CATACOMBES-Paris.pdf

Ronde de "cataflics» Une unité spéciale patrouille dans les catacombes (ci-dessus). Leur surveillance n'est pas prioritaire pour la préfecture de police de Paris mais fait partie des traditions. Les eaux drainées dès le Moyen Âge depuis la colline de Belleville parviennent dans le Grand Aqueduc souterrain (à droite). Elles alimentèrent les premières fontaines parisiennes de la rive droite.

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NA T IONAL GEOGRAPHie· FtVRIER 2011

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E SAMEDI MATIN, LE TAXr ROULE LENTEMENT

sur les grandes avenues endormies

quand, à un feu rouge, un vague mouvement attire mon regard: un homme en bleu de travail sort d'un trou dans le trottoir. Il porte des dreadlocks et une lampe frontale.

Une jeune femme émerge à son tour. Elle a de longues jambes, un short très court et une lanterne

à la main. Tous deux sont chaussés de bottes en caoutchouc. Des marques de boue beige ornent ..,...~~..-.. ,,,..... leurs corps, telles des décorations tribales . L'homme repousse la plaque métallique sur le trou, prend la fille par la main, et le couple part en courant, un large sourire sur le visage. Paris entretient avec son sous-sol une relation plus profonde et plus étrange que la plupart des grandes métropoles. Un sous-sol d'une richesse étonnante. Les milliers de kilomètres de galeries où court l'un des systèmes de transport urbain et d'égouts les plus anciens et denses du monde ne sont que les plus visibles. Sous Paris s'étalent des canaux et des réservoirs, des caveaux et 6

NATIONAL GEOGRAPHie. FÉVRIER 2011

des salles de coffres, des caves à vin transformées en boîtes de nuit et en galeries de peinture. Mais le plus surprenant, ce sont les anciennes car­ rières calcaires s'étendant sous de nombreux quartiers, en particulier dans le sud de la ville, en un réseau profond et complexe. Au XIX e siècle, on en retirait des pierres de construction. Puis, des fermiers y firent pousser des champignons - jusqu'à plusieurs centaines de tonnes par an. Durant la Seconde Guerre mondiale, certai nes carrières abritèrent la Résistance - d'autres, des bunkers allemands. Un groupe clandestin fort différent les fréquente de nos jours. Les membres de cette communauté informelle et sans hiérarchie passent parfois plusieurs jours et nuits sous la ville. On les appelle les « cataphiles». Depuis 1955, année où l'accès aux carrières fut prohibé, ce sont surtout des jeunes gens qui fuient le monde de la surface et ses règlements LA MOSAÏa uE CI-DESSUS EST COMPOSÉE DE 22 IMAGES

contraignants. Les plus expérimentés expliquent que cette mouvance souterraine s'est épanouie dans les années 1970 et 1980, dans le sillage de la culture punk. Descendre sous terre était alors plus facile, les accès étant bien plus nombreux. Des cataphiles découvraient dans le sous-sol de leur école une porte dérobée leur donnant accès aux carrières et, en rampant, à des galeries pleines d'ossements -les catacombes. Dans des endroits connus d'eux seuls, ils organisaient des fêtes, créaient des spectacles, s'adonnaient aux arts, prenaient des drogues. La liberté, voire l'anarchie, régnait dans le monde souterrain . Mais, à la fin des années 1980, la mairie et les propriétaires privés avaient muré la plupart des entrées. Une unité spéciale de la police se mit à Neil Shea et Stephen Alvarez ont réalisé le reportage « Vivre sur le fil du rasoir », sur les tsingy de Madagascar (novembre 2009). VOYAGE SOUS PARIS

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LIMITE DE PARIS

Grande Arche de la Défense

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Anciennes carrières de Paris

Calcaire

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Une ville avec un subconscient Tandis que Paris ce.::-::-- - -­

ancien, près de Notre-Dame, les carrières extérieures C L.. 2i=-~~ :'e-':':'

de bâtir la cathédrale et d'autres édifices se couvraient '.: -~.~ - -~

l'interdiction, les cataphiles, tel cet étudiant, s'aventuren: :::2.."".3c ::c

en quête de sensations fortes. Quelques-uns dressent ca:: =,2.~ =.c=-r--=

patrouiller dans les galeries. Les « cataflics » n'ont toutefois pas réussi à juguler la cataphilie. Les jeunes gens que j'ai vus sortir de la bouche d'égout, ce matin-là, étaient des cataphiles. Peut-être avaient-ils un rendez-vous amoureux. Quelques hommes avec qui j'ai exploré les car­ rières y ont rencontré leur future épouse, échan­ geant leurs numéros de téléphone à la lumière d'une torche électrique. Les cataphiles sont les meilleurs guides du Paris souterrain. Un monde dont la plupart des Parisiens soupçonnent à peine l'étendue, quand bien même le métro les propulse à toute vitesse au-dessus des ossements de leurs ancêtres.



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LES CATACOMBES

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hilippe Charlier pose son sac à provisions en plastique sur une chaise défoncée et se frotte les mains. Il fait frais et sombre dans cette salle mortuaire. Des gouttes d'eau

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NATIONAL GEOGRAPHIC • FÉVRIER 20 1 1

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au XIXe siècle, leurs dépouilles furent exhumées de cimetières bondés, puis déversées dans des galeries d'anciennes carrières. Les squelettes les plus récents datent de la Révolution et les plus anciens, peut-être de l'époque mérovingienne, il y a plus de 1 200 ans. Tous sont anonymes, désarticulés. Toute individualité est abrogée. Mais Charlier recueille des éléments biogra­ phiques à partir des os: les maladies et les acci­ dents dont ils ont souffert, les blessures qui ont guéri ou non , l'alimentation, les pratiques chirurgicales. Depuis l'en dessous, il déduit comment on vivait jadis à la lumière du soleil. Charlier fouille dans son sac. «Ah! la fièvre de Malte », s'exclame-t-il en plissant les yeux sur les lésions d 'une vertèbre. Nos souffies for­ ment un nuage de condensation sur le ciel de la carrière. De l'eau s'écoule quelque part. La fièvre de Malte - ou brucellose - frappait ceux qui étaient en contact avec des animaux infectés ou

avec leurs sécrétions, comme le lait. « Cet indi­ vidu fabriquait peut-être des fromages », conclut Charlier. Je regarde l'enfilade du couloir. Nous sommes dans une sorte de bibliothèque: 10 000 autres histoires similaires attendent, à portée de vue. Quand Charlier reprendra le métro pour retourner à son bureau, quelques-unes seront enfouies dans le sac en plastique, à ses pieds.

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LES INSPECTEURS

inspecteur tient ouverte la portière de la camionnette. « Ils vous ont préparé un petit trou. » Il sourit. « Attendez-vous à souffrir! » Il referme la portière. Par une chaude journée de printemps, nous descendons une avenue paisible, plantée de châtaigniers à l'épais feuillage . Le conducteur s'arrête dans une rue animée d'Arcueil, dans la banlieue sud. Sur le trottoir, ses collègues sont en train d'enfiler des salopettes (suite page 18) VOYAGE SOUS PARIS

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XIIe-XVII" SIÈCLES

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Carrières Calcaire • Gypse

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Les ouvri.ers utilisent des treuils à1ir!!flde ('QlJe pour hisser les pier~èla.~· pertl,lrbe moins la surface et perm~-cr~xpIQjter IEl sous-sol d'u.ne propriété O.ut en cultivant son sol.

Paris au fil du temps Au fil des siècles, le sous-sol de Paris a acquis une géographie bien particulière. L:étendue des carrières calcaires sous la ville resta inconnue jusqu'à l'affaissement dramatique de 1774. Louis XVI créa alors un service de cartographie : l'Inspection générale des carrières (IGe), qui gère encore le labyrinthe de galeries percées pour repérer et consolider les carrières. La dernière fut fermée en 1860, et le gypse, utilisé dans le plâtre de Paris, fut extrait jusqu'en 1873 (cartes en haut de page). 12

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1163-1345 1 Notre·Dame

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xxe SIÈCLE - AUJOURD'HU

XVIIIe - XIX· SIÈCLES

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XVIII·

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XIX·

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1836 1Arc de Triomphe

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1889 Tour

19001 Grand Palais

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Après deux épidémies ~- de choléra, au débût :-~ ,.,-..~

du XIX" siècle, le système d'égouts _ est amélioré et éte"nérû.

bes fissures dans le plafond (