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ALICE ET LE SYMBOLE GREC par CAROLINE QUINE. * « Arrêtez ! » cria Alice. L'individu pivota sur lui-même et jeta quelque chose dans sa direction. Puis il se rua vers l'escalier. « Arrêtez, arrêtez ! » cria de nouveau Alice en esquivant le projectile. Alice se retrouve au cœur d'Athènes pour démêler une ténébreuse affaire. Aura-t-elle assez d'audace pour éviter les pièges qui lui sont tendus et assez de cran pour faire front à de dangereux trafiquants?
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CAROLINE QUINE
ALICE ET LE SYMBOLE GREC TEXTE FRANÇAIS DE LISA ROSENBAUM ILLUSTRATIONS JEAN SIDOBRE
HACHETTE
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TABLE I. II. III. IV. V. VI. VII. VIII. IX. X. XI. XII. XIII. XIV. XV. XVI. XVII. XVIII. XIX. XX.
Les mystères s'accumulent Le message volé Le masque d'or L'intrus Dans le fossé A la poursuite d'un suspect Cambriolage manqué Scène de jalousie L'étrange statue Visite-surprise Un indice sur le quai Le cargo à bande blanche Poursuite en bateau L'avocat disparu Enlèvement à Corfou Une capture Le coffre de Lineos Nicholas Le tonneau-piège Piste en mosaïque Les trafiquants arrêtés
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CHAPITRE PREMIER Les mystères s'accumulent « Pourriez-vous élucider un mystère pour moi pendant votre séjour en Grèce? demanda Mme Thompson, une amie et voisine des Roy, avec une ombre de tristesse dans ses yeux noisette. - Avec plaisir, répondit Alice, une fille très blonde de dix-huit ans. De quoi s'agit-il?» Son père, un avocat réputé de River City, venait de la charger d'une enquête à Athènes. Maintenant, la jeune détective aurait deux énigmes à résoudre! « Je vais vous l'expliquer, reprit Jeannette Thompson. Cela fait près d'un an que j'envoie de l'argent à la famille Papadapoulos, mais les derniers paiements n'ont pas été faits. - N'ont pas été faits? répéta Alice. L'argent a-t-il été volé? - Je n'en sais rien. Je n'expédiais pas l'argent directement en Grèce. C'était un bureau new-yorkais, 6
l'agence Photini qui transférait mes dons. Le siège social de cette organisation de bienfaisance se trouve à Athènes. Je suppose que M. Georgiou, le directeur de New York, virait les fonds là-bas. Ensuite, ils étaient remis aux Papadapoulos. - Si j'ai bien compris, cette famille n'a reçu qu'une partie de ces sommes? - C'est cela, confirma Mme Thompson. La mère m'envoyait chaque fois un petit mot gentil de remerciement. Brusquement, cette correspondance s'est interrompue. Puis, la semaine dernière, j'ai reçu une autre lettre d'elle. Elle était très étonnée, m'écrivait-elle, d'être depuis longtemps sans nouvelles de moi. Elle s'était mise en rapport avec l'agence Photini d'Athènes. Là, on lui avait dit que j'avais sans doute cessé de m'intéresser au sort de sa famille. C'est incroyable, non? - En effet! acquiesça Alice, indignée. Et qu'est devenu le bureau de New York? - Il a soudainement fermé. » Mme Thompson avait essayé plusieurs fois d'appeler M. Georgiou, mais personne ne répondait au téléphone. « Pour finir, j'ai demandé à la police de faire une enquête. C'est ainsi que j'ai découvert que Georgiou était parti. Selon le bureau de poste, tout son courrier doit être réexpédié aux bons soins de l'adresse athénienne. - Quel est son prénom? demanda Alice. - Dimitri. - Vous donnait-il un reçu de vos chèques? 7
- Oui. Et, sous sa signature, il apposait le cachet de l'agence Photini, répondit Mme Thompson. Je peux vous en montrer un. » Elle disparut dans sa chambre à coucher d'où elle revint peu après, portant une petite boîte métallique. Celle-ci contenait un grand nombre de reçus. Mme Thompson les feuilleta rapidement. « Ah! en voilà un», dit-elle. Elle tendit le papier à Alice. La jeune détective examina la signature au dos. Une écriture hardie, sortant de l'ordinaire. Elle appartenait manifestement à une personne pleine d'assurance. « Avez-vous jamais rencontré M. Georgiou? demanda Alice. Non. Cette affaire a été réglée par correspondance. J'avais vu une annonce demandant de l'aide pour des enfants pauvres en Grèce. C'est ainsi que tout a commencé. Les Papadapoulos ont trois enfants, mais l'argent que j'envoyais était surtout destiné à permettre à Maria d'aller à l'école. » Une foule de questions se bousculaient dans la tête d'Alice. Dimitri Georgiou avait-il gardé les dons pour lui-même? Combien d'autres familles grecques avait-il volées ainsi? Ou bien quelqu'un d'autre avait-il pris l'argent? Qui? Alice serra la main de Mme Thompson. « Nous ferons l'impossible, promit-elle. - Nous? Oui, mes amies Bess et Marion m'accompagnent.» 8
Bess Taylor et Manon Webb étaient cousines et les meilleures amies d'Alice. Elles l'aidaient souvent à débrouiller des mystères, même s'ils avaient pour cadre des pays lointains. « Avez-vous encore besoin de quelque chose? demanda Mme Thompson. - J'aimerais faire une copie de la signature de Dimitri Georgiou », répondit Alice. De son sac, elle sortit un petit calepin et un stylo feutre, et imita soigneusement l'écriture du Grec. « Indice numéro un », dit-elle en rangeant le tout. En rentrant chez elle, cet après-midi, Alice téléphona aussitôt à Bess et à Marion pour leur faire part de son entretien avec Mme Thompson. « Entre chercher le- cousin et l'héritage de Helen Nicholas et retrouver l'argent de Mme Thompson, c'est à peine si nous aurons le temps de souffler à Athènes, conclut-elle. - Chic! s'exclama Marion. J'ai hâte de partir! » Sarah, la gouvernante des Roy, qui s'était beaucoup occupée d'Alice depuis la mort de sa mère, quinze ans plus tôt, entendit cette conversation. « Ce voyage ne me dit rien qui vaille, déclara-t-elle, le sourcil froncé. - Allons, allons, Sarah! répondit la jeune fille en lui attrapant affectueusement le menton. Quand cesseras-tu de te tourmenter? » Lorsque, le lendemain, ses amies et elle montèrent à bord de l'avion pour New York, Alice rit doucement.
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« La nuit dernière, dit-elle, Sarah a rêvé que les antiques Gorgones, des monstres qui ont des serpents pour cheveux, nous attendaient à l'aéroport d'Athènes! » En frissonnant, la rondelette Bess Taylor passa sa main dans ses boucles blondes. « C'est bien le moment de parler d'une chose pareille! protesta-t-elle. Prendre l'avion me rend déjà assez nerveuse! - Ne m'avais-tu pas dit que Sarah allait se faire faire une permanente aujourd'hui, Alice? demanda Marion en riant. Je parie que c'est son rendez-vous chez le coiffeur qui lui a inspiré ce cauchemar! » Alors que les filles s'installaient sur leurs sièges et attachaient leurs ceintures, Marion bâilla. « Combien de temps devons-nous attendre à New York avant le départ de l'avion pour Athènes? demandat-elle à Alice. - Trois heures. - Assez pour visiter toute la ville! dit Bess. - C'est justement ce que j'avais l'intention de faire », déclara Alice. Les cousines la regardèrent, étonnées. « Parles-tu sérieusement?» s'informa Marion. Alice fit un signe de tête affirmatif. « Voici l'adresse de l'agence Photini, à Astoria. Nous pourrions y trouver un indice. - Dans ce quartier éloigné? Nous raterons notre avion! objecta Bess. - Mais non!
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- Ne sais-tu pas que chaque taxi new-yorkais a des ailes? plaisanta Marion. - Tout ce que je demande au nôtre, c'est qu'il ait quatre bons pneus », répliqua Bess. Une heure environ plus tard, les filles atterrissaient à New York. Vingt minutes après, elles montaient dans un taxi. La voiture s'engagea sur une bretelle qui aboutissait à une route à grande circulation. « C'est cet énorme bâtiment, là-bas», dit le chauffeur en prenant la sortie pour Astoria. Bess émit un petit cri de surprise : des gens tenant des pancartes s'étaient groupés dans la rue devant l'immeuble. « Qui est en grève? demanda Marion. - Les locataires », répondit le chauffeur quand ils approchèrent. Alice sortit de l'argent de son porte-monnaie et le tendit à l'homme. « Nous descendons ici. Merci. - Pas moi, fit Bess. Je retourne à l'aéroport. » Tandis que Marion poussait sa cousine hors du taxi, Alice aperçut, au rez-de-chaussée de l'immeuble, une devanture surmontée du nom de Photini. Un homme aux cheveux roux était en train de balayer l'agence vide. « Allons lui parler», proposa Alice. Alors que les filles essayaient de se glisser à travers le piquet de grève, des manifestants se mirent à protester bruyamment. « Hé, vous, où allez-vous? cria l'un d'eux.
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- C'est ce que je me demande! gronda un autre, les yeux étincelants de colère. - Nous voulions simplement... » commença Marion, sur un ton d'excuse. L'homme derrière elle l'interrompit brutalement. « Qui diable êtes-vous? lui lança-t-il. Vous ressemblez à la fille de M. Sully! - Oui, c'est bien elle! affirma un autre manifestant d'un ton accusateur. Dites à votre père que nous ferons condamner tous ses immeubles par la ville! Mais cette personne n'est pas... » essaya d'intervenir Alice. La foule qui se pressait autour d'elle et de ses amies l'empêcha de poursuivre. Elle attrapa Marion par un bras. Bess se pendit à l'autre. « Nous sommes cousines, murmura-t-elle. Elle s'appelle Webb et moi... » Ses paroles furent couvertes par des cris. « Rentrez chez vous, mademoiselle Sully! C'est nous, les nouveaux propriétaires ici ! » Avec de gros rires, les hommes forcèrent les trois filles à descendre du trottoir. « Ces types ne nous laisseront jamais approcher de l'agence, déclara Marion. - Je savais bien que nous aurions dû rester à l'aéroport! grommela Bess tandis que l'homme au balai se retirait dans le bureau. - Partons!» décida Alice, déçue. Elle héla un taxi. « Espérons que nous mènerons un peu mieux nos affaires à Athènes!» 12
Les filles commentaient encore leur échec en montant à bord de leur «jet» de la compagnie Olympic Airways. Pendant que Bess passait devant, chercher leurs places, Alice s'arrêta pour parler au copilote. C'était un homme jeune aux cheveux noirs qui ondulaient sur son front. « Une fois, j'ai piloté un petit avion de tourisme, lui dit-elle, mais s'asseoir devant un tableau de bord aussi compliqué que le vôtre, ça doit être une autre paire de manches! - Comme nous ne partons pas encore, vous pouvez en faire l'expérience répondit le copilote, et il se baissa pour entrer dans la cabine. - Vraiment? Vous n'aurez pas d'ennuis? - Ne touchez à rien, c'est tout ce que je vous demande. O.K.?» Alice acquiesça d'un signe de tête, puis elle s'installa dans le confortable fauteuil « baquet », à côté de l'aviateur. « C'est fantastique!» s'exclama-t-elle, se penchant en avant pour examiner les rangées de boutons et de cadrans. Soudain, une voix d'homme, derrière elle, la fit sursauter. « Qu'est-ce que ça signifie? Est-ce cette fille qui va piloter notre avion? Se moque-t-on de nous ou quoi? » Le copilote essaya d'expliquer la situation, mais le passager furieux ne le laissa pas placer un mot. Finalement, Alice se leva et regarda calmement l'importun. C'était un homme corpulent au visage 13
empourpré de colère. « Si c'est vous qui pilotez, j'empêcherai cet appareil de décoller! hurla-t-il. - Ne vous tracassez pas, répondit Alice. Je ne suis qu'une passagère, comme vous. - Que faites-vous alors sur le siège du pilote? » gronda l'irascible individu. Alice achevait à peine ses explications quand une des hôtesses s'approcha de leur groupe. « Veuillez vous asseoir, monsieur Isakos », dit-elle à l'homme, puis elle lui tendit un journal grec. Au lieu de la remercier, le passager se contenta de hausser les épaules.
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« On devrait maintenir les filles à leur place, marmonna-t-il. Et leur place n'est certainement pas dans la cabine de pilotage!» Irritée par la prétention du personnage, Marion, qui avait entendu une partie de la conversation, explosa : « Apprenez, pour votre gouverne, que Alice Roy est un as de l'aviation, tout comme l'était Amelia Earhart! » Là-dessus, elle descendit le couloir. Isakos ne répondit pas. Il s'assit non loin des filles. « Zut! se dit Alice. Il va falloir supporter ses réclamations jusqu'à Athènes! » Elle se dirigea vers sa place en prenant soin de ne pas regarder dans la direction de l'homme. A mi-chemin, elle remarqua un bout de papier sur le plancher. Dans le coin supérieur gauche, elle lut, imprimé en caractères très visibles, le mot PHOTINI. Elle se pencha et ramassa le papier. « Qu'est-ce que c'est que ça? demanda Bess alors que Alice se glissait sur son siège, à côté de Marion. - Je n'en sais rien. » Les trois jeunes détectives examinèrent leur trouvaille avec curiosité. C'était l'en-tête de l'agence grecque suspecte! Sous l'adresse imprimée, il y avait un signe mystérieux :
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CHAPITRE II Le message volé Alice sortit aussitôt une petite loupe de son sac et la tint au-dessus de l'étrange dessin. « On dirait la lettre grecque phi, déclara-t-elle. - Oui, mais que signifient ces fioritures à chaque bout? chuchota Bess. - Que le gribouilleur tournait en rond, peut-être, plaisanta Marion. A moins que ce ne soit quelque chose d'important... » avança Alice. Elle tendit le cou pour regarder par le hublot. L'avion, prêt à décoller, roulait sur la piste qui luisait au soleil. « Fera-t-il aussi chaud en Grèce? demanda Bess. - Plus chaud encore, répondit Marion, taquine. Il paraît que le thermomètre peut y indiquer jusqu'à 40 degrés à l'ombre... - D'un olivier », ajouta machinalement Alice. Elle n'écoutait que d'une oreille distraite les 16
badineries de ses amies. Elle regarda de nouveau le papier. Soudain, elle se rendit compte que des mots effacés, presque invisibles, barraient l'entête de l'agence Photini. « Regarde ça! s'exclama-t-elle en tendant le papier et la loupe à Marion. - Je veux voir aussi, dit Bess. - Attends un instant », répondit sa cousine. Elle tint la loupe au-dessus des mots que Alice lui avait indiqués. « Tout ce que je parviens à déchiffrer, c'est Zâppeion et Maïou. - Zâppeion! répéta Alice? N'est-ce pas cette grande place, à Athènes? » Ses amies haussèrent les épaules. « Je n'en sais rien, répondit Marion. Mais je crois que Maïou signifie mai en grec. » Bess parvint à déchiffrer deux autres mots du message. Ensemble, les filles reconstruisirent la phrase : « Rendez-vous stô Zâppeion tis ikosi pende Maïou.» Avec son stylo, Alice repassa à l'encre les lettres effacées. Entre-temps, les moteurs s'étaient mis à vrombir et les hôtesses s'étaient installées pour le décollage. Quand l'avion fut en l'air, Alice appela l'une d'elles. « Pourriez-vous me traduire cette phrase?» demanda-t-elle en montrant la phrase écrite en grec. La jeune femme plissa le front une seconde avant de répondre :
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« " Rendez-vous au Zâppeion le 25 mai". Il y a donc un mois de cela. - Où, exactement, se trouve le Zâppeion? s'informa Alice. - Près de mon appartement, derrière le jardin du Roi, au centre d'Athènes. Il vaut une visite. - Nous irons certainement, dit Bess. Quelles autres curiosités touristiques nous recommandez-vous? Oh! Il y en a tant! Le musée national archéologique ou le musée Benaki, par exemple. Vous devez également voir Plaka, le vieil Athènes. Et aussi monastiraki, le marché aux puces. - N'est-ce pas l'endroit dont nous avait parlé Helen Nicholas? chuchota Bess à Alice. - Oui, elle a dit que c'était à quelques pas de notre hôtel. » Ayant fourni les renseignements demandés l'hôtesse s'éloigna et Alice sortit le calepin sur lequel elle avait imité la signature de Dimitri Georgiou. Elle compara celle-ci avec le message inscrit sur l'en-tête. C'était la même écriture! « Nous pouvons donc en déduire que c'est Dimitri qui a écrit ce mot et rencontré quelqu'un au Zâppeion le 25 mai dernier, dit Marion. Mais qui et pourquoi? Mystère. Et nous ignorons si cette entrevue avait un rapport avec notre affaire. - L'important, répliqua Alice en traçant deux paires de parallèles entrecroisées au dos du papier, c'est que le destinataire de cette lettre est probablement à bord de cet avion. 18
- Mais il vaut mieux qu'il ne sache pas que nous cherchons M. Georgiou, n'est-ce pas? fit Bess. - Evidemment, nous n'allons pas faire une annonce et demander qui a perdu ce morceau de papier! » répliqua Alice. Bess et elle jouèrent quelques parties de « morpion », puis on servit le dîner. Sur chaque plateau, il y avait une grande portion de moussaka et une salade verte garnie de fêta et de petites olives. « J'adore les aubergines», déclara Bess en savourant la dernière miette de son moussaka. Après le repas, les filles mirent des écouteurs pour entendre de la musique et, plus tard, la bande sonore d'un film dont l'image fut projetée sur un écran. A leur grande joie, celui-ci avait été tourné à Athènes. Alice s'intéressa moins à l'action qu'aux ruelles tortueuses qu'elle et ses amies exploreraient le lendemain! A la fin du film, on ne ralluma pas la lumière. Des passagers nerveux se levèrent pour se dégourdir les jambes. D'autres, dont les jeunes détectives, demandèrent des couvertures et des oreillers. « Bonne nuit! dit Marion. - Dormez bien!» répondit Bess. Alice coinça son sac à main entre elle et l'accoudoir, puis elle ferma les yeux et sombra bientôt dans un profond sommeil. Elle se réveilla environ une heure plus tard : elle avait eu l'impression que quelqu'un avait touché son sac à
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main. D'un œil ensommeillé, elle regarda le couloir. Personne. « Je dois avoir rêvé », conclut-elle avant de se rendormir. Quelques heures plus tard, un flot de lumière inonda l'avion. Celui-ci survolait l'Europe du Sud. Il était trois heures du matin à New York, mais neuf heures ici. « Nous venons de perdre six heures, annonça Bess en bâillant. - Rassure-toi, tu les récupéreras au retour, répliqua sa cousine. - Promis?» Bess referma les yeux. Alice ouvrit son sac à main. « II a disparu! s'écria-t-elle soudain. - Qui? Quoi? demanda Marion. - Le papier! - En es-tu sûre? intervint Bess. - Juges-en par toi-même. » De son sac, Alice sortit son portefeuille, son carnet de chèques, plusieurs produits de maquillage, un billet d'avion et son passeport, ne laissant, au fond, qu'une paire de petites clefs de valise. L'en-tête de l'agence Photini s'était manifestement volatilisé. « Tu l'as peut-être jeté avec ta serviette en papier, après le dîner», suggéra Marion. Alice secoua la tête. « Non. Souviens-toi. Nous avons joué au " morpion " au dos du papier. Ensuite, je l'ai rangé dans mon sac, avant le repas. » Elle se 20
renversa sur son siège. « Quelqu'un l'a pris », affirma-t-elle. Elle confia à ses amies que, pendant la nuit, elle s'était à moitié réveillée parce qu'elle avait senti quelqu'un bouger son sac. « Mais j'étais tellement fatiguée que je n'y ai pas attaché d'importance, convint-elle. - Ne te tracasse pas, dit Bess. Au moins cela nous donne la certitude que l'un des passagers est en rapport avec Dimitri. - Tout ce qui nous reste à faire, c'est d'interroger trois cents personnes! plaisanta Marion. - D'accord, acquiesça Alice en riant. Bess et toi, vous vous occupez de la classe touriste, moi, de la première. » Comme elles devaient débarquer et retirer leurs bagages, les filles chassèrent momentanément l'incident de leur esprit. Dehors, le soleil enveloppait l'aéroport d'une brume de chaleur. « Quelle fournaise! s'exclama Marion qui sentait le sol brûler sous ses sandales. - Nous nous y habituerons », déclara Alice en se précipitant vers une station de taxi. Quelques instants plus tard, les filles roulaient vers l'hôtel Skyros, un endroit charmant situé près de la place Omonia. « Superbe ! » s'exclama Bess quand le chasseur les introduisit dans leur chambre. C'était une grande pièce dont les portes coulissantes vitrées donnaient, sur une terrasse d'où l'on avait vue sur 21
l'Acropole. Des tentures brodées ornaient les murs. « Le matin, en nous levant, nous aurons l'impression de flotter sur un nuage athénien», déclara Bess. Ses amies rirent. Elles ouvrirent leurs valises. De la sienne, Alice retira un parapluie pliable. «Voici un objet que j'aurais pu laisser à la maison! » dit-elle. Elle n'avait pas fini de déballer ses affaires, que quelqu'un frappa à la porte. C'était de nouveau le chasseur. Il portait une corbeille remplie de belles pommes jaunes et brillantes. « Pour vous, dit-il, en déposant les fruits sur une table, devant les baies vitrées. - Merci, répondit Alice. - C'est peut-être un envoi de Ned, avança Bess, après le départ du chasseur, faisant allusion à l'ami de cœur d'Alice. Y a-t-il une carte? - Je n'en vois pas, répondit la jeune détective. C'est peut-être un cadeau d'accueil de l'hôtel. » Elle avait envie de manger un des fruits, mais accrocha d'abord ses vêtements. Marion, elle, en prit un, sur le dessus. Alors qu'elle mordait dedans, elle aperçut quelque chose de vert et d'écailleux dans le panier. La « chose » rampait vers le haut, à travers les pommes! Marion laissa tomber la sienne et recula. « Alice! Bess! cria-t-elle. Il y a un serpent dans la corbeille ! » Une petite tête triangulaire émergea. Marion retint son souffle et recula encore. Alice saisit son parapluie. 22
« Ne bouge pas!» ordonna-t-elle à Marion. Elle glissa le bout du parapluie sous le reptile. Celui-ci l'évita se jetant d'avant en arrière. « Attention! cria Bess. - Chut!» fit sa cousine. Pendant plusieurs longues secondes, Alice essaya d'attirer le serpent sur le parapluie. A son grand soulagement, il s'enroula finalement autour des plis du tissu. « Apporte-moi la corbeille à papier, ordonna Alice à Bess. Et aussi l'une des descentes de lit. Elle me servira de couvercle. » Bess obéit en tremblant. Elle plaça la corbeille près de la table, laissa tomber le tapis à côté, puis s'écarta en vitesse. Avec fermeté et lenteur, Alice tourna sur ses talons sans quitter le reptile des yeux, puis elle plongea le parapluie dans le panier. « Ouf! » fit-elle quand le serpent en descendit. Marion ferma aussitôt avec la carpette. Pendant ce temps, Alice appelait la réception. « Quelqu'un va venir le prendre, annonça-t-elle aux filles. - Quand? interrogea Bess, toujours tremblante. - Dans un instant. » Un jeune employé de l'hôtel apparut quelques minutes plus tard. Il ne dit rien, mais, quand Alice lui tendit la corbeille à papier et souleva le tapis, il poussa un cri étouffé. Il pivota sur lui-même et descendit le couloir en courant. « Donne-lui aussi les pommes! dit Bess. Monsieur! Monsieur! » appela-t-elle.
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Trop tard. L'employé avait disparu. « C'est mieux comme ça, déclara Alice en étant les fruits de la corbeille. Il y a peut-être quelque chose de caché dedans. - Un scorpion? demanda Bess en frissonnant. - Non, plutôt des dollars, répondit Alice d'un ton de conspiratrice. Vous souvenez-vous du mythe grec des Pommes d'Or? Elles étaient gardées par un serpent qui s'enroulait autour des arbres du jardin des Hespérides. C'est ce qui a donné naissance au symbole du dollar. - Ah bon? Je croyais que les pommes avaient un rapport avec Aphrodite, la déesse de l'amour», dit Bess rêveusement. Sans prêter attention au commentaire de son amie, Alice regarda dans la corbeille de fruits. « II n'y a rien, constata-t-elle et elle remit les fruits. - Que faisons-nous maintenant? demanda Bess en se laissant tomber sur son lit. Je suis épuisée. - Mais non! Tu te fais des idées! répliqua Marion en riant. Allons, lève-toi. Nous avons du travail. - Tout de suite? » gémit Bess. Alice consulta sa montre. « En nous dépêchant, nous pourrions encore voir maître Vatis avant qu'il ne quitte son bureau. » Maître Vatis était l'avocat qui s'occupait de l'héritage qu'Helen Nicholas avait reçu de son oncle.
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Un taxi amena les filles à l'adresse que leur avait indiquée M. Roy : le cabinet Vatis et Vatis. A leur étonnement, les amies constatèrent que les avocats avaient déménagé. Un autre nom figurait sur la plaque. A l'intérieur, Alice se présenta à la réceptionniste et lui demanda ce qu'étaient devenus les juristes. « Monsieur Vatis père est mort il y a quelque temps, répondit la jeune femme. J'ignore où est son fils. En fait, personne ne sait où il est. - Merci quand même», répondit Alice, déçue. Au moment où les jeunes filles s'apprêtaient à partir, elles se heurtèrent presque à un homme qui, debout derrière elles, attendait son tour pour "se renseigner. Les filles s'excusèrent et sortirent, un peu embarrassées. « Où peut-il bien être, ce Vatis? murmura Bess. - Mystère, répondit Marion. Moi, ce que j'aimerais savoir, c'est : où allons-nous maintenant? »
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CHAPITRE III Le masque d'or « Nous ne sommes pas loin de Plaka, dit Alice à Marion, en guise de réponse. - Qu'attendons-nous, alors? demanda son amie. Il paraît que c'est un quartier très intéressant. » Dix minutes plus tard, les filles se trouvaient dans cette étrange partie du vieil Athènes qui avait donné naissance à la capitale de la Grèce moderne, au début du XIXe siècle. 27
« Les maisons sont belles», fit remarquer Alice. Les bâtiments s'étageaient en gradins dans la colline. La plupart d'entre eux s'ornaient de treilles, de jardinières et de pots en terre cuite remplis de fleurs aux couleurs vives. L'air embaumait le chèvrefeuille et le jasmin. « Quel parfum!» s'exclama Bess, tandis que ses amies et elle descendaient une ruelle tortueuse.
Elles s'étaient arrêtées devant une petite église byzantine. Soudain un jeune prêtre barbu, vêtu d'une robe noire, passa en courant devant elles et pénétra dans le sanctuaire. Alice leva les yeux vers le dôme d'un rouge éteint. « Il doit bien avoir sept siècles, dit-elle. On entre? - Bien sûr. » L'office touchait à sa fin. Une odeur d'encens remplissait l'église. A l'entrée, de minces cierges blancs brûlaient faiblement, nimbant une icône d'une douce lueur. C'était un petit panneau de bois sur lequel était peinte l'image d'un saint. Le prêtre barbu la plaça devant une magnifique boîte en argent. « Pourquoi a-t-il fait ça? chuchota Bess alors que l'ecclésiastique ressortait en hâte. - Il a laissé une offrande au saint », expliqua Alice. Elle s'approcha. A sa surprise, elle vit qu'un emblème nautique était gravé sur le couvercle de la boîte. Le jeune homme appartenait-il à une famille de 28
marins? Et, dans ce cas, connaissait-il Constantine Nicholas? « Venez vite, les filles!» ordonna Alice en entraînant ses amies dehors. Mais le prêtre orthodoxe était déjà loin. Au grand ennui de la jeune détective, il disparut bientôt dans la foule, au pied de la colline. «Zut et zut! » fit-elle quand elle l'eut complètement perdu de vue. L'odeur de maïs grillé attira les filles plus loin,
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au centre du monastiraki où des marchandises diverses pendaient aux étals des boutiques. « Regardez ces blouses brodées, dit Bess. N'est-ce pas qu'elles sont jolies? - Oui. Je vais m'en acheter une, annonça Marion. - Moi aussi », déclara sa cousine. Alice avait jeté son dévolu sur deux belles nappes de lin, de l'autre côté de la rue. Elle les acheta, puis s'arrêta devant une autre devanture surmontée du mot CHRYSOTÈQUE. « Ça doit signifier littéralement " magasin d'or ", expliqua-t-elle à Bess et Marion quand ses amies la rejoignirent. Regardez ces merveilleux bijoux! » Mais, le plus fascinant de tout, c'était un masque d'or exposé au milieu! « II est splendide. » Alors que les filles se penchaient en avant pour mieux le voir, une main l'enleva brusquement de la vitrine. « II doit y avoir un acheteur», avança Bess. Elle entra dans le magasin, suivie d'Alice et de Marion. A l'étonnement des filles, il n'y avait aucun client à l'intérieur. Au fond de la boutique, derrière un rideau, des voix furieuses se querellaient. « Nous ferions peut-être bien de partir », murmura Bess quand un jeune garçon écarta le rideau et sortit en pleurant du magasin. Puis une femme apparut. « Vous désirez? demanda-t-elle en souriant. 31
- J'aurais voulu voir le masque que vous aviez en vitrine, dit Alice. - Il a été vendu, répondit la commerçante d'un ton sec, et nous n'en avons pas d'autres. - Dans ce cas, j'aimerais acheter cette broche», déclara Bess. Elle en désigna une qui représentait un masque. « Qu'en pensez-vous, les filles? - N'oublie pas que nous devrons emmener tout ça dans nos bagages », lui rappela sa cousine. Elle jeta un coup d'œil aux sacs de ses amies : ils étaient presque pleins. « Mais ce bijou ne pèse rien! insista Bess. Combien coûte-t-il? demanda-t-elle à la commerçante. - Il n'est pas cher : moins de mille drachmes. - Cela fait combien, en dollars? s'informa Marion. - Trois ou quatre. - Plutôt trente, oui! chuchota Alice à Bess. - Tant pis, je le prends quand même, répliqua celleci. Dépenser des drachmes est plus amusant que de dépenser des cents ! » Sa cousine leva les yeux au ciel. « Moi, je vais garder mes chèques de voyage pour quelque chose dont j'aurais vraiment envie, déclara-telle en sortant du magasin avec les autres. Une croisière sur la mer Egée, par exemple. » Les filles commençaient à se sentir fatiguées : elles avaient beaucoup marché. A plusieurs reprises déjà,
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Alice avait posé son sac en plastique sur le trottoir. Cette fois-ci un touriste, qui léchait les vitrines à côté d'elle, marcha presque sur ses emplettes. « Allons ailleurs, suggéra enfin Bess. Cette foule me donne le tournis. » Les filles se dirigèrent vers la place Syntagma où une nuée d'enfants entourait un vieillard coiffé d'un chapeau plat fait en éponge naturelle. Il portait d'autres éponges sur le bras. Il y en avait de toutes les tailles et de toutes les formes. « Barba Yanni! Barba Yanni! cria un petit garçon en échangeant quelques pièces contre une grosse éponge. Il n'aura pas besoin de parapluie, celui-là, commenta Marion. Cette éponge pourrait absorber tout un orage! - A propos d'absorber, dit Bess alors qu'elles passaient devant un marchand de glaces, n'avez-vous pas soif? - Oui, répondit Marion. Et si on s'asseyait? » Les filles prirent place à une table sur le trottoir. Elles venaient de passer leur commande quand un jeune homme s'assit près d'elles. « Vous Américaines? demanda-t-il. - Oui, répondit Marion. - Moi vous montrer Athènes, déclara-t-il d'un ton sans réplique. - Mais nous ne pouvons pas ace... fit Bess. - Non, merci, l'interrompit Alice avec froideur. - Entaxi, dit le jeune homme en poussant un profond soupir. Au revoir, mesdemoiselles. » 33
Pouffant de rire, Bess se pencha vers ses amies. « Je crois que nous lui avons brisé le cœur», murmura-t-elle en regardant s'éloigner le Grec. Marion changea aussitôt de sujet. « Montre-nous tes nappes? demanda-t-elle à Alice qui ouvrit aussitôt son sac en plastique. - Hé! Qu'est-ce que c'est que ça?» s'exclama-t-elle en découvrant un paquet supplémentaire dont l'emballage était celui de la bijouterie. Elle le posa sur ses genoux et défit le papier. « C'est le masque d'or que nous avons vu en vitrine! s'écria Bess. - Mais comment est-il entré dans mon sac?» s'étonna Alice. Marion haussa les épaules et remarqua : « On dirait vraiment une pièce authentique et non pas une copie ». Le prenant des mains de son amie, elle le retourna et l'examina attentivement. « Que représente ceci? fit-elle en désignant une étiquette dorée collée au métal, derrière le menton. - Mais c'est le petit dessin! s'écria Alice, tout excitée. - Quel petit dessin? - Le signe que quelqu'un avait griffonné sur l’entête de l'agence Photini. C'est la lettre phi, mais, au lieu de se terminer par des boucles à chaque bout, il y a une tête de serpent.
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- Tout le symbole représente en fait le corps d'un reptile, observa Bess. Quelle peut bien en être la signification? - Je n'en sais rien, mais j'ai bien l'intention de le découvrir », déclara Alice. Elle décida alors de retourner immédiatement à la bijouterie. - Reposons-nous encore une petite minute! plaida Bess. Je me sens tout étourdie. - Tu devrais peut-être rentrer à l'hôtel, conseilla Marion en voyant sa cousine se lever en chancelant. - Tu as raison, acquiesça Bess. Ça doit être la chaleur. » Alice insista pour que Marion accompagnât sa cousine, car elle ne serait pas très longue à la « chrysotèque ». A sa grande déception, elle trouva la bijouterie fermée. « L'heure de la sieste! » se dit-elle. Mais le musée archéologique pourrait peut-être la renseigner sur le masque! Elle se fît conduire en taxi, au musée. Celui-ci était sur le point de fermer pour quelques heures. Elle supplia, en anglais, le gardien de la laisser entrer. Il la submergea sous un flot de paroles en grec. « C'est inutile », se dit Alice avec anxiété. Alors elle lui montra le masque en or. A son étonnement, il le lui arracha des mains et dit quelque chose en grec. Alice secoua la tête, perplexe. L'homme la prit par le bras et l'entraîna vers un bureau, au bout d'un couloir. « Pourvu qu'il m'emmène voir le conservateur! 35
pensa-t-elle. Et pourvu que celui-ci parle anglais!» Quand ils pénétrèrent dans la pièce, le gardien passa comme une flèche devant une secrétaire et entra dans le bureau suivant. Un homme brun aux favoris grisonnants y était assis derrière une table. Le gardien lui dit quelques mots en grec et posa le masque devant lui. « C'est moi qui dirige ce musée, dit l'homme en anglais avec un fort accent. Qui êtes-vous et où avezvous trouvé ceci?» La jeune détective se présenta, puis ajouta : « Je l'ai trouvé parmi mes emplettes, dans mon sac en plastique. - Dans votre quoi? - Dans mon... - Une seconde », l'interrompit le conservateur et il composa un numéro sur son téléphone. Quelques instants plus tard, un homme se présentait, tout essoufflé, à la porte. Le conservateur expliqua à Alice que c'était un détective. Il avait été engagé récemment par le musée après une série de vols. « Ce masque a été dérobé au musée, mademoiselle Roy, annonça le conservateur. Le saviez-vous? - Non. Je n'en avais pas la moindre idée. » Sous le regard menaçant du détective, Alice se sentit soudain pareille à une criminelle. « En fait, poursuivit le conservateur, ce masque devrait être en ce moment aux Etats-Unis car il fait partie d'une exposition itinérante.
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- C'est-à-dire exposé dans divers musées? demanda Alice. - Savez-vous quelque chose? intervint le détective. - Non. Je... Non, rien du tout. Je faisais des emplettes au marché aux puces et... - Et vous avez acheté ce masque? » interrogea le conservateur. Le gardien, qui ne comprenait pas l'anglais, resta impassible, mais le détective éclata de rire. « Quelle blague! Mademoiselle a acheté le masque au monastiraki! Ha! Ha! Ha!» Les trois hommes discutèrent à voix basse pendant quelques minutes. Le conservateur retourna l'objet d'art. Il fît des commentaires sur le symbole qui se trouvait au dos, puis il pointa un doigt accusateur sur Alice. « C'est absurde! pensa la jeune fille. Ils me prennent pour une voleuse! » « Quand les voleurs se sont rendu compte qu'ils ne pouvaient pas vendre le masque, ils s'en sont débarrassés, déclara le conservateur. Cela vous paraît-il logique, mademoiselle Roy? - Oui. Ils ont peut-être cru que vous étiez sur leur trace et ont voulu détourner les soupçons sur moi. - Qui nous dit que vous n'appartenez pas au gang, fit le détective. Peut-être êtes-vous la petite amie ou la cousine d'un des membres? - Non! » protesta Alice, indignée. Faisant effort pour rester calme, elle ajouta : « Si je l'étais
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- ce qui n'est pas le cas - je ne serais pas venue me fourrer dans la gueule du loup! - Malgré tout, nous devrons vous garder ici jusqu'à ce que nous ayons la preuve du contraire!» trancha le conservateur.
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CHAPITRE IV L'intrus Les paroles du conservateur firent rougir Alice de colère. « Vous allez me garder ici? répéta-t-elle. - C'est exact, mademoiselle, répondit le détective. Maintenant que vous nous avez donné un premier indice, nous ne pouvons pas vous laisser partir. Que savez-vous de ce symbole? 39
- Rien. J'ignore qui l'a mis sur ce masque et pourquoi. Me permettez-vous de téléphoner à mon hôtel? - Bien sûr. Vous pouvez utiliser mon appareil. » Au grand soulagement d'Alice, Marion décrocha à la première sonnerie. Elle fut stupéfaite d'apprendre la mésaventure de son amie. « Bon... eh bien... je vais venir immédiatement au musée, bredouilla-t-elle. Bess est encore très fatiguée. Elle devrait rester ici. A tout de suite... - Attends, Marion! Ne raccroche pas! s'écria Alice d'une voix anxieuse. Téléphone à mon père, s'il te plaît. Il saura quoi faire. » Elle reposa le combiné avec l'espoir que M. Roy viendrait à son aide malgré les milliers de kilomètres qui la séparaient d'elle. Marion demanda aussitôt à la standardiste de l'hôtel d'appeler l'avocat à son cabinet. On lui répondit que cela prendrait deux heures pour établir la communication. Marion raccrocha. « Alice ne peut pas attendre aussi longtemps, ditelle à Bess. Je vais descendre au kiosque à journaux qui se trouve au coin. Il y a un téléphone public à l'intérieur. - Veux-tu que je t'accompagne? demanda Bess en soulevant la tête de son oreiller. - Non, repose-toi. » Marion ferma complètement les rideaux entrouverts et sortit.
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Bess se blottit sous sa couverture. Elle s'endormit aussitôt. Au bout d'un moment quelque chose la réveilla : quelqu'un marchait devant son lit. Encore tout ensommeillée, elle tourna la tête vers la porte, juste à temps pour apercevoir le dos d'un homme qui la refermait doucement. Bess poussa un cri étouffé. La sonnerie du téléphone l'empêcha de courir après l'intrus. « Allô, fit-elle d'une voix tremblante. - Où est Marion? demanda Alice avant que Bess ait pu lui parler du visiteur inconnu. Cela fait presque une heure que je l'attends. » Soudain le regard de Bess se posa sur la table
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où s'était trouvée la corbeille de pommes: les fruits avaient disparu! « Oh! Alice! s'écria-t-elle. Quelque chose d'affreux vient d'arriver. - A Marion? - Non, non. Quelqu'un s'est introduit dans notre chambre... - Quoi! - Un homme. Il a pris les pommes. Je ne l'ai pas très bien vu. En tout cas, je ne reste pas ici une minute de plus. Je pars tout de suite au musée. » Bess raccrocha le combiné, s'aspergea la figure d'eau froide, puis s'habilla et prit son sac à main. Au musée, Alice se laissa tomber sur une chaise, dans le bureau du conservateur. Elle pensait avec inquiétude à Marion, à l'étrange intrusion dans leur chambre et à la façon dont elle pourrait se débarrasser du détective qui la regardait d'un air furieux. Puis, à son grand soulagement, elle entendit une voix familière dans le couloir. « Marion!» cria-t-elle en courant vers la porte. Les cheveux bruns, coupés court, de son amie étaient tout ébouriffés par la course. « Désolée d'avoir été si longue, haleta Marion. A l'hôtel, les lignes étaient occupées et le téléphone public ne fonctionnait pas. Je me suis donc rendue à l'ambassade des Etats-Unis. J'y ai parlé à un des attachés qui...
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Et vous, qui êtes-vous? l'interrompit le conservateur. - Marion Webb. Je suis une amie d'Alice et... » A cet instant, Bess entra dans la pièce. « Oh! Marion! que je suis heureuse de te voir! » s'exclama-t-elle, puis elle se présenta au conservateur. « Alice est sur une affaire, ajouta-t-elle. Il faut la relâcher tout de suite pour qu'elle puisse poursuivre son travail. - Ah oui? grogna l'administrateur du musée. - Je peux vous prouver que Alice est détective! - Tais-toi, tu ne fais qu'aggraver les choses », ordonna Marion. Un silence tomba pendant quelques secondes, puis la secrétaire appela le conservateur à l'extérieur. Le détective se joignit à lui, laissant les filles sous la surveillance du gardien. « Que se passe-t-il?» demanda Bess. Alice et Marion haussèrent les épaules. « La justice a peut-être suivi son cours», répondit sa cousine. Elle avait raison, Alice fut libérée peu après, mais non sans un avertissement. « Vous êtes peut-être utile à la police américaine, mais à la nôtre, pas du tout, déclara le détective. Par conséquent, ne vous mêlez plus de cette affaire. » Malgré cette remarque cinglante, Alice sourit poliment et dit au revoir. Bess et Marion suivirent leur amie dans la rue.
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« Tu ne vas tout de même pas renoncer à élucider ce mystère? demanda Bess. - Tu as bien entendu ce qu'a dit ce type!» répliqua Alice, mais la lueur malicieuse qui brillait dans ses yeux apprit aux autres qu'elle n'avait nullement l'intention d'abandonner. Bess parla à nouveau de l'homme qui s'était introduit dans leur chambre. Cet incident inquiéta beaucoup ses compagnes. « Cet homme se trouvait peut-être dans notre chambre avant notre retour, avança Marion. En nous entendant arriver, il a dû se glisser dehors, sur la terrasse. Que les rideaux fussent à demi fermés m'a paru bizarre, mais j'ai pensé que c'était la femme de chambre qui les avait tirés. - Ce qui est encore plus bizarre, c'est que ce type a pris la corbeille de fruits qu'il nous avait probablement offerte. - Ce n'est là qu'une hypothèse. Les pommes étaient peut-être destinées à quelqu'un d'autre, fît remarquer Alice. - La vipère l'était certainement, intervint Marion. Car, à part nos amis, qui savait que nous viendrions en Grèce? » Les filles, décidèrent de se rendre à l'agence Photini. Celle-ci se trouvait au dernier étage d'une banque, au centre de la ville. Les employés couraient des classeurs aux bureaux, créant une atmosphère d'activité qui contrastait singulièrement avec celle du bureau vide de New York. 45
« Cette affaire-ci m'a l'air extrêmement florissante», commenta Alice, puis elle demanda à parler au directeur. Celui-ci était un petit homme aimable aux yeux sombres. « Je suis M. Diakos », dit-il en saluant chaleureusement les filles. Alice et ses amies se présentèrent à leur tour, ajoutant qu'elles étaient récemment allées à l'agence de New York. « Ah! vous connaissez donc notre travail, dit M. Diakos. Ces pauvres familles villageoises! Elles ont besoin d'aide en permanence. » « Manifestement, il pense que nous voulons parrainer quelqu'un », se dit Alice. « Tenez, regardez cette photo, poursuivit l'homme en sortant d'un tiroir le portrait d'une enfant maigre et triste. Une si jolie fille, mais vous voyez? Pas le moindre sourire. - Je... essaya d'interrompre Alice. - En voici une autre. C'est le frère de la petite. Ils vivent à Athikia. » M. Diakos prit une chemise dans un deuxième tiroir. « Tous ces enfants viennent d'Angelo Kastro, une autre ville du Péloponnèse. Leurs parents sont extrêmement pauvres et... - Monsieur Diakos, pour l'instant nous ne nous intéressons qu'à une famille bien précise, parvint enfin à placer Alice. - Ah bon? fit le directeur en battant des paupières. - Oui, ils s'appellent Papadapoulos et ils habitent à 46
Agionori. » Sans écouter un mot de plus, M. Diakos demanda à une secrétaire de rechercher le dossier correspondant. Aucune personne de ce nom n'était inscrite à l'agence! Perplexe, Alice révéla au directeur l'histoire que Mme Thompson lui avait confiée au sujet des règlements manquants et de la disparition de Dimitri Georgiou. « Avez-vous eu des nouvelles de ce monsieur récemment? interrogea Marion. - Non, mais je n'y ai rien trouvé d'anormal. Je suis à ce poste depuis quelques semaines seulement et il m'a fallu du temps pour m'adapter et me mettre au courant. - Ce bureau envoyait-il régulièrement à M. Georgiou des listes de noms de gens nécessiteux? s'enquit Bess. - Oui, mais les Américains en choisissaient très peu. - Qu'est-il advenu des autres? - Ils ont toujours besoin de secours. - M. Georgiou pourrait-il avoir accepté des dons sans vous en faire part? demanda Alice. - Bien sûr... mais comment a-t-il osé faire une chose pareille? Voler les pauvres, c'est épouvantable! cria M. Diakos, hors de lui. Dimitri Georgiou paiera pour son crime! - Nous n'avons pas la preuve que ce soit lui qui ait pris l'argent, dit Bess pour le calmer. - Qui d'autre l'a fait alors? » Avant le départ des filles, M. Diakos nota l'adresse et le numéro de téléphone de leur hôtel. 47
« Si j'apprends où il se trouve, je vous préviendrai, dit-il. - Encore une piste qui n'aboutit à rien, soupira Bess, déçue. Que faisons-nous maintenant? - Allons à la compagnie maritime Nikos, proposa Alice. Mais, d'abord, nous devrions rendre visite à M. Mousiadis, l'ami de papa. Il nous prêtera peut-être sa voiture. » De sa poche, elle tira une carte de visite. « Ce n'est pas loin de notre hôtel. » Au bureau de M. Mousiadis, les amies furent reçues par un jeune assistant efficace qui les amena auprès de son patron. Celui-ci était un homme grand, corpulent, au visage sympathique. Il les fit asseoir dans de confortables fauteuils. Et, avant même que Alice le lui eût demandé, il leur proposa d'utiliser sa voiture. « C'est vraiment très généreux de votre part, bredouilla la jeune détective. Merci. Je... » M. Mousiadis leva la main pour l'empêcher de continuer. « Votre père m'a dit pourquoi vous étiez ici et je suis content de pouvoir vous aider. Malheureusement, je dois partir en Italie demain. Il me sera donc impossible de vous servir de guide. Mon quatre-roues, toutefois, vous fera visiter la ville à ma place! » II eut un grand sourire. « Je voudrais seulement vous donner un conseil. - Lequel? demanda Bess. - Si vous en avez le temps, achetez-vous, s'il vous plaît, un mâti, une amulette protectrice.
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Nâ min avaskathi. Puisse le mal s'éloigner de vous.» II tendit une paire de clefs à Alice, ajoutant qu'il serait de retour dans une semaine. Les rues d'Athènes grouillaient de voitures privées et de taxis qui klaxonnaient et se faufilaient à travers les encombrements en roulant beaucoup trop près les uns des autres. Serrant fortement le volant, Alice se dirigea vers la périphérie de la ville, quittant les rues étroites pour une grande route. Alice la suivit jusqu'au Pirée, le plus important port de Grèce. « C'est là! » dit Marion en apercevant un bâtiment gris sur la façade duquel on lisait le nom NIKOS. A l'intérieur, Alice demanda à voir Constantine, le cousin d'Helen. Elle ne fut pas surprise d'apprendre que le jeune homme ne travaillait plus dans cet établissement. « Savez-vous où il est? demanda-t-elle en regardant l'employé dans les yeux. - Non. Constantine est un garçon bizarre qui a des amis bizarres. Il a dépensé tout l'argent que ses parents lui avaient laissé, puis, pfft! il s'est volatilisé! - Et l'avocat, M. Vatis? interrogea de nouveau Alice. - En chômage. - J'ai bien l'impression que les détectives de River City le sont aussi! grommela Marion. - Pas encore, je l'espère!» répliqua Alice. Elle demanda à l'homme la permission de
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visiter l'un des cargos de la compagnie. L'employé lui remit trois laissez-passer et, à son étonnement, la photo d'un beau jeune homme. « Constantine, expliqua-t-il. Vous pouvez la garder. - Il ressemble à Helen, vous ne trouvez pas? commenta Bess en regardant les yeux bruns pleins de douceur et les cheveux ondulés de l'inconnu. - Oui, un peu », convint Alice. Elle glissa la photo dans son sac, puis nota les indications que lui donnait l'homme pour parvenir à un tanker amarré près du chantier naval. « Quelqu'un vous fera monter à bord, dit-il. Je vous souhaite une agréable visite et de bonnes vacances dans notre pays. » Les filles le remercièrent et sortirent. « Qu'allons-nous trouver, sur ce bateau? demanda Marion. - Quelques séduisants marins, répondit Bess en riant. - Ou des douzaines de rats grecs ! » plaisanta Marion. En frissonnant, sa cousine contempla le grand pétrolier gris devant elles. «Embarquons!» pressa Alice. Les filles gravirent la passerelle. Elles tendirent leurs laissez-passer à un marin qui leur répondit en grec. « Ça recommence! gémit Marion. Y a-t-il quelqu'un qui parle anglais ici?» L'homme la regarda fixement. Il haussa les
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épaules et s'éloigna, laissant les visiteuses explorer le navire toutes seules. Les amies descendirent dans l'entrepont. Soudain le cargo se mit à bouger. « Où nous emmène-t-on? » cria Bess, affolée.
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CHAPITRE V Dans le fossé Les jeunes détectives remontèrent en courant. Le cargo s'était déjà éloigné de quelques mètres de son poste de mouillage. « Arrêtez!» cria Alice à un marin tandis que Marion et Bess agitaient frénétiquement les bras en direction du quai. « Laissez-nous descendre ! » Le marin répondit en grec, puis il cria quelque chose à un autre membre de l'équipage qui disparut précipitamment derrière une porte en fer. « Que faisons-nous si le bateau continue à avancer? demanda Bess anxieusement. - Nous sautons par-dessus bord et nous regagnons la terre à la nage, ironisa sa cousine. 52
- Cela ne sera pas nécessaire, déclara Alice. Nous faisons marche arrière. - Ouf! s'exclama Bess. J'ai eu chaud. Nous aurions pu être kidnappées... - Et abandonnées sur une île sur le point de sombrer! » termina sa cousine alors que les filles posaient le pied sur le quai. - Demain, tâchons de passer une journée plus calme», suggéra Alice, puis elle proposa d'aller rendre visite à la petite Maria. « Sa famille est-elle au courant de notre arrivée? demanda Marion, le lendemain, alors que les filles étaient en route pour la maison des Papadapoulos. - Non, à moins que Mme Thompson ait écrit directement à la mère de Maria. De toute façon, elle m'a donné une lettre d'introduction pour elle. » Elles roulèrent agréablement pendant plusieurs kilomètres, passant à côté d'oliveraies, puis longèrent le canal de Corinthe. En atteignant le pied de la colline sur laquelle était perché le village, Alice rétrograda pour gravir la pente. Pendant quelques secondes, son regard se posa à l'avant du capot. Elle ne vit pas qu'une petite camionnette dévalait l'étroit virage dans leur direction. « Oh, non!» cria Marion, effrayée. La camionnette prenait de la vitesse. Dans un instant, les deux véhicules se heurteraient! Et pas d'issue : ni route secondaire, ni allée. Seulement un profond fossé plein de boue!
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« Accrochez-vous!» cria Alice en virant brusquement à droite, hors du chemin du camion. La voiture sauta dans le fossé comme un cheval sauvage. Ses roues arrière continuèrent à tourner dans le vide tandis que celles de devant labouraient la boue séchée, l'envoyant dans toutes les directions. Enfin le véhicule s'immobilisa. Alice lâcha le volant et se renversa sur son siège. « Nous l'avons échappé belle! s'exclama-t-elle Va va, vous autres?
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- A peu près, répondit Bess d'une voix faible. - J'ai l'impression d'être une cow-girl, plaisanta Marion. Je suis rudement contente que l'animal se soit arrêté! Et toi, Alice, pas trop secouée?
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- Non, je vais bien. » En fait, ses mains et ses bras lui faisaient mal d'avoir serré si fort le volant. Elle prit une profonde inspiration. « Essayons de sortir la voiture du fossé. - Nous n'y arriverons jamais, prophétisa Bess. - Il faut penser d'une manière positive, déclara Marion gaiement en se mettant derrière le pare-chocs arrière de droite. « Prête? » Elle jeta un coup d'oeil à Alice qui occupait la même position, du côté gauche. « Prête! » Bess se plaça entre les deux. « Un, deux trois, tirez!» ordonna-t-elle. La voiture ne bougea pas. « Le frein est-il débloqué? s'enquit Bess. - Oui, haleta Alice. Recommençons. Deux, trois, tirez!» Cette fois, la voiture glissa en arrière, très légèrement. «C'est inutile!» assura Bess en s'affalant sur le coffre. Marion s'y appuya également. Alice alla à l'avant. Les roues étaient complètement embourbées. « Il nous faudrait une grue! » déclara la jeune fille en soupirant. Dans le lointain, une grosse femme vêtue d'une vieille robe en coton sortit d'une petite ferme. Elle se hâta vers les filles, trois enfants accrochés à sa jupe. Après leur avoir parlé en grec, elle jeta un regard de commisération à la voiture.
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« Parakalô, une minute, s'il vous plaît! » dit Alice en lisant le petit dictionnaire anglais-grec qu'elle avait pris dans son sac. Elle le feuilleta rapidement, choisissant les mots voithia, autoki-nito et mihanikô qui signifiaient " aide ", " voiture " et " mécanicien ". La femme acquiesça d'un signe de tête, en signe de compréhension. Elle caressa la joue de sa fille et lui dit : « Zoé! Grigora! Grigora! - Cela doit signifier " dépêche-toi ", chuchota Bess à l'oreille d'Alice. - Fére ton Babâl» poursuivit la femme. La petite fille revint peu après avec son père, un homme guère plus grand que sa femme mais aussi musclé que celle-ci était ronde. Il contourna rapidement l'auto, y monta, mit le contact et appuya à fond sur l'accélérateur. Les autres s'écartèrent pour ne pas être éclaboussés par la boue que projetaient les roues. Soudain, le véhicule bondit en arrière. « Ejharistô, efharistô, merci », dit Alice quand la voiture fut à nouveau sur la route. Sous le regard heureux des parents, les filles distribuèrent des pièces de monnaie américaines toutes brillantes aux enfants. Puis elles repartirent pour se rendre chez les Papadapoulos qui habitaient une petite maison en pierre un peu plus loin. « Soyez les bienvenues », dit Mme Papadapoulos en les accueillant.
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C'était une femme mince, aux cheveux noirs et au teint pâle. Une petite fille aux immenses yeux sombres se tenait près d'elle. Alice tendit à la mère la lettre de Jeannette Thompson. « Pas pouvoir lire, dit la femme. Maria, toi... » Sa fille, qui avait neuf ou dix ans, expliqua : - « Maman ne connaît que quelques mots d'anglais. - Mais toi, tu le parles très bien, fit remarquer Marion. - C'est parce que j'ai été à l'école à Athènes. » Maria regarda la lettre. Quand elle vit la signature de Mme Thompson au bas de la page, son visage s'éclaira. « Cette dame est tellement bonne! Elle nous a beaucoup aidés, mais un jour, elle n'a plus donné de ses nouvelles. » Tandis qu'elle parlait, les filles regardèrent, derrière elle. Les tapis et les couvertures tissées à la main en laine rouge et marron, contrastaient avec les nappes en coton, d'une éclatante blancheur et bordées de dentelle, qui pendaient sur les tables et sur les chaises. « Mme Thompson n'a jamais cessé de vous aider, lui assura Alice. Quelqu'un a volé l'argent!» Maria poussa un cri étouffé. Puis elle traduisit à sa mère les paroles d'Alice. Mme Papadapoulos parut aussi bouleversée que sa fille. Ses yeux se remplirent de 58
larmes et elle ne se calma que lorsque Marion la pria de lui montrer quelques-uns de ses ouvrages. Maria apporta aussitôt un sac en tissu. Sa mère l'ouvrit et en sortit un magnifique châle brodé. « Quelle merveille! murmura Bess. Peut-on l'acheter, Maria?» La petite fille répéta la question en grec. Mme Papadapoulos secoua la tête. « Cadeau, répondit-elle en s'essuyant les yeux. - C'est très gentil de votre part, dit Bess, touchée, mais je ne le prendrai que si je peux le payer. Ce châle n'est pas pour moi. Je voudrais l'offrir à quelqu'un. » Quand Maria eut expliqué tout cela à sa mère, celleci accepta à contrecœur une petite somme d'argent. Ensuite, replongeant sa main dans le sac, elle en tira un très joli mouchoir bordé de dentelle. Elle le tendit à Bess. « Pour vous », dit-elle. Elle en sortit deux autres, qu'elle donna à Alice et à Marion. « EJharistô, répondirent les filles, reconnaissantes. - Mme Thompson doit être... commença Maria. - La lettre de votre mère l'a beaucoup peinée, l'interrompit Alice. - C'est moi qui l'avais écrite pour elle... - Mme Thompson s'est rendu compte à quel point votre famille dépendait d'elle. » 59
A ce moment, la porte s'ouvrit et deux enfants, plus jeunes que Maria, entrèrent en courant. « Ela, éla. Michali! Anna! appela leur mère. Venez ici. Nous avons des invitées. » Elle les envoya chercher du lait frais de chèvre pour les visiteuses. Bess vida rapidement son verre. « C'est délicieux, déclara-t-elle. Vous devriez faire des bonbons au lait de chèvre. - Vous croyez? fit Maria en riant. Quelle quantité de lait nous faudrait-il pour cela? Nous n'avons que trois bêtes, vous savez! - Ah bon », dit Bess, puis elle s'excusa. « Je reviens tout de suite. » Elle réapparut avec un grand panier rempli de délicieuses victuailles achetées à Athènes. « Où avais-tu caché ça? s'étonna Marion. - Dans le coffre », répondit Bess d'un air suffisant. Ses amies l'aidèrent à mettre la table. Bien que tout le monde eût mangé de bon appétit, à la fin du repas il restait assez de denrées pour nourrir les Papadapoulos pendant plusieurs jours. Sur le chemin du retour, Alice et Marion couvrirent Bess de compliments. « C'est bien la première fois, à ma connaissance, que tu te restreins, dit Marion pour taquiner sa cousine. Maintenant que tu as commencé un régime, tu pourrais peut-être t'y tenir?» Bess ne répondit pas.
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Elles longèrent une jolie plage. Alice jeta un regard d'envie à la bande de sable blanc où se reposaient des baigneurs. « Si seulement nous avions emporté nos maillots! dit-elle avec un soupir. - Ça, c'est ma seconde surprise! annonça Bess. Je les ai emportés. J'espérais que nous aurions le temps de faire trempette! » Alice s'empressa de garer la voiture et Bess sortit les affaires de bain. Les filles coururent à la caisse, puis aux cabines où elles se changèrent rapidement. Laissant tomber leurs draps de bain sur le sable, elles se jetèrent aussitôt dans la mer. Alice et Marion plongèrent sous une vague. L'eau fraîche leur picota agréablement la peau. Bess, elle, commença à nager à l'indienne près du rivage. « C'est merveilleux!» pensa-t-elle quand l'eau salée lui lécha la figure. Changeant de direction, elle posa le bout des pieds par terre. L'instant d'après, elle poussait un cri de douleur!
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CHAPITRE VI A la poursuite un suspect Alice et Marion entendirent le cri de Bess, elles nagèrent rapidement vers leur amie. Mais déjà un jeune homme se portait au secours de Bess alors qu'elles étaient encore à plusieurs mètres d'elle. « Mon pied me fait mal », dit Bess après avoir regagné la plage en boitant.
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Le jeune homme s'agenouilla pour examiner la marque rouge sur la peau de la baigneuse. « Vous avez été piquée par une méduse, diagnostiqua-t-il en se relevant. J'ai de... - Que s'est-il passé?» l'interrompit Marion en arrivant avec Alice. Cette dernière aperçut la morsure. « Avez-vous de l'alcool à 90°? demanda-t-elle au sauveteur. - Non, mais j'ai de l'ammoniaque. - De l'ammoniaque? répéta Bess. Quelle horreur! »
Le jeune homme courut vers un sac de toile posé près de sa chaise et en retira une bouteille remplie d'un liquide transparent. L'instant d'après, il en versait un peu sur la grande tache rouge. « Aïe! cria Bess. Ça brûle encore plus que la méduse ! »
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Elle secoua son pied avec vigueur. A son grand soulagement, la douleur diminua très vite. « Vous voyez, je vous avais bien dit que ce n'était pas grave, dit le sauveteur en souriant. Alexis a toujours raison. » Bess lui rendit son sourire, toutes fossettes dehors. « Alexis? fit-elle, attendant le reste du nom. 64
- Hios. - La famille d'armateurs? s'enquit Alice. - C'est exact. Nous sommes de l'île du même nom. - Alors, pourquoi êtes-vous ici, à Loutraki, et non pas en train de naviguer sur un superbe yacht? demanda Bess. - C'est inscrit à mon programme, mais plus tard dans la saison. Aimeriez-vous venir avec moi?» s'empressa-t-il d'ajouter. Le soleil qui dansait sur ses épaules bronzées fit regretter aux jeunes filles de n'avoir pas plus de temps à passer sur les plages grecques. « Ce serait merveilleux! répondit Bess. - Malheureusement, nous n'avons pas l'intention de rester ici tout l'été, intervint vivement Marion. - Nous sommes ici pour affaires, expliqua Alice. En fait, elles concernent les Nicholas, les propriétaires de la compagnie Nikos. - Je les connais. - Ah oui? - Bien sûr. Le milieu des armateurs est très petit. - Alors vous connaissez peut-être aussi Constantine Nicholas? interrogea Mari on. - En effet. - Eh bien, nous... enfin, Alice le cherche. » Alexis parut un peu sur ses gardes quand il poursuivit :
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« Je crois qu'il a disparu avec beaucoup d'argent : son héritage paternel plus des biens volés. Mais il ne s'agit peut-être que de racontars. - Qu'avez-vous entendu dire d'autre? insista Alice. - D'abord, expliquez-moi une chose : pourquoi trois jolies Américaines comme vous s'intéressent-elles à ce garçon? » La jeune détective lui précisa brièvement que son père, avocat de Helen Nicholas, l'avait chargée de retrouver le cousin disparu de sa cliente. « Les biens volés auxquels vous avez fait allusion provenaient-ils de la succession de l'oncle Nicholas? - Peut-être. Le vieil homme espérait qu'à sa mort Constantine le remplacerait à la tête de l'affaire. Mais maintenant celui-ci est parti on ne sait où. » Alexis ne pouvant apporter d'autres éclaircissements, les jeunes gens se mirent à parler de la Grèce. « Connaissez-vous le Lycabette? s'enquit Alexis. - Où est-ce? demanda Bess. - A Athènes. C'est une colline d'où l'on découvre une vue spectaculaire de la ville. On y trouve aussi une petite église et un restaurant. Voulezvous y aller avec moi ce soir? - Avec plaisir», répondit Marion. Les filles ramassèrent leurs draps de bain. « Venez nous chercher à huit heures et demie, proposa Alice.
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- Entendu, mais il faudrait d'abord que vous me donniez votre adresse! - Hôtel Skyros», répondit Bess. Elle agita la main en signe d'adieu. « A plus tard. » Les jeunes détectives se rhabillèrent. Alors qu'elles reprenaient la route d'Athènes, Alice reparla de Mme Thompson. « Je devrais lui téléphoner pour lui faire part de notre visite à Agionori. - N'essaie pas de l'appeler de l'hôtel : tu mettrais des heures à obtenir ta communication », avertit Marion. En conséquence, quand Alice eut rangé la voiture au garage, les trois amies se rendirent au kiosque, près de leur hôtel. Alice composa le numéro de Mme Thompson, écouta le téléphone sonner plusieurs fois avant de raccrocher. Puis elle essaya Helen Nicholas, mais sans succès non plus. « Voyons si papa est là », murmura-t-elle en composant un troisième numéro. A sa grande joie, M. Roy décrocha immédiatement. Alice lui communiqua les dernières nouvelles. Entre-temps, Bess avait tiré Marion à l'écart. - « Tu vois ce type, un peu plus loin, dans la rue?» demanda-t-elle. Un homme élancé aux cheveux noirs arpentait le trottoir devant une clôture de fer. « Oui, et alors? - Je crois que c'est celui qui a pris la corbeille de fruits dans notre chambre. 67
- Ah? Surveillons-le. » Dès qu'Alice eut raccroché, Bess lui montra le suspect. Soudain elle poussa un cri étouffé. « Regardez qui arrive! » chuchota Alice. Isakos, le malotru qu'elles avaient rencontré dans l'avion, s'approchait de l'inconnu! « Suivez-moi! » ordonna Alice. Elle emmena ses amies dans une rue latérale qui faisait une boucle, avant de déboucher dans celle où se tenaient les hommes. Les filles se hâtèrent vers l'énorme bougainvillée qui grimpait le long de la grille. Elles écartèrent les fleurs, juste assez pour apercevoir la face rougeaude d'Isakos. Il bougeait les lèvres, mais on l'entendait à peine. Puis il éleva la voix. « A deux ou trois heures, demain matin, il n'y aura personne près de Saint-Marc! insistait-il. Ce sera parfait. Nous pouvons prendre... - Parle plus bas! ordonna l'autre. - Je n'entends que la moitié de ce qu'ils disent, murmura Bess à Alice. - Chut! » fit sa cousine. Elles ne saisirent plus que quelques mots dont une vague allusion à des mosaïques. Puis les deux individus descendirent la rue et la traversèrent, se dirigeant manifestement vers l'hôtel Skyros. « Croyez-vous que ces types habitent sous le même toit que nous? demanda Bess en suivant sa cousine et Alice.
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- Sinon les deux, du moins un, je parie », déclara celle-ci en entrant dans l'hôtel. Elle s'arrêta à la réception pour se renseigner. « En effet, répondit l'employé, un M. Isakos occupe la chambre 986. - Merci. - Désirez-vous lui laisser un message? - N... non», bredouilla Alice. Le numéro de la chambre de l'homme fit tilt dans sa tête. Celui de la leur était 968 ! La vipère dans la corbeille de pommes avait-elle été destinée à Isakos? Et, dans ce cas, pourquoi? Marion se posait les mêmes questions. « Notre chambre n'est pas loin de la 986 », observat-elle quand elles prirent l'ascenseur jusqu'au neuvième étage. Là, il n'y avait personne dans le couloir. « La voie est libre », annonça Bess. Sur la pointe des pieds, les jeunes détectives se glissèrent vers la porte d'Isakos. Elles écoutèrent un moment. Pas un bruit. « L'autre type est peut-être parti, chuchota Marion. - Et Isakos va sans doute revenir, dit Bess en frémissant. Allons-nous-en. » Les filles se hâtèrent vers leur chambre où elles se reposèrent un moment avant de se doucher et de se changer. Un peu moins d'une heure avant leur rendez-vous avec Alexis, Alice mit une jolie jupe turquoise avec un chemisier assorti, Bess, une robe blanche en broderie anglaise et Marion un ensemble de soie marron. 69
Quand elles sortirent de l'ascenseur, au rez-dechaussée, elles trouvèrent Alexis confortablement installé dans un fauteuil, sous un palmier. Son haie contrastait d'une façon frappante avec sa chemise blanche. « Bonsoir! dirent les filles en chœur. - J'ai des nouvelles pour vous, annonça-t-il d'un ton mystérieux après s'être poliment levé. - Pas possible! s'exclama Bess. - Je crois avoir aperçu Constantine. - Où? demanda Alice, surprise. - Près de Plaka. Mais je n'ai pas pu le rattraper. Il y avait trop de monde. - Il travaille peut-être au marché aux puces, dit Alice, songeuse. Nous devrions aller y faire une petite enquête demain matin. » Ses amies approuvèrent. Puis les jeunes gens bavardèrent de choses et d'autres en se rendant vers Lycabette. « Comment montons-nous? s'enquit Bess. - En funiculaire, répondit Alexis en désignant une voiture à câble qui s'apprêtait à gravir la pente par un tunnel. Il nous emmènera jusqu'à l'église Saint-Georges. - A propos de Saint-Georges, dit Alice alors qu'ils prenaient place dans l'un des deux compartiments, y a-til une église Saint-Marc à proximité? » Alexis réfléchit un instant. « Pas que je sache.
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- Le Saint-Marc auquel je pense doit abriter des icônes ou des mosaïques exceptionnelles, poursuivit la jeune détective. - Ah oui! C'est le monastère. - Se trouve-t-il à Athènes? - Non, dans les faubourgs nord de la ville. » Pendant qu'Alexis parlait, la voiture se mit à grimper le long du tunnel sombre, s'éloignant lentement des immeubles. « C'est fabuleux! » s'exclama Marion quand ils atteignirent le sommet. Petite et blanche, l'église avait pour toile de fond la vue impressionnante qu'on découvrait de la colline. Alexis tendit le bras vers l'Acropole, où un arc-en-ciel de lumières jouait sur les ruines du Parthénon, puis il désigna le palais du roi et, dans une autre direction, le port du Pirée. « Jamais nous ne serions venues ici si nous ne vous avions pas rencontré, dit Bess à Alexis. Merci. - Tout le plaisir est pour moi! J'espère convaincre vos amies de rester ici tout l'été. » La soirée passa très vite. En prenant congé, les filles promirent à leur nouvel ami de le revoir bientôt. Le lendemain matin, elles se réveillèrent de bonne heure. Immédiatement après le petit déjeuner, elles se rendirent à la bijouterie du monasti-raki. De but en blanc, Alice demanda à la commerçante :
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« Vous rappelez-vous le nom de l'homme qui a acheté le masque d'or?» Etonnée, la femme dévisagea Alice, puis les autres filles. 72
« Masque d'or? fit-elle. Quel masque d'or? - Celui que vous aviez en vitrine. - Je ne sais absolument pas de quoi vous parlez. - Mais vous devez vous souvenir de nous!» insista la jeune détective. La bijoutière ne répondit pas. Ce n'est que lorsque Bess décida d'acheter un bracelet en filigrane d'or que la femme retrouva un léger sourire. « Un très bon choix, dit-elle. Je vais vous l'envelopper. - Bizarre », commenta Marion quand la femme disparut derrière le rideau, mais, entendant un murmure de voix, elle se tut. Alice s'approcha sur la pointe des pieds. Elle saisit quelques mots grecs : simera, ti ôra, stis oktô, apôpse et, pour finir, le nom de leur hôtel! «Un incident va survenir au Skyros!»
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CHAPITRE VII Cambriolage manqué Avant qu'Alice ait pu dire à ses amies ce qu'elle avait entendu, le rideau s'écarta brusquement. La bijoutière apparut avec le paquet de Bess. « Désirez-vous autre chose? demanda-t-elle aux jeunes filles. - Non, merci », répondit Marion, en faisant signe à sa cousine de sortir. 74
Dehors, Alice ouvrit son dictionnaire grec-anglais, puis déclara : « Un événement nous concernant doit se produire au Skyros, ce soir vers huit heures. - Quoi! s'écria Bess. - Mais où? demanda Marion. Nous ne pouvons pas surveiller tout l'hôtel. Il y a quatorze étages... - Et un hall, compléta Bess. Alice, es-tu sûre que cette femme parlait de nous? - Non, mais j'en ai une très forte intuition. Quoi qu'il en soit, nous ferions bien d'être sur les lieux à ce moment. » Ce soir-là, les filles rôdèrent dans l'hôtel à l'heure indiquée. Par mesure de précaution, Alice demanda à l'employé de la réception et à la standardiste de ne donner à personne le numéro de leur chambre. Bess offrit de se poster près de l'entrée latérale, très fréquentée. « Et vous, où vous mettrez-vous? » demanda-t-elle. Avant que ses amies n'aient pu répondre, une voix dans le haut-parleur appela Alice Roy au téléphone. « Marion, tu ne voudrais pas prendre cette communication à ma place? - Bien sûr. Où vas-tu? - Dans notre chambre. - Seule? s'écria Bess.
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- Je ne risque rien. Occupe-toi de l'entrée secondaire et ne te tracasse pas. J'ai l'impression que cet appel est destiné à nous retenir loin de notre chambre. » La jeune détective prit l'ascenseur jusqu'au neuvième étage. Instinctivement, elle en sortit avec précaution. Alors qu'elle approchait de sa porte, un homme déboucha soudain de l'escalier. Dans sa main, il tenait une clef qu'il inséra dans la serrure de leur chambre! « Arrêtez!» cria Alice, en se précipitant vers lui. L'individu pivota sur lui-même et jeta quelque chose dans sa direction. Puis il se rua vers l'escalier. « Arrêtez! Arrêtez! » cria de nouveau Alice en esquivant le projectile. Elle courut derrière l'intrus, le poursuivant jusqu'à l'étage inférieur. Là, l'individu s'engouffra dans un ascenseur où un couple venait d'entrer. La porte se referma juste avant que Alice ne l'atteigne. « II descendra probablement dans le hall ! » se ditelle. La jeune fille retourna en hâte vers l'escalier et dévala tous les étages à une vitesse prodigieuse. En atteignant le rez-de-chaussée, tout essoufflée, elle promena son regard sur le hall, espérant que son lascar y serait encore. Mais il n'y avait pas la moindre trace de lui, pas plus que du couple avec lequel il était descendu. Alice se précipita vers la réception.
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« Parakalô, excusez-moi, dit-elle. Je cherche quelqu'un. » Elle décrivit le suspect et le couple. « Résident-ils dans cet hôtel? - Je ne pense pas avoir jamais vu cet homme, répondit l'employé, mais le couple, oui. Ils s'appellent Zimmer et sont venus du Massachusetts en voyage organisé. » A cet instant, Marion repéra Alice. Elle courut vers elle. « Le coup de fil provenait d'un journaliste qui veut écrire un article sur toi, annonça-t-elle. - Sur moi? Pourquoi? - Apparemment, il a entendu dire que tu étais à Athènes pour élucider un mystère et il aimerait savoir de quoi il s'agit. - Tu ne le lui as pas dit, j'espère! - Tu plaisantes? Je ne le dirais à personne! C'est d'ailleurs ce que je lui ai répondu : « Croyez-vous qu'un détective va vous raconter « tout ça au téléphone?» - Et comment l'a-t-il pris? - Bien. Il n'avait pas besoin de tous les détails, m'at-il dit, juste quelques-uns pour pouvoir faire un papier intéressant. « Désolée, ai-je répondu, « je ne peux pas vous aider. » Marion se tut une seconde avant de poursuivre : « Jusque-là, il m'avait pris pour toi. Ensuite, je me suis coupée et il a compris que je n'étais pas Alice Roy. - Quelle a été sa réaction? 77
- Il a raccroché, furieux. - T'a-t-il dit son nom? s'informa Alice. - Oui, Irwin. - Pour quel journal travaille-t-il? - Il est free-lance, paraît-il. Il serait en train de créer une chronique consacrée aux Américains qui résident en Grèce ou qui y passent leurs vacances. - J'ai l'impression que ton Irwin, si c'est là son véritable nom, voulait simplement m'empêcher d'aller dans notre chambre pendant que son complice y était. » Alice raconta à son amie ce qui venait de se passer. «Ce type ressemblait à celui qui avait pris les pommes. - Comment a-t-il pu se procurer la clef? Crois-tu que ce soit un employé de l'hôtel? - C'est possible. Ou bien il avait un passe-partout. - C'est effrayant! s'écria Marion en secouant la tête d'un air inquiet. Si tu as raison, il pourrait revenir à n'importe quel moment! - Nous n'avons guère d'objets de valeur intéressants pour un voleur, répliqua Alice. Ce qui m'ennuie, c'est qu'il risque de nous nuire. Apparemment, les pommes nous étaient destinées. - Nous devrions changer de chambre avant que... » A cet instant, Bess se précipita vers elles. « J'ai une nouvelle sensationnelle à vous annoncer! Figurez-vous qu'un homme est sorti en courant de l'ascenseur et m'a presque renversée. Je l'ai entendu dire : « Roy. » - Pourquoi ne l'as-tu pas suivi? demanda Marion, d'un ton sévère. 78
- J'ai essayé, mais il était trop rapide pour moi. Il a sauté dans une voiture et ils ont démarré. - Ils? fit Marion. - Oui, il y avait un autre type au volant. - As-tu vu un couple avec eux? interrogea Alice. - Maintenant que j'y repense, oui. Il y avait deux personnes avec lui, dans l'ascenseur. Elles ont eu l'air aussi surprises que moi quand le gars les a presque bousculées pour sortir. Ce malotru est l'homme que nous avons vu avec Isakos, j'en suis sûre ! » Alice se rappela soudain l'objet que l'individu
lui avait jeté dans le couloir, près de la chambre des filles. « Montons, dit-elle. En chemin, Bess, je te raconterai ce qui m'est arrivé à moi. » Bess devint toute pâle en entendant parler du compagnon d'Isakos. « Déménageons tout de suite! s'écria-t-elle. Et si ce type nous gratifiait d'une autre vipère? - Si tu penses te sentir plus en sécurité dans une autre chambre, nous pouvons t'en prendre une, répondit Alice. Pour ma part, je reste où je suis. - Pourquoi t'exposer ainsi? - Qu'est-ce qui empêcherait cet individu et ses complices de nous trouver dans une autre chambre? Si nous quittons cet hôtel, nous risquons de perdre la trace de nos ennemis. Or je veux les capturer à tout prix! 79
- Alice a raison, approuva Marion. Nous formons une équipe. Affronter le danger, c'est déjà gagner à moitié la bataille!» Les jeunes filles s'arrêtèrent près de la chambre 968. « Regardez!» s'écria Alice en distinguant un objet sur le tapis du couloir. Elle se précipita pour le ramasser. « Un poinçon », murmura-t-elle. Gravé sur la face de l'instrument, elle aperçut l'étrange symbole reptilien qui marquait le masque d'or!
CHAPITRE VIII 80
Scène de jalousie Isakos et cet homme travaillaient-ils ensemble comme voleurs d'objets d'art? se demanda Alice. Dans ce cas, l'un d'eux avait-il glissé le masque dans son sac en plastique, espérant que la police l'arrêterait, elle, si elle essayait de le restituer? « C'est incroyable, murmura Marion en contemplant le poinçon. - Il doit servir à marquer les biens volés au musée », suggéra Bess. Mais pourquoi l'inconnu portait-il l'instrument sur lui? Et pourquoi l'avait-il jeté avec une telle désinvolture? Simplement par colère? Les trois détectives regagnèrent leur chambre sans donner de réponses à ces questions. « Nous devrions peut-être aller faire un tour au monastère Saint-Marc, dit Marion. Je ne serais pas surprise si Isakos et son copain essayaient d'y voler des icônes. - J'ai l'impression que nous allons encore nous coucher tard! gémit Bess. Isakos n'avait-il pas parlé de deux ou trois heures du matin? - Nous pourrions faire un petit somme jusque-là», proposa Alice. Elle sortit les clefs de la voiture de M. Mousiadis de son sac et les posa près de son réveil. « De
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voir ces clefs en ouvrant les yeux me fera bondir hors du lit », expliqua-t-elle en riant. Les filles dormirent mal. Elles se réveillèrent à une heure. « Prêtes?» demanda gaiement Alice. Bess souleva sa tête de l'oreiller, grogna quelque chose, puis se tourna de l'autre côté. « Debout, marmotte! ordonna sa cousine. - Laisse-moi tranquille », murmura Bess, mais elle se força à se lever. Une fois le visage passé à l'eau froide, elle fut aussi impatiente que les autres de filer dans les collines. Mais le ronflement monotone du moteur lui redonna bientôt sommeil. « C'est encore loin? demanda-t-elle quand elles atteignirent la limite de la ville. - Non, à quelques kilomètres seulement», répondit Alice en réprimant un bâillement. Elle bifurqua bientôt sur une route étroite qui serpentait entre des maisons obscures et des rangées de cyprès. Celles-ci devinrent de plus en plus denses à mesure qu'elles approchaient de la grille de fer du monastère. Une bougie brûlait faiblement à une fenêtre du bâtiment. « Comment entrons-nous? chuchota Bess. La grille a l'air fermée. » Alice stoppa la voiture et éteignit les phares. « A cœur vaillant, rien d'impossible », déclara-telle.
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S'efforçant de faire le moins de bruit possible, les trois détectives se glissèrent à la lumière du clair de lune et s'approchèrent de l'entrée. « Nous sommes en veine ! murmura Alice. Le verrou est cassé. - Il a peut-être été forcé! déclara Bess. - Ou bien il est tout simplement rouillé », dit sa cousine en aidant Alice à pousser la lourde porte. Elles traversèrent doucement la cour pavée, le regard fixé sur la fenêtre éclairée par la bougie, puis se cachèrent près d'un arbre. Soudain un cri lugubre, suivi de gémissements, fit sortir des moines de leurs cellules. « Que se passe-t-il?» chuchota Bess aux autres. Elle pencha sa tête derrière le tronc pour mieux voir les hommes s'engouffrer dans la chapelle, à l'autre bout de la cour. « Tu vas nous faire repérer! siffla Marion en tirant sa cousine en arrière. - Impossible. Il fait noir comme dans un four. - Chut!» fit Alice. Elle avait vu une lueur apparaître, puis disparaître sur les pavés. Resté dans sa cellule, un des moines avait sans doute allumé, puis éteint sa lampe. Mais, à sa surprise, la lumière clignota ainsi plusieurs fois. Etait-ce un signal? Les cousines l'avaient remarquée aussi, mais elles se tinrent coites: un homme vêtu d'une longue robe noire passant en courant devant leur cachette. Les 83
gémissements avaient cessé. Les autres moines retournèrent bientôt dans la cour où ils se dispersèrent pour regagner leurs cellules. « Allons dans le jardin », chuchota Alice. Bess serra le bras de son amie. « Et s'ils ressortaient? haleta-t-elle. - Et si le ciel nous tombait sur la tête! » ironisa Marion. Furieuse, Bess se détacha du vieux tronc noueux et s'avança dans la pénombre. « Ne bougez pas! ordonna une voix d'homme très grave. - Aah! » s'exclama Bess, terrifiée. Alice pivota et se trouva nez à nez avec le détective désagréable qui avait essayé de l'arrêter au musée! « Vous nous avez suivies? » demanda-t-elle. Sur le chemin du monastère, elle avait bien remarqué une paire de phares se braquer sur sa voiture, mais le véhicule auquel ils appartenaient était passé en trombe quand elle s'était garée. « Eh bien... je... comment dites-vous? Je vous avais à l'œil. - Mais je n'ai dit à personne où nous allions! s'étonna la jeune fille. - Peu importe. Votre hôtel a beaucoup aidé la police. - Comment ça? Le Skyros vous a tenu au
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courant de nos allées et venues?» demanda Marion, incrédule. Le détective fît semblant de ne pas avoir entendu.
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« Vous n'avez pas le droit d'être ici, accusa-t-il. Vous êtes dans une propriété privée. - Nous enquêtons sur quelque chose!» expliqua Marion, indignée. Craignant que la peur en fasse trop dire à Bess, Alice se hâta d'ajouter : « Nous avons de bonnes raisons de croire que quelqu'un a l'intention de cambrioler ce monastère. Il est peut-être à l'œuvre à l'heure qu'il est! - Absurde! railla le détective. - Si vous ne nous croyez pas, nous vous en donnerons la preuve, déclara Marion sur une impulsion. - Ah oui? » s'étonna Bess. Marion comme Alice soupçonnaient toutes les deux l'homme en robe noire d'être Isakos ou son complice! Alice consulta sa montre. Il était presque deux heures et demie. « Il est parti par là», dit Alice en désignant une allée de gravier qui traversait la cour. Elle guida les autres vers une porte entrebâillée que Marion poussa doucement. Ils aperçurent une pièce aux murs nus, où, devant un petit autel, un moine agenouillé priait. Le grincement de la charnière le fit sursauter, mais il ne se retourna pas. « Oh! pardon!» s'excusa Marion. Elle referma la porte. Quand ils se retrouvèrent au clair de lune, le détective tança vertement les filles. « Encore une bêtise de ce genre et je vous fais renvoyer chez vous! gronda-t-il. 86
- Mais... protesta Bess. - Pas un mot de plus ! Rentrez immédiatement à votre hôtel ! » Le détective franchit la grille de fer, escortant les filles jusqu'à leur voiture pour s'assurer qu'elles partaient avant lui. « Quel fiasco! commenta Bess. - Ça, tu peux le dire! » approuva Marion. Alice, elle, resta silencieuse. Aussi déçue que fatiguée, elle conduisit jusqu'à la place Omonia, gara la voiture, traversa la rue et entra dans le hall désert de leur hôtel. Même le portier ronflait paisiblement dans un fauteuil. « La première chose que je voudrais faire demain matin, déclara Bess quand les filles arrivèrent dans leur chambre, c'est retourner dans cette bijouterie du monastiraki. - A quelle heure? demanda Marion. - Oh, sept ou huit heures, répondit Bess, taquine. - Eh bien, allez-y seules, fit Alice en bâillant. Moi, je dormirai. - Pas toute la journée, tout de même?» Ses amies pouffèrent, sachant à quel point cela correspondait peu au tempérament d'Alice. Le lendemain matin, ce fut d'ailleurs celle-ci qui se leva la première. Elle n'avait dormi que six heures, mais se sentait remarquablement reposée. Bess et Marion montrèrent elles aussi un regain d'énergie. « J'ai hâte de poser à cette femme la fameuse question, dit Bess d'un ton énigmatique. 87
- Quelle femme et quelle question? s'informa Marion. - La femme de la bijouterie... » répondit sa cousine, sans vouloir en dire davantage. Quand les jeunes filles pénétrèrent dans le magasin, elles aperçurent deux femmes derrière le comptoir. « Vous acheter encore ! demanda la plus âgée en reconnaissant le trio. - Non, pas aujourd'hui, merci, répondit Bess. Puis elle ajouta très vite : « Constantine Nicholas est-il ici, par hasard? » Marion lança un coup d'œil à Alice pour voir sa réaction. « II travaille ici, n'est-ce pas?»intervint son amie. La femme plus jeune darda sur les filles un regard furieux. « II n'est pas... Je ne sais pas où il est. Que lui voulez-vous? - Je voulais simplement... commença Bess. - Et s'il revient, cria la jeune femme, il est à moi. Vous ne pouvez pas l'avoir! » Bouleversée par ce qu'impliquait cette phrase, Bess protesta : « Mais il ne s'agit pas... - Oh! je comprends parfaitement!» lança la vendeuse. L'interrompant, la femme plus âgée se mit à l'admonester en grec. Alice comprit qu'il était inutile de poser d'autres questions. « Bess? Marion?» murmura-t-elle en désignant discrètement la porte. 88
Quand elles prirent congé, l'amie de Constantine se retira, l'air sombre, derrière le rideau. Une fois qu'elles eurent tourné le coin de la rue, les filles éclatèrent de rire. « Elle croyait que je voulais lui prendre son fiancé! s'esclaffa Bess. - Dans un sens, c'est heureux, déclara Alice. Cela nous a mis sur la piste de Constantine. Il va sûrement venir un de ces jours au magasin. - Il faudra donc que nous y retournions, dit Marion, mais sans toi, Bess!» Sa cousine lui fit une grimace. « N'est-ce pas merveilleux? s'écria Alice. Enfin nous avons trouvé quelqu'un qui connaît le cousin d'Helen Nicholas!»
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CHAPITRE IX L'étrange statue Poursuivant leur promenade, les filles aperçurent une terrasse de café au milieu de la place Syntagma. Alors qu'elles examinaient la carte, une brise légère passa dans leurs cheveux. « Parakalô, je voudrais un verre de visinâda, dit Alice au garçon. - Ça doit être bon, déclara Bess. K'ego, moi aussi. - Tria, fît Marion, puis se tournant vers Alice, elle demanda : Quelle est cette boisson?» Son amie haussa les épaules avec un sourire malicieux. « Je n'en sais rien! Helen Nicholas m'a conseillé de la goûter. Tout le monde en boit ici. » 90
Quelques minutes plus tard, le garçon arriva avec trois grands verres remplis de limonade à la cerise. « Délicieux!» s'exclama Bess, tout heureuse, après en avoir absorbé une gorgée. Marion sortit un calepin de son sac et commença à en arracher des feuilles. « Que fais-tu? demanda Bess en voyant sa cousine inscrire un ou deux mots sur chaque papier. - J'invente un jeu : placer les indices dont nous disposons d'une façon telle que des rapports en jaillissent. Cela pourrait nous aider à élucider notre mystère du symbole grec. » Jusque-là, Marion avait écrit les mots héritage, Helen, Constantine et Dimitri. « N'oublie pas Isakos, lui rappela Bess. - Ni bateau, masque d'or et symbole », ajouta Alice. Sur les feuilles restantes, Marion griffonna Papadapoulos et Mme Thompson. « Ça fait beaucoup d'indices», commenta Bess. Elle disposa les mots sur trois rangs, espérant y découvrir quelque relation. « Ça ne donne rien, déclara-t-elle finalement. C'est comme si j'additionnais des pommes et des bananes. » Puis ce fut le tour d'Alice. Elle posa son verre au bord de la table et prit un papier qui portait le nom Constantine. « Je le place ici, dit-elle en mettant la feuille dans le coin droit du plateau imaginaire.
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- Et Helen ! demanda Bess, la tête appuyée sur son bras. - Dans le coin inférieur gauche », répondit Alice. Après qu'elle eut rapidement aligné les six autres « pions », le damier se présenta de la façon suivante : Symbole masque d'or Constantine Bateau héritage Dimitri Helen Isakos « Faut-il y insérer les Papadapoulos et Mme Thompson? demanda Marion. - Non, ce ne sont que d'innocentes victimes, répliqua Alice. - Et que représente l'espace vide, au milieu? interrogea Bess. - Un indice inconnu, peut-être, dit Alice. - Nous pourrions y mettre ton nom », proposa Bess. Elle allait arracher une autre feuille du calepin de Marion lorsqu'un gros matou noir sauta brusquement sur la table. « Oh! » fît Marion. Les verres basculèrent. Deux d'entre eux se renversèrent avant que les filles n'aient pu intervenir. Du soda se répandit sur une partie des papiers, les autres furent emportés par un coup de vent.
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Plongeant en avant, Alice en attrapa deux. Les autres volèrent en travers du chemin d'une jeune Grecque, qui les ramassa. « Tenez, dit-elle avec un sourire en tendant les feuilles à Alice. - Mais vous êtes l'amie de Constantine! s'écria la détective en reconnaissant la jeune vendeuse de la bijouterie.
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- En effet. Je... je suis désolée pour ce qui s'est passé au magasin l'autre jour», ajouta-t-elle, penaude. 94
Alors que le garçon épongeait la table, Alice et elle s'avancèrent vers Bess et Marion. Les cousines marquèrent leur surprise de revoir la jeune femme. « Je m'appelle Stella Anagnost, dit la Grecque. - Moi, Bess Taylor, répondit Bess en lui tendant la main. Et voici ma cousine, Marion Webb. - Et vous, vous êtes...? demanda Stella en se tournant vers Alice. - Alice Roy. » La jeune détective se demandait pour quelle raison Stella avait ainsi changé d'attitude. Bien qu'impatiente de lui poser des questions, elle attendit que la jeune femme parlât la première. « Savez-vous où est Constantine? demanda celle-ci. En avez-vous la moindre idée? - Malheureusement, non, répondit Marion. - Il doit avoir des ennuis, reprit Stella, anxieuse. Cela fait longtemps qu'il n'est pas venu au magasin et il a cessé de m'appeler. La dernière fois que je l'ai vu, il s'est conduit d'une façon très étrange... -Stella!» Un homme s'était planté devant leur table et avait apostrophé la jeune Grecque d'un air furieux. « Tu devrais être à ton travail. Viens avec moi ! » Consternées, les jeunes détectives regardèrent fixement l'inconnu. Il ressemblait à l'homme qu'elles avaient vu avec Isakos! Quel rapport y avait-il entre Stella et lui? se demandèrent-elles. L'individu lui saisit le bras et la força à se lever.
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« Une seconde! supplia la bijoutière. Ces jeunes filles peuvent m'aider à retrouver Constantine… - Arrête ces bêtises! s'écria l'homme brutalement en entraînant la jeune femme. - Mais Mimi... - Mimi?» répéta Bess en regardant le couple s'engouffrer dans un taxi. Avant de monter en voiture, l'homme perdit un petit porte-clefs. Comme il querellait bruyamment Stella, il ne l'entendit pas tomber sur le trottoir. Quand l'auto fut partie, Alice courut ramasser l'objet. « Regardez! » s'écria-t-elle en le montrant à ses amies. Sur le porte-clefs, elles virent deux initiales gravées : D.V. " Mimi " est le diminutif grec de Dimitri. Je l'ai lu dans le dictionnaire. - Dommage que ce ne soit pas D.G., fit remarquer Marion. Sinon, il aurait pu s'agir de l'autre homme que nous cherchons : M. Georgiou. » Alice rangea le nouvel indice dans son sac. « Quand nous reverrons Stella, nous le lui donnerons et lui demanderons d'autres renseignements. - Si jamais nous la revoyons! répliqua Marion. Elle m'a l'air de fréquenter des gens peu recommandables. Ils seraient capables de lui faire du mal si elle se rebiffait. - Je crois que son plus gros problème, c'est Constantine, déclara Bess. Elle est folle de lui. - Comme la bijouterie ferme dans quelques minutes, nous n'avons qu'à garder le porte-clefs
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et visiter Athènes. Sinon, le jour de notre départ arrivera et nous n'aurons rien vu! - Tout à fait d'accord. - Si on montait sur l'Acropole?» proposa Alice. Elle ramassa les bouts de papier sur lesquels Marion avait inscrit les indices importants. « Eux aussi, je les garde dans mon sac. » Sous le soleil brûlant de l'après-midi, les filles se mirent en quête d'un taxi. Apparemment, ils étaient tous occupés. « Je cuis! » gémit Bess en sentant une goutte de transpiration lui couler le long du dos. Alice réussit enfin à arrêter un taxi. Les filles montèrent dedans et roulèrent dans les rues encombrées. L'air chaud circulait librement par les vitres baissées. Quand la voiture atteignit l'entrée de l'Acropole, les passagères descendirent et firent le reste du chemin à pied. Elles prirent un billet, puis commencèrent la longue et rude ascension. Devant elles, le Parthénon. Pareil au joyau d'une couronne, le temple se dressait majestueusement au milieu des vieilles ruines. « N'est-ce pas fantastique? » s'écria Marion, en admiration devant les grandes colonnes doriques en marbre, formant le péristyle extérieur. Alice promena son regard sur le fronton de la façade orientale et sur la frise qui ornait la partie centrale du temple. « Au début du XIXe siècle, plusieurs sculptures ont été enlevées d'ici vous savez, déclara-t-elle. - Volées? demanda aussitôt Bess. 97
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- Non, non. Lord Elgin, ambassadeur de GrandeBretagne en Turquie à l'époque, reçut la permission du gouvernement de prendre ces œuvres. Athènes faisait alors partie de l'Empire ottoman. » Bess demeurait perplexe. « Et qu'en a-t-il fait de ces sculptures? s'informa-telle. - Il les a vendues au gouvernement britannique qui les a placées au British Muséum, à Londres. - Quelle histoire! commenta Manon. J'ai entendu dire que le gouvernement grec avait fait enlever d'autres statues encore, récemment. - Oui, confirma Alice. A cause de la pollution et parce que des touristes en cassaient des morceaux pour les emporter en souvenir. » Bess secoua violemment la tête en signe de réprobation. Les filles se turent et approchèrent d'une autre colonnade. Là, elles entendirent un murmure très bas et indistinct qui semblait passer d'une colonne à l'autre. « Je me demande d'où vient ce bruit », dit Bess finalement, et elle se tourna pour contempler le paysage, en bas. Groupés au-dessous d'elle, les toits de tuile rouge de Plaka faisaient penser à une tache de couleur vive sur la palette d'un peintre. Bess ne pouvait en détacher le regard. Au moment où elle se tournait pour rejoindre ses compagnes qui s'étaient éloignées, elle se rendit compte que son sac était mal fermé.
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« Oh! Pourvu que je n'aie pas perdu d'argent! » se dit-elle. Elle sortit son portefeuille pour vérifier. A son étonnement, un gamin bondit de derrière une colonne et le lui arracha. « Venez vite! » cria Bess à Alice et à Marion. Elle désigna le jeune voleur. « Ce garçon a chipé mon portefeuille!» Dévalant à toute allure les marches de pierre raboteuses, les trois filles s'élancèrent à sa poursuite!
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CHAPITRE X Visite-surprise « Attendez-moi ! » criait Bess en courant derrière ses amies. La devançant de plusieurs mètres, celles-ci essayaient de ne pas perdre le voleur de vue, mais le garçon disparut dans une foule de touristes qui commençaient à monter. Alice et Marion abandonnèrent la poursuite. « Pourquoi vous arrêtez-vous? haleta Bess en les rattrapant. - Il nous a semées, expliqua Alice. 102
- De plus, j'ai une ampoule sous le talon », ajouta Marion. Elle se pencha pour desserrer la courroie de sa sandale. « Et mon portefeuille, alors? » s'écria sa cousine. Elle éclata en sanglots. « II contenait tout mon argent ! - Mais non! Tu as encore des chèques de voyage dans t'a valise, n'est-ce pas? lui rappela Marion. - Je crois que oui, mais je viens d'en encaisser un de cinquante dollars et ce sale gosse m'a tout pris! » Alice passa un bras autour des épaules de Bess. « Nous allons avertir la police, assura-t-elle. - Et si l'argent qui te reste ne te suffit pas, je t'en prêterai, promit Marion. - Moi aussi, ajouta Alice. - C'est vrai? Merci!» fit Bess avec un sourire reconnaissant. Elle se sécha les yeux avec un mouchoir en papier et suivit ses amies jusqu'au pied de la colline. Là, elles trouvèrent presque aussitôt un taxi. Elles se rendirent au commissariat de police le plus proche où Bess raconta sa mésaventure, «Votre portefeuille est peut-être perdu à jamais, déclara l'officier de police en hochant la tête, mais nous essaierons de trouver le garçon. Aviez-vous de l'argent américain? - Oui, un peu, répondit Bess. Pourquoi?
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- Parce que le voleur l'apportera probablement à un bureau de change. Le cours y est meilleur Que dans les hôtels : plus de drachmes pour un dollar. - Nous pourrions peut-être faire nos propres investigations, proposa Alice. Combien y a-t-il de bureaux de change à Athènes? - Oh! beaucoup! répondit le policier. De toute façon, avec les centaines ou même les milliers de touristes qui y entrent chaque jour, personne ne se souviendra de cet enfant. » Fronçant légèrement, le sourcil, il ajouta : « Si nous l'attrapons, nous vous préviendrons. - Efharistô », dit Bess en se tournant pour partir. « Et maintenant, que faisons-nous? demanda-t-elle à Alice. Je suppose que nous ne pouvons pas inspecter tous les bureaux de change ! - En effet, approuva son amie, mais le garçon a dû aller à celui qui se trouvait le plus près de l'Acropole. - J'en ai vu tout à l'heure, dit Marion. Nous sommes passées devant en taxi. C'est par là. » Elle désigna une rue étroite bordée d'immeubles. Alice courut vers le feu de signalisation, suivie par les cousines. Les filles traversèrent le carrefour et avancèrent rapidement sur l'autre trottoir, dépassant les immeubles. Elles atteignirent bientôt l'endroit où se trouvait le bureau de change. « Regardez cette queue! s'écria Marion. - Quelle queue? fit Bess. Trois pelés et deux tondus! 104
- Allons-y », ordonna Alice en entrant dans le bureau. La pièce était bondée. Plusieurs personnes étaient assises sur des bancs le long des murs, mais la plupart d'entre elles étaient debout. Les jeunes détectives se séparèrent. Bess cherchait son voleur. Pendant ce temps, Alice et Marion essayaient de parler à un employé. « Pardon, pardon, dit Marion en passant devant deux personnes. - Attendez votre tour, grogna une femme dans la queue. - Je voudrais simplement poser une question au caissier. - Moi aussi, figurez-vous! » La femme se pressa contre la personne devant elle. « Cela fait près d'une heure que j'attends. » Marion prit une profonde inspiration et regarda dans la direction d'Alice. Celle-ci avait réussi à s'approcher d'un employé. Mais, quand les filles se retrouvèrent au fond de la pièce, Alice avait l'air déçue. « Le policier avait raison, déclara-t-elle. Ils sont tous trop occupés à compter l'argent pour s'intéresser aux figures. » Soudain elle se rendit compte que Bess manquait à l'appel. « Elle doit être sortie», dit Marion en se haussant sur la pointe des pieds. Quelques secondes plus tard, cependant, Bess émergeait de la foule. Elle tenait un petit garçon par le haut de sa chemise. 105
« J'ai trouvé le coupable! annonça-t-elle avec fierté. - Maman! cria l'enfant. - Ce n'est pas lui! affirma Marion. - Si! maintint sa cousine. Le gosse qui m'a fauché mon portefeuille avait les cheveux bruns coupés court comme celui-ci et un T-shirt jaune et bleu. - Celui que j'ai vu, moi, portait des blue-jeans, déclara Alice, les yeux fixés sur le pantalon bleu du gamin. - Comment peux-tu en être si sûre? répliqua Bess. - J'en suis témoin, intervint Marion. D'ailleurs Alice et moi étions beaucoup plus près de lui que toi. - Où est ta mère, petit? interrogea Alice. - Dans la queue. Nous sommes arrivés à Athènes aujourd'hui. » Alice n'insista pas. De toute évidence, ce garçon n'était pas le voleur. « Je m'excuse, dit Bess, penaude. Tiens », ajouta-telle en tendant à l'enfant un mouchoir en papier. Le petit y enfouit son nez pendant une seconde, puis il plongea de nouveau dans la foule. « Partons vite avant que sa mère ne porte plainte contre toi! dit Marion. - J'ai vraiment cru que c'était lui... » marmonna sa cousine. Arrêtant là leurs recherches, les trois filles rentrèrent à l'hôtel. Un message les y attendait. Il était écrit sur du papier à en-tête de l'hôtel. Alice le lut à haute voix.
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« Une surprise! Si vous voulez en savoir plus, venez à la chambre n°1110! - Méfions-nous, dit Bess. - Oui, c'est peut-être une ruse... fit Alice. - Moi, je n'y vais pas, déclara vivement Bess. Une autre corbeille de fruits pleine de serpents nous y attend probablement! - Je ne crois pas, répliqua sa cousine. Après tout... - Même si j'ai tort, je trouve que nous devrions faire semblant de ne jamais avoir reçu ce message. - Même s'il était de Daniel? » demanda Alice, taquine. Daniel Evans était le meilleur ami de Bess. « Dans ce cas... commença Bess. Mais, toute réflexion faite... - Voici ce que je te propose, l'interrompit Alice : toi, tu restes dans notre chambre pendant que nous allons au 1110. Si nous ne sommes pas de retour dans un délai raisonnable, tu nous envoies des secours. - Bonne idée », approuva son amie. Bess sortit de l'ascenseur au neuvième étage. Alice et Marion continuèrent jusqu'au onzième. La soirée n'était pas encore très avancée. Les jeunes filles croisèrent plusieurs personnes dans le couloir, mais toutes inconnues. Malgré la présence de ces clients, c'est avec précaution qu'elles s'approchèrent de la porte 1110. Sortant d'une radio, une musique de bouzouki vint à leur rencontre. Alice jeta un coup d'œil à Marion, puis frappa. Bientôt la porte s'ouvrit et une paire d'yeux noirs dévisagea Alice! 107
CHAPITRE XI Un indice sur le quai « Helen Nicholas! s'exclama Alice, et elle embrassa son amie. - Mme Thompson! s'écria Marion, toute joyeuse, en apercevant l'autre femme dans la pièce. Que je suis contente de vous voir! Quand êtes-vous arrivées? 108
- Oh, il y a un petit instant, répondit Helen avec un sourire. J'avais une telle nostalgie de la Grèce! Où est Bess? - Dans notre chambre. Je l'appelle tout de suite. » Alice composa le numéro de leur chambre et invita son amie à les rejoindre. En voyant Helen et Mme Thompson, Bess pouffa de rire. « Et moi qui croyais que vous étiez des kidnappeurs! - Des kidnappeurs!» s'écrièrent les deux femmes en chœur, puis Helen ajouta: «Quelqu'un vous a-t-il menacées?
— Pas exactement, répondit Marion. - Nous vous raconterons tout ce qui nous est arrivé jusqu'ici, promit Alice, mais, auparavant parlez-nous de vous. Quel bon vent vous amène? - Oui, quelle est la raison de votre visite-surprise? insista Bess. - Principalement, le récit enthousiaste qu'Helen m'a fait de son enfance passée ici, répondit Mme Thompson. Je me suis dit qu'il fallait que je voie la Grèce. De plus, bien entendu, j'ai grande envie de faire la connaissance de Mme Papadapoulos et de ses enfants, surtout de Maria.
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- Nous avons pensé également que nous pourrions peut-être organiser l'importation de certaines de ses broderies. - C'est une idée fantastique! s'écria Alice. - Helen a accepté d'être mon interprète, expliqua Mme Thompson. Sans son aide, tout ce magnifique travail échouerait sans doute chez les pingouins de l'Antarctique! - Bien entendu, cela égaierait un peu leurs smokings!» plaisanta Marion. Tout le monde rit, puis, changeant de sujet, Helen dit : « Et maintenant, racontez-nous vos aventures à Athènes.» Alice expliqua ce qui leur était arrivé. Elle mentionna les mystérieux indices qu'elles avaient découverts. Helen et Mme Thompson l'écoutèrent, stupéfaites. « Vous êtes en danger, dit cette dernière. Je me demande même si vous ne devriez pas rentrer chez vous. - Oh, ne vous tracassez pas, répondit Alice avec douceur. Nous avons l'habitude de ce genre de situation. De plus, maintenant que vous êtes venues en renfort, nous attraperons ces escrocs en un rien de temps! » Cette remarque fit sourire Mme Thompson. Marion se hâta de demander. « Qu'aimeriez-vous faire, vous deux, ce soir?
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- Depuis l'instant où je suis descendue d'avion, j'ai eu envie d'aller à l'Odéon d'Hérode Atticus, répondit Helen. - Le grand amphithéâtre près de l'Acropole? interrogea Alice. - Oui. J'y ai vu tant de belles pièces pendant mon enfance ! Euripide a toujours été mon dramaturge préféré. » II fut convenu que tout le monde se retrouverait dans le hall à 20 heures 30. « Nous ne dînons pas, alors?» demanda Marion. Cette question fit apparaître un grand sourire sur le visage de sa cousine. « N'as-tu pas encore remarqué qu'on mange tard en Grèce? répliqua Alice. Nous trouverons certainement un bar ouvert près du théâtre. » Et, en effet, elles aperçurent un café à l'air engageant à une centaine de mètres de leur but. Helen, cependant, supplia ses compagnes de visiter lé théâtre en premier.
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« Il y a relâche, ce soir, dit-elle. Nous ne resterons donc pas longtemps. » L'estomac de Bess manifesta bruyamment son mécontentement. La blonde potelée n'en suivit pas moins les autres vers le théâtre. Bien que celui-ci fût fermé au public, Helen parvint à persuader le gardien de les laisser entrer. « Oh! n'est-ce pas merveilleux? » s'écria Helen, ravie. Avec légèreté, elle descendit une allée de pierre et s'arrêta pour contempler les gradins qui s'épanouissaient en éventail depuis la scène. Marion, Mme Thompson et Bess dépassèrent Alice qui s'arrêta pour resserrer la courroie d'une de ses sandales. Elle s'aperçut soudain que deux hommes parlaient au-dessous d'elle en grec, mais elle ne commença à leur prêter attention que lorsqu'elle leur entendit prononcer le nom de Nicholas! Tout excitée, la jeune détective dévala les marches vers Helen. « As-tu entendu? » lui chuchota-t-elle. Helen fit un signe de tête affirmatif et leva les mains pour intimer aux autres l'ordre de se taire. Elle essayait d'écouter le reste de la conversation. Ses yeux, soudain, étincelèrent. « Alice! Mon cousin se cache au Pirée! - Et dire que nous y étions il y a peu de temps! s'écria Alice. - Il faudra donc y retourner, déclara Marion. - Mais de jour, s'il vous plaît», intervint
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Bess, le regard fixé sur le ciel bleu foncé. Le lendemain matin, Alice offrit d'emmener tout le monde en voiture au Pirée. Des tankers et des gros cargos remplissaient le port. A côté d'eux, les autres bateaux paraissaient minuscules. « Où allons-nous en premier? demanda Bess. - Garons d'abord la voiture et faisons un petit tour, proposa Helen. - D'accord», acquiesça Alice. Toutes les conversations qu'elles entendaient étaient en grec. Helen écouta attentivement une ou deux fois. « Quelque chose d'intéressant? s'informa Bess ensuite. - Peut-être, répondit Helen. Ces hommes là-bas ont dit que la police avait inspecté des cargaisons : elle cherche des vases anciens volés. Puis j'ai entendu le nom d'Isakos. - Isakos! » s'écrièrent les filles en chœur. Alice s'approcha des ouvriers. « Savez-vous quelque chose au sujet de M. Isakos ou de Constantine Nicholas?» demanda-t-elle. Helen, qui se tenait derrière elle, traduisit la question. Les hommes se contentèrent de hausser les épaules. « Ils prétendent ne rien savoir, déclara Helen. - Mais tu les as entendus ! » fit Alice. Helen répéta la question. Cette fois, cependant, elle parla davantage. Les hommes, à leur tour, répondirent longuement.
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« Qu'ont-ils dit? demanda vivement Alice à la fin de leurs palabres. - Pas grand-chose, en fait. Pas plus, en tout cas, que ce que j'avais déjà entendu, c'est-à-dire que la police leur avait demandé s'ils connaissaient un certain Isakos. Apparemment, ils ne le connaissent pas. » Le groupe poursuivit sa promenade. Soudain Marion s'arrêta. Elle désigna quelque chose sur le mur du quai. « Regardez!» s'exclama-t-elle, tout excitée. Les autres aperçurent les initiales D.G. gravées dans la pierre. L'image d'un serpent s'enroulait autour des lettres! « Qu'est-ce que cela a de si extraordinaire? demanda Helen. Ce n'est qu'un graffiti. - ïl y en a partout dans cet endroit, ajouta Mme Thompson. - Oui, mais celui-ci pourrait se rapporter à Dimitri Georgiou, fit remarquer Alice. - Oh! mon Dieu! Tu crois? s'écria Helen. - Absolument. » Devant le groupe, un charpentier était en train de réparer un trou dans la coque d'un cargo. Alice courut vers lui et mentionna le nom de Dimitri Georgiou. L'homme interrompit son travail et fit oui de la tête. « Il le connaît!» se dit Alice. Le charpentier descendit de son échelle et disparut. Il revint peu après en compagnie d'un homme grand et musclé. « Dimitrious, Georgiakis», dit le charpentier 116
avec un sourire qui découvrit un énorme espace entre ses dents de devant. Les visages d'Alice et de ses compagnes s'allongèrent. Helen dit aux hommes qu'elles cherchaient quelqu'un d'autre. « Peux-tu leur demander aussi si ce bateau part pour les Etats-Unis? la pria Alice. - Oh !, no. - Je me demande si les trésors archéologiques volés vont d'abord dans un autre pays, tel que l'Italie ou la France, avant d'être expédiés aux Etats-Unis. - Dans quel but? interrogea Marion. - Pour cacher l'identité des personnes mêlées à ce trafic. » Interrompant leur tour du port, les jeunes détectives décidèrent d'aller parler à la police locale. « Astinomikôs tmima?Le commissariat?» demanda Alice à un passant. Avec effort, le vieil homme leva le bras et répondit en grec. « Il nous indique le chemin, expliqua Helen. Ce n'est pas loin. - Peut-on s'y rendre à pied? s'informa Marion. - Oui. » Le groupe trouva le poste sans difficulté. Alice, encore une fois aidée par Helen, parla à l'officier de police de service. Elle lui confia que ses amies et elle cherchaient Constantine Nicholas. « Je ne sais absolument rien de lui, répondit le policier.
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- Alors, qu'avez-vous découvert au sujet des vols d'objets d'art commis à Athènes. - Rien que je sois en droit de vous révéler. Puis-je vous demander pourquoi cela vous intéresse tellement? - Alice est détective amateur, répondit Helen. - Ah, je vois. Cette affaire, toutefois, doit rester exclusivement entre les mains des professionnels. » Cette remarque piqua ses visiteuses au vif. Elles partirent sur un au revoir assez sec. « J'ai l'impression que nous piétinons, déclara Bess en regagnant la voiture avec les autres. - Où pourrait-il bien être, Constantine? murmura Helen. Il y a tant de chantiers navals ici. - Et de bateaux, ajouta Mme Thompson. - Il pourrait être n'importe où», dit Alice en mettant le contact. Quand elle pressa l'accélérateur, la voiture toussota, puis cala. Alice essaya de nouveau de la faire démarrer, mais cette fois, on n'entendit qu'un faible déclic quand elle tourna, puis retourna la clef. Le moteur était mort. « Cette voiture marchait parfaitement il y a une heure », dit Marion. Quelqu'un l'avait-il sabotée?
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CHAPITRE XII Le cargo à bande blanche Alice souleva le capot et examina le mécanisme du véhicule. Pendant ce temps, Helen et les autres interrogeaient les gens à proximité. Avaient-ils vu quelqu'un près de leur voiture? « Alice! Viens ici une minute!» appela Mme Thompson. La jeune fille émergea de dessous le capot qu'elle ferma. Ses amies étaient rassemblées devant un petit garçon.
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« As-tu vu quelqu'un? lui demanda Alice en s'accroupissant pour se mettre à sa hauteur - Ôh !, ôh ! - En es-tu sûr? » L'enfant faiblit. « Homme gros. Figure rouge. Cheveux gris Méchant », dit-il. « Isakos!» pensa Alice. « Où est-iî allé?
- Il m'a donné argent, poursuivit le garçon. Moi, pas pouvoir parler. - Mais si! tu dois me dire où il est allé, insista Alice. Il a commis une très mauvaise action. » Elle posa doucement sa main sur l'épaule du garçon et se leva. « Là-bas», marmonna le gamin. Il désigna l'embarcadère, puis ajouta quelque chose en grec. « D'après lui, l'homme est monté à bord du cargo qui porte une large bande blanche sur sa coque, traduisit Helen. - Celui-ci? demanda Alice en montrant le navire mouillé près du mur marqué du signe du serpent. - Nai. - Non? s'étonna Mme Thompson avec un soupir. - Au contraire, fit Alice en souriant. Nai signifie oui!
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- Devrions-nous chercher la police? demanda Bess. Isakos est trois fois plus fort que nous cinq mises ensemble. - La police nous dira seulement de nous occuper de nos affaires, répondit Alice. Mais nous pourrions peutêtre nous diviser et voir ce que nous pouvons découvrir par nous-mêmes. - Bonne idée, approuva Marion. Qui va avec qui? - Mme Thompson et toi, vous pourriez essayer de trouver un mécanicien qui réparerait la voiture. Pendant ce temps, Helen et moi, nous examinerons le cargo de plus près. - Et moi? demanda Bess. - Poste-toi près de l'eau et repère les badauds trop curieux. » Bess aperçut une femme policier qui marchait dans leur direction. « A tout à l'heure », lança-t-elle à ses amies, puis elle se hâta vers l'agent. Quand Bess arriva à sa hauteur, la femme était déjà en conversation avec deux jeunes marins dont l'un paraissait Grec et l'autre, Scandinave. « Excusez-moi », dit Bess, l'interrompant. Le marin blond lui fît un clin d'œil. « Américaine?» s'enquit-il avec un accent chantant. Bess acquiesça d'un signe de tête. « Moi, je suis Suédois. » L'agent de police, qui n'était guère plus âgée que les marins, s'avança. 121
« Puis-je vous aider? demanda-t-elle. - Euh... oui. » Ravie d'entendre la femme parler anglais, Bess entraîna celle-ci à l'écart. «Je cherche trois personnes : Constantine Nicholas, Dimitri Georgiou et un certain M. Isakos. - Un instant », répondit la femme policier. Elle consulta brièvement les marins. « Je peux peut-être vous renseigner, dit le Suédois à Bess. Constantine Nicholas est de la compagnie maritime Nikos pour laquelle je travaille de temps à autre. - L'avez-vous vu récemment? - Oui, l'autre jour. Il voulait expédier des marchandises sur le cargo à bande blanche. » « Celui que le petit garçon nous a montré! » pensa Bess. « Fait-il cela souvent? demanda-t-elle à haute voix. - Oui et non. Il y a quelques semaines, on ne voyait que lui ici. Puis il a disparu. Bien entendu, moi je passe d'un boulot à l'autre. Un jour, je suis à Haïfa et le lendemain ici. Lui est de retour aussi. » Tandis que le jeune homme parlait, son compagnon grec se glissa subrepticement vers Bess. Mal à l'aise, la jeune fille se rapprocha de l'agent de police. « Où habite-t-il, ce M. Nicholas? s'informa celle-ci. Ici ou à Athènes? - Je serais bien en peine de vous le dire, répondit le Suédois. Et je doute fort que quelqu’un au Pirée le sache. »
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Le marin grec se pencha vers Bess. « Quel est votre parfum? demanda-t-il en très mauvais anglais. - Rosé thé, répondit sèchement la jeune fille. On ne doit pas en trouver ici. » Se détournant de lui, elle s'adressa de nouveau au Suédois. « J'ai vu une photo de M. Nicholas, mais il a peut-être changé d'apparence depuis qu'elle a été prise. - A présent, il porte barbe et moustache, répondit le marin blond. - Ah oui? Voilà un précieux renseignement.» Dans l'espoir que la femme policier pourrait glaner d'autres informations utiles, Bess lui donna le nom de son hôtel.
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« Ne le communiquez surtout pas à ces hommes, chuchota-t-elle. - Ne vous inquiétez pas. » La jeune femme rit. « Le petit brun, là, aime beaucoup flirter... surtout avec de jolies Américaines. » Riant toute seule, Bess courut vers le cargo à bande blanche. Alice, Helen et un policier se tenaient sur le pont. Ils parlaient à deux membres de l'équipage. Les voix de ces derniers couvraient celles des jeunes filles. « Zut! Il y a des ennuis, on dirait! » pensa-t-elle, gravissant en hâte la passerelle. « Où allez-vous?» lui cria quelqu'un d'un ton brusque. Bess s'arrêta net. « Mes amies sont là-haut, expliqua-t-elle en se tournant vers un homme râblé en salopette. D'un regard sévère, celui-ci inspecta le pont, puis de nouveau Bess. Il marmonna quelque chose, puis lui fit signe de monter. « J'ai fait une importante découverte, chuchota Bess à Marion dès qu'elle fut à bord. - Tu me raconteras cela plus tard. » A ce moment, la discussion entre le policier et les officiers du navire monta d'un ton. « Ils disent que nous n'avons pas le droit d'être à bord, expliqua Helen aux filles. Mais le policier leur a répondu qu'il les arrêterait tous s'ils ne lui obéissaient pas. - Je viens de l'entendre mentionner le nom de Constantine, dit Marion. 125
- Il demande où est mon cousin», répondit Helen. A la surprise des jeunes filles, le commandant s'adressa à leur groupe en anglais. « Je m'appelle Fotis, dit-il. Etes-vous des amies de Constantine Nicholas? » Avant qu'Alice ait pu répondre, elle remarqua qu'une paire d'yeux méchants l'observaient de derrière le rouf. L'homme se rejeta en arrière, puis, sans se rendre compte qu'il était dans le champ de vision d'Alice, laissa de nouveau dépasser sa tête. « Isakos! » s'écria la jeune détective. Et elle s'élança vers lui.
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CHAPITRE XIII Poursuite en bateau « Monsieur Isakos! cria-t-elle de nouveau. - Hé! Où diable allez-vous?» hurla le commandant. Il courut derrière Alice avec Bess et Helen sur ses talons. Les autres suivirent. La jeune détective s'arrêta à la poupe où de gros rouleaux de cordage gisaient entre des caisses métalliques entassées devant un canot de sauvetage. « Il a disparu! » murmura-t-elle. Fotis l'attrapa par l'épaule. 127
« De quel droit venez-vous semer la pagaille sur mon bateau?» gronda-t-il. Alice ne prêta aucune attention à cette question: elle venait d'apercevoir le col de chemise d'Isakos. « Le voilà! s'écria-t-elle. Dans le canot de sauvetage! » Cependant, avant même que quelqu'un n'ait pu l'arrêter, le gros homme bondit hors de l'embarcation et se fraya maladroitement un chemin à travers les piles de conteneurs. Se précipitant de l'autre côté du pont, il sauta sur le quai par-dessus le bastingage. Bess et le policier s'élancèrent à sa poursuite. Fotis agrippa Alice par le bras. « Lâchez-moi! cria la jeune fille en se libérant pour rejoindre ses amies. Pouvons-nous le prendre en chasse?» demanda-t-elle en voyant Isakos s'enfuir dans une vedette. Après avoir crié quelque chose en grec à l'équipage, le policier courut avec Helen et les filles en direction d'un bateau patrouilleur amarré près du cargo. « Nous ne le rattraperons jamais! » s'écria Helen en voyant Isakos disparaître derrière une jetée. Anxieuse, elle aussi, Alice regardait leur embarcation avancer lentement dans le port. Le patrouilleur n'acquit de la vitesse qu'après avoir dépassé un bateau de pêche qui entrait. Ils longèrent la jetée et se retrouvèrent en pleine mer. Ils ne voyaient plus que la ligne côtière. La vedette d'Isakos pouvait-elle les avoir distancés si vite? 128
« Impossible », se dit Alice. Soudain, elle aperçut le canot automobile : il gisait, abandonné, sur la plage. « Isakos a laissé des traces de pas, dit Alice quand ils approchèrent du rivage. - Si tu veux partir à la chasse à l'homme avec monsieur l'agent, Bess et moi resterons dans le bateau, proposa Helen. - Nous serons de retour avant même que vous ayez eu le temps de pêcher un poisson! » promit Alice. Encore humides, les empreintes constituaient
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une piste facile. Elles conduisaient à une route qui semblait passer au milieu de nulle part. « Isakos a dû faire du stop, conclut le policier. - Ou monter dans une voiture qui l'attendait », dit Alice. 130
Le policier et elle retournèrent sur la plage. Au regard interrogateur que lui lancèrent ses amies, elle répondit en secouant la tête. « Pas d'indices? Rien? demanda Bess, visiblement déçue. - Rien de rien. » Le policier attacha le canot au bateau patrouilleur pour le remorquer jusqu'au port. Peu après, le cargo à bande blanche fut de nouveau en vue. Des jumelles devant les yeux, Fotis se tenait sur le pont. « Il nous observe, déclara Bess. Si nous remontions à bord de son bateau? - Mmm, fit Alice. A dire vrai, j'aimerais poser quelques questions à l'équipage. - Et moi, inspecter la cargaison», ajouta le policier. Cette fois, Fotis, à l'étonnement général, se montra beaucoup plus aimable, presque servile. Il donna l'ordre à un matelot d'emmener tout le groupe visiter la cale où il y avait toutes sortes de caisses. D'après leurs étiquettes, certaines contenaient des bidons d'huile d'olive, d'autres du coton. Alice chuchota à Helen et à Bess : « Existe-t-il meilleur endroit pour cacher des objets d'art volés? - Quoi? Que des balles de coton? questionna Bess. Alice acquiesça. « Comment s'appellent les compagnies qui importent ces marchandises? » demanda-t-elle au marin.
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L'homme ne comprenant pas l'anglais, Helen dut lui traduire la question. « Il l'ignore, dit-elle. - A-t-il vu ton cousin? Et que sait-il de sa cargaison?» Helen s'adressa de nouveau à l'homme. « II dit qu'il n'a jamais entendu parler de Constantine. - Cela m'étonnerait, déclara Bess. Le marin sur le quai m'a affirmé que ton cousin avait récemment expédié des marchandises sur ce cargo. - Alors de deux choses l'une : ou bien cet homme ment, ou la personne qui t'a renseignée s'est trompée. » Le policier exigea qu'on ouvrît deux des caisses. Réticent, le matelot grommela en grec. Il leva les bras au ciel pour faire comprendre à tout le monde qu'il venait juste de fixer les couvercles. « Cela m'est égal! » déclara le policier, puis il se remit à parler grec. Alice surveillait tous les gestes que faisait le marin. L'homme semblait exagérer les difficultés qu'il avait à ôter les agrafes. Essayait-il de donner le change? Finalement, il en termina et le policier arracha
le couvercle de la caisse. Il ouvrit la balle de coton, plongea sa main dedans et en retira un nuage de fibres qui se posa doucement sur le plancher. Alice poussa un soupir de déception. 132
« J'aurais pourtant juré... » murmura-t-elle. A son tour, elle mit la main dans le coton. « Cette caisse contient-elle encore autre chose? demanda-t-elle au policier. - Non. - Pouvons-nous inspecter les autres? - Ce type dit qu'elles sont toutes pareilles. » Quand les filles et le policier remontèrent sur le pont, Fotis les accueillit avec un sourire narquois. « Alors? Satisfaits? - Non, pas vraiment, répondit Alice. - Je vous avais bien dit que vous ne trouveriez rien d'intéressant sur mon bateau. - Ce n'est pas vrai! répliqua Alice d'un ton sec. Nous y avons découvert M. Isakos. - C'est la première fois que je vois ce type, répondit Fotis d'une voix mielleuse. Comme vous avez pu vous en rendre compte, beaucoup de gens montent à bord quand le cargo est à quai. Il nous est impossible de contrôler l'identité de tout le monde. » Il promit de rester en rapports avec la police et de retenir Isakos si celui-ci remettait les pieds sur le navire. « Tu parles! murmura Bess avec amertume. - Autant consulter l'oracle de Delphes, ajouta Helen. Il nous en apprendrait plus que ce capitaine! Mais ne soyez pas tristes, les filles, ajouta-t-elle vivement. Votre enquête a progressé, malgré tout. - Tu es gentille... répondit Alice alors qu'ils quittaient le cargo. En fait, je reste persuadée que ce
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bateau fait de la contrebande. Le problème, c'est de le prouver. »
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CHAPITRE XIV
L'avocat disparu Alors qu'elles disaient au revoir au policier, Alice, Helen et Bess aperçurent Mme Thompson et Marion sur le quai : elles parlaient à un homme en salopette, près d'une dépanneuse. « Ne peut-on pas réparer la voiture sur place? demanda anxieusement Alice en les rejoignant. - Elle a déjà été réparée, répondit Mme Thompson avec un sourire. Nous discutions du fait que quelqu'un en a tripatouillé le moteur. » Alice se tourna vers le mécanicien. « Avez-vous trouvé un indice quelconque? demanda-t-elle. - Un indice?
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- Oui, un lambeau de vêtement déchiré ou un bouton, par exemple», expliqua la jeune fille. comme l'homme secouait la tête, elle ouvrit son porte-monnaie. « Combien vous dois-je? - C'est déjà payé, répondit le mécanicien. - Rangez votre argent, ma chérie, ordonna Mme Thompson. - Mais il n'est pas question que... » commença Alice. Mme Thompson ferma les yeux pour indiquer qu'elle ne voulait pas entendre un mot de plus à ce sujet. Quand le mécanicien fut parti dans son camion, elle proposa à tout le monde d'aller déjeuner. « Mikrolimano, suggéra Alice. C'est un des ports du Pirée. - Faut-il pêcher son repas? plaisanta Bess. - Non, à moins que tu ne veuilles un homard!» Mikrolimano était tout près. Apercevant une rangée de restaurants près du port, Alice arrêta la voiture. « Voici celui dont je vous ai parlé », dit Helen en désignant une devanture aux couleurs vives à laquelle était exposé du poisson frais. De l'autre côté de la rue, au bas de quelques marches, on voyait un quai rempli de tables qui donnait sur l'eau étincelante et des bateaux amarrés. Certains clients terminaient déjà leur repas. Les détectives et leurs amies s'assirent. A leur surprise, au lieu du menu, le garçon leur apporta un message. « Pour Mlle Roy », dit-il. 136
Alice déplia le papier. Qui pouvait connaître sa présence en ce lieu? se demanda-t-elle. « C'est en grec, Helen », dit-elle en tendant la lettre à son amie. Celle-ci traduisit : « Je crois comprendre que vous cherchez maître Vatis. Je travaillais dans son cabinet autrefois. Je peux peut-être vous aider. » « Incroyable! s'exclama Bess. - Quoi? Qu'il travaillait pour Vatis? demanda Marion. - Non, qu'il ait trouvé Alice. » Jetant un coup d'oeil à la rangée de tables, les filles remarquèrent un homme seul. Une serviette nouée autour du cou, il trempait un petit morceau de homard dans du beurre fondu. « Ça doit être lui, l'auteur du message, conclut Alice. Je l'ai déjà vu quelque part, mais je ne sais pas où. - Allons lui parler», suggéra Helen. Alice et elle se levèrent et s'approchèrent de la table de l'inconnu. « Maître Vatis? » interrogea la jeune détective. L'homme déposa sa fourchette en souriant. « Je ne suis pas maître Vatis, mademoiselle Roy. Heureusement! » Après avoir fait signe aux jeunes filles de s'asseoir, il se présenta: «Peter Scourles. - Pourquoi dites-vous : heureusement? demanda Alice.
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- Parce que je n'aime pas la façon dont il gère les biens de ses clients. Votre père est avocat, n'est-ce pas?» Alice fit un signe de tête affirmatif. Comment 'Cet homme pouvait-il être si bien renseigné sur 'elle? se demanda-t-elle, perplexe.
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« Alors il comprendrait ce que je veux dire, poursuivit M. Scourles. En fait, la justice grecque allait enquêter sur Vatis. - Pour quelle raison? demanda Helen.
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- Il a disparu avec bon nombre de papiers importants. - Où est-il allé? interrogea Alice. - Je l'ignore, mais j'ai l'impression qu'il se cache à Corfou. Je sais qu'il aimait passer des vacances là-bas. Il y descendait toujours dans un hôtel qui avait une vue magnifique sur la mer. Malheureusement, j'en ai oublié le nom. » Tout excitée, Alice se dit que ses amies et elle pourraient peut-être se rendre à Corfou en avion! « D'où tenez-vous tous ces renseignements sur mon père et sur moi, monsieur? demanda-t-elle. - J'ai entendu parler de vous quand je vivais dans votre pays et, plus récemment, quand je travaillais pour Vatis et Vatis. C'est là que j'ai appris que James Roy représentait les intérêts d'un membre de la famille Nicholas aux Etats-Unis. Lorsque Vatis est parti, j'ai été engagé par son remplaçant. L'autre jour, quand vous êtes venue demander où était maître Vatis, vous vous êtes présentée. Je me trouvais près du bureau de réception. - Pourquoi ne m'avez-vous pas parlé alors?» interrogea Alice. Scourles haussa les épaules. « J'étais pressé. Et puis, je ne pensais pas à Corfou. Cela m'est revenu plus tard. » Après avoir remercié cet homme aimable, Alice et Helen retournèrent auprès des autres pour leur faire part des nouvelles. « Si nous allions à Corfou demain? proposa Marion 140
avec enthousiasme. - Bonne idée, approuva Alice. Espérons que ça sera possible. Vous nous accompagnerez, n'est-ce pas? demanda-t-elle en regardant Helen et Mme Thompson. - Ce serait avec joie, mais je pense que nous ferions mieux d'aller voir les Papadapoulos.» Les amies établirent un programme pour le lendemain. Elles ne s'interrompirent que pour Commander un somptueux déjeuner de poisson accompagné de salade grecque. L'air marin ayant aiguisé leur appétit, elles prirent des fruits pour dessert. L'après-midi fila aussi rapidement que la flottille de petits bateaux ancrés près du quai. Les Américaines retournèrent à leur hôtel. « II y a une agence de voyages dans le hall », dit Alice en entrant. Fatiguée, Mme Thompson s'excusa et se retira dans sa chambre. Les autres accompagnèrent Alice dans un petit bureau aux murs ornés de très jolis posters représentant divers paysages de Grèce. « II y a un merveilleux hôtel, pas très cher, à Corfou, les informa l'agent. Il s'appelle les Cyclades. - Y a-t-on une belle vue sur la mer? demanda Manon. - Des étages supérieurs, oui. L'hôtel est situé au centre du quartier commercial. - Hmm, fît Alice, puis elle demanda un dépliant touristique. « Si vous cherchez un beau panorama, je vous conseillerais plutôt ceux-ci, reprit le jeune homme en 141
indiquant plusieurs noms d'hôtels de la brochure. - Que pensez-vous de celui-ci? le Kephalonia? demanda Bess. Il a l'air splendide. » Alice et Marion acquiescèrent avec enthousiasme. Helen soupira. « Dommage que je ne puisse pas vous accompagner! » Ses amies, cependant, ne purent la dissuader d'aller rendre visite aux Papadapouîos avec Mme Thompson. Le lendemain, en fin de matinée, les filles prirent un avion pour Kérkyra. Elles y atterrirent un peu plus d'une heure après le décollage d'Athènes. « Je vois un taxi, dit Marion, après avoir retiré sa mallette. Retrouvez-moi devant l'aérogare. - D'accord », fit Alice. Quand elles eurent récupéré leurs sacs de voyage, Bess et elle se précipitèrent dehors. Le parking s'étendait le long d'une rangée d'arbres et de buissons, mais le reste du paysage était inintéressant. Toutefois, quand le chauffeur entra dans le pittoresque centre commercial, Bess ne cessa de s'exclamer. « Pas étonnant que Vatis aime cet endroit », déclara-t-elle. La voiture se mit à grimper. Elle passa devant des villas nichées dans la colline et prit un chemin qui menait à un promontoire. « Voilà l'hôtel!» s'écria Alice en apercevant un bâtiment d'une éclatante blancheur. Le chauffeur s'arrêta devant l'entrée. Comme il
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parlait l'anglais, Alice lui demanda s'il serait disponible pour d'autres courses. « Bien sûr! » répondit l'homme et il lui donna son numéro de téléphone. Après s'être présentée à la réception, Alice demanda si Vatis habitait l'hôtel lui aussi. L'employé se contenta de secouer la tête négativement. « Il va falloir passer quelques coups de fil », dit Alice à ses compagnes quand elles furent installées dans leur chambre. Elle sortit le dépliant touristique et commença à composer, l'un après l'autre, des numéros locaux qui y figuraient. Sa troisième tentative fut couronnée de succès. « Vatis est descendu au Queens Palace! annonça-telle, triomphante. - C'est celui que j'aurais choisi après le Képhalonia », affirma Marion. Alice appela le chauffeur de taxi. « Je ne veux pas perdre une minute, expliqua-t-elle à ses amies. - Mais la plage a l'air si belle! s'écria Bess. - Nous irons nous baigner plus tard. Ne me dis pas que tu veux rater ce moment important de notre enquête! - Moi? Jamais de la vie! » En arrivant au Queens Palace, les filles apprirent que Vatis logeait dans un des bungalows près du bâtiment principal. Elles s'en approchèrent en taxi. Après avoir demandé au chauffeur de les attendre, elles marchèrent jusqu'à la porte. 143
« On dirait qu'il n'y a personne», constata Marion alors qu'Alice frappait. Elles regardèrent par les stores à demi baissés. Ne voyant rien bouger à l'intérieur, elles se rendirent à la porte de derrière. Là, des traces de pas humides montaient de la plage. « II a dû aller se baigner, rentrer, se changer et partir, conclut Alice. Revenons plus tard. - Je préférerais le rencontrer de jour, objecta Bess. - Il ne te fera aucun mal, assura sa cousine. De plus, nous sommes trois contre un! » Cependant, quand les filles revinrent le soir, Bess n'en menait pas large. Avant même que le chauffeur ait fini de leur demander s'il devait les attendre, elle répondit oui. « Mais garez-vous un peu plus loin, sur la route, ajouta Alice. Il vaut mieux qu'on ne nous voie pas. » Marion offrit de se poster près du chemin pendant qu'Alice et Bess regardaient par la fenêtre du bungalow. La lumière y était allumée et un homme arpentait nerveusement la pièce. Il était de taille moyenne, brun et portait des lunettes à monture d'écaillé. Au bout d'un moment, il sortit un objet de sa valise et décrocha le combiné. Les filles entrevirent ce qu'il avait à la main. « On dirait un bracelet en or, chuchota Alice à Bess. - Apparemment, il essaie de le vendre, répondit Bess en entendant un lambeau de phrase en anglais.
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- En effet, disait l'homme, ce bracelet a été mis au jour en 1876. » Pendant le silence qui suivit, Alice murmura : « 1876! L'année où le célèbre archéologue Heinrich Schliemann a découvert le masque mortuaire en or! - Le bracelet provient probablement du même musée!» Un cri étouffé et le bruit de pieds qu'on traîne sur le sol empêchèrent Alice de répondre. Bess et elle pivotèrent sur leurs talons. Marion avait disparu!
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CHAPITRE XV Enlèvement à Corfou « Mon Dieu! Où est Marion? s'écria Bess. - Je n'en sais rien... » murmura Alice, stupéfaite. A plusieurs mètres de là, on entendit un bruit de moteur qu'on mettait en marche, puis une voiture démarrer sur les chapeaux de roues. Abandonnant leur poste devant le bungalow de Vatis, Alice et Bess coururent vers la route et sautèrent dans leur taxi. « Suivez cette voiture, s'il vous plaît», dit Alice. Elle désigna deux feux de position qui s'éloignaient rapidement au bas de la colline. « Notre amie vient de se faire enlever! » Aussitôt le chauffeur fit tourner son véhicule. Cahotant sur la route défoncée, il s'élança à la poursuite de l'autre voiture. 146
« Plus vite! Plus vite! supplia Bess. - Ma suspension va casser! » hurla le chauffeur pour dominer le vacarme du moteur.
Devant eux, l'auto du fuyard, une Mercedes, tourna brusquement, barrant le passage à deux voitures derrière elle qui s'apprêtaient à s'engager dans le même chemin. « Oh! cria Bess, angoissée, alors que le chauffeur accélérait et doublait une camionnette. Nous allons nous tuer!» Elle ferma les yeux. Alice, elle, resta calme. « Le ravisseur se dirige vers cette falaise, dit-elle. Pensez-vous pouvoir le dépasser? - Ma bagnole n'est pas une voiture de course, mais je vais essayer. » La route en lacet décrivit un virage très serré. Le taxi perdit de la vitesse. Déçue, Alice se renversa sur son siège. Bess, en revanche, se pencha en avant. « Où est passée la Mercedes? demanda-t-elle en scrutant l'obscurité. - Elle nous a semés, répondit le chauffeur. Dois-je faire demi-tour? - Non, allons un peu plus loin», décida Alice. L'homme s'exécuta en grommelant. Soudain la lumière des phares éclaira une silhouette qui sortait d'un fossé. « Manon!» cria Bess. 147
Le chauffeur s'arrêta. Bess ouvrit la portière arrière et sauta dehors, suivie d'Alice. « Tu n'as pas de mal? demanda celle-ci à son amie qui avançait vers elle en chancelant. - Non, ça va, assura Marion, malgré ses yeux battus. Je suis tombée, voilà tout. » Bess et Alice l'aidèrent à monter en voiture. Elles s'aperçurent que leur amie était blessée à la joue. « On t'a frappée? demanda sa cousine. - Non. Mon ravisseur m'a fait signe de descendre, mais ne s'est pas arrêté complètement. J'ai trébuché et roulé dans le fossé. »
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Alice sortit un mouchoir de son sac et essuya la terre sur le visage de Marion. « Sais-tu qui c'est? interrogea-t-elle. - Pas la moindre idée. Il portait un bas sur la figure. Il m'a dit quelque chose en grec, que je n'ai pas compris, bien entendu, mais sa voix m'a paru familière... 149
- Voulez-vous que je vous emmène à l'hôpital?» lui demanda le chauffeur. Marion secoua la tête. Alice répondit pour elle: « Non, merci. En es-tu sûre? demanda-t-elle à son amie. - Sûre et certaine. Retournons au bungalow ». A l'étonnement des filles, l'oiseau semblait s'être envolé! L'enlèvement de Marion n'avait-il été qu'une ruse pour éloigner Alice et Bess du Queens Palace? Elles se rendirent dans le bâtiment principal et demandèrent si Vatis était parti. « Oui, mais il reviendra dans quelques semaines», répondit le réceptionniste. Alice téléphona aussitôt à l'aéroport. Elle pensait que l'avocat prendrait sans doute un avion de nuit pour Athènes avant de poursuivre son voyage à destination de quelque pays lointain. « Qu'as-tu appris? demanda Bess quand Alice les rejoignit, Marion et elle. - Les deux derniers avions viennent de décoller. L'un va à Athènes, l'autre au Caire. - En d'autres termes, nous devrons passer la nuit ici, dit Marion. - C'est probablement mieux ainsi, répondit Alice. Tu as besoin de repos. - Nous en avons toutes besoin », renchérit Bess en se frottant les yeux. Alice avait réservé des places pour le premier vol pour Athènes le lendemain. Après le petit déjeuner, le trio jeta un dernier regard à la mer. 150
« Dommage que nous devions déjà partir... dit Marion. - Oui. Nous ne reviendrons sûrement pas ici avant un bon bout de temps», ajouta Bess en soupirant. Elle sortit sur la pelouse d'un vert intense qui descendait vers la piscine et contempla avec nostalgie la plage au-dessous. Alice la suivit et passa son bras autour de ses épaules. Elle promena son regard sur la mince bande de sable contre laquelle clapotaient doucement les vagues. « Hé! Regardez!» s'écria-t-elle soudain. Deux hommes venaient d'apparaître sur un promontoire rocheux, au bout de la plage. « Ils ont l'air de se disputer, fit remarquer Bess. Je suis presque sûre que l'un d'eux est Vatis! - Et l'autre? Mon ravisseur sans doute, déclara Marion. - Bess, appelle la police », ordonna Alice. Pendant que Bess rentrait dans l'hôtel, Marion et elle descendirent en hâte sur la plage et coururent vers la falaise. Le deuxième homme, qui leur tournait le dos, partit brusquement et disparut au-dessous du rocher. « Dommage que nous n'ayons pas pu voir son visage! dit Marion. - Oui, mais l'important, c'est de parler à Vatis. Attrapons-le avant qu'il ne s'enfuie, lui aussi. » L'avocat ignorait sûrement là présence des deux filles. Comme hébété, il contemplait l'eau profonde. « Maître Vatis? fit Alice. 151
- Que voulez-vous? gronda l'homme en se tournant, effrayé. - Je vous cherche depuis longtemps. Ou, plus exactement, mon père vous cherche. - Qui êtes-vous? - Alice Roy. » Ce nom parut faire à Vatis l'effet d'un coup de massue. Il grinça des dents. « Laissez-moi tranquille! - Cela m'est malheureusement impossible. Pourquoi avez-vous fait semblant de quitter le Queens Palace la nuit dernière? - Je ne sais absolument pas de quoi vous parlez ! » cria Vatis. Il saisit Alice par les bras. La jeune détective enfonça ses doigts dans les poignets de l'homme pour l'empêcher de l'écraser contre le rocher raboteux. « Lâchez-la! » ordonna Marion. D'un geste brusque, Vatis poussa Alice contre son amie et fila. « Arrêtez!» cria Alice, prête à s'élancer à sa poursuite. A sa surprise, un objet brillant tomba de la poche de l'avocat, qui faillit la faire trébucher. C'était le bracelet qu'il avait essayé de vendre par téléphone. La jeune fille le ramassa vivement et l'examina. Elle aperçut, gravé sur la face intérieure du bijou, le mystérieux symbole grec!
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CHAPITRE XVI Une capture 153
Sans perdre un instant, Alice et Marion s'élancèrent, par-dessus les rochers escarpés, vers la plage de l'autre côté. « Vatis va nous échapper! » s'écria Marion. Alice bondit en avant, le bracelet dans son poing serré. « Nous vous attraperons!» cria-t-elle, haletante, au fugitif. Celui-ci sauta dans un petit canot à moteur et partit à toute vitesse. « Zut et zut! s'exclama Marion, puis elle vida sa sandale pleine de sable. - Suis-moi! » lui cria Alice en retournant en courant à l'hôtel. Bess les attendait en haut du talus herbeux. « La police arrive! annonça-t-elle. - Leur as-tu demandé de se rendre aussi au bungalow de Vatis? lui cria Alice d'en bas. - Non. J'aurais dû? - Oui! Préviens-les vite!» répondit Marion. Tandis que Bess rentrait en hâte dans l'hôtel, Alice et Marion montèrent en courant les marches de pierre qui reliaient la plage à la piscine. « Allons-y! » dit Alice quand Bess eut raccroché. Prenant son amie par la main, elle commença à l'entraîner. « Où ça? 154
- Au Queens Palace? -Nous n'avons pas de voiture!» objecta Bess. Mais, dehors, leur taxi les attendait. Le chauffeur les salua avec cordialité. « Prêtes à partir? demanda-t-il en souriant. - Nous ne pouvons pas encore nous rendre à l'aéroport, répondit Marion. Nous poursuivons quelqu'un. » Elle sauta sur la banquette arrière avec ses amies. « Oh non! gémit le chauffeur. Vous n'allez pas recommencer? » Les lèvres d'Alice se retroussèrent en un sourire. « Je crains que oui. Pouvez-vous nous conduire de nouveau au bungalow du Queens Palace? » L'homme acquiesça à contrecœur. Il s'engagea sur la route et accéléra avec modération. « Encore plusieurs courses comme celle de la nuit dernière, et ma voiture sera morte avant la fin de l'été... dit-il en soupirant. - Ce n'est pas notre faute s'il y a un escroc en liberté à Corfou! répliqua Bess. - Vous n'avez qu'à laisser à la police le soin de l'attraper. » Le taxi venait de franchir l'entrée du parc de l'hôtel quand ses occupants aperçurent une voiture de police. Le chauffeur leva le pied. « Ils sont déjà là, constata Bess.
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- Dieu merci!» grommela leur conducteur. Les filles sautèrent à terre. Alice courut vers l'un des agents. « Que se passe-t-il? demanda-t-elle. - Ne vous approchez pas de la maison, Vatis s'y est barricadé. Il pourrait devenir violent. » Alice sortit le bracelet de son sac et indiqua l'étrange marque qu'il portait gravée sur sa face interne. Elle expliqua que ses amies et elle avaient entendu l'avocat vanter la valeur de ce bijou à un acheteur en puissance. « D'après vous, donc, il aurait été volé au musée archéologique d'Athènes? interrogea le policier. - C'est ce que je soupçonne. » Un deuxième agent, entre-temps, criait en grec à travers la porte du bungalow, sommant Vatis d'ouvrir. L'autre, cependant, faisait la sourde oreille. Par les stores à demi relevés, on le voyait vider frénétiquement ses poches. « Disparu! Disparu! grommelait-il. Ce sont ces filles qui doivent me l'avoir chipé!» Il frotta une allumette et la fit tomber dans une corbeille à papier métallique pleine. Voyant de la fumée filtrer sous la porte, Alice accourut. « Il va s'asphyxier!» s'écria-t-elle alors que le policier la tirait en arrière. Son collègue cassa les carreaux avec une matraque, arracha les stores et grimpa à l'intérieur.
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Des nuages de fumée sortaient par les fenêtres. Vatis toussait. Pendant qu'un des policiers lui passait les menottes, l'autre éteignait le feu. Celui-ci avait détruit la plupart des papiers. Alors qu'il sortait du bungalow entre les deux agents, Vatis lança à Alice un regard de haine. « Rendez-moi ce bracelet, gronda-t-il. Il est à moi. Quelqu'un me l'a donné à titre d'honoraires. - Qui? Constantine Nicholas? demanda Alice avec le même aplomb. Vous le faisiez chanter, n'est-ce pas? » Les yeux de l'homme restèrent fixés sur les siens tandis qu'elle poursuivait : « Vous saviez que Constantine était mêlé à un trafic d'objets d'art. Comme il ne pouvait pas vous payer pour votre travail, vous avez accepté ce bijou. - Constantine, toutefois, ignorait que vous lui voliez son héritage, ajouta Bess. - Exactement », dit Alice. Ces accusations ne semblèrent pas troubler l'avocat. Il ricana. « Je prendrai les meilleurs avocats de Grèce
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pour me défendre. Ils prouveront mon innocence. » Les policiers gardèrent le bracelet en dépôt. « Un inspecteur viendra fouiller ce bungalow plus tard, dit l'un d'eux alors qu'ils partaient avec leur prisonnier. - Nous, nous devrions le fouiller tout de suite, déclara Alice, l'instant d'après. - Mais nous ne pourrons rien emporter, fit remarquer Manon. - Pas la peine », répliqua Alice. Elle sortit un petit appareil de photo de son sac. «J'avais l'intention de prendre des photos avant de quitter l'hôtel », expliqua-telle. Les jeunes détectives s'approchèrent de la corbeille à papiers et entreprirent d'examiner les documents brûlés. Il restait quelques fragments lisibles qu'Alice photographia. Son appareil produisit automatiquement de petits clichés en couleurs. « Nous les ferons agrandir cet après-midi, dit-elle en les rangeant dans son sac. Pour l’heure, essayons d'attraper notre avion pour Athènes. » Toutes trois retournèrent à leur hôtel et prièrent le chauffeur de les attendre. « Nous en avons pour une seconde», assura Bess avant de se précipiter à l'intérieur. Moins de quinze minutes plus tard, les voyageuses réapparurent avec leurs bagages. « Vous vivez toujours à ce rythme? demanda le chauffeur. - Non, pas toujours, répondit Alice en souriant. 159
Ces deux derniers jours ont vraiment été exceptionnels. » En dépit de tous les incidents qui les avaient retardées ce matin, elles arrivèrent en avance à l'aéroport. « Incroyable! murmura Bess quand elles furent dans l'avion. - Qu'est-ce qui est incroyable? demanda sa cousine. - Que nous ayons éclairci une partie du mystère. » Sa remarque incita Alice à sortir les photos qu'elle avait prises plus tôt. Elle les examina de près, mais ne put déchiffrer que certaines lettres et des fragments d'adresses. « Dès notre arrivée à Athènes, j'appellerai papa, ditelle. Il devrait être à son bureau.» iv Avant même de défaire ses bagages, elle téléphona de l'hôtel. A sa grande joie, elle obtint sa communication tout de suite. Elle relata à son père leur rencontre avec Vatis et lui parla du bracelet dont le mystérieux symbole gravé rappelait celui qu'utilisaient les voleurs d'objets d'art. « Nous arriverons par le premier avion dans lequel nous trouverons de la place, répondit M. Roy. - Nous? répéta Alice. - Oui. je... » Soudain, ce fut le silence. « Papa? Tu m'entends?» cria Alice dans le microphone. Elle pressa à plusieurs reprises le commutateur téléphonique. En vain. De toute évidence, la communication était coupée.
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« Qui peut bien l'accompagner?» murmura-t-elle, perplexe.
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CHAPITRE XVII Le coffre de Lineos Nicholas « C'est peut-être Sarah qui accompagne ton père, suggéra Bess. - Cela m'étonnerait, déclara Marion. A mon H avis, c'est plutôt un de ses employés. Tu ne crois pas, Alice?» Son amie haussa les épaules, puis se retira dans la salle de bains pour prendre une douche. En secret, elle espérait que le mystérieux compagnon | de voyage serait Ned. « Je devrais appeler Helen et Mme Thompson, ditelle en revenant dans la pièce. Marion, veux-tu me 162
rendre un service? Prends ces photos et apporte-les au photographe qui se trouve au coin de la rue. - D'accord. - Demande-lui d'en faire des agrandissements aussi vite que possible. » Marion partit. Elle revint peu après, rayonnante. « Nous les aurons ce soir, annonça-t-elle. - Formidable!» Après dîner, les filles allèrent chercher les agrandissements, puis rejoignirent Helen et Mme Thompson dans leur chambre. A tour de rôle, celles-ci relatèrent leur visite à Mme Papadapoulos et à ses enfants. « Elle a accepté de nous confier des tas de merveilles pour que nous les vendions aux Etats-Unis! dit Mme Thompson, ravie. - C'est fantastique! s'exclama Bess tandis que Alice sortait d'une pochette un des agrandissements et le montrait à Helen. - Incroyable! C'est le testament de mon oncle! - Je comprends maintenant pourquoi je n'arrivais pas à le lire! dit Alice en riant. Il est en grec!» Helen Nicholas examina attentivement le cliché. « Il semble qu'il ait été le propriétaire de plusieurs affaires, et pas seulement de la compagnie maritime », dit-elle. Elle s'appuya contre le dossier de sa chaise,
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s'éventant avec la photographie. « Et dire qu'une grande partie de ces biens va m'appartenir... - Que sont devenues les autres sociétés, à ton avis? interrogea Bess. - Je n'en ai pas la moindre idée. - Vatis a peut-être réussi à les acheter, puis à les revendre, suggéra Alice. - Comment? demanda Mme Thompson. - Si l'avocat avait accès aux papiers de M. Nicholas, il peut avoir imité la signature de Constantine, répondit Alice. Demain, nous essaierons de découvrir dans quelles banques Lineos Nicholas avait un compte. D'accord? » Helen regarda la jeune fille d'un air grave. « D'accord », dit-elle finalement. Le lendemain, Alice et Helen établirent la liste de toutes les banques d'Athènes. Elles allèrent de l'une à l'autre, demandant si Lineos Nicholas y avait eu un compte. « Dieu que je suis fatiguée! gémit Helen alors qu'elles sortaient de la cinquième banque. Si nous continuions demain? - Demain, il sera peut-être trop tard, déclara Alice. - Trop tard? - Oui, pour toi. Si Vatis avait des complices ici, à Athènes, ceux-ci ont peut-être appris son arrestation et essaieront de voler le reste de ton héritage. - Ne crois-tu pas qu'ils se cacheront plutôt? - Pas s'ils veulent l'argent! 164
- Bon, cette discussion ne nous mène à rien. Où se trouve la prochaine banque? - A deux pas d'ici », répliqua Alice. Elle désigna un bâtiment en brique, à une centaine de mètres. Helen et elle s'y rendirent rapidement. A l'intérieur, un employé les salua. Helen lui parla en grec. A sa grande joie, l'homme lui dit qu'il se souvenait fort bien de Lineos Nicholas. Il avait été navré d'apprendre sa mort. « C'était quelqu'un de si gentil... dit-il. - Avait-il un coffre ici? s'enquit Helen. -Oui. En fait, je me demandais pourquoi personne n'était venu en réclamer le contenu. - La location a-t-elle été payée régulièrement? demanda Alice, question qu'Helen traduisit en grec. - Nai, répondit l'homme. Oui, du moins pour autant que je le sache. - Quand vient-elle à échéance? - Demain. - Formidable!» s'exclama Alice. En quittant le bâtiment, elle dit à Helen: «II faudra que Mme Thompson et toi veniez ici demain matin, à l'heure d'ouverture. - Pour payer la location du coffre? - Non. Pour attendre la personne qui le fera. - Qui te dit que le règlement n'arrivera pas par la poste? - C'est possible, mais il ne faut pas perdre une seule chance de pincer les escrocs. » 165
Suivant les recommandations de leur jeune amie, Helen et Mme Thompson se rendirent à la banque, tôt le lendemain matin. Les filles restèrent à l'hôtel dans l'attente d'un autre appel de M. Roy. « Il y a une superbe robe brodée dans l'une des boutiques, en bas, dit Bess en essayant d'éveiller l'intérêt de ses amies. - Ah oui? » fit Marion. Elle aida Alice à sortir deux chaises sur le balcon de leur chambre. « Ma découverte n'a pas l'air de vous passionner, murmura Bess alors que les deux autres s'asseyaient. - Mais si!» protesta mollement Alice. Elle tourna son visage vers le soleil et ferma les yeux. « Allons-nous moisir ici toute la journée? demanda Bess, irritée. - Seulement jusqu'à ce que mon père téléphone, répondit Alice. - Dans ce cas, je vais faire du shopping seule », annonça Bess. Elle prit l'ascenseur jusqu'au rez-de-chaussée, et constata presque aussitôt que la robe brodée avait disparu de la devanture. Elle entra dans la boutique pour demander à la vendeuse ce qu'elle était devenue, celle-ci lui apprit que le vêtement avait été vendu la veille. « Dommage», dit Bess. Elle resta encore quelques instants dans le magasin pour admirer des coussins brodés. Mais au moment où
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elle allait partir, le rideau de la cabine d'essayage s'ouvrit. « Stella! » s'écria Bess. La jeune fille ne répondit pas. Feignant de ne pas reconnaître l'Américaine, elle passa à côté d'elle et sortit en hâte. « Vous ne vous souvenez pas de moi, Stella? » Bess la suivit dans le hall, mais un groupe de || touristes qui arrivait la sépara d'elle. », «c C'est curieux qu'elle fasse ses courses justement dans notre hôtel... se dit Bess. Mais, au fait, elle ne portait aucun paquet! Elle était sans doute dans le magasin quand j'y suis entrée et s'est cachée dans la cabine d'essayage. » Soudain, elle vit Stella pousser la porte tournante de l'hôtel et se précipiter sur la place où elle héla un taxi. « Je ne devrais pas être aussi méfiante, se dit Bess. Dommage! J'aurais tant aimé lui parler! » Comme il était peu vraisemblable que M. Roy eût déjà appelé Alice, Bess ne prit même pas la peine d'avertir ses amies qu'elle sortait. « En avant pour le monastiraki!» se dit-elle. Elle sauta dans un taxi. Quelques minutes plus tard, elle entrait dans la bijouterie. Chose étrange, la femme qui l'avait servie les autres fois n'étaient pas là. Le personnel du magasin avait complètement changé. Bess demanda à un homme, qui se tenait derrière le comptoir, où était Stella.
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« Je ne connais pas cette dame, répondit celui-ci d'un ton aimable. - Je cherche également Constantine Nicholas. » L'homme haussa les épaules. « Je suppose que ces deux personnes étaient des connaissances de Mme Koukoulis. Mais... euh... elle m'a vendu son affaire assez précipitamment et je ne me suis pas encore familiarisé avec sa clientèle. - Et ses anciens employés? - Ils sont tous partis. » « Bizarre », songea Bess en quittant le magasin. Quand elle rentra à l'hôtel, elle trouva Helen et Mme Thompson revenues de la banque, dans la chambre des filles. « Où étais-tu?» demanda Marion à Bess en regardant les mains vides de sa cousine. « Pas de robe?» Bess secoua la tête et raconta sa rencontre avec Stella Anagnost. « Moi aussi, j'ai des nouvelles, annonça Helen. Un garçon est venu apporter une enveloppe à la banque. Elle contenait le montant du loyer du coffre de mon oncle Lineos... - Vous aviez raison, Alice, l'interrompit Mme Thompson. - Nous avons interrogé le gamin, mais il a refusé de nous dire son nom. - Il a cependant admis que c'était quelqu'un du chantier naval qui l'avait chargé de cette commission, expliqua Mme Thompson. Il lui avait également demandé de dire qu'il versait cet argent pour le compte 168
de Constantine Nicholas. Celui-ci ne pouvant pas le faire personnellement... - Parce qu'il vivait dans un monastère à l'extérieur d'Athènes, termina Helen. - Incroyable! s'écria Marion. - La question est de savoir dans quel monastère, déclara Alice. - Ayiou Markou, paraît-il, dit Helen. - Saint-Marc! Celui dans lequel nous nous sommes rendus une nuit! s'écria Alice, tout excitée. Retournons-y demain. - Pourquoi pas aujourd'hui? proposa Bess. - Parce que mon père va arriver avec trois grosses surprises!»
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CHAPITRE XVIII Le tonneau-piège « Trois surprises? répéta Bess. Lesquelles? - Si je te le disais, ça ne serait plus des surprises! » répondit Alice en souriant. Ensuite, elle apprit à Bess que M. Roy avait téléphoné un peu plus tôt. Ce soir-là, quand on frappa à la porte de leur chambre, Alice alla ouvrir, pleine d'espoir. « Ned! s'exclama-t-elle joyeusement. 170
- Bonjour! ma chérie, dit M. Roy, derrière lui. - Oh, papa! que je suis heureuse de te voir ici ! » A cet instant, Bob et Daniel, les amis de Marion et de Bess, passèrent également leur tête par la porte. « Pouvons-nous participer à la fête? demanda Daniel. - Quelle question! s'exclama Bess en riant.
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- Je n'avais pas la moindre idée que vous viendriez en Grèce! dit Marion à Bob. - Nous non plus, répondit son ami d'Emerson Collège. - Ce que j'aimerais savoir, c'est pourquoi vous ne nous avez pas attendus pour capturer maître Vatis! plaisanta Ned. - Nous tâcherons de nous faire pardonner, promit Alice. - Comment? demanda Bess. - En nous donnant trois escrocs à attraper. Un par couple! - Nous pourrions former une association, déclara Marion. J'ai déjà un nom pour elle : Les Fins Limiers] » Tout le monde rit, puis reprit rapidement son sérieux quand Alice rapporta tout ce qui s'était passé depuis l'arrestation de Vatis. « Excellente photo », dit M. Roy à sa fille. Il contemplait l'agrandissement du testament de l'oncle Lineos. « Je pense qu'Helen et moi devrions aller voir maître Vatis. - Certainement », répondit la jeune femme. Elle sourit à l'avocat. Celui-ci lui sourit en retour avec beaucoup de chaleur. Alice les regarda l'un après l'autre. « Faut-il que je vous raccompagne? demanda-t-elle en essayant de réprimer la crainte qu'elle avait de se montrer importune. - Non, ma chérie, ça n'est pas nécessaire, répondit M. Roy. 173
- Dans ce cas, tous les autres peuvent s'occuper du monastère », proposa Marion. Mme Thompson s'éclaircit la voix pour se faire entendre. « Si cela ne vous ennuie pas, j'aimerais employer ce temps à faire quelques emplettes pour Maria et les autres enfants Papadapoulos. - Absolument pas! répondit Bess en passant son bras sous celui de Daniel. Les Fins Limiers se chargeront de tout! » Le lendemain, comme convenu, les six jeunes gens partirent pour le monastère Saint-Marc. Il faisait une chaleur exceptionnelle. Et, par malchance, le climatiseur, dans la voiture de M. Mousiadis, ne fonctionnait pas! Dès que le véhicule pénétra dans la cour du monastère, Bess et Daniel descendirent et se dirigèrent vers un banc de pierre, à l'ombre d'un grand arbre. « Phhh! fit Bess. Quelle fournaise! - En effet! », soupira son ami. S'adossant contre le tronc, il regarda les autres disparaître derrière les grilles de fer. « Vous venez? leur cria Marion. - Dans une minute!» répondit Bess. Elle ignorait que ses quatre amis avaient décidé de se diviser en deux groupes. Marion et Bob s'avancèrent vers les jardins situés derrière la chapelle, tandis qu'Alice signalait l'oratoire à Ned. « J'aimerais le voir, dit le garçon. Guide-moi. » Alors qu'ils traversaient la cour pavée, un 174
moine sortit précipitamment de sa cellule. Il les frôla comme s'ils étaient invisibles. « Ils ne doivent pas avoir l'habitude des visiteurs », commenta Ned en riant. Les jeunes gens pénétrèrent dans un corridor obscur, au pied d'un escalier. A droite se trouvait le petit oratoire. La porte en était entrouverte. Il était vide. « Où mène-t-elle? demanda Ned en désignant une grande porte en bois, au bout du couloir. - C'est curieux... Je ne me souviens pas l'avoir vue, la dernière fois que j'étais ici. - Comment est-ce possible, mademoiselle la détective? - C'est simple : il était deux heures du matin! » Alice courut soulever le loquet. La porte s'ouvrit. Au-delà, il y avait une pièce de dimensions modestes, à peine meublée. Contre l'un des murs, un banc de bois. Soudain Ned aperçut un énorme tonneau couché dans un coin. « Comment ce monstre a-t-il pu passer par la porte?» remarqua-t-il. Alice et son compagnon contemplèrent avec étonnement le gigantesque cylindre de bois. « Ce qui est encore plus intéressant, ce sont ces panneaux de mosaïque, au mur, là-bas», dit Alice. De l'endroit où ils se tenaient, les jeunes gens voyaient que les mosaïques étaient enchâssées dans des cadres de bois. On aurait dit des
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peintures aux couleurs subtilement mêlées. « Très ingénieux de les avoir montées ainsi, commenta Alice. Elles sont fixées au mur par des tasseaux. On peut donc les décrocher facilement. - Oui, comme n'importe quel tableau. - Ces mosaïques sont peut-être celles dont parlait Isa...» Avant que Alice n'ait pu terminer sa phrase, deux robes à capuche s'abattirent sur elle et sur Ned. « Ned! » cria-t-elle, mais sa voix fut immédiatement assourdie : une corde se serra autour de sa taille, tirant le tissu sur sa tête. Pris au dépourvu, Ned avait été ficelé, lui aussi. Des mains invisibles poussèrent le couple dans le gros tonneau dont elles fermèrent le couvercle. « II faut absolument sortir d'ici!» se dit Alice. Elle donna des coups de pied dans le fond du baril, heurtant Ned qui se démenait pour libérer ses bras. Le garçon réussit à desserrer légèrement ses liens. Il essaya de parler. « Ça va?» interrogea-t-il, s'étouffant dans un pli du tissu noir. En réponse, Alice émit un grognement. Elle tenait à montrer à son ami que la chaleur et le manque d'air ne lui avaient pas fait perdre connaissance. « Si nous ne sortons pas d'ici rapidement, avec Ned nous allons mourir étouffes, pensa Alice. Au secours quelqu'un ! » Comme répondant à son appel muet, Bess et
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Daniel, ne voyant plus leurs amis se mirent soudain à les chercher. « Alice! Ned! cria Daniel plusieurs fois. - Ils sont peut-être dans le jardin », suggéra Bess. A cet instant, le moine qui s'était presque heurté à Alice et à Ned, sortit de la chapelle au fond de la cour. « Puis-je vous aider?» demanda-t-il en anglais. La douceur de sa voix calma aussitôt les jeunes détectives. « Oui, merci », répondit Bess d'un ton respectueux, puis elle décrivit ses amis disparus. « Je les ai vus, en effet, déclara le religieux. J'étais tellement pressé que j'ai failli les bousculer. » II eut un petit rire. « II me faudra faire pénitence pour cela. - Où sont-ils allés? demanda Daniel. - Ça, je l'ignore, mais regardez donc par là-bas. » Le moine désigna le vieil escalier délabré. « Bonne idée, répondit Bess. Je parie qu'Alice a voulu visiter le petit oratoire de jour », murmura-t-elle comme pour elle-même. A sa grande déception, la petite pièce était vide. « Mais il y en a une autre », dit l'aimable religieux en indiquant la porte au bout du couloir. Bess et Daniel s'y précipitèrent et l'ouvrirent en toute hâte. Le grand tonneau oscillait contre le mur et des gémissements s'en échappaient. « Alice! Ned!» cria Daniel en arrachant le couvercle.
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La chaleur avait eu raison des jeunes gens : ils glissèrent mollement sur le plancher où ils demeurèrent, inertes, jusqu'à ce que leurs amis les eussent délivrés des robes qui les étouffaient. « Aah!» fit Alice en sentant la température fraîchir de plusieurs degrés. Avec l'aide de Ned, elle se leva en chancelant. Un bras glissé autour de sa taille, son ami la conduisit jusqu'au banc. « Heureusement que vous nous avez trouvés! Il était moins une ! » Le moine regarda soudain le mur du fond. « Où sont passées les mosaïques?» s'écria-t-il. Alice et Ned se tournèrent. Les panneaux avaient disparu! « Qu'y avait-il là-haut? demanda Bess. - De magnifiques mosaïques, répondit Alice, stupéfaite. Elles ont sans doute été volées... - Sûrement par les gens qui nous ont enfermés dans le tonneau, assura Ned. - Et moi, je sais qui ils sont! » déclara Alice.
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CHAPITRE XIX Piste en mosaïque « Tu sais qui a volé les mosaïques, Alice? interrogea Ned, stupéfait. - Disons que j'ai mon idée là-dessus », répondit la jeune fille. Se tournant vers le moine, elle demanda : « Connaîtriez-vous un certain Constantine Nicholas? - Oui, mais vous ne pensez tout de même pas qu'il soit l'auteur de ce vol? protesta le religieux en désignant
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le mur nu. Cela me paraît tout à fait impossible. Il est souvent venu ici nous supplier de l'aider. - De l'aider? répéta Alice. - Oui. Il nous a avoué qu'il avait des ennuis. Il a essayé d'en sortir, mais en vain. Quand des visiteurs venaient, il revêtait notre habit et feignait d'être sourd. » Ned se pencha vers Alice. «Cela semble confirmer que Constantine est bien le trafiquant que nous poursuivons», murmura-t-il. La jeune détective acquiesça d'un signe de tête. « Le connaissez-vous bien, Constantine Nicholas? s'informa le moine. - Je ne l'ai jamais vu », répondit Alice, puis elle expliqua brièvement sa mission. La perplexité se peignit sur le visage du religieux. Il finit par dire : « J'ignore si la personne qui vient ici est celle que vous cherchez. Quoi qu'il en soit, je dois signaler à la police le vol de nos mosaïques. - Je le comprends fort bien, déclara Alice. Néanmoins, nous essaierons de les retrouver pour vous.» Alors que les quatre jeunes gens assortaient dans la cour, Bob et Marion leur firent de grands signes. Ils se tenaient près de l'allée bordée de buissons qui menait aux jardins. « Que se passe-t-il? demanda Daniel à Bob. - Suivez-nous», répondit Marion, énigmatique. 180
Alice descendit rapidement le sentier pavé vers une terrasse entourée de zakinthos, des fleurs blanches qui ressemblaient aux gueules-de-loup. Au-delà, se dressait un groupe d'oliviers. Un homme y déambulait. « Qui est-ce?» chuchota Bess. Alice regarda attentivement l'inconnu. Il ressemblait à l'homme dont elle avait la photo dans son sac! «C'est peut-être Constantine, répondit-elle. Attendez-moi ici. » En approchant du promeneur, elle remarqua que l'herbe était épaisse et humide. « S'il essaie de s'enfuir, il n'ira pas bien loin... » pensa-t-elle. Contournant les arbres, elle appela : « Constantine Nicholas!» Le cœur battant, elle attendit une réponse. N'en recevant pas, elle cria de nouveau. « II espère sans doute que je me lasserai et m'en irai », se dit-elle. A sa surprise, l'homme s'arrêta. Il resta immobile quelques secondes, puis se tourna vers la jeune fille. « Vous êtes vraiment Constantine! s'écria celle-ci. - Et vous, Alice Roy? - Oui. Comment le savez-vous? - J'ai vu votre photo dans des journaux américains. - Moi aussi, j'ai vu la vôtre », avoua Alice en sortant le portrait de son sac. Constantine garda son air triste.
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« Eh bien, je suis content que vous m'ayez trouvé », dit-il. Le soulagement qui perçait dans sa voix montrait qu'il n'était pas un criminel endurci, mais simplement un jeune homme désorienté. « Je rembourserai tout avec l'argent dont j'hériterai, promit-il. A condition, bien sûr, que je remette la main sur l'avocat qui me l'a pris et le bracelet que je lui ai donné. » Alice poussa un cri de surprise. Elle attendit
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que les autres les rejoignent et que tout le monde se présente avant de demander : « Voulez-vous dire par là que vous n'avez jamais reçu votre héritage?» Constantine fît un signe de tête affirmatif. « Maître Vatis s'est occupé de la succession de mon oncle. Comme je n'avais pas d'argent pour lui régler ses honoraires, je lui ai offert un bijou. Peu après, j'ai essayé de le joindre à nouveau, mais il avait déménagé. Ensuite, je n'ai plus jamais entendu parler de lui. - Il est en prison, l'informa Marion. Nous allons donc pouvoir vérifier si sa version des faits concorde avec la vôtre. - Oh! je suis si heureux qu'on l'ait attrapé! s'écria le jeune homme. Au moins... » Sa voix se brisa et il baissa les yeux, l'air malheureux. « Faisiez-vous partie du gang qui sortait illégalement des objets d'art de Grèce?» interrogea Alice. Constantine acquiesça. « Est-ce ainsi que vous avez acquis le bracelet? - Oui. - Et c'est vous qui avez déposé le masque d'or dans mon sac? Pourquoi? - Oui. La bijouterie recelait les objets volés au musée archéologique avant que ceux-ci ne fussent expédiés à l'étranger. » Constantine prit une profonde inspiration avant de poursuivre : « Je voulais rendre le masque. Comme je ne pouvais pas 184
le faire personnellement, je me suis dit qu'une fille intelligente comme vous découvrirait sa provenance. - Mais Alice a failli aller en prison pour ça! » s'indigna Bess. D'étonnement, le jeune homme fronça le sourcil. « Le conservateur du musée a cru qu'Alice faisait partie de votre gang, expliqua Marion. - Mais c'est affreux! s'exclama Constantine. Je n'avais pas pensé à cette éventualité! - Pour quelle raison avez-vous gravé ce symbole sur le masque et sur le bracelet? reprit Alice. - Pour identifier et séparer les véritables objets d'art des copies envoyées aux Etats-Unis pour l'exposition. C'est étonnant que vous l'ayez remarqué. - Etait-ce votre idée? demanda Alice. - Non. - Celle d'Isakos? - Non. Je ne sais pas qui y a pensé. - Les objets d'art ont-ils été chargés sur le cargo à bande blanche? s'enquit Marion. - Oui. Mais je ne sais pas grand-chose au sujet de cette partie de l'entreprise. - Votre cousine, Helen, est ici, à Athènes. Elle vous cherche, intervint Bess. - Et M. Roy essaie de régler la succession de son oncle pour elle, ajouta Marion. Il a besoin de vous. - Je ferai tout ce que je peux pour l'aider, déclara Constantine. Où habite Helen? Pourriez-vous l'amener ici?
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- Elle viendra vraisemblablement vous rendre visite en prison », déclara Bob. Constantine hocha la tête. « Je sais. Mais, je vous en prie, laissez-moi rester ici un tout petit peu plus longtemps. Je suis plus en sécurité ici que je ne le serai jamais en prison. Et j'ai besoin de parler aux moines. » A cet instant, le religieux qui avait participé à la délivrance d'Alice et de Ned s'approcha du groupe. « Accordez-lui cette faveur, plaida-t-il. Il ne s'enfuira pas. Nous le surveillerons. - Merci », répondit Alice avec un sourire. Les jeunes gens dirent au revoir et quittèrent le monastère. Pendant le trajet du retour, ils discutèrent de la meilleure façon d'attraper les autres trafiquants. « J'ai l'impression que si nous pouvons pincer les chefs, la police devrait être capable de mettre la main sur le reste du gang. - Je suis bien contente que nous ayons fini par trouver Constantine, déclara Bess en regardant par la portière. Il est vraiment mignon. - Ah oui? fit Daniel. - Oui, très mignon, avec ses cheveux bruns, ses yeux... - Question de goût», coupa Ned en roulant vers un grand carrefour. Soudain Alice passa la tête par la vitre ouverte, de son côté.
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« Arrête, Ned! Laisse-moi sortir!» cria-t-elle, et elle déverrouilla la portière. Ned lui saisit le bras avant qu'elle n'ait eu le temps de plonger dans la circulation qui était très dense. « Que se passe-t-il? s'enquit Bess. - Je viens de voir Isakos! » Ned stoppa la voiture et lâcha Alice. Celle-ci ouvrit la portière et s'élança à la poursuite du gros homme. « Isakos », cria-t-elle en traversant la rue en courant. L'autre se tourna et l'attendit, perché sur le bord du trottoir. « C'est la dernière fois que vous m'ennuierez!» gronda-t-il. Quand Alice fut à sa portée, il l'attrapa et la repoussa violemment sur la chaussée. La jeune fille tomba en arrière, au milieu du flot de voitures.
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CHAPITRE XX Les trafiquants arrêtés
« Alice! » cria une voix, alors qu'elle évitait de justesse une voiture. C'était Ned. Il se jeta devant le véhicule qui stoppa dans un grincement de pneus. « Ned, Ned... » murmura Alice. Aidée par son ami, elle se releva. L'automobiliste injuria le couple, puis repartit à toute allure. « Ça va? » demanda Ned à Alice en la soutenant. Inconsciente des écorchures qu'elle avait aux genoux, son amie acquiesça d'un signe de tête. « Mais j'ai perdu un des trafiquants! - Non. - Comment?
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- Tu ne l'as pas perdu. » Pressant affectueusement le bras d'Alice, il lui désigna un attroupement qui s'était formé de l'autre côté de la rue. Alice distingua la tête de Manon au milieu de la
foule. Elle pressa Ned de hâter le pas. En arrivant sur les lieux, elle apprit que deux hommes, qui avaient vu Isakos la pousser sur la chaussée, avaient attrapé le gredin et appelé la police. Isakos vociférait en grec. « I m'a jetée exprès au milieu des voitures! » dit Alice au policier, mais celui-ci ne la comprit pas. Contrariée, elle regarda autour d'elle et demanda : « Quelqu'un pourrait-il servir d'interprète? » 189
Un étudiant s'avança. Il traduisit à l'agent ce que Alice avait dit. « Dites-lui que cet homme est un voleur et un des trafiquants d'objets d'art recherchés par les autorités. Le musée archéologique le lui confirmera. - Un tissu de mensonges! hurla Isakos à son oreille. - Comme cette corbeille de fruits que vous a envoyée un de vos copains?» répliqua Alice en scrutant l'homme du regard. Isakos rit bruyamment, interrompant l'étudiant qui commençait à traduire la question d'Alice en grec. « Peut-être n'êtes-vous pas au courant, reprit la jeune détective : il y avait un serpent parmi les pommes. Certes, la corbeille n'a pas été livrée dans votre chambre, mais je suis sûre qu'elle vous était destinée!» Elle se tourna de nouveau vers l'étudiant. « Dites à M. l'agent que j'accuse cet homme d'avoir essayé d'attenter à ma vie! Et ce n'est pas la première fois : il a saboté le moteur de ma voiture, ce qui aurait pu provoquer un grave accident ! » Isakos lui lança un regard haineux. « Vous me paierez ça! gronda-t-il. - Au contraire, intervint Ned, c'est vous qui paierez. » Quand les six jeunes gens rentrèrent finalement à l'hôtel, M. Roy et Helen étaient en train de donner les dernières nouvelles à Mme Thompson. « Vatis a avoué, annonça Helen.
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- Il a falsifié les documents et imité la signature de Constantine, ajouta M. Roy. - Et même celle de mon oncle pour s'emparer de l'héritage, compléta Helen. - A-t-il tout dépensé? demanda Alice. - Non. Heureusement! Le coffre-fort de mon oncle contenait une collection de pièces d'une très grande valeur. Bien que n'en ayant jamais trouvé la clef, Vatis continuait à en régler la location. C'est le mois dernier seulement qu'il a demandé à Constantine de payer cette redevance. - Il a dû se dire qu'il avait assez d'argent pour l'instant! avança Bess. Quel homme cupide!» Le lendemain, il fut convenu que Daniel et elle emmèneraient Helen et M. Roy au monastère SaintMarc. « Constantine vous attend tous les deux, dit Alice. S'il te plaît, papa, ne sois pas trop dur avec lui. - Heureusement que j'ai la preuve qu'il n'en est rien, sinon je te soupçonnerais d'avoir un faible pour ce garçon. - Absolument pas, mais, quand il vous regarde de ses yeux tristes, il fait fondre en vous toute animosité. - A propos de fondre, si nous sortions manger une glace? proposa Ned. - Oui, mais allons d'abord au Pirée », décida Alice.
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Elle téléphona à la police portuaire et lui donna rendez-vous devant le cargo à bande blanche. « Je croyais le mystère élucidé, moi! soupira Ned en roulant sur le quai. - Lequel? plaisanta Manon. - Tu sais bien qu'il y en a toujours plusieurs! » ajouta Bob. Ned gara la voiture et les quatre jeunes gens descendirent. « Le cargo lève l'ancre! s'écria Alice. - Et voilà l'ami d'Isakos, dit Marion. C'est l'homme qui a entraîné Stella pour l'empêcher de nous parler, déclara Alice. Il faut arrêter ce bateau », ajouta-t-elle alors qu'un agent d'Interpol arrivait avec la police. Les hommes coururent vers un petit patrouilleur amarré le long du quai et sautèrent dedans. Alice et Ned les suivirent. « Nous vous attendons ici ! » cria Marion. L'embarcation fendit l'eau et rattrapa le cargo en un temps record. La police le somma de stopper immédiatement. « Tiens-toi à moi », dit Ned à Alice alors que le patrouilleur se rangeait à côté de l'autre bateau et commençait à se balancer contre sa coque. L'agent d'Interpol saisit une échelle de corde. Il grimpa le premier, suivi d'Alice et de Ned, puis des policiers. « Qu'est-ce que cela signifie? demanda Fotis. - Je vous arrête, répondit l'agent d'Interpol. - Pour quel motif? - Transport de biens volés. 192
- Cet homme-là trempe dans l'affaire, affirma Alice en désignant l'associé d'Isakos. Vous êtes Dimitri Georgiou, n'est-ce pas? - Et alors? cracha l'autre. - Vous avez aidé à cacher des objets d'art volés au musée dans des balles de coton emmagasinées sous le pont », accusa Alice. Bien qu'elle eût inspecté quelques caisses au hasard avec la police et n'eût rien trouvé dedans, son père avait appris par des conservateurs américains qu'on avait découvert des objets d'art provenant de Grèce dans des balles de coton. « Je n'ai rien à répondre à de telles bêtises. - Quel effet cela fait de voler de l'argent destiné aux pauvres? demanda Alice. - Je ne sais vraiment pas de quoi vous parlez! » siffla Dimitri, mais la rougeur qui monta à ses joues confirma à Alice qu'elle avait touché juste. « Et c'est vous, également, qui avez enlevé Marion à Corfou, n'est-ce pas? » poursuivit-elle. Dimitri lui lança un regard malveillant. « Comment est-ce possible! fit Ned. Il y a quelques semaines à peine, il dirigeait une organisation de bienfaisance bidon aux Etats-Unis. Puis brusquement, on le retrouve à Corfou avec Vatis! - C'est parce que, en réalité, il s'appelle Dimitri Vatis! dit Alice. C'est le frère et l'ancien associé de Vatis. Le cabinet d'origine était composé de Vatis senior et de ses deux fils. 193
- Comment as-tu découvert tout cela? - Son porte-clefs m'a fourni un indice. Vous vous souvenez : il portait les initiales D.V. V pour Vatis. - Et mon téléphone? L'avez-vous mis sur table d'écoute? vociféra l'homme. - C'aurait été tout à fait inutile, répliqua Ned. Par votre réaction, vous venez de vous trahir. Ou bien vous vous êtes disputé avec votre frère et avez quitté le cabinet pour cette raison, ou bien vous avez pensé que diriger l'agence Photini à New York serait plus lucratif Puis quand vous vous êtes rendu compte que la police n'allait pas tarder à vous soupçonner d'escroquerie, vous êtes retourné à Athènes. - C'est alors que vous avez découvert les rapports existant entre votre frère, Constantine et l'héritage de Nicholas, ajouta Ned. - Vous croyez que votre histoire va tenir debout devant le tribunal? demanda Dimitri en ricanant. - Certainement, affirma Alice. Parce que Constantine le confirmera en tant que témoin. - Et puis Isakos aura sûrement pas mal de choses à dire, lui aussi, intervint Marion. - D'autant plus que vous avez volé avec lui les mosaïques du monastère Saint-Marc, dit Alice. - Malheureusement nous sommes venus vous gêner, fit remarquer Ned. - Une fois de plus d'ailleurs, dit Marion; la nuit où nous sommes allées toutes les trois enquêter au monastère, Isakos et vous avez produit ce bruit bizarre dans le jardin pour détourner notre attention. 194
- C'était un appareil. Il s'est déclenché par erreur. - L'envoi de la vipère à Isakos a été un échec aussi », poursuivit Alice. L'autre grommela, mais ne nia pas. « Pourquoi a-t-il fait cela? s'informa Ned. - Il voulait se débarrasser d'Isakos pour s'emparer de son racket, expliqua Alice. Racket, qui, en passant, amenait parfois Isakos aux Etats-Unis. C'est ainsi que nous l'avons rencontré lors d'un de ses voyages de retour par Olympic Airways. - Quand Dimitri s'est-il associé à Isakos? - En rentrant à Athènes. C'est son frère qui lui en a parlé. Celui-ci connaissait ses activités par Constantine. Dimitri s'est donc mis en rapport avec Isakos, puis, très rapidement, il a décidé de s'approprier l'organisation de son complice. - Isakos se doutait-il des desseins de Dimitri? interrogea Ned. - Non. Ils collaboraient étroitement. En fait, le symbole du serpent était l'idée de Dimitri. Il m'a jeté leur poinçon dans le couloir de l'hôtel. - Pourquoi aurait-il voulu t'abandonner cette pièce à conviction? - Pour me compromettre définitivement. Il s'est dit qu'il pouvait me faire arrêter et se débarrasser ainsi de moi une bonne fois pour toutes. » Elle se tut un instant pour fouiller dans son sac. «Voilà», dit-elle en
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tendant le porte-clefs et le poinçon de Dimitri à l'agent d'Interpol. La police ordonna au commandant de revenir au port où l'on fouilla son bateau. A l'arrivée, Dimitri et Fotis furent emmenés, menottes aux mains. « C'est grâce à vous, jeunes filles, que nous avons pu capturer les principaux membres du gang», dit l'agent d'Interpol. Ce soir-là, quand le groupe d'Alice fut de nouveau réuni, les jeunes détectives racontèrent à tour de rôle l'arrestation d'Isakos et de Dimitri. « Et dire que j'ai raté tout cela! s'écria Mme Thompson. Mais je dois admettre que j'ai acheté quelques très jolis présents pour les Papadapoulos. - Formidable ! » approuva Alice, puis se tournant vers Helen, elle demanda : « Et Constantine, alors? - Ton père a trouvé pour lui une solution merveilleuse. » M. Roy sourit. « II se trouve que Constantine ne jouait qu'un rôle mineur dans le gang. Il n'a jamais rien volé lui-même. Il servait d'intermédiaire et de coursier. Pour cela, les trafiquants lui ont donné une seule et unique récompense : le bracelet. Malheureusement, il vivait audessus de ses moyens et avait perdu son emploi. C'est alors qu'Isakos l'a engagé en lui promettant beaucoup d'argent. - Qu'il ne lui a jamais versé bien sûr, ajouta Helen. 196
- Exact. C'est pourquoi Constantine a offert le bracelet à Vatis en guise d'honoraires. Se rendant compte qu'il s'agissait d'un bijou ancien d'une très grande valeur, l'avocat a exigé que Constantine lui en révélât la provenance. - Et Stella? demanda Bess. Elle s'est conduite d'une façon si bizarre quand je l'ai rencontrée dans la boutique de l'hôtel! Manifestement, elle connaissait Dimitri... - Comme elle était la fiancée de Constantine, Dimitri a commencé à livrer des objets d'art volés à Chrysotèque, le joaillier, quand Constantine a cessé de le faire, expliqua M. Roy. Apparemment, Dimitri a menacé Stella de nuire à son fiancé si elle s'avisait de vous adresser la parole, à vous, les filles. Et ne parlons même pas de ce qu'il aurait fait si elle vous avait demandé de l'aide! - Pas étonnant alors qu'elle ait feint de ne pas me reconnaître! dit Bess. - J'ai persuadé Constantine de se livrer à la police, poursuivit M. Roy, mais il sera très vite mis en liberté provisoire sous caution. - Tu es formidable, papa! dit Alice en l'embrassant. - Nous devrions fêter tout cela, déclara Helen. Si nous le faisions sur mon nouveau yacht? - Ton nouveau yacht?» demanda Alice, surprise. Helen expliqua que peu de temps avant sa mort son oncle en avait commandé un au chantier naval. Le voilier était prêt maintenant. 197
« Quel dommage qu'il n'ait jamais pu en profiter! » fit remarquer Bess. Le lendemain, Helen conduisit ses amis à un poste d'amarrage près du dock de la compagnie Nikos. Le yacht, qui mesurait presque soixante mètres de long, brillait au soleil. « II est magnifique!» s'écria Alice. Soudain, elle remarqua l'écusson à la poupe. C'était le même que celui qui figurait sur la boîte en argent que le jeune ecclésiastique avait déposée dans l'église de Plaka! « C'est l'emblème de Nikos!» s'écria Alice. Bess et Marion la regardèrent avec étonne-nient. « Le prêtre que nous avons vu le jour de notre arrivée en Grèce était donc Constantine? demanda Bess. - Oui, confirma M. Roy. Il m'a dit qu'il avait donné une boîte en argent qu'il avait depuis longtemps à son saint patron pour se faire pardonner sa vie malhonnête. - Et maintenant, parlons de choses plus gaies, décréta Helen. Quelqu'un doit me baptiser ce bateau. Voulez-vous vous en charger, James? - Avec le plus grand plaisir. Comment l'appellerezvous? - Comme je ne l'aurais jamais eu sans l'aide de votre fille, je le nommerai l'Alice Roy] » La jeune détective en resta muette de surprise et d'émotion. , La voyant devenir toute rosé, Helen poursuivit:
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« En Grèce, donner votre nom à un bateau est le plus grand honneur qu'une famille d'armateurs puisse vous faire. Mais tu le mérites, Alice. Tu es la plus merveilleuse détective du monde ! »
Alice Roy
Alice Roy est l'héroïne des livres suivants : (ordre de sortie en Amérique) 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. 13. 14. 15. 16. 17. 18. 19. 20. 21. 22. 23. 24. 25. 26. 27. 28.
Alice détective Alice au manoir hanté Alice au camp des biches Alice et les diamants Alice au ranch Alice et les faux monnayeurs Alice et le carnet vert Quand Alice rencontre Alice Alice et le chandelier Alice et le pigeon voyageur Alice et le médaillon d'or Alice au Canada Alice et le talisman d'ivoire Alice et la statue qui parle Alice et les contrebandiers Alice et les chats persans Alice et la malle mystérieuse
(The secret of old dock) 1930 1959 (The hidden staircase) 1930 (The bungalow mystery) 1930 (The mystery at Lilac inn) 1930 (The secret at shadow ranch) 1931 (The secret of red gate farm) 1931 (The due in the diary) 1932 (Nancy's mysterious letter) 1932 (The sign of the twisted candle) 1933 (The password to larkspur Lane )1933 (The due of the broken locket) 1934 (The message in the hollow oak) 1935 (The mystery of the ivory charm) 1936 (The whispering statue) 1937 (The haunted bridge) 1937 (The due of the tapping heels) 1939 (Mystery of the brass bound trunk) 1940
Alice et l'ombre chinoise
(The mystery at the moss-covered mansion) 1941
Alice dans l'île au trésor Alice et le pickpocket Alice et le clavecin Alice et la pantoufle d'hermine Alice et le fantôme Alice et le violon tzigane Alice et l'esprit frappeur Alice et le vase de chine Alice et le corsaire Alice et les trois clefs
(The Quest of the Missing Map) 1942 (The due in the jewel box) 1943 (The secret in the Old Attic) 1944 (The due in the crumbling wall) 1945 (The mystery of the tolling bell) 1946 (The due in the old album) 1947 (The ghost of blackwood hall) 1948 (The due of the leaning chimney) 1949 (The secret of the wooden lady) 1950 (The due of the black keys) 1951
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29. 30. 31. 32. 33. 34. 35. 36. 37. 38. 39. 40. 41. 42. 43. 44. 45. 46. 47. 48. 49. 50. 51. 52. 53. 54. 55. 56. 57. 58. 59. 60. 61. 62. 63. 64. 65. 66. 67. 68. 69. 70. 71. 72. 73. 74. 75. 76. 77. 78. 79. 80.
Alice et le vison Alice au bal masqué Alice écuyère Alice et les chaussons rouges Alice et le tiroir secret Alice et les plumes de paon Alice et le flibustier Alice aux îles Hawaïf Alice et la diligence Alice et le dragon de feu Alice et les marionettes Alice et la pierre d'onyx Alice en Ecosse Alice et le diadème Alice à Paris Alice chez les Incas Alice en safari Alice et le mannequin Alice et la fusée spatiale Alice au concours hippique Alice et le robot Alice et la dame du lac Alice et l'œil électronique Alice à la réserve des oiseaux Alice et la rivière souterraine Alice et l'avion fantôme
(The mystery at the ski jump) 1952 (The due of the velvet mask) 1953 (The ringmaster's secret) 1953 (The scarlet slipper mystery) 1954 (The witch-tree symbol) 1955 (The hidden window mystery) 1956 (The haunted show boat) 1957 (The secret of golden pavilion) 1959 (The due in the old stage-coach) 1960 (The mystery of the fire dragon) 1961 (The due of the dancing puppet) 1962 (The moonstone castle mystery) 1963 (The due of the whistling bagpipes) 1964 (The phantom of pine hall) 1965 (The mystery of the 99 steps) 1966 (The due in the crossword cipher) 1967 (The spider sapphire mystery) 1968 (The mysterious mannequin) 1970 (Mystery of the moss-covered mansion) 1971 (The missing horse) 1971 (The crooked banister) 1971 (The secret of mirror bay) 1972 (Mystery of the glowing eye) 1974 (The double jinx mystery) 1973 (The secret of the forgotten city) 1975 (The sky phantom) 1976
Alice et le secret du parchemin
(The strange message in the parchment) 1977
Alice elles magiciens Alice et le secret de la vieille dentelle Alice et la soucoupe volante
(The triple hoax) 1979 (The secret in the old lace) 1980 (The flying saucer mystery) 1980
Alice et les Hardy Boys super-détectives
(Nancy Drew and Hardy Boys super sleuths)1980
Alice chez le grand couturier Alice et la bague du gourou Alice et la poupée indienne Alice et le symbole grec Alice et le témoin prisonnier Alice à Venise Alice et le mauvais présage Alice et le cheval volé Alice et l'ancre brisée Alice au canyon des brumes Alice et le valet de pique Alice chez les stars Alice et la mémoire perdue Alice et le fantôme de la crique Alice et les cerveaux en péril Alice et l'architecte diabolique Alice millionnaire Alice et les félins Alice à la tanière des ours Alice et le mystère du lac Tahoe Alice et le tigre de jade
(The twin dilemma) 1981 (The swami's ring) 1981 (The kachina doll mystery) 1981 (The greek symbol mystery) 1981 (The captive witness) 1981 (Mystery of the winged lion) 1982 (The sinister omen) 1982 (Race against time) 1982 (The broken anchor) 1983 (The mystery of misty canyon) 1988 (The joker's revange) 1988 (The case of the rising stars) 1989 (The girl who couldn't remember) 1989 (The ghost of craven cove) 1989 (The search for Cindy Austin) 1989 (The silent suspect) 1990 (The mistery of missing millionaires) 1991 (The search for the silver persian) 1993 (The case of the twin teddy bears) 1993 (Trouble at Lake Tahoe) 1994 (The mystery of the jade tiger) 1995
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81. 82. 83. 84. 85. 86. 87.
Alice et les collectionneurs Alice et les quatre tableaux Alice en Arizona Alice et les quatre mariages Alice et la gazelle verte Alice et les bébés pumas Alice et la dame à la lanterne
(The riddle in the rare book) 1995 (The case of the artful crime) 1996 (The secret at solaire) 1996 (The wedding day mistery) 1997 (The riddle of ruby gazelle) 1997 (The wild cat crime) 1998 (The ghost of the lantern lady) 1998
3 Autres non classés La chambre secrète : les enquêtes de Nancy Drive 1985 Le fantôme de Venise : les enquêtes de Nancy Drive 1985 Sortilèges esquimaux : les enquêtes de Nancy Drive 1985 (tiré d'une série dérivée en France)*
Noms originaux En version originale,
Alice Roy = Nancy Drew ; Bess Taylor = Bess Marvin ; Marion Webb = Georgia "George" Fayne ; Ned Nickerson = Ned Nickerson ; Daniel Evans = Dave Evans ; Bob Eddelton = Burt Eddelton ; James Roy = Carson Drew ; Sarah Berny = Hannah Gruen ; Cécile Roy = Eloise Drew. Commissaire Stevenson = Commissaire McGinnis
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Alice Roy Alice Roy est l'héroïne des livres suivants : (ordre alhabétique)
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Alice à la réserve des oiseaux Alice à la tanière des ours Alice à Paris Alice à Venise Alice au bal masqué Alice au camp des biches Alice au Canada Alice au canyon des brumes Alice au concours hippique Alice au manoir hanté Alice au ranch Alice aux îles Hawaï Alice chez le grand couturier Alice chez les Incas Alice chez les stars Alice dans l'île au trésor Alice détective Alice écuyère Alice en Arizona Alice en Ecosse Alice en safari Alice et la bague du gourou Alice et la dame à la lanterne Alice et la dame du lac
(The double jinx mystery) 1973 (The case of the twin teddy bears) 1993 (The mystery of the 99 steps) 1966 (Mystery of the winged lion) 1982 (The due of the velvet mask) 1953 (The bungalow mystery) 1930 (The message in the hollow oak) 1935 (The mystery of misty canyon) 1988 (The missing horse) 1971 (The hidden staircase) 1930 (The secret at shadow ranch) 1931 (The secret of golden pavilion) 1959 (The twin dilemma) 1981 (The due in the crossword cipher) 1967 (The case of the rising stars) 1989 (The Quest of the Missing Map) 1942 (The secret of old dock) 1930 1959 (The ringmaster's secret) 1953 (The secret at solaire) 1996 (The due of the whistling bagpipes) 1964 (The spider sapphire mystery) 1968 (The swami's ring) 1981 (The ghost of the lantern lady) 1998 (The secret of mirror bay) 1972
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Alice et la diligence Alice et la fusée spatiale Alice et la gazelle verte Alice et la malle mystérieuse Alice et la mémoire perdue Alice et la pantoufle d'hermine Alice et la pierre d'onyx Alice et la poupée indienne Alice et la rivière souterraine Alice et la soucoupe volante Alice et la statue qui parle Alice et l'ancre brisée Alice et l'architecte diabolique Alice et l'avion fantôme Alice et le carnet vert Alice et le chandelier Alice et le cheval volé Alice et le clavecin Alice et le corsaire Alice et le diadème Alice et le dragon de feu Alice et le fantôme Alice et le fantôme de la crique Alice et le flibustier Alice et le mannequin Alice et le mauvais présage Alice et le médaillon d'or Alice et le mystère du lac Tahoe Alice et le pickpocket Alice et le pigeon voyageur Alice et le robot Alice et le secret de la vieille dentelle
(The due in the old stage-coach) 1960 (Mystery of the moss-covered mansion) 1971 (The riddle of ruby gazelle) 1997 (Mystery of the brass bound trunk) 1940 (The girl who couldn't remember) 1989 (The due in the crumbling wall) 1945 (The moonstone castle mystery) 1963 (The kachina doll mystery) 1981 (The secret of the forgotten city) 1975 (The flying saucer mystery) 1980 (The whispering statue) 1937 (The broken anchor) 1983 (The silent suspect) 1990 (The sky phantom) 1976 (The due in the diary) 1932 (The sign of the twisted candle) 1933 (Race against time) 1982 (The secret in the Old Attic) 1944 (The secret of the wooden lady) 1950 (The phantom of pine hall) 1965 (The mystery of the fire dragon) 1961 (The mystery of the tolling bell) 1946 (The ghost of craven cove) 1989 (The haunted show boat) 1957 (The mysterious mannequin) 1970 (The sinister omen) 1982 (The due of the broken locket) 1934 (Trouble at Lake Tahoe) 1994 (The due in the jewel box) 1943 (The password to larkspur Lane )1933 (The crooked banister) 1971 (The secret in the old lace) 1980
57. Alice et le secret du parchemin
(The strange message in the parchment) 1977
58. 59. 60. 61. 62. 63. 64. 65. 66. 67. 68. 69. 70. 71. 72. 73. 74. 75.
(The greek symbol mystery) 1981 (The mystery of the ivory charm) 1936 (The captive witness) 1981 (The mystery of the jade tiger) 1995 (The witch-tree symbol) 1955 (The joker's revange) 1988 (The due of the leaning chimney) 1949 (The due in the old album) 1947 (The mystery at the ski jump) 1952 (The wild cat crime) 1998 (The search for Cindy Austin) 1989 (The due of the tapping heels) 1939 (The scarlet slipper mystery) 1954 (The riddle in the rare book) 1995 (The haunted bridge) 1937 (The mystery at Lilac inn) 1930 (The secret of red gate farm) 1931 (The search for the silver persian) 1993
Alice et le symbole grec Alice et le talisman d'ivoire Alice et le témoin prisonnier Alice et le tigre de jade Alice et le tiroir secret Alice et le valet de pique Alice et le vase de chine Alice et le violon tzigane Alice et le vison Alice et les bébés pumas Alice et les cerveaux en péril Alice et les chats persans Alice et les chaussons rouges Alice et les collectionneurs Alice et les contrebandiers Alice et les diamants Alice et les faux monnayeurs Alice et les félins
76. Alice et les Hardy Boys super-détectives
(Nancy Drew and Hardy Boys super sleuths)1980
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Alice et les marionettes Alice et les plumes de paon Alice et les quatre mariages Alice et les quatre tableaux Alice et les trois clefs Alice et l'esprit frappeur Alice et l'œil électronique
(The due of the dancing puppet) 1962 (The hidden window mystery) 1956 (The wedding day mistery) 1997 (The case of the artful crime) 1996 (The due of the black keys) 1951 (The ghost of blackwood hall) 1948 (Mystery of the glowing eye) 1974
85. Alice et l'ombre chinoise
(The mystery at the moss-covered mansion) 1941
86. Alice millionnaire 87. Quand Alice rencontre Alice
(The mistery of missing millionaires) 1991 (Nancy's mysterious letter) 1932
3 Autres non classés La chambre secrète : les enquêtes de Nancy Drive 1985 Le fantôme de Venise : les enquêtes de Nancy Drive 1985 Sortilèges esquimaux : les enquêtes de Nancy Drive 1985 (tiré d'une série dérivée en France)
Noms originaux En version originale,
Alice Roy = Nancy Drew ; Bess Taylor = Bess Marvin ; Marion Webb = Georgia "George" Fayne ; Ned Nickerson = Ned Nickerson ; Daniel Evans = Dave Evans ; Bob Eddelton = Burt Eddelton ; James Roy = Carson Drew ; Sarah Berny = Hannah Gruen ; Cécile Roy = Eloise Drew. Commissaire Stevenson = Commissaire McGinnis
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Alice Roy IDEAL BIBLIOTHEQUE (ordre de sortie ) 1. 264. Alice et le dragon de feu 1964 2. 282. Alice et les plumes de paon 1965 3. 286. Alice au Canada 1965 4. 291. Alice au bal masqué 1965 5. 296. Alice en Ecosse 1966 6. 306. Alice et les chats persans 1966 7. 314. Alice écuyère 1966 8. 323. Alice et la statue qui parle 1967 9. 327. Alice au camp des biches 1967 10.340. Alice à Paris 1968 11.350. Quand Alice rencontre Alice 1969 12.355. Alice et le corsaire 1969 13.365. Alice et la pierre d'onyx 1970 14.357. Alice et le fantôme 1970 15.375. Alice au ranch 1971 16.Alice et le chandelier 1971 17.Alice aux Iles Hawaï 1972 18.Alice et les diamants 1972 19.Alice détective 1973 20.Alice et le médaillon d’or 1973 21.Alice et les contrebandiers 1973 22.Alice et les chaussons rouges 1975 23.Alice et les trois clefs 1975 205
24.Alice et le pickpocket 1976 25.Alice et le vison 1976 26.Alice et le flibustier 1977 27.Alice et le mannequin 1977 28.Alice et la pantoufle d’hermine 1978 29.Alice et le carnet vert 1978 30.Alice et le tiroir secret 1979 31.Alice dans l’ile au trésor 1979 32.Alice et le pigeon voyageur 1980 33.Alice et le talisman d'ivoire 1980 34.Alice au manoir hanté 1981 (liste à compléter)
Alice Roy IDEAL BIBLIOTHEQUE (ordre de sortie ) 1. 2. 3. 4. 5. 6.
Alice à Paris no 340 1968 Alice au bal masqué no 291 1965 Alice au camp des biches no 327 1967 Alice au Canada no 286 1965 Alice au manoir hanté 1981 Alice au ranch no 3751971 7. Alice aux Iles Hawaï 1972 8. Alice dans l’ile au trésor 1979 9. Alice détective 1973 10.Alice écuyère no 314 1966 11.Alice en Ecosse no 296 1966 12.Alice et la pantoufle d’hermine 1978 13.Alice et la pierre d'onyx no 365 1970 14.Alice et la statue qui parle no 323 1967 15.Alice et le carnet vert 1978 16.Alice et le chandelier 1971 17.Alice et le corsaire no 355 1969 18.Alice et le dragon de feu no 364 1964 19.Alice et le fantôme no 357 1970 20.Alice et le flibustier 1977 21.Alice et le mannequin 1977 22.Alice et le médaillon d’or 1973 23.Alice et le pickpocket 1976 206
24.Alice et le pigeon voyageur 1980 25.Alice et le talisman d'ivoire 1980 26.Alice et le tiroir secret 1979 27.Alice et le vison 1976 28.Alice et les chats persans no 306 1966 29.Alice et les chaussons rouges 1975 30.Alice et les contrebandiers 1973 31.Alice et les diamants 1972 32.Alice et les plumes de paon no 282 1965 33.Alice et les trois clefs 1975 34.Quand Alice rencontre Alice no 350 1969 (liste à compléter
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