9. Les Caractéristiques de La Tragédie Cornélienne (Cinna, Polyeucte)

9. Les caractéristiques de la tragédie cornélienne (Cinna, Polyeucte) Dans Cinna, Corneille situe l'action en I siècle av. J. C. et nous donne une histoire des dernières révoltes du républicanisme romain contre l'empire naissant d'Auguste. Dans l'examen de cette tragédie, l'auteur admet qu'il y a une duplicité de lieu. L’action se déroule partiellement chez Emilie et en partie dans le cabinet d’Auguste. Mais il se justifie par une nécessité en disant qu’il a sacrifié la liaison des scènes pour créer une histoire plus vraisemblable. Cinna, le petit-fils de Pompée, organise un complot contre l’empereur Auguste, avec son camarade Maxime et les autres soldats. Mais il le fait contre sa volonté, pour plaire à sa bien-aimée, Emilie, dont le père a été proscrit par cet empereur durant le triumvirat. Elle lui demande une vengeance et promet de lui marier après l’assassinat. Mais, Maxime aime Emilie lui aussi, donc son confident et affranchi Euphorbe lui conseille de trahir Cinna. Quand Maxime refuse cette idée, Euphorbe le fait lui-même. August est déçu mais il pardonne à ses comploteurs. Publiée à 1640, cette œuvre reflète les circonstances contemporaines. La noblesse est contrainte à obéir Louis XIII et Richelieu et Corneille se demande comment mettre fin au cercle vicieux des meurtres et des vengeances. La clémence d’Auguste est en fait une apologie du pouvoir fort, juste et magnanime. Deux ans plus tard, Corneille fait encore une fois l’éloge de la grâce, mais de la grâce de Dieu. Il publie sa tragédie Polyeucte. C’est l’une des rares tragédies d’inspiration sacrée portée à la scène, car ce n’était pas vraiment populaire à l’époque. Le public du XVII et du XVIII siècle s’intéresse surtout au drame humain et non pas au drame mystique. Polyeucte est un martyre chrétien arménien du III siècle, l’époque des persécutions des chrétiens par l’empereur romain Decius (Dèce ou Décie). Il est marié avec Pauline, qui est la fille de Félix, gouverneur de Mélitène, capitale d’Arménie. Sévère, un noble chevalier romain qu’elle croyait mort se présente devant elle pour lui demander la main. Le dilemme de Pauline entre l’amour et le devoir se dénoue d’une façon attendue pour Corneille : elle refuse Sévère, qu’elle aime encore et choisit le devoir. Elle ne doit pas se soumettre seulement à son destin et le fait qu’elle est mariée, mas aussi a la volonté de son père, qui a choisi Polyeucte pour son époux. Le dilemme de Polyeucte est même plus compliqué : il doit choisir entre l’amour conjugal et l’amour divin. Apres la mort de son ami Néarque, qui est aussi chrétien, Pauline le supplie de renier sa foi, mais il aussi se décide facilement à ne pas renoncer a son Dieu. Il veut même confier sa femme à Sévère, ce qui n’est qu’une preuve du vrai amour. Félix se trouve aussi en dilemme : il est déchiré entre son devoir et l’affection pour son gendre qu’il tente à sauver. C’est lui qui a envoyé sa fille en prison pour persuader Polyeucte d’abandonner le christianisme. Sa visite est peut-être la plus remarquable scène de l’ouvrage. Polyeucte répond aux prières de Pauline par les arguments en défense de la religion chrétienne. En voyant son exemple de martyre, Pauline finit par se convertir et continue à défendre la religion chrétienne avec Sévère.