Abdelkrim Khattabi Le Fantôme Qui Hante Les Alaouites
December 29, 2016 | Author: Mohamed | Category: N/A
Short Description
Download Abdelkrim Khattabi Le Fantôme Qui Hante Les Alaouites...
Description
r
~-~-~
40
\...~~ -
~
TELQUEL 14AU 20 FÉVRIER2009
~~~"
~~
,........
5..~~ et: 0
"Présidentde la république" puisprisonniersous MohammedV, résistant exilésousHassanIl, symbolehistorique dérangeantsous MohammedVI... Le hérosdu Rif continue de peserde tout son poidssurla monarchie. PARSOULEïMAN BENCHEIKH ETABDELLAHTOURA'I
e 6 février 1965 s'éteignaitcelui qui fut l'émir du Rif, le seul (éphémère) présidentqu'ait connu le Maroc. 57 ans après avoir. quitté sa terre natale, Abdelkrim Khattabi succombait à une attaque cardiaque dans son exil cairote. 46 ans plus tard, force est de constater'que sa mémoire officielle n'est pas à la hauteur de son épopée. 'Certes, des boulevards portant son nom ont fleuri un peu partout au Maroc, Certes, des historiens, marocains ou étrangers, se sont penchés sur le cas d'école , qu'il a représenté. Son souvenir officiel reste pourtant une affaire difficile à manier, une épine dans le pied d'une monarchie alaouite en mal de symboles populaires.
Une mémoire occultée ..1
TELQUEL 14AU 20 FÉVRIER2009
Populaire, Abdelkrim Khattabi l'est toujours.'En témoignent les commémorations discrètes mais régulières de son action: samedi 7 février, le groupe universitaire de recherche sur Abdelkrim Khattabi organisait un colloque dans la banlieue de Rabat; courant du mois, l'association Mémoire du Rif, qui publie sa revue annuelle chaque 6 févier, prévoit des rencontres entre des témoins de l'époqlie et des habitants d'Al HoceÙna. Le souvenir de l'émir du Rif n'est pas réservé, loin s'en faut, aux seuls chercheurs ou à quelques rares autonomistes. Le groupe de musique casablancais Darga, avec .sonlitrecphare Abdelkrim, a réce~~ment illustré la persistance d~un mythe populaire que peuvent s'approprier tous les MaroCéj.ins.Un mythe d'une étrange actualité mais que peine à récupérer 41
c
--
- --
- --
Z «'" co « z co" u.J ::E «
,
I
le "nouveau règne", pourtant très soucieux de revisiter l'histoire nationale. Dès son intronisation, Mohammed VI a envoyé des signaux très favorables et ie retour dans le Rif de la dépouille mortelle de Abdelkrim semblait possible, voire imminent. L'exilé Abraham Serfaty n'était-il pas rentré au pays à l'appel du roi? Mohammed VI n' a-t-il pas honoré le Rif de ses multiples visites, n' a-t-il pas rencontré le fils (aujourd'hui décédé) de Abdelkrim ? L'Instance équité et réconciliation a même planché sur le cas Khattabi. Rien cependant n'a abouti, et la petite nièce de l'émir du Rif, Fadila Jirari, est aujourd'hui amère: ,"C'est une erreur d'avoir voulu traiter le cas Khattabi dans le cadre du bilan des années de plomb. On a voulu enfaire un dossier parmi d'autres, ce qui est loin d'être le cas. Il ne s'agit ni de la même époque, ni des mêmes responsabilités de l'Etat". Et Fadila Jirari de marteler: "C'est au niveau le plus élevé (ndlr, comprenez le roi) que doit êtrt; demandé le rapatriement du corps de Abdelkrim". Puis, de guerre lasse, elle lâche: "De toute façon, les conditions qui expliquaient son refus de rentrer au pays n'ont pas disparu. Sur lefond, rien n'a vraiment changé". Le fond, c'est évidemment l'attentisme précautionneux dont a toujours fait preuve la mo" narchie à l'égard de l'émir du Rif. Car avec le temps, la mémoire de Abdelkrim Khattabi est devenue une arme de propagande à double tranchant que personne ne veut complètement négliger. Dans les années 1940 déjà, les ténors de l'Istiqlal avaient tenté de récupérer l'héritage de l'exilé du Caire. Huit ans après sa mort, au lendemain du putsch de Skhira t, les thuriféraires de la monarchie alouite, alors vacillante, convoquent de nouveau la mémoire de A-bdelc krim. Magali Morsy (Abdelkrim et la république du Rif, actes du colloque de 1973, Maspero, 1976) écrit à ce sujet: "Le10juillet 1971, c'est Skhirat, suivi des exécutions du 13 juillet. C'est ce même mois de juillet (du 17 au 22 très précisé-
Le clan Khattabi se réclame d'un aïeul prestigieux, le calife Omar Ibn Al Khattab, symbole de justice, de probité et d'esprit de canquete. 1\
~
Hommage. En 2008, Mohomed Nadrani publie une bande dessinée sur l'épopée de Abdelkrim Khattabi. L'émir rifain est encore une figure populaire 46 après sa mort.
ment) qui aurait d{!.voir l,a commémoration du cinquantenaire de la déroute espagnole et de la victoire d'Anoual. ç'est en fait un peu plus tard, après quelques semaines de désarroi, que se développe très rapidement un mouvement visant à re-
mettreAbdelkrim à l'honneur. Le 1'"novembre à
Oj
20 heures se tient, à Dar Massa, une 'cérémonie en commémoration de la bataille d'Anoual, qui a marqué il y a cinquante ans la victoire du grand héros Abdelkri'm Khattabi sur les forces coloniales' (communiqué officiel). Cette cérémonie est marquée par des discours de Allal El Fassi et d'autres personnalités nationales". .l -- -- -- - - - - - -- - -- - - -- - - - - -- - - ---, "
1913
'
1 Premièreguerremondiale.
1
! Abdelkrimest admiratif de 10 ! 1 révolution kémaliste en Turquie. 1
~--- -- ---- -- ---
.--------1
-----, 1
1 Naissance de Mohamed BenAbdelkrim' 1 Khattabi à Ajdirdans ! une famillede notables. 1 Sa jeunesse se déroule à l'aune de la pénétra1 tion occidentale au : Maroc.Ilreçoit une éducation à la foismo1 derne et traditionnelle. 1
! ! !
. 42 ~
:
! 1
, 6.:
'
! ;! los"Meur Abdelkrimest! et;, 1
1
1
1
.,
a: ! :: journaliste Melilia, sous: .,
~
1
1
,
Àbdelkrim ! . dev;ent cadi;
1
1
,
1
1 Abdelkrimest: 11 fait chevalier 11
1 de l'ordre 1 1 d'Isabella 1 : à Melilia dansun : Catholique : contextede : 1
1
1
1
souverainete:: guerre hispano-: ! :: espagnole. : : rifaine menée : 1
1 -----".1 L
1
1
!~
1
!~-----------------. parAmeziane. !
UNE JEUNESSE SOUS INFLUENCE' ~~~~,'1!&i.une commission ou un organe élus,
représentant authentiquement et éorrectement les diJJérentes classes populaires", écrit-il. Pourtant, si le défuut roi a puui le Rif pour son insoumission, il n'a jamais porté atteinte à la famille de Abdelkrim. "Hassan II a toujours respecté notre famille", estime Fadila Jirari; petite-nièce de l'émir. Comment alors comprendre que M'Hamme d, (frère de Mohamed Ben Abdelkrim), rentrant'au Maroc en 1967 après 4° ans d'exil, ait été victime d'une farce aussi tragique que ridicule? Son comité d'accueil, induit en erreur par le général Oufkir qui avait prétexté un retard de l'avion, déserta le tarmac, laissant le vieil exilé fouler en solitaire le sol marocain, avant d'être emmené manu militari à l'hôtel Hassan de Rabat où il mourra enfermé cinq mois plus tard, sans jamais avoir revu son Rif natal. "La dépouille mortelle de M'hammed Khattac bi repose aujourd'hui àAjdir. Qui le sait?, s'interroge Fadila Jirari. La mémoire de la guerre du Rif est de moins en moins vive", déplore-t-elle. En attendant, le ministre de la Communication, Khalid Naciri, a cru nécessaire d'expliquer que le rapatriement du corps de Abdelkrim n'était pas au menu du gouvernement Abbas El Fassi. I/émir du Rif serait-il déjà entré au panthéon des grands oubliés de l'histoire? Pourra-t-il un jour prendre dans nos manuels scolaires la place qu'il mérite: celle d'uu avant-gardiste protéiforme, précurseur incompris du nationalisme marocain? TELQUEL 14 AU 20 FÉVRIER2009
SOULEïMANBENCHEIKH 49
View more...
Comments