Blyton Enid Histoires du sac à malices

July 28, 2017 | Author: yannickjosesaurin | Category: Cats, Meal, Paul The Apostle, Leisure, Nature
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HISTOIRES DU SAC À MALICES par Enid BLYTON BRUNO et Jacotte habitent un hameau bien tranquille, au milieu des champs et des bois. Bien tranquille? Hum! pas toujours... Un matin, le chat des deux enfants disparaît. Plus tard, le dé d'argent de Jacotte est volé. Un lutin sème la terreur parmi les jouets, un autre fait bien des dégâts dans la laiterie du fermier Anselme, le grand-père. Oui, vraiment on pourrait croire qu'un sorcier a versé un grand sac à malices sur le hameau de Bruno et Jacotte...

Ce livre porte le label MINIROSE, c'est-à-dire qu'il intéresse les enfants dès qu'ils savent lire, et qu'il peut aussi bien leur être lu à haute voix.

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DU MÊME AUTEUR dans la même série dans la Bibliothèque Rose 1. Bonjour les Amis ! 2. Histoire de la lune bleue 3. Histoires de la boite de couleurs 4. Histoires de la cabane à outils 5. Histoires de la maison de poupées 6. Histoires de la pipe en terre 7. Histoires de la ruche à miel 8. Histoires de la veille Horloge 9. Histoires des ciseaux d'argent 10. Histoires des quatre Saisons 11. Histoires des trois loups de mer 12. Histoires du bout du banc 13. Histoires du cheval à bascule 14. Histoires du coffre à jouets 15. Histoires du coin du feu 16. Histoires du fauteuil à bascule 17. Histoires du grenier de grand-mère 18. Histoires du marchand de sable 19. Histoires du sac à malices 20. Histoires du sapin de noël

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TABLE Prologue

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1.

Le peut chat a disparu

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2.

De quoi casimir a-t-il peur !

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3.

Pierre et Paul

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4.

Un lutin gourmand

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5.

Le dé d'argent de Blandine

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6.

Attrapons Jeannot lapin !

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7.

Perlimpinpin, le lutin farceur

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ENID BLYTON

HISTOIRES DU SAC À MALICES ILLUSTRATIONS DE THIERRY COURTIN

HACHETTE

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PROLOGUE BLANDINE ET BRUNO DUMONT habitent à Mirabelle, un village minuscule perdu en pleine campagne, au milieu des champs 6

et des bois. On pourrait croire qu'il ne se passe jamais rien, dans un village si petit. Quelle erreur! D'abord, il y a les lutins, qui jouent de drôles de tours aux villageois. Et puis il y a grand-mère Hortense. Et grand-mère. Hortense, ce n'est pas n'importe qui ! C'est la grand-mère de Blandine et Bruno. Elle ne fait rien comme tout le monde. Ainsi, par exemple, au lieu de raconter toujours les mêmes histoires — comme les autres grand-mères —, elle a tout simplement inventé... le truc du sac à malices. Le sac à malices est un petit sac de tissu froncé, serré par un nœud.

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C'est un sac magique, qui contient des tas de petits bouts de papier mystérieux. Quand vient la veillée, la grand-mère chausse ses lunettes, ouvre le sac à malices, en tire un papier et le déplie lentement... Blandine et Bruno se taisent, palpitants d'émotion. Car on ne sait jamais ce qui va sortir! Si grandmère lit sur le bout de papier un titre d'histoire, c'est à elle déparier. Mais si elle lit «Blandine», ou «Bruno», alors c'est aux enfants de lui raconter une histoire! Et pas question de se défiler! Quelle drôle de grand-mère, tout de même... Avec son sac à malices, elle fait de chaque veillée une surprise !

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CHAPITRE PREMIER Le petit chat a disparu avaient un petit chat que leur grand-mère leur avait donné. Il avait trois mois et il était tout noir, BLANDINE ET BRUNO

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avec une étoile blanche sur le front et des yeux vert émeraude. C'était le plus gai, le plus joueur, le plus câlin des petits chats. Les deux enfants l'adoraient. Ils Pavaient baptisé Chouchou. Chouchou connaissait bien son nom et accourait quand on rappelait. On ne pouvait imaginer de petit chat plus espiègle : par exemple, il aimait se cacher sous les lits ou sous les fauteuils pour sauter brusquement sur les jambes des gens ! Et voilà qu'un jour, Chouchou disparut. Mais pas n'importe comment: d'une façon invraisemblable! Il jouait avec les

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deux enfants dans la cuisine, et soudain il ne fut plus là... Comme ça, d'un seul coup ! La maman de Blandine et de Bruno était très occupée. Le lundi matin, elle avait toujours beaucoup de travail. Elle avait lavé la vaisselle du petit déjeuner et balayé la cuisine. Elle avait fait les lits, changé les draps et rempli une grande corbeille du linge de la semaine que le blanchisseur de la ville voisine viendrait prendre tout à l'heure. Et pendant tout ce temps Chouchou avait joué avec les enfants. Il bondissait, tournait autour de sa queue ou essayait d'attraper

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les cordons du tablier de Mme Dumont quand elle faisait un mouvement. Maintenant, elle épluchait des légumes pour le repas de midi. Mais Chouchou n'était plus là ! « Maman, où est Chouchou ? demanda Bruno en regardant autour de lui.

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— Il ne doit pas être loin», répondit Mme Dumont. Et elle se hâta de fermer le couvercle de la corbeille pleine de linge, car elle avait entendu la voiture du blanchisseur qui s'arrêtait devant la porte. « Chouchou ! Chouchou ! » appela Bruno. Un faible « miaou » lui répondit. Il semblait venir de très loin. Mais d'où ? « II est par là », dit Bruno. Les deux enfants se mirent à chercher sous le buffet et sous la cuisinière. Le blanchisseur sonna. Mme Dumont lui ouvrit et lui tendit la corbeille pleine de linge.

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Puis elle referma vite la porte pour empêcher Chouchou de s'échapper s'il se trouvait par là. Bruno appela de nouveau: « Chouchou ! Chouchou! » Mais il eut beau tendre l'oreille, aucune réponse ne lui parvint. Chouchou resta muet. Blandine regarda au fond du placard à balais, puis dans celui où l'on rangeait les journaux. Chouchou n'était nulle part. «Maman, Chouchou a vraiment disparu ! gémit la petite fille, les larmes aux yeux. — Ne dis pas de bêtises, chérie, protesta sa mère. Il n'est sûrement pas loin. Il se cache.

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Il est peut-être monté dans une chambre et il s'est blotti sous un lit. — Mais, maman, la porte de la cuisine était fermée ! fit remarquer Bruno. Il ne peut être qu'ici !

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— Il reviendra tout à l'heure, promit sa mère. Ne vous inquiétez pas. Je n'ai pas le temps de vous aider à le chercher, je veux faire un gâteau de riz pour ce soir. Quand j'aurai fini, je regarderai partout. Mais je suppose que Chouchou aura déjà quitté sa cachette pour venir jouer avec vous.» Mais Chouchou ne se montra pas. Quand Mme Dumont eut préparé le gâteau de riz, elle se mit elle aussi à la recherche du petit chat. Elle posa sur le sol de la cuisine une soucoupe pleine de lait et une autre qui contenait des restes de poisson. Puis elle appela Chouchou.

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«Chouchou! Chouchou! Viens vite, minet. Ton déjeuner t'attend. » Mais Chouchou n'arriva pas. Blandine fondit en larmes. « Maman, ce n'est pas naturel. Une fée a sûrement enlevé Chouchou. — Allons donc ! Les fées aiment les enfants et ne leur jouent jamais de mauvais tours. Chouchou est peutêtre dans le jardin. » Blandine et Bruno mirent leur manteau, car il faisait froid, et parcoururent le jardin. Pas de Chouchou. Ils interrogèrent la voisine. Elle n'avait pas vu le

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petit chat depuis la veille. Puis ils allèrent chez une autre voisine, qui ne put, elle non plus, leur donner des nouvelles. «Maman, suggéra Bruno, il s'est peut-être perdu dans les champs ? La campagne est si vaste !

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—- Les chats, comme les chiens, retrouvent toujours leur maison, répondit sa maman. Vite, à table. Votre père arrive. » Les enfants ne firent pas honneur à l'excellent repas préparé par leur mère. Us renoncèrent même au dessert pour reprendre leurs recherches. Cette fois, ils allèrent loin dans les champs qui entouraient le hameau. Quand ils revinrent, à quatre heures, ils n'avaient pas retrouvé leur petit Chat. «Ne vous inquiétez pas, répéta leur maman. Chouchou reviendra quand il aura faim.

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Cela ne tardera pas, il n'a rien mangé depuis ce matin. — Je crois que nous ne le reverrons plus, maman, gémit Bruno. Il jouait à cache-cache avec nous, et tout à coup il a disparu alors que la porte de la cuisine était fermée ! » Mme Dumont mit une autre soucoupe de lait dans le jardin, mais Chouchou ne vint pas boire. La mère des enfants commença à s'inquiéter. Elle aimait beaucoup le petit chat noir et ne pouvait comprendre ce 'qui s'était passé. Soudain, on sonna à la porte de la cuisine. Elle ouvrit et

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trouva devant elle le blanchisseur. Il souriait, une boîte dans les mains. «Bonsoir, madame Dumont, dit-il. Nous venons d'ouvrir votre corbeille. Voilà ce que vous avez envoyé à la blanchisserie. Comme il est très propre, nous nous sommes demandé si vous vouliez vraiment le faire laver. » II ouvrit la boîte qu'il tenait : Chouchou était pelotonné à l'intérieur. Les enfants poussèrent des cris de joie. Leur maman, stupéfaite, regardait le petit chat. « Que voulez-vous dire ?

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demanda-t-elle au blanchisseur, — Eh bien, madame, quand nous avons ouvert votre corbeille à la blanchisserie, nous avons trouvé le petit chat noir endormi dans les draps, expliqua l'homme en riant. — Est-ce possible ? s'écria Mme Dumont. Oh, le voyou ! Il a dû sauter dans la corbeille quand il jouait à cache-cache avec les enfants. Je ne l'ai pas vu et j'ai fermé le couvercle. Nous avons bien entendu un miaulement, mais nous ne savions pas d'où il venait. Et vous avez emporté Chouchou en même temps que le linge ! »

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Chouchou était bien content de revoir les enfants. Il sauta de joie et se mit à tourner en rond en essayant d'attraper sa queue. Puis il mangea son poisson et but son lait. Bruno et Blandine ne se lassaient pas de le caresser, lui ronronnait de toutes ses forces. « Dire que nous avons envoyé notre petit chat à la blanchisserie ! s'écria Blandine. Si on l'avait lavé et repassé, que serait devenu notre pauvre Chouchou ?» Par bonheur, on n'avait ni lavé ni repassé Chouchou. Il l'avait échappé belle !

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CHAPITRE II De quoi Casimir a-t-il peur ? nommé Casimir s'était installé autrefois dans un trou de souris qui donnait sur la salle de jeux de Céline UN

PETIT

LUTIN

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et Sylvain, les enfants de grandmère Hortense. (Qui sont maintenant la maman et l'oncle de Blandine et Bruno!) Son plus grand plaisir était de faire enrager les jouets. Et les jouets commençaient à en avoir vraiment assez. Casimir sortait de son trou la nuit, quand les jouets profitaient du sommeil des enfants pour s'amuser entre eux. Il poursuivait Coin-Coin, le canard jaune, jusqu'à ce que celuici, épuisé, demande grâce. Il tirait la queue de Minouche, le chat tigré, jusqu'au moment où elle lui restait dans les mains.

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Le père des enfants devait la recoller tous les matins et s'étonnait de la maladresse de Céline et Sylvain... Martin l'ours en peluche lui-même n'intimidait pas Casimir : le lutin lui avait pressé le ventre si fort pour le faire grogner que le pauvre Martin ne faisait plus entendre qu'un faible « Grr... Grr»... Tous les jouets redoutaient donc Casimir, mais ils ne savaient comment se débarrasser de lui. Lés taquineries ne le fâchaient pas. Il courait si vite qu'on ne pouvait jamais l'attraper. Il n'avait pas de clé qu'on

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aurait pu cacher pour l'empêcher de bouger. « Si seulement nous pouvions trouver quelque chose qui lui fasse peur ! soupira Blondine, la poupée aux boucles dorées. On lui ferait une frayeur si grande qu'il n'oserait jamais revenir !

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— Il a sûrement peur d'une chose, approuva Minouche le chat tigré. — Moi, j'ai peur des vrais chats, déclara Trottinette, la souris mécanique. — Et moi j'ai peur du feu, affirma Lilette, la petite poupée habillée en danseuse. Mes jupes de tulle flamberaient, si je m'en approchais trop. — Voici Casimir ! chuchota Minouche. Nous n'avons pas une minute de paix. — Il va encore me poursuivre ! gémit Coin-Coin. Quelle vie ! Comme j'aimerais vivre près d'une mare, et chercher

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tranquillement de beaux vers bien dodus... Mais... où est donc passé cet horrible lutin ?» Casimir était retourné en courant dans son trou. Les jouets stupéfaits s'interrogèrent du regard. Qu'est-ce qui avait bien pu mettre le lutin en fuite ? « Nous lui avons peut-être fait peur ! s'exclama Blondine en battant des mains. Réfléchissez, jouets. Que disions-nous quand il est sorti de son trou ? — C'est moi qui parlais, répondit Coin-Coin. Je disais que j'aimerais vivre près d'une mare. — C'est tout ? insista Trottinette.

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Mais où est donc passé cet horrible lutin ? 30

Tu as dit autre chose, j'en suis sûre. » Le canard jaune réfléchit pendant quelques secondes. «J'ai ajouté que j'aimerais chercher de beaux vers bien dodus... — Des vers ! Des vers ! cria Martin. C'est ça ! Casimir a peur des vers ! Nous n'avons qu'à nous procurer des quantités de vers. Nous les agiterons devant lui et il ne reviendra plus. — Ne dis pas de bêtises, toi ! protesta Minouche. Comme si nous pouvions nous procurer des vers ! Je n'ai jamais vu des vers frétiller dans cette salle de jeux.

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— Et nous ne pouvons pas sortir dans le jardin, renchérit Gugusse, le clown. La nuit, la porte et la fenêtre sont fermées. — Et même si nous pouvions trouver des vers, je ne sais pas si nous aurions le courage de les agiter devant Casimir, déclara Blondine d'un air dégoûté. 32

Pouah ! Des vers ! Non, ce n'est pas possible ! » Martin, penaud, baissa le nez. Il s'assit sur la boîte du jeu de construction pour mieux réfléchir. Soudain, il éclata de rire. « J'ai trouvé ! » s'écria-t-il. Il courut vers la table où Céline et Sylvain mettaient leurs boîtes de peinture. Il avait vu la veille les deux enfants peindre des fleurs. Il ouvrit les boîtes. Elles contenaient des tubes pleins de pâtes de toutes les couleurs. « Vous allez voir ! » annonça Martin en débouchant un tube bleu qu'il serra très fort.

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II en sortit un long serpentin bleu qui avait la forme d'un ver. Les jouets poussaient des cris. Quelle surprise ! Que c'était amusant ! Ils se précipitèrent sur les boîtes de peinture. Les quilles de bois ellesmêmes coururent s'emparer de tubes. Elles voulaient prendre part au jeu. Il y en avait pour tout le monde, excepté pour le clown. Mais il trouva autre chose ! Il s'élança vers le lavabo, grimpa sur un robinet, tendit la main vers l'étagère et saisit le grand tube de dentifrice que Céline y avait posé. Quelle quantité de vers

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ils avaient à leur disposition ! Bientôt, Casimir, qui ne pouvait rester longtemps immobile, mit le nez hors de son trou. Les jouets tenaient tous derrière leur dos des tubes de peinture débouchés. Le lutin eut un sourire malicieux.

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« Jouons à je te pince, tu me pinces ! proposa-t-il. — Non, répliqua l'ours en peluche. Jouons avec les vers. » II serra son tube. Un ver d'un rouge brillant en jaillit. Les autres l'imitèrent. Aussitôt des vers jaunes, bleus, noirs, verts firent leur apparition. Quant au tube de dentifrice du clown, il en sortit un énorme ver rosé. Gugusse poussa un cri de joie. Le lutin fut glacé d'horreur. Des vers ! Encore des vers ! Chaque jouet tenait un ver. Et ces vers se trémoussaient, se tortillaient et le menaçaient. « Oooh ! hurla-t-il. Oooh !

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Chassez-les ! Chassez-les ! » Mais, au lieu d'obéir, les jouets firent un pas en avant en agitant leurs vers multicolores. Saisi de panique, Casimir s'enfuit. Il se hâta de retourner dans son trou, le suivit jusqu'à son extrémité, sortit dans le jardin, continua à courir et on n'entendit plus jamais parler de lui. « Nous voilà débarrassés ! s'écria Martin au comble de la joie. Et nous nous sommes bien amusés. Il n'osera plus revenir. » La pièce était pleine de peinture. Les jouets faisaient tant de bruit que Céline, qui couchait

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dans la chambre voisine, vint voir ce qui se passait. Les jouets sautèrent dans le placard et ne bougèrent plus. Mais ils avaient laissé par terre toute la peinture et la pâte dentifrice sorties des tubes. Quel spectacle ! Céline, effarée, appela son frère. « Viens voir ! s'écria-t-elle. Quelqu'un a vidé nos tubes de peinture ! Je voudrais bien savoir qui! » Mais ils ne surent jamais la vérité. Ils ne se doutaient pas que, pendant qu'ils dormaient, leurs jouets avaient joué un bon tour à un méchant lutin !

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CHAPITRE II Pierre et Paul BLANDINE ET BRUNO Ont deux cousins jumeaux nommés Pierre et Paul. Ceux-ci, inséparables, s'aiment beaucoup, mais se disputent sans arrêt et pour 39

des riens. Dans le village on rit parfois de les entendre, car ils crient à tue-tête sans savoir ce qu'ils se disent. Un jour, leur grand-père, le fermier Anselme, leur permit de cueillir des pommes dans son verger. Les branches des pommiers étaient chargées de fruits rouges qui semblaient succulents. Ravis de cette permission, Pierre et Paul prirent une grande corbeille à deux anses et la remplirent de grosses pommes joufflues. Puis ils remercièrent leur grand-père et, tenant chacun une anse de la corbeille, ils retournèrent chez eux en pensant à la

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bonne tarte que ferait leur mère. En chemin, ils rencontrèrent Marc et Luc, leurs camarades d'école. «Vous pouvez nous donner une pomme ? demanda Marc en regardant avec convoitise les beaux fruits rouges. — Non ! » répondirent en même temps Pierre et Paul. Ils continuèrent leur route. Marc et Luc échangèrent un coup d'œil. «S'ils se mettent en colère l'un contre l'autre, nous pourrons leur prendre quelques pommes sans qu'ils s'en aperçoivent», souffla Luc.

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Ils décidèrent de suivre les jumeaux. Les deux frères arrivèrent au pied de la colline en haut de laquelle s'élevait leur maison. « Regarde ! s'écria Marc très fort. Pierre s'est arrangé pour que Paul porte le côté le plus lourd de la corbeille, celui où les fruits sont les plus gros. Pauvre Paul ! Quelle peine il va avoir à gravir la colline ! » Paul entendit les paroles de Marc. Il s'arrêta net et fixa sur son frère des yeux furieux. « Marc dit que tu t'es arrangé pour me laisser porter le côté le plus lourd! cria-t-il. J'ai les plus

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grosses pommes ! Ce n'est pas juste ! — Ce n'est pas vrai ! riposta Pierre. — Si !» «Ça y est, ils se disputent! chuchota Luc à Marc. Approchonsnous. Nous pourrons prendre une pomme ou deux

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sans qu'ils le remarquent. Lorsqu'ils se chamaillent, ils oublient le reste du monde, » « Hier aussi, tu m'as fait porter le panier le plus lourd, quand nous avons accompagné maman au marché, cria Paul. — Non! — Si! — Non ! — Je te dis que si ! — Ne crie pas comme ça ! — Je ne crie pas ! — Si! — Je te dis que je ne crie pas ! — Je te dis que tu cries ! — Non ! — Si!»

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Luc et Marc les écoutaient en riant. Ils prirent deux pommes chacun sans que les frères s'en aperçoivent. D'autres enfants passèrent par là et, voyant que Marc et Luc puisaient dans la corbeille, ils les imitèrent. Ils s'arrêtèrent pour écouter les jumeaux en colère, tout en croquant les pommes délicieuses. « Tu es bête comme une oie ! cria Paul à Pierre. .— Et toi, laid comme un singe ! riposta Pierre. — Ce n'est pas vrai. — Si ! — Non !

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— Tais-toi ! — Tais-toi toi même. — Je ne me tairai pas. — Ce soir, je mangerai ta part de tarte. — C'est moi qui mangerai la tienne. — Non ! — Si !» Pendant que les deux frères se disputaient ainsi, les enfants du village se rassemblaient autour d'eux. Chaque nouveau venu prenait une pomme et se régalait en écoutant ce qu'ils disaient. Bruno et Blandine étaient là aussi et riaient comme les autres.

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«Je porterai la corbeille tout seul et je mangerai toute la tarte ! déclara Paul. — Non, c'est moi qui la porterai!» riposta Pierre. Ils se précipitèrent ensemble sur la corbeille. Mais quelle tête ils firent, quand ils constatèrent qu'elle était vide ! Ils regardèrent alors autour d'eux et se virent entourés de leurs camarades d'école, tous une pomme dans chaque main. « Vous nous . avez pris nos pommes ! hurlèrent-ils. — Vous les aviez oubliées... dit Marc. On a cru que vous ne les vouliez plus. Au lieu de vous chamailler, vous auriez

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mieux fait de les surveiller! — J'espère que vous aurez mal au ventre !» cria Pierre. Et, prenant chacun une anse de la corbeille, les deux jumeaux retournèrent tristement chez eux. Plus de bonne tarte en perspective... Us déclarèrent qu'ils ne se disputeraient plus jamais !

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CHAPITRE IV Un lutin gourmand UN JOUR,

il y a bien longtemps, le grand-père de Bruno et de Blandine, le fermier Anselme, était fort en colère. Depuis quelque temps se cachait dans sa laiterie un malicieux 49

lutin. Et, malgré tous ses efforts, le fermier ne pouvait découvrir sa cachette. «Chaque nuit il se régale de ma crème, boit mon lait, lèche mon beurre et grignote mes fromages, tempêtait le fermier Anselme. Quel odieux lutin ! Quand je mettrai la main sur lui, il verra de quel bois je me chauffe ! » Un petit éclat de rire moqueur lui répondit. Anselme promena un regard furieux autour de lui. C'était trop fort ! Où était ce maudit lutin ? Le fermier avait cherché dans tous les coins, dans tous les pots.

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Il avait passé la main sur toutes les étagères. Il était même monté sur une échelle pour inspecter les poutres du plafond, mais il n'avait rien trouvé. Le lutin n'était nulle part. « Je vous avais bien dit qu'il y avait un lutin chez vous, maître Anselme, déclara la vachère, mère Philomène. Et ne vous avais-je pas conseillé de mettre par terre tous les soirs une soucoupe de crème pour lui? Si vous l'aviez fait, il n'aurait touché à rien dans votre laiterie. Je connais bien les habitudes de ces lutins, moi. Une soucoupe de crème et ils ne touchent plus à rien.

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Mais si vous ne le faites pas, ils vous jouent toutes sortes de mauvais tours. — Je ne comprends vraiment pas où il se cache, murmura le fermier en se grattant la tête. J'ai cherché partout. — Oui, c'est extraordinaire, approuva mère Philomène. J'ai cherché aussi. Pourquoi n'allez-vous pas voir mère Pélagie ? Elle est un peu sorcière. Elle connaît tous les lutins et personne n'a des yeux aussi perçants qu'elle. » Le fermier Anselme se rendit chez la mère Pélagie. Il la pria de venir à la ferme pour lui indiquer

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où se cachait le lutin. Elle accepta et regarda de tous les côtés avec ses petits yeux perçants. Pendant qu'elle était ainsi occupée, un petit rire moqueur résonna dans la laiterie. En l'entendant, mère Pélagie hocha la tête. « Vous ne découvrirez jamais ce lutin, affirma-t-elle. C'est Zygomar. J'ai souvent entendu parler de lui sans l'avoir jamais vu. Il est invisible. Il a sans doute bu un breuvage magique qui lui a donné le pouvoir d'échapper aux regards. Fermier Anselme, il restera toujours ici et s'amusera à vous tourmenter.

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Pourquoi n'avez-vous pas suivi le conseil de mère Philomène et n'avezvous pas mis tous les soirs à son intention une soucoupe de crème ? Il n'en aurait pas demandé davantage. Maintenant c'est trop tard. Moi, je ne peux rien faire pour vous. » Elle partit. Le fermier s'assit sur un tabouret et poussa un soupir. Avoir chez lui un lutin, c'était déjà désagréable. Mais un lutin impossible à attraper parce qu'il était invisible, quel malheur ! Si seulement il avait pu le saisir par le cou et lui donner une bonne correction ! « Ah ! Ah ! » fit une petite voix

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non loin de lui. C'était le rire malicieux du lutin... Le fermier se retourna, mais, bien entendu, il ne vit rien. Il alla à la ferme où le déjeuner l'attendait. Il y trouva sa femme Hortense et ses enfants Sylvain

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et Céline. Les enfants comprirent que leur père était malheureux et lui demandèrent pourquoi il avait l'air si sombre. Anselme leur apprit la présence du lutin dans sa laiterie. «Il me ruine, gémit-il. Tous les jours je suis obligé de jeter des cruches de lait, une grande jatte de crème, une grosse motte de beurre, plusieurs fromages. Tout ce que touche ce maudit Zygomar devient aigre. C'est invendable. Si cela continue, je ne pourrai même pas vous acheter les bicyclettes dont vous avez tant envie!

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— Mais tu nous les as promises, papa! s'écrièrent les deux enfants consternés. — Cherchez un moyen d'attraper ce lutin et vous aurez vos bicyclettes », déclara le fermier Anselme. Et il s'en alla donner à manger à son cheval. « Papa ! Papa ! Tu promets d'acheter les bicyclettes si nous attrapons Zygomar? cria Sylvain en courant derrière lui. — C'est entendu ! » répondit le fermier qui s'éloignait. «Nous ne pourrons jamais attraper ce lutin, déclara Céline à son frère. Mère Pélagie et mère Philomène sont plus adroites que

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nous et pourtant elles n'ont pas réussi ! — Attends une minute, répliqua Sylvain, les yeux brillants. J'ai une idée. Il faut que j'achète des choses. Viens avec moi. » Ils se rendirent au village et Sylvain acheta de la poudre à éternuer, puis deux paires de 58

gros gants de jardinage, une pour Céline et une pour lui. Céline se demandait bien à quoi allaient servir ces achats. «Tu verras! dit Sylvain en riant. J'ai ma petite idée !» Le soir, quand le fermier et sa femme, aidés de la vieille Philomène, eurent trait les vaches et que les jattes eurent été remplies de crème, Sylvain et sa sœur entrèrent dans la laiterie. « Ferme les fenêtres, ordonna-t-il. Je vais fermer la porte à clé. » Cela fait, il recommanda à Céline d'enfiler ses gants de jardinage et il mit les siens.

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Un petit rire résonna dans la laiterie. Sylvain l'entendit. «Bonsoir, Zygomar, cria-t-il. Rira bien qui rira le dernier! Dans une minute, je te tiendrai par la peau du cou ! » Le rire résonna de nouveau, un peu plus fort cette fois. Ce lutin était exaspérant. Sylvain comprenait la fureur de son père ! « Prends ton mouchoir, Céline, chuchota Sylvain. Serre-le contre ton nez. Je vais jeter de la poudre à éternuer dans chaque coin de la laiterie et nous attraperons ce lutin avant qu'il ait eu le temps de dire ouf!»

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Céline serra son mouchoir contre son nez. Sylvain se mit à jeter de la poudre à éternuer dans tous les coins de la laiterie. Bientôt, ses efforts furent récompensés. « Atchoum ! Atchoum ! » Les deux enfants se précipitèrent vers le coin d'où venaient les éternuements. Us sentirent le lutin leur passer entre les jambes. «Atchoum ! Atchoum !» De nouveau les deux enfants coururent dans la direction des éternuements et, de nouveau, Zygomar s'esquiva. Sylvain lança une pincée de poudre à

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éternuer. Les enfants ne voyaient pas Zygomar, mais les éternuements étaient si forts qu'ils devinaient où se cachait le lutin. «Atchoum! At... atchoum! Atchoum!» Le lutin essayait en vain de se retenir, mais plus il essayait, plus il éternuait fort. « Atchoum ! Atchoum ! » «Là-bas, près de la grande jatte de crème ! » cria Céline. Les deux enfants firent un bond. Ils sentirent que le lutin passait devant eux, sans parvenir à le saisir. «Il est très petit, constata Les enfants ne voyaient pas Zygomar... 62

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Sylvain. Il faut que nous nous baissions et que nous mettions les mains tout près du sol pour l'attraper.» II jeta un peu plus de poudre et le lutin recommença à éternuer sans pouvoir s'arrêter. «Atchoum! At... atchoum! Atchoum ! Atchoum ! « Là-bas ! » cria Sylvain. Les deux enfants coururent vers le coin d'où venaient les éternuements. Tous les deux se baissèrent et leurs mains se refermèrent sur un petit corps qui se débattait. « Nous le tenons ! cria Céline. Hourra ! »

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Le lutin la mordit et la griffa. Sylvain se félicita d'avoir acheté ces épais gants de jardinage. Il secoua de toutes ses forces le méchant petit lutin. « Tiens-toi tranquille ! ordonna-til. Redeviens visible. Nous pourrons peut-être conclure un marché avec toi et te rendre ta liberté. » Zygomar s'immobilisa dans les mains des enfants et, peu à peu, il devint visible. D'abord Sylvain et Céline virent son petit visage pointu, à l'expression impertinente, puis les longs bras, puis son corps trapu et enfin ses jambes courtes aux genoux

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cagneux. Il était là, le petit lutin moqueur, il les regardait en ricanant et de nouveau il se débattait dans l'espoir de leur échapper. « Lâchezmoi ! cria-t-il. — Pas avant que nous ayons eu une petite conversation, répondit Sylvain d'une voix ferme. Ecoutemoi bien. Nous te tenons, nous pouvons t'apporter à notre père. Et tu passeras un mauvais quart d'heure! Je ne voudrais pas être à ta place... — Non, non, ne m'apportez pas à votre père, implora le lutin pris de panique. Laissez-moi partir. Je promets de ne plus le tourmenter. Mettez tous les soirs

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une soucoupe de crème pour moi et je ne boirai plus une goutte de lait, je ne toucherai plus au beurre et au fromage. Je vous le promets. — Non, tu n'auras même pas une soucoupe de lait, affirma Sylvain. Tu vas partir tout de suite très loin d'ici et tu ne reviendras plus jamais. Si tu revenais, je me servirais de nouveau de ma poudre à éternuer et je te livrerais immédiatement à notre père. Tu peux me croire ! — Juste une petite soucoupe de crème tous les soirs, supplia le lutin. — Si tu insistes, nous allons

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te porter tout de suite à papa», annonça Céline. Et elle fit un pas vers la porte comme si elle allait mettre sa menace à exécution. Zygomar cria, se débattit, essaya de la mordre à travers les gants épais. « En voilà assez ! » déclara

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Sylvain d'un ton ferme. Et il donna une tape au lutin. « J'obéirai, j'obéirai ! cria Zygomar en larmes. Je vais partir. Je vais partir tout de suite. — Bon voyage ! » répliqua Sylvain. Il lâcha Zygomar. D'un bond, le lutin fut dans la cour et regarda autour de lui. Le fermier, qui sortait dé l'étable, l'aperçut. H le menaça de son poing fermé. .«Adieu, vieux grigou!» cria le lutin d'un ton de défi. Et il fit une grimace à Anselme qui était trop loin pour l'atteindre. Mais, Kido, le chien du fermier, le vit aussi.

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Il bondit vers lui en aboyant. « Ouah ! Ouah ! — Ooooh ! » hurla Zygomar effrayé en sautant sur le mur pour se mettre à l'abri. Une seconde plus tard il était de l'autre côté, dans le chemin, et disparaissait. «Comment l'avez-vous donc trouvé ? » demanda maître Anselme à Sylvain et à Céline qui sortaient de la laiterie. Les deux enfants lui racontèrent ce qu'ils avaient fait. Quand ils parlèrent de la poudre à éternuer, le fermier éclata de rire. « Quelle bonne idée ! s'écria-t-il.

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Eh bien, petits malins, si le lutin ne revient pas dans ma laiterie cette nuit, vous aurez vos bicyclettes. » Le lendemain matin, le lait, la crème, le beurre, les fromages n'avaient pas été touchés. Sylvain et Céline eurent leurs bicyclettes rouges, dont ils furent très fiers et qui leur permirent de faire de belles promenades. Quant à Zygomar, nul ne sait ce qu'il est devenu. On n'a plus jamais entendu parler de lui. Peut-être a-t-il trouvé une ferme ou le fermier met chaque soir à son intention une soucoupe de crème dans sa laiterie ?

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CHAPITRE V Le dé d'argent de Blandine avait une jolie trousse de couture que sa marraine lui avait donnée pour Noël. Cette trousse contenait des aiguilles BLANDINE

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de toutes les grosseurs, des ciseaux bien aiguisés, des bobines de fil blanc, noir, rosé et bleu, une pelote à épingles rouge, un centimètre jaune. Mais son trésor le plus précieux, c'était le petit dé d'argent. La maman de Blandine le lui avait donné pour ses sept ans. Il était en argent véritable et il brillait ! Il s'adaptait très bien au doigt de Blandine ; la petite fille, grâce à lui, s'était mise à aimer la couture. Elle prenait grand soin de son joli dé d'argent et se dépêchait de fermer sa trousse quand Zoé, la pie, voletait autour d'elle. C'était une pie apprivoisée que

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M. Dumont avait trouvée un jour au pied d'un arbre dans le jardin. Elle était alors toute petite et avait dû tomber du nid. Blandine et Bruno lui avaient donné la becquée et elle s'était attachée à eux. Elle faisait maintenant partie de la famille ; elle volait et sautillait partout dans la maison, car la porte de sa cage était toujours ouverte. Chouchou, le chat, et Didou, le chien, jouaient volontiers avec elle ; ils n'auraient jamais eu l'idée de lui donner un coup de griffe ou un coup de dent. Mais Zoé avait un petit défaut : elle raffolait des objets

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et s'en emparait sans scrupule. Il fallait faire attention de ne pas oublier sur les tables des petites cuillers d'argent ou des bijoux. Si elle les voyait, Zoé fondait sur eux et les emportait dans une des cachettes qu'elle possédait dans le jardin. Un jour, M. Dumont avait découvert une quantité de choses au fond d'un trou creusé dans un arbre : deux petites cuillers volées chez un voisin, des boucles de souliers, une épingle à cravate qu'il avait cherchée partout, des décorations d'arbre de Noël... Souvent grondée, Zoé restait incorrigible.

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Quand il la surprenait en flagrant délit de vol, M. Dumont lui donnait une petite tape sur le bec. Zoé n'en recommençait pas moins un peu plus tard... Les habitants de la maison avaient donc pris l'habitude d'enfermer les objets auxquels ils tenaient.

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Blandine ne laissait jamais sa trousse de couture ouverte. Elle avait remarqué les regards de convoitise que Zoé jetait sur son dé lorsqu'elle Pavait au doigt. Elle ne le laissait jamais à la portée de la pie voleuse. Mais, un après-midi, elle l'oublia... Elle cousait une jolie robe rosé pour sa poupée Anaïs, qui était très coquette. Soudain, sa maman l'appela. « Blandine, viens vite ! Ta marraine est là ! » Blandine aimait beaucoup sa marraine. Elle lâcha la robe rosé, posa le dé sur la table et descendit quatre à quatre l'escalier pour

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se jeter au cou de sa marraine. A ce moment-là, Bruno passait dans le couloir. Et, à travers la porte de la chambre de Blandine, voici ce qu'il vit : Dès que Blandine eut quitté sa chambre, Zoé entra par la fenêtre qui était restée entrebâillée. Elle aperçut aussitôt le dé d'argent et sauta sur lui. Elle en avait envie depuis si longtemps ! Où le cacherait-elle ? Bruno continua à l'espionner, curieux de voir ce qu'elle allait en faire. Elle alla se percher sur la fenêtre de la cuisine, le dé dans son bec. La mère des enfants était

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occupée à faire des galettes pour la fête des Rois. Ce jour-là, Bruno et Blandine avaient invité tous leurs petits amis. Leur maman avait décidé de confectionner plusieurs galettes, afin qu'il y ait beaucoup de petits rois et de petites reines. Elle était si occupée qu'elle ne fit pas attention à la pie. Zoé la regarda et s'aperçut qu'elle avait sur la table, près d'elle, une quantité de petits objets brillants. Elle en mettrait un dans chaque galette en guise de fève ; ce serait plus amusant et les enfants emporteraient ainsi un souvenir de la fête.

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Elle avait donc acheté de minuscules animaux, des petits personnages, un fer à cheval, un trèfle à quatre feuilles, tous argentés ou dorés. Quelle surprise pour ceux qui les trouveraient dans leur part de galette! Zoé suivit tous les gestes de la pâtissière. Mme Dumont prenait une poignée de pâte dans la grande boule placée devant elle, la passait au rouleau pour lui donner la forme d'une galette et y piquait un petit objet brillant. Quelle excellente cachette ! pensa Zoé. Elle attendit, puis, profitant d'un moment où Mme Dumont lui tournait le dos

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pour prendre quelque chose dans un placard, sauta sur la table et enfonça le dé de Blandine dans la pâte molle d'une galette prête à être mise au four. Avec son bec, elle recouvrit vite le dé et sembla satisfaite. C'était une merveilleuse cachette ! Bruno, qui avait vu toute la scène, eut bien du mal à ne pas rire ! Il décida de garder le secret. Quelle surprise extraordinaire ce serait pour Blandine tout à l'heure ! Et quel mystère ! Leurs amis allaient être bien étonnés... Quand la petite fille remonta dans sa chambre, elle vit tout de suite que son dé avait disparu.

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Elle eut beau le chercher partout, il resta introuvable. « C'est sûrement Zoé qui l'a pris ! » gémit-elle. Et elle courut prévenir son père. M. Dumont examina toutes les cachettes de Zoé qu'il connaissait. Il y trouva d'autres objets, mais pas le dé de Blandine. 82

Blandine avait le cœur gros. Elle aimait tant son joli dé ! Et c'était un souvenir de son septième anniversaire. Aucun autre ne pourrait le remplacer. « Je t'offrirai le même, promit sa mère pour la consoler. — Ce ne sera pas pareil. H ne sera pas aussi joli, répondit Blandine. Avec un autre, j'en suis sûre, mes points ne seront pas aussi réguliers ni aussi petits. — Allons donc ! » protesta Mme Dumont en souriant. Pendant ce temps, Bruno n'était pas très à l'aise. Il commençait à se demander s'il avait bien fait de ne rien dire. Mais il

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n'aurait jamais pensé que cela ferait un tel drame! Ah, les filles ! De toute façon, il était trop tard, maintenant. Et Blandine serait bientôt consolée... . L'heure du goûter arriva. Les petits amis des enfants ne se firent pas attendre. Ils étaient pressés de tirer les Rois ! Il y avait Sylvie, Stéphane, Pierre et Paul, les deux jumeaux, Yves, Alain, Delphine, François, Sophie, Florence, Gilles. La table de la salle à manger était recouverte d'une jolie nappe blanche et, près de chaque assiette, une petite carte portait le nom d'un jeune invité. Chacun

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prit sa place. Mme Dumont commença à couper les galettes toutes chaudes. Les enfants s'empressèrent d'examiner leur part. « J'ai la fève ! cria Sylvie. Mais ce n'est pas une fève, c'est un tout petit éléphant ! Qu'il est mignon ! — Et j'en ai une aussi ! cria Sophie. C'est un petit soldat ! — Et moi, j'ai un cheval, dit Paul. — Et moi, un chat!» ajouta Florence. Blandine mordit dans son morceau de galette, se demandant si elle aurait aussi une fève. Et soudain... elle poussa une exclamation de surprise.

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« Maman ! C'est mon dé ! Mais comment est-il arrivé dans la galette ? Tu ne m'as pas fait une farce, dis ? Oh, que je suis contente!» Mme Dumont partagea l'étonnement de Blandine. En effet, c'était un vrai mystère ! Personne n'était entré dans la cuisine pendant qu'elle mettait les fèves ! A moins que... Et si c'était Zoé ? La pie frappait justement à la vitre avec son bec. Blandine alla lui ouvrir. « Zoé ! dit-elle, est-ce toi qui.

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as volé mon dé et l'as caché dans la galette ? Est-ce toi, Zoé ? — Cra, cra, cra ! » répondit la pie. Personne ne sut si elle disait oui ou non. Personne sauf Bruno, bien sûr. Mais peu importait à Blandine. Elle avait retrouvé son joli dé d'argent et elle se sentait heureuse comme une reine !

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CHAPITRE VI Attrapons Jeannot Lapin ! AUJOURD'HUI,

à l'école, la annoncé une bonne

maîtresse a nouvelle : — Puisque vous avez si bien

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travaillé et qu'il nous reste un peu de temps, je vais vous raconter une histoire», a-t-elle déclaré. Les enfants ont poussé des cris de joie. Us aimaient tant les histoires et Mlle Clément savait si bien les raconter ! — Quelle histoire, mademoiselle? demanda Bruno. — Celle du loup et du renard qui voulaient attraper Jeannot lapin. — Us y sont arrivés ? interrogea Sylvie. — Vous le saurez tout à l'heure, répondit l'institutrice. Si vous m'interrompez sans cesse

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je n'aurai pas le temps d'arriver à la fin. Sophie donna un coup de coude à Gilles, qui ouvrait la bouche pour poser une autre question, et Mlle Clément commença son récit. Un jour, maître Renard rencontra maître Loup. — Il est grand temps que nous attrapions Jeannot Lapin, déclara-t-il. N'es-tu pas de mon avis ? Il est bien gras et ferait un excellent repas. Qu'en penses-tu ? — Je pense que tu as raison, répondit maître Loup. Mais comment l'attraper? Il faut

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trouver un moyen. Par exemple placer un piège dans les buissons où il passe habituellement. —J'ai une bien meilleure idée, répliqua maître Renard. Nous l'attraperons avec un filet. — II verra le filet et s'enfuira. — Ecoute-moi bien, reprit maître Renard. Nous T’inviterons à un pique-nique. Tu apporteras un filet à papillons et moi un filet de pêche. Nous dirons à Jeannot Lapin de prendre le filet qu'il voudra. Nous promettrons d'apporter

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un panier de provisions pour le déjeuner sur l'herbe. Il n'aura à s'occuper de rien. C'est nous qui l'invitons. — Et au moment où il s'y attendra le moins, nous sauterons sur lui. Ce sera la fin de Jeannot Lapin! s'écria maître Loup enchanté.

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— Tu as eu une idée géniale, maître Renard ! — Qu'ils sont méchants tous les deux ! s'écria Nathalie qui avait un petit lapin gris qu'elle aimait beaucoup. — Tais-toi ! lui ordonna Alain pressé de connaître la suite de l'histoire. — Les deux compères invitèrent donc Jeannot Lapin, reprit Mlle Clément. Mais Jeannot Lapin dressa ses longues oreilles. Il se méfiait un peu... — Apporte un filet pour attraper ce que tu voudras, des poissons ou des papillons, ajouta maître Renard. Nous en

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apporterons un aussi. Et ne te préoccupe pas du déjeuner, nous nous en chargeons. Tu es notre invité. Tu feras un bon repas, je te le promets. — C'est très aimable de votre part, répondit Jeannot Lapin. J'accepte avec plaisir votre invitation. N'oubliez pas que j'aime beaucoup les sandwiches aux carottes. Le jour du pique-nique, Jeannot Lapin décida de prendre son vélomoteur. Il voulait arriver de très bonne heure au lieu du rendez-vous, car il se demandait pourquoi maître Renard et maître Loup se montraient tout à

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coup si aimables et il espérait les surprendre. Il partit donc de bon matin, muni de son filet et, caché sous un buisson, il attendit. —Au bout d'une heure, maître Loup et maître Renard parurent. Chacun d'eux avait un immense filet. — Bonjour, maître Renard, «dit maître Loup. Dès que nous « apercevrons Jeannot Lapin, « faisons semblant de chasser les « papillons ou de pêcher les poissons. Attends près de cet «églantier en fleur. Je vais m'asseoir sur le bord du ruisseau. Il est en retard. » — Tiens ! Tiens ! pensa Tiens ! Tiens ! pensa Jeannot Lapin. Il paraît que je suis en retard?

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Jeannot Lapin. Il paraît que je suis en retard ? J'ai bien fait, je crois, de me lever de bonne « heure!» — As-tu apporté un panier «de provisions ? demanda maître Renard à maître Loup. — Oui, je vais le poser ici», répondit le loup. Et il posa le panier non loin du buisson où se cachait Jeannot Lapin. Une odeur, appétissante arriva aux narines de Jeannot Lapin qui en eut l'eau à la bouche. Maître Loup fit quelques pas de danse devant l'églantier avec

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son filet et maître Renard plongea le sien dans les eaux du ruisseau. Tous les deux guettaient l'arrivée de Jeannot Lapin, mais Jeannot Lapin ne se montrait pas. Il regardait à travers une brèche de son buisson le panier du pique-nique et mourait d'envie de goûter aux bonnes choses qu'il contenait. Il attendit. Enfin, les deux compères tournèrent la tête. Jeannot Lapin se dépêcha de glisser son filet sous le buisson et en enveloppa le panier. Il commença à le tirer vers lui. Bientôt il l'eut à sa portée et l'ouvrit. Un vrai festin!

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Mais pas de sandwiches aux carottes ! Tant pis! — Je vais le porter chez moi « et je partagerai ce bon repas « avec Jeannette, ma femme, et « mes enfants », pensa Jeannot Lapin. II sortit de sa cachette et cria à maître Loup et à maître Renard :

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—Bonjour, les amis! Je vous souhaite une bonne journée et j'espère que vous attraperez ce que vous désirez ! En entendant la voix de Jeannot Lapin, maître Renard faillit tomber dans le ruisseau. Maître Loup s'enfonça dans une touffe d'orties, poussa un cri et recula. — D'où sors-tu ? cria maître Renard. Nous t'attendons depuis longtemps. Nous voulions passer une bonne journée « avec toi. Approche, viens voir le poisson que j'ai pris. — Moi, j'ai péché sous ce buisson, répondit Jeannot Lapin.

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Lapin. Quand vous verrez ce «que j'ai attrapé, vous serez bien surpris. II brandit son filet et maître Renard aperçut son panier dedans. Il poussa un glapissement de colère et se précipita vers Jeannot Lapin. Celui-ci fit un bond en arrière. — Voleur ! cria maître Renard. Voleur ! Tu es venu exprès pour t'emparer de notre déjeuner. Tu n'es pas venu pour attraper des papillons ou pêcher des poissons. — J'ai attrapé ce que je voulais ! riposta Jeannot Lapin.

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Maître Renard courut après lui, son filet levé. Jeannot Lapin, d'un bond, fut sur son vélomoteur qu'il avait caché près de lui et s'enfuit en criant : — Au revoir, maître Renard et maître Loup. C'est vous qui «êtes bien attrapés ! Merci du «bon déjeuner que vous avez préparé à mon intention ! II fila comme le vent, si vite que maître Loup et maître Renard le perdirent bientôt de vue. Jeannot Lapin rentra chez lui et raconta ses aventures à Jeannette sa femme et à ses enfants, tout en partageant avec eux le délicieux pique-nique

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de maître Renard et de maître Loup. — Qu'ont fait le loup et le renard? demanda Bruno. — La cloche sonne, répondit Mlle Clément. Un autre jour, quand vous aurez bien travaillé, je vous raconterai la suite des aventures de Jeannot Lapin, du renard et du loup.

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CHAPITRE VII Perlinpinpin, le lutin farceur Un MERCREDI de janvier, Blandine et Bruno se réveillèrent en éternuant. En réalité ils étaient un peu enrhumés depuis le lundi, mais ce jour-là ils 104

avaient en plus un léger mal de gorge. Vous ne pourrez pas sortir aujourd'hui, annonça leur mère. Il neige. Avec votre rhume, ce ne serait pas prudent. — Oh, maman ! s'écrièrent les enfants consternés. C'est la première neige de l'Hiver ! Nous voulions construire un grand bonhomme dans le jardin ! — C'est impossible! déclara Mme Dumont d'un ton catégorique. Vous prendriez froid. Mais ne vous inquiétez pas, vous ne vous ennuierez pas. Grand-mère est ici. Votre père est allé la chercher ce matin de bonne

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heure. Elle vous racontera une histoire. Un feu de bois fut allumé dans la grande cheminée. La grand-mère s'installa dans un fauteuil, son sac à malices sur les genoux. Assis à ses pieds, les enfants se préparèrent à l’écouter en suçant des bonbons au miel pour calmer l'irritation de leur gorge. Grand-mère Hortense tira un petit papier, s'éclaircit la voix et déclara : — Je vais vous raconter l'histoire du lutin Perlimpinpin. Ce lutin avait pour plus grand plaisir d'inventer des farces. Par exemple, il collait un timbre sur le

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trottoir et guettait les passants qui essayaient en vain de le ramasser. Ou bien il mettait un paquet dans le caniveau. Lorsque quelqu'un se baissait pour voir ce que c'était, il tirait une ficelle et le paquet disparaissait. Les habitants du village commençaient à en avoir assez. Un jour, mère Pétronille le surprit en flagrant délit et lui donna une telle correction qu'il versa assez de larmes pour remplir un seau. — Vous vous en repentirez ! promit Perlinpinpin. N'oubliez pas que je suis malin comme un singe !

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II retourna chez lui et chercha quel mauvais tour il pourrait jouer à mère Pétronille sans qu'elle pût deviner qu'il en était l'auteur. Enfin il eut une idée. Je vais monter sur son toit avec un arrosoir et je verserai —

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de l'eau dans le tuyau de sa cheminée. Le feu sifflera et fumera. Elle croira qu'un sorcier a jeté un sort sur ses fagots. Je la vois d'ici trembler de frayeur ! pensa Perlinpinpin en riant. Je suis vraiment le plus malin des lutins ! II attendit le soir et, d'un bond, il fut sur le toit de mère Pétronille, chargé d'un grand arrosoir plein d'eau. Une fumée sortait de la cheminée. Mère Pétronille était frileuse, elle aimait s'asseoir près d'un bon feu. Un sourire malicieux au coin des lèvres, Perlinpinpin se percha

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sur le bord de la cheminée et pencha son arrosoir. Glouglouglou. » L'eau coula le long du tuyau noir de suie. Assise dans son grand fauteuil à bascule, mère Pétronille tricotait paisiblement lorsque soudain un filet d'eau atteignit les flammes. Le feu se mit à crépiter et à siffler — sss, sss, sss — et laissa échapper un nuage de fumée noire. Misère! s'écria la vieille femme effrayée. Qu'est-ce que cela signifie? Elle tisonna les bûches et les flammes s'élevèrent de nouveau. Rassurée, mère Pétronille se

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remit à son tricot, bien au chaud, dans sa cuisine confortable. En haut du toit, Perlinpinpin pensa que le moment était venu de faire tomber une nouvelle averse sur les fagots. Il pencha donc l'arrosoir. L'eau coula

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— glou, glou, glou ! Elle atteignit le feu. Le feu siffla bruyamment — sss, sss, sss —, mère Pétronille sursauta. Des nuages de fumée noire tourbillonnèrent dans sa cuisine. —Un sorcier a jeté un sort sur mes fagots ! s'écria mère Pétronille. Un mauvais sort ! Elle criait si fort que Perlinpinpin l'entendit et se tordit de rire. Il riait tant qu'il faillit perdre l'équilibre. Mère Pétronille était bien punie. Cela lui apprendrait à corriger un lutin ! II inclina de nouveau l'arrosoir, l'eau se remit à couler. Sss, sss, sss !

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répéta le feu. C'en était trop pour la pauvre femme. Elle sortit de sa maison en criant. — Au secours ! Au secours ! Un sorcier a jeté un sort sur mes fagots ! Saisi d'une nouvelle crise de fou rire, Perlimpinpin glissa de son perchoir et se retint juste au moment où il allait dégringoler du toit. Il décida d'attendre les événements. Quelques minutes plus tard, mère Pétronille revint avec mère Pélagie qui avait la réputation d'avoir les yeux perçants. Perlimpinpin les entendait parler. — Je te le dis, on a jeté un

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sort sur mes fagots ! gémissait mère Pétronille. Le feu siffle comme un serpent, des nuages «de fumée noire remplissent ma' « cuisine. — C'est bizarre, murmura mère Pélagie. Voyons un peu ce que nous pouvons faire ! Elles entrèrent dans la cuisine. Perlimpinpin approcha son oreille de la cheminée pour entendre ce qu'elles disaient. Son arrosoir contenait encore un peu d'eau. Ce serait amusant d'effrayer aussi mère Pélagie! Le feu était éteint. Mère Pélagie conseilla à sa compagne de le rallumer. Bientôt des fagots

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brûlèrent gaiement avec de hautes flammes. Les deux commères s'assirent face à face et attendirent. Le sort jeté par le sorcier continuerait-il à agir ? Leur attente fut de courte durée. Perlimpinpin inclina son arrosoir. Glou, glou, glou, Peau tomba le long du tuyau, elle atteignit les flammes. Sss, sss, sss ! cria le feu et un nuage de fumée s'éleva. Mère Pélagie avait l'oreille aussi fine qu'elle avait les yeux perçants. Elle avait entendu le glouglou et elle avait vu les gouttes d'eau qui aspergeaient le feu. C'était donc ça! Quelqu'un, oui, quelqu'un

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versait de l'eau dans le tuyau de la cheminée de mère Pétronille. — Je vais attraper le garnement qui te joue ce mauvais tour, chuchota mère Pélagie à mère Pétronille. Astu un filet à papillons ou un filet de pêche ? — J'ai un vieux filet à crevettes

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dans mon placard, répondit mère Pétronille sur le même ton. Je vais le chercher. — Que vas-tu faire ? — Elle sortit le filet du placard et le donna à mère Pélagie. — Perlimpinpin n'avait plus d'eau dans son arrosoir. Il entendait le bruit des voix sans saisir le sens des mots. Avait-il effrayé aussi mère Pélagie ? Mère Pélagie ne restait pas inactive. A pas de loup, elle s'approcha de la porte et l'ouvrit. Elle murmura une formule magique et le filet à crevettes qu'elle tenait s'agrandit. Le manche devint si long qu'il atteignit le toit.

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Levant la tête, mère Pélagie aperçut près de la cheminée une silhouette qui se découpait vaguement sur le ciel nocturne. Ah ! Ah ! — Elle brandit son long, long filet, et quand il fut au-dessus de la silhouette, elle l'abattit d'un seul coup. Vlan! Perlimpinpin était prisonnier ! — Quelle surprise pour le lutin lorsque le filet l'enveloppa ! Il eut beau se débattre, il ne put se libérer. — Mère Pélagie ramena auprès d'elle le filet avec Perlimpinpin à l'intérieur et le posa sur l'herbe du jardin. Une autre formule

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magique et le filet reprit ses dimensions normales. Elle tendit la main et saisit le lutin. — C'est donc toi, vilain lutin ! s'écria-t-elle. J'aurais dû le deviner. Elle porta le lutin épouvanté à mère Pétronille qui le regarda avec surprise. 119

— Perlinpinpin était sur le «toit et versait de l'eau dans le « tuyau de la cheminée, expliqua mère Pélagie. C'est pour cela que le feu sifflait et lançait des nuages de fumée noire. Veux- tu lui administrer une nouvelle correction? — Non, non, ne me battez pas ! supplia Perlinpinpin. — Je t'ai battu une fois, mais ça n'a servi à rien, déclara mère Pétronille. Non, mère Pélagie, je ferai quelque chose de mieux. Il m'a dit un jour qu'il était malin comme un singe. Eh bien, je vais le changer en singe. Quand il aura eu

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le temps de réfléchir, je lui rendrai sa forme de lutin et nous verrons si la leçon lui a servi. Elle murmura trois mots magiques sur la tête de Perlinpinpin, qui fut transformé en petit singe brun avec de grands yeux noirs et une longue queue. Quelle métamorphose ! II sortit de la maison et courut se cacher. Que diraient ses amis quand ils le verraient ? — Il doit être content, maintenant! fit en riant mère Pélagie. Mais Perlinpinpin n'était pas content du tout. Et, chose étrange, il ne se conduisait pas

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en vrai singe et ne jouait plus de mauvais tours à personne. On peut donc espérer que mère Pétronille lui rendra bientôt sa forme de lutin. Voilà l'histoire de Perlinpinpin, conclut la grand-mère. — Merci, merci, grand-mère ! s'écrièrent Bruno et Blandine. Ton histoire était très amusante. Et nous n'avons plus mal à la gorge. Demain nous pourrons f aire un bonhomme de neige !

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Enid Blyton

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