BAAL 12 - Amaury Petigny

November 11, 2017 | Author: sychev_dmitry | Category: Osiris, Isis, Phoenicia, Horus, Religion And Belief
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Amaury Petigny...

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Une statue égyptienne de la XXIXe dynastie à Tyr

BAAL 12 (2008)

UNE STATUE EGYPTIENNE DE LA XXIXe DYNASTIE A TYR AMAURY PETIGNY1 En 1960, l’émir M. Chéhab, directeur des Antiquités du Liban, découvrait en fouilles la base d’une statue égyptienne au sein de la nécropole romaine tardive de Tyr. Il en communiqua les clichés à J. Vandier, conservateur au département des Antiquités égyptiennes du Louvre, lequel les communiqua à H. de Meulenaere (Bruxelles) et B. Von Bothmer (Brooklyn)2. Ce dernier consigna quelques précieuses notes conservées dans le Corpus of Late Egyptian Sculptures (CLES 1472). Récemment, la statue a été redécouverte dans les dépôts de la Direction Générale des Antiquités de Beyrouth qui lui a attribué un nouveau numéro d’inventaire DGA 92 372. Il s’agit d’une base de statue agenouillée, relativement endommagée. Elle conserve des traces des pieds et des parties inférieures des jambes. Haute de 20, 8 cm, large de 17, 5 cm, et d’une épaisseur de 30, 3 cm et sculptée dans du schiste gris, elle est couverte d’une inscription qui court en bande le long de la base : -

Côté droit :

(→) r˹pa˺(t) HAty-a (i)m(y)-r(A) ipAt nsw (i)m(y)-r(A) st (i)m(y)-r(A) pr-HD (i)m(y)-r(A) smsm.˹w˺ Hm-nTr Hbs 53 Hm wAD.ty Le prince, directeur du harem royal, directeur de la Maison Blanche (= le Trésor), directeur de la place, directeur des chevaux, le prêtre des cinq bandelettes, serviteur des deux uræi […] - Côté gauche

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Nous tenons à exprimer toute notre gratitude à Mme Rana Andari (DGA) à M. Frédéric Husseini, directeur de la Direction Générale des Antiquités du Liban, ainsi qu’à M. Pierre-Louis Gatier pour ses corrections et remarques sagaces. Nous tenons aussi à saluer la mémoire du Pr. Jean Yoyotte, disparu en juillet 2009, qui avait porté un grand intérêt à ce travail et l’avait éclairé de toute sa perspicacité. 2 Nous remercions aussi chaleureusement le Pr. Hermann de Meulenære qui nous a signalé l’existence des notes de Bernard Von Bothmer, et Mme Edna Russmann pour nous les avoir si promptement fait parvenir du Brooklyn Museum. 3 La traduction, proposée plus bas, du titre Hm-nTr Hbs 5, est celle qu’en donne P. Vernus dans le texte du sarcophage de Peftchaouamon et de sa base de statue trouvée à Benha. Le titre pose néanmoins de nombreux problèmes d’interprétation, cf. P. Vernus, Athribis. Textes et documents relatifs à la géographie, aux cultes, et à l’histoire d’une ville du Delta égyptien à l’époque pharaonique, BdE LXXIV, IFAO, Le Caire, 1974, pp. 440447

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(→) snm4 xt nw ra nb5 n kA (n) r˹pa˺(t)-HAty-a mr(y)-nsw (i)m(y)-r(A) ipAt nsw (i)m(y)-r(A) st (i)m(y)-r(A) pr-HD (i)m(y)-r(A) smsm.˹w˺ Hm-nTr Hbs 5 Hm wAD.ty […] de la nourriture des offrandes quotidiennes pour le ka du noble, aimé du Roi, directeur du Harem royal, directeur de la Maison Blanche, directeur de la place, commandant de la cavalerie, le prêtre des cinq bandelettes, serviteur des deux uræi […] - Avant

(→) d nsw Htp n rsy wDA …t… (←) d nsw H[tp] Veuille le roi faire une offrande à « Celui qui s’éveil sauf »6 - Veuille le roi [faire une offrande] - Arrière

(→) ˹p˺(Ay=)˹f˺-˹TAw˺-(i)mn sA (n) p(Ay=)f-TAw-(i)mn ms(~n) [sTA]-ir(t)-˹b˺˹int˺ Peftchaoumon fils de Peftchaouamon, qu’a enfanté Setchaïretbint […] Tout d’abord, le nom, la parenté et les titres de Peftchaouamon se retrouvent à l’identique sur son sarcophage, noyé dans un massif de maçonnerie, découvert à Tell A¸rib (Athribis) en juin 1921 par des ouvriers occupés à extraire de la terre du tell pour le compte des briqueteries locales7. Un autre document permet de confirmer que son père, également nommé Peftchaouamon, possédait les mêmes titres. Il s’agit d’un « fragment de piédestal de statue, en pierre noire et dure » mesurant 25 × 19 cm, trouvé à Benha (env. 2 Km au sud-ouest de Tell A¸rib), en 1942,

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A noter la graphie de l’idéogramme, plus proche de G G 38/39 que de G G 52 L’expression snm(.t) xt n ra nb = « de la nourriture des offrandes (das Essen des Opfergaben) pour chaque jour », se retrouve dans les formules d’offrandes à partir du Nouvel Empire. Cf. W. Barta, Aufbau und Bedeutung der Altägyptischer Opferformel, Glückstadt, 1968, Bitte 96 c., p. 118 (XVIIIe dynastie) ; 115, p. 120 (id.) ; 124 b., p. 151 (XIXe dynastie) ; 131, p. 239 6 Sur le culte de rsy-wDA, « Celui qui s’éveil sauf », comme hypostase d’Osiris, cf. P. Vernus, Athribis (rsy-wDA m pr-Hnw) ; J.-Cl. Goyon, « Le cérémoniel de glorification d’Osiris du papyrus du Louvre I. 3079 », BIFAO 65 (1967), n°171 et 190, p. 106 (pr-Hnw et H(w)t-rs-wDA) 7 H. Gauthier, « Sur une tombe récemment découverte à Athribis du Delta », MonPiot XXV, 1/2 (1921-1922), pp. 171-188 5

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dans le sebakh8. Il y est fait mention de « […] Peftchaouamon, fils du prêtre préposé aux cinq bandelettes, serviteur des deux uræi, Peftchaouamon […] ». La suite consiste surtout en une invocation de divinités locales honorées à Athribis. En revanche, le texte du sarcophage d’Athribis présente cet intérêt majeur qu’il nous apprend le beau nom de Peftchaouamon, soit Tchaï-ânem-herimou (TA(y)-an-m-Hr-imw). Le fait que Peftchaouamon reçoive un beau nom pourrait, d’après P. Vernus, « être l’indice d’un homme bien en cour »9, bien qu’il précise que l’expression rn nfr ne signifie la plupart du temps qu’ « appelé aussi ». Il n’écarte pas la possibilité qu’il soit lié au service royal, ce qui ne semble pas être le cas ici, puisque « le beau nom de Peftchaouamon n’est pas basilophore mais imprécatoire et provincial »10. Ceci posé, quand et comment la statue de culte d’un particulier athribite a-t-elle pu se retrouver si loin de sa destination première ? Prosopographie et datation Manifestement, nous ne pouvons induire de la statue aucun indice de datation, fût-elle en meilleur état de conservation, car les critères stylistiques des statues naophores/osiriphores pour la période allant de la fin de la XXVIe dynastie au début de l’époque ptolémaïque, demeurent mal assurés. Nous avons la possibilité, bien moins précise qu’un cartouche, de recourir au floruit de Peftchaoumon, et de réunir, ce faisant, une prosopographie la plus complète possible. D’une part, et n’était-ce l’inscription du sarcophage pour nous détromper, Peftchaouamon semble s’être hissé, grâce à son zèle, à un niveau social plus élevé que celui de son père : « Sa Majesté l’a élevé de fonction en fonction à cause de l’excellence de ses avis » (sdn s(w) Hm=f m iAwt r iAwt n mnx(t) n DAs=f, Sarcophage, Face Est). D’autre part, quatre documents sont à adjoindre au sarcophage et à notre statue pour l’établissement d’une prosopographie, ils correspondent respectivement aux documents nos148, 147, 146, 145, de l’ouvrage de P. Vernus11 classés ici par séquence chronologique. Le n°148 consiste en une stèle de Tchaï-ânemher-imou uniquement mentionnée par E. Brugsch12. Le n°147 correspond à la statue d’un personnage portant une stèle d’Horus sur les crocodiles, dont le nom est Merheritef, fils de Tchaï-ânemher-imou, et conservée à Florence (Florence 1011/1788). A ce même Merheritef, faut-il identifier celui du n°146 bis, sur une tête de statue de Bologne (Bologne 1835), ou appartient-il simplement à la même famille de prêtres13 ? Les titres de Hm Hr wr wAD.ty « serviteur d’Horus grand des deux uræi », et de sSnTr « scribe des écrits divins » sèment le doute. Le dernier document de notre liste, le n°145, représente un premier jalon dans la datation de la statue de Tyr. En effet, le propriétaire de cette statue conservée à Munich (Munich 82), Paénkheboudja, est fils de Merheritef, luimême fils de Tchaï-ânemher-imou. A signaler, l’extrême ressemblance de cette statue avec celles de Nectanébo Ier ou de l’époque de Nectanébo Ier, telles les statues d’Harsiésis (Berlin 21 596 = Vernus, n°102 – et Moscou, Coll. Golénischeff 8314), qui vécut sous Nectanébo Ier et au moins l’un de ses

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P. Vernus, op. cit., MDAIK 37, pp. 483-487, pl. LXXX Ibid., p. 487 10 Ibid., n°5 11 l. c. 12 E. Brugsch, Die Geographie des alten Ägyptens, p. 250 apud P. Vernus, Athribis, p. 182 13 Auquel cas, il faudrait plutôt l’identifier au Merheritef du n°146, fils de Djedhor 14 O. D. Berlev, S. I. Hodjash, Sculpture of Ancient Egypt in the Collections of the Pushkin Museum of Fine Arts, Moscou, 2004, n°108, pp. 310-315 9

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successeurs, et obtint peut-être le vizirat15. En effet, plusieurs comparenda bien ancrés dans la chronologie, grâce aux cartouches, apportent de précieux critères de datation. Ainsi, le torse de Nectanébo Ier, découvert à Hermopolis et conservé au Caire (JE 87 298), présente le même abdomen en forme de larme (teardrop-shaped)16 et une tripartition du torse (poitrine, cage thoracique, abdomen supérieur)17, deux critères également visibles sur les torses de Nectanébo du Louvre (E 25 491), ou du British Museum (BM 1013). Certes, la tripartition du torse serait apparue, à la fin de la XXVIe dynastie et s’observe également sur les torses de Néphéritès retrouvés à Bouto18. Mais J. A. Josephson remarque que la tension musculaire et les détails anatomiques de la musculature différencient indéniablement un torse de la XXXe dynastie, d’un autre de la XXIXe19. Un autre exemple de statue de particulier marquée de tous les critères propres aux statues de Nectanébo Ier, est un torse de la collection Otto L. Spæth (New York), sur le pilier dorsal duquel n’apparaît pas le nom du personnage, mais le cartouche de Nectanébo Ier20. D’ailleurs, B. Von Bothmer souligne l’analogie stylistique du pilier dorsal, au sommet trapézoïdal, avec la statue d’Harsiésis (Berlin 21 596)21. Malheureusement, le sommet du pilier dorsal de notre statue athribite de Paénkheboudja est lacunaire. Au final, il conviendrait de placer le petit-fils présumé de Peftchaouamon, Paénkheboudja à l’époque de Nectanébo Ier, avec un terminus post quem à 362, ce qui nous amènerait, avec un écart de deux générations, à placer les jeunes années de Peftchaouamon au tout début de la XXIXe dynastie, sous les règnes de Néphéritès, (Psammouthis ?) puis Achoris. Mais notre Peftchaouamon a très bien pu vivre vieux et être contemporain de son fils et de son petit-fils. A l’appui de cette chronologie, de maigres indices philologiques se retrouvent dans l’inscription du socle de statue de Benha de Peftchaouamon : l’épithète « héritier excellent de Celui-qui-s’éveille-sauf » (iwa mnx (?) n rsy-wDA)22 que l’on sait également attribuée à Nectanébo Ier sur une statue de Kafr Manāqir (= Vernus n°137), au sud de Benha ; l’épithète d’Horus Khenty-Khéty, « vénérable sur son srx » (Spss Hr srx(=f)), elle aussi à situer sous le règne de Nectanébo Ier23. De la perte des titres honorifiques que possédaient Peftchaouamon, P. Vernus déduit que ses fils et petit-fils, désormais redevenus de simples prêtres, subirent le contrecoup des relations qu’entretenait leur père (et grand-père), avec les rois de la XXIXe dynastie. L’attachement particulier à l’un des pharaons – peut-être Achoris – de la XXIXe dynastie, aurait été puni par Nectanébo Ier. Reste que le relatif flou qui entoure les différents représentants de ladite dynastie, ainsi que les relations qu’ils entretenaient les uns avec les autres, ne permettent pas de suivre cette conjecture. 1. La piste de la contemporanéité : Peftchaouamon à Tyr ?

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H. de Meulenære, « Le Vizir Harsiésis de la 30e Dynastie », MDAIK 16 (1958), pp. 230-236, pl. XVI (Berlin 21596) 16 J. A. Josephson, Egyptian royal sculpture of the late period 400-246 B.C., Mainz am Rhein, 1997, p. 10 17 B. von Bothmer, ESLP, p. 94 18 G. Gabra, « A lifesize statue of Nepherites I from Buto », SAK 9 (1981), pp. 119-123 ; A. Mekkawy, S. Khater, « A Basalt Torso of Nepherites I from Buto », CRIPEL 12 (1990), pp. 85-86 19 J. A. Josephson, op. cit., p. 11 20 B. von Bothmer, ESLP, pp. 94-95 21 Ibid., p. 95 22 P. Vernus, op. cit., MDAIK 37, p. 484, note j 23 Ibid, note k

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Deux explications principales peuvent être avancées sur les raisons qui ont amené cette base de statue à Tyr : l’une, que nous nommerons de « contemporanéité », et l’autre de « postériorité », préférable pour des raisons que nous expliciterons, et relative au culte d’Osiris et Isis au Proche-Orient à partir de l’époque ptolémaïque. La question fondamentale qui s’impose à nous pour l’étude de ce document est celle de l’écart temporel, ou non, entre la confection égyptienne de la statue et son arrivée à Tyr. D’un point de vue idéologique, il paraît étrange qu’un particulier transporte une statue, y compris de proportions réduites, pour la déposer à l’étranger dans un temple. Déposer la statue, réceptacle du ka, en dehors d’Egypte, revenait à passer l’éternité loin d’Egypte. Or, comme l’a démontré J. Assmann : « Pour l’Egyptien, la plus grande horreur est d’être enterré à l’étranger et non dans son pays natal »24. Le thème de « l’horreur d’une autre terre »25 émaille la pensée égyptienne depuis le Conte du Naufragé ou Sinouhé jusqu’aux sagesses tardives en démotique tels le P. Leyde I, 384, 5. 32-33 (Mythe de l’œil du Soleil). Nonobstant, comme précédents de supports du culte funéraire en Syrie-Palestine dédiés aux temples locaux nous pouvons citer : - Le bas d’une statue de scribe accroupi, fort endommagée26, passée en vente en 1976. L’origine indiquée était évasive : « Aurait été trouvé en Syrie ; appartient à un Libanais. », probable fruit de fouilles clandestines. La statue était celle du célèbre général Djéhouty, qui servit sous le règne de Thoutmosis III. Au regard de la coupe en or de Djéhouty, conservée au Louvre (N 713), qui évoque la carrière du général à l’étranger, il n’est pas surprenant de lire sur le papyrus qu’il tient : « Compter les contributions, recevoir les tributs apportés à la puissance de sa Majesté, comme contribution annuelle de la main des Rois [Base, devant] […] de Syrie (…) directeur de la porte (?) des pays étrangers du Nord, le scribe royal Djéhouty (…) ». En revanche, la dédicace de la statue (dossier, colonne 1) présente un intérêt majeur : « [Veuille le roi faire une offrande à Hathor, Dame de Bybl]os27, dame du ciel, souveraine des Deux Terres, qu’elle donne tout ce qui sort. » - Une stèle cintrée, datée du début de la XIXe dynastie, retrouvée en 1929, lors de la première campagne de fouilles de Ras Shamrā/Ougarit. Actuellement conservée au Louvre (AO 13 176), elle porte la dédicace suivante : « [Veuille le Roi faire une offrande à Ba‘al-]¥aphon, le grand dieu, afin qu’il donne (…) »28. Le cintre indique, en sus du nom complet du dieu, le nom du dédicant : « Le scribe royal et intendant du domaine royal, Mamy, juste de voix. » Le contexte archéologique revêt une importance capitale car il confirme la destination de la stèle. En effet, elle fut trouvée, éclatée en sept fragments, au sein même du temple de Ba‘al. Mamy est qualifié de « scribe royal et intendant du domaine royal », ce qui ne nous renseigne pas 24

J. Assmann, Mort et Au-delà dans l’Egypte ancienne, Paris, 2003, chap. VII, 2, a «Retour au pays et funérailles », pp. 268-276 25 Urk IV, 965, 12-17 26 J. Yoyotte, « Le général Djéhouty et la perception des tributs syriens. Causerie au sujet d’un objet égaré », BSFE 92 (1981) pp. 33-51 27 Du nom de la divinité, il n’est possible de lire que le n final de l’épiclèse et le déterminatif des montagnes (G N 25) 28 Sur la stèle, cf. F.-A. Schæffer, Ugaritica I, Paris, 1939, pp. 39-40 ; M. Yon, La cité d’Ougarit sur le tell de Ras Shamra, Paris, 1997, p. 144, n°17. Pour l’édition complète et la traduction exhaustive, cf. A. Gasse, « Stèle de Mamy », RSO VI, pp. 284-288, fig. 8, p. 328. En dernier lieu, cf. A. Caubet, M. Yon, « Ougarit et l’Egypte », Studies Bietak, II, Louvain/Paris/Dudley, 2006, p. 89

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sur les raisons de son installation à Ougarit. Il est fort à parier qu’à l’image de Djéhouty, ce dernier dut se trouver stationné dans une garnison29, le cas échéant installé comme commerçant30. En conséquence, ces deux supports du culte funéraire, de natures différentes, ont en commun leur dédicace à des divinités locales. Cependant, à l’inverse du temple de Ba‘al à Ougarit, l’existence, bien que fort probable31, d’un temple d’Hathor à Byblos, n’a pas été démontrée par l’archéologie. Aucun exemple de statue de particulier ou de stèle, dédiée de façon sûre à un temple local, et postérieur au Nouvel Empire, n’est attesté en Syrie-Palestine. Cependant, pour exemple, nous retiendrons quelques objets, circonscrits à la XXIIe dynastie, nommant le dédicant et un dieu, au demeurant toujours égyptien : - Table d’offrande de Penamon32 (Louvre, AF 12 134), grand des Meshwesh (wr n ma)33, retrouvée par la mission Renan sur l’île d’Arwad (Rūad) - Statuette d’Harsiésis (Hr-sA-is.t), provenant de Byblos (New York, MMA 68. 101)34. Harsiésis portait le titre de prêtre iwn-mw.t=f de Ptah, un Memphite donc, ce qui n’indique en rien à quel sanctuaire ou temple la statuette était destinée, un culte de Ptah à Byblos étant exclu dans l’état actuel de la documentation. Le cas de Peftchaouamon s’inscrit-il dans la perspective d’une dédicace égyptienne à un temple local ? Aucune inscription ne nous permet de confirmer qu’il vécut à Tyr. Tout au plus pouvons-nous invoquer, à l’instar de P. Vernus35, l’inscription de son sarcophage où il se dit « excellent de conduite quand il a été envoyé en mission », et rattacher l’une de ses

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Les soldats égyptiens qui tiennent garnison en xArw sont fréquemment cités dans les textes du Nouvel Empire, cf. P. Sallier I, 7, 4 ; P. Bologne 1094, 9, 4 30 Le traité de paix conclu entre Ramsès II et ¡attušili en 1258 av. J.-C. déclenche un renouveau des échanges économiques entre les deux états. Au-delà des multiples avantages dont profitaient les marchands égyptiens sur place, et réciproquement, les textes de Ras Shamra conservent l’exemple d’un égyptien, Pa’aŸi, doté « pour toujours » d’un domaine transmissible à ses descendants, par le roi Ammištamru III. On le retrouve par la suite « intégré à la société ougaritaine » et « familier du palais ». Tout tend à démontrer que cette époque, jusqu’à la destruction d’Ougarit par les Peuples de la Mer vers 1185 av. J.-C., fut la plus propice à l’installation et à l’acculturation d’Egyptiens à Ougarit. Cf. J. Freu, Histoire politique du royaume d’Ougarit, Paris, 2006, pp. 194200 31 L’architecte Minmosé qui vécut sous les règnes de Thoutmosis III et Amenhotep II, énumère, sur une statue le représentant assis, tous les travaux dont il fut responsable dans des temples, présentés géographiquement du Sud au Nord. A l’avant-dernière place est mentionné un projet pour « Hathor, Dame de Byblos ». Cf. E. Drioton, Rapport sur les fouilles de Médamoud (1926), Le Caire, 1927, p. 52-56. L’identification de ce bâtiment est ardue, et, faute de temple, il pouvait s’agir d’une chapelle ou d’un petit sanctuaire érigé dans le voisinage proche du temple de la Ba‘alat Gūbal Cf. S. Wimmer, « Y’a-t-il eu des temples égyptiens en Israël/Palestine ? », Mélanges de Science Religieuse 59/2 (2002), p. 18. Des travaux de restauration ou d’agrandissement de ce temple conviendraient tout autant. Cf. Id., « (No) more Egyptian Temples in Canaan and Sinai » in I. ShirunGrumach (éd.), Jerusalem Studies in Egyptology, Wiesbaden, 1998, p.101-102 32 Comparer à Ounamon, 2. 45, un échanson (wdpw) au service de Tchéker-Ba‘al, prince de Byblos. Il n’est pas exclu que le Penamon de la table à libations d’Arwad, dont le nom est suivi d’un déterminatif des pays étrangers, fut un phénicien ayant vécu en Egypte ou s’étant affublé d’un nom égyptien. Mais il est plus probable qu’à l’image du Penamon du récit d’Ounamon, il fut un égyptien installé en Phénicie. 33 E. Renan, op. cit., p. 28, n°4 ; O. Perdu in A. Caubet, M. Yon, « Arouad et Amrit. VIIIe-Ier siècles av. J.-C. Documents », Trans. 6 (1993), pp. 54-55 ; E. Gubel, « Fragment d’une table à libations égyptienne au nom du Commandant Penamon », in La sculpture de tradition phénicienne, p. n°1, p. 27 34 H. G. Fischer, « A Reused Statuette of the Twelfth Dynasty from Byblos », The Metropolitan Museum Journal 9, 1974, p. 14-18 35 P. Vernus, op. cit., MDAIK 37, p. 486

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missions aux événements du règne d’Achoris36, pour masquer les impérities de notre spéculation. 2. La piste de la postériorité : le dossier des statues athribites et le culte d’Osiris à Tyr à l’époque gréco-romaine La statuette de Peftchaouamon fut découverte au sein de la nécropole de Tyr, probablement lors de prospections menées par M. Chéhab. Or, ce dernier établit une fourchette chronologique de la nécropole à partir des objets qui s’y trouvaient. Elle s’étend du Ier au IVe siècle n. è.37. Faut-il déduire une arrivée de la statuette au cours de cette période ? Un dossier, celui des statues athribites découvertes au Proche-Orient, nous aidera à déterminer sinon des raisons conjoncturelles de déplacement des statues de culte funéraire de particuliers, du moins des raisons structurelles. Un certain nombre de questions s’imposent. Pourquoi des statues osiriphores ? Pourquoi Athribis ? Pourquoi des statues des XXVIe à XXIXe dynasties ? A notre connaissance, il en existe quatre, retrouvées sur les sites (du Sud au Nord) de Pétra, Tyr, Byblos et Arwad. Tout d’abord, la statuette de Pétra, découverte en 1975 dans les fouilles de l’American Expedition, au sein du temple des lions ailés (« winged lions temple »)38. Elle est actuellement conservée à Amman sous le numéro d’inventaire JAM 16 193. La statuette de 20, 5 x 13, 4 cm, sculptée dans du schiste gris-noir poli, se présente comme un prêtre debout portant le pagne plissé et arborant la figure divine devant lui. L’Osiris reste reconnaissable avec le sceptre et le fouet, sa barbe postiche, ses bras croisés sur la poitrine et sa gaine momiforme. Deux colonnes de hiéroglyphes, bien que lacunaires, à côté de la jambe gauche du prêtre, ainsi qu’une autre sur le pilier dorsal, permettent d’en apprendre plus : (Colonne gauche) « Le fils du prêtre des cinq bandelettes, Pâshahor, [x …] » (Colonne droite) = « Le fils du premier prophète d’Horus, Montou[-x…] » (Pilier dorsal) = « Les dieux qui sont à Bouto (Dep ?) / en Egypte, les dieux qui président à la grande place de prière […] » Ces inscriptions ne nous apprennent pas le nom du dédicant, mais le titre, tout à fait athribite, qu’il portait, « prêtres des cinq bandelettes ». Le style et le matériau incitent à dater cette statue de la XXVIe, ou de la toute fin de la XXVe dynastie39. Le matériel de la cella dans laquelle la statuette fut trouvée, permet de circonscrire l’histoire du temple entre 27 et 363 n. è.40, ce qui nous conforte dans l’idée que l’arrivée de la statue à Pétra fut amplement postérieure à son exécution. Plusieurs graffitis nabatéens d’Egypte 41 se situent sur les routes des grands ports de la Mer Rouge, comme Leukos Limen ou Myos Hormos, ou à travers le Sinaï et le Delta oriental ce qui indique la nature des échanges que ces derniers entretenaient 36

Nous transcrirons Achoris selon l’usage français et, et non Hakoris mélange de l’égyptien hgr et du grec VAcw,rij. Une transcription du grec n’implique nullement un H initial puisque la A porte un esprit doux. 37 M. Chéhab, op. cit., BMB 34, pp. 18-19 38 Ph. C. Hammond, The Temple of the Winged Lions. Petra, Jordan, 1947-1990, Fountain Hills, 1996. Dans notre étude du culte d’Isis à Pétra, nous n’avons pas suivi l’archéologue dans ses considérations douteuses. 39 A. I. Meza, « An Egyptian Statuette in Petra », JARCE 32 (1995), pp. 179-183 ; Id., « The Egyptian Statuette in Petra and the Isis Cult Connection », ADAJ 40 (1996), pp. 167-176 ; Id., « An Egyptian Statuette in Petra », in Chr. Eyre (éd.), Seventh International Congress of Egyptologists, Londres, 1998, pp. 775-783 40 Ph. C. Hammond, op. cit., p. 5 41 E. Littmann, « Nabatæan Inscriptions from Egypt », BSAOS 15/1 (1953), pp. 1-28 ; Id., « Nabatæan Inscriptions from Egypt – II », BSAOS 16/2 (1954) ; Fr. Briquel-Chatonnet, L. Nehmé, « Graffiti nabatéens d'Al-Muwayh et de Bir al-Hammamat (Égypte) », Semitica 47 (1997), p. 81-88

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avec l’Egypte42, échanges commerciaux transitant par la via Maris ou par route caravanière. La répartition des graffitis nabatéens d’Egypte confirme ces deux routes : le Sinaï43, Katīb elQals (Mons Cassius), le Wādi Tumilat, le Delta oriental d’une part, les routes de Philotéras, de Béréniké ou de Leukos Limen d’autre part 44. Fixer un terminus a quo des relations égyptonabatéennes n’est pas chose aisée, loin s’en faut, mais une inscription nabatéenne de Tell eshShuqafīya (Wādi Tumilat) est datée du mois de Nisan de l’année 36 av. J.-C. sous les règnes de Malichos Ier et de Cléopâtre VII45. Quelle motivation religieuse entraîna l’ « importation » d’une statuette osiriphore à Pétra ? La question du culte d’Isis à Pétra a été maintes fois traitée46. Le lien avec les bétyles ou « idoles aux yeux »47 couronnées du basileion d’Isis, est apparu aux historiens. Les figurines de terres cuites d’Isis en deuil, et les statues d’Isis trônant dans des niches (Sidd el-Mreiriyyeh, gorge du Wādi e¤-¥iyyagh) s’y rattachent. Dans l’une de ces niches, une inscription nabatéenne montre qu’Isis était l’objet d’un culte local : « Au premier d’Iyyar de l’an 5 d’Obodas (III = 25 av. J.-C.) le roi, cette déesse est Isis, qu’ont faite les fils de Barhobal fils de Qayyuma et fils de Taymā’. »48. Quelle place accorder alors au culte d’Osiris ? En dehors des bustes de Sérapis découverts en fouilles à Pétra49, aucun élément ne plaide en faveur d’un culte d’Osiris sur place, et seuls de très rares documents sont à verser au dossier pour l’Arabie antique dans son ensemble, tels l’onomastique en Horus ou Isis50, la mention de Sérapis (ñºRHF) dans l’inscription minéenne du sarcophage51 du prêtre-wab52 Zayid-’il, et celle d’Osiris dans deux anthroponymes théophores de Taymā’ : PºSRY (Pétosiris) dans une stèle en araméen (Louvre, AO 1505) et ‘BDS²R (‘Abdosir) dans un graffite thamoudéen (Louvre, AO 5010)53.

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Doit-on interpréter deux ostraca nabatéens trouvés près de la côte de la Mer Rouge, à Wakālat al-Zarqā (Maximianon), à 65 Km de Quseir, et présentant des calculs, comme un exercice ou un compte de commerçant ? Cf. Chr. Toll, « Two Nabatæan Ostraca from Egypt », BIFAO 94 (1994), pp. 381-382 43 J. Teixidor, « Les Nabatéens du Sinaï », in D. Valbelle, Ch. Bonnet (éds.), Le Sinaï durant l’Antiquité et le Moyen-Âge, Paris, 1998, pp. 83-87 ; L. Nehmé, « Cinq graffiti nabatéens du Sinaï », Semitica 50 (2001), pp. 6980 44 E. Littmann, op. cit., BSAOS 15/1 (1953), carte p. 28, n°15, 16 ; Id., op. cit., BSAOS 16/2 (1954), carte p. 212 45 R. N. Jones, D. J. Johnson, Ph. C. Hammond, Z. T. Fiema, « A Second Nabatæan Inscription from Tell eshShuqafiya, Egypt », BASOR 269 (1988), pp. 47-57 ; Z. T. Fiema, R. N. Jones, « The Nabataean King-List Revisited : Further Observations on the Second Nabataean Inscription from Tell esh-Shuqafiya, Egypt », ADAJ 34 (1990), pp. 239-248 46 Inter allia : M.-J. Roche, « Le culte d’Isis et l’influence égyptienne à Pétra », Syria 64 (1987), pp. 217-222 ; F. Zayadine, « L’iconographie d’Isis à Pétra », MEFRA 103/1 (1991), pp. 283-306 ; H. Donner, Isis in Petra, Leipzig, 1995 47 M. Lindner, « Eine al-‘Uzzā-Isis-Stele und andere neu aufgefunden Zeugnisse der al-‘Uzzā-Verehrung in Petra (Jordanien) », ZDPV 104 (1988), pp. 84-91 48 F. Zayadine, op. cit., pp. 289-290 49 M.-J. Roche, « La religion nabatéenne primitive », Trans. 27 (2004), p. 177, et note 90. Interrogée sur le sujet, M.-J. Roche nous en a signalé deux de plus, inédits. Il faut y ajouter une grande statue de Zeus-Sérapis, d’origine précise inconnue, cf. P. J. Parr, « Recent Discoveries at Petra », PEQ 89 (1957), pp. 6-7 50 A. Sima, « Isis und Horus in Arabien », Mediterranean Language Review 13 (2001), pp. 161-174 51 Sur ce Minéen, prêtre d’Osiris-Apis en Egypte, cf. G. Vittmann, « Beobachtungen und Überlegungen zu Fremden und Hellenisierten Ägyptern im Dienste Einheimischer Kulte », Studies Quægebeur, II, Louvain, 1998, pp. 1241-1246 52 RES 3427 ; A.-el-M. Sayed, « Reconsideration of the Minæan Inscription of Zayid-‘il », The Red Sea and its Hinterland in Antiquity, Alexandrie, 1993 ; Chr. J. Robin, « L’Egypte dans les inscriptions de l’Arabie méridionale préislamique », Hommages Leclant, IV, Le Caire, 1993, pp. 291, 294-296 ; P. Swiggers, « A Minæan Sarcophagus Inscription from Egypt », Festschrift Lipiński, Louvain, 1996, pp. 335-343 ; S. Al-Said, op. cit., pp. 69-78 53 Y. Calvet, Chr. J. Robin, Arabie heureuse, Arabie déserte. Les Antiquités arabiques du musée du Louvre, Paris, 1997, n°200, p. 261-263, n°202, p. 263-264

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Qu’Osiris fut, ou non, assimilé au dieu local Dūsharā, selon l’identité Dūsharā = Dionysos 54 = Osiris55, l’aspect fondamental du dieu qui intéressait les Nabatéens fut certainement la fertilité, d’autant que la parèdre de Dūsharā, Al-‘Uzza, assimilée à Isis, était liée à la végétation. La seconde statuette du dossier athribite fut découverte intacte à Byblos lors des fouilles de M. Dunand (n°11/26 – 7048). Elle est actuellement conservée au Musée de Beyrouth sous le numéro d’inventaire 20 287. Haute de 35 cm et large de 8 cm, sculptée dans du basalte, elle représente le prêtre Nefersekhethetep, vêtu d’un pagne court plissé et portant devant lui un Osiris sur socle haut. L’inscription du pilier dorsal est la suivante : « Le pensionné d’Osiris Khenty-Khéty, grand dieu seigneur (du nome) du [‘Taureau] noir’, (le prêtre) des cinq bandelettes du dieu et des victuailles… » et celle de la base : « Nefersekhethetep, fils de Padi-Iset, qu’a enfanté la maîtresse de maison, joueuse de sistre de Khoutet Ta-Shérit. Son fils Hounemakhet, juste de voix. ». Les mentions de Khenty-Khéty et de sa parèdre Khoutet, du ‘Grand Taureau Noir’, Xe nôme de Basse Egypte et le titre de hbs-5 nTr, inscrivent tous Nefersekhethetep dans une réalité athribite. Deux datations de l’objet furent proposées, celle de P. Montet56, qui la situa à l’époque saïte, et celle de P. Vernus qui préféra, sur la base de critères stylistiques, l’avancer dans le temps avec un terminus a quo à l’époque perse57. Le contexte archéologique de cette partie du site de Byblos est confus. M. Dunand, commentant les objets recueillis « de la surface du sol à la côte 28.00 » remarque que quelques-uns paraissent déplacés par rapport à leur place primitive. Il ajoute néanmoins : « plus souvent encore ils ont été remontés des couches profondes, mais demeurent, en plan, dans la même région ; il n’y a pas eu de grandes translations latérales. » L’une des seules certitudes qu’offre le contexte archéologique, tel qu’étudié par M. Dunand, est la localisation du secteur, au-dessus du théâtre romain, situé près de l’angle nord-est du Grand Temple, et dont le terminus post quem se situe en 218 n. è.58 Le Grand Temple, par ailleurs, n’a livré aucun élément certain de datation, sinon une monnaie tardive de l’empereur Macrin (217218)59. Le temple, probablement dédié à un dieu parèdre de la Ba‘alat Gūbal60, s’avèrerait bien plus ancien, mais toujours en usage durant le Bas Empire. Quid du culte d’Osiris à Byblos ? Parmi les quatre sites du dossier athribite, Byblos possède certainement le lien le plus prégnant avec le culte d’Osiris. Lucien de Samosate affirme dans le De Dea Syria (§ 7) que chaque année, une tête-simulacre en papyrus, prétendument celle d’Osiris, arrivait par la mer en sept jours. D’après lui, d’aucuns affirmaient à Byblos qu’Osiris était enseveli dans leur ville, conformément au récit de Plutarque61 qui voit Malkandros, roi 54

Dionysos comme dieu des zones sauvages, du domaine végétal. Cf. M.-J. Roche, op. cit., pp. 170-171 Il faut se garder, toute chose étant égale ailleurs, de trop se fier à ces « équations en chaîne » en histoire des religions. 56 P. Montet, « Statue d’un prêtre d’Athribis à Byblos », Kémi 13 (1954), p. 73-75 57 P. Vernus, Athribis, n°123, p. 111 58 M. Dunand, Fouilles de Byblos, II : 1933-1938, Paris, 1954, p. 60, p. 44 59 Ibid., p. 38 60 Ibid., p. 39 61 Plutarque, De Iside et Osiride, § 15 ; J. Hani, La religion égyptienne dans la pensée de Plutarque, Paris, 1976, chap. V « L’invention d’Osiris à Byblos », pp. 62-79 55

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de Byblos et époux d’Astarté, accueillir Isis à la recherche du corps d’Osiris. Parallèlement, le papyrus magique de Londres et Leyde62, du IIIe s. n. è. conservent une allusion directe au voyage d’Isis (VI, 30) : « Ô lampe ! ô lampe ! Je t’invoque tandis que tu te rends en haut sur la grande mer, la mer de Syrie, sur la mer d’Osiris […] »63. Lors des Adonies de Byblos, on se rasait le crâne en signe de deuil « comme les Egyptiens à la mort du bœuf Apis »64. Adonis, dieu qui meurt et renaît, était possiblement assimilé à Osiris65 à l’époque gréco-romaine, avec lequel il partageait, en outre, un aspect végétal symbolisé par des statuettes verdoyantes 66 jetées à la mer lors des Adonies d’Alexandrie67. Enfin, plusieurs études ont déjà été consacrées à l’identité Ba‘alat Gūbal = Hathor = Isis68. Le dernier document de ce dossier, la statue d’Ouâibrê-Sehedjtaoui, conservée au Louvre (E 4901) et provenant d’Arwad, la limite Nord de la Phénicie, s’avère le plus difficile à contextualiser. E. Renan, dans sa Mission de Phénicie, indique sommairement la zone dans laquelle il découvrit cet objet, à savoir les jardins des autochtones69 au Sud de l’île70. La statue de basalte de 21, 5 x 13, 5 x 22, 5 cm, figure un homme agenouillé présentant un naos qui

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Londres BM 10 070 et Leyde J. 383 F. L. Griffith, H. Thompson, The Demotic Magical Papyrus of London and Leiden, Oxford, 1921, p. 57 ; F. Lexa, La magie dans l’Egypte antique de l’Ancien Empire jusqu’à l’époque copte, II, Paris, 1925, p. 131 ; J. J. Johnson, in H. D. Betz (éd.), The Greek Magical Papyri in Translation including Demotic spells, I, Chicago/Londres, 1992², PDM XIV. 180, p. 205. J. J. Johnson relie d’ailleurs ce passage à la tradition de Plutarque, cf. p. 205, n°122. Contrairement à J. Aliquot dans son article « Aegyptiaca et isiaca de la Phénicie et du Liban aux époques hellénistique et romaine », Syria 81 (2004), p. 216, nous pensons que le thème de l’Isis « dame des flots » à Byblos ne fut aucunement une création gyblite d’époque romaine. L’ostracon démotique ›or 1, 13 et son pendant ›or 47, 1-4 présente déjà le topos d’Isis et de la mer de Syrie, sous le règne de Ptolémée VI Philométor (« l’an 21, Pakhons, 2e jour » = 31 mai 160), cf. J. D. Ray, The Archive of ›or, Londres, 1976, pp. 13, 112 et note u, p. 13 (nouvelle lecture avec la collaboration de M. Chauveau) : 63

11/ ˹tws˺ 12/ As.t tA ntr.t aA.t n pAy kmy pA tA Xr / iw=s mSa (n) rd.wy=s Hr Hr 13/ pA mw (n) pA ym (n) Xr « [Voici] la grande [déesse] Isis parmi eux, qui marche sur [la face] des eaux (de) la mer (de) [Sy]˹rie˺ […] »., 64

Lucien de Samosate, De Dea Syria, § 6 Damascius, Vie d’Isidore, § 106 ; Frazer (J.G.), Le Rameau d’Or, II. Le dieu qui meurt. Adonis, Atys et Osiris, Paris, 1998, passim ; B. Soyez, Byblos et la fête des Adonies, Liège, 1974, pp. 67-72 66 Ce qui n’est pas sans rappeler les simulacres d’Osiris, de la terre et des céréales moulés et laissés à germer du 12 ou 21 de Khoiak. Cf. S. Cauville, « Les mystères d’Osiris à Dendérah. Interprétation des chapelles osiriennes », BSFE 112 (1988), pp. 23-36 67 Théocrite, Idylles, XV, 143. Plusieurs sources anciennes décrivent des rituels analogues, toujours dédiés à Adonis, cf. Cyrille d’Alexandrie, In Isaiam, II ; Procope de Gaza, In Isaiam, 18, 2. Le mythe d’Adonis lui-même s’affirme comme une vision symbolique du renouvellement cyclique de la vie végétale tout comme celui d’Osiris, cf. P. Koemoth, Osiris et les arbres. Contribution à l’étude des arbres sacrés de l’Egypte ancienne, AegLeod 3, Liège, 1994. De plus, le P. Louvre 3148 + 3174 conserve l’adresse à un mort suivante : « A toi le cèdre qui est sorti d’Osiris […] le cèdre te prend dans ses bras, comme il arriva jadis à Osiris », cf. K. Sethe, « Osiris und die Zeder von Byblos », ZÄS 47 (1910), p. 71 sq. En écho à Plutarque, De Iside et Osiride, § 16 ; Jamblique, Vie de Pythagore, § 13-14, mentionne encore un sanctuaire d’Isis à Byblos où les Gyblites vénéraient le bois du cercueil qui renferma Osiris jadis. 68 Inter allia : F. Dunand, Le culte d’Isis dans le bassin oriental de la Méditerranée, Leiden, 1973, I, p. 20 ; III, pp. 129-30 ; G. Scandone, op. cit., ACFP I 69 E. Renan, Mission de Phénicie, p. 24. L’explication qu’il donne de la présence d’objets égyptiens en ces lieux dénote bien les préoccupations et les limites de la science de l’époque : « [ces pièces seront] la preuve la plus éclatante de la conquête morale que l’Egypte, à une époque assez reculée, avait faite de ces contrées […] », Ibid., p. 25 70 Ibid., p. 23 65

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renferme une effigie d’Osiris71. Elle date vraisemblablement de la seconde moitié de la XXVIe dynastie comme le laisse suggérer le nom du dédicant, wAH-ib-ra + épithète, soit la reprise du nom du pharaon Apriès, ainsi que le style de la statue. Le texte en bande se lit sur la base de la statue, et deux colonnes lacunaires sont conservées sur le pilier dorsal : « Le chancelier du roi du Nord, chargé des secrets du roi, le prêtre-wab du roi, celui des cinq bandelettes, le prêtre d’Horus Khenty-Khéty, Ouâibrê-Sehedjtaoui, possesseur de pension. » « lors de chaque fête, chaque jour, éternellement. Le chancelier du roi du Nord, chargé de tous les secrets du roi, celui des cinq bandelettes, Ouâibrê-Sehedjtaoui, possesseur de pension. » (Pilier dorsal) « [le dieu local du] prêtre [d’Horus Khenty-Khé]ty, Psammétique-Nefer [est placé derrière lui, face à son ka, devant] lui ; c’est un héliopolitain, juste de voix, possesseur de pension. »72 L’Horus Khenty-Khéty et le titre Hbs-5 situent clairement l’origine d’Ouâibrê-Sehedjtaoui à Athribis, conformément à une base de statue repérée chez un antiquaire et dont les inscriptions stipulaient que l’offrande revenait aux dieux d’Athribis73. Les cultes d’Isis et Osiris sont attestés à Arwad et dans sa pérée à l’époque hellénistique, pour preuves les noms théophores d’Isis, Isidotos ou Isidôra et d’Osiris, comme Abdousiris (IGLS 4056), ou encore un bronze d’Aphrodite/Isis représentant la déesse nue avec la coiffe isiaque74. Sur l’île même de Rūad (Arwad) la présence d’un sanctuaire est difficile à déterminer, si l’on excepte les témoignages de Strabon (XVI, 766) « […] Tyr et Arados, qui ont des sanctuaires semblables à ceux de Phénicie […] », de Chariton d’Aphrodisias75 « […] il s’y trouve un antique sanctuaire d’Aphrodite (= Astarté ?) […] » ou du passage du Décret de l’an 23 de Ptolémée V : « Puis, voici qu’Aristonikos s’empara d’Arados, celle qui est dans l’île ; le territoire où elle est, les places maritimes (?) furent prises avec l’argent, les produits et les choses nombreuses (sans) limite qui était placées là dans chaque lieu sacré. »76. Qui plus est « de tous les sanctuaires de l’île du pays aradien, que signalent textes, inscriptions ou monnaies, deux seulement sont conservés. »77 et ces deux temples se trouvent dans les terres, face à l’île, à Bætocécé et Amrit. Le culte d’Héraklès-Melqart, attesté dans l’île d’Arwad par une inscription bilingue gréco-phénicienne et les monnaies, permet de suggérer, par le truchement de l’équivalent syncrétique Héraklès = Melqart = Osiris/Sérapis, que la statue d’Ouâibrê-Sehedjtaoui put être destinée à servir de support de culte dans un temple insulaire78.

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Sur cette statue, cf. PM VII, 393 ; P. Vernus, Athribis, n°107, pp. 102-103 ; O. Perdu in M. Yon, A. Caubet, op. cit., p. 54 ; E. Gubel, « Statue naophore de Wahibra », in La sculpture de tradition phénicienne, n°4, p. 30 72 Les restitutions sont celles de P. Vernus, cf. l.c. 73 P. Vernus, op. cit., n°106, p. 101. Ce socle aurait été acheté par l’Ägyptisches Museum de Berlin (n°2/65) d’après J. Leclant, « Les relations entre l’Egypte et la Phénicie du voyage d’Ounamon à l’expédition d’Alexandre », in W. Ward (éd.), The Role of the Phoenicians in the Interaction of Mediterranean Civilizations, Beyrouth, 1968, p. 28, n°74 74 J.-P. Rey-Coquais, Arados et sa pérée aux époques grecque, romaine et byzantine, Paris, 1974, p. 274 75 Chariton d’Aphrodisias, Chéréas et Callirhoé, VII, 5 76 G. Daressy, « Un Décret de l’an XXIII de Ptolémée Epiphane », RT 33 (1911), p. 6 77 J.-P. Rey-Coquais, op. cit., p. 252 78 C. Jourdain-Annequin, Héraclès-Melqart à Amrith. Recherches iconographiques. Contribution à l’étude d’un syncrétisme, Paris, 1992, p. 11

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Ainsi, les raisons pour lesquelles nous privilégions la piste de la postériorité transparaissent à travers les analogies entre ces documents79 : 1. Des cultes d’Isis, Osiris ou leurs équivalents locaux à l’époque gréco-romaine 2. Des contacts pré-ptolémaïques connus entre les lieux de découverte et l’Egypte 3. Le Bas Empire romain comme terminus post quem de leur arrivée 4. Des sites où le culte d’Isis/Osiris a pu commencer à l’époque de Ptolémée II Ces constatations se vérifient-elles dans le cas de la statue de Peftchaouamon ? Le premier point trouve confirmation avec une autre statuette osiriphore80 actuellement conservée au British Museum (EA 24 784). L’inscription hiéroglyphique du pilier présente des graphies ptolémaïques, et la prêtrise des « quatre phylé » (sA 4) évoquée dans le texte donne un terminus ante quem à la statue, soit 238 av. J.-C., avec l’apparition de la cinquième phylé dans le Décret de Canope81. Il est fait mention à deux reprises d’Osiris sur le pilier : d’abord wsir nb nHH « Osiris maître de l’éternité », puis, sans doute, dans le titre de Hm-nTr Ha.w-nTr , où Ha.w-nTr « les chairs du dieu » désignerait métaphoriquement la crue du Nil émanant d’Osiris, comme dans un texte d’Edfou82. Mais le plus étonnant réside dans les inscriptions gravées a posteriori, en grec profh,[tej] :Oseirin kwm[a,]zw[n] soit « prophète portant en procession Osiris », et en latin sacerdos Osirim ferens soit « prêtre porteur d’Osiris »83. Un graffite bilingue gréco-latin84 nous dirige vers l’époque impériale romaine et le titre de « prophète », plus haut degré de la hiérarchie sacerdotale grecque, vers un culte local d’Osiris. Conformément au troisième point, mentionnons la frappe de monnaies à types isiaques à Tyr au IIIe s. n. è.85 et l’honneur rendu à Tyr en 198 n. è. accompagné probablement de l’installation de vétérans romains86, ce qui expliquerait la glose gréco-latine de la statue. Le deuxième point ne sera pas développé ici, mais les contacts pré-ptolémaïques entre Tyr et l’Egypte se déterminent grâce à plusieurs ægyptiaca du premier millénaire87. Quant au dernier point, d’une part, J.-P. Rey-Coquais a édité une inscription grecque de Tyr conservant la dédicace à Sérapis et aux dieux qui lui sont associés (Sara,pidi qeoi/j sunna,oij) ; il l’a daté, par la paléographie, du IIIe s. av. J.-C.88, ce qui atteste la création d’un temple à Sérapis sous les 79

D’autres statues naophores sont à signaler, telle celle d’époque ramesside (Louvre E. 4902), découverte lors de la mission Renan, cf. E. Gubel, « Statue égyptienne. Dédicant porteur d’autel », in La Sculpture de tradition phénicienne, n°44, p. 60 qui en évoque une autre, anépigraphe également, provenant de Sidon et conservée dans une collection privée. 80 A. Erman, « Eine ägyptische Statue aus Tyrus », ZÄS 31 (1893), p. 102 81 F. Krebs, « Zu der Statue aus Tyrus », ZÄS 32 (1894), pp. 64-65 82 P. Wilson, A Ptolemaic Lexikon. Study of the Texts in the Temple of Edfu, OLA 78, Louvain, 1997, p. 621 83 L. Vidman, Sylloge Inscriptionum religionis Isiacæ et Sarapiacæ, Berlin, 1969, n°359 ; Fr. Dunand, Le culte d’Isis en Asie Mineure, III, Leyde, 1973, p. 128 ; Kl. Parlasca, « Ägyptische Skulpturen als Griechische Votive in Heligtümern des Ostmittelmeerraums und des Nahen Ostens » in B. Bol, D. Kreikenbom, Sepulkral und Votivdenkmälern östlicher Mittelmeergebiete (7. Jh. v. Chr. – 1. Jh. n. Chr.) Kulturbegegnungen im Spannungsfeld von Akzeptanz und Resistenz, Mayence, 2002, pp. 1-3, pl. I 84 Le phénomène analogue à toutes les statues athribites osiriphores, celui du remploi comme support de culte isiaque à l’époque gréco-romaine a déjà fait l’objet d’une remarque dans G. Vittmann, op. cit., 2003, p. 58 – et d’un article fort pertinent : M. Malaise, « Statues égyptiennes naophores et cultes isiaques », BSEG 26 (2004), pp. 65-80 85 J. Aliquot, op. cit., l. c. 86 E. Dabrowa, « Les légions romaines au Proche-Orient : l’apport de la numismatique », Electrum 5 (2001), p. 77 87 Fragment de vase lapidaire, strate III de Tyr, XXVI e dynastie ; Fragment de statue de particulier avec dédicace à Neith, XXVIe dynastie 88 J.-P. Rey-Coquais, Inscriptions grecques et latines de Tyr, Beyrouth, 2006, n°5, pp. 19-20

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Lagides. D’autre part, les inscriptions phéniciennes d’Um el-‘Amed datées du IIIe s. av. J.-C., enregistrent des noms théophores de dieux égyptiens89, dont un ‘Abdosir qui apparaît à plusieurs reprises (n°3, 12, 14, 16) et une Isibarak, une seule fois (n°11). L’inscription la plus importante est une dédicace probable au « seigneur Osiris » (LñDN LñS[R]), indice d’un culte local à Osiris (n°8). De surcroît, un sanctuaire dédié à Apollon a été découvert en 1971 dans la zone de la nécropole romano-byzantine de Tyr, avec une inscription dédicatoire datée de l’an 154 de l’ère tyrienne, soit 28/29 n. è.90 ; la présence au sein de la nécropole d’une chapelle de culte osiriaque d’époque romaine s’avère donc plausible. Le phénomène de remploi de statues de particuliers à époque romaine a été expliqué par J. Yoyotte, à propos des ægyptiaca pré-ptolémaïques d’Alexandrie : « […] Le cas insolite des rares statues égyptiennes de particuliers antérieurs à Alexandre, comme le Basa contemporain de Psammétique Ier et le chef médecin Horkheb, contemporain d’Amasis et apporté, lui, de Saïs, pourrait s’expliquer de la même manière que les statues similaires d’Italie : des simulacres de prêtres ou de dévots d’Isis. »91. Il explique, en outre, le but de la manœuvre, en traitant des pharaonica du Sérapeum d’Alexandrie : « On peut vraiment douter que ces sphinx-là et les statues privées n’aient été introduits chez Osiris-Apis, importés d’ailleurs, que lorsque, à l’époque impériale, on voulut ‘égyptianiser’ le culte de Sérapis. »92 L’ultime question à élucider est celle de la provenance athribite. L’Athribis romaine, fouillée par les Polonais, coexista, en effet, avec les anciens monuments pharaoniques93, peutêtre entre autres avec le temple de l’Osiris rsy-wDA. De plus : « La rue longitudinale était presque parallèle au Nil. C’était une voie de communication principale méditerranéenne, et en même temps elle opérait la jonction des ensembles architectoniques disséminés le long du Nil. »94. A l’époque romaine, Athribis devient un vaste centre urbain, une agglomération pareille à toutes celles du bassin méditerranéen, perdant son caractère religieux. Les temples sont abandonnés. A l’est de l’hypothétique emplacement des anciens temples se développent des quartiers selon deux voies perpendiculaires95. Enfin, le passage obligatoire que représentait Athribis sur la voie majeure du Nil vers le Proche-Orient, la branche pélusiaque96, achève d’expliquer le déplacement des statues. Rien ne permet, en définitive de savoir si les statues de particuliers sont issues d’un pillage du temple de l’Osiris local ou d’une favissa.

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M. Dunand, R. Duru, Oumm el-‘Amed (vol. texte), Paris, 1962, n°3, 6, 8, 9, 11, 12, 14, 16, pp. 185, 188, 189, 190, 191, 193, 194 90 P. Maynor Bikai, W. J. Fulco, J. Marchand, Tyre. The Shrine of Apollo, Amman, 1996 91 J. Yoyotte, « Pharaonica », in Alexandrie. Les quartiers royaux submergés, Londres, 1998, p. 209 92 Ibid., p. 212 93 L. Dabrowski, « La topographie d’Athribis à l’époque romaine », ASAE 57 (1962), p. 29, pl. I, II 94 Ibid., l. c. 95 F. Leclère, Les villes de Basse Egypte au Ier millénaire. Analyse archéologique et historique de la topographie urbaine, vol. I, BdE 144/1, IFAO, Le Caire, 2008, p. 259 96 Cf. J.-Y. Carrez-Maratray, Péluse et l’angle oriental du delta égyptien aux époques grecque, romaine et byzantine, BdE 124, IFAO, Le Caire, 1999

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