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December 4, 2017 | Author: Michael Nabil | Category: Isis, Pompeii, Horus, Deities, Polytheism
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Les divinités isiaques dans les cultes domestiques : l’exemple de Pompéi et d’Herculanum. Ludivine Beaurin (Université de Picardie Jules Verne)

Dans la religion domestique romaine, chaque familia possède ses propres cultes : celui des Lares et du Genius, mais aussi celui des Pénates, notion qui recouvre de nombreuses divinités variant d’une maison à l’autre, voire d’un laraire à l’autre au sein d’une même habitation1. Le paterfamilias adorait spécialement ces divinités tutélaires pour des raisons personnelles ou circonstancielles2. Les divinités isiaques avaient-elles une place au sein de ces panthéons domestiques ? A travers les exemples de Pompéi et d’Herculanum qui nous livrent une riche documentation archéologique, il apparaît que les divinités isiaques sont présentes au même titre que les divinités dites “classiques”. A Pompéi, V. Tran tam Tinh3 recense treize laraires isiaques tandis que Thomas Fröhlich4 n’en dénombre que six. Ce dernier, ainsi que M.-O. Charles5, sont réticents vis-à-vis de la liste que V. Tran tam Tinh établit dans son ouvrage de référence Le Culte d’Isis à Pompéi. Certains laraires recensés par l’auteur ne comportent qu’une seule statuette ou une seule peinture isiaque à côté de divinités plus “traditionnelles”. La frilosité de M.-O. Charles et de Th. Fröhlich s’explique par le fait qu’ils conçoivent Isis comme une divinité à part, une divinité étrangère. Après une étude attentive du matériel, il semble cependant que le nombre de représentations sacrées et de laraires pompéiens figurant au moins une divinité isiaque puisse être élevé à vingt-trois. En Campanie, on a seulement identifié deux autres laraires intégrant les divinités isiaques qui ont été trouvés à Herculanum6. 1/ Une localisation éloquente. A Pompéi, on peut se demander si la présence des divinités isiaques au sein des espaces sacrés domestiques est influencée par la proximité du sanctuaire. Il semble que ce dernier n’ait pas joué un rôle particulier chez ses voisins dans l’adoption d’Isis et des siens en tant que Pénates. La documentation pompéienne ayant trait aux cultes isiaques a en effet été retrouvée aux quatre coins de la cité7. En revanche, on observe une concentration de laraires isiaques autour de la région IX, 3. Trois voisins habitant le long de la via Stabiana dans l’insula 3 de la Regio IX ont en effet intégré les divinités isiaques à leur panthéon domestique et vénèrent en particulier Isis-Fortuna. S’agit-il d’une coïncidence ? D’une imitation ? S’agit-il d’un culte de 1

M.-O. Charles, Les Cultes privés en Italie au premier siècle de notre ère: l'exemple de Pompéi et d'Herculanum, Paris, 1998, p.331. 2 R. Turcan, Rome et ses dieux, Hachette, 1998, p.31. 3 VTTT, 1964. 4 T. Fröhlich, Lararien- und Fassadenbilder in den Vesuvstädten, Verlag Philipp von Zabern, Mayence, 1991. 5 M.-O. Charles, Les Cultes privés en Italie au premier siècle de notre ère: l'exemple de Pompéi et d'Herculanum, Paris, 1998. 6 Cf. tableaux de la composition des laraires isiaques de Pompéi et d’Herculanum. 7 Cf. Carte.

quartier ? Il serait intéressant pour cela d’étudier la localisation des laraires pour les autres divinités afin de comparer. Pour juger de l’intégration d’un culte à travers les espaces sacrés domestiques, il est intéressant d’étudier leur localisation au sein de la domus. Les divinités isiaques sont-elles installées dans les pièces de représentation ou dans celles de service ?

Autres

Pièces de service Fauces

Boutique Viridarium

Atrium Péristyle

La localisation des laraires isiaques au sein de la domus à Pompéi et Herculanum.* *Graphique réalisé à partir des contextes connus du corpus documentaire.

A l’examen des contextes connus, on constate que les espaces sacrés domestiques où les divinités isiaques sont honorées se trouvent à différents endroits de la domus. Ces espaces sont cependant principalement situés dans les pièces les plus importantes comme l’atrium, pièce de représentation par excellence8. Une représentation sacrée d’Harpocrate orne même le couloir d’entrée d’une maison9. On trouve cinq lieux de culte dans le péristyle. Plus privé, ce dernier est néanmoins un lieu de circulation important. Les divinités isiaques sont, dans deux cas, vénérées dans le viridarium. Le choix de ce lieu à l’écart s’explique peut-être par la nature des divinités liée à la fertilité et donc à la nature. On trouve également des espaces sacrés isiaques dans les pièces de service. Dans deux habitations, Isis-Fortuna protège une cuisine et le couloir d’accès à des latrines10. Peut-on en déduire un culte à participation servile ? Il faut plutôt rapprocher le choix du lieu de culte de la nature de la divinité plutôt que de la nature des fidèles. Isis-Fortuna est en l’occurrence représentée en tant que divinité protectrice du foyer, déesse aux exigences de pureté et au pouvoir apotropaïque. De même, un boutiquier a représenté cette déesse dans une niche sur son lieu de travail afin de s’assurer sa protection11. Proculus, le boulanger, a fait de même en faisant peindre, autour d’une niche protégeant ses machines à moudre le grain, Isis-Fortuna accompagnée de Luna12. Les divinités isiaques sont également honorées dans d’autres lieux mal définis comme des pièces ouvrant sur la cuisine ou sur le péristyle. La plupart du temps situés dans des endroits à la vue de tous, les espaces sacrés domestiques accueillant les divinités isiaques se situent néanmoins dans des endroits divers. Ils revêtent également différentes formes.

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Cinq laraires isiaques se situent dans l’atrium. Cf. Corpus n°21. 10 Cf. Corpus n°17 et n°22. 11 Cf. Corpus n°3. 12 Cf. Corpus n°20. 9

2/ Quels types d’espaces sacrés ? L’emprise des espaces sacrés dédiés aux divinités isiaques dépend de l’importance de ces divinités pour la familia mais aussi évidemment des moyens financiers de cette dernière. Les dévots les plus fortunés peuvent s’offrir un temple privé. Cette catégorie “mixte” de sanctuaire est assez difficile à cerner. Il s’agirait d’un temple d’usage collectif dans lequel les autorités publiques ne peuvent intervenir. Hormis le statut, il n’existerait pas de différences liturgiques entre ce type de temple et les sanctuaires publics. Le temple d’Isis Augusta offert par Caius Novius Priscus à Forum Popilii13 semble par exemple être dans ce cas. De même, le sanctuaire isiaque de Cumes14 est lié aux praediae d’une grande propriété sénatoriale. A Pompéi et à Herculanum, ces types d’espaces sacrés n’ont pas été découverts s’ils existent. Certains fidèles ont une chapelle à l’intérieur même de leur demeure. Ils peuvent consacrer une pièce au culte des divinités isiaques à leur propre usage ou à usage collectif. La maison de Loreius Tiburtinus15, par exemple, aurait abrité une chapelle privée à l’usage des isiaques. Le conditionnel est de mise car les éléments qu’avancent certains auteurs, tels que M.-O. Charles16, sont peu probants. Le péristyle de cette maison est doté d’un minuscule jardin où ont été retrouvées neuf statuettes de pharaons et de divinités égyptiennes. Cette demeure comprend un immense jardin traversé par un Euripe orné de fontaines et de sculptures qui se rapportent toutes à l’Égypte et aux crues du Nil. En réalité, le seul véritable élément qui accrédite l’hypothèse d’un sanctuaire est le portrait d’un prêtre isiaque retrouvé dans une sorte de pavillon précédé d’un portique lui donnant l’aspect d’un petit temple. Ce prêtre âgé a la tête rasée. Vêtu de lin blanc et portant le sistre et la situle, il semble être un grand prêtre d’Isis. À ses pieds, un graffito, dont la traduction fait encore débat, le désigne comme Amplus, disciple de Tibur. Selon les auteurs, ce prêtre serait soit l’ancêtre de la famille, soit un prêtre itinérant qui aurait officié dans cette chapelle. En réalité, il pourrait tout aussi bien s’agir d’un membre de la famille qui aurait eu une charge sacerdotale. Il se pourrait également que le graffito n’ait aucun rapport avec la peinture. Dans cette chapelle, la déesse aurait été honorée dans la niche rectangulaire du mur ouest dont le matériel n’a pas été retrouvé. En l’absence de statuette ou d’autres images divines, rien ne permet d’affirmer qu’Isis était honorée dans cette pièce. De plus, la décoration murale de celle-ci, ainsi que celle du reste de la maison, représente des thèmes de la mythologie grécoromaine comme Cérès, Vénus, des bacchantes, des satyres ou encore des personnifications de l’été et du printemps. Hormis l’Euripe, les statues du péristyle et le portrait du prêtre isiaque, aucun élément égyptien ou égyptisant n’est visible dans cette demeure. L’hypothèse du 13

Aujourd’hui Carinola en Campanie. « Isidi A[ug(ustae)] / sac[r(um)] / C(aius) Novius C(aii) F(ilius) Priscus / solo et pecunia su[a...]. » MN. inv. 3012 ; CIL, X, 4717 ; Syll., 503 ; RICIS, 504/0801. 14 Sur le sanctuaire isiaque de Cumes voir: les articles de P. Caputo; S. De Caro, “Novità isiache dalla Campania”, in La Parola del Passato, XLIX, 1994, pp.7-21.C. Gialanella, Nova Antiqua phlegraea, nuovi tesori archeologici dai campi flegrei, Napoli, Caserta, 2000, pp.89-90 ; De Caro S., Il Santuario di Iside di Pompei, Napoli, Electa, 2006, p.88. 15 Un sceau en bronze retrouvé dans une des boutiques porte le nom de D. Octavi Quartionis. Pour V. Spinazzola, il s’agirait du véritable propriétaire. En effet, il n’existerait pas de Marcus Loreius Tiburtinus à Pompéi. Pour des raisons de commodités, conservons la dénomination “maison de Loreius Tiburtinus”. 16 M.-O. Charles, Les Cultes privés en Italie au premier siècle de notre ère: l'exemple de Pompéi et d'Herculanum, Paris, 1998, p.455.

déroulement de cérémonies isiaques dans la maison de L. Tiburtinus reste cependant largement acceptée. Plusieurs auteurs, dont Della Corte et V. Tran tam Tinh, pensent que l’Euripe servait à reproduire l’inondation du Nil lors des cérémonies périodiques du culte privé. Lors de ces cérémonies, dont aucune source littéraire ne fait mention, les fidèles recevaient de l’eau sacrée du Nil qui aurait été conservée dans la série de quarante-quatre amphores17 enterrées dans le parc. De même, vingt lampes retrouvées dans cette maison auraient servies aux cérémonies nocturnes des isiaques. Le vaste jardin aurait pu certes accueillir de nombreux fidèles mais aussi de nombreux invités à l’occasion d’une réception nocturne. L’Euripe a été aménagé dans le but de reconstituer un paysage égyptien, comme dans la demeure de Cornelius Tages18. Il s’agissait en fait d’un simple jardin décoré à l’égyptienne. Une autre hypothèse infondée19 présente la “Casa del cubicolo floreale” comme une chapelle plus typiquement égyptienne. A l’instar de Fr. Le Corsu20, M.-O. Charles pense que ces pièces exiguës servaient à des initiations privées. Hormis une décoration picturale aux motifs égyptisants, aucun document ne permet d’abonder dans ce sens. Il s’agit ici plus vraisemblablement de peintures égyptomanes sans valeur religieuse bien qu’une hydrie sacrée soit représentée. A Pompéi et à Herculanum, les chapelles isiaques à usage collectif sont rares, pour ne pas dire inexistantes. Dans la majorité des cas, les espaces sacrés isiaques privés appartiennent aux espaces domestiques. Certains fidèles ont installé les divinités isiaques dans un espace indépendant des autres divinités du foyer. Plusieurs maisons pompéiennes possèdent ce type d’aedicula comme par exemple les praediae de Julia Félix (II, 4, 3)21 ou la maison des Amours Dorés (VI, 16, 7)22. Dans la majorité des cas cependant, les divinités isiaques sont intégrées sous forme de statuettes au sein de l’unique laraire en compagnie des autres divinités du foyer. Ce laraire prend généralement la forme d’une base maçonnée ou d’une niche peinte. Les fresques de cette niche représentent le plus souvent les divinités ellesmêmes ou des symboles isiaques comme dans le laraire d’une maison de la région I à Pompéi23 où sont représentés des sistres, des situles et des caducées. En dehors de ces laraires, les divinités isiaques peuvent également être vénérées sous forme de simples peintures sacrées comme en témoigne l’autel en terre cuite retrouvé sous une fresque d’Isis-Fortuna24 dans une maison de la région IX à Pompéi.

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VTTT, 1964, p.45. Pompéi. I, 7, 10/12 19 M.-O. Charles, Les Cultes privés en Italie au premier siècle de notre ère: l'exemple de Pompéi et d'Herculanum, Paris, 1998, p.452. 20 Fr. Le Corsu, Isis, mythes et mystères, Paris, 1977. 21 Cf. Corpus n°6 sq. 22 Cf. Corpus n°13 sq. 23 I, 13, 12. Cf. Corpus n°5. 24 Maison anonyme (IX, 7, 21/22).Cf. Corpus n°22. 18

3/ La gens isiaque dans les panthéons domestiques de Pompéi et d’Herculanum. A l’examen de la documentation, on constate que la divinité isiaque privilégiée par les habitants de Pompéi et d’Herculanum pour protéger leur foyer est Isis, et en particulier IsisFortuna, dont dix-neuf représentations se trouvent dans les vingt-cinq espaces sacrés recensés. Dans certains laraires la représentation de la déesse est doublée comme par exemple dans celui de la villa rustica d’Asellius25 qui comprend deux statuettes d’Isis-Fortuna ou dans celui de la Maison à claie à Herculanum26. Cette répétition permet de renforcer le pouvoir protecteur de la déesse. La deuxième divinité isiaque la plus souvent adoptée au sein des panthéons domestiques est Harpocrate qui apparaît quatorze fois27. Le choix d’Isis-Fortuna et d’Harpocrate est assez révélateur. Ces deux divinités sont en effet particulièrement appréciées en tant que divinités domestiques grâce à leur pouvoir apotropaïque. Divinités bienveillantes, elles protègent la maisonnée des dangers de la vie de tous les jours. Les autres membres de la famille isiaque sont également représentés au sein des espaces sacrés domestiques. On compte quatre représentations de Sérapis, quatre d’Anubis et étonnamment une d’Horus.

20 18 16 14 12 10 8 6 4 2 0

Isis

Isis-Fortuna

Sérapis

Harpocrate

Anubis

Horus

Les divinités isiaques dans les laraires et chapelles domestiques de Pompéi et d’Herculanum.* *Graphique réalisé à partir du corpus documentaire et illustrant le nombre de représentations figurées de chaque divinité.

Certains espaces sacrés domestiques sont, comme on l’a vu, uniquement consacrés aux divinités isiaques comme par exemple le sacellum de la maison des Amours Dorés (VI, 16, 7)28. Situé au centre de la maison, dans un angle du péristyle, un espace cultuel indépendant du laraire était consacré aux divinités isiaques29. La plinthe représente deux serpents qui s’avancent vers un autel avec des offrandes, symbolisant ainsi l’emprise d’un lieu de culte. Les fresques représentent les quatre membres de la famille isiaque (Isis, Sérapis, Harpocrate 25

Cf. Corpus n°24. Cf. Corpus n°2. 27 La représentation d’Harpocrate à l’instar d’Isis-Fortuna est doublée dans le laraire de la maison V, 3, 11/12 à Pompéi (Corpus n°8). 28 Cf. Corpus n°13sq. 29 Situé également dans le péristyle, le laraire de la maison accueillait les statuettes de la triade capitoline, de Mercure et des deux Lares. 26

et Anubis) mais aussi des symboles cultuels tels qu’un sistre, une patère, une situle, deux cistes, et un uræus. Absents des fresques, Isis-Fortuna et Horus complètent l’ensemble sous forme de statuettes30. Dans la majorité des cas cependant, une ou deux de ces divinités seulement est intégrée au panthéon domestique, rejoignant ainsi les autres dieux du foyer. Dans ce cas, M.-O. Charles parle de “cohabitation harmonieuse” entre les divinités isiaques et les divinités plus “classiques”. Pour cet auteur, il y a tout lieu de croire que le maître de maison n’a fait qu’ajouter une nouvelle divinité aux anciennes sans pour autant adhérer totalement à la nouvelle religion et devenir dévot isiaque31. Cet auteur conçoit donc la religion isiaque comme une religion étrangère, obéissant à une doctrine incompatible avec le culte des autres divinités. Cette hypothèse est vide de sens si l’on considère les divinités isiaques comme des divinités pompéiennes et herculanéennes, ce qu’elles sont de toute évidence. En effet, les divinités isiaques sont bien intégrées au sein des cultes domestiques des deux cités, au même titre que les autres divinités qu’elles côtoient : le Génie, les Lares, Jupiter, Hercule, Vénus, Minerve, Diane, Neptune, Hélios, Victoire, Mercure, Asclépios ou encore Bacchus. A l’instar des Lares et du Génie du paterfamilias, divinités domestiques par excellence, on constate une forte représentation de Jupiter. La présence du plus grand des dieux romains n‘est pas étonnante dans les laraires pompéiens: en tant que protecteur de l’État romain, garant des lois et des serments, Jupiter est un des dieux les plus importants de Pompéi32. Il devait en être de même à Herculanum où on retrouve le dieu dans le laraire de la Maison à claie (III, 14)33. La présence d’Hercule, garant de l’abondance des récoltes, du bétail34 et fondateur mythique d’Herculanum et de Pompéi, est également cohérente comme celle de Vénus, déesse titulaire de Pompéi. La présence de Minerve35 et de Diane36 s’explique par le contexte de cultes domestiques, dans le cadre de la protection du foyer et de son activité. On trouve également des associations ponctuelles dues à un choix personnel du propriétaire du laraire d’une divinité favorite ayant une fonction particulière: Asclépios37, Luna38, Neptune39, Hélios40, un Bacchant ou un faune41. Sur la fresque du laraire d’une maison anonyme de Pompéi (V, 4, 3/5), Isis-Fortuna est quant à elle associée aux dieux les plus importants de la cité42.

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Une association similaire est observable dans la chapelle des praediae de Julia Felix. Isis, Sérapis et Anubis sont représentés en peinture, tandis qu’Harpocrate est présent sous forme de statuette. Corpus n°13sq et n°6sq. 31 M.-O. Charles, Les Cultes privés en Italie au premier siècle de notre ère: l'exemple de Pompéi et d'Herculanum, Paris, 1998, p.468. 32 Le sanctuaire, qu’il partage avec ses deux acolytes de la triade capitoline, domine le forum et la vie civique de la cité. 33 Cf. Corpus n°2sq. 34 C. Cicirelli, Vita religiosa nell ‘antica Pompei, Napoli, 1995, p.8. 35 Déesse de la sagesse et de l’intelligence, Minerve patronnait à Pompéi les ateliers de production et les potiers. 36 Diane, assimilée à l’Artémis grecque, est la déesse de la lumière. 37 Cf. Corpus n°2. 38 Cf. Corpus n°20. 39 Cf. Corpus n°19 et n°24. 40 Cf. Corpus n°24. 41 Cf. Corpus n°2 et n°24. 42 Cf. Corpus n°9.

Mis sur un pied d’égalité, les divinités isiaques sont honorées au sein des laraires comme les autres divinités de Pompéi et d’Herculanum dites « traditionnelles »43. On devait leur adresser la prière du matin en célébrant un sacrifice d’encens à l’autel du foyer familial. On devait également leur offrir quotidiennement des libations44. Ce type de rituel est attesté par la découverte de petits autels comme par exemple celui qui se situait au pied de la niche des divinités isiaques dans le viridarium de la maison des Amazones (VI, 2, 14)45. Une lampe était souvent allumée dans ces espaces sacrés en tant qu’éclairage ou en tant que “lumière votive” à la manière des cierges dans une église catholique. Le matériel utilisé pour le culte, dont les statuettes, devait être conservé dans des coffres ou des armoires en bois comme dans la maison de C. Memmius Auctus à Pompéi (VI, 14, 27)46 ou dans la Maison à claie à Herculanum (III, 14)47.

CONCLUSION A la lumière de la documentation archéologique de Pompéi et d’Herculanum, on peut conclure en soulignant la « romanité » des divinités isiaques. Loin d’être des entités étrangères, ces dernières sont des divinités intégrées. Ainsi, lorsque l’on rencontre Isis à Pompéi, il s’agit d’une Isis pompéienne vénérée par des Pompéiens et non d’une déesse égyptienne dont le culte est réservé aux étrangers. Pour preuve de cette intégration, les divinités isiaques entrent dans la composition des panthéons domestiques au même titre que les autres divinités dites « traditionnelles » et prennent place au sein de l’espace de culte qui se présente souvent sous la forme d’une base maçonnée ou d’une niche située dans les pièces de représentation. Divinités bienveillantes, elles protègent la maisonnée des dangers de la vie de tous les jours. Dans ce cadre, on remarque une nette préférence des habitants de Pompéi et d’Herculanum envers Isis et en particulier Isis-Fortuna, ainsi qu’envers Harpocrate. Grâce à leur fort pouvoir apotropaïque, Isis-Fortuna et Harpocrate remportent en effet un réel succès dans les cultes domestiques. Protecteurs du foyer mais aussi gages de prospérité et d’abondance, ces deux divinités sont également sollicitées pour la protection personnelle comme en témoignent les nombreuses amulettes à leur effigie retrouvées dans les deux villes ensevelies.

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Sur le culte domestique voir en particulier M.-O. Charles, Les Cultes privés en Italie au premier siècle de notre ère: l'exemple de Pompéi et d'Herculanum, Paris, 1998. 44 C. Cicirelli, Vita religiosa nell’antica Pompei, Napoli, Soprintendenza Archeologica di Pompei, 1995, p.7. 45 Cf. Corpus n°11. 46 Cf. Corpus n°12sq. 47 Cf. Corpus n°2sq.

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CORPUS DOCUMENTAIRE

Herculanum 1. Harpocrate. (MN inv. 8848) (Fig.3) Provenance inconnue. Ier p.C. Au centre du tableau, on voit un autel cylindrique autour duquel s’enroule un gros serpent prêt à dévorer les fruits et un œuf posés sur cet autel. A gauche, Harpocrate s’avance nu et couronné d’une fleur de lotus. Il porte l’index de sa main gauche à la bouche et tient un rameau vert. Ht: 0,40m; lg:0,50m. A droite, à la hauteur du sommet de l’autel, une inscription en graffiti noirs: Genius / huius / loci /montis “Le Génie de cet endroit de la montagne.” CIL, IV, 1176 ; ILS, 3694 ; VTTT, 1971, 57 ; Malaise, Inv., Herculaneum, 5 ; Egittomania, III.57 ; Fröhlich, L121.

2. Isis panthée ou Isis Fortuna. (Dépôt Pompéi inv.75620) Maison à claie. (III, 14). Laraire. Armoire de bois. Ier p.C. Statuette en bronze. Isis porte sur la tête un diadème surmonté de rayons et un petit modius. De chaque côté, deux épis. La déesse est vêtue d’un chiton amplement drapé. Elle a deux grandes ailes déployées, un carquois, une double corne d’abondance surmontée d’un petit objet pyramidal et elle tient un gouvernail. La déesse accompagnait d’autres divinités dans le laraire de la maison : deux Lares, Jupiter, Minerve, Asclépios, un bacchant, Isis-Fortuna et Harpocrate. Ht totale: 0, 156m. VTTT, 1971, 3 ; LIMC, Isis, 344 ; Malaise, Inv., Herculaneum, 19 ; Iside, V.74 ; Egittomania, III.27.

2bis. Isis Fortuna. (Dépôt Pompéi inv.75625) Maison à claie (III, 14). Laraire. Armoire de bois. Ier p.C. Statuette en bronze. Isis porte un modius sur la tête. Elle tient une corne d’abondance et un gouvernail. Mauvais état de conservation. Ht : 0,07m. VTTT, 1971, 17 ; Egittomania, III.28.

2ter. Harpocrate. (Dépôt Pompéi inv.75627) Maison à claie (III, 14). Laraire. Armoire de bois. Ier p.C. Statuette en bronze. Harpocrate est nu et tient une corne d’abondance. Sur la tête, il porte une couronne de lierre et un diadème avec un uræus sur un croissant de lune. Mauvais état de conservation. Ht : 0,07m. VTTT, 1971, 24 ; Egittomania, III.29.

Pompéi (intra-muros) 3. Isis-Fortuna. Boutique anonyme (I, 3, 2). In situ, disparue. Niche dont le fond est décoré d’une fresque représentant une déesse assise sur un siège à pattes de lion. Elle porte un modius sur la tête et une corne d’abondance dans la main gauche. VTTT, 1964, 2 ; Boyce, n°18.

4. Isis. (Dépôt Pompéi inv. 3501) Maison du sacerdoce Amandus (I, 7, 7). Atrium. Laraire ? Ier p.C. Fragment d’une statuette d’Isis. Seule l’attribut de sa coiffure est conservé. Il est constitué de deux hautes plumes, deux cornes enserrant un disque solaire, deux plumes plus petites et un uræus. Ht: 0,072m ; lg:0,052m. VTTT, 1964, 72 ; Egittomania, I

5. Motifs isiaques. Maison anonyme (I, 13, 12). Atrium. Laraire. In situ. Fresques représentant des sistres, des situles, des caducées et des roses. La niche est surmontée d’un tympan décoré de mosaïques représentant une situle, un ciste et un sistre. M. de Vos, 1973, table LIII.

6. Isis, Sérapis (?) et Anubis. (Jadis au MN) Praedia Juliae Felicis (II, 4, 3). Aedicula sud du portique. Fresque trouvée au fond. Dans la partie inférieure, on voit deux serpents ramper vers un autel sur lequel est posée une pomme de pin. Au dessus, Isis est assise sur un trône et tient un sistre et une patère. Son front est orné d’un croissant de lune et d’une fleur de lotus. A gauche, Anubis vêtu de noir tient une palme. A droite, on aperçoit une figure masculine très endommagée qui porte une longue tunique colorée et un manteau noir et qui tient un bâton et une corne d’abondance. Ht: 0,675m ; lg: 1,066m. Le triclinium était décoré de paysages nilotiques avec des pygmées. Un Euripe ornait le jardin. VTTT, 1964, 6 ; LIMC, Anubis, 46 ; Boyce n° 471 ; PAH, I, i, 22 ; Fröhlich, L40.

6bis. Prêtresse (?). (Jadis au MN) Praedia Juliae Felicis (II, 4, 3). Aedicula sud du portique. Côté droit. Femme vêtue d’un chiton et d’un himation à franges. Elle tient un rameau et un plat rempli d’œufs et de fruits dont s’approchent deux serpents. Ht: 0,505 m; lg: 1,066m. VTTT, 1964, 7 ; Boyce n° 471 ; PAH, I, i, 22 ; Fröhlich, L40.

6ter. Isis-Fortuna et Sérapis (?) (Jadis au MN) Praedia Juliae Felicis (II, 4, 3). Aedicula sud du portique. Côté gauche. Femme drapée d’un himation portant une corne d’abondance et un bâton. Un globe se trouve à ses pieds. Près d’elle, on trouve une figure masculine tenant une corne d’abondance. Ht: 0,505m ; lg:1,066m. VTTT, 1964, 8 ; Boyce n° 471 ; PAH, I, i, 22 ; Fröhlich, L40.

6quad. Harpocrate. Praedia Julia Felicis (II, 4, 3). Près de la chapelle. Figurine d’argent. Sur une table située le long du mur près de la chapelle, on a trouvé un croissant de lune et cette amulette d’Harpocrate. Le dieu, le doigt sur la bouche, porte une fleur de lotus sur la tête, des ailes dans le dos, un carquois et une corne d’abondance. Ht: 0,0127m. VTTT, 1964, 125 ; PAH, I, ii, 94 ; Fröhlich, p.265.

7. Isis-Fortuna. Maison anonyme (V, 1). Laraire ? Statuette d’Isis-Fortuna. Trouvée avec les statuettes du Génie et de Diane. Kunckel Z4, p.86-87 ; MOC, p.125.

8. Harpocrate (MN inv. s.n.) Maison anonyme (V, 3, 11/12). Petite salle à la gauche des fauces dans un coffre. Laraire ? Deux statuettes en bronze d‘Harpocrate. Trouvées avec une statuette de Vénus Anadyomène. VTTT, 1964, 102-103 ; Boyce App.I n°2.

9. Isis-Fortuna. Maison anonyme (V, 4, 3/5). Autour de la niche de l’atrium. Mur ouest. In situ, disparue. De part et d’autre de la niche: à droite, Isis-Fortuna avec un modius sur la tête et une corne d’abondance dans une main et à gauche Vénus Pompeiana. Plus à gauche, se tenait Bacchus et à droite d’Isis-Fortuna, Jupiter. En bas, on reconnaissait Minerve, Hercule, Niké et Mercure. VTTT, 1964, 11 ; Boyce n°118 ; Fröhlich, L52.

9bis. Harpocrate. Maison anonyme (V, 4, 3/5) Statuette en terre cuite d’Harpocrate. Trouvée au milieu de divers objets (dont un petit autel en terre cuite) rassemblés apparemment dans le but de prendre la fuite. Boyce note 1 n°130.

10. Isis-Fortuna. (MN inv.220) Vicolo (V, 6). Provenant d’un laraire? Statuette en bronze d’Isis-Fortuna sur une base circulaire. Isis, reconnaissable au nœud sur sa poitrine, porte un diadème surmonté d’une grande fleur de lotus. Elle tient un gouvernail (disparu) et une corne d’abondance. Des traces de dorure montrent que la statuette devait être entièrement dorée. Ht totale: 0,143m (dont la base: 0,033m). La déesse était accompagnée des statuettes du Génie et de Diane. VTTT, 1964, 74 ; Boyce Append. p.108 n°9 ; Egittomania, III.39.

11. Isis-Fortuna, Sérapis et Harpocrate. (Fig.5) Maison des Amazones (VI, 2, 14). Viridarium. Niche dans le mur est. In situ. Disparue. Dans le petit jardin, on trouvait une niche dédiée aux divinités isiaques. Dans le fond de cette niche étaient représentées trois figures coiffées d’une fleur de lotus. Une figure féminine avec un sistre et une corne d’abondance (Isis) se tenait près d’une figure masculine barbue tenant une situle et une corne d’abondance. Entre eux se trouvait un enfant. De chaque côté de la niche, deux dattiers chargés de fruits et différents oiseaux dont un paon. Au-dessus, un paysage maritime. Au-dessous de la niche, on a retrouvé sur le sol un autel en brique. VTTT, 1964, 13 ; LIMC, Isis, 163; LIMC, Sarapis, 153 ; Boyce n°141; PAH, I, iii, 239 ; Fröhlich, L58.

12. Isis archaïsante. (MN.inv. 110605) (Fig.1) Maison de C. Memmius Auctus (VI, 14, 27). Atrium. Trouvée dans coffre en bois en compagnie d’une statuette d’Harpocrate, d’Anubis et d’un couple de Lares. Selon Della Corte, deux autres statuettes complétaient l’ensemble: l’une serait à l’effigie de Sérapis, l’autre à celle de Vénus Anadyomène. Ces statuettes provenaient certainement d’un seul et même laraire. Ie r p.C. Statuette en bronze debout sur une base. Cette statuette présente une iconographie d’Isis peu attesté à Pompéi. La déesse porte une robe moulante et un nœud sur la poitrine. Elle tient une situle et de l’autre main (brisée) probablement un sistre. Sur la tête, elle porte un némés rigide et un diadème avec un uræus. Ht totale: 0,15m. VTTT, 1964, 75 ; Boyce note 2 n°202 ; LIMC, Isis, 28 ; Iside, V..57 ; Egittomania, III.25.

12bis. Harpocrate. (MN.inv.110.626) Maison de C. Memmius Auctus (VI, 14, 27). Atrium. Coffre en bois. Statuette d’argent sur base rectangulaire. Harpocrate a des cheveux bouclés surmontés d’un pschent et d’un croissant de lune. Il porte une bulla et une nébride. Il a des petites ailes dans le dos et tient une corne d’abondance. Le jeune dieu porte son index aux lèvres et s’appuie sur un cep de vigne autour duquel s’enroule un serpent. A ses pieds, on voit un chien et les traces de pattes d’un oiseau. Ht: 0,042m. VTTT, 1964, 104 ; Boyce note 2 n°202.

12ter. Anubis. (MN.inv.110606) (Fig.1) Maison de C. Memmius Auctus (VI, 14, 27). Atrium. Coffre en bois. Époque ptolémaïco-romaine. Statuette en bronze figurant Anubis debout. Le dieu anthropomorphe a une tête de chien. Ht: 0,113m. VTTT, 1964, 113 ; Boyce note 2 n°202 ; LIMC, Anubis, 40 ; Iside, V.58 ; Egittomania, III.23.

13. Isis-Fortuna Maison des Amours dorés (VI, 16, 7). Angle sud-est du péristyle. Sacellum consacré au culte des divinités isiaques. Statuette de marbre blanc avec des traces de peinture jaunâtre. La tête manque. La déesse est assise sur un trône et tient une corne d’abondance. Ht: 0,11m. VTTT, 1964, 77 ; Boyce n° 220 ; LIMC, Isis, 190.

13bis Horus.(MN inv. 133230) Maison des Amours dorés (VI, 16, 7). Angle sud-est du péristyle. Ier p.C. Statuette en marbre sur une base rectangulaire. Le dieu à tête de faucon est debout les bras le long du corps. Il porte un pagne et un klaft sur la tête. La seule autre représentation connue dans le monde romain impérial du dieu à tête de faucon dans une pose égyptienne provient de l’Iseum Campense. Ht: 0,42m. VTTT, 1964, 105 ; Boyce n° 220 ; Egittomania, III.15.

13ter Isis, Sérapis, Harpocrate, Anubis et symboles cultuels. Maison des Amours dorés (VI, 16, 7). Angle sud-est du péristyle. In situ. Fresques représentant les quatre divinités isiaques sur le fond jaune du mur sud et des symboles cultuels sur le mur est. Au milieu du mur sud, se tient Isis qui porte une longue robe blanche à longues manches et un sistre. A gauche d’Isis, on voit Sérapis tenant un sistre et une corne d’abondance. A droite, une figure d’enfant, certainement Harpocrate, semble tenir une corne d’abondance. A côté de lui se trouve Anubis tenant un caducée. Ht: 0,90m; lg:2m Sur le mur est, on reconnaît plusieurs symboles cultuels: une idole anthropomorphique égyptienne, un objet ressemblant à une table, une figure tendant les bras en avant, un cratère, un sistre, une patère à ombilic, une situle, deux cistes cylindriques, un grand uræus enroulé et deux objets méconnaissables. VTTT, 1964, 17 & 18 ; LIMC, Sarapis, 161 ; LIMC, Anubis, 55 ; Boyce n°220 ; Fröhlich, L74.

13quad Isis-Fortuna, Harpocrate et Anubis. (MN inv. 19286) Maison des Amours dorés (VI, 16, 7).Angle sud-est du péristyle. Ier p.C. Lampe monolychne en terre cuite couverte d’émail d’argent. Isis tenant une patère et une corne d’abondance se tient debout entre Harpocrate tenant lui aussi une corne d’abondance et exécutant son geste caractéristique et Anubis tenant un caducée et une palme. Diam.: 0,10m. VTTT, 1964, 132 ; LIMC, Anubis, 60a ; Egittomania, III.105.

14. Isis-Fortuna Maison de C. Vibius Italus (VII, 2, 18). Laraire ouest du péristyle. Statuette en bronze. La déesse porte un grand modius sur la tête. Elle tient un gouvernail et une corne d’abondance. Ht:0,11m. VTTT, 1964, 78.

15. Harpocrate Maison du Double Laraire (VII, 3, 11/12). Aedicula du viridarium. Statuette en bronze d’Harpocrate. Contre le mur au fond du jardin, on a retrouvé un aedicula dans lequel prenait place un autel en terre cuite, une lampe et trois statuettes de bronze (Minerve, un Lare et Harpocrate). VTTT, 1964, 106 ; Boyce n°264.

16. Harpocrate. (MN inv. 5329) Maison de Joseph II, (VIII, 2,39). Pièce arrière. Chapelle ou laraire ? Ier p.C. Statuette en bronze. La base manque. Sa tête aux cheveux bouclés est couronnée de feuilles de lierre et surmontée du pschent. Une bulla est suspendue à son cou et une nébride à l’épaule droite. Il a de petites ailes et un carquois. Harpocrate tient une corne d’abondance autour de laquelle s’enroule un serpent. Il porte un doigt à ses lèvres. Avec cette statuette, on en a également retrouvé une autre en bronze de Jupiter. Ht: 0,11m et 0,13m. VTTT, 1964, 107 ; Boyce note 1 n°349 ; PAH, I, i, 233 ; Egittomania, III.32.

17. Isis-Fortuna. (Fig.4) Maison d’Acceptus et d’Euhodia (VIII, 5, 39). Cuisine. Mur sud, près de la fenêtre donnant sur la rue. In situ, disparue. La déesse est couronnée de feuilles et porte une fleur de lotus sur le front. Elle est vêtue d’un long chiton jaune et d’un manteau bleu. Elle tient une corne d’abondance et un gouvernail dont l’extrémité s’appuie sur un globe. Ht: 0,59m ; lg: 0,70m. Dans le jardin de cette maison, cinq figurines en terre cuite de divinités égyptiennes ont été retrouvées dont deux de Bès. VTTT, 1964, 27 ; LIMC, Fortuna, 178; Boyce n°372 ; Fröhlich, L97.

18. Isis-Fortuna Maison anonyme et officina (IX, 3, 2). Laraire. Niche dans le mur sud du péristyle. Statuette en bronze d’Isis-Fortuna . La déesse tient un gouvernail et une corne d’abondance. Sa tête est surmontée d’un croissant de lune et d’une fleur de lotus. Dans cette niche, on a également retrouvé les statuettes en bronze du Génie, d’un Lare, d’Hercule et de Jupiter. PAH, II, 468 ; VTTT, 1964, 89 ; Boyce n°406.

19. Isis-Fortuna Maison de M. Lucretius (IX, 3, 5). Près de l’aedicula située dans l’atrium. Statuette en bronze d’Isis-Fortuna. La déesse porte sur la tête un croissant de lune et une fleur de lotus. Elle tient une corne d’abondance et un gouvernail. Dans cette maison, on a retrouvé quatre autres statuettes en bronze (Hercule, Jupiter, le Génie et Neptune) ainsi que le buste d‘un enfant portant une bulla. Boyce n°408.

20. Isis-Fortuna et Luna. Pistrinum (IX, 3, 10/12). Niche voûtée dans le mur sud, à droite du four. In situ, disparue. A gauche de la niche, une figure féminine aux ailes déployées (Isis-Fortuna) a sur la tête un croissant de lune sur lequel s’élève une fleur de lotus et une étoile. Elle porte une tunique violette sur la partie inférieure et s’appuie sur un poteau orné d’un sistre. Elle tient une corne d’abondance et un gouvernail et se trouve sur un globe. A sa droite, on voit un enfant avec des ailes tenant une torche (amour). A droite de la niche, une figure féminine (Luna) assise sur un cheval galopant. Elle porte une couronne de feuilles et la partie supérieure de son corps est nue. Elle tient une torche allumée. Au dessous de la niche se trouve un autel avec un oeuf et une pomme de pin dont s’approchent deux gros serpents. VTTT, 1964, 58 ; Boyce n°409 ; LIMC, Isis, 314 ; Fröhlich, L102.

21. Harpocrate Maison de Jason (IX, 5, 18). Couloir d’entrée. Mur est. In situ, disparue. Peinture de laraire. Un grand arbre se dresse au centre du tableau. A gauche, on voit un piédestal sur lequel est debout le Génie familial qui tient une corne d’abondance et qui fait des libations sur un petit autel. A droite, un personnage porte son index vers la bouche. Ce geste fait penser à Harpocrate. On voit également un gouvernail, un serpent et un trépied. VTTT, 1964, 60 ; Boyce n°427.

22. Isis Fortuna. (MN inv.112285) Maison anonyme (IX, 7, 21/22). Mur sud du couloir des latrines. Isis-Fortuna est vêtue d’un long chiton et d’un himation rouges et porte un modius jaune sur la tête. Elle tient une corne d’abondance et un gouvernail. A ses pieds se trouve un petit globe vert foncé. A sa droite, on voit une figure masculine nue en position demi-accroupie. Deux petits serpents s’élancent vers elle. Au-dessus du jeune homme l’inscription:

Cacator / cave malu(m) “Malheur à celui qui défèque ici” Au-dessous de cette peinture, on a trouvé un autel en terre cuite (MN inv.6160). Ht: 0,72m; lg: 0,86m. VTTT, 1964, 61 ; Boyce n°44 ; Iside, V.68 ; Egittomania, III.51 ; Fröhlich, L106.

23. Harpocrate (MN inv. s.n.) Maison de A. Rustius Verus ou maison du Centenaire (IX, 8, 3/6). Péristyle. Laraire? Statuette en bronze d’Harpocrate. Avec cette statuette, on en a également retrouvé une autre en bronze de Jupiter. Ht: 0,07m et 0,078m. Certaines pièces de cette maison étaient décorées de fresques égyptisantes. Boyce note 4n°448.

Pompéi (extra-muros) 24. Isis-Fortuna. Villa rustica d’Asellius (Boscoreale). Salle ouvrant sur la cuisine. Mur est. Retrouvées sur le dessus d’une base en maçonnerie. Deux statuettes en bronze d’Isis-Fortuna. La déesse porte sur la tête un croissant de lune et un disque surmonté de deux plumes. Elle tient un gouvernail dans sa main droite et une corne d’abondance dans la gauche. Ces statuettes étaient accompagnées d’autres: Hélios, Jupiter, Neptune, un faune et le Génie du père de famille. Ht: 0,09m et 0,12m. VTTT, 1964, 94-95 ; Malaise, Inv., Boscoreale, 1 ; Boyce n°500.

25. Isis Fortuna ou Isis-Démeter (?). (MN.inv.125709) (Fig.2) Villa rustica de Cn. Domitius Auctus (Contrada Spinelli aujourd’hui Scafati). Salle près de la cella vinaria et donnant sur le portique. Laraire. Ier s. av. J.C. Statuette en argent doré sur un piédestal d’Isis Fortuna. La déesse est notamment reconnaissable à son châle noué sur la poitrine. Elle porte un modius, un croissant de lune et une fleur de lotus sur la tête. Dans la main droite, elle tient un gouvernail et dans la gauche quelques épis de blé. Une situle est suspendue à son bras. Ht totale: 0,13m. Au même endroit, on a retrouvé deux autres statuettes en argent (Vénus Anadyomène (MN inv.125710) et un serpent (MNinv.125711)) qui devaient vraisemblablement appartenir elles-aussi à l’équipement du laraire. VTTT, 1964, 91 ; Malaise, Nova isiaca documenta italiae, p.35 n°2 ; Boyce n°493 ; Iside, V.69 ; Egittomania, III,20.

Planches

(Fig.1) Isis et Anubis. Laraire ? Maison de C. Memmius Auctus (VI, 14, 27). Pompéi. In DE CARO S. (éd.), Egittomania. Iside e il mistero, Napoli, Electa, 2006.

(Fig.2) Un serpent, Isis-Fortuna et Vénus. Laraire de Cn. Domitius Auctus. Pompéi. In ARSLAN E.A. (éd.), Iside, il mito, il mistero, la magia, Milano, Palazzo Reale, Electa, 1997.

(Fig.3) Harpocrate (MN inv. 8848). Herculanum. (photos de L. Beaurin)

(Fig.4) Isis-Fortuna. Maison d’Acceptus et Euhodia (VIII, 5, 39). In FRÖHLICH T., Lararien- und Fassadenbilder in den Vesuvstädten, Verlag Philipp von Zabern, Mayence, 1991

(Fig.5) Isis-Fortuna, Sérapis et Harpocrate. Viridarium. Maison des Amazones (VI, 2, 14). Pompéi. In Pompéi. Pitture e mosaici, Roma, Treccani, 1990-2003.

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