Cheval

December 31, 2017 | Author: Imhotep72 | Category: Horus, Chariot, Horses, Pharaoh, Grave
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Egypt- Meeks...

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MONOGRAPHIES D’ARCHÉOLOGIE MÉDITERRANÉENNE

LES

ÉQUIDÉS

D A N S LE M O N D E MÉDITERRANÉEN ANTIQUE

Actes du colloque organisé par l’École française d’Athènes, le Centre Camille Jullian, et l’UMR 5140 du CNRS

Athènes, 26-28 Novembre 2003

Édités par Armelle GARDEISEN

Ouvrage publié avec le concours du Centre National de la Recherche Scientifique (UMR 5140 et UMR 6573) et de l’École française d’Athènes. PUBLICATION DE L’UMR 5140 DU CNRS « Archéologie des sociétés méditerranéennes : milieux, territoires, civilisations » ÉDITION

DE L’ASSOCIATION POUR LE

DÉVELOPPEMENT DE L’ARCHÉOLOGIE LATTES 2005

EN

LANGUEDOC-ROUSSILLON

L’introduction du cheval en Égypte et son insertion dans les croyances religieuses Dimitri MEEKS Les découvertes archéologiques récentes permettent aujourd’hui de préciser quelque peu les dates et les conditions de la diffusion du cheval en Égypte. Même si le corpus des vestiges osseux demeure modeste, l’iconographie et l’épigraphie s’enrichissent régulièrement de nouvelles trouvailles. Animal à la fois d’apparat et à vocation militaire, il jouait aussi un rôle dans les transports et les communications, mais également la religion. Dans une société où la religion tient une place importante et dans laquelle l’animal a souvent une position privilégiée, l’arrivée d’une espèce nouvelle constitue un événement dont les conséquences n’ont, à ce jour, guère intéressé les chercheurs. Le cas du cheval est ici particulièrement illustrant. Les documents qui témoignent de la présence du cheval dans le domaine religieux sont rares, mais sont riches d’enseignements et laissent deviner une implication plus profonde dans les pratiques religieuses que la modestie des témoignages ne pourrait le laisser supposer. L’introduction du cheval en Égypte par les Hyksôs, à partir du XVIIe siècle av. J.-C., est un fait généralement admis. Les découvertes archéologiques faites au cours de ces vingt-cinq dernières années permettent cependant de préciser quelque peu les dates et les conditions de cette diffusion qui s’est faite, semble-t-il, progressivement. Jusqu’à une époque récente, on pensait que le squelette de cheval le plus ancien que l’on ait trouvé dans la vallée du Nil est celui découvert dans la forteresse de Buhen en Nubie. L’animal était couché sur le pavement de briques des remparts du Moyen Empire. Il était recouvert de débris sur lesquels reposaient des vestiges du Nouvel Empire. Directement audessus de la carcasse, se trouvait un lit de cendres et de fragments de bois carbonisés (1). Aucune datation au C14 n’ayant été possible sur les os, à cause du manque de collagène dans ces derniers, ce sont ces fragments qui ont servi à la datation du squelette vers 1675 av. J.-C. Celle-ci se trouvant corroborée par le contexte archéologique, il a été admis qu’il s’agissait là du plus ancien témoignage de la présence du cheval dans la vallée du Nil. Toutefois, le fait que la datation ait été obtenue de façon indirecte a suscité quelques doutes quant à sa validité (2). Il est vrai que la découverte demeurait isolée et la date, particulièrement ancienne pour l’Égypte, ne se trouvait confirmée ni par les textes ni par l’iconographie. L’idée que le cheval ait pu être introduit en Égypte et dans la haute vallée du Nil par les Hyksôs demeurait, pour certains, douteuse. Les fouilles faites à l’Est du delta du Nil depuis un peu plus de vingt ans ont toutefois apporté quantité d’informa-

tions nouvelles. A Tell el-Dab’a, d’abord, qui fut la capitale des Hyksôs, les premiers vestiges osseux de chevaux commencèrent à apparaître dès 1976 (3). Bien que modestes ils appartiennent, d’après le contexte archéologique, pour certains d’entre eux, à la 13ème dynastie (ca 1750-1700 av. J.-C.) et se révélaient donc plus anciens que le cheval de Buhen. D’autres restes du même site, mais aussi de Tell Heboua, dans le Sinaï, aux franges nord-est de l’Égypte, datant de la fin de la période Hyksôs (vers 1600 av. J.-C.) vinrent compléter le tableau (4). Nous disposons désormais de suffisamment d’éléments pour pourvoir associer définitivement l’arrivée du cheval dans la vallée du Nil aux Hyksôs, dès la seconde moitié du XVIIIe s. av. J.-C. de notre ère, époque à laquelle ceux-ci commencent à s’infiltrer dans le Delta (5). Il devient probable, également, que le cheval de Buhen s’insère dans cette tranche chronologique. Sa présence en Nubie, comme cela a été déjà dit, serait alors due aux relations qui s’étaient établies entre les populations locales et les Hyksôs dans le Delta, les communications se faisant par les routes du désert occidental, le long de la chaîne des oasis. Les indices indirects d’une présence du cheval associé au char léger en Égypte dès cette période sont en revanche fort minces et très discutables. Ainsi, W. Helck (6) a supposé que la paire de gants, figurée sur une stèle privée datée d’un roi Didoumès (vers 1640 av. J.-C.), contemporain du premier souverain Hyksôs, témoigne de l’usage du char léger en Haute Égypte dès cette période. Mais on objectera que les gants ne servent pas seulement à se protéger les mains du frottement des rênes ; on en trouve représentés, par exemple, parmi l’attirail qu’un notable emporte, avec ses sandales, dans sa barque de pêche, à l’Ancien Empire (7). On retiendra, également, dans un texte datant d’Amenemhat II (ca 1860 av. J.-C.) la mention possible de roues à six rais (?) ramenées du Proche-Orient et qui auraient pu faire partie de chars légers (8). Mais, là encore, la chose n’est pas certaine et, d’ailleurs, si char il y a, cela n’implique pas nécessairement que le cheval en ait été l’animal de trait (9). Si l’on se tourne maintenant vers l’iconographie, quelques fragments de reliefs trouvés récemment à Abydos, dans le temple du pharaon Ahmosis qui combattit les Hyksôs (ca 1530 av. J.-C.), offrent les représentations les plus anciennes actuellement connues de l’animal et du char en Égypte (10). Cellesci demeurent peu fréquentes jusqu’au règne de Thoutmosis III (ca 1467-1413 av. J.-C.) pour devenir de plus en plus courantes (11). Dans l’épigraphie, le signe hiéroglyphique du cheval

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apparaît également pour la première fois sous le règne d’Ahmosis (12), celui de cheval monté, sous Aménophis III (ca 1379-1340 av. J.-C.) seulement (13). On note que le signe du char attelé et conduit par un aurige n’est apparemment connu que dans les textes hiéroglyphiques de l’époque hellénistique (14). La chose est évidemment étrange. En effet, l’Égypte, jusqu’au moins la fin du Nouvel Empire, n’a guère connu de cavalerie au sens propre, le cheval monté n’étant utilisé que par des troupes d’éclaireurs ou d’espions (15), si l’on excepte un escadron de cavaliers nubiens dont les attributions, d’ailleurs, ne peuvent être clairement établies (16). Le roi et les hauts dignitaires n’étaient pas censés pratiquer la monte, exercice jugé peu digne de leur rang, encore que la documentation, à cet égard, soit ambiguë (17). Les chevaux attelés, au contraire, si l’on en croit les textes et l’iconographie, ont joué un rôle prépondérant dans les opérations militaires. C’est ainsi que sur les reliefs d’Ahmosis, mentionnés plus haut, ils sont effectivement attelés à des chars engagés dans un combat et que les premiers vestiges osseux semblent être ceux d’animaux morts au combat (18). Cette iconographie, et ses différentes connotations deviennent, au cours du Nouvel Empire, à ce point évocatrices de la supériorité militaire égyptienne qu’elles inspirent fortement toute celle du Proche-Orient à cette époque (19). Du point de vue lexical, le nom du cheval, en égyptien ssm.(t), apparaît dans les textes pour la première fois dans l’inscription autobiographique d’Ahmès fils d’Abana, dans un passage relatant sa participation à une campagne militaire en Syrie aux côtés du pharaon Thoutmosis Ier (ca 1483-1470 av. J.-C.) (20). Le mot est évidemment d’origine étrangère et, comme cela a été montré depuis longtemps, a été emprunté à une langue sémitique parlée en Syro-Palestine durant les XVIeXV e s. av. J.-C. (21). Le mot sémitique, lui-même, est un emprunt et l’on a considéré, en dernier ressort, que son origine était indo-européenne, une hypothèse parfois contestée (22). Curieusement, les textes relatifs aux campagnes de Kamosis (ca 1545-1539 av. J.-C.) contre les Hyksôs ne parlent que d’attelages (Ìtr) et l’on en a déduit qu’il s’agissait bien d’attelages de chevaux (23). Le terme en question est bien égyptien et désigne, dès l’Ancien Empire, l’attelage de bovins utilisé pour le labour. On ne voit cependant pas ce qu’un attelage de ce type viendrait faire dans ce contexte et l’hypothèse selon laquelle Kamosis utilisa des chars attelés de chevaux reste la plus plausible. Le terme Ìtr est le seul, en fait, qui survivra en copte (jto, fém. jtwre), stade ultime de la langue égyptienne, pour désigner spécifiquement le cheval (24). Cette élimination du terme sémitique indique probablement que celui-ci était considéré essentiellement comme un animal de trait. L’ensemble des éléments réunis conforte encore l’hypothèse selon laquelle l’introduction du cheval est bien liée à l’arrivée des Hyksôs dans la vallée du Nil. Toutefois, entre la date attribuée aux premiers vestiges anatomiques, au milieu du

XVIIIe s. av. J.-C. et le moment où le cheval devient un animal bien implanté, au moins dans la sphère royale et dans l’armée, vers le milieu du XV e s. av. J.-C., il s’écoule près de trois siècles. De plus, pendant deux siècles environ, du milieu du XVIIIe au milieu du XVIe s. av. J.-C., les seuls témoins de sa présence dans la vallée du Nil, sont des vestiges anatomiques localisés soit dans le nord-est du Delta, soit en Nubie. Il semble donc que, durant une longue période, qui est précisément celle de la Deuxième période intermédiaire, les pharaons autochtones n’eurent pas accès aux possibilités offertes par l’animal, ne purent en pratiquer l’élevage et se familiariser avec les techniques de dressage. Les Hyksôs auraient alors fait écran, en occupant de façon prolongée les zones frontalières au nord-est de l’Égypte, et empêché le pays d’entrer en contact avec le cheval (25). On conçoit, en effet, que ceux-ci se soient réservés l’avantage qu’il procurait et ne se soient pas souciés d’en faire profiter les Égyptiens. Ce n’est que durant les trois quarts de siècle qui suivirent l’expulsion des Hyksôs que l’Égypte put accéder aux différentes techniques, principalement militaires, qui s’y rattachaient et les maîtriser. Toutefois, si cette analyse est satisfaisante pour l’esprit et concorde avec les données matérielles, elle ne peut se suffire à elle-même ; d’autres facteurs ont dû jouer. En effet, si la présence supposée du cheval domestiqué dans le Néguev au dernier tiers du quatrième millénaire résulte d’une erreur d’analyse (26), son existence en Syrie du Nord vers le milieu du troisième millénaire (27), ainsi d’ailleurs qu’en Mésopotamie à la même époque (28), est maintenant confirmée alors que les échanges entre la vallée du Nil et le Levant étaient bien établis. L’absence du cheval en Égypte, bien avant l’arrivée des Hyksôs, paraît donc surprenante de prime abord. D’aucuns pensent qu’il s’agit d’un simple accident documentaire et qu’à terme de nouvelles découvertes viendront combler ce hiatus chronologique (29). Mais on constate aussi que le cheval est très étroitement lié au char et que son utilité même n’a peut-être pas été perçue par les Égyptiens en dehors de cette association. Or le char léger avec roues à rais apparaît en Anatolie vers 2000 av. J.-C. avant de se répandre dans tout le Proche-Orient (30). Tout au mieux peuton espérer trouver des témoignages du Moyen Empire, surtout si la mention de roues à rais sous Amenemhat II, comme on l’a mentionné plus haut se révèle exacte. Mais on peut aussi penser que le char léger n’était pas connu des Égyptiens avant l’arrivée des Hyksôs ; la question reste ouverte. Ce n’est là qu’un tableau très rapide qui laisse de côté quantité de questions. Par exemple, pourquoi les souverains égyptiens n’ont-ils pas eu les moyens, pendant si longtemps, de se procurer chevaux, attelages et compétences pour le dressage et la maîtrise de la manœuvre ? Quels sont les moyens, ne serait-ce qu’économiques (31), qui permirent à Kamosis et Ahmosis de disposer enfin de ces armes et de la capacité à les utiliser de façon efficace ? Quoi qu’il en soit, le cheval est bien acclimaté en Égypte au milieu du XVe s. av. J.-C. C’est alors, comme dans beaucoup

L’INTRODUCTION DU CHEVAL EN ÉGYPTE d’autres cultures, un animal prestigieux, réservé à la cour, l’aristocratie et l’élite militaire. Les campagnes menées au Proche-Orient par les pharaons en ramènent un grand nombre sous forme de butin. A l’issue de la bataille de Megiddo, Thoutmosis III ramena 2238 chevaux et 924 chars légers, témoignages, sans doute, d’une volonté d’équiper son armée de façon plus appropriée (32). Cela va permettre rapidement un élevage qui prendra de l’extension au cours de la période ramesside (XIIIe-XIIe s. av. J.-C.). Même s’il n’existe pas de témoignages directs de cette pratique, la mention de pâturages et d’écuries ne laisse pas de doute quant à son existence (33). Les vastes écuries découvertes à Pi-Ramsès dans le Delta oriental, capitale de Ramsès II et de ses successeurs, pouvant héberger plus de 300 individus (34), montrent à la fois l’importance qu’avait prise le cheval dans la société égyptienne et les soins dont on l’entourait. La fouille n’en est pas achevée et ses résultats demeurent encore inédits pour l’essentiel. Toutefois, les informations qui nous ont déjà été livrées font apparaître les liens étroits qui unissaient les écuries et l’armurerie attenante à la résidence royale elle-même mais, surtout, font état de certains détails architecturaux qui révèlent le statut très particulier de l’animal. Les stalles étaient pourvues d’une porte dont le seuil, les montants et le linteau étaient en pierre. Ce qui subsiste de quelques linteaux laisse penser qu’on y trouvait les cartouches du roi et la représentation de l’animal, peut-être accompagné de son nom. Dans un cas, le cheval serait figuré dans une attitude qui ressemble à celle de la prière devant les cartouches de Ramsès II (35). Or, tout cela montre que ces encadrements de portes étaient exactement calqués sur ceux des habitations humaines de l’époque. Sur leur linteau, l’occupant de la demeure se faisait représenter, avec son nom et ses titres, en prière devant les cartouches du roi. On ne peut en déduire qu’une chose : le cheval était considéré comme un fidèle serviteur du souverain, au même titre que les différents fonctionnaires habitant la capitale. L’attribution de noms aux chevaux du roi, ou à d’autres animaux familiers, est une pratique bien connue dans l’Égypte ancienne (36). Ceux qui étaient au service de Ramsès II ont ainsi fait l’objet d’un petit texte, récemment exhumé et malheureusement en mauvais état, où il est question des soins qu’on leur prodigue et, apparemment, des séances de dressage qu’on leur fait suivre, sans qu’aucun détail vraiment utilisable nous soit fourni (37). Bien que la médecine vétérinaire ait été connue, pour le bétail par exemple, aucun traité d’hippiatrie, même fragmentaire, ne nous est pour l’instant parvenu. Le rôle du cheval et de la charrerie dans l’organisation militaire de l’Égypte ancienne ont été étudiés à plusieurs reprises ainsi, d’ailleurs, que sa qualité d’animal d’apparat et de prestige (38). Cependant, vu l’importance du cheptel, que l’on devine, il est bon de se demander si le cheval ne servait qu’à ces usages plus ou moins occasionnels. Ainsi l’affirmation de Diodore (I, 45. 7) selon laquelle l’Égypte disposait d’une centaine de relais de poste entre

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Memphis et Thèbes se trouve partiellement confirmée par une inscription gravée sur plusieurs stèles, découvertes à Thèbes, à l’aboutissement d’une piste traversant la boucle de Qena. La piste y est nommée “la route des chevaux”, ce qui indique bien qu’elle était utilisée par des courriers ou peutêtre, durant les périodes troublées, par des éclaireurs à cheval (39). Ces inscriptions datent du début de la 21ème dynastie (vers 1140 av. J.-C.), mais leur inventeur John Coleman Darnell rappelle, à juste titre, que les papyrus grecs de Panopolis (IIIe s. ap. J.-C.) font mention de lettres pouvant parvenir en une seule journée à Hermopolis située à plus de 190 km de là. Un tel exploit n’est possible que si l’on évite les routes de la vallée, ses villages, ses canaux et ses cultures et que l’on se déplace à cheval en utilisant des relais. Sans doute, les deux séries de documents sont séparées dans le temps par plus de treize siècles et toute comparaison demeure délicate. Toutefois, le nom même donné à la route, les distances à parcourir, suggèrent d’autant plus ce type de courrier que Darnell a effectivement découvert deux stations sur cette route. Sur un rocher, près de celle située à mi-parcours, il a relevé un graffite représentant un cavalier. Sur une route située plus au Nord et rejoignant la précédente aux deux tiers de son trajet, une station abonde en représentations de chevaux ; les inscriptions alentour datent de la première moitié de la 18ème dynastie (1500-1450 av. J.-C.) et pourraient indiquer que cette route est nettement plus ancienne que la précédente. Tout cela ne prouve évidemment pas l’existence d’un service de poste régulier, mais indique bien que des chevaux étaient au moins employés pour parcourir et surveiller certaines pistes du désert d’importance stratégique (40). La question de l’hippophagie n’a jamais été traitée, mais il est vrai que la documentation est particulièrement pauvre dans ce domaine et ne permet pas d’aboutir à de véritables certitudes. Sur le site de Bouto, dans le Nord-Ouest du Delta, dans un contexte daté de l’époque saïte (VIIe-VIe s. av. J.-C.), on a trouvé plusieurs ossements de chevaux dont un portait clairement des marques de découpe (41). C’est pratiquement le seul indice dont nous disposons, pour l’époque pharaonique, mais il ne constitue pas une preuve suffisante d’un usage alimentaire du cheval (42). On y ajoutera, non sans les précautions d’usage, parmi les mets d’un repas funéraire déposé dans une tombe de la 18ème dynastie, voisinant avec de la volaille et des pièces de bœuf, une mâchoire et un sabot de cheval. Outre que les qualités gustatives de ces offrandes sont problématiques, leur identification reste sujette à caution, puisqu’elle découle des seules notes prises sur le terrain par le fouilleur en 1905-1906 et que l’on ignore, aujourd’hui, où sont conservés les objets trouvés au cours de cette fouille (43). On conviendra donc que si hippophagie il y eut, la pratique n’en fut que très occasionnelle. Il est, enfin, un domaine que la recherche n’a pratiquement jamais exploré, c’est celui de la place du cheval dans la religion égyptienne, essentiellement avant l’époque ptolémaïque. Dans

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une civilisation où l’animal joue un rôle prépondérant, l’arrivée d’un nouveau venu permet de voir comment il peut s’insérer, ou non, dans les croyances et les pratiques religieuses. Évoquons, rapidement, les sépultures de chevaux. Cellesci ne sont pas très nombreuses, mais obéissent à peu près au schéma habituel des sépultures d’animaux familiers, chiens et chats par exemple, que leur propriétaire voulait honorer. Les sépultures les plus anciennes datent du début de la 18ème dynastie (ca 1500 av. J.-C.) à Tell el-Dab’a-Avaris ; elles se mêlent à des sépultures humaines et, comme ces dernières, ne comportent pas d’offrandes (44). Ces tombes étant regroupées au pied d’un mur, on a supposé qu’il s’agissait de cavaliers morts au combat et enterrés avec leur monture. Seule la date, qui correspond à celle des assauts menés par les Égyptiens contre la capitale Hyksôs, la nature plutôt hâtive et désordonnée des enterrements autorise cette hypothèse qui reste à confirmer. Pratiquement de la même date, une sépulture de cheval, sur l’île de Saï au Soudan, simple fosse sans offrandes, était incluse dans une petite nécropole de neuf tombes, sans que l’on sache quel lien exact, s’il y en avait un, les unissait (45). Le cheval, enterré un peu plus tard (ca 1450 av. J.-C.) devant le tombeau de Senenmout, le célèbre architecte de la reine Hatchespout, apporte quelques informations intéressantes (46). Enseveli sous des gravats, un énorme sarcophage de bois, non décoré, renfermait l’animal soigneusement enveloppé dans des bandelettes. Une fois celles-ci enlevées on découvrit un corps non momifié et portant encore sur le dos un tapis de selle ou, plus exactement, un tapis servant de selle avec ses courroies d’attache (un ephippion au sens strict). Aucune offrande, là encore, ne fut déposée. Les gravats qui recouvraient le sarcophage provenaient de la tombe de Senenmout, en cours de construction, ce qui assure la date de l’enterrement et laisse penser, avec un degré raisonnable de certitude, que l’animal appartenait bien au dignitaire. Plus curieux encore est le cheval trouvé à Soleb, également en Nubie, et un peu plus récent que celui de Senenmout (ca 14001360 av. J.-C.). Dans un caveau taillé dans le sol rocheux, auquel on accédait par un puits, furent trouvés six squelettes humains. Après que le caveau eut été muré, un cheval fut inhumé au fond du puits et, plus tard, un défunt que l’on posa pardessus lui vint le rejoindre (47). De toute évidence, l’animal avait appartenu à l’un des occupants de cette sépulture. Son squelette porte de nombreuses traces de morsures et de griffades et certains os sont brisés. Il se pourrait donc qu’il fut assailli par des carnassiers et en partie dévoré. Les parties du squelette portant le plus grand nombre de ces marques se trouvent sur le côté reposant sur le sol, ce qui exclut qu’elles aient été faites après qu’il a été déposé dans le puits. Là encore, aucune offrande n’accompagnait l’animal. Ce n’était pas le cas d’un des chevaux trouvés dans une tombe réemployée de l’Ancien Empire, à Saqqara près de la pyramide à degrés de Djéser. Celui-ci était enfermé dans un

sarcophage peint mais non inscrit, momifié et emmailloté (48). Près de l’extrémité Est était déposée une offrande alimentaire faite de différentes pièces de viande. Un autre individu, dont la tête avait disparu, était allongé sur une natte près du côté Nord du sarcophage ; du troisième ne subsistait plus qu’un sabot. Sous ces animaux, et séparés par une couche de sable, se trouvaient quatre sarcophages, d’humains cette fois, et dont le fouilleur assure qu’ils sont contemporains des chevaux. L’ensemble est difficile à interpréter et encore plus à dater. La seule certitude dont on dispose est qu’ils sont antérieurs à l’époque ptolémaïque et postérieurs à l’époque ramesside (fin du XIe s. av. J.-C.). Un dernier détail mérite attention, celui de l’orientation. La plupart des chevaux avaient le corps allongé d’Est en Ouest, la tête étant du côté Est. Seuls les chevaux de Saqqara avaient la tête à l’Ouest. Un des individus d’Avaris était allongé Nord-Sud avec la tête au Sud. C’était également l’orientation du cheval de Senenmout, mais la position de la tête ne nous est pas connue. Dans l’ensemble, ces sépultures respectent les orientations choisies pour les humains, ce qui laisse logiquement supposer, comme le soulignent encore les offrandes, dans un des cas, que les animaux en question étaient supposés avoir une vie dans l’au-delà. Du point de vue des croyances égyptiennes cela n’a rien d’étonnant, mais soulève au moins un problème, celui de l’extrême rareté des sépultures chevalines en Égypte, alors que l’animal jouissait apparemment d’un statut particulier, au point qu’un texte magique, censé protéger contre les animaux venimeux et les crocodiles, dans son énumération des êtres à protéger, mentionne les chevaux immédiatement après les humains et avant le bétail (49). On remarque, en tous cas, que le cheval n’a pas eu le statut d’animal sacré, mais simplement, nous allons le voir, celui de symbole ou de support du divin. Cependant avant d’aborder ces questions, il convient de faire un dernier détour par la Nubie et évoquer les sacrifices de chevaux, une pratique qui s’y trouve bien attestée mais qui est étrangère à l’Égypte. Il suffit de dire ici que la pratique, qui s’étend sur plus d’un millénaire de l’époque napatéenne (VIIe s. av. J.-C.) au début de la christianisation (Ve s. ap. J.-C.), avec une longue interruption entre, s’insère dans une série de rites funéraires royaux ou princiers où elle symbolise, au terme d’un défilé triomphal, “le charisme impérial de la victoire” pour reprendre les termes de Patrice Lenoble qui lui a consacré une étude détaillée (50). Pour aborder plus directement le rôle du cheval dans la religion, on se souviendra qu’il fut introduit en Égypte par des populations venues du Proche-Orient. Dès lors, la présence, dans le panthéon égyptien de divinités cavalières orientales, au premier rang desquelles Astarté ne peut surprendre. Cette divinité a été fort logiquement adoptée avec sa monture. Curieusement, comme le souligne Jean Leclant dans l’étude qu’il lui a consacrée (51), Astarté à cheval est somme toute mieux connue en Égypte qu’au Proche-Orient. Si la déesse est déjà connue en Égypte sous Aménophis II, la représentation

L’INTRODUCTION DU CHEVAL EN ÉGYPTE équestre la plus ancienne que l’on en connaisse date de Thoutmosis IV (ca 1380 av. J.-C.), ce qui en fait la plus ancienne figuration de l’animal dans le domaine religieux. On note que ces représentations, en dehors des temples et des monuments royaux, sont également attestées sur des stèles privées au Nouvel Empire et témoignent probablement d’une piété populaire dans certains milieux où l’influence orientale se faisait sentir, à Memphis, ville cosmopolite, à Thèbes où des prisonniers proche-orientaux ont été transplantés et employés dans différents services royaux, voire des garnisons où ils ont été en poste loin de leur contrée d’origine (52). Dans les temples, trois reliefs attirent en particulier l’attention. L’un d’époque perse (ca 500 av. J.-C.), au temple d’Hibis dans l’oasis de Khargeh (53), où un inventaire des divinités de l’Égypte inclut la déesse dans le panthéon de la ville d’Héracléopolis, en compagnie de Réchep, mais dans le voisinage immédiat du dieu lunaire Thot, dont nous verrons plus loin les liens qu’il entretient avec le cheval. Un autre dans le temple ptolémaïque d’Edfou représente Astarté à tête de lionne conduisant un char attelé de quatre chevaux et se trouve manifestement assimilée à la déesse Sekhmet (54). Enfin, au temple de Tôd, près de Thèbes, un relief montre la déesse sous l’aspect exact d’Hathor et la désigne comme “celle qui commande les chevaux” (55). Cette double assimilation fait donc de l’Astarté cavalière une Hathor-Sekhmet personnifiant les deux aspects majeurs que revêt le cheval dans la religion égyptienne, guerrier et victorieux, d’une part, lunaire de l’autre, aspects qui seront développés plus loin. On évoquera à peine l’existence d’un Réchep à cheval, qui serait uniquement connu en Égypte, par de très rares documents mal conservés et dont l’interprétation est très controversée (56). Il pourrait s’agir simplement de représentations d’Astarté. La déesse étant devenue, au Nouvel Empire, la parèdre du dieu Seth, lui-même dieu guerrier et considéré comme une sorte de traduction des dieux étrangers dans le panthéon égyptien, on ne s’étonne pas de le voir associé au cheval dans un texte, malheureusement très lacunaire, qui raconte sur le mode littéraire une campagne de Thoutmosis III en Syrie (57). Le début étant perdu, le texte commence abruptement par le discours qu’un compagnon de combat adresse au roi : “Raffermis ton cœur, roi Menkheperrê ! Vois, Amon-Rê, le roi des dieux, ton excellent père, est venu vers toi pour accomplir en ta faveur tous les vœux de ton cœur !” ; et le roi raconte alors “Mon cœur reprit fermeté et fut en joie. Tout ce que j’entrepris devint Montou et leurs chevaux devinrent Seth très puissant et Bâal dans sa plénitude”. Nous avons donc affaire ici à cette thématique de la puissance victorieuse, qui n’est pas sans rappeler celle qui sera en faveur dans la Nubie méroïtique et qui a été évoquée plus haut. Cette thématique exprimée dans l’iconographie, non seulement sur les reliefs célébrant les exploits guerriers des rois du Nouvel Empire, mais aussi sur les scarabées que l’on portait comme amulette et où l’image du roi sur son char attelé triomphant de ses ennemis avait valeur protectrice (58). C’est bien sûr la même signification qu’il convient

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d’attribuer aux représentations, sur les cippes magiques, du jeune Horus Sauveur dans son char attelé de griffons et pourchassant les animaux incarnations des force hostiles (59). On note, au passage, l’équivalence implicite établie entre le griffon et le cheval et qui n’est pas connue en dehors de cette série de documents. Il faut maintenant examiner un autre aspect du cheval mis en lumière par une épithète du dieu Thot, qualifié de “maître des chevaux” dans une inscription gravée sur le linteau de porte de la demeure que le vizir Paser, contemporain de Ramsès II, possédait à Tell el-Dab’a (Pi-Ramsès) (60), cité que nous avons déjà évoquée à propos des écuries du même roi. Thot est sans doute un dieu bien égyptien, mais aussi l’un des patrons du Sinaï et des bédouins qui y vivaient ; c’est, surtout, le dieu par excellence de la lune. Il n’est donc pas impossible qu’il ait servi, à l’occasion, d’équivalent au dieu lunaire de ces populations (61). Si le caractère lunaire du cheval est bien connu dans d’autres cultures, il n’avait guère été reconnu en Égypte. Quelques indices viennent compléter l’information fournie par le linteau de Paser. Dans le mammisi (temple de la naissance) d’Edfou, d’époque ptolémaïque, on trouve une scène montrant le roi sortant de son palais pour se rendre au temple, afin de participer aux cérémonies de consécration. C’est une représentation qui, sans être banale, est connue dans les temples de l’époque tardive. L’originalité de celle du mammisi d’Edfou est qu’elle montre le roi accompagné d’un cheval et précédé des enseignes des dieux lunaires Thot et Khonsou (62). L’ensemble fonctionne donc comme une sortie astrale où le roi, en tant qu’Horus triomphant et solaire, serait également accompagné d’attributs lunaires. La corrélation entre le triomphe et les aspects lunaires est également évoquée dans la légende accompagnant l’image de la déesse Râtttaouy, parèdre du dieu guerrier Montou, au temple de Tôd où elle est dite “vaillante dans le combat à cheval” (63). Plus que l’héritière d’Astarté, la déesse est ici, comme le révèle son image coiffée du disque et des cornes hathoriques, un aspect d’Hathor. Or, nous avons vu qu’Astarté elle-même finissait par revêtir la même apparence, toujours à Tôd. On ne s’étonne donc pas de voir Hathor elle-même qualifiée de “maîtresse de la royauté et souveraine des chevaux” en son temple de Dendara (64), épithète qui associe à nouveau étroitement la notion de royauté et les chevaux symboles du triomphe. Si le caractère lunaire de la déesse, associée au cheval, n’apparaît pas ici de façon évidente, il est toutefois révélé par un objet qui fait partie, toujours à Dendara, des effigies et instruments de cultes de son trésor sacré. Celui-ci, enterré près du lac sacré sans doute lors des troubles ayant précédé l’abolition des cultes païens, a été mis au jour par les chercheurs d’engrais (sebakhin) en 1918. Il s’y trouvait une empreinte de sabot de cheval en argent imitant à peu près la forme d’un croissant lunaire (65). La destination exacte de l’objet n’est pas connue, mais le contexte indique bien qu’il servait d’une façon ou d’une autre au culte de la déesse (66).

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Les liens entre Horus et le cheval, outre ceux déjà rapidement évoqués à propos de la fonction royale (67), transparaissent dans un curieux texte funéraire tardif qui fait l’inventaire des festivités d’Égypte auxquelles le défunt est convié pour l’éternité. On y lit : “tu célèbres Horus sur le dos de l’Ennemi, le jour de conduire les chevaux de combat” (68). Il existait donc, au cours d’une des fêtes consacrées au triomphe d’Horus sur ses ennemis, une sorte de parade triomphale de chevaux. Un passage du De Iside (§ 19) de Plutarque pourrait, d’ailleurs, se faire l’écho de cette alliance entre l’animal et la victoire d’Horus ; interrogé par Osiris, celui-ci désigne le cheval comme le plus utile au combattant car il est à même de mettre les ennemis en déroute. Une prêtrise liée à Isis et apparue durant le dernier tiers du IIe s. av., le iJero;ı pw`loı pourrait ainsi révéler l’existence d’un Horus assimilé à un jeune poulain (69). Essentiellement attestée dans les documents grecs, cette prêtrise pourrait éventuellement apparaître dans un document démotique où la tournure grecque a, apparemment, été remplacée par le nom égyptien du jeune étalon (nfr) (70). De même un hymne grec tracé sur un ostracon trouvé à Edfou s’adresse ainsi à l’Horus de cette ville : “Avec la puissance, o roi, Avec la puissance, o faucon Soleil, fais, à tes chevaux rapides, rouler la flamme (bis)”. Comme le suggère J. Yoyotte (71), cette invocation rappelle les principes du couronnement du faucon-roi lors de festivités spécifiques et y ajoute un vers d’Euripide se rapportant à Apollon auquel l’Horus d’Edfou était justement identifié. Le texte mêle avec bonheur les aspects royaux du dieu, la puissance du faucon couronné et les chevaux, à la fois messagers de la victoire et auxiliaires de l’astre irradiant de lumière (72). Pour en finir avec Horus, on mentionnera rapidement un passage, malheureusement criblé de lacunes, du papyrus magique de Londres et de Leyde rédigé en démotique. On y apprend qu’Horus monte un cheval blanc à midi et un cheval noir, probablement à la mi-nuit, bien que cette dernière précision soit en lacune. Au cours de cette pérégrination, il emporte un document écrit qui paraît avoir un rapport avec “le plus grand des cinq”, c’est-à-dire Thot lui-même (73). On devine que les deux chevaux sont ici en rapport avec le soleil et la lune, montrant par là que le cheval solaire n’était pas le seul à accompagner ce dieu. Il ne m’est pas possible de m’étendre ici sur les dieux cavaliers des époques tardives, au premier rang desquels Harpocrate (74), dont l’imagerie s’inspire sans doute du dieu Thrace Hèrôn (75), qui reçut un accueil favorable dans l’Égypte hellénistique et romaine et qui, tous deux, inspirèrent les saints

cavaliers des débuts de la chrétienté (76). Il suffira de mentionner pour mémoire l’Anubis cavalier (77) ou le cheval psychopompe des stèles égypto-grecques (78), de même que Poséidon hippios attesté très exceptionnellement en Égypte (79), ou encore les Dioscures (80) et l’Agathodaimon (81). Tous appartiennent à des conceptions religieuses qui ne sont plus celles de la culture pharaonique proprement dite et sont, comme on le devine, fortement influencées par les croyances grecques. Je voudrais, pour terminer, mentionner encore un texte, hiéroglyphique cette fois, d’époque tardive, mais de datation incertaine, dans laquelle un défunt interpelle les habitants de sa ville, la Bouto du Delta oriental (Imet). “Venez à la Campagne Divine lorsque les plantes verdoient pour rendre hommage au cours de la fête divine, (car) ils se hâtent vers Min dès lors qu’il sort (en procession) vers son reposoir, tiré par des chevaux mâles, paré d’une bandelette rouge et orné d’un collier. Ceux qui sont devant le reposoir chancellent et ceux qui l’aperçoivent en état de déficience en sortent guéris, l’affaibli qui était en état d’apathie se redresse. Car il a saisi sa lance et repoussé ses ennemis” (82). Que les chevaux mâles soient ici en relation avec Min le dieu ithyphallique de la fécondité n’a rien pour étonner. Toutefois nous retrouvons ici le thème du triomphe sur les ennemis que le dieu dans son char terrasse de sa lance mais, ce qui est le plus intéressant, ce combat, tout symbolique apparemment, est livré sur le parcours d’une procession. La foule qui se presse sur son passage comprend ici des malades qui sont venus pour que le dieu dans son combat, puisse vaincre aussi l’ennemi qu’ils portent en eux : la maladie et ses séquelles. Ainsi le triomphe royal sur les ennemis cosmiques devient, grâce à un contact direct avec les fidèles, une force curative et régénérante qui rayonne autour de la statue divine que l’on porte lorsque la végétation s’épanouit, au printemps. Pour conclure, disons que le cheval introduit en Égypte par des peuplades proche-orientales, au moins dès la seconde moitié du XVIIIe s. av. J.-C., a pu apporter avec lui les éléments même qui permettront son insertion dans les croyances égyptiennes. Animal de prestige, symbole de la puissance royale victorieuse il a été, apparemment très tôt, mis en rapport avec les divinités de la sphère royale dans lesquelles s’incarnait la puissance solaire d’Horus et la douceur nocturne d’Hathor lunaire. Ces traits fondamentaux ne sont évidemment pas propres à l’Égypte, mais ses habitants ont su les adapter harmonieusement à leurs croyances au point de leur donner l’apparence de traditions purement locales.

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NOTES (1) D. Dixon, in W.B. Emery, H.S. Smith, A. Millard, The fortress of Buhen. The archaeological report (1979), p. 191 et Clutton-Brock (1974). (2) Schulman (1980), p. 109-110 ; Braunstein-Silvestre (1984), p. 272-273. (3) Boessneck, Driesch (1992), p. 25. (4) Driesch, Peters (2001), p. 301-304 ; Chaix (2000). (5) La découverte d’un autre squelette de cheval de l’époque Hyksôs à Tell el-Kebir, également au Nord-Est du Delta a été mentionnée par Ali Hassan, Egyptian Archaeology 4 (1994), p. 28, mais n’est pas confirmée à ce jour. Une autre trouvaille, de date inconnue, aurait été faite à Tell el-Balamun : J. Leclant, Orientalia 48 (1979), p. 346. Les restes trouvés à Giza, dans un secteur de l’Ancien Empire (M. Kokabi, Annalen des Naturhistorischen Museums Wien 83 (1979), p. 519-537) sont sûrement intrusifs. (6) W. Helck, JNES 37 (1978), p. 337-340. (7) N. Kanawati, M. Abder-Raziq, The Teti cemetery at Saqqara V. The tomb of Hesi (1999), p. 26 et pl. 53. À la même époque, on retrouve un gant figuré parmi les ustensiles que le prêtre lecteur emploie lors des funérailles : S. Hassan, Excavations at Giza IV (1943), p. 79 fig. 36. (8) H. Altenmüller, A.M. Moussa, Studien zur altägyptischen Kultur 18 (1991), p. 13 (Sechsspeichenrad ?) ; p. 35-36 et dépliant col. 17 = J. Malek, S. Quirke, JEA 78 (1992), p. 14 col. 17. Le mot est un hapax et la traduction découle du déterminatif qui semble bien représenter une roue à six rais. Les roues de char pouvaient être de ce type : Rommelaere (1991), p. 175 ; 181182 ; 187 ; 193-209 ; 219-223 ; M.A. Littauer, J. Crouwel, JEA 65 (1979), p. 107-120 et pl. XII-XV ; J. Spruytte, Kyphi 2 (1999), p. 79 et p. 83-87. Toutefois, la première représentation d’un char avec des roues à rais, sur les reliefs d’Ahmosis (infra n. 10), n’en montre que quatre, une particularité bien connue qui se retrouve ailleurs (Rommelaere (1991), p. 151 ; 153 ; 155 ; 157 (15) ; 163 (21) ; 168-169 ; 171 (31a) ; 173 ; 176 (39) ;191 (55b) ; S. Sauneron, BIAO 54 (1954), p. 11 fig. 3). C’est également souvent le cas du signe hiéroglyphique du char, mais il pourrait s’agir, dans ce cas, d’une simplification. On trouve aussi des roues à huit rais : M.A. Littauer, J. Crouwel, loc. cit., pl. XVI ; Rommelaere (1991), p. 177 (40’) ; 191 (55a) ; 245 (122). (9) Un char attelé d’un âne serait représenté sur un sceau prédynastique trouvé à Adaïma : H. de Morgan, ASAE 12 (1912), p. 44. (10) S. Harvey, Egyptian Archaeology 4 (1994), p. 5 ; Id., The cults of King Ahmose at Abydos, UMI Diss. (1998), p. 316-320 et p. 529-531. La découverte à Reqaqna, en Moyenne Égypte, d’un objet portant gravé la tête d’un cheval, datant de la 12ème dynastie (L. Pinch Brock, KMT 1/3 (1990), p. 5) devra être confirmée par une publication photographique, qui fait actuellement défaut, et par des informations précises sur le contexte archéologique. La représentation d’un cheval promené par la bride, sur un monument d’époque Hyksôs (G. Daressy, ASAE 15 (1915), p. 268) est de datation douteuse, celui-ci ayant été remanié sous le règne de Séthi Ier. (11) Le catalogue iconographique (pour les reliefs, peintures et dessins uniquement) établi par Rommelaere (1991), p. 150-244, pour le Nouvel Empire (18ème-20ème dynasties), comporte 123 numéros dont 6 seulement pour des documents antérieurs à ce règne. (12) J. Malek, JEA 75 (1989), p. 63 fig. 1 (Face A, 11) et commentaire p. 7173. On remarquera que le signe n’est apparemment utilisé qu’une seule fois dans la cursive hiératique. (13) Zivie (1985), p. 384-388. Mais le signe est de toute façon rare, y compris à l’époque tardive. (14) Par exemple, E.A.E. Reymond, From the records of a priestly family from Memphis I (1981), p. 142 et pl. X (l. 10) ; Ch. Thiers, BIAO 99 (1999), p. 445 (col. 5). Mais le signe du cheval et celui du char sont utilisés séparément dans la même ligne dès le début de la 18ème dynastie : W. V. Davies, Reading the past. Egyptian hieroglyphs (1987), p. 11 fig. 4. (15) Schulman (1957), aux illustrations duquel on peut ajouter G.T. Martin, The Memphite Tomb of Horemheb Commander-in-chief of Tut‘ankhamun (1989), pl. 32 [22] ; J. Vandier, La revue du Louvre 12 (1962), p. 294 fig. 2. On notera que le cavalier en bois peint du Musée de Brooklyn (Schulman, loc. cit., pl. XXXVIII fig. 2) est probablement un faux : H.G. Fischer, CE 62 (1987), p. 97-99. (16) Zivie, loc. cit.

(17) Dans l’iconographie, les représentations d’un souverain monté à cheval sont rares et, semble-t-il, postérieures à l’époque pharaonique. On en connaît une de Ptolémée IV galopant, coiffé de la double couronne, et brandissant la longue lance macédonienne : A. Kamal, Stèles ptolémaïques et romaines. Catalogue général des antiquités égyptiennes du Musée du Caire (1904), pl. 74 (no 21088) ; P. Perdrizet, BCH 35 (1911), p. 122-123 et pl. II. Il en est de même pour Cornelius Gallus, représenté en pharaon cavalier sur la stèle qu’il fit graver à Philae : P. Charvet, J. Yoyotte, Strabon. Le voyage en Égypte, Paris, 1997, p. 186. Dans les textes, le roi “à cheval” (Ìr ssmt) est attesté dès le règne d’Aménophis II ; voir les remarques de H. Goedicke, Studien zur altägyptischen Kultur 19 (1992), p. 134 n. 9. La même expression s’applique au roi Taharqa de la 25ème dynastie (A.M. Moussa, MDAI(K) 37 (1981), p. 332 ligne 12). De façon plus explicite, le roitelet Tefnakht fuyant devant Piankhy est dit partir “assis sur un cheval” (N. Grimal, La stèle triomphale de Pi(‘ankh)y au Musée du Caire (1981), p. 114 n. 330), façon de marquer à la fois la singularité de la posture et l’urgence de la situation. (18) Driesch, Peters (2001), p. 301. Voir aussi Clutton-Brock (1974), p. 89. (19) O. Keel, C. Uehlinger, Dieux, déesses et figures divines. Les sources iconographiques de l’histoire de la religion d’Israël (2001), p. 67-70. (20) Voir W. V. Davies, op. cit. (21) H. Donner, ZÄS 80 (1955), p. 97-103. (22) J.F. Quack, Die Lehren des Ani (1994), p. 189 ; W. Watson, UF 27 (1995), p. 547 pour l’origine indo-européenne. Voir toutefois les doutes de M. Kishimoto, Orient 2 (1962), p. 1-20 et les arguments contraires de P. Raulwing, Göttinger Miszellen 136 (1993), p. 73-75. (23) A.H. Gardiner, JEA 3 (1916), p. 106 (l. 16) ; L. Habachi, The second stela of Kamose (1972), p. 36 fig. 22 avec n. g. (24) Dans un texte funéraire tardif, rédigé successivement en hiératique et en démotique, le hiératique emploie, pour désigner le cheval, le terme smsm, tandis que la version démotique utilise Ìtr : G. Möller, Die beiden Totenpapyrus Rhind des Museums zu Edinburg (1913), p. 22 (I 4h, 3). (25) Shaw (2001). (26) En dépit de l’analyse de C. Grigson, “The earliest domestic horses in the Levant ? New finds from the Fourth Millennium of Negev”, Journal of Archaeological Science 20 (1993), p. 645-655. (27) J. Boessneck, A. von den Driesch, “Ein Equidenbestattung in spätfrühdynastischen Zeit”, Mitteilungen der deutschen Orientgesellschaft zu Berlin 118 (1986), p. 45-50 ; B. Lafont, Topoi Supplément 2 (2000), p. 210 et n. 16. (28) J. Zarins, “The domesticated Equidae of Third Millennium BC Mesopotamia”, Journal of Cuneiform Studies 30 (1978), p. 3-17 ; B. Lafont, loc. cit., p. 210-212. (29) C’est l’opinion de Wapnish (1997), p. 355. (30) M. A. Littauer, in : M.A. Littauer, J. Crouwel, Selected writings on chariots, other early vehicles, riding and harness (2002), p. 15-18. P. Raulwing, Göttinger Miszellen 140 (1994), p. 71-79 a tenté de montrer que le nom du char, en égyptien wrry.t, était un emprunt à une langue indo-européenne, tandis que J. Zeidler, Göttinger Miszellen 178 (2000), p. 97-111 a, au contraire, produit des arguments en faveur d’une origine purement égyptienne. Voir les hésitations de Deines (1953), p. 11-12. (31) Voir les remarques de J.J. Janssen, Studien zur altägyptischen Kultur 3 (1975), p. 130. (32) H. Goedicke, The battle of Megiddo (2000), p. 151. C’est par centaines, à différentes reprises sous son règne, que le roi ramènera des chevaux en Égypte : W. Helck, Materialien zur Wirtschaftsgeschichte des Neuen Reiches III (1963), p. 511. (33) Deines (1953), p. 6-9. (34) Pusch (1993) ; J. Leclant, Orientalia 64 (1995), p. 242-243 ; Id., Orientalia 65 (1996), p. 251-253. (35) J. Leclant, Orientalia 65 (1996), p. 253. (36) Voir K. Bouvier-Closse, Anthropozoologica 37 (2003), p. 30-32. (37) Ch. Leitz, Magical and medical papyri of the New Kingdom, Hieratic papyri in the British Museum VII, (1999), p. 90-91. L’existence de pistes

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d’entraînement pour chevaux et chars, à l’époque pharaonique, a été postulée par P.W. Haider, Nikephoros 1 (1988), p. 1-27, mais les indices archéologiques que fournit cet auteur, aussi intéressants soient-ils, ne sont pas concluants. Tout aussi problématique est l’existence supposée d’un terme hiéroglyphique désignant, dans l’inscription de l’obélisque d’Antinoos, l’hippodrome : W. Decker, Studien zur altägyptischen Kultur 2 (1975), p. 49-54. Les courses de char étaient évidemment connues à l’époque romaine et byzantine. Voir, par exemple : J.-C. Shelton, Greek Ostraka in the Ashmolean Museum (1988), p. 73-78. (38) Je n’aborde pas ici tous les problèmes liés au char et au harnachement. Voir, parmi beaucoup d’autres : A.R. Schulman, “Chariots, chariotery, and the Hyksos”, The Society for the study of Egyptian antiquities Journal 10/2 (1980), p. 105-153 ; K. Hansen, “Collection in Ancient Egyptian Chariot Horses”, JARCE 29 (1992), p. 173-179 ; A. Herold, Streitwagentechnologie in der Ramses-Stadt. Bronze an Pferd und Wagen (1999) ; I. Shaw, “Egyptians, Hyksos and military technology : Causes, effects or catalysts ?”, in A.J. Shortland (éd.), The social context of technological change. Egypt and the Near East, 1650-1550 BC (2001), p. 59-71 ; M.A. Littauer, J. Crouwel, Selected writings on chariots, other early vehicles, riding and harness (2002) ; M.C. Guidotti (éd.), Il carro e le armi del Museo Egizio di Firenze (2002) ; C. Fluck, G.M. Vogelsang-Eastwood (éd.), Riding Costume in Egypt. Origin and Appearance. Origin and Development of Riding Costume in Egypt and ANE and Discoveries at Antinoopolis (2003) ; A. Spalinger, “The battle of Kadesh : the Chariot Frieze at Abydos”, Ägypten und Levante 13 (2003), p. 163-199 ; A. Herold in Rad und Wagen. Der Ursprung einer Innovation. Wagen im Vorderen Orient und Europa (2004), p. 123-142 ; U. Hofmann, Ibid., p. 143-156 ; B.I. Sandor, “The Rise and Decline of the Tutankhamun-class Chariot “, OJA 24 (2004), p. 153-175. (39) Voir J.C. Darnell, “Opening the Narrow Doors of the desert. Discovery of the Theban Desert Road Survey”, in R. Friedman (éd.), Egypt and Nubia. Gifts of the desert (2002), p. 132-155, spécialement 135. La distance entre Thèbes et Farchout, aux extrémités de la boucle, est d’environ 50 km. (40) L’existence d’un service postal utilisant les chevaux à l’époque ptolémaïque a été mise en doute par S.R. Llewelyn, ZPE 99 (1993), p. 41-56. La pratique est connue à l’époque copto-arabe : P.V. Ernstedt, Palestinskij sbornik 4/67 (1959), p. 9-10. (41) J. Boesneck, A. von den Driesch, in Th. von der Way, Tell el-Fara‘înButo I (1997), p. 207 et 211. (42) De telles traces peuvent résulter aussi d’une récupération de la peau de l’animal, par exemple. L’hippophagie est mieux documentée à l’époque romaine : M.A. Levine, Antiquity 72/275 (1998), p. 90-100 ; M. Van der Veen, JRA 11 (1998), p. 104-105 ; N. Grimal, BIAO 97 (1997), p. 370 (12.3). (43) L. Collins, JEA 62 (1976), p. 37. On peut évidemment penser qu’il s’agit des vestiges d’un âne, même si la présence d’un tel animal dans une offrande alimentaire pourrait surprendre. Toutefois celui-ci est mentionné dans une liste d’offrandes inscrite sur une stèle du Moyen Empire : H.O. Lange, G. Schäfer, Grab- und Denksteine des Mittleren Reiches I Catalogue général des antiquités égyptiennes du Musée du Caire (1902), p. 110 (no 20090). La consommation de sa viande est évoquée comme un bon augure dans la clé des songes du papyrus Chester-Beatty III : A.H. Gardiner, Hieratic Papyri in the British Museum. Third Series. Chester Beatty Gift (1935), pl. 5 (ro 2, 21). (44) Driesch, Peters (2001), p. 301. (45) Chaix, Gratien (2002), p. 53. (46) A. Lansing, W.C. Hayes, Bulletin of the Metropolitan Museum of Arts. The Egyptian expedition 1935-1936 (1937), p. 8-11 et p. 14-15 ; Boessneck (1970). (47) Ducos (1971). (48) Quibell, Olver (1926). (49) J. Berlandini, in Y. Koenig (éd.), La magie en Égypte (2002), p. 107-108 avec n. (a). (50) Lenoble (1994). (51) Leclant (1960). (52) Un fragment de stèle représentant ainsi la déesse a été trouvé à Buhen en Nubie : H.S. Smith, The fortress of Buhen. The inscriptions

(1976), p. 110 et pl. XX (1112). (53) Leclant, loc. cit., p. 49-53 et pl. IIIB. (54) Leclant, loc. cit., p. 54-58 et pl. IV. (55) Chr. Thiers, Tôd. Les inscriptions du temple ptolémaïque et romain II (2003), p. 189 (n° 281, 8) et Id., III (2003), p. 187. (56) Voir l’examen critique de A.R. Schulman, “Reshep on horseback ?”, The Society for the study of Egyptian antiquities Journal 7/4 (1977), p. 13-17 qui émet quelques doutes sur l’existence de cette iconographie. Aux documents étudiés par l’auteur, on en ajoutera toutefois un autre qu’il ne pouvait connaître et qui est brièvement mentionné dans J. Leclant, Orientalia 45 (1976), p. 306. Il s’agirait d’un fragment de relief trouvé sur l’île de Saï en Nubie. (57) G. Botti, JEA 41 (1955), p. 66 et fig. 2 (x+2, 4). (58) Voir É. Drioton, Bulletin de la société française d’égyptologie 28-29 (1959), p. 17-25 dont on retiendra l’analyse thématique, même si on n’adhère pas à sa lecture “cryptographique” de l’iconographie. Voir également E. Hornung, E. Staehelin, Skarabäen und andere Siegelamulette aus Basler Sammlung (1976), p. 131 et p. 366-367. (59) J. Berlandini, “Bès aurige dans le char du dieu-sauveur”, in W. Clarysse et al. (éd.), Egyptian religion. The last thousand years. Studies dedicated to the memory of Jan Quaegebeur I (1998), p. 31-55. (60) L. Habachi, Tell el-Dab‘a I. Tell el-Dab‘a and Qantir. The site and its connection with Avaris and Piramesse, (2001), p. 61, p. 186-187 (n° 52). (61) J. Cerny, A.H. Gardiner, T.E. Peet, The inscriptions of Sinai II (1955), p. 28-29. (62) É. Chassinat, Le mammisi d’Edfou (1939), p. 192 et pl. X/2 ; XLIX/1. (63) É. Drioton et al., Tôd. Les inscriptions du temple ptolémaïque et romain I (1980), p. 186 (no 127, l. 14). (64) F. Daumas, Le temple de Dendara IX (1987), p. 31 (l. 17). (65) Inédit. Voir S. Aufrère, L’univers minéral dans la pensée égyptienne 2 (1991), p. 411-412. L’objet ne peut représenter un fer à cheval : la seule mention que j’en connaisse, pour l’Égypte se trouve dans un papyrus d’époque byzantine datant du troisième quart du VIe s. : J. Maspero, Papyrus grecs d’époque byzantine III. Catalogue général du Musée du Caire (1916), p. 8 no 67279 (l. 18) = Id., BIAO 10 (1910), p. 136 et n. 3, où il est question de “juments ferrées”. (66) Concernant les liens de Hathor avec le cheval, on verra aussi le chapiteau de colonne hathorique trouvé à Amathonte et conservé au Musée de Berlin où le naos surmontant la tête de la déesse porte une représentation du Maître des chevaux maîtrisant deux chevaux ailés : A. Hermary, BCH 109 (1985), p. 668-669 et fig. 14. Aufrère, op. cit., signale également que l’on a trouvé à Nîmes, dans la tombe d’un stoliste d’Isis, un disque lunaire qui portait gravé la silhouette d’un cavalier sur un cheval ailé. On notera que Séléné est surnommée “celle à la face de cheval” (hippoprosôpé) dans H.D. Betz, The Greek magical papyri in translation, including the demotic spells (1986), p. 85 (PGM IV, 2549). (67) On verra également la documentation réunie sur ce sujet par J.G. Griffiths, The Conflict of Horus and Seth (1960), p. 113-115 ; W. Brashear in Reallexikon für Antike und Christentum 16 (1994), col. 583-585. (68) F.-R. Herbin, Le Livre de parcourir l’éternité (1994), p. 214-215 et voir le commentaire de J. Yoyotte (1987). (69) J. Bergman, “Horus und das Pferd”, Studia Aegyptiaca 1 (1974), p. 1326. (70) S. Wangstedt, Orientalia Suecana 25-26 (1976-1977), p. 27. (71) J. Yoyotte, “Bakhtis”, in Ph. Derchain (éd.), Religions en Égypte hellénistique et romaine. Colloque de Strasbourg 16-18 mai 1967 (1969), p. 140141. (72) Faut-il voir dans un graffite grossièrement gravé sur une des parois du temple d’Isis à Assouan et représentant un faucon sur le dos d’un cheval, l’illustration maladroite de la même idée ? Voir E. Bresciani, S. Pernigotti, Assuan (1978), p. 36 (n° 6). (73) J. Johnson, in H.D. Betz, The Greek magical papyri in translation, including the demotic spells (1986), p. 250 (PDM XIV, 1219-1220). (74) Sur la question voir, entre autres, J. Clédat, BIAO 22 (1923), p. 177 n. 2 ; F. Dunand, Religion populaire en Égypte romaine (1979), p. 81-82 ; K. Parlasca, in G. Koch (éd.), Studien zur spätantiken und frühchristlichen

L’INTRODUCTION DU CHEVAL EN ÉGYPTE Kunst und Kultur des Orients (1982), p. 19-30 ; E. Bayer-Niemeier, StädelJahrbuch N.F. 10 (1985), p. 27-44 ; G. Nachtergael, in W. Clarysse et al. (éd.), Egyptian Religion. The Last Thousand Years I. Studies Dedicated to the Memory of Jan Quaegebeur (1998), p. 168-169. (75) Sur Harpocrate-Hèrôn cavalier : S. Poulin, in M.-O. Jentel et al. (éd.), Tranquillitas. Mélanges en l’honneur de Tran tam Tinh (1994), p. 483-496 ; Z. Kiss, JRA Supplementary Series 19 (1996), p. 214-222. Sur Hèrôn en Égypte : K. Mysliwiec, Studia Aegyptiaca 3 (1977), p. 89-97 ; A. Gutbub, in H. Maehler, V.M. Strocka (éd.), Das ptolemäischen Ägypten. Akten des internationalen Symposions 27.-29. September 1976 in Berlin (1978), p. 167 ; J. Bingen, in C. Berger, G. Clerc, N. Grimal (éd.), Hommages à Jean Leclant III (1994), p. 41-50 ; G. Nachtergael, CE 71 (1996), p. 129-142 et 310 ; A. Geissen, M. Weber, ZPE 144 (2003), p. 294-295 ; on trouvera dans chacun de ces travaux une bibliographie complémentaire. (76) Sur ces derniers, comme héritiers des dieux païens : H. Bell, JEA 34 (1948), p. 88-89 ; S. Lewis, JARCE 10 (1973), p. 27-63 ; C. Neyret, in Hommages à Serge Sauneron II (1979), p. 189 ; S. Donadoni, Studia Aegyptiaca 14 (1992), p. 117-118. Voir également les remarques de J.

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Doresse, Des hiéroglyphes à la croix. Ce que le passé pharaonique a légué au christianisme (1960), p. 20-21 avec la bibliographie ancienne. (77) J.-Cl. Grenier, “L’Anubis cavalier du Musée du Louvre”, in Hommages à Maarten J. Vermaseren I (1978), p. 405-408, qui évoque, rapidement, les autres dieux cavaliers égyptiens de l’époque gréco-romaine. Anubis Imperator symboliserait ici la victoire sur la mort. (78) K. Parlasca, MDAI(K) 31 (1975), p. 308-309 avec pl. 98-101 ; voir également S. Farid, ASAE 61 (1973), p. 25 et pl. XVII. (79) P.M. Fraser, A. Rumpf, JEA 38 (1952), p. 65-74 ; G. Wagner, Les oasis d’Égypte (1987), p. 341 n. 6 ; J. Dillery, Historia 47 (1998), p. 268 n. 59. (80) W. Fr. von Bissing, Aegyptus 33 (1953), p. 347-357, ainsi que les remarques de J. Quaegebeur, in Egypt and the Hellenistic World. Studia Hellenistica 27 (1983), p. 314-315. (81) Pour Agathodaimon à cheval, sur les monnaies impériales : F. Dunand, BIAO 67 (1969), p. 31 et n. 1. (82) E. Drioton, Bulletin de l’Institut d’Égypte 25 (1943), p.6. Ma traduction de ce texte difficile diffère beaucoup de celle fournie par cet auteur.

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