College Martiniste Pratiques Livre I

July 24, 2017 | Author: aeditimus | Category: Conscience, Perception, Hypertension, Color, Light
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Travaux du groupe Tiferet....

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COLLEGE MARTINISTE Pratiques I. EXERCICES

Textes & documents pour l’étude du Martinisme & du Martinésisme

Rituels, Instructions, & Documents divers

I - Fonds général Pratique de la voie Martiniste

Collège Tiferet

COLLEGE MARTINISTE Pratiques I. EXERCICES

I - Fonds général Pratique de la voie Martiniste

Collège Tiferet

E présent corpus, rituel et symbolique, est destiné à l’usage exclusif des Frères et Sœurs du Collège que nous formons. Il importe donc de le considérer comme strictement personnel, réservé à notre seul travail.

L

Tel qu’il a été pensé et réalisé, ce fonds est initialement basé sur la tradition propre au Martinisme dit « russe », largement héritier (avec d’autres) de la tradition Elu Cohen, comme de certaine voie ressortissant à la Rose-Croix ; tel était notre désir initial, tel a toujours été notre point de mire. Nonobstant, c’est bien au Martinisme en général que renvoient les travaux de notre Collège, considéré alors en tant que tel. De fait, au travers de cette voie, l’objet, le but principal de ce corpus est de conduire, pas à pas, l’être de désir sincère et zélé qui le souhaitera dans la voie de la théurgie, et ce dans le cadre particulier de l’ésotérisme judéo-chrétien. C’est là, certes, un chemin parmi d’autres également valables et dignes d’être étudiés ; mais – nous gardant de tout syncrétisme comme de toute dispersion – c’est celui-là seul qui retient ici toute notre attention, tous nos efforts.

Quant à la théurgie « martinésienne » (et, partant, celle du Martinisme en général), si l’un de nos documents y est tout particulièrement consacré (avec les rituels en usage dans notre Collège), il importe de noter dès à présent que toute notre approche (à l’instar de nos prédécesseurs) nécessite une bonne connaissance de l’ensemble du corpus Elu Cohen, tant théorique que pratique, de même qu’une connaissance minimale des circonstances de son élaboration. C’est le but essentiel du Fonds documentaire, des livrets qui le constituent et qui sont communiqués à l’initié pour son instruction : permettre à tout Frère, à toute Sœur, engagé dans la voie de l’initiation martiniste, sous les auspices de la Rose-Croix, d’avoir accès au matériel original, en vue de comprendre finalement et l’esprit de nos travaux et ce qui a conduit à leur forme actuelle. Ce matériel-là, contrairement au présent corpus, ne nous est pas propre et peut donc concerner tout chercheur sincère, à l’extérieur de notre Collège.

SOMMAIRE

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INTRODUCTION

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De l’utilité des exercices

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Sommaire des exercices

PRATIQUE

Avertissement pour la présente diffusion publique. Ŕ Si, a priori, les documents de cette collection (on les reconnaîtra aisément à leur présentation identique) sont destinés au seul usage interne du groupe qui en est l’auteur (et telle est en effet leur destination première), il a paru cependant possible de diffuser plus largement certains d’entre eux (dont, le présent volume) compte tenu d’une part, de ce qu’ils ne présentent aucun caractère de confidentialité ; d’autre part, de ce qu’il peuvent aisément être utile au plus grand nombre, fût-ce seulement comme information générale pour le public éventuellement intéressé.

INTRODUCTION

COLLEGE MARTINISTE

DE L’UTILITE DES EXERCICES

« […] il est encore possible à l’homme de retrouver, et dans luimême, et dans les images passagères de ses puissances conventionnelles et terrestres des vestiges de ce qu’il aurait dû être. (Louis-Claude de Saint-Martin, Ecce Homo) »  ES exercices proposés dans notre travail constituent un outil d’éveil des plans supérieurs de l’être et sont destinés à favoriser le développement psychique. Leur enchaînement est conçu de manière à permettre cet éveil avec le maximum d’efficacité, tout en évitant les risques inhérents à toute technique non contrôlée ou mal adaptée. Par la gradation dont ils sont l’objet (certains principes sont repris au cours d’exercices différents, dispersés dans l’ensemble), nous avons voulu instaurer une échelle de progression qui permette la nécessaire préparation de chacun pour des travaux de nature plus élevée1. Il doit alors être clair que, dans un premier temps, leur étude et mise en pratique doit impérativement se faire dans l’ordre où ils sont donnés et classés ; chaque exercice doit avoir été correctement assimilé avant de passer au suivant2. Ce n’est qu’à ce prix que l’on profitera au maximum de leur valeur, et surtout qu’on évitera tout risque ou accident, leur mise en pratique étant une condition indispensable à cet éveil (progressif et prudent) auquel tout candidat à l’initiation aspire. De fait, toute initiation Ŕ et c’est là le but Ŕ rend indispensable une bonne préparation de l’individu. Citons ici la mise en garde suivante, extraite de La Kabbale pratique de Robert Ambelain3 :

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« […] lorsqu’une initiation très puissante, ou pour laquelle nous avions une affinité « particulière, éveille en nous le centre de Tiphereth, ou de Kether […], nous sommes « ensuite soumis à une période plus ou moins longue de tentations et d’épreuves « morales de toutes sortes. […]. C’est que Ruach Elohim a été imprudemment éveillé et « qu’il a, à son tour, accéléré de façon anormale le “rayonnement” d’une des dernières « Sephiroth inférieures : Iesod… (Op. cit, Bussières, Paris, 1992, p. 207) » 1

Cf. liste donnée infra : pages 6 et 7. Si toutefois l’un d’eux s’avérait sans résultat notable au bout d’un mois de pratique régulière (délai moyen Ŕ sauf cas particuliers Ŕ entre deux exercices consécutifs), l’on passera alors au suivant (pour autant qu’il soit sans lien direct avec l’exercice en question) afin de ne pas trop retarder son rythme de travail ; il conviendra cependant de persévérer dans la pratique de l’exercice incriminé. 3 Nous citerons plusieurs fois cet auteur en ce livret ; ce n’est pas sans raison. Expliquons ici. Pour Robert Ambelain, la doctrine des Rose-Croix est essentiellement celle qui, en plein XVIIIe siècle, a permis l’éclosion du Martinisme (au sens historique du vocable) ; d’où le renvoi fréquent, au sein du « Martinisme Ambelain », à trois de ses ouvrages de base : 2

L’Alchimie Spirituelle, La diffusion scientifique, Paris. Sacramentaire du Rose+Croix, La diffusion scientifique, Paris. La Kabbale pratique, Bussière, Paris. C’est qu’ils véhiculent en effet certains aspects des traditions auxquelles ce Martinisme (qui a sa pertinence, nonobstant les mélanges Ŕ mais un tri salutaire peut être fait) peut être rattaché. De fait, on retrouvera dans les deux premiers l’origine d’une partie du fonds rosicrucien utilisé par Robert Ambelain ; quant au troisième, on y trouvera la base de toute l’approche pratique de la cabale telle qu’elle y est partiellement intégrée en nombre de ses rituels (que l’on considère, par exemple, le corpus propre à l’Ordre Martiniste Initiatique). Par ailleurs, le fait est à noter, lorsqu’il s’est agi de mettre sur pieds le Grand Prieuré Martiniste, regroupant des frères et sœurs de l’Ordre des Chevaliers Bienfaisants de la Cité Sainte intéressés à une mise en pratique de la théurgie martinésienne (alors « rectifiée »), Robert Ambelain destina justement son ouvrage L’Alchimie Spirituelle au travail des initiés en question.

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D’où, encore une fois, la nécessité d’une préparation adéquate de quiconque prétend à l’initiation ; quelque forme qu’elle emprunte. Insistons alors sur un point : on ne doit en aucun cas s’efforcer d’obtenir à tout prix des résultats, ni consacrer plus de temps que de raison à la pratique de chaque exercice ; il faut laisser les choses se faire, laisser le temps aux effets d’apparaître au rythme qui nous est Ŕ à chacun Ŕ propre, et aux techniques abordées de s’intégrer progressivement à notre être. Sur ce point, le même auteur de mettre en garde : « Bien souvent, impatient d’avoir enfin une “expérience” personnelle, l’explosion d’un « sentiment violent nous donne une illusion particulièrement nuisible. Un phénomène « quelconque se produit, ressemblant à s’y méprendre à une réalisation spirituelle. « En effet, tant que la purification de l’affectivité n’est pas achevée […], un danger est « toujours à craindre lorsqu’une élévation de conscience se produit prématurément. « […]. Dès lors, notre nature, qui conserve encore ses impuretés 4, s’enlise dans ses « impulsions animales, et ses “souvenirs” biologiques… (Ibid., p. 206-207) » Si nombre de nos exercices permettent l’expérimentation de certains principes5, et peuvent ainsi n’être mis en œuvre qu’occasionnellement, d’autres, davantage « techniques d’éveil », sont destinés à un usage régulier ; plus : certains constituent en fait de véritables rituels à but bien spécifique. Quoiqu’il en soit, leur rôle général est d’amener progressivement le « cheminant » à l’illumination, but ultime de toute initiation véritable. Toujours du même auteur, méditons alors les lignes suivantes, extraites de L’Alchimie Spirituelle : « Les Maîtres mystérieux qui suscitèrent d’abord Martinez de Pascuallis, lui confièrent « les clés de la régénération universelle […]. Par la suite, ils suscitèrent L. C. de Saint« Martin, son disciple le plus immédiat, et lui confièrent les clés de la réconciliation « individuelle. Mais il est bien évident qu’il est inutile de s’attaquer au problème de la « régénération de l’Univers et de ses composants, si l’on ne mène pas une action « semblable et parallèle en nous-mêmes ! (Op. cit., La diffusion scientifique, Paris, « 1985, La Réintégration universelle, p. 128) » Pour autant, s’il est vrai que les exercices (quel que soit le système Ŕ valable Ŕ dont ils forment la praxis) ont une grande part dans l’éveil des facultés de l’être, il n’en demeure pas moins vrai que l’on se tromperait si l’on s’avisait de n’œuvrer que dans le physique, négligeant le spirituel. Sur ce point, quant au « physique » justement, écoutons le conseil avisé de Louis-Claude de Saint-Martin, évoquant le « vice de la science hermetique » (sic) : « Le but [que les philosophes hermetiques] poursuivent est celui qui reveille tous les « etres ; c’est celui du bonheur […]. Il seroit à souhaiter que leur marche fut aussi sure « et aussi sensée que leurs desirs sont pressants ; mais malheureusement […] en se « fixant continuellement sur le phisique, ils ferment la porte à l’intelligence. (Suite « d’instructions sur un autre plan, in Présence de Louis-Claude de Saint-Martin, Actes « du colloque à l’Université de Tours, Société Ligérienne de Philosophie, L’Autre Rive, « Tours, 1986, p. 110) »

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Entendons ce terme au sens alchimique, ou métallurgique. A ce sujet, rappelons que la plupart d’entre eux peuvent être l’objet d’une étude (et d’une mise en pratique) collective, au sein d’un temple, afin de confronter les diverses expériences. En un tel cas, si besoin est, l’officiant adaptera en conséquence. 5

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C’est donc, certes, un outil de développement qui est confié ici aux hommes de désir Ŕ selon l’heureuse expression6 ; mais cet outil (qui est un parmi tant d’autres) ne doit être considéré que comme tel ! Qu’il soit donc mis en œuvre, comme et autant qu’il faudra, afin qu’il conduise au but recherché ; et qu’alors, comme tout bâton d’appui qu’infirmes momentanés nous utilisons, il soit ensuite laissé de côté, pour ne plus nous consacrer qu’au seul essentiel… 

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C’est assez dire ici combien le présent recueil peut bien être communiqué, pour étude et expérimentation, à d’autres « cherchants » que les seuls membres du groupe où ils ont été mis en forme (et à qui ils étaient primitivement destinés). Au reste, rappelons-le, les sources des exercices ici présentés sont variées, et ne sont certes pas spécifiques des diverses voies martinistes existantes.

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SOMMAIRE DES EXERCICES 7

Avertissement. Comme il en est de l’approche de tous nos documents de travail et d’instruction en général, une bonne compréhension des exercices présentés en ce livret requiert un minimum de connaissances générales. De fait, il sera souvent nécessaire de faire appel (au moins pour une vision critique saine et juste) à des notions de base ressortissant à l’Homme (biologie, physiologie, psychologie, etc. : c’est là l’étude du Livre de l’Homme) et à l’Univers qu’il habite (astronomie, sciences physiques en général : c’est cette fois l’étude du Livre de la Nature). On se reportera alors à tout ouvrage suffisamment complet, tout en étant adapté aux besoins du moment.

Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice

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Rétrospective du soir Eveil du subconscient Développement de l’énergie de la pensée (1) Entraînement à la concentration Concentration matinale Développement de l’énergie de la pensée (2) Contrôle de la pression artérielle Développement de la vision psychique (1) Entraînement à la visualisation Perception de l’aura (1) Projection de la pensée Utilisation séparée des sens physiques Pouvoir de la concentration Concentration et création mentale Conscience intérieure et conscience extérieure Expérimentation du subconscient Exercice énergétique (1) Exercice énergétique (2) Dédoublement temporaire des corps subtils Exercice énergétique (3) Préparation à la projection psychique Projection psychique (1) Matérialisation de l’aura par condensation Projection psychique (2) Développement de l’aptitude à la télépathie Perception de l’aura (2) Pratique de la vibroturgie Pratique de la psychokinésie Utilisation de l’énergie psychokinétique (1) Développement de la vision psychique (2) Utilisation de l’énergie psychokinétique (2) Utilisation de l’énergie psychokinétique (3) Utilisation de l’énergie psychokinétique (4)

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Certains titres sont d’ordre très général (voire vagues), compte tenu, quelquefois, de l’impossibilité d’une désignation suffisamment courte qui soit explicite. On ne s’attachera donc pas outre mesure à ceux-là.

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Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice Exercice

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Utilisation de la mémoire du subconscient Purification du subconscient Pratique de la méditation Réalisation du vide dans le mental Isolement par la technique des trois cercles Utilisation de l’assomption Assistance spirituelle Réalisation de l’isolement intérieur Projection psychique (3) Renforcement de la vitalité du péricarde Développement du « troisième œil » Stimulation du « troisième œil » Stimulation du centre psychique associé au nez Stimulation de l’ouïe psychique Projection psychique (4) Développement du centre psychique de la thyroïde (1) Développement du centre psychique de la thyroïde (2) Développement du centre psychique de la thyroïde (3) Développement du centre psychique du péricarde (1) Développement du centre psychique du péricarde (2) Expérimentation des propriétés de l’aura humaine Renforcement du magnétisme de l’aura Augmentation de la sensibilité de l’aura Réalité de l’être intérieur Développement des fonctions de la glande pinéale Développement des glandes pinéale et pituitaire Pouvoir créateur de la pensée Régénération du corps physique Préparation à l’action psychique lors du sommeil Perception de la « corde d’argent » Développement et harmonisation spirituels Purification des sens physiques Purification des sens internes Purification des sens psychiques Expérimentation de l’axe feu central Méditation sur les dix sefirot Rituel Lumen de lùmine

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PRATIQUE

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EXERCICE 1

Le but principal de ce premier exercice est la purification de l’être, et l’accès de celui-ci au plan de la conscience universelle qui est celui de l’âme. Remarque. Cet exercice ne peut être l’objet d’une pratique collective8.

1. Le soir, au moment de vous endormir, étant couché et relaxé au maximum, efforcez-vous de passer en revue tous les événements de la journée, en commençant par la fin, du soir remontant ainsi jusqu’au matin. 2. Essayez alors de reproduire mentalement chaque situation de la journée, avec le plus d’exactitude et d’objectivité possible. Tel un observateur neutre et impartial, revoyez-vous vivre, agir, parler et penser ; faites ainsi votre propre examen de conscience : « Ai-je vécu, agi, parlé et pensé comme j’aurais dû le faire ? » Dans cet exercice, nous faisons appel à une technique que Pythagore recommandait à ses disciples. Une telle pratique présente un double avantage : d’une part, elle nous oblige à faire appel à notre mémoire et, par conséquent, à l’entretenir ; d’autre part, elle nous conduit à établir le bilan de notre comportement quotidien et à évaluer ce que nous aurions dû faire ou ne pas faire, dire ou ne pas dire, penser ou ne pas penser, pour que notre attitude soit irréprochable, tant vis-à-vis d’autrui que vis-à-vis de nous-mêmes. En tant que pratique quotidienne, cet exercice de rétrospective permet de purifier le corps vital9. Il est indispensable, si l’on prétend à son efficacité pleine, qu’il soit réalisé avec persévérance. Son but est le développement progressif de la phase supérieure de notre corps vital, laquelle phase sert à la construction du corps de gloire nécessaire à la libération de l’âme. Dans cette véritable analyse, ressortissant à l’anamnèse autant qu’à la catharsis mentale, il ne doit pas être question de culpabiliser sur nos erreurs, fautes ou manquements divers ; il nous faut demeurer le plus « extérieur » possible Ŕ simple observateur Ŕ, constatant seulement ces manquements afin de les éviter par la suite. Après plusieurs années de pratique, il nous deviendra possible de prendre conscience de l’existence de notre propre « observateur intérieur », qui nous indiquera alors d’une façon de plus en plus perceptible et, à la longue, en « temps réel », les erreurs commises cependant que nous agirons. L’impact de cet exercice est considérable attendu que sa pratique régulière contribue à accélérer le processus de régénération du corps physique durant la nuit.

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Nous indiquerons de la sorte les exercices dont la mise en œuvre ne saurait être qu’individuelle ; ils ne sauraient donc être l’objet d’une expérimentation collective. 9 Encore dénommé « corps éthérique » chez certains auteurs.

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EXERCICE 2 10

Son but est l’éveil du subconscient11. Il permet d’éveiller en l’individu le sentiment de son unité avec la conscience universelle et divine.

1. Asseyez-vous confortablement, dans une attitude de parfaite relaxation, les pieds légèrement écartés et reposant bien à plat au sol, le buste bien droit, la paume des mains reposant ouverte sur les cuisses près des genoux ; aucune gêne, ni extérieure ni intérieure, ne doit entraver votre détente12. Fermez les yeux. 2. Concentrez votre conscience sur vos talons, puis, dirigez-la progressivement vers la plante des pieds, puis les doigts de pieds. Essayez de sentir l’existence de chacune de ces parties de votre corps et concentrez-vous sur elles comme si chacun de vos pieds était la seule partie vivante et active en vous. Demeurez ainsi pendant 1 à 2 minutes. 3. Concentrez ensuite votre attention sur vos chevilles ; d’abord l’une, puis l’autre, jusqu’à ce que vous ressentiez les os et la chair qui les recouvre. 4. Remontez en conscience vers les mollets, y ressentant la présence des os et des chairs, la pulsation des vaisseaux sanguins. 5. Continuez ainsi jusqu’aux genoux, jusqu’à y ressentir les os et la chair qui les recouvre. 6. Continuez jusqu’au bassin, puis la ceinture, y ressentant la pression des vêtements, la présence des os et des chairs, des organes sexuels. 7. Gagnez en pensée l’abdomen et ressentez-y toute la vie des organes qu’il contient.

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Lorsqu’un exercice (comme celui-ci) est mis en œuvre de manière collective (ou présenté, à titre expérimental, à l’occasion d’une réunion de travail collectif), outre qu’il aura préalablement procédé aux préparatifs éventuels, l’officiant (l’instructeur) procédera à la lecture des commentaires qui lui sont associés (cf. fin d’exercice) ; selon le cas, cette lecture pourra être faite après (voire après un éventuel échange d’impressions et commentaires) ou avant l’exercice. On notera au passage que ces commentaires ne sauraient être considérés autrement qu’en tant que base et support de discussion (au reste, certains d’entre eux seront réduits au strict nécessaire). 11 Sur ce terme : cf. note en fin du présent exercice. 12 Cette position sera généralement celle recommandée dans nombre de nos exercices ; le cas échéant, à défaut d’indications précises, telle autre position qui conviendrait mieux à chacun peut être essayée.

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8. Venez-en lentement à la poitrine, y ressentant les mouvements du cœur, avec le sang qui y circule et des poumons, avec l’air qui s’y engouffre et en sort. Prenez alors pleinement conscience de votre respiration. 9. Portez maintenant votre conscience sur vos mains : l’extrémité de vos doigts, la paume et le dos de la main. Essayez de sentir l’existence de chacune de ces parties et concentrez-vous sur elles comme si chacune de vos mains était la seule partie vivante et active en vous. Demeurez ainsi pendant 1 à 2 minutes. 10. Concentrez maintenant votre attention sur vos poignets ; d’abord l’un puis l’autre, jusqu’à ce que vous y ressentiez les os et la chair qui les recouvre. 11. Remontez en conscience vers les avant-bras, puis les coudes, puis les bras, puis les épaules, y ressentant les os et les chairs qui les recouvrent, le sang qui y circule. 12. Venez-en maintenant lentement à la partie inférieure de votre visage, jusqu’à y ressentir les dents et les gencives. 13. Gagnez en conscience vos oreilles, puis vos yeux et atteignez lentement votre front, puis le sommet de la tête ; efforcez-vous d’y ressentir votre cuir chevelu, le sang qui y circule, vos cheveux. 14. Portez alors votre attention sur l’encéphale, particulièrement votre cerveau, logé dans votre crâne. Demeurez ainsi pendant 1 à 2 minutes. Dans cet exercice, il est indispensable d’accorder une à deux minutes de concentration à chaque partie du corps. Il est important de commencer par les extrémités inférieures du corps, de concentrer et d’éveiller graduellement la conscience dans les diverses parties concernées, l’une après l’autre, en remontant vers la tête. L’activité du sang et son action dans ces zones y seront renforcées. Un tel processus oblige les consciences physique et psychique à se développer dans toutes les parties de l’organisme (entendons : à s’y trouver davantage active) ; il participe à l’éveil des centres nerveux et psychiques. Il doit être réalisé le soir de préférence, au moment du coucher. Après avoir effectué cet exercice plusieurs fois pendant trois ou quatre jours, il doit être renouvelé en accompagnant chaque étape d’une inspiration nasale profonde, suivie d’une rétention d’air pendant environ trente secondes (si l’on se sent capable de le faire Ŕ sinon, autant qu’on le pourra), puis d’une lente et profonde expiration nasale. La pratique de ce type de respiration (prendre garde si l’on est susceptible de troubles cardio-vasculaires ou respiratoires) accroît la vitalité et donne une énergie supplémentaire qui active la nature psychique des parties du corps sur lesquelles porte notre concentration.

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Note sur le terme « subconscient ». Il nous semble plus que pertinent, avec René Guénon, de mettre en garde contre certaine confusion Ŕ assez répandue Ŕ entre les notions de subconscient et de superconscient (terme qu’il utilise pour désigner la supraconscience). Citons un passage de son article Tradition et « inconscient », publié dans la revue Etudes Traditionnelles de juillet-août 1949 : « […] Jung, pour expliquer ce dont les facteurs purement individuels ne paraissaient pas « pouvoir rendre compte, se trouva amené à formuler l’hypothèse d’un soi-disant « “inconscient collectif”, existant d’une certaine façon dans ou sous le psychisme de « tous les individus humains, et auquel il crut pouvoir rapporter à la fois et « indistinctement l’origine des symboles […]. Il va de soi que ce terme d’“inconscient” « est tout à fait impropre, et que ce qu’il sert à désigner, dans la mesure où il peut avoir « quelque réalité, relève de ce que les psychologues appellent plus habituellement le « “subconscient”, c’est-à-dire l’ensemble des prolongements inférieurs [c’est nous qui « soulignons] de la conscience. […] tout ce qui est d’ordre traditionnel, et notamment le « symbolisme, ne peut être rapporté qu’au “superconscient”, c’est-à-dire à ce par quoi « s’établit une communication avec le supra-humain [là encore, c’est nous qui « soulignons], tandis que le “subconscient” tend au contraire vers l’infra-humain… « (Article repris in Symboles de la Science sacrée, Gallimard, Paris, 1992, p. 44) »

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EXERCICE 3

Son but est le développement de l’énergie liée à la pensée, l’accroissement de son potentiel. Préparatifs. La pièce sera dans l’obscurité et aura un pan de mur (environ un mètre carré) recouvert d’un tissu noir et mat devant lequel, à une distance de trente à quarante centimètres, une bougie sera allumée13. S’installer alors à environ deux mètres de la bougie, sa flamme étant à hauteur des yeux.

1. Asseyez-vous confortablement, les pieds bien à plat sur le sol et légèrement écartés, le buste bien droit, la paume des mains reposant ouverte sur les genoux. Détendez-vous bien. 2. Fixez fermement le regard en un point situé juste au-dessus de la flamme et concentrez-vous ainsi pendant 3 à 4 minutes, jusqu’à distinguer un halo plus ou moins lumineux et coloré autour de la flamme. 3. Concentrez votre regard sur la flamme jusqu’à voir s’élargir graduellement le diamètre du halo et jusqu’à distinguer des rayons lumineux qui s’étendent tout autour et vous atteignent. 4. Efforcez-vous de modifier la teinte de l’aura de la bougie, lui donnant une couleur unique et bien définie. A cette fin, sans quitter la flamme du regard, dites mentalement, 7 fois de suite : « (Nommer ici la couleur retenue :) ……. » 5. Continuez de fixer la flamme du regard, cependant que vous gardez à l’esprit la couleur choisie, jusqu’à percevoir un changement de teinte dans l’aura de la bougie, qui deviendra de la nuance désirée. Cet exercice met en évidence le pouvoir lié aux vibrations de la pensée ; il permet également de parfaire le développement de ce pouvoir. Il peut être amélioré en disposant un récipient d’eau fraîche à proximité de la bougie, l’eau ayant un effet bienfaisant sur les facultés psychiques de l’homme. Le processus décrit ici peut être reconduit pour d’autres couleurs, pures et uniques. Si, au cours de l’exercice, l’aura de la bougie observée reste composée de plusieurs teintes ou nuances, cela indiquera que la concentration n’est pas suffisante et que la pensée est dispersée. 13

Dans le cas où un exercice est effectué en oratoire, chaque fois que l’éclairage est réduit à une seule bougie (ou qu’une bougie est, comme ici, nécessaire), on prendra soin de ne pas utiliser les luminaires rituels mais une simple bougie d’appoint.

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EXERCICE 4

Son but est d’entraîner chacun à l’art de la concentration, grâce auquel de grandes réalisations sont possibles.

Note préliminaire. Les règles en ce domaine peuvent se réduire à quatre lois ou impératifs :

1° Le but : sur quoi se concentrer, dans quel but précis ? 2° Le motif : se concentrer pour quoi faire, pour obtenir la réalisation de quoi ; le motif n’est-il pas égoïste ou négatif d’une certaine façon ? 3° Le mérite : peut-on (et puis-je ?) obtenir la réalisation de ce qui est souhaité ? Cela est-il possible et cela peut-il être accordé ? 4° L’harmonisation : les points précédents étant résolus, il s’agit maintenant d’entrer en relation harmonique avec l’Intelligence divine, par le biais de laquelle la réalisation du but choisi sera obtenue. Préparatifs. Préparer la pièce comme dans l’exercice 3 étudié précédemment.

1. Asseyez-vous confortablement, dans le calme, les pieds bien à plat sur le sol et légèrement écartés, le buste bien droit et la paume des mains reposant ouverte sur les genoux, le regard fixé sur la flamme de la bougie. Détendez-vous bien. 2. Choisissez un but précis pour votre concentration et efforcezvous de sentir s’il est bien fondé et si sa réalisation est légitime. 3. Efforcez-vous de former une image mentale de ce que vous voulez obtenir par le moyen de la concentration ; visualisez ainsi le plus clairement et le plus précisément possible ce que vous avez retenu comme votre but. L’image mentale obtenue doit être le plus vivant possible, avec le maximum de réalisme et de perceptions liées à la scène qui doit alors se dérouler dans votre conscience objective. 4. Fermez les yeux et cessez maintenant de penser à ce but ; faites en sorte que votre conscience objective abandonne l’image mentale ainsi créée à votre subconscient et, par lui, à la conscience divine qui seule peut tout.

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Concernant la phase d’harmonisation (point 4), phase effective dans l’art de la concentration, la clé dont il faut se souvenir réside dans cette recommandation : cessez toute pensée objective. De fait, tout processus d’analyse interfère et doit être arrêté avant de pouvoir obtenir une harmonisation parfaite ; il faut alors cesser de percevoir où l’on est, qui on est et même : que l’on est. Seul le but doit ainsi occuper primitivement notre pensée, avant, secondairement, d’être lui aussi oublié. A terme, il est possible de se concentrer sans l’utilisation d’un support visuel.

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EXERCICE 5

Son but, comme l’exercice précédent, est de nous entraîner à l’art de la concentration. De plus, comme pratique quotidienne associée à l’exercice dit « de rétrospective »14, il permet également la purification de notre aura. Remarque. Cet exercice ne peut être l’objet d’une pratique collective. Préparatifs. Il est recommandé d’avoir à portée de mains un petit carnet personnel, avec de quoi écrire15.

1. Le matin, dès le réveil et toujours au lit, alors que vous n’êtes pas encore en état de grande vigilance, relaxez totalement votre corps, l’amenant ainsi presque au même niveau d’inertie que pendant le sommeil. 2. Choisissez alors une pensée de nature élevée (telle idée, telle image, telle citation d’un texte qui vous inspirera et qui élèvera l’âme) et efforcezvous de vous absorber totalement dans celle-ci, en faisant abstraction de toute autre pensée parasite. 3. Maintenez le plus longtemps possible, jusqu’à près de 5 minutes, votre mental concentré sur cette pensée. 4. Au bout de 5 minutes environ, vous pouvez essayer de faire le vide en vous, vous efforçant de ne penser à rien, attendant simplement, calme, détendu et passif, jusqu’à percevoir des images qui se présenteront spontanément à votre esprit. Prenez alors immédiatement note de ces images. Cet exercice de concentration doit se faire chaque matin. Il contribue à faire en sorte que des intuitions, des visions, viennent à nous à n’importe quel moment de la journée. Autant que faire se peut, il est important pour notre développement spirituel que de telles intuitions, visions ou images perçues soient transcrites le plus fidèlement possible. S’il est effectivement pratiqué régulièrement et si nous nous concentrons avec constance, nous constaterons que, même si nous ne percevons objectivement rien dans les premiers temps, notre pouvoir de pensée augmentera.

14 15

Cf. exercice 1. Un tel carnet personnel aura d’ailleurs son importance en de nombreuses occasions.

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EXERCICE 6

Son but est autant de démontrer l’existence d’une certaine force associée à la « pensée dirigée », que de permettre le développement de cette force. Remarque. On se reportera préalablement à l’exercice 3, qui traite du pouvoir de la pensée. Préparatifs. Une table16 est nécessaire sur laquelle est placée une coupe d’eau pure et fraîche dans laquelle on aura fait tomber, dispersées sur toute la surface du liquide, des gouttes d’huile (elles auront tendance à se rejoindre naturellement, mais cela ne gêne en rien). Le récipient devra être suffisamment petit pour pouvoir être entouré par nos mains, un espace d’environ un centimètre subsistant alors entre l’extrémité de nos doigts, ceux-ci étant très près du récipient sans le toucher.

1. Asseyez-vous confortablement à la table, face à la coupe d’eau et d’huile, les pieds reposant bien à plat sur le sol, légèrement écartés, le buste bien droit. Détendez-vous bien. 2. Placez les mains de chaque côté de la coupe d’eau, de sorte que le pouce et les autres doigts forment de part et d’autre un demicercle, à environ 2 centimètres du bord du récipient. 3. Concentrez-vous alors sur les gouttes d’huile et efforcez-vous de les faire se placer selon une forme géométrique déterminée. Le point important de cet exercice consiste à se concentrer sur les gouttes d’huile17 afin d’en contrôler les mouvements.

16 17

Ce peut être celle de votre propre oratoire. Il en sera de même à chaque fois qu’on en aura besoin. Ou encore, tout autre élément flottant sur l’eau et dont on chercherait à contrôler le déplacement : petit morceau de papier, de bois,

etc.

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EXERCICE 7

Son but est de régulariser la pression artérielle, la ramenant à une valeur normale pour chacun de nous. Remarque. Cet exercice doit être réalisé avec prudence. Il ne peut être l’objet d’une pratique collective. Préparatifs. Un verre d’eau fraîche sera nécessaire.

1. Buvez un verre d’eau fraîche et asseyez-vous confortablement, les pieds légèrement écartés reposant bien à plat sur le sol, le buste bien droit, la paume des mains reposant ouverte sur les genoux. 2. Fermez les yeux et détendez-vous parfaitement, tout en concentrant votre pensée sur votre cœur, avec la volonté qu’il batte plus lentement18 pendant quelques minutes. Efforcez-vous alors de vouloir que votre pression artérielle baisse19. 3. Après environ 5 minutes pendant lesquelles votre pensée a été ainsi concentrée sur le but fixé, demeurez calme et détendu, essayant de ressentir une sensation de légèreté, un certain bienêtre. 4. Faites alors une inspiration aussi profonde que possible par le nez, la bouche fermée et retenez l’air pendant quelques secondes, autant que faire se peut, avant d’expirer lentement et en une seule fois, toujours par le nez. L’un des facteurs les plus importants pour la régénération et le maintien de la santé, est celui de la régulation de la circulation sanguine. En ce sens, l’hypertension artérielle 20 est un état qui provoque à long terme un effondrement lent mais général de la santé. Le renouvellement d’air, accompli en fin d’exercice (point 4), a un effet apaisant supplémentaire sur la pression sanguine et donc, sur la régularisation de la tension artérielle. Il importe, en relation avec le présent exercice, de bien comprendre que notre état de santé générale a une certaine influence sur l’élévation de notre propre conscience à un degré supérieur d’harmonisation avec la conscience divine. 18

En cas d’hypertension constatée (HTA) ; sinon, en cas d’hypotension : plus rapidement. Avec prudence de toute façon. Qu’elle diminue, s’il s’agit de remédier à une hypertension passagère (cf. note précédente). 20 C’est avant tout à cette fin, très pratique, que le présent exercice est destiné ; outre qu’il permet d’apprendre à contrôler notre fonction circulatoire. 19

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EXERCICE 8

Son but est le développement de la vision psychique.

Préparatifs. Un miroir suffisamment grand au centre duquel est collé une pastille de couleur blanche, d’environ un centimètre de diamètre, ainsi qu’une bougie allumée, placée près du miroir, sont nécessaires. La bougie constituera le seul éclairage de la pièce.

1. Asseyez-vous confortablement à environ 1 m 50 du miroir, les pieds bien à plat sur le sol et légèrement écartés, le buste bien droit et la paume des mains reposant ouverte sur les genoux, le regard étant juste à hauteur de la pastille sur le miroir. Détendezvous bien. 2. Concentrez votre regard sur la pastille pendant au moins 5 minutes, jusqu’à ce qu’elle semble disparaître ou changer d’aspect, ou que vous aperceviez d’autres choses dans sa proximité. Ce faisant, efforcez-vous de ne pas ciller des yeux. 3. Demeurez alors calme et détendu pendant quelques minutes, le regard toujours fixé sur le miroir où la pastille aura semblé avoir disparu. Par la suite, vous pourrez fermer les yeux et rester ainsi quelques instants. Avec cet exercice, il s’agit d’apprendre à voir au-delà de la vision commune et d’observer au-delà du champ normal de la vue ; pour cela, il faut se dégager de la manière courante de regarder. Pour développer notre aptitude à saisir les choses qui se cachent derrière tout ce que nous voyons, nous devons apprendre à percevoir les éléments qui composent l’objet de notre observation et pas seulement cet objet lui-même. Telle est la manière de voir qu’il nous faut développer ; il nous faut en effet apprendre à percevoir les forces psychiques qui sont à l’origine de tout ce qui est. Une telle aptitude s’obtient par la pratique, par l’étude et par l’observation ; aussi est-il recommandé d’effectuer le plus souvent possible le présent exercice. Sa mise en pratique doit provoquer ce que l’on connaît sous le nom de « fatigue oculaire ». Au bout d’un certain moment, cette fatigue de l’œil fait qu’il ne voit plus l’objet observé21, ou qu’il devient insensible à l’impression visuelle qui en résulte. C’est là un phénomène physiologique connu, mais ce n’est pas lui qui explique la vision d’autres éléments qui peuvent survenir lorsque l’objet initial disparaît à la vue ; en fait, la fatigue oculaire n’est que le processus qui aide à passer dans le domaine de la « vue psychique », l’œil intérieur s’ouvrant alors avec acuité… C’est là un processus comparable à ce qui se passe lorsque la conscience objective semble s’éteindre, laissant alors sa pleine expression à un état de « supraconscience ». 21

En fait, tout autre objet que la pastille blanche peut être utilisé ou essayé.

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EXERCICE 9

Son but est de nous familiariser avec la pratique de la visualisation de personnes qu’il faudrait assister sur le plan spirituel.

1. Asseyez-vous confortablement, les pieds légèrement écartés et bien à plat sur le sol, le buste bien droit, la paume des mains reposant ouverte sur les genoux, les yeux clos22. Détendez-vous bien. 2. Concentrez-vous mentalement sur la personne choisie23 pendant environ 5 à 10 minutes. Ce faisant, efforcez-vous d’en voir, sur l’écran de votre conscience, une image précise et vivante ; vous devez être capable de la distinguer clairement, douée de vie et d’action, reproduisant à l’aide de votre œil intérieur tous les traits caractéristiques de son visage notamment, jusqu’à ce que vous ayez l’impression d’être en sa présence réelle, la regardant de près avec vos propres yeux physiques. L’assistance ou l’aide spirituelle rend souvent nécessaire une grande maîtrise dans l’art de visualiser les personnes concernées. Le processus à suivre pour aider, soulager ou guérir les personnes physiquement absentes est en fait si simple dans son principe et dans sa pratique Ŕ lorsque l’on connaît et maîtrise les lois à mettre en œuvre Ŕ que l’on pourrait croire qu’il suffit de fermer les yeux, de tendre la main et de chuchoter quelque parole ou prière pour que le travail d’assistance spirituelle soit réalisé. En fait, ce ne sont pas vraiment les gestes ou les paroles qui peuvent agir, mais c’est l’attitude mentale de celui qui les accomplit (en ce domaine, plus ou moins rapidement, les gestes et les paroles peuvent devenir superflus…) ; en l’occurrence, paroles et attitudes sont l’expression extérieure, le reflet symbolique, de ce qui se passe intérieurement. Il est important de bien comprendre que pour employer une technique de soulagement ou de traitement à distance, la première étape consiste justement à visualiser clairement la personne qui doit en bénéficier. Or, visualiser clairement une personne (comme d’ailleurs tout objet de visualisation), c’est être capable de fermer les yeux n’importe où, à n’importe quel moment et de voir, sur l’écran symbolique de notre œil intérieur, une image vivante et réaliste de la personne concernée. Outre cet intérêt, cette technique de visualisation des personnes est également un préliminaire indispensable à la pratique de la télépathie.

22 23

On peut pratiquer cette visualisation dans toute autre position ou attitude confortable : allongé sur un lit par exemple. Il s’agira d’une personne que vous connaissez bien ; au moins, dans les premiers temps.

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EXERCICE 10

Son but consiste à affiner la perception visuelle en vue de distinguer l’aura d’une personne, d’un animal ou d’un objet.

Préparatifs. La pièce sera modérément éclairée par une seule bougie et on disposera un fond noir (tenture par exemple) sur lequel on procédera à l’observation.

1. Asseyez-vous confortablement face à un fond noir, les pieds légèrement écartés et bien à plat sur le sol, le buste bien droit, la paume des mains reposant ouverte sur les genoux. Détendez-vous bien. 2. Tenez l’une de vos mains devant le fond noir et observez-la fixement, sans ciller des yeux, le plus longtemps possible. 3. Examinez alors ses contours, le rayonnement perçu avec sa longueur et ses couleurs (ne pas se décourager si rien n’apparaît au début). 4. Mettant la main de profil, joignez alors progressivement le pouce et l’index tout en observant ce qui se produit au centre du cercle ainsi constitué. 5. Rapprochez maintenant l’autre main de la première, les amenant progressivement face à face, paumes dirigées l’une vers l’autre, en observant la combinaison et l’interpénétration de leur rayonnement avant qu’elles ne se touchent. Tous les corps émettent un rayonnement ; ceux qui connaissent les techniques de la radiesthésie savent qu’il est possible de mettre en évidence ce rayonnement et d’en mesurer l’intensité. Tel est l’objet de cet exercice, de mettre en évidence ce rayonnement propre à notre corps. Un premier entraînement préliminaire à cet exercice, permettant de tester le niveau de perception d’un sujet, consiste à faire tracer par celui-ci, sur un feuille blanche, les limites, telles qu’il les voit, d’un spectre lumineux obtenu à partir de la décomposition de la lumière blanche par un prisme. Un second entraînement préliminaire, permettant d’obtenir progressivement une bonne vision de la bordure « éthérique »24 des sujets ou objets observés, consiste à s’appliquer à fixer de plus en plus longtemps une personne ou un objet sans ciller des yeux.

24

Afin de ne pas égarer le lecteur, nous conserverons ce néologisme (relatif à l’éther des Anciens), entériné par l’usage.

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Pour voir au-delà de la perception classique, il faut faire preuve de dispositions particulières et ainsi pratiquer très régulièrement quelques exercices simples, tel celui présenté ci-dessus avec les entraînements préliminaires. La perception ainsi développée, affinée, permettra dans un premier temps de distinguer l’aura de bordure des corps animés ou non et l’aura propre au corps émotionnel25 des sujets animés. L’aura de bordure se caractérise par une bande extrêmement brillante, d’une largeur de trois à cinq centimètres, épousant les contours des corps. Chez l’homme, ce rayonnement est particulièrement en relation avec ce qui est souvent appelé corps éthérique. La perception de l’aura propre marque le second stade de la sensibilité clairvoyante. Elle permet de voir un halo s’étendant très au-delà de la bordure éthérique. Au sein de ce halo, une activité tourbillonnaire très intense peut être distinguée, parcourue par des éclairs de couleurs très variées. Siège du corps émotionnel, l’aura propre, est parcourue par des couleurs changeantes en rapport avec les émotions, mais aussi les pensées du sujet. Toutefois, tout corps émotionnel comporte une couleur dominante en rapport avec le plus ou moins grand avancement spirituel des individus. Notons que la perception de l’aura d’une personne est favorisée en milieu obscur sur fond noir, en disposant derrière la personne (entre le sujet et le fond) une bougie ou un éclairage de nuance violette ou bleutée. Si les circonstances ne le permettent pas, l’on pratique alors la vision soutenue, précédemment décrite (sans ciller), de la personne dont la silhouette se découpe sur un fond sombre. Notons également que les personnes disposant de grandes facultés de clairvoyance sont capables de percevoir également le rayonnement des autres corps, d’ordre mental et spirituel.

25

Parfois dénommée « corps astral ».

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EXERCICE 11

Son but est de familiariser chacun de nous avec la projection de « formes pensées » lors d’expériences de visualisation. Remarque. Cet exercice est le prolongement de l’exercice 9 ; on s’y reportera donc auparavant.

1. Asseyez-vous confortablement26, les pieds légèrement écartés et reposant bien à plat sur le sol, le buste bien droit, la paume des mains reposant ouverte sur les genoux. Fermez les yeux et détendez-vous bien. 2. Choisissez une personne que vous désirez contacter et le message que vous lui destinez. Appliquez alors toute votre attention de manière à rendre votre visualisation aussi distincte et vivante que possible et à rendre votre message suffisamment clair et concis. Efforcez-vous ainsi de former une image mentale d’une scène où vous vous adressez directement cette personne. 3. Après vous être ainsi concentré, faites une profonde inspiration et, tout en expirant lentement et complètement, continuez à visualiser la personne à contacter cependant que vous direz mentalement27 : « Que ce message soit projeté vers……. (nommer ici la personne concernée). C’est fait ! » 4. Cessez ensuite de penser au message et évitez de lui accorder votre attention. Dans le processus de visualisation, nous devons suivre certaines étapes et le faire en bon ordre. La visualisation a pour but de combiner des idées en une image mentale claire et ordonnée. Cela ne peut se faire que si l’on procède avec méthode et avec une bonne maîtrise du processus en cause ; autrement dit, tous les détails qui interviennent dans le tableau que nous visualisons doivent se compléter dans notre conscience et mettre en valeur l’ensemble. Le but de toute visualisation étant d’être projetée vers la conscience universelle et, éventuellement, par cette dernière, vers une personne bien précise, il est indispensable que celle-ci soit claire et précise, aussi bien dans le fond que dans la forme.

26

Revoir à ce sujet ce qui est dit au début de l’exercice 9. Ici, comme chaque fois en pareil cas, il doit être évident que la formulation donnée ne saurait être que d’ordre général, comme exemple ; on pourra donc adapter. 27

Pratiques – Livre I

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Pour chacune de nos visualisations, nous devons donc définir précisément son but et, tout en s’efforçant de la rendre simple, la construire progressivement dans les moindres détails, avec toute la vie que l’on peut y mettre. Nous devons ainsi fermer les yeux et incorporer lentement les détails que nous voulons voir figurer dans notre image mentale. Cela fait, il nous faut prendre le temps de contempler intérieurement le tout, pour voir si nous n’avons pas oublié ou négligé un détail, une nuance, une couleur, etc. Il est important de comprendre que si nous continuons à penser au message après son « envoi », nous empêchons sa projection et qu’ainsi nous coupons court au processus, réduisant, voire supprimant toute efficacité à ce dernier. Toutefois, remarquons qu’il est possible de renouveler (autant que nécessaire) les processus de visualisation et de projection, les faisant se succéder ; il faudra alors simplement laisser un délai raisonnable (variable et à déterminer par expérience personnelle) entre les divers essais. Par ailleurs, si nous voulons faire parvenir un message à quelqu’un, il convient, de préférence (et dans la mesure où cette liberté nous est laissée), de choisir un moment où nous savons que cette personne se trouve dans un état réceptif, par exemple lorsqu’elle est endormie ou au repos.

Pratiques – Livre I

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EXERCICE 12

Son but est de nous amener à utiliser séparément chacun de nos sens, en leur accordant toute notre attention et toute notre concentration. Remarque. Le présent exercice peut être effectué n’importe où et dans n’importe quelles conditions. Il devra être repris successivement, sur des semaines différentes ou des jours différents d’une même semaine, pour les autres sens physiques : l’ouïe, le toucher, le goût et l’odorat. Cet exercice ne peut être l’objet d’une pratique collective.

1. Au cours de la semaine à venir, choisissez une journée au cours de laquelle vous accorderez une attention particulière à ce que vous verrez28. 2. Efforcez-vous de voir les choses comme vous ne l’avez jamais fait : voyez-les, regardez-les, observez-les, contemplez-les dans le détail, avec le désir intense de percevoir l’énergie qui est à la base de leur forme, de leur couleur, en un mot : leur apparence. 3. Observez ce faisant combien, chaque jour, nous passons souvent à côté d’expériences qui tout en étant uniquement d’ordre objectif n’en sont pas moins très enrichissantes. En effectuant ce type d’exercice, nous pourrons constater que, d’une manière générale, nous avons pris l’habitude de ne retenir consciemment qu’une très faible fraction des vibrations pouvant être perçues par nos sens physiques. Notre corps et notre conscience constituent les deux aspects complémentaires d’une seule et même chose : la vie. L’un reçoit, assimile et reproduit la matière ; l’autre reçoit, assimile et reproduit les impressions mentales (ce terme s’entendant dans la plus large acception). La croissance de l’un apparaît dans sa structure matérielle et celle de l’autre dans son idéation immatérielle. Toute action qu’un stimulus produit sur la conscience y laisse son empreinte. Une modification partielle ou totale de cette action n’a lieu que lorsque se reproduit un stimulus semblable ; plus cette similitude est grande, plus le souvenir de ce stimulus est durable. Un point à ne pas oublier est que la mémoire semble retenir de façon imprécise toute impression vague et continue portant sur une même chose. Ceci est dû au fait qu’une telle impression engendre une monotonie ne présentant pas un intérêt suffisant pour être comprise ou rendue compréhensible par des associations ou des relations mentales précises et claires. Toutes les vibrations transmises au cerveau le sont par l’intermédiaire d’organes sensoriels et de nerfs sensitifs selon un rythme donné ; toutes les impressions qui vont à la conscience et en viennent obéissent également à un certain rythme. Lorsque le rythme que suivent certaines impressions devient uniforme ou monotone, la conscience finit par s’assoupir. 28

C’est ici la vue qui est prise en exemple.

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EXERCICE 13

Son but est de développer le pouvoir de concentration en vue d’une action efficace sur la matière inanimée. Préparatifs. Un récipient29 en verre incolore et transparent, contenant de l’eau à la surface de laquelle flotte un morceau de papier blanc d’environ deux centimètres de côté, est placé sur une table. Il sera disposé devant un miroir, une bougie allumée (seul éclairage de la pièce) placée derrière lui. Remarque. On se reportera préalablement à l’exercice 3, qui traite du pouvoir de la pensée.

1. Asseyez-vous confortablement à la table, face au récipient d’eau et au miroir, les pieds légèrement écartés posés bien à plat sur le sol, le buste bien droit, la paume des mains reposant ouverte sur les genoux. Détendez-vous bien. 2. Concentrez alors votre regard et votre pensée sur le récipient et le morceau de papier qui y flotte. 3. Tandis qu’il se trouve animé de mouvements, efforcez-vous d’observer, selon l’intensité de votre concentration, ce qui se produit au contact de l’eau et du morceau de papier ; remarquez l’apparition de diverses couleurs dans cette zone. 4. Essayez de changer ces couleurs en faisant appel au pouvoir créateur de votre pensée. 5. Intensifiez ensuite votre concentration, vous efforçant de produire à la surface de l’eau une légère agitation ; essayez alors de contrôler ce faible courant et de lui donner une direction précise. 6. Placez maintenant la main droite près de la paroi du récipient et, fixant toujours le papier du regard, faites en sorte qu’il se déplace en direction de votre main ; cessez alors l’expérience.

29

Il devra être suffisamment petit pour pouvoir être entouré par nos mains, placées autour, tout près sans le toucher, un espace d’environ un centimètre subsistant alors entre l’extrémité de nos doigts.

Pratiques – Livre I

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7. Après une pause d’environ trente secondes dans l’attitude initiale, renouvelez cette dernière étape (point 6) avec la main gauche. Cet exercice reprend certains principes abordés précédemment30. A ce point de notre progression toutefois, notre pouvoir de concentration doit être plus développé et le magnétisme émanant de nos mains doit également être plus actif.

30

Cf. exercices 4 et 5.

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EXERCICE 14

Son but est de prolonger le plus longtemps possible la rétention consciente des images persistantes en vue de développer le pouvoir de concentration et de création mentale. Remarque. On se reportera préalablement à l’exercice 3, qui traite du pouvoir de la pensée. Cet exercice ne peut être l’objet d’une pratique collective.

1. Dès que vous le pouvez, sortez et fixez quelques instants le soleil du regard (choisir un moment où son éclat est aisément soutenable sans risque pour la vue). 2. Détournez ensuite rapidement votre regard, le tournant vers un arrière-plan neutre. 3. Les yeux restant ouverts, observez alors la multitude de formes géométriques et colorées qui se présentent à votre conscience. 4. Essayez ensuite d’assembler ces images, par le pouvoir de la pensée, selon des formes simples bien déterminées. De nombreuses personnes, lorsqu’elles commencent à étudier les facultés psychiques de l’être, sont si désireuses d’obtenir des résultats extraordinaires qu’elles en viennent à interpréter des expériences purement physiologiques comme étant de nature psychique. Le moindre son inhabituel devient pour elles un signe et la moindre circonstance quelque peu insolite se transforme en un message qui leur est destiné. Il importe donc à l’étudiant de l’occulte de connaître suffisamment les lois et principes de base gouvernant aussi bien l’homme que la nature. Ainsi, en ce domaine, la bonne compréhension de ce que sont, en physiologie, les images persistantes contribue à minimiser les risques d’interprétation erronée. Dans le registre optique, il est effectivement facile de percevoir des couleurs ou des images n’ayant aucune contrepartie réelle hors de nous-mêmes sans pour autant qu’elles soient de nature psychique. De fait, les images persistantes ne sont qu’une récurrence immédiate de sensations visuelles qui persistent dans notre conscience après que le stimulus physique les ayant provoquées ait cessé. Ces images persistantes peuvent être obtenues (comme dans le présent exercice) en fixant intensément un objet lumineux ou très coloré et en détournant ensuite les yeux vers un arrièreplan neutre. L’image de l’objet réapparaît alors sur l’écran de notre conscience, bien que le stimulus originel ait cessé d’agir. Il existe en fait deux sortes d’images persistantes : les négatives et les positives. Les images persistantes négatives peuvent durer plusieurs dizaines de secondes et nous font apparaître l’objet que nous observions avec la même forme, mais souvent dans sa couleur complémentaire ; les images persistantes positives, elles, ne durent que quelques secondes et sont la reproduction exacte de l’objet initialement observé. Pratiques – Livre I

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Bien qu’elles soient souvent causées par des impressions visuelles extérieures, les images persistantes positives peuvent l’être aussi par une stimulation artificielle autre. Ainsi, une pression suffisamment forte exercée sur les paupières, yeux clos, peut produire de telles images ; de même une sensation de chaleur au niveau des paupières, dans les mêmes conditions. Une variante au présent exercice consiste à observer avec attention le visage d’une personne en présence de laquelle nous nous trouvons. Il convient alors, ayant cessé de regarder le visage, d’essayer de maintenir en nous une image persistante de celui-ci, nous efforçant de donner à ce « rappel » (cette récurrence) le plus de précision possible et de le garder aussi longtemps que nous le pourrons dans notre conscience. Notons que cet exercice, dans cette variante, n’a rien à voir avec celui qui consisterait à visualiser le visage d’une personne absente, à partir du seul souvenir que nous en avons. Il doit être uniquement fondé sur la rétention d’une image, juste après qu’elle ait été imprimée en nous.

Pratiques – Livre I

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EXERCICE 15

Son but est de nous permettre une prise de conscience plus complète de nous-mêmes et du monde qui nous entoure.

1. Asseyez-vous confortablement, les pieds légèrement écartés reposant bien à plat sur le sol, le buste bien droit et la paume des mains reposant ouverte sur les genoux. Fermez les yeux et détendez-vous bien, demeurant ainsi quelques minutes. 2. Dirigez maintenant votre attention sur le talon du pied droit. Faites alors en sorte que toute votre conscience et toutes vos perceptions soient concentrées dans cette partie de votre corps, au point d’être pleinement conscient de son contact avec le sol. Demeurez ainsi concentré sur votre talon pendant environ une minute. 3. Dirigez ensuite votre concentration sur votre épaule gauche, à l’endroit précis où votre bras est rattaché au corps. En vous concentrant sur cette partie de votre corps, vous devez prendre graduellement conscience des points de contact entre les vêtements que vous portez et votre peau. Vous devez même percevoir sur quelles parties de l’épaule ces vêtements ne touchent pas votre peau et sentir les espaces libres existant entre les deux, aussi réduits qu’ils soient. Concentrez ainsi votre attention sur cette partie du corps pendant environ une minute. 4. Poursuivez votre concentration en portant votre attention sur votre cœur. Les yeux toujours fermés et dans un état de parfaite détente, concentrez-vous sur la partie de votre corps où il se trouve, presque au milieu de la poitrine, derrière votre sternum, entre les deux poumons, sa pointe inférieure légèrement vers la gauche. 5. Prenez alors une profonde inspiration et retenez-la aussi longtemps que vous le pouvez sans inconvénient, vous efforçant de sentir le flux et le reflux du sang dans votre cœur, avec toute la force vitale que vous y avez concentrée. Demeurez ainsi concentré sur votre cœur pendant environ une minute.

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En concentrant successivement notre attention sur diverses parties de notre corps, nous pouvons percevoir nettement notre conscience dans chacune d’elles. La conscience est un attribut de l’âme ; du moins, elle dépend de cette dernière pour son existence, sa manifestation dans notre corps. De nombreux philosophes du passé ont tenté de localiser l’âme dans diverses parties de notre organisme ; pourtant, aucune partie précise de celui-ci ne semble la contenir et le corps tout entier paraît en être imprégné, comme l’air envahit le moindre recoin de la pièce où il pénètre. De même, comme attribut de l’âme, la conscience imprègne chaque partie de notre corps. Comme l’âme, qui ne reste pas circonscrite ou prisonnière de son enveloppe charnelle, notre conscience se répand aussi dans l’espace qui nous entoure, nous rendant ainsi capables d’interagir plus complètement avec le monde qui nous entoure. Le cerveau n’est ni la pensée ni la conscience et chaque partie de notre être est pensée et conscience ; par notre système nerveux autonome, notamment, chaque organe, chaque partie de notre corps physique est capable de transmettre ce qu’il expérimente ou ressent à notre mental, permettant ainsi que nous en prenions objectivement conscience. Nous devons alors bien comprendre que ce que nous percevons du monde alentour n’en n’est pas la réalité ultime, mais la façon dont il nous apparaît : son « actualité » pour utiliser cette image. C’est en fait notre propre prise de conscience des impressions ou des pensées qui nous viennent qui nous fait paraître ces perceptions Ŕ ces « fenêtres » ouvertes sur le monde Ŕ comme réelles, quand ce ne sont que « nos réalités du moment ». De fait, nos réalités dépendent de notre conception et de notre perception des choses et non pas de ce que ces choses sont, indépendamment de nous. Un des buts du présent exercice est de bien comprendre cela. Ainsi, tandis que nous nous concentrons sur une partie de notre corps (ou sur telle chose que nous faisons : comme lire ou écouter ces phrases), nous sommes comme absorbés en cette partie, comme « tout en elle » et, elle, « tout pour nous » ; nous ne pouvons ainsi être conscients de deux choses en même temps et notre perception du monde est constamment partiellement aveugle.

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EXERCICE 16

Son but est de nous mettre en résonance avec l’aspect le plus subtil de notre conscience.

1. Asseyez-vous confortablement, les pieds légèrement écartés reposant bien à plat sur le sol, le buste bien droit et la paume des mains reposant ouverte sur les genoux. Fermez les yeux et détendez-vous bien. 2. Concentrez-vous sur les sensations ou les impressions pouvant vous parvenir de l’espace environnant ; il peut s’agir de perceptions d’ordre visuel – projetées sur l’écran de votre œil intérieur –, auditives, olfactives, ou de toute autre sensation de nature très subtile ; perceptions que vous ne ressentiriez pas si vous n’étiez pas dans un état de conscience aussi réceptif. 3. Sentez alors l’atmosphère de la pièce se charger de nombreuses impressions. Demeurez ainsi pendant environ cinq minutes. D’une certaine façon, cet exercice est complémentaire du précédent en cela qu’ils développent l’un comme l’autre le pouvoir de concentration, selon des modalités proches. La phase la plus subtile de la conscience, avec laquelle il nous permet d’entrer en relation, est en fait celle qui imprègne tout l’espace environnant et la totalité de l’univers ; nous voulons parler de la conscience universelle et divine, à laquelle nous sommes tous rattachés et dont la nature est illimitée. En communiant avec la conscience universelle, nous pouvons remarquer progressivement que certaines vibrations très élevées ou subtiles se manifestent finalement à nous, vibrations qui ne peuvent être perçues à l’aide des cinq facultés sensorielles de la vue, de l’ouïe, de l’odorat, du goût et du toucher objectifs ou physiques.

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EXERCICE 17

Son but est d’accroître notre potentiel en énergie de type positif31. Préparatifs. Préalablement à cet exercice, on boira un verre d’eau fraîche et on se lavera puis séchera convenablement les mains. Remarque. Cet exercice ne peut être l’objet d’une pratique collective.

1. Mettez-vous debout devant une fenêtre ouverte (ou à l’air libre), jambes écartées, les bras tendus de part et d’autre du corps à l’horizontale32, les pieds bien à plat sur le sol et la paume des mains dirigée vers le ciel. 2. Tout en demeurant dans cette attitude, inspirez profondément par le nez et bloquez aussi longtemps que possible vos poumons emplis d’air (sans gêne aucune), puis expirez complètement par le nez, lentement et en une seule fois. 3. Renouvelez ce type de respiration33 pendant environ cinq minutes. Cet exercice accroît notre potentiel énergétique positif qui émane de notre main droite34. En fait, il nous met plus particulièrement en relation avec le magnétisme de l’atmosphère qui est à dominante positive. A ce sujet, il est intéressant de noter que l’un des aspects de nombreuses techniques thérapeutiques est lié au transfert d’énergie dite « positive » ou « négative » entre le patient et le praticien. Dès lors, l’objet de cet exercice sera de permettre la préparation du thérapeute, l’amenant ainsi à dispenser efficacement un traitement donné (sans négliger l’intérêt évident pour lui-même).

31

L’accroissement en énergie de type « négatif » sera l’objet d’un autre exercice du même type, que nous aborderons prochainement : cf. exercice 18. 32 Le corps figurant ainsi un pentagramme. 33 Appelée « respiration positive ». 34 Pour un droitier ! Un gaucher corrigera en conséquence.

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EXERCICE 18

Complémentaire de l’exercice précédent, son but est d’accroître en nous l’énergie de type négatif. Préparatifs. Se reporter à ce qui est préconisé en tête de l’exercice précédent35. Remarque. Cet exercice ne peut être l’objet d’une pratique collective.

1. Mettez-vous debout devant une fenêtre ouverte (ou à l’air libre), les pieds et les jambes serrés l’un contre l’autre et les bras levés au-dessus de la tête, paumes des mains jointes, les doigts non croisés36. 2. Dans cette attitude, inspirez profondément par le nez puis expirez complètement par le nez, lentement et en une seule fois, en bloquant aussi longtemps que possible (sans gêne aucune) vos poumons vides d’air. 3. Renouvelez ce type de respiration37 pendant environ cinq minutes. Ce second exercice « énergétique » produit un accroissement du magnétisme négatif qui irradie de notre main gauche38 ; il est donc complémentaire du précédent. Il nous met en relation avec le magnétisme de la terre, lequel est à dominante négative. Lorsqu’il sera suffisamment maîtrisé39, il sera systématiquement effectué après avoir procédé à l’exercice dix-neuf, ayant toutefois pris soin d’observer un délai d’environ cinq minutes entre chacun. A ce sujet, citons un extrait d’un document de l’Ordre martiniste traditionnel, qui, au travers de ces deux exercices, évoque une méthode « fortifiante et bénéfique » : « Les avantages de [cette] méthode sont dus à l’équilibrage de l’électricité humaine « dans le corps. Le courant sanguin est tel qu’en une demi-heure, il peut circuler environ « soixante-dix fois dans tout le corps. Quand une personne reste, pendant ce temps, avec « les mains jointes au-dessus de la tête, l’électricité positive et l’électricité négative du « corps deviennent équilibrées et le pouvoir de guérison en est, de ce fait, accru. En fait,

35

Cf. exercice 17. Les mains étant ainsi comme dans l’attitude habituelle de prière. 37 Appelée « respiration négative ». 38 Pour un droitier ! Un gaucher corrigera en conséquence. 39 De même, par la suite, chaque fois qu’il devra être réalisé. 36

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« l’ancienne coutume de joindre les mains pendant la prière était un emploi inconnu de « la loi d’équilibrage des forces. « En réalité, il y a deux exercices qui doivent être pratiqués conjointement. Le premier40 « consiste à se tenir debout, les pieds écartés l’un de l’autre de quarante-cinq « centimètres, les mains étendues, les bras étant horizontaux, de façon que le corps « représente l’étoile à cinq branches ou pentagramme. Le second 41 consiste à joindre les « paumes des mains au-dessus de la tête, les pieds étant réunis. « L’exercice du pentagramme doit être accompli d’abord et pour commencer, pendant « environ trois minutes seulement. Ensuite, on fera l’exercice des paumes jointes « pendant cinq minutes. On augmentera progressivement la durée jusqu’à trente « minutes. Pendant l’exercice, on éprouvera, dans les mains, une sensation de « battements. L’exercice du pentagramme amènera dans le corps les vibrations « atmosphériques de nature positive. L’exercice des paumes jointes chargera le corps « négativement. (OMT, extrait d’un manuscrit de la classe Associé) » Indépendamment de cet exercice et du précédent, la pratique régulière des respirations dites « positive » et « négative » est à la base d’une bonne vitalité, tant physique que psychique. D’une manière générale, elles permettent de renforcer dans tout notre être l’activité incessante du noùs. A cet égard, les respirations profondes positives stimulent plus particulièrement la phase positive du noùs, alors que les respirations profondes négatives en renforcent la phase dite négative. Note. Il est possible de stimuler simultanément les deux phases, aspects ou pôles du noùs, tel qu’il se manifeste en nous, par l’utilisation de la respiration profonde « neutre », dans laquelle chaque inspiration profonde est immédiatement suivie d’une expiration complète.

40 41

Cf. exercice 17. Le présent exercice.

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EXERCICE 19

Son but est de permettre le dédoublement ou dissociation temporaires entre le corps physique et les autres corps plus subtils.

1. Asseyez-vous confortablement, les pieds légèrement écartés et reposant bien à plat sur le sol, le buste bien droit et la paume des mains reposant ouverte sur les genoux. Fermez les yeux et détendez-vous bien. 2. Faites alors une série de sept inspirations et expirations non rythmées par le nez, sans rétention d’air ; ce faisant, ne visez qu’à décontracter totalement le corps. 3. Reprenant une respiration normale et régulière, visualisez ensuite le sommet de votre crâne, y provoquant une sensation de relâchement et de détente totale. 4. Gagnez alors vos yeux dans leur orbite, puis les oreilles, puis les mâchoires, puis le cou, y provoquant de même le relâchement le plus complet. 5. Poursuivez de même par les épaules, puis chaque bras, vous attachant à les détendre au maximum. 6. Gagnez alors la poitrine, puis le ventre, puis vos jambes, les détendant de même au maximum. 7. Sentez alors vos membres et tout votre corps si lourds, comme du plomb, qu’ils semblent traverser ce sur quoi ils reposent ; si lourds que votre respiration paraît parfois s’arrêter. Dans cet état, sentez peu à peu le calme gagner tout votre corps. 8. Imaginez alors – et ressentez-le – un courant d’air chaud circulant dans vos membres. 9. Visualisez ensuite une lumière bleutée qui grandit progressivement au sein de votre corps, jusqu’à l’envelopper tout entier comme une coque lumineuse.

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10. Maintenant cette coque lumineuse par la pensée, visualisez une spirale ascendante que vous gravissez, cependant que vous décompterez mentalement de 10 à 142 et que vous entonnerez (tout au long de l’ascension) à haute et claire voix43 : « ZOM… » 11. Le dédoublement obtenu44, essayez de voir avec tout le corps45 votre corps resté sur le siège. Ne cherchez (au moins au début) pas à quitter la pièce où votre corps se trouve. 12. Lors de la réintégration de votre corps, efforcez-vous46 de penser à un événement passé heureux. Si des formes viennent à se présenter, vous empêchant de réintégrer votre corps, écartez-les ou détruisez-les mentalement à l’aide d’une épée. La maîtrise de cet exercice nécessite une bonne connaissance de la constitution occulte de l’Homme, avec les différents corps qu’il possède ; de même, elle demande une grande habitude dans les techniques de base de respiration, de concentration, de visualisation et d’utilisation des sons vocaux. Il va donc sans dire que chacun aura ici à reprendre les diverses techniques en question. Cet exercice particulier, comme précisé en tête, est centré sur le dédoublement ou dissociation entre le corps physique et certaines de ses composantes éthérées d’une part et les autres corps subtils que sont les corps astral et mental (pour reprendre cette terminologie et pour ne nous limiter ici volontairement qu’à ces deux corps supérieurs). La difficulté principale de cet exercice est, parvenus à la dernière étape précédant le dédoublement (point 10), de réussir à coordonner et maintenir ensemble les diverses visualisations, cependant qu’il nous faut procéder à un décompte mental et à une intonation à voix haute. Toutefois, avec de l’entraînement, cela devient rapidement facile. Il est possible que le corps ne se dédouble pas complètement, surtout au début, restant par exemple attaché aux mains ; dans ce cas, comme d’ailleurs en cas d’échec total, il ne faut pas se décourager et reprendre cet exercice aussi souvent que nécessaire. D’autres méthodes de « projection » Ŕ pour utiliser cette expression parlante Ŕ seront présentées prochainement. Le moment venu, chacun pourra alors choisir la technique qui lui convient le mieux, ou celle qui sera la mieux adaptée au but qu’il se sera alors fixé…

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Ayant préalablement décidé qu’à « 1 », le dédoublement serait effectif. Chaque fois qu’il est question de « sons vocaux », dans la transcription que nous en donnons, c’est davantage l’aspect phonétique qu’il convient de considérer. Rappelons par ailleurs qu’il est tout à fait possible d’expérimenter d’autres sons ou combinaisons vocales. 44 Dans le contraire, il faudra persister, par des essais répétés, jusqu’à la réussite complète. 45 Il ne s’agit pas d’utiliser ici les yeux de chair. 46 Surtout en cas de sensations désagréables ou de difficultés. 43

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EXERCICE 20

Son but est de permettre une double stimulation, à la fois positive et négative, du corps.

Remarque. Cette technique est à mettre en parallèle avec les deux exercices énergétiques précédemment abordés47.

1. Asseyez-vous confortablement, les pieds joints reposant bien à plat sur le sol, le buste bien droit et les mains placées sur le plexus solaire48, les doigts croisés, pouces se touchant par leur extrémité. Fermez les yeux et détendez-vous bien. 2. Effectuez alors une série de respirations profondes neutres, pendant cinq à dix minutes, inspirant puis expirant lentement et profondément par le nez, sans rétention d’air. Cet exercice peut également être effectué allongé sur un lit. Le cas échéant, si vous sentez le sommeil vous gagner, ne lui résistez pas ; un tel sommeil serait en effet des plus régénérateurs. Cette technique de double stimulation constitue une véritable méthode de traitement, du fait du renforcement du plexus solaire en énergie de nature positive et négative. En croisant les doigts comme demandé, nous provoquons une fusion entre l’énergie positive et négative émanant de nos mains. Cette fusion, dont l’intensité est amplifiée par les respirations profondes neutres, irradie alors vers le plexus solaire et, de là, se répand dans tout le corps pour le régénérer. Le plexus solaire, ou plexus cœliaque, est en effet en relation avec un centre psychique important du corps. Or, tous les centres psychiques sont interdépendants et forment un tout. De ce fait, toute stimulation effectuée sur l’un se répercute sur les autres et se communique à tout l’organisme par l’intermédiaire, notamment, de notre système nerveux autonome. Ainsi, en appliquant une telle « auto-stimulation », à la fois positive et négative, sur le plexus solaire, c’est l’ensemble de notre être psychique et, par voie de conséquence, l’ensemble de notre être physique, qui bénéficie du rééquilibrage énergétique qu’elle produit.

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Cf. exercices 17 et 18. Situé entre la pointe inférieure du sternum (appendice xyphoïde) et le nombril, dans la région abdominale (région épigastrique).

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EXERCICE 21

Son but est de nous préparer à certaines techniques dites de « projection psychique » utilisant la mise en harmonie avec la conscience universelle. Préparatifs. La pièce sera plongée dans l’obscurité. Remarque. Il est nécessaire, comme pour la technique présentée avec l’exercice 19, de bien maîtriser l’utilisation des sons vocaux ainsi que les techniques de base de respiration, de concentration et visualisation.

1. Asseyez-vous confortablement, les pieds légèrement écartés et reposant bien à plat sur le sol, le buste bien droit et la paume des mains reposant ouverte sur les genoux. Fermez les yeux et détendez-vous bien. 2. Faites alors une série de sept inspirations profondes par le nez, bloquant chaque fois quelques instants vos poumons emplis d’air, suivies de sept expirations lentes et complètes, toujours par le nez49. 3. Reprenez ensuite une respiration normale et gardez-la pendant environ une minute. 4. Inspirez maintenant profondément, puis expirez lentement et complètement, en une seule fois, cependant que vous entonnerez sept fois de suite (enchaîner chaque son au suivant ; de même pour chaque série) à haute et claire voix : « ZA…RA…ZA… » 5. Demeurez alors calme et détendu, dans un état le plus réceptif possible, essayant d’être conscient de toutes les impressions subtiles et d’ordre psychique que vous pourriez recevoir. Si le sommeil vient à nous gagner, nous pouvons nous y soumettre sans problème ; il sera alors particulièrement régénérateur, outre qu’il pourra favoriser la réussite de cet exercice. Il est probable, à la suite de cet exercice préparatoire à la projection psychique, que nous sentions s’éveiller en nous une nouvelle forme de conscience. Il s’agit en fait de la conscience de notre propre corps psychique, qui est le corps même de notre être intérieur (notre « maître intérieur » comme il est également souvent appelé). C’est ce corps qui est utilisé lors d’une projection dite psychique. 49

Respiration dite « positive ».

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Cet exercice a pour but principal de nous mettre en harmonie avec la conscience universelle et divine, de manière à préparer notre être intérieur à étendre son action au dehors de notre corps physique. De plus, il contribue à éveiller les facultés intérieures qu’il faut mettre en œuvre pour se projeter par le psychisme.

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EXERCICE 22

Son but est de permettre la projection psychique de notre être intérieur de manière à l’affranchir momentanément des limites de notre corps physique.

Note préliminaire. A ce stade, il peut être nécessaire de préciser quelle peut être effectivement l’utilité de la projection psychique. Sans trop entrer dans les détails pour le moment, nous rappellerons qu’elle constitue en fait un outil très efficace pour les buts suivants : 1° Prendre connaissance d’événements se déroulant dans un lieu précis et à un moment donné. 2° Effectuer un travail d’assistance spirituelle. 3° Transmettre à une personne un message qui lui sera utile. 4° Recevoir une connaissance que nous ne pouvons pas obtenir autrement. 5° Agir sur le plan psychique au service des « maîtres invisibles » et, d’une manière générale, comme intermédiaires entre les mondes invisible et visible. Préparatifs. Outre la révision de l’exercice 21, on se lavera soigneusement les mains et on boira un verre d’eau fraîche avant cet exercice. On veillera de même à ce qu’aucun vêtement ne gêne, notamment en serrant trop.

1. Asseyez-vous confortablement, les pieds légèrement écartés et reposant bien à plat sur le sol, le buste bien droit et la paume des mains reposant ouverte sur les genoux. Fermez les yeux et détendez-vous bien. 2. Demandez mentalement que votre être soit entièrement pénétré par l’Essence divine, que cette Essence purifie vos pensées et tout votre être, que par ce moyen vous puissiez entrer en contact avec la Conscience universelle et divine, et communier avec elle. 3. Concentrez-vous alors environ trente secondes sur toutes les parties de votre corps, de manière à y éveiller la conscience psychique, cependant que vous inspirez profondément par le nez, que vous bloquez vos poumons en inspiration et que vous expirez complètement par le nez à chaque étape ; procédez ainsi successivement pour vos pieds, vos chevilles, vos mollets, vos jambes, vos cuisses, votre bassin, l’abdomen, la poitrine, puis vos mains, vos poignets, vos avant-bras, vos bras, puis les épaules, le cou, la tête et, finalement, le sommet de la tête avec le cuir chevelu. Pratiques – Livre I

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4. Efforcez-vous de ressentir un fourmillement agréable et apaisant, lequel gagne progressivement tout le corps, jusqu’à ce que vous perdiez conscience de votre propre corps et de votre environnement. 5. Inspirez alors une nouvelle fois profondément par le nez et retenez l’air dans vos poumons aussi longtemps que vous le pourrez sans gêne. 6. Expirez complètement par le nez, lentement et en une seule fois, exerçant toute votre volonté pour projeter votre corps psychique hors du corps physique, cependant que vous entonnerez : « RA… » 7. Visualisez votre corps psychique comme porté hors du corps physique par le souffle émis par votre bouche puis, maintenezvous dans une attitude mentale aussi passive que possible et laissez-vous guider par les impressions psychiques qui peuvent se manifester à votre conscience. Demeurez ainsi le temps nécessaire au but recherché. 8. Réintégrez progressivement votre corps en pensée et achevez en disant mentalement : « Cela est ! Puisse le Divin sanctifier ce contact avec la Conscience universelle ! » Parmi les nombreuses aptitudes qu’il nous faut développer, dans le cadre de nos travaux, l’un des « pouvoirs » les plus impressionnants et des plus utiles est celui qui permet à notre être intérieur de jeter un regard hors du corps qu’il habite et d’entrevoir ainsi le monde autrement que par l’intermédiaire de notre conscience objective et des facultés sensorielles physiques qui lui sont associées. Une telle faculté inhabituelle est basée sur la maîtrise de ce que nous appelons « l’art de la projection » ; une telle projection du corps psychique hors du corps physique permet en effet à notre conscience de franchir les limites de l’espace et d’accéder à une connaissance qui dépasse tous les moyens physiques habituels. L’apprentissage de cet « art » ne tient pas du miracle. Il est fondé sur des lois et principes naturels déjà abordés dans notre approche de l’Homme et de la Nature ; lois et principes dont nous approfondirons progressivement l’étude, notamment par le biais d’autres exercices. Il doit être clair qu’il ne faut surtout pas s’attendre, dès les premiers essais, à expérimenter une situation spectaculaire et à agir sur le plan psychique avec autant d’aisance que sur le plan physique. La maîtrise de la projection psychique demande en effet, selon le degré de développement propre à chacun, un temps plus ou moins long Ŕ et une pratique plus ou moins longue. Aussi, nous est-il conseillé de mettre régulièrement en pratique le présent exercice, attendu que, si nous procédons comme indiqué, nous parviendrons finalement à une complète réussite.

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EXERCICE 23

Son but est d’amener notre aura à se matérialiser en se condensant au niveau des mains.

Préparatifs. La pièce sera faiblement éclairée, par une seule bougie, une demi-obscurité étant indispensable. Elle comportera une petite table sur laquelle sera placé un récipient transparent et plein d’eau fraîche. Le récipient sera suffisamment petit pour pouvoir être presque entièrement entouré par les mains, un espace libre entre les doigts d’environ un centimètre étant nécessaire, les mains étant proches du récipient sans le toucher.

1. Asseyez-vous confortablement, les pieds légèrement écartés et reposant bien à plat sur le sol, le buste bien droit et la paume des mains reposant ouverte sur les genoux. Fermez les yeux et détendez-vous bien. Demeurez dans cet état de relaxation pendant quelques minutes. 2. Ouvrez alors les yeux et placez les mains autour du récipient d’eau, le plus près possible sans le toucher. Fixez attentivement l’eau du regard. 3. Tout en maintenant cette attitude et votre concentration, procédez à une série d’inspirations nasales profondes, suivie chacune d’une rétention d’air de quelques secondes et d’une lente expiration complète, toujours par le nez, jusqu’à ce que vous perceviez entre les parois du récipient et chacune de vos mains une sorte de halo bleuté ou violacé. 4. Poursuivez ainsi votre concentration jusqu’à ce que le halo s’étende et finisse par envelopper complètement chacune de vos mains. 5. Arrêtez alors de vous concentrer et, prenant le récipient à deux mains, buvez une gorgée de son eau. 6. Reprenez ensuite l’attitude initiale (revoir point 1), la paume des mains reposant ouverte sur les genoux et les yeux clos. Demeurez ainsi quelques minutes, en méditation.

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Lors de cet exercice, notre aura devient perceptible à nos sens physiques, par condensation au niveau des mains. Une telle condensation est facilitée par la présence de l’eau. En fait, magnétisée par la proximité de nos mains (et du fait de la respiration positive utilisée) et par notre regard soutenu, l’eau attire les vibrations de notre aura (qui émanent notamment de nos mains) et tend à les rendre beaucoup plus perceptibles que d’ordinaire. Cet exercice est très efficace pour accroître le dynamisme et le rayonnement de notre aura. Nous savons en effet quelle est l’importance de l’eau dans notre organisme ; elle représente près de soixante-dix pour cent de la composition en masse de notre corps. Or, la technique qui consiste à magnétiser l’eau avant d’en boire le contenu (voir la phase finale de l’exercice : point 5) a pour but de faire bénéficier tout notre organisme du pouvoir régénérateur de l’eau50. Cela étant, l’intérêt de l’eau ainsi magnétisée ne se limite pas à cela. Si nous en proposons souvent l’utilisation, sous diverses formes et en multiples occasions, et si nous recommandons la magnétisation de l’eau consommée comme pratique quotidienne d’hygiène de vie, c’est surtout parce qu’elle permet un accroissement des qualités électromagnétiques de notre aura. L’aura, nous le savons, résulte en effet de l’union de deux « forces » complémentaires du noùs, que l’on peut qualifier « force physique » ou « force matérielle »51 et « force vitale »52. Elle résulte par conséquent de l’activité aussi bien physique que psychique de notre être. Il est donc facile de comprendre que plus notre nature psychique est développée, plus notre aura l’est également et le développement de cette dernière est l’indice du développement de notre être psychique. En nous concentrant comme indiqué dans cet exercice, nous focalisons l’activité de notre conscience psychique au niveau de nos mains. Il s’ensuit alors que nos mains deviennent non seulement un point focal Ŕ de concentration Ŕ pour notre conscience psychique, mais également une zone de condensation (pour reprendre ce terme) de notre propre aura. Le fait d’effectuer en plus des respirations de type positif ne peut que renforcer cette concentration et cette condensation. Outre cet aspect pratique, le présent exercice tend à stimuler le pôle ou phase de notre aura qui est le plus actif lors d’une projection psychique.

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Notons qu’à ce titre, la consommation quotidienne d’une eau fraîche ainsi magnétisée peut être tout à fait recommandée. Entendons la « force » gouvernant les principes et manifestations d’ordre physique ou matériel. Entendons la « force » gouvernant les principes et manifestations du vivant.

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EXERCICE 24

Son but est de nous projeter par le psychisme vers un lieu ou une personne choisis.

Préparatifs. Se reporter à ce qui est indiqué en préambule aux exercices 21 et 22.

Remarque. On se reportera préalablement aux techniques de visualisation présentées dans les exercices 9 et 11.

1. Le choix étant fait du lieu ou de la personne, asseyez-vous confortablement, les pieds légèrement écartés et reposant bien à plat sur le sol, le buste bien droit et la paume des mains reposant ouverte sur les genoux. Fermez les yeux et détendez-vous bien. 2. Demandez alors mentalement que votre être soit entièrement pénétré par l’Essence divine, que cette Essence purifie vos pensées et tout votre être, que par ce moyen vous puissiez entrer en contact avec la Conscience universelle et divine, et communier avec elle. 3. Concentrez-vous alors environ trente secondes sur toutes les parties de votre corps, de manière à y éveiller la conscience psychique, cependant que vous inspirez profondément par le nez, que vous bloquez vos poumons en inspiration et que vous expirez complètement par le nez à chaque étape ; procédez ainsi successivement pour vos pieds, vos chevilles, vos mollets, vos jambes, vos cuisses, votre bassin, l’abdomen, la poitrine, puis vos mains, vos poignets, vos avant-bras, puis les épaules, le cou, la tête et, finalement, le sommet de la tête avec le cuir chevelu. Efforcezvous de ressentir un fourmillement agréable et apaisant, lequel gagne progressivement tout le corps, jusqu’à ce que vous perdiez conscience de votre propre corps et de votre environnement. 4. Visualisez alors avec le maximum de réalisme et de vie le lieu ou la personne que vous désirez rejoindre ou contacter par le psychisme. Cette visualisation étant clairement effectuée, inspirez ensuite une nouvelle fois par le nez, en retenant l’air dans vos poumons aussi longtemps que vous le pourrez sans gêne.

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5. Expirez ensuite par le nez, lentement et en une seule fois, en exerçant toute votre volonté pour projeter votre corps psychique hors de votre corps physique, tandis que vous entonnerez : « RA… » 6. Visualisez votre corps psychique comme porté hors du corps physique par le souffle émis par votre bouche puis, maintenezvous dans une attitude mentale aussi passive que possible et laissez-vous guider par les impressions psychiques qui pourront se manifester à votre conscience. Demeurez ainsi le temps nécessaire au but recherché. 7. Réintégrez progressivement votre corps physique et achevez en disant mentalement : « Cela est ! Puisse le Divin sanctifier ce contact avec la Conscience universelle ! » Lorsque nous nous projetons vers un lieu, non pas dans le but de contacter une personne mais pour prendre connaissance de ce qui s’y passe, tout ce que nous en percevons nous apparaît aussi nettement que si nous y étions physiquement. Autrement dit, nous sommes alors conscients des personnes qui peuvent s’y trouver ainsi que de tous les événements qui s’y déroulent. Toutefois, nous ne sommes en cette occasion que des spectateurs de ce qui se passe autour de nous, pouvant certes vivre les événements mais ne pouvant les influencer. Ce que nous venons de dire ne doit pas pour autant laisser penser que notre rôle, en état de projection psychique, se limite exclusivement à celui d’un simple spectateur purement passif. S’il est vrai que, depuis le plan psychique, nous ne pouvons pas agir au point de changer les événements qui se déroulent sur le plan physique, nous avons cependant le pouvoir d’irradier des pensées constructives à l’attention de tous ceux qui ont besoin d’être aidés. Autrement dit, si nous sommes en état de projection à un endroit où des personnes, par leur attitude mentale, sont dans un état suffisamment réceptif, nous pouvons agir sur le plan psychique pour les inspirer et leur apporter le soutien intérieur dont elles pourraient avoir besoin. De tout ce qui précède, il est facile de comprendre que le premier avantage que nous pouvons retirer de la projection psychique vers un lieu se situe dans le fait que nous pouvons prendre connaissance de ce qui se passe en des endroits très éloignés de nous. Ce pouvoir peut nous permettre d’éviter bien des erreurs et d’agir dans notre vie d’une manière beaucoup plus constructive. Il est évident que celui qui, à volonté, est capable de se projeter vers des lieux et de « voir » par lui-même ce qui s’y déroule, enrichit considérablement sa connaissance du monde et son aptitude à faire des choix décisifs, aussi bien pour lui-même que pour les autres. Le deuxième grand avantage de la projection psychique vers un lieu est la possibilité de venir en aide à des personnes qui s’y trouvent, même si elles ne sont pas conscientes de notre projection ou de notre action. Bien que cette aide soit alors de nature purement psychique, le bien qu’elle peut apporter à autrui est inestimable ; il n’est, à ce titre, qu’à revoir l’importance réelle de ce que l’on désigne habituellement par l’expression « aide spirituelle ». La projection vers une personne bien déterminée, permet un véritable « contact » avec celle-ci dans la mesure où la réussite de la projection psychique nous rend pleinement conscients d’être en sa présence ; quand même ce ne serait pas le cas pour cette personne.

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Autrement dit, nous voyons la personne en question, nous l’entendons, nous pouvons la sentir comme si nous étions physiquement en sa présence. Si cette personne n’est pas dans un état de réceptivité lui permettant de percevoir notre présence, notre projection ne peut pas vraiment nous permettre d’établir un « dialogue » psychique avec elle, mais elle nous permet au moins de savoir où elle est et ce qu’elle fait à ce moment-là. En revanche, si elle se trouve dans un état réceptif, il peut s’engager entre elle et nous une véritable conversation psychique, particulièrement dans le cas où elle même maîtrise la technique de projection. Sans doute l’on pourra se demander de quelle nature est le « dialogue » qui s’établit entre deux personnes qui sont en communion consciente et volontaire sur le plan psychique. Le mieux, pour répondre à cette question, est de dire qu’il ressemble beaucoup à ce qui se passe dans le rêve. Lorsque nous voyons d’autres personnes en rêve et que nous communiquons avec elles, nous le faisons avec autant de réalisme que si la situation rêvée était tout à fait réelle ; autrement dit, à aucun moment, sauf si nous nous réveillons, nous n’avons l’impression de ne pas vivre les scènes de notre rêve ; bien que nous dormions et que nos facultés objectives soient en sommeil, les rencontres que nous faisons alors mettent en jeu les mêmes sensations que celles qui constituent notre vie consciente et éveillée. Toutefois, nous pouvons relever une certaine différence entre ce qui se produit à l’occasion d’un rêve et ce qui se passe lors d’un contact psychique entre deux personnes. Un rêve, même avec tout le réalisme qu’il peut avoir, ne correspond pas nécessairement à un échange véritable et contrôlé entre les personnes qui en font partie. Il ne peut donc pas avoir plus de réalité et d’utilité qu’une scène imaginée. Dans le cas d’une véritable communion psychique par contre, les personnes concernées savent qu’elles se situent sur le plan psychique et tiennent sur ce plan un dialogue tout à fait conscient et intelligible. Ce que nous venons de dire concerne le dialogue conscient qui peut s’établir entre deux personnes en état de projection ; il ne faut toutefois pas oublier le cas fréquent où seul celui qui se projette est conscient de cette expérience, l’autre étant seulement dans un état de réceptivité plus ou moins grande. Le meilleur exemple pour illustrer cela est le cas où nous nous projetons aux côtés d’une personne endormie. En fait, toute personne plongée dans le sommeil se trouve, le plus souvent inconsciemment, en état de projection psychique ; le problème se situe alors dans le simple fait que telle personne est la plupart du temps ignorante Ŕ et donc dans l’impossibilité de le contrôler Ŕ de ce phénomène. C’est pourquoi, lorsque nous nous projetons vers une personne qui dort, nous ne pouvons pas créer un véritable dialogue psychique avec elle. Cependant, étant en état de plus grande réceptivité, nous pouvons « parler » à son être psychique et lui faire part de certaines choses, avec de plus grandes chances de faire passer ces choses dans son inconscient.

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EXERCICE 25

Son but est de développer notre aptitude à la télépathie.

1. Ayant défini clairement un message à envoyer ainsi que son destinataire, asseyez-vous confortablement, les pieds légèrement écartés et reposant bien à plat sur le sol, le buste bien droit et la paume des mains reposant ouverte sur les genoux. Fermez les yeux et détendez-vous bien. 2. Visualisez alors la personne à qui le message est destiné, avec autant de précision que possible et, dès que vous avez l’impression d’être réellement en sa présence, voyez-vous en train de lui dire directement votre message, exactement comme si vous étiez physiquement en face d’elle. A cet effet, vous pouvez, tout en visualisant cette personne, dire votre message à voix basse, distinctement et lentement et la voir vous faire un geste ou un sourire qui montre qu’elle a parfaitement compris ce que vous lui avez dit. Maintenez ainsi votre visualisation pendant quelques minutes. 3. Inspirez ensuite profondément par le nez et, tout en exhalant lentement et complètement, toujours par le nez, dites mentalement : « Mon message est projeté vers la Conscience universelle à l’attention de……. (nommer ici le destinataire). C’est fait ! » 4. Cessez alors immédiatement de penser aussi bien au message qu’à son destinataire et reprenez une activité normale. Il est important de bien faire la distinction entre la télépathie et la projection psychique53. Ces deux pratiques ont des points communs, mais les principes qu’elles mettent en jeu sont différents. De plus, les objectifs qu’elles permettent d’atteindre ne sont pas les mêmes. Si la projection psychique peut nous permettre de dialoguer avec une personne à distance, la communication télépathique, elle, ne nous permettra que l’envoi Ŕ ou la réception Ŕ d’un message mental, sous une forme concise et, dans le meilleur des cas, à faire part à autrui d’une impression ou d’une idée. Par ailleurs, la transmission de pensée ne peut en aucun cas permettre d’entrer en contact avec un lieu et de prendre connaissance des événements qui s’y déroulent et elle ne permet pas non plus une aide efficace dans le domaine de la guérison spirituelle Ŕ sinon, en ce domaine, apporter des pensées positives et réconfortantes. 53

Sur ce point : cf. exercices 22 et 24.

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Par contre, pour celui qui maîtrise l’art de se projeter par le psychisme et de percevoir la projection d’autrui, les possibilités d’échange dépassent largement le cadre de la communication télépathique. La télépathie, telle que nous la concevons, correspond à la transmission de la pensée, c’està-dire à la projection d’un message mental vers un individu. Il s’agit d’une harmonisation entre la conscience d’un émetteur et celle d’un récepteur. Cela suppose que la télépathie ne peut atteindre son objectif que si le message mental qui a été envoyé a bien été reçu. Il faut bien comprendre que la télépathie ne dépasse pas le plan mental. Autrement dit, elle ne se situe pas sur le plan psychique et, par conséquent, ne peut pas agir sur les lois et principes qui régissent ce plan. Un autre point important qui mérite d’être soulevé est que, dans le processus de transmission de pensée, tout message mental qui est envoyé peut très bien être capté par d’autres personnes que celle à laquelle il était destiné. De plus, celui qui envoie le message ne peut jamais, sur le moment, avoir la certitude absolue qu’il a bien été reçu et compris par son destinataire. La technique présentée ici pour transmettre un message à quelqu’un est particulièrement efficace et elle présente deux points communs avec celle qui consiste à se projeter par le psychisme vers un lieu ou une personne. Ces deux points communs sont la visualisation (point 2) et l’utilisation du souffle (point 3). Que ce soit dans la projection d’un message mental ou dans celle du corps psychique, l’emploi de la visualisation est capital, au moins, comme cela a déjà été précisé, tant que l’art de la projection psychique n’a pas été parfaitement maîtrisé. Quant au souffle, comme nous l’avons déjà dit, il sert de support à la projection du message. Lorsqu’il s’agit de projeter un message mental, l’expiration finale a pour but de concrétiser la libération de ce message et son transfert au sein de la conscience universelle qui sert alors de relais entre l’émetteur et le récepteur. Lorsqu’il s’agit de la projection psychique, le souffle final marque la sortie du corps psychique hors du corps physique et, avec elle, la projection de la visualisation du lieu ou de la personne à contacter. C’est précisément à ce niveau qu’intervient la plus grande différence entre la projection mentale et la projection psychique. La première ne nécessite aucune séparation entre le « moi physique » et le « moi psychique », alors que cette séparation est absolument indispensable lorsque l’on procède à la seconde. De ce fait, les possibilités offertes par la télépathie sont nécessairement plus limitées que celles que nous offre la projection psychique. Cela s’explique d’autant mieux que la forme de conscience qui est sollicitée dans le premier cas est essentiellement cérébrale, alors que dans le second cas, elle est exclusivement psychique. Il importe tout particulièrement, dans cet exercice, de veiller à ne plus accorder la moindre pensée au message ainsi qu’à son destinataire, sitôt l’expiration faite et après avoir prononcé les paroles « … C’est fait ! » (points 3 et 4). Dans le cas contraire, nous empêcherions la transmission du message vers notre subconscient, étape préalable au transfert vers la conscience universelle. Il est à noter que le processus décrit ici peut être renouvelé plusieurs fois, si l’on désire en renforcer l’effet ; l’on prendra alors soin d’espacer suffisamment les multiples essais. Par ailleurs, il est préférable de mettre cette technique en œuvre à un moment où l’on sait le destinataire particulièrement réceptif ; le meilleur moment étant lorsque celui-ci est endormi.

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EXERCICE 26

Son but est permettre la perception de notre propre aura.

Préparatifs. Pour cet exercice, il convient de prendre place face à une table sur laquelle est placé un récipient contenant de l’eau fraîche et devant un miroir suffisamment grand pour voir derrière soi. Derrière soi, le mur sera tendu d’un tissu sombre et mat54 et un faible éclairage bleuté sera orienté vers ce fond, qui jouera alors le rôle d’écran. Remarque. Pour cet exercice, on se reportera préalablement à l’exercice 23.

1. Asseyez-vous confortablement, les pieds légèrement écartés reposant bien à plat sur le sol, le buste bien droit et la paume des mains reposant ouverte sur les genoux. Fermez les yeux et détendez-vous bien. 2. Procédez alors à l’éveil de la conscience psychique dans tout votre corps en vous concentrant successivement sur chacune de ses parties, de la pointe des pieds au sommet de la tête, cependant que vous inspirez profondément par le nez, que vous retenez quelques instants (sans gêne) votre respiration, bloquant vos poumons en inspiration à chaque étape et que vous expirez de même lentement en une seule fois. Faites ainsi successivement pour vos pieds, vos chevilles, vos jambes, vos genoux, vos cuisses, puis votre bassin ; ensuite vos mains, vos poignets, vos avant-bras, vos coudes, vos bras, puis vos épaules ; ensuite votre bas-ventre et tout l’abdomen, votre thorax, avec les organes qui s’y trouvent ; enfin votre cou, puis la tête, du menton jusqu’au cuir chevelu. 3. Ouvrez les yeux et observez tranquillement le reflet de votre silhouette dans le miroir. 4. Procédez ensuite à une série de sept inspirations profondes par le nez, puis expirez lentement tandis qu’à chaque expiration vous entonnerez comme il se doit (chaque intonation55 doit être prolongée le plus possible) : « RA… »

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Noir ou bleu-nuit par exemple. Cet exercice peut être reconduit avec d’autres sons ou combinaisons vocales.

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5. Reprenez alors une respiration normale et concentrez votre regard sur l’image dans le miroir de votre tête et de vos épaules. Votre concentration doit être globale et exempte de toute crispation. Vous devez également éviter de bouger les yeux et de cligner des paupières, favorisant ainsi le phénomène de fatigue oculaire56 nécessaire à la perception de votre aura. 6. Arrêtez l’exercice après quelques instants ou, dans le cas où rien ne serait observé57, dès que vous en éprouvez le besoin. L’exercice 23, consacré à la « matérialisation de l’aura », nous a permis de mettre en évidence l’existence de notre propre aura, par condensation de celle-ci au niveau des mains et à proximité d’eau. Cet exercice, comme nous l’avons alors indiqué, est très important pour développer le rayonnement et le dynamisme de notre aura, d’où l’intérêt de le renouveler le plus souvent possible voire d’en faire une pratique quotidienne. L’exercice de ce jour, lui, n’a pas pour but de développer le potentiel énergétique de notre aura, mais plutôt de percevoir la couleur qui y prédomine au moment de l’observation. Dans la plupart des cas, cette couleur, parmi celles qui la composent, est effectivement celle qui en est la « note » principale. Il existe trois méthodes permettant de mettre en évidence Ŕ et de la percevoir Ŕ l’existence de l’aura d’un individu. Deux sont basées sur l’utilisation de phénomènes purement physiques ; la dernière repose uniquement sur des phénomènes psychiques. L’exercice présenté ici relève de la première catégorie. La réussite de cet exercice se traduit par l’observation d’une couleur prédominante autour de la tête et des épaules. Cette couleur, naturellement, n’a pas vraiment de réalité physique. Elle est l’expression de ce que nous percevons du rayonnement de notre propre aura. Elle varie notamment avec le son vocal utilisé (revoir le point 4 ci-dessus, et voir la note finale). En principe, les vibrations de l’aura sont trop élevées pour être perçues par nos yeux physiques en terme de couleur. En créant un arrière-plan sombre, il se produit un phénomène d’interférences entre les vibrations de l’aura qui irradie autour du corps et celles de cet arrièreplan faiblement éclairé d’une lumière bleutée. Il résulte de ce phénomène l’apparition d’un champ électromagnétique qui, sur le plan vibratoire, possède une fréquence plus élevée que celle relative à l'écran lumineux de fond, mais moins élevée que celle relative à l’aura émise par notre corps. Les vibrations de ce champ composé ou résultant se situant à la frontière du spectre visible, une impression de couleur peut donc apparaître et être perçue. En éveillant notre conscience psychique juste avant de procéder à l’observation (point 2), nous nous mettons dans un état de conscience intermédiaire qui, aidé par la fatigue oculaire produite par notre concentration, nous met en mesure de percevoir la couleur dominante de notre aura58. Certaines personnes sont en fait capables de percevoir l’aura d’un autre individu uniquement en le regardant ; il s’agit là d’une méthode purement psychique, liée au développement qu’elles ont atteint en ce domaine. De fait, la sensibilité de telles personnes est telle qu’elles « voient » facilement l’aura entourant aussi bien les êtres vivants que les objets inanimés. Il faut cependant préciser que certaines conditions doivent être réunies, dont la nécessité de disposer d’un arrière-plan suffisamment sombre. 56

Sur ce point : cf. exercice 8. Il faudrait alors renouveler l’exercice ultérieurement. 58 Les conditions opératoires données ici sont telles que cette technique n’est pas utilisable pour la perception de l’aura d’une autre personne ; à cette fin, d’autres techniques existent. 57

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De même, il existe des personnes particulièrement sensibles qui peuvent percevoir l’aura des autres en étant simplement à leur proximité. Dans ce cas, il se produit une interférence entre leurs auras respectives, interférence qui est interprétée en terme de couleur (ou de quelque autre façon) dans la conscience du « clairvoyant ».

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EXERCICE 27

Son but est de nous familiariser avec la pratique de la vibroturgie.

Préparatifs. Pour cet exercice, il convient de se procurer un objet ayant été couramment utilisé par une autre personne et que l’on placera sur une table à proximité de soi. Par ailleurs, on se lavera préalablement soigneusement les mains et on les séchera bien.

1. Asseyez-vous confortablement, les pieds légèrement écartés et reposant bien à plat sur le sol, le buste bien droit et la paume des mains reposant ouverte sur les genoux. Fermez les yeux et détendez-vous bien en effectuant pendant quelques minutes une série de respirations profondes neutres par le nez. 2. Reprenez ensuite une respiration normale et prenez en mains l’objet choisi. Tenez-le ainsi entre le pouce, l’index et le majeur de vos mains, ces dernières ne se touchant pas. Pour éviter la fatigue de vos bras, vous pouvez reposer les avant-bras sur les cuisses (ou sur le bord de la table). 3. Mettez-vous alors dans un état de réceptivité. Autrement dit, faites le vide dans votre mental et soyez réceptif à toutes les impressions que vous pouvez recevoir. Ces impressions pourront se présenter sous la forme de visages, de voix, de couleurs, d’odeurs, de symboles ou de diverses autres manières. Lorsqu’elles vous viendront, n’essayez pas de les analyser, mais retenez-les, de manière à pouvoir les noter ou les mémoriser. Demeurez ainsi, en état de réceptivité, pendant environ cinq minutes. 4. Arrêtez alors l’exercice, déposez l’objet et reprenez une attitude normale. La vibroturgie n’a rien à voir avec une pratique magique ou surnaturelle. Elle est simplement basée sur la maîtrise de certaines lois propres à la matière et à la conscience. Nous savons que tout, y compris la pensée, se manifeste sous forme de vibrations. La vibroturgie est un art qui consiste à s’harmoniser avec la nature vibratoire des objets, de manière à recevoir par leur intermédiaire des impressions concernant les personnes qui ont été en contact avec eux. Bien entendu, cette pratique ne s’improvise pas et elle nécessite le développement d’une certaine sensibilité psychique ; tout art basé sur la perception de phénomènes dits « extra-sensoriels » nécessite en effet une mise en pratique régulière.

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Toutefois, une fois développée, cette hypersensibilité doit pouvoir être contrôlée afin de ne pas nous laisser affecter par des sensations que nous ne recherchons pas, ou qui ne présentent pas d’intérêt pour nous. Afin de bien comprendre le principe général de cet art particulier, nous devons insister sur le fait que toutes les formes de matière s’imprègnent des vibrations émises par les êtres vivants qui sont à leur contact. C’est ce qui explique, par exemple, qu’une habitation, en plus des vibrations propres à sa constitution matérielle, dues à la matière même dont elle est faite, possède une ambiance générale qui reflète l’état d’esprit de ses occupants habituels. Dans certains cas, la sensibilité de certaines personnes est telle qu’elles parviennent même à percevoir des événements qui se sont déroulés dans un lieu, une maison, où elles se trouvent. Tout se passe comme si, effectivement, les lieux et les objets inanimés étaient à même d’être imprégnés par l’activité vibratoire des corps vivants et animés ; comme si la conscience même de ces êtres marquait durablement l’ambiance générale. De fait, il est vrai que les vibrations de la pensée affectent continuellement celles de la matière. C’est en vertu de ce principe que nombre de philosophes, de scientifiques et de penseurs, n’ont jamais établi une différence très nette entre la matière et la pensée, entre la matière et la conscience. Ils considèrent en effet que l’une et l’autre constituent deux aspects complémentaires d’une même réalité. Si nous déclarons que la matière conserve la mémoire des vibrations extérieures, auxquelles elle a été soumise suffisamment longtemps pour en être imprégnée, nous déclarons également que, non seulement les pensées affectent la nature vibratoire des objets, mais aussi que les vibrations mémorisées par la matière ont une action sur les individus qui se trouvent à leur contact. Il est donc facile de comprendre que cette action peut se traduire sous forme d’impressions dans la conscience de personnes dont la sensibilité psychique est suffisamment développée. Il est évident que les objets, les lieux, qui sont le plus imprégnés par les vibrations émises par une personne sont ceux qu’elle porte ou côtoie fréquemment, ou avec lesquels elle a été directement en contact, tels un bijou ou son lieu principal de résidence et de vie. Bien sûr, un objet quelconque donné ne portera pas l’empreinte vibratoire de tous ceux qui l’auront eu en mains (entendons : avec la même intensité). D’une part, aucun objet ne peut « mémoriser » les vibrations d’une personne s’il n’a pas été suffisamment longtemps en contact avec elle ; d’autre part, chacun possède un magnétisme plus ou moins grand et, de ce fait, marque plus ou moins fortement les objets qu’il touche ou porte. En tenant un objet entre nos doigts59, le magnétisme dont il s’est chargé se propage le long des nerfs radiaux, issus de l’extrémité de ces doigts et gagne finalement les centres pinéal et pituitaire de la tête. Ces centres sont d’une grande importance en relation avec notre propre développement psychique et notre sensibilité en ce domaine. Selon cette sensibilité, les stimuli créés au niveau de ces centres sont transmis à l’hypothalamus qui peut être regardé comme le véritable « cerveau » de notre système nerveux autonome, et qui interprète ces vibrations en termes d’impressions compréhensibles pour notre conscience. Quant à la nécessité d’utiliser les doigts des deux mains, cela tient en ce que, ce faisant, l’énergie dite positive, émanant de la main droite et l’énergie dite négative, irradiée par notre main gauche60, se neutralisent mutuellement, de sorte que les vibrations psychiques dont est chargé l’objet analysé ne subissent aucune altération. En d’autres termes, elles ne subissent aucune interférence qui pourrait en modifier l’état vibratoire.

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Particulièrement les trois premiers doigts (pouce, index, majeur) comme suggéré dans cet exercice. Pour un droitier ! rappelons-le.

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La question qui peut se poser est de savoir pourquoi nous ne recevons pas systématiquement des impressions psychiques lorsque nous tenons un objet quelconque. En premier lieu, il faut savoir que seules les vibrations d’une certaine nature (et, d’une certaine fréquence) sont susceptibles d’être véhiculées par les nerfs radiaux parcourant nos membres supérieurs afin de générer en nous des sensations d’ordre psychique (d’aucuns diront : extrasensorielles). Cela signifie que les vibrations d’ordre matériel ou simplement physique émanant des objets que l’on touche ne peuvent donner naissance qu’aux seules impressions sensorielles habituelles, ressortissant à notre sens du toucher. En second lieu, comme évoqué précédemment, il est clair que si le fonctionnement psychique de nos centres pinéal et pituitaire n’est pas suffisamment développé, ces derniers seront incapables de transmettre à l’hypothalamus les impressions reçues par l’intermédiaire des nerfs radiaux issus de nos doigts. Une variante à cette technique, réalisable avec des objets de petites dimensions, consiste, l’objet en question étant placé entre les doigts (point 2), à amener celui-ci au contact du front et à l’y maintenir jusqu’au terme de l’exercice. Ce faisant, il se créé un échange vibratoire plus subtil entre l’objet et les centres pinéal (épiphyse) et pituitaire (hypophyse), renforçant ainsi l’efficacité du procédé. Mais insistons sur le fait que cette adaptation, si elle améliore la perception, n’a cependant rien d’obligatoire ; rappelons que le simple fait de tenir l’objet entre le pouce, l’index et le majeur des deux mains suffit pour obtenir de bons résultats. En fait, les nerfs radiaux qui sillonnent ces doigts parcourent nos avant-bras et nos bras, aboutissant à un plexus nerveux qui est situé au creux de la nuque et dont les terminaisons sont en relation directe avec l’épiphyse et l’hypophyse, deux glandes importantes qui sont en fait la contrepartie physique des deux centres psychiques particulièrement actifs dans cet exercice. Parmi les douze centres psychiques du corps humain, les centres pinéal et pituitaire peuvent en fait être considérés comme les deux principaux au niveau du rôle qu’ils jouent dans l’harmonisation des facultés psychiques de l’individu. De fait, le rôle de chacun de nos centres psychiques est de permettre à l’énergie propre à la conscience universelle et divine de nous pénétrer continuellement ; ce sont eux qui permettent aux forces universelles qui nous animent d’être transformées en énergies de fréquence vibratoire suffisamment basse pour être actives en nous, les adaptant à la nature et au fonctionnement de notre être aussi bien physique que psychique. Les centres pinéal et pituitaire sont ainsi ceux qui canalisent dans notre être le plus d’énergie que nous qualifierons Ŕ compte tenu de son origine Ŕ de « cosmique ». Etant donné que les nerfs radiaux qui parcourent chacun de nos bras sont en relation avec ces deux centres, il est facile de comprendre que l’énergie qui s’écoule à travers eux possède des propriétés vibratoires particulièrement intéressantes. Bien sûr, si les nerfs radiaux permettent à l’énergie psychique de notre être de s’écouler depuis les centres psychiques encéphaliques jusqu’à l’extrémité de nos doigts, cette circulation se fait dans les deux sens ; ainsi, cette énergie s’écoule également de l’extrémité des doigts vers les centres psychiques encéphaliques, d’où le caractère facultatif de porter au front l’objet étudié conformément à ce que nous disions plus haut.

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EXERCICE 28

Son but est de nous familiariser avec la pratique de la psychokinésie.

Préparatifs. Une table est prévue sur laquelle sera déposé un objet de petite taille (crayon par exemple). Remarque. On se reportera préalablement à l’exercice 3, qui traite du pouvoir de la pensée.

1. Asseyez-vous confortablement, les pieds légèrement écartés et reposant bien à plat sur le sol, le buste bien droit et la paume des mains reposant ouverte sur les genoux. Fermez les yeux et détendez-vous bien en effectuant une série de respirations profondes neutres par le nez. 2. Après quelques instants, étant parfaitement calme et détendu, ouvrez les yeux et reprenez une respiration régulière et normale. 3. Considérant alors attentivement du regard l’objet placé devant vous, efforcez-vous de le faire se déplacer par la seule force de votre pensée. 4. Cessez l’exercice après sa réussite ou au bout de dix à quinze minutes sans succès61. Nous avons vu que la vibroturgie est basée sur la réception des vibrations qui émanent des objets et plus particulièrement de ceux qui ont été en contact direct avec des personnes qui les ont tenus ou portés sur elles62. La perception vibroturgique nécessite un état de réceptivité de notre part, car, sans cet état, il nous est impossible d’être sensibles aux impulsions vibratoires qui se propagent depuis l’extrémité de nos doigts jusqu’aux centres psychiques pinéal et pituitaire. Comme dans la radiesthésie, la pratique de la vibroturgie exige une mise en harmonie avec la conscience propre de l’âme qui nous anime, avec ce que nous avons appelé notre « maître intérieur ». Cette conscience, qui est en chacun de nous le reflet de la conscience divine, est parfaite. De ce fait, elle possède les qualités d’omniscience qui sont celles du divin. En fait, ce qu’il faut bien comprendre, c’est qu’aussi bien dans le cas de la vibroturgie que dans celui de la radiesthésie, notre propre conscience joue un rôle de récepteur par rapport aux vibrations qui émanent des objets comme de notre propre conscience intérieure. C’est pourquoi il est nécessaire d’être passif Ŕ réceptif plus précisément Ŕ lors de la mise en pratique de ce type de technique. 61 62

Par la suite, si le succès ne vient toujours pas, augmenter progressivement le temps d’essai. Sur ce point : cf. exercice 27.

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Dans la télékinésie, encore nommée psychokinésie63, c’est le phénomène inverse qui se produit, car ce sont les vibrations de notre pensée qui doivent agir sur celles des objets. Notre mental tient alors le rôle d’émetteur tandis que l’objet auquel nous appliquons son pouvoir tient celui de récepteur. Cela veut dire qu’il est impossible à quiconque de réussir une expérience de télékinésie s’il se maintient dans un état passif, simplement réceptif. Il faut au contraire utiliser toute la force de sa concentration pour agir sur un objet matériel. Bien entendu, il n’est pas donné à tout le monde de pouvoir se concentrer sur une chose au point de l’affecter et de l’amener à répondre à ses impulsions mentales. A cet égard, rappelons que la concentration est la faculté qui nous permet de canaliser toute notre activité mentale sur un seul objectif ; de nombreux exercices des précédentes étapes nous ont permis d’apprendre à maîtriser cet indispensable « art de la concentration » et à développer notre « pouvoir de pensée »64. L’effet de la télékinésie se traduit par deux sortes de manifestations majeures. Certains individus sont capables, par le pouvoir de la pensée, de provoquer un mouvement de l’objet soumis à leur concentration. Ainsi, des expériences ont-elles montré que certaines personnes étaient capables de faire rouler un crayon posé sur un table à plusieurs mètres de distance. Lorsque l’on analyse attentivement ce genre d’expériences, en se gardant de tout trucage et de toute illusion, on constate que le mouvement pris par l’objet nécessite davantage une impulsion de départ qu’un maintien constant de la force mentale qui lui est appliquée. En ce domaine, il semble que le plus difficile soit de produire l’impulsion initiale ; il semble également qu’une telle impulsion de départ soit impossible à donner à un corps matériel dont la masse dépasse une certaine norme. Le présent exercice relève de ce premier type de manifestations. Considérons maintenant la seconde catégorie d’effets obtenus au moyen de la télékinésie. Il s’agit là de manifestations que seuls ceux que nous appelons généralement « les maîtres » (ceux qui ont en fait acquis une parfaite maîtrise sur les plans physique, psychique et spirituel) sont capables de produire. Ainsi, nombre de ces initiés (au sens plein du terme) peuvent agir sur la matière en général et plus particulièrement sur les mouvements des particules qui la composent. En un mot, ils ont acquis le pouvoir de changer la nature vibratoire des choses et, par conséquent, de les transformer Ŕ les transmuter Ŕ à leur gré, avec ou sans mouvement apparent. C’est en vertu de ce principe que nous reconnaissons qu’il nous est possible d’agir mentalement sur la nature vibratoire des objets et d’en modifier l’apparence ; bien sûr, cela demande de longues années de pratique assidue. L’exercice 29, qui sera l’objet de notre prochaine étude, est une illustration de ce deuxième type de manifestations liées à l’énergie psychokinétique.

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Psycho-, du grec psukhê pour « âme » et Ŕkinésie, du grec kinésis pour « mouvement ». Sur ces points : cf. exercices 3, 4, 5, 6 et 13.

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EXERCICE 29

Son but est la création d’un nuage « alchimique» par l’utilisation de l’énergie psychokinétique. Préparatifs. Pour cet exercice, à défaut de disposer d’un oratoire suffisamment grand, il convient de choisir une pièce d’au moins cinq mètres de longueur dans laquelle on pourra disposer d’un mur entier comme support visuel. Ce mur sera nu, uniquement garni d’un disque noir65 en son centre, le diamètre étant tel qu’il puisse être distingué étant assis66. Remarque. Il convient de se reporter préalablement à l’exercice 28. De même, on se reportera à ce qui est dit à propos du noùs dans les exercices 18 et 23.

1. Asseyez-vous confortablement, face au mur porteur du disque et le plus loin possible de lui, les pieds légèrement écartés et reposant bien à plat sur le sol, le buste bien droit et la paume des mains reposant ouverte sur les genoux. Fermez les yeux et détendez-vous bien. 2. Effectuez l’exercice d’éveil de la conscience psychique en vous. Commencez ainsi par concentrer toute votre conscience sur vos orteils, puis la plante de vos pieds, puis vos talons. Ce faisant, effectuez des respirations profondes positives par le nez et essayez de sentir la vie qui anime chacune de ces parties de votre corps ; efforcez-vous de ressentir la pulsation des vaisseaux sanguins, les influx nerveux, les muscles, les tendons, les ligaments, les os et, d’une manière générale, tous les éléments qui entrent dans la constitution de vos pieds. Procédez ainsi pendant environ une minute. 3. Continuez cet éveil psychique de la même façon, consacrant environ une minute à chaque région du corps, en gagnant successivement vos chevilles, vos jambes, vos genoux et vos cuisses, puis votre bassin, votre abdomen avec les organes qui s’y trouvent, puis votre thorax avec le cœur et les poumons qui y sont logés ; concentrez-vous alors sur le bas du dos et remontez lentement le long de votre colonne vertébrale, jusqu’à éveiller la conscience psychique dans votre cou. 65

Si le mur est clair, sinon un disque blanc. L’utilisation d’un disque comme support visuel peut être rendue inutile dès lors que l’on maîtrisera suffisamment la technique ; il pourra donc être supprimé, quand même il serait mentionné dans de futurs exercices similaires. 66

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4. Portez ensuite votre concentration sur vos mains, vos poignets, vos avant-bras, vos coudes, vos bras et vos épaules, puis remontez vers la partie inférieure de votre visage et concentrez votre conscience sur vos mâchoires, vos joues, votre nez, vos oreilles, votre front et, finalement, le sommet de votre tête. 5. Terminez en dirigeant toute votre concentration sur un point situé au centre de votre tête. Demeurez ainsi, calme et détendu, reprenant une respiration normale et régulière, pendant environ une minute. 6. Dès que vous sentez les effets de cet éveil dans tout votre corps, ouvrez les yeux et, le contemplant attentivement, concentrez-vous sur le disque, jusqu’à ce que votre vue se trouble légèrement et que vous ayez l’impression qu’il disparaît à vos yeux par intermittence. Dans la mesure du possible, évitez de cligner des paupières. 7. Lorsque le disque semble disparaître à votre vue, voire même se mouvoir, portez votre regard sans cligner des paupières sur le côté gauche du mur. Ensuite, revenez lentement vers le disque en balayant des yeux toute la zone située entre l’extrémité gauche et le disque lui-même. Ce faisant, déployez toute votre volonté pour puiser dans le noùs situé dans cette zone de l’espace l’énergie matérielle dont il est en partie formé ; efforcez-vous d’amener cette énergie à se condenser à hauteur du disque. 8. Faites alors de même pour les autres zones de l’espace délimitées par les extrémités droite, supérieure et inférieure du mur et le disque. Autrement dit, balayez successivement chacune des zones allant de l’extrémité droite vers le disque, où vous renouvellerez la condensation partielle du noùs ; puis, toujours de même, du plafond vers le disque et du sol vers le disque. 9. Après ces quatre balayages, renouvelez l’ensemble du processus (points 7 et 8) jusqu’à observer dans la zone centrale, autour du disque, une sorte de brume blanchâtre67.

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Stopper l’exercice au bout d’environ quinze minutes en cas d’échec ; plus tard, le temps d’essai pourra être progressivement allongé si nécessaire.

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10. Dès l’observation de cette brume dans la zone centrale, concentrez-vous sur elle, sans aucune crispation et utilisez votre pouvoir de concentration pour la rendre de plus en plus dense. Vous devrez alors visualiser cette zone comme un centre d’énergie qui attire vers lui certaine essence avoisinante constitutive du noùs. Si vous réussissez, le disque doit finalement disparaître derrière le « nuage » ainsi formé. 11. Lorsque vous aurez obtenu un bon résultat, même partiel68, arrêtez l’exercice. Cet exercice dit « de création d’un nuage alchimique » est sans doute l’un des plus importants parmi ceux qui ont été communiqués à ce jour dans le cadre général de notre travail pratique ; il démontre notamment ce que le mental humain est capable d’accomplir, en une forme d’alchimie69 supérieure, à partir de l’énergie qui nous environne. Le but des étapes préliminaires d’éveil (points 2 à 4) est de permettre une préparation intérieure adéquate de notre être en vue de produire la manifestation psychique recherchée dans cet exercice. Le disque, quant à lui, sert à la fois de support visuel à la concentration autant qu’il permet de délimiter quatre zones d’espace centrées sur un point focal de condensation du noùs. L’influence télékinétique dont il a été question dans l’exercice précédent ne se limite pas à la matière en tant que substance. Elle s’applique également aux vibrations qui en émanent. Plus encore, elle peut agir sur certaines des lois auxquelles le monde terrestre est soumis. Si nous résumons ici ce que nous avons déclaré au sujet de l’énergie psychokinétique, ou énergie télékinétique, nous dirons donc que son action se situe à trois niveaux : sur la matière elle-même ; sur les vibrations qui en émanent ; sur certaines lois auxquelles elle est soumise. De fait, si l’on admet qu’effectivement toute matière est en définitive énergie et donc vibration, il est facile d’envisager certaine possibilité d’action de la pensée, elle-même énergie, sur les corps matériels, leurs propriétés et certaines des lois qui les gouvernent. Le pouvoir de la pensée n’a en fait pas de limite dès lors que cette dernière inscrit son action Ŕ voit son action inscrite Ŕ dans le cadre de ce que nous avons maintes fois appelé la conscience universelle et divine : en phase, en harmonie donc avec cette dernière… En ce sens, nous considérons que des « pouvoirs » comme la télépathie, la projection psychique, la vibroturgie, la radiesthésie et la télékinésie, par exemple, ne sont que des manifestations relativement mineures de ce que le divin peut accomplir en nous par le biais de la conscience humaine. Dire cela, c’est reconnaître qu’il existe des pouvoirs encore plus grands, pour ne pas dire davantage transcendants. Nous savons ainsi que l’Homme peut agir mentalement sur la matière. Nous savons également que son pouvoir, en ce domaine, peut s’étendre au-delà même de la matière manifestée ; ainsi, par le pouvoir de la pensée, l’Homme peut étendre son action sur la matière non encore manifestée, c’est à dire sur l’essence même de cette dernière, allant jusqu’à la possibilité de « créer » de nouvelles formes matérielles : plus précisément, de « former » : yetser et non bara…

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Ou au bout d’une quinzaine de minutes d’essai (voir note précédente). D’où le qualificatif attribué au nuage ainsi matérialisé.

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Précisons qu’ici (la présente remarque, quant à l’acception plus large du terme sera valable en d’autres exercices) l’adjectif « psychokinétique » est utilisé en relation avec la nature de l’énergie mentale (et d’ordre psychique) mise en cause dans les manifestations décrites ; de fait, il s’agira de cette même sorte d’énergie mise en œuvre lors des expériences de psychokinésie proprement dites : déplacement (mouvement : kinésis) de corps matériels sous l’action de la pensée dirigée, du psychisme (âme : psukhê). S’agissant, dans l’un comme l’autre type, d’un même phénomène psychique, nous conservons donc ce terme70. Dans le présent exercice, il n’est pas question de chercher à « créer » de la matière à partir de son essence, cela étant du domaine de ce qu’il est convenu d’appeler généralement les « initiés de très haut rang », ou encore les « maîtres » au sens fort du terme ; un tel pouvoir est en effet lié à un degré d’évolution et de maîtrise qui ne peut être qu’exceptionnel. En fait, il s’agit plutôt, à partir de l’essence invisible du noùs Ŕ particulièrement de sa phase dite « négative » ou « matérielle » Ŕ de permettre la formation71 de ce que nous avons appelé un « nuage alchimique » : condensation locale et temporaire du noùs présent dans une région donnée de l’espace, nous dirons son organisation. Il est important, à ce stade, de bien comprendre que le nuage ainsi formé à partir de l’essence cosmique qui pénètre tout l’univers ne fait intervenir que la phase négative, matérielle, du noùs ; autrement dit, ce que nous avons appelé ailleurs la « force matérielle » qui en est une des composantes. Cela signifie par conséquent qu’aucune « force vitale » n’interviendra dans le processus. S’il en est ainsi, c’est parce que le mental humain n’a pas le pouvoir d’agir sur l’agent universel qui est à l’origine de la Vie. Un tel pouvoir est le seul fait de la puissance divine.

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Et ce, d’autant plus d’ailleurs, qu’il est toujours question, d’une façon ou d’une autre, de mettre en mouvement quelque chose. Nous sommes bien là dans le domaine de yetsira (formation), non de beria (création).

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EXERCICE 30

Son but est la stimulation de la vision psychique. Remarque. Cet exercice est à mettre en parallèle avec l’exercice 8.

1. Asseyez-vous confortablement, les pieds légèrement écartés et reposant bien à plat sur le sol, le buste bien droit et la paume des mains reposant ouverte sur les genoux. Fermez les yeux et détendez-vous bien. 2. Placez alors l’index et le majeur réunis de la main droite sur l’œil droit et le pouce de cette même main sur la tempe droite. Faites ensuite de même avec la main gauche et votre œil et votre tempe gauches. 3. Vos doigts étant ainsi placés, exercez une très légère pression sur chaque œil et maintenez-la. 4. Tout en exerçant cette pression, effectuez pendant quelques minutes un enchaînement ininterrompu de respirations profondes neutres par le nez. 5. Reprenez ensuite l’attitude de départ (point 1) et, les yeux clos, demeurez ainsi quelques minutes avant de cesser l’exercice. Cet exercice apporte un certain tonus aux yeux. Ainsi, après l’avoir effectué, nous pouvons constater une amélioration de notre vue ; les globes oculaires sont régénérés et chargés d’une vitalité accrue. A ce propos, nous ne pouvons que recommander la pratique régulière de cet exercice, particulièrement en cas de fatigue ou de douleur oculaires. Parallèlement à cet effet, cette stimulation des yeux produit un éveil appréciable de la vision psychique, car elle permet de canaliser le magnétisme de nos mains vers la glande pinéale, au centre de la tête, ce qui contribue à stimuler sa fonction de centre psychique. Ce qu’il faut bien retenir ici, en lien avec cet exercice, c’est que nos yeux sont en relation directe avec notre glande pinéale. Par conséquent, ils sont en relation avec le centre psychique qui lui correspond. Partant de ce principe, il est facile de comprendre que, tout comme les vibrations physiques affectent notre rétine et viennent stimuler en notre cerveau la formation d’images visuelles, certaines vibrations plus subtiles, de nature psychique, seront canalisées par ce même moyen depuis le centre pinéal jusqu’à être extériorisées, irradiant par le moyen de l’œil. C’est ce principe qui est mis en application avec la condensation du « nuage » (revoir exercice 29).

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Ainsi, en nous concentrant comme cela est demandé, nous générons un flux d’énergie psychique qui, par l’intermédiaire de nos yeux, est dirigé devant nous, convergeant vers l’endroit où nous posons notre regard. Cela doit nous donner l’occasion de nous arrêter sur le sens profond qu’il faut attribuer au mot « vision ». En effet, de manière courante, la vision est définie comme étant l’action de voir avec les yeux ; elle est la perception visuelle, en formes et couleurs, en lumière et obscurité, du monde qui nous entoure. Cette définition, pourtant, bien qu’elle soit satisfaisante sur le plan physique ou objectif, ne suffit pas pour exprimer tout ce que ce sens extrêmement important peut en réalité recouvrer. Ainsi, il est exact que la vision s’applique à la perception des vibrations lumineuses qui proviennent de notre environnement, mais elle concerne aussi la concentration (s’agissant alors de focaliser notre regard), en un point donné, de l’énergie psychique qui émane de chaque œil. En d’autres termes, la vision opère aussi bien de l’extérieur vers l’intérieur que de l’intérieur vers l’extérieur. Dans le premier cas, les yeux permettent aux stimuli physiques de converger vers nos processus cérébraux et mentaux ; dans le second cas, ils servent de point de convergence à l’énergie psychique qui provient du centre pinéal, permettant son irradiation hors de nous. Ainsi nos yeux sont-ils bien plus que les simples organes matériels de la vue ; ils sont également des centres d’énergie créatrice pour l’activité extra-sensorielle dont l’homme est capable. Ce que nous venons de dire doit nous permettre de mieux comprendre la différence qui existe entre la « vision » et la « visualisation ». Bien que ces termes soient souvent employés, à tort, comme synonymes dans le langage courant, nous savons que les processus auxquels ils se rapportent ne sont pas les mêmes. La vision, comme nous venons de le rappeler, fait intervenir le fonctionnement physique et psychique de l’œil, à la fois comme organe récepteur et émetteur. La visualisation, de son côté, est une pratique qui ne requiert pas l’usage de la vue ou, plus précisément, de l’œil Ŕ en tout cas, tel que nous le concevons habituellement. Rappelons simplement ici que la visualisation consiste à utiliser le pouvoir de l’imagination pour créer une représentation de ce que nous désirons obtenir, atteindre ou voir se réaliser ; il est clair que ce processus de création mentale peut se faire sans le support des yeux.

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EXERCICE 31

Son but est la maîtrise de la puissance liée aux sons en vue de la matérialisation locale du noùs. Préparatifs. Tout sera préparé comme pour l’exercice 29 étudié précédemment.

Remarque. Cet exercice est en fait complémentaire du numéro 29 et il convient de revoir ce dernier au préalable.

1. Asseyez-vous confortablement, face au mur porteur du disque et le plus loin possible de lui, les pieds légèrement écartés et reposant bien à plat sur le sol, le buste bien droit et la paume des mains reposant ouverte sur les genoux. Fermez les yeux et détendez-vous bien. 2. Effectuez l’exercice d’éveil de la conscience psychique en vous selon la technique habituelle. Commencez ainsi par concentrer toute votre conscience sur vos orteils, puis la plante de vos pieds, puis vos talons. Ce faisant, effectuez des respirations profondes positives par le nez et essayez de sentir la vie qui anime chacune de ces parties de votre corps ; efforcez-vous de ressentir la pulsation des vaisseaux sanguins, les influx nerveux, les muscles, les tendons, les ligaments, les os et, d’une manière générale, tous les éléments qui entrent dans la constitution de vos pieds. Procédez ainsi pendant environ une minute. 3. Continuez cet éveil psychique de la même façon, consacrant environ une minute à chaque région du corps, en gagnant successivement vos chevilles, vos jambes, vos genoux et vos cuisses, puis votre bassin, votre abdomen avec les organes qui s’y trouvent, puis votre thorax avec le cœur et les poumons qui y sont logés ; concentrez-vous alors sur le bas du dos et remontez lentement le long de votre colonne vertébrale, jusqu’à éveiller la conscience psychique dans votre cou ; portez ensuite votre concentration sur vos mains, vos poignets, vos avant-bras, vos coudes, vos bras et vos épaules, puis remontez vers la partie inférieure de votre visage et concentrez votre conscience sur vos mâchoires, vos joues, votre nez, vos oreilles, votre front et, finalement, le sommet de votre tête.

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4. Terminez en dirigeant toute votre concentration sur un point situé au centre de votre tête. Demeurez ainsi, calme et détendu, reprenant une respiration normale et régulière, pendant environ une minute. 5. Dès que vous sentez l’effet de cet éveil dans tout votre corps, ouvrez les yeux et, le contemplant attentivement, sans cligner des paupières, concentrez-vous sur le disque, jusqu’à ce que votre vue se trouble légèrement et que vous ayez l’impression qu’il disparaît à vos yeux par intermittence. 6. Lorsque le disque semble disparaître à votre vue, voire même se mouvoir, portez votre regard sans cligner des paupières sur le côté gauche du mur. Inspirez alors profondément et, cependant que vous mettez toute votre volonté dans la matérialisation locale du noùs, condensant ce dernier à hauteur du disque, exhalez lentement tout en balayant du regard la moitié gauche du mur tandis que vous entonnez comme il se doit (l’intonation doit être maintenue pendant tout le balayage) : « RA… » 7. Faites de même pour les autres zones de l’espace délimitées par les extrémités droite, supérieure et inférieure du mur et le disque. Autrement dit, balayez de la même façon successivement les zones allant de l’extrémité droite vers le disque, où vous renouvellerez la condensation partielle du noùs ; puis, toujours de même, du plafond vers le disque et du sol vers le disque. 8. Après ces quatre balayages, renouvelez l’ensemble de ce processus (points 6 et 7) jusqu’à observer dans la zone centrale, autour du disque, une sorte de brume blanchâtre72. 9. Dès l’observation de cette brume dans la zone centrale, concentrez-vous sur elle, sans aucune crispation et utilisez votre pouvoir de concentration pour la rendre de plus en plus dense. Vous devrez alors visualiser cette zone comme un centre d’énergie qui attire vers lui certaine essence avoisinante constitutive du noùs. Si vous réussissez, le disque doit finalement disparaître derrière le « nuage » ainsi formé. 10. Lorsque vous aurez obtenu un bon résultat, même partiel73, arrêtez l’exercice. 72 73

Stopper l’exercice au bout d’environ quinze minutes en cas d’échec (voir le même point dans l’exercice 29). Ou au bout d’une quinzaine de minutes d’essai.

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La création de ce que nous avons appelé le nuage « alchimique » repose sur notre aptitude à concentrer toute notre volonté ou puissance psychique sur les éléments matériels peuplant le vide apparent qui nous entoure. Le résultat de cette concentration, à savoir la condensation en une zone bien délimitée d’une partie du noùs, est de nature essentiellement psychique. Cela signifie par conséquent que le nuage ainsi formé n’a pas une densité suffisante pour qu’on puisse le voir aussi parfaitement ou facilement que si nous regardions un objet ou un corps matériel. Dans ce cas précis, la forme de vision qui nous permet de le situer n’est pas purement objective ; elle n’est pas non plus purement psychique. En fait, elle se situe à la frontière de ces deux types de perception, le nuage obtenu étant une manifestation à la fois de l’essence et de la substance. Cela explique qu’il faille nécessairement se placer dans un état de conscience intermédiaire pour créer le nuage et le percevoir. S’il nous est conseillé, dans les premières phases de cet exercice (points 1 à 4), de procéder à l’éveil de la conscience psychique dans le corps, c’est précisément pour produire en nous la condition intermédiaire nécessaire. A cette condition, nous avons ajouté une période d’intense concentration sur le disque servant de support visuel (point 5). Cette concentration a deux objectifs : d’une part, provoquer la fatigue oculaire conduisant au phénomène de vision psychique ; d’autre part, donner un point de repère tangible pour bien circonscrire la zone d’expérience. Ces conditions opératoires figuraient déjà dans l’exercice 29. Ici, une troisième condition a été ajoutée : l’utilisation d’un son vocal (points 6 et 7).

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EXERCICE 32

Son but est d’apprendre à appliquer l’énergie psychokinétique en vue d’agir sur la substance du « nuage ». Remarque. Se reporter préalablement aux exercices 23, 29 et 30, relatifs à l’énergie psychokinétique et au nuage « alchimique ». Préparatifs. Tout sera préparé comme pour l’exercice 29.

1. Asseyez-vous confortablement, face au mur porteur du disque et le plus loin possible de lui, les pieds légèrement écartés et reposant bien à plat sur le sol, le buste bien droit et la paume des mains reposant ouverte sur les genoux. Fermez les yeux et détendez-vous bien. 2. Effectuez l’exercice d’éveil de la conscience psychique en vous selon la technique habituelle. Commencez ainsi par concentrer toute votre conscience sur vos orteils, puis la plante de vos pieds, puis vos talons. Cela fait, effectuez des respirations profondes positives par le nez et essayez de sentir la vie qui anime chacune de ces parties de votre corps ; efforcez-vous de ressentir les pulsations des vaisseaux sanguins, les influx nerveux, les muscles, les tendons, les ligaments, les os et, d’une manière générale, tous les éléments qui entrent dans la constitution de vos pieds. Procédez ainsi pendant environ une minute. 3. Continuez cet éveil psychique de la même façon, consacrant environ une minute à chaque partie du corps, en gagnant successivement vos chevilles, vos jambes, vos genoux et vos cuisses, puis votre bassin, votre abdomen avec les organes qui s’y trouvent, puis votre thorax avec le cœur et les poumons qui y sont logés ; concentrez-vous alors sur le bas du dos et remontez lentement le long de votre colonne vertébrale, jusqu’à éveiller la conscience psychique dans votre cou ; portez ensuite votre concentration sur vos mains, vos poignets, vos avant-bras, vos coudes, vos bras et vos épaules, puis remontez vers la partie inférieure de votre visage et concentrez votre conscience sur vos mâchoires, vos joues, votre nez, vos oreilles, votre front et, finalement, le sommet de votre tête.

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4. Terminez en dirigeant toute votre concentration sur un point situé au centre de votre tête. Demeurez ainsi, calme et détendu, reprenant une respiration normale et régulière, pendant environ une minute. 5. Dès que vous sentez les effets de cet éveil dans tout votre corps, ouvrez les yeux, le contemplant alors sans cligner des paupières, concentrez-vous sur le disque, jusqu’à ce que votre vue se trouble légèrement et que vous ayez l’impression qu’il disparaît à vos yeux par intermittence. 6. Lorsque le disque semble disparaître à votre vue, voire se déplacer, portez votre regard sur le côté gauche du mur. Inspirez alors profondément et, cependant que vous mettez toute votre volonté dans la manifestation locale du noùs, condensant ce dernier à hauteur du disque, exhalez lentement tout en balayant du regard la moitié gauche du mur tandis que vous entonnez comme il se doit (l’intonation doit être maintenue pendant tout le balayage) : « RA… » 7. Faites alors de même pour les autres zones de l’espace délimitées par les extrémités droite, supérieure et inférieure du mur et le disque. Autrement dit, balayez de la même façon successivement les zones allant de l’extrémité droite vers le disque, où vous renouvellerez la condensation partielle du noùs ; puis, toujours de même, du plafond vers le disque et du sol vers le disque. 8. Après ces quatre balayages, renouvelez l’ensemble de ce processus (points 6 et 7) jusqu’à observer dans la zone centrale, autour du disque, une sorte de brume blanchâtre74. 9. Dès l’observation de cette brume dans la zone centrale, concentrez-vous sur elle, sans aucune crispation et utilisez votre pouvoir de concentration pour la rendre de plus en plus dense. Vous devrez alors visualiser cette zone comme un centre d’énergie qui attire vers lui certaine essence avoisinante constitutive du noùs. Si vous réussissez, le disque doit finalement disparaître derrière le « nuage » ainsi formé.

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Stoppez l’exercice au bout d’environ quinze minutes en cas d’échec (voir le même point dans l’exercice 29).

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10. Tout en regardant le « nuage » formé, usez de toute votre volonté pour l’amener à se mouvoir. Pour ce faire, utilisez votre vision psychique cependant que vous parcourez des yeux la direction que vous souhaitez donner à ce « nuage » et ce autant de fois qu’il le faut, comme si vous tiriez celui-ci du regard. Ainsi, dans un premier temps, essayez, au moyen de votre concentration, de faire en sorte qu’il s’élève légèrement (attendre que cela soit fait, ou persister quelques minutes avant de poursuivre Ŕ il sera fait de même à chaque mouvement désiré)… Puis, efforcez-vous de le faire descendre (idem)… Faites-le alors se déplacer vers la droite (idem)… Enfin, vers la gauche (idem)…

11. Lorsque vous aurez obtenu un bon résultat, même partiel75, arrêtez l’exercice. La création d’un nuage « alchimique » dépasse de beaucoup le seul fait de produire une manifestation tangible à partir du noùs. Cela requiert un investissement important de notre énergie intérieure et, de fait, sollicite et stimule l’ensemble des facultés psychiques de l’être. En conséquence, cette pratique, au-delà des manifestations surprenantes, constitue un exercice très efficace pour éveiller les pouvoirs latents en chacun de nous. Cet exercice n’est ni plus ni moins qu’une application spécifique de l’énergie psychokinétique mise en action par ce genre de pratique. Ici, la particularité tient à ce qu’il s’agit de mettre en mouvement non pas un objet matériel déjà existant, comme cela a déjà été vu avec d’autres exercices, mais plutôt de produire le mouvement d’une manifestation issue de certaine forme de matérialisation. En ce sens, le processus utilisé est le même, mais il s’applique ici à la substance (au sens premier de ce terme) même de la matière. Nous verrons prochainement comment agir sur l’essence même du « nuage » matérialisé. Rappelons Ŕ comme cela a déjà été dit, à l’occasion des exercices similaires précédents Ŕ que le disque utilisé ici ne constitue qu’un support destiné à poser les bases du processus à suivre pour créer le « nuage » dans une zone donnée de l’espace environnant ; tôt ou tard, nous devrons passer à un autre stade où l’utilisation d’un tel support matériel deviendra parfaitement inutile. Bien sûr, il est tout à fait impossible de dire à chacun quand un tel moment arrivera ; c’est en fait à chacun de sentir s’il est prêt et à essayer. Mieux encore, c’est à chacun de s’exercer à cette pratique dans n’importe quelle pièce, vaste si possible, sans avoir recours à un mur comme arrière-plan, voire même à tenter l’expérience en extérieur. Il peut être intéressant de se demander ce que devient le « nuage », une fois celui-ci formé ou matérialisé. En fait, dès qu’il est apparu, il subsiste quelque temps puis se dissipe progressivement pour réintégrer le noùs dont il a été tiré. Pour des raisons faciles à comprendre, c’est durant la période au cours de laquelle nous nous concentrons dessus qu’il est à l’apogée de sa condensation. Au fur et à mesure que notre concentration se relâche, l’impact de tous les processus mentaux et psychiques que nous avons mis en jeu pour le former s’affaiblit, ce qui a pour effet de provoquer sa dispersion.

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Ou au bout d’une quinzaine de minutes d’essai.

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Ainsi, après avoir connu la plus haute phase de sa manifestation, la cohésion qui lui donnait sa forme perd de sa force et il arrive un moment où les particules sub-atomiques, les éléments d’énergie, qui le constituaient retrouvent leur état d’origine et se fondent à nouveau dans le noùs.

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EXERCICE 33

Son but est d’apprendre à appliquer l’énergie psychokinétique en vue d’agir sur l’essence du « nuage alchimique ». Préparatifs. Tout sera préparé comme pour l’exercice 29. Remarque. Se reporter préalablement à l’exercice 3, où il est question de la visualisation de couleurs, aux exercices 23, 29 et 31, traitant de l’énergie psychokinétique et du nuage « alchimique ». On reverra de même l’exercice précédent, qui aborde l’action de l’énergie psychokinétique sur ledit nuage.

1. Asseyez-vous confortablement, face au mur porteur du disque et le plus loin possible de lui, les pieds légèrement écartés et reposant bien à plat sur le sol, le buste bien droit et la paume des mains reposant ouverte sur les genoux. Fermez les yeux et détendez-vous bien. 2. Effectuez l’exercice d’éveil de la conscience psychique en vous selon la technique habituelle. Commencez ainsi par concentrer toute votre conscience sur vos orteils, puis la plante de vos pieds, puis vos talons. Ce faisant, effectuez des respirations profondes positives par le nez et essayez de sentir la vie qui anime chacune de ces parties de votre corps ; efforcez-vous de ressentir la pulsation des vaisseaux sanguins, les influx nerveux, les muscles, les tendons, les ligaments, les os et, d’une manière générale, tous les éléments qui entrent dans la constitution de vos pieds. Procédez ainsi pendant environ une minute. 3. Continuez cet éveil psychique de la même façon, consacrant environ une minute à chaque partie du corps, en gagnant successivement vos chevilles, vos jambes, vos genoux et vos cuisses, puis votre bassin, votre abdomen avec les organes qui s’y trouvent, puis votre thorax avec le cœur et les poumons qui y sont logés ; concentrez-vous alors sur le bas du dos et remontez le long de la colonne vertébrale, jusqu’à éveiller la conscience psychique dans votre cou.

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4. Portez ensuite votre concentration sur vos mains, vos poignets, vos avant-bras, vos coudes, vos bras et vos épaules, puis remontez vers la partie inférieure de votre visage et concentrez votre conscience sur vos mâchoires, vos joues, votre nez, vos oreilles, votre front et, finalement, le sommet de votre tête. 5. Terminez en dirigeant toute votre concentration sur un point situé au centre de votre tête. Demeurez ainsi, calme et détendu, reprenant une respiration normale et régulière, pendant environ une minute. 6. Dès que vous sentez les effets de cet éveil dans tout votre corps, ouvrez les yeux, le contemplant attentivement, concentrez-vous sur le disque, jusqu’à ce que votre vue se trouble légèrement et que vous ayez l’impression qu’il disparaît à vos yeux par intermittence. Là encore, dans la mesure du possible, évitez de cligner des paupières. 7. Lorsque le disque semble disparaître à votre vue, voire même se mouvoir, portez votre regard sans cligner des paupières sur le côté gauche du mur. Inspirez alors profondément et, cependant que vous mettez toute votre volonté dans la manifestation locale du noùs, condensant ce dernier à hauteur du disque, exhalez lentement tout en balayant du regard la moitié gauche du mur tandis que vous entonnez comme il se doit (l’intonation doit être maintenue pendant tout le balayage) : « RA… » 8. Faites alors de même pour les autres zones de l’espace délimitées par les extrémités droite, supérieure et inférieure du mur et le disque. Autrement dit, balayez de la même façon successivement les zones allant de l’extrémité droite vers le disque, où vous renouvellerez la condensation partielle du noùs ; puis, toujours de même, du plafond vers le disque et du sol vers le disque. 9. Après ces quatre balayages, renouvelez l’ensemble de ce processus (points 7 et 8) jusqu’à observer dans la zone centrale, autour du disque, une sorte de brume blanchâtre76.

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Stopper l’exercice au bout d’environ quinze minutes en cas d’échec.

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10. Dès l’observation de cette brume dans la zone centrale, concentrez-vous sur elle, sans aucune crispation et utilisez votre pouvoir de concentration pour la rendre de plus en plus dense. Vous devrez alors visualiser cette zone comme un centre d’énergie qui attire vers lui certaine essence avoisinante constitutive du noùs. Si vous réussissez, le disque doit finalement disparaître derrière le « nuage » ainsi formé. 11. Tout en regardant le « nuage » ainsi formé, usez de toute votre volonté pour l’amener à prendre une teinte bien définie, que vous nommerez mentalement (en cas de pratique collective, l’officiant indiquera préalablement la couleur choisie). Pour ce faire, utilisez votre vision psychique ainsi que votre pouvoir de concentration mentale77 pour l’amener à prendre la couleur voulue78. 12. Lorsque vous aurez obtenu un bon résultat, même partiel79, arrêtez l’exercice. Cet exercice est tout à fait complémentaire du précédent en cela que l’un et l’autre tendent à la maîtrise de l’énergie psychokinétique, en vue d’agir sur une matérialisation locale et temporaire du noùs. Toutefois, ici, il ne s’agit plus d’agir sur la substance du « nuage » formé mais plutôt d’agir sur son essence ; plus précisément, il est ici question d’agir, par l’énergie concentrée et dirigée de la pensée, sur la fréquence vibratoire de celui-ci. Par une telle action, nous faisons en sorte que le « nuage » matérialisé n’absorbe que certaines longueurs d’ondes ou, ce qui revient au même, n’en réfléchisse que certaines autres. Une telle action est possible car, lorsque nous sommes dans un état de conscience intermédiaire, le pouvoir de la pensée est tel qu’il parvient à produire la matérialisation de l’idée sur laquelle nous sommes concentrés.

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Sur ce point : cf. exercice 3. Dans un premier temps, il est conseillé de procéder selon l’ordre des couleurs de l’arc-en-ciel ou du spectre de lumière blanche, commençant par les radiations les moins énergétiques : rouge, orange, jaune, vert, bleu, indigo et violet (au début, une seule teinte sera retenue). 79 Ou au bout d’une quinzaine de minutes d’essai. 78

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EXERCICE 34

Son but est l’utilisation de la mémoire du subconscient. Remarque. Cet exercice ne peut être l’objet d’une pratique collective.

1. Ayant à rechercher ou à vous rappeler un fait ou une information dont vous n’arrivez pas à vous souvenir, asseyez-vous confortablement, les pieds légèrement écartés et reposant bien à plat sur le sol, le buste bien droit et la paume des mains reposant ouverte sur les genoux. Fermez les yeux et détendez-vous bien. 2. Procédez alors à une série de respirations profondes neutres par le nez, tout en vous relaxant le plus possible. 3. Etant parfaitement calme et détendu et ayant repris une respiration normale et régulière, visualisez sous forme de question ce dont vous cherchez à vous souvenir. Ainsi, par exemple, visualisant un objet égaré, demandez-vous mentalement : « Où se trouve ……. (désignant ici l’objet en question) ? » 4. Répétez cette visualisation et cette interrogation (point 3) plusieurs fois (autant de fois que cela vous semblera nécessaire) puis, cela fait, cessez d’y penser. En d’autres termes, une fois l’étape de visualisation achevée, oubliez totalement votre question de manière à ce qu’elle puisse être transférée dans votre conscience et recevoir la réponse voulue. A cette fin, cessez l’exercice pour reprendre vos occupations habituelles. Le présent exercice peut être adapté à toute demande, à toute recherche ou question particulières ; à cet effet, il suffira de modifier la question posée mentalement et d’adapter la visualisation au but précis. Il nous est souvent difficile de nous rappeler les événements passés. Une telle difficulté n’est pas due au fait que nous ne les avons pas mémorisés, mais au fait que nous nous y prenons souvent très mal pour franchir la barrière qui donne accès à notre subconscient. En effet, la plupart du temps, nous nous contentons de n’utiliser que notre seule volonté objective pour nous remémorer le passé. Il s’agit là d’une erreur, car en procédant de cette manière, nous limitons notre recherche aux souvenirs qui ont été enregistrés par notre seule mémoire objective mais nous ne franchissons pas le seuil de notre mémoire subconsciente. Or, c’est ce seuil qu’il faut absolument dépasser pour nous rappeler la plupart des événements que nous pensons avoir oubliés.

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Parallèlement à cela, nous ne devons pas perdre de vue que les faits dont nous nous souvenons le plus facilement sont ceux auxquels nous avons accordé une attention soutenue. Si tel est le cas, c’est parce qu’il faut un minimum d’attention pour qu’une information soit prise en compte par l’aspect supérieur de notre conscience. De tout ce qui précède, il résulte que ce que nous appelons « manque de mémoire » provient le plus souvent de deux causes majeures : en premier lieu, nous manquons de concentration et n’accordons pas suffisamment d’attention aux informations que nous cherchons à mémoriser ; en second lieu, nous nous obstinons la plupart du temps à faire appel à notre volonté objective pour nous souvenir du passé, alors qu’il suffit d’en faire la demande à notre subconscient En effet, notre subconscient contient le souvenir de tout ce qui a suscité notre attention et notre réflexion depuis le tout début de notre vie. L’intérêt de cet exercice tient en ce qu’il met à profit l’utilisation de ce que nous appellerons « la mémoire subconsciente », infaillible et parfaite, plutôt que de s’efforcer à faire appel à notre volonté ou à nos souvenirs quand ces derniers s’avèrent peu fiables ou simplement défaillants.

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EXERCICE 35

Son but est la purification du subconscient. Remarque. Cet exercice est à rapprocher de l’exercice 1 auquel on se reportera préalablement. Cet exercice ne peut être l’objet d’une pratique collective.

1. Lorsque le moment se fait sentir, et si possible le soir avant de vous endormir, vous tenant confortablement assis, les pieds légèrement écartés et reposant bien à plat sur le sol, le buste bien droit et la paume des mains reposant ouverte sur les genoux80, ayant fermé les yeux et vous tenant calme et détendu, essayez de remonter le plus loin possible dans vos souvenirs d’adolescence et d’enfance. 2. Ce faisant, chaque fois qu’un événement vous revient en mémoire, faites en sorte de le garder quelques instants à la conscience, et analysez-le comme s’il s’agissait de la séquence d’un film dont vous êtes l’acteur principal. 3. Lorsque la scène que vous revivez concerne des événements agréables et positifs, imprégnez-vous à nouveau des sentiments de joie qui leur sont associés. Lorsqu’il s’agit au contraire de situations désagréables, où votre comportement à été négatif, ne fuyez pas leur souvenir mais efforcez-vous plutôt d’assumer les erreurs que vous avez commises ; à cet effet, voyez-vous tel que votre mémoire vous fait apparaître et visualisez le comportement que vous auriez dû avoir. La mémoire parfaite de notre subconscient81 ne présente pas que des avantages. En effet, si nous admettons qu’il mémorise tous les faits, tous les événements et toutes les informations qui ont fait l’objet de notre attention, cela suppose qu’il enregistre aussi bien les bonnes que les mauvaises pensées que nous avons pu entretenir. De ce fait, cette mémoire82 peut être encombrée par des impressions négatives. Or, tant que notre subconscient n’est pas totalement purifié de ce genre d’impressions ou souvenirs, il nous est impossible d’accéder pleinement à la sérénité, à la sagesse, qui se trouvent au plus profond de nous.

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Ou encore, allongé dans votre lit, dans la position qui vous convient le mieux. Sur ce point : cf. exercice 34. 82 Dans la mesure où, effectivement, des choses Ŕ impressions, événements, etc. Ŕ y seront écrites, enregistrées. 81

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Il est donc important de purifier notre subconscient de toutes les pensées, idées, croyances et habitudes négatives par une véritable alchimie spirituelle dans laquelle est permise la transmutation de ces éléments qui empoisonnent notre conscience. La réalisation régulière du présent exercice permet, non seulement de nous libérer de certaines inhibitions, mais également d’opérer cette transmutation intérieure qui participe à la purification de notre subconscient. De fait, avec cette pratique régulière, une multitude d’impressions plus ou moins cachées, refoulées ou obsédantes, qui pèsent sur notre conscience peuvent être éliminées. Par une telle pratique, il est ainsi tout à fait possible de neutraliser l’impact que les mauvais souvenirs ont souvent sur notre manière de vivre le présent et d’envisager l’avenir.

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EXERCICE 36

Son but est la maîtrise de la technique de la méditation.

Remarque. On se reportera préalablement aux exercices 2 et 15, qui traitent du subconscient et des rapports entre conscience intérieure et conscience extérieure.

1. Ayant choisi un thème sur lequel vous désirez méditer (en cas de pratique collective, celui-ci peut être donné par l’officiant) et celui-ci étant clairement posé, asseyez-vous confortablement, les pieds légèrement écartés et reposant bien à plat sur le sol, le buste bien droit et la paume des mains reposant ouverte sur les genoux. Fermez les yeux et détendez-vous bien. 2. Procédez ensuite à une série de respirations profondes neutres par le nez, jusqu’à ce que vous vous sentiez dans l’état physique, mental, émotionnel et psychique adéquat. 3. Reprenant une respiration normale et régulière, commencez alors à vous concentrer intensément sur le thème choisi, et ce pendant quelques minutes, en vous efforçant de visualiser le plus clairement possible le problème ou le sujet qui retient toute votre attention et sur lequel porte votre méditation. S’il s’agit de résoudre quelque problème qui se pose à vous, ayant clairement visualisé la situation, posez-vous mentalement la question83 : « Quelle est la solution pour résoudre ce problème ? » 4. La première phase de méditation, active, étant achevée (en cas de pratique collective, l’officiant indiquera la fin de cette première période), chassez alors de votre mental la question et le sujet qui vous préoccupe. 5. Passez ensuite à la seconde phase de méditation, passive, dans laquelle votre problème est transmis à votre subconscient et, par son intermédiaire, à la conscience universelle qui englobe tout. Demeurez ainsi quelques minutes, calme et réceptif, sans accorder d’attention à quelque pensée que ce soit, puis cessez l’exercice pour reprendre vos occupations habituelles.

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En fait, autant de type de questions sont possibles selon la nature du problème rencontré ; on pourra donc adapter l’exercice en conséquence.

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La méditation illustre parfaitement le rôle important que joue notre subconscient dans toute expérience visant à l’harmonisation avec la conscience universelle. La maîtrise de cet art permet d’accéder aux mystères de l’univers. Il est donc essentiel de nous poser la question de son utilité dans notre travail d’initiés autant que dans notre vie quotidienne, et d’approfondir sa pratique. Si nous considérons la définition courante qui est donnée du verbe « méditer », dans la plupart des dictionnaires, nous voyons qu’il est question de « soumettre un sujet à une longue et profonde réflexion ». Ainsi méditera-t-on sur une pensée, une idée, une vérité, une décision, un projet, un texte ; sur tout problème qui se pose à nous. Cela signifie que la méditation, dans la plupart des cas, a pour but de trouver la réponse à une question ou d’obtenir un éclaircissement sur un sujet précis. Notre vie étant partagée entre nos activités profanes et celles qui ont un caractère sacré, nous pouvons donc méditer sur des questions concernant des problèmes purement matériels et temporels, ou sur des notions d’ordre philosophique ou spirituel. Que nous méditions sur un sujet très concret ou très abstrait, le processus à suivre reste le même et dépend des mêmes principes de base. En premier lieu, il est impossible de méditer efficacement tant que l’on n’a pas défini très précisément l’objet de notre méditation. Autrement dit, il est impératif de savoir sur quoi doit porter notre réflexion. Si nous admettons que la méditation a pour but majeur d’obtenir la réponse à une question, il semble évident que la question concernée doit être claire et précise. Aussi, le thème de notre méditation doit-il d’abord être clairement posé ; il doit également pouvoir être aisément, et le plus précisément possible, visualisé. Après nous être concentrés sur notre visualisation (point 3), il est indispensable de la chasser complètement de notre mental et de ne plus y penser (point 4), permettant ainsi à notre problème d’être transmis au subconscient (point 5). Si nous ne respectons pas cette seconde phase passive, nous ne pourrons obtenir la réponse attendue, car l’objet de notre méditation reste prisonnier de la conscience objective. Ce qui importe, nous le répétons, c’est de permettre à notre visualisation de se libérer du plan mental et objectif, pour gagner les plans supérieurs de la conscience. Lorsqu’une méditation est menée selon le double processus présenté dans cet exercice, la réponse attendue viendra nécessairement, car il n’existe aucun problème, aucune question, dont notre subconscient, et, par lui, la conscience universelle qui englobe tout, ne « connaît » pas la solution… Celle-ci peut alors nous venir aussitôt sous la forme d’un symbole, d’un mot, d’une phrase ou d’une impulsion à agir de telle ou telle manière. Il se peut au contraire qu’elle nous soit donnée au bout de plusieurs jours, voire de plusieurs semaines, et qu’elle se manifeste par l’intermédiaire d’une rencontre, d’une lettre, d’un ouvrage ou d’un texte qui nous tombe sous la main ou nous est remis, et de mille autres manières encore. Quelle que soit la forme qu’elle peut prendre, dans tous les cas, elle nous est donnée d’une façon telle que lorsque nous la recevons, nous savons avec certitude qu’elle est la réponse que nous attendions et dont il nous faut tenir compte.

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Pour achever la présentation de cet exercice, citons ici L’Alchimie Spirituelle où Robert Ambelain écrit à propos de cette technique : « [La Méditation] n’est autre qu’une sorte de procédé d’introspection de divers « problèmes particulièrement importants pour le gnostique : problème du Mal, étude des « mystères divins, des rapports entre Dieu et l’Homme, etc… Elle a pour éléments de « base la raison, la considération des éléments du problème et de leurs arguments. Elle « repose nécessairement sur une parfaite connaissance des textes sacrés traditionnels, « sur une comparaison équitable et raisonnable des arguments analysés. Elle constitue la « méditation discursive, et doit toujours être précédée d’une Oraison ayant pour but la « prise de contact avec les plans supérieurs […]. Cette Oraison constitue la méditation « purgative. La méditation a lieu de jour, de préférence en plein air, dans les lieux « agrestes et solitaires ou de nuit, dans son oratoire personnel, à la seule lueur d’un « cierge de cire ou d’une veilleuse… (Op. cit. supra, note p. 85) »

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EXERCICE 37

Son but est de nous permettre de faire le vide dans notre mental.

1. Asseyez-vous confortablement, les pieds légèrement écartés et reposant bien à plat sur le sol, le buste bien droit et la paume des mains reposant ouverte sur les genoux. Fermez les yeux et détendez-vous bien. 2. Effectuez alors une série de respirations profondes neutres par le nez, jusqu’à ce que vous vous sentiez parfaitement calme, et que vous éprouviez une sensation d’éveil psychique en vous. 3. Ayant repris une respiration normale et régulière, tracez alors mentalement autour de vous un cercle sur le sol, d’environ quatre mètres de diamètre (en cas de pratique collective, les participants seront suffisamment espacés et, le cas échéant, la dimension des cercles symboliques pourra être réduite en conséquence), et imaginez que ce cercle vous isole

totalement des influences extérieures. En d’autres termes, considérez qu’il crée une zone de séparation entre vous et le monde objectif. 4. Visualisez ensuite ce cercle autour de vous pendant quelques instants. 5. Tracez alors de la même manière un deuxième cercle, à l’intérieur du premier et également centré sur vous, d’environ deux mètres de diamètre. Imaginez que ce second cercle a le pouvoir d’isoler votre mental de toute pensée discordante, et de toute idée n’ayant aucun lien avec l’état de paix intérieure auquel vous désirez accéder. 6. Visualisez ensuite uniquement ce deuxième cercle autour de vous pendant quelques instants. 7. Tracez alors de la même manière un troisième cercle, à l’intérieur des deux premiers et toujours centré sur vous, avec un diamètre tout juste suffisant pour contenir votre corps. Considérez qu’il symbolise l’isolement parfait, et qu’il est l’émanation directe de la conscience universelle qui est en vous.

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8. Visualisez de même uniquement ce troisième cercle autour de vous pendant quelques instants. 9. Cela fait, visualisez maintenant l’ensemble de ces trois cercles autour de vous pendant quelques minutes, puis concentrez-vous sur eux. Tout au long de cette concentration, imaginez que vous vous trouvez au centre d’une triple enceinte et que vous êtes totalement isolé de toute impression objective, de toute influence subjective, et que vous baignez dans une zone dont la nature est purement psychique. Nombreux sont ceux qui ont du mal à faire abstraction de leur environnement au moment où ils s’apprêtent à communier avec la conscience universelle ou avec le divin, ou encore à mettre en pratique quelque technique nécessitant que le vide soit, au moins momentanément, fait en notre mental. Or, la technique particulière décrite ici est très efficace pour surmonter cette difficulté et, par la même, pour aborder dans de bonne conditions nombre d’expériences, d’exercices, auxquels nous désirons nous livrer. Si nous éprouvons des difficultés à faire le vide en nous, que ce soit lorsque nous entrons en méditation, en prière, ou encore lorsque nous nous préparons à une expérience de télépathie, de projection psychique, de vibroturgie ou autre, la technique développée avec le présent exercice nous permet d’y parvenir progressivement. Cet exercice exige un certain entraînement car, au début, il peut être difficile de visualiser successivement chacun des trois cercles ; plus difficile encore est de maintenir, dans un second temps, la visualisation des trois cercles en même temps. Pourtant, si nous accordons l’attention voulue à cet exercice des trois cercles, nous constaterons qu’il est très efficace pour s’isoler intérieurement. Cette efficacité, en fait, repose sur trois principaux facteurs : d’abord, l’utilisation du cercle met en action certains procédés occultes dont l’usage est largement répandu en théurgie comme dans la magie cérémonielle ; ensuite, le fait de procéder comme nous l’avons indiqué permet de créer un phénomène d’autosuggestion très puissante qui, en raison de sa pureté et du but positif qu’elle doit atteindre, est accueillie favorablement par notre subconscient ; enfin, cet exercice produit une extension de notre conscience psychique. Parallèlement à l’isolement intérieur que l’exercice dit « des trois cercles » permet de créer, nous pouvons également utiliser cette technique pour nous protéger contre toutes les influences négatives qui, à un moment donné, peuvent s’exercer sur nous. Ainsi, s’il nous arrive d’être plongés dans une ambiance négative, ou quand nous avons le sentiment que d’autres personnes entretiennent de mauvaises pensées à notre égard, il nous est possible de mettre à profit la visualisation de ces circonférences isolantes et protectrices. Dans un tel contexte, il est évident que la visualisation pourra se faire quelles que soient notre situation et notre attitude physiques.

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EXERCICE 38

Son but est de renforcer notre pouvoir d’isolement et de protection. Remarque. Cet exercice est complémentaire du précédent aussi s’y reportera-t-on préalablement.

1. Asseyez-vous confortablement, les pieds légèrement écartés et reposant bien à plat sur le sol, le buste bien droit et la paume des mains reposant ouverte sur les genoux. 2. Effectuez alors une série de respirations profondes neutres par le nez, jusqu’à ce que vous vous sentiez parfaitement calme, et que vous éprouviez une sensation d’éveil psychique en vous. 3. Ayant repris une respiration normale et régulière, tracez alors mentalement autour de vous un cercle sur le sol, d’environ quatre mètres de diamètre (en cas de pratique collective, les participants seront suffisamment espacés et, le cas échéant, la dimension des cercles symboliques pourra être réduite en conséquence), et imaginez que ce cercle vous isole

totalement des influences extérieures. En d’autres termes, considérez qu’il constitue une zone de séparation entre vous et le monde objectif. 4. Visualisez ensuite ce cercle autour de vous pendant quelques instants. 5. Tracez alors de la même manière un deuxième cercle, à l’intérieur du premier et également centré sur vous, d’environ deux mètres de diamètre. Imaginez que ce second cercle a le pouvoir d’isoler votre mental de toute pensée discordante, et de toute idée n’ayant aucun lien avec l’état de paix intérieure auquel vous désirez accéder. 6. Visualisez ensuite uniquement ce deuxième cercle autour de vous pendant quelques instants.

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7. Tracez alors de la même manière un troisième cercle, à l’intérieur des deux premiers et toujours centré sur vous, avec un diamètre tout juste suffisant pour contenir votre corps. Considérez qu’il symbolise l’isolement parfait, et qu’il est l’émanation directe de la conscience universelle qui est en vous. 8. Visualisez de même uniquement ce troisième cercle autour de vous pendant quelques instants. 9. Visualisez alors maintenant l’ensemble de ces trois cercles autour de vous pendant quelques minutes, puis concentrez-vous sur eux. Tout au long de cette concentration, imaginez que vous vous tenez au centre d’une triple enceinte et que vous êtes totalement isolé de toute influence objective, de toute influence subjective, et que vous baignez dans une zone dont la nature est purement psychique. 10. Cela fait, concentrez-vous maintenant sur le deuxième cercle, au milieu, et imaginez qu’il s’élève du sol en tournant sur luimême, jusqu’à ce qu’il atteigne finalement le niveau de votre plexus solaire. Dès que vous y êtes parvenu, visualisez-le pendant quelques instants. 11. Procédez de la même manière avec le troisième cercle, le plus interne, l’amenant à hauteur de votre front et visualisez-le pendant quelques instants cependant qu’il tourne autour de vous. 12. Portez alors votre regard sur le premier cercle, le plus externe resté plaqué au sol, et, l’ayant visualisé quelques instants, imaginez qu’un champ d’énergie émane de lui et s’élève, dessinant progressivement un cône lumineux qui vous enveloppe, jusqu’au deuxième puis jusqu’au troisième cercles qui se fondront dans sa lumière, rejoignant finalement un point focal situé au-dessus de votre tête. 13. Cela fait, pendant quelques minutes, visualisez ce cône de lumière qui vous englobe totalement, et imaginez qu’il forme un espace sacré qui vous isole du monde extérieur, vous protège de toute influence négative et vous unit à la conscience universelle et divine. 14. Oubliez ensuite ce cône de lumière et, toujours dans la même attitude, abandonnez-vous quelques minutes à la communion avec la conscience universelle. Pratiques – Livre I

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De nombreuses religions et philosophies, de nombreux hommes et femmes, ont vu dans le cercle un symbole de l’union qu’il nous faut instaurer entre nous-mêmes et le divin ; d’où son aspect protecteur. Lorsqu’une telle union est établie, il est évident que nous bénéficions alors du soutien des forces les plus élevées et les plus constructives et, par conséquent, que nous sommes protégés contre les influences négatives qui pourraient s’exercer sur nous. Ainsi, en effectuant l’exercice des trois cercles84, nous nous plaçons automatiquement sous la protection divine car nous créons alors en nous et autour de nous des conditions psychiques qui favorisent une union plus étroite avec la conscience universelle. L’exercice présent renforce le pouvoir d’isolement et de protection du cercle. Lorsqu’il est réussi, les seules impressions pouvant être ressenties sont d’ordre psychique, car c’est à ce niveau que nous nous situons alors en conscience. C’est pourquoi, l’utilisation de cette technique, notamment lors de méditations ou lorsque nous prions ou nous recueillons, permet d’obtenir bien souvent la réponse à tout problème qui nous préoccupe ; il est même possible que nous soient alors données des indications plus ou moins précises, nous concernant nousmêmes ou d’autres personnes, et pouvant intéresser le passé, le présent ou l’avenir. Indépendamment de ces éventuelles informations, de tels éclairs de lumière ou momentanés soulèvements de voile, la pratique de cet exercice nous permet de faire l’expérience d’une sensation de bien-être et de régénération sur tous les plans de notre être. En fait, quelle que soit la forme que pourra prendre le présent exercice, il se traduira toujours par des effets positifs et agréables. Il peut être mis en œuvre pour venir en aide de manière psychique et spirituellement à autrui, notamment en cas de détresse ou de maladie. Ainsi, lorsqu’une personne souffre d’un mal quelconque ou se sent fatiguée, nous retirant dans le calme de notre propre oratoire85, nous installant le plus confortablement possible, les yeux clos et parfaitement détendus, nous pouvons visualiser cette personne86 au centre des trois cercles et imaginer ensuite que le deuxième cercle, puis le troisième, atteignent respectivement son plexus solaire et son front. Il suffira ensuite de visualiser cette personne à l’intérieur du cône de lumière, et d’imaginer que celle-ci la protège et la régénère sur les plans physique, psychique et spirituel, en l’unissant momentanément aux forces universelles les plus positives. De fait, à l’usage, nous pourrons constater que cette application particulière du présent exercice constitue une véritable technique d’aide et de guérison spirituelles.

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Présenté dans l’exercice précédent sous sa forme de base. A défaut, en tout lieu suffisamment calme et retiré. 86 Eventuellement, nous pouvons la nommer mentalement. 85

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EXERCICE 39

Son but est l’utilisation du principe d’assomption. Préparatifs. Avant de procéder à cet exercice, buvez un verre d’eau fraîche et lavez-vous soigneusement les mains. Remarque. Cet exercice ne peut être l’objet d’une pratique collective.

1. Quelque temps avant un rendez-vous important avec une personne ou avant une situation importante pour vous, retirezvous dans le calme de votre oratoire87. 2. Asseyez-vous confortablement, les pieds légèrement écartés et reposant bien à plat sur le sol, le buste bien droit et la paume des mains reposant ouverte sur les genoux. Fermez les yeux et détendez-vous bien. 3. Effectuez alors une série de respirations profondes neutres par le nez, jusqu’à ce que vous éprouviez une sensation de calme et de bien-être. 4. Cela fait, reprenant une respiration normale et régulière, visualisez la personne en question assise face à vous, au centre d’une sphère de lumière. S’il s’agit d’une personne que vous ne connaissez pas et dont vous n’avez jamais vu le visage, cette visualisation devra prendre une forme la plus impersonnelle possible, vous attachant essentiellement à sa fonction, son rôle, l’imaginant par exemple sous l’aspect d’un simple corps lumineux, éventuellement asexué et sans âge (si toutefois son nom vous est connu, prononcez-le mentalement ; à défaut, énoncez de même sa fonction si vous la connaissez).

5. Tout en maintenant cette visualisation, inspirez profondément par le nez et harmonisez-vous avec l’état physique, mental, psychique et spirituel de cette personne, puis expirez lentement en entonnant comme il se doit : « AUM… (le son vocal peut être répété autant de fois que cela semblera nécessaire) »

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A défaut, en tout lieu suffisamment calme et retiré.

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6. Lorsque vous vous sentez en parfaite résonance avec la personne considérée, assumez l’ensemble de sa personnalité. Pendant environ une minute, imaginez que vous ressentez, pensez, parlez et agissez à sa place, que ses sensations et émotions, ses pensées, paroles et actes vont dans le sens de ce que vous désirez voir s’accomplir. Cela revient à dialoguer avec vous-même, utilisant sa propre personnalité, faisant en sorte que vos souhaits deviennent les siens, imaginant que c’est vous qui l’animez et la contrôlez, lui prêtant des émotions, des pensées, paroles et actes conformes à ce que vous attendez. 7. Cela fait, vous étant accordé son aide ou son approbation, imaginez qu’elle redevient elle-même et que vous la quittez avec l’assurance d’une pleine réussite, d’une solution à votre problème. Tout en maintenant cette idée, dites alors mentalement88 : « S’il plaît à l’Intelligence divine, c’est fait. » 8. Cessez alors l’exercice, oubliez-le totalement et reprenez vos occupations habituelles… Remarque. L’étape suivante n’est réalisée que plus tard, en la présence physique de votre interlocuteur (si cette rencontre physique n’a pas lieu ce dernier point est omis, et l’on se contentera alors de renouveler le processus complet, points 1 à 8, après un délai d’environ trente minutes)…

9. Etant ensuite en présence physique de votre interlocuteur, visualisez-le (avec discrétion) à l’intérieur d’une même sphère de lumière, imaginant que chacune de ses faces représente le moi physique, mental, psychique et spirituel de votre interlocuteur, et renouvelez cette visualisation régulièrement, tout le temps de votre entretien (quelques secondes suffisent à chaque fois). Sur le plan étymologique, le mot « assomption » est lié au latin adsumere, qui signifie littéralement « prendre avec soi », ou assumptio, qui signifie « prendre ». Par ailleurs, adsum ou assum signifient « être auprès de », « être présent à » ou encore « assister à »89. De fait, il y a peu de « prendre avec soi » à « enlever » (assumere), et la technique présentée ici vise justement à permettre à chacun une telle prise en charge, pour son propre compte et momentanément, de la personnalité d’autrui à certaines fins bien précises.

88 89

Qu’on ne s’attache point outre mesure à la formulation, non plus qu’à la « personnification » de l’Intelligence divine ici en cause. Sur ce point, cf. Dictionnaire Latin-Français, par A. Gariel, Hatier, Paris.

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A ce sujet, il peut d’ores et déjà être noté que la technique d’assomption présentée ici trouve une juste application dans le domaine de l’assistance psychique et spirituelle, où le processus décrit ci-dessus peut fort bien s’intégrer sans grandes modifications. Assumer quelque chose, une situation, voire une personne, c’est ainsi accepter pleinement un fait : le faire pleinement sien, faire en sorte qu’il n’y ait plus Ŕ au moins pour un temps Ŕ de distinction, de séparation, entre notre propre personnalité et cette chose, situation ou personne ; c’est ne plus faire qu’un avec autre chose, avec autrui : devenir momentanément cette chose, cette personne… Pour préciser davantage notre propos, et en relation avec cet exercice, nous dirons que la mise en pratique de cette technique importante a pour but d’assumer pour un temps limité toutes les caractéristiques de l’état physique, mental, psychologique, psychique et spirituel d’une autre personne. Une telle assomption permet, soit d’obtenir une aide de cette autre personne, soit de lui en apporter une. Ainsi, par exemple, s’il se trouve que nous ayons à avoir une entrevue avec une personne donnée, et si cela revêt quelque importance pour nous, en appliquant la « loi d’assomption », il nous est possible d’agir quelques instants sur la personnalité de cet interlocuteur et d’influencer à notre avantage son comportement et ses décisions ; de même, s’il nous est donné d’être en présence d’une personne en état de détresse ou de souffrance, physique ou morale, et qu’il ne nous est pas possible d’intervenir physiquement, l’utilisation de cette loi nous permettra, là encore, d’opérer une fusion momentanée avec sa propre personnalité et, par là même, de participer à son réconfort. La mise en pratique de la « loi d’assomption », peut naturellement subir des adaptations selon le but précis à atteindre (nous en verrons d’ailleurs ultérieurement d’autres applications), et les circonstances mêmes de son application. En particulier, il est important de savoir que, la toute dernière étape préparatoire étant effectuée (point 8), l’ensemble du processus peut être reconduit, autant de fois que cela nous semble nécessaire, sous réserve qu’entre chaque essai un délai d’au moins trente minutes soit respecté (voir à ce propos le point 9). Si nous suivons la méthode indiquée, et si rien en notre être profond n’y fait obstacle, il se produira réellement une assomption de la personnalité qu’il nous faut temporairement assumer, prendre avec et sur nous, permettant ainsi, sur un plan psychique, un échange dont les répercussions seront conformes à notre désir. Bien sûr, il s’agit là d’une pratique qui exige beaucoup de travail ; il ne faut donc pas s’attendre, dès les premières tentatives, à réussir pleinement dans ce domaine. Il peut être intéressant de savoir à quel moment la loi ainsi mise en œuvre agit sur la personne choisie. Est-ce pendant le travail préparatoire que nous effectuons avant de la rencontrer (points 1 à 8), ou est-ce au cours du contact physique avec cette personne (point 9) ? En fait, la « loi d’assomption » Ŕ pour reprendre cette expression Ŕ opère à chacun de ces deux moments, mais c’est surtout pendant la préparation qui précède la rencontre effective, que son effet se fait sentir. Cela tient à ce qu’au cours de cette première phase, toute notre énergie est concentrée sur la personnalité de notre futur interlocuteur, sur la visualisation de la situation et de son aboutissement ; alors qu’en sa présence réelle, nous devons rester davantage sur un plan matériel et objectif, attentifs à l’entretien en question… Pour des raisons compréhensibles, il est plus difficile d’appliquer le principe d’assomption lorsque la personne sur laquelle nous désirons agir nous est inconnue, car il est alors difficile, voire impossible, d’effectuer une visualisation nette et précise. Cependant, l’expérience montre que cela reste réalisable avec de l’entraînement. Nous devons considérer maintenant ce qui rend possible l’assomption. En effet, nous venons d’insister sur le fait qu’elle permettait d’exercer une réelle influence sur une autre personne. Le problème est donc de savoir en quoi consiste cette influence.

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En premier lieu, il est important de comprendre qu’elle ne se limite pas à un processus mental. Si tel était le cas, cette pratique consisterait uniquement à visualiser notre interlocuteur et à imaginer qu’il nous écoute attentivement, nous donne son approbation, nous fait part de son soutien ou satisfait de quelque manière notre souhait. En second lieu, cette influence dépasse toute action purement psychique. A ce propos, il faut bien noter que l’assomption, à quelque moment que ce soit, ne nécessite pas que nous-mêmes (ou la personne sur laquelle nous l’appliquons) soyons en état de projection ; en fait, il s’agit vraiment d’une harmonisation entre deux consciences, et lorsque cette harmonisation est à son plus haut degré, elle donne lieu à une fusion temporaire entre nos deux personnalités, ce qui nous permet d’utiliser le propre pouvoir de décision de notre interlocuteur. Pourtant, il est essentiel de comprendre que l’utilisation de cette loi ne permet en aucun cas de nous substituer à autrui, et cela contre sa propre liberté et son libre arbitre ; il s’agit plutôt de nous identifier momentanément à cette autre personne. Si une telle identification est possible, c’est uniquement parce que nous prenons tous notre essence dans l’âme universelle qui unit tous les hommes entre eux ; c’est en s’harmonisant avec ce plan que la communion avec une autre conscience, au point de pouvoir temporairement assumer sa personnalité, est effectivement possible.

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EXERCICE 40

Son but est l’application de l’assomption à l’assistance spirituelle. Préparatifs. Avant de procéder à cet exercice, buvez un verre d’eau fraîche et lavez-vous les mains. Remarque. Se reporter préalablement à l’exercice précédent. Cet exercice ne peut être l’objet d’une pratique collective.

1. Ayant préalablement arrêté votre choix sur une personne de votre entourage (ou tout autre cas dont vous auriez connaissance et pour lequel vous souhaitez intervenir) qui a besoin d’assistance psychique et spirituelle, retirez-vous dans le calme de votre oratoire90. 2. Asseyez-vous confortablement, les pieds légèrement écartés et reposant bien à plat sur le sol, le buste bien droit et la paume des mains reposant ouverte sur les genoux. Fermez les yeux et détendez-vous bien. 3. Effectuez alors une série de respirations profondes neutres par le nez, jusqu’à ce que vous éprouviez une sensation de calme et de bien-être. 4. Cela fait, reprenant une respiration normale et régulière, visualisez la personne en question assise face à vous, au centre d’une sphère de lumière. S’il s’agit d’une personne que vous ne connaissez pas et dont vous n’avez jamais vu le visage, cette visualisation devra prendre une forme la plus impersonnelle possible, l’imaginant par exemple sous l’aspect d’un simple corps de lumière, éventuellement asexué et sans âge (si toutefois son nom vous est connu, prononcez-le mentalement). 5. Tout en maintenant cette visualisation, inspirez profondément par le nez et harmonisez-vous avec l’état physique, mental, psychique et spirituel de cette personne, puis expirez lentement en entonnant comme il se doit : « AUM… (le son vocal peut être répété autant de fois que cela semblera nécessaire) »

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A défaut, en tout lieu suffisamment calme et retiré.

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6. Lorsque vous vous sentez en parfaite résonance avec cette personne, efforcez-vous de ne faire plus qu’un avec elle, assumant ainsi le mieux possible l’ensemble de sa personnalité. Pour ce faire, pendant environ une minute, identifiez-vous à elle et imaginez que c’est vous qui prenez le contrôle de toutes les fonctions physiques et psychiques de son être. Concentrez-vous, ce faisant, sur des pensées de force, d’harmonie, de bienveillance, de réconfort et de santé, et soyez alors le plus positif possible, sur les plans physique, mental, psychique et spirituel. 7. Cela fait, après avoir assumé la personnalité en question, redevenez vous-même et, tout en visualisant une dernière fois la personne que vous désirez aider, dites mentalement : « S’il plaît à l’Intelligence divine, c’est fait. » 8. Cessez ensuite l’exercice, oubliez-le et reprenez vos occupations habituelles. Le précédent exercice nous a présenté le principe et l’utilisation de ce que nous avons appelé « la loi d’assomption ». A ce propos, il avait été noté que certaine adaptation aux fins d’assistance psychique ou spirituelle, notamment en relation avec un travail d’ordre thérapeutique, était possible. Naturellement, nous l’avons vu, il existe bien des circonstances où l’utilisation de cette loi permet d’intervenir pour le bien d’autrui comme pour le nôtre, mais c’est certainement le domaine de la santé qui offre le plus d’occasions de la mettre en pratique au service des autres. Il est des circonstances qui rendent toute action directe et physique difficile, voire impossible ; en de tels cas, si notre rituel d’aide spirituelle a effectivement sa raison d’être, l’utilisation de l’assomption trouve également sa justification. Il est ainsi possible d’y recourir pour venir en aide à une personne qui en a besoin, que cette personne nous soit connue ou inconnue. Cela est d’autant plus vrai que cette méthode ne nécessite pas d’action ou de contact physiques entre les sujets. Ce qui importe en définitive, c’est que nous soyons capable, le moment venu, de construire une image mentale de celle-ci suffisamment forte et vivante, de la visualiser que ce soit avec précision (ce qui est mieux) ou, à défaut, d’une manière indistincte, nous concentrant alors sur les seuls éléments connus (son nom par exemple). A l’usage, nous pourrons constater que cette méthode d’aide psychique et spirituelle, par l’utilisation de l’assomption, donne de bons résultats. Elle constitue une bonne technique de ce qu’on est convenu d’appeler, d’une manière générale, la « guérison spirituelle » ; elle permet en effet de fusionner momentanément avec l’état physique, mental, psychique et spirituel de la personne que nous désirons soulager et, par le biais de cette fusion temporaire, de lui transmettre un influx d’énergie sur tous les plans. Cet influx énergétique est alors utilisé par l’ensemble de son être et canalisé vers les fonctions physiques ou psychiques qui souffrent d’un quelconque déséquilibre. L’équilibre étant rétabli, la personne en question ressent une amélioration notable qui, au terme de quelques jours, voire même de quelques heures, aboutit finalement à un soulagement ou à la guérison.

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A ce sujet, de l’utilisation de l’assomption aux fins d’assistance, il est essentiel de noter les points suivants. D’abord, il doit être clair qu’il ne s’agit pas ici, non plus que dans aucune des techniques thérapeutiques abordées dans nos travaux, de prétendre à suppléer ou rendre inutile tout acte médical qui s’imposerait ; ensuite, cette méthode d’aide exige un grand pouvoir de concentration ; enfin, il est déconseillé de l’utiliser lorsque l’on se sent fatigué ou lorsque l’on est soi-même en mauvais état de santé. Sinon, comme cela a été dit, il s’agit là d’une technique particulièrement efficace et le processus complet (points 1 à 8) peut être renouvelé autant de fois que cela sera nécessaire, pour autant qu’un délai d’environ trente minutes soit respecté entre chaque essai. Dans cet exercice et le précédent, nous avons surtout insisté sur l’aide que l’assomption peut apporter soit à nous-mêmes selon nos besoins du moment, soit à autrui en relation avec son bien-être. Cependant, nous avons déclaré que d’autres utilisations de cette importante loi sont possibles. Ainsi, lorsqu’une personne de notre entourage est dans un état particulièrement négatif (colère, irritation), nous pouvons assumer momentanément sa personnalité et lui transmettre des pensées constructives et positives qui contribueront à rétablir chez elle un état d’harmonie intérieure. Il nous est possible d’assister toute personne qui aurait à réaliser quelque chose (prendre la parole, effectuer une démarche, etc.) en la soutenant par le psychisme et spirituellement et en lui insufflant force et inspiration. En fait, c’est à chacun de nous, adaptant le processus général décrit dans les deux derniers exercices, aidé en cela par la méditation, de définir toutes les situations où l’utilisation de l’assomption peut trouver sa place au service des autres. Achevons cette présentation de l’assomption, avec ses diverses applications, par cette remarque de grande importance. Il est indispensable de bien comprendre que celle-ci, en ses multiples applications ou utilisations, ne permet pas de prendre, mais seulement de donner. En d’autres termes, l’appliquant, nous ne pouvons assumer Ŕ et prendre avec nous, sur nous Ŕ les imperfections, faiblesses, malheurs ou maladies de la personne que nous désirons aider ; en fait, par ce moyen, nous ne contribuons, comme un canal, qu’à lui communiquer ou transmettre les vertus contraires de perfection, force, bonheur ou santé auxquelles la personne en question pourrait aspirer. Cela signifie par conséquent qu’il est impossible, après avoir mis en pratique ce principe, de souffrir des maux qui étaient ceux de la personne ainsi aidée ou de subir les épreuves qu’elle rencontrait ; pour être clair, empruntant ce terme à certaine tradition orientale, il ne s’agit donc pas ici de prendre sur soi tout ou partie du karma d’autrui. Seuls ceux que la tradition appelle les « Maîtres » (au sens plein du terme) ont un tel pouvoir, mais cette aptitude fait partie d’une mission divine qui transcende de très loin l’assomption proprement dite. En fait, une telle mission particulière s’inscrit plutôt dans un processus de régénération qui prend directement sa source dans le Divin. Mais même chez ces véritables guides ou instructeurs de l’Humanité, cette tâche consiste davantage à transmettre un influx spirituel qu’à simplement annuler ce que l’on nomme familièrement une « dette karmique », qu’elle soit individuelle ou collective.

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EXERCICE 41

Son but est de permettre l’isolement intérieur. Remarque. Cet exercice est une préparation au suivant. Il peut être rapproché de l’exercice 38.

1. Asseyez-vous confortablement, les pieds légèrement écartés et reposant bien à plat sur le sol, le buste bien droit et la paume des mains reposant ouverte sur les genoux. Fermez les yeux (sauf si, au début, il est nécessaire d’observer le dessin devant servir de support visuel Ŕ en cas de pratique collective, le cas échéant, celui-ci sera placé de manière à être bien visible de tous) et détendez-vous bien.

2. Visualisez face à vous un cercle vertical, suffisamment grand pour pouvoir vous contenir avec une partie de l’espace qui vous entoure (dès cette étape, les yeux seront obligatoirement fermés, un temps suffisant ayant été laissé pour pouvoir s’imprégner de l’éventuel support visuel). Imaginez que ce cercle représente votre conscience objective. 3. Visualisez de même un autre cercle plus petit à l’intérieur du premier et tout juste grand pour contenir votre corps. Imaginez que ce deuxième cercle représente votre conscience subjective. 4. Visualisez ensuite un dernier cercle, encore plus petit et au centre des deux premiers, suffisamment petit pour pouvoir être contenu à l’intérieur de votre propre corps, presque à hauteur de votre cœur, légèrement sous lui. 5. Imaginez maintenant que ces cercles forment trois sphères concentriques lumineuses de mêmes dimensions et dont vous occupez le centre, votre propre corps limité par la sphère intermédiaire et contenant en son sein la sphère centrale. 6. Imaginez que la sphère médiane se concentre progressivement, en un mouvement de rétraction, sur la sphère centrale à laquelle elle finit par s’identifier, se confondant avec elle. 7. Demeurez ainsi, en communion avec le divin en vous, pendant environ quinze minutes91. 91

Ce temps est susceptible d’être modifié par la suite, étant diminué lorsque la maîtrise de cette technique en rendra la réalisation plus aisée, ou augmenté quand cela sera nécessaire, en fonction du but fixé.

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La technique de concentration sur soi-même présentée dans cet exercice est très différente de celles utilisées pour atteindre d’autres personnes ou d’autres lieux, en liaison avec la projection et la transmission de pensée92. Dans le cas présent, nous essayons quelque chose de totalement différent et notre conscience doit être disposée d’une toute autre façon. Tout se passe en fait comme si (conformément à ce qui est représenté sur le support éventuellement dessiné) notre conscience subjective se trouvait entre deux cercles ou deux sphères de conscience : elle se situe ainsi entre une conscience plus vaste, de nature objective et une plus restreinte, la part de conscience divine en chacun de nous. Toutefois, il est essentiel de comprendre que par « vaste » et « restreinte », parlant de notre conscience objective et intérieure, nous ne voulons en aucun cas parler de leur étendue, qui est relative à leur nature et attributs ; il s’agit là d’une localisation symbolique, laquelle permettra effectivement, le moment venu, de visualiser le mouvement qu’il faut faire prendre à la conscience subjective pour atteindre à notre but ; en d’autres termes, pour reprendre cette image, cette représentation signifie notre relation directe avec le monde environnant en même temps que la permanence du divin en chacun de nous… Par cet exercice, nous pouvons ainsi amener notre conscience subjective à se recentrer et à se mettre en harmonie avec le divin qui est en chaque être. En focalisant alors notre conscience vers l’intérieur, nous atteignons ce que des mystiques ont pu nommer notre « citadelle intérieure », ce que la tradition hermétique a pu désigner comme constituant notre propre « microcosme », la réplique spirituelle de l’univers qui réside en nous. Mais de la même manière, inversant le processus et le mouvement et dans un tout autre but, il est possible d’étendre notre conscience subjective vers la sphère extérieure de conscience objective, nous mettant alors en relation d’harmonie avec la conscience objective du monde93.

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Cf. exercices 11 et 21, 22, 24. Cet aspect pourra être mis en œuvre et expérimenté lorsque cet exercice, tel qu’il est présenté ici, sera suffisamment maîtrisé.

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EXERCICE 42

Son but est de mettre en pratique la projection psychique vers un lieu éloigné et de permettre l’harmonisation avec la conscience universelle.

Note préliminaire. Avant de procéder à toute expérience de projection psychique, il convient de se remémorer les points suivants :

1° Dans la projection, nous agissons selon des lois et principes universels et nous demeurons tributaires de celles-ci. 2° La projection se rapporte à une manifestation psychique sur un plan supérieur. 3° Le « moi » n’est jamais totalement séparé du corps, il reste attaché à ce dernier par un lieu de nature subtile que certaines traditions nomment la « corde d’argent ». 4° Sur le plan psychique, le temps a une valeur purement relative, tout comme dans un rêve.

Remarque. On se reportera préalablement aux exercices relatifs aux techniques de projection psychique : exercices 21, 22 et 24.

1. Asseyez-vous confortablement, les pieds légèrement écartés et reposant bien à plat sur le sol, le buste bien droit et la paume des mains reposant ouverte sur les genoux. Fermez les yeux et détendez-vous bien. 2. Visualisez-vous alors comme faisant partie d’un groupe de personnes en un lieu éloigné. 3. Efforcez-vous d’y participer, d’y écouter ; en un mot, efforcezvous d’y être. Lorsque nous parlons de projection, nous employons souvent une image montrant la conscience se déplaçant d’un endroit à un autre. Cependant, la conscience ne se déplace pas réellement mais, pour prendre une autre image plus adéquate, elle se met en harmonie, en résonance, avec l’endroit dont elle souhaite prendre connaissance. Toutefois, il n’en demeure pas moins vrai que la première représentation, celle d’une conscience en extension vers un but fixé, est suffisamment évocatrice pour être conservée. Une des difficultés majeures, lorsque l’on aborde les techniques de projection, tient en ce que, bien souvent, nous nous demandons si effectivement c’est notre personnalité que nous envoyons vers le lieu considéré ou si, d’une certaine manière, c’est ce lieu qui vient à nous. Pratiques – Livre I

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En réalité, le simple fait que plusieurs personnes peuvent en même temps se rendre par le psychisme en un même lieu (ou contacter une même personne) et celui que plusieurs personnes peuvent en même temps, en un lieu donné, en voir une autre en état de projection, prouvent que c’est bien, à chaque fois, notre propre personnalité (ou plutôt l’une de ses composantes) qui est bel et bien envoyée vers le lieu choisi. De fait, nous savons que lorsque nous essayons d’envoyer notre corps psychique à un endroit éloigné, par harmonisation avec ce dernier nous envoyons réellement une partie de nous-mêmes à cet endroit. A titre d’exemple, nombre de personnes qui ont acquis certaine maîtrise de cet art, affirment qu’une partie de leur essence consciente ou de leur vitalité semble accompagner le corps psychique au moment de la projection et qu’il en est de même pour une partie des vibrations ou de l’atmosphère du lieu où ils se trouvent à cet instant. Ainsi, nous avons pu constater que si la projection s’effectue à partie d’une pièce où brûle de l’encens, la perception de cette projection s’accompagne fréquemment de celle de l’odeur de cet encens. Il nous faut bien comprendre qu’en réalité, le temps et l’espace n’existent pas, sinon dans notre conscience physique et objective et que tout ce qui est pensé, dit ou fait quelque part se trouve de fait immédiatement inclus dans ce que nous sommes convenus d’appeler la conscience universelle. Or, nous l’avons vu, cette conscience inclut tout et infuse tout et notre propre conscience individuelle en est un segment, une expression plus ou moins limitée et parfaite. Chaque fois que, nous mettant en résonance avec elle, nous entrons en contact avec cette conscience universelle (le « cosmique », pour reprendre ce terme déjà évoqué), il nous est possible d’en recevoir des impressions, des informations, plus ou moins confuses et plus ou moins importantes pour chacun de nous. S’il ne nous est pas toujours facile de juger de l’importance de telle impression reçue, il n’en reste pas moins vrai que nous devons apprendre à être de plus en plus sensibles, à l’écoute, de tels messages dont certains pourront à la longue s’avérer effectivement prophétiques94. La somme de connaissances pouvant être obtenues par de tels contacts et harmonisations est telle que nous pouvons effectivement enrichir notre être d’une « lumière intérieure » sans cesse grandissante… L’exercice présenté ici peut être effectué pour des lieux de plus en plus éloignés, voire des endroits qui nous sont totalement inconnus. Dans ce cas, il est évident que la visualisation sera réduite tandis que l’harmonisation avec la conscience universelle sera prépondérante.

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A ce titre, rappelons que l’usage d’un carnet, strictement confidentiel, où noter le résultat de telles expériences ne peut qu’être recommandé.

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EXERCICE 43

Son but est de renforcer la vitalité du péricarde afin d’en renforcer la fonction.

Remarque. La mise en pratique du présent exercice nécessite une bonne connaissance de l’anatomie ainsi que des rôles de la circulation sanguine et lymphatique.

1. Asseyez-vous confortablement, les pieds légèrement écartés et reposant bien à plat sur le sol, le buste bien droit et la paume des mains reposant ouverte sur les genoux95. Fermez les yeux et détendez-vous bien. 2. Concentrez alors toutes vos pensées et toute la puissance de votre mental sur les cellules qui se trouvent dans le péricarde qui entoure le cœur. Pensez à elles comme à des cellules spécialisées qui œuvrent pour produire une plus grande vitalité dans le corps. Ce faisant, faites alors des respirations profondes et neutres par le nez. 3. Visualisez ainsi le péricarde avec le liquide qu’il contient et qui baigne votre cœur. Pensez alors que ce liquide « vitalisé » sous l’action conjuguée de votre concentration et de cette visualisation, envoie son énergie vers le cœur, permettant l’éveil de son pouvoir et un accroissement des potentialités de cet important centre psychique. Ce faisant, efforcez-vous de cultiver des pensées positives et constructives. 4. Reprenez alors une respiration normale, calme et régulière et demeurez ainsi, calme et détendu, pendant environ trois minutes avant de cesser l’exercice. Entre le péricarde et le cœur se trouve un liquide appelé lymphe dont le rôle protecteur est essentiel à cet organe. La science considère ainsi que le cœur « flotte » dans ce liquide qui assure une fonction mécanique de lubrifiant, permettant au cœur de battre librement, sans frottement ou friction. De plus, nous savons le rôle fondamental du liquide lymphatique, véritable mer intérieure de l’organisme, en relation avec la défense immunitaire de notre corps.

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Il est possible de pratiquer cet exercice allongé sur son lit, le matin au réveil de préférence.

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Pourtant, en plus de ce rôle à la fois mécanique et biologique, le péricarde, grâce à la lymphe, constitue un véritable centre psychique du fait de l’accumulation d’énergie créatrice. En visualisant ce liquide et en nous concentrant sur lui afin d’en accroître le potentiel vital, nous contribuons ainsi à renforcer la vitalité du cœur autant que du sang qui y circule. De fait, la pratique régulière de cet exercice de concentration nous permettra de constater Ŕ et cela de plus en plus Ŕ une légère sensation de chaleur bienfaisante dans l’ensemble de notre circulation sanguine et lymphatique et ce pendant environ une heure après celui-ci. Il nous apportera une grande vitalité physique et psychique, tout en stimulant la mémoire et notre faculté intuitive.

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EXERCICE 44

Son but est le développement du « troisième œil ». Remarque. Cet exercice nécessite une bonne connaissance de l’anatomie humaine. Il doit de préférence être effectué dans l’obscurité.

1. Asseyez-vous confortablement, les pieds légèrement écartés et reposant bien à plat sur le sol, le buste bien droit et la paume des mains reposant ouverte sur les genoux. Fermez les yeux et détendez-vous bien. 2. Demeurez ainsi pendant environ cinq minutes96, puis concentrez votre pensée et toute votre conscience sur un point situé à l’intérieur de votre cerveau, au centre du front. 3. Pensez alors à cette région et visualisez-la comme une petite sphère de la taille d’une amande, l’imaginant pleine de vitalité et sensible à toutes sortes d’impressions subtiles. 4. Efforcez-vous de ressentir dans cette région une douce sensation de chaleur et prenez conscience d’une action nerveuse ou d’un léger mouvement rythmique à cet endroit. 5. Sentez alors toutes vos pensées et toute votre conscience rayonner vers l’extérieur à partir de cette région frontale et, après quelques instants, efforcez-vous d’être réceptif à toute impression provenant de votre environnement en convergence vers cette petite zone de votre front. Cet exercice de concentration doit être effectué régulièrement, de préférence chaque matin et chaque soir (voire, le midi) dans un endroit calme et retiré. Il peut également, avec profit, être réalisé en alternance avec le précédent qui permet de renforcer la vitalité du péricarde97 ; de cette façon, leurs effets respectifs se renforceront mutuellement. Les exercices de concentration tel que celui présenté ici stimulent l’activité de nos cellules. En fait, il faut nous souvenir que nombre de nos cellules Ŕ c’est le cas de celles constituant nos organes sensoriels et ceux associés à nos centres psychiques Ŕ sont de véritables « transformateurs d’énergie », modifiant les impressions physiques ou psychiques pour les convertir en impulsions de nature électrique ou nerveuse. 96 97

Ce temps est susceptible d’être augmenté si cela semble utile. Cf. exercice 43.

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Il se peut, bien entendu, qu’au tout début nous ne ressentions rien de particulier lors de la mise en pratique du présent exercice de concentration. Cela est normal et ne doit aucunement nous inquiéter ; à la longue, avec l’expérience, les résultats viendront naturellement. De fait, après plusieurs jours d’une pratique régulière, des impressions pourront nous venir et ce, très souvent, sous forme d’images. En gardant alors les paupières closes et en essayant de voir avec les yeux de la conscience ces images qui se présentent à nous au centre du front, nous éveillerons cette zone particulièrement importante.

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EXERCICE 45

Son but est la stimulation du « troisième œil ».

1. Asseyez-vous confortablement, les pieds légèrement écartés et reposant bien à plat sur le sol, le buste bien droit et la paume des mains reposant ouverte sur les genoux. Fermez les yeux et détendez-vous bien. 2. Procédez alors à des respirations profondes neutres par le nez. 3. Maintenant ce type de respiration, placez votre pouce droit98 au centre de votre front, à mi hauteur d’une ligne partant de la racine du nez jusqu’à la naissance du cuir chevelu et appuyez-le légèrement sur cette zone. 4. Demeurez ainsi pendant quelques minutes avant de cesser l’exercice. Dans cet exercice, il est fait usage du pouce que l’on applique sur le front, à hauteur de ce qui est souvent appelé le « troisième œil » ; nous reviendrons ultérieurement sur ce geste et son importance… En fait, ce « troisième œil » Ŕ pour reprendre cette expression consacrée par l’usage Ŕ correspond à un important centre psychique associé à la glande pinéale ou épiphyse. Or, il y a dans tout être humain une faculté latente qui est localisée dans ce centre pinéal. Ce centre se situe à peu près au milieu du front, à mi parcours de la ligne joignant le sommet du nez aux cheveux. C’est le foyer de la conscience psychique propre à toute la région cérébrale et il est particulièrement sensible aux vibrations qui sont interprétées comme des sensations ou des impressions visuelles. En d’autres termes, c’est le centre de la faculté souvent appelée « clairvoyance99 ». Lorsque l’on ferme les yeux pour se concentrer, afin de réaliser un contact mental avec quelque chose ou quelqu’un que l’on essaie de « voir » à distance, il apparaît de fait que la « vision » reçue commence à prendre naissance non pas au niveau des yeux, mais au niveau du front, à hauteur justement de ce centre pinéal. C’est pour cette raison qu’il nous faut, lorsque nous désirons recourir à cette faculté dite de clairvoyance, demeurer calmes et parfaitement détendus, les yeux clos (éventuellement dans l’obscurité) et toute notre pensée et notre conscience dirigées sur cette zone du front. La pratique de cet exercice de concentration nous montrera rapidement qu’il est possible de faire naître une sensation très particulière de sensibilité en cette région du corps. Mais ce centre est également sensible à d’autres conditions.

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Pour un gaucher, inverser ! Bien que ce terme soit approximatif et quelque peu ambigu, nous le conserverons attendu son usage courant en relation avec les phénomènes étudiés. 99

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C’est ainsi qu’une tension physique des yeux, pendant une période assez longue, semble l’affecter. Nous constatons aussi que les personnes légèrement atteintes par le mal de mer éprouvent une sensation de vertige à cet endroit particulier du front. Ce léger malaise disparaît d’ailleurs lorsqu’on applique le pouce, l’appuyant légèrement, en ce point. Par ailleurs, nous savons également que les vomissements ou une mauvaise combinaison d’aliments dans l’estomac ont, pendant quelques minutes, un léger effet négatif sur ce centre psychique. D’autre part, beaucoup de formes de maladies ou états pathologiques bien déterminés tendent à arrêter pendant quelque temps le fonctionnement de celui-ci. Il est évident que ce centre psychique essentiel fonctionne mieux lorsque l’état de santé est bon et que le corps est dans son état normal. C’est la raison pour laquelle il a été recommandé précédemment, afin d’en accroître notre vitalité, de pratiquer régulièrement et en alternance, les exercices cinquante-quatre et cinquante-cinq, relatifs respectivement à la stimulation du péricarde et au développement du centre pinéal.

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EXERCICE 46

Son but est le développement du centre psychique associé à l’organe de l’odorat.

Remarque. Il sera bon de revoir les bases anatomiques et physiologiques relatives au nez et à l’olfaction.

1. Asseyez-vous confortablement, les pieds légèrement écartés et reposant bien à plat sur le sol, le buste bien droit et la paume des mains reposant ouverte sur les genoux. Fermez les yeux et détendez-vous bien. 2. Procédez alors à des respirations profondes neutres par le nez, inspirant puis expirant profondément sans interruption entre chaque mouvement. Ce faisant, efforcez-vous d’être sensible à l’air entrant puis sortant par votre narine droite ; faites de même ensuite pour la gauche. 3. Effectuez ensuite une série de sept respirations profondes positives, toujours par le nez, inspirant profondément, bloquant le plus possible vos poumons en inspiration et expirant à fond en un seul et long souffle. 4. Reprenez alors une respiration normale, calme et régulière et demeurez ainsi quelques minutes, concentré sur votre nez, vos narines et votre respiration avant de cesser l’exercice. Le domaine de notre existence physique dépend d’un certain champ visuel, olfactif, sonore, tactile et gustatif et nos organes des sens physiques fonctionnent uniquement pour capter ce champ. Pourtant, leur rôle ne se limite pas à cela et chacun de ces organes physiques est associé à un centre psychique dont l’importance est grande. Toutes les vibrations, que ce soit celles qui produisent les impressions objectives ou les expériences psychiques, ou même celles dont on ne peut jamais être conscient, tant par le physique que par le psychisme, proviennent d’une même essence universelle, d’une même source. Toutes les vibrations, qu’elles relèvent du domaine physique ou du domaine psychique, forment en nous le même genre d’impressions en raison de la structure de nos processus de conscience, et, quel que soit le type de vibrations qui nous affecte, nous aurons toujours des images de type visuel, olfactif, sonore, tactile ou gustatif cela même si nous nous « branchons » sur plusieurs niveaux vibratoires. Le présent exercice de concentration permet le développement du centre psychique associé à l’organe de l’odorat.

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Avant tout, une remarque doit être faite. Il peut arriver, comme c’est le cas dans cet exercice, qu’il nous soit demandé de faire quelque chose qui nous est difficile sur le plan physique, comme le fait de respirer par le nez ou de procéder à des respirations profondes. Nous tenons à assurer cependant que même s’il est effectivement souhaitable Ŕ et plus bénéfique Ŕ de procéder comme cela est indiqué, nous retirerons toujours certain avantage en effectuant tel exercice donné d’une manière qui nous est plus facile (dans la mesure, bien sûr, où il nous est impossible ou presque de suivre les indications à la lettre et, bien entendu, pour autant qu’il n’y ait pas dénaturation de l’exercice en question). Autrement dit, si respirer par le nez devait être momentanément Ŕ et pour une raison quelconque Ŕ impossible ou difficile, si inspirer ou expirer profondément devait l’être également, notre concentration serait affectée et perturbée, si nous nous efforcions, en dépit de notre gêne, de suivre littéralement les indications. Dans ce cas, il est évident qu’il est plus important de respirer d’une manière qui nous convienne mieux, qui nous soit plus agréable et qui ainsi n’entrave pas notre concentration. Notre nez fonctionne à la fois comme organe physique, dans l’olfaction et comme organe psychique. Ce second rôle tient au contact étroit qu’il entretient avec l’air inspiré. Même chez les personnes qui ont plutôt tendance à respirer par la bouche, du fait de la communication entre les fosses nasales (avec l’oropharynx) et la cavité buccale (avec la région pharyngée), le centre psychique associé au nez se trouve toujours en contact avec l’air respiré. Or, indépendamment du dioxygène (O2) qu’il nous apporte et qui est vital en relation avec notre activité respiratoire et métabolique Ŕ activité que l’on retrouve au niveau de chacune des cellules de notre corps Ŕ, l’air inspiré est porteur d’éléments infiniment plus subtils lesquels sont en relation avec la nature psychique des êtres et des corps qui nous entourent. Ainsi, l’importance d’une bonne respiration tient non seulement à ce qu’elle seule permettra une bonne oxygénation de nos cellules et tissus, avec une élimination efficace du dioxyde de carbone, déchet métabolique cellulaire, mais cela tient aussi à ce qu’elle permettra un meilleur développement psychique de notre être tout entier, favorisant ainsi une sensibilité accrue aux impressions psychiques de toutes sortes. A ce sujet, nous savons déjà qu’en inspirant profondément par le nez et en retenant notre respiration, ce qui est le principe de la respiration dite « positive », nous renforçons la vitalité notre sang. Ce principe trouve son application dans une technique particulière, celle du Yoga ; précisément du Hatha-Yoga qui fait de la maîtrise du souffle et de la respiration une source de développement psychique et spirituel. En fait, divers types de « Yogas » doivent être distingués ; mais tous accordent à l’incorporation de l’air et du prana qu’il véhicule une position centrale : essentielle... En inspirant profondément par le nez, nous ajoutons des vibrations élevées, plus subtiles, à notre propre aura et tout particulièrement à la composante psychique de celle-ci. Cela est d’une grande importance dans la mise en œuvre des techniques de guérisons dites « spirituelles » ou pour l’aide psychique. Il est donc fortement recommandé, chaque fois que l’on désire recourir à ces moyens d’assistance, de procéder préalablement à de telles respirations nasales profondes. Cela est également utile avant toute expérience d’ordre psychique, comme pour toute technique relevant de la méditation ou de la concentration.

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EXERCICE 47

Son but est le développement de l’ouïe psychique. Remarque. Il sera bon de revoir les bases anatomiques et physiologiques relatives à l’oreille et à l’audition.

1. Asseyez-vous confortablement, les pieds légèrement écartés et reposant bien à plat sur le sol, le buste bien droit et la paume des mains reposant ouverte sur les genoux. Fermez les yeux et détendez-vous bien. 2. Procédez alors à des respirations profondes neutres par le nez. 3. Maintenant ce type de respiration, concentrez-vous d’abord sur votre oreille droite : (en cas de pratique collective, laisser un peu de temps entre chaque partie de l’oreille) d’abord l’oreille externe avec le pavillon, puis l’oreille moyenne avec le conduit auditif menant au tympan, enfin l’oreille interne avec la chaîne des trois osselets et l’organe de l’équilibre. Maintenez alors votre concentration, pendant quelques minutes, sur votre seule oreille interne. Ce faisant, dirigez toute la conscience psychique de votre corps vers cette région. 4. Cela fait, faites de même pour votre oreille gauche avant de cesser l’exercice. L’oreille humaine n’est pas conçue pour entendre les fréquences trop basses ou trop élevées. Celles-ci ne produisent pas de son audible pour l’oreille physique. En fait, les vibrations ou fréquences élevées, celles relevant du domaine qualifié de psychique, peuvent être perçues uniquement par la composante psychique de notre oreille. Pour ce faire, afin de nous rendre aptes à une telle perception, nous devons développer le fonctionnement psychique de l’oreille, de telle sorte que notre oreille psychique puisse effectivement prendre le relais, quand des vibrations trop élevées lui parviennent, de l’oreille physique. Cela exige de notre part des exercices de concentration sur cet organe. Dans ces exercices, nous devons garder présent à la pensée le fait que non seulement nous avons deux oreilles, mais que chacune d’elles a trois parties. En effet, l’étude de l’anatomie de cet organe le montre formé par ce qui est communément désigné sous les noms d’oreille externe, d’oreille moyenne et d’oreille interne.

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L’oreille interne se trouve à peu près à un centimètre à l’intérieur de l’oreille et elle est en relation avec les nerfs crâniens qui aboutissent aux divers centres du cerveau ; c’est particulièrement cette troisième partie qui est en relation avec l’organe de l’ouïe psychique, d’où l’importance d’une concentration régulière sur cette région. Le présent exercice de concentration a pour but le développement de notre ouïe psychique. Grâce à sa pratique régulière, il est effectivement possible de rendre notre oreille sensible aux vibrations les plus subtiles. La première chose à faire consiste à nous concentrer chaque jour sur chacune de nos deux oreilles ; le mieux est de procéder comme indiqué une fois le matin et une fois le soir. Pendant cette concentration, il faut nous efforcer de diriger la conscience psychique de tout notre corps en direction de chaque oreille afin d’y provoquer une plus grande sensibilité aux vibrations d’ordre psychique. Cette concentration, lorsqu’elle est poursuivie quelques minutes, doit causer peu à peu une sensation de chaleur, voire même un léger chatouillement, dans la partie interne de l’oreille. Ces sensations peuvent toutefois ne pas être perçues ; en tout cas, dans les tout premiers temps. Mais dès que celles-ci se manifestent, il devient rapidement possible de percevoir certains sons légers, un murmure très doux semblant venir de l’atmosphère, de très légers sifflements ou bourdonnements qui peuvent faire penser au son produit par quelque chose qui tourbillonne dans l’air, ou diverses impressions de ce genre. Cela indique que la partie psychique de nos oreilles s’est mise à fonctionner. A mesure que notre ouïe psychique se développera, nous découvrirons que le soir, particulièrement pendant les nuits de clair de lune, nous pourrons entendre de très légères notes de musiques et d’autres sons harmonieux. Le fait d’entendre de telles notes musicales, composées de vibrations qui œuvrent dans une harmonie rythmique parfaite, indiquera alors qu’un état élevé de développement psychique de l’ouïe a été atteint. Indépendamment de l’éveil de la fonction psychique liée à l’organe de l’audition, le présent exercice, particulièrement quand il est associé à une hygiène rigoureuse de l’oreille, permet d’améliorer l’audition. Ainsi, si l’une des deux oreilles s’avère moins sensible ou plus déficiente que l’autre, en consacrant plus de temps à celle-ci, nous constaterons rapidement une amélioration de son état de fonctionnement. Bien entendu, cela est vrai dans la mesure où il ne s’agit pas d’affections ou d’altérations importantes ou graves. Notons enfin que l’éveil psychique de ce sens est lié à une faculté appelée, par analogie avec la clairvoyance pour la vue, « clairaudience ».

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EXERCICE 48

Son but est la maîtrise de l’art de la projection.

Remarque. Cet exercice est à mettre en relation avec les suivants qui sont en relation avec l’art de la projection : exercices 21, 22, 24 et 42, ainsi qu’avec l’exercice 25, qui traite de la télépathie. On s’y reportera donc préalablement.

1. Asseyez-vous confortablement, les pieds légèrement écartés et reposant bien à plat sur le sol, le buste bien droit et la paume des mains reposant ouverte sur les genoux. Fermez les yeux et détendez-vous bien. 2. Visualisez alors une personne à qui vous destinez un message particulier. Faites en sorte que ce message soit le plus clair et concis possible et que votre visualisation soit la plus vivante possible, la personne choisie étant visualisée dans son environnement. Efforcez-vous ainsi d’envoyer à cette personne votre propre image en train de lui présenter directement le message en question. 3. Cela fait, abandonnez-vous à un état passif, chassant de votre esprit toute pensée et toute image, particulièrement celles liées au message et à son destinataire. Demeurez alors quelques minutes dans cet état (le temps sera fonction de votre propre appréciation Ŕ en cas de pratique collective, c’est l’officiant qui le fixera), calme et parfaitement détendu, avant de cesser l’exercice. L’art de la projection peut être comparé à celui de la télépathie, même s’il existe des différences essentielles entre l’une et l’autre de ces deux techniques. L’étude et la mise en pratique des exercices précédents consacrés celles-ci nous a permis d’établir les similitudes et divergences de principe comme de réalisation. La projection est, nous le savons, associée à des impressions visuelles et auditives (voire même des impressions d’ordre olfactif ou tactile), alors que la télépathie est principalement porteuse d’impressions auditives : de mots… Il est vrai, cependant, que les messages télépathiques produisent souvent une certaine image dans la conscience de ceux qui les reçoivent, mais la plupart du temps, ce sont surtout des transmissions de voix. La projection, quant à elle, transporte avec elle la forme visuelle de la personne qui se projette. Le mot « projection », utilisé en relation avec le processus évoqué ici ainsi que dans les précédents exercices, est en fait d’un usage relativement récent dans ce contexte.

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Auparavant, pour décrire ou désigner les phénomènes liés à la projection, il était courant de parler, entre autres expressions synonymes, d’extension du moi ou d’extension du corps psychique selon l’interprétation que l’on en donnait. De telles expressions prêtaient à confusion, car elles pouvaient donner l’impression que ce que nous désignons par le mot « projection » était un processus permettant au corps psychique de s’étendre jusqu’à ce qu’il remplisse tout l’espace et qu’il devienne ainsi visible partout en même temps. En réalité, s’il est vrai que la projection se rapporte effectivement à une extension de notre corps psychique, les modalités de celle-ci sont telles qu’en fait ce dernier ne peut être visible qu’en un seul endroit à la fois. Ce que nous devons bien comprendre lorsque l’on parle de projection, c’est que le corps psychique s’étend en suivant un rayon d’énergie comparable à un rayon de lumière projeté d’une source lumineuse. Ce rayon psychique devient visible au point où il se concentre, en présence d’une ou plusieurs personnes en un endroit donné. La puissance psychique de l’Homme ressemble réellement à l’énergie lumineuse qui se tient potentiellement dans un projecteur. Lorsque le mental se concentre et fait converger ce rayonnement psychique en un endroit donné, le moi psychique qui se trouve lié au corps physique se déplace à la manière d’un faisceau lumineux qui part d’un projecteur pour être focalisé en un lieu précis. C’est précisément pour cette raison que le terme de « projection » a été retenu, de préférence à tout autre, pour désigner le processus occulte dont la conscience humaine peut faire l’expérience dans certaines conditions. Pour réussir convenablement une projection, rappelons qu’il faut avant tout avoir une idée nette de la personne ou de l’endroit que l’on désire atteindre en se projetant. Cela fait, il faut alors visualiser clairement cette personne ou ce lieu, puis chasser cette image du mental et devenir inactif sur le plan de la conscience objective. Cela signifie qu’il ne faut penser ni à la personne ni à l’endroit que l’on désire atteindre, ni à nous-mêmes, ni au lieu où nous nous trouvons. Si nous pouvons réaliser un tel vide mental et devenir inconscients de nous-mêmes et de ce qui nous entoure, alors nous réussirons sans aucun doute notre projection. Pour comprendre cela, il peut être utile de comparer la conscience objective et le subconscient comme une balance, l’une et l’autre représentant les deux plateaux en équilibre plus ou moins déplacé selon les circonstances. Ainsi, tant que les cinq facultés de la conscience objective restent en éveil ou actives, le subconscient ne peut prendre la relève et s’exprimer complètement ; aussi longtemps qu’une seule de nos facultés objectives demeure en état d’activité, notre subconscient ne peut assurer pleinement son rôle. Or, pour nous concentrer et devenir absolument passifs, comme cela nous est demandé dans nombre de nos exercices, il nous faut impérativement être dans un état subconscient quasi total.

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EXERCICE 49

Son but est le développement du centre psychique associé à la glande thyroïde.

Remarque. Il sera bon de revoir les bases anatomiques et physiologiques relatives à la glande thyroïde. Par ailleurs, il sera également bon de revoir le sujet de l’aura humaine dans les exercices 23 et 26.

1. Asseyez-vous confortablement, les pieds légèrement écartés et reposant bien à plat sur le sol, le buste bien droit et la paume des mains reposant ouverte sur les genoux. Fermez les yeux et détendez-vous bien. 2. Procédez alors à une série de sept respirations profondes neutres par le nez. 3. Cela fait, concentrez-vous sur votre thyroïde et visualisez la couleur rouge puis, inspirez profondément par le nez et expirez en une seule et longue fois tandis que, ouvrant largement la bouche, vous entonnez comme il se doit (le son vocal doit être tenu au moins quinze secondes et partir de l’arrière gorge): « (En cas de pratique collective, à fin d’expérimentation, l’officiant rappelle d’abord seul la manière correcte d’entonner le son vocal :) RA… »

4. Renouvelez cette visualisation et cette intonation (point 3) sept fois avant de cesser l’exercice. La thyroïde est une glande endocrine, ou glande à sécrétion interne, qui se trouve à l’avant du cou, juste au-dessous du larynx. Elle se compose de deux lobes situés de chaque côté de la trachée-artère. Ces lobes sont réunis par un isthme situé juste au-dessous de la pomme d’Adam. Les fonctions de cette glande sont très importantes ; les hormones qu’elle produit ont une action sur la croissance et l’activité métabolique, ou énergétique, de l’organisme. De plus, elle a une grande influence sur l’équilibre mental de l’individu. Cependant, quelques importantes soient ces fonctions, elles semblent en fait résulter de l’activité psychique de cet organe. Parmi les fonctions psychiques de la thyroïde, nous soulignerons d’abord le rôle qu’elle joue dans la transformation de nos pensées en sons et en mots. En d’autres termes, elle permet de changer l’énergie de la pensée en vibrations sonores. A l’inverse, le centre psychique associé à la thyroïde (par la suite, pour simplifier, nous dirons simplement la thyroïde) permet de traduire les sons perçus en impressions mentales. La glande thyroïde joue également un grand rôle dans la transformation de l’énergie psychique du corps en vibrations d’une fréquence inférieure, lesquelles émanent du corps sous la forme de l’aura humaine.

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En raison précisément de son lien avec l’aura humaine, la thyroïde a un effet très important sur notre vitalité et sur la croissance et le développement de nos cellules et tissus. Elle maintient les cellules du corps en harmonie entre elles et avec les vibrations extérieures qui influent sur elles par l’intermédiaire des échanges respiratoires et nutritionnels, comme du fait de notre contact permanent avec la terre. Lorsque la thyroïde n’est pas suffisamment développée, ou lorsqu’elle fonctionne mal (en cas d’hypothyroïdie), le corps et le mental de l’Homme voient leur développement affecté et diminué. Une autre fonction importante de la thyroïde est le contrôle des flux efférents et afférents d’énergie psychique, ainsi que de l’énergie propre à chacune de nos cellules et tout particulièrement celles qui constituent l’ensemble de notre système nerveux, cérébro-spinal et autonome. C’est ainsi qu’elle contrôle le départ et l’arrivée de l’énergie au niveau de nos cellules et notamment l’énergie d’origine nerveuse au niveau des deux systèmes nerveux du corps. Cela fait de la thyroïde le centre même de l’énergie psychique et nerveuse de l’organisme. Par ailleurs, par son lien avec la parole et la perception des sons, elle contribue à l’efficacité, sur notre corps, des sons vocaux tant émis que simplement entendus. C’est grâce à cette fonction que l’énergie psychique du corps peut être augmentée ou diminuée par l’emploi de certains sons parlés ou entonnés. En relation avec ce qui vient d’être dit, le but du présent exercice de concentration et de renforcer la glande thyroïde (particulièrement sa fonction psychique) afin de renforcer le magnétisme de notre propre aura et favoriser une meilleure harmonisation de celle-ci avec les vibrations positives et constructives de l’univers. Ce faisant, nous nous préparerons plus efficacement à de futurs contacts psychiques, voire à certaines formes d’initiations qui ne sont plus purement terrestres… Outre cet aspect fondamental, cet exercice renforce les cordes vocales, de même que la vitalité de la gorge, fortifie la trachée-artère et provoque dans la glande thyroïde des vibrations physiques qui la stimulent. De plus, les respirations profondes qui l’accompagnent favorisent la relaxation et le sommeil si nous l’effectuons juste avant de nous endormir.

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EXERCICE 50

Son but est le développement de la glande thyroïde, particulièrement de sa fonction psychique et de favoriser son fonctionnement en harmonie avec le centre associé au plexus solaire.

Remarque. Cet exercice est complémentaire du précédent. Par contre, contrairement à ce dernier, cet exercice ne peut être l’objet d’une pratique collective.

1. Le soir avant de vous endormir, allongez-vous sur le dos dans une position parfaitement détendue, les bras écartés du corps et les jambes également séparées. Fermez les yeux et détendez-vous bien. 2. Procédez alors à des respirations profondes neutres par le nez. 3. Maintenant ce type de respiration, concentrez-vous sur votre thyroïde puis, inspirez profondément par le nez et expirez en une seule et longue fois tandis que, ouvrant largement la bouche, vous entonnez comme il se doit : « RA… » 4. Renouvelez ce processus de visualisation et d’intonation sept fois de suite (point 3)… 5. Voyez et sentez alors votre thyroïde comme une sphère d’énergie vitale, rayonnante de magnétisme et de puissance créatrice. 6. Cela fait, voyez et sentez cette énergie descendre lentement depuis cette glande jusqu’à votre plexus solaire, en un point situé entre la pointe de votre sternum et votre nombril. 7. Concentrez alors votre attention sur ce plexus et voyez-le, sentez-le se charger de plus en plus en magnétisme et en vitalité, jusqu’à ce que vous sentiez une impression de chaleur, de tremblement, ou quelque autre sensation consciente autour du creux de l’abdomen. 8. Dès que vous commencerez à sentir l’action de ce magnétisme dans cette partie du corps, laissez-vous aller au sommeil pour laisser le plexus solaire distribuer cette énergie au corps.

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Cet exercice de concentration doit être effectué le plus souvent possible, de préférence le soir au moment du coucher. Il peut toutefois être réalisé n’importe quand, dès lors que nous disposons du calme et de l’isolement nécessaires. S’il est pratiqué le matin (ou à tout autre moment de la journée), on évitera cependant de s’endormir, se contentant alors de quelques minutes de repos et de passivité après l’avoir achevé. L’exercice précédent nous a montré qu’un bon fonctionnement de la glande thyroïde augmente grandement la vitalité de notre nature physique et mentale. Par ailleurs, nous avons également vu qu’il renforce notre corps psychique, rendant notamment notre aura plus grande et forte. Comme le précédent, cet exercice vise à améliorer le fonctionnement à la fois physique, ou physiologique et psychique de cette importante glande ; de fait, l’un et l’autre lui assurent un fonctionnement plus harmonieux. En liaison avec ces exercices contribuant à améliorer le fonctionnement physique et psychique de notre thyroïde, compte tenu des rôles de cette dernière, avec le contrôle des flux d’énergie dans le corps, il nous semble important ici de considérer la question de l’utilisation Ŕ et sa canalisation Ŕ de l’énergie sexuelle. En effet, nombre de personnes, pour des raisons diverses d’éducation, de croyance, etc., ont un rapport faussé Ŕ et, partant, malsain Ŕ à leur propre vie sexuelle ; entendons ici une conception étroite de la sexualité : soit qu’elle doit être purement et simplement fonction de procréation, soit qu’elle est impure et de fait à nier, voire à rejeter. Or, sans entrer ici dans des considérations sans lien direct avec le présent exercice, il est un fait que la sexualité est une fonction naturelle et importante de toute créature animale comme de l’Homme. En l’occurrence, s’il est incontestable qu’elle est, aux niveaux biologique et de l’espèce, pleinement justifiée par la nécessité de se reproduire (de procréer, plus précisément), elle n’en a pas moins, au niveau de l’individu, d’autres fonctions également essentielles ; ainsi, la fonction de plaisir, qui psychologiquement joue un grand rôle et une fonction de redistribution et d’échange d’énergies (voir à ce sujet Ŕ et cela indépendamment de leur mise en pratique, voire d’éventuelles déviations, notre objet n’étant pas là Ŕ les philosophies ressortissant à certain Tantrisme de même les courants de l’occultisme qui ont été à la base d’une forme de « magie sexuelle »). Supprimer Ŕ ou tenter, du jour au lendemain, de le faire Ŕ tout désir sexuel, c’est refuser à la Nature l’un des plus grands pouvoirs créateurs. En fait, plutôt que le supprimer, il est préférable Ŕ et encore, quand il est question ou nécessaire de le faire Ŕ le transformer progressivement, de telle sorte que son utilité, sous une autre forme, subsiste dans le corps. Ainsi, lorsque le pouvoir créateur de l’énergie sexuelle n’est ni réprimé ni gaspillé, mais au contraire canalisé, il s’ajoute aux autres puissances créatrices et régénératrices de l’organisme. En effet, l’énergie sexuelle possède une force créatrice considérable et, lorsque celle-ci est convenablement dirigée, y compris à l’occasion d’une relation physique, elle joue un rôle important dans le maintien d’un corps jeune, sain et « magnétique ». A ce propos, citons les extraits suivants de Et Dieu créa Eve, second volume des entretiens entre Josy Eisenberg et Armand Abecassis, parus dans la série A Bible ouverte ; ils éclaireront quant aux rapports de la tradition juive (et de la pensée cabaliste Ŕ ce qui seul nous importe vraiment ici) à la sexualité chez l’Homme, ici indissociable de sa fonction biologique liée à la reproduction de l’espèce et de même inséparable du sentiment amoureux : « […] nous avons deux moyens d’assurer la continuité d’un groupe, d’une société ; la « reproduction, c’est-à-dire la famille au sein de laquelle l’enfant naît d’une union « sexuelle ; et la parole, lien entre les générations, spirituel et psychique […]. Ŕ La « reproduction, la procréation, c’est un langage, c’est un discours qui se transmet par le « canal des générations […]

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« La sexualité (le face à face) est […] créée pour aider l’être humain à s’accomplir. “Je « vais lui créer une aide, en face”. Voilà certes un point capital et qui montre bien que le « Judaïsme accorde une place fondamentale à l’amour et à ses diverses manifestations. « Il n’est pas bon que l’homme soit seul […] « […] que cherche-t-on dans la relation sexuelle ? L’accomplissement total, « l’orgasme, certes [cela est légitime]. Mais au-delà de la jouissance, ce que l’on vise « encore et qui remplit d’un bonheur plus grand, c’est le désir du partenaire. Le désir en « réalité est toujours désir du désir de l’autre. […]. Ŕ Il est bien évident que l’amour a « dans la Bible une dimension mystique très forte. La synonymie de l’amour divin et de « l’amour terrestre y est catégoriquement affirmée, ce qui légitime la sexualité. Cette « dimension semble avoir été occultée par la civilisation occidentale, où l’on a beaucoup « parlé du “péché de chair”, mais c’est très injustement que le Judaïsme est associé à « cette attitude : on ne saurait, dans ce domaine, parler de morale judéo-chrétienne. Cela « dit, il n’est pas banal que la Bible assigne à la sexualité cette fonction « d’épanouissement et surtout de révélation de la nature humaine […]. Il existe un « parallélisme étroit entre les rapports qui unissent le ciel et la terre et ceux qui « s’établissent entre l’homme et la femme […]. L’homme et la femme sont les deux « côtés du Temple. Tout comme le Tabernacle d’abord, puis le Temple étaient le lieu où « résidait la présence divine, Dieu est présent dans l’union de l’homme et de la femme. « Un […] Midrach illustre spectaculairement cette conception. Il constate que la « différence entre le mot Iych, homme, et le mot Ichah, femme, consiste en ce que le « premier possède en plus la lettre Yod, et le second la lettre Hé. Or, ces deux lettres « ensemble constituent le mot YAH, qui est l’un des noms divins […] « Il nous faut […] recevoir les forces sexuelles et les reconnaître, et, également les « assumer au niveau du désir et pas seulement du besoin. Il nous faut vivre la sexualité « comme rencontre et communication, comme faim et appel à la fois […]. La sexualité « humaine implique et dépasse la sexualité animale, comme l’union Ŕ et le don des êtres « Ŕ implique et dépasse l’accouplement Ŕ le don des corps. Ŕ Il peut y avoir une part de « bestialité dans la sexualité. Mais elle ne doit pas être confondue avec l’amour. Ŕ Il est « vrai que la sexualité est une voie d’accomplissement de l’être humain, une école de « maîtrise de soi et de découverte de soi. Mais c’est précisément la raison pour laquelle « elle ne peut constituer pour elle-même son propre but. Elle demeure un moyen, une « épreuve qui débouche sur d’autres visées […] « […] le terme utilisé […] par la Bible pour désigner l’union [entre l’homme et sa « femme] est très fort. On devrait même le traduire par fusion plutôt que par union. Ce « terme Ŕ vedavak Ŕ a donné le maître mot de la mystique juive : la Devekout, la fusion « en Dieu, l’attachement intime […] « [Dans la Genèse, au chapitre II,] le verset 25 décrit une situation érotique : Et ils « étaient, nus les deux, l’Adam et sa femme, et ils n’avaient point honte. Cela signifie, « selon les commentateurs médiévaux, que l’homme et la femme peuvent se donner « entièrement l’un à l’autre. Il n’y a rien de “honteux” [hors même la justification de « procréation] dans la sexualité. Ŕ C’est cela la caractéristique de l’union et de la « sexualité assurée. Il n’y a aucune honte pour deux êtres qui s’aiment, à s’aimer […] « sexuellement, physiquement. Le dialogue, nous le savons, n’est point limité à « l’échange des discours. Il est aussi dans l’étreinte physique qui est peut-être la « manifestation la plus concrète de l’étreint des âmes… (Op. cit., Albin Michel, « Spiritualités vivantes, Vol. II, p.124, 135, 142-145, 152-153, 162 et 180) »

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La thyroïde, de par ses fonctions, permet le contrôle, la canalisation de l’énergie sexuelle. De fait, lorsque cette énergie s’accumule avec un certain degré d’intensité et n’est pas dépensée ou utilisée (notamment pour raison d’abstinence), elle est assimilée par le corps et distribuée à certains organes et certains centres nerveux pour leur procurer davantage d’énergie. Cette glande qui gère la redistribution de l’énergie sexuelle non utilisée chez l’homme et la femme. Si cette glande est moins active ou insuffisamment développée (hypothyroïdie), elle ne peut travailler efficacement et une grande partie de cette énergie et de sa puissance créatrice est perdue. En revanche, si cette glande est normalement développée (euthyroïdie), elle fonctionne convenablement et assure une bonne redistribution de l’énergie non utilisée dans le corps.

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EXERCICE 51

Son but est le développement des fonctions physiques et psychiques de la glande thyroïde. Remarque. Cet exercice est complémentaire des deux précédents. On s’y reportera donc préalablement.

1. Asseyez-vous confortablement, les pieds légèrement écartés et reposant bien à plat sur le sol, le buste bien droit et la paume des mains reposant ouverte sur les genoux. Fermez les yeux et détendez-vous bien. 2. Procédez alors à des respirations profondes neutres par le nez. 3. Maintenant ce type de respiration, concentrez-vous sur votre thyroïde. Visualisez-vous alors comme étant vous-même cette glande. Imaginez que vous constituez son centre et que vous dirigez vous-même ses diverses activités. Ce faisant, efforcez-vous de cultiver un sentiment d’amour et soyez attentif au bon état comme au bon fonctionnement de cette glande. 4. Reprenez ensuite une respiration normale, calme et régulière et demeurez quelques minutes dans cet état avant de cesser l’exercice. L’importance des fonctions liées à notre glande thyroïde, particulièrement au centre qui lui est associé, justifie que nous ayons consacré les trois derniers exercices à son développement. Toutefois, il ne faut pas oublier que d’autres centres existent, qui ont également leur importance et, qu’en fait, aucun d’entre eux ne doit être privilégié ou, au contraire, négligé. L’étude de ce qui est souvent appelé « l’anatomie occulte » de l’Homme (mais telle expression a quelque chose d’ambigu et, partant, d’inexact) nous enseigne que celui-ci, dans son corps (entendons par-là tout ce qui fait un corps vivant : à la fois chair, âme et esprit), est notamment constitué de douze centres psychiques. Ces douze centres, associés physiquement à des glandes ou des plexus nerveux, peuvent être distingués en sept centres dits « majeurs » ou principaux et cinq centres dits « mineurs » ou secondaires ; la thyroïde, en relation avec ses multiples fonctions, appartient à la première catégorie : celles des centres de première importance. Le présent exercice de concentration, toujours consacré à notre « centre thyroïdien », peut également être réalisé en association avec les précédents, qui avaient également pour but le développement physique et psychique de la glande thyroïde (revoir les références données en remarque en tête de l’exercice). En un tel cas, il conviendra d’inclure le processus d’identification à la glande (dans le point 3) au déroulement normal (au même stade : au point 3 des exercices précédents) de ceux-ci… Pratiques – Livre I

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EXERCICE 52

Son but est le développement du centre associé au péricarde, en relation avec la thyroïde et le plexus solaire. Remarque. Il sera bon, au préalable, de revoir l’exercice 43, également consacré au péricarde, ainsi que l’exercice précédent, auquel celui-ci est apparenté. Comme ce dernier, le présent exercice n’est pas destiné à une pratique collective.

1. Le soir avant de vous endormir, allongez-vous sur le dos dans une position parfaitement détendue, les bras écartés du corps et les jambes également séparées. Fermez les yeux et détendez-vous. 2. Procédez alors à des respirations profondes neutres par le nez. 3. Maintenant ce type de respiration, concentrez-vous sur votre thyroïde puis, inspirez profondément par le nez et expirez en une seule et longue fois tandis que, ouvrant largement la bouche, vous entonnez comme il se doit : « RA… » 4. Renouvelez ce processus de visualisation et d’intonation sept fois de suite (point 3)… 5. Voyez et sentez votre thyroïde comme une sphère d’énergie vitale, rayonnante de magnétisme et de puissance créatrice. 6. Cela fait, voyez et sentez cette énergie descendre lentement depuis cette glande jusqu’à atteindre le cœur. Concentrant alors votre attention sur cet organe, visualisez-le, sentez-le se charger de plus en plus en magnétisme et en vitalité. Sentez cette énergie le réchauffer, augmenter quelque peu son rythme et participer à accroître la vitalité du péricarde qui l’entoure et le protège. Visualisez alors ce péricarde comme baignant également dans une sphère d’énergie vitale. 7. Poursuivez ensuite la descente de cette énergie positive, lentement, jusqu’à atteindre le plexus solaire, en un point situé entre la pointe de votre sternum et votre nombril. De même, vous y arrêtant quelques instants, voyez-le et sentez-le se charger en magnétisme et vitalité, jusqu’à ce que vous y perceviez une impression de chaleur, de tremblement, ou quelque autre sensation consciente autour du creux de l’abdomen. Pratiques – Livre I

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8. Visualisez alors ce centre comme baignant dans une sphère d’énergie vitale. 9. Dès que vous commencerez à sentir l’action de ce magnétisme dans cette partie du corps, laissez-vous aller au sommeil pour laisser le plexus solaire distribuer cette énergie au corps. Comme l’exercice précédent, auquel il est apparenté, le présent exercice de concentration doit être effectué le plus régulièrement possible, le soir de préférence, au moment du coucher. Toutefois, là encore, tout autre moment est possible, dès lors que l’on dispose du calme et de l’isolement nécessaires (rappelons qu’alors, la dernière étape Ŕ point 8 Ŕ ne sera pas suivie du sommeil mais d’une simple période de repos et de réceptivité). Le péricarde, comme nous l’avons déjà vu, est une enveloppe qui contient un liquide dans lequel le cœur peut être regardé comme flottant ; autrement dit, il délimite autour du cœur un espace dans lequel se trouve un liquide. Ce liquide, la lymphe, joue notamment un rôle de lubrifiant et permet ainsi au cœur des mouvements libres et sans friction. Mais cette lymphe « péricardique » possède également un véritable pouvoir revitalisant pour le cœur, d’où l’intérêt d’une pratique régulière visant à renforcer l’action du centre associé au péricarde. Outre cette revitalisation du cœur, la pratique du présent exercice permettra une régénération physique temporaire, en cas de fatigue et cela contribuera, compte tenu des techniques respiratoires associées, à améliorer la qualité de notre sang. Par ailleurs, effectué plusieurs fois par jour (à raison de deux à trois minutes par séquence et sur une période d’une semaine à chaque fois Ŕ prévoir des temps de pose entre chaque série), nous en retirerons des effets physiques et psychiques on ne peut plus bénéfiques.

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EXERCICE 53

Son but est d’harmoniser le fonctionnement du péricarde avec celui de la thyroïde.

Remarque. Cet exercice est à mettre en relation avec le précédent. On le reverra donc préalablement, de même que tous ceux relatifs à la thyroïde : exercices 49, 50 et 51, et au péricarde : exercice 43.

1. Asseyez-vous confortablement, les pieds légèrement écartés et reposant bien à plat sur le sol, le buste bien droit et la paume des mains reposant ouverte sur les genoux. Fermez les yeux et détendez-vous bien. 2. Procédez alors à des respirations profondes neutres par le nez. 3. Maintenant ce type de respiration, concentrez-vous sur votre thyroïde puis, inspirez profondément par le nez et expirez en une seule et longue fois tandis que, ouvrant largement la bouche, vous entonnez comme il se doit : « (En cas de pratique collective, à fin d’expérimentation, l’officiant rappelle d’abord seul la manière correcte d’entonner le son vocal :) RA… »

4. Renouvelez ce processus de visualisation et d’intonation sept fois (point 3)… 5. Voyez et sentez alors votre thyroïde comme une sphère d’énergie vitale, rayonnante de magnétisme et de puissance créatrice. 6. Cela fait, voyez et sentez cette énergie descendre lentement depuis cette glande jusqu’à atteindre le cœur. Concentrez alors votre attention sur la région qui entoure cet organe. Voyez et sentez cette énergie pénétrer dans la lymphe du péricarde jusqu’à ce que vous ressentiez localement une sensation de chaleur ou de picotement. Visualisez alors le péricarde comme baignant également dans une sphère d’énergie vitale. 7. Reprenant une respiration normale, lente et régulière, visualisez-vous en train d’apporter un surplus d’énergie à l’activité cardiaque de votre corps.

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8. Portez ainsi toute votre attention sur le bien-être de votre cœur et sur celui des millions de cellules vivantes qui le constituent. Demeurez ainsi quelques minutes, calme et détendu, avant de cesser l’exercice. Le liquide lymphatique du péricarde est un fluide particulièrement chargé au point de vue psychique. L’énergie qui s’y trouve concentrée est d’ailleurs telle qu’elle contribue de fait à l’entretien des battements du cœur. Cela explique que l’utilisation de techniques assurant un meilleur développement des fonctions du péricarde Ŕ permettant ainsi que ce dernier soit revitalisé Ŕ concoure à un meilleur fonctionnement de notre cœur. Le présent exercice de concentration a pour but d’harmoniser l’énergie vitale de la thyroïde avec le péricarde qui entoure et protège le cœur. Pratiqué quotidiennement (le matin, au réveil et le soir, au coucher, par exemple), cet exercice nous permettra de stimuler l’activité psychique de la lymphe entourant le cœur, ce qui aura pour effet d’accroître notre potentiel vital et notre magnétisme. Parallèlement, la pratique régulière des autres exercices qui se rattachent à la glande thyroïde (revoir les références rappelées en remarque, en tête du présent exercice) peut être continuée et cela tout au long de notre vie.

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EXERCICE 54

Son but est l’expérimentation des propriétés de l’aura humaine.

Préparatifs. Pour cet exercice, un objet quelconque aura été préparé et sera placé à proximité immédiate de l’expérimentateur sur une petite table (l’autel de votre oratoire par exemple Ŕ en cas de pratique collective, il sera apporté par l’officiant qui, sans en révéler la nature, le soumettra le moment venu à l’examen des participants). Remarque. Pour cet exercice, il sera bon de revoir préalablement le sujet de l’aura humaine dans les précédents exercices consacrés à ce thème : exercices 10 et 23, 26.

1. Asseyez-vous confortablement, les pieds légèrement écartés et reposant bien à plat sur le sol, le buste bien droit et la paume des mains reposant ouverte sur les genoux. Fermez les yeux et détendez-vous bien. 2. Procédez alors à des respirations profondes neutres par le nez puis, reprenez une respiration normale, lente et régulière. Demeurez ainsi, les yeux toujours clos, calme, détendu et dans un état de réceptivité accrue. 3. (En cas de pratique collective, ici, l’officiant fait la remarque suivante aux participants : « Les instructions qui vont maintenant vous être données seront à respecter tandis que, tout à l’heure, un objet vous sera présenté. Bien entendu, vous conserverez pour le moment vos impressions pour vous… ») Les yeux

restant fermés, approchez alors lentement les mains de l’objet qui se trouve près de vous. Sans le toucher, essayez d’en ressentir les vibrations, d’en déterminer la nature en mettant en harmonie votre propre aura avec la sienne (en cas de pratique collective, ici, fait présenter l’objet en question à chaque participant). 4. Toujours dans la même attitude, demeurez quelques minutes calme et détendu avant de cesser l’exercice et d’ouvrir les yeux. L’aura est sensible au même titre que notre corps physique. Bien avant de toucher physiquement quelque chose, notre aura peut percevoir le champ énergétique, de nature électromagnétique, de celle propre à cet objet (qu’il s’agisse d’un objet inanimé ou d’un corps vivant animé). Plus nous développons la sensibilité de notre aura à ce qui nous entoure, plus nous pourrons accéder à leur nature intime et ce, sans avoir même à les toucher ou les examiner physiquement.

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Le présent exercice peut être réalisé, l’adaptant quelque peu, avec une personne qui serait en notre présence ; il suffirait alors (avec discrétion) de s’efforcer de ressentir son aura, harmonisant la nôtre à la sienne propre. Quant à une mise en pratique individuelle de cet exercice, tel qu’il est ici proposé, il est sûr qu’il serait souhaitable que l’objet expérimenté soit choisi par quelqu’un d’autre qui nous le remettrait avant l’expérience, sans nous en révéler la nature. A défaut de pouvoir se plier à cette condition, travailler sur divers objets connus nous permettra tout de même d’affiner notre perception individuelle.

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EXERCICE 55

Son but est de renforcer le magnétisme propre de notre aura. Préparatifs. Un verre d’eau fraîche sera préparé et placé à portée de mains. La pièce sera très faiblement éclairée. Remarque. Il sera bon de revoir préalablement l’exercice précédent, consacré également à l’aura humaine.

1. Asseyez-vous confortablement, les pieds légèrement écartés et reposant bien à plat sur le sol, le buste bien droit et la paume des mains reposant ouverte sur les genoux. Fermez les yeux et détendez-vous bien. 2. Procédez alors à des respirations profondes neutres par le nez, jusqu’à vous sentir parfaitement calme et qu’un léger fourmillement se manifeste dans vos doigts. 3. Ouvrez alors les yeux et prenez en mains le verre d’eau bien fraîche. Tenez-le de telle sorte que l’extrémité de vos dix doigts soit en contact avec le verre et que celui-ci soit le plus près possible de votre plexus solaire. 4. Concentrez ensuite votre regard et toute votre attention sur ce verre et l’eau qu’il contient et, ce faisant, inspirez profondément par le nez, puis retenez le plus possible votre respiration avant d’expirer par le nez en une seule et longue fois. Faites ainsi une série de plusieurs respirations positives et observez attentivement ce qui se produit autour de l’extrémité de vos doigts. 5. Cela fait, reprenez une respiration normale, lente et régulière et buvez l’eau. Puis, ayant reposé le verre, reprenez l’attitude initiale, les yeux clos (point 1). 6. Demeurez alors ainsi quelques minutes, calme et détendu, avant de cesser l’exercice.

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L’absorption régulière d’eau magnétisée accroît considérablement la vitalité du corps et l’activité des centres psychiques. A ce stade de notre travail, en buvant de l’eau magnétisée, comme cela est proposé dans cet exercice, nous pourrons constater combien son effet sera beaucoup plus important qu’il ne l’était auparavant. Ceci est notamment lié aux derniers exercices que nous avons pu mener sur la glande thyroïde et ses diverses fonctions100. Si ces exercices ont été effectués régulièrement, ainsi, d’une manière plus générale, que tous ceux destinés à l’éveil et l’entretien de nos fonctions psychiques, notre être devrait vibrer actuellement en meilleure harmonie avec les forces constructives de l’univers. Quant à celui-ci, s’il est fait régulièrement et sérieusement, nous devrions être en mesure de percevoir notre propre aura au niveau de l’extrémité de nos doigts et autour du verre (voir ainsi le point 4). Dans ce genre d’exercice, l’aura prend généralement une teinte d’un violet profond ou d’un blanc violacé. Elle peut être vue comme une légère brume d’un bleu indigo à la nuance très délicate. En outre, que nous voyions ou non notre aura clairement, nous ressentirons l’effet vibratoire de la magnétisation de l’eau lorsque nous la boirons. Réalisé le soir avant le coucher, le présent exercice prépare à un sommeil réparateur. Son effet est cependant tonique, surtout lorsque l’on se sent fatigué physiquement ou mentalement.

100

Cf. exercices 49, 50 et 51.

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EXERCICE 56

Son but est d’améliorer la sensibilité de notre aura.

Remarque. Cet exercice est à rapprocher des deux précédents. Par ailleurs, il sera également bon de revoir préalablement le sujet de l’aura humaine traité dans les exercices 10 et 23, 26. Cet exercice ne peut être l’objet d’une pratique collective.

1. Tandis que vous vous trouvez en présence d’une ou plusieurs personnes, ou que vous vous trouvez dans un lieu nouveau pour vous, efforcez-vous d’être réceptif aux vibrations qui en émanent. 2. Faites alors en sorte de ressentir l’aura propre de ces personnes, de ce lieu, des objets qui vous entourent. La présence d’une aura autour des personnes ou des objets est une réalité. A ce propos, il est couramment parlé de « vibrations » lorsque l’on prend contact avec quelqu’un, avec un lieu ou une situation nouvelle pour nous. Le présent exercice, dans cette optique, nous propose, au-delà du décor ou des apparences, de percevoir ces vibrations qui émanent de tout corps matériel, animé ou non et d’accéder ainsi à sa nature profonde.

Pratiques – Livre I

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EXERCICE 57

Son but est la prise de conscience de l’existence d’un être intérieur en chacun de nous.

Remarque. Cet exercice est à rapprocher des exercices 15, 16 et 41. Il sera donc bon de les revoir au préalable.

1. Asseyez-vous confortablement, les pieds légèrement écartés et reposant bien à plat sur le sol, le buste bien droit et la paume des mains reposant ouverte sur les genoux. Fermez les yeux et détendez-vous bien. 2. Pensez alors à vous, à votre corps, votre être tout entier, à ce que vous êtes et qui vous êtes. Soyez ainsi conscient non seulement des différentes parties de votre corps physique, mais encore de ce qui l’anime et le rend conscient de son identité, de son existence, son apparente individualité. 3. Demeurez ainsi quelques minutes, prenant peu à peu conscience de l’existence en vous d’un être intérieur qui constitue votre « véritable moi » avant de cesser l’exercice. De nombreuses personnes s’interrogent sur la réalité de l’âme. Beaucoup nient son existence et proclament que nous ne sommes que des corps matériels, uniquement soumis à des réactions, des « déterminismes » d’ordre biologique et physique. L’objet du présent exercice est d’expérimenter la dimension intérieur de notre être, laquelle dimension ou « être intérieur » Ŕ pour reprendre l’expression Ŕ correspond à l’âme de l’Homme. Cette âme seule constitue la réalité permanente de notre être incarné.

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EXERCICE 58

Son but est le développement des fonctions psychiques liées à la glande pinéale. Remarque. Pour cet exercice, on reverra les exercices 46 et 47, relatifs au nez et à l’oreille, ainsi que les exercices 49, 50 et 51, relatifs à la glande thyroïde.

1. Asseyez-vous confortablement, les pieds légèrement écartés et reposant bien à plat sur le sol, le buste bien droit et la paume des mains reposant ouverte sur les genoux. Fermez les yeux et détendez-vous bien. 2. Placez alors vos index, les enfonçant le plus possible sans exercer cependant une pression désagréable, dans vos oreilles, les introduisant ainsi dans le conduit auditif. 3. Cela fait, inspirez profondément par le nez et retenez votre respiration aussi longtemps que vous le pourrez en gardant bien la bouche fermée. 4. Dès que vous ne pouvez plus retenir votre respiration (sans toutefois attendre d’être incommodé), exhalez lentement par le nez en gardant toujours les doigts dans les oreilles. 5. Reprenez alors une respiration normale, lente et régulière, et, toujours dans la même attitude, demeurez ainsi pendant environ une minute. 6. Renouvelez alors ce processus d’inspiration et expiration profondes par le nez, suivies d’une minute de respiration normale (points 3 à 5 ci-dessus) deux fois (le cycle complet est donc effectué en trois fois)… 7. Cela fait, demeurez encore deux à trois minutes en respirant toujours lentement et régulièrement, les index toujours au niveau des oreilles. 8. Achevez alors l’exercice en ôtant les doigts des oreilles.

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Le présent exercice s’avère particulièrement efficace pour développer la glande pinéale, ou glande épiphyse, plus précisément pour développer les fonctions qui lui sont associées, notamment le fonctionnement psychique de celle-ci. En tant que tel, il est recommandé d’y recourir quotidiennement, de préférence le matin avant de se lever et le soir avant de s’endormir, étant alors confortablement allongé sur le dos dans son lit. Parallèlement, les autres exercices destinés à l’éveil des autres centres psychiques pourront naturellement être poursuivis, de même que la consommation quotidienne d’eau magnétisée. Il faut ici remarquer que nous aborderons cette technique d’éveil en supposant qu’il nous reste encore beaucoup à faire pour que le fonctionnement psychique de cette glande soit pleinement efficace. Comme nous le savons, il est impossible d’éveiller un centre psychique du corps en peu de temps. C’est la raison pour laquelle, comme nous le faisons ici, nous revenons régulièrement sur chacun d’eux et mettons en pratique des techniques variées et complémentaires destinées à cet éveil. L’éveil de la glande pinéale est très lent et c’est pourquoi toute méthode prétendant assurer un développement rapide de son fonctionnement psychique ne peut être couronnée de succès. De plus, elle n’est même pas souhaitable. L’étude de l’être humain, tant dans son organisation (morphologie et anatomie) que dans son fonctionnement (sa physiologie, voire sa pathologie), nous renseigne sur la nature et le rôle des divers glandes endocrines et plexus nerveux de l’organisme, en relation notamment avec les régulations et le contrôle des diverses activités de notre corps. Mais outre leur fonction purement physiologique ou organique, ces plexus et glandes ont aussi un important rôle psychique. A ce titre, ils sont en relation avec le système nerveux autonome. Parlant tout particulièrement des glandes endocrines, ou hormonales, leur importance n’est donc pas uniquement liée à leur rôle physiologique (le terme étant considéré dans son sens biologique ou médical restreint, en tant qu’il se rapporte aux mécanismes physico-chimiques régissant notre vie organique), mais également à leurs fonctions psychiques. Cela est tout particulièrement vrai de la glande pinéale, qui nous occupe présentement, mais aussi des glandes pituitaire ou hypophyse101 et thyroïde. En ce sens, tous les exercices basés uniquement sur la pratique de la respiration profonde pour développer la glande pinéale, ou toute autre glande, sont en partie inefficaces, car de tels exercices uniquement respiratoires n’affectent que l’aspect physique de la glande, sans accroître son potentiel psychique. En effet, si de tels exercices ont leur pleine justification et une efficacité certaine dans leur domaine (voir ainsi certaines techniques ressortissant à la pratique du yoga), il n’en demeure pas moins vrai que le fonctionnement psychique d’une glande est davantage favorisé par des exercices de concentration et de visualisation semblables, notamment, à ceux mis en pratique précédemment (revoir ainsi les références d’exercices rappelées ci-dessus)… Le principe du présent exercice de base, destiné au développement des fonctions psychiques de la glande pinéale, réside en la relation de celle-ci avec deux centres nerveux localisés dans chaque oreille ; avec eux, elle forme un triangle pointant vers le haut et dont elle occupe le sommet, les deux centres nerveux en déterminant la base. Par ailleurs, il existe une autre relation entre la glande pinéale et la pression que l’air exerce sur le tympan de chaque oreille ; ainsi, toute chose affectant le tympan agit sur cette glande et, inversement, tout fonctionnement particulier de la glande pinéale réagit sur les tympans. Ce lien explique pourquoi, dans certains exercices ou à l’occasion de certaines expériences psychiques, un bourdonnement ou une sensation sonore prend naissance dans les oreilles et se prolonge pendant un certain temps.

101

Cf. exercice 59.

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Une telle manifestation sonore indique qu’une certaine énergie irradie de la glande pinéale jusqu’aux tympans. Inversement, il est possible d’envoyer un surplus d’énergie nerveuse à la glande pinéale au moyen des oreilles et des centres nerveux qu’elles renferment. Autrement dit, il est possible d’envoyer une plus grande quantité d’énergie nerveuse dans la glande pinéale par l’intermédiaire des tympans et d’activer ainsi son fonctionnement tant physique que psychique. Dans cet exercice, cela est réalisé par l’utilisation des index que l’on place au niveau des oreilles. De fait, nous savons qu’avec le pouce et le majeur, l’index est une source importante d’émanation d’une énergie revitalisante, du fait de l’existence, particulièrement au niveau de ces trois doigts, de terminaisons nerveuses. L’expérience qui consiste à magnétiser un verre d’eau prouve amplement ce phénomène dont les applications thérapeutiques sont d’ailleurs nombreuses. L’exercice présenté ici est lié à ce principe fondamental. Pour que cet exercice soit bien compris, nous allons le décrire en insistant volontairement sur les points essentiels : 1° Les doigts doivent rester dans les oreilles pendant toute la durée de l’exercice (voir points 2 à 7). 2° Autrement dit, il ne faut pas retirer les doigts des oreilles lorsque nous reprenons une respiration normale (voir points 5 et 7). 3° C’est l’index droit qui doit être dans l’oreille droite et l’index gauche dans l’oreille gauche, les autres doigts étant repliés sur la paume de la main de façon à ne pas gêner. 4° Les doigts étant dans les oreilles, nous devons procéder à trois respirations profondes positives en les entrecoupant d’une pause d’environ une minute où nous respirerons normalement (voir point 6). 5° Après avoir expiré profondément pour la troisième fois, nous devons encore maintenir les doigts dans les oreilles pendant deux à trois minutes (voir point 7) avant de les retirer (voir point 8). Le fait de respirer profondément par le nez lorsque les doigts sont dans les oreilles établit un circuit énergétique important entre les centres nerveux des oreilles, l’un des centres du nez, la glande thyroïde et la glande pinéale. C’est cette dernière qui bénéficie le plus de la stimulation produite par ce courant d’énergie. Le simple fait de placer le pouce ou l’index sur l’épine dorsale d’une personne en pratiquant des respirations profondes envoie suffisamment d’énergie dans son corps pour qu’elle ressente des picotements dans les doigts et les orteils. Il est donc facile de comprendre à quel point l’énergie que nous accumulons en pratiquant le présent exercice stimule notre glande pinéale. La respiration profonde renforce le potentiel énergétique complémentaire qui émane de l’extrémité de nos doigts (rappelons qu’il est qualifié de « positif » et de « négatif » respectivement pour la main droite et la main gauche d’un droitier Ŕ un gaucher inversera ces pôles). Ces vibrations complémentaires affluent alors directement vers la glande pinéale, par l’intermédiaire des centres nerveux contenus dans les oreilles. Il est possible, au bout de quelques séances de cet exercice, que nous éprouvions une sensation de chaleur au centre de la tête. Cette sensation proviendra naturellement de la stimulation de la glande pinéale. En plus des effets positifs que cet exercice produit sur cette glande, il apporte une amélioration de l’ouïe, de la vue et de l’odorat. Nous entendrons progressivement des sons que nous ne percevions pas avant, nous verrons avec une acuité plus grande et nous serons plus sensibles aux odeurs et aux parfums. Par ailleurs, cet exercice renforce le rôle du nez dans la respiration et stimule l’activité cérébrale.

Pratiques – Livre I

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EXERCICE 59

Son but est de stimuler conjointement l’activité des glandes pinéale et pituitaire. Remarque. On se reportera préalablement à l’exercice précédent.

1. Asseyez-vous confortablement, les pieds légèrement écartés et reposant bien à plat sur le sol, le buste bien droit et la paume des mains reposant ouverte sur les genoux. Fermez les yeux et détendez-vous bien. 2. Placez alors le pouce de la main droite au centre de votre front, juste au-dessus du nez et plaquez les autres doigts de la même main sur le côté gauche de la tête, en contact direct avec le cuir chevelu (pour un gaucher, inverser à chaque fois Ŕ en cas de pratique collective, à fin d’expérimentation, ici l’officiant peut montrer le geste aux participants). Ce faisant, n’exercez pas une trop forte pression avec le pouce mais, par contre, veillez à bien appliquer les autres doigts sur le côté de votre tête. 3. Cela fait, effectuez plusieurs respirations profondes neutres par le nez en vous concentrant sur la région du cerveau qui se trouve à l’endroit où vous avez plaqué les quatre doigts à plat. Procédez ainsi pendant environ quatre à cinq minutes avant de cesser l’exercice. Le présent exercice, qui ne doit pas excéder quelques minutes chaque fois qu’il sera effectué, stimulera efficacement les glandes pinéale et pituitaire et apportera un surcroît d’énergie à l’ensemble du système nerveux autonome. De plus, il est particulièrement indiqué pour soulager les maux de tête ou les douleurs localisées dans la région du cou ou des épaules. La zone du cerveau couverte par les quatre doigts posés à plat sur le côté gauche de la tête (voir le point 2 de l’exercice) est en fait étroitement liée au fonctionnement psychique des glandes pinéale, ou épiphyse et pituitaire, ou hypophyse. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous éprouvons souvent une sensation à cet endroit de la tête après avoir effectué certaines expériences d’ordre psychique. C’est également au niveau de cette région que l’on peut, dans certaines conditions, percevoir une teinte rouge dans l’aura de toute personne ayant atteint un bon degré de développement psychique.

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EXERCICE 60

Son but est l’expérimentation du pouvoir créateur de la pensée.

Remarque. Cet exercice est à mettre en relation avec les exercices 3, 6 puis 29, 30 et 32, 33, qui sont tous relatifs à l’utilisation de l’énergie de la pensée. Il sera donc bon de s’y reporter au préalable.

1. Asseyez-vous confortablement, les pieds légèrement écartés et reposant bien à plat sur le sol, le buste bien droit et la paume des mains reposant ouverte sur les genoux. Fermez les yeux et détendez-vous bien. 2. Ouvrez alors les yeux et concentrez votre pensée sur l’énergie invisible qui vous entoure (en cas de pratique collective, à fin d’expérimentation, ici l’officiant désignera aux participants une zone précise du temple où ils porteront, en commun, leur attention). Usez de toute votre

concentration, de toute votre force mentale, pour amener cette énergie invisible à se matérialiser, à se condenser localement. 3. Cela fait (ou, en cas d’échec, après environ quinze minutes d’essai), reprenez l’attitude initiale, les yeux clos et demeurez quelques instants détendu avant de cesser l’exercice. Le pouvoir de la pensée est tel qu’il est possible d’agir sur la matière avant même qu’elle ait une manifestation tangible. Il s’agit, comme lors de notre expérimentation de ce que nous avons nommé « le nuage alchimique », d’utiliser le pouvoir créateur de notre mental pour amener les éléments du noùs qui sont à la base de toute création matérielle102, à se rassembler localement et se condenser en une forme visible. Si la technique présentée précédemment103 nécessitait un support visuel à la concentration préalable, il faut bien noter que cela constituait un élément d’apprentissage et d’entraînement ; en effet, l’utilisation du pouvoir créateur de la pensée et la matérialisation locale et temporaire d’éléments du noùs, peut avoir lieu n’importe où, en intérieur comme en extérieur… Bien sûr, le présent exercice, destiné à expérimenter à nouveau cette faculté psychokinétique, exige un grand pouvoir de concentration. En cas de réussite, nous pourrons observer dans la zone choisie de l’espace environnant la formation d’une masse plus ou moins sphérique, lumineuse et constituée d’une multitude de particules de couleur bleue ou violette.

102 103

La phase du noùs que nous avons qualifiée ailleurs de « force matérielle ». Revoir ainsi les exercices 29, 30 et 32, 33, consacrés à la matérialisation du nuage « alchimique ».

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S’il est vrai que l’Homme peut ainsi agir sur les éléments « sub-matériels » qui composent son environnement, il est également vrai qu’il peut exercer son pouvoir créateur sur les éléments mêmes qui constituent son propre corps. Cela signifie que tout comme nous pouvons créer des manifestations matérielles dans notre environnement, il nous est possible d’utiliser le même pouvoir créateur de la pensée afin de produire en nous de nouvelles cellules.

Pratiques – Livre I

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EXERCICE 61

Son but est la régénération du corps physique. Remarque. D’une certaine façon, cet exercice est une application du précédent, où il était notamment question d’exercer le pouvoir créateur de la pensée sur notre propre corps.

1. Asseyez-vous confortablement, les pieds légèrement écartés et reposant bien à plat sur le sol, le buste bien droit et la paume des mains reposant ouverte sur les genoux. Fermez les yeux et détendez-vous bien. 2. Procédez alors à une série de respirations profondes neutres par le nez, tout en maintenant en vous l’idée que l’énergie vitale ainsi absorbée se répand dans toutes les cellules de votre corps et contribue à les maintenir en bon état de fonctionnement. 3. Si vous ressentez certaines douleurs, certaines tensions à des endroits précis, en raison de la fatigue ou d’autres conditions, concentrez alors toute votre attention, tout en continuant les respirations profondes, sur les endroits concernés. 4. Reprenez ensuite une respiration normale, lente et régulière et demeurez ainsi quelques minutes avant de cesser l’exercice. Le présent exercice de régénération peut être effectué chaque fois que nous en avons l’occasion ; particulièrement en cas de fatigue ou de douleurs diverses (mal de tête, fatigue oculaire, tension musculaire, etc.), pourvu que nous disposions du calme et de l’isolement nécessaires. Bien entendu, il peut se faire dans toute autre position qui nous semblera préférable, notamment parce que plus confortable, comme allongé sur notre lit. L’utilisation de la respiration profonde neutre permet à la phase positive de la force vitale de pénétrer en nous. Ce qui lui donne alors tout son impact, c’est que, dans le corps, cette phase de la force vitale entre en contact avec le pôle complémentaire, négatif, apporté à l’organisme par notre nourriture physique. C’est l’union de ces deux pôles ou qualités complémentaires de la force vitale, elle-même partie intégrante du noùs, qui maintient tout organisme en vie. Ainsi, c’est une double stimulation, à la fois positive et négative, qui est à la base de l’entretien des fonctions vitales de notre propre corps ; ce fait est d’ailleurs à rapprocher de ce que nous avons pu expérimenter à propos de la double stimulation énergétique du corps104.

104

Cf. exercice 20.

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L’exercice présenté ici paraît très simple à effectuer et il l’est. Cependant, rien ne dit que les moyens permettant à l’homme de se régénérer physiquement, mentalement et même spirituellement doivent nécessairement correspondre à des techniques complexes et difficiles à mettre en œuvre. Lorsque nous insistons sur l’importance qu’il y a à boire suffisamment d’eau, à respirer convenablement et à manger correctement, il ne s’agit pas davantage de conseils difficiles à mettre en pratique. Pourtant, ils constituent la base d’une bonne santé et nous n’avons aucune excuse si nous ne nous efforçons pas vraiment de les suivre. Le plus difficile à réaliser dans l’existence, est incontestablement de toujours bien penser ; c’est à dire de maîtriser chacune de nos pensées. Ce but ne peut être atteint que par un effort constant et un travail incessant sur soi-même. Se donner cet objectif dans sa vie quotidienne, c’est voir finalement chaque victoire remportée sur une pensée discordante nous encourager à persévérer dans la voie du bien ; c’est sentir grandir en soi une assurance qui, avec le temps, se transformera en un sentiment permanent de paix profonde ; c’est aussi, en définitive, se rendre compte combien la pensée, en tant qu’énergie créatrice, a toujours eu la suprématie sur la matière dont nous sommes formés.

Pratiques – Livre I

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EXERCICE 62

Son but est de nous préparer à une action psychique au cours du sommeil. Remarque. Cet exercice ne peut être l’objet d’une pratique collective.

1. Le soir, avant de vous endormir, confortablement installé dans votre lit, allongé sur le dos, les bras le long du corps (ou croisés sur votre poitrine) et les jambes légèrement écartées l’une de l’autre, fermez les yeux et détendez-vous bien. 2. Dites alors mentalement105 : « Puisse-t-il m’être donné d’assister dans mon sommeil, les êtres spirituels et célestes dans leur grand travail au service du Bien. » 3. Cela fait, laissez-vous aller au sommeil. Le présent exercice constitue un véritable rituel préparatoire à une action psychique de notre être durant notre sommeil. En tant que tel, il insiste sur le fait que le sommeil venu, notre tâche n’est pas terminée. Certes notre corps physique va se reposer, mais notre moi intérieur, notre conscience psychique restera en éveil, n’ayant nul besoin de repos. Or, pour quelque sublime travail, pour une tâche spirituelle, pour un service désintéressé et efficace, les êtres spirituels comme les maîtres invisibles peuvent avoir besoin de nous, de notre être psychique ; il est donc important, en relation avec notre vie d’initiés et compte tenu de l’engagement spirituel que nous avons fait nôtre, que nous songions à offrir notre service à ces êtres de lumière et de vérité. Le principe de la technique présentée ici repose sur la séparation partielle qui se produit entre le corps physique et le corps psychique au cours du sommeil. A ce sujet, il faut bien comprendre que toutes les expériences propres au rêve appartiennent à la conscience psychique et non pas à celle du corps physique. Au moment où le corps psychique retourne dans le corps physique et que ce dernier se réveille, les expériences accumulées sont transférées de la conscience psychique vers la conscience physique ou peuvent demeurer dans le seul domaine psychique. Dans le premier cas, nous conservons certaines impressions des expériences que nous avons vécues au cours de notre sommeil. Dans le second cas, nous n’en avons pas conscience au réveil. La grande majorité des expériences psychiques vécues à l’état de projection, durant notre sommeil, ne sont pas transmises à notre conscience objective et, le peu qui l’est n’est souvent appréhendé que d’une manière fugitive par la conscience objective et n’a ainsi bien souvent qu’un lien lointain et imprécis avec les événements importants qui se sont passés sur le plan psychique pendant la nuit.

105

Comme à l’accoutumée, cette formulation n’est qu’indicative.

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Même les rêves qui nous semblent très réels lorsque nous nous réveillons le matin ne sont la plupart du temps que de simples fragments d’une expérience psychique à laquelle se rattache une histoire bien plus longue que la partie dont nous nous rappelons. Il n’y a pas qu’au cours du sommeil naturel que se produit une telle projection du corps psychique hors du corps physique. Ainsi, lorsque l’on est sous l’effet temporaire d’un anesthésique, d’une forte drogue ou d’un excès d’alcool, il s’effectue également une séparation partielle des corps psychique et physique. La même chose peut arriver sous l’effet d’un coup violent reçu à la tête. De fait, les projections, qu’elles soient provoquées naturellement ou artificiellement, correspondent toutes à des états plus ou moins complets de séparation des corps psychique et physique. Quelle que soit la durée de la séparation entre les corps physique et psychique, un lien les unit tant que la mort n’a pas lieu. Ce lien subtil, de nature fluidique, certaines écoles et traditions le nomment « corde d’argent » Ŕ en raison de son aspect de cordon plus ou moins lumineux et blanc bleuté Ŕ et nous conserverons cette désignation symbolique. Le seul moment où cette corde d’argent est rompue définitivement se situe au moment de la mort physique. Lorsque cette rupture survient, rien ne peut ramener l’âme, la conscience et la vie dans ce qui reste ainsi un cadavre.

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EXERCICE 63

Son but est la perception de la « corde d’argent » lors de la projection psychique.

Préparatifs. Avant de procéder à cet exercice, il convient de se laver puis sécher convenablement les mains et de boire un verre d’eau fraîche. On veillera à ce qu’aucune gêne physique (position, vêtements trop serrés, etc.) ne vienne perturber son déroulement.

Remarque. Il sera bon de revoir préalablement ce qui a trait au corps psychique et ce qui lie celui-ci au corps physique, notamment dans les exercices précédents consacrés à la projection et aux centres psychiques106. De plus, il convient de revoir ceux consacrés à la formation du « nuage »107, ainsi que l’exercice 60, relatif à l’utilisation du pouvoir créateur de la pensée.

1. Asseyez-vous confortablement, les pieds légèrement écartés et reposant bien à plat sur le sol, le buste bien droit et la paume des mains reposant ouverte sur les genoux. Fermez les yeux et détendez-vous bien. 2. Demandez mentalement que votre être soit entièrement pénétré par l’Essence divine, que cette Essence purifie vos pensées et tout votre être, que par ce moyen vous puissiez entrer en contact avec la Conscience universelle et divine, et communier avec elle. 3. Concentrez-vous alors quelques instants successivement sur toutes les parties de votre corps, de manière à y éveiller la conscience psychique, cependant que vous procédez à des respirations profondes positives par le nez. Portez ainsi successivement toute votre attention sur vos pieds, vos chevilles, vos mollets, vos jambes, vos cuisses, votre bassin, votre abdomen et votre poitrine ; puis vos mains, vos poignets, vos avant-bras et vos bras ; puis vos épaules, votre cou, votre tête et, finalement, le sommet de votre tête avec votre cuir chevelu. 4. Efforcez-vous alors de ressentir un fourmillement agréable et apaisant, lequel gagne progressivement tout votre corps, jusqu’à ce que vous perdiez conscience de votre propre corps et de votre environnement. Reprenez alors une respiration normale, lente et régulière. 106 107

Cf. respectivement : exercices 21, 22, 24, 42 et 48 ; exercices 8, 31, 46, 47, 49, 50 et 51 à 53. Cf. exercices 29, 31, 32 et 33.

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5. Cela fait, ouvrez les yeux et concentrez votre pensée sur l’énergie invisible qui vous entoure, sur le noùs qui remplit tout l’espace. Usez de toute votre concentration, de toute votre force mentale, pour amener cette énergie invisible et les éléments submatériels du noùs à s’assembler, à se condenser localement en une forme nuageuse d’aspect lumineux et bleuté. 6. Inspirez alors une nouvelle fois profondément par le nez, en retenant l’air dans vos poumons aussi longtemps que vous le pouvez sans gêne. Expirez ensuite complètement par le nez, lentement et en une seule fois, en exerçant toute votre volonté pour projeter votre corps psychique à l’intérieur même du nuage formé, cependant que vous entonnez : « RA… » 7. Voyez alors votre corps psychique comme porté hors de votre corps physique par le souffle émis par votre bouche. 8. Regardez ensuite si vous pouvez remarquer à travers le nuage bleuté comme une corde lumineuse allant de votre corps psychique jusqu’à votre corps physique (la « corde d’argent »). Remarquez alors combien, selon les moments, cette « corde » paraît plus ou moins vacillante et lumineuse en éclat. 9. Cela fait, réintégrez progressivement votre corps physique et achevez l’exercice en disant mentalement : « Cela est ! Puisse le Divin sanctifier ce contact avec la Conscience universelle ! » La corde d’argent, ainsi que nous l’avons rappelé dans l’exercice précédent, relie continuellement le corps psychique au corps physique tant que la mort physique n’est pas survenue. Il est à noter que ce lien fluidique, comparable en cela à un fil élastique, est capable de s’étendre à l’infini, permettant ainsi toute projection psychique en quelque lieu que ce soit. Par ailleurs, conformément à ce que nous avons également vu, ce lien subtil ne se rompt jamais au cours d’une projection psychique, qu’elle soit naturelle ou artificielle, volontaire ou non. Toutefois, il importe de savoir que toute projection effectuée alors que le corps physique est considérablement affaibli, par suite d’une maladie grave ou d’un accident, peut entraîner la mort par rupture de ce lien vital, alors considérablement affaibli lui-même. Le présent exercice montre que, dans certaines conditions, il est possible de voir cette corde d’argent en état de projection. Lorsque tel est le cas, elle semble se rattacher au corps physique au niveau de l’abdomen, dans la région ombilicale, d’où l’appellation qui lui est parfois donnée de « cordon ombilical cosmique ». Certains la disent reliée au plexus solaire, effectivement situé dans la région abdominale et non loin du nombril (au-dessus de celui-ci) et nous savons l’importance de ce centre chez l’Homme bien qu’en définitive il participe davantage au contrôle de nos émotions qu’à notre activité psychique.

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S’il est réussi, cet exercice nous permet d’observer ce lien sous l’aspect d’un cordon lumineux, plus ou moins brillant et vacillant selon les moments. Nous constaterons alors que ce lien est toujours assez visible pour qu’on puisse le voir si nous demeurons parfaitement détendus et qu’il reste toujours en place entre notre corps physique et notre corps psychique, quels que soient la distance et les éventuels obstacles entre eux. En complément au présent exercice, nous citons ci-après quelques passages d’un document d’instruction de l’Ordre martiniste traditionnel, dans lequel il est question de la « corde d’argent » : « Dans les manuscrits officiels précédents, on a surtout insisté sur l’enveloppe plastique « comme le point situé entre la partie supérieure de l’être humain, l’âme, et la partie « inférieure, le corps physique. On croit généralement que l’enveloppe plastique est « dans le corps physique mais cela n’est vrai que partiellement. Par sa nature « extrêmement ténue, l’enveloppe plastique s’étend à l’extérieur du corps physique et « l’entoure. Elle est très intimement liée à notre respiration. De même qu’avant sa « naissance, l’homme est lié à sa mère par le cordon ombilical, de même, après sa « naissance, il est lié à l’atmosphère terrestre par la respiration. Par analogie avec le « cordon ombilical, la corde du souffle qui relie l’homme à la terre a été […] désignée « par l’expression “cordon atmosphérique” et, dans l’Ecclésiaste 12 : 6, par “Corde « d’Argent”108. En fait, “Corde d’Argent” est le nom le plus souvent employé. « Quand le cordon ombilical est coupé, à la naissance, l’homme commence une « nouvelle existence. De même, quand la Corde d’Argent, ou le Cordon atmosphérique « […], est coupé à la mort, l’homme commence une nouvelle existence. « C’est l’enveloppe plastique qui anime le corps physique de l’homme. Son véritable « siège anatomique, dans le corps humain, est la cavité thoracique et son énergie circule « à travers le système nerveux grand sympathique. Nous devons toujours avoir présent à « l’esprit que l’enveloppe plastique sert à la fois l’âme et le corps. Pour le corps, son « rôle est de présider à la vie organique ou animale ; pour l’âme, il est de lui fournir les « moyens de communiquer la connaissance intellectuelle. Pendant le sommeil, ou « pendant les périodes d’inconscience, les relations entre l’enveloppe plastique et le « corps physique sont interrompues. On dit que l’enveloppe plastique est séparée de son « siège physique correspondant. « Le rôle de l’enveloppe plastique est de fournir l’électricité humaine, ou force « nerveuse, nécessaire à l’action de l’esprit, ou nécessaire à l’interaction de l’âme et de « la matière. D’un point de vue organique, l’enveloppe plastique est réellement un outil « universel tant par le corps que par l’esprit. « L’âme a très peu de contacts avec le corps physique. L’enveloppe plastique, « cependant, a la moitié de ses qualités reliées à l’âme. L’âme est ainsi capable d’agir à « travers le corps physique au moyen du médiateur plastique. (OMT, extrait « d’un manuscrit de la classe Associé) »

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Corde ou cordon : cf. Livre de l’Ecclésiaste, XII, 6 : « avant que se rompe le cordon d’argent ».

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EXERCICE 64

Son but est le développement et l’harmonisation spirituels. Préparatifs. On veillera à ce qu’aucune lumière vive ne vienne nous importuner (la seule lumière du jour n’est toutefois pas gênante). Juste avant l’exercice, il est conseillé de boire un verre d’eau fraîche.

Remarque. Cet exercice spécial devra être reconduit chaque jour pendant quatre mois. Pendant toute cette période, il conviendra d’être particulièrement attentif aux phases lunaires. Cet exercice ne peut être l’objet d’une pratique collective.

1. Le soir, avant de vous endormir, étendez-vous sur le dos et relaxez-vous pendant quelques minutes jusqu’à ce que vous ressentiez un parfait bien-être. 2. Placez alors les bras le long du corps, les mains se situant à peu près à hauteur de la taille ou des hanches paumes tournées vers le haut et maintenez les jambes bien droites, les talons joints ou à peine séparés et les pieds étant légèrement tournés vers l’extérieur. Les épaules devront reposer à plat sur le lit ainsi que la tête, le visage étant tourné vers le haut. 3. Etant parfaitement détendu, dans cette position, fermez les yeux et concentrez toute votre pensée et toute votre conscience pendant deus ou trois minutes sur votre abdomen, dans la région de la taille. La zone de concentration doit avoir environ trente centimètres de diamètre et ne porter sur aucun organe ou centre en particulier. 4. Après vous être ainsi concentré sur cette partie du corps, commencez à visualiser une énergie quittant votre abdomen et s’élevant verticalement, dans un mouvement de spirale. Cette image devra être visualisée pendant environ cinq minutes ou jusqu’à ce que vous ressentiez une sensation de chaleur à l’endroit où la spirale prend naissance.

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5. Visualisez alors votre abdomen comme une zone de puissance et l’énergie qui s’en élève sous la forme d’une spirale s’élargissant de plus en plus vers le haut (l’image d’une tornade peut ainsi être retenue), s’étendant bien au-delà de votre chambre et de votre habitation, jusqu’à atteindre l’atmosphère supérieure puis l’infini de l’espace où elle acquiert des dimensions gigantesques. 6. Après environ cinq minutes d’une telle visualisation, achevez l’exercice en vous couchant sur le côté droit ou gauche (selon votre habitude, l’important étant de trouver une position confortable) et envoyez toutes sortes de pensées positives et constructives à destination de l’ensemble de la Création. Vous vous endormirez alors dans la position de votre choix (dans le cas où l’exercice est réalisé le matin, il sera fait de même sinon que cette ultime phase sera suivie du lever). Au cours des quatre prochains mois, nous devrons effectuer le présent exercice qui est en rapport avec notre développement spirituel. Il est vraiment unique et caractéristique de nos méthodes de travail, et, bien que simple à réaliser, il est particulièrement efficace. Au cours de ces seize prochaines semaines, nous passerons par un certain nombre de phases lunaires. Il y aura ainsi au moins quatre périodes de pleine lune, quatre périodes de lune décroissante, quatre périodes de nouvelle lune et quatre périodes de lune croissante, au cours desquelles certaines conditions psychiques seront fortement affectées par l’exercice que nous allons faire. Nous ne voulons pas dire par là que l’exercice ne doit être effectué qu’au cours d’un aspect particulier de l’astre lunaire car, en fait, il doit être réalisé chaque jour, au moins le soir au moment de nous endormir. Cependant, il est vrai que l’effet cumulatif du présent exercice sera accru ou renforcé à chaque pleine lune et à chaque nouvelle lune. Au cours de ces semaines, nous aurons l’occasion d’aborder certains sujets qui nous amèneront à de fructueuses méditations et nous prépareront efficacement au travail du neuvième degré. Durant cette période, il est essentiel de nous consacrer exclusivement au présent exercice, suspendant ainsi toute autre pratique sinon, en cas de besoin, celle relative aux exercices respiratoires. Cet exercice d’harmonisation doit être pratiqué chaque soir au coucher, qu’il soit tôt ou tard dans la nuit. S’il est possible de le faire également chaque matin, au réveil et quelle que soit l’heure, juste avant de se lever, il s’avérera encore plus efficace. Il importe, pour sa bonne réalisation, qu’aucune lumière parasite ne vienne nous perturber, excepté la lumière naturelle du jour le cas échéant. Concernant la phase de concentration sur la région abdominale, au niveau de la taille (voir point 3), il est essentiel de ne pas s’arrêter sur un organe ou un centre particulier, notamment le plexus solaire qui n’a ici aucun lien direct avec l’exercice. En fait, ce qui nous intéresse dans cette concentration, c’est d’agir sur les glandes et organes qui ont une action sur la régénération, le contrôle du bon fonctionnement de l’organisme. Et ce qui importe encore plus, c’est qu’il y a, dans cette région du corps, entre le thorax et l’abdomen, des centres qui sont liés à notre développement psychique. Après les deux ou trois premières mises en pratique de cette visualisation, nous devrions pouvoir pratiquer celle-ci avec la même facilité que les yeux soient ouverts ou fermés. Il se peut que la nuit, dans l’obscurité de notre chambre et après la première ou deuxième semaine d’exercice, nous commencions à percevoir une lumière s’élevant de nous.

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Si tel n’est pas le cas, nous pourrons au moins ressentir des vibrations et des pulsations dans notre corps et au-dessus de lui, comme si nous baignions dans un champ magnétique. A chaque nouvelle lune comme à chaque pleine lune, nous pourrons constater que ce pouvoir est plus fort ou, en un sens, légèrement différent. Cependant, nous ne pourrons juger du plein effet de ces phases particulières de la Lune par aucune manifestation extérieure ou purement physique, car le plus grand effet de celles-ci sera de nature psychique et se situera au-dedans de nous-mêmes. L’objet essentiel de cet exercice est d’accorder nos centres psychiques aux vibrations universelles, cosmiques, qui descendent dans notre corps en un mouvement inverse de celui visualisé pour la spirale s’élevant de nous (voir points 4 et 5). En d’autres termes, lorsque l’énergie ou le pouvoir de la spirale s’élève, une autre énergie, un autre pouvoir, descend par le centre de cette même spirale jusqu’à nous. Il est à remarquer que le présent exercice est tout particulièrement indiqué en tant que phase préparatoire à toute visualisation ou méditation, à toute prière ou encore à tout acte relevant d’un traitement à dispenser, d’une aide ou d’une assistance spirituelle que nous aurions à assumer.

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EXERCICE 65

Son but est la purification des cinq sens physiques.

Avertissement. Avec le présent exercice, nous abordons une série de techniques qui (plus que ne le permettaient les exercices précédents) constituent une préparation individuelle Ŕ d’ordre réellement pratique Ŕ aux techniques théurgiques, dont la mise en œuvre ne saurait être sérieusement prévue avant leur achèvement. Il importera donc d’aborder ces derniers exercices avec toute l’attention et le zèle nécessaires. Remarque. Préalablement à cet exercice, il sera bon de revoir ce qui a été dit dans l’exercice 12 à propos des cinq sens physiques. On pourra de même (à titre indicatif) se reporter au chapitre de L’Alchimie Spirituelle, qui aborde le présent sujet109. Cet exercice ne peut être l’objet d’une pratique collective.

Pendant les cinq semaines qui arrivent110, consacrez chacune d’entre elles à l’un des cinq sens physiques et efforcez-vous de le purifier comme proposé ci-après : Première semaine – Toucher Durant toute cette première semaine, évitez tout contact avec tout ce qui est plus ou moins directement lié à la mort physique (ossements, dépouilles mortelles Ŕ y compris d’origine animale…). De même, efforcez-vous de ne pas toucher ou manipuler tout ce qui a trait à ce qu’il est convenu de nommer la « magie noire » ou « magie inférieure » (objets, figures ou ouvrages rituels…) et susceptible d’avoir reçu une consécration magique qui rendrait de telles choses spirituellement néfastes. Dans le même esprit, à plus forte raison, abstenez-vous, comme étant la pire injure au plan divin, de porter des mains sacrilèges sur des choses consacrées et sanctifiées, dont le contact est interdit au profane comme à quiconque n’y a pas légitimement accès. Par ailleurs, évitez tout attouchement, caresse, en certains endroits de votre corps (zones particulièrement érogènes…) qui seraient susceptibles d’éveiller en vous toute sensation de volupté physique. 109

Alchimie Spirituelle, Première partie, chapitre III La putréfaction, p. 51-74. Pour le recours à certain matériel « Ambelain » : cf. supra, note 3 en page 3. 110 Le présent exercice sera donc à cheval sur deux mois consécutifs, ce qui implique un décalage d’une semaine pour la mise en pratique du prochain (chaque exercice étant prévu pour une période d’expérimentation d’un mois).

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Au contraire, efforcez vous de ne toucher ou manipuler (pour ce qui, bien entendu, l’est par choix, or toute nécessité) que des choses de nature à vous élever spirituellement. Et qu’en toutes circonstances, quel que soit l’objet, la chose, l’être que vous serez amené à toucher, ce contact soit plein d’un grand respect pour elle ou lui. Deuxième semaine – Goût Durant toute cette deuxième semaine, veillez à discipliner votre goût en évitant de sombrer dans la gourmandise, au propre comme – surtout – au figuré et l’envie. Au contraire, considérant le développement et la maîtrise du goût dans son acception la plus large, évitez, en relation avec la présente purification, de céder à toute sensiblerie sans profondeur. L’amour réel est toujours constructif, c’est l’Agapê des Grecs, il ne suppose pas la faiblesse ou l’indulgence sans discernement vis-à-vis des erreurs, mais le souci de ce qui est vrai et juste. Dans un même esprit et dans le domaine qui est le nôtre, apprenez à dominer votre propre goût des choses, tout particulièrement en vous obligeant à réduire au strict minimum toutes vos activités de nature rituelle ; c’est qu’il y a là occasion de gourmandise et donc d’excès et que, bien souvent sous-estimé, il est en ce domaine un vrai risque de « matérialisme spirituel ». Troisième semaine – Odorat Durant toute cette troisième semaine, employez-vous à vous garder de tout excès dans l’usage de parfums ou fumigations divers dans vos travaux rituels. Au contraire, cultivez l’art de la juste mesure et, quand ils sont nécessaires ou utilisés, préférez des combinaisons aromatiques privilégiant davantage le recueillement des sens et la méditation que celles plutôt destinées à de lourds travaux théurgiques – et donc, quelque part, plus « matériels ». De même, en présence de toute odeur enivrante pour les sens, efforcez-vous de vous en abstraire, de vous en détacher pour, là encore, ne privilégier que ce qui invite à l’apaisement et au recueillement de l’être.

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Quatrième semaine – Vue Durant toute cette quatrième semaine, gardez-vous de tout spectacle de toute vision de nature à vous troubler intérieurement. Au contraire, faites en sorte, dans la mesure du possible, de ne porter volontairement votre regard et votre attention que sur des choses qui élèvent l’âme ; tant dans vos lectures, vos loisirs, que dans vos diverses activités quotidiennes. Cinquième semaine – Ouïe Durant toute cette cinquième semaine, dans la mesure du possible, faites en sorte de ne rien entendre ou écouter qui soit de nature à rompre votre sérénité intérieure. Evitez et fuyez ainsi tout propos qui serait contraire à la charité, à la pureté ou à l’humilité. Plus encore, dans le domaine de la charité, rejetez tout ce qui risque d’éveiller, chez autrui comme chez nous mêmes, un écho susceptible de susciter des réactions, conduites, paroles néfastes et mauvaises. Veillez ainsi à ne pas vous étendre sur certains récits de faits qui peuvent déclencher chez autrui des sentiments négatifs et destructeurs tels la colère, la rancune, la jalousie, la luxure, l’envie. De même, relativement à vos pratiques d’ordre rituel, cette sage prudence consistera à ne pas vous étendre sur certains procédés d’action, sur l’aspect extraordinaire de certaines expériences psychiques ou spirituelles. Enfin, proscrivez le bruit en général, dans l’ambiance duquel l’âme ne saurait se retrouver ni se connaître, les musiques et sons non harmonieux, ainsi que toute parole ou verbiage inutiles. Au contraire, privilégiez le silence, tant de votre part que dans votre entourage, et, quand il s’agira d’écouter ou d’entendre, veillez le plus possible à ce que ce soit des sons ou de la musique harmonieux et apaisants. Cette série de pratiques propose une approche de certaines techniques ressortissant à ce qu’on désigne habituellement par la locution « alchimie spirituelle » ; de fait est-il ici question de « spiritualiser » nos sens physiques (non les brider ou nier : les éduquer).

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Dans son ouvrage L’Alchimie Spirituelle, traitant de ce qu’il nomme la « Voie intérieure », Robert Ambelain évoque une nécessaire « mortification » des sens (en cela qu’à un certain moment, elle devient effectivement nécessaire et même indispensable Ŕ dire cela, ce n’est pas rejeter ou nier l’importance de ces sens) en ces termes : « Les sens sont des facultés (l’ancienne scholastique disait des appareils), qui mettent « l’homme en relation avec le monde extérieur, et les sens sont liés à des organes de son « corps physique qui en sont les instruments. « On ne considère généralement que cinq sens physiques : la vue, l’odorat, le goût, le « toucher, l’ouïe. La Théologie classique leur ajoute deux sens internes : l’imagination « et la mémoire. L’Illuminisme classique y ajoute encore deux sens supérieurs, « psychiques, qui sont la clairvoyance et la clairaudience. Il y a donc trois séries de « cinq, sept ou neuf sens, selon le plan où l’on se place pour les étudier. C’est celle de « neuf que l’Alchimie spirituelle utilise évidemment, et c’est celle-là que nous allons « étudier. (Op. cit. supra, p. 54) » Le sens du toucher n’est susceptible de « danger » qu’en tant qu’il peut éveiller des passions, ou des contacts susceptibles de nuire à notre équilibre, notre santé ou notre vie. C’est ainsi que, par exemple, le contact d’une arme à feu, mise dans les mains de quiconque y serait disposé, peut éveiller en lui un désir de puissance ou même le désir de tuer ; les caresses et attouchements physiques, quant à eux, comme autant d’appels à la volupté des sens, peuvent conduire à la luxure, forme altérée de l’érotisme (ce dernier terme étant entendu dans son sens initial). Le sens du goût, avec la gourmandise matérielle, n’est généralement pas celui qui constitue un objet fréquent de « chute » (nous utilisons volontairement ce terme…) pour le disciple sur le sentier. Il est toutefois à surveiller, dompter et réduire. Mais surtout, le sens du goût est à discipliner qui, transposé dans le monde spirituel, nous ferait attacher trop d’importance, voire de passion, aux richesses livresques ou autres, aux diverses possessions d’ordre uniquement matériel voire à nos propres richesses intérieures… C’est le goût qui, convenablement maîtrisé, nous évitera de céder à l’apparence des choses, notamment, dans le domaine intellectuel, à des exposés par trop séduisants, où la douceur des paroles creuses, l’envolée des phrases sans profondeur, toutes choses qui risqueraient de nous embourber en de pseudoenseignements sans aucun caractère initiatique réel. Le sens de l’odorat, par l’usage immodéré des parfums du monde profane, l’influence que nous leur laissons prendre sur nous, n’est que trop souvent le prétexte Ŕ en tout cas, l’occasion Ŕ de satisfaire notre sensualité ou nous inciter à la volupté. Il en est de même dans le domaine des combustions et fumigations aromatiques. Les émissions odorantes qui montent des encensoirs ou brûle-parfum sont comme des appels, destinés à des mondes ontologiquement différents de notre propre monde. Elles ne sont pas destinées à satisfaire notre odorat, ni notre simple désir d’une ambiance particulièrement propice à l’élévation spirituelle. Encore moins à surprendre le profane, en lui donnant l’impression que nous possédons le secret de certaines combinaisons aromatiques mystérieuses, en lui laissant supposer que son évolution spirituelle dépend de banales impressions olfactives. Bien au contraire, les fumigations aromatiques doivent servir à créer en nous, à un moment précis, un climat intérieur nous permettant de percevoir le contact avec le monde spirituel ou l’action d’êtres différents de nous. Par ailleurs, s’il existe des parfums ou émissions odorantes susceptibles de nous faire prendre conscience de mondes et d’entités supérieurs, il en est qui sont susceptibles de nous faire descendre en des profondeurs opposées.

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Le sens de la vue, peut facilement être pour chacun une occasion de chute, pour reprendre cette expression. Il n’y a pas que les spectacles susceptibles d’éveiller mal-à-propos le désir sexuel qui sont à éviter. Au contraire, il faut en ce domaine ne jamais tomber d’un excès à l’autre ; Clément d’Alexandrie nous dit avec juste raison que « nous ne devons point avoir honte d’organes que Dieu n’a pas eu honte de nous donner… » Mais il y a, pour tout le monde, des spectacles malsains parce qu’ils font appel aux instincts les plus grossiers de l’être humain et cela en nombre de domaines. Il peut y avoir la vision de certains livres, bibliothèques, collections d’objets, tableaux, etc., qui peut exciter la curiosité et l’envie malsaine, voire l’avarice. On peut y joindre la vue de certains vêtements ou ornements plus ou moins flatteurs pour l’ego qui inciteront aussi à l’envie et surtout à l’orgueil. Quant aux lectures imprudentes, autre aspect de la gourmandise, elles peuvent tout aussi bien mener à la colère si nous nous trouvons violemment en opposition, qu’à la paresse si nous nous sentons confortés dans certain statisme. De fait, il est vrai qu’il est des ouvrages, des publications, qui peuvent constituer de véritables poisons psychiques pour l’Homme, par les réactions qu’ils font naître ou suscitent en chacun de nous. Le sens de l’ouïe, est lié à la parole ; aussi, la purification de l’un sera-t-elle liée à celle de l’autre.

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EXERCICE 66

Son but est la purification des deux sens internes d’imagination et de mémoire. Remarque. Comme précisé dans l’exercice précédent, le présent exercice qui en est la suite s’inscrit dans un processus plus général de préparation de chacun d’entre nous. Comme le précédent, cet exercice ne peut être l’objet d’une pratique collective.

Sixième, septième et huitième semaines 111 Consacrez les trois semaines qui arrivent aux deux sens internes que sont l’imagination et la mémoire et efforcez-vous de les purifier ensemble comme proposé ci-après : Pendant ces trois semaines, appliquez-vous tout d’abord à chasser hors de votre conscience et dès le début de leur manifestation, les images ou les souvenirs dangereux, vous rappelant des possibles – des futurs –, ou des réalités – des passés – qui, vous transportant au milieu des tentations du présent, du passé ou de l’avenir, seraient une source de défaillances et de chutes. Au contraire, comme il y a souvent une sorte de déterminisme psychologique, qui nous fait passer des rêveries sans importance aux jeux périlleux d’une imagination partiellement envahie, prémunissez-vous contre ce danger en rejetant, immédiatement et de façon incessante, les pensées inutiles. Elles nous font déjà perdre un temps précieux et elles ouvrent la voie, la préparent, à d’autres pensées infiniment plus dangereuses. La meilleure méthode pour réussir en cette sorte de filtrage est assurément de vous appliquer de façon totale au devoir du moment, si banal soitil, c’est à dire à votre travail, à vos études, vos occupations habituelles, quelque modestes et matérielles qu’elles soient. Ce qui est, par ailleurs, la meilleure manière de bien faire ce que l’on a à faire, en concentrant ainsi toute son intelligence et son activité à l’action présente. Le travail commencé lors de l’exercice précédent est une application de ce que la voie rosicrucienne appelle « l’alchimie spirituelle », technique initiatique reposant sur la transmutation ou transformation intérieures. 111

Les deux derniers exercices Ŕ celui-ci et le précédent Ŕ s’inscrivent donc sur une période de deux mois : un exercice par mois, comme à l’accoutumée.

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Continuons ici de la présenter, en empruntant à nouveau à l’ouvrage de Robert Ambelain cité dans le dernier exercice ; ainsi, parlant de la phase préparatoire de « putréfaction », l’auteur écrit : « Ainsi donc, tout au début de l’Œuvre, doit apparaître la nécessaire Putréfaction, « symbolisée par le “caput corvi”. Les sept corps passionnels doivent disparaître, et « avec eux les sept péchés capitaux (du latin caput : tête, expression qui parle « merveilleusement), et avec eux les sept erreurs fondamentales qui enténèbrent l’Ame. « Ce sont là les têtes du Dragon de l’Apocalypse, au nombre de sept, portant dix cornes « […], et qui s’opposent aux sept Vertus : quatre Vertus Cardinales et trois Vertus « Théologales. « Il est totalement inutile de tenter d’aller plus avant si cette phase inéluctable n’a pas « été réalisée […] « Il n’est en effet pas possible de faire évoluer l’Aspirant dans le sens où nous « l’entendons, s’il ne consent à admettre une fois pour toutes que tout ce qu’il a pu « acquérir un peu partout, en des lectures souvent mal digérées, ou en des « enseignements non conformes à la doctrine qu’il désire suivre et appliquer, tout cela « ne fera que s’opposer à son cheminement mystique. Les pseudo-connaissances et la « fausse sagesse n’ont rien à faire ici, il doit l’admettre… (Op. cit. supra, p. 52-53) » Cette putréfaction, indispensable à la purification, passe par la mortification de tous nos sens ; elle passe également, comme indiqué dans les lignes précédentes, par celle de ce qui constitue notre ego. Revenant ainsi à la purification de notre être, deux sens internes Ŕ ou intérieurs Ŕ complètent le quinaire sensitif extérieur abordé dans le précédent exercice ; il s’agit de l’imagination et de la mémoire dont nous allons nous occuper à présent… Le sens de l’imagination et le sens de la mémoire sont deux facultés précieuses qui fournissent à l’intelligence les matériaux dont elle a besoin pour s’exercer et travailler et à la sagesse la possibilité d’exposer la vérité avec des images et des exemples qui la rendent plus saisissante, plus vivante et par là même plus attrayante. Il ne s’agit donc pas d’atrophier ces facultés, mais, là encore, de les discipliner et de subordonner leur activité à l’empire de la raison et de la volonté. Sinon, livrées à elles-mêmes, elles peupleront l’âme d’une foule de souvenirs, qui la dissiperont et gaspilleront son énergie, lui feront perdre un temps précieux et lui susciteront mille tentations et rechutes. Il est donc absolument nécessaire d’apprendre à les maîtriser et de les mettre au service des deux vertus sublimales que sont l’Intelligence et la Sagesse. L’imagination et la mémoire ont un terrain tout trouvé chez le disciple sur le sentier, chez le candidat à l’initiation, c’est celui des sciences humaines (dans le sens large de ce terme), profanes et occultes, sans lesquelles bien des aspects de la connaissance supérieure lui demeureraient obscurs ; c’est aussi et surtout celui des écrits ressortissant à l’initiation et à la tradition, dans lesquels l’imagination pourra accéder, de par l’ésotérisme et son langage symbolique, aux vérités de l’intelligence et la mémoire préparer les certitudes de la sagesse. L’imagination, comparée à la mémoire, est une faculté dont l’importance est trop souvent négligée dans notre éducation et, d’une manière générale, dans notre vie quotidienne. En effet, si nombre de personnes se plaignent souvent d’être incapables de se rappeler correctement des événements passés, bien peu se soucient de leur inaptitude à l’imagination. Pourtant, l’imagination joue un rôle aussi important que la mémoire, sinon plus dans certains domaines. Elle est en effet l’élément de base d’une faculté que nous utilisons beaucoup dans notre travail d’initiés, nous voulons parler de la visualisation.

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En ce sens, contrairement à ce que l’on pense généralement, l’imagination est bien autre chose que la rêverie ou la fantaisie. Lorsqu’elle est utilisée dans un but précis et avec méthode, elle permet la réalisation de la plupart de nos désirs, à condition, naturellement, qu’ils soient légitimes et réalistes. En fait, c’est l’application de cette faculté qui permet de créer les « formes-pensées » à partir desquelles peuvent se réaliser nos aspirations les plus légitimes. Imaginer revient à créer une image mentale de ce que l’on désire voir se concrétiser. Pour y parvenir, nous sommes obligés d’utiliser notre mémoire, car l’imagination doit faire appel, au moins à un certain moment, à ce que nous connaissons déjà. Ainsi, son pouvoir créateur ne se situe pas dans son aptitude à inventer, mais dans sa capacité à combiner en une forme nouvelle ce qui existe déjà. Comme c’est le cas pour la mémoire, nous ne disposons pas tous des mêmes possibilités dans le domaine de l’imagination. Cependant, il est important de développer cette faculté, car son utilité pratique est beaucoup plus grande que nous le pensons a priori. Au cours de l’histoire, nombreux sont ainsi les personnages qui ont fait preuve d’une grande imagination dans leurs domaines respectifs, et nombre de leurs « visions » ont pu, avec le temps, prendre corps et devenir réalités. L’imagination est la base de toute aspiration, car toute aspiration concerne des idéaux qui sont conçus, mais non atteints. Or, tout désir est lié à un idéal, même s’il est un fait que cet idéal peut être plus ou moins élevé. Toutes les ambitions et les motivations humaines sont donc liées à des désirs, et l’énergie qui rend possible leur accomplissement a sa source dans l’imagination. En supposant que la perfection humaine soit possible Ŕ tout au moins, certaine perfectibilité Ŕ, il est clair que l’imagination doit jouer un rôle très important dans sa réalisation. C’est l’imagination qui crée, conçoit, définit les perspectives et ranime d’un souffle les tisons des feux du désir. Le pouvoir imaginatif dont la plupart des individus font preuve dans leur vie quotidienne est très limité. Un tel état de fait est dommage, car c’est à partir de ce pouvoir créateur que l’Homme peut élargir le champ de ses activités et faire de sa vie ce qu’il veut qu’elle soit. En faisant de l’imagination le support de chacun de nos désirs et de nos aspirations, nous pouvons atteindre l’idéal de perfection recherché sur le plan terrestre. En ce sens, l’imagination n’est ni plus ni moins que l’aptitude à créer mentalement les bases d’un avenir constructif et positif. Le monde où nous vivons Ŕ celui que nous vivons individuellement Ŕ est tel que nous le concevons ; en transformant notre conception du monde, nous transformons le monde. Dans tous les domaines de la vie humaine, l’imagination créatrice peut faire valoir son importance et son intérêt. L’imagination est tout. Dans son ordre propre, celui de l’intellect, avec la poésie Ŕ au sens fort du terme : celui de « faire naître » Ŕ qui en est la parfaite réalisation, elle a la suprématie. En reconnaissant ce fait, nous trouvons une autre raison pour en appeler aux poètes, car ils sont les vrais hiérophantes de l’imagination. Les lois, les principes et les faits de tout hermétisme, de tout occultisme, de toute science prétendument secrète et sacrée, demeurent stériles, et donc vains, tant qu’ils ne sont pas vivifiés par le pouvoir de l’intelligence imaginative. L’imagination peut nous permettre d’anticiper sur l’avenir, à condition toutefois qu’elle ne se limite pas aux caprices d’une élucubration fantaisiste. Imaginer, comme nous l’avons déjà dit, c’est créer dans le futur à partir de ce qu’est le présent et de ce qu’a été le passé. Autrement dit, l’imagination peut permettre à chacun de nous, lorsque nous sommes inspirés, d’extrapoler et de construire un pont entre le connu et l’inconnu, et toute expérience de visualisation ayant pour but de concrétiser un désir est basée sur le pouvoir créateur de l’imagination.

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Nous ne saurions conclure cet exercice sans citer à nouveau L’Alchimie Spirituelle qui évoque la Sagesse et son complément indispensable, l’Intelligence, en ces termes : « Aux deux Métaux Philosophiques (Argent des Sages et Or des Sages), nés de la « copulation des trois Principes (Soulphre, Mercure, Scel), correspondent alors les deux « Vertus Sublimales, savoir : Soulphre des Sages à la Sagesse Mercure de Sages à l’Intelligence « Ces deux Vertus Sublimales, si elles sont passées sous silence comme telles, dans la « théologie classique, et ramenées au rang de dons du Saint-Esprit (lesquels seraient « infiniment mieux dénommés autrement), sont signifiées dans l’Ecriture Sainte, en « totale prééminence : « Et Dieu dit à Salomon : “Puisque tu ne M’as point demandé une longue vie, les « richesses, ni la mort de tes ennemis, et que tu as demandé l’Intelligence et la Sagesse « pour agir avec justice, J’agirai selon ta parole, et Je te donnerai un cœur plein de « Sagesse et d’Intelligence…” (Rois, V, 11-12, Bible catholique, et I Rois, III, 10-12, « Bible protestante). « Citons encore : “Car ce sera là votre Sagesse, et votre Intelligence aux yeux des « peuples…” (Deutéronome : IV, 6). “Pour connaître la Sagesse et son instruction, pour « comprendre les paroles de l’Intelligence…” (Proverbes : I, 2). “Le commencement de « la Sagesse, c’est la crainte de l’Eternel, et la science des saints, c’est l’Intelligence…” « (Proverbes : IX, 10). “Si tu rends ton oreille attentive à la Sagesse, et si tu inclines ton « cœur à l’Intelligence…” (Proverbes : II, 2, 3). “C’est Lui qui donne la Sagesse aux « sages, et la science à ceux qui possèdent l’Intelligence…” (Daniel : II, 21). « On sait que, dans le ternaire supérieur du système séphirotique de la Kabbale des « hébreux, Binâh (Intelligence), est l’attribut de ce qui correspond à la vision, « l’intuition, la pénétration et l’information. Comme telle, l’Intelligence est donc aussi « la Connaissance (Gnosis), des Choses Divines absolues. « Elle a pour parèdre Hochmâh (Sagesse), qui exprime assez bien l’idée du choix du « meilleur parmi toutes les données accessibles à l’Intelligence (Binâh). Elle présuppose « donc celle-ci, elle n’opère en son sein que par élimination. Elle est la soumission « spontanée, intelligente, compréhensive, à un Bien qu’elle perçoit comme la dominant « elle-même. Comme telle, c’est une discrimination entre le Bien et le Mal, la science « de ceux-ci. « Ainsi donc, l’Intelligence est la connaissance maximum, et la Sagesse est l’usage qui « en est fait. (Op. cit. supra, L’alchimie spirituelle, p. 43-44) » « L’Intelligence est […] la Science du Bien et du Mal, mais en tant que leur perception « indistinguée. « C’est elle qui nous donne le discernement des Esprits, la possibilité de percevoir, sous « des espèces ou des objets matériels, ce qui les relie aux pôles opposés du Bien et « du Mal, de la Lumière et des Ténèbres112. Elle nous fait pénétrer le sens caché des mots, « l’ésotérisme des textes, leur signification supérieure, et plus particulièrement le sens « profond des Ecritures chrétiennes, ou des Livres Saints si l’on relève d’une autre « religion.

112

Note de l’auteur : C’est dire que l’on ne saurait accéder à cette vision des choses divines par le truchement d’Entités Inférieures, elles-mêmes enténébrées, et par le canal d’une très banale évocation magique…

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« Selon Thomas d’Aquin, disciple d’Albert le Grand, l’Intelligence nous révèle “le « symbolisme supérieur des Signes Sensibles : rites, symboles, objets, matières « sacramentelles, etc…” « Elle nous fait saisir, sous les apparences, les réalités spirituelles, et dans les reflets « imparfaits d’ici-bas, les réalités célestes ainsi déformées ou voilées. Tel, dans le « charpentier de Nazareth, le Logos Créateur, puis, dans le Christ quittant ses Apôtres à « l’Ascension, sa Gloire future lors de la Parousie, à la Fin des Temps. « L’Intelligence nous montre les effets dans la cause, par exemple dans le sang du « Christ, versé au Calvaire, la purification de notre Ame et notre réconciliation, pour « employer un terme cher à Martinez de Pascuallis. Et dans le flanc percé du Christ, « semblable au Pélican hermétique de la Rose-Croix, elle nous révèle la source invisible « et unique des Sacrements essentiels. « Cette Vertu nous montre les Réalités Eternelles atteintes par la Foi sous un jour tel « que, sans pour autant toujours les comprendre de façon totale, elle nous affermit en « notre certitude, non plus intuitivement comme par la Foi, mais par une sorte de vision « intuitive et subconsciente. « A un degré supérieur, elle nous donne une vision partielle de Dieu, non pas en nous le « révélant totalement, ce qui est impossible, mais en nous faisant comprendre avec « une certitude absolue, ce qu’IL ne saurait être. L’Intelligence nous révèle donc « également ce que Denys l’Aréopagyte nommait la “ténèbre divine”. « La Sagesse consiste dans le choix du meilleur, parmi les données accessibles à « l’Intelligence. Elle présuppose donc celle-ci, elle n’opère en son sein que par « élimination. Elle est la soumission spontanée, intelligente et compréhensive, à un bien « qu’elle perçoit comme la dominant elle-même. Comme telle, c’est une discrimination « entre le Bien et le Mal, la Science de ces deux opposés. « Si l’Intelligence est la Connaissance totale, la Sagesse est donc l’usage qui en est fait. « C’est en quelque sorte l’aspect supérieur, puisque le résultat, de l’action de la Foi et « de la Charité, du Mercure Principe et du Scel Principe. « La Sagesse nous fait juger de toutes choses en les jugeant selon la plus haute de toutes « les Causes, de laquelle toutes les autres dépendent et qui elle-même ne dépend « d’aucune autre. C’est donc par cette vertu que l’Adepte peut atteindre au plus haut « degré de connaissance accessible à l’être humain ici-bas, puisque cette connaissance « ne réside plus dans un phénomène de perception générale, sans plus (comme dans « l’Intelligence, science du Bien et du Mal), mais dans un phénomène de perception « particulière, qui est, en fait et bel et bien, la Science du Bien seul, de sa connaisance « absolue. « Et là encore, c’est la Charité qui est à la base de la naissance de la Sagesse en nous. « En effet, la Charité absolue […] découle d’un acte d’amour total, par lequel l’Homme « veut à Dieu ce Bien Infini que la Foi lui a fait connaître, et qu’il veut, pour lui-même « et pour tous les autres Etres, ce même Bien, inséparable de Dieu. « Dès lors, ne recherchant que ce Bien, l’ayant compris, défini, il ne saurait plus le « confondre avec son contraire. Et, dans tout ce que ramènera le chalut de son « intelligence des choses, de sa vision de tous les “possibles” en Dieu, c’est cet acte « d’amour total qui lui servira de pierre de touche. La Sagesse sera le filtre épurateur de « l’action de l’Intelligence en lui. (Ibid., Les éléments du Grand’Œuvre, p. 97-100) »

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EXERCICE 67

Son but est la purification des deux sens psychiques de clairvoyance et de clairaudience.

Remarque. En relation respectivement avec les facultés de clairvoyance et de clairaudience, il sera bon de revoir au préalable les exercices 8, puis 31 et 44, 45, 47. On reverra de même, quant aux sens physiques et internes, les deux exercices précédents.

Consacrez les quatre semaines qui arrivent aux deux sens psychiques et efforcez-vous de purifier le sens que vous pourriez avoir développé comme proposé ci-après : Pendant ces quatre semaines, attachez-vous à voir et sentir dans quelle mesure vous êtes davantage « visuel » ou « auditif ». Ce faisant, reprenez le travail effectué dans l’exercice 65 en ne vous appliquant plus cette fois qu’au seul des sens de la vue ou de l’ouïe qui prédomine en vous (cette première phase sera volontairement réduite au strict minimum, cela en fonction des besoins propres à chacun). Dans la mesure où l’une ou l’autre des facultés de clairvoyance ou de clairaudience s’est développée en vous (même de manière partielle Ŕ sinon, il conviendra de ne consacrer ces quatre semaines qu’à la seule première phase du présent exercice), veillez à éviter de la mettre en œuvre pour

des problèmes sans portée spirituelle. Efforcez-vous de comprendre que vous n’êtes pas nécessairement en relation directe et personnelle avec la divinité, ou l’un quelconque de ses agents ou messagers. Conservez bien à l’esprit le fait qu’il est, en ce domaine, de nombreuses occasions d’erreurs, de tromperie et que les plans inférieurs sont toujours là – de fait proches – et prompts à nous faire tomber. C’est là où le don de discernement vous sera indispensable… La purification des neuf sens de l’Homme, ainsi que nous l’avons vu depuis l’exercice 65, doit embrasser l’ensemble de ses activités physiques, psychiques et spirituelles, porter sur le corps, l’âme et l’esprit. Car l’Homme est un et c’est l’Homme tout entier qui est une occasion de « chute » s’il n’est pas parfaitement Ŕ et en toutes ses composantes Ŕ discipliné.

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Considérons à nouveau Robert Ambelain, quand, dans son ouvrage sur la « technique de la Voie intérieure » déjà cité, il nous parle de « la mortification des neuf sens de l’Homme » : « Sans doute n’y a-t-il à vrai dire que la volonté qui pèche, mais elle a pour complices et « pour instruments le Corps, avec ses sens extérieurs, et l’Ame avec ses sens intérieurs. « Alors de nouveau, l’Esprit est prisonnier, et d’une geôle plus sombre encore « qu’auparavant. (L’Alchimie Spirituelle, op. cit., p. 64-65) » A ce sujet, il peut être intéressant de considérer la technique décrite ci-après, relative à la maîtrise de l’impulsion sexuelle. Cette méthode est dérivée de celle autrefois utilisée par les novices des lamaseries tibétaines (mais d’autres traditions de type monacal y font également appel). L’entraînement consiste à visualiser l’objet de notre désir sous la forme d’un squelette, symbole de mort, que la personne deviendra un jour. Bien entendu, une telle « purification de l’impulsion sexuelle » (pour reprendre l’expression même de Robert Ambelain113) ne doit aucunement signifier un rejet, comme étant mauvaise, de la sexualité ; nous avons déjà vu l’importance de celle-ci dans notre vie quotidienne. En fait, une telle « purification », pour reprendre ce terme ambigu, ne se justifie que lorsqu’elle devient gênante et qu’elle risque, au moins temporairement, de nuire à notre développement spirituel ; ou encore, tout simplement lorsqu’on souhaite Ŕ pour des raisons diverses Ŕ s’en détacher... Par ailleurs, on notera qu’en travaillant ainsi sur la maîtrise du désir charnel, nous travaillons de fait à affermir notre volonté. De plus, une telle technique met à profit le travail précédemment effectué sur les sens physiques, autant que sur l’imagination et la mémoire. En relation avec les deux facultés supérieures dont nous nous occupons en cet exercice, la clairvoyance et la clairaudience, il convient d’abord d’ouvrir une parenthèse en établissant une distinction entre les facultés de prophétie et de divination… Concernant la divination, les multiples formes de la mancie permettent d’accéder de façon plus ou moins précise à un avenir plus ou moins proche et également de retrouver les éléments d’un passé plus ou moins proche lui aussi. Dans cette technique, ce ne sont pas les plans supérieurs ni le plan divin qui sont directement contactés. En ce cas, la divination nécessite une sorte de convention, par laquelle des éléments codifiés permettent au « devin » d’accéder aux plans intermédiaires de la Création et à leurs modes d’expression propres. C’est donc par l’intermédiaire d’un langage, d’un outil, symbolique, conventionnel et convenu, que s’effectue la « révélation ». Il en est tout autrement avec la prophétie. Dans ce domaine, en relation directe avec l’exercice qui nous occupe, il est intéressant de distinguer deux genres de « révélations prophétiques », et, partant, deux catégories de « prophètes » ou interprètes. Ainsi, il y a d’abord le « voyant » : celui qui voit avec les yeux de l’esprit ce que les autres hommes ne voient pas ; en tant que clairvoyant, il perçoit puis exprime ensuite en son langage personnel ce qu’il a vu, ou cru se dégager de sa vision. Il y a ensuite « l’interprète de Dieu » : celui qui non seulement voit, mais entend et parle malgré lui le langage divin ; la plupart du temps, son propre verbe n’est que le reflet d’une audition intérieure, même si instantanément cette dernière est associée au verbe du clairaudient et chez lui audition et élocution se confondent. Ce qui caractérise le prophétisme, c’est qu’intégré dans le cadre d’une révélation, s’il parle réellement au nom de celle-ci, il ne saurait devenir pour elle un esprit de contradiction, de doute, ou une source de conflits intérieurs, de tourments. Le prophète est toujours l’agent du divin ; le devin, lui, l’est toujours d’un quelconque plan intermédiaire. Situer leurs sources, c’est situer le niveau de leur spiritualité. 113

Cf. L’Alchimie Spirituelle, op. cit., p. 65-66.

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Cela précisé, achevons cette introduction aux techniques de l’alchimie spirituelle par ces lignes, toujours empruntées au même ouvrage de Robert Ambelain : « […] dix années auparavant114, […] la technique de la “Voie intérieure”, confiée à L. « C. de Saint-Martin et transmise directement par lui à ses intimes, nous avait été « transmise avec une dernière initiation. […] il s’agit de cette voie cardiaque sur « laquelle on a énormément glosé, sur laquelle Papus insista avec tant de vigueur, et qui « est en fait, une technique occulte, et non une banale sensibilité. […]. Elle exige de son « utilisateur une vigilance de tous les instants, aussi bien à son égard qu’à celui « d’autrui… (Ibid., Avertissement au lecteur, p. 13-14) « L’Alchimie n’est pas […], seulement et uniquement, la recherche de la génération de « l’Or matériel, mais aussi et surtout tout autre chose. […] l’Alchimie exige d’abord de « l’Initié qu’il se mette à l’école de la Nature, avant de lui confier enfin les clés de « l’Adeptat. […]. Le même et immuable déroulement symbolique de l’Œuvre, où la plus « extraordinaire simplicité des moyens matériels utilisés s’allie à une théorie demeurée à « dessein parmi les plus obscures, le mènera lentement […] vers l’ultime but recherché. « […] transmuté lui-même […], l’Initié devenu enfin l’Adepte, pourra enfin transposer, « dans le seul plan de sa spiritualité intérieure, l’Arcane enfin conquis, pour devenir et « demeurer à jamais : l’Illuminé. Et […], l’Illuminé, à son tour, transmettra sa propre « lumière spirituelle à ceux qui auront sur eux-mêmes, matière première intelligente et « docile, accepter de mourir plomb pour mieux renaître or… (Ibid., Introduction, p. 17« 20) » Quant aux moyens de maîtriser le corps et ses outils, le même auteur d’écrire plus loin : « Le Silence est de deux sortes […] : 1) Silence de la langue, consistant dans « l’abstention de parler autrement que “par Dieu”, ou “avec Dieu”, ou avec “un autre « que Dieu”, ces conditions étant solidaires. On entend par “un autre que Dieu” le « contact avec le Maître que l’on a dans l’Assemblée Céleste, sur lequel nous « reviendrons. 2) Silence du Cœur, consistant dans le rejet de toute autre pensée relative « aux Etres et aux choses créées. Le Silence, seul, procure et mène à la Connaissance de « Dieu. “Pense à Dieu plus souvent que tu ne respires…”, nous dit Epictète. C’est la « voie première de l’Aspirant… « La Solitude est le seul moyen d’assurer le silence de la langue. Elle consiste dans le « fait : 1) D’éviter de se mêler matériellement aux autres, à la foule profane, aux « préoccupations futiles. […]. C’est là la voie première de l’Initié. 2) D’éviter « intérieurement le contact des Etres et des Choses de ce Monde, et c’est la voie « première de l’Adepte. Elle obéit à trois mobiles : a) éviter le mal provenant des « Hommes, b) éviter le mal que l’on peut faire au Prochain, c) rendre permanente la « compagnie du Maître que l’on a dans l’Assemblée Céleste. La Solitude, seule, procure « la Connaissance du Monde… « La Faim, ou le Jeûne, consiste dans la réduction de la nourriture, et elle mène à la « diminution naturelle des besoins de ce genre. Elle doit être assurée dans l’esprit de « pauvreté, de modestie, de douceur, de calme, de pureté. Que l’Aspirant se souvienne « des jeûnes considérables de tous les grands prophètes et missionnés de l’Ecriture, et « particulièrement du jeûne de quarante jours, dans les terribles solitudes du désert de « Juda, au terme duquel le Christ a l’apparition du Prince des Ténèbres et l’épreuve de « sa triple tentation (Mathieu : Evangile, IV), ou encore de l’échec des Apôtres dans la 114

Vers 1945.

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« guérison d’un possédé, et du recours au Christ, qui leur explique que certaines sortes « de Démons ne sont chassés que par le jeûne. La Faim, seule, procure en effet la « Connaissance de Satan… « La Veille est le fruit de la Faim, car celle-ci chasse le sommeil inutile, et souvent « alourdi par une trop abondante nourriture. Or, il est des contacts entre l’Homme et « l’Assemblée Céleste qui ne se peuvent réussir que durant le Sommeil, pendant une « sorte de dédoublement de l’Ame et du Corps. Un sommeil susceptible de libérer « l’Ame est un sommeil qui a lieu durant un jeûne important. Mais notre Veille a « d’autres buts. Il y a deux sortes de Veille d’ailleurs : a) la veille du Cœur, lequel « recherche instinctivement la contemplation, b) la veille de l’œil (vision), qui réalise et « objective celle-ci dans le Cœur (Temple Intérieur et Œuf Philosophique), en la « définissant. La Veille seule procure la Connaissance de l’Ame… (Ibid., Le vitriol « philosophique, p. 82-85) »

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EXERCICE 68

Le présent exercice a pour but l’expérimentation de l’axe feu central en nous-même115. Préparatifs. On aura soin de préparer une bougie de cire neuve, qu’on pourra déposer allumée à même le sol. La pièce sera à peine éclairée (avec cette seule bougie pour l’expérience). Il faut avoir attention que la bougie ne soit mise dans aucun chandelier, « l’esprit ne pouvant supporter la matière » précise le manuscrit.

1. Posez par terre une bougie bénite allumée, entre le Nord et le Sud et l’Est ou l’Orient, si cela se peut au milieu, ou l’Ouest à son défaut selon la position de la chambre où vous ferez dans le plus grand secret, fenêtres et portes fermées, cette épreuve, la nuit, comme la plus propice à la chose. 2. Ensuite vous vous placerez debout au milieu de la bougie, la tête courbée, et les yeux attachés fixement sur la lumière, pendant l’intervalle d’une minute, ou deux (ce que nous appelons prendre du feu) après laquelle opération vous vous retirerez à 3 ou 4 pas, et regarderez fixement devant vous la muraille, les yeux bien ouverts, sans les baisser et sans regarder à droite ou à gauche. 3. Alors vous verrez distinctement un globe de feu couleur de pourpre plus ou moins gros, qui viendra à vous, et vous passera même par-dessus la tête. 4. Continuez toujours cette position jusqu’à ce que la muraille vous présente un cercle, dans lequel vous distinguerez clairement l’Air, la Terre et l’Eau c’est-à-dire Soufre, Mercure, et Sel. Ceci doit convaincre que ces quatre éléments sont innés en nous, et dans le général, et que nous ne pourrions subsister sans leurs essences spiritueuses.

115

Cf. Expérience pour convaincre de la vérité de l’axe feu central qui est inné en nous, et que tout corps élémentaire ne peut subsister et opérer sans son puissant secours, donnée en annexe au Traité sur la Réintégration des Etres, dans leur première propriété, vertu, et puissance spirituelle divine, par Martines de Pasqually. Manuscrit de Louis-Claude de Saint-Martin. Le fac-similé du manuscrit a été publié par la Diffusion Rosicrucienne (Collection Martiniste, Le Tremblay, 1993). Une version typographiée, présentée par Robert Amadou, a également été publiée par le même éditeur (1995 pour la première édition).

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EXERCICE 69

Son but est la méditation sur les dix sefirot116. Préparatifs. Il peut être utile de préparer un modèle d’arbre sefirotique, qui pourra servir de support au travail de visualisation. On se reportera alors au schéma classique des trois plans triangulaires surmontant un quatrième plan ponctuel (voir annexe en fin du présent exercice).

Note préliminaire. Le présent exercice devra de préférence être réalisé le soir, juste avant de se coucher. On procédera de la manière suivante : 1° Etant bien familiarisé avec le schéma général de l’arbre de vie, ainsi qu’avec les caractéristiques et portée symbolique de la sefira en question, installé comme indiqué (point 1), il faudra visualiser l’arbre comme englobant le corps, le pilier de droite correspondant à la droite de ce dernier et celui du milieu passant par l’axe vertical, de la tête aux pieds. 2° Il faudra ensuite visualiser la sefira considérée de la couleur indiquée, les autres demeurant simplement à leur place, comme invisibles (point 2). 3° L’exercice sera terminé en déplaçant mentalement l’ensemble de l’arbre, de telle sorte que la sefira considérée vienne se placer comme indiqué, au niveau de la nuque (points 3 et 4).

Les méditations proposées dans chacun des dix exercices suivants sont recommandées comme un moyen particulièrement étudié en vue de l’éveil de ce que nous pourrions nommer les « centres séfirotiques » en l’Homme117.

1. Tenez-vous debout face à l’Est, jambes jointes, les pieds légèrement écartés, les bras le long du corps. Fermez les yeux et détendez-vous bien. 2. Visualisant la sefira Malkhout comme une sphère lumineuse118, dites mentalement : « O toi, Adonaï ha-Erets ! devant le portail du sentier du retour je me tiens humblement, sollicitant la permission d’entrer. Puisse la lumière éternelle de la Sagesse divine m’éclairer à jamais ! Amen ! »

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De manière générale, nous utiliserons la transcription des sefirot telle qu’elle se trouve définie dans la traduction du Zohar par Charles Mopsik, aux éditions Verdier (coll. Les Dix Paroles, Lagrasse). 117 L’exercice 66 nous a permis d’évoquer brièvement l’Intelligence (Bina) et la Sagesse (’Hokhma), au travers notamment d’une lecture alliant alchimie spirituelle et cabale (cf. citation en fin d’exercice). 118 Nous excluons ici toute représentation colorée, nous contentant ici d’une simple visualisation lumineuse.

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3. Demeurez ensuite dans la même attitude cependant que vous projetez l’image de Malkhout sur votre nuque, comme si vous voyiez cette image derrière vous. Respirez alors lentement et calmement, d’une manière régulière. 4. Visualisant la sefira Yessod comme une sphère lumineuse, dites mentalement : « O toi Chaddaï El Chaï ! dont la nature est parfaite et dont le fondement est au centre des choses, maintiens fermement mes pas dans la voie que tu veux me voire suivre. Amen ! » 5. Demeurez ensuite dans la même attitude cependant que vous projetez l’image de Yessod sur votre nuque, comme si vous voyiez cette image derrière vous. Respirez alors lentement et calmement, d’une manière régulière. 6. Visualisant la sefira ’Hod comme une sphère lumineuse, dites mentalement : « O toi, Elohim-Tsévaot ! être resplendissant dont les actes sont justice, pénètre mon être de ton Saint pouvoir. Amen ! » 7. Demeurez ensuite dans la même attitude cependant que vous projetez l’image de ’Hod sur votre nuque, comme si vous voyiez cette image derrière vous. Respirez alors lentement et calmement, d’une manière régulière. 8. Visualisant la sefira Netsa’h comme une sphère lumineuse, dites mentalement : « O toi, Adonaï-Tsévaot, grande source cachée de tout ce que l’Homme peut éprouver et connaître, restaure en moi la lumière de la véritable Connaissance. Amen ! » 9. Demeurez ensuite dans la même attitude cependant que vous projetez l’image de Netsa’h sur votre nuque, comme si vous voyiez cette image derrière vous. Respirez alors lentement et calmement, d’une manière régulière. 10. Visualisant la sefira Tiferet comme une sphère lumineuse, dites mentalement : « O toi, Eloha ve daat ! merveilleuse lumière, royaume de beauté, répands dans mon cœur tes rayons de vérité, afin que tout orgueil puisse être consumé et que subsiste seulement l’Amour parfait. Amen ! »

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11. Demeurez ensuite dans la même attitude cependant que vous projetez l’image de Tiferet sur votre nuque, comme si vous voyiez cette image derrière vous. Respirez alors lentement et calmement, d’une manière régulière. 12. Visualisant la sefira Guevoura comme une sphère lumineuse, dites mentalement : « O toi, Très Saint, Elohim guibor ! puissé-je passer par ta Purification et, ainsi, devenir pur. Amen ! » 13. Demeurez ensuite dans la même attitude cependant que vous projetez l’image de Guevoura sur votre nuque, comme si vous voyiez cette image derrière vous. Respirez alors lentement et calmement, d’une manière régulière. 14. Visualisant la sefira ’Hessed comme une sphère lumineuse, dites mentalement : « O toi El, le grand et l’unique, dont le nom est puissant et dont la nature est juste, règne en moi, afin que je puisse proclamer ta Miséricorde. Amen ! » 15. Demeurez ensuite dans la même attitude cependant que vous projetez l’image de ’Hessed sur votre nuque, comme si vous voyiez cette image derrière vous. Respirez alors lentement et calmement, d’une manière régulière. 16. Visualisant la sefira Bina comme une sphère lumineuse, dites mentalement : « O toi, Très Saint ! qui résides dans le sein de l’immensité et que nous appelons YHVH-Elohim, permets que la coupe de mon cœur puisse déborder de ton amour divin. Amen ! » 17. Demeurez ensuite dans la même attitude cependant que vous projetez l’image de Bina sur votre nuque, comme si vous voyiez cette image derrière vous. Respirez alors lentement et calmement, d’une manière régulière. 18. Visualisant la sefira ’Hokhma comme une sphère lumineuse, dites mentalement : « O toi, Très Saint ! qui résides dans le sein de l’immensité et que nous appelons YHVH, permets que la coupe de mon cœur puisse déborder de tes bienfaits paternels. Amen ! » 19. Demeurez ensuite dans la même attitude cependant que vous projetez l’image de ’Hokhma sur votre nuque, comme si vous voyiez cette image derrière vous. Respirez alors lentement et calmement, d’une manière régulière.

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20. Visualisant la sefira Keter comme une sphère lumineuse, dites mentalement : « O toi, roi très mystérieux et caché à la vue ! roi de tout ce qui est en haut et de ce qui est en bas et dont je prononce le nom Ehyeh avec respect et amour ! protège-moi d’un anneau de lumière, pour que dans ta lumière je puisse connaître la lumière. Amen ! » 21. Demeurez ensuite dans la même attitude cependant que vous projetez l’image de Keter sur votre nuque, comme si vous voyiez cette image derrière vous. Respirez alors lentement et calmement, d’une manière régulière. 22. Après une période de contemplation silencieuse d’environ dix à quinze minutes, cessez l’exercice. Depuis des siècles, les mystiques pratiquent la méditation sur des symboles pour parvenir à l’union avec le Divin. L’objet du présent exercice (comme celui du suivant, qui en est la juste continuité) est de parvenir à une telle union. Dans la mesure où le langage symbolique s’adresse d’abord Ŕ et essentiellement Ŕ à notre être profond, il ne faut pas nous attendre à une compréhension immédiate des images utilisées pour figurer chacune des sefirot de l’arbre de vie ; il ne faut pas non plus nous attendre à ce que les premières réactions à nos efforts en vue d’en percer les arcanes soient même perceptibles. De même, nous ne devons pas attendre des réactions ou manifestations consécutives à ces exercices de méditation sur l’arbre de vie, qu’elles soient claires et immédiatement intelligible sur le plan intellectuel. Cela ne doit toutefois pas nous préoccuper, car nous plaçons simplement des symboles dans le champ de nos facultés inconscientes afin de les éveiller. Pour cette raison, nous ne devrons faire aucune tentative particulière pour chercher à interpréter les symboles ou images associés à chacune des sefirot, ni même les images qui, en réponse à nos méditations, se présenteront à nous. Nous devrons seulement prendre note de ce qui se produira, chaque exercice de méditation achevé, la nuit, pendant notre sommeil, ou de façon consciente, à l’état de veille, avec la certitude que des réponses pleines de sens viendront en temps voulu. La totalité de la psyché humaine se compose de deux phases : l’une consciente et l’autre qui est inconsciente. Bien que notre « moi conscient » et notre « moi inconscient » soient faits pour fonctionner comme un ensemble, en se complétant l’un l’autre, l’éducation qui lui est donnée conduit très souvent l’Homme à ne pas tenir compte de la richesse et des facultés de son inconscient pour ne se fier totalement qu’à son seul moi conscient. Il en résulte un déséquilibre et une connaissance incomplète. De plus, cela isole dans l’inconscient des forces ou énergies refoulées qui pourront éclater violemment, à l’improviste, ou même générer des situations de névrose. Or, le rêve est l’un des moyens par lesquels notre inconscient cherche à s’exprimer ; aussi est-il impératif que nous nous attachions à leur accorder une juste attention, et, sans tomber pour autant dans les excès de l’oniromancie, ou autres « clés des songes », nous devons aborder la question de leur interprétation. Il a été constaté très tôt que la structure même de nos rêves Ŕ leur matière même Ŕ est ainsi faite qu’ils ne se présentent pas dans un ordre que les facultés conscientes pourraient appeler logique.

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Autrement dit, les événements sont mêlés les uns aux autres en ce qui concerne le temps. Les personnes et les lieux apparaissent sans qu’il soit question d’espace ou de distance géographique et des phrases, des situations, des images ou symboles, hors de propos ou sans signification, sont tant bien que mal arrangés pour avoir une certaine continuité sinon un certain sens interne et propre. Il en résulte ainsi souvent le plus grand embarras devant la plupart de ceux-ci ; trop d’importance ou, au contraire, pas assez étant alors accordée à ces communications de notre inconscient. N’ayant aucune idée du but de cette activité essentielle de sa propre psyché et ne sachant comment la relier à quelque chose de défini, l’Homme a été longtemps enclin à considérer ses rêves avec superstition et crainte, aussi a-t-il souvent éprouvé le besoin de les interpréter. Mais, sa grande erreur, en ce domaine, a consisté en ce que, fréquemment, c’est vers une autre personne qu’il s’est alors tourné : vers quelqu’un de plus sage que lui et qui saurait, mieux que lui-même, percer les arcanes de ses rêves nocturnes. Sans nier toute l’importance thérapeutique des techniques ressortissant à la psychanalyse (encore qu’en ce domaine, il convient d’être extrêmement prudent), c’était effectivement là une erreur, bien qu’elle ait été tout à fait naturelle. Le plan ou la forme interne des choses dans l’inconscient, bien que restant en essence identique chez tous, revêt néanmoins un aspect particulier pour chacun, du fait que cet aspect ne peut tirer ses éléments, sa « matière », que des expériences propres à chaque individu. Une autre personne, par conséquent, à moins d’être soigneusement informée elle-même, pourrait facilement mal interpréter les rêves qu’on lui raconterait. Ce danger existerait quelle que soit l’intention, que celle-ci soit bonne ou non. Il y aurait également, toujours présente, une tendance à rendre l’interprétation conforme à une série de notions admises comme vérifiées ; à vouloir qu’elle s’inscrive dans un cadre bien défini, de croyances, de certitudes ou de ce qui serait admis comme seul vrai. A côté d’une vision faisant du rêve un oracle, ou une communication directe du Divin à l’Homme, nombreux sont qui considèrent ceux-ci comme uniquement venant de l’inconscient. Dès lors, les rêves ne sont plus regardés comme des déclarations ou avertissement de la Divinité, mais davantage comme les efforts du propre inconscient de l’individu pour répondre aux stimuli reçus. Quoiqu’il en soit, ce qui nous importe en ce domaine, c’est de reconnaître qu’il y a là pour chacun un moyen d’appréhension du monde à ne pas négliger. Une autre erreur fréquente doit être relevée à propos des conceptions de l’Homme se rapportant aux songes. C’est le fait que, trop souvent, il les rattache à l’avenir au lieu de les rattacher au passé ou au présent. Le temps, nous l’avons souligné, ne se manifeste pas, dans les rêves, comme à l’état de veille. C’est donc ouvrir la porte à des graves erreurs que de supposer que les rêves ne se rapportent qu’à ce qui va arriver. C’est aussi détourner l’attention de leur but, qui est de compléter la connaissance que l’homme acquiert consciemment et de lui donner la connaissance complète tant de lui-même que de ce qui l’entoure. Il nous faut bien comprendre que les rêves peuvent nous être d’une grande utilité pour répondre à nombre de questions nous concernant ; pour faire la lumière sur nos espérances, nos désirs, nos craintes, nos ambitions, etc. En tant que tels, ils peuvent donc nous permettre de recevoir Ŕ et donc, de dispenser Ŕ davantage de connaissances, tant sur nous-mêmes que sur le monde qui nous entoure. En ce sens, il nous faut bien comprendre l’intérêt premier des méditations menées sur chacune des dix sefirot de l’arbre de vie : non seulement elles visent à nous rendre davantage sensibles et réceptifs au contenu symbolique de ces dernières ; non seulement elles visent à nous assimiler leurs puissance et vertu propres ; mais encore, elles tendent à réaliser en nous un vrai travail de purification, particulièrement pour le septénaire des sefirot inférieures, pour lesquelles il nous faut œuvrer Ŕ en les dépassant Ŕ sur les oppositions correspondantes.

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L’aptitude mentale de l’Homme, écrivait le philosophe anglais John Locke au dix-huitième siècle, se mesure à la fois à la perception et à la réflexion. Nos rêves nous familiarisent avec ce que renferme l’inconscient. Cela correspond à la perception et à la connaissance. Notre analyse des éléments présents dans l’inconscient correspond à la réflexion. Quant à l’importance de ces deux processus pour évaluer notre aptitude pratique, elle est perceptible dès que nous comprenons que les richesses de notre inconscient sont gaspillées ou dissipées si nous ne les percevons pas. Concernant le rôle des rêves, il faut bien comprendre que si un rêve isolé peut sembler sans importance, il est néanmoins le maillon d’une chaîne invisible d’événements se produisant dans notre inconscient, compte tenu d’expériences que nous faisons. Par delà l’indication ou l’explication possible et immédiate qu’il peut procurer sur un événement présent, le rêve est un moyen de découvrir nos propres inclinations, ce qui n’est pas sans intérêt dans un travail de purification de soi tel que la méditation sur l’arbre de vie nous propose de le faire. En observant nos désirs, nos espoirs, nos craintes et nos ambitions tels qu’ils s’expriment dans l’état de rêve, nous bénéficions de la connaissance personnelle nécessaire à la réussite de notre entreprise. De fait, l’expérience personnelle, autant que la tradition ésotérique et la psychologie moderne, montre que le secret de notre vie Ŕ et de notre bien-être Ŕ réside dans notre propre inconscient. En résumé, s’agissant d’une compréhension tout intérieure du « schéma séfirotique » par le moyen du rêve, nous pouvons dire : 1° La valeur des rêves réside dans le fait que, comme réponses de la partie inconsciente en l’Homme, ils peuvent être utilisés pour accroître ou compléter la connaissance qui est donnée par les facultés conscientes. 2° Les rêves ne sont pas toujours prophétiques, pas plus qu’ils ont toujours une signification immédiate : ils sont une tentative de notre inconscient de s’exprimer et ils représentent un plan qui devient intelligible au moment voulu. 3° Avec les exercices portant sur l’arbre de vie et la méditation sur les sefirot, nous nous attachons notamment à nous familiariser davantage avec la partie inconsciente de notre être, afin que celle-ci et nos facultés conscientes puissent fonctionner harmonieusement comme un tout. 4° Un des objectifs des périodes de méditation associées à ces exercices est de stimuler l’activité de cet inconscient et d’encourager celui-ci à répondre. 5° Les rêves que nous faisons suite à ces périodes de méditation doivent être notés le plus rapidement et le plus fidèlement possible. 6° Ces rêves doivent ensuite être revus, ou revécus, mentalement avant d’être attentivement analysés. 7° Etant donné que les rêves se présentent sous une forme de symboles et de scènes constitués d’éléments issus de notre propre inconscient, ils ne peuvent avoir de sens que pour chacun de nous. En relation avec la méditation sur le schéma séfirotique et l’importance du rêve, il nous semble opportun de mentionner l’intérêt des découvertes de Carl Gustav Jung, médecin et psychologue allemand de la première moitié du vingtième siècle. Selon les psychologues, il y a quatre éléments caractéristiques de l’attitude de l’Homme : la pensée, la sensibilité, la sensation et l’intuition. Nous pouvons dire qu’ils représentent l’Homme tout entier, dans sa réponse à la vie. Si l’un d’eux devient trop important et si les trois autres sont négligés, la réponse de l’individu à la vie devient incertaine, maladive et pernicieuse.

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Nous voyons ces éléments dans l’Homme conscient, c’est-à-dire dans son ego, mais tous sont conditionnés ou gouvernés par l’inconscient. Quant il y a un déséquilibre, celui-ci doit donc être corrigé dans ou par l’inconscient. C’est pourquoi la psychologie fait porter maintenant ses recherches sur le côté inconscient de l’Homme. Il est intéressant de constater que les études entreprises par elle, la ramènent fréquemment à des principes ressortissant davantage à la tradition occulte ou aux conceptions religieuses du monde. Les méthodes elles-mêmes se rapprochent de celles utilisées, au cours des siècles, par de nombreuses écoles ou organisations à caractère initiatique. Le docteur Jung, quant à lui, a rendu au sentiment religieux ainsi qu’à l’occulte en général un service indéniable en montrant que, dans l’intégration du « moi », l’inconscient doit intervenir et que ses formes et manifestations doivent être analysées jusqu’à ce qu’une relation harmonieuse soit à nouveau établie. Les travaux de Carl Gustav Jung reconnaissent la valeur des pensées d’ordre religieux ou magique et approchent de très près des principes fondamentaux qui peuvent rétablir le bien fondé, ou l’intégrité, de telles conceptions du monde et de la vie. Par ses travaux Jung a pu guider nombre de personnes vers une conception valable Ŕ et, quelque part, efficace Ŕ de leur propre vie, en les dirigeant d’abord vers leur propre inconscient et, par l’acceptation de celuici, vers la reconstitution du tout que forme leur être. La conception que nous avons décrite ici des rêves et de leur intérêt est semblable à celle défendue par cet éminent praticien. Jung a pu constater que ceux-ci sont d’abord remplis d’images plus ou moins liées aux parents, c’est-à-dire dans lesquels l’aspect paternel, masculin et l’aspect maternel, féminin, jouent un rôle important. Ceci est particulièrement le cas quand un individu manifeste, envers la vie, une attitude d’évasion ou de retranchement, quand il est enfantin et manque de maturité. De telles images persistent alors jusqu’à ce qu’il les reconnaisse pour ce qu’elles sont et devienne plus mûr en prêtant attention à leur signification. Le rêveur se voit aussi dans ses rêves sous l’aspect qu’il connaît et que nous pourrions appeler l’« ego » ; mais il se voit également sous deux autres aspects ou personnifications qui peuvent occasionnellement l’effrayer. Leurs noms sont la « persona » et l’« ombre ». Il y a encore un autre élément du rêve qui doit toujours être trouvé. Cet élément représente un aspect essentiel de nous-mêmes, mais il est difficile à reconnaître. C’est, en chacun de nous, la part complémentaire du pôle opposé, qui, dans l’état de rêve, revêt une entité distincte : pour l’individu masculin, cette part est représentée par un être féminin appelé « anima » ; pour l’individu féminin, cette part est représentée par un être masculin appelé « animus ». Derrière tout ceci, se trouvent, en grand nombre, d’autres images archétypes comparables, en essence et en fonction, aux sefirot de la cabale. Quand le processus des rêves a été pris en considération et a reçu l’attention voulue, l’ensemble prend forme et l’on perçoit finalement les éléments troublants et disparates que sont l’ombre, la persona et le couple animus-anima, s’amalgamant en un être nouveau qui constitue un « nouveau moi », plus intégré. Pour conclure quant à cet exercice consacré aux sefirot, à ce qu’elles représentent et véhiculent, insistons sur le fait, qu’au moins dans un premier temps, ce qui compte surtout ici, plus que la compréhension intellectuelle, c’est l’imprégnation de chacun de nous par ce que symbolise chaque sefira : ses diverses significations avec la portée pratique de celles-ci. C’est d’ailleurs ce point Ŕ allié à cette nécessité que chacun doit ici faire l’effort d’un travail personnel d’approfondissement des bases communiquées avec cette dernière série d’exercices Ŕ qui a motivé le caractère volontairement réduit des éléments d’ordre purement théoriques ; cet aspect, davantage intellectuel, étant développé ailleurs, ici c’est essentiellement un travail de nature essentiellement pratique qui nous préoccupe...

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Le but qui est à la base de tous nos efforts pour utiliser les rêves en vue d’étendre notre connaissance de l’inconscient réside dans le fait que, de cette façon, nous établissons un équilibre entre nos côtés conscient et inconscient. Toute tentative faite par nous pour nous familiariser avec les centres de force qui ont été appelés « archétypes » par la psychologie introduit, dans notre personnalité consciente, davantage de ce qui était caché en nous et nous donne la connaissance nécessaire à notre progrès spirituel. Nous avons insisté sur l’importance d’un tel travail en relation avec ce que nous avions alors nommé les « centres séfirotiques » de l’Homme. De tels centres, nous venons de le voir, sont en réalité la projection et la manifestation Ŕ le « lieu » d’action Ŕ en nous des forces archétypes symbolisées extérieurement par les sefirot de l’arbre de vie. Bien sûr, tout le monde ne réagira pas de la même manière et certains, en fonction de leur parcours, de leurs motivation et sincérité, atteindront plus rapidement que d’autres l’éveil attendu, l’accès à un plan de conscience plus élevé. Ici, insistons sur ce point, le travail individuel autant qu’un zèle sincère sont la condition impérative de la réussite. Citons, en guise d’illustration de notre propos et en conclusion, ces quelques lignes extraites du dernier document de travail communiqué aux membres de la troisième classe de l’Ordre martiniste traditionnel : « […] celui qui cherche avec sincérité et s’efforce d’atteindre un plan de vie plus « élevé, a fait, souvent, plus de progrès spirituels qu’il n’en a conscience. En fait, il a « habituellement fait beaucoup plus que le cherchant ambitieux qui sait et à qui l’on a « beaucoup dit et qui, ensuite, se livre à des exercices et à des pratiques discutables qui, « croit-il, le feront voir, entendre et sentir psychiquement. […]. L’ambition n’a pas de « place dans la formation d’un véritable mystique et toute tentative pour accélérer le « développement spirituel a fréquemment conduit à des échecs tragiques nombre de « cherchants par ailleurs valables … (OMT, extrait d’un manuscrit de la classe S.I.) »

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Annexe – L’Arbre des sefirot

L’étude de l’arbre de vie nous le montre fréquemment organisé en quatre plans (ou mondes) superposés, formés chacun d’une triade de sefirot Ŕ sauf le plan inférieur, uniquement constitué d’une seule sefira Ŕ, disposés selon trois axes verticaux ou piliers119 :

Keter

Triade supérieure

Bina ’Hokhma ____________________________________________ (Da’at) Guevoura

’Hessed

Septénaire inférieur

Tiferet ’Hod

Netsa’h

Yessod

Malkhout Pilier de la Rigueur

Pilier de l’Equilibre

Pilier de la Miséricorde

La communication entre les deux divisions de l’arbre est permise grâce à l’existence d’une onzième sefira invisible : Da’at, la connaissance. Cette division en trois et sept est d’ailleurs à rapprocher de la structure même de l’alphabet hébreu, que nous savons comporter, outre les douze lettres simples, trois lettres-mères et sept lettres doubles.

119

Cette représentation fréquente date en fait du treizième siècle de notre ère, et il en existe des variantes. Revoir la figure en page pour les noms en caractères hébraïques. Certaines sefirot possèdent d’autres noms ; ainsi : ’Hessed (ou Guedoula), Guevoura (ou Din ou Pachad) et Tiferet (ou Ra’hamin), Yessod (ou Yessod olam ou Tsédék).

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EXERCICE 70

Son but est de nous faire participer à une pratique secrète héritée du passé et mettant en harmonie les différents plans de l’être. Préparatifs. Il faudra disposer d’un moment où on sera sûr d’être seul et dans le calme, sans aucun risque d’être dérangé. Cet exercice ne doit être fait qu’une seule fois par trimestre, en lune croissante. Pour le mettre en œuvre, il faudra préparer préalablement cinq bougies neuves de cire blanche (quatre bougies cardinales plus une bougie d’allumage), avec de quoi les allumer, une craie de couleur blanche pour le tracé symbolique et le poignard rituel. Environ trente minutes avant l’exercice, la pièce sera convenablement aérée (dans la mesure du possible, la porte restera entrouverte pendant toute la durée du rituel) et de l’encens y aura été brûlé. La bougie supplémentaire étant allumée, ce sera le seul éclairage à ce moment, toutes les autres lumières étant éteintes. Comme, une fois le tracé rituel effectué (voir annexe en fin d’exercice), on ne devra plus en sortir avant la fin du travail fixé, il faudra bien prendre garde de préparer convenablement les lieux et le matériel, ayant notamment dans le cercle et à portée de mains tout ce qui sera indispensable au bon déroulement du rituel.

1. La pièce étant préparée comme il se doit, réalisez à même le sol le tracé rituel suffisamment grand pour vous contenir (vous devrez pouvoir déambuler autour de ce cercle, tout en demeurant à l’intérieur). 2. Disposez ensuite quatre bougies non allumées dans les quatre cercles de correspondance, successivement au Sud, à l’Ouest, au Nord, puis à l’Est géographiques (ces directions auront été repérées au préalable), conservant la cinquième avec vous. 3. Placez-vous alors au centre120, faisant face à l’Est, les jambes légèrement écartées et le buste bien droit. Fermez les yeux et détendez-vous bien. 4. Après quelques minutes de recueillement, ouvrez les yeux, et dites : « Que le Principe divin pénètre mon être, et me purifie sur tous les plans ! » 5. A l’aide de la bougie supplémentaire tenue en main droite121, allumez alors la bougie disposé à l’Est et, après avoir éteint (sans la souffler : la moucher avec les doigts ou avec un éteignoir) la bougie supplémentaire et l’avoir déposée sur le sol, prenez ce premier luminaire en main droite. 120 121

Il est possible, en cas de nécessité, de disposer un siège au centre du tracé (il sera alors sans aucune partie métallique). Rappelons que nous parlons habituellement pour un droitier.

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6. Longeant alors le pourtour du tracé dextrorsum, tout en demeurant à l’intérieur du cercle le plus externe, passez ainsi la bougie allumée au-dessus des cercles, de manière à revenir à l’Est. Ce faisant, dites : « Que soit maintenant fermé le cercle des lumières ! » 7. Cela fait, toujours à l’aide de cette première bougie, allumez successivement les trois autres : au Sud, puis à l’Ouest, enfin au Nord, avant de déposer celle de l’Est à sa place, sur le tracé d’opération. 8. Regagnez alors le centre du tracé et tenez-vous dans l’attitude initiale (point 3). Regardez attentivement la bougie allumée à l’Est tout en disant : « Lumen de lúmine ! symbole de la présence ineffable du Principe suprême ! que ta lumière mêlée à la lumière des trois autres luminaires, créé, dans ces cercles, les conditions d’une communion avec les Hôtes bienveillants des mondes supérieurs ! » 9. Fermez ensuite les yeux et, toujours dans la même attitude, ajoutez : « Que nos vénérés Maîtres du passé manifestent ici et maintenant leur sainte présence et leur soutien à l’homme de désir. » 10. Effectuez alors une inspiration puis une expiration profondes par le nez et détendez-vous le plus possible. Faites silence en vous, soyez réceptif et notez toutes les impressions que vous pouvez ressentir122. Demeurez ainsi quinze minutes, pas davantage et quoique vous perceviez, restez en paix à votre place dans l’attitude demandée. 11. Cela fait, les quinze minutes étant écoulées, ouvrez les yeux et, la main gauche sur le cœur, procédez à l’extinction des quatre bougies cardinales (sans les souffler) dans l’ordre inverse de leur allumage : au Nord, à l’Ouest, au Sud puis à l’Est. Demeurez ensuite quelques instants face à l’Est, dans la même attitude.

122

A ce sujet, rappelons ici l’importance du carnet personnel.

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12. Cela fait, prenant votre poignard123 en main droite, faites le tour du tracé, suivant le contour de la circonférence la plus externe, dextrorsum, pour tracer successivement au Sud, puis à l’Ouest, puis au Nord, enfin à l’Est, un large ╳ par deux vifs coups de lame, cependant que vous dites, à chaque station ainsi marquée : « Que ceux venus m’assister retournent aux Sphères supérieures avec ma vénération et ma gratitude, tandis que, par ce signe, se dissolvent les cercles d’opération et s’éloignent les Puissances mauvaises ! » 13. Effacez alors le tracé symbolique et quittez les lieux après avoir enlevé le matériel rituel et redonné à la pièce d’opération son aspect habituel. Ce rituel a son origine dans certaines pratiques occultes propres à quelques initiés du passé. Il est connu de tous ceux qui y ont eu accès sous le nom de Lumen de lúmine, expression qui signifie « Lumière née de la lumière ». Il constitue un excellent entraînement aux pratiques d’ordre théurgiques, lesquelles font fréquemment usage de tracés d’opérations et font appel aux Puissances bénéfiques, tout en se préservant de celles réputées mauvaises.

123

A défaut, une épée, ou le pouce, l’index et le majeur droits unis.

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Annexe – Tracé opératoire

Le tracé opératoire décrit ci-après se retrouve à la base de plusieurs tracés rituels en usage dans la théurgie124 :

Ce tracé, orienté selon les quatre points cardinaux (la pointe du triangle ascendant, ou supérieur, vers l’Est ou Orient), trouve son origine dans celui mis en œuvre dans le cérémonial de 1773, au sein de l’Ordre des Elus Cohens, pour le grade d’Elu125 :

124

Il pourra ainsi, selon le but recherché, être accompagné d’éléments supplémentaires : noms, caractères, etc. Dans l’idéal, il devra être suffisamment grand pour que son cercle intérieur puisse contenir l’officiant (l’opérant) sans problème (allongé si possible) ; les cercles cardinaux doivent de même pouvoir accueillir une personne debout sans difficulté. 125 Fonds Lambert, en provenance de Willermoz : cote H 1773. Robert Amadou le reproduit dans Martinisme, Documents martinistes n° 2, 1979, p. 16.

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Mise à jour : 2011

__________________________________________________________________________________________ Tel que figuré ci-dessus, le sceau reprend comme base celui propre à l’Ordre des Elus Cohens, tel que conçu à l’origine par Martines de Pasqually. Toutefois, et conformément à l’usage, il a ici été personnalisé, faisant de la présente variante, par le « chiffre » qui y figure au centre (monogramme), le sceau ou blason propre au groupe Tiferet, collège initial et fondateur de notre lignée d’initiateurs.

IPNS

USAGE STRICTEMENT PRIVE

Et moi je vous dis : Demandez, et l’on vous donnera ; cherchez, et vous trouverez ; frappez, et l’on vous ouvrira. (Luc, XI, 9)

IPNS

USAGE STRICTEMENT PRIVE

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