Chimie Combustion
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Table des matières
Table des matières ............................................................................... 3 Introduction générale ......................................................................... 4 Chapitre 1 : Généralités sur la matière ........................................ 7 Chapitre 2 : Les liaisons chimiques .............................................13 Chapitre 3 : Réactions chimiques.................................................19 Chapitre 4 : Electrochimie...............................................................27 Chapitre 5 : Thermodynamique des réactions.......................49 Chapitre 6 : Du gisement à la pompe..........................................55 Chapitre 7 : Le pool essence ...........................................................73 Chapitre 8 : Les gazoles ....................................................................88 Chapitre 9 : Gaz de pétrole liquéfié (GPL ou LPG) ................94 Chapitre 10 : Les huiles ....................................................................96 Chapitre 11 : Les graisses.............................................................104 Chapitre 12 : Liquide de frein.....................................................106 Chapitre 13 : Liquide de refroidissement..............................108 Chapitre 14 : Peinture pour l’automobile..............................109
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Introduction générale
Le cours de chimie présenté est un cours spécifiquement orienté pour les étudiants dont le centre d’intérêt est le secteur de l’automobile. L’objectif du cours est de donner aux étudiants de la section les connaissances de base qui leur permettront de mieux maîtriser certaines composantes techniques du secteur automobile. De fait, le monde automobile utilise de plus en plus des produits issus du secteur pétrochimique. Non seulement les hydrocarbures, comme les huiles et les peintures évoluent constamment mais le technicien dispose d’une gamme de produits spécifiques pour l’entretien et la réparation des véhicules. Connaître les spécificités de ces produits devient une composante incontournable pour tout technicien expert automobile. L’application directe de ce cours se retrouve en deuxième année où six manipulations en laboratoire l’illustreront.
Ing. Massimo Marotta MSc
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La chimie dans le monde de l’automobile ?
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Chapitre 1 : Généralités sur la matière 1.1. Introduction : Définitions générales. Tout ce qui nous entoure, qui a une masse, et occupe un certain volume, constitue la matière ‐ produite lors du Big Bang , il y a 13,7 milliards d'années. Elle est formée d'objets élémentaires : les atomes. Ces derniers sont constitués des trois types de particules : les électrons, les protons ainsi que les neutrons.
Figure 1 : visualisation de l'atome
Les propriétés mécaniques, thermiques, chimiques et physiques de la matière sont conditionnées par le type d’atome qu’elle renferme. Un corps pur est composé d'un seul type de constituant (contraire de « mélange »). Corps pur élémentaire : •
Corps constitué d'atomes d'une seule sorte, mais non associés en molécules. o Cuivre : Cu
Corps pur simple : •
Corps constitué d'atomes d'une seule sorte, associés en molécules . o Hydrogène : H2
Corps pur composé :
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•
Corps constitué de molécules constituées à partir d'atomes de plusieurs sortes o Exemple : eau H2O
1.2. L’atome. Le concept d'atome est particulièrement bien admis par le grand public, pourtant, paradoxalement, les atomes ne peuvent pas être observés par des moyens optiques et seuls quelques rares physiciens manipulent des atomes isolés. L'atome est donc un modèle essentiellement théorique. Bien que ce modèle ne soit plus aujourd'hui remis en cause, il a beaucoup évolué au cours du temps pour répondre aux exigences des nouvelles théories physiques et correspondre avec les différentes expérimentations effectuées. Un atome (du grec ατομος, atomos, « que l'on ne peut diviser ») est la plus petite partie d'un corps simple pouvant se combiner chimiquement avec une autre. Il est constitué de particules élémentaires appelées protons, neutrons et électrons. Au début du vingtième siècle, des expériences de physique nucléaire ont mis en lumière le structure de l’atome selon le modèle dit « planétaire ».
Figure Figure 2 visualisation du nuage électronique
Il a été montré que l’atome est constitué de deux entités : le noyau enfermant les protons et neutrons (appelés « nucléons ») ; ainsi que les électrons qui gravitent autour de celui‐ci telle la lune autour de la terre. Les électrons se répartissent dans les trois directions de l’espace suivant plusieurs couches dites « couches électroniques », également appelées « nuage électronique ». La quasi‐totalité de la masse de l’atome est centrée sur le noyau. En effet, la masse d’un proton est pratiquement égale à celle d’un neutron, tandis qu’un électron à une masse environ 1840 fois moindre que celle d’un nucléon. • masse du neutron : 1,67482 10‐27 kg • masse du proton : 1,67952 10‐27 kg • masse de l'électron : 0,9109 10‐30 kg
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D’autres expériences ultérieures ont montré l’existence de charges électrostatiques au sein d’un atome. En effet, les protons sont chargés positivement, les électrons le sont négativement et les neutrons n’ont pas de charge. Il en résulte que le noyau, constitué rappelons‐le de neutrons et de protons, est chargé positivement. Sachant que des charges de même signe se repoussent et que des charges de signes contraires s’attirent, les électrons (charges négatives) sont attirés par le noyau (charge positive). Vu l’existence de cette attraction, il faut donc que les électrons "tournent" autour du noyau afin que la force centrifuge compense cette force d'attraction centripète (orientée vers le centre). Ajoutons enfin que dans le cas d’atome à l’état fondamental, le nombre d’électrons est égal au nombre de protons. Il est évident que la somme des charges positives et négatives est nulle, ce qui signifie que la charge globale de l’atome vaut zéro, donc qu’il est « électriquement neutre ». • charge d'un électron : ‐ 1,6 10‐19 coulombs. • charge d'un proton : + 1,6 10‐19 coulombs. Il existe une multitude d’atomes. Ceux‐ci diffèrent par le nombre de protons, de neutrons et d’électrons qui les constituent. Ils ont donc une masse différente vu que le nombre de nucléons change. Des atomes qui ont le même nombre de protons font partie du même type d’atome. C’est‐à‐ dire que tous les atomes contenant 6 protons sont des atomes de carbone. Par la même, ceux qui possèdent 26 protons sont tous des atomes de fer. Le fer et le carbone font partie des 106 éléments actuellement connus. Ceux‐ci sont classés dans le tableau périodique des éléments, appelés le tableau de Mendeleïev, du nom d’un chimiste russe qui, en 1869, classe les atomes par masse croissante, et remarque qu'il y a une périodicité dans leurs propriétés chimiques. Il établit donc un tableau classant les éléments ; les trous dans ce tableau ont permis et permettront encore de découvrir de nouveaux éléments. Le tableau périodique est disponible dans la partie « Annexe » de ce syllabus. Comme dit plus haut, lorsque l’on modifie le nombre de protons d’un élément, on change d’élément. Prenons l’exemple de l’atome d’oxygène possédant 6 protons ; en retirant un proton, l’élément devient de l’azote. Au sein d’un même élément, il est également possible de modifier le nombre d’électrons et de neutrons qui le constitue. A partir d’un atome à l’état fondamental donc électriquement neutre, nous savons que le nombre de protons est égal au nombre de neutrons. Il se peut qu’un ou plusieurs électrons quittent le nuage électronique. Si un électron quitte le nuage, un excès d’une charge positive apparaît. La charge globale de l’atome fondamental va être modifiée, l’équilibre de charge sera donc rompu et l’on parlera alors d’un ion. L’entité atomique possédera donc une charge globale égale à l’opposé du nombre d’électrons ayant quitté le nuage. Il est évident que le raisonnement peut se tenir dans le cas où un ou plusieurs électrons viennent s’inclure dans le nuage électronique. L’élément gagnera autant de charges négatives que d’électrons entrant dans le nuage. Dans le cas où un ou plusieurs électrons quittent le nuage, on parle d’ion positif ou cation.
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Dans le cas où un ou plusieurs électrons arrive dans le nuage, on parle d’ion négatif ou anion. Exemple : Le fer à l’état fondamental possède 26 protons, donc 26 électrons. Une perte de deux électrons engendre donc un excès de deux charges positives. Le fer devient alors un ion chargé deux fois positivement noté Fe ++. L’oxygène à l’état fondamental possède 8 protons, donc 8 électrons. Un gain de deux électrons engendre donc un excès de deux charges négatives. L’oxygène devient alors un ion chargé deux fois négativement noté O‐‐. Voici la représentation de l’atome, telle que l’on peut la retrouver dans le tableau périodique. Prenons l’exemple d’un atome quelconque S. • A est le nombre de masse. C'est à dire le A nombre de nucléons (protons + neutrons). • Z est le nombre atomique. C'est à dire le nombre de protons, égal au nombre d'électrons. • X est le symbole z chimique de l'élément. Pour l’atome de carbone : • A = 12 (6 protons + 6 12 neutrons). • Z = 6 est le nombre atomique. C'est à dire le nombre de protons, égal au nombre d'électrons. • C est le symbole chimique de l'élément. 6
X
C
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Toutes ces informations se retrouvent dans le tableau périodique des éléments. Ceux‐ci sont classés par famille et par période. Les éléments d’une même colonne présentent des analogies de propriétés. On parle de famille. • Colonne 1 : Famille des métaux alcalins (sauf l’hydrogène H) • Colonne 2 : Famille des métaux alcalino‐terreux • Colonne 3 à 12 : Famille des métaux de transitions • Colonne 17 : Famille des halogènes • Colonne 18 : Famille des gaz rares, inertes ou nobles Les éléments d’une même ligne, ou même période (1 à 7) possèdent le même nombre de couches électroniques sur lesquelles vont se répartir leurs électrons. Les différentes couches sont notées K, L, M, N, O, P de la plus proche du noyau à la plus éloignées. 1.3. La masse atomique. La masse des atomes est très faible. L’utilisation des unités MKS (mètre‐kelvin‐seconde) n’est donc pas retenue. Pour des raisons de facilité, les chimistes utilisent l’Unité de Masse Atomique ou U.M.A. qui a été défini comme le douzième de la masse de carbone 12 (carbone à l’état fondamental) : 1 U.M.A = 1/12 * mcarbone 12 En visualisant les nombres de masse présentés dans le tableau périodique, on remarque qu’il ne s’agit jamais de nombres entiers. Or le nombre de nucléons est toujours entier. Dans le cas de chlore, nous savons que son nombre de masse est de 35. Dans la nature, il existe aussi l’isotope 2 du chlore, il s’agit du chlore 37. Des expériences ont montré que 25 % du chlore présent dans la nature est du chlore 37. Une simple moyenne pondérée des masses atomiques des deux isotopes du chlore peut expliquer la valeur annoncée par le tableau périodique. 0.25 x 37 + 0.75 x 35 = 35.5 u.m.a On parlera donc de masse atomique relative tenant compte des abondances isotopiques des différents éléments présents dans la nature. 1.4. La mole. Rappelons que la masse d’un atome étant très faible, il est impossible d’en prélever un nombre faible. La notion de mole a donc été créée dans le but de quantifier facilement le nombre d’atomes qu’un opérateur de laboratoire prélève dans son récipient.
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Durant le 19ème siècle, le physicien italien Amadeo Avogadro calcule qu’une mole de tout élément renferme 6,023 x 1023 atomes (Nombre d’Avogadro noté N). Ce concept peut être élargi aux molécules, que nous définirons au chapitre 2. La mole est maintenant une unité reconnue par le Système International pour définir une quantité de matière (symbole : mol) Si la masse atomique d'un élément quelconque est Matom. ( u.m.a). Matom. (u.m.a) = Matom. x 1/N (g) pour 1 mole N x Matom. (u.m.a.) = Matom. x N/N (g) Le chiffre qui exprime la masse moléculaire d'un atome (en u.m.a.) correspond également à la masse, exprimée en gramme, d’une mole de cet élément. masse 1 mole de 12C = N x masse 1 atome de 12C 12 (g) = 6,023 1023 x 12 (u.m.a) 1.5. Conclusion. Après avoir discuté de l’existence et des propriétés des atomes, nous allons maintenant remonter à l’échelle supérieure de la matière : la molécule. En effet, les atomes d’un même élément ou non se combinent entre eux (liaisons chimiques) pour former une entité moléculaire qui restera électriquement neutre. Nous comprendrons ce concept dans le prochain chapitre.
Figure 3 visualisation de l'extraction d'un électron
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Chapitre 2 : Les liaisons chimiques
2.1 Introduction : Les forces électrostatiques. Les atomes à l’état fondamental sont des unités électriquement neutres qui sont constituées d’un noyau (protons + neutrons) autour duquel gravitent des électrons répartis sur plusieurs couches dans le nuage électronique. Le centre de charges négatives est donc placé au niveau du nuage tandis que le centre de charges positives est positionné sur le noyau. Nuage électronique : charges négatives + Figure 4 nuage électronique Cependant dans la nature, les atomes se combinent entre eux afin de minimiser leur énergie interne (excepté les gaz rares). Dans ces conditions, ils vont donc entrer en interaction avec un ou plusieurs atomes d’un même élément ou non. Des molécules seront donc formées. Ces interactions sont de nature électrostatique appelées forces de Coulombs. Ces forces sont identiques à celles qui sont exercées entre les protons, positifs, du noyau et les électrons, négatifs, du nuage électronique. Nous avons déjà évoqué que ces derniers se meuvent pour compenser la force électrostatique les attirant vers le noyau. Voici l’expression de la force de Coulombs, présentant des analogies avec la loi de la force d’attraction universelle en astronomie : F = k × (charge(+) x charge(‐)) / distance 2
Mais ces forces sont également d’application entre deux atomes. En effet, il existe aussi une attraction entre le nuage électronique d’un atome et le noyau d’un autre vu qu’ils sont de charges opposées. Il est évident que des forces de répulsion entre les deux noyaux et entre les deux nuages électroniques interviennent. Si les forces attractives sont plus importantes que les forces répulsives, les atomes se rapprochent. Dans le cas contraire, ils se repoussent. Le graphe suivant montre l’évolution de l’énergie interne d’un atome de référence lorsqu’un autre s’en rapproche. On remarque qu’à grande distance, l’atome de référence ne ressent pas l’influence de l’autre atome. A faible distance, les forces de répulsion entre les deux noyaux et les deux nuages sont très intenses, le système n’est donc pas stable énergiquement. Par contre, il existe une position intermédiaire où l’énergie est minimisée :
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c’est le puits de potentiel. Les deux atomes vont donc naturellement se positionner à cette distance afin de minimiser leur énergie interne. Cette distance est donc la distance interatomique.
Figure 5 puits de potentiel
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2.2 Notion de liaison chimique. Comme déjà évoqué au chapitre 1, les électrons qui gravitent autour du noyau se répartissent suivant des couches électroniques K, L, M, N, O, P ayant des niveaux d’énergie différents. Les électrons de la couche K, les plus proches du noyau, sont attirés plus fortement que ceux des couches supérieures, plus éloignées du noyau. Une justification peut être trouvée en regard de la formule de Coulombs où le carré de la distance intervient au dénominateur.
Figure 6 répartition électronique
Tous les atomes ne possèdent pas le même nombre de couches électroniques : la période d’un élément dans le tableau témoigne du nombre de couches électroniques entourant le noyau. Ainsi, l’hydrogène est situé dans la première ligne du tableau, il ne possède donc qu’une seule couche : la couche K. Par la même, le carbone en possède deux : K et L. Le nombre d’électrons admissibles au sein des différentes couches varient également et est donné par la formule suivante : Nombre d’électrons par couche = 2 * n2 Avec n = numéro de couche (de 1 pour K à 7 pour P) Il est aisé de calculer le nombre maximal d’électrons pour chaque couche. Ainsi, nous ne pouvons placer que 2 électrons sur la couche K (n = 1), 8 sur la couche L (n = 2), 18 sur la couche M (n = 3),… Le remplissage des couches se fera de celle la plus proche du noyau à la plus éloignée.
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Prenons encore le cas du carbone. Il possède deux couches électroniques et six électrons à répartir dans ces deux couches. La répartition électronique autour du noyau sera de 2 électrons sur la couche K et 4 électrons sur la couche L. La couche L sera appelée : « couche de valence ». Ce sont les électrons de cette couche qui joueront un rôle important dans le processus de liaison entre deux atomes, car ils sont moins « liés » à leur noyau car plus distants. Il apparaît que la situation la plus favorable pour les atomes, donc la plus stable, est qu’ils possèdent deux (pour H, Li, Be, B) ou huit électrons sur leur couche périphérique ou couche de valence. Or, nous l’avons vu pour le carbone, le nombre d’électrons sur cette couche ne vaut jamais huit à leur état fondamental (à l’exception des gaz rares autres que l’hélium). Les éléments vont donc tendre vers cette situation d’obtention de deux voire huit électrons sur la couche de valence afin de garantir leur stabilité énergétique. Cela sera possible par perte ou par gain d’électrons. Il s’agit là de la base de la liaison chimique. Tout atome tend à atteindre la structure électronique du gaz rare qui le suit ou le précède par perte ou par gain d’électrons. Ajoutons que suite à ces pertes ou gains d’électrons, les atomes deviennent donc des ions respectivement positifs ou négatifs. Si pour atteindre cette stabilité, les atomes doivent perdre des électrons et ainsi devenir des ions positifs seront dits « électropositifs » tandis que ceux qui doivent en gagner pour devenir des ions négatifs sont dits «électronégatifs ». Nous terminerons ce paragraphe par la notion d’ « électronégativité » (disponible dans le tableau périodique). Il s’agit de l’aptitude d’un élément à capter un nuage électronique, donc la force avec laquelle un élément attire vers lui un ou plusieurs électrons pour ainsi devenir un ion négatif : anion. A contrario, un élément faiblement négatif à une faible propension à attirer les électrons, mais pas à en céder. Il devient alors un ion positif : cation. Les métaux ont tous cette caractéristique. 2.3 Type de liaison chimique. a. Liaison ionique. Il a été montré que les atomes se « lient » afin de minimiser leur énergie interne : on parlera de « liaison chimique ». Le premier type de liaison étudié est la liaison ionique. Celle‐ci est caractérisée par un transfert des électrons de valence d’un atome moins électronégatif, vers un autre plus électronégatifs. Ce transfert d’électrons d’un atome vers un autre engendre la formation d’un cation dans le cas de l’atome cédant un ou plusieurs électrons (le moins électronégatif) ainsi que la création d’un anion pour l’atome qui reçoit les électrons perdus par le premier. Cette liaison n’est possible évidement que si la différence d’électronégativité est supérieure ou égale à 1.9 eV (électron‐volt : c’est l'unité d'énergie utilisée en physique des particules : c'est l'énergie acquise par un électron soumis à un potentiel électrique de 1V). En pratique, il faut qu’un des deux atomes ait une forte aptitude à céder ses électrons (le moins
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électronégatif) et que l’autre (le plus électronégatif) accepte facilement les électrons cédés par le premier. Exemple : Dans le cas du sel de cuisine : la NaCl (chlorure de Sodium). L’électronégativité du sodium vaut 0.9 eV et celle du chlore vaut 3.15 eV. Le chlore est donc un élément plus électronégatif que le sodium, il va donc capter le nuage électronique. Quant au nombre d’électrons cédés, le sodium va perdre un électron sur la couche M et devenir donc du Na+ et le chlore gagnera cet électron pour atteindre l’état Cl‐. Une molécule de NaCl est en réalité constituée de deux ions de charges opposées liés par forces électrostatiques.
Il est à noter qu’au point de vue macroscopique, les diverses molécules de chlorure de sodium s’organisent sous forme d’un réseau cristallin où une molécule de NaCl est disposée à chaque arête du réseau cubique. b. Liaison covalente. Une liaison covalente est une liaison lors de laquelle une ou plusieurs paires électroniques sont mises en commun par les atomes en présence. Chaque paire étant constituée d'un électron de chaque atome. Exemple : Les atomes de chlore possèdent 1 électron célibataire sur la dernière couche. Dans la molécule de chlore (Cl2), ils vont réaliser une liaison covalente par mise en commun de cet électron.
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c. Covalente polarisée. Supposons une liaison covalente établie entre deux atomes différents. La structure électronique de ces atomes implique que ceux‐ci n'attirent pas le doublet avec la même intensité. Il y a déplacement de l'orbitale moléculaire vers l'atome qui attire le plus les électrons. On dira que la liaison est une covalence polarisée. Exemple : molécule d'acide chlorhydrique (HCl)
Remarque : L'intensité de l'attraction des électrons de valence par les atomes est déterminée par l'électronégativité (en eV). Les valeurs de l'électronégativité sont données pour chaque atome et la différence d'électronégativité entre les deux atomes formant la liaison détermine le degré de polarisation. On estime habituellement qu'une liaison covalente est polarisée si ∆ε est supérieur à 0,5 eV. (cf. Exposé oral) d. Liaisons spéciales • Liaison métallique Les métaux et les alliages sont considérés comme des assemblages organisés (cristaux) d'ions positifs, et d'électrons libres (électrons de conduction). La nature de ces liaisons est beaucoup plus complexe et fait appel à d'autres considérations que les forces électrostatiques. •
Liaison par force de Van Der Waals
Les phénomènes de polarisation au sein des molécules entraînent l'apparition de dipôles. Il peut parfois y avoir interaction de ce dipôle avec une autre partie de la molécule ou d'une autre molécule. Ces interactions, assez faibles, sont néanmoins à l'origine de phénomènes particuliers comme la viscosité. •
Liaison par pont hydrogène
Ces liaisons apparaissent entre des atomes fortement électronégatifs et l'atome d'hydrogène. Elles sont responsables de certaines anomalies comme les azéotropes ou les structures moléculaires. Elles sont nombreuses entre les molécules d'eau. 18
Chapitre 3 : Réactions chimiques
3.1 Réactions chimiques et équations chimiques
Les réactions chimiques ne se rencontrent pas uniquement dans les laboratoires de
chimie ou dans l’industrie pour la production à grande échelle de produits « chimiques », les réactions chimiques peuvent également être des phénomènes naturels (formation de l’ozone, formation de l’oxygène par photosynthèse, transformation du fer en rouille, …) et se rencontrent également abondamment dans la vie quotidienne (cuisson du blanc d’œuf, durcissement du ciment, détartrage d’une bouilloire,…) et, plus particulièrement dans le secteur de l’automobile (gonflage de l’air‐bag, combustion des carburants, pot catalytique,…)
Les signes visibles de l’existence d’une transformation chimique sont : -
l’apparition d’une espèce chimique nouvelle,
-
la disparition d’un des réactifs,
-
la modification des propriétés organoleptiques (couleur, odeur, goût,…),
-
la production ou l’absorption d’énergie.
Lorsqu’une réaction produit de l’énergie sous forme de chaleur, la réaction est dite exothermique, et dans le cas où elle a besoin d’énergie pour se produire, elle est endothermique.
Les réactions chimiques peuvent suivant le cas présenter des vitesses très variables : -
très lente (milliers d’années), ex : fossilisation des végétaux en charbon,
-
moyenne (de quelques heures à quelques jours), ex : durcissement d’une colle à deux composantes,
-
très rapide, ex : transfert de proton dans les réactions acide‐base.
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Une réaction chimique peut‐être représentée sous forme d’une équation chimique de bilan, de forme générale : a A + b B → c C + d D A et B représentent les réactifs, C et D, les produits, tandis que a, b, c et d sont les coefficients stœchiométriques donnant les proportions en réactifs consommés et produits formés. 3.2 Signification d’une équation chimique L’équation chimique donne le plus d’informations possibles aux points de vue qualitatif et quantitatif. Sur le plan qualitatif, les informations fournies par l’équation chimique sont les formules des réactifs et des produits, leur état physique (s, l, g, v, aq), l’utilisation éventuelle de catalyseur, la température et (pour les gaz) la pression utilisées pour réaliser la réaction, l’énergie libérée (réaction exothermique) ou consommée (réaction endothermique) et si la réaction est complète ou équilibrée, ce qui est représenté par une double flèche
. (=
lorsqu’une certaine quantité de produit est formée, la réaction « s’arrête », il s’agit en réalité d’un équilibre stationnaire, le rendement ne pourra donc pas être supérieur à une certaine valeur). Sur le plan quantitatif, une équation chimique respecte la loi de conservation de la masse, basée sur le principe de Lavoisier, qui stipule que « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ». La matière n’est donc pas créée et résulte de la transformation de matière déjà existante. Une équation chimique écrite correctement (coefficients stœchiométriques corrects) respecte les principes de conservation des atomes (la masse) et de la charge. La stœchiométrie informe sur les rapports dans lesquels les réactifs disparaissent et les produits se forment. Ces rapports étant exprimés en nombre de moles. 20
Preuve de la conservation de la matière : Exemple : synthèse de l’ammoniac à partir d’hydrogène et d’azote. L’équation chimique de bilan correctement équilibrée est : N2 (g) + 3 H2 (g)
2 NH3 (g)
N2
H2
NH3
Nombre de
1
3
2
Nombre de moles
1
3
2
Masse en g
28
3*2 = 6
2*17 = 34
molécules
Il est possible de conclure à partir de cet exemple, qu’une équation chimique : -
est un bilan de moles,
-
exprime la conservation des atomes et de la masse, mais pas le nombre de moles.
-
indique la proportion de consommation des réactifs et de la formation des produits (grâce aux coefficients stœchiométriques).
Il est important de signaler qu’une équation chimique représente un bilan global. En effet dans la majorité des cas, elle ne décrit pas le mécanisme moléculaire de la réaction. Au point de vue microscopique (moléculaire), plusieurs étapes élémentaires successives ont lieu avant d’arriver aux produits finaux. Prévision de la quantité de produit formé Exemple : la combustion du propane (hydrocarbure) en présence d’oxygène conduit à la formation de dioxyde de carbone et d’eau. On suppose que la réaction est complète. L’équation chimique de bilan correctement équilibrée est : C3H8 + 5 O2 → 3 CO2 + 4 H2O Suivant les quantités en réactifs mises en œuvre dans la réaction, deux conditions sont possibles. 21
→ Conditions stœchiométriques : Dans ces conditions, les réactifs sont introduits en respectant les quantités (nombres de moles) prévues par l’équation chimique. La réaction évolue donc de la manière décrite dans le tableau suivant. Nombre de moles de :
C 3 H8
O2
CO2
H2O
Initialement
1
5
0
0
En cours de réaction (au temps tx)
1‐x
5‐5x
3x
4x
Finalement
0
0
3
4
X représente le nombre de moles de réactifs consommés à un temps tx et le nombre de moles de produits formés à ce même temps tx. Si la réaction est complète, x est alors égal à 1, l’entièreté des deux réactifs ont été consommés. Puisque le nombre de moles d’un composé est lié à sa masse (n = m/M.M.), la stœchiométrie de réaction permet de calculer le nombre de grammes de produits et de réactifs. Exemple : Quelle quantité d’oxygène O2 (en g) faut‐il pour réaliser la combustion complète de 22g de propane? Quelle quantité de CO2 est‐elle formée ? C3H8 + 5 O2 → 3 CO2 + 4 H2O m = 22g M.M.
0,5 mol de propane réagit La combustion de 0,5 mol de =
3*12+8*1
= avec 2,5 mol d’oxygène
propane produit 3*0,5 mol de
44g/mol
→ n = 2,5 mol
CO2.
→ n = m/M.M. = 0,5 mol
M.M. = 32 g/mol
→ n = 1,5 mol
1 mol de propane réagit → m = 2,5*32 = 80g
M.M. = 44 g/mol
avec 5 mol d’oxygène
→ m = 1,5*44 = 66 g
→ Conditions non stœchiométriques :
Dans ces conditions, les réactifs ne sont pas introduits dans des proportions
respectant les quantités prévues par l’équation chimique. Un des réactifs est donc en excès par rapport à l’autre qui est donc en défaut. Le réactif en défaut est appelé limitant puisqu’une fois consommé, il ne peut plus former davantage de produit bien qu’il reste une quantité de réactif en excès. C’est donc la quantité du réactif limitant qui détermine la quantité en produits formés.
22
Nombre de moles de :
C 3 H8
O2
CO2
H2O
Initialement
4
10
0
0
excès
défaut
En cours de réaction
4‐x
10‐5x
3x
4x
finalement
2
0
6
8
A la fin de la réaction, l’entièreté de l’oxygène a été consommée alors qu’il reste du propane en excès. Exemple : Quelle quantité forme‐t‐on au maximum de CO2 si l’on réalise la combustion de 44g de propane avec 64g d’oxygène ? C3H8 + 5 O2 → 3 CO2 + 4 H2O m = 44g
m = 64g
M.M. = 3*12+8*1 = M.M. = 32 g/mol
44g/mol
→ n = 2 mol
→ n = m/M.M. = 1 mol
1 mol de propane réagit mais seules 2 mol d’oxygène avec 5 mol d’oxygène
sont disponibles et vont réagir avec 2/5 mol de et conduit à la formation de 3* mol de dioxyde de carbone
propane À la fin de la réaction, il reste : n = 1 – 2/5 = 3/5 mol
n = 2 ‐2 = 0 mol
n = 3*2/5 = 2 mol
M.M. = 44g/mol
Réactif en défaut
M.M. = 44g/mol
→ m = 3/5*44 = 26,4 g
→ m = 6/5*44 = 52,8 g
Equilibrage d’une équation chimique Il s’agit de déterminer les coefficients stœchiométriques qui sont, idéalement, des nombres entiers les plus petits possibles, de manière à retrouver le même nombre de chaque atome dans les deux membres de l’équation. Pour les cas simples, le choix est souvent quasi‐intuitif, en commençant par équilibrer les atomes qui n’apparaissent que dans une seule molécule. 23
Exemple : combustion du glucose : C6H12O6 + O2 → CO2 + H2O, le carbone et l’hydrogène n’apparaissent que dans une seule molécule de chaque membre de l’équation. Une fois le nombre de CO2 et d’H2O déterminé, on peut trouver facilement le coefficient stœchiométrique d’O2. L’équation correctement équilibrée s’écrit : C6H12O6 + 6 O2 → 6 CO2 + 6 H2O
Pour les cas plus complexes, on utilise la méthode algébrique. Pour déterminer les
coefficients stœchiométriques, on compte le nombre d’atomes de chaque élément dans les deux membres et on écrit des égalités. Ensuite, on fixe le premier coefficient pour déterminer les autres. Exemple : équation du grillage de la pyrite (minerai de fer) : a FeS2 + b O2 → c Fe2O3 + d SO2
Fe : a = 2*c
S : 2*a = d
O : 2*b =3*c + 2*d
Si a = 2 alors, c = 4, d = 1, et b = 11/2 mais comme il est préférable d’obtenir des nombres entiers, a est fixé à 4 et l’équation s’écrit : 4 FeS2 + 11 O2 → Fe2O3 + 4 SO2 3.3 Principe de l’AirBag Le gaz responsable du gonflement instantané de l’airbag lors d’un choc est l’azote N2. Ce gaz est produit par la décomposition de l’azoture de sodium NaN3. Réaction de décomposition : 2 NaN3(s) → 2 Na(s) + 3 N2(g) (à 300°C) L’azoture de sodium est un solide blanc toxique et explosif. La réaction de décomposition de l’azoture de sodium est provoquée par un détonateur qui se déclenche lors de la fermeture d’un circuit électrique qui permet le passage du courant. Cette fermeture est provoquée lors d’une décélération brutale par des billes métalliques. La réaction de décomposition est accélérée par l’ajout de catalyseurs, l’airbag se gonfle en environ 3/100 de seconde. Les sacs gonflés contiennent un volume d’azote variant de 35 à
24
60 l selon les modèles, ils doivent se dégonfler en 2 secondes pour éviter que le conducteur ne s’étouffe.
Le produit secondaire de la réaction de décomposition de l’azoture de sodium, c'est‐
à‐dire le sodium Na, est dangereux car il réagit violemment avec l’eau pour donner du dihydrogène explosif à l’air (Na + H2O → NaOH + H2). Ce sodium doit donc être « éliminé » par réaction chimique. Deux composés sont dès lors utilisés : le nitrate de potassium KNO3 et la silice SiO2 dans deux réactions successives.
La deuxième réaction met en œuvre le sodium et le nitrate de potassium : 10 Na(s) + 2 KNO3(s) → K2O(s) + 5 Na2O(s) + N2(g)
Cette réaction produit également de l’azote et deux oxydes (oxydes de sodium Na2O et de potassium K2O) qui réagissent avec l’eau pour donner des hydroxydes corrosifs. Ils sont donc « éliminés » dans une seconde réaction : K2O(s) + Na2O(s) + SiO2(s) → K2Na2SiO4(s) Le produit formé est un silicate alcalin K2Na2SiO4 appelé poudre de verre qui est un produit inoffensif, inerte et non inflammable. 3.4 Illustration de la stœchiométrie de réaction : Il est possible de calculer le nombre de grammes de réactifs (NaN3, KNO3 et SiO2) nécessaires pour gonfler un airbag de volume connu, à l’aide de la stœchiométrie des différentes réactions et en sachant qu’une mole de gaz quelconque a un volume d’environ 22,4l (dans des conditions normales de pression et de température). Ex : calcul du nombre de grammes de NaN3 nécessaires pour gonfler un airbag de 70 l. Sur base de la première réaction, on sait que : 2 NaN3(s) → 2 Na(s) + 3 N2(g) 2 moles de NaN3 se décomposent en 2 moles de sodium et 3 moles d’azote 25
Or, le nombre de moles d’azote nécessaires pour gonfler un airbag de 70l est de : n d’azote = 70/22,4 = 3,125 moles On peut calculer le nombre de grammes d’azoture de sodium permettant de générer 3,125 moles d’azote (Rappel : nombre de moles (mol) = masse (g) / masse molaire (g/mol)) 2 NaN3(s) → 2 Na(s) + 3 N2(g) Conditions stœchiométriques :
2
2
3
Données :
M = 65 g/mol
n = 3,125 mol
Nombre de moles prévu par la
n = 3,125*2/3
réaction :
= 2,08 mol
n = 2,08 mol
Masse de réactif :
m = 2,08*65 = 135
g → Il faut environ 135g de NaN3 pour gonfler un air bag de 70 l.
A l’aide de la stœchiométrie de la deuxième réaction, il est possible de calculer la quantité de nitrate de potassium requise pour oxyder tout le sodium produit dans la première réaction. 10 Na(s) + 2 KNO3(s) → K2O(s) + 5 Na2O(s) + N2(g) On sait que 10 moles de Na réagissent avec 2 moles de KNO3 Or la réaction précédente produit 2,08 moles qui réagiront avec 2,08*2/10 = 0,416 moles La masse molaire du nitrate de potassium étant de 101g/mol, la masse de KNO3 réagissant stoechiométriquement avec le sodium formé à la première réaction est 0,416*101 = 42g.
26
Chapitre 4 : Electrochimie
4.1 Définition : l’électrochimie. L’électrochimie est la discipline scientifique qui s’intéresse aux relations entre la chimie et l’électricité. Elle décrit les phénomènes chimiques couplés à des échanges réciproques d’énergie électrique. L'électrochimie comprend bien entendu toutes technologies et techniques issues de ces travaux scientifiques. De plus, l’électrochimie s’intéresse à des systèmes hétérogènes comportant aux deux extrémités des matériaux conducteurs électroniques (métal, carbone…) et, entre ces deux conducteurs, au moins un matériau conducteur ionique (électrolyte liquide ou gélifié, sel fondu…). 4.2
Domaines d’application.
On classe généralement les applications industrielles de l’électrochimie dans 5 grandes catégories : a) Électrosynthèse L’électrosynthèse est parfois utilisée dans l’industrie chimique lourde au détriment d’une synthèse par voie thermique, les procédés d’électrosynthèse étant généralement plus facilement contrôlables et sélectifs. Les principales matières premières produites par électrosynthèse sont : l’aluminium (env. 24 Mtonnes/an), le dichlore et la soude (env. 40 Mtonnes/an). On produit également en quantité moindre du difluor, du lithium, du sodium, du magnésium et du dihydrogène. On rangera dans la même catégorie la purification de certains métaux par électroaffinage (notamment le cuivre, le zinc et l’aluminium). (cf. Cours de connaissance des matériaux 2ème)
27
b) Traitement de surface et corrosion Les traitements de surface par voie électrochimique sont nombreux car l’électrochimie permet de bien contrôler la nature et la qualité du dépôt. Ce dépôt de métal (nickel, zinc, or...) de quelques micromètres d'épaisseur (1 à 10 micromètres) joue un rôle esthétique ou de protection contre la corrosion. Les méthodes électrochimiques peuvent aussi servir à la restauration d’objets anciens. (cf. Cours de connaissance des matériaux 2ème) c) Stockage et la conversion de l’énergie Les Piles et accumulateur électrique sont des générateurs électrochimiques. Les accumulateurs se distinguent des piles par le fait qu'ils sont électriquement rechargeables. Leur domaine est en pleine expansion. •
Dans des applications de type « grand public » comme les batteries pour téléphones portables.
•
Dans les applications professionnelles, les plus courantes sont les batteries au Plomb, elles assurent le rôle de source d'énergie auxiliaire des véhicules automobiles permettant entre autre, leur mise en route.
•
D'autres types d'accumulateurs, plus sophistiqués, commencent à jouer un grand rôle dans les véhicules hybrides; ils stockent l'énergie récupérée par l'intermédiaire de générateurs lors des freinages et, la restituent avec des moteurs électrique lors des phases d'accélération : exemple, certains modèles Toyota.
•
D'autre part, de nombreuses recherches sont aujourd’hui effectuées dans le domaine des piles à combustible afin d'équiper ces mêmes véhicules. Ceci bien que la ressource en hydrogène propre soit encore hypothétique. (Cf. Exposé oral)
28
d) Méthodes d’analyse et de mesure Du fait de leur faible coût, on utilise de plus en plus de capteurs électrochimiques. Le plus simple d’entre eux est l’électrode à pH. Le plus utilisé est le capteur à dioxygène, notamment pour l’analyse des gaz de combustion. Les capteurs électrochimiques ont aussi de nombreuses applications dans le domaine biomédical ou pour l’analyse de la pollution. (Cf. Utilisation d’un pH mètre au laboratoire de chimie générale 2ème) L'appareil de mesure le plus utile à l'électrochimie s'appelle le potentiostat ou galvanostat. La cellule électrochimique la plus courante est la cellule à trois électrodes : l'électrode de travail et la contre électrode entre lesquelles passe le courant. L'électrode de référence (ou impolarisable) qui permet d'évaluer la différence de potentiel entre l'électrode de travail et l'électrolyte. e) Environnement et biologie Dans ce domaine en forte expansion, les techniques électrochimiques permettent la séparation (électrodialyse), la récupération, la concentration ou la destruction de certains éléments. Un exemple type d’application est le dessalement des eaux saumâtres par électrodialyse. 4.3
Théorie des électrolytes.
En toute généralité, quand un composé se dissout dans l’eau, ses cristaux se désagrègent en ions mobiles (constatation expérimentale). Il s’agit alors d’une solution d’électrolyte. C’est le cas de la molécule de NaCl.
Ce phénomène se produit car des ions chargés se forment pour permettre aux éléments de se rapprocher de la configuration électronique d’un gaz rare le plus proche (règle de l’octet). Le sodium Na se rapproche de la structure électronique du Néon Ne en perdant un électron, donc en devenant un cation une fois positif : Na+ ; et le chlore gagne cet électron, se rapproche de la structure électronique de l’Argon Ar, et devient un anion une fois négatif Cl‐. 29
En conclusion, les éléments métalliques à gauche du tableau périodique des éléments perdent des électrons et deviennent des cations (ions positifs) et les éléments non métalliques à droite du tableau ont tendance à gagner des électrons pour devenir des anions (ions négatifs). Ces ions conduisent ainsi le courant électrique dans la solution ‐ + + ‐ Na+
Cl-
Solution de NaCl
Figure 7 Solution d'électrolyte
Une fois que des électrodes connectées à une batterie sont plongées dans une solution d’électrolyte, les cations sont attirés par l’électrode négative et les anions par l’électrode positive. Ce mouvement donne lieu au passage d’un courant électrique. Il est important de comprendre que les électrolytes se dissocient à cause de leur mise en solution. Le passage du courant n’est qu’une conséquence de la dissociation. Notons également que la solution reste électriquement neutre, c'est‐à‐dire que la somme des charges négatives reste égale à la somme des charges positives. On peut classer les électrolytes en deux familles : les électrolytes à dissociation totale dits « forts » et les électrolytes à dissociation partielle dits « faibles ».
30
Electrolytes forts (ex. NaCl)
Electrolytes faibles (ex. Sucre de cuisine)
Présence d’ions et de molécules non dissociées dans la solution. 4.4
Ionisation des acides et des bases La conductance L (notion inverse de la résistance) représente la facilité de propagation du courant électrique.
Avec L en ohm-1
L’électrolyte, en se dissociant fournit les transporteurs de charges assurant le passage du courant électrique.
31
Divers facteurs influencent la conductance d’une solution :
La concentration, c'est‐à‐dire de la quantité d’ions par unité de volume
De la charge des ions
De leur mobilité
De la fraction d’électrolyte sous forme ionique α (taux de dissociation)
Si α ≈ 1, l’électrolyte est fort Si α ≈ 0, l’électrolyte est faible Nous pouvons mesurer le taux de dissociation par la mesure de conductance. Les électrolytes peuvent donc être classés :
Electrolytes forts
Electrolytes faibles
Acide
Acides forts
Acides faibles
Bases
Bases fortes
Bases faibles
Autres
Sels
32
4.5
Réactions avec échange d’électrons (ou oxydo‐réduction) La deuxième réaction du gonglement de l’AirBag est une oxydoréduction, comme le
prouvent les nombres d’oxydation de chaque atome. 10 Na(s) + 2 KNO3(s) → K2O(s) + 5 Na2O(s) + N2(g)
Na
K
N
O
K
O
Na
O
N
N.O.
0
+1
+5
‐2
+1
‐2
+1
‐2
0
On remarque que l’atome de sodium passe d’un N.O. = 0 à un N.O. = +1, ΔN.O.= +1, le sodium s’oxyde, il joue le rôle de réducteur ; alors que l’atome d’azote passe d’un N.O.= +5 à un N.O. = 0, ΔN.O.= ‐5, l’azote du nitrate de potassium se réduit, il joue le rôle d’oxydant.
Chaque atome de sodium perd 1 électron pour s’oxyder et chaque atome d’azote
gagne 5 électrons pour se réduire. Comme le nombre d’électrons perdus lors de l’oxydation doit être égal au nombre d’électrons consommés par la réduction, un facteur multiplicatif de 5 doit être appliqué à l’atome de sodium et à la molécule d’oxyde de sodium.
4.6 Oxydoréduction, source d’énergie électrique 1 Introduction :
L’électrochimie est le domaine de la chimie qui décrit l’utilisation des réactions
chimiques dans la production d’électricité et inversement, l’utilisation de l’électricité pour réaliser des transformations chimiques.
Ce paragraphe porte essentiellement sur la partie de l’électrochimie concernant la
production et le stockage de l’électricité. Un autre aspect de l’électrochimie concernant les phénomènes de corrosion et les traitements de surface sera abordé en deuxième année au cours de connaissance des matériaux. 33
Nous avons vu qu’une réaction rédox est liée à la production (oxydation) et à la
consommation (réduction) d’un ou de plusieurs électrons. Si les deux réactions se produisent dans le même récipient, le transfert d’électrons ne se « voit » pas, par contre si la réaction d’oxydation et la réaction de réduction se produisent dans deux lieux bien séparés et reliés par un système conducteur fermé, l’électricité produite peut être utilisée ; on crée ainsi une pile. 2 Les piles :
Une pile électrochimique peut par exemple être formée de la manière suivante :
‐ Dans le compartiment de gauche, une lame de fer appelée électrode est plongée dans une solution d’électrolytes contenant des ions Fe2+ (formés, par exemple, par dissolution de sulfate de fer, FeSO4(aq) → Fe2+(aq) + SO42‐(aq)). ‐ Dans le compartiment de droite, une lame de cuivre (électrode) plonge dans une solution d’électrolytes contenant des ions Cu2+ (formés, par exemple, par dissolution de sulfate de cuivre, CuSO4(aq) → Cu2+(aq) + SO42‐(aq)). ‐ Les deux électrodes sont reliées entre elles par un conducteur électrique et peuvent être adaptées soit à un ampèremètre, soit à un appareil électrique. ‐ Le système est fermé par un pont électrolytique (par exemple, un cordon imbibé d’une solution saturée de nitrate de potassium, KNO3).
Figure 8 visualisation d'une pile électrochimique
34
Lorsque le circuit est fermé, la pile commence à produire du courant via les électrons formés par la réaction d’oxydation et consommés par la réaction de réduction. Comme nous l’avons vu au chapitre précédent, le cuivre est un moins bon réducteur que le fer (ou encore l’ion Cu2+ est un meilleur oxydant que l’ion Fe2+), c’est le fer qui subira donc la réaction d’oxydation, tandis que les ions Cu2+ se réduiront. La demi‐réaction d’oxydation du fer : Fe(s) → Fe2+(aq) + 2e‐ se manifeste par une dégradation de l’électrode de fer. Cette électrode est appelée anode et correspond à la borne négative de la pile. Les électrons formés par oxydation quittent l’anode pour se diriger vers l’électrode de cuivre au niveau de laquelle se produira la réduction. La demi‐réaction de réduction des ions Cu2+ : Cu2+(aq) + 2 e‐ → Cu(s) se manifeste par la formation d’un dépôt de cuivre métallique sur l’électrode de cuivre. Cette électrode est appelée cathode et correspond à la borne positive de la pile. Anode = électrode sur laquelle se produit l’oxydation Cathode = électrode sur laquelle se produit la réduction Le pont électrolytique qui ferme le circuit, permet de maintenir l’électroneutralité dans chaque compartiment de la pile. Dans le compartiment de gauche, alors qu’au départ, les concentrations en chaque espèce ionique sont égales ([Fe2+] = [SO42‐]), l’oxydation du fer conduit à l’augmentation de la concentration en ions Fe2+ ; il y a donc plus de cations que d’anions ([Fe2+] > [SO42‐]). Pour rétablir l’équilibre ionique (autant de charges + que de charges ‐) dans ce compartiment, des anions NO3‐ diffusent du pont électrolytique vers la solution ([Fe2+] = [SO42‐] + [NO3‐]). De la même manière, dans le compartiment de droite, alors qu’au départ [Cu2+] est égale à [SO42‐], la réduction des ions Cu2+ conduit à la diminution de leur concentration ; il y a cette fois, plus d’anions que de cations ([Cu2+] Ag(s)
47
On obtient ainsi un anneau plaqué argent. Plus généralement, les dérivés chimiques d'un métal donné peuvent être utilisés à des fins de placage avec ce dernier. Ainsi, on peut couvrir un objet métallique de cuivre avec le bain de sulfate de cuivre qu'on utilise d'ordinaire pour traiter la vigne. Facteurs favorisant le phénomène : •
Concentration du bain : plus le bain est concentré, plus le placage est rapide.
•
Surface de la pièce à plaquer : plus la surface de la pièce est grande, plus l'intensité électrique doit être élevée.
•
La vitesse du dépôt : elle est proportionnelle à la quantité de courant traversant la pièce à plaquer.
•
La température : la chaleur favorise le rendement du bain.
Anode = oxydation
Cathode = réduction
Processus
PILE
‐
+
spontané
ELECTROLYSE
+
‐
forcé
48
Chapitre 5 : Thermodynamique des réactions Soit une réaction chimique quelconque : les réactifs A et B réagissent ensemble pour former les produits C et D. A + B → C + D Cette réaction se déroule en plusieurs phases :
Les réactifs passent d'un niveau énergétique initial, appelée enthalpie Hr, à un état de transition Ht ou état activé.
Il y a ensuite passage de cet état de transition à un état énergétique final, appelé enthalpie Hp, correspondant aux produits de la réaction.
Figure 15 Evolution de l'enthalipie en fonction du temps
Selon que la différence d'énergie entre les réactifs et les produits (Hp - Hr) est positive ou négative, les réactions seront exo- ou endothermiques. La différence Ht - Hr conditionne la vitesse de la réaction. Plus cette différence est faible, plus le nombre de molécule pouvant atteint cet état de transition est élevé et plus le nombre de réactions par unité de temps est élevé. De nombreuses expériences permettent d’affirmer que la vitesse de réaction chimique croît d’une manière importante avec la température. Il est possible de faire varier la vitesse des réactions (activation) en jouant sur cette différence d'enthalpie et ce de deux manières. 49
Par une activation thermique : augmentation de la température (chauffage du milieu réactionnel) ce qui augmente le niveau d’énergie des réactifs. Par une activation catalytique, c'est‐à‐dire par l’emploi de catalyseur : substances étrangères à la réaction permettant de diminuer le niveau d’énergie de transition. Dans les deux cas, un plus grand nombre de molécules de réactifs passe cette barrière réactionnelle (Ht) pour participer à la réaction. Il existe deux types de catalyseurs :
Les catalyseurs POSITIFS qui augmentent la vitesse de réaction.
Les catalyseurs NEGATIFS qui la diminuent. On appelle parfois ces derniers des
inhibiteurs. Ils ont un effet exactement contraire aux précédents.
Figure 16 Phénomène d'activation chimique
50
Application dans le domaine automobile : Le pot catalytique. Le pot catalytique est une amélioration récente du pot d'échappement des moteurs à explosion. C'est un des éléments visant à limiter la nocivité des gaz d'échappement des véhicules motorisés.
Figure 17 Le pot catalytique
Le pot catalytique est constitué d'une chambre d'acier inoxydable dans laquelle sont conduits les gaz d'échappement, lesquels traversent les conduites capillaires d'une structure en nid d'abeille généralement faite en céramique. L'intérieur des conduits est recouvert d'une fine couche de cristaux d’agents catalytiques combinant des métaux précieux : platine et palladium : catalyseur d’oxydation et rhodium : catalyseur de réduction). La structure est conçue pour offrir une grande surface de contact entre les éléments catalyseurs et les gaz d'échappement. Les éléments catalyseurs déclenchent ou accentuent les réactions chimiques qui tendent à transformer les constituant les plus toxiques des gaz d'échappement (monoxyde de carbone, hydrocarbures imbrûlés, oxydes d'azote), en éléments moins toxiques (eau et CO2). Il existe deux grands types de pot catalytique, chacun adapté à la nature du carburant utilisé.
Catalyseur dit à trois voies (pour les moteurs à essences) ;
Catalyseur dit à deux voies associé ou non à un filtre à particule pour les moteurs au diesel.
51
a) Le catalyseur à trois voies (moteur essence) Dans celui‐ci, trois réactions simultanées de déroulent : 1. Une réduction des oxydes d'azote en azote et en dioxyde de carbone : 2. Une oxydation des monoxydes de carbone en dioxyde de carbone : 3. Une oxydation des hydrocarbures imbrûlés (HC) en dioxyde de carbone et en eau : Cependant, une réaction parasite ce type de catalyseurs aux températures élevées : Ajoutons que le pot n'est efficace qu'à partir d'environ 400°C (activation thermique), ce qui explique que ceux‐ci sont relativement inefficaces pour de petits trajets car la température idéale n’est pas atteinte. Les réactions d'oxydations (demandant une forte présence d'oxygène) et de réduction (demandant une faible présence d'oxygène) sont contradictoires. Elles ne se produisent simultanément que si la quantité d'air dans le carburant est optimale. Ceci est assuré par la sonde Lambda* qui renseigne le calculateur de gestion du moteur. b) Le catalyseur à deux voies (moteur diesel) associé à un filtre à particules. Le pot catalytique du moteur diesel est un modèle deux voies, donc il traite uniquement le CO et hydrocarbures imbrûlés. Ils ne réduisent pas les oxydes d'azote dont la production est trop importante dans le cas d’un moteur diesel (moteur fonctionnant en excès d’air). L'autre différence est la taille supérieure des alvéoles pour éviter l'encrassement dû à la suie. Ajoutons que les moteurs à carburant non gazeux (GPL...) et surtout fonctionnant au diesel émettent des particules (suies, fumée noire). Le pot catalytique ne retient pas les suies ni les 52
particules, qui par ailleurs gênent son fonctionnement. Un filtre peut être pré‐installé dans le pot, ces particules étant polluantes et cancérigènes et/ou mutagènes suspectées ou avérées. Le filtre doit être régulièrement changé. Certaines particules comme les suies (noir de carbone) peuvent trouver un usage commercial. Les normes d'émissions Euro 4 sont applicables aux poids lourds à partir du 1er octobre 2006 et l'Amérique du Nord vend désormais le gasoil à teneur réduite en soufre.
53
Partie B : La pétrochimie « La pétrochimie est la science qui s'intéresse à l'utilisation des composés chimiques de base issus du pétrole brut et qui le transforme en d'autres composés qui peuvent exister ou non dans la nature.» 54
Chapitre 6 : Du gisement à la pompe 6.1 Les gisements de pétrole Le pétrole (en latin « petra oleum » signifiant l’huile de roche) s'est formé sous la surface de la terre, par suite de la décomposition d'organismes marins (plancton) : les restes de minuscules organismes vivant dans la mer et, en moindre quantité, ceux des organismes terrestres qui sont entraînés vers la mer par les rivières et ceux des plantes qui poussent sur le fond des océans, sont mélangés à la boue et au limon qui se déposent sur le fond des bassins marins pour former des couches de sédiments riches en matières organiques, le kérogène.
Figure 18 : Formation du pétrole et du gaz naturel dans la roche mère
55
Ces dépôts, riches en matières organiques, sont les roches sources de la formation de pétrole brut (roches mères). Le processus a commencé il y a des millions d'années avec le développement d'une vie abondante et il se poursuit encore aujourd'hui. Les sédiments s'alourdissent et tombent au fond de l'eau sous l'effet de leur propre poids. Au fur et à mesure que les dépôts supplémentaires s'empilent, la pression exercée sur ceux qui se trouvent en dessous augmente plusieurs milliers de fois et la température s'accroît de plusieurs centaines de degrés. La boue et le sable durcissent pour former des schistes Figure 19 : Etat du sous‐sol argileux et du grès; le carbone est précipité et les coquilles de squelettes durcissent et se transforment en calcaire; les restes des organismes morts sont ainsi transformés en pétrole brut et en gaz naturel. Le pétrole brut est probablement la matière première la plus utilisée et la plus versatile disponible à des fins d'exploitation (utilisation dans l’industrie chimique, fabrication de goudron, de carburants…). Vers le milieu des années 1980, environ 8,9 millions de barils de brut étaient produits chaque jour aux États‐Unis et 5 autres millions de barils de pétrole brut et de produits pétroliers étaient importés. La production mondiale était de 53,4 millions de barils par jour. L'Union soviétique était le plus gros producteur, avec environ 11,8 millions de barils par jour; l'Arabie Saoudite était le troisième producteur, avec à peu près 3,5 millions de barils, moins de la moitié de ce qu'elle produisait en 1980. Ainsi, les trois principaux producteurs représentaient à eux seuls près de la moitié des réserves mondiales.
56
Figure 20 : Présence géographique d’exploitation de pétrole
6.2 Formation des nappes Au fur et à mesure que de nouvelles couches de sédiments se déposent au dessus de cette strate riche en matières organiques, la « roche‐mère » ou « roche‐source », voit ses conditions de température et de pression augmenter. La matière organique se transforme d’abord en kérogène, un « extrait sec » disséminé dans la roche sous forme de petits grumeaux. Si la température devient suffisante (le seuil est à au moins 50°C, généralement plus selon la nature de la roche et du kérogène), et si le milieu est réducteur (pauvre en oxygène, dans le cas contraire le kérogène sera simplement oxydé), le kérogène sera pyrolysé de façon extrêmement lente. Le kérogène produit du pétrole et/ou du gaz naturel, qui sont des matières plus riches en hydrogène, selon sa composition et les conditions d’enfouissement. Si la pression devient suffisante ces fluides s’échappent, ce qu’on appelle la migration primaire. En général, la roche source a plusieurs dizaines, voire centaines de millions d’années quand cette migration se produit. Le kérogène lui‐même reste en place, appauvri en hydrogène. 6.3 Composition du pétrole brut On distingue les pétroles en fonction de leur origine et donc de leur composition. Le mélange d’hydrocarbures issu de ce long processus comprend des chaînes linéaires plus ou moins longues, ainsi que des chaînes cycliques naphténiques ou aromatiques. Il est possible de distinguer les différents types de pétrole selon leur densité, leur fluidité, leur teneur en soufre et autres impuretés (vanadium, mercure et sels) et leur teneur en différentes classes
57
d’hydrocarbures. Le pétrole est alors paraffinique, naphténique ou aromatique. Il est aussi possible de les classifier parfois selon leur provenance (golfe Persique, mer du Nord, Venezuela, Nigeria), car le pétrole issu de gisements voisins a souvent des propriétés proches. Il existe des centaines de bruts de par le monde. Certains servent comme étalon pour établir le prix moyen du pétrole en provenance d’une région donnée. Les bruts les plus connus sont l'Arabian Light (brut de référence du Moyen‐Orient), le Brent (brut de référence européen) et le West Texas Intermediate (WTI, brut de référence américain). Selon sa provenance, le brut peut contenir du gaz dissous, de l’eau salée, du soufre et des produits sulfurés (thiols (mercaptans) surtout). Il a une composition trop complexe pour être décrite en détails. Il faut distinguer simplement trois catégories de brut : • A prédominance paraffinique : les hydrocarbures linéaires sont les plus abondants, ces bruts sont les plus recherchés car ils donnent directement une grande proportion de produits légers comme l'essence et le gasoil; • A prédominance naphténique : beaucoup d'hydrocarbures à cycle saturé ; • A prédominance aromatique : les hydrocarbures présentant un cycle insaturé sont plus abondants. Il faut signaler également qu’il existe des bruts aptes à faire du bitume, ce sont des bruts très lourds de type Boscan, Tia Juana, Bachaquero ou Safaniyah. Les deux principaux critères pour classer les centaines de bruts différents qui existent sont la gravité (densité) et la teneur en soufre, depuis le plus léger et le moins sulfureux (qui a la plus haute valeur commerciale) qui est du condensat, jusqu’au plus lourd et au plus sulfureux qui contient 90 % de bitume environ : c’est un brut d’Italie. 6.5 L’extraction du pétrole La première étape de l’exploitation d’un puits de pétrole est de détecter les nappes. Il s’agit en réalité de détecter les pièges possibles pour en vérifier la présence de pétrole. La géologie étudie la structure du terrain en surface et en extrapole la structure du sous‐sol. Après le forage d'un puits d'exploration, destiné à confirmer la présence de pétrole, d'autres puits sont creusés pour délimiter le gisement. La plupart des puits sont forés à l'aide d'un trépan, un outil de coupe situé à l'extrémité d'un train de tige de forage supporté par une tour métallique appelée derrick (Cf. Figure 5). Le trépan est entraîné en rotation. La vitesse de forage varie fortement en fonction de la nature des roches traversées. De la "boue de forage" (un mélange d'argile d'eau et de produits chimiques) est injectée en permanence à l'intérieur des tiges. Elle remonte dans l'espace compris entre les tiges et les parois du puits. La boue permet de refroidir le trépan et d'évacuer les débris de forage. De retour en surface, la boue est filtrée et réinjectée dans le puits. L'analyse des débris permet de qualifier les roches traversées.
58
Les progrès dans les techniques de forage autorisent désormais la réalisation de forages de petits diamètres, de forages déviés (obliques), horizontaux, multidrains, etc... Ces progrès ont permis l'exploitation de gisements qui n'étaient jusqu'alors pas rentables, pour des raisons techniques et/ou économiques. Pour les gisements en mer (offshore), on a généralement recours à des plate‐formes de pompages autonomes. Des navires spéciaux peuvent être utilisés pour l'exploitation de gisements de plus faibles capacités.
Figure 21 : Extraction du pétrole brut
59
Figure 22 : Système extracteur de type « Derrick »
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6.6 Le transport du pétrole
Un traitement de décantage / dégazage sur le site d’exploitation servant à séparer le pétrole de la roche mère et du gaz dissous. Un dessalage permet également d’éliminer au maximum les déchets minéraux et solides avant le transport du pétrole brut. Le transport du pétrole brut se fait pour la grande majorité de deux manières : sur terre par oléoduc et sur mer par cargo. Le transport sur terre peut également se faire par chemin de fer ou par camions mais le coût est généralement élevé par rapport à l'oléoduc. La carte ci dessous indique les principales routes empruntées par le pétrole. Le pétrole de Russie dont la principale destination est l'Europe, est transporté par oléoduc. De même les échanges entre le Canada et les Etats‐Unis se font par oléoduc. Les oléoducs sont également utilisés pour les transports internes à une région (comme en Europe). L'autre moyen de transport est l'utilisation de cargo. Les voies maritimes principales sont celles partant du Golfe Persique à destination de l'Asie via le détroit de Malacca, à destination de l'Europe via le canal de Suez (ou le Cap de Bonne Espérance pour les pétroliers trop gros pour le canal) et à destination de l'Amérique via le Cap de Bonne Espérance. Il existe quelques points de passage "stratégiques" dans l'approvisionnement du pétrole. Ces points sont les suivants: - Le détroit d'Hormuz qui est le lieu du plus important trafic de pétrole; - Le détroit de Bab el‐Mandab qui relie la Mer Rouge au Golfe d'Aden; - Le détroit du Bosphore qui relie la Mer Noire à la Méditerranée et par où passe le pétrole originaire de la Mer Caspienne ou de Russie; - Les ports, oléoducs et gazoducs de Russie qui alimentent l'Europe de l'Est et de l'Ouest; - Le canal de Panama et l'oléoduc Trans‐Panama; - Le détroit de Malacca entre Singapour et l'Indonésie et qui alimente l'Asie - Le canal de Suez et l'Oléoduc de Sumed
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Figure 23 Transport du pétrole brut
7 Le raffinage du pétrole Le raffinage du pétrole désigne l'ensemble des traitements et transformations visant à tirer du pétrole le maximum de produits à haute valeur commerciale. Selon l'objectif visé, en général, ces procédés sont réunis dans une raffinerie. La raffinerie est l'endroit où l'on traite le pétrole pour extraire les fractions commercialisables. 62
Le pétrole, qui est un mélange de différents produits hydrocarbonés, pour être utilisable dans les différentes branches de l'industrie et des moteurs à combustion, doit subir une série de traitements divers. Très souvent, la qualité d'un brut dépend largement de son origine. Selon son origine, sa couleur, sa viscosité, sa teneur en soufre, son point d'écoulement, sa teneur en minéraux varient. Aussi, la structure de chaque raffinerie doit tenir compte de tous ces facteurs. En plus, une raffinerie doit être conçue pour traiter une gamme assez large de bruts. Bien sûr, il existe des raffineries conçues pour traiter uniquement un seul brut, mais ce sont des cas particuliers où la ressource estimée en brut est assez importante. Il existe des raffineries simples ou complexes. Les raffineries simples sont constituées seulement de quelques unités de traitement tandis que les raffineries complexes en possèdent bien plus. En effet, selon l'objectif visé et l'endroit où se trouve la raffinerie, selon aussi la nature des bruts traités (par exemple brut BTS ou HTS, brut naphténique ou aromatique) la structure de la raffinerie à construire est différente ; selon également les besoins potentiels locaux la raffinerie peut être très simple ou très complexe. Souvent en Europe, aux États Unis et généralement dans des régions où les besoins en carburants sont élevés, la structure des raffineries est complexe. Par contre dans les pays en développement, cette structure est assez simple. Le pétrole, une fois arrivé à la raffinerie, est stocké dans des bacs de grande taille. En général on stocke le pétrole à basse teneur en soufre (BTS) séparé de celui à haute teneur en soufre (HTS). Il en est de même dans le traitement. Selon la demande du marché à l'instant 't', on traite d'abord dans un cycle avec du pétrole BTS avant de passer dans un cycle HTS afin d'éviter la pollution des produits BTS par ceux du HTS. Si c'est le cas inverse, les produits issus du traitement pendant quelques heures, s'il y a lieu, sont dirigés vers des bacs de produits HTS pour être retraités.
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Le schéma suivant montre les différentes étapes au sein d’une raffinerie de pétrole :
Figure 24 : Schéma bloc de la raffinerie de pétrole
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Figure 25 Colonne de distillation de raffinerie
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Figure 26 Colonne de distillation schématisée
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6.7 Procédés de séparation
La distillation est un procédé de séparation de substances, mélangées sous forme liquide. Elle consiste à porter le mélange à ébullition et à recueillir une fraction légère appelée distillat, et une fraction lourde appelée résidu. Dans le cas du traitement du pétrole brut qui n’est rien d’autre qu’un mélange d’hydrocarbures, une distillation intervenant à pression atmosphérique est nécessaire pour en extraire certaines coupes. Ce traitement physique est basé sur la différence des températures d'ébullition de chacun des produits purs contenus dans le pétrole. En effet chaque hydrocarbure pur possède des caractéristiques chimiques et physiques spécifiques. Les coupes récoltées sont les suivantes : (données par ordre décroissant de température d’ébullition) • Coupe naphta • Coupe kérosène • Coupe gazoles moyens et lourds • Résidus atmosphériques Après ce traitement préliminaire, toutes les fractions soutirées vont servir de charges (feedstocks) pour alimenter les autres unités de traitement en aval. Nous allons examiner ces unités en partant de la fraction la plus légère c’est‐à‐dire celle soutirée en tête de la colonne de distillation atmosphérique. a) Traitement de la coupe naphta La fraction naphta, sortie en tête de colonne contient un mélange de tous les gaz et du naphta total (point final d'ébullition 180 °C, ou 150 °C si les besoins en kérosène sont élevés). Avant de réaliser la séparation en différentes petites fractions, ce naphta sera envoyé dans une unité d'hydrotraitement afin d'enlever tout le soufre qu'il contient (unité d’hydrodésulfuration). Cette unité consiste en une boucle véhiculant de l'hydrogène, pressurisé par un compresseur, au travers d'un réacteur contenant un catalyseur (activateur de réaction). Celui‐ci facilite la transformation des composés soufrés en H2S, plus facile à évacuer car sous forme gazeuse. La réaction étant consommatrice d'hydrogène, un appoint est fait en permanence, en général depuis l'unité de réformage catalytique, productrice d'hydrogène. L'essence et l'H2S formé sont séparés dans des ballons séparateurs successifs, dans lesquels on va soutirer un gaz riche en hydrogène renvoyé dans la boucle et une essence riche en H2S. La volonté d’élimination du soufre présent dans les carburants trouve son intérêt dans la protection des catalyseurs utilisés dans les unités de raffinage et dans le pot catalytique. Ajoutons que le soufre, une fois dans la chambre de combustion, réagit avec l’oxygène (combustion) pour former des oxydes de soufre qui, une fois dans la haute atmosphère, se transformera en acide sulfurique responsable des pluies acides. D'autre part, les autres
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produits commerciaux extraits de ce naphta tels que le propane, le butane ne doivent pas non plus contenir du soufre ou des composés sulfurés.
b) Traitement de la coupe kérosène Selon les besoins du moment, le raffineur peut fixer le point initial de coupe du kérosène à 150 °C ou à 180 °C. Le point final de distillation de cette coupe est en général de 225 °C mais peut aussi aller jusqu'à 250 °C. Si cette coupe est issue d'un brut TBTS (Très Basse Teneur en Soufre), il est inutile de la traiter. Si elle est issue d'un brut contenant du soufre, cette coupe est envoyée vers l'unité d'hydrotraitement afin d'enlever tout le soufre que celle‐ci contient. Le kérosène, débarrassé de son soufre, est envoyé au stockage pour être utilisé dans la fabrication du JET A‐1, carburant pour les avions. Les spécifications techniques du JET A‐1 sont assez sévères notamment du point de vue congélation, un peu moins au niveau de la teneur en soufre du produit. Les normes internationales pour le point de congélation du JET A‐1 sont de ‐47 °C. En effet, à 11.000 mètres d'altitude, la température extérieure peut descendre jusqu'à ‐65 °C, et on imagine aisément les conséquences pour un avion si le carburant gelait dans les réservoirs. c) Traitement de la coupe gazoles moyens et lourds La même remarque est à formuler pour les gazoles : dans le cas d’un gazole provenant d’un pétrole à haute teneur en soufre, il sera envoyé dans l’unité d’hydrodésulfuration. Le cas échéant pas. d) Traitement des résidus atmosphériques Comme dit ci avant, la première distillation est dite «atmosphérique» car elle se fait à la pression ambiante dans une colonne munie d'un certain nombre de plateaux perforés et munis de clapets, en général de 30 à 50 plateaux. Après cette première distillation, la partie résiduelle est envoyée dans une autre colonne, moins haute et comportant moins de plateaux qu'on appelle la colonne de distillation sous vide (40 mm de mercure). En effet, cette fraction résiduelle, appelée «résidu atmosphérique» contient des hydrocarbures à longues chaînes et plus les chaînes sont longues plus elles sont fragiles, dont susceptibles d'être scindées en plusieurs morceaux si le chauffage continue sous la pression atmosphérique.
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6.8 Procédés de conversion
Dans un souci de fabriquer une plus grande quantité de produits dits « légers », à plus haute valeur ajoutée, les raffineries modernes réduisent leur capacité de distillation au profit d’un accroissement des unités de conversion. Ainsi, à partir d’un brut classique, type Arabe ou Irak, la production passera de : • 20 % essences • 35 % distillats moyens • 35 % fuel lourd • 10 % autres à une production de : • 30 % essences • 45 % distillats moyens • 15 % fuel lourd • 10 % autres a) Le réformage catalytique (Catalytic Reforming) Le réformage catalytique a deux fonctions essentielles : améliorer l’indice d’octane et produire de l’hydrogène (utilisé dans d’autres organes de la raffinerie comme l’hydrodésulfuration ou l’hydrocraquage). Même si les aromatiques, recherchés en pétrochimie, sont contestés comme carburants, le réformeur est indispensable comme source d’hydrogène. Le procédé consiste donc, en première approximation, à produire des aromatiques ayant 6 à 10 atomes de carbone, avec un maximum n’en ayant que 7, 8 ou 9. Pour cela, on part de charges contenant des paraffines ou des naphtènes ayant un nombre équivalent d’atomes de carbone. La concentration en aromatique est directement proportionnelle à la valeur d’indice d’octane recherchée.
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Figure 27 noyau benzenique
Figure 28 valeur de MON RON
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b) Le craquage Le craquage catalytique est une opération qui consiste à fragmenter, sur un catalyseur acide à une température avoisinant les 500°C et à basse pression, des hydrocarbures de masses moléculaires élevées (provenant des coupes « distillat sous vide » situés dans une fraction distillant au‐dessus de 350°C, en hydrocarbures de masses moléculaires plus faibles dont la plus grande partie est constituée par une coupe essence allant de C5 + à 200°C ou 220°C. Le but recherché est donc de produire une plus grande quantité de produits légers. De plus, les essences issues de ce procédé ont un indice d’octane élevé. A l’heure actuelle, le craquage catalytique est le procédé de conversion le plus important du raffinage en termes de tonnages de charge traitée et de quantités de catalyseurs utilisés. Deux technologies coexistent en parallèle : •
Le craquage catalytique à lit fluide (catalyseur circulant) appelé aussi FCC (Fluid Catalytic Cracking)
•
L’hydrocraquage utilisant un catalyseur fixe sous une forte température de l'ordre 250 à 450 °C et une forte pression d'hydrogène (entre 50 et 150 bars)
Ces procédés permettront de produire du gaz, de l’essence et du gazole ; toujours dans ce souci de créer une plus grande quantité de produits à haute valeur ajoutée. c) L’alkylation aliphatique et isomérisation L'alkylation est une opération qui fait la synthèse des paraffines ramifiées à partir de l'isobutane et d'oléfines légères pour avoir des composants de carburants à haut indice d'octane. C'est l'opération inverse d'un craquage. La réaction est faite en phase liquide en présence d'un catalyseur qui peut être de l'acide sulfurique ou de l'acide fluorhydrique. Le composé obtenu est désigné sous le nom d'alkylat dans le jargon pétrolier et qui entre dans la composition des essences. L'isomérisation est une opération qui permet de transformer une paraffine linéaire en paraffine isomérée dans le but d'augmenter son indice d'octane. La charge d'une unité d'isomérisation est le naphta léger (C5‐C6). Le composé obtenu est désigné sous le nom d'isomérat dans le jargon pétrolier, et qui entre dans la composition des essences.
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d) La viscoréduction Dans le cadre de la valorisation des résidus, ces opérations subsistent, sous forme d’un craquage doux, destiné à diminuer la viscosité des résidus lourds pour les rendre utilisables comme fuels lourds aux spécifications commerciales. Ces fuels lourds sont utilisés comme combustible dans de gros moteurs diesels de navires ou de centrales thermiques Pour mettre en œuvre ce procédé, la charge est portée à la température de craquage dans un four tubulaire. A la sortie du four, les réactions sont interrompues par une trempe effectuée par injection de gazole ou de résidu froid. La viscoréduction s’applique : •
Aux résidus atomosphériques, où il s’agit d’obtenir le maximum d’essences et de gazole, tout en respectant les spécifications de viscosité et du stabilité du fuel résiduaire ;
•
Aux résidus sous vide, où il s’agit d’en réduire au maximum la viscosité pour en faire des fuels industriels après addition éventuelle d’un diluant léger (gazole)
6 Le stockage des carburants Il existe toujours un parc de stockage dans chaque raffinerie. Selon la complexité de la raffinerie, le nombre de bacs de stockage varie. Les bacs sont de deux sortes : les bacs à toit flottant et ceux à toit fixe. Chez les premiers, le toit flotte et suit le niveau du produit, tandis que chez les derniers, le toit est fixe. Comme le propane et le butane sont des gaz liquéfiés sous pression, on les met dans des cigares pour le propane et des sphères pour le butane. 7 Conclusion et perspectives Après avoir traversé de nombreuses crises qui ont mis en évidence son adaptabilité, l’industrie du raffinage est aujourd’hui une industrie performante et dynamique. De nombreux défis l’attendent pour faire face aux exigences du futur. Sans doute les solutions seront‐elles largement en continuité avec celles que nous connaissons aujourd’hui. Mais elles devront être plus sélectives, plus performantes ; elles concentreront au niveau des raffineries le traitement de certains problèmes collectifs : économies d’énergie, protection de l’environnement. Tout ceci nécessitera la mobilisation des capacités innovatrices de tous ceux qui contribuent au bon fonctionnement de cette industrie tant au niveau des procédés, des catalyseurs que de la conception et de l’exploitation des unités. Nous pouvons maintenant étudier sélectivement le pool essence, gazole ainsi que LPG.
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7.1 Propriétés des essences Les carburants sont en général des mélanges d'hydrocarbures : pour l'essence, on peut compter environ 20 à 30% d'alcanes de formule CnH2n+2, 5% de cycloalcanes, 30 à 45% d'alcènes et 30 à 45% d'aromatiques. Les propriétés anti‐détonantes d'un carburant sont mesurées par rapport à un mélange d'isooctane (peu détonant), dont le nom exact est 2,2,4‐ triméthylpentane, et de n‐heptane (très détonant, au contraire). Les caractéristiques attendues de l'essence sont de faciliter le démarrage à froid, assurer le chauffage du moteur, fournir un mélange air/essence le plus homogène possible. Il s'agit également d'assurer l'énergie pour les accélérations. L'essence ne doit pas former de vapeur ni de givre, ne pas engendrer de combustions anormales, ni encrasser, ni corroder le système d’alimentation ni les cylindres et enfin avoir un bon rendement énergétique. 7.2 Composition des essences L'essence est un mélange d'hydrocarbures provenant de la distillation atmosphérique du pétrole entre + ou ‐ 40°C et + ‐ 200°C, plus des additifs. La teneur en hydrocarbures doit être d'au moins 80 % (additifs compris), les 20 % restants peuvent être constitués de carburants de substitution (composés oxygénés). On divise l'essence en 3 catégories de produits : les légers, les moyens et les lourds. Ces composés interviennent de diverses manières dans l'utilisation. Produits légers Ils sont importants pour les démarrages à froid. A basse température, ce sont eux qui sont volatilisés et qui permettent la combustion. Ils doivent aussi réchauffer le moteur pour permettre une bonne évaporation du reste du carburant. Il ne faut pas tomber dans l’excès contraire car lors de fortes chaleurs, il peut se former des tampons de vapeur qui interrompraient le flux de carburant. Produits moyens Ils sont utilisés lorsque le moteur est en régime. Produits lourds Ce sont les produits qui ont le pouvoir calorifique le plus élevé et qui devraient fournir la plus grande partie de l’énergie. Malheureusement, ils sont difficilement vaporisables et ces composants de l’essence vont rester imbrûlés et encrasser les cylindres, diluer l’huile. Ce sont aussi les composants les plus polluants.
Chapitre 7 : Le pool essence
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7.3 Courbe de distillation La teneur en composés légers, moyens et lourds peut‐être approchée par la courbe de distillation. Le mode de fonctionnement d'un moteur est lié à la part de volume vaporisée à trois températures spécifiques (70°C, 100°C et 150°C) de la courbe d'ébullition, Le volume vaporisé à 70°C doit être suffisamment important pour permettre au moteur froid de démarrer facilement (très important pour les moteurs anciens à carburateur), mais suffisamment limité pour qu'il n'y ait pas formation de bulles quand le moteur est chaud. Le pourcentage de carburant vaporisé à 100°C détermine le comportement lors de la mise en action de même que l'aptitude opérationnelle et le comportement en accélération du moteur chaud. Le volume vaporisé à 150°C ne doit pas être trop faible afin d'éviter la dilution de l'huile lubrifiante, surtout si le moteur est froid.
Figure 29 courbe de distillation
Cette courbe représente la quantité d'essence distillée en fonction de la température. La température atteinte lorsque 10 % de la quantité d'essence analysée est passée, donne une idée de la quantité de produits légers. Cette température se situe entre 50 et 60 °C. Le point 50 % nous renseigne sur la quantité de produits moyens. Il se situe habituellement entre 90 et 110°C. Le point 90 %, pour les produits lourds, entre 180°C et 190°C. On a remarqué que plus le point 90 % est élevé, plus le mélange se distribue mal dans les cylindres. On définit également d'autres points caractéristiques sur cette courbe comme le point initial (38 °C) et le point final ( 55 °C). Une faible quantité d'essence (moins de 3 %) suffit à abaisser le point d'éclair du gazole et à le rendre ainsi inflammable à la température ambiante. Enfin, notons la teneur en soufre dans les essences. Les carburants destinés aux systèmes d'injection directe (BDE, GDI) doivent avoir une faible teneur en soufre en raison de la présence d'un pot catalytique. Les produits de combustion sulfureux rendent les pots catalytiques inactifs par réaction avec le platine et formation d’un composé sans propriétés catalytiques : le sulfure de platine PtS. Pour cette raison et pour diminuer les émissions de S02, les compagnies pétrolières seront contraintes à l'avenir de réduire encore davantage la teneur en soufre des carburants; une teneur 500 °C). L'huile est moins vite dégradée car il n'y a pas de dilution de l’huile et moins d'usure (pas de particules abrasives). a) Gaz naturel volatil (GNV) Il s'agit principalement de méthane comprimé. Sa combustion ne produit que très peu de polluants. Caractérisé par un rapport H/C plus élevé que celui des autres carburants, il génère aussi moins de C02. Le GNV est utilisé à titre expérimental à la fois pour les moteurs diesel et pour les moteurs à essence. Dans le cas des moteurs diesel, il n'y a pratiquement aucune formation de suie. Utilisation du GNV oblige néanmoins à transformer les véhicules. Quelques autres types de carburants existent : Alcools carburants, émulsions, diesters…
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10.1 Composition d’une huile Le principal constituant des huiles est bien sûr l'huile de base (entre 80 et 90%). Il peut s'agir d'une seule huile ou d’un mélange. Elles peuvent être naturelles ou synthétiques.
Chapitre 10 : Les huiles
Les huiles naturelles sont des composés tirés du pétrole par la distillation sous vide. Les qualités des huiles de base obtenues varient suivant la teneur en différents hydrocarbures constituant cette huile. Suivant la provenance, on retrouve 3 types d'huiles : Les paraffiniques riches en composés saturés. Les naphténiques riches en composés cycliques. Les benzéniques riches en composés du benzène. Les huiles de synthèse, plus chères, sont de très bonnes qualités car ils sont pratiquement faits à la "carte". Ils se composent d'esters de diacides, esters de polyols, hydrocarbures aliphatiques et éthers de polyglycols. Par rapport aux huiles actuelles, les synthétiques ont une plage d'utilisation beaucoup plus grande (‐30 °C à +250 °C), une meilleure propriété lubrifiante, une plus grande résistance à l'usure par fatigue, une stabilité thermique et un indice de viscosité plus élevé, et donc une longévité accrue. Les huiles minérales sont les produits de distillation et de raffinage du pétrole ou du charbon. Elles se composent de nombreux hydrocarbures de structures chimiques diverses. Selon la nature des structures dominantes, on parle d'huiles à tendance paraffinique (hydrocarbures saturés linéaires), naphténique (hydrocarbures saturés cycliques ayant, en général, 5 ou 6 atomes de carbone périphériques) ou aromatique (ex. alkybenzènes).Les propriétés physico‐chimiques de ces huiles peuvent différer fortement. 10.2 Mesure de la viscosité La viscosité est une grandeur physique qui mesure la résistance interne à l’écoulement d’un fluide, résistance due au frottement des molécules qui glissent les unes contre les autres. Plusieurs grandeurs physiques sont reliées à la viscosité : Viscosité dynamique η : soit une force de frottement F s’exerçant à la surface de séparation de deux couches et qui s'oppose au glissement d'une couche sur l'autre. Cette force F est proportionnelle à la différence de vitesse des couches soit dv, à leur surface S et inversement proportionnelle à dx qui correspond à l’épaisseur de fluide séparant les deux couches. Le facteur de proportionnalité η est le coefficient de viscosité dynamique du fluide.
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Dans le système international (SI), l'unité de viscosité est le Pa.s ou Poiseuille (Pl), tandis que dans l’ancien système d'unités (CGS) : l'unité est le Poise (Po) ; 1 Pl = 10 Po Le rapport F/S correspond au taux de cisaillement et le rapport dv/dx représente le gradient de vitesse existant entre les deux couches de fluide. Dés lors, à partir de l’équation précédente, on peut écrire que : Afin de déterminer la viscosité d’un échantillon à différentes températures, vous utiliserez au laboratoire un viscosimètre rotatif de type Brookfield. Celui‐ci permet d’utiliser différents accessoires selon la nature du fluide et la gamme de viscosité à mesurer, notamment différents arbres ou différents ensembles arbre/cylindre. L’appareil est équipé d’un bain thermostatisé et d’une sonde de température. Il est également possible de faire varier la vitesse de rotation de l’arbre de manière à rester dans la gamme correcte de mesure du couple M qui est donné par le viscosimètre.
Figure 33 Brookfield
Viscosimètre
Ainsi, considérons un arbre cylindrique de rayon Ra et de longueur L tournant avec une
certaine vitesse angulaire ω dans un cylindre contenant l’huile à étudier. Si ce cylindre a un rayon intérieur Rc et si M est la valeur du couple résistant à la rotation (valeur lue sur le viscosimètre), pour une température donnée, on peut facilement déterminer le taux de cisaillement par application de la formule suivante :
Concernant le gradient de vitesse, si on utilise un arbre et un cylindre qui ont des diamètres
très proches, on pourra écrire que :
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Finalement, à partir de ces deux formules, on détermine la valeur de la viscosité η à une température donnée. L’essai consiste alors à relever différentes valeurs de couple M et à tracer un graphique correspondant à l’évolution de la viscosité en fonction de l’augmentation progressivement de la température de l’huile. On peut ainsi déterminer l’indice de viscosité (voir laboratoire) qui est un nombre caractérisant la variation de la viscosité de l’huile en fonction de la température. Plus cet indice est élevé et plus la variation de viscosité est faible, et inversement. Viscosité cinématique ν : est le rapport de la viscosité dynamique η et de la masse volumique ρ. Cette grandeur est utilisée lorsque l’on ne souhaite pas tenir compte de l’influence de la température sur la masse volumique du fluide. Dans le système international (SI), l'unité de viscosité cinématique est le m2/s, tandis que dans l’ancien système d'unités (CGS) : l'unité est le Stoke (St) ; 1 m2/s = 106 cSt. Par exemple, une huile dont la viscosité cinématique est de 25 cSt à 20 °C sera 25 fois plus visqueuse que l'eau. La fluidité : est l'inverse de la viscosité dynamique On sera donc particulièrement attentif à la variation de la viscosité en fonction de la température. En effet, le fonctionnement du moteur ne se produit pas à température constante. Au démarrage et particulièrement en hiver, l’huile est froide et visqueuse ; puis, lorsque le moteur est en régime, la température de l’huile se stabilise entre 80 et 100°C dans le carter, mais atteint 200°C et plus dans le film qui recouvre les cylindres. Il faut donc qu’entre ces limites, l’huile assure ses diverses fonctions.
10.3 Viscosité d’une huile La viscosité d'une huile pour moteur doit être choisie avec rigueur. C'est en effet elle qui conditionne la tenue de l'huile face à bon nombre des fonctions à remplir. A froid, la viscosité doit être assez faible pour assurer le démarrage, l'étanchéité du moteur et la lubrification rapide du cylindre. A chaud, la viscosité doit être suffisante pour maintenir un film d'huile sur les parois afin de lubrifier correctement les pièces et empêcher la corrosion. La viscosité est une caractéristique propre à chaque liquide. C'est en quelque sorte l'image des forces d'attraction entre les molécules du fluide. On parle encore d'onctuosité, d’épaisseur. L'inverse de la viscosité est la fluidité. Lorsqu'on veut déplacer une portion de fluide par rapport à une autre portion fixe, on rencontre une force résistante de frottement. Cette dernière est fonction de la vitesse de déplacement, de la distance entre
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les deux portions, de la surface et aussi du fluide lui‐même. La viscosité est ainsi la force nécessaire par unité de surface pour maintenir entre deux portions de fluides, distants de h à une vitesse v. Elle s'exprime en Pa.s (MKS) ou en Poise (CGS). Pour éliminer l'influence de la température sur la masse volumique du fluide, on utilise plutôt la viscosité cinématique qui est égale à la viscosité dynamique divisée par la masse volumique. Elle s'exprime en m2/s (1 mm2/s = 1 cS t) (MKS) et en Stokes (CGS). On exprime aussi la viscosité en d'autres unités qui sont des unités relatives telles que le degré Engler, le degré Redwood,... Ces unités sont définies par le procédé qui permet de mesurer la viscosité, comme par exemple la facilité avec laquelle le fluide peut s'écouler au travers d'un orifice calibré. La viscosité est utilisée pour identifier les huiles. On peut ainsi classer les huiles dans des catégories définies qui sont utilisées par les services administratifs. On parle de classification SAE. La viscosité doit être choisie assez élevée pour maintenir un film sur les parois mais assez faible pour ne pas trop augmenter les frottements fluides. C'est donc un critère de choix important. Sur les huiles en service la variation de la viscosité peut être un indicateur de la dégradation de réglages du moteur (dilution, additifs usés,…).
igure 35 Evolution de la viscosité d'une huile en fonction de la température La viscosité varie essentiellement avec la température. Lorsque la température augmente la viscosité diminue. D'abord très rapidement, ensuite de moins en moins vite et enfin très peu lorsqu'on approche les 80 °C. Ceci correspond à une courbe hyperbolique. On peut également introduire la notion d’indice de viscosité. Obtenu par calcul, cet indice caractérise la variation de la viscosité d'un produit à base d'huiles minérales en fonction de la température. Plus l'indice est élevé, moins la viscosité dépend de la température. D'après ce qui précède, la viscosité doit augmenter avec la température. Or, c'est l'inverse qui se produit. Il faut donc essayer que la diminution la viscosité soit la plus faible possible. Cette variation est mesurée par l'indice de viscosité.
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La classification internationale SAE (Society of Automotive Engineers) prend en compte comme critère principal la viscosité du lubrifiant. Elle ne renseigne pas sur la qualité de l'huile. Il est fait la distinction entre huiles monogrades et multigrades. Les huiles multigrades sont aujourd'hui les plus répandues. Le classement s'effectue en deux catégories repris dans le tableau suivant : Classe de Viscosité apparente à ‐18°C en Viscosité cinématique à 100°C en Viscosité SAE mPa.s mm²/s Min Max 5W … 1250 3.8 10W 1250 2500 4.1 15W 2500 5000 5.6 20W 5000…10000 5.6 20 5.6
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