insecte au milieu des éléments déchaînés, sent le mal de mer oui le mal de mer ! - l’envahir, tandis que sous ses lunettes protectrices, sa vision s’affaiblit, en même temps que son coeur chavire. Que deviendra-t-il s’il laisse l’homme impulsif dominer ? Il lâchera le volant de direction, il arrêtera trop tôt ou trop tard son moteur, et il ira s’effondrer sur le sol. Tous ceux - et ils sont nombreux hélas, depuis la conquête de l’air par l’aéroplane - qui moururent brutalement, furent le jouet de forces qu’ils ne surent pas assagir par une action magique instinctive. Les Blériot, les Farman furent, au contraire, des magiciens qui firent usage de la VOLONTE, pour triompher de la force inerte représentée par la frêle machine à laquelle ils s’étaient confiés et des forces vivantes que représentaient les émanations des astres - pluie, tonnerre, orages, vents, brouillard - desquels ils s’approchaient orgueilleusement. Questionnez les vainqueurs de Rome, du Circuit Européen, du concours militaire, et demandez-leur les impressions qui les assaillirent pendant leur randonnée. Ils vous diront tous que leur volonté était tendue vers la réussite, à un tel point qu’ils ne sentaient plus aucune ambiance, que le froid, la pluie, la fatigue ne comptaient pour rien. L’un deux même a dit à un journaliste qui l’interrogeait : « J’étais comme transfiguré, et il me semblait que mon moteur et mon aéroplane faisaient partie de moi-même, et que seul, je pouvais, par une émanation de mon « moi », déterminer la victoire ou la défaite ». Et ceci est absolument de la Magie. C’est par la même volonté dynamisée que le fakir fait germer en quelques heures la plante semée devant lui, c’est par la même volonté que le magnétiseur, en touchant un malade, guérit en quelques minutes un mal devant lequel les médecins furent impuissants. J’ai dit tout à l’heure que la Magie n’était pas surnaturelle, parce qu’il n’y a rien de surnaturel dans le monde, mais simplement des effets et des causes qui nous échappent. La chimie est surnaturelle pour celui, qui, jamais n’entra dans un laboratoire et ignore les propriétés des corps simples, l’action moléculaire de ces corps les uns sur les autres et les combinaisons dues à cette action. Et le dédoublement du
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corps humain, les apparitions de l’astral, les communications spirites ne sont extraordinaires et surnaturelles qu’auprès des âmes simples et ignorantes. Les phénomènes occultes que produisent les magistes ne sont pas plus surnaturels que les rayons X, le radium, le télégraphe sans fil, le téléphone, le cinématographe et le phonographe. Quand nos étudiants étudieront la Magie comme ils étudient le Droit, ils se rendront compte que toutes les conquêtes de l’homme émanent de ce pouvoir : « la volonté ». Je n’ai pas la prétention, dans ce volume de vulgarisation, d’aborder les hauts problèmes de la psychologie. Je veux seulement dégager d’une façon claire et nette, la théorie de la Magie, qui, après tant de siècles, s’adapte toujours aux exigences de la vie moderne, par les préceptes de la Kabbale, cette bible aussi sainte et aussi humaine que celle de l’Eglise, nous donnant la clef des mystères de l’au-delà, par ses deux livres admirables : la Séphir-Jetzira et le Sohar.
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CHAPITRE II Le magicien des campagnes Les « j’teux de sorts » - Les larves - La mort d’une Sorcière - Une bonne Magicienne
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ans les campagnes, les magiciens pullulent. Ce sont encore, pour la plupart des magiciens instinctifs, mais qui comprennent cependant, soit en guérissant, soit en faisant du mal, qu’ils disposent d’un pouvoir dû à leur volonté. Les paysans qui sont l’écho de leur curé, les disent possédés par le démon, ce qui ne les empêche pas d’avoir recours à eux, quand ils sont malades, ou quand leur bétail est en péril. Ces magiciens sont parfois d’excellents médiums, mais tous ont accoutumé de mâter l’être impulsif qui est en eux, de façon à conserver leur pouvoir volitif et à l’employer à leurs oeuvres bonnes ou mauvaises. Le Magicien peut-il donc faire du mal ? Ceci n’est pas douteux. Mais il est le premier frappé, comme vous le verrez par le récit que j’emprunte plus loin à M. Gustave Bojanoo. Quand il se voit perdu, le scorpion se suicide. Les Algériens, qui, dans les solitudes sahariennes entourent ce reptile d’un cercle de feu ont contrôlé ce fait maintes fois. Il en est de même du « magicien noir », de celui qui veut utiliser sa volonté au profit de la haine et de la vengeance. Pendant un temps très court, il croit triompher, puis tout à coup, il sent comme un cercle de feu qui l’entoure : la folie, la maladie (maladie virulente presque toujours) l’atteignent, et il se tue comme le scorpion, quand il n’est pas tué par les autres. Ecoutez la mort étrange d’une sorcière de campagne que raconte M. Gustave Bojanoo : Cette femme, qui avait la spécialité des oeuvres de haine, détestait un chien du pays, parce que cet animal avait les mêmes yeux qu’elle, l’un gris, l’autre blanc. Et chaque fois qu’elle le voyait, elle avait tellement envie de lui faire du mal, sa volonté était tellement tendue vers ce but, que ce chien, quand il rencontrait la sorcière, hurlait 10
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de douleur, comme s’il venait d’être frappé, et s’enfuyait à sa vue, fou de terreur. M. Bonajoo qui était soldat à cette époque défendit un jour vigoureusement la pauvre bête qui échappa à l’influence magique de la sorcière. Mais écoutons la suite : « Fin décembre, j’obtins un congé à l’occasion du jour de l’an, et je rentrai chez nous à P.. .» « Comme la place à la maison était limitée, et toutes les chambres occupées (des parents étaient venus nous voir) je me fis monter un lit dans une maison vide, au village. » « Je m’y rendis vers 11 heures du soir, accompagné de la bonne qui m’apportait de l’eau, des serviettes, etc. Notre chien de berger me suivait. La bonne, après avoir arrangé le lit, partit en emmenant le chien avec elle. » « La chambre que j’occupais était au premier étage. On y arrivait par un couloir sur lequel donnait la porte d’une première chambre qui était complètement dépourvue de meubles. Elle était, par une seconde porte, en face de la première, en communication avec ma chambre à coucher. Mon lit était dressé dans le coin, à côté de la porte de communication des deux chambres, et de sorte que cette porte, qui s’ouvrait en tournant dans ma chambre, touchait, quand elle était ouverte, le pied de mon lit. » « Après le départ de la bonne, je fermai à clef, la porte d’en bas de la maison et je montai. Je fermai également la porte de la première chambre, mais pas à clef, et j’entrai dans la chambre à coucher, en laissant la porte à demi ouverte ; celle ci était appuyée contre le pied du lit. » « Je me déshabillai (j’étais en uniforme) en appuyant mon sabre de cavalerie contre une chaise qui me servait de table de nuit. Je me couchai et soufflai ma bougie. « Dès que j’eus éteint la lumière, j’entendis un grattement très fort à la porte de la première chambre. C’était un bruit identique à celui que produit un chien qui gratte à une porte pour entrer ou pour sortir. Seulement, le grattement que j’entendais était un grattement très intense, comme si le chien eut voulu forcer la porte. » « Le premier mouvement de stupeur passé, je pensai que notre chien était resté dans la maison. Pourtant le grattement me paraissait être produit contre le côté intérieur de la porte de la première chambre, et non pas venant du couloir. j’appelai à plusieurs reprises le chien par son nom « Sokob ». Pour toute réponse, le bruit augmentait encore. » « Comme je l’ai dit, j’avais laissé la porte de communication entre les deux chambres ouverte. Cette porte s’appuyant contre le pied du lit, je pouvais l’atteindre avec mes pieds. D’un mouvement brusque je la poussai violemment avec le pied droit et elle se ferma avec fracas. Au même instant, le grattement se produisit avec une violence extrême contre cette porte, du côté de la première chambre. »
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« Je dois avouer que, après avoir appelé inutilement le chien, et le bruit étrange s’accentuant encore, je fus effrayé un instant et c’est cela qui me fit pousser la porte. Mais au moment où j’entendais le bruit de cette porte tout près de moi, le sentiment de frayeur avait subitement disparu. Je m’apprêtais à allumer ma bougie. Avant que j’eusse fait de la lumière, le grattement avait cessé. »
Vue extérieure du tombeau de la Guérisseuse Françoise Souvestre (Cliché BAUER, MARCHET et Cie, Dijon)
« Je descendis du lit, je mis mon pantalon et j’allai visiter la première chambre. » « J’avais toujours le chien dans l’idée, malgré l’impossibilité matérielle de sa présence. »
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« Rien dans la chambre. » « Je sortis dans le corridor, je descendis l’escalier, je visitai le rez-de-chaussée, j’appelai le chien. Toujours rien. » « Je ne pouvais faire autre chose que de remonter dans ma chambre, et n’y comprenant rien, je me remis au lit en soufflant ma bougie. « A peine fus-je recouché que le vacarme recommença, avec plus d’intensité si possible, et de nouveau du côté extérieur de la porte de communication, que j’avais cette fois fermée derrière moi. » « J’éprouvai alors un sentiment d’agacement et de colère. J’étais énervé, et sans prendre le temps de faire de la lumière, je sautai du lit, je saisis mon sabre que je tirai hors du fourreau et me précipitai dans la première chambre. En ouvrant la porte, je crus voir une lueur, une ombre lumineuse, si je puis dire ainsi, se dessinant vaguement sur la porte d’entrée de la première chambre. » « Sans réflexion, je ne fis qu’un bond en avant, et je portai un formidable coup de sabre dans la direction de la porte. » « Une gerbe d’étincelles jaillit de la porte comme si j’avais touché un clou enfoncé dans le panneau. La pointe du sabre avait traversé le bois, et j’eus de la peine à retirer l’arme. Je me dépêchai de retourner dans ma chambre pour allumer la bougie et sabre en main, j’allai d’abord voir la porte. » « Le panneau était fendu de haut en bas. Je me mis à chercher le clou que je pensais avoir touché, mais je ne trouvai rien. Le côté tranchant du sabre ne paraissait pas non plus avoir rencontré du fer. » « Je descendis de nouveau au rez-de-chaussée, je visitai partout, mais je ne trouvai rien d’anormal. » « Je remontai dans ma chambre : il était minuit moins le quart. « Je songeai aux choses qui venaient de se passer. Aucune idée d’explication ne se présentait à mes réflexions, mais j’éprouvai un sentiment de quiétude après avoir été surexcité, et je me souviens très bien que je caressais presque involontairement l’âme du sabre en me couchant à nouveau. Après avoir placé l’arme à mes côtés, sous la couverture, je m’endormis sans autre incident et ne me réveillai qu’à huit heures du matin. » « A la lumière du jour, les incidents de la nuit, avec cette porte brisée, me parurent plus étranges encore. » « Je quittai enfin le lieu et me rendis à la maison, où tout le monde m’attendait pour déjeuner. Je racontai naturellement mon aventure qui parut bien invraisemblable aux jeunes gens venus en visite. Quant à mes parents et à M. N. qui se trouvait là, ils en furent très impressionnés. Le déjeuner terminé - il était près de dix heures - tout le monde voulut voir la porte
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brisée, et mes parents, M. N. et les jeunes gens et moi, nous nous dirigeâmes vers la maison du village. » « A mi-chemin, une femme vint nous prévenir que la femme B. (la sorcière) était malade. On l’avait trouvé sur son lit, sans connaissance, et tout ensanglantée. » « Nous pressâmes le pas. Moi, j’étais singulièrement ému des paroles de notre interlocutrice, sans savoir exactement pourquoi. » « Arrivé chez la femme B., un spectacle terrible se présentait. » « La sorcière, en délire, couchée sur son lit avait la figure presqu’entièrement couverte de sang coagulé ; les yeux fermés et collés par le sang qui coulait lentement d’une blessure mortelle au front. La blessure, faite par un instrument tranchant commençait à deux centimètres au-dessus de la lisière des cheveux et se prolongeait en ligne droite jusqu’à la racine du nez parcourant ainsi sept centimètres et demi. Le crâne était littéralement fendu, et la masse cérébrale sortait à travers la fente. » « M. N. et moi courûmes à la maison. M. N. pour chercher un pansement, moi pour faire atteler la voiture à l’effet d’aller chercher le médecin dans une petite ville voisine. » « La voiture partie, je retournai chez la femme B., laquelle, entre temps, avait été pansée provisoirement par M. N. La cabane s’était remplie de tous les habitants du village, y compris l’hôtesse de l’auberge. Personne n’avait une idée de ce qui pouvait être arrivé. La blessée qui avait toujours été crainte par la population n’inspirait d’autre sentiment que la curiosité aux personnes présentes, à l’exception de l’hôtelière qui paraissait, non seulement être venue par curiosité, mais qui semblait visiblement satisfaite et ne se gênait pas pour dire hautement : « Enfin, elle a attrapé ce qu’elle mérite ». « Je dois dire dès maintenant qu’à l’instant, où, en entrant chez la femme B., je l’ai vue étendue sur son lit, j’ai eu le sentiment que quelque chose d’obscur s’éclairait subitement dans mon esprit. En ce moment j’ai compris que c’était la sorcière qui avait été touchée par la pointe de mon arme, lorsque la nuit j’avais frappé d’un coup de sabre le panneau de la chambre vide. » « La blessée était pansée et nettoyée, je sortis avec M. N. Nous montâmes au premier étage de la maison vide, vers la porte brisée. M. N. la regarda sans rien dire. Il était visiblement ému. Quant à moi, je ne l’étais pas moins. Je rompis le premier le silence et fis part à M. N. de mes idées. »
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Vue intérieure du tombeau de la Guérisseuse Françoise Souvestre (Cliché BAUER, MARCHET et Cie, Dijon)
« Il faut dire qu’à l’époque dont je parle, je n’avais aucune notion des sciences ou des forces occultes ; M. N. non plus. Les rapprochements que je faisais entre ce qui s’était passé la nuit et l’état dans lequel on avait trouvé la sorcière, n’étaient que purement intuitifs. » « M. N. ne répondit rien à mes questions, se bornant à dire : « Je n’y comprend rien, mais il se passe ici des choses horribles. » Moi, je ne comprenais pas davantage, et nous tombâmes d’accord pour ne plus parler à qui que ce soit des événements de la nuit, quoi qu’il arrivât à la femme B. » « A une heure, le médecin arriva. M. N. et moi l’accompagnâmes chez la sorcière. Il ne pu que constater la gravité de la blessure, et nous prévint que la pauvre femme n’avait plus que quelques heures à vivre. A ses questions concernant la cause possible de la blessure, nous nous abstînmes, comme il était convenu de toute indication. En prévision d’une issue fatale à brève échéance, le médecin resta chez nous. Il dressa un rapport sur le fait, et je fis immédiatement partir un homme pour porter ce rapport au plus proche poste de gendarmerie. » « Un brigadier arriva à 7 heures du soir et dressa procès-verbal dans la chambre même de la blessée... » « Une enquête, ordonnée, purement pour la forme resta sans résulta et fut abandonnée. La justice conclut à une chute accidentelle. »
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« La sorcière mourut dans la soirée. » « Depuis l’époque de ces événements, j’ai cru pouvoir conclure : 1° Que la femme B. avait été un médium très fort à effets physiques, mais un médium agissant consciemment ; 2° Que, partant, la femme B. avait été, ou bien douée de facultés extraordinaires pour l’émission de son corps astral, ou bien qu’elle avait été initiée dans certaines pratiques à cet effet ; 3° Que le bruit nocturne dans ma chambre avait été produit par la femme B., c’est-à-dire par son corps astral, et cela dans l’intention de m’effrayer, pour se venger de ce que j’avais amené notre chien à résister à son pouvoir occulte. C’est pourquoi, elle avait résolu d’imiter le bruit que le chien avait fait à sa propre porte quand il s’était élancé sur elle ; 4° Que, en portant le coup de sabre contre la porte ou contre l’ombre lumineuse, l’acier avait touché le corps astral et qu’une disjonction moléculaire de celui-ci, dû au contact de la pointe d’acier le traversant avec une vitesse considérable, avait provoqué la blessure de la femme B. ». Ce récit terrible et absolument vrai (la personnalité du narrateur étant à l’abri de tout soupçon) montre que la sorcière ou le sorcier mal intentionné est toujours victime de ses actes, et ne tarde pas à être puni par « l’occulte ». Il en est de même de ces vieux bergers, « j’teux de sorts » dont les paysans ont une crainte que justifient souvent les actes criminels dont ils se rendent coupables sous le couvert de la Magie. Et je pourrais multiplier les exemples de ces magiciens qui furent frappés par le « choc en retour ». A côté de ces sorciers noirs, de ces sorcières toujours prêtes à une mauvaise action pour une rémunération souvent insignifiante, il est des créatures qui n’employèrent jamais leurs forces magiques qu’au bonheur et au soulagement de leurs semblables. A celles-là, les populations élèvent des statues, construisent des tombeaux. Est-il une magicienne ayant fait plus de bien que cette Françoise Souvestre, dont Alfred Martezé, le profond psychologue de la Vie Mystérieuse a raconté l’histoire. « Françoise, dit-il, était perclue des deux jambes. Vers la fin de sa vie, étant donné son grand âge et cette infirmité, elle représentait assez exactement le type des saints et saintes d’autrefois, grands mystiques, grands guérisseurs dont la science médicale actuelle, sortie des bocaux, alambics, fioles, manieuse, de microbes et de poissons, a chassé le souvenir au nom de la raison, sans peut-être rechercher ce qu’avaient de bon les méthodes psychiques. » « Françoise était humble, pieuse, pauvre. Elle a guéri beaucoup de malades.
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Elle avait la faculté de lire dans la pensée de ses visiteurs et aussi le pouvoir de se rendre invisible... On passait près d’elle, on regardait la place où elle était, on ne la voyait pas... » « Elle recommandait de s’adresser à Dieu par l’intermédiaire de Sainte Philomène. Et bien qu’illettrée, elle a composé des prières et des litanies. Elle a passé en faisant le bien. La reconnaissance populaire s’est manifestée après sa mort. Sa demeure, une modeste maisonnette, parfaitement entretenue est devenue un lieu de pélerinage. Un monument d’aspect très pittoresque et très inattendu lui a été élevé dans le petit cimetière bourguignon où elle repose... Il se compose d’une sorte de serre vitrée ouverte en avant. Les parois sont formées de vitraux représentant le vénérable curé d’Ars, Sainte Philomène, etc. A l’intérieur sont disposées des statues, des fleurs ; à l’intérieur des couronnes de perle, témoignages des guérisons, des faveurs obtenues par l’intercession de Françoise, avant et depuis sa mort. » C’est à Magny-sur-Tille, près de Dijon, que la bonne magicienne dort son dernier sommeil.
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CHAPITRE III L’Adeptat Comment on devient Mage - Les Lectures Un état d’âme spéciale
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ous les jours nous voyons des jeunes gens, et même des hommes d’âge mûr qui se découvrent la vocation de « Mage ». Après avoir lu une « Poule Noire » quelconque ou un mauvais « Petit Albert » tronqué, ils sont hantés par le désir de devenir des êtres fabuleux, capables de faire du jour la nuit, de se rendre invisibles et de converser avec les esprits du mal. Généralement leurs projets sont ténébreux. Qui veut s’adresser aux esprits du mal n’a pas de besogne sainte à leur recommander. Les uns veulent se débarrasser d’un concurrent qui les gêne, d’une femme qui a cessé de plaire ; les autres veulent la fortune sans effort, pour satisfaire à des goûts de luxe ou à des vices. Et chacun de demander les secrets, les philtres, les poudres qui terrassent les hommes, qui sèment la mort, qui asservissent les volontés infernales. Comme Faust qui vendit son âme pour un peu de jeunesse, ils sont prêts à vendre la leur pour de l’or et de la vengeance assouvie. Tous ces gens ont une piètre idée de la Magie et de sa philosophie sublime. Ce livre préparatoire, je ne l’écris pas pour ces âmes malfaisantes, mais bien pour ceux qui, gémissant sur la banalité de la vie, veulent sortir de ce matérialisme ignoble qui déshonore les ambiances terrestres ou de ce mysticisme faux et débilitant des religions. Avec la Magie, étudiée théoriquement d’abord, pratiquement ensuite, mes lecteurs apprendront à diriger leur volonté, à se servir des forces intelligentes de la nature, pour des oeuvres fortes de Justice et de Vérité. Par l’étrangeté et le caractère grandiose de leurs expériences, ils mâteront leur émotion, ils commanderont à leurs nerfs ; par les résultats obtenus, ils se sentiront
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forts, consolés, grandis et passeront dans l’existence, le front haut, la conscience en paix, le coeur solide comme des matelots à leur bord. Le Positivisme est la mort du siècle. Et ce n’est pas par les religions restées enfantines dans leur idéalisme bêbête que se relèvera la génération du XXe siècle. C’est par l’étude consciencieuse des sciences occultes et surtout par la Magie dont l’idéalisme repose sur des bases révélatrices au premier chef, sur une tradition sacrée, sur des faits vérifiés et contrôlés par les plus grands savants. Papus, notre maître, a dit : « Jusqu’à présent les enseignements de l’ésotérisme ont été renfermés au sein des fraternités occultes qui les ont conservés intacts... Les faits de magie sont dangereux, et, à l’exemple d’un des plus grands maîtres contemporains, Eliphas Lévi, nous prévenons d’avance les imprudents qu’ils s’exposent à la folie ou à la mort en poursuivant ces études dans un simple but de curiosité. Quiconque a peur de la souffrance, craint les privations ou recule devant la mort, fera mieux certes, d’étudier le sport que la Magie et les maillots de nos ballerines seront pour lui spectacles plus accomodants que les visions de l’Astral. » Donc, jeune étudiant magiste, méditez bien ces paroles, et si vous vous sentez l’âme assez forte pour affronter les mystères ésotériques, apprenez comment on se prépare à l’adeptat. Si vous avez l’habitude d’aller, avec quelques amis, faire votre partie de manille en sortant de votre bureau ou de votre atelier, vous devez y renoncer immédiatement. Après le travail, regagnez votre domicile et enfermez-vous avec des livres choisis que vous lirez méthodiquement. Le Traité des Sciences Occultes de Papus vous sera d’abord précieux. L’Histoire Philosophique du Genre humain et les Vers dorés de Pythagore de Fabre d’Olivet vous sont indispensables pour vous permettre de vous faire un jugement sur l’HOMME, sur ce qu’il doit être, sur ses destinées et sur la mission occulte qui lui est dévolue. Vous pourrez aborder ensuite les oeuvres d’Eliphan Lévi et de Stanislas Gaîta, mais ne les lisez qu’avec la plus grande circonspection, parce que ces ouvrages furent écrits par des âmes orgueilleuses qui firent de la Magie à la manière de l’ange Lucifer qui se révoltait contre son Dieu. Eliphas Lévi a cependant, surtout dans ses premiers ouvrages, fait comprendre la grandeur des sciences occultes, mais son Histoire de la magie ne peut être donnée en exemple aux étudiants, parce que trop pleine d’aperçus personnels qui sont contre la Tradition et qui, par conséquent, dénaturent la philosophie essentielle de la Magie, en faussant l’étude expérimentale de ceux qui veulent s’initier à la « Grande Science ». Le Traité élémentaire de Magie de Papus est à recommander aux étudiants, parce qu’il suit exactement la Tradition, et permet à celui qui a déjà lu un livre préparatoire comme le nôtre, de comprendre les théories de Pythagore et de Platon, et
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d’étudier la « manifestation possible des facultés de l’être humain sous l’influence des diverses réactions venues de l’extérieur ». Ce traité que Papus, modestement annonce être l’introduction au Rituel d’Eliphas Lévi, est à lui seul un rituel, mais clair, vivant, d’une philosophie compréhensible, d’une application rationnelle. C’est une oeuvre qui a fait beaucoup de bien, et qui en fera encore. L’étudiant - son nom l’indique - doit étudier, et surtout comprendre avant de passer aux applications. Et cette étude, il doit la faire en sacrifiant aux obligations de sa profession, avec la ferme intention de ne jamais abandonner la tâche quotidienne. Son étude doit être exempte d’emballement, et sa ferveur doit être calme. Ceux qui font de l’occultisme avec leurs nerfs, c’est-à-dire qui obéissent à l’être instinctif, sont de mauvais occultistes. Et c’est pourquoi nous voyons dans les petites chapelles spirites, tant de vieilles dames ridicules qui appellent les esprits avec des larmes dans la voix ou des crises épileptiques ou qui écrivent des vers de quatorze pieds en évoquant Victor-Hugo. La passion, en occultisme, appelle la folie, conduit aux drames domestiques, aux catastrophes imprévues. Fabre d’Olivet a vu sa femme adorée le quitter, parce qu’il voulait la courber devant les Mystères et lui imposer de lui servir de sujet. Et il mourut tragiquement devant son autel magique. Nous raconterons autre part la mort d’Eliphas Lévi et celle de Gaîta. Tous ces génies qui ne surent pas faire triompher « l’homme de raison » de « l’homme instinctif » moururent victimes de leur passion. Parmi les modernes occultistes nous avons heureusement des hommes d’un grand talent qui savent garder la mesure et qui feront regagner le terrain que les fous de génie ont fait perdre aux sciences mystérieuses. Le futur mage s’efforcera donc, avant tout, à étudier sans passion, mais aussi sans distraction. Il devra garder le plus absolu secret sur ses études, et pourra confier son désir d’initiation, uniquement, à ceux qui, de notoriété publique, sont déjà des maîtres. Et comme la Magie ne peut être qu’un adjuvant à la vie courante, il ne négligera rien de ses fonctions habituelles, s’efforçant, au contraire à n’être jamais distrait dans son travail par les souvenirs de ses études magiques. Il s’efforcera de se faire un « état d’âme » en combattant sa nervosité qu’il mettra lui-même à l’épreuve. Pouvoir écouter une injure, des observations ineptes ou injustes, sans entendre son coeur battre avec violence, sans que l’homme instinctif ait le geste réflexe qui doit châtier ; c’est être déjà mûr pour la maîtrise. Il s’efforcera également à être bon. La bonté régulière est rare. L’homme est généralement bon par à-coups, quand il est très triste ou quand il est très gai. La bonté que l’étudiant en magie doit chercher est cette bonté qui ne consiste pas seulement à faire du bien à son prochain et à ouvrir son porte-monnaie, mais qui s’exerce dans tous les actes de la vie, si minimes soient-ils. On est bon quand on est galant avec une
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femme laide dont les hommes s’éloignent, quand on écoute attentivement un vieillard qui radote, quand on sauve de la torture un malheureux crapaud que des gamins vont lapider. On est bon quand on s’efforce de relever un camarade qui s’enlize dans la débauche, quand on sacrifie son nécessaire pour le superflu d’une créature souffrante ou d’un enfant qui n’a jamais connu la douceur des bonbons et des jouets. Et quand cette bonté régulière s’est introduite dans les actes ordinaires de l’existence, l’âme se sent plus légère et l’étudiant connaît la véritable joie.
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CHAPITRE IV Le régime de l’étudiant L’alimentation et son rôle dans la pratique de la Magie. - Le Végétarisme - La Méditation solitaire. - L’influence de la Nature
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a partie de notre « moi » qui constitue ce que j’appellerai « l’homme machine » a besoin pour vivre de ce combustible qui est l’aliment. L’activité du moteur dépend de la quantité de combustible, et il est évident que l’ouvrier qui dépense ses forces et voit sa sueur couler abondamment a besoin de plus d’aliments que le penseur et l’écrivain. Chez le premier « l’homme machine » doit être satisfait pour pouvoir accomplir sa besogne de machiniste, chez le second les aliments ont moins d’importance puisque seule la partie spirituelle de son être travaille et qu’il lui faut plutôt des excitants que des nutrifiants. Cependant je conseille à l’étudiant de ne pas trop exciter son organisme, de façon à éviter cet emballement dont je parlais tout à l’heure et qui lui serait préjudiciable. Il attendra l’heure de l’entraînement magique avant de supprimer la suralimentation qui constitue le régime habituel de l’homme moderne. Il pourra cependant biffer la viande de son menu. Elle ne lui est nullement nécessaire. Il mangera d’abord instinctivement du poisson, des oeufs, du fromage, des pâtes, des légumes et boira, soit de l’eau très pure, soit du lait, pour arriver à se consacrer au régime végétarien le plus strict, trente jours avant son initiation définitive à la Magie. A ce moment, il pourra profiter d’un congé (dans toutes les professions aujourd’hui, un congé assez long est accordé dans l’année) pour aller se retirer à la campagne, dans un coin bien tranquille et surtout solitaire où il pourra rêver sans
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aucun souci de la vie matérielle. Là, au milieu des champs, dans les bois, il promènera ses pensées, il élèvera son âme vers l’entité divine par une prière ardente qui trouvera son exaltation dans l’ardente nature qui l’environ-nera. Et son régime ne sera composé que de pain, de légumes cuits à l’eau et de fruits. Il y a autant d’azote dans les aliments végétaux que dans les aliments animaux, mais tandis que les premiers agissent sur la matière cérébrale, les seconds agissent sur la machine corporelle. A ce régime végétarien, l’étudiant pourra ajouter du thé, plusieurs fois par jour, et si le temps est beau et chaud, je lui conseille de dormir en plein air, à la clarté des étoiles, de façon à ressentir plus profondément les influences astrales. Ce régime ne lui causera aucune déperdition de forces. Il se sentira, au contraire, plus vigoureux, il percevra presque la dualité de son corps organique, et il pourra commencer la série des expériences qui feront de lui « le MAGE ».
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CHAPITRE V La prière De l’influence de la prière sur la Magie. Les Sept oraisons mystérieuses.
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a prière est une élévation de l’homme vers Dieu. Par conséquent tout ce qui élève la pensée, qui ennoblit l’âme, tout ce qui, dans la vie de la créature est un hommage à l’entité divine, constitue une prière. La méditation, le travail, la lecture sont autant de prières. Je ne peux cependant dans ce petit cours passer sous silence, les Sept Oraisons mystérieuses de l’enchiridon, parce qu’elles font partie de la journée de l’étudiant magiste, et que par leur beauté et leur sens ésotérique, elles constituent le plus merveilleux entraînement à la prière.
Voici ces oraisons pour chaque jour de la semaine. Dimanche. - Notre père qui êtes aux Cieux, que votre nom soit sanctifié, que votre règne arrive, que votre volonté soit faite sur la terre comme aux cieux. Donnez-nous aujourd’hui notre pain quotidien et pardonnez-nous nos offenses comme nous les pardonnons à ceux qui nous ont offensés ; ne nous laissez pas succomber à la tentation, mais délivrez-nous du mal. Ainsi soit-il. Délivrez-moi Seigneur, je vous prie, qui suis votre créature (ici dites votre nom) de tous les maux passés, présents et à venir, tant de l’âme que du corps ; donnez-moi par votre bonté la paix et la santé et me soyez propice, moi qui suis votre créature, par l’intercession de la bienheureuse Vierge Marie et de vos apôtres Saint Pierre, Paul, André et de tous les
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saints. Accordez la paix à votre créature et la santé pendant ma vie, afin qu’étant assisté du secours de votre miséricorde, je ne sois jamais esclave du péché ni dans la crainte d’aucun trouble, par le même Jésus-Christ votre Fils, Notre-Seigneur, qui, étant Dieu, vit et règne en l’unité du SaintEsprit dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il. Que la paix du Seigneur soit toujours avec moi. Ainsi soit-il. Que la paix, Seigneur, que vous avez laissée à vos disciples, demeure toujours ferme dans mon coeur et soit toujours avec moi et mes ennemis tant visibles qu’invisibles. Ainsi soit-il. Que la paix du Seigneur, son visage, son corps, son sang, m’aide, me console et me protège, moi qui suis votre créature (ici votre nom) aussi bien que mon âme et mon corps. Ainsi soitil. Agneau de Dieu, qui avez daigné naître de la Vierge Marie ; qui, étant sur la croix avez lavé le monde de ses péchés, ayez pitié de mon âme et de mon corps. Christ, agneau de Dieu, immolé pour le salut du monde, ayez pitié de mon âme et de mon corps. Agneau de Dieu, par lequel tous les fidèles sont sauvés, donnez-moi votre paix qui doit toujours durer, tant dans cette vie que dans l’autre. Ainsi soit-il. Lundi. - O Grand Dieu par lequel toutes choses ont été délivrées, délivrez-moi aussi de tout mal. O Grand Dieu qui avez accordé votre consolation à tous les êtres, accordez la moi aussi. O Grand Dieu qui avez secouru et assisté toutes choses, aidez-moi aussi et me secourez dans toutes mes nécessités, dans toutes mes misères, mes entreprises, mes dangers ; délivrez-moi de toutes les oppositions, embûches de mes ennemis, tant visibles qu’invisibles, au nom du père qui a créé le monde entier (croix), au nom du Fils qui l’a racheté (croix), au nom du Saint-Esprit qui a accompli la loi dans toute sa perfection. Je me jette tout entier entre vos bras et je me mets entièrement sous votre sainte perfection. Ainsi soit-il. Que la bénédiction de Dieu le Père tout puissant, du Fils et du Saint-Esprit soit toujours avec moi. Ainsi soit-il (croix). Que la bénédiction de Dieu le Père, qui, de sa seule parole a fait toutes choses, soit toujours avec moi (croix). Que la bénédiction de Notre-Seigneur Jésus-Christ, Fils du Grand Dieu vivant, soit toujours avec moi (croix). Ainsi soit-il. Que la bénédiction du Saint-Esprit avec ses sept dons soit toujours avec moi. Ainsi soit-il. Que la
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bénédiction de la Vierge Marie, avec son Fils soit toujours avec moi. Ainsi soit-il. Mardi. - Que la bénédiction et consécration du pain et du vin que notre Seigneur Jésus-Christ a faite quand il les donna à ses disciples leur disant : « Prenez et mangez tous de ceci, ceci est mon corps qui sera livré pour vous, en mémoire de moi et pour la rémission de tous les péchés » soit toujours avec moi (croix). Que la bénédiction des saints anges, archanges, des Vertus, des Puissances, des Trônes, des Dominations, des Chérubins, des Séraphins, soit toujours avec moi (croix). Ainsi soit-il. Que la bénédiction des Patriarches et Prophètes, apôtres, martyrs, confesseurs, vierges et de tous saints de Dieu, soit toujours avec moi (croix). Ainsi soitil. Que la bénédiction de tous les cieux de Dieu soit toujours avec moi (croix). Ainsi soit-il. Que la majesté de Dieu tout puissant me soutienne et me protège ; que sa bonté éternelle me conduise ; que sa charité sans borne m’enflamme ; que sa divinité suprême me conduise : que la puissance du Père me conserve : que la Sagesse du Fils me vivifie ; que la vertu du SaintEsprit soit toujours entre moi et mes ennemis tant visibles qu’invisibles. Puissance du Père, fortifiez-moi ; sagesse du fils, éclairez-moi ; consolation du Saint-Esprit consolez-moi. Le Père est la paix. Le Fils est la vie. Le Saint-Esprit est le remède de la consolation et du Salut. Ainsi soitil. Que la divinité de Dieu me bénisse. Ainsi soit-il. Que sa piétié m’échauffe ; que son amour me conserve. O Jésus-Christ, Fils du Grand Dieu vivant, ayez pitié de moi, pauvre pécheur. Mercredi. - O Emmanuel ! Défendez-moi contre l’ennemi malin et contre tous mes ennemis visibles et invisibles et me délivrez de tout mal. Jésus-Christ est venu en paix, Dieu fait homme qui a souffert patiemment pour nous. Que Jésus-Christ, roi débonnaire soit toujours au milieu de moi et de mes ennemis pour me défendre. Ainsi soit-il. Jésus-Christ triomphe, Jésus-Christ règne, Jésus-Christ commande. Que Jésus-Christ me délivre de tous maux continuel-lement. Ainsi soit-il. Que Jésus-Christ daigne me faire la grâce de tous mes adversaires. Ainsi soit-il. Voici la croix de NotreSeigneur Jésus-Christ. Fuyez donc, mes ennemis, à sa vue, le lion de la tribu de Juda a triomphé. Race de David. Alléluia ; alléluia, alléluia. 26
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Sauveur du monde, sauvez-moi et me secourez. Vous qui m’avez racheté par votre croix et votre très précieux sang, secourez-moi, je vous en conjure, mon Dieu, ô Agios, ô Théos, Agios Ischyros, Agios Athanatos. Eleison Himas, Dieu saint, Dieu fort, Dieu miséricordieux et immortel, ayez pitié de moi qui suis votre créature (ici dire votre nom) mais soyez mon soutien, Seigneur ; ne m’abandonnez pas, ne rejetez pas mes prières, Dieu de mon salut ; soyez toujours mon aide Dieu de mon salut. Jeudi. - Eclairez mes yeux d’une véritable lumière, afin qu’ils ne soient pas fermés d’un sommeil éternel, de peur que mon ennemi n’aie lieu de dire que j’ai eu l’avantage sur lui. Tant que le Seigneur sera avec moi, je ne craindrai pas la malignité de mes ennemis. O très doux Jésus, conservez-moi, aidez-moi, sauvez-moi ; qu’à la seule citation du nom de Jésus, tout genou fléchisse, tant céleste, terrestre, qu’infernal, et que toute langue publie que Notre- Seigneur Jésus-Christ jouit de la gloire de son Père. Ainsi soit-il. Je sais, à n’en pas douter, qu’aussitôt que j’invoquerai le Seigneur en quelques jour et heure que ce soit, je serai sauvé. Très doux Seigneur Jésus-Christ, Fils du grand Dieu vivant, qui avez fait de si grands miracles par la seule force de votre très précieux nom, et avez enrichi si abondamment les indigents, puisque par sa force les démons fuyaient, les aveugles voyaient, les sourds entendaient, les boiteux marchaient, les muets parlaient, les lépreux étaient nettoyés, les infirmes guéris, les morts ressuscités ; car aussitôt qu’on prononçait le très doux nom de Jésus, l’oreille était ravie et la bouche remplie de ce qu’il y a de plus agréable ; à cette seule prononciation dis-je, les démons prenaient la fuite, tout genou fléchissait, toutes les tentations, même les plus mauvaises étaient déracinées, toutes les infirmités guéries, toutes les disputes et combats qui sont et étaient entre le monde, la chair et le diable étaient dissipés, et on était rempli de tous bien célestes, parce que quiconque invoquait ou invoquera ce saint nom prononcé par l’Ange, même avant qu’il fut conçu dans le sein de la Vierge était et sera sauvé. Vendredi. - O doux nom ! nom fortifiant le coeur de l’homme, nom de vie, de salut, de joie, nom précieux, rayonnant, glorieux et agréable,
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nom fortifiant le pécheur, nom qui sauve, conduit, conserve et gouverne tout, qu’il vous plaise donc très précieux Jésus, par la force de ce même Jésus, éloigner de moi le démon : éclairez-moi, Seigneur qui suis aveugle, dissipez ma surdité, redressez-moi qui suis boiteux ; rendez-moi la parole, moi qui suis muet : guérissez ma lèpre, rendez-moi la santé à moi qui suis malade, et me ressuscitez, moi qui suis mort ; redonnez-moi la vie, et m’environnez de toutes parts, tant au-dedans qu’au dehors, afin qu’étant muni et fortifié de ce saint nom, je vive toujours dans vous, en vous louant, honorant, parce que tout vous est dû, parce que vous êtes le plus digne de gloire, le Seigneur et le Fils éternel de Dieu par lequel toutes choses sont dans la joie et sont gouvernées. Louange, honneur et gloire vous soient à jamais rendues dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il. Que Jésus soit toujours dans mon coeur et dans mes entrailles. Ainsi soit-il. Que Notre-Seigneur Jésus-Christ soit toujours au dedans de moi, qu’il me rétablisse, qu’il soit autour de moi, qu’il me conduise, qu’il soit derrière moi, afin qu’il me garde, qu’il soit au-dessus de moi, afin qu’il me bénisse, qu’il soit dans moi, afin qu’il me vivifie ; qu’il soit auprès de moi, afin qu’il me gouverne, qu’il soit au-dessus de moi afin de me fortifier ; qu’il soit toujours avec moi afin qu’il me délivre de toutes les peines de la mort éternelle, lui qui vit et règne dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il. Samedi. - Jésus fils de Marie, salut du monde, que le Seigneur me soit favorable, doux et propice, qu’il m’accorde un esprit sain et volontaire pour lui rendre l’honneur et le respect qui lui sont dûs, lui qui est le libérateur du monde. Personne ne peut mettre la main sur lui parce que son heure n’était pas encore venue, lui qui est, qui était et sera toujours, a été Dieu et homme, commencement et fin. Que cette prière que je lui fais me garantisse éternellement contre mes ennemis. Ainsi soit-il. Jésus de Nazareth, roi des Juifs, titre honorable, Fils de la Vierge Marie, ayez pitié de moi, pauvre pécheur, et conduisez-moi selon votre douceur dans la voie du salut éternel. Ainsi soit-il. Or Jésus, sachant les choses qui lui devaient arriver, s’avança et leur dit : « Que cherchez-vous ? ». Ils lui répondirent : « Jésus de Nazareth ». Jésus leur dit : « C’est moi ». Or Judas qui devait le livrer était avec eux. Aussitôt qu’il leur eut dit que
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c’était lui, ils tombèrent à la renverse par terre. Or Jésus leur demanda de rechef : « Que cherchez-vous ? » Ils lui dirent encore : « Jésus de Nazareth ». Jésus leur répondit : « Je vous ai déjà dit que c’était moi ». Si c’est moi donc que vous cherchez, laissez aller ceux-ci (parlant de ses disciples). La lance, les clous, la croix (croix), les épines, la mort que j’ai souffert, prouvent que j’ai effacé et expié les crimes des misérables : préservez-moi Seigneur J.C., de toutes plaies de pauvreté et des embûches de mes ennemis, que les cinq plaies de Notre-Seigneur me servent continuellement de remède. Jésus est la voie (croix), Jésus est la vie (croix), Jésus est la vérité (croix), Jésus a souffert (croix), Jésus a été crucifié (croix), Jésus, Fils de Dieu vivant ayez pitié de moi (croix). Or Jésus passant, allait au milieu d’eux, et personne ne mit sa main meurtrière sur Jésus, parce que son heure n’était pas encore venue. Il reste entendu que la prière ne peut jamais dégénérer en une habitude, et que le Magiste ne doit pas prier du bout des lèvres en marmottant des paroles, toujours les mêmes, apprises par coeur, comme le prêtre à l’autel ou la dévote, à l’office du dimanche. La prière, qui est la première cérémonie magique de l’étudiant doit jaillir du coeur du fidèle qui, lui-même doit trouver intuitivement, les paroles de remerciement, de glorification, d’intercession qui doivent aller jusqu’au centre divin. Papus dit que la prière a pour but la « fusion momentanée du moi et de l’inconscient supérieur, le soi, par l’action du sentiment idéalisé sur la volonté magiquement développée ». Il ajoute qu’il est utile d’accompagner par un chant ou par de la musique, les paroles de la prière. J’ai donné les sept oraisons mystérieuses, parce que la Tradition accorde à cette prière des résultats matériels immenses à qui la dit avec foi. Mais si l’étudiant magiste peut régulièrement en formuler les paroles chaque jour de la semaine, il est évident qu’il renforcera son aimantation astrale en en disant une qui sera l’émanation de son « moi ». Avant d’indiquer à notre élève la façon de prier, dans le cadre absolument indispensable ; il est intéressant de jeter un coup d’oeil sur l’Astrologie kabbalistique, qui donne la clef de presque toutes les pratiques magiques
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CHAPITRE VI L’Astrologie kabbalistique Les sept planètes magiques. - Leur définition. - Portrait de l’homme influencé par les planètes. La signature des planètes.
La Magie ne reconnaît que sept planètes. Pour elle, les autres n’existent pas. Ce sont, dans l’ordre magique, et non dans l’ordre astronomique : Saturne ...................................................... Jupiter....................................................... Mars .......................................................... Le Soleil..................................................... Vénus ......................................................... Mercure..................................................... La Lune ..................................................... Saturne est la mauvaise planète, et ceux qui subissent son influence continuelle, peuvent peut-être vivre longuement, mais sont attristés pendant toute leur existence par des chagrins d’ordre intime. L’ingérence de Saturne, planète malfaisante se manifeste sur la créature en en faisant une victime ou une criminelle. Deibler, l’actuel exécuteur des hautes oeuvres a, dans son Ciel horoscopique, la longitude suivante :
au 29° 58’ du ce qui, en composant son thème de nativité du 11 février 1867, indique que sa profession l’incitera à tuer.
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Saturne, quand il n’engendre pas le mal, engendre la tristesse. Et si vous rencontrez sur votre chemin, un homme, aux yeux brillants, aux épaules voûtées, aux traits mélancoliques, à l’allure lente, aux gestes calculés, soyez certains que 80 fois sur 100, il sera signé par Saturne. Ely Star décrit ainsi le Saturnien :
« Front carré et osseux, arcade sourcillière saillante, sourcils droits, noirs et épais. La vue est faible, les yeux ont un regard pénétrant et sévère. Le nez est grand, osseux, saillant et courbé, il s’amincit au bout. La bouche, aux lèvres minces, ignore le sourire ; le menton comme les pommettes est anguleux et saillant. Le teint, très pâle est d’une nuance citrine. Les cheveux sont noirs, drus et épais ; le cou est long et maigre, les épaules sont hautes, le dos un peu voûté. Voix basse, résonnante et triste. Démarche lente, imposante. Ce type se rencontre fréquemment parmi les ecclésiastiques ». Le Samedi est le jour de Saturne. Sa couleur est naturellement le Noir, signe du deuil que cette planète apporte avec elle. C’est le jais et l’onyx qui sont ses pierres préférées, le plomb son métal ; c’est l’alun et le soufre diabolique qui sont les odeurs que cette planète respire avec délices ; c’est le cyprès, l’arbre de mort sous lequel elle repose. Jupiter est la planète de l’homme droit, de celui qui sait où il va, ce qu’il veut, et dont la sagesse égale le savoir. Posséder Jupiter en ascendant dans l’horoscope, c’est espérer la gloire et les honneurs légitimes, c’est vivre une vie, toute de joies morales et intellectuelles. Voici, toujours d’après le même auteur, le type du jupitérien :
« La figure affecte un peu le carré long ; le front est bien proportionné ; les sourcils, un peu éloignés de la racine du nez, ombragent de beaux yeux, riants et humides, dont la prunelle, bleue ou grise, laisse filtrer un regard droit, ouvert et toujours rempli de bienveillance. Les lèvres, assez fortes, sont fermes et vermeilles ; le menton est orné d’une fossette. Le jupitérien a généralement les cheveux châtains... voix au timbre agréable et captivant, gestes nobles, joyeux, démarche élégante. » Le Jeudi est le jour de Jupiter. Couleur : Bleu métallique. Pierre : Saphir. Métal : Etain. Odeur : Aloës. Arbre : figuier. Mars, la planète qui est la plus proche de la terre est une planète batailleuse. En mythologie, du reste, Mars, fils de Jupiter et de Junon, est le dieu de la Guerre. L’homme, influencé par Mars est courageux et énergique, mais souvent violent, brutal
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et coléreux. En Magie, les radiations de Mars sont des radiations volitives employées pour les réalisations.
« Le type marsien se reconnaît à l’exagération, aux manières vulgaires, rudes, sans façons. Face ronde, joues musclées, pommettes saillantes. Le teint du marsien est d’un rouge brûlé ; les yeux sont très ouverts, étincelants ; le regard ferme a quelque chose de dur, la prunelle en est roussâtre, safranée de fauve, et souvent la conjective est imprégnée de sang. Le nez, élevé dès sa racine se recourbe en forme de bec d’aigle ; la bouche, dédaigneuse est abaissée aux coins Menton carré, cheveux roux ou blonds, souvent frisés et crépus. Vigoureuse constitution mains courtes, épaisses et charnues. Voix forte et vibrante. » Le Mardi est le jour de Mars. Couleur : Rouge. Pierre : Améthyste. Métal : Fer. Odeur : Ail. Plante : Absinthe. Le Soleil (Apollon en mythologie) est la planète créatrice, celle qui nous donne la chaleur et par conséquent, la vie. Le Soleil est encore adoré par certains peuples primitifs qui lui offrent des sacrifices et se mettent sous sa protection, parce que cette planète, comme la Lune, est celle dont les effets se font physiquement sentir. Le Soleil symbolise, en Magie, la générosité, la jeunesse, la beauté physique et morale. Toutes les combinaisons astrologiques reposent sur la position qu’occupe le Soleil par rapport aux signes du Zodiaque.
« Le Solarien a une physionomie empreinte de noblesse calme et impassible, de majesté et de gravité. Les yeux, d’une expression douce et sévère, ont une prunelle jaune avec des pointillés d’or, ombragés par de longs cils. Le regard fixe, sans blesser ; il est dominateur. Le nez est aquilin et bien fait ; la bouche est de moyenne grandeur, la coupe du visage est ronde ou ovale ; les cheveux, d’un blond roux avec quelques filets d’or. La mimique est sobre, les gestes calmes, la démarche majestueuse. » Le Dimanche est le jour du Soleil. Couleur : Jaune or. Pierre : Chrysolithe. Métal : Or. Odeur : Safran. Arbre : Citronnier. Vénus est une planète féminine. Elle représente la grâce, la beauté, l’élégance, avec toutes les séductions de la jeunesse et de l’amour. Elle symbolise également l’altruisme ; le dévouement, l’affection conjugale, le DEVOIR enfin. C’est une planète de bonté et de charme, mais aussi de faiblesse et d’entraînement sensuel.
« Le vénusien a le visage rond ou ovale, le teint blanc et rosé, de très
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beaux yeux ornés de longs cils. Le regard est doux, aimable et attirant, le nez est élégant de formes, l’extrémité en est arrondie. La bouche, aux lèvres épaisses et ondulées, est d’une belle nuance incarnat. Le menton est orné d’une fossette, les os de la face ne paraissent nulle part. » Le Vendredi est le jour de Vénus. Couleur : Vert. Pierre : Turquoise. Métal : Cuivre. Odeur : Canelle. Plante : Seringa. Mercure est la planète qui se rapproche le plus du Soleil. Elle symbolise magiquement la puissance du mouvement.
« Le mercurien possède une grande activité cérébrale. Il est vif, agile, adroit de la langue comme des mains. Il est éloquent et persuasif. Chez lui, la faculté d’invention et d’imagination est inépuisable ; les mystères de l’inconnu, de l’au-delà le préoccupent et l’inquiètent ; ses aptitudes sont multiples. Généralement petit, le corps est svelte et bien fait et les attaches très fines ; les mains sont souples et effilées. Il n’aime pas rester longtemps à la même place, ni garder la même attitude ; ses gestes sont prompts et changeants. Jusque dans un âge avancé, il conserve un air de jeunesse qui déconcerte sur son âge réel .» Le Mercredi est le jour de Mercure. Couleur : Le prisme. Pierre : Jaspe. Métal : Mercure. Odeur : Benjoin. Arbre : Pin. La Lune est la planète dominatrice du monde sublunaire. Elle est le réceptacle de tous les fluides qu’elle reçoit de l’astral et qu’elle rend à la terre ou vice-versa. En Magie, elle acquiert une importance aussi grande - si ce n’est plus - que celle du Soleil, et toutes les entreprises faites sous son égide ont plein succès dans les deux plans. C’est au moment où la Lune croît que le magiste doit se servir de ses influences dans ses opérations. Quand elle décroît, rien ne peut réussir.
« Le lunarien a le visage rond - comme la Lune - et l’expression juvénile ; le front incliné en arrière. Les cheveux généralement blonds, sont fins et souples ; le teint est pâle ; l’expression du visage est songeuse, empreinte d’une sérénité mélancolique, la voix est faible et voilée ; les gestes sont mobiles, embarrassés, un peu enfantins. Il est timide, impressionnable et indécis, manquant d’initiative et de confiance en lui ; s’alarmant de tout et souvent agité par des inquiétudes imaginaires. » Le Lundi est le jour de la Lune. Couleur : Blanc. Pierre : Cristal, caillou de Rhin ou diamant. Métal : Argent . Odeur : Ambre. Plante : Tulipe.
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Les trois planètes, mères de l’Astrologie kabbalistique sont : Mercure, le Soleil et la Lune qui opèrent sur le plan de l’idée, tandis que Vénus, Jupiter, Mars et Saturne sont les jouets des trois premières et ne se meuvent que sur le plan de la réalisation. Ce triangle fera, du reste, comprendre notre idée : Mercure
Soleil
Vénus
Lune
Mars
Jupiter
Figure 1
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Saturne
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CHAPITRE VII Les signes du Zodiaque Les planètes dans les signes du Zodiaque. - La Lune et le Zodiaque. - Les heures planétaires
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ous venons de décrire chaque astre et nous avons à désigner maintenant les signes du Zodiaque qui représentent le champ où ces astres vont trouver leur utilité. Le Zodiaque, chacun le sait, est une zone céleste qui coupe l’équateur en deux points distincts ; les points équinoxiaux. Les anciens astronomes séparèrent le Zodiaque en douze signes qui formèrent les constel-lations zodiacales, chacun de ces signes correspond à 30 degrés, comptés dans le sens opposé des aiguilles d’une montre. Voici la nomenclature de ces signes, avec le hiéroglyphe qui les désigne : Le Bélier Le Taureau Les Gémeaux Le Cancer Le Lion La Vierge La Balance Le Scorpion Le Sagittaire Le Capricorne Le Verseau Les Poissons
du 21 Mars du 20 Avril du 21 Mai du 21 Juin du 23 Juillet du 23 Août du 22 Septembre du 22 Octobre du 21 Novembre du 21 Décembre du 20 Janvier du 19 Février
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au 19 Avril. au 20 Mai. au 20 Juin. au 22 Juillet. au 22 Août. au 21 Septembre. au 21 Octobre. au 20 Novembre. au 20 Décembre. au 19 Janvier. au 18 Février. au 20 Mars.
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Le Bélier, le Taureau et les Gémeaux représentent le printemps. Le Cancer, le Lion et la Vierge représentent l’été ; la Balance, le Scorpion et le Sagittaire sont les signes d’automne, et enfin le Capricorne, le Verseau et les Poissons symbolisent l’hiver. La Magie représente le Zodiaque comme correspondant aux différentes parties du corps de l’homme, sur lesquelles les planètes agissent psychiquement. Le Bélier, c’est la tête ; le Taureau, le cou, les épaules ; les Gémeaux, les bras et les jambes ; le Cancer, la poitrine et les seins ; le Lion, les centres nerveux, le plexus solaire ; la Vierge, le ventre ; la Balance, l’épine dorsale ; le Scorpion, les organes sexuels ; le Sagittaire, les cuisses ; le Capricorne, les genoux ; le Verseau, les jambes ; les Poissons, les pieds. Chaque planète a sa Maison dans laquelle, elle vient se reposer - si nous pouvons employer cette image - après l’orbe qu’elle accomplit dans un temps déterminé. Les signes du zodiaque représentent ces demeures de repos. Ainsi Saturne, qui met 29 ans et 187 jours à tourner autour du Ciel vient, avant de refaire son interminable voyage, se reposer dans le Capricorne et le Verseau. Jupiter qui accomplit son cycle en 11 ans, 10 mois et 17 jours, a pour Maisons : le Sagittaire et les Poissons. Mars, dont le voyage est de 687 jours regagne le Bélier et le Scorpion. Le Soleil qui lui, ne bouge pas, est toujours dans le Lion. Vénus, dont l’évolution s’accomplit en 224 jours, 16 heures, trouve ses pénates dans le Taureau et dans la Balance. Mercure, qui tourne en 88 jours a fait élection de domicile dans les Gémeaux et la Vierge, et enfin, la Lune, qui tourne sur elle-même en même temps qu’elle tourne autour de la terre a sa Maison dans le Cancer. Les magiciens de campagne et même les simples cultivateurs connaissent intuitivement toutes les phases de la Lune, les uns pour l’accomplissement de leurs oeuvres magiques, les autres pour la bonne exécution de leurs travaux agricoles. Tous savent, qu’en Lune descendante, il ne faut ni semer, ni planter, ni couper, ni bâtir. Chaque fois qu’ils ont transgressé à cette règle ils éprouvèrent les plus graves déboires. Ils savent encore qu’entre la nouvelle et la pleine Lune, leurs travaux ont été couronnés de succès. La Lune dans les trente degrés de chaque signe du Zodiaque produit des effets spéciaux, bénéfiques ou maléfiques, sans avoir besoin souvent de recourir à d’autres influences planétaires. Dans le Bélier, la Lune favorise les voyages et le négoce ; elle aide à la découverte des trésors et favorise les jeux de hasard. Dans les vingt premiers degrés du Taureau, elle est contraire aux mariages, brouille les amis et les amants, tandis que dans les dix derniers degrés, elle guérit les maladies et accorde la protection des grands de la terre. Dans les Gémeaux, elle protège les chasseurs et les soldats. Dans
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le Cancer, ses influences sont pernicieuses, car elle provoque les trahisons, les crimes de toutes sortes. Dans le Lion, si elle est en mauvais aspect avec Saturne dans les vingt premiers degrés, elle maléficie la plupart des entreprises. Dans les dix derniers degrés, elle donne la prospérité et l’abondance. Dans la Vierge, les joueurs sont favorisés, les voyageurs arrivent sans encombre au terme de leur course. Dans la Balance, elle aide les prospecteurs à découvrir les mines, les sources ; elle fournit aux commerçants, le moyen de faire fortune. Dans le Scorpion, elle est maléfique aux futurs époux. Dans le Sagittaire, elle donne de la gloire et des honneurs. Dans le Capricorne, si Vénus et Jupiter veulent bien se montrer en bon aspect, la santé, l’amour et l’amitié, la concorde triomphent. Dans le Verseau, elle aide à faire sauter la banque à Monaco ou ailleurs, et donne le fin tuyau pour Auteuil. Les heures planétaires sont aussi indispensables en Magie, que les jours. On parle souvent dans les livres des colporteurs, de certaines opérations à accomplir à l’heure de Vénus, de Mars, etc., sans que les lecteurs sachent comment trouver ces heures. Pour établir les heures de jour, il faut simplement diviser l’espace compris entre le lever et le coucher du Soleil, par 12. La même opération doit être faite, pour les heures de nuit, mais cette fois, en divisant le temps compris entre le coucher et le lever du Soleil. Les heures de Saturne, Mars, Mercure et Lune doivent être choisies pour évoquer les esprits ; les heures du Soleil et de Vénus sont les heures de l’amour ; les heures de Saturne et de Mars favorisent les haines et l’assouvissement des vengeances ; les heures de Mercure doivent être choisies pour tout ce qui a trait aux voyages et au négoce, et les heures de Jupiter et de Vénus sont propices aux oeuvres d’amour, aux aventures et aux expériences mystérieuses.
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CHAPITRE VIII Les correspondances planétaires Les trois règnes : animal, végétal et minéral. L’influence des planètes sur l’homme.
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es correspondances planétaires s’imposent à l’étude du magiste, s’il veut conformer son existence aux préceptes de la Kabbale et obtenir les ambiances nécessaires à l’accomplissement de ses opérations. Dans les trois règnes : animal, végétal et minéral, ces correspondances s’affirment inéluctables. Dans le règne animal, Saturne correspond à la taupe comme mammifère, à la huppe comme oiseau, à la seiche, comme poisson. Dans le règne végétal, il représente la racine des plantes suivantes : cyprès, figuier, ellébore, pin, solanées, plantes sombres sans fruits ou avec fruits noirs, plantes vénéneuses, champignons mortels. Pour l’odeur - comme je l’ai déjà dit - et non, pour le parfum, Saturne correspond au souffre. Nous passerons sous silence le règne minéral, ayant indiqué déjà ces correspondances, pour chaque planète, au chapitre VI. D’autres correspondances découlent de Saturne : Son point cardinal est le nordest ; son élément : l’eau ; sa saison : l’automne ; sa saveur : l’âcreté ; ses lieux consacrés : les casernes, les ruines, les mares, les étangs, les bourbiers, les cloaques, les lupanars, tous les lieux obscurs, tristes, malodorants, impurs ; ses régions : La Bavière et la Saxe.
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Voici les correspondances de Jupiter : REGNE ANIMAL - Mammifère : Cerf ; oiseau : Aigle ; poisson : dauphin. REGNE VEGETAL - Jupiter symbolise le fruit et les plantes suivantes : Jusquiane, menthe, chêne, coudrier, peuplier, olivier, figuier, noix, amandes, noisettes, plantes aromatiques, fruits huileux. Odeur : Safran. Autres correspondances. POINT CARDINAL : ouest ; élément : air ; saison : deuxième partie du printemps ; saveur : douce ; lieux consacrés : églises, palais, monuments, bâtiments religieux ; régions : Perse, Assyrie, Hongrie, Espagne. Correspondances de Mars. REGNE ANIMAL. - Mammifère : loup ; oiseau : vautour ; poisson : lucium. REGNE VEGETAL. - Mars représente la tige des plantes suivantes : euphorbe, rhubarbe, ail, oignon, échalote, plantes échauffées. Son odeur est le poivre. Autres correspondances. POINT CARDINAL : sud ; élément : feu ; saison : été ; saveur : amère et mordante ; lieux consacrés : casernes, fours, boulangeries, boucheries, forges, tous les endroits où il y a du feu, du fer et du sang. Régions : Lombardie et Piémont. Correspondances du Soleil. REGNE ANIMAL. - Mammifère : lion ; oiseau : cygne ; poisson : thimallus. REGNE VEGETAL. - Le Soleil représente le centre des plantes suivantes : héliotrope, tournedos, pivoine, laurier, plantes aromatiques. Odeur : Safran. Autres correspondances. POINT CARDINAL : est et sud ; élément : feu ; saison : première partie de l’été ; saveur : violente mêlée de douceur ; lieux consacrés : palais, habitations claires, vastes et riches. Régions : Italie, Sicile, Bohème. Correspondances de Vénus. REGNE ANIMAL. - Mammifère : bouc ; oiseau : colombe ; poisson : veau marin. REGNE VEGETAL. - Vénus représente les fleurs des plantes suivantes : Verveine, valériane, poire, figue, orange, fruits doux, plantes aromatiques. Odeur : cannelle.
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Autres correspondances. POINT CARDINAL : Extrême-Orient ; élément : air et eau ; saison : première partie du printemps ; saveur : douce et savoureuse ; lieux consacrés : fontaines, jardins, prés, salons, alcôves, tous les lieux propices à la volupté. Régions : Arabie, Australie, Suisse. Correspondances de Mercure. REGNE ANIMAL. - Mammifère : singe ; oiseau : cigogne ; poisson : trochus. REGNE VEGETAL. - Mercure représente la semence et l’écorce des plantes suivantes : quintefeuille, coudrée, ortie, tussilage. Odeur : benjoin. Autres correspondances. POINT CARDINAL : nord ; élément : eau et terre ; saison : automne ; saveur : très mauvaise ; lieux consacrés : marchés, foires, boutiques, écoles, tribunaux. Régions : Egypte, Grèce, Angleterre et France. Correspondances de la Lune. REGNE ANIMAL. - Mammifère : chat ; oiseau : hibou ; poisson : lurus. REGNE VEGETAL. - La Lune représente les feuilles des plantes suivantes : palmier, lys, nénuphar, plantes aquatiques. Odeur : aloës. Autres correspondances. POINT CARDINAL : nord-ouest ; élément : eau ; saison : hiver ; saveur : insipide ; lieux consacrés : sources, rivières, plages, bois, champs, montagnes, lieux déserts. Régions : Flandre, Russie, Sibérie.
* ** Nous venons de voir les correspondances des planètes sur les trois règnes, il nous faut maintenant montrer les correspondances planétaires qui atteignent l’homme au point de vue intellectuel, physiologique, social et thérapeutique. Saturne, nous l’avons déjà dit, rend l’homme né sous son influence, taciturne, triste, méditatif. L’énergie, quand il y en a, n’est employée qu’aux oeuvres ténébreuses. Le saturnien peut être excellent diplomate, parce que la diplomatie, c’est toujours de l’hypocrisie. Il emploiera son intelligence à tromper ; il jouera toutes les comédies nécessaires à donner le change à ceux qu’il voudra circonvenir.
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Il réussira dans les professions de laboureur, maçon, marchand d’huiles, de pierres, de cuir, de poissons ; il sera un usurier parfait et un banquier heureux. Il aura la faculté de trouver des trésors et de découvrir des secrets qu’il gardera précieusement pour lui, car il est discret et peu bavard. La rate, la vessie, les nerfs, les os, l’estomac, les oreilles seront chez lui les organes que la maladie atteindra le plus rapidement, et il pourra aussi souffrir de coliques hépatiques, de douleurs arthritiques, d’asthme, de hernie. Quelquefois, il mourra fou. Jupiter, dieu de l’Olympe, donne à celui qu’il gouverne un esprit dominateur et autoritaire, mais cette autorité est compensée de douceur et de bonté. Le jupitérien est avant tout « gouvernemental » et il disposera dans la vie des honneurs et de la dignité ; il aura soif de considération sociale. Le type du jupitérien se rencontre dans le corps des magistrats, des ministres, des officiers supérieurs, des évêques, de tous ceux qui exercent un haut commandement. Jupiter qui représente comme organes les vaisseaux, côtes, foie, artères, veines, est le conducteur des convulsions, pleurésies, pierre, apoplexie, phlegmons, chez le malade qu’il atteint. Mars, c’est l’esprit fort et l’homme qu’il régente sera courageux, héroïque, avec un peu de fanfaronnade cependant. Son type est représenté dans la vie par les soldats, les fondeurs, les forgerons, les boulangers, les armuriers, les bouchers, les chirurgiens, les bourreaux, tous ceux qui vivent parmi le fer et le feu, tous ceux dont la profession est sanguinaire. Comme organes, Mars symbolise l’estomac et le foie, et donne comme maladies : les fièvres, la peste, la migraine, la jaunisse, la dyssenterie, les pustules et l’épilepsie. Le Soleil, astre de pureté est l’occulte patron des hommes dont la bonté s’allie à la prudence et à la fermeté; C’est une planète ambitieuse, et son influence conduit la créature à la recherche des honneurs et de la gloire, mais toujours, par des moyens probes et légaux. Les rois, les princes, les gouverneurs, les magistrats sont les protégés du Soleil. L’organe principal symbolisé par l’astre de clarté est naturellement le coeur et par répercussion : le cerveau et les yeux. C’est au coeur également que la maladie frappe le solarien. Vénus est la planète amoureuse. Nous entendons par amour, aussi bien le doux penchant qui attire les sexes, que l’altruisme qui anime le prêtre, la soeur de charité, le fondateur d’oeuvres sociales. Vénus ne connaît pas de juste milieu. Son influence fait les apôtres du bien, ou les libertins, avec exagération. Le type de Vénus se rencontre donc chez les missionnaires, les infirmiers et
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infirmières civils et religieux, les danseurs, les musiciens, les courtisanes, les entremetteurs. Les reins sont symbolisés par Vénus, et les maladies qu’apporte cette planète sont les maladies des organes de la génération et des reins. Mercure est une planète turbulente qui, comme Vénus, peut faire à l’homme beaucoup de bien ou beaucoup de mal. L’activité qui est le processus de Mercure, se manifeste aussi bien chez l’industriel avisé ou le voyageur de commerce que le savant, le philosophe ou le devin. Activité physique ou activité cérébrale. On trouve hélas aussi le type de mercurien chez ces bavards incorrigibles, ces inutiles mouches du coche, qui déploient une turbulence fébrile pour le triomphe d’une idée futile ou la satisfaction d’un vice ou d’une passion. Mercure symbolise les poumons, et est le conducteur des maladies suivantes : vertiges, phtisie, ulcères, paralysie de la langue. Enfin la Lune confère à l’homme le don de lucidité. Mais si elle donne cette qualité, elle incite le lunérien à la paresse, à la rêverie inféconde ; elle le rend apathique, peureux, incapable de mettre à exécution les grandes idées, qui parfois, les hantent. La Lune fait les poètes, les noctambules, les astronomes, les mathématiciens, les cheminots, les nomades, les forains qui conduisent leur maison roulante, de village en village. C’est le cerveau qui est l’organe régi par la Lune. Et cette planète inconséquente apporte à l’homme qu’elle influence : la folie, la sciatique, la paralysie générale. Ce résumé astrologique ne serait pas complet si nous ne disions pas maintenant quelques mots des anges et esprits planétaires, qui, selon la Kabbale régissent chaque planète et leur donne une vie spéciale et des attributions occultes que le magiste doit connaître.
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CHAPITRE IX Les anges et les génies planétaires Les talismans planétaires. Les génies des mois et des saisons.
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e chapitre est presque de la nomenclature, mais il est absolument indispensable, afin de faire comprendre à l’apprenti magiste, les affinités kabbalistiques qui existent entre la simple Astrologie et l’Astrologie magique. Chaque planète, d’après le Kabbale, est gouvernée par des anges et des esprits, les uns très élevés, les autres obéissant aux premiers. Les douze signes du Zodiaque, ou, si vous aimez mieux, les douze mois de l’année, ont également un esprit qui préside à leur destinée. Les saisons universelles subissent le même ordre gouvernemental. Le Bélier est régi par l’esprit Marlchidiel, le Taureau par Asmodel, les Gémeaux par Ambriel, l’Ecrevisse ou Cancer par Muriel, le Lion par Verchel, la Vierge par Hamaliel, la Balance par Zuriel, le Scorpion par Barbiel, le Sagittaire par Annachiel, le Capricorne par Anael, le Verseau par Gabriel, les Poissons par Caracasa. Les anges du Printemps sont : Caracasa, Coré, Amatiel, Commissoros ; le chef du signe est Spugliguel ; le nom de la Terre est Amadai, le nom du Soleil : Abraym ; le nom de la Lune : Augusita. Les anges de l’Eté sont : Gargatel, Tariel, Gaviel. Le Chef du Signe : Tubiel. Le nom de la Terre Festativi. Le nom du Soleil : Athemai. le nom de la Lune : Armatas. Les anges de l’Automne sont : Tarquam, Guabarel. Chef du Signe : Torquaret. Nom de la Terre : Rahimara. Nom du Soleil : Abragini. Nom de la Lune : Matasignais. Les Anges de l’Hiver sont : Amabael et Ctarari. Chef du Signe : Altarib. Nom de la Terre : Geremia. Nom du Soleil : Commutaf. Nom de la Lune : Affaterim.
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Voyons maintenant les rapports Kabbalistiques des sept planètes, ainsi que les talismans qui leur sont propres et la vertu de ces talismans : Saturne, qui représente le Samedi, a pour anges de ce jour : Cassiel, Machatan et Uriel. L’ange de l’air est Maymon, roi. Ses ministres sont : Abumalith, Asseibi et Balidet. le vent auquel ces anges sont soumis est le Sud-Ouest. Le parfum du samedi est le Souffre. Les nombres mystiques de Saturne sont : 3 symbolisé par AB. 9 symbolisé par HOD. 15 symbolisé par IAH. 45 symbolisé par AGIEL et ZAZEL. Le talisman de Saturne se grave sur une lame ronde de plomb, comportant au recto, la table suivante :
Figure 2 Au verso, la figure mythologique de Saturne, avec sa faux et son sablier :
Figure 3 44
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Ce talisman rend l’homme puissant, valeureux, lui donne la confiance en lui pierre de touche du bonheur - le fait réussir dans ses démarches, et aide les femmes à enfanter sans douleur. Jupiter, c’est le Jeudi régi par les anges Sachiel, Castiel, Asachiel. L’ange de l’air est Guth, roi. Ses ministres sont Maguth et Gutriz, Le vent auquel ces anges sont soumis est le vent du Midi. Le parfum du jeudi est le Safran. Les nombres mystiques de Jupiter sont : 4 symbolisé par ABBA. 16 symbolisé par TAIÉ et EHIE. 35 symbolisé par ELAB. 136 symbolisé par HISMAEL et JOHPHIEL. Le talisman de Jupiter se grave sur une lame ronde d’étain, comportant au recto la table suivante :
Figure 4 Au verso, Jupiter sous la forme d’un juge, avec une étoile sur la tête, et tenant le livre des Lois dans ses mains :
Figure 5 45
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Ce talisman donne la fortune, l’amour, la paix dans le ménage. Il réconcilie les ennemis et appelle sur la tête de celui qui le porte les faveurs gouvernementales et les distinctions honorifi-ques. Mars, c’est le Mardi régi par les anges Samael, Satael et Anabiel. L’ange de l’air est Saman, roi. Ses ministres sont Carman, Ismoli et Paffran. Le vent auquel ces anges sont soumis est le Sud-Est. Le parfum du mardi est le Poivre. Les nombres mystiques de Mars sont : 5 symbolisé par HÉ. 25 symbolisé par ZEI. 65 symbolisé par ADONAI. 325 symbolisé par GRAPHIEL et BARZABEL. Le talisman de Mars se grave sur une lame ronde de fer comportant au recto la table suivante :
Figure 6 Au verso, Mars, sous la forme d’un guerrier de l’antiquité, casqué, tenant dans la main droite l’épée et s’appuyant de la gauche sur un bouclier.
Figure 7 46
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Ce talisman donne la victoire en temps de guerre et rend l’homme invulnérable. Celui qui le porte, après l’avoir fabriqué à l’heure de Mars, triomphe de ses ennemis et voit toutes ses démarches couronnées de succès. Le Soleil, c’est le Dimanche gouverné par les anges Michael, Dardiel, Huratapel. L’ange de l’air est Varcan, roi. Ses ministres sont Thus, Andos et Cynabal. Le vent auquel ces anges sont soumis est le Boroée. Le parfum du dimanche est le Santal rouge. Les nombres mystiques de Soleil sont : 6 symbolisé par VAU et HÉ. 212 symbolisé par NACHEL. 666 symbolisé par SORATH. Le talisman du Soleil se grave sur une lame ronde d’or, comportant au recto la table suivante :
Figure 8 Au verso, un roi assis sur un trône avec le sceptre dans la main droite et un lion couché à ses pieds.
Figure 9
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Ce talisman élève l’homme au summum des honneurs et de la fortune. Vénus, c’est le Vendredi régi par les anges suivants : Anael, Rachiel, Sachiel. Ange de l’air : Sarabotes, roi. Ses ministres : Amabiel, Aba, Abalidot, Flaef. Vent auquel ces anges sont soumis : Le Zéphir. Parfum du Vendredi : Cannelle. Les nombres mystiques de Vénus, sont : 7 symbolisé par AHEA. 49 symbolisé par HABIEL. 157 symbolisé par KEDEMEL. 1252 symbolisé par BNE et SERAPHIM. Le talisman de Vénus se grave sur une lame de cuivre, comportant au recto la table suivante :
Figure 10 Au verso, la déesse Vénus conduisant l’Amour sur lequel sa main droite est posée.
Figure 11
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Ce talisman donne la chance en amour, combat la stérilité, favorise la génération et fait la richesse du fermier, par la reproduction fertile de tous les animaux de son étable. Mercure, c’est le Mercredi régi par les anges suivants : Raphael, Miel, Seraphiel. Anges de l’air : Madiat, Vel, Modiat. Ce dernier roi. Leurs ministres : Suquinos, Sallalès. Vent auquel ces anges sont soumis : Ouest. Parfum du mercredi : le Mastic. Les nombres mystiques de Mercure sont : 8 symbolisé par ABOSGA. 64 symbolisé par TIRIEL. 280 symbolisé par TAPHTHARTHARAT. Le talisman de Mercure se grave sur une lame d’argent, d’étain ou de cuivre, comportant au recto, la table suivante :
Figure 12 Au verso, la figure mythologique de Mercure avec le caducée.
Figure 13
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C’est le talisman de l’argent par excellence. Il donne à celui qui le porte, la lucidité nécessaire à la réussite des affaires qu’il entreprend ; il l’incite à la recherche des trésors, lui confère le don du commerce et le rend sympathique à tous. La Lune, c’est le Lundi régi par les anges suivants : Gabriel, Michael, Samael. Ange de l’air : Archam, roi. Ses ministres : Bilet, Mistabu, Abuzaha. Vent auquel les anges sont soumis : le Zéphir. Parfum du lundi : Aloès. Les nombres mystiques de la Lune sont : 8 symbolisé par HOD. 81 symbolisé par ELIM. 369 symbolisé par HASMODAI. 2321 symbolisé par MALCHABETARSIM HED BERUAH SCHENHAKIM. 3321 symbolisé par SCHED, BARSCHEMOTH SCHAITACHAM. Le talisman de la Lune, se grave sur une lame d’argent comportant au recto, la table suivante :
Figure 14 Au verso, la Lune symbolisée par une femme debout sur un croissant de lune, et tenant un autre croissant dans la main droite.
Figure 15 50
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Le talisman de la Lune protège les voyageurs, les défend contre leurs ennemis. Il rend doux, aimable, rêveur ; il chasse la maladie.
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CHAPITRE X L’entrainement de la Volonté Les mortifications volontaire. La souffrance, instrument de volonté. Les moyens de s’affranchir des passions et des vices. - Le surhomme.
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étudiant, au courant des influences astrales, préparé à l’ambiance magique, doit abandonner les théories, pour entrer dans « l’action », et être digne des expériences de laboratoire. Pourtant, il ne le fera que lorsqu’il sera certain que sa volonté est assez dynamisée pour s’unir aux influences astrales à l’effet de produire les forces qu’il veut rechercher. Avant de se livrer directement, à « l’action magique », il tâchera de se reconnaître dans des actes terre à terre, ayant une portée sur le seul homme physique, mais déterminant cependant d’une façon nette, son potentiel de volonté. Ce sont les mortifications, les fatigues, les piqûres d’amour-propre, volontairement subies qui produiront les résultats les plus concluants et mettront l’apprenti magiste dans l’ambiance nécessaire aux actes décisifs. On s’explique ainsi les miracles, accomplis par les saints de l’Eglise, quand ils s’étaient couverts du cilice, quand ils avaient fouaillé leur chair avec un fouet d’acier, quand ils avaient jeûné jusqu’à l’évanouissement. Ces saints avaient dynamisé leur volonté, à un tel point que les entités magiques devenaient des serviteurs, que les génies de l’Astral se courbaient devant eux et les aidaient à la production du Miracle. S’efforcer à souffrir est presque l’unique moyen de développer sa volonté.
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C’est pourquoi, il faut sourire des craintes chimériques de ceux qui tremblent devant nos modernes charlatans. Ils ont beau s’intituler « mages », avec une inconscience parfaite, leurs pratiques - si pratiques il y a - sont peu dangereuses. Ce sont des jouisseurs qui désirent tirer de leur faux titre, des satisfactions matérielles, alors que le vrai mage ne cherche, en se soumettant à des épreuves surhumaines, qu’à se procurer des pures jouissances morales. Seuls, les apôtres et les martyrs peuvent s’infliger volontairement des souffrances, parce que « souffrir, c’est se rapprocher de Dieu ». Est-ce dire que l’apprenti magiste doit chercher à développer sa volonté dans les pratiques des autres siècles ? Est-ce dire qu’il doit avoir recours au cilice, à la flagellation, aux chairs torturées par le fer rouge, aux supplices de l’Inquisition ? Non ! Le Mage moderne doit adapter son attitude au milieu dans lequel il vit. Le corps humain qui a perdu, avec les siècles, sa force et sa vigueur, ne pourrait plus supporter les tortures que nos pères lui faisaient subir. Et puis, les tortures morales ne sont-elles pas quel-quefois plus terribles que les supplices corporels ? Le Mage doit se détacher petit à petit des contingences terrestres. Et c’est là, pour lui, un levier puissant de volonté. Il doit être chaste ! Et la chasteté est la vertu la plus difficile à conquérir. Que de tourments ! que de souffrances pour mâter la bête humaine ! Mais quelle victoire aussi, pour celui qui a su imposer cette souffrance à son « Moi » physique ! Les saints sont rares aujourd’hui dans l’Eglise catholique, parce que justement, la chasteté imposée aux ministres du culte n’est plus observée - quelquefois même, avec l’autorisation du pape. Ce n’est pas par une pruderie ridicule que cet état de chasteté est demandé au futur mage. C’est simplement, parce qu’il faut, pour accomplir le Grand Oeuvre de la Magie, que les forces humaines soient accumulées sans aucune déperdition spermatique. Et il ne faut pas seulement que les sens soient mâtés, il faut encore que le coeur soit libre de toute romance sentimentale. Apprenti magiste, tu vois que les difficultés sont grandes, et qu’il te faut, pour atteindre l’adeptat, une force de caractère et un esprit de renonciation extrêmes. Si la tâche te paraît grande et noble, et que tu veuilles l’aborder de front, malgré les obstacles, tu t’efforceras d’être chaste. La médecine officielle prétend que l’on tue un alcoolique en lui supprimant brusquement tout alcool. De même, je ne dirai pas au futur mage de se sevrer immédiatement de tout amour. Qu’il espace d’abord ses rendez-vous, sous un motif quelconque. De quotidiens, qu’il les rende bi-hebdomadaires, hebdomadaires ensuite. A chaque
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résolution, il éprouvera un serrement de coeur, une sorte d’angoisse qui confinera à la souffrance. Mais, dans son sacrifice, il y aura aussi une sorte de volupté. Et quand viendra l’heure de la rupture définitive, les épreuves précédentes l’auront tellement aguerri, que c’est presque sans difficulté qu’il portera à ses sens le coup suprême. Qu’il se jette à corps perdu dans le travail qui brise le corps, dans la lecture des livres occultes qui passionnent l’âme, et il aura bientôt l’état d’esprit qui doit correspondre au sacerdoce convoité. Plus tard, quand il sera, non pas déçu, mais fatigué de son labeur ; quand il estimera avoir largement contribué à son élévation morale et à celle de ses frères ; quand il voudra créer des êtres à son image, il lui sera permis alors de fonder une famille, après avoir remis, à un être d’élection, les secrets qui ont fait sa force et contribué à son bonheur. D’autres occasions, moins cruelles, donnent, à chaque heure de la vie, le moyen de développer sa volonté. il faut savoir en profiter. Un occultiste célèbre recommande ce système : vos affaires vous ont conduit au sommet de la Butte Montmartre, et comme vous aimez le footing, vous regagner à pied l’avenue d’Orléans, où vous avez élu domicile. Vous êtes naturellement très fatigué, non seulement par les deux bonnes lieues que vous venez de faire, mais encore, par votre journée de travail. C’est avec une satisfaction non dissimulée que vous commencez à gravir votre escalier, avec l’espoir de trouver là-haut un fauteuil ami et un potage bien chaud. C’est à ce moment que vous devez vous rappelez que vous avez décidé d’exercer votre volonté par des mortifications continuelles. Et, sans vous donner le temps de réfléchir, vous décidez que vous ne mangerez pas, que vous ne vous reposerez pas, sans avoir été chercher une pierre, près de l’Eglise du Sacré-Coeur. Dans un effort de volonté, malgré vos jambes qui flagellent, malgré votre déperdition physique, vous refaites le chemin parcouru. Le même occultiste prétend que la pierre que vous avez été chercher ainsi, constitue le talisman le plus précieux, celui qui renforcera véritablement votre aimantation astrale. Toujours est-il, que, par cet acte de grande volonté, vous sentez en vous-même que vous devenez un « surhomme », puisque vous êtes capable de terrasser votre « Moi » physique. Et cette impression accroît votre force morale et vous incite à la persévérance. Vous pouvez, de la même façon, dompter vos colères, éteindre vos haines, combattre votre orgueil et votre amour-propre, chercher la Bonté fraternelle, devenir enfin le mage éthéré capable d’enfanter le miracle, à l’égal des saints de l’histoire ecclésiastique.
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CHAPITRE XI Le laboratoire du mage L’installation du laboratoire. - Le laboratorium et l’oratorium. - Le pentagramme. - Les cubes métalliques. - L’eau, le sel, le miroir et les différents instruments magiques. - Disposition de l’autel.
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ous entrons maintenant dans « l’action ». Votre volonté doit être assez développée pour envisager l’ère des réalisations, et pour vous permettre de vous lancer dans l’Inconnu avec un front serein, et la certitude de votre force. La certitude de votre force !!! C’est là, en effet, l’état d’âme qui prépare le magiste aux expériences les plus concluantes. Il ne s’agit plus du coup de fouet moral qui nous apporte la volonté, mais de l’épanouissement de cette volonté qui s’affirme, en une plénitude de vibrations de l’âme qui nous donne la confiance en nous, qui nous assure que « nous sommes prêts ». C’est le moment d’installer notre laboratoire. Et nous emprunterons à la Magie d’Agrippa, les instructions précises concernant cette installation et le rituel qui doit l’accompagner. Une chambre, de préférence à un coin de chambre, doit être choisie pour le laboratoire. Tout l’ameublement, tous les instruments devront être neufs et consacrés selon la méthode que nous allons indiquer. Les quatre points cardinaux seront repérés par la boussole, et une étoile en carton suspendue, indiquera ces quatre points d’une façon permanente. Les murs seront recouverts d’une étoffe blanche que l’on rendra mobile, afin qu’elle
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soit lavée fréquemment, et qu’aucune tache suspecte n’en ternisse la pureté. A l’Occident, sera disposé le laboratoire hermétique (le laboratorium), c’est-àdire une table longue, couverte d’une glace épaisse ou d’une toile imperméable blanche. Cette table sera achetée le jour de Mercure et consacrée sous les auspices de cette planète. A l’Orient, différents meubles constituent l’Oratorium. C’est d’abord l’autel, de un mètre à un mètre cinquante de hauteur. Il sera recouvert de toile blanche. Cet autel peut être simplement formé avec une table ou une caisse recouverte et doublée d’étoffe blanche. L’autel, c’est le pantacle de l’Univers, dans les trois plans, humain, naturel et divin. Un pentagramme sera dessiné (1) sur la peau d’un veau mort-né ou sur du parchemin vierge, pentagramme, placé au milieu de l’autel. Sept cubes métalliques composés des métaux planétaires, Plomb, Etain, Fer, Or, Cuivre, Mercure et Argent, seront placés autour du Pentagramme. Aux quatre coins de l’autel, on disposera : à droite, la Lumière ; au coin supérieur gauche : le Brûle-parfums ; au coin inférieur gauche : le Sel ; au coin inférieur droit : l’Eau. Le Miroir magique concave, appliqué sur fond noir, sera appuyé au mur, audessus de l’autel. A gauche de l’autel, une armoire garnie intérieurement d’étoffe blanche, contiendra les objets magiques. Ces objets seront achetés ou préparés aux heures et jours des planètes qui les doivent influencer. D’abord une cassette en bois d’olivier, dans laquelle on mettra un bâton de coudrier de la grosseur du pouce (c’est la baguette magique) un second bâton de la même longueur, mais beaucoup plus mince, un aspersoir fait du crin d’un jeune cheval blanc, des paquets de parfums astrologiques (surtout de l’encens), un réchaud du charbon de bois, un paquet de corde neuve pour tracer le grand cercle. Ensuite une boîte en bois blanc quelconque doublée de toile neuve blanche, dans laquelle on mettra un briquet et une pierre pour faire du feu. Il faudra encore : Un bonnet, un pantalon blanc, des souliers blancs, des bas blancs, une écritoire, des plumes de corbeaux, un canif à manche blanc, un poinçon d’acier, une paire de ciseaux, un encrier en faïence blanche, une épée, un stylet à manche blanc, un coutelas (1) Papus conseille le pentagramme d’Agrippa.
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à manche noir, une petite faucille à manche noir, une bougie de cire vierge, une fiole de verre pleine d’eau consacrée la veille de Pâques, un grand compas. A droite de l’autel, autre armoire, garnie intérieurement de papier d’or, contiendra les symboles de tous les cultes pratiqués sur le globe, à l’exception des pratiques barbares de certains peuples sauvages. Pour la composition de ces symboles il sera utile de se documenter auprès de certains ministres de ces cultes ou de savants ayant étudié l’histoire des religions. Si l’on peut posséder un objet, ayant véritablement servi à l’exercice d’un culte, cette seconde armoire magique aura une valeur considérable. Les deux armoires doivent être achetées et consacrées le jour du Soleil. Le Laboratorium et l’Oratorium seront séparés par un rideau, glissant sur une tringle, rideau blanc ou noir. Deux lampes en suspension, placées, l’une à l’Orient, l’autre à l’Occident éclaireront la pièce. Il est important de réserver une large place circulaire au milieu de la pièce, pour le Cercle magique.
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CHAPITRE XII Les consécrations et les prières Exorcisme de l’eau, du sel et de la cendre. Les oraisons, les parfums.
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a consécration de l’eau se fait sous les auspices de la Lune. L’eau devra être choisie absolument pure. Captée par le magiste, au moment où elle sort de terre, elle a des vertus tout à fait spéciales. Sur l’autel, elle sera enfermée dans un verre de cristal, muni d’un couvercle, afin qu’aucune impureté ne l’atteigne. Le magiste imposera les mains sur cette eau, les deux pouces se joignant et les doigts légèrement courbés. Il soufflera trois fois sur l’eau, en prononçant le nom divin tétragramatique, et en énonçant pour quelle opération, la consécration doit se faire. Ainsi, si cette eau est destinée à guérir une personne, atteinte d’une maladie, le magiste spécifiera : « Je consacre cette eau, à la guérison de (ici la maladie) de M. X. (ici le nom). A l’aide du Brûle-Parfums, le magiste encensera l’eau avec le parfum lunaire, ou à son défaut, avec du simple encens, et il dira l’oraison suivante :
« Roi terrible de la mer, vous qui tenez les clefs des cataractes du Ciel, et qui renforcez les eaux souterraines dans les cavernes de la terre, roi du déluge et des pluies de printemps, vous qui ouvrez les sources des fleuves et des fontaines, vous qui commandez à l’humidité qui est comme le sang de la terre, de devenir la sève des plantes ; nous vous adorons et nous vous invoquons. Nous, vos mobiles et changeantes créatures, parlez-nous, dans les grandes commotions de la mer et nous tremblerons devant vous ; parlez-nous aussi dans le murmure des eaux limpides, et nous désirerons votre amour. O immensité dans laquelle vont se perdre tous les fleuves de
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l’être qui renaissent toujours en vous ! ô océan de perfections infinies ! Hauteur qui vous mirez dans la profondeur, profondeur qui vous exhalez dans la hauteur, amenez-nous à la véritable vie par l’intelligence et par l’amour ! Amenez-nous à l’immortalité par le sacrifice, afin que nous soyons trouvés dignes de vous offrir un jour l’eau, le sang et les larmes, pour la rémission des erreurs. Ainsi soit-il ! » Si l’eau n’est consacrée pour aucun usage particulier, on fera la consécration sans aucune spécification, et l’eau sera placée sur l’autel, à la place que nous avons indiquée. La consécration du sel se fait de la même façon que celle de l’eau, et l’on dit l’oraison suivante :
« Invisible, qui avez pris la terre pour appui, et qui en avez creusé les abîmes pour les remplir de votre Toute-Puissance, vous dont le nom fait trembler les voûtes du monde, vous qui faites couler les sept métaux dans les veines de la pierre, monarque des sept lumières, rémunérateur des ouvriers souterrains, amenez-nous à l’air désirable et au royaume de la clarté; Nous veillons et nous travaillons sans relâche, nous cherchons et nous espérons, par les douze pierres de la cité sainte, par les talismans qui sont enfouis, par le clou d’aimant qui traverse le centre du monde. Seigneur, Seigneur, Seigneur, ayez pitié de ceux qui souffrent, élargissez nos poitrines, dégagez et élevez nos têtes, agrandissez-nous, ô stabilité et mouvement, ô jour enveloppé de nuit, ô obscurité voilée de lumière, ô maître qui ne retenez jamais par devers vous, le salaire de vos travailleurs, ô blancheur argentine, ô splendeur dorée, ô couronne de diamants vivants et mélodieux, vous qui portez le Ciel à votre doigt comme une bague de saphir, vous qui cachez sous la terre, dans le royaume des pierreries, la semence merveilleuse des étoiles, vivez, régnez et soyez l’éternel dispensateur des richesses dont vous nous avez faits les gardiens. Ainsi soit-il ! » Le sel consacré est placé sur l’autel dans un vase de cristal clos. Les Parfums employés en magie sont très nombreux. Dans les consécrations, il ne faut pas confondre les parfums des jours que nous avons indiqués dans nos chapitres précédents, avec les parfums des planètes qui, seuls, doivent être employés en l’occurence. Le parfum de Saturne est le Souffre ; le parfum de Jupiter est l’Aloës ; celui de
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Mars : le Styrax ; du Soleil : le Laurier ; de Vénus : le Musc ; de Mercure : le Genièvre ; de la Lune : l’Aimant. Quant au parfum qui les synthétise tous, et qui peut être employé dans les opérations magiques ordinaires, c’est l’Encens. Aucun parfum ne doit être employé, sans être consacré selon le mode indiqué plus haut, et accompagné de l’oraison que voici :
« Esprit de lumière, esprit de sagesse, dont le souffle donne et reprend la forme de toutes choses ; toi, devant qui la vie des êtres est une ombre qui change et une vapeur qui passe ; toi, qui montes les nuages et qui marches sur l’aile des vents ; toi qui respires, et les espaces sans fin sont peuplés ; toi qui aspires, et tout ce qui vient de toi retourne à toi ; mouvement sans fin, dans la stérilité éternelle, sois éternellement béni. Nous te louons et nous te bénissons dans l’empire changeant de la lumière créée, des ombres, des reflets et des images, et nous aspirons sans cesse à ton immuable et impérissable clarté. Laisse pénétrer jusqu’à nous les rayons de ton intelligence et la chaleur de ton amour : alors, ce qui est mobile sera fixé, l’ombre sera un corps, l’esprit de l’air sera une âme, le rêve sera une pensée. Et nous ne serons plus emportés par la tempête, mais nous tiendrons la bride des chevaux ailés du matin et nous dirigerons la course des vents du soir pour voler au devant de toi. O esprit des esprits, ô souffle périssable de la vie, ô soupir créateur, ô bouche qui aspirez et qui respirez l’existence de tous les êtres dans le flux et le reflux de votre éternelle parole, qui est l’océan divin du mouvement et de la vérité. Ainsi soit-il ! » Les parfums peuvent être brûlés, soit dans les charbons du fourneau magique, soit dans le brûle-Parfums. La fumée doit être opaque, et dans les évocations - dont nous parlerons plus loin - c’est sur cette fumée que doit être projeté le rayon de la lampe magique. L’encens se consacre avec l’oraison suivante :
« Agios, Athanatos, Berou, Ciel, Didotois. Et Eternel, Etre des êtres, sanctificateur de l’univers, bénis et consacre cet encens jusqu’à toi. De même, daigne exaucer mes prières. Ainsi soit-il. » Voici maintenant les formules d’exorcisme de l’eau ; du sel, de la cendre et du feu, formules qui, dans les grandes cérémonies, alors que l’eau, le sel, la cendre et le feu sont sur l’autel, doivent être dites après les consécrations.
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Pour l’eau. - Fiat firmamentum in medio aquarum et separet aquas ab aquis, quæ superius sicut quæ inferius et quæ inferius sicut quæ superius ad perpetranda miracula rei unius. Sol e jus pater est, luna mater et ventus hanc, gestavit in utero suo, ascendit a terra ad coelum et rursus a cœle in terram descendit, exorciso te creatura aquæ, ut sis mihi speculum Dei vivi in operibus e jus et fons vitæ et ablutio peccatorum. Amen. Pour le sel. - In isto sale sit sapientia et ab omni corruptione sicut mentes nostras et corpora nostra, per Hochmael et in virtute Rouach-Hochmael, recedent ab isto fantasmata hylæ ut sit sal cœlestis, sub terræ et terra sales, ut nutrietur bos triturans et addat spei nostræ cornua tauri voluntis. Amen. Pour la cendre. - Revertatur cinis ad fontem aquarum viventium et fiat terra fructificans et germinit arborem vita per tria nomina quæ sunt Netsah, Hod, et Jesod in principio et in fine, per alpha et omega qui sunt in spiritu Azoth. Amen. Pour le feu. - Pour exorciser le feu, vous jetez dans le brasier, du sel, de l’encens, de la résine blanche, du camphre et du souffre et vous prononcez trois fois, les trois noms des génies du feu :
Michael, roi su soleil et de la foudre. Samael, roi des volcans. Anael, prince des salamandres.
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CHAPITRE XIII La Lampe et le Miroir magiques La fabrication de la lampe. - Les verres planétaires. - La consécration. - Le miroir et ses miracles.
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a lampe joue dans la Magie, un rôle considérable. C’est grâce à ses jeux de lumière, que, dans les grandes cérémonies, le magiste peut saisir parfois les êtres de l’espace ou découvrir des entités cachées. La lampe doit, naturellement, synthétiser les influences planétaires. La meilleure des lampes, la plus chère, peut-être serait celle qui allierait les couleurs planétaires aux métaux planétaires. Elle aurait sept verres encastrés dans des feuillures du métal homogène. Ainsi : pour Saturne : feuille de verre noir, feuillure de plomb ; pour Jupiter : verre citron verdoyant, feuillure d’étain ; pour Mars : verre rouge vif, feuillure en fer ; pour le Soleil : verre jaune rutilant, feuillure d’or ; pour Vénus : verre vert, feuillure en cuivre ; pour Mercure : verre multicolore, feuillure vieil argent ; pour la Lune : verre blanc, feuillure d’argent. Si l’étudiant est riche, et qu’il veuille donner à sa lampe, plus de force encore, il peut l’orner de cabochons synthétisant les pierres du Zodiaque : sardoine, cornaline, topaze, calcédoine, jaspe, émeraude, béryl, améthyste, hyacinthe, crysoprase, cristal et saphir. Sur la lame de Saturne, il mettra deux cabochons de cristal et crysoprase, sur la lame de Jupiter : saphir et hyacinthe ; sur la lame de Mars : sardoine et améthyste ; sur la lame de Vénus : cornaline et béryl ; sur la lame de Mercure : topaze et émeraude ; sur la lame de la Lune : un cabochon de calcédoine ; sur la lame du Soleil : un cabochon de jaspe.
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Chaque lame de verre, chaque cabochon, chaque feuillure, devra, comme d’usage, être acheté ou fabriqué le jour correspondant à la planète. Les sept feuillures de la lampe auront un encadrement qui peut être du métal planétaire, si le magiste est assez riche pour se payer ce luxe ; dans le cas contraire, je conseille un encadrement en fer qui peut être peint de la couleur de chaque lame de verre. Ces encadrements seront soudés les uns aux autres. Une seule lame formera la porte de la lanterne, et la lentille de la lampe, qui sera très forte, sera disposée dans la lame du Soleil. Un pied de bois formera la base de la lanterne. Dans l’intérieur, sept chandeliers destinés à recevoir sept cierges, mais il sera loisible de n’en placer que trois, et même un. La lampe est consacrée par l’aspersion, l’encens et l’oraison des Salamandres, dont voici le texte :
« Eternel, ineffable et incréé, père de toutes les choses, qui es porté sur le chariot, roulant sans cesse, des mondes qui tournent toujours ; dominateur des immensités éthérées où est élevé le trône de ta puissance, du haut duquel tes yeux redoutables découvrent tout ; exauce tes enfants que tu as aimés dès la naissance des siècles ; car ta dorée, et grande et éternelle majesté resplendit au-dessus du monde, du ciel et des Etoiles ; tu es élevé sur elles, ô feu étincelant ; là tu t’allumes et t’entretiens toi-même par ta propre splendeur, et il sort de ton essence des ruisseaux intarissables de lumière qui nourrissent ton esprit infini. Cet esprit infini nourrit toutes choses, et fait ce trésor inépuisable de substance toujours prête pour la génération qui la travaille et qui s’approprie les formes dont tu l’as imprégnée dès le principe. De cet esprit tirent aussi leur origine, ces rois très saints qui sont autour de ton trône et qui composent ta cour, ô père universel ! ô unique ! ô père des bienheureux mortels et immortels ». « Tu as créé en particulier des substances qui sont merveilleusement semblables à ton éternelle pensée et à ton essence adorable, tu les as établies supérieures aux anges qui annoncent au monde tes vérités ; enfin, tu nous as créés au troisième rang dans notre empire élémentaire. Là, notre continuel exercice est de te louer et d’adorer tes désirs ; là nous brûlons sans cesse en aspirant à te posséder, ô père, ô mère, la plus tendre des mères ! ô archétype admirable de la maternité et du pur amour ! ô fils, la
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fleur du fils ! ô forme de toutes les formes, âme, esprit, harmonie et nombre de toutes choses ! Amen ». La lampe construite et consacrée servira à concentrer la lumière sur le miroir magique et sur la fumée des parfums. J’ai assisté à Clermont à une séance impressionnante, chez un photographe qui possédait un laboratoire magique merveilleux. Il s’agissait justement d’inaugurer la lampe qui avait été consacrée précédemment, et le miroir, sur lequel l’image d’Anael avait fait son apparition. Le magiste avait convié quelques assistants qui étaient tous des croyants et des occultistes. Au début de la séance, il nous invita à méditer et à prier. - Je voudrais, sans vous dévoiler entièrement ma pensée, avait-il dit,
que vos coeurs d’amis se joignent à ma douleur, pour demander des nouvelles d’un disparu ». En ce qui me concerne, j’avais prié de toute mon âme, demandant à Dieu et aux entités de l’espace, d’exaucer le désir du magiste. La lampe magique et ses sept cierges allumés répandaient dans le laboratoire, à travers les verres planétaires, un lueur étrange faite de toutes les couleurs kabbalistiques ; une odeur d’encens et de safran, douce et prenante nous envahissait, mettant en nous comme une torpeur magnétique. Tout d’un coup, le magiste dirigea la lentille de la lampe vers le miroir magique et un brouillard intense couvrit la plaque d’acier. Ce brouillard se dissipa peu à peu, pour faire place à une lumière éclatante. - Priez mes frères, répétait le magiste. Une heure passa (il faut de la patience et de la persévérance, cher étudiant magiste). La lumière était de plus en plus vive ; on eut dit que la lampe magique, au lieu d’être garnie de cierges avait un projecteur électrique. Brusquement, la lumière disparut, pour faire place à une faible lueur d’un blanc d’argent. Et nous assistâmes à un spectacle d’une grandeur tragique. Comme sur l’écran d’un cinémato-graphe, nous vîmes d’abord une mer agitée, un ciel d’orage où l’on sentait gronder le vent. une barque, ballottée furieusement par les flots passa ensuite. Dans cette barque, six individus, aux figures angoissées, se serraient les uns contre les autres.
- Mon frère ! mon pauvre frère est là ! clama le magiste, avec des larmes dans la voix. Et cette phrase nous apprit que nous n’étions pas le jouet d’un rêve, d’une suggestion explicable dans ce milieu, et que nous assistions bien à une révélation magique.
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Un des cierges de la lampe s’éteignit à ce moment et la vision disparut, au grand désespoir du magiste, qui espérait suivre l’aventure de son frère, et savoir s’il avait pu se tirer de la mauvaise passe où nous l’avions vue. Quelques mois après, nous apprîmes que le frère du magiste, second à bord d’un goëlette avait dû, pour échapper à l’incendie de son navire, se réfugier dans une barque de sauvetage qui avait flotté trois jours sans être aperçue d’une voile. Le quatrième jour, épuisés par la faim, le froid et la fatigue, les naufragés avaient été recueillis par un transatlantique, et notre magiste avait eu le grand bonheur de retrouver son frère. Le miroir magique est donc indispensable au magiste. C’est une plaque d’acier concave qui formera ce miroir. Je conseille d’adopter la mesure 40 sur 40. Achetez cette plaque le lundi, jour de la Lune. Quand vous serez en sa possession, vous la laisserez trois nuits dehors, au moment de la pleine Lune. Ensuite, avec le sang d’un pigeon blanc mâle, vous écrirez aux quatre coins du miroir, les noms suivants :
Jehovah, Mettatron,
Elohim, Adonay.
Ceci fait, vous placerez la plaque d’acier dans une toile blanche et neuve. Aussitôt la Lune nouvelle, au moment où vous l’apercevrez, dites ces paroles, en tenant en main le miroir :
« O Eternel ! ô roi éternel ! Dieu ineffable qui avez créé toutes les choses pour l’amour de moi, et par un jugement occulte pour la santé de l’homme, regardez-moi, X.. (ici, dites votre nom) votre serviteur très indigne et considérez mon intention pure. Daignez m’envoyer votre ange Anael sur ce miroir, qui mande, commande et ordonne à ses compagnons et à vos sujets que vous avez faits, ô tout puissant qui avez été, qui êtes et qui serez éternellement ; qu’en votre nom ils jugent et agissent dans la droiture pour m’instruire et me montrer ce que je leur demanderai ». Jetez sur des charbons ardents, du safran oriental et dites :
« En ce jour, pour ce, avec ce que je verse devant votre face, ô mon Dieu, qui êtes tri un, bon, et dans la plus sublime élévation, qui voyez audessus des chérubins et des séraphins et qui devez juger les siècles par le feu, exaucez-moi ».
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Le miroir est placé ensuite sur un réchaud neuf de terre cuite, et pendant que le safran l’imprègne de son parfum, vous redites trois fois l’oraison précédente. Soufflez trois fois sur le miroir en disant :
« Venez Anael, venez, et que ce soit votre bon plaisir d’être en moi par votre volonté au nom du Père très puissant (croix) au nom du Fils très sage (croix) au nom du Saint-Esprit très aimable (croix) Venez Anael, au nom du terrible Jéhovah, venez Anael, par la vertu de l’immortel Elohim, venez Anael par le bras du tout puissant Mettatron, venez à moi X... (ici vous dites votre nom) et commandez à vos sujets qu’avec amour, joie et paix, ils fassent voir à mes yeux les choses qui me sont cachées. Amen. » Méditez ensuite quelques instants, et dites ces paroles :
« Seigneur tout puissant, qui faites mouvoir tout ce qui vous plaît, exaucez ma prière et que mon désir vous soit agréable ; regardez, s’il vous plaît Seigneur, ce miroir et bénissez-le, afin qu’Anael l’un de vos sujets, s’arrête sur lui avec ses compagnons pour satisfaire X... (ici dites votre nom) votre pauvre et misérable serviteur, ô Dieu béni et très exalté de tous les esprits célestes, qui vivez et régnez dans l’éternité des bons. Ainsi soit-il. » Pendant 45 jours, dites ces oraisons, toujours à la même heure, en faisant le signe de la croix sur le miroir et sur vous, et Anael vous apparaîtra. Papus dit que si les oraisons sont dites avec ferveur et confiance, et si le mage est bien préparé, Anael doit apparaître le quatorzième jour.
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CHAPITRE XIV Magnétisme et hypnotisme Les deux écoles. - La querelle des magnétiseurs et des hypnotiseurs. - Comment reconnaître un sujet. - Comment provoquer le sommeil. - La Suggestion. - La cure magnétique.
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our être véritablement initié, l’élève doit aborder toutes les branches de « l’inconnu », qui doivent devenir pour lui du « révélé ». Je n’ai pas l’intention, dans ce chapitre, d’apprendre le magnétisme et l’hypnotisme, ces deux sciences demandant la lecture de nombreux volumes. Sans fausse modestie, je crois que les débutants feront bien de lire mon Cours d’hypnotisme et de magnétisme qui leur donnera clairement les premières notions dont ils ont besoin avant de passer à la lecture d’ouvrages plus documentés. Aujourd’hui, je veux, en quelques pages, donner mon avis sur le magnétisme et l’hypnotisme et esquisser - pour que ce livre ne soit pas incomplet - la manière d’endormir et de guérir. Il apparaît bien, d’après les divergences qui existent entre les hypnotiseurs et les magnétiseurs, qu’il y a deux écoles, parmi ceux qui étudient cette force particulière qui est d’influencer plus ou moins directement, la majeure partie des individus. A la vérité, il n’y a certainement qu’un point de vue différent de concevoir les choses et peut-être aussi une manière plus ou moins brutale de conduire les expériences : c’est là tout le secret. Les hypnotiseurs cependant, nient avec une grande énergie l’existence de ce que les magnétiseurs appellent le fluide et ils ne voient dans la production des phénomènes que des effets plus ou moins directs de suggestion, c’est-à-dire de
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l’influence d’un cerveau sur un autre cerveau. Les seconds affirment, avec preuves à l’appui, qu’un certain agent d’une grande subtilité s’échappe du corps humain et peut agir à distance sur un corps de même nature. Nous admettons cette hypothèse pour l’avoir contrôlée nous-mêmes maintes fois et nous accordons également une grande créance à l’influence de la suggestion. Mais lorsque l’élève aura poussé un peu avant l’étude de ces deux branches de l’expérimentation, il ne tardera pas à s’apercevoir qu’il y a une légère différence dans les phénomènes produits par l’une et l’autre méthode. Un sujet endormi magnétiquement, par exemple, ne consentira jamais à exécuter un ordre contraire à sa moralité. Sa subconscience résistera, et au moment d’accomplir l’acte répréhensible ou de faire une chose qui pourrait entraîner sa perte, comme de signer des billets ou de donner un consentement qu’il se refuse d’accorder à l’état de veille, il tomberait en crise et se réveillerait, tandis que chez un sujet, endormi par une suggestion brutale accompagnée d’un geste violent, comme celui de fermer brusquement les yeux en compressant les globes oculaires et en ordonnant impérativement : « Dormez, je le veux, dormez ! », on peut parfois annihiler la volonté du sujet, qui, sans commettre un crime - s’il n’est pas gangrené dans son état naturel - peut néanmoins commettre, sous l’influence de l’hypnotiseur, des actes contraires à ses intérêts. Un cas célèbre fut celui de Gabrielle Bompard. Il fut prouvé par un professeur connu et apprécié, le docteur Liégeois, qui reconstitua avec elle la scène du crime, que Gabrielle Bompard avait agi sous l’empire d’une suggestion de son amant Eyraud. Il faut dire aussi, que le terrain était bien préparé et que cette fille avait l’âme d’une criminelle au moment où Eyraud en fit l’instrument de son forfait. N’importe ! Les crimes de ce genre sont fréquents, et la Justice, de même que la science officielle aime mieux faire la sourde oreille que de se mêler de phénomènes auxquelles elle ne comprend rien. De toutes façons, il est absolument prouvé qu’un sujet endormi par le magnétisme, à l’aide de passes, se refuse à exécuter une suggestion de nature à compromettre sa personnalité. Faut-il entendre par là que l’hypnotisme est une arme dangereuse, et qu’il faut éviter de s’en servir ? Nullement. Un couteau est inoffensif dans les mains d’un honnête homme ; il devient redoutable dans celle d’un rôdeur ou d’un « apache ». Il en est de même de l’hypnotisme. Un opérateur ne cherchera jamais à abuser de son pouvoir pour perpétrer une forfaiture, et le criminel qui se laissera égarer par son instinct de bête humaine pour satisfaire une passion vile, sera tôt ou tard, pris dans ses propres filets. Il y a une loi occulte dont nous parlerons dans un des chapitres de ce livre, qui est le
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choc en retour, et qui ne pardonne pas. Mais à côté du mauvais aspect sous lequel on peut aborder la suggestion, il est raisonnable de dire aussi que la suggestion est parfaite lorsqu’elle est habilement pratiquée par un professionnel. Elle peut réaliser des prodiges dans son application au traitement de certaines affections dépendant du système nerveux, qui, pour la plupart, résistent aux traitements par les drogues pharmaceutiques. Pour connaître l’aptitude d’un sujet, on fera la petite expérience suivante. Le sujet, ou plutôt celui en qui on espère un sujet, sera prié de se tenir debout. L’opérateur passera derrière lui et appliquera la main droite entre ses omoplates, à la base du cou, en lui demandant de bien vouloir faire part de ce qu’il éprouve. Quand, après deux ou trois minutes d’application de la main, le sujet déclarera ressentir une chaleur dans le dos et que cette chaleur augmentera à chaque moment, l’opérateur placera alors une main à chaque omoplate, en imprimant aux doigts, un léger tremblement. La chaleur deviendra, au bout d’un instant, intolérable pour les sujets doués d’une grande impressionnabilité. A ce moment, vous pourrez commencer à retirer doucement les mains des omoplates du sujet et celui-ci sera fort surpris de se sentir attirer vers vous, avec intensité. Les personnes qui éprouvent cette sensation seront aptes aux expériences magnétiques et hypnotiques; Quelques-unes d’entre elles pourront même être endormies partiellement ou totalement. Quant au sommeil artificiel, il y a cent moyens de le provoquer. Les procédés varient avec chaque opérateur. Néanmoins, quelques-uns sont éminemment supérieurs et peuvent donner aux débutants la possibilité immédiate de produire le phénomène. Quand l’élève aura constaté chez une personne, la réussite de l’attraction des omoplates, et qu’il voudra la soumettre à une expérience de sommeil, il la fera asseoir confortablement en la priant de rester passive. Il se placera ensuite en face d’elle, sur un siège un peu plus élevé que le sien, de manière à pouvoir faire, sans se fatiguer, les mouvements nécessaires à son opération : Il prendra les mains du sujet en appliquant ses pouces contre les siens, de telle façon que le contact ait lieu par la face palmaire, et il lui recommandera de le fixer dans les yeux, pendant que lui-même le regardera à la racine du nez entre les deux yeux, pour produire une meilleure fascination. Après un quart d’heure, si la personne est impressionnable, elle aura fermé les paupières et sera dans l’impossibilité d’ouvrir les yeux. Dix minutes encore, et elle dormira profondément. Pour obtenir ce sommeil complet, l’opérateur lâchera doucement les mains du sujet, les élèvera au-dessus de la tête, les bras étant tout à fait étendus, puis les descendra lentement de chaque côté du sujet, comme s’il voulait répandre sur elle une poudre fine placée dans la main, et qui figurerait le fluide magnétique. Ce mouvement doit être prolongé jusqu’aux extrémités des membres
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supérieurs. Arrivé là, l’opérateur fermera les poings, comme s’il voulait retenir un objet, puis les portera de nouveau au-dessus de la tête du sujet. Les rouvrant ensuite, il continuera à descendre, les bras étendus vers le milieu du corps de l’hypnotisé. Cinquante passes sont nécessaires quelquefois. Ces mouvements doivent être exécutés avec beaucoup de souplesse et sans nervosité. Avec un sujet quelque peu sensible, ces manoeuvres doivent être suffisantes pour déterminer le somnambulisme. Pour s’en rendre compte, l’élève hypnotiseur interrogera le sujet et s’il est endormi, il lui fera connaître lui-même son état, il dira ce qu’il éprouve et indiquera même quelles expériences on pourra encore tenter avec lui. Dans le sommeil provoqué, certains sujets font parfois preuve de lucidité extraordinaire, et peuvent donner des conseils très judicieux sur certains actes de la vie ; ils peuvent décrire avec précision la nature d’une maladie, voir des actes et des personnes dans un lieu éloigné. Ce sont là, phénomènes de voyance, qu’il est possible de cultiver chez de bons sujets. Nous avons eu récemment une preuve de ce qu’il est possible de faire, avec un peu de persévérance, et l’aide d’un sujet de premier ordre. M. Girod, secrétaire général de la Vie Mystérieuse, a révolutionné le monde magnétique par la précision et la netteté des expériences accomplies avec son sujet Mlle Edmée. Nous pouvons dire sans crainte, que dans notre longue carrière, nous n’avons jamais rencontré un sujet plus merveilleux. Mlle Edmée, endormie, lit les lettres dans leurs enveloppes et sa vision prend absolument son acuité dans le plan magique. Nous ne saurions trop engager nos élèves à persévérer dans le domaine hypnotique et magnétique, sans se laisser décourager par les premiers échecs, et ils arriveront aux résultats obtenus par M. Girod avec son sujet. Il faut, pour cela, travailler, travailler, sans cesse, et ne négliger aucun champ d’expériences. Ce n’est pas tout. La pratique du magnétisme et de l’hypnotisme n’est pas seulement destinée à déceler l’existence de nos pouvoirs dominateurs. La nature a voulu nous montrer que si nous pouvions agir sur l’organisme humain et en modifier, pour quelques instants, la fonction vibratoire, il nous est aussi facile de rétablir, dans une certaine mesure, l’équilibre que la maladie a pu rompre. Sans vouloir médire de la médecine proprement dite, nous sommes obligés de reconnaître que, dans le traitement de la plupart des maladies, la médecine en est encore à la période des tâtonnements. Par l’emploi raisonné du magnétisme et de l’hypnotisme, nous pouvons certifier qu’il est possible de sauver 60 % des malades abandonnés par la science officielle. Tous, ou presque tous les malades sont susceptibles d’être guéris, ou tout au moins soulagés par les soins d’un bon praticien.
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Sans être un magnétiseur consommé, il est toujours possible d’apporter du calme et du réconfort dans un organisme débilité. Si vous désirez traiter un malade par le magnétisme, il est nécessaire d’opérer tout d’abord comme si vous aviez l’intention de provoquer le somnambulisme, c’està-dire que vous prendrez les mêmes dispositions opératoires, sans chercher cependant à produire le sommeil, qui n’est pas nécessaire à la guérison. Vous asseyant devant le malade, vous établirez, ce que les magnétiseurs appellent le « rapport » en appliquant les mains sur celles du patient, lui tenant les pouces et fixant - non plus cette fois les yeux - mais l’épigastre ou creux de l’estomac. Au bout de 10 minutes environ, le malade ressentira un léger engourdissement de la main et de l’avant-bras, tandis que vous, vous ressentirez un petit picotement dans les pouces. Ce symptôme permet de constater que le rapport est effectué entre les deux organismes et que le circuit est ouvert. Il ne reste plus qu’à déverser sur le malade, un courant de fluides qui réparera ses forces et lui permettra de lutter plus facilement contre le mal envahisseur. De longues passes lentes seront pratiquées pendant 15 à 20 minutes, d’abord de la tête au creux de l’estomac, ensuite de l’estomac aux pieds. Une passe doit durer au moins 30 secondes. Dans ces mouvements, vous éviterez de toucher, ou même d’effleurer le corps du malade. L’action magnétique doit s’opérer à distance, et la pointe des doigts doit passer à dix centimètres du corps environ. Après ce temps, vous devrez vous attaquer plus particulièrement à l’organe malade. Si la personne que vous soigniez souffre d’une maladie dans laquelle les fonctions organiques sont en suractivité, comme dans les migraines, névralgies, rhumatismes, bronchites, gastrites, névrites, et en général toutes les maladies ayant les terminaisons en « ite », vous la calmerez en faisant de longues applications sur la partie affectée, à l’aide des deux mains placées directement sur les vêtements, à l’endroit de la douleur. Les mains seront bien à plat, les doigts légèrement écartés. Dix à douze minutes d’application sont nécessaires pour produire un résultat. Dans le cas où le malade est couché et gravement atteint par une maladie aiguë à son début, telle que bronchite, pneumonie ou pleurésie, il sera bon de faire des séances courtes et fréquentes, trois ou quatre par jour. Ceci n’écarte pas naturellement les prescriptions du médecin. Je donne ces indications pour ceux qui, comprenant bien la puissance du magnétisme, voudraient tenter de l’appliquer autour d’eux, pour soulager les membres de leur famille. Ils feront, j’en suis persuadé, beaucoup de bien et diminueront de moitié la durée ordinaire de la maladie, s’ils répètent fréquemment les séances, comme nous l’indiquons.
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Dans les maladies chroniques et de diminution d’activité, telle que l’atonie d’estomac, la constipation opiniâtre et tout ce qui représente un non fonctionnement de l’organisme, il sera nécessaire, après la prise du rapport et la saturation fluidique, par les passes, de faire des « impositions à distance », en présentant tout simplement la main à 30 centimètres environ, les doigts étant dirigés en pointe, vers l’organe à actionner. On pourra aussi imprimer à la main un petit mouvement circulaire comme si l’on voulait tourner les aiguilles d’une horloge. On obtiendra ainsi une action beaucoup plus excitante. Le temps de l’imposition doit varier de 5 à 10 minutes et être entrecoupé de passes lentes. On terminera toujours la séance par des passes. Une demi-heure de ce traitement, chaque jour amènera très rapidement une amélioration dans l’état du malade.
* * * Dans le traitement par suggestion, il sera nécessaire de chercher à provoquer un certain état de sommeil pour rendre la suggestion plus efficace. Après l’occlusion des yeux, l’opérateur pourra s’adresser au malade, sur un ton de conversation, mais assez ferme, et dire :
- Vous voici maintenant très assoupi. - Votre assoupissement va devenir plus profond. - Vous allez maintenant dormir d’un sommeil qui sera très profitable à l’amélioration de votre santé. - Vous serez étonné lorsque vous vous éveillerez, à mon ordre, de constater que vous vous portez déjà mieux. - Chaque fois que je vous endormirai, vous éprouverez un nouveau soulagement. - Lorsque vous vous éveillerez, vous constaterez que vous vous portez déjà mieux. Avec un peu d’imagination, il sera aisé de modifier les formules selon le cas à traiter et le changement survenu au cours des précédentes séances. Ce qu’il importe surtout, c’est de bien répéter les suggestions et de les faire, tous les jours, plus affirmatives.
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Lorsque l’opérateur a réussi à endormir un sujet, soit dans un but expérimental, soit dans un but thérapeutique, il n’y a aucune crainte à redouter au sujet du réveil. Pour l’obtenir, il suffira de souffler violemment sur le front et sur les yeux, en commandant assez impérativement : « Réveillez-vous ! » et l’on fera en même temps, de la main, les passes dégageantes en travers, comme si l’on voulait éventer le sujet. Les procédés essentiels que je viens de décrire suffisent amplement au débutant pour ses premières expériences. Ces quelques éléments lui procureront certainement la satisfaction de voir les siens sortir plus rapidement des griffes de la maladie. A défaut d’initiation magique, le simple désir de « guérir », suffit souvent.
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CHAPITRE XV Les guérisseurs Les Guérisseurs mystiques. Médiums, hypnotiseurs ou magnétiseurs ? La Magie dans les guérisons.
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ous avons vu, dans le chapitre précédent, que le magnétisme et l’hypnotisme constituaient des forces dont le magiste devait se servir pour améliorer l’individu au point de vue moral, et surtout, pour le guérir ou le soulager quand il est la proie de la maladie. Il est cependant une catégorie d’occultistes qui prétend tenir le don de guérir des entités divines ou des esprits, et qui se défend de pratiquer l’hypnotisme et le magnétisme. Ces guérisseurs, qui, comme Pillault de Douai, comme Antoine, comme Mann, et tant d’autres, accomplissent parfois des miracles, ont peut-être tort de se cantonner dans leur intransigeance. Savons-nous véritablement quelles sont les influences qui conduisent les guérisseurs, qu’ils soient magnétiseurs, magistes ou spirites ? Savons-nous si le rapport qui s’exerce entre le malade et l’opérateur, n’est pas dû à la triple influence des fluides, de la suggestion ou de l’intervention des esprits, ou des génies de l’astral ? L’hypnotiseur est le « Dominateur » et l’hypnotisé, le « dominé ». L’hypnotiseur tient sa puissance de son « vouloir », c’est donc un magiste. Sur le sommet des montagnes, l’aigle qui plane sur la colombe effrayée, aux ailes paralysées par l’effroi, exerce la même influence sur le doux volatile que l’hypnotiseur sur son sujet. Ce dernier a tellement peur de dormir qu’il dort déjà avant la première suggestion. Il sait que, près de lui, se trouve un homme qui a le don de plonger ses semblables dans le sommeil, et cette seule idée exerce son
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influence, sans le secours de l’hypnotiseur. Que de fois, dans mes séances, vis-je dormir des spectateurs que je n’avais pas approchés, à qui je n’avais pas adressé la parole, que je n’avais pas regardés ! Ces sujets, les médecins les traitent d’hystériques et les considèrent comme de véritables loques humaines. C’est absolument faux ! Ce sont simplement des « croyants », qui, dans les ambiances de la vie, ont au plus haut point , le respect de toutes les traditions, de tous les dogmes qui ont bercé leur jeunesse. Ils croient au pouvoir de l’hypnotisme, comme ils croient à la divinité du Christ, comme ils sont convaincus des flammes de l’enfer et des délices du Paradis. Leur éducation première les incite à « croire », à croire toujours. Et s’ils sont malades, et qu’ils aillent à Lourdes, ils guériront, parce qu’ils ont la foi, la foi, qui, comme le dit si justement la sagesse des nations, soulève les montagnes. S’ils sont malades, et que le hasard - ou pour mieux dire, une intervention occulte - les conduisent auprès d’un médium-guérisseur, ce dernier comptera une heureuse cure de plus. Or, quel rôle, en la circonstance, aura joué le médium ? Celui d’hypnotiseur ! Qu’une autre fois se présente, devant le guérisseur, un malade incrédule, un malade esprit-fort qui nie, pour le plaisir de nier, et qui, en sollicitant des soins, est plus disposé à se moquer du guérisseur que de faciliter sa tâche ? Le guérisseur qui aura, dès les premiers mots, compris l’état d’âme du malade, endormira la souffrance par l’imposition de sa main bienfai-sante, par le « vouloir » qui se dégagera télépathiquement de sa pensée. Et l’homme sortira soulagé par le fluide qui aura purifié son sang, sentira son scepticisme se fondre dans l’élan de sympathie qui le poussera vers celui qui s’est dévoué pour lui. Quel rôle aura joué le guérisseur en cette seconde circonstance ? Celui de magnétiseur ! Prenons un troisième exemple. Un spirite se présente devant le guérisseur. Il a assisté à de nombreuses séances psychiques, où les esprits se sont manifestés de façon tangible. Un guide familier lui a même indiqué la route à suivre, l’invitant à se rendre chez le guérisseur pour obtenir le soulagement de sa maladie. Et ce spirite vient, simplement parce qu’il sait que l’esprit qui le suit dans la vie n’a que de bonnes pensées pour lui, et que souffrant, il désire se débarrasser de ses souffrances. Ce n’est pas un illuminé, ce n’est pas un suggestionné ; c’est un adepte convaincu qui va vers la guérison avec le calme du baigneur entrant dans l’eau. Les esprits du médium reconnaissent alors leur « frère », et dans la guérison qui s’accomplit, il y a là véritablement une intervention magique. Le guérisseur a fait cette fois oeuvre de médium ou de magiste.
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Je conclus donc que le médium peut être, à la fois guérisseur spirite, magnétiseur, hypnotiseur, ou pour mieux dire, pour synthétiser son action, qu’il fait oeuvre de Magie. Sans être spirite, ne savons-nous pas que ceux que nous avons aimés sur la terre nous entourent et ont le pouvoir, par des influences mystérieuses, de nous soulager moralement et même matériellement ? Pourquoi ces esprits ne viendraient-ils pas au secours du magnétiseur ? Pourquoi, au moment où l’hypnotiseur a sa volonté tendu vers la guérison du malade, ces esprits ne hâteraient-ils pas le miracle, séduits par cette grande force de l’Amour, dont nous enregistrons, si souvent, les effets bienfaisants. Le pouvoir de l’Amour pour son semblable, le pouvoir de la vie pure et nette, exempte des platitudes courantes ; le devoir accompli simplement, sans forfanterie, la charité bien comprise, la vertu sans pédanterie, le désir ardent de soulager ses frères, de les conduire vers le plus de bonheur et le moins de chagrins ; telles sont à mon avis les rares qualités que doit posséder le guérisseur, s’il veut obtenir la réalisation de son oeuvre magique.
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CHAPITRE XVI L’Envoûtement Envoûtement ou extériorisation de la sensibilité. Le récit de la découverte du colonel de Rochas.
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ue faut-il penser de l’envoûtement ? Que faut-il penser de ce pouvoir d’une créature sur une autre créature, pouvoir maléfique qui se produit à distance, et qui permet à un opérateur de martyriser, de torturer un portrait ou une image de cire en provoquant le martyre, la torture et même la mort de celui ou de celle qui est représenté par le portrait ou l’image de cire ? Les savants « officiels », ceux qui nous expliquent parfaitement la formation de la terre par l’attraction moléculaire des poussières agglomérées depuis des siècles dans l’espace, mais qui oublient de nous dire qui a créé la première molécule ; sourient dans leur barbe de fleuve, quand on parle devant eux de « l’envoûtement ». Ces pratiques d’un autre âge, disent-ils, ne peuvent être prises au sérieux, et seuls, les fous et les imbéciles peuvent se préoccuper d’une semblable question. Pauvres savants ! Tous les jours les fous qu’ils adressent au cabanon se révèlent comme les bienfaiteurs de l’humanité ; les imbéciles dont il se moquent entrent dans l’immortalité. Et le colonel de Rochas, dans ses études sur l’Extériorisation de la sensibilité, a prouvé que l’« envoûtement » était entré dans la phase scientifique. Depuis 1891, la question a fait du chemin. M. Fernand Girod, secrétaire général de la Vie Mystérieuse, après tant d’autres, a exécuté des expériences avec son sujet qui prouvent surabondamment que l’antique envoûtement, s’il a changé de nom, est resté absolument réel. En présence de savants et de médecins de l’Académie des Sciences, M. de
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Rochas en 1892 commença ses expériences, et voici comment un journal de l’époque les relate :
« M. de Rochas a essayé de dissoudre la sensibilité d’un sujet dans une plaque photogra-phique. « Il a mis une première de ces plaque en contact avec un sujet non endormi : la photo-graphie du sujet obtenue ensuite ne présentait aucun rapport avec lui. « Une seconde, mise antérieurement en contact avec un sujet endormi, légèrement extériorisé, a donné une épreuve à peine sensible par relation. « Une troisième enfin, qui, avant d’être placée dans l’appareil photographique, avait été fortement chargée de la sensibilité du sujet endormi, a donné une photographie qui a présenté les caractères les plus curieux. « Chaque fois que l’opérateur touchait à l’image, le sujet représenté le ressentait. Enfin, il prit une épingle et en égratigna deux fois la pellicule de la plaque, où la main du sujet était indiquée. « A ce moment, le sujet s’évanouit complètement en contracture. Quand il fut réveillé, on constata sur la main deux stigmates rouges sous l’épiderme correspondant aux deux égra-tignures de la pellicule photographique. « M. de Rochas venait de réaliser là, aussi complètement que possible « l’envoûtement des anciens. » Nous trouvons dans l’Initiation, la si intéressante et si savante revue dirigée par Papus, les explications que donne Rochas lui-même en 1892, sur l’Extériorisation de la sensibilité.
« La plupart des sujets, quand on hyperesthérise leurs yeux, par certaines manoeuvres, voient s’échapper des animaux, des végétaux, des cristaux et des aimants, des lueurs qui pourraient avoir un rapport direct avec ces rayonnements. C’est ce qu’a constaté pour la première fois, il y a une cinquantaine d’années, par de nombreuses expériences, un savant chimiste autrichien, le baron de Reichenbach. « Chez l’homme, ces effluves sortent des yeux, des narines, des oreilles et de l’extrémité des doigts, pendant que le reste du corps est
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simplement recouvert d’une couche analogue à un duvet lumineux. Quand on extériorise la sensibilité d’un sujet, le sujet voyant voit cette couche lumineuse quitter la peau et se porter précisément dans la couche d’air où l’on peut constater directement la sensibilité du patient par des attouchements ou des pincements. « En continuant les manoeuvres propres à produire l’extériorisation, j’ai reconnu, à l’aide de ces divers procédés, qu’il se produisait successivement une série de couches sensibles très minces concentriques, séparées par des zones insensibles, et cela jusqu’à plusieurs mètres du sujet. Ces couches sont espacées d’environ cinq à six centimètres, et la première n’est séparée de la peau insensible que de la moitié de cette distance. « D’après la théorie des ondulations, qui sert aujourd’hui à expliquer la propagation et les propriétés de la lumière, du son, et même de l’électricité, on peut supposer que ces couches sensibles, et ces zones insensibles sont dues à des interférences d’ondes produisant des maxima et des minima, et il était naturel de chercher à voir si les ondes de vitesses ou de directions différentes, nécessaires pour produire ces interférences n’étaient pas dues aux deux grands mouvements rythmiques du corps humain, les battements du coeur et la respiration. « J’ai été ainsi conduit à essayer si ces ondes, auxquelles je donnerai, comme Reichenbach, le nom d’od, jouissaient de la propriété de se réfléchir et de se réfracter comme les autres ondes, étudiées en physique. « A l’aide d’un prisme en plâtre de 0 m. 30 de côté, j’ai fait d’assez nombreuses expériences en variant les conditions, mais le phénomène principal s’est compliqué de phénomènes accessoires, et tout ce que je crois pouvoir conclure de mes observations, c’est que le prisme de plâtre laisse passer les ondes en les déviant, suivant une loi que je n’ai pu encore dégager. « Ce que je considère comme nettement établi c’est que les liquides, en général, non seulement arrêtent l’od, mais le dissolvent ; c’est-à-dire qu’en faisant traverser, par exemple, un verre rempli d’eau par une des couches sensibles les plus rapprochées du corps, il se produit une ombre odique, les couches suivantes disparaissant derrière le verre sur une
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certaine étendue ; de plus, l’eau du verre devient entièrement sensible et émet même au bout d’un certain temps (probablement quand elle est saturée) des vapeurs sensibles qui s’élèvent verticalement de sa surface supérieure. Enfin si l’on éloigne le verre, l’eau qu’il contient reste sensible jusqu’à une certaine distance au delà de laquelle le lien qui l’unit au corps du sujet, semble se rompre après s’être graduellement affaibli... « L’analogie que présente ce phénomène, avec les histoires de personnes que l’on fait mourir à distance, en blessant une figure de cire modelée à leur image, était évidente. J’essayai si la cire ne jouirait pas, comme l’eau, de la propriété d’emmagasiner la sensibilité, et je reconnus qu’elle la possédait à un haut degré, ainsi que d’autres substances grasses, visqueuses ou veloutées, comme le cold-cream et le velours de laine. Une petite statuette, confectionnée avec de la cire à modeler et sensibilisée par un séjour de quelques instants en face et à une petite distance d’un sujet, reproduisit les sensations de piqûres dont je la perçais, vers le haut du corps si je piquais la statuette à la tête, vers le bas, si je la piquais aux pieds. (C’est-à-dire que la piqûre était ressentie d’une manière plus ou moins vague dans les régions qui avaient été envoyé le plus directement leurs effluves). Cependant, je parvins à localiser exactement la sensation, en implantant, comme les anciens sorciers, dans la tête de ma figurine, une mèche de cheveux coupée à la nuque du sujet pendant son sommeil. C’est là l’expérience dont notre collaborateur du Cosmos a été le témoin et même l’acteur ; il avait emporté la statuette ainsi préparée derrière les casiers d’un bureau, où nous ne pouvions la voir, ni le sujet, ni moi. Je réveillai Mme N., qui, sans quitter sa place, se mit à causer avec lui jusqu’au moment où, se retournant brusquement et portant la main derrière sa tête, elle demanda en riant qui lui tirait les cheveux ; c’était l’instant précis où M. X... avait à mon insu, tiré les cheveux de la statuette. « Les effluves paraissant se réfracter d’une façon analogue à la lumière, qui peut-être les entraîne avec elle, je pensai que si l’on projetait, à l’aide d’une lentille, sur une couche visqueuse, l’image d’une personne suffisamment extériorisée, on parviendrait à localiser exactement les sensations transmises de l’image de la personne. Une plaque chargée de gélatino bromure et un appareil photographique m’ont permis de réaliser
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facilement l’expérience, qui ne réussit d’une façon complète que lorsque j’eus soin de charger la plaque de la sensibilité du sujet, avant de la placer dans l’appareil. Mais, en opérant ainsi, j’obtins un portrait tel, que si le magnétiseur touchait un point quelconque de la figure ou des mains sur la couche de gelatino bromure, le sujet en ressentait l’impression au point exactement correspon-dant ; et cela, non seulement immédiatement après l’opération, mais encore trois jours après, lorsque le portrait eut été fixé et rapporté près du sujet. Celui-ci paraît n’avoir rien senti pendant l’opération du fixage, fait loin de lui, et il sentait également fort peu quand on touchait, au lieu du gélatino bromure, la plaque du verre qui lui servait de support. « Voulant pousser l’expérience aussi loin que possible, et profitant de ce qu’un médecin se trouvait présent, je piquai violemment, sans prévenir et par deux fois avec une épingle, l’image de la main droite de Mme L... qui poussa un cri de douleur et perdit un instant connais-sance. Quand elle revint à elle, nous remarquâmes sur le dos de sa main deux raies rouges sous-cutanées, qu’elle n’avait pas auparavant et qui correspondaient exactement aux deux écorchures que mon épingle avait faites en glissant sur la couche gélatineuse. »
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CHAPITRE XVII Encore l’envoûtement Autres opinions. - Les expériences de M. Fernand Girod. - L’envoûtement magique
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ous avons dit plus haut que M. Fernand Girod s’était livré sur son sujet Mlle Edmée à de nombreuses expériences d’extériorisation de la sensibilité. Voici un extrait intéressant d’un article, où il traite de la question :
« Est-il vraiment facile, ainsi que certains auteurs le prétendent, de produire un envoûtement, ou plus exactement, est-il possible d’agir sur une personne à distance et peut-on l’influencer, en bien ou en mal ? Ou bien est-ce là chimères ? Et toutes les histoires qu’on nous raconte de gens ayant à subir un mauvais sort, ne sont-elles que des sornettes peu dignes de retenir l’attention des esprits sensés ? .
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« Il est évident que, dans une certaine mesure, nous laissons quelque chose de nous-mêmes dans les objets qui nous environnent, et plus particulièrement dans ceux qui sont en contact direct avec nous. Que pour une raison ou pour une autre, nous nous démunissions de ces objets, soit que nous nous fassions couper les cheveux, tailler les ongles ou arracher une dent, et on pourra théoriquement agir sur nous, en actionnant ces différentes substances extraites de notre individualité ; attendu que ces dernières possèdent une partie de notre sensibilité... « Si quelqu’un, animé de mauvaises intentions se précipite sur une mèche de cheveux tombée à sa portée et s’ingénie à lui faire subir toutes
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sortes de tortures, il est fort probable que nous ne nous en apercevrons pas et que nous pourrons continuer à vivre en paix de longs jours. Cependant, les choses pourront changer si la personne mal intentionnée est quelque peu versée dans ce qu’on appelle les pratiques de la magie, et que se mettant en rapport avec nous, à l’aide de ce support sensibilisé, comme le ferait une somnambule, elle agira d’une façon plus directe, quoique toujours invisible. Il lui sera alors possible de nous faire sentir son action maléfique, d’une manière plus ou moins accentuée, selon l’énergie de sa volonté, d’une part, selon notre degré de réceptivité, d’autre part... « Un des principaux facteurs de l’envoûtement est ce que j’appellerai : « La dynamisation de la pensée, ou plutôt, de la volonté. » Lorsque nous nourrissons, à l’égard d’une personne, des pensées constantes de haine ou mieux d’amour, il est certain que nous agissons mentalement sur elle ; plus ou moins énergiquement, selon la puissance de notre volonté, et aussi, selon l’état de réceptivité de cette personne. « Les occultistes modernes disent, en parlant des sorciers du moyenâge, qu’il est probable que, lorsqu’ils procédaient à la confection du « volt » ou figure représentative de la personne sur laquelle ils désiraient jeter un sort, ils s’exaltaient à un tel point, par leurs pensées de haine et par les cérémonies dont ils accompagnaient leurs opérations qu’ils donnaient lieu à une sortie partielle ou totale de leur corps astral, et qu’ainsi, il leur était possible d’agir directement sur le corps astral de la personne, objet de leurs maléfices (1) . « Ces mêmes sorciers, opérant la nuit, il est également, dans le domaine des hypothèses possibles, permis de supposer qu’ils arrivaient à provoquer une sortie partielle de l’astral de leurs victimes et à condenser cet astral sur le « volt »... « Au début du développement de mon sujet, Mlle Edmée, alors que j’observais, pour la première fois une phase d’extériorisation qui précède l’état cataleptique, je voulus me rendre compte de la distance à laquelle cette sensibilité pouvait s’étendre, et pour cela, j’eus l’idée de placer dans (1) Remarquez que cet « occultiste moderne » est forcé de revenir tout doucement et presque sans transition, à la théorie de la magie kabbalistique.
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la zone d’extériorisation divers objets que je laissai négligemment parmi d’autres, sur une table. « Le sujet, aussitôt réveillé, ne manquait pas de se précipiter sur les objets, ainsi imprégnés de lui-même, les mettait soigneusement dans sa poche et ne me les rendait que le lendemain, c’est-à-dire après avoir repris tout le « Magnétisme » qui lui appartenait. « Au cours d’un de ces essais, pendant que mon sujet se trouvait en état d’extériori-sation, je pris un gâteau dans une boîte pleine qui se trouvait près de moi, et l’ayant passé dans la sphère du rayonnement, je m’apprêtais à le replacer dans la boîte parmi les autres, quand l’idée me vient d’y faire une marque pour le reconnaître ensuite. N’ayant à ma portée qu’une paire de ciseaux, je pris ceux-ci sans réfléchir, et sans me douter un seul instant de ce qui pourrait arriver, et, à l’aide de leur pointe, je fis une croix au revers du gâteau, tout en tournant le dos au sujet qui, dès le début, avait les yeux fermés et le corps recroquevillé sur lui-même.
Photo de Mlle Edmée en léthargie.
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« J’avais à peine entâmé le gâteau, que le sujet tombait à terre, dans une crise effroyable, se tordant dans des convulsions, poussant des cris de douleur et se tenant l’estomac avec les deux mains appuyées fortement sur la région du plexus solaire. Cette crise dura plus d’un quart d’heure. Je magnétisai le sujet très fortement pour le remettre de ses émotions ; lorsqu’il fut réveillé , il se plaignit de la gorge et de l’estomac et disait avoir la sensation d’une grande éraflure le long du tube œsophagien. Cette impression persista pendant plusieurs jours. « Une autre fois, ayant endormi Edmée, la face tournée vers un poêle Chouberski allumé à une distance de 1 m. 50, le sujet, au moment de la phase d’extériorisation, se tordit les membres dans une crispation très intense et réduisit en miettes une brochure qui se trouvait entre ses mains. J’eus, heureusement, l’intuition de ce qui se passait, et je changeai son état magnétique. Lorsque le sujet fut en catalepsie, je pus constater que ses mains étaient rouges et brûlantes sur leur face dorsale, tandis que la face palmaire était ruisselante de sueurs. La figure présentait également un luisant de vernis, indiquant d’une façon indéniable, le début d’une brûlure. Laissant Edmée en catalepsie, je lui appliquai des compresses d’eau froide sur les mains et après quelques instants, je la mis en somnambulisme. Dans cet état, ayant repris en partie l’usage de ses sens, elle s’étonna fort de ne plus sentir ses membres, tandis qu’elle avait la figure et les mains brûlantes. Réveillée, il ne subsista presque plus rien, si ce n’est une rougeur anormale du visage et des mains. M. Fernand Girod poursuit la série de ses expériences et arrive à des résultats stupéfiants. Ecoutez le récit de cette extériorisation du 27 août 1909 : « Je place un morceau de sucre sur son ventre, dans la région du plexus solaire et l’y laisse un instant. L’ayant retiré, je le plonge lentement dans un verre d’eau. Edmée a plusieurs soubresauts nerveux, mais comme elle ne parle pas dans cet état, je ne puis connaître ses impressions. Mise en lucidité, elle dit avoir eu très froid, notamment au ventre. Il lui semblait qu’on la plongeait dans l’eau des pieds jusqu’à la ceinture. Au réveil, elle se ressent encore de ce froid ; le soir, elle ne mange pas. Elle ignore ce que
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nous avons fait et cependant cette impression persiste encore le 28 août, mais avec moins d’intensité. Les 7 et 8 septembre 1909, autres expériences de plus en plus curieuses : « Edmée étant extériorisée, je place une poupée en caoutchouc sur elle pendant quelques minutes. Je la retire et pince fortement une jambe de la dite poupée. Edmée éprouve une forte contraction nerveuse. Je la mets alors en état de rapport, et pressant avec le pouce sur le centre de la mémoire, je lui demande de se rappeler ce qu’elle a éprouvé un moment auparavant. Après un peu d’hésitation, elle dit : On me pinçait la jambe gauche, près du mollet. Ce qui était exact. « La laissant en rapport, je pince à plusieurs reprises, tantôt un bras, tantôt une jambe puis le thorax et enfin la tête de la poupée. Edmée localise exactement toutes les actions exercées sur la poupée. « Je souffle sur la poupée. Edmée dit : « J’ai froid ! » Je continue. Elle répète : « J’ai froid ! » Je souffle chaud. Edmée ne dit plus rien, mais elle a un soubresaut nerveux et passe en état de léthargie somnambulique. Je souffle froid à nouveau et elle revient en état de rapport. Placé à trois mètres d’elle, de façon à ce qu’il lui soit impossible de se rendre compte de ce que je fais, j’exécute des passes transversales sur la poupée. Edmée passe en état de catalepsie, puis en état d’extériorisation, en état suggestif et enfin, le réveil est obtenu au bout de quelques minutes. « Le 8 septembre, je plonge Edmée dans la première phase du sommeil où elle est totale-ment inconsciente. Je vais chercher la poupée en caoutchouc ayant servie aux expériences faites la veille et je la magnétise à une grande distance du sujet. Edmée passe dans la seconde phase (suggestive). Je continue, elle franchit la troisième phase (automatisme). J’arrive ainsi à la phase d’extériorisation à laquelle je m’arrête pour reprendre les expériences de la veille. Les résultats sont aussi satisfaisants et meilleurs même que ceux obtenus avec une poupée de cire. « Mis en somnambulisme, le sujet me dit que la poupée en caoutchouc étant percée d’une ouverture à la tête, la sensibilité extériorisée s’emmagasine, en quelque sorte, à l’intérieur, ce qui fait que les actions exercées sur cet objet sont très vivement ressenties.
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M. Fernand Girod termine son article, trop long, pour que nous puissions le citer en entier par les considérations suivantes : « L’action, à distance, d’une personne sur une autre est donc un fait rendu possible dès l’instant de l’extériorisation de la sensibilité. Plus exactement : la persistance de nos effluves sur un corps qui s’en imprègne, est prouvée. Mais il convient d’examiner dans quelles conditions cette action peut être décelée, et quels sont les facteurs qui doivent être réunis pour permettre la réalisation d’une pratique d’envoûtement de ce genre. 1° Il faut que la personne sur laquelle on veut agir soit un sujet d’une grande sensibilité ; « 2° Que cette personne puisse facilement « extérioriser » sa sensibilité. « 3° Qu’elle soit, de préférence, endormie ou en état d’hypnose, ce qui nécessite en grande partie son consentement.
Photo de Mlle Edmée en somnambulisme lit dans un coffre scellé
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« Ces différentes considérations nous conduisent à cette conclusion ; qu’il est réellement difficile et malaisé de mener à bien un envoûtement de quelconque nature, en se servant uniquement du procédé de l’extériorisation ou de la persistance des effluves sur les corps qui nous environnent, mais que néanmoins, il y a, de toute évidence, action possible et même certaine. Je n’en veux, pour autre preuve que les guérisons sympathiques à distance, obtenues par tout bon praticien magnétiseur, qui, chaque jour, à une heure déterminée et dans certaines conditions, opère sur le linge porté par les malades en traitement. Nous venons de voir que M. Girod prétend qu’il est difficile de faire un envoûtement, en se servant uniquement, des pratiques scientifiques d’extériorisation ; nous avons vu également qu’il n’est pas éloigné de croire que l’envoûtement peut se produire par l’exaltation de l’opérateur qui agit sur le corps astral de la victime. C’est là une opération absolument magique. Il est donc intéressant de connaître l’opinion d’un véritable magiste. M. Gaston Bourgeat, dont l’opinion fait autorité dans le monde occulte, croit à l’envoûtement purement kabbalistique, et dans le n° 49 de la Vie Mystérieuse, il décrit, avec une grandiloquence tragique, le récit d’un envoûtement magique, suivi du choc en retour dont nous parlerons bientôt. Le récit se place à l’heure où la Commune triomphe en 1871. Au milieu de Paris, décimé par la famine, les incendies et les exécutions sans procès, une jeune fille, dont le père se refuse à donner son acceptation à un mariage d’amour, va chez une sorcière fameuse, et lui demande la mort de son père, qui lui permettra d’épouser celui qu’elle aime. Ecoutez une partie du récit, dans lequel M. Gaston Bourgeat relate les principales phases de l’opération magique :
« - Je vous attendais, Mademoiselle, dit la vieille après avoir refermé bien soigneusement la porte, et j’admire votre courage. M’avez-vous apporté les objets que je vous ai demandés ? « - Voici les objets, répondit-elle. Et après avoir d’un geste élégant remonté ses beaux cheveux, elle prit dans une sacoche de velours noir, trois petits paquets qu’elle déplia et étala sur une table graisseuse occupant le centre de la pièce. « Le premier paquet contenait quelques cheveux gris réunis par une faveur rouge.
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« Le deuxième, un fragment d’étoffe noire, et quant au troisième, il ne renfermait qu’un billet plié en quatre, sur lequel, la solliciteuse avait en termes concis, formulé sa volonté, selon les indications de la sorcière. « - C’est bien, dit cette dernière, en tirant d’un vieux coffre une longue poupée de cire qu’elle coucha sur la table préalablement recouverte, en guise de nappe d’autel, d’un gilet de flanelle, ayant séjourné cinq années dans un cercueil, et payé fort cher à un fossoyeur. « Cela fait, à l’aide d’un poignard, elle fendit le sommet du crâne de l’informe statuette y introduisit les cheveux, rapprocha les bords de la blessure et la souda en l’approchant à la flamme d’un grand cierge. « Après avoir répété la même opération pour le fragment d’étoffe qu’elle introduisit à la place des intestins, elle saisit le billet, et, sans lire, elle en projeta le cliché en astral, en le détruisant par l’action du feu. « La jeune fille s’était assise ; elle regardait impassible les apprêts du drame dont elle se sentait l’héroïne. Mais la magicienne lui présentant un vase plein d’eau : « Puisez de cette eau dans le creux de votre main, Mademoiselle, et répandez-la sur la poupée ; baptisez-la en lui donnant les prénoms et le nom de la personne dont vous avez signé, dans votre esprit, l’arrêt de mort. » « Celle à qui s’adressaient ces paroles se leva, pâle comme un spectre, et, sans hésitation aucune, sans qu’un seul muscle de son visage tressaillit, elle arrosa d’eau maudite l’objet symbolisant sa haine, prononçant d’une voix qu’elle s’efforçait d’affermir, cette phrase sacrilège : « Au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit, je te baptise Fernand-Adolphe-Maurice de R. » « - Malheureuse !... s’écria la sorcière. Votre père ! Vous voulez tuer votre père ! « - Oui, Madame, mon père ! Mon père qui s’oppose à mon mariage avec mon amant, alors que ma mère s’est laissée fléchir par mes prières et par mes larmes. Mon père, dont le coeur de granit, aimerait mieux me voir morte qu’unie à l’homme que j’aime ; mon père qui m’est odieux ; lui, le bourreau de ma mère ! Ah ! tenez... mon père, je le hais, et si cette haine, subtil venin distillé goutte à goutte, depuis mon enfance, dans le fond de mon coeur endurci, si cette haine, affreux poison, peut pénétrer comme un
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feu dévorant dans les plus intimes profondeurs de son être, qu’elle y pénètre, chargée de la malédiction d’une fille révoltée et parricide. « Elle dit, et saisissant d’une main fébrile l’arme placée sur la table, d’un geste énergique et d’un coup sûr, elle y cloua la poupée dont le corps livide demeura écrasé entre le bois et la garde du poignard. « La sorcière la regardait, surprise, effarée. La jeune fille s’en aperçut et l’apostropha violemment : « - Eh bien, Madame, qu’attendez-vous ? A votre tour de faire le reste. Vous m’avez juré qu’à minuit précis, cet homme aurait cessé de vivre... Ah ! je comprends... vous ignoriez que la victime choisie fut mon père ! Que vous importe ? Est-ce que votre conscience se révolterait devant ce nouveau meurtre ? Ce serait, assurément, un spectacle peu banal que de voir la sorcière de Neuilly se convertir ! Et puis, très d’hésitation, je vous ai largement payée, vous devez m’obéir et vous m’obéirez ! « De même que du calice de ces belles fleurs de l’Inde, surgit tout à coup ce minuscule serpent, nommé corail dont la blessure est mortelle, de même, des jolis yeux de la superbe fille, s’échappaient comme des lames d’acier aux reflets sinistres. « Vaincue, la sorcière s’exécuta. « Elle prit, dans ce même coffre d’où elle avait tiré la figurine, un vieux grimoire repoussant, puis, ayant ouvert une grosse boîte pleine de clous à tige quadrangulaire, elle la déposa sur la table à portée de sa main. Cela fait, elle alluma trois cierges, volés dans une église, retira des feuillets du grimoire une hostie crachée après une communion sacrilège, plaça cette hostie sur la figurine de cire, exactement à la place du coeur. Un dernier clou enfoncé dans l’hostie, minuit sonnant, devait donner la mort à la victime que mille fils invisibles reliaient déjà à la poupée envoûteuse. « Alors, commença la cérémonie démoniaque, cérémonie lugubre, au fond de cette cave humide et infecte, où parvenaient, comme un tonnerre lointain, les sourds grondements du canon. « Debout devant l’autel improvisé, le grimoire ouvert tenu de la main gauche, et serrant entre les doigts crispés de la main droite un des clous méléficiés, la prêtresse de Satan commença d’un verbe chevrottant, où perçait une nuance de frayeur, l’évocation rituelle :
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« O Tout-Puissant Belzébuth ! Prince du sombre empire. Toi qui règnes dans les lieux bas et fais tes délices des douleurs, des violences et des haines. Toi à qui obéissent la légion des noirs esprits, messagers et serviteurs fidèles qui dans les coupes d’airain te présentent sans cesse la boisson, pour toi exquise, faite des larmes des humains. Soleil rouge qui brûles sans éclairer, qui consumes sans détruire, qui dévores sans engloutir. Vautour rongeur de foies qui renaissent sans cesse. Dieu du Mal et des Ténèbres, nous te conjurons derechef Esprit infernal, de consentir à donner puissance et réalité à cette opération. Nous te prions de nous envoyer ton ange exterminateur Asmodée, qu’il vienne, qu’il accoure à notre appel, et qu’il frappe ! » « Prononçant ces dernières paroles, la sorcière enfonça le clou dans la figurine, disant : « Ce n’est pas cette cire que je transperce, mais bien le corps, le sang, l’esprit, l’entendement, l’humanité tout entière de FernandAdolphe-Maurice de R., âgé de... « - Quel âge ? demanda-t-elle à l’auditrice muette, de l’atroce évocation. « Cinquante-sept ans, répondit-elle. « ... âgé de cinquante-sept ans, continua la magicienne. Pour qu’il souffre, râle, agonise et meure ! « Te invocamus Belzébuth « Te adoramus Belzébuth « Te laudamus Belzébuth « Te gloricamus Belzébuth « Amen. Amen. Amen. » « Toute la soirée, cette opération fut répétée. La forme de la poupée disparaissant entièrement sous les têtes des clous, présentait l’aspect d’une noire et longue pelote, du milieu de laquelle surgissait le manche brillant du poignard, comme une croix d’argent sur un catafalque. « Une seule place, celle du coeur, se montrait vierge de tout contact, et sur cette place, la pacifique hostie attendait le coup mortel. En cet instant même, le vent qui soufflait de Paris apporta à l’oreille de la jeune femme la voix grave du bourdon de Notre-Dame. « - Minuit, s’écriat-elle ! Frappe sorcière ! Qu’attends-tu ? mais frappe donc !
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« - Je ne puis, hurla l’autre, une force invisible s’y oppose, ma tête tourne, mon bras ne peut obéir... « - O lâche, faut-il que ce soit moi qui te donnes l’exemple du courage ! Et arrachant brutalement le dernier clou de la main contractée de la veille femme, elle leva le bras, pour transpercer l’hostie sainte. « Alors au milieu d’un fracas épouvantable, un obus égaré vint tombé sur l’autel sacrilège et l’écrasa dans son effroyable chute. Pendant que les deux femmes le regardaient terrifiées, l’obus éclatant avec un bruit formidable, anéantit tout ce que contenait le temple du Très-bas ; il éventra ses deux prêtresses, il arracha leurs entrailles palpitantes et les projeta sur les murs où, clouées, par les débris de l’engin meurtrier, elles restèrent suspendues comme d’horribles stalactites. Dans cette scène tragique, M. Bourgeat nous donne, très exactement, la description d’un envoûtement kabbalistique, envoûtement accompli dans un but de mort. Mes jeunes élèves ont pu juger que cet envoûtement diffère absolument des expériences accomplies par nos modernes sorciers. Les esprits du mal sont invoqués, c’est dans leur intervention, flattée par des pratiques sacrilèges, que l’opérateur espère en la réalisation de son oeuvre de haine. Il ne s’agit pas d’extérioriser la sensibilité, il s’agit de tuer. Et M. Bourgeat qui a osé reconstituer cette infâme expérience, a bien soin de lui donner la terminaison qu’elle mérite : les souffrances de ceux qui ont voulu faire souffrir, la mort de ceux qui ont voulu tuer.
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CHAPITRE XVIII L’envoûtement nous guette Mon opinion personnelle sur la question. L’envoûtement dans l’air. - Du danger de s’entourer de malchanceux. - Le moyen de vaincre et de réussir. - L’envoûtement de haine et l’envoûtement d’amour.
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Il est permis d’avoir sur l’envoûtement une opinion spéciale. Et nos jeunes magistes, dans la série d’expérimentation qu’ils ne manqueront pas de produire, pourront se former une opinion conforme à leur tempérament, à leurs aspirations et à leur état d’âme. Ma théorie, celle que je n’ai cessée de clâmer depuis 25 ans - théorie corroborée par des preuves quotidiennes - est que l’envoûtement est continuellement dans l’air que nous respirons et qu’il suffit d’une psychologie raisonnée pour changer l’atmosphère morale qui nous entoure et lui donner le caractère d’un envoûtement bénéfique. Qu’est-ce que la sympathie et l’antipathie ? Tout simplement une rencontre de deux âmes qui sont en discordance ; dont les goûts, les qualités et les vices se heurtent et se froissent dans une contradiction instinctive. La sympathie et l’antipathie suffiraient à prouver l’existence des fluides qui s’échappent des corps et dont la substance impondérable est faite des émanations morales de nos âmes. L’honnête homme et le coquin, malgré l’hypocrisie des attitudes et le miel des paroles, se reconnaissent intuitivement. Le premier s’écrie : « Quelle fripouille ! », le second : « Quel imbécile ! »
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C’est cette dualité psychologique de deux natures opposées qui a produit les premiers chocs de race qui ont ensanglanté la terre, qui provoque encore aujourd’hui les luttes de l’antisémitisme, qui arme le bras de l’américain du nord, contre l’homme de couleur. Dans ces haines, la question d’honnêteté ou de malhonnêteté ne se discute plus, chacune des races affirmant être plus honnête que l’autre. Les fluides sont antipathiques parce qu’ils se heurtent à des questions religieuses, parce qu’ils se crispent devant des dégoûts et des répulsions qui sont d’ordre instinctif. Dans un cadre plus restreint, n’avons-nous pas tous les jours des preuves de cette sympathie ou de cette antipathie qui pousse l’homme contre l’homme, sans motif plausible parfois ? L’agent de la Sûreté sent subitement son flair éveillé devant un promeneur qui semble inoffensif. Il le suit, l’espionne, sans savoir exactement pourquoi, poussé par une force inconnue qui agit pour lui. Et il arrête en ce passant paisible, un malfaiteur, un bandit recherché depuis longtemps. Deux personnes se rencontrent en tramway. Elles ne se sont jamais vues. Et pourtant, elles échangent un gracieux sourire ; elles engagent la conversation et sont de vieilles amies au terminus du parcours. Un candidat inconnu se présente aux élections. Ses affiches, ses professions de foi sont accueillies par des brocards.
« Quel est ce fumiste qui demande nos suffrages ? d’où vient-il ? que fait-il ? Et quelle outrecuidance de solliciter nos voix ! Qu’il retourne à ses moutons, et qu’il n’ait pas la naïveté de croire à notre vote ! Cependant le candidat paraît dans la salle de réunion. Il n’a pas encore parlé qu’un frisson sympathique secoue le public. Il parle et son verbe dégage un tel élan de sympathie que les applaudissements crépitent et que son élection - plaisantée d’abord - est assurée à une grande majorité. Deux hommes égaux par la fortune et l’intelligence, décident d’associer leurs capitaux et leur savoir dans une grande industrie. Aussitôt en contact direct, ce sont des froissements continuels. Le premier défait ce qu’a décidé le second, les deux hommes ne peuvent se rencontrer, sans échanger des mots aigre-doux ; l’industrie ayant cependant tous les éléments qui assurent la prospérité, commence à péricliter ; les clients s’éloignent ; les ouvriers font grève. C’est la débâcle d’abord, c’est le désastre, c’est la ruine qui découlent de cette antipathie. Les fluides de haine ont fait leur effet destructeur et atteignent, non seulement les intéressés, mais encore une foule d’individus qui sont frappés par l’ambiance. N’ai-je pas raison de dire que l’« envoûtement » nous guette perpétuellement ?
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N’est-ce pas un véritable envoûtement - envoûtement d’amour ou envoûtement de haine - que ces fluides sympathiques ou antipathiques qui s’échappent des individus en société ? Et comment ne pas craindre pour les destinées du pays, quand, à la Chambre des députés, nous voyons nos honorables s’envoûter perpétuellement, dans un choc de haines farouches, où jamais, ni à droite, ni à gauche, ni au centre ne se glisse une parole de bonté, de justice ou de pardon ? Pour réussir dans la vie, il est donc indispensable d’écarter la Haine de son chemin, pour ne conserver que l’Amour. C’est là tout le secret du bonheur matériel. Et la haine n’est quelquefois pas le résultat de vexations, de discordes, de relations mauvaises. Elle est spontanée, elle se base sur des répulsions incompréhensibles, sur la figure disgracieuse de l’adversaire, sur ses ridicules ; elle surgit tenace et injuste toujours. La sympathie est souvent dépourvue de motifs véritables ! Que de femmes affreuses qui sont adorées ! que d’hommes laids et d’abord revêche qui sont des héros et des apôtres ! Comme la haine, l’Amour - plus fort que la mort est instinctif et dépend d’une concordance fluidique. N’avez-vous pas entendu près de vous, des amis maudire leur malchance et envier la destinée de certaines créatures privilégiées ? Alors que, malgré leur savoir, leur talent, leur honnêteté, leur courage, ils végètent lamentablement, leurs voisins, aventuriers, parfois sans scrupule, paresseux, vicieux, sans initiative et sans capacités, réussissent brillamment et voient leurs moindres tentatives couronnées de succès. Vos amis ont tort de se plaindre, car je suis certain que leurs doléances, leurs pleurnicheries, leurs cris d’envie et de haine vous sont antipathiques, et que vous épousez presque la cause de leurs ennemis. Ces gens répandent autour d’eux une influence néfaste, ils sont odieux par leur attitude veule et leur manque de volonté ; leurs pleurs, leurs gémissements n’apitoient plus leur entourage, mais font sourdre en lui la colère et la méchanceté, tandis que les voisins, tant décriés, prennent un empire spécial en votre pensée. Leur gaîté, leur bonne humeur, leur sourire radieux, la fougue communicative de leurs discours vous ravissent et vous enthousias-ment. Près des derniers vous vous sentez disposés aux grandes choses, aux initiatives hardies ; vos âmes prennent un peu du reflet de ces gens heureux et la suggestion de succès vous gagne. Avec les premiers, l’envoûtement de haine vous surprenait, amolissant votre caractère, enlisant votre volonté. Avec les seconds, l’envoûtement d’amour infiltrait en votre sang le courage sacré ; vous preniez des leçons vibrantes d’énergie, de confiance en vous et de sainte gaîté. Jeunes magistes ; vous, pour qui l’étude des mystères de l’être et des choses, est
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un des horizons de la vie, évitez l’envoûtement latent qui vous entoure. Ecartez de votre chemin, ceux qui se prétendent malchanceux, et qui, simplement, sont les victimes de leur manque de volonté. Qu’aucune considération de famille ou d’amitié ne vous fasse vivre dans l’ambiance de ces « vaincus ». Au contraire, entourez-vous d’hommes vibrants et gais, rêvant ou accomplissant de grandes tâches, heureux de peu de joies que donne la vie, n’ayant jamais de paroles de haine, d’envie ou de reproches. Que l’optimisme, même exagéré, soit votre règle de conduite. Et vous profiterez des bons fluides de cet entourage, vous serez plus heureux, plus dispos, plus courageux ; vous pourrez affronter d’un coeur serein, les batailles de la vie.
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CHAPITRE XIX Le choc en retour La punition de l’Astral. - Qui frappa de l’épée périra par l’épée. - Le crime du banquier. - La justice du Choc en retour.
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maginez une balle de plomb au bout d’une cordelette en caoutchouc. D’une main sûre, vous lancez cette balle sur un ennemi, en conservant dans la main la cordelette, et vous lui brisez la tête. Votre joie - si vous êtes méchant et cruel est extrême, et vous vous réjouissez du mal que vous avez fait. Mais vous avez oublié que le tissu extensible dont est formée votre cordelette doit ramener la balle à son point de départ, et comme votre force était décuplée par votre désir de vengeance, la balle a même dépassé son point de départ, et vous frappe brutalement à votre tour. Voilà une image à peu près exacte du choc en retour. Vengeance de l’Astral, punition des bons élémentals, paiement rationnel de la dette de cruauté contractée, extériorisation suprême de la victime à la minute de la mort, le « choc en retour » frappe le magicien noir avec une régularité presque mathématique. Et des révélations spirites nous ont appris que, lorsque le châtiment n’est pas terrestre, il y a toujours dans « l’au-delà » des souffrances terribles qui dépassent la conception chrétienne de l’Enfer, pour celui qui voulut accomplir l’oeuvre de mort. Au commencement de ce livre, nos lecteurs ont pu se rendre compte d’un effet du « choc en retour » sur cette sorcière de campagne qui mourut pour avoir voulu se venger d’un pauvre chien - créature terrestre comme elle et qui avait le droit de vie, comme tous les êtres qui ne sont pas sacrifiés à notre alimentation (1). (1) Je voudrais dire : « comme ces êtres même » car rien n’est plus révoltant que l’injustice de l’homme qui tue d’innocentes créatures pour s’alimenter, quand la nature lui a donné les végétaux, plus substantiels, plus sains et plus réparateurs.
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La sorcière de Neuilly, tuée par l’obus vengeur, avec l’épouvantable scène d’envoûtement racontée par M. Bourgeat, est encore un exemple du choc en retour. Ce que nos bons littérateurs, après Gambetta, appellent « l’immanente justice », n’est en somme qu’un effet magique du « choc en retour ». « Qui a frappé par l’épée, périra par l’épée » dit l’Evangile. Et l’Evangile qui est l’émana-tion de la philosophie occulte a voulu dire : « Qui cherche le mal, trouve le mal. Qui défie la Mort, trouve la Mort. Qui souhaite la vengeance, trouve la vengeance. « Frappez et l’on vous ouvrira » est encore une parole d’Evangile, et une parole kabba-listique. Partout où l’on frappe, il est possible de trouver accueil. Mais, à quelle porte allez-vous frapper ? Si c’est à la porte du crime, comme Bonnot, comme Garnier, comme Vallet, c’est par le crime que l’on vous répondra. Et le crime de la victime contre l’assassin est alors un acte de justice. Si vous frappez à la porte de l’Innocence, de la Virginité, en montrant de l’or, souhaitez pour vous que cette porte reste close, car si elle s’entr’ouvre et que vous apportiez dans la maison le déshonneur d’une enfant, le chagrin d’une mère, vous trouverez ici-bas et dans « l’au-delà » le châtiment de votre acte honteux. Il n’est pas que le seul cambrioleur qui ait le privilège de forcer les huis. Le libertinage, le vice, la trahison, la vengeance connaissent les moyens de crocheter les consciences plus criminellement peut-être que les professionnels de la pincemonseigneur. Et il n’est nullement besoin d’être Mage ou d’avoir étudié la philosophie occulte pour se rendre coupable de ces violations d’âme, de ces crimes contre la liberté individuelle, de ces lâchetés vengeresses. Egalement, l’« Occulte » ne cherche pas ses créatures pour infliger un châtiment à leurs félonies. L’Occulte frappe avec la même implacabilité, les méchants, les impurs, les traîtres, les assassins, sans leur demander un brevet d’initiation. Le choc en retour peut donc nous assaillir à tout moment. Il suffit pour cela que nous commettions une mauvaise action, que nous nous écartions de cette ligne droite qui « est le plus court chemin d’un point à un autre », que nous conservions au coeur, même envers ceux qui nous ont fait du mal, des idées de haine et de vengeance. Comme l’envoûtement, le choc en retour est perpétuellement dans l’air ; il nous menace à chaque pas, il nous fait toucher à notre conscience, et instinctivement, nous sentons sa présence, avec un petit frisson de l’épiderme qui est de l’angoisse. J’ai dans la mémoire les preuves les plus diverses de ces châtiments occultes qui se produisent de cent façons différentes, mais qui tous, sont des châtiments justes, n’atteignant exactement, que les coupables.
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Un banquier qui fut connu de tout Paris, mais dont il m’est impossible de citer le nom, mourut il y a quelques années. Officier de la Légion d’honneur, les honneurs furent rendus à sa dépouille mortelle, par un bataillon de ligne et les journaux du monde entier lui consacrèrent d’enthousiastes articles nécrologiques. Quelques membres de sa famille, quelques familiers, comme moi, savaient sur quel crime, il avait échafaudé sa colossale fortune. Son père, quelques années avant sa mort, avait déshérité de toute la quotité permise par la Loi, l’aîné de ses fils, frère du banquier, dont la vie intime faisait scandale. Mais, par la suite, il pardonna à ce fils et fit un second testament partageant sa fortune entre ses deux enfants, en oubliant de détruire le premier. Le jour du décès du père, le second fils, seul présent, fouilla les meubles, trouva les deux testaments et fit disparaître le second, ne laissant subsister que celui où son frère était déshérité. Il acquit ainsi le million dont il avait besoin pour donner corps aux grandes affaires qu’il rêvait, tandis que son aîné touchait une somme insignifiante. Comment ce secret transpira-t-il ? Probablement parce que le banquier - comme tous les criminels - éprouva le besoin irrésistible de se confesser, peut-être à un parent, peut-être à un ami intime. Toujours est-il que quelques-uns connurent l’acte infâme, que je l’appris aussi et que je compris le mystère de l’épouvantable existence de ce millionnaire, à qui aucune satisfaction de la fortune ne semblait devoir être refusée. Deux atroces maladies - qui le conduisirent du reste au tombeau empoisonnaient son existence. L’une, d’ordre intime, sur laquelle je ne veux pas insister, et qui, sans être contagieuse ou honteuse, empêchait toute approche féminine, l’autre qui lui rongeait l’estomac et lui interdisait toute digestion normale. Songez alors à la vie de cet homme ! Pour qui travailler et lutter quand il est impossible de fonder une famille ? quand il est même défendu d’entretenir une jolie maîtresse ? A quoi peut servir un chef émérite, une table bien servie, des mets fins et des vins généreux, quand l’ingestion d’un potage velouté est un supplice intolérable et que le médecin vous a condamné aux oeufs mollets et à l’eau de Vichy ? Ne croyez-vous pas que le supplice de cet homme qui n’avait qu’un signe à faire pour être entouré des plus jolies femmes de Paris, qu’un mot à dire à son chef pour que les primeurs les plus chères, les fruits les plus rares lui soient servis, et qui ne pouvait ni faire ce signe, ni prononcer ce mot sans être condamné à mort, n’était pas renouvelé de Tantale ? Le Choc en retour était cruel, il était juste, Criminel pour avoir « l’argent », il possédait le métal convoité, mais ne pouvait pas s’en servir. Voulez-vous un autre exemple ? Il est tout proche de nous. Une de nos modernes sorcières, qui exerce encore ses
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talents de cartomancienne dans les environs de la butte Montmartre fut, il y a cinq ans environ, sollicitée d’exercer son pouvoir magique (?) par une femme abandonnée par son amant. « Il m’a fait souffrir, faites le souffrir » dit-elle, et pour qu’il n’aille plus faire de ravages dans les coeurs féminins, punissez-le en lui enlevant ses charmes physiques, défigurez-le. » La cartomancienne s’était vantée. De la Magie, elle ne connaissait que le nom, et encore ne lui donnait-elle pas une signification précise. Mais, comme la somme offerte était grosse et bonne à toucher, notre sorcière soudoya un apache, bon à toutes les besognes, et un soir l’amant volage reçut sur le visage, le contenu d’un petit bol de vitriol. Il fut défiguré, comme le voulait l’abandonnée, mais tout se découvrit, car l’apache « mangea le morceau », et notre tireuse de cartes, ainsi que sa cliente du reste, alla faire deux ans de prison à Clermont et ne toucha jamais le prix de son crime. C’était peu que ces deux années de détention, mais les juges - mystère déconcertant avaient trouvé des circonstances atténuantes à son acte. Ne croyez pas que le choc en retour ait simplement consisté en cette peine de prison. Voici la suite de l’histoire. L’an dernier, j’eus l’occasion de rencontrer la cartomancienne dans une société spirite qui la reçoit, ignorant probablement ses méfaits. Si son nom n’avait pas été prononcé devant moi, il m’eut été impossible de la reconnaître, car cette femme n’avait plus, à la place du nez, qu’un trou béant, qui donnait à sa figure la macabre expression d’une tête de mort. Et j’appris, avec stupeur, qu’à la suite d’un accident automobile, l’ablation du nez avait été jugée indispensable. Cette femme qui avait défiguré une créature, était défigurée à son tour. Et une fois de plus, avec un sentiment de crainte instinctif, je m’inclinai devant l’indéniable preuve de l’existence du Choc en retour.
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CHAPITRE XX Les Elémentals Les théories de Paracelse. - Nymphes, Pygmée, Sylphes et Salamandres. - Les quatre éléments et les Elémentals. - Peut-on voir ces êtres mystérieux ? - Leur apparition dans les séances magiques.
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aracelse (de son vrai nom Philippe Bombast von Hohenhein) célèbre chimiste et occul-tiste du XVe siècle a donné des détails précis sur les êtres mystérieux que sont les élémentals, et dont nous avons parlé tout à l’heure en reproduisant les oraisons qui leur sont adressées dans le rituel Kabbalistique. Paracelse les sépare en quatre espèces : les Nymphes, les Pygmées, les Sylphes et les Salamandres, mais il prétend qu’il faudrait encore ajouter à ces catégories, les Géants, les Nains, les Fossiles et bien d’autres. Les élémentals ne sont pas des fantômes, encore moins des esprits. Ils sont des êtres se confondant dans l’ambiance des éléments, formés de molécules extensibles, mais qui vivent de notre vie, procréent comme nous, et ont cependant leur nature propre. Ils ne peuvent être considérés comme des esprits, puisqu’ils boivent, mangent et dorment ; ils ne peuvent être considérés comme des humains, puisqu’ils occupent l’espace, l’air, la terre et l’eau à la manière des esprits et que la chair dont ils sont formés peut traverser un mur sans se servir de la porte. L’homme a la nature « saisissable », épaisse parce que formée de terre, selon la traduction littérale de Paracelse de René Schwaeblé. L’homme est formé de chair, d’os, porte des enfants, boit, évacue, parle. Les esprits forment une nature « qui n’est ni palpable, ni saisissable ».
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Les Elémentals forment une troisième nature, qui n’a pas d’âme. Sont-ce des animaux ? demande Paracelse, Non ! Les Elémentals parlent, rient, ce que ne font pas les bêtes. Par conséquent, ils sont plus près de l’homme que de la bête. Sont-ils supérieurs aux hommes ? Oui, puisqu’ils sont insaisissables comme les esprits. Mais quand ils meurent - car les élémentals meurent - ils se rapprochent de la bête puisque le néant les accueille, que la survie leur est interdite. Comme l’homme, quand les élémentals meurent, ils laissent sur terre les êtres qu’ils ont créés et qui sont l’image grossière de l’homme « comme l’homme est l’image grossière de Dieu ».
« Ces êtres, dit toujours Paracelse, ne craignent ni le feu ni l’eau. Ils sont sujets aux maladies et aux indispositions humaines. Ils meurent en bêtes, leur chair se putréfie comme la chair animale. Vertueux ou vicieux, purs ou impurs, meilleurs ou pire comme les hommes, ils en ont les moeurs, les gestes, le langage ; comme eux, ils diffèrent par la ligne et l’aspect, ils vivent sous une loi commune, travaillent de leurs mains, tissent leurs vêtements, se gouvernent avec sagesse et justice, font preuve en tout de raison. Pour être hommes, il ne leur manque que l’âme. Et parce que l’âme leur manque, ils ne pensent ni à servir Dieu, ni à suivre ses commandements ; l’instinct seul les pousse à se conduire honnêtement ». Les élémentals ont des habitations qui correspondent aux quatre éléments. Les Pygmées ou Gnômes habitent le centre de la terre, les Nymphes ou Ondines habitent les eaux, les Sylphes ou Sylvestres habitent l’air ; les Salamandres ou Vulcains habitent le feu. Ces éléments habitent ainsi des milieux bien distincts et n’ont point commerce les uns avec les autres.
« On sait qu’il y a quatre éléments, ajoute le grand alchimiste : Air, eau, terre, feu. On sait aussi que nous, hommes descendants d’Adam, vivons dans l’air, que nous en sommes entourés comme les poissons sont entourés d’eau. Pour les Poissons, l’onde remplace l’air ; pour le hommes l’air remplace l’eau. Chaque créature est appropriée à l’élément dans lequel elle est plongé ; les ondins conçus pour vivre dans l’eau s’étonne de nous voir vivre dans l’air, comme nous nous étonnons de les voir vivre dans l’eau. De même, les gnômes traversent, sans la moindre difficulté, les rocs les plus denses, comme nous traversons l’air, parce que la terre est leur chaos, parce que ce chaos est formé de pierres et de rocs, comme le nôtre est formé d’air ».
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« Pour saisir ce que nous allons dire au sujet de la nourriture de ces êtres, il faut savoir que chaque chaos a, au-dessus de lui, le ciel, et audessous, la terre ; aussi le ciel et terre nous nourrissent-ils. Les habitants de l’eau, c’est-à-dire ceux qui ont l’eau pour chaos, ont au-dessous d’eux, la terre, et au-dessus le ciel. Les gnômes qui ont la terre pour chaos, ont au-dessous d’eux, l’eau et au-dessus la surface de la terre, car la terre repose sur l’eau ; aussi ondins et gnômes se nourrissent-ils en conséquence. Les Sylphes qui ont le même chaos que les hommes ont même régime. Nous avons l’eau pour apaiser notre soif ; pour apaiser la leur, ces êtres ont une eau qui nous est inconnue et que nous ne pouvons voir. Ils ont besoin de manger et de boire, mais ils mangent et boivent ce qui est aliment et boisson pour eux ».
Les ondines
Les ondins des deux sexes ont l’aspect « humain », les Sylvestres également, mais avec plus de robustesse et de force. Les Gnômes sont petits, les Salamandres sont minces et graciles. Paracelse prétend que les humains peuvent s’accoupler avec des élémentals et procréer des êtres ayant une âme.
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Ce qu’il y a de certain, c’est que les journaux sont pleins de récits de femmes attaquées la nuit par des satyres, aux aspects variés, imberbes ou hirsutes qui s’enfuient après avoir accompli le coït, sans jamais pouvoir être retrouvés. Et ce sont de ces accouplements étranges que naissent généralement des êtres phénomènes, infirmes et borgnes comme Vulcain, ayant parfois des nageoires, comme l’homme poisson que présentait Barnum, nains ou géants, à la mentalité géniale ou idiote. Et, en présence de ces faits, la pensée se reporte involontairement à la théorie de Paracelse, et l’on se demande si ces phénomènes ne furent pas engendrés par des faits élémentals. Un jour, il me souvient qu’assis dans une carrière abandonnée de Côtes du Nord, je regardais en plein midi, l’aspect pittoresque et la couleur triomphante que le soleil donnait aux roches - n’ayant à ce moment aucune préoccupation mystique quand je vis devant moi un être barbu, aux petits yeux clignotants, et dont le vêtement semblait ne faire qu’un avec la peau. Comme je me levais pour examiner de plus près cet être bizarre, il parut s’éloigner et bientôt se fondit dans le roc gris de la carrière. Je ne suis pas sujet aux hallucinations, je crois avoir conservé, même dans les expériences les plus mystérieuses, un esprit lucide et dépourvu d’exaltation, et cependant je me frottai les yeux pour m’assurer que je ne rêvais pas. Et sans vaine plaisanterie, je me demande si je n’ai pas rencontré un Pygmée, un gnôme gardien des trésors de la terre. Le « New-York Hérald » du 22 juillet 1907 raconte une histoire mystérieuse qui me laisse également songeur, et dont voici la traduction littérale :
« Le 14 janvier 1905, un ouvrier des mines de Fonshire, nommé Jones Burton s’était endormi dans le fond de la mine, et la dernière benne de la journée, avait rejoint le jour sans lui. L’équipe de nuit ne descendant dans les fosses qu’à minuit (par suite d’infiltrations d’eau qui rendaient le travail difficile), le mineur qui se réveilla brusquement dans la nuit, constata qu’il avait trois heures devant lui avant d’être délivré. Et, en pestant un peu contre son sommeil intempestif, il se résigna à son sort et s’assit sur une pierre en mangeant quelques provisions, reliquat de son repas de midi. « Il n’était éclairé que par la lueur fâlotte de sa lampe de sûreté, mais cette lumière lui suffisait. Elevé dans la mine, il en connaissait les coins et recoins et eut pu circuler très facilement dans l’obscurité. « Il venait de boire les quelques gouttes d’ale restant au fond d’une
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bouteille, quand, en relevant les yeux, il aperçut une brillante clarté dans la direction du puits n° 4. Une lueur intense paraissait avancer vers lui. « Stupéfait, Jones Burton s’écria : « Qui va là ? » « Aucune réponse. La lueur avançait toujours très lentement. « Instinctivement, Burton se mit sur la défensive, et s’empara de sa pioche, prêt à défendre sa vie, s’il était attaqué. « Quand, la lueur fut à quelques pas de lui, elle s’arrêta, et l’ouvrier aperçut alors un être bizarre qui se détachait en noir dans la tonalité lumineuse du décor. Il pouvait avoir de 80 centimètres à un mètre de hauteur. Nue-tête, des cheveux abondants lui descendaient jusqu’au milieu du dos, une barbe entièrement blanche encadrait un visage ovale aux yeux malicieux, aux traits accentués. « L’ouvrier ahuri, croyant être victime d’une hallucination - bien que d’une nature calme sur laquelle la peur n’avait pas de prise, s’écria pourtant par deux fois : « Que veux-tu, qui es-tu ? « Toujours le même silence. L’inconnu avança cependant et tendit la main dans la direction de Jones Burton. « Celui-ci, voulant absolument savoir s’il était le jouet d’un rêve, ou si le personnage était de chair et d’os, saisit vivement la main qui se présentait. Elle était froide et visqueuse, et il sentit que l’apparition lui glissait dans la main un objet dur. « Puis, tout s’évanouit, et la mine retomba dans l’obscurité. « La lumière avait été si intense que Jones Burton fut quelques minutes sans distinguer le reflet de sa lampe. Il aperçut enfin la flamme tremblotant et s’approchant d’elle il regarda l’objet qu’avait déposé dans sa main, l’étrange personnage. « C’était un morceau de métal brut, qui brillait comme de l’argent et portait encore dans ses infractuosités des traces de terre et de roc. « Jones Burton resta quelques instants, comme hébété. Il ne rêvait pas, puisqu’il avait senti le contact d’une main gluante. Et puis la preuve de la réalité du fait, n’était-elle pas dans le remise de ce morceau de métal qui n’avait rien de commun avec le minerai extrait de la mine. « L’équipe de nuit ne tarda pas à descendre, et, à ses camarades étonnés de le trouver dans la mine, il raconta son aventure.
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- Burton a pris un coup de gin de trop, pensèrent-ils tous. Et les quolibets ne lui furent pas épargnés.
Les Gnômes
« Cependant, le lendemain, l’ouvrier alla trouver son ingénieur et lui remettant le lingot reçu dans la nuit, il lui raconta de nouveau la scène de l’apparition. « L’ingénieur examina le lingot et le reconnut pour un morceau d’argent mêlé de quartz et pesant 345 grammes. Quant au récit de Burton, il l’accueillit avec un haussement d’épaules, et émit des doutes sur l’état d’esprit de son ouvrier. « Cette histoire n’aurait pas de conclusion si nous n’apprenions aujourd’hui une nouvelle stupéfiante. A la suite du percement d’un nouveau puits, un filon d’argent a été découvert dans la mine de Fonshire, le 18 juin écoulé. « Quelle corrélation peut-on établir entre cette découverte et l’apparition racontée par Jones Burton le 14 janvier 1905 ?
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Les magistes diront que le mineur a reçu la visite d’un gnôme, et que celui-ci, en lui remettant le lingot d’argent a voulu lui faire comprendre que bientôt il permettrait aux humains de découvrir la source d’une nouvelle fortune pour eux. Et moi, qui suis certain d’avoir vu également un gnôme, dans la carrière bretonne, je serai de cet avis, le lingot d’argent n’ayant pu être découvert dans une partie de la mine où jamais aucune trace de ce métal ne fut constatée. Les sirènes ne furent pas inventées par la mythologie, puisque de nombreux marins, depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours, prétendent avoir vu des femme suivre leur navire. Nous reproduirons quelques-uns de ces récits, parmi les plus probants, mais s’il fallait les signaler tous, plus de dix volumes seraient nécessaires. Ces sirènes, entrevue le soir au clair de lune dans le sillage des navires, ces chanteuses dont la voix enchanteresse entraînait les matelots vers la mort dans les flots, sont les soeurs des nymphes de la kabbale, celles qui les aidaient à corrompre les hommes et à les appeler pour les voir et les examiner de plus près. Alexandre Dumas, dans « les mariages du père Olifus », nous a parlé des sirènes.
« La sirène, dit-il, c’est le monstre antique à tête de femme et à queue de poisson. Ce sont les filles de Parthénope, de Ligée et de Leucosie. S’il faut en croire les auteurs du XVIe siècle, du XVIIe siècle et même du XVIIIe siècle, les sirènes ne sont pas rares. Le capitaine John Smith vit en 1614, dans la Nouvelle-Angleterre, aux Indes Occidentales, une sirène ayant la partie supérieure du corps parfaitement semblable à celle d’une femme. Elle nageait avec toute la grâce possible lorsqu’il l’aperçut au bord de la mer. Ses yeux grands, quoiqu’un peu ronds, son nez bien fait, quoiqu’un peu camus, ses oreilles d’une jolie forme, quoiqu’un peu longues, en faisaient une personne fort agréable, à laquelle de longs cheveux verts donnaient un caractère d’étrangeté qui n’était pas sans charmes. Malheureusement la belle baigneuse fit une culbute et le capitaine John Smith, qui commençait à devenir amoureux, s’aperçut qu’à partir du nombril la femme n’était qu’un poisson ». Le docteur Kircher constate, dans un rapport scientifique, qu’une sirène fut prise dans le Zuyderzée, et disséquée à Leyde par le professeur Pierre Paw ; et dans le même rapport, il parle d’une sirène qui fut trouvée en Danemarck et apprit à filer et à prédire l’Avenir. Cette sirène avait une longue chevelure formée, non de poils, mais
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de filets charnus. Elle avait le visage agréable, les bras plus longs que ceux des hommes, les doigts des mains joints par un cartilage en forme de patte d’oie, les mamelles rondes et fermes, la peau couverte d’écailles si blanches et si fines que, de loin, on pouvait la prendre pour une peau blanche et grasse. Elle racontait que tritons et sirènes formaient une population sous-marine qui, tenant pour l’adresse, du singe et du castor, se construisent dans des lieux inaccessibles aux plongeurs, des grottes de rocaille, où ils étendent des lits de sable, sur lesquels ils se reposent, dorment et aiment. Jean Philippe Abelinus rapporte, dans le premier volume de son Théâtre de l’Europe, qu’en l’an 1619, des conseillers du roi de Danemarck, naviguant de la Norvège à Copenhague, virent un Homme-marin se promenant dans la mer, et portant une botte d’herbes sur la tête. On lui jeta un appât qui cachait un hameçon. L’hommemarin y mordit et fut attiré à bord du vaisseau. Mais, à peine fut-il sur le pont qu’il se mit à parler le plus pur danois et à menacer le bâtiment de sa perte. Aux premières paroles qu’il prononça, les marins, comme on le pense bien, furent fort étonnés. Mais, quand des simples paroles, il passa aux menaces, leur étonnement se changea en épouvante et ils se hâtèrent de rejeter l’homme-marin à la mer en lui faisant toutes sortes d’excuses. Johnston raconte qu’en 1403, il prit une Femme-Marine dans un lac de Hollande, où elle avait été jetée par la mer. Elle se laissa habiller, s’accoutuma à manger du pain et du lait, apprit à filer, mais resta muette (1) . Dimas Bosque, médecin du vice-roi de l’île de Manara, raconte dans une lettre insérée à l’Histoire d’Asie de Barthole, qu’étant à se promener au bord de la mer avec un jésuite une troupe de pêcheurs vint, tout en courant, inviter le père à entrer dans leur barque pour voir un « prodige ». Le père jésuite se rendit à leur invitation et Dimas Bosque l’accompagna. Dans cette barque se trouvaient seize poissons à figure humaine, neuf femelles et sept mâles, que les pêcheurs venaient de prendre d’un seul coup de filet. On les tira sur le rivage et on les examina minutieusement. Leurs oreilles étaient grandes comme les nôtres, cartilagineuses et couvertes d’une peau mince. Leurs yeux étaient semblables aux nôtres par la couleur, la forme et la situation ; ils étaient enfermés dans des orbites cachés sous le front, étaient garnis de paupières, et n’avaient pas, comme ceux des poissons, différents axes de vision. Le nez ne différait du nez humain qu’en ce qu’il était un peu aplati comme celui du nègre et légèrement fendu comme celui du boule-dogue. La bouche et les lèvres étaient parfaitement semblables aux nôtres. Les (1) On voit que dans les récits de Jean Philippe et de Johnston, il ne s’agit plus de sirènes, mais d’hommes et de femmes marins.
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dents étaient carrées et serrées l’une contre l’autre. Ils avaient la poitrine large et couverte d’une peau extrêmement blanche qui laissait apercevoir les vaisseaux sanguins. Les femelles avaient les mamelles rondes et, sans doute, elles nourrissaient, car en pressant ces mamelles, on faisait jaillir un lait très blanc et très pur. Leurs bras longs, plus pleins que les nôtres, étaient sans jointures, les mains étaient attachées au cubitus. Enfin, le dessous du ventre, à commencer aux hanches et aux cuisses, se partageait en une queue double, pareille à celle des poissons. L’une de ces sirènes est, parait-il, exposée, au musée de la Haye. D’après Paracelse, les sirènes qu’il nomme des « syrènes » n’ont rien de commun avec les nymphes. Ces dernières sont des maîtresses, les premières sont des servantes. Les sirènes, les géants, les manes et les scintilles ont comme mission principale de prévenir les hommes des événements graves qui peuvent survenir dans leur ambiance, dans un délai assez court : incendie, cataclysme, guerre, dévastation d’un pays par la grêle ou par la foudre. D’autres élémentals peuvent encore être engendrés par ces sous-ordres et produire des espèces que nous ignorons et qui se manifesteront peut-être au cours d’une cérémonie magique. Paracelse, dans son Traité des Nymphes, Sylphes, Salamandres et Pygmées termine ainsi :
« La cause initiale de l’Univers dépasse notre entendement. Mais à mesure que le Monde approche de sa fin, les choses se manifestent à nous, de plus en plus clairement, nous voyons leur nature, leur utilité. Au jour dernier, tout apparaîtra clair, tout sera connu, rien ne sera ignoré, chacun recevra la récompense de ses efforts et de son amour de la vérité. Alors, ne sera pas médecin ou professeur qui voudra. L’ivraie sera séparé du grain, la paille du froment. Alors se taira celui qui crie aujourd’hui. Celui qui compte déjà le nombre de pages qu’il a encore à écrire, succombera sous le poids de son oeuvre. Alors seront heureux ceux, qui, en ce moment cherchent à voir ». Donc, chers apprentis magistes « cherchez à voir », ouvrez les yeux bien grands, et de votre vision sortira peut-être de nouvelles découvertes qui aideront à votre amélioration ou à votre relèvement social, en même temps qu’elles aideront au bonheur de l’humanité.
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CHAPITRE XXI Les Talismans Comment on les emploie. Les psaumes des talismans planétaires.
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ous avons dit, dans le cours de cet ouvrage, que la « Volonté » était la force initiale qui animait toutes les expériences magiques. La puissance de Dieu peut seule aller contre cette force qui est divine en elle-même. Il est impossible d’avoir la « Volonté », sans avoir la foi, l’une découle de l’autre. Si vous avez la volonté pour enrayer une passion, c’est que vous croyez que la disparition de cette passion est un bienfait pour vous. Et l’espérance en ce bienfait, produit la « Volonté » souveraine. Avoir la Foi, ce n’est pas croire parce « vous avez vu », c’est croire en ce que vous désirez, à ce que vous voulez, quand ce vouloir et ce désir sont inspirés par des choses justes et raisonnables. Avec des intentions honnêtes, des pensées exemptes d’égoïsme et un désir sincère de bonheur pour les autres et pour soi, vous obtiendrez avec les talismans des résultats moraux et même matériels très appréciables. Votre aimantation astrale sera renforcée, vous vivrez dans une ambiance bénéfique, vos intuitions et votre lucidité seront plus fortes. Mais si vous avez des idées d’envie, d’orgueil, de haine, de vengeance ou de jalousie ; si, guidé par l’égoïsme, vous cherchez la satisfaction de vos désirs, au détriment du bonheur ou de l ’honneur d’autrui ; si vous voulez posséder l’argent et l’amour qui appartiennent à vos frères, les talismans se transformeront en instruments maléfiques et produiront le choc en retour dont nous vous avons entretenu longuement. Ne négligeons donc pas les talismans, mais sachons les employer avec des intentions pures, Surtout, employons le talisman qui nous convient, et ne nous parons
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pas comme les sauvages d’Océanie de « grigris » variés qui n’ont aucune signification et qui ne peuvent être une application magique du Geste. Le talisman de notre planète est le plus bénéfique. Au chapitre IX, nous avons indiqué comment ces talismans devaient être fabriqué et nous ne reviendrons pas sur la question ; cependant nous devons dire que chaque talisman planétaire doit être consacré selon le jour de la planète, avec les oraisons nécessaires que nous avons indiquées. Ajoutons qu’il produira un effet plus efficace encore, s’il est accompagné du psaume de la Vulgate qui lui est propre. Avant de s’endormir, on dira le psaume qui se rapporte à son talisman, et le « Jour » de la planète, ce psaume sera répété trois fois (le matin, au réveil, à midi et avant le sommeil). Talisman de Saturne. On dira le psaume XXIV, qui sera répété trois fois le samedi - jour de Saturne :
« Vers toi, j’élève mon âme, ô Jahvhé ! « Mon Dieu ! en toi, je me confie, que je n’en rougisse pas, que mes ennemis ne triomphent point ! « Ceux qui espèrent en toi ne seront pas confondus, mais les ennemis perfides seront couverts de honte. « Enseigne-moi tes voies, Jahvhé, fais-moi connaître les sentiers ! « Conduis-moi dans la vérité, instruis-moi ; car tu est un Dieu sauveur, en toi, j’ai toujours espéré.. « Souviens-toi, Jahvhé ! de ta bonté et de tes miséricordes ; elles sont éternelles. « Oublie les péchés, les crimes de ma jeunesse, dans ta miséricorde et ta bonté, pense à moi, ô Jahvhé ! « Jahvhé est bon, il est juste ; aux pécheurs il enseigne le chemin à suivre. « Il guide les petits dans la justice, aux humbles il indique ses sentiers. « Les voies de Jahvhé sont miséricorde et fidélité, pour ceux qui gardent son alliance et ses lois. « Pour la gloire de ton nom, Jahvhé, pardonne mon péché, car il est grand ! « A l’homme qui le révère, Jahvhé montre la voie qu’il doit choisir.
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« Son âme repose dans le bonheur, sa postérité aura la terre en héritage. « A ceux qui le craignent, l’amitié de Jahvhé et son alliance pour les instruire. « Mes yeux sont toujours levés vers Jahvhé, car il délivre mes pieds du filet. « Regarde-moi, prends pitié de moi, car je suis seul et affligé. « Les angoisses de mon coeur augmentent ; relève-moi dans ma détresse. « Considère mon affliction, ma douleur, et pardonne tous mes péchés. « Vois combien mes ennemis sont nombreux, ils me haïssent d’une haine violente. « Garde mon âme et sauve moi, afin que je ne rougisse pas d’avoir eu confiance en toi. « Que l’innocence et la droiture me protègent ! « C’est en toi que j’espère. « O Dieu, délivre Israël de toutes ses détresses. Talisman de Jupiter. On dira le psaume PCI de la Vulgate, qui sera répété trois fois le Jeudi, jour de Jupiter : « Hallelû-Yah. « Heureux l’homme qui craint Jahvhé, qui se plaît à garder ses commandements ! « Sa race sera puissante sur la terre ; la postérité des justes sera bénie. « La richesse et l’opulence habitent sa maison et sa Justice subsiste à jamais. « La lumière brille dans les ténèbres pour les hommes droits, pour celui qui est clément, miséricordieux et juste. « Heureux l’homme compatissant qui prête, et règle ses actions d’après la justice, parce qu’il ne sera jamais ébranlé. « La mémoire du juste sera éternelle, il n’a pas à craindre la parole des méchants. « Son coeur est ferme, confiant en Jahvhé : son coeur a un appui, il
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n’a rien à redouter, jusqu’à ce qu’il voit ses oppresseurs confondus. « Il répand ses bienfaits, il donne aux indigents, sa justice subsiste à jamais, sa puissance s’élève dans la gloire. « A cette vue, l’impie s’irrite ; il grince des dents et se consume. « Le désir des méchants périra. Talisman de Mars. On dira le Psaume XXVI de la Vulgate, qui sera répété trois fois le Mardi - jour de Mars : « Jahvhé est la lumière de mon salut : qui craindrai-je ? « Jahvhé est le soutien de ma vie : de qui aurai-je peur ? « Quand les méchants s’approchent de moi pour dévorer ma chair, ce sont mes adversaires, mes ennemis qui chancellent et tombent. « Qu’une armée m’assiège, mon coeur ne craint pas ; qu’un combat surgisse, j’espère malgré tout. « Je ne demande qu’une chose à Jahvhé, je la réclame : c’est d’habiter sa Maison tous les jours de ma vie, pour contempler la splendeur de Jahvhé et visiter son Temple. « Car il m’abrite dans le sanctuaire au jour de l’adversité ; « Il me cache dans le secret de sa tente ; et il m’élève sur le roc. « Alors ma tête se redresse au-dessus des ennemis qui m’entourent. « Dans son Temple, j’immolerai des sacrifices au son des trompettes. « Je chanterai, je rendrai gloire à Jahvhé. « O Jahvhé, écoute ma voix qui t’implore, aie pitié de moi, répondsmoi ! « Ton coeur m’a dit, cherchez ma face ! « Ne me cache pas ton visage, ne repousse pas avec colère ton serviteur ! « Tu es mon secours, ne m’abandonne pas, ne me délaisse pas, Dieu de mon salut ! « Quand mon père et ma mère m’ont abandonné, alors Jahvhé m’a recueilli. « Enseigne-moi tes voies, ô Jahvhé ! « Et conduis-moi dans le sentier de l’équité à cause de mes ennemis.
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« Ne me livre pas au pouvoir des méchants car ils se lèvent contre moi, les faux témoins, ceux qui respirent la violence. « Mais je verrai la bonté de Jahvhé dans la terre des vivants. « Espère en Dieu, sois fort, que ton coeur s’affermisse, espère en Jahvhé. Talisman du Soleil. - On dira le Psaume LX de la Vulgate, qui sera répété trois fois le Dimanche - jour du Soleil : « O Dieu, écoute mon cri de détresse. Sois attentif à ma prière ! « Des extrémités de la terre, je t’invoque dans la défaillance de mon coeur ! « Conduis-moi sur le rocher que je ne puis atteindre. « Car pour moi, tu es un refuge, une tour inexpugnable pour l’ennemi. « Puissé-je habiter sous tes tentes à jamais. Et me réfugier à l’ombre de tes ailes ! Sélâh. « Car toi, ô Dieu ! tu exauces mes voeux : tu me donnes l’héritage de ceux qui craignent ton nom. « Ajoute des jours aux jours du roi ; que ses années se prolongent d’âge en âge ! « Qu’il demeure toujours devant la face de Dieu ! « Que ta miséricorde et ta fidélité le gardent ! « Alors, je louerai ton nom à jamais, en accomplissant chaque jour mes voeux. Talisman de Vénus. On dira le Psaume XLIII de la Vulgate, qui sera répété trois fois le Vendredi - jour de Vénus : « O Dieu ! nous avons entendu de nos oreilles, nos pères nous ont raconté l’oeuvre que tu as faite de leur temps, aux jours d’autrefois. « Pour les établir, de ta main, tu as chassé les nations, tu as châtié, expulsé des peuples. « Car ce n’est pas par leur gloire qu’ils ont conquis cette terre, ce n’est pas par leur bras qui les a sauvés ; mais c’est ta droite, c’est ton
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bras et l’éclat de ton visage, parce que tu les aimais. « Tu es mon roi, ô Dieu ! « Ordonne la délivrance de Jacob. « Avec toi nous frappons nos ennemis ; par ton nom, nous écraserons nos adversaires. « Car je ne me confie pas en mon arc, et mon glaive ne me sauvera pas. « Mais toi, tu nous délivres de nos ennemis, tu couvres de honte ceux qui nous haïssent. « C’est en Dieu que toujours nous mettons notre gloire. « Ton nom, nous le célébrons à jamais. Sélâh. « Cependant tu nous a repoussés et humiliés, tu ne sors plus avec nos armées, tu nous fais reculer devant l’ennemi, et nous sommes à jamais la proie de ceux qui nous détestent. « Tu nous livres comme des brebis qu’on donne en pâture, tu nous disperses parmi les nations ; tu vends ton peuple à vil prix, tu ne l’estimes pas à une grande valeur. « Tu fais de nous l’opprobre de nos voisins, la moquerie et la dérision de ceux qui nous entourent. « Tu nous rend la fable des nations, et les peuples secouent la tête. « Ma honte est toujours devant moi ; la confusion couvre mon visage, à la voix de celui qui m’outrage et m’insulte, à la vue de l’ennemi et de l’homme qui se venge, tout cela nous est venu et cependant nous ne t’avons pas oublié, nous n’avons pas violé ton alliance, notre coeur ne s’est pas détourné, nos pas n’ont pas quitté ton sentier. « Et pourtant tu nous écrases dans la demeure des chacals, tu nous enveloppes de l’ombre de la mort. « Si nous avions oublié le nom de notre Dieu, et levé nos mains vers un Dieu étranger, Dieu ne l’aurait-il pas vu, lui qui connaît les secrets du coeur ? « Mais c’est à cause de toi que nous sommes immolés chaque jour, et traités comme un troupeau que l’on égorge.
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« Réveille-toi ! Pourquoi dors-tu Adonaï ? « Réveille-toi ! Ne nous repousse pas pour toujours. « Pourquoi cacher ton visage, et oublier notre peine et notre oppression ? « Notre âme est battue dans la poussière, notre corps attaché à la terre : lève-toi, viens à notre secours, délivre-nous, à cause de ta bonté. Si vous désirez vous unir à une personne que vous aimez, et que l’amour idéal soit votre but, sans aucune considération passionnelle, sans que le désir de la chair soit le but de votre union, dites alors l’oraison suivante, en tenant le talisman de Vénus contre votre coeur, avec la main gauche : Oraison pour l’amour. Que (dites ici le nom de la personne) soit joint (ou jointe) avec moi, de même que sont joints le Feu, l’Air et l’Eau avec la Terre, et que l’esprit de (dites le nom de la personne) soit mû vers le mien, comme le rayon du Soleil meut la lumière du Monde et de ses vertus et qu’il compose (ici dites le nom de la personne) dans ses oeuvres, dans la vue de moi seul (ou seule) de la manière que le Ciel est composé avec les étoiles et un arbre avec ses fruits. « Et mettez l’esprit, haut et sublime de (ici dites le nom de la personne) au-dessus de mon esprit à moi, comme l’eau sur la Terre, et faites que (ici dites le nom de la personne) n’ait pas le pouvoir de manger, boire, sauter ni se réjouir sans moi. Talisman de Mercure. On dira le Psaume XVIII de la Vulgate, qui sera répété trois fois le Mercredi - jour de Mercure : « Les cieux racontent la gloire de Dieu, le firmament publie l’oeuvre de ses mains. « Le jour transmet au jour ce message, la nuit l’annonce à la nuit. « Cette parole, ce langage, tous l’entendent, tous le comprennent. « L’éclat en retentit par toute la terre et jusqu’aux extrémités du monde.
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« Là, il a dressé une tente pour le Soleil, et le Soleil comme l’époux qui sort de la chambre nuptiale, s’élance triomphant dans sa carrière. Il se lève à une extrémité du ciel, il achève sa course à l’autre extrémité ; rien ne se dérobe à sa chaleur. « La loi de Jahvhé est parfaite, elle ranime l’âme ; le témoignage de Jahvhé est fidèle, il instruit le peuple. « Les préceptes de Jahvhé sont justes, ils réjouissent le coeur. « Le décret de Jahvhé est pur, il illumine le regard. « La crainte de Jahvhé est sainte, elle subsiste à jamais. « Les jugements de Jahvhé sont vrais, tous équitables. « Ils sont plus précieux que l’or, plus que l’or fin, beaucoup plus doux que le miel, que le miel qui coule des rayons. « Ils éclairent ton serviteur des impies et de leur pouvoir. « Alors je serai sans tache et pur d’un grand péché. « Que mes paroles te soient agréables, mes pensées toujours devant toi. « Jahvhé, mon rocher, mon rédempteur. Talisman de la Lune. - On dira le Psaume CXXXXVI de la Vulgate, qui sera répété trois fois le Lundi - jour de la Lune : « Jahvhé, écoute ma prière, prête l’oreille à mes supplications ! « Exauce-moi dans ta fidélité, dans ta justice. « N’entre pas en jugement avec ton serviteur, car nul être vivant n’est juste devant toi. « L’ennemi poursuit mon âme : à terre, il foule ma vie ; il me fait habiter les lieux obscurs, comme les morts des âges passés. « Mon esprit est abattu ; dans mon sein, mon coeur est oppressé. « Je me souviens des jours d’autrefois, je pense à toutes tes oeuvres. « Je songe aux ouvrages de ta main ; vers toi j’étends mes mains. « Mon âme est comme une terre desséchée. Sélâh. « Hâte-toi de me répondre, Jahvhé. « Car je serai semblable à ceux qui descendent au tombeau. « Dès le matin, fais moi ressentir ta miséricorde, car c’est en toi que je me réfugie. « Montre-moi le chemin que je dois suivre, c’est vers toi que j’élève mon âme.
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« Délivre-moi de mes ennemis, Jahvhé ! Auprès de toi, je cherche un abri. « Enseigne-moi à faire ta volonté, car tu es mon Dieu. « Que ton esprit de miséricorde me conduise dans une contrée plane ? « A cause de ton nom, Jahvhé, rends-moi la vie dans la Justice. « Retire mon âme de la détresse ! Par ta bonté, extermine mes ennemis ! Fais périr tous ceux qui oppriment mon âme, parce que moi, je suis ton serviteur.
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* * Ces psaumes, d’une beauté réelle, peuvent se retrouver dans certains paroissiens romains, mais ils sont tronqués, la traduction en est incomplète et d’une insignifiance rare, malgré sa prétention à la « littérature ». M. B. d’Eyrargues qui a traduit lui-même de l’hébreu les 150 psaumes, a produit une oeuvre intéressante, qui est - si j’ose ainsi dire - la photographie de la pensée de David et des prophètes. C’est à sa traduction que nous avons eu recours pour donner à nos lecteurs les psaumes qui doivent encadrer les talismans des planètes. Inutile de dire qu’ils ne doivent pas être récités vaguement, du bout des lèvres, comme un morceau littéraire que l’on ne comprend pas très bien, et auquel on n’attache que peu d’importance. Il faut chercher à pénétrer l’esprit caché en exaltant son âme vers le Créateur. En un mot, il faut faire une prière avec son âme et son coeur, et non avec ses lèvres (1).
(1) Le nom « Jahvhé » qui se trouve répété plusieurs fois dans chaque psaume est la traduction hébraïque du nom sacré de Dieu.
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CHAPITRE XXII La Défense contre l’envoûtement La cérémonie. - La semaine magique. Le talisman universel..
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ous emprunterons aux « Clavicules » et à différents auteurs, dont notre maître Papus, les détails concernant la Grande Opération, en y joignant des recommandations inédites que nous avons trouvées dans de vieux manuscrits de la Bibliothèque nationale. D’abord, il importe de ne tenter aucune expérience magique sans un but défini très important pour votre bonheur ou pour celui de l’humanité. Que d’hommes, que des grands esprits ont trouvé la mort, en se livrant, par simple curiosité ou par orgueil à des opérations magiques. Fabre d’Olivet, Stanislas de Guaita sont les victimes de leur foi magique, mais aussi de leur orgueil satanique et des intentions néfastes qu’ils apportaient à chacune de leurs expériences. Ce n’est véritablement qu’avec des idées d’altruisme, avec un désir sincère du bien, que l’on doit se lancer dans l’expérimentation magique. Est-ce dire qu’il est impossible de demander aux forces vivantes de la nature, des satisfactions matérielles ? Aucunement ! Il est permis de solliciter la fortune, si l’on veut lui donner un emploi charitable et honnête ? Il est permis de demander la santé, si l’on aspire à la vie pour la consacrer au bien-être des malheureux et des déshérités. Il est permis de demander les honneurs, la gloire, les distinctions honorifiques, si l’on veut s’en servir pour le triomphe d’une grande idée, pour la propagande d’une oeuvre sociale. Mais si vous sollicitez la richesse pour l’assouvissement de bas instincts, si vous demandez la santé, par crainte lâche des souffrances et de la mort, si vous courez aux honneurs pour une sotte satisfaction d’amour-propre, vous subirez le choc en retour dont je vous ai parlé dans un chapitre précédent. Et si, par hasard, l’occulte
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donne satisfaction à vos désirs, cette satisfaction ne sera que momentanée, et vous retomberez d’autant plus bas que vous aurez été très élevé. Ce qu’il faut craindre par-dessus tout, c’est le désir de mort et de vengeance. La mort et les plus graves représailles attendent le magiste qui opère des pensées mauvaises, et peut-être, tombera-t-il même, avant d’avoir pu quitter le cercle magique. Donc, cher élève, pense à ce que tu veux faire avant d’aborder la « Grande Opération ». Que ton coeur soit pur comme ton corps ; que tu sois certain d’aimer ton prochain comme toi-même, que tes désirs soient légitimes, que tes pensées soient calmes et sereines, et tu as des chances de réussir, au-delà de tes espérances. Neuf jours avant l’accomplissement de la « Grande Opération », le magiste prendra un bain complet chaque matin, dans de l’eau consacrée, naturellement. Dans ce bain, je lui conseille de prononcer une prière qui soit de LUI, c’est-à-dire dans laquelle il mette tout son coeur, et recommande ses projets aux dix grands noms divins, et en demande la réussite. Dans l’eau devra être jetée une poignée de sel consacré en disant : Ismael, Imamon, Amason, Iniérobimeum, Danayon, Zaton, Satimon, Vagran, Coriston, Zagueron, Momeston, Saniteon, Mamon, Zarinazon, Felicion, Sermion, Metron. Le régime végétarien doit être suivi également dans les six premiers jours de préparation, et les trois derniers jours, le magiste ne consommera que du pain, des légumes cuits à l’eau et de l’eau bien pure et bien claire. Aucune contingence ne doit distraire le futur opérateur. L’amour sensuel sera répudié absolument. En dehors de ses occupations habituelles, le mage lira de bons livres occultes qui le prépareront à sa mission ; il préparera l’ambiance de réalisation par une tension perpétuelle de son esprit vers le but à atteindre. Enfin, Papus conseille, la veille de l’opération, de dire la confession suivante : Confiteor omnipotenti Deo cœli et terræ visibilium et invisibilium sanctisque omnibus angelis suis cunctisque creaturis cœli et terræ, coram sacro altari tuo et majestate tua quod es peccatis conceptus sum, et in peccatis ic usque ab uro, convestus sum. Confiteor tibi sanctissime pater omnia peccata mea qui peccavi in superbia, tam cordis quam oculorum, in vana gloria, in excellencia mentis meæ, invidia, in odia, in avaricia tam honorum quam pecunia, in insistia, in commestionibus, ebrietatibus, in fabulis et verbis, iniosis, osculi in amplexibus in tactu immondo in femoribus, in genitalibus meis, et in omni genere fornicationis et adulteris, in sacrilegis et par juriis, in furtis et rapinis in homicidis ; peccavi contrafidem, spem, et charitatem in rexhorationis moliigis, in blandimentis, in ignorantia, in negligentia, in suspectione, in recipiendis muneribus injuste in comtenedo pauperem et hospitalitem denegando in visitando infirmos in no potando sitientes, in non locutione maligna, in non elargiendo pauperibus elemosinam, non reficiendo esurientes nec sitientes, sobrie et pie non vivendo, confectiendo suadendoque malum nocento potius quam adjuvando, opem
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non ferendo potentibus pauperem clamares non libenter audiendo ; mala amicis et propinquis meis inferendo et desiderando benefactoribus meis, pacem non referendon, nec fidem eis servando, debita obsequia majoribus meis non præstando animalium occulo immundo vivendo, templum Dei rarissime intrando, colloquia immunda et vana in co proferendo, ressacras manibus immundis tangendo Peccavi pariter in cogilationibus malignis, in meditationibus perservis, in parjuriis in judicis temerariis, in maligno ingressu impiorum, in concupiscentia carnis, in delectationibus immundis, in verbis luxuriosis et in contumeliis in mandaciis et falcitatibus in detractionibus in rixis et discordiis seminando in malignitate ac malevolentia, in blasphemis ac insultationibus in transgretione preceptorum Dei in negligentia boni per positi, peccavi in omnibus meis sensibus in visu, auditu, gustu, odoratu, factu, et tandem in omni modo corde ac voluntate et opere in his igitur et omnibus aliis vitiis quibuscumque humana fragitatas, vel malitia, contra deum creatorem suum aut cogitando, aut loquendo aut operando aut suanden do, aut delectendo, aut concupiscendo peccare. Potest in omnibus me pateor peccasse et reum in conspectu Dei et super omnes homines peccatorem me esse confiteor. Ideo suplex exoro vos omnes angelos et sanctos. Dei in quorum conspectu hæc omnia confessus sum, ut mihi testes sitis in die judicii contra diapolum hostem et inimicum humani generis me hæc omnia puro et sincero corde confessum fuisse ita ut non gaudeat inimicus meus, et non glorietur adversum me in die turbidinis et caliginis delicta mea vacuisse neque ad Deum creatorem meum non fuisse. Cette confession est un modèle, si je peux m’exprimer ainsi, mais il reste évident que l’opérateur a la faculté de dire d’autres paroles, plus adéquate à sa vie passée, plus en rapport avec ses fautes. La confession que nous venons de citer, ou telle autre que voudra faire le mage devra être dite trois fois avec la plus grande contrition, et dans un lieu solitaire. Le mage se rendra ensuite au laboratoire magique, après s’être aspergé le visage d’eau et d’hysope.
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CHAPITRE XXIII Avant la Grande Opération La Préparation. - La Volonté concentrée. Le Bain et le régime. - La Confession.
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ous emprunterons aux « Clavicules » et à différents auteurs, dont notre maître Papus, les détails concernant la Grande Opération, en y joignant des recommandations inédites que nous avons trouvées dans de vieux manuscrits de la Bibliothèque nationale. D’abord, il importe de ne tenter aucune expérience magique sans un but défini très important pour votre bonheur ou pour celui de l’humanité. Que d’hommes, que des grands esprits ont trouvé la mort, en se livrant, par simple curiosité ou par orgueil à des opérations magiques. Fabre d’Olivet, Stanislas de Guaita sont les victimes de leur foi magique, mais aussi de leur orgueil satanique et des intentions néfastes qu’ils apportaient à chacune de leurs expériences. Ce n’est véritablement qu’avec des idées d’altruisme, avec un désir sincère du bien, que l’on doit se lancer dans l’expérimentation magique. Est-ce dire qu’il est impossible de demander aux forces vivantes de la nature, des satisfactions matérielles ? Aucunement ! Il est permis de solliciter la fortune, si l’on veut lui donner un emploi charitable et honnête ? Il est permis de demander la santé, si l’on aspire à la vie pour la consacrer au bien-être des malheureux et des déshérités. Il est permis de demander les honneurs, la gloire, les distinctions honorifiques, si l’on veut s’en servir pour le triomphe d’une grande idée, pour la propagande d’une oeuvre sociale. Mais si vous sollicitez la richesse pour l’assouvissement de bas instincts, si vous demandez la santé, par crainte lâche des souffrances et de la mort, si vous courez aux honneurs pour une sotte satisfaction d’amour-propre, vous subirez le choc en
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retour dont je vous ai parlé dans un chapitre précédent. Et si, par hasard, l’occulte donne satisfaction à vos désirs, cette satisfaction ne sera que momentanée, et vous retomberez d’autant plus bas que vous aurez été très élevé. Ce qu’il faut craindre par-dessus tout, c’est le désir de mort et de vengeance. La mort et les plus graves représailles attendent le magiste qui opère des pensées mauvaises, et peut-être, tombera-t-il même, avant d’avoir pu quitter le cercle magique. Donc, cher élève, pense à ce que tu veux faire avant d’aborder la « Grande Opération ». Que ton coeur soit pur comme ton corps ; que tu sois certain d’aimer ton prochain comme toi-même, que tes désirs soient légitimes, que tes pensées soient calmes et sereines, et tu as des chances de réussir, au-delà de tes espérances. Neuf jours avant l’accomplissement de la « Grande Opération », le magiste prendra un bain complet chaque matin, dans de l’eau consacrée, naturellement. Dans ce bain, je lui conseille de prononcer une prière qui soit de LUI, c’est-àdire dans laquelle il mette tout son coeur, et recommande ses projets aux dix grands noms divins, et en demande la réussite. Dans l’eau devra être jetée une poignée de sel consacré en disant : Ismael, Imamon, Amason, Iniérobimeum, Danayon, Zaton, Satimon, Vagran, Coriston, Zagueron, Momeston, Saniteon, Mamon, Zarinazon, Felicion, Sermion, Metron. Le régime végétarien doit être suivi également dans les six premiers jours de préparation, et les trois derniers jours, le magiste ne consommera que du pain, des légumes cuits à l’eau et de l’eau bien pure et bien claire. Aucune contingence ne doit distraire le futur opérateur. L’amour sensuel sera répudié absolument. En dehors de ses occupations habituelles, le mage lira de bons livres occultes qui le prépareront à sa mission ; il préparera l’ambiance de réalisation par une tension perpétuelle de son esprit vers le but à atteindre. Enfin, Papus conseille, la veille de l’opération, de dire la confession suivante : Confiteor omnipotenti Deo cœli et terræ visibilium et invisibilium sanctisque omnibus angelis suis cunctisque creaturis cœli et terræ, coram sacro altari tuo et majestate tua quod es peccatis conceptus sum, et in peccatis ic usque ab uro, convestus sum. Confiteor tibi sanctissime pater omnia peccata mea qui peccavi in superbia, tam cordis quam oculorum, in vana gloria, in excellencia mentis meæ, invidia, in odia, in avaricia tam honorum quam pecunia, in insistia, in commestionibus, ebrietatibus, in fabulis et verbis, iniosis, osculi in amplexibus in tactu immondo in femoribus, in genitalibus meis, et in omni genere fornicationis et adulteris, in sacrilegis et par juriis, in furtis et rapinis in homicidis ; peccavi contrafidem, spem, et charitatem in rexhorationis moliigis, in blandimentis, in ignorantia, in negligentia, in suspectione, in recipiendis muneribus injuste in comtenedo pauperem et hospitalitem denegando in visitando
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infirmos in no potando sitientes, in non locutione maligna, in non elargiendo pauperibus elemosinam, non reficiendo esurientes nec sitientes, sobrie et pie non vivendo, confectiendo suadendoque malum nocento potius quam adjuvando, opem non ferendo potentibus pauperem clamares non libenter audiendo ; mala amicis et propinquis meis inferendo et desiderando benefactoribus meis, pacem non referendon, nec fidem eis servando, debita obsequia majoribus meis non præstando animalium occulo immundo vivendo, templum Dei rarissime intrando, colloquia immunda et vana in co proferendo, ressacras manibus immundis tangendo Peccavi pariter in cogilationibus malignis, in meditationibus perservis, in parjuriis in judicis temerariis, in maligno ingressu impiorum, in concupiscentia carnis, in delectationibus immundis, in verbis luxuriosis et in contumeliis in mandaciis et falcitatibus in detractionibus in rixis et discordiis seminando in malignitate ac malevolentia, in blasphemis ac insultationibus in transgretione preceptorum Dei in negligentia boni per positi, peccavi in omnibus meis sensibus in visu, auditu, gustu, odoratu, factu, et tandem in omni modo corde ac voluntate et opere in his igitur et omnibus aliis vitiis quibuscumque humana fragitatas, vel malitia, contra deum creatorem suum aut cogitando, aut loquendo aut operando aut suanden do, aut delectendo, aut concupiscendo peccare. Potest in omnibus me pateor peccasse et reum in conspectu Dei et super omnes homines peccatorem me esse confiteor. Ideo suplex exoro vos omnes angelos et sanctos. Dei in quorum conspectu hæc omnia confessus sum, ut mihi testes sitis in die judicii contra diapolum hostem et inimicum humani generis me hæc omnia puro et sincero corde confessum fuisse ita ut non gaudeat inimicus meus, et non glorietur adversum me in die turbidinis et caliginis delicta mea vacuisse neque ad Deum creatorem meum non fuisse. Cette confession est un modèle, si je peux m’exprimer ainsi, mais il reste évident que l’opérateur a la faculté de dire d’autres paroles, plus adéquate à sa vie passée, plus en rapport avec ses fautes. La confession que nous venons de citer, ou telle autre que voudra faire le mage devra être dite trois fois avec la plus grande contrition, et dans un lieu solitaire. Le mage se rendra ensuite au laboratoire magique, après s’être aspergé le visage d’eau et d’hysope.
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CHAPITRE XXIV La Grande Opération Le Livre et l’habit. - Consécration et Exorcisme. Les cercles. - Les Visions et Apparitions.
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il s’agit d’une simple opération, dans laquelle le mage veut invoquer un des esprits de l’astral pour un petit désir particulier, il peut agir seul. Si, au contraire, l’opération qu’il veut tenter est d’une importance capitale dans l’ensem-ble de sa vie, elle doit se faire en présence de deux compagnons qui assistent le mage et pénètrent avec lui dans le cercle magique. Il va sans dire que ces deux êtres vivants n’ont besoin d’aucune initiation pour leur collaboration qui se borne à une présence. Parmi les deux, un chien dressé à ne pas sortir du cercle, peut remplacer un être humain. Avant de faire le cercle, le mage doit être en possession d’un petit livre confectionné par lui et dont les pages en parchemin vierge doivent contenir toutes les oraisons, les noms des anges, avec leurs sceaux et leurs caractères, écrites avec du sang de colombe. Le grand pentacule comprendra la première page de ce livre. Pour le consacrer, préalablement avant la grande Opération, il le faut placer sur une table recouverte d’une nappe blanche ; au-dessous d’une lampe suspendue, et, après l’avoir ouvert dire l’oraison suivante :
« Adonaï, Elohim, Hel, Ye, Eye, Ye, Prince des Princes, Etres des Etres, aie pitié de moi, et jette les yeux sur ton serviteur qui t’invoque très dévotement et te supplie, par ton nom très saint et redoutable, Tetragrammaton, de m’être propice dans mes opérations, d’ordonner à tes anges et esprits de venir établir leur séjour en ce lieu. O vous, anges et esprits des Etoiles, ô vous tous, anges et esprits élémentaires, ô vous tous, esprits présents devant la face de Dieu, le ministre et serviteur du Très-
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Haut vous conjure, Dieu même, Etre des Etres, Tetragrammaton, vous conjure de venir être présent à cette opération, le serviteur de Dieu vous en supplie humblement. Amen. » Cette consécration doit durer sept jours en commençant par le samedi , et le livre doit être encensé chaque jour avec le parfum qui est propre au jour de la semaine. La lampe doit toujours brûler pendant la consécration. La veille de la Grande Opération, le mage prendra le livre magique qu’il aura enfermé dans une armoire en bois blanc, et avant de se rendre au lieu de l’Opération, il dira l’oraison que nous venons de citer. Il la dira du reste chaque fois qu’il aura besoin du livre. Avant de se rendre au laboratoire magique, le mage revêtira un vêtement en toile de lin absolument blanc, et qui ressemblera à une grande chemise tombant jusqu’aux pieds. Aucune autre ouverture que celles de la tête et des deux bras. Ce vêtement aura été exorcisé préalable-ment par les paroles suivantes :
« O père aimable, créateur des astres, sagesse infinie, daigne sanctifier par toutes forces et par toutes vertus, ce vêtement préparé à ton honneur. Je t’exorcise par le vrai Dieu vivant et éternel qui a fait toutes choses de rien, et qu’il n’y ait rien d’impur dans cette mienne opération, mais qu’elle soit pleine de vertus. Amen. » Le cercle magique, qui représente la volonté du mage, peut être tracé avec l’épée magique seule, si le cas est urgent ; avec du charbon quand le temps n’est pas limité. Tant que le mage se tient dans le cercle, il n’a rien à redouter des manifestations que l’ambiance magique peut produire. Si, au moment où le mage aperçoit, dans le miroir, sur l’autel ou autour du cercle, une image quelconque, il sort de son asile protecteur, il peut tomber et ne plus se relever. Les médecins qui le viendront voir mettront sa mort sur le compte d’une congestion, d’une embolie, mais en réalité, elle aura une cause mystérieuse qu’expliquent les pratiques auxquelles il se livrait. Il peut tomber encore et ne pas mourir, être simplement blessé, malade ou fou. Il ne faut pas que je dissimule aux adeptes futurs de la Magie, les dangers qu’ils peuvent courir alors que leur volonté les a mis dans un état presque surhumain, et que dominant certaines entités de l’espace, ils peuvent être la proie d’autres entités plus fortes qu’eux. En principe, il ne faut jamais sortir du cercle magique, puisque sa protection est assurée, et que le mage le plus initié ne sait rien encore. En spiritisme, on dit parfois que des esprits appelés farceurs viennent prendre la place des esprits appelés. Ces esprits, dans la table principalement, donnent une fausse identité, se livrent à des mouvements désordonnés qui renversent le médium ou les personnes présentes, donnent typtologiquement des renseignements erronés, lancent des gros mots. Et ceci, jusqu’à
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ce que l’esprit évolué ait le temps de se rendre à l’appel du médium. Alors les méchants phénomènes cessent, les esprits maléfiques ou farceurs disparaissent, vaincus par l’esprit supérieur invoqué. Le spiritisme, n’en déplaise aux disciples d’Allan Kardec, c’est de la Magie. Dans le cercle, les élémentals peuvent se présenter ; ce sont les esprits farceurs et inconscients parfois, qui font du bruit, comme les gamins, pour entendre des coups, pour se donner du mouvement, par un besoin instinctif de se manifester. De mauvais génies, ceux de Sathan, ont quelquefois le pouvoir d’apparaître quand les pensées de l’opérateur dévient vers le mal. Il est donc imprudent de sortir du cercle.
Faust et Satan
Le cercle magique se compose de trois cercles d’une largeur de trois mètres environ, séparés par un espace de dix centimètres. Dans le cercle du milieu, on inscrit le nom de l’heure de l’opération, le nom de l’ange de l’heure, le sceau de l’ange de l’heure, les noms de l’ange et les ministres du
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jour, le nom du temps actuel, le nom des esprits qui président, le nom du signe régnant, le nom de la terre selon la saison, le nom de la Lune et du Soleil à cette époque. Dans le cercle supérieur, on inscrit aux quatre angles les noms des anges de l’air du jour de l’opération. Dans le cercle intérieur, on inscrit les quatre noms de Dieu, séparés par des croix. En dehors du cercle, un pantagramme à chaque angle. Dans l’aire du cercle, on inscrit (signe) à l’orient et (signe) à l’occident (1). Avant d’entrer dans le cercle (car l’opérateur passant de l’un à l’autre des trois cercles, est toujours dans le « cercle ») les deux aides sont consacrés et exorcisés par la terre, l’eau et le feu. Papus conseille de porter pendant l’opération le grand pentacle de Salomon. Les aides ou les disciples sont consacrés par l’eau par ces paroles :
« Renovati toti mundati sitis, in nomine sancti et individui Trinitatis Patris et Filii et spiritu sancti ; ab omnibus peccatis vestris verbumque Altissimi descendat super vos et maneat semper. Amen. » Les aides sont encore parfumés aux essences consacrées, et ils peuvent entrer ensuite dans le cercle magique. L’opérateur se mettant à genoux invoquera les anges qui président aux sept planètes, aux sept jours de la semaine, aux métaux, aux couleurs, en disant : « O
vous, Anges très grands, venez à mon secours, secondez mes désirs et m’en accordez l’effet. » Ensuite, il invoquera les anges du jour de l’opération, et après avoir écrit leurs noms dans le cercle, il dira : « Je vous adjure, ô vous tous, et vous appelle, par
le Trône d’Adonay, par Agios, Otheos, Ischyros, Athanatos, Paracletus, Alpha et Omega, et par ces trois noms secrets : Agla, On, Tetragrammaton, que vous ayez à paraître sans délai, pour accomplir ma volonté ». Il faudra dire ensuite la conjuration particulière au jour de l’opération. Voici cette conjuration, pour chaque jour de la semaine : Conjuration du Dimanche. - Je vous conjure, Anges de Dieu, puissants et saints, au nom d’Adonay, Eye, Eye, Eye, qui est celui qui est, qui a été et qui sera, Eye, Abiaye, et au nom de Saday, Cados, Cados, Cados, qui est assis sur les chérubins, et par le grand nom de ce même Dieu puissant et fort, exalté au-dessus de tous les Cieux, Eye, Saraye, le Maître des Siècles, qui a créé le Ciel et la Terre, la Mer, l’Univers, et toutes les choses qui furent au premier jour, qui les scella de son sacré nom Phaa. Je vous conjure aussi, par les noms des saints anges, qui commandent à la quatrième légion, et qui servent en présence du très puissant et illustre Salamia : par le nom de
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l’astre qui est le Soleil, par son Signe, par l’adorable et terrible nom du Dieu vivant, et par tous les noms qui ont été ci-dessus proférés, je vous conjure, saint Ange Michaël, vous qui présidez au jour du Dimanche par le nom adorable Adonay, Dieu d’Israël, qui a créé l’univers entier et tout ce qu’il renferme, afin que vous me portiez secours, et que vous m’accordiez l’effet de toutes mes demandes, selon mon voeu et mon désir, soit dans mes affaires, soit dans ma fortune, et généralement dans toutes choses qui me seront utiles et nécessaires. Conjuration du Lundi. - Je vous conjure, Anges très bons et puissants, par la force et vertu de ces noms Adonay, Adonay, Adonay, Eye, Eye, Eye, Cados, Cados, Achim, Achim, Achim, Ia, Ia, fort Ia, qui apparut sur la montagne de Sinaï avec toute sa gloire souveraine, Adonay, Saday, Zabaoth, Amathay, Ya, Ya, Ya, Marinala, Abim, Icia, qui a créé au second jour les mers, les fleuves et toutes les eaux, même celles qui sont au-dessous des Cieux et sur la terre, scellé la mer de son très haut Nom, lui a posé des bornes qu’elle ne peut surmonter. Je vous conjure, Anges forts et bons, par les noms de ceux qui commandent à la première Légion, qui servent le grand et honoré Orphaniel ; par le nom de l’astre qui est la Lune, par tous les noms ci-dessus prononcés. Je vous conjure, Gabriel, vous qui présidez au second jour consacré à la Lune, afin que vous veniez à mon secours et que vous accomplissiez toutes mes volontés. Conjuration du Mardi. - Je vous conjure, Anges forts et saints, par les sacrés noms, Ya, Ya, Ya, He, He, He, Va, Hy, Ha, Ha, Ha, Va, Va, Va, An, An, An, Aie, Aie, Aie, Ely, Ay, Elibra, Eloim, Eloim, et par les autres noms de ce Dieu très haut, qui a fait paraître l’eau aride et l’a appelée terre, qui produisit la superficie d’icelle les arbres et les herbes, et qui l’a scellée de son saint, précieux, adorable et redoutable nom, par les noms des Anges qui commandent à la cinquième Légion, qui servent le puissant Acimoy, par le nom de l’astre qui est Mars, et je vous conjure, O Samael, vous qui présidez au Mardi, par tous les noms ci-dessus prononcés, par celui d’Adonay, Dieu vivant et véritable, de venir à mon secours et d’accomplir toutes mes volontés. Conjuration du Mercredi. - Je vous conjure anges forts et saints et puissants, par les noms très redoutables et adorables Adonay, Elohim, Saday, Saday, Saday, Eye, Eye, Eye, Asanie, Asaraie : au nom d’Adonay, Dieu d’Israël qui a créé le grand luminaire pour distinguer le jour de la nuit : par le nom de tous les Anges qui servent dans la seconde Légion devant l’Ange, trois fois grand fort et puissant, par le nom de l’astre de Mercure, par son sceau sacré et révéré, par tous ceux, ci-dessus prononcés, je vous conjure, ô grand Ange Raphaël, vous qui présidez au quatrième jour, par le nom saint écrit sur le front d’Aaron, prêtre du très haut Créateur, et par ceux des Anges qui sont confirmés en la grâce du Sauveur, et enfin par celui du trône des Animaux qui
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ont six ailes, de venir à mon secours, pour accomplir ma volonté. Conjuration du Jeudi. - Je vous conjure Anges saints, par les noms, Cados, Cados, Cados, Eschercie, Eschercie, Eschercie, Hatim, Hatim, Ya, le souverain des siècle, Cantine, Jaym, Janic, Anie, Calbar, Sabbac, Betifay, Alnaym, je vous conjure par Adonay qui a créé au cinquième jour les poissons et les reptiles qui sont dans les eaux et les oiseaux à la surface de la terre ; par les Anges qui servent dans la sixième Légion, en présent du Saint Ange, leur chef, très puissant et excellent Prince, par le nom de l’astre de Jupiter et de son sceau ; par Adonay, le suprême Créateur de toutes choses ; par le nom de tous les astres, par leurs forces et puissances, et par tous ceux enfin, prononcés ci-dessus, je vous conjure, ô grand Sachiel, vous qui présidez ce jour de Jupiter, de venir à mon secours pour accomplir ma volonté. Conjuration du Vendredi. - Je vous conjure, Anges saints, forts et puissants, par les noms On, Hey, Heya, Ia, Ie, Adonay, Saday qui, au sixième jour, créa les quadrupèdes, les animaux reptiles et les hommes, et qui donna tout pouvoir à Adam sur tous les animaux, qui bénit les noms du Seigneur, par les Anges qui servent dans la troisième Légion, en présence du Grand Ange Agiel, Prince fort et puissant, par l’astre de Vénus, par son saint sceau et par les noms susdits je vous conjure, Anael, Ange très grand, vous qui présidez au sixième jour, de venir à mon secours pour accomplir ma volonté. Conjuration du Samedi. - Je vous conjure, Caphariel ou Cassiel, Machatori et Seraquiel, Anges puissants et forts, au nom Adonay, Adonay, Adonay, Eye, Eye, Eye, Acim, Acim, Acim, Cados, Cados, Cados, Ina, Vel, Ima, Ima, Saday, Ia, Sar, Seigneur, qui a formé les siècles, qui au septième jour se reposa, qui voulut que son peuple d’Israël le gardât inviolablement et le sanctifiât, afin de mériter par là au siècle à venir, la récompense qu’il lui promit par les noms des Anges qui servent dans la septième Légion, en la présence de Boel, Ange grand et puissant ; par l’astre de Saturne ; par son saint sceau, et par les noms ci-dessus, je vous conjure Caphriel, vous qui présidez en ce jour, de venir à mon secours pour accomplir ma volonté.
*
* * Ces conjurations faites, le Mage doit demander ce qu’il désire, et le faire d’une façon très explicite et avec les plus grands détails.
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Le Dimanche doit être choisi pour demander des richesses, pour solliciter la protection d’une personne influente qui peut vous aider à obtenir une brillante position. On peut demander encore la guérison des maladies des êtres chers, la cessation d’une brouille avec des parents ou des amis, la découverte de trésors. Le Lundi est le jour où l’on demande aux esprits et aux anges la divulgation de certains secrets qui peuvent être utiles, où l’on jette un coup d’oeil sur l’avenir. Le Mardi est le jour des soldats, celui que l’on doit choisir pour demander la victoire dans certaines batailles - même les batailles de la vie - c’est un jour où les oeuvres de feu, de sang et de mort peuvent être demandées et réalisées. Mais, encore une fois, méfiez-vous du choc en retour dont je vous ai parlé plus haut. Scrutez vos moindres pensées et votre conscience vous dira si le voeu que vous formulez est licite. Ne vous félicitez pas de la réalisation d’un désir, si cette réalisation doit vous causer de multiples chagrins ; si vous l’obtenez au prix de votre sang et de votre vie. Le Mercredi est le jour spécial à l’argent monnayé. Si vous voulez inciter un parent à vous faire son héritier, si vous voulez réaliser à la Bourse ou dans la loterie des bénéfices importants, c’est ce jour que vous devez choisir pour la « Grande Opération ». Le mercredi est encore un bon jour pour les procès, pour la santé, pour l’élévation de la position. Le Jeudi est un jour où le bien et le mal peuvent être demandés indifféremment, toujours aux risques et périls de l’opérateur, mais il est surtout favorable aux questions qui dépendent de la Justice. On doit le jeudi entreprendre un procès, après la « Grande Opération », et le succès de ce procès n’est pas douteux. Le Vendredi doit être choisi pour les oeuvres d’amour. Il faut demander ce jourlà la réussite d’un mariage, le triomphe d’une passion. Le Samedi, jour de Saturne, est le jour des oeuvres de haine. C’est le samedi que les magiciens noirs accumulent les forfaits, sèment la mort, la vengeance autour d’eux. Je ne crois pas qu’un seul de mes lecteurs voudra employer ce jour-là dans ses opérations magiques.
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CHAPITRE XXV Que se produit-il ?
V
raiment, pendant et après la « Grande Opération », les esprits et les anges apparaissent-ils ? Toutes ces cérémonies, ces oraisons sont-elles de simples reconstitutions d’un passé aujourd’hui mort ? Et devons-nous, comme les esprits forts, hausser les épaules ou dire un mot spirituel ? Papus qui est l’occultiste le plus pondéré du monde, celui qui veut expérimenter avant de croire ; qui, avant de devenir l’un des maîtres incontestés du monde psychique, a été et est encore le « médecin » qui scrute les corps avant de scruter les âmes, qui dégage l’esprit de la matière, a examiné la « Magie » sous ses deux aspects, théorique et expérimental. Le premier peut-être, il a su « éclaircir et synthétiser une foule de détails qui sont confus ou contradic-toires dans les grimoires », et s’il a acquis la certitude de l’existence d’un monde spirituel autour de nous (comme les spirites) du moins n’entend-il pas donner l’ensemble de la Kabbale comme une Bible absolument infaillible. Les apôtres du Nouveau Testament sont aussi contradictoires que les mages de la Kabbale. Ils se trompent dans leurs Evangiles, ils attribuent à certaines paroles du Christ, un sens ou une pensée que le Maître n’a jamais eu. Par conséquent, la Kabbale qui semble être la synthétisation (qu’on me permette ce mot) et la rectification des Evangiles, est sujette à caution. Si nous écoutions les grimoires, nous pourrions croire que le Dimanche, les esprits et les anges nous apparaîtraient dans un corps grand et gros, couleur de sang, avec des cheveux dorés, de la couleur du Soleil, que nous verrions un roi chevauchant un lion et portant à la main un sceptre d’or, ou un coq couronné, ou une reine ou un homme avec une queue. Les esprits du Lundi seraient gros, grands, flegmatiques, le visage enflé, les yeux rouges, la tête chauve, avec des dents de sanglier. Ils s’annonceraient par une pluie abondante, qui tomberait autour du cercle, et prendraient la forme : soit d’un roi, un arc en main, chevauchant un daim, un enfant, une chasseresse armée d’arcs et de flèches, une oie, une vache, un homme avec plusieurs pieds.
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Le Mardi, les esprits prendraient une forme longue, d’une couleur rouge noirâtre, avec des cornes sur la tête aussi grandes et aussi longues que celles du cerf, des ongles en forme de griffes. Ils apparaîtraient au milieu du bruit du tonnerre, avec des éclairs autour d’eux. Ce serait un roi en habit rouge, porté sur un loup, une femme portant un bouclier à la cuisse, un bouc, un cheval, un homme à plusieurs têtes. Les esprits du Mercredi auraient un corps de moyenne taille, froid et humide, un visage assez beau, un air sympathique, une forme humaine agréable, une couleur douce. Ils arriveraient dans une nuée d’argent et prendraient comme formes : un roi chevauchant un ours, un homme de figure franche et bonne, un chien, une femme, un pie, une ourse, une baguette, un bâton. Les esprits du Jeudi auraient l’air triste, le teint bilieux, leur aspect serait agréable mais leurs mouvements effrayants. Ils apparaîtraient dans une nuée de feu, avec des lions autour d’eux paraissant les dévorer. Et ce seraient : un roi, l’épée à la main, chevauchant un cerf, homme, mitre en main, revêtu de longs habits, une fille ayant une couronne de lauriers et de fleurs sur la tête, un cerf, un paon, une épée, une flûte. Le Vendredi, les esprits de petite taille, gracieux, aimables, d’une couleur blanche ou verte apparaîtraient au milieu de jeunes filles jouant avec elles, et annoncés par une étoile brillante. Ils prendraient les formes d’un roi tenant un sceptre et chevauchant un chameau, une fille vêtue d’habits magnifiques ou complètement nue, une colombe, une chèvre, un chameau, des fleurs, de la sabine (1). Le Samedi, le corps des esprits serait long, maigre ; ils seraient dans un état de colère perpétuel et porteraient quatre visages, un devant, l’autre derrière la tête, un au genou droit, le dernier au genou gauche ; leur couleur serait noire, un long bec remplacerait le nez, et ils apparaîtraient dans un vent formidable qui semblerait soulever la terre. C’est un roi porté sur un dragon, un vieillard avec une longue barbe, une vieille femme se reposant sur un bâton, un porc, un dragon, un hibou, une faulx, du genièvre. Voilà donc la tradition ancienne. Quelle est la vérité ? Personne ne le sait exactement, car les manifestations de l’occulte sont multiples. J’ai assisté à différentes opérations magiques, non comme opérateur, mais comme assistant, et chaque fois nous eûmes des résultats différents. Un jour, à Clermont-Ferrand, chez un commerçant qui avait installé un laboratoire modèle, nous avons pratiqué un dimanche la « Grande Opération ». Il s’agissait, si je ne me trompe, d’obtenir des esprits, que des bijoux volés soient retrouvés. Ave moi se trouvait, comme assistant, un littérateur occulte très connu qui (1) Genévrier du midi de l’Europe.
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s’est fait la spécialité des ouvrages de vulgarisation magique. Après les conjurations dans le cercle, après la prière individuelle, après l’encensement, nous fûmes pris, malgré nous d’une sorte d’angoisse. La sueur nous envahissait (et ceci est conforme à la tradition kabbalistique), et ayant jeté un coup d’oeil sur l’opérateur, je vis sa figure absolument jaune, d’un jaune chrome. Nous restâmes cinq minutes ainsi, le silence étant complet. Puis, il nous sembla qu’une trompette au son aigu donnait des notes mineures, et la lampe magique tomba brusquement, sans se bossuer et sans s’éteindre, sans qu’un clou soit arraché. A ce moment, une lueur éclatante pénétra dans le laboratoire, semblant tomber du plafond et un son de trompette plus aigu éclata. Mais nous ne vîmes aucun être, aucune apparition. Le lendemain, le mage apprenait cependant l’arrestation de ses voleurs et la découverte de ses bijoux dans un champ où ils avaient été cachés. Dans son merveilleux traité de Magie, Papus raconte quelques expériences faites par lui en 1892 (1) avec F. Ch. Barlet, dans lesquelles il essaya de contrôler les faits rapportés dans les grimoires.
« Au mois de Mars 1892, dit-il, en période de lune croissante, M. M. H. K., membres d’une commission d’enquête des phénomènes magiques, tentèrent l’expérience suivante qui fut conduite dans le secret le plus absolu : « Après douze jours d’entraînement triple : végétarien au point de vue physique, purificateur, au point de vue moral, et rituel au point de vue psychique, une cérémonie préparatoire de consécration du local magique fut exécutée la veille du jour de l’opération proprement dite. A la suite de cette consécration préparatoire, dit le rapport que j’ai sous les yeux, nous avons éprouvé une tristesse et un accablement tels, que nous hésitions à recommencer le lendemain, pris d’une sorte de frayeur devant notre faiblesse (2). L’astral n’aime pas à ce qu’on regarde par les fentes de sa porte. « Malgré cela, l’expérience fut tentée, le lendemain, un jeudi à minuit. Il s’agissait, dans l’idée des opérateurs, de voir l’effet d’un (1) Depuis, Papus est arrivé à des résultats beaucoup plus étranges, qui ont prouvé le pouvoir de la volonté toute puissante. (2) Mes lecteurs peuvent s’apercevoir que j’avais personnellement éprouvé une agoisse, qui était aussi de la frayeur et de l’accablement.
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pentagramme dessiné avec leur sang et projeté en astral, par le feu. « C’était, ainsi qu’ils s’en aperçurent plus tard, une base d’expérience détestable et en dehors de toutes les conditions régulières. Le sang projeté en astral ne peut qu’attirer une foule de larves, et ce n’est pas ce but que poursuivaient les expérimentateurs. « Quoi qu’il en soit, revenons au fait. « Le lendemain, dit le rapport, les conditions requises, dans les ouvrages magiques, réalisées, le cercle tracé, le miroir, le réchaud et les lumières disposés, deux opérateurs ayant l’un l’épée, l’autre le trident de Paracelse (en étain, parce que le jour de l’opération était un jeudi) revêtus des costumes et des ornements de couleur planétaire correspondante et des signes magiques gravés suivant le rituel, se placent dans le cercle et l’évocation commence à 11 h. 1/2. « Cette évocation fut dite, ou plutôt psalmodiée lentement et d’une façon sonore, pendant que l’encens brûlait. A la fin de cette évocation, les opérateurs dirent : « Nous avons senti des souffles froids comme ceux que l’on ressent dans la plupart des séances de matérialisations spirites. Ces souffles étaient objectifs puisque les feuillages de chêne et de peupliers bougeaient. En même temps des vapeurs grises, tout à fait spéciales, décrivaient des contours d’apparition en passant et en tournoyant devant le miroir magique que tous deux nous regardions ». Or, suivant les expérimentateurs, « le but de l’oeuvre était de rendre à son état fluide primitif, le sang qui avait servi à tracer le pentagramme et qui appartenait aux deux opérateurs. C’était là la grande faute, ajoutent-ils ». « En somme, après cette esquisse assez nette d’apparition, après cette sensation de souffle froid et des mouvements d’objets accompagnés de craquements caractéristiques dans toute la pièce, les opérateurs pensent que tout est terminé et rangent soigneusement tous les objets qui avaient servi à l’opération. « L’expérience avait été faite dans un grand appartement à Paris, et cette chambre était située tout au fond de l’aile droite dudit appartement. L’aile gauche était occupée par le frère d’un des opérateurs, homme d’âge mûr et professeur de mathématiques dans une grande école. Ce monsieur s’était, ce jour-là, couché de bonne heure, ne se doutant nullement des études auxquelles se livrait son frère et n’ayant jamais, du reste, cru à la Magie ni à tous les enseignements analogues.
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« Au moment où les expérimentateurs, isolés, à l’abri de toute surprise dans leur cercle, attiraient dans l’appartement une pluie de larves, sans s’en douter, le professeur dormait à poing fermé assez loin de là. « Or, à l’heure exacte de l’évocation, il est réveillé par un violent coup de poing sur l’épaule et ressent un état d’angoisse spécial, dû sans doute, à ce réveil brusque. Croyant à une attaque de malfaiteur, il se dresse sur son lit et prend son revolver qui était à portée de sa main, puis allume sa bougie et constate, avec stupéfaction, que rien d’anormal ne se passe dans sa chambre, ni dans la partie de l’appartement qu’il occupe. Il se recouche, mais l’état d’angoisse dure longtemps après. « Cette sensation de coup de poing avait assez frappé le professeur pour que le lendemain il l’ait décrite à son jeune frère qui enregistra soigneusement les faits et l’heure des phénomènes, tout en se gardant bien de parler de son expérience. « Mais les manifestations ne s’arrêtent pas là. Tout était rangé dans la chambre qui avait servi à l’opération et l’on ne remarquait dans cette chambre rien d’anormal. A neuf heures du matin, l’expérimentateur étant sorti pour vaquer à ses occupations médicales, la femme de ménage vint comme d’habitude faire son ouvrage. Mais en ouvrant la porte de la chambre, cette femme est prise, tout à coup, d’une sorte de panique, d’une grande frayeur et se sauve à travers l’appartement. Interrogée par le frère de l’expérimentateur qui se trouvait là, sur la cause de cette frayeur, elle ne peut en rien la spécifier et dit : « Cela m’a pris comme cela, sans savoir pourquoi. » « Enfin, une des nuits suivantes, un superbe encrier en cristal fut, pendant le sommeil de l’opérateur, et dans sa chambre, coupé en deux, comme avec une scie, fait presque impossible à réaliser expérimentalement. » Les résultats d’expériences ne manquent pas. Et ils émanent d’esprits lucides, de chercheurs qui ne veulent ni abuser les autres, ni s’abuser eux-mêmes. L’an dernier, le 23 juillet 1911, je me disposais à partir en vacances, quand je reçus la visite d’un ouvrier tailleur, abonné à la Vie Mystérieuse, parce qu’il s’intéressait à toutes les manifestations scientifiques. Ce jeune homme, assez instruit,
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venait me demander mon avis sur un fait étrange dont il avait été témoin et même acteur. Après avoir lu le « Grand Albert », dans une édition ancienne trouvée sur les quais, il avait voulu essayer de réaliser une des expériences, pour tâcher de voir devant lui, une jeune fille qu’il aimait et dont il ne pouvait pas obtenir la main. Sans laboratoire, sans aucun matériel magique autre qu’une table couverte d’un drap blanc et d’un miroir ordinaire, il avait prononcé les paroles évocatrices. Puis, il avait senti son coeur cesser de battre et avait cru un instant qu’il allait mourir. Puis, sans transition, il sentit son coeur battre une charge désordonnée, et dans une sorte de brouillard il vit sur sa glace très distinctement apparaître le chiffre 9. Ensuite tout revint dans l’ordre, il reprit possession de son calme et le brouillard disparut. Il est bien évident que s’il avait raconté sa petite histoire à n’importe qui, on l’eut pris pour un fou ou un halluciné. Moi, au contraire, je reçus sa confidence avec intérêt et j’essayai de donner aux faits une explication. Surveillez les dates des mois, lui dis-je, et soyez persuadé que vous aurez un 9, une réalisation agréable. Et je pris le soir le train pour la Bretagne, où j’allais chercher quelques jours de repos. Dans le train, se trouvait en face de moi, un être bizarre, maigre, vêtu d’une houppelande jaune, malgré la chaleur, et qui consultait un livre où les pages portaient des signets constitués par des feuilles détachées d’un éphéméride. A Chartres, l’inconnu descendit du wagon. Son départ me causa de la satisfaction, car il était inquiétant. Quand le train se remit en marche, je vie qu’une des feuilles qui servait de signet à son livre était tombée. La date 9 septembre se détachait vigoureusement sur la couleur grise du plancher. Je la notai dans mon esprit en lui donnant une corrélation au récit de mon ouvrier tailleur. Je ne m’étais pas trompé, car en rentrant à Paris, je reçus une lettre de faire-part de mon visiteur, m’annonçant son mariage pour le 9 septembre 1911. Avait-il oublié le chiffre paru dans la glace ? Je n’en sais rien, car je ne l’ai plus revu. Quant à moi, je garderai toujours dans mon souvenir, et sa révélation et la feuille de calendrier oubliée dans le train par l’énigmatique voyageur. Il y a des coïncidences qui sont absolument de la Magie.
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Je terminerai ici ce petit cours de Magie. Il donnera aux débutants le désir d’apprendre les sciences mystérieuses en lisant des ouvrages d’une autre envergure, qu’ils comprendront plus facilement après avoir écouté patiemment le bréviaire élémentaire que je mets sous leurs yeux. Et si ces pages ne les incitent pas à aller plus avant dans l’étude de la Magie, du moins leur auront-elles fait comprendre le grand pouvoir de la volonté, le dieu moderne que nous devons adorer. Et c’est déjà quelque chose.
FIN
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TABLE DES MATIERES PREFACE.........................................................3.
CHAPITRE I........................................................7 La Magie Ce qu’elle est véritablement - Les magiciens instinctifs - Magie et Aviation - Le triomphe de la volonté - L’homme de raison et l’homme instinctif. CHAPITRE II....................................................10 Le Magicien des Campagnes Les j’teux de sorts - Les larves - La mort d’une sorcière - Une bonne magicienne. CHAPITRE III...................................................18 L’Adeptat Comment on devient mage - Les lectures - Un état d’âme spécial. CHAPITRE IV...................................................22 Le Régime de l’Etudiant L’alimentation et son rôle dans la pratique de la Magie - Le Végétarisme - La méditation solitaire - L’influence de la nature. CHAPITRE V.....................................................24 La Prière De l’influence de la prière sur la Magie - Les sept oraisons. CHAPITRE VI...................................................30 L’Astrologie Kabbalistique Les sept planètes magiques - Leur définition - Portrait de l’homme influencé par les planètes - La signature des planètes. CHAPITRE VII...................................................35 Les Signes du Zodiaque Les planètes dans les signes du Zodiaque - La Lune et le Zodiaque - Les heures planétaires.
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CHAPITRE VIII.................................................38 Les Correspondances Planétaires Les trois règnes : animal, végétal et minéral - L’influence des planètes sur l’homme. CHAPITRE IX...................................................43 Les Anges et les Génies Planétaires Les talismans planétaires - Les génies des mois et des saisons. CHAPITRE X....................................................52 L’Entraînement de la Volonté Les mortifications volontaires - La souffrance, instrument de volonté - Les moyens de s’affranchir des passions et des vices - Le surhomme. CHAPITRE XI...................................................55 Le Laboratoire du Mage L’installation du laboratoire - Le laboratorium et l’oratorium - Le pentagramme Les cubes métalliques - L’eau, le sel, le miroir et les différents instruments magiques - Disposition de l’autel. CHAPITRE XII...................................................58 Les Consécrations et les Prières Exorcisme de l’eau, du sel et de la cendre - Les Oraisons, les parfums. CHAPITRE XIII...................................................62 La Lampe et le Miroir Magiques La fabrication de la lampe - Les verres planétaires - La consécration - Le miroir et ses miracles. CHAPITRE XIV.................................................67 Magnétisme et Hypnotisme Les deux écoles - La querelle des magnétiseurs et des hypnotiseurs - Comment reconnaître un sujet - Comment provoquer le sommeil - La suggestion - La cure magnétique.
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CHAPITRE XV...................................................74 Les Guérisseurs Les guérisseurs mystiques - Médiums, hypnotiseurs ou magnétiseurs ? - La Magie dans les guérisons. CHAPITRE XVI..................................................77 L’Envoûtement Envoûtement ou extériorisation de la sensibilité - Le récit de la découvert du Colonel de Rochas. CHAPITRE XVII.................................................82 Encore l’Envoûtement Autres opinions - Les expériences de M. Fernand Girod - L’envoûtement magique. CHAPITRE XVIII................................................93 L’Envoûtement nous guette Mon opinion personnelle sur la question - L’envoûtement dans l’air - Du danger de s’entourer de malchanceux - Le moyen de vaincre et de réussir - L’envoûtement de haine et l’envoûtement d’amour. CHAPITRE XIX..................................................97 Le Choc en Retour La punition de l’astral - Qui frappa de l’épée, périra par l’épée - Le crime du banquier - La justice du choc en retour. CHAPITRE XX.................................................101 Les Elémentals Les théories de Paracelse - Nymphes, pygmées, sylphes et salamandres - Les quatre éléments et leurs élémentals - Peut-on voir ces êtres mystérieux ? Leur apparition dans les séances magiques. CHAPITRE XXI................................................110 Les Talismans Comment on les emploie - Les psaumes des talismans planétaires.
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CHAPITRE XXII...............................................119 La Défense contre l’Envoûtement La cérémonie - La semaine magique - Le talisman universel CHAPITRE XXIII..............................................122 Avant la Grande Opération La préparation - La volonté concentrée - Le bain et le régime - La confession. CHAPITRE XXIV..............................................125 La Grande Opération Le livre et l’habit - Consécration et exorcisme - Les cercles - Les visions et apparitions. CHAPITRE XXV................................................132 Que se produit-il ?
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