Anne Kling - Révolutionnaires Juifs

April 19, 2017 | Author: adavielchiù | Category: N/A
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Première éditton. ISBN-IJ 978-2-9529-tB-1·7 EAN 9782952'N2.\ 17

Mithr.l, ~epternbre 2008. Photo de couverture 'c; ogh,Hn : Parc cks statues du commu nisme, Budapest. re;,

Edition~

'111.> th·(lits dr /rttduaion. dt rrprot!ufliuu tl d't~tltl['lûl/IJII résrY'I'•;.< pour fow {1· qui auront le malheur de tomber entre ses mains et sera récompensée des éminents services ainsi rendus à la révolution par l'Ordre du Drapeau rouge, qui lui sera décerné en 1922. Après la guerre civile, elle est en poste dans l'Oural, mais n'oublie pas de surveiller de près l'ascension de Staline qu'elle seconde de son mieux dans des postes liés à la et exécuté en août 1936. EUe-même est arrêtée et emprisonnée. Ses deux fils ne seront pas épargnés par Staline qui a décidément la rancune tenace : le plus jeune est exécuté en 1938 à l'âge de dix-sept ans, l'aîné en 1939 à trente-trois ans. Elle leur survivra jusqu'au 11 septembre 1941, date fatidique à laquelle elle est exécutée par le NKVD - alors dirigé par Lavrenti Beria - en compagnie de cent soixante autres éminents litique de l'Armée rouge Ce futur hiérarque du régime naît en 1894 dans une fa mille juive de Zitomir, en Ukraine. Il est étudiant à l'Université de Kiev lorsque les événements révolutionnaires décident de sa carrière future. li rejoint les bolcheviks et dès 1917, se retrouve président du Comité du parti à Kiev. Ce sera le début de toute une série de fonctions, civiles et mihtaires, et d'échelons qu'il gravira jusqu'au poste de général. Il sera ainsi président du Comité central du parti en Biélorussie en 1928-29 et membre, dans cette même région, du Conseil révolutionnaire de guerre. Il occupera une place éminente dans les services politiques de l'Armée rouge. C'est en tant que chef de l'administration politique de l'armée qu'il est envoyé par Staline dans l'extrême-est du pays dans les années 1930-31, d1argé d'y concocter un plan de développement. Puis, et jusqu'en 1934, il sera l'adjoint de Vorochilov, alors commissaire du peuple aux Affàires militaires et navales et président du Conseil militaire révolutionnaire de l'U RSS . Dans la guerre sourde qui oppose Vorochilov à Toukhatchevski, et à travers eux, deux conceptions de l'Armée rouge, Gamarnik a le grand tort de pencher pour Toukhatchevski et son souhait de moderniser l'armée et de faire de l'URSS une - 143-

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superpuissance militaire. Ce soutien va lui coûter cher par la suite. Pour le moment, tout va bien encore. En 1936, so mmet de sa carrière, il devient commissaire adjoi nt à la Défense et chef de la direction politique de l'Armée rouge. Mais les grandes purges dans l'Armée rouge se préparent. Vo rochilov secondera activement Staline dans l'élimin ation des indésirables. La direction politique de l'armée n'échappe pas au couperet : 17 commissaires d'armée sur 17 ; 25 commissaires de corps d'année sur 28 ; 34 commissaires de division sur 36, vont être exécutés. Toukhatchevski et bien d'au tres vont fai re les fra is des procès truqués de Moscou, sous des accusations diverses. Ga marnik, lui, ne passe ra pas, comme il était p révu, devant un tribunal. Il préfère se donner la mort, le 2 juin 1937, avant l'arrivée du NKVD. Après son suicide, il sera remplacé dans ses fonctions par un fidèle d'entre les fidèles de Staline, Lev Mekhlis, qui s'emploiera activement à rebolchéviser l'armée.

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LES MILITAIRES

LEV ZAKHAROVICH MEKHLIS,

les yeux et les oreilles de Staline Ce personnage peu connu et aux fonctions très diversifiées sera durant toute son existence l'un des proches de Staline. Il naît en 1889 dans une fami lle juive d'Odessa, en Ukraine. Son premier engagement sera auprès de Poalei Zion (Les Travailleurs de Sion), organisation politique fondée en Russie en 1906, qui arrivait à combiner internationalisme marxiste et nationalisme juif et qui essaimera dans de n ombreux pays. Il rejoint ensuite les bolcheviks et restera toute sa vie L'un des principaux hommes de main et de confiance de Staline. Ils mourront à un mois d'intervalle. Stalin e se fiait entièrement à Lui qui exerçait d e son côté une forte influence sur le dictateur. Cette proximité résistera à toutes les purges et autres supposées manifestations d'« antisémitisme » de l'ogre d u Kremlin qui conserva d'ailleurs jusqu'à la fin bien d'autres Juifs influents auprès de Lui. Dès les années 1920, Mekhlis devient Le secrétaire personnel de Staline. A ce titre, il est son collaborateur le plus proche, celui par lequel tous les autres doiven t passer pour atteindre le sommet de la pyramide. C'est lui qui installera les écoutes téléphoniques destinées à espionner les membres du Politburo, équipement dont Staline raffolait et fera grand usage. La liste de ses attributions au fi l des années est assez impressionnante : il sera rédacteur en chef de la Pravda, membre de l' Orgburo de 1938 à 1952. A côté du Politburo, I'Orgburo était l'organe du Comité cen tral chargé de superviser tous les comités locaux du parti. Rien jusque-là qui le désigne pour figurer à la rubrique des lllilitaires. Seulement voilà. En 1937, à la suite des purges - 145 -

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massives dans l'Armée rouge et de l'élimination des ) bat son plein. Mais fmalement, et étonnamment, jamais il ne sera vraiment inquiété, encore moins purgé. Il semble insubmersible. Il pourra même poursuivre, sous contrôle, ses - 161 -

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activités littéraires et ses voyages à 1'étranger. Après la mort de Staline, le carcan se desserre quelque peu et Ehrenbourg, toujours vivant, respire et écrit un peu plus 1ibrement. Il s'efforce de réhabiliter un certain nombre d'écrivains juifs victimes de répressions. Il organisera la première exposition de son vieil ami Picasso à Moscou en 1956. Et c'est lui qui ira remettre, dix ans plus tard, le Prix Lénine de la Paix(!) au même Picasso. A partir de 1960, il entreprendra la publication de ses mémoires, dans lesquels il admet avoir eu connaissance des « injustices » qui se commettaient dans les années 1930 et reconnaît sa propre participation à la conspiration du silence. Les critiques de tous bord ne l'épargneront pas, tant il est vrai que la vérité est plus difficile à admettre, et plus dangereuse, que la fiction. Il meurt en 1967.

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LES INTELLECTUELS

MINE! ISRAELEVICH GUBELMAN, dit EMELIAN IAROSLAVSKL le persécuteur de la religion orthodoxe Ce futur apparatchik, considéré comme un des «intellectuels» du parti, naît en 1878 dans une famille juive de Chüa, en Sibérie. Révolutionnaire dès avant 1917, il fait partie de la cohorte des " vieux bolcheviks » et fera en tant que tel l'un ou l'autre séjour en prison. Un peu plus tard, il saura cependant habilement tirer son épingle du jeu en jouant la carte Staline, dont il deviendra l'un des thuriféraires attitrés. Après la révolution d'O ctobre, il commence sa carrière comme commissaire de la région militaire de Moscou, d urant la guerre civile. Mais c'est par son zèle antireligieux et son athéisme militant qu' il s'illustrera par la suite. Pour être moins connu, et moins commémoré, l'holocauste qui frappa les chrétiens sous la férule bolchevique, n'en est pas moins hien réel. l .e nouveau régime se livra dès le départ à une intense propagande contre les religions et à une persécution impitoyable du clergé et des fidèles. L'ermemi principal était l'église orthodoxe, qu'il fallait détruire, mais toutes les religions euren t à souffrir. Les religieux seront pourchassés sans état d'âme, les bâtimen ts saccagés, les oeuvres d'art pillées. Des dizaines de milliers de popes, prêtres, moines, etc., seron t exterminés ou déportés. Une nouvelle étape de cette furie antireligieuse va être franchie en 1925, avec la création de la Ligue des sans-Dieu, qui sera présidée par Iaroslavski. Forte de plusieurs millions de militants - membres du parti, des jeunesses bolcheviques, vétérans de l'armée, etc. - elle secondera activement la politique du régime à cet égard. Elle aura un slogan, Le combat contre la religion est le combat pour le socialisme, et un joumal, intitulé Athée, que Iaroslavski fera paraître de 1922 à 1941. - 163 -

RÉVOLUTIONNAIRES JUIFS

Un nouveau décret promu lgué en 1929 restreind ra davantage encore les dro its du clergé (aggravation des impôts, pri vation des droits civiq ues) . Suivront des mesures visant à érad iquer le dim anche comm e jo ur de repos commun , puis à supprimer les cloches des églises au m otif que " le son des doclm enfreint le droit au repos des larges masses

athées des villes et des campagnes », laroslavski sera égaleme nt me mbre de la Commission centrale de contrôle du parti. Il est élu académicien en 193 9. Et meurt en 1943.

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LES INTELLECTUELS

MIKHAIL FRIEDLAND, dit MIKHAIL KOLTSOV, et BORIS FRIEDLAND, dit BORIS EFIMOV :

deux frères aux destins bien différents Tous deux œuvreront po ur le régime stalinien mais leur sort final ne sera nullement comparable. Mikhaïl Koltsov est l'aîné. Il n aît en 1898 à Kiev dans une fàmille juive d'Ukraine. Efimov voit le jour deux ans plus tard, en 1900. La longévité de ce dernier sera tout à fait exception nelle. li est sans contestatio n possible le doyen de ce livre, et peut-être même celui de tous les Juifs vjvant à l'heure actuelle. Nous y reviendrons. Koltsov participe à la révolution d'Octobre. Il rejoint les bolcheviks en 1918 et fait la guerre civile à leurs côtés. Mais sa vocation, c'est le joumalisme. Le journalisme d'Etat, s'entend . Il sera vite considéré comme l'un des intellectuels du régime et à ce titre sera autorisé à voyager et à contacter les écrivains étrangers à séduire. Comme André Gide, par exemple, qu'il accueillera en 1936 à son arrivée à Moscou. En fait, il aura plusieurs cordes à son arc. Il cultive le genre sérieux, en tant que rédacteur à la Pravda. Et le genre satirique, très populaire. Ainsi il crée en 1922 le magazine Krokodil. Mais attention , il s'agit d'une satire particulièrement canalisée. Il n'est pas question de viser le régime, est-il besoin de le préciser, mais uniquement les cibles autorisées : les pays capitalistes, les ennemis du régime, les religions, certaines catégories de la population, etc. En 1923, il crée également l'hebdomadaire illustré Ogonyok. Là non plus, il n e sera pas question de sortir des rails. Outre le journalisme, il se livre à des activités de nature politique. Lui aussi est officiellement envoyé par la Pra'vda en - 165-

RÉVOLUTIONNAIRES JUlFS

Espagne en 1936 pour couvrir la guerre civile. En réalité, il y est également, et surtout, comme agent du NKVD. Koltsov participera activement à la lutte acharnée des staliniens contre les anarchistes du POUM, qu'ils parviendront à éliminer. Il fera paraître le récit de son expérience ibérique en 1938 sous le titre Camcts espagnols. ~e fera-t-il, que dira-t-il, durant ce séjour espagnol qui déplaira si fortement à Moscou ? Mystère. Toujours est-il qu'en cette fatidique année 1938, il est rappelé au pays par son maître. Et qu'il a le grand tort d'obéir. A peine arrivé, il est arrêté pour activités terroristes et anti-soviétiques. Il est condamné à mort et sera exécuté en 1940.

Boris Efimov, son cadet, n'est pas rancunier. Il continuera à servir le régime comme si de rien n'était. Mais reven ons un .'

peu en arnere. A la révolution d'Octobre, il est mobilisé dans l'Armée rouge à Kiev. IJ a un réel talent de caricaturiste et ses premiers dessins circulent parmi les troupes. En 1920 et 1921, il travaille au service d'Agitprop du parti bolchevique. Puis il va faire son trou dans la presse, coaché par son grand frère qui lui ouvre des portes : les fzvcstia, Krokodil, Ogonyok, publieront ses caricatures. Il a du succès. Bien sûr, ses caricatures sont soigneusement ciblées elles aussi : curieusement, la nomenklatura communiste n e l'inspire aucunement. Toutes ses flèches sont réservées à l'extérieur, au monde occidental et surtout aux >. Ou salami hongrois, sûrement. Bref, comme vous ne l'auriez sûrement pas deviné, cette aimable tactique consistait, non pas à découper délicatement ses ennemis en rondelles - on reste humains, quand même ! mais cependant à les éliminer par tranches successives. Il s'y emploiera avec beaucoup d'efficacité et tout comme Staiine, son grand homme, il oftrira aux Hongrois, avec l'a ide de sa police secrète : arrestations arbitraires, emprisonnements, assassinats, purges, procès préfabriqués, etc. Oui, tout, vraiment. Un excellent disciple. Avec ça, il ne détestait pas un léger culte de la personnalité, pas trop léger cependant. La Hongrie était donc devenue un pays parfaitement totalitaire sous le règne de Rakosi. Il s'offrit également en 1952 le poste de premier ministre. Mais hélas, en matière économique, il était moins brillant que dans le remplissage des prisons ou des cimetières. Le gouvernement avait imposé avec brutalité la collectivisation de 1'agriculture et accordé la priorité à l'industrie lourde. Par conséquent, tout manquait, le mécontentement populaire ne cessait de croître. Des troubles importants se profilaient et les opposants étaient exécutés par milliers. C'est dans ce contexte qu'intervient la mort de Staline, en 1953, qui va marquer le déclin de ce stalinolâtre. Sous bien des aspects, il devenait urgent de se débarrasser politiquement de lui. Sous la pression de Moscou, il doit céder dans un premier temps, en 1953, le poste de premier ministre à Imre Nagy, qu'il ne cessera dès lors de persécuter. Il en fera le bouc-émissaire idéal de la faillite économique. - 188 -

QUELQUES VOISINS

Il devra ensuite abandonner son poste de dirigeant du PC hongrois en juin 1956. Dans la foulée, il est
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