81_gitton_integral_lepouse du dieu Ahmes Nefertari

November 29, 2017 | Author: Alexandre Herrero Pardo | Category: Thebes, Religion And Belief
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CENTRE DE RECHERCHES D'HISTOIRE ANCIENNE Voluine 15

L'ÉPOUSE DU DIEU AHMES NÉFERTARY Documents sur sa vie et son culte posthume

par Michel GITrON agrégé de l'Université

Ouvrage publié avec le concours du CNRS

ANNALES LlTTtRAIRES DE L'UNIVERSITt DE BESANCON. 17enus d'une fonction vacante, en attendant de lui constituer une véritable dotation. On ne connait pas de Deuxième Prophète d'Amon avant le règne d'Amosis (30), mais on en connait un, Ahmes, qui était en poste avllnt l'an 22 d'Amosis (31). En tout cas, A.N. était déjà à ce moment titulaire d'une autre fonction sacerdotale qu'elle ne quittera jamais ; celle de l'Epouse du Dieu. Ce titre est connu dès le Moyen Empire où il n'a aucune signification dynastique (32). On ne le retrouve dans la titulature d'aucune des reines

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de la l7ème dynastie: ni Noubkhas (SS), ni Montouhotep (S4), ni Sobèkemsas (S5), ni Tètishfii (S6), ni même, maigre l'opinion universellement reçue (S7), Ahhotep femme de Sèqenenrê Taâ II. A.N. serait donc la première reine à la porter (S8), et il est clair que ce n'est pas comme reine, ou comme mère de l'hèritier royal qu'elle le porte, mais comme dètentrice d'une fonction religieuse qu'elle unit personnellement à la couronne (les lignes '24·25 du texte, qui traitent de l'hèrèditè acquise à la fonction d'. Epouse du Dieu _, prouvent bien que celle·ci ne se confond pas avec la fonction dynastique, sinon le problème ne se pàserait pas). Il est à remarquer qu'au cours de la 18ème dynastie, toutes les reines ne sont pas. Epouse du Dieu _, même si elles ont mis au monde l'hèritier royal (S9), et que, rèciproquement, toutes les Epouses du Dieu n'ont pas jouè un rôle dans la transmission de la lègitimitè dynastique (40). Mais depuis A.N. le titre est restè dans la famille règnante et n'est plus portè que par des princesses de sang royal." On ne voit pas toujours bien selon quelles règles s'opère la succession des Epouses du Dieu, mais la stèle de donation prècise que les bieqs attachès à la fonction, comme la Jonction elle·même (mt fJ t.s n ~mt·nlT, 1. 24-25), sont l'absolue propriètè de la reine qui peut les transmettre à ses hèritiers ; vu le caractère stèrèotypè de la formule (noter le masculin) qui vient du droit privè (41), l'Mrèditè dont il s'agit n'est sans doute pas automatique mais implique la possibilitè pour le titulaire de lèguer par testament sa charge et les biens y attenant à un parent de son choix. Mais comment A.N. ètait-elle entrêe en possession de ce sacerdoce ? L'exerçait-elle avant son mariage ? Toutes ces questions doivent pour l'instant rester sans rèponse (les allusions à la • pauvretè _ de la reine avant qu'elle reçoive les largesses royales, 1. 19-20, peuvent s'interprêter en divers sens, nous y reviendrons plus loin). Au demeurant il faut voir qu'avant la donation considèrable faite par Amosis, la fonction d'Epouse du Dieu ètait sans doute Iimitèe à l'exercice de quelques rites dans le sanctuaire de Karnak et n'avait pas l'importance politique et èconomique qu'elle acquerra par la suite. Le dètail de cette donation est très instructif, car il doit correspondre aux activitès de l'Epouse du Dieu, qui se voit offrir ainsi des commoditès nouvelles pour l'exercice de sa charge. Nous y trouvons: 1) des mètaux prècieux susceptibles de fournir des bijoux, 2) des pièces de costume fèminin, notamment 67 diadèmes (42), 200 robes (4S), 80 perr~ques (44) ; ces trois èlèments rappellent le costume typique des prêtresses du Moyen Empire dont nous verrons que les Epouses du Dieu (et leurs remplaçantes) continuent à se parer quand elles exècutent les fonctions liturgiques (45) : longue robe collante serrèe· à la taille par un cordon, perruque' ronde et très courte qui moule le crâne (46), diadème mètallique, 3) des cosmêtiques, 4) un bien fonds de 5 aroures (1,35 ha) avec le personnel pour l'exploiter (47) et des rèserves alimentaires consistant en 400 oip'l d'orge. Combien de personnes vivaient sur ce domaine ? Sans doute plusieurs dizaines si l'on compte le personnel agricole et domestique de la reine et surtout les prêtresses qui l'entouraient et auxquelles est sans doute destinêe la majeure partie des parures offertes par le roi (48). Bien que

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situé dans les terres irriguées (!>rw), le terrain que reçoit A.N. n'est certai· nement pas suffisant pour nourrir une telle population. Il doit continuer à dépendre des largesses du trésor royal, au moins pour cette époque. Bref, le roi érige un domaine, une maison (pr), pour la reine et lui donne son frère (sn.s, son frère à elle) (49) pour la servir. Ni le champ. ni la mai· son ne sont situés, on peut pourtant rattacher cette fondation à la rive ga;'che de Thèbes, plus précisément à hauteur de Gournah où s'élévera le temple funéraire de la reine (infra, ch. V § 1). C'est en effet dans ce secteur que l'on trouve pendant tout le Nouvel Empire une « maison de l'Epouse du Dieu» (dans les documents hiératiques : «Adoratrice du Dieu») (50) desservie par des fonctionnaires de « l'Epouse du Dieu» (51). Cette maison (au sens de domaine, non au sens architectural de notre stèle, 1. 18) a dû commencer à exister avec la dotation faite par Amosis â A.N., sans doute fort modeste à l'origine; elle a connu une extension considérable dont témoigne à la fin de l'époque ramesside le dossier des Tomb-Robberies (52). Elle ne se confond sans doute pas avec la fondation funéraire qui vint s'y abriter et reste ceItainement, après A.N., la propriété de l'Epouse ·du Dieu en titre, qui en tire ses revenus et y entretient le collège des prêtresses destiné au temple d'Amon. AprèS la disparition du Mn-St à la fin de l'époque ramesside (cf. Seconde Partie, ch. XIX § 3). elle continue à exister. La stèle de la donation jette donc un jour décisif sur les fonctions sacerdotales d'A.N., il reste à interpréter les renseignements plus rares qu'elle nous donne sur sa situation dynastique. Elle apparait porteuse de trois titres (mis à part celui d'" Epouse du Dieu ») : "Fille du Roi, Sœur du Roi, Grande Epouse du Roi» (53), qui semblent indiquer qu'elle est la fille de Séqenenré Taâ et la sœur du roi régnant, Amosis, en même temps que son épouse. Cette solution simple a été contestée â cause du passage où la reine dit que le roi l'a « habillée.alors qu'elle n'était rien et l'a enri· chie alors qu'elle était pauvre» (ou orpheline ? nmtzl (1. 19-20) ; dans l'idée qu'elle serait d'ascendance roturière, on a voulu l'rendre les titres s3 t-nswt ct snt-nswt dans un sens honorifique, comme" Fils Royal de Koush », Mais c'est attacher trop d'importance à une antithèse littéraire qui souligne seulement la munificence royale en noircissant le passé. Jamais à notre connaissance les titres de Fille et de Sœur du Roi n'ont été employés dans des titulatures en dehors de leur sens généalogique._ De plus, si A.N. n'est nulle part explicitement désignée comme fille de Séqenenré Taâ, elle apparait très proche, ne fût-cc que par son premier nom, du milieu des enfants de Séqenenrê el d 'Ahhotep ; sur la stèle d'Abydos (infra, ch. III § 3), elle rivalise a\'('( son mari de piété filiale pour Tétishéri, mère d'Ahhotep et de Séqenenré ; dans la tombe de Tétiky qui semble avoir également un lien de parenté avec Tétishéri. elle figure comme un membre de la famille (54). Mais l'élément décisif est sans doute l'inscription d'un vase du Sinaï (qui date du vivant de la reine) (infra, ch. IX 4) et qui lui donne, après les titres de Fille et de

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Sœur du Roi, celui de Q Jf> A , " Grand,e Epouse du Roi, fille de la Grande Epouse du Roi» (55), cette locution ,Lit '>Drma-

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lement signifier qu'A.N. est bien la fille d'Ahhotep (56). On a supposé qu'A.N. avait été l'épouse de Kamosis avant d'être celle d'Amosis (57), pour la simple raison qu'on ne cannait pas de reine pour le dernier règne de la dynastie (58). L'argument est ·par trop fragile. Vu la date de sa mort (qui intervient seulement sous Thoutmosis 1er), il y a tout lie.u de croire qu'A.N. était très jeune à la fin du règne de Séqenenrê Taâ, les six années que l'on peut attribuer au maximum àu règne de Kamosis ont dû se passer avant qu'elle atteigne l'âge de dix ans. L'âge de son union avec Amosis pose un autre problème. Si la date de notre stèle était intacte, on pourrait à deux ou trois ans près conjecturer celle du mariage qui dut précéder de peu la donation. Malheureusement le chiffre de l'année a disparu et seul subsiste l'indication du mois et du jour. Le terminus ad quem est fourni par la stèle de Maâsara datée de l'an 22 où apparaît la nouvelle forme du signe /Ch. La stèle de donation suppose les Hyksos chassés du territoire et la' campagne nubienne' terminée, car ce ne peut guère être que dans un contexte de paix retrouvée que le roi pense à réorganiser le culte; de plus, c'est le premier manu· ment où Amosis se fait représenter avec A.N. : jusqu'au lendemain de la victoire, c'était sa mère Ahhotep et elle seule qui partageait les honneurs dl' la royauté (59). D'après la chronologie des Opérations proposée par Vandersleyen, la campagne nubienne se termine vers l'an 17, la stèle se situerait donc entre l'an 18 et l'an 21 (60). On peut dater le mariage du roi des années 17/18 (61). A ce moment, Amosis n'avait pas atteint la trentaine, car sa mort, que l'on peut situer au plus tôt en l'an 25, in· tervint alors qu'il n'avait guére dépassé 35 ans (62). On ne connaît à Arno· sis d'autre épouse qu'A.N. (63). Reste le troisiéme personnage. le« Fils ain" ". ~ La représentation ne permet pas de connaître son âge : c'est l'image conventionnelle d'un jeune garçon. Cet enfant (quelle que soitla lecture exacte de son nom, nous y reviendrons plus loin), n'a évidemment rien à voir avec ~mn-~tp, le futur Aménophis qui succèdera à Amosis, or, lui aussi, est fils d'Amosis et d'A.N., il faut donc supposer qu'il n'est devenu héritier qu'à la mort de son frère aîné, ce décès a dû survenir quelques années avant le mort de leur père, puisque, sur certains monuments, Aménophis apparaît déjà associé et presque comme co-régent d'Amosis (64). La chronologie du règne d'Aménophis 1er laisse penser qu'il dut succéder à son père vers l'âge de sept ans (65). 11 serait donc né, selon la longueur du règne de celui-ci, au plut tôt en l'an 18, plus vraisemblablement en l'an 20, car il faut placer auparavant la naissance : 1) de la princesse

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Satamon, 2) du prince ('-'

"'-3 t.

Deux lectures sont possibles pour le nom de ce dernier : ou Ahmesankh (le nom entre cartouche étant alors le nom du roi) ou Ahmes qu'il vive! (le: cartouche encadrant cette fois-ci le nom du prince) (65). La seconde solution est préférable, parce que aucun exemple d'anthroponyme - (NN)-Cllâ ne se rencontre à cette époque, tandis que le nom d'/c~-mJ semble universellement répandu dans la famille de Séqenenrè.

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De plus; on connaît au moins un prince Ahmes qui pourrait correspondre à la définition : celui qu'on a distingué par le surnom s3 ps fT (\'

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Le roi semble donc adresser urre offrande à une institution pl [... J en passant par l'entremise de sa femme. 3. La tombe .. B » de Drah Abou el Neggah (130). Il s'agit d'une tombe de proportions assez vastes, à laquelle on accède par une fosse verticale et qui comprend, en toutre, un puits. Les agrandissements successifs de la tombe, ainsi que la présence d'objets au nom d'Améno· phis 1er et A.N. en nombre presque égal, incitèrent les premiers fouilleurs à conclure qu'il S'agissait d'une tombe commune à la mère et au fils, réplique de l'association que l'on croyait repérer dans le temple funéraire de Gournah en contrebas (infra, ch. V § 1). En réalité, on a de sérieuses raisons de penser que la tombe d'Aménophis 1er se trouvait plus au sud, les indications du papyrus Abbott invitent à la chercher au nord du temple d'Amenhotep «du Jardin", dont on a reconnu qu'il ne pouvait être identifié avec le Mn-St, mais qui peut correspondre soit au temple d'Amenhotep fils de Hapou (131), soit à la chapelle d'Amenophis 1er à l'emplacement de la cour du futur temple d'Hatshepsout à Deir el Bahari (132). La tombe de Drah Abou el Neggah revient donc sans partage à A.N. Dans son premier état, elle remonte certainement au règne d'Aménophis, c'est pourquoi nous la faisons figurer dans ce chapitre. A ce moment, elle ne devait comporter ni le puits, ni les diverticules qui s'ouvrent sur la chambre centrale, ni peut-être la chambre à piliers qui la prolonge. Du mobilier de cette époque, il reste três peu de choses, l'essentiel est constitué par 54 vases en albâtre et en feldspath, dont 21 inscrits aux noms d'Amosis (3), d'Aménophis 1er (9) et d'A.N. (8) (et même d'Aâouserrê Apophis (I)) !\Ious dêcrirons ultérieurement les vases de la reine (infra, ch. IX -§ 4, b). On sait que ces vases, contenant probablement des essence, précieuses, étaient marqués au nom du personnage ou de l'institution qui fournissait le produit (133). C'est sans doute Aménophis, le dernier roi mentionné, qui a fourni la plus grosse contribution au matériel funéraire d'A.N., la reine elle-même a contribué pour une part importante sans doute prise sur son domaine (134), mais en utilisant aussi des vases qui venaient de son mari (135). La torpbe contenait êgalement des traces d'une seconde occupation à la fin de la 18ème dynastie et notamment des fragments de statue, dont l'une semble représenter Aménophis et l'autre A.N. (136). Ils doivent dater d'une restauration consécutive à un pillage. E. Thomas suggère comme date le règne d'Horemheb : ce serait à l'occasion de ces travaux que la tombe aurait été élargie, peut·être pour abriter les restes d'une reine récemment décédée (Moutnedjemet /) (137).

• Les monuments mentionnant A.N. sous le règne d'Aménophis moins évocateurs que ceux que l'on possédait pour la période cédente. Ils attestent toutefois le maintien de son influence. La paration d'une tombe destinée à abriter son sarcophage ne prou""

sont préprénas

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qu'elle soit morte durant cette période. On a peu de document sur la «minorité» d'Aménophis 1er. On suppose généralement que son règne personnel commença en l'an 7, date à laquelle on le voit intervenir dans les affaires de Nubie avec la d~igna­ tion d'un nouveau vice-roi, Touro (1!l8). 1\ est vraisemblable de supposer que A.N. dirigea les affaires du royaume dans l'intervalle (1!l9), mais rien ne permet de l'affirmer. Arpénophis n'atteignit sans doute pas les trente ans de règne, si l'on en juge d'après son édifice de Heb-Sed inachevé (140). De son temps les événements extérieurs jouèrent un rôle minime, mis à part les opérations en Haute Nubie ; les traces d'activité commune d'Aménophis et d'A.N. sont dont plutôt à chercher dans l'équipement religieux des temples d'Egypte (infra, ch. IX).

v - LES FONDATIONS THEBAINES D'AMENOPHIS 1er ET D'A.N. Plusieurs constructions se présentent à nous dont il n'est pas facile de préciser la fonction propre.: temple funéraire ou monument commémoratif ? Le point commun est le lien entre A.N. et son fils. \. Le Temple funéraire d'A.N. à l'ouest de Gournah (141). C'est un édifice célèbre dénommé Mn-Swt, ou plus fréquemment Mn-St (141 bis). Les fouilles pratiquées en 1897 à la limite des terres cultivées en bas des collines de Drah Abou el Neggah ont permis de retrouver les arasements très ruinés d'un édifice à colonnes qui s'est révélé sans hésitation possible le temple d'A.N. «dont l'emplacement est stable» (142) ; dans la partie sud on trouvait une porte décorée de scènes «jubilaires" d'Amenophis '1er (14!l), ce qui permettait de dater le monument du règne de ce roi et semblait prouver qu'Aménophis était aussi concerné dans le culte du Mn-St (144). On a pensé que l'édifice comprenait deux parties, une au nord consacrée à la reine, une au sud pour son fils ; en fait, cette répartition est fondée seulement sur la fréquence des ex-voto au nom d'A.N. dans la partie nord, or seules les deux extrémités ont été fouillées ; il est probable que le temple, au demeurant très remanié (145): formait un seul édifice rectangulaire, peut-être périptère (145 bis). Cet édifice mérite-t-il le titre de temple funéraire, plus exactement de « château de million d'années" ? Se fondant sur la forme et sur les représentations de la « porte jubilaire". Ph. Derchain croit pouvoir l'exclure ; le Mn-st serait une chapt'Ile de J;leb-Sed, tandis que le monument de Deir el Bahari (infra, § 2) constituerait le temple funéraire d'Aménophis 1er. La distinction est par elle-même très risquée : les listes de monuments thébains font figurer le Mn-st avec les autres temples funéraires de l'ouest (146) et les temples funéraires les plus reconnus renferment de nombreux éléments qui évoquent le J;leb-Sed (147). 1\ ne faut jamais oublier que les prétendus « temples funéraires» sont en réalité les temples d'un grand dieu au culte desquels est associé

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un souverain, un membre de la famille royale (148) ou un particulier (149). Le Mn-st est essentiellement un temple d'Amon (150), il a été élevé à n'en pas douter en l'honneur d'A.N. par son fils Aménophis : c'est elle qui bénéficie de culte en partageant les honneurs rendua à Amon (151). Aménophis n'est que l'invité, ce qui ne l'empkhe pu d'avoir fait décorer une partie du temple en l'honneur de son jubilé. Li! présence de cette fondation au Nord de Th~bes ne noua surprend pas, elle est sans doute toute proche du domaine de l'Epouse du Dieu constitué par Amosis pour sa femme (et probablement enrichi_ par Aménophis) ; surtout elle se situe en co~ebu de la tombe que ce dernier a préparée pour sa mhe. Ce ~cteur est bien celui de 1'« Epouse du Dieu. qui sert de point de rephe dans la topographie thébaine (152). La construction du temple semble remonter à hi fin du r~e, si l'on tient compte des représentations ~e lIeb-Sed. 2. L'Edifice funéraire d'Aménophis 1er l Deir el Bahui. Plusieurs dizaines de briques crues d'un module insolite (plua de 30 cm de long) marquées au nom soit d'Aménophis 1er, soit d'A.N., ont été retrouvées à l'emplacement de la terrasse médiane du temple d'Hatshepsout à Deir el Bahari (153) et dans la tombe de Mérytamon située sous le temple (154). Grâce à quelques spécimens retrouvés en place sur plùsieurs assises, on peut voir que le bâtiment était cons· truit lég~rement en dessous du niveau de la cour d'Ha!Jhepeout, et déporté à gauche par rapport à l'axe de celle-ci (155). L'absence de fragment de couverture en calcaire ne prouve pas qu'il en était originellement dépourvu. La forme de l'édifice ne peut pour l'instant être reconstituée, il serait tentant d'y voir une pyramide, imitant celle, toute voisine, de Montouhotep (156), mais on sait qu'Aménophis 1er avait une tombe et même une tombe hypogée dans la montagne thé· baine (cf. supra, n. 131) ; la pyramide ne pourrait donc étre qu'un cénotaphe ou une premi~re sépulture abandonnée par la suite. Mieux vaut pour l'instant avouer notre ignorance. En avant du monument, de part et d'autre d'une rampe qui devait descendre jusqu'aux limites des cultures, il y avait une double rangée de colosses osiriaques du roi, qui ont été trouvés brisés, parfois usez loin de leur position primitive (157). Le monument d'Aménophis 1er et sa chaussée d'accés étaient incompatibles avec les projets de Sénenmout et de ses coll~gues, c'est donc sous Hatshepsout que furent détruits l'un et l'autre. Quelques briques furent reprises dans la maçonnerie mais la plupart furent entu· sées dans la cour où elles ont formé, en se désagrégeant, les monticules que l'on voit actuellement. Il est donc vain de chercher à identifier 'ce monument avec l'un des lieux de culte. connus à l'époque ramesside pour Aménophis 1er (comme Pr ~mn-1}tp n KJmw) (158). Tout au plus, le nom de !!nmt-mn, qui n'est mentionné que par la liste de Puyemr~, pourrait éventuellement convenir (159). La présence des colosses osiriaques et la proximité du temple de

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Montouhotep prouvent suffisamment le caract~re funéraire de l'édifice. La disparition des éléments de décoration sur pierre, sans doute plus facilement réutilisables, nous empêche d'apprécier l'importance et la beauté de cette construction. La présence de quelques briques au nom de la reine indiquent qu'elle fut associée à la construction de l'édifice, sans pour autant y étre l'objet du culte, puisqu'elle avait son propre temple, le Mn·St. VI· LES DOCUMENTS DATANT DU REGNE DE THOUTMO· SIS 1er On admet généralement qu'A.N. mourut sous le r~gne de son fils (160). En réalité, certains documents prouvent qu'elle a connu au moins les premières années du règne de Thoutmosis 1er. I. Stêle du couronnement de Thoutmosis (161). Cette stèle, reproduite en pljlsieurs exemplaires pour être exposée en différents points de Nubie, contient le texte de la notification faite par Thoutmosis au vice-roi Touro de son avènement ; elle est datée de l'an 1. Sur le cintre, le roi rend un culte à une divinité, suivie de deux reines : a. b.

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« a • est certainement la reine Ahmes fille d'Amosis et d'A.N., qui a fourni à Thoutmosis ses droits au trône ; «b • peut être identifiée avec A.N., malgré l'absence des titres et surtout en dépit du fait anormal que la reine-épouse la précède (162). La forme Nfrt-rry correspond tout à fait à une graphie possible du nom de la reine à cette époque (cf. ch. II § 3) et il n'y a aucune raison de supposer l'existence d'une reine Nfrt-rry dont nous' ne connaîtrions rien par ailleurs. Le fait que A.N. soit ainsi représentée au début du règne, même si c'est en deuxième position, indique. qu'elle était encore en vie à ce mo· ment (les épithètes cn!J-tf, w!JJ·tf, snb-tr, ne suffiraient pas par euxmêmes à le prouver, cf. le cas de Tétishéri, supra ch. III § 3), et qu'elle gardait une certaine autorité, ce qui lui vaut d'être invoquêe ici comme garant de la continuité dynastique. 2. La statue colossale de Karnak (163). A l'angle sud·est de la salle hypostyle édifiée par Thoutmosis 1er entre le IVe et le V Pylone se trouve une statue assise d'A.N. dont H manque la tête. Les textes qui la décorent sont les suivants (164) a.

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A.N. est ici donnée comme défunte (m)C.t-!;TW). D'après la graphie du nom (le ~ n'est pas encore écrit après ri) ) et surtout à cause de la position de la statue parmi les colosses osiriaques de Thoutmosis 1er, il est vraisemblable que ce mopument date du règne de ce dernier et suit de peu la mort de la reine (165). 3. Vases destinés à la tombe de ThouOll08U 1er (166). On a retrouvé dans la tombe nO 20 de la Vallée des Rois deux vases au nom d'A.N. Ils remontent sûrement à une époque où elle vivait encore (les textes seront examinés ultérieurement, ch. IX § 4, c), deux lignes rajoutées sur l'un d'entre eux semblent sigr.ifier que ces vases ont été réunis par Thoutmosis Il quand il préparait 1" sépulture de son père Thoutmosis 1er (167) ; Hatshepsout remania la tombe mais laissa les vases (167 bis). Il n'y a pas lieu de penser qu'A.N. vivait encore à la mort de Thoutmosis 1er, mais ces vases proviennent sans doute d'un don qu'elle fit au roi, peut-être pour son avènement, selon un procédé qui était courant entre membres de la famille royale (d. les vases d'Amosis dans la tombe d'A.N., supra, ch. IV § 3).



Tous les documents que nous venons de citer n'ont pas la même va· leur. Mais leur convergence semble indiquer que Thoutmosis 1er a tenu à entourer les dernières années de la vieille reine, qui était aussi sa belle-. mère, d'une sollicitude, particulière. Même après sa mort, il a tenu à rappeler son souvenir comme la meilleure garantie de sa légitimité. VII . LE SARCOPHAGE ET LA MOMIE D'A.N. La cachette de Deir el Bahari a restitué non seulement le corps momifié de la reine, mais son sarcophage et ses canopes, ainsi que le cercueil de sa "nourrice ». Tout ce matériel nous renseigne directement sur le contexte de la fin de sa vie, ainsi que sur les derniers honneurs qui lui furent rendus. Les diffêrentes pièces furent évidemment déposées dans la tombe de Drah Abou el Neggah à la mort de la reine (168), ce n'est qu'après les pillages de la fin de l'époque ramesside qu'elles furent transportées dans la tombe 320 de Deir el Bahari qui servait de cachette aux restes de nombreux souverains du Nouvel Empire. 1. Sarcophage et momie de Râï Un sarcophage (169) du début de la 18ème dynastie trouvé dans la cachette porte des inscriptions au nom de Rmphite. Les parents de Tétishéri n'appartenaient pas à la famille foyale (cf. Darf"ssy, ASAE 9 (1909), p. 157-158 ; Murray, Ancient Egypt 1934, p. 67·68 [fig. 4. A . C]).l1 est encore il remarquer que le. deux principaux rebelles qu'eurent à affronter Kamosis et Amosis dans leur effort d'unification .'appelaient l'un Téti fil. de Pépi (JEA 3 (1916) p. 105·107), l'autre Tétiân (Urk. IV 6) ; dans les deux cas Vandersleyen pense reconnaitre une opposition de type • féodal. (o.c., p. 12, n. 3). Déjil sou, NoubkMpeIT~ Anter. un Téli fil. de Minhotep .'était mi. au ban du royaume (Petrie, Koptos, pl. 8; BAR 1 §§ 777·780). (78) Ttl (également 41 Fils du Roi lt) avait exercé les fonctions de gouverneur de la Nubie sous Kamosis, d. Simpson, Heka-Ne/eT p. 54-ct n. 14 ; fig. 27. On peut supposer qu'il appartenait lui aussi â la famille royale. 1

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~ est représentée derriêre·elle dans la tombe de Tétiky (79) Sa« nourrice" (cf.JEil 11 (1925), p. 14 et infTa ch. VII § 1). (80) Sur la scêne symétrique de la tombe de T~tiky était représenté un autre personnage royal: . .

'V

.,f'(d'aprt. N. de Gari. Davies,jEA II (1925). p. 14, n 2, le.

traces de signe pourraient convenir au nom de Sat Kamosé). UTk. IV, 24·25 ; traduction : BAR Il §§ 26·28. Sethe, (81) PM IV. 74 (6.8) Texte Übersetzung UTk. 1V, p. 1!J..14. (82) Le site de Toura-Maâsara avait ~t~ exploit~ au Moyen Empire (cf. Daressy, ASAE Il (1911) p. 257), mai. les ,ravaux avaient dû cesser pendant la Deuxi~me Période Intermédiaire. (83) Sur la limite des opérations d'Amosis en Asie à la suite de la prise de Charouhen, cf. Vandersleyen, o.c.} p. 121·125. (84) La mention d'H~liopolis et du temple de Ptah à Memphis est moins sûre (cf. Vandersleyen, o.c., p. 203). (85) Cf. infTa, ch V ~ 1. (86) Non retrouvé mais connu par des titulatures, voy. Helck, Maten'alien ZUT WiTtschaftsgeschichte des Neuen Reiches J, p. 8~ [3]. (87) Randali·Mac Iver, El AmTah and Abydos, p. 76. Sans parler de celui qu'il con.· truisit pour Tétishéri, infra § 3. (88) Cf. Helck, VeTwaltung, p. 466 [Il. (89) Même titre pour Ahhotep, UTk. IV, 21, 7. (90) L'emploi du titre .. Mère du Roi» du vivant d'Amosis peut signifier que l'h~ritier avait déjà été associé au trône, on sait qu'à la fin du regne Am~nophis apparalt comme co·regent de son p~re (CGC 34165). (91) PM IV. 247. (92) Néanmoins l'ouverture des carrières de grès de Gebel Silsileh ne remonte qu'à Aml'nophi. 1er (cf. L D Ill. 200 hl. (93) Aujourd'hui CGC 34002. Cf... PM V, 92. Texte : UTk. IV, 26·29. Traductions : BAR Il, §§ 33·37 ; Sethe, UbeTsetzung UTk. IV. p. 14·16 ; Hermann. K6nigs· noueile (LAS 10), p. 51-53. Reproductions dans Sclü,fer-Andreae, Kunst des alten Orients Il pl. 361 ; Brunoer, HieToglyphische ChTestomathie, pl. 14. (94) Hermann, o.c., p. 52 n. 109, prend mT·lJwt pour une expression composée Pyra· miden-grabtempel, mais les deux termes semblent difficilement pouvoir ~tre accolés. (95) Plan PM V, 91 (d'aprè. Aynon, Abydos Ill) cf. aussi Vandier, Manuel 11/2, p. 218. (96) Nous suivons l'Interprétation de Thomas, Royal Necropolis} p. 171. La tolbbe n'a pas été retrouvée, mais devait se situer à Drah Abou el Neggah (E. Thomas propose • K.V. 41 • au débouché de la Vallée des Roi.). (97) Bultle., Queens of Egypt, p. 60. (98) Vercoulter, Kwh, 4, 72 .qq ; id., La J8ime dynastie d Saï et en Hame Nubie, in Etudes sur l'Egypte et le Soudan ancien (Cahier de Recherches de l'Institut de • Papyrologie et d'Egyptologie de Lille. nO 1). (99) Vercoutler, Kwh, 4 (1956). p. 77 [19]. Sur la forme du .igne'JC~, cf. Vander.leyen, o.c., p. 71·72.

LES DOCUMENTS

CONTEMPORAIN~

37

(100) PM VII, 165. Aujourd'hui Musée de Khartown 44~. Texte : Ur~. IV, 192, 14. (lOI) Hatshepsout (Sethe) et même Mentouhotep (Lepsius, Gautlùer). (102) Br:unton, ASAE 49 (1949), p. 109·l\0, avait dtjà attribut celle illlCription à A.N. sans connaître le document a. (IDS) Vandersleyen, o.c.} p. 71-73, pense qu'aucun monwnent de 5a'i n'est ant~rieur l Aménophis 1er qui, le premier, occupa solidement la Haute Nubie. (104) La princesse ~énebhenâes de la 19~me dynastie est I].nwt tlury tmw ; sur les titres « politiques» d'Ahhotep, cf. supra n. 59. La reine Ahm~ porte aussi les titres de /lnwt tJwy (Ur~. IV, 82, 1), ~ryt.tP~"" M~w (Ur~. IV, 225, 6). (104 bis) Un document de la fin de la 20éme dynastie parle d'un domaine

(105)

(106) (107) (108)

(109) (110) (Ill) (112) (II~)

(114) (115) (116) (117)

(118) (119) (120)

(121)

(122) (12~)

(124)

(125) (126) (127) (128) (129)

....

(A $ ~ )

de

Néfertary situé à Aniba (infra, Seconde Panie, ch. XIII, nO 3 cl) ; s'il s'agit bien d'A.N., nous aurions peut-être là le souvenir d'une donation faîte par Amosis. Redford, History and Chronology of 18th Dynasty, p. 72, compte 4 fil, (Saamon, Amosis-ankh, Aménophis et Ahmes sapaYr) et 5 filles (Mérytamon, Saramon, SatKamosè, Ahhotep II et Ahmes). En réalité : Amosis-ankh est sans dout~ une mauvaise lecture d'Ahmes Sapaïr (cf. supra, ch. II § 2), Ahhotep femme d'Amlnophis 1er n'a sans doute jamais existé que dans l'imagination de Gauthier (cf. supra, n. 58). Titulature complète d~ns Lepsius, Konigsbuch; nO 329 (doc. 4, sans r~férente, le monwnent n'a pas été retrouvé, mais la copi~ de Lepshis semble fidlle), pour les autres monuments, cf. GLR II, 192-193. Kees, OU ~6 (19~~), col. 27~·276. Hayes, Sapter Il, p. 5~·54. Yoyolle, Ann. EPHE (5e section) 1965·66, p. 82. Thomas, o.c., p. 2~7. Une momie trouvée dans la cachette (auj. CGC 61052) porte également le nom de Mérytamon, mais il peut s'agir d'une autr~ princesse de ce nom (par exemple la fille de Thoutmosis III), cf. Thomas, Q. C., p. 253. Peut·être d'Ahhotep, celle du sarcophage de Drah Abou el NeggahJc!. supra, n. SB). Cf. Rowe, ASAE 40 (1940), p. 40. Elle lui est associée sur un scarabée du Louvr~, Newberry, Scarabs, pl. 26 [17]. .... CGC 6106~ ; cf. Thoma" o.c., p. 2~6. Maspero, Momies Royales (MMAF 1), p. 541. Le titre de Sœur du Roi ne lui est également donné que dans ce contexte tardif. Cf. Sethe, Die ThronwirreD unter den Nachfoigern Thutmô,is 1., (Unt. 1), p. 5. Sa momie: CGC 61059 ; cf. T'lomas, o.c., p. 2~6. GLR II, 195. Ibid., 195·196. PM II, 1~4 ; Barguet, Temple d'Amon·Rê, p. 276·278. Reproduit sur la figure de couverture. Le Sanctua,re d'Hatshepsout, pl. 18 et 19. Cf. Schott, Die Reinigung Phoraos (Gôttingen Nachr. 1955) qui reproduit pl. 8 [al (cf. p. 81), un autre fragment d'Aménophis 1er donn~nt le début de la sclne, avec la légende : [Ut r w&b rn ~mw-n~r 1 ~mt-nJr m S-J}blJ(y} • descendre pour se purifier, (cela est fait) par les prophètes et l'Epouse du Dieu dans le bassin d'eau fraîche,. (texte reconstitué d'après Sanctuaire d'Hatshepsout, bloc 292, pl. 19 = Le· grain·Naville, Le Pylone d'Aménophis 1er d Karna~, p. 11'( B]). Sanctuaire d'Halshefsout, bloc ~7, pl. 18. PM II, ~21 f125. 11 ; 322 [128, II, 1). PM II, 220 [14.16]. . Wrt hnrt nt Imn, la prosopographie de ce titre serait ;\ faire, il semble apparahre principalement quand aucune reine n'exerce la fonction d'Epouse du Dieu, 5unout à la fin de la 1Bème dynastie. A.N. est appelée elle-même Wrt hnTt nt Imn, cf supra; Seconde Partie, ch. III, TT 106. Sander-Hansen, Gottesweib, p. Il. Attribué quoique assez rarement ;\ A.N. dans les documents posthumes, cf. Seconde Partie, ch. 1. nO 48 et ch. III, Tf 49 a. Leclam, MDIAK 15 (1957), p. 168·169. _ Egalement Sanctuaire d'Hatshepsout, blocs ~7 et 147, pl. 18. Naville, Deir el BahaTl (Xl th Dynasty TemPle) l, pl. 28 B, _ PM II. 74. Photo infdiie (Gardiner MSS Photo AHG/28. 882) dom la r~production nous a été aimablement communiqu~ par le Griffith lnatitute.

AHMES NUERTAR y

58

(1110) PM 1,599·600, Thomas, o.c., p. 172·175. (151) Thomas, o.c., p. 70·71, qui propose en definitive la tombe • El Habl B. au· desaoUl de la Crete de la falaise. On notera que dans le dollÎer des Tomb·Robbe· n'es, le temple d'Amenhotep fils de Hapou est exclusivement dkiJtll~ comme hwt (-/tJ) IIwr, cf. Robichon·Varille. Le Temple du Scribe Royal Amenhotep 1 (FiFAO Il), p. 19·21. (152) Infra ch. V § 2. (155) Cf. pour l'Ancien Empire, Lacau·Lauer, La Pyramide d degrls V, p.S. 18. (154) Ces vues ne remontent vrailemblablement pu avant le r~gne de IOn fils, car elle est d~igMe l chaque fois comme « M~re du Roi l', (155) Panout oil l'on peut voir le signe 'I~~, la fonne est celle qui prevaut à la fin du nlgne. On ne peut donc identifier ces vues avec tes 15 pots-mw d'huile parfumee dont il est question dan. la ..ele de donation, cf. supra, ch. Il § 2. (156) Aujourd'hui MMA 21. 7. 9. cf. infra, Seconde Partie, ch. IX, nO 7. _ (157) o.c., p. 175. (158) Bre..ted, AJSL 25 (1908), p. 108 ; cf. Redford, Chronology and History of 18th Dyntuty, p. 72, n. 77. Vandersleyen, o.c., p. 195. (15.9) Cf. Redford. o.c., p. 72 ; Vandenleren, o.c., p. 195. (140) PM Il. 65·64. (141) Ouo. Topographie des thebanischen Gaues, p. 57 ; PM Il, 422. . (141 bi.) Alternance semblable pour Od.st / {ld'SWI, cf. Montet Glographie, 1. p. 28·29. (142) Parmi les ex·voto recueillis; plusieurs mentionnaient A.N. tl du Mn-st. (Northamp'on. Theban Necropolis, pl. 5 [1.4] et l'au,el d'Amon • dan. le Mn·sl • (ibid, pl. 5[511. (145) Sethe. bas Jubilaumsbild aw Totempel Amenophis 1. (Gôuingen Nachr. 1921. p. 51·55). (l44)Q.uoiqu'il ne soit jamais d&i~ à flotre connaissance comme r&idant au Mn-st (cf. supra, Seconde Panie, ch. XVII § 1). (145) Seules les panies caleair.. seraient primitive& d'apre. Carter,JEA 3 (1916), 155·154. (145 bi.) Derchain, Klmi 19 (1969), p. 17. (146) Ainsi Davi.., Puyemr' l, pl. 40 : gsr'~rw et He"bt (Ha..hepaout), IInl qui pourraient appartenir;\ ce cercueil intenn~diaire d'A.N. (182) CGC 61021. (182 bis) CGC 61083, (183) CGC 61055, (184) Smith, o,c" p, 13, (185) Une herminette votive en bois du Musée de Turin (Suppl. 6303, Maspero, RT 3

l

(1882), p, 124 [4 ]; PM l, 749) porte sur la tranche

êjfJ ~ TI

,Elle pou,'

rait appartenir au matériel funéraire de la reine. Pour ce genre d'objets, comparer Davis, The tomb of H4tshoPsftû, pl. 15 [6 J (186) Maspero, o,c" p, 536 (. âge mû,') ; Smith, o,c" p, 13·14 (souligne la calvitie de la reine qu'on a essayé de dissimuler avec des mkhes de cheveux rapportn). o

(187) Untersuchungen zur Chronologie und Geschichte des neuen Reiches (Àgypt, Abh, Il), p, 108, (188) Petrie, Histonal Scarabs (abrègè H,S.) ad loc, ; Id" Scarabs and cylinders (abrègè S,C.), p, 37, pl. 23 ; Newberry, Scarabs (abrègè Sc.), p, 156·157, pl. 26, (189) C'est particulièrement net pour la le signe

~m écrit

. . , et le

a

~rie

qui porte

te

Epouse du Dieu Nefertary

inscrit sous la barre horizontale du signe

r

Il

avec

(Petrie,

S,C" pl. 42 [19, 3, 147] : Newberry, Sc" pl. 26 [12] ; Matouk, Corpw des seo· robées égyptiens 1. photos nO 206,[208,J210 ; Petrie, 'lanis l, pl. 12,[24]).Cf. aULOi N,

BM66177

.

11&' 1fT.

Il

;j:-4=:~~~III&"~.

(190) S.C" p, 37.'

40

ÂHMES NtFERTARY

(191) Vise Bliitter nO 0 1551 16:il·!) qui nous ont lt~ aimablement communiqu~s par le Prof. Hornung. L'invmtaire des scaTabfes d'A.N. a ~t~ remis il jour en avril 197!L Cit~ L.B.

,

(192) Le groupem

,ch. l, 64 .

' ch. IV, 10.

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_ ~ .\ ::~:6

~

...

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".

, «celle qui entend les prières ", ch. l, 50.

A.N. n'est pas la seule reine à porter ces titres. Ceux notamment qui composent la ~rie Il se rencontrent pour la plupart dans la titulature de diverses reines de la lSème dynastie (74), de l'~oque ramesside (75), et ils sont encore en usage dans le protocole des divines adoratrices éthiopiennes et saïtes (76).

72

AHMES NtFERTARY

Autun monument contemporain d'A.N. ne nous a conservé cette séquence, sa constitution semble d'ailleurs progressive et ne se précise qu'au début de la 19ème dynastie, la généralisation de ces séquences rituelles pour les reines semble aller de pair avec l'usage de porter .les hautes plumes et de se faire représenter avec les sistres (77). 4. Les épithètes faisant suite au cartouche. Ces épithètes sont de diverses sortes. Il y a d'abord le souhait de vie

1- ~

qui peut être très développé ; ainsi (ch. 111, TT B59 b)

ftbt~6~~~ rj"'o.c:~;:sg4~~c;' ~ ~~ ~ ~:=

ICi) {

, (cf. également ch. IX, l. 6. ID. Il. etc.)

L'épithète mJc.t f!:rw se rencontre mais assez rarement et ne semble pas avoir de signification spéciale (ainsi ch. III, TT 19 b : Ahhotep est mJ't .!!.rw tandis qu'A.N. estCnh. d. mais plus loin cette dernière est à son tour m1't j;rw). D'autre épithètes indiquent qu'A.N. est aimée d'un dieu, elle est - mryt (.n)'lmn (ch. l, 66, 77 ; IXa, 3). mryt (.n) rt.s 'lmn (ch. IX, 3. 6).

~4':=:

...7 ~~ t..:::-,« aimé d'Amon qui a créé sa beauté.

(ch. 111, TT 49 b).

- ~ Il ~ ~" ,J «aimée d'Amon, plus. qu'il n'aime les .. '"""" "1_ (autres) dieux. (78), (ch. V 111 , 1 cl. - mrryt R-, ch. III, TT 49 a. C'est là une habitude protocolaire qui remonte au vivant de la reme (cf. Première Partie, ch. VI. ~ 2 b) et ne lui est pas propre (ï9). Sur les épithètes indiquant l'attache géographique du culte d'A.N., cf. infra, ch. XVII § 1. 5. Les coiffures. La coiffure habituelle d'A.N.- est faite d'une perruque tripartite, couverte le plus souvent d'une «dépouille de vautour., et surmontée d'un «mortier. ; ce mortier sert normalement de support à deux « hautes plumes» qui ne sont pas tout-à-fait identiques à celles d'Amon (80), avec parfois un disque solaire à la base ; ces plumes sont régulièrement omises lorsque la place manque pour les représenter, par exemple sur une stèle cintrée. Cette coiffure déjà très élaborée existait certainement du temps d'A. N. : les hautes plumes sont portées par deux reines de la 1Bème dynastie (81) ; sur la stèle d'Abydos (82), Tétishéri est représentée avec les plumes et la dépouille de vautour sur la perruque. C'est sans doute une coïncidence si aucun des monuments contemporains ne donne à la reine ce couvre-chef (8B). Notons déjà qu'il n'a pas de rapport direct avec le titre d'Epouse du Dieu puisque, à toutes les époques, des

LES DOCUMENTS POSTHUMES

73

reines qui ne portent pas ce titre sont coiffées des hautes plumes (84). Nous savons d'ailleurs que la tenue des Epouses du Dieu dans l'exercice de leurs fonctions sacerdotales était toute différente (85). La ressemblance avec les plumes d'Amon paraît admise à Basse Epoque, où elles passeront pour un insigne distinctif de la grande prêtresse d'Amon (86). Quelques variantes sont à noter

~

Perruque-camail cachant l'oreille et tombant sur les épaules avec un uraeus sur le devant (ch. 1. 2. 40. 97). Perruque tripartite avec un bandeau et un uraeus sur le devant (ch_ IX, 7. 9 ; lXa, 1). Perruque tripartite avec deux uraeus (ch. l, 39 ; XII, 2) (87). Mortier décoré sur le pourtour d'une frise de cobras dressés et coiffés du disque solaire (ch. III, TT 49. A 18 ; VIII, 1 a). Parfois les cobras, au lieu d'étre dessinés sur l'épaisseur du mortier, paraissent le dominer (ch. l, 69 ; XII, 2). Plumes striées verticalement au lieu d'être cloisonnées en épi (ch. l, 40. 60.). Plumes striées avec, partant du sommet, un rameau verdoyant (ch. 1. 77). Cornes de vache de part et d'autre du disque (ch. l, 46 ; III, TT 4 b ; VIII. 1 a. 1 el. (88). Cas exceptionnel : celui d'une couronne d'orfèvrerie composée d'un vautour en pied monté sur le mortier et précédé de deux uraeus (ch. III, TT 359 b)_

6. Les sceptres et attributs caractéristiques. Nous excluons ici les scènes où A.N. exécute un rite et porte donc les instruments nécessaires (cf. infra. ch_ XVIII § 31. La· reine a parfois les mains libres, l'une d'elles posée sur l'épaule de son fils ou d'un dieu. Le plus souvent elle est représentée avec le chasse-mouche dans la main gauche (89) ramenée sur la poitrine et le signe

t

dans la main droite (avec dans quelques cas une f1eur./"9 ).

Variantes: Fouet nhJhJ tenu dans la main gauche au lieu du chasse-mouche (ch. 1, 50r Crosse 1]1:' tenue dans la main gauche en même temps que le chasse-mouche (ch. l, 61). Sceptre wJs dans la main gauche (ch. l, 64 ; IV, 9). &eptre wJd.dans la main gauche (ch. l, 75 ; VIII, 1 el. Massue I}/l. avec la fleur (ch. III. TT 23 b). Ménal au bout du bras droit (ch. VIII, 1 e ; lXa. 1). Ménal dans le coude gauche et sistre au bout du bras droit (ch. l,

50). Les additions à l'iconographie traditionnelle des reines s'oricli.ent

74

AHMES N~FERTARY

donc dans deux directions : l'assimilation avec la personne du roi (IJ~J, n~J!;J, 'lIJ., etc... ) et l'insistance sur l'aspect hathorique (wJtJ" ménat, sistre... ).

7. Les vêtements. A.N. est vêtue au départ, comme toutes les déesses, d'une longue robe· fourreau descendant jusqu'aux chevilles et laissant les seins nus. Cette tenue sobre est seulement agrémentée de bracelets aux bras et aux chevilles et d'un gorgerin (90). Cette tenue est enrichie de diverses manières 0( la robe-fourreau reçoit une ceinture qui fait le tour de la taille et tombe sur le devant en deux bandes plus ou moins longues (ch. 1; 1. 31. 69 ; III, TT 250 ; VI, 3). (S - la robe·fourreau est remplacée par une robe ample évasée vers le bas, laissant une épaule nue et serrée pat un nœud sous les seins (91) (ch. Vll1, 1 a ; IX, 1. 6). Le bord vertical de la robe peut comporter des franges (ch. IX, 6). la robe·fourreau est remplacée par une robe ample évasée vers le bas, avec une ceinture, les avant-bras et le buste étant couverts d'un châle plissé (92) (ch. III, TT 19 a. 19 b. 113. 359 b ; ~ IX, 7). ()- la robe-fourreau est remplacée (ou couverte cf. ch. in; T-T 181. 277) par une robe ample évasée vers le bas avec des manches en ailes d'oiseau, sans ceinture (ch. l, 2. 65. 95. 97 ; Il, 20 ; V, 12). Les robes amples sonr généralement transparentes, les robes-fourreaux sont de couleur rouge sur des chairs noires (ch. l, 60) et vertes sur des chairs claires (ch. l, 64). Les ceintures peuvent être jaunes et gaufrées (ch. l, 18) ou ornées de bandes horizontales et de rosaces (ch. Ill, TT 13). Ce souci de parer A.N., au moins sur les peintures, des vêtements les plus somptueux est un trait original par lequel A.N. se sépare des _ autres divinités et reste liée à l'iconographie des reines (93). Dans un seul cas, à notre connaissance, A.N. est représentée avec des sandales aux pieds (ch. Ill, TT 277).

Y-

8, La couleur de la peau. Depuis toujours, on a été frappé par la couleur noire que certains documents utilisent pour rendre le visage et les autres parties VISIbles du corps de la reine. Nous reviendrons plus loin sur l'origine probable de cette coutume (ch. XVll § 2). Nous savons déjà qu'elle est inconnue de son vivant (dans la tombe de Tétiky, elle a les chairs claires comme les autres personnages) et qu'elle ne sera jamais systématique. Ainsi sur trois tombes de Deir el Médineh et Drah Abou el Neggah datant de Ramses II une (TT 2) lui donne des chairs claires. une (TT 46) des chairs dorées. une (TT 10) des chairs bleu-noir. Davies (94) évalue à 4 pour 1 la proportion des représentations

LES DOCUMENTS POSTHUMES

75

« sombres» par rapport aux représentations « claires. ; un sondage personnel nous amènerait à penser que cette proportion est nettement moins forte, mais, faute d'avoir pu vérifier les couleurs sur place, notamment dans les tombes pour lesquelles les publications sont inexactes ou incertaines, nous ne pouvons donner de chiffre général. Par contre, nous pouvons essayer de déterminer la première apparition de la couleur sombre. Il semble qu'on puisse dater les premiers documents qui la comportent (ch. l, 34 ; III, TT 161) du règne d'Aménophis III ou au maximum du règne de Thoutmosis IV. La couleur sombre est-elle le fait de tous les types de documents ? Elle se rencontre dans les stèles, sur les parois des tombes, sur les statues votives (ch. IX, 10. 15), mais dans toutes les séries, elle coexiste avec d'autres couleurs. Il serait intéressant de savoir quelle couleur les reliefs des grands temples thébains donnaient à la reine. Notons pour finir que ce ne sont pas deux couleurs qu'il faut opposer, mais qu'il y a en réalité au moins quatre teintes possibles pour représenter le corps de la reine : la couleur rOse (TT 2. 153). la couleur jaune dorée (TT 16. A 8). la couleur bleu foncé/noir (TT 10. 277). la couleur rouge foncé (TT 49. 54). Une seule couleur semble inconnue pour A.N., c'est le vert sombre réservé aux dieux funéraires (ainsi TT 113, où A.N. est noire alors qu'Osiris est vert).

9. La barque, le

« palanquin » et les chapelles. Les scènes figuréeS représentent A. N. dans ses déplacements et ses stations. La barque d'A.N. est connue principalement par les reliefs du temple de Gournah et du Ramesséum (ch. VIII, 2 a, 3 b). Il s'agit d'un grand vaisseau flottant décoré à la proue et à la poupe de têtes de femme coiffées de la perruque tripartite, de la dépouille de vautour et du mortier. La cabine en forme de naos à gorge est hermétiquement

close, son nom est :

li t t! 1;' ! q~ 1, «naos portatif de l'Epouse

du Dieu Néfertary ». La peinture d'une tombe de. Drah Abou el Neggah (ch. III, TT 19 b) représente sans do.ute la mème barque. les figures de proue sont cette fois surmontées d'un disque et des cornes d'Hathor mais gardent l'uraeus. La cabine est figurée de façon sans doute plus réaliste par un naos quadrangulaire avec une fenètre laissant voir A.N. debout. Ce naos peut être monté sur un traîneau (ch. III, TT 19 a) ou posé sur un socle afin de recevoir un culte (ch. III, TT 65). Il devait être aussi porté en procession car il comportait des barres (ch. l, 78 ; III, TT 284) (95). A.N. est représentée dans divers édicules généralement avec d'autres personnages (96) : dans une chapelle périptère avec rampe d'accês en compagnie d'Amosis (ch. 1, 51), dans un kiosque à côté d'Améno-

AHMES NÉFERTARY

76

phis 1er (ch. III. TT 16. 296. 302. A 8), d'Aménophis et de Thoutmo· sis III (TT 153), d'Osiris et d'Isis (/) (TT 161). Parfois on n'a indiqué qu'une estrade .t=::I(ainsi TT 2 d, 49) (97). Noter un curieux exemple où A.N. et son fils sont représentés adossés à un palmier (ch. l, 15).



L'iconographie d'A.N. comme sa titulature semblent relativement unifiés : une étude site par site reste à faire dans le détail, mais des vérifications ponctuelles nous amènent à penser qu'il n'y a pas de réelles différences de ce point de vue entre les scènes de Gournah, celle de Deir el Médineh et celles de Karnak, sinon dans la fréquence de cer· t airyes compositions. XVII· Le culte d'A.N.

~

I. Les lieux de culte. On a trouvé des monuments d'A.N. dans presque tous les secteurs de l'agglomération thébaine à l'exclusion de Louxor (98), de Médinet Habou (99) et de la Vallée des Rois (100). Mais de toute évidence, seuls trois sont importants: Karnak, le Nord de la Nécropole, Deir el Médi· neh. En dehors de Thèbes : le seul groupe à signaler est constitué par les monuments d'Abydos (ch. l, 5 (1), 23 (/), 33, 52). Faut-il conclure dans chaque cas à l'existence d'un foyer distinct du culte d'A.N. 1 Ce serait sans doute une erreur~ au moins pour Thèbes. Nous avons vu que l'imagerie de la reine est à peu près la même partout ; si les cultes s'étaient développés parallèlement, on aurait sans doute pas cette uniformité. Mais les précisions géographiques parfois accolées au nom de la reine nous permettent d'aller plus loin. Dans la grande majorité des cas A.N. est dite : (n) Mn·st .ch II, 8. Provenance : Médinet Habou (remploi). ch. III, TT 65. Provenance: Sheikh Abd el Gournah. ch. IV, 10. Provenance inconnue. ch. VIII, 1 c. Provenance: Karnak. ch. IX, 18 et 19. Provenance: Gournah. On le voit, seuls deux spécimens sur six viennent sùrement du Mn-st lui-même. Parmi ces exemples, A.N. n'est associée que deux fois avec Amênophis 1er, déterminé tantôt par pl wbJ(ch. IV, 10), tantôt par Il tdrty (ch. II, 8). Dans une liste de divinités thébaines (ch. XIV, 6), A.N. du Mn-st intervient après Amon du Mn-st et avant Amon de Karnak et Amon de Deir el Médineh (n J[ln nJr), tandis qu'Aménophis est rejeté à la fin de la liste. Autres épithètes géographiques : - n J;lr.l (-~r)- 'Imn (ch. l, 37). Cette appellation est sans doute quasiment synonyme de n Mn·st, elle se rattache en tout cas au nord de la région thébaine.

LES DOCUMENTS POSTHUMES

77

n tJ 'f![ ytJl (ch. III, TT 16). Cette appellation est inconnue par ail· leurs, elle rappelle une épithète de Sokaris ; la tombe qui nous la conserve est située à Drah Abou el Neggah et Aménophis 1er, repré· senté ici avec sa mère, est dit n pl wbJ n #/mn. 1}nwt pJ dmr (ch. l, 5S). Ce monument provient de Deir el Médineh et dm' est bien connu comme désignation de.ce village (101). Nous pouvons conclure de tous ces indices que : 1) quand on précise l'attache géographique d'A.N., c'est presque toujours la région de Gournah qui est donnée ; 2) que le culte d'A.N. n Mn·st s'est répandu en dehors de cette ré· gion, mais que l'on continue à considérer la reine comme attachée à ce temple (102) ; 3) que l'association avec Aménophis 1er ne vient pas du partage d'un même lieu de culte (le Mn-st), mais du rapprochement de deux cultes voisins (103). Il nous faut maintenant examiner les fondations consacrées à A. N. et dont les noms nous sont parvenus : Il-

• '-

~I l(.(.(" ~~ ~ I~ (ch. XIII, 1 a). Cette. maison ", donnée en même temps que celle d'Ahhotep est très vraisemWablement à situer dans l'enceinte du Temple d'Amon à Karnak (104). Elle fonctionnait encore à la 20ème dynastie . r=l1 ( - ~ H _ ~.d~ (ch. XIII,

(d:;

'41)

1c).Non~

~- a " - ~ .

.Cette chapelle funéraire est mentionnée aans une liste de la lSème dynastie (105), juste après le temple de Montouhotep à Deir el Bahari et indépendamment du Mn-st. Il peut à la rigueur s'agir d'une partie du temple de million d'années d'A.N. Il n'en est pas question par la suite. 1 \,"';'4!.M\ ~. Chapelle qui apparait aansle titre du scri't"e~ny, auteur de l'illustre. Sagesse" (106). Sa date est sujette à caution: lSème ou 19ème dynastie? (107), sa localisation aussi.

r - C';C0t:;

r-lJ~ (~~ \\

43 (ch. XIII, 1 b). Ce sanctuaire provincial de Moyenne Egypte (lOS) perpétue sans doute un culte local d'A.N. qui nous est inconnu par ailleurs ; l'attribution à notre reine est ·rendue très probable par la ressemblance avec la graphie de /Il ~

~- JI:; C~11[~ c!~u::m~f""ll"'-"'~"")

« le lieu d'observation d'A. N. ", ce nom curieux apparaît dans une stèle très mutilée du Mn-st (109) ; il désigne, semble-t-il, une partie du temple où le défunt souhaite recevoir les faveurs d'Amon. ~ - Le Mn-st lui-même (sur la fondation, cf. Première Partie. ch. V § 1) est souvent cité au cours du Nouvel Empire et jus· qu'à la fin de la 20ème dynastie (110), toujours en relatiOli soit.avec Amon (Ill), soit avec A.N. Il sert de point d'orienta·

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AHMES NÉFERTARY

tion dans la nécropole (112). Il fut certainement restauré et réaménagé à diverses reprises (113). Il est à la 21ème dynastie encore question des architectes fameux «qui édifièrent les murs du Mn-st» (114). Il - Aucun nom de fondation ne peut être rattaché avec certitude 1 à Deir el Médineh. Elle y avait pourtant un ou plusieurs lieux de culte. même s'ils étaient d'importance secondaire. Selon toute vraisemblance, elle était associée à Amênoph.is 1er (cf. supra, ch. VII). A.N. devait avoir également une chapelle à Abydos dans le complexe d'Amosis, mais on en ignore le nom (115). , - On doit sans doute lui attribuer aussi un domaine nubien

9-

-

appelé

:.Q~~:lr! 'tiC! êqf.~)=:ta ~1)~:

supra ch. XlII. 3 d. 2. Le culte d'A.N. dans le Mn·st. Dans chacune des cMpelles ou fondations que possédait A.N., urie image cultuelle devait être honorée. Mais le culte qui éclipsait tous les autres (et qui devait leur servir de modèle) avait lieu dans le temple funéraire de la reine à Gournah. Comme il est normal, les renseignements les plus circonstanciés sur ce culte nous viennent des tomb.es voisines de Drah Abou el Neggah (TT 19. 284. 334) (116) et des temples funéraires royaux du Nord de Thêbes (ch. VlII, 2 a. 3b). A.N. Y était vénérée à partir de la fin de la 18ème dynastie sous les espèces d'une grande statue en bois bitumé qui la représentait debout coiffée des hautes plumes. C'est l'explication la plus probable de la couleur noire (117), celle en tout cas qui rend le mieux compte du caractère local et partiel de ce type de représentation (les plus anciennes tombes qui représentent A.N. en noir sont celles de Khôkha, la nécropole voisine de Drah Abou el Neggah, cf. ch. III, TT 49 (118). 181), l'habitude ne s'est imposée que peu à peu dans des secteurs où l'on voyait moins souvent l'idole d'A.N. (119). Cette statue recevait un culte à l'intérieur mème du temple, mais elle y cédait certainement le pas à Amon ; de nombreuses statues de dignitaires étaient déposées dans les parties intérieures pour recevoir « ce qui sort de l'autel d'Amon» (et non d'A.N.) (120).. Nous n'avons trouvé aucune trace de rites s'adressant en propre à la reine (121). Toutefois, un texte (ch. XV, 2 a) nous décrit le passage du cortège d'Amon au Mn-st à l'occasion de la Belle Féte de la Vallée : «( ... ) Le Mn-st est en jubilation comme en période d'abondance (?), l'Adoratrice du Dieu se réjouit. (... ) on attire l'attention de Khonsou-en-Thèbes pour qu'il entende les formules, on les prononce pour les Maîtres des dieux, on passe la journée au Mn-st, l'Epouse du Dieu sort en poussant des cris d'allégresse (nhm), ses deux mains tiennent les sistres pour contenter père Amon-Rê' (... ) ». D'après ce texte on voit qu'une journée entière était consacrée au Mn-st dans la tournée des temples funél aires

LES DOCUMENTS POSTHUMES

79

que faisait le cortège d'Amon de Karnak, des prières solennelles étaient récitées, notamment à l'adresse de Khonsou dont la barque escortait celle d'Amon. La question se pose de savoir si « l'Epouse du Dieu» (ailleurs « Adoratrice ») qui accueillait le cortège est bien A.N., qui serait alors représentée par sa statue, mais la mention des sistres nous inviterait plutôt à y voir la prêtresse vivante qui portait le titre d'« Epouse du Dieu» et qui remplaçait la reine ; nous aurions là une confirmation de plus du lien entre le Mn-st et l'institution des « Epouses du Dieu ». Il n'est pas question d'Aménophis 1er. En d'autres occasions. la reine quittait son temple et rendait visite à divers sanctuaires. Le naos contenant l'idole bitumée était porté à dos d'homme' ou glissé sur un traineau quand le trajet était court. Dans la TT 19 a (début 19ème dynastie), on le voit quitter dans deux directions opposées un édifice schématisé par un pylone et qui doit étre le Mn-st, la scène mutilée sur les deux bords ne p..rmet pas de savoir vers quelles fondations se dirigeait cette double procession, la suite du registre ne nous renseigne pas non plus, car elle se réfère à un autre épisode (122). Dans la TT 65 (fin 20ême dynastie), le naos d'A.N. (accompagné du palanquin d'Aménophis 1er) est posé devant un kiosque contenant les images de la triade thébaine, les textes ne permettent pas de préciser s'il s'agit d'un édifice permanent ou d'un simple reposoir comme ceux qui servaient pendant la Fête de la Vallée, Parfois le voyage est plus long et requiert un bateau, le naos est alors embarqué sur un navire dont les figures de proue et de poupe rappellent l'iconographie de la reine (supra, ch. XVI, ~ 9). Les temples de Gournah el du Ramesséum (ch. VIII, 2 a. 3 b) en ont gardé le souvenir, soit qu'il s'agisse d'une visite de la reine pour la consécration de chacun des deux édifices. soit plutôt qu'on ait un résumé du cortège qui, à ~haque « Fête de la Vallée », venait visiter les temples funéraires royaux ; la barque de la reine suit celle de Mout, de Khonsou et parfois d'Amonel. Une autre navigation, rêgulière celle-là, devait conduire A.N.par voie d'eau jusqu'au temple d'Amênophis n pl wb,$ (122 bis). La TT 19 b nous représente son arrivêe sur une pièce d'eau, les palanquins d'Aménophis 1er (123) l'attendent sur le quai en avant d'un pylone. ' C'est peut-être cet êpisode que l'on retrouve à date fixe dans les journaux de la Nécropole de la fin du Nouvel Empire, sous le nom de « sortie fluviale (Pl !Jnw) de"Néfertary » (124). Voici la liste: ch. XIII 2 a II-smw-15 2b II-fmw-15 (congé) 2c II-fmw-14 (congé) 2d ? Noter qu'un des 'journaux semble ignorer œt'.~ ft'te (125). On voit que deux jours étaient chômés (à moins que ia da~e ait été déplacée). Néanmoins cet évènement n'avait pas l'importance des fêtes d'Aménophis 1er qui intervenaient quatre fois l'an et ont fini par donner le nom d'un mois (PhaménOlh) (126). On se déplace beaucoup dans la nécropole thébaine (127). mais les li,'ns semblent spécialement étroits entre A.N .. Aménophis 1er n pl wb'

SO

AHMES N!FERTARY

et la triade thébaine. Ces processions ont dû exister pendant tout le Nouvel Empire, en tout cas elles sont bien attestées du début de la 19ème dynastie aux dernières années de la 20ème. !. Les fonctionnaires du culte d'A.N. Nous donnons ci -dessous la liste des fonctionnaires dont les titres font explicitement référence à A.N. (12S). • a) Fonctionnaires sacerdotaux (129)

'2'~G4+)

,'Imn-{ttp (Macadam, Corpus nO 210) Date

1Sème, dynastie

'jf--a-~qtl.flwt·-mry(Berlin 3426,

XI lI, p.SS),

époque de T.houtmosis Ill/Aménophis Il (130).

_ beauil'Ei..(..:..nU4:) , Q{twty (TT 255, Baud·Drioton, Tom"le 0/ (hiFA 0 57), p. 47 ; fig. 15), époque de Horembeb. '1 i~ -C"'::-l'fî &Aqc:;), Sn-njr (Urk. IV, 1430, 4) époque d'Aménophis 11.

..

'~,'i~, -f

MI}- ·Imn·{tlt (L D Text l, p. 18-19).

"=7-

T3 (= supra, ch. l, 2). Date : 20ème

Date:?

;0-

1 =~A"'" dynastie.

~ ';'(131)('- mt~l::::/Imn-l}tPdit .flpw (L D Ill,

43 b).

Date: époque de Thoutmosis IV, Provenance: El Kab. b. Fonctionnaires dU~32) ~_iC' g , R3w (New-York MMA 26. 2. . 29; fig. 67). Date: début du règne 54-55, Hayes, Sceprer l, p. de Thoutmosis 111. Provenance: Drah Abou el Neggah.

-

;;;j -1':..flwl-mJy (Urk.lV,

1432, 10. 18). Date: Thout-

mosis ln/Aménophis 11.

.,

~e:''''''''' 1 n. ,':' Hwt-mJy (Urk IV, 1432, 13). Date

Thoutmosis

Ill/Aménophis 11.

. .;-;r ~iia4~)

,"bw - m- wsbt (Macadam, Corpus nO

513). Date: 18ème dynastie.

-

M.(Dl~' qt::J~ ( ] li.,.... "'lrit ~ ' . . ~ , .... (TT 18, Gauthier

81

LES DOCUMENTS POSTHUMES

BIFAO 6 (1908), p. 169). Epoque de Thoutmosis III au plus tard.

'1 ~_ Ct Aq~)

E/.Iwty-ms(w) (Leide V 9

= Boeser.

Beschr. 6, pl. 7 [9]). Date: 18ème dynastie.

J§.v~,·Imn-m-/.Ib(CGC 42120). ~

mosis III (133).

Date: Thout-

~

l§_'Il:t~.!.wt.. q~.... ,I;lwt-mJy (TT 224, Inédit, d'après Helck, Verwa1tung, p. 297, n. 1). Date : Thoutmosis 111/ Améno~isll.

..

~ -t e»

,~.:,'

.A

\10_ ,Hwf-m)y (TT 224, Inédit, d'après Helck, Verwaltung, p. 297, n. 1). Date : Thoutmosis' III! Aménophis II.

A\\ -

A

R;;i~a4~1 'Imn-m-bJt (Copenhague AIN 663 = Koefoed-Petersen, Catalogue des Statues et Statuettes Egyptiennes, 1950, p. 41 ; pl. 80). Date: début 19ème dynastie. ~e~~[J~(0t:; r~1l11A Iny (Tablette Berlin 8934 (13592) = Erman, zAs 32 (1894) 127-128). Date : , 181l9ème dynastie. c. Chanteurs et chanteuses d'A,N. Deux exemples : RC-ms(w) TT 46 (Sheikh Abd el Gournah). Inédit (d'après PM l, 86 ri]). Date : Aménophis III ? ~Jt-D/.Iwty BM 37105. Guide 4th to 6th Rooms, p. 223·224 Date: Ramesside. cL divers Il est question plusieurs fois d'. esclaves (1}m) (de la maison) d'A.N .• (134), cependant cette expression semble ne pas être un véritable titre mais indiquer seulement un lien de dévotion (135). Nous n'avons pas fait figurer dans cette liste les titres des fonctionnaires d'Amon m Mn-st (donnée supra n. Ill), car si les fonctions du cler~ d'Amon et du clergé d'A.N. semblent très liées (cf. par exemple Berlin 3426 : le Père Divin d'Amon est aussi Premier Prophète d'A.N. ; TT 96 : le Premier Prophète d'Amon est responsable des Prophètes d'A.N.), eUes ne se recouvrent pas (135 bis). . Plus difficile est de discerner les cas où /.Imt-n!r remplace A.N. La distinction n'est peut-être même pas possible' enthêorie, puisque la Maison de l'Epouse du Dieu a dû faire corps au départ avec le Mn-si (cf. Première Partie, ch. II § l!). A partir de queUe époque les titres comprenant l'élément hmt-ntT. (ou dwJt-ntr) ont-ils été compris de la prêtresse en fonction et ~on pÏÜs de l'ancêtr~ ? C'est ce qu'il est difficile de dire, tant que ces titres n'auront pas été étudiés systématiquement. Pour l'instant,i1 serait de mauvaise méthode de supposer l'équation toujours réalisée, nous nous sommes donc bornés aux cas où l'équivalence eSl certaine ~t ainsi:

..

[l,

IJ.

82

AHMES Nf:FERTARY

,

HWI-Wy Sn-nfr

i \:!# à côté de 1 \\ - j ...l!t ŒEX 'liiUi'i (Urk. IV, 1431, 19) à côté de 1 ~ ..: 1 1~ 1 -

1-.(.

..

12-(A.N) (Urk.IV, 'Imn-m-Mt

1430, 4).

~ ~~ii à côté de

-.Ij ~ ~

On peut hésiter lorsqu'on renQontre le titre avec seulement /,lmt-n,tr sur un monument où par ailleurs A.N. est figurée, car le procédé qui consiste à renvoyer à la reine en ne lui donnant que son titre est courant (cf. infra, ch. XVIII § 3). Dans ce cas sont :

\"-x.. .." ...... - i

\:!# .0,

M!,w

~~_,: -=J:I:a,1::,

-

.

(Le~raIn,

. nO 47). RépertOIre,

J;lnwt-gww (Urk.IV, 1645, 15) (136).

Les titres que nous avons reconnus comme surs émanent, dans la mjijorité des cas, de monuments trouvés dans le nord de la nécropole thébaine (TT 18 et 255 à Drah Abou el Neggah, etc ... ). Un seul provient sùrement . de Deir el Médineh mais il est de date tardive (stèle de Ta cf. ch. l, 2). Il est probable que la quasi totalité de ces titres renvoient au culte principal d'A.N., celui qui avait pour cadre le Mn-st; le cumul, dans deux cas au moin& (Berlin 3426 et TT 96), d'un titre du clergé d'A.N. avec un titre du clergé d'Arnon m Mn-st est une confirmation de plus. Par contre, les liens avec le clergé d'Aménophis 1er semblent accidentels (TT 96). Le clergé de la reine se composait d'un collège de prophètes, dirigé conjointement par un « premier prophète. et un «responsable des prophètes •. Ce collège ne dut jamais être très étendu. Il y avait aussi un prêtre-funéraire (/,lm-Id). Le domaine d'A.N. était exploité sous la direction d'un majordome et d'un responsable de l'activité économique (mr g~-pr). Il comportait un troupeau. un magasin (ou un atelier, rn") et un grenier, avec la main d'œuvre nécessaire au fonctionnement des divers services. Ces fonctionnaires cumulaient généralement des fonctions dans d'autres temples, plusieurs (RJ w, Sn-nfr et le Premier Prophète ' Imn-/,ltp) avaient des tâches importantes dans l'administration des biens du domaine d'Amon (de Karnak). L'absence de titres sacerdotaux après la 18ème dynastie, sauf celui de chanteuse, pose un problème délicat. On ne. peut supposer en l'occurence que les titres au nom de l'Epouse du Dieu ont pris le relais des titres au nom d'A.N., puisqu'il n'y a parmi eux que des fonctions administratives (137). Il est concevable qu'à l'époque ramesside, c'était l'Epouse du Dieu en titre (ou la prêtresse faisant fonction) qui assumait la charge du culte d'A.N. Dernière remarque: ie nom de la reine n'est souvent écrit (particuliè-

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remen~

dans les titres d'administrateurs) qu'avec le second élément, Néfertary », ce qui traduit l'influence des documents hiératiques (cf. supra, ch. XVI § 1). «

XVIII - LE STATUT D'A.N. DANS LA RELIGION ET LA MENTALITE EGYPTIENNES Qui était en réalité A.N.? 'A qilel titre est-elle adorée? Ses titres prin· cipaux nous orientent ve'rs une quadruple définition: la reine, l'ancêtre, la prêtresse et la déesse, I. La reine.

A.N. est jusqu'à la fin reconnue comme une reine, à preuve les transformations de son costume selon les modes de la cour, Parmi ses titres les plus importants figurent «Grande Epouse du Roi. et «Dame des Deux Pays» (138) et de nombreuses épithètes, dont la plupart remontent à son vivant, soulignent sa domination sur l'Egypte. 2. L'ancêtre. Mais A,N. apparaît aussi comme « Mère du Roi '. Dans de très nombreuses scênes, elle est en compagnie des souverains du passé et du présent. Dans une scène rituelle, Ramses II l'appelle sa « mère. (ch. VIII, 2 dl. Les représentations associant A.N. à d'autres souverains, princes et princesses méritent d'être examinées de près. Il y a d'abord les grandes compositions où A.N. apparalt dans des séries plus ou moins longues de personnages royaux de toutes époques (ch. III, TT 2 b. 19 b. 306. 359 ; V, 7. 12 ; XV, 1 a. 2 cl. Ces listes qui vont généralement jusqu'à Montouhotep ne donnent sans doute que les noms des rois, princes et princesses qui furent enterrés à Thèbes (on note l'absence des rois de la 12ème et de la 13ème dynastie) (139). A.N. Y occupe toujours une place à part, soit isolée en marge de la liste avec Ahhotep (ch. Ill, TT 19 b ; ch. V, 7), soit, le plus souvent, mise la première d'une série (ch. III, TT 306. 359, etc... ) Dans cette énumération des «maîtres de l'éternité» (140), A.N. fait donc figure sinon de modèle, au moins de jalon essentiel. Des représentations fractionnées associent A. N. à tel ou tel souverain divinisé (nous 'excluons les cas où elle est repr&ëntée avec le 'souverain régnant) Ramses II Ch. l, 79. Ch. l, 79 ; II, 7. Séti 1er Ramses 1er Ch. III, TT 10 b. Horemheb Ch. Ill, TT 7. 10 b. Thoutmosis IV Ch. lll, TT 7. Thoutmosis III Ch. l, 63 ; IV, 60. Thoutmosis 1er Ch. l, 63. Monthouhotep Ch. J, 14. 35 ; III, TT 2 e. 277; IV, 4. Snéfer (= Snefrou ?) (141) Ch. II, 4.

Nous avons laissé de côté jusqu'ici les personnages qui conatituent la proche famille d'A.N. Ce sont eux qui sont le plus

~alement re~

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84

prêsentês avec elle ; un texte (ch. XV, 1 a) nous a même gardê le nom de ce groupement qui devait être cêlèbre : «la famille nombreuse • (tJ mhwt ~;Jt). Ce sont: Ch. l, 43 ; Il, 8 ; III, TT A 18 VI, Ahhotep 1. 2. 3. 5. Ch. l, 32. 40. 46. 51. 52. 63. 97 IX, Amosis 16 ; XI, 4. Sat Kamosé Ch. l, 8. Satamon Ch. l, 29. 94 ; VI, 5 ; IXa, 3 XV, 1 a (?). Ch. l, 29. 31. 33. 63. 76. Ahmes Sapai'" Ch. III, TT 2 c. 2 e. 4 b ; V, 15 ; VI, Mérytamon 5 ; XV, 1 a. (Les listes développées connaissent en outre : Saamon, Hénouttomêhou, Toures, etc... ). La place centrale d'A.N. dans cette sêrie est êvidente : c'est elle qui fait le lien entre ces divers personnages, et ils ne sont pratiquement jamais représentés sans elle (142). Elle est donc restée pour la postérité la mère de la «famille nombreuse». Ces représentations sont connues depuis la 18ème dynastie (ch. l, 33) jusqu'à la 21ème (ch. VI, 5). Mais A.N. apparalt plus spécialement comme la mère d'Aménophis 1er et il nous faut aborder la question délicate des rapports entre ces deux personnages, très souvent associés dans les représentations, mais susceptibles d'être représentés sêparément. On a longtemps cru que les deux cultes étaient solidaires et que la reine avait bénéficié de la divinisation de son fils ; mais divers indices ont amené à réviser cette position : la reine est souvent représentée seule ou avec d'autres rois, parfois c'est elle qui précède son fils (ch. l, 21. 27. 61. 96 ; ch. Ill, TT 153 ; ch. VIll, 2 b), ses statuettes votives ne comportent qu'exceptionnellement l'effigie d'Aménophis 1er en parallèle (cf. ch. IX), les reliefs des temples thébains la représentent presque toujours seule (cf. ch. VIll), enfin, un document (ch. IXa, 2) parle d'Aménophis comme • aimé d'A.N. '. C'est dire que cette dernière est présentée comme divinité protectrice et non comme associée à son culte (143). n faut sans doute tiistinguer entre les différents foyers du culte d'A.N. Nous pensons avoir démontré que le principal, celui du Mn-st, n'est nullement lié à Aménophis 1er (supra, ch XVll § 1), mais que des rapports de bon voisinage existent avec Aménophis n pl wbJ. A Deir el Médineh, la situation est sans doute différente, le culte d'Aménophis est prépondérant en raison de facteurs historiques (la fondation de la corporation des sg,mpar ce roi) ; la reine, autant qu'on puisse voir, n'a pas de culte autonome (cf. ch. VII), et elle est beaucoup plus souvent représentée avec son fils. n est dommage que dans bien des cas on ne puisse, en l'absence de légende explicite, distinguer entre les ,-eprésentations d'Aménophis et voir à quelle image on a affaire : celles où il est représenté avec la coiffure • capsulaire. peuvent convenir à l'image n pl dml (144) et

cr

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85

peut·f:tre à l'image n pJ wbJ ; par contre, les reprf:sentations du roi coifff: du conviennent au moins à l'époque ramesside au seul pl fb th (145). Quand A.N. est accompagnée du palanquin d'Aménophis 1er, il semble toujours s'agir d'un culte du nord de la nécropole (ch. l, 78. 99 ; ch. III, TT 14 b. 284. 344), c'est· à-dire sans doute de celui de «l'Avant-Porche •. Enfin la reprf:sentation d'Aménophis avec A.N. adossés à un palmier dattier (ch. l, 15) correspondrait à un culte de Karnak·Est (146), mais la reprf:sentation d'A.N. à côté du roi semble rajoutée après coup. Les épithètes précisant l'attache géographique du roi ne sont pas toujours facile à exploiter, ainsi : il idrty (147) (ch. Il, 8). pJ hnty ~r mt n 'Imn (148) (ch. 111. TT 134 a). wn~"I> ~wt nl}/t (ch. IV, 5). Dans une scène de Deir el Médineh, A.N. accompagne deux images cultuelles d'Aménophis 1er : pl dmr et pJ tbfb (ch. III, TT 2 d). La variété même de ces groupements prouve que le lien avec Aménophis est contingent.

éJ'r't

3. La prêtresse. Le titre le plus fréquemment donné à A.N. est celui «d'Epouse du Dieu •. Très souvent il sert même à la désigner sans avair besoin de reprendre le nom cité plus haut : dans les expressions stéréotypées (. donner des prières à ... " «flairer le sol devant. ...), il arrive très souvent que ~mt-nJ.r désigne la reine dans le second membre, tandis que nJ.r-nfr, ou une autre expression semblable, renvoie à Aménophis 1er ou un autre roi (cf. ch. l, 27. 51. 63, etc ... ) (149). Le nom propre /fmt-nlr, qui est très répandu au Nouvel Empire (150) Spécialement à Deir el Médineh (151), fait sans doute référence à A.N. Il est connu dès la 18ème dynastie (152). Ce titre n'avait pas seulement un sens honorifique, un texte le remplace par wrt !:prt nt 'Imn (ch. Ill. TT 106), c'est-à-dire le nom de la prêtresse spécialisée qui, en l'absence de l'Epouse du Dieu. accomplit les tâches concrètes du culte. ... Les épithètes énumèrent d'ailleurs les fonctions que la reine accomplit idéalement au profit d'Amon (cf. mpra, ch. XVI, § 3) : elle joue du sistre pour Amon, le charme de sa voix, etc... Ce sont là les tâches des prêtresses devant l'image du Dieu (153). Les scènes des stèles, des tombea'ux et même des temples représentent de temps en temps la reine (seule ou accompagnée d'Aménophis ou d'un autre membre de la famille royale) en train d'accomplir les gestes du culte au profit d'une divinité: t/- le plus souvent elle brandit les sistres (et éventuellement la ménat) : ch. l, 2. 3. 27. 30 ; ch. II, 11 : ch. 111, TT 225 ; ch. V111. 1 c. 1 d. 2 e. 3 a. ~ - elle présente aussi diverses offrandes : des bouquets de fleurs (ch. l, 27), des pots ronds de vin (ch. V, 12), des pots d'onguent (ch. 1. 20). 'f- ou encore elle adore la barque solaire (ch. III, TT 384).

AHMES NtFERTARY

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Dans toutes ces scènes, elle intervient comme intermédiaire, elle intercède (154) pour les vivants. L'exemple le plus net à ce sujet est la scène de Karriak (ch. VIII, 1 c) où la reine, dessinée de petite taille entre Amon et le roi, présente le,s instruments de musique au dieu pour bien le disposer en faveur du roi (155). Ces représentations font écho au rituel d'Aménophis let (ch. XV, 1). Nelson (156) a fort bien vu que, avant d'être bénéficiaire du culte au rang des dieux, Aménophis 1er (et sa mère et toute la • famille nom· breuse ») était senti comme étant l'agent de ce culte ; le même phénomène se reproduit d'ailleurs utlérieurement pour Ramses II. Il n'est pas exclu que l'habitude de 'représenter Aménophis 1er et A.N. en acte de culte se rattache au souvenir encore vivant de leur activité passée au service des temples d'Egypte, activité à laquelle furent également mêlés Mérytamon et d'autres membres de leur famille qui sont souvent représentés avec eux. 4. La déesse. Mais, pour autant, A.N. n'est pas ravalée au rang des simples mortels: prêtresse éternelle, elle l'est comme déesse; on le voit par exemple au fait que, sur une stèle où elle est représentée en acte de culte, la formule d'offrande (I!tp dt nswt) la mentionne à la suite des divinités qu'elle honore (ch. l, 27). Déesse au même titre que les autres personnages du panthéon égyptien, A.N. est figurée dans de très nombreuses scènes comme recevant un culte, seule ou avec d'autres divinités, et elle est citée sur un pied d'égalité dans les formules d'offrande (157). Les dieux et déesses auxquelles A.N. est associée (dans les cas où elle reçoit un culte comme ceux où elle l'accomplit, car nous ne faisons plus de distinction) sont très divers et leur liste se confond pratiquement avec le panthéon égyptien, en tout cas avec celui de la Thébaïde. Enumérons-les rapidement (nous ne donnons les références que pour les plus rares), Amon (Amon-Rê, Amon maître des trônes des deux terres) Amon-bélier (ou à visage humain et à corne de bélier) ch. l, 2. 7 ; IV, 2. 9. Min-Amon ch. IV, 4. Amon « de la .Belle Rencontre. (Deir el Médineh) ch. V, 12. Amon de Djamé ch. XIV, 3. Amon !!nm-n!t~ (Médinet Habou), ch. XIV, 1. 2. Amon !lsr-st (dO) ch. XIV, 2. 5. Amon du Mn-st (Gournah) ch. XIV, 6. Moul. Khonsou l'enfant ch. 1. l, Amonet Ré-Horakhti

(Phré. etc .. ,).

LES DOCUMENTS POSTHUMES

Atou~

~

lousaas, Sep, Sekhen, Aryt Sekhmet Ouret-Hékaou Osiris Isis , Horus (Harsiésis, Harendotes) Anubis Nephtys Sokar (Ptah-Sokar) Thot Séshat Maât Montou Hathor

Ptah

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ch. XV, 1 a. ch III, TT 44. ch. III, TT 106.

ch. XII, 1. MaAt à l'avant de la barque, ch. III, TT 106. ch. l, 66 ; IV, 4. (principalement Hathor I]ryt-tp Wht) Hathor du désert ch. l, 34. 53. Hathor du sycomore ch. l, 46. Hathor de Deir el Bahari ch. III, TT 134 ; IV, 4. (la majorité des mentions vient de Deir el Médineh, il s'agit de Ptah de la Vallée des Reines). Ptah du Ramesséum ch. XIV, 6.

Mert·Seger et la Cime L'Occident Touéris Rénénoutet ch. VIII, 1 d . Rayt·taouy ch. l, 69. 10unet et Ténénet ch. XV, 1 a. L'Ogdoade de (Jft·lJr-nb.s ch. XIV, 3. 5. La Grande Ennéade de Karnak ch. XV, 1 a. Hathor de Gébélein ch. IV, 4. Sobek d'Esna ch. IV, 4. Nekhbet ch. IV. 4. Horus d'Edfou ch. IV, 4. ch. II, 7. Sobek (?) de Silsiléh Horus d'Ombos ch. II, 7. Khnoum, Satis, Anoukis ch. IV, 4. Satis et Onouris ch. 1. 46. Quatre groupements principaux apparaissent dans les compagnons d'A.N. : la triade thébaine, les dieux funéraires, les dieux de Th~bes, les dieux de Haute Egypte. Ils nous donnent la mesure de son importance et les domaines dans lesquels elle intervient. Comme on le voit, la reine est associée aux cultes les plus cél~bres de la région thébaine, sans qu'on puisse noter la moindre préférence ou le moindre groupement géographique.

.

AHMES NUERTARY

A.N., comme deeue, pouMe n~anmoins des traits ~cifiques que nous allons maintenant souligner. Comme Hathor, Malt et quelques autres, elle Ile p~te comme dÜsse-ftlle : elle porte titre de « fille de ,de ~ • (ch. III, TT A 18), elle appelle Amon «son ~e. (ch. III, TT S59 b ; VIII, 1 a ; IX, S. 6. 15) (158). 50!" iconographie, comme nous l'avons vu, souligne de plusieurs mam~es 'Ia r_mblance avec Hathor (cornes autour du disque, supra, ch. XVI §§ 5 et 9 ; port du sceptre ouadj et des instruments de musique, ch. XVI § 6). Mais les ~pith~tes laudatives que nous avons Mjà relevm (supra, ch. XVI § S surtout ~rie II) nous permettent d'aller plus loin. Pour la plupart d'entre elles; il existe un parall~le dans la titulature des d~s Hathor ou Mout. _ _ bnmt st m wlJ n [J[J, Maspero, RT 2 (1880), p. 171i [~1 ] (Hathor). . _ bnmt st m pr~"1mn, pas de parall~le exact mais :

r: ~:uQ~ C,......

1&.

~~. ~14:=')

"

C ernf, Egyptian Stelae in Banke5 Collection, nO S (Mout) ; cf. aussi

"'%.d ~.~

,Bruy~re,

Rapport (1929), p. 52

(Mout). nfrt-1}r m .ifwt-SlJmw, Cerny, o.c., nO S (Mout) B.M. 422 = H. T. 8, pl. 47 (Mout) Bru~re, Rapport (1924-25), p. 167 (Hathor) Bruy~re, Mert-Seger, p. IS6 (Mert-Seger) - w'tl~ L D III, 246 a ,(Mout). - Cnt grwty ~r sbmw, èerny, o.c., nO S (Mout) - namt èrw, (;erny, o.c.,no S (Mout). La question Ile polle de savoir dans quel liens s'est fait l'emprunt Hathor (ou Mout) a-t-elle pris les traits de la reine idhle ou la reine a-t-elle cherch~ à se rapprocher du mod~le ,hathorique ? Les deux semblent vrais en m~e temps, certaines ~pith~tes honorifiques ou de domination qui sont traditionnelles dans le protocole des reines sont prises par Hathor et Mout (159), et r~ciproquement, des titres comme ceux qui se r~~rent au Château des Sistres (= Diospolis Parva ?) ne conviennent primitivement qU'à Hathor. Dans cette osmose, la reine reçoit les attributs de la grande Messe : elle r~jouit le dieu R~ gràce à ses chants et à sa musique et prend place sur sa barque. Ce ph~nom~ne avait commenc~ au moins d~ le Moyen Empire (160), mais c'est avec A.N. qu'il reçoit un d~veloppement syst~niatique qui va marquer d~rmais l'imagerie et la titulature des reines. Nous avons Vu que ce lien tout s~cial d'A.N. avec Hathor a sa source dans l'activit~ m~me de la reine (supra, Premi~re Partie, ch. IX). On a cherch~ dans la couleur noire gtn~ralement attribu~ à A.N. des p~cisions sur Ja place dans le panthéon, mais les explications sont contradictoires : Cerny (161) y voit un rapport avec AnuliJs, Kees (162) avec les grandes divinit~s universelles Amon et Amonet... En ~alit~, les

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LES DOCUMENTS POSTHUMES

variations de couleur prouvent que le bleu-noir (163) n'est pas la seule manière de rendre les chairs d'A.N. et qu'en tout cas elle n'est jamais représentée ,avec le vert des dieux funéraires (supra, ch. XVI § 8). L'explication par l'existence d'une image bitumée nous semble la plus solide, mais elle ne fait que repousser le problème, car il faut encore justifier Il; choix de ce type de représentation ; le plus simple est sans doute d'admettre qu'il était courant à la 18ème dynastie dans les temples funéraires (164). Quelques éléments permettent de compléter le portrait d'A.N. comme déesse : le titre de «Mère du Dieu. qui lui est donné avec insistance dans les bas-reliefs de's temples la met en rapport avec Isis (165). On ne peut pas savoir quand semblable appellation a pris naissance ; en tout cas, il semble, là encore, c'est à son imitation que les reines des époques ramesside et libyenne la prendront. A.N. est une fois (ch. l, 50) désignée comme «celle qui entend les prières» (s!J.m n{lwt). Cette appellation est développée plus loin :

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(i) n.s sdm.s ms. (f) «quand je l'appelle, elle entend mon appel ». Notons que ce texte est gravé sur une stèle à oreilles (autre exemple : ch. l,57). Nous découvrons ici à côté de la déesse vénérée dans les grands temples des deux rives de Thèbes, la protectrice exorable que les gens du peuple n'hésitent pas à invoquer.

• On le voit, la figure d'A.N. est complexe. Les divers aspects qu'elle a pris, soit de son vivant, soit juste après sa mort, subsistent parallèlement : femme du libérateur de l'Egypte et mère de la «famille nombreuse " réorganisatrice du culte, fondatrice d'une institution prospère, maîtresse d'un temple important et d'un clergé, tous ces éléments sont inclus dans son culte et lui donnent son visage propre. Dans plusieurs cas, elle a contribué à créer l'idéologie de la fonction réginale jusqu'à la fin de l'histoire égyptienne, en accélérant notamment l'identification avec Hathor et en rapprochant la reine du sacerdoce d'Amon. XIX· L'HISTOIRE DU CULTE D'A.N. Ce culte a une histoire : il ne s'est pas constitué tout d'un coup, il a connu plusieurs phases et il a finalement disparu. Nous sommes malheureusement fort mal placés pour suivre cette histoire, car peu de nos documents sont exactement datés. Un moyen d'appréciation important pourraît être de suivre la diffusion de l'onomastique : !fmt-nIT (cf. supTa, ch. XVIII § 3), les noms formés sur Nbt-tJwy (cf. supra, ch. XVIII § 1) et surtout Nfr/try qui, s'i!' a peut-être existé avant notre reine, doit certainement son succès à cette dernière (166). Une appréciation quantitative est pratiquement impossible, mais on peut déjà faire quelques remarques : deux reines au moins, en dehors d'A.N., portent le nom de Néfertary, la

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première est femme de Thoutmosis IV, la seconde de Ramses II (167) ; les exemples chez les particuliers sont très nombreux, spécialement à la l8ème et au début de la 19ème dynastie (168), ils sont surtout thé· _ bains (169).

1. Origine du culte. Comme nous l'avons vu, plusieurs éléments ont joué dans la constitu· tion de l'image classique d'A.N. ; sa divinisation semble provenir de trois sources principales : le prestige de son temple funéraire, bien situé sur les pentes de Drah Abou el Neggah juste en face de Karnak ; le fait qu'une reine possède un tel temple est déjà exceptionnel et explique rat· tention dont elle est l'objet (comparer ce qui s'est passé pour Amenhotep fils de Hapou) ; ce temple dut être embelli par Thoutmosis 1er qui avait tout intérêt à honorer le souvenir de sa belle·mère. . le souvenir de son action (sans doute conjugées avec celle d'Améno· phis 1er et d'autres membres de sa famille) en faveur du culte à Abydos, à Karnak, à Deir el Bahari, etc ... la dévotion à A.N. était pour les clergés de ces temples une manière de rappeler aux autorités en place leur devoir; le culte d'A.N. à Deir el Médineh se rattache peut·être à une origine analogue, mais là, c'est Amé· nopl\is 1er qui a la première place/ en tant que fondateur des corporations d'artisans et initiateur d'un nouveau type de sé· pulture. Le souvenir des circonstances historiques du début de la 18ème dynastie, - on ne peut guère expliquer autrement l'attachement des gens du Nouvel Empire pour la mémoire d'Amosis (170) et de la « famille nombreuse» ; cette génération de princes et de prin· cesses reste liée à l'expulsion des Hyksos et à la reconstitution de l'Empire thébain; A.N. apparaît au milieu d'eux comme la personnalité dominante. Tous ces éléments n'ont sans doute pas joué en même temps, c'est ce qui explique la rareté des premières mentions du culte d'A.N. (notamment dans les tombes thébaines ; les premières stèles seraient à dater de Thoutmosis III, cf. conclusion du ch. 1). Enfin notons que, contrairement à ce que l'on a longtemps cru, le culte d'A.N. n'est pas limité à la région thébaine: on le trouve à Aby· dos, près d'Héracléopolis et peut·être à Aniba ; dans le premier cas, l'origine du culte est selon toute probalité une fondation locale qui a survécu durant une partie du Nouvel Empire ; il en était vraisem· blablement de même pour les autres. 2. Evolution du culte. C'est peut·être ce qu'il est le plus difficile de suivre. L'abondance des mentions au début de la 19ème dynastie semble indiquer que le culte de la reine a connu un nouveau départ. A ce moment les fastes de son culte officiel (cf. ch. VIII ; XV, 1 a ; XVII § 2) semblent coïncider avec l'abondance des manifestations du culte privé

-

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LES DOCUMENTS POSTHUMES

(cf. p3;r exemple ch. V). Par la suite aucun renouvellement important n'est constaté ; si elle apparaît dans certains types de monuments seulement à la fin de l'époque ramesside (ch. VI, XIII, XIV), cette évolution peut être due à la lacune de notre documentation antérieure ou à l'apparition de nouvelles contraintes. Les manifestations du .culte officiel semblent se raréfier, sans tout à fait disparaître, à la fin de l'époque ramesside (cf. ch. VIII, 1 el. 3. La fin du culte. Quand a-t-on cessé de représenter et d'honorer A.N. ? Les derniers documents à peu près datables sont contemporains de la deuxième cachette de Deir el Bahari, i.e. à la fin de la 21ème dynastie (ch. l, 28 ; VI, 1. 5). Un bloc attribué par Spiegelberg (ch. II, 22) à la 22ème dynastie ne semble pas Spécialement caractéristique de l'époque libyen..... ne, mais nous n'avons qu'une mauvaise reproduction. A l'époque ptolémaïque, il n'est plus question à Deir el Médineh ni d'Aménophis 1er ni d'A.N. (171). A la suite de quelles circonstances le culte de la reine a-t-il disparu ? Vu l'importance du Mn-st, on ne peut guère expliquer l'effacement d'A.N. autrement que par la disparition de cette fondation. Les documents de la fin de l'époque ramesside et du début de la 21ème dynastie ne parlent pas de cet événement, on peut supposer que le temple fut endommagé lors des troubles qui ont ravagé l'agglomération thébaine à ce moment, et qu'il n'a pas été réparé. En tout cas le culte était encore célébré sous Ramses X, puisque la «sortie fluviale» avait encore lieu (supra. ch. XVII § 2). Le destin de ce culte florissant fut donc de tomber rapidement dans'l'oubli. Est-ce un vague souvenir de l'Epouse du Dieu A.N. et des autres princesses enterrées à Drah Abou el Neggah que nous rapporte Diodore (172) quand il parle des tombes situées à 10 stades (= 1.800 m. environ) du monument d'Os~andyos (c'est-à-dire du Ramesséum) où étaient enterrées .fi ",")0)."1(: Sec; 6:0 c; , les «concubines de Zeus»? Le rapprochement est tentant : A.N. se serait ainsi survécu à elle-même dans l'anonymat des «Epouses du Dieu. du début de la 18ème dynastie, dont le souvenir, toujours localisé au Nord de Thêbes, continuait de flotter dans l'antique métropole déchue de sa gloire.

._ü

NOTES DE LA SECONDE PARTIE (1) Le Catalogue de la Collection Salt donne : Abydos, mention qui, dans d'autres cu, parait erronnêe (cf. James, H. T., 9, p. 60). mais on ne peut la refu~r a priori. (~) Inscrit comme provenant de Qama (sic) cf. Miscellanea Wilbounana, p. 55. n. 44. (3) L'absence de ce monument dans le Catalogue de Tosi-Roccati laisse ;\ penJeT que la provenance n'est plus assurée.

(4) Avant l'adoption dêfinitive du signe l'W\ (cf. Vandersleyen, Les GUO"es d'Amosis, p.212·2n). . (5) Toutefois aucun exemple ne nous est parvenu entre Arnosd et Ammophil II. La to~be de Rekhmitf' crr 100), par exemple, ne renferme aucune mention de ta reme. (6) Cf. Bruyère, RappoTI (1926), p. 2-3.

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(7) Cf. Berli;; 6908 linfra, ch. IX, 1) le dHunt souhaite que sa démarche soit ferme pour aller chez .. Elle» (Twd nmt.W T 5t.S). (8) Dans le cas des nO Il et 13 de notre liste, il ne reste que des fragments et on ne peut être sûr qu'il ne s'agissait pas de statues d'A.N. dédiées par u~ particulier. (9) Bana, Aufbau und Bedeutung der almg. Opferformel (Agyptol. Forsch. 24), p. l41, n. 66. (10) Maspera n'a pas reconnu l'image d'A.N. .. (II) Pris à tort pour une statue d'A.N. et de son fils par Wiedemann, Ag Gesch., p. 316. (12) Autres exemples à 19ème dynastie, Brunner, JEA 54 (1968), p. 130 ; Maspero, RT 2 (1880), p. 120 [M). (13) Quelques aperçus sur les tables d'offrande de Deir el Médineh dans Bruyère, Rapport (1925-24), p. 19·20. (14) N'ayant pu avoir accès à l'original, nous ne savons pas lequel de ces quatre sarco· ph.ages appartenant à cn/J.J-n-Mwt donne l'image d'A.N. (15) Meme remarque pour les quatre sarcophages de /ly.J-c-Dr. (16) Rapport (1929), p. 3·17. (17) Celle-ci possède déjà une chapelle dans le temple d'Aménophis 1er, cf. Bruyère, Rapport (1926), p. 7 ; Rapport (1935·40) l, p. 97-98. 105-106. Elément d'un naos aU nom d'A.N. trouvé à Deir el Mêdineh, supra, ch. II, nO 3. (18) Rapport (1929), p. llO-Ill, fig. 54 ; PM 1,690. Les deux personnages sont assis devant un sycomore, la reine n'a pas la couleur sombre et sa perruque ne rappelle pas les représentations habituelles d'A.N. (19) Bruyère, Rapport (1929), pl. 9 (= supra, ch. l, nO 89) ; fig. 14 [12.13] (= ch. l, nO 86) ; fig. 16 (= ch. II, nO 16). Noter qu elle est toujours avec son fils. (20) Table d'offrande (ibld. p. 41) : Amon ; montant de pone (ibid. p. 41-42) : la triade thébaine. (21) Même quand Osiris est représenté de couleur verdâtre, la reine a les chaires noires (cf. TT 113). (22) Bruyère, o.c., p. 43. (23) Bruyère, o.c., p. Il s'agirait de texte~ en« colonnes verticales Jo. (24) Ritualdarstellungen des Ramesseums l, (Agyptol. Abh. 25), p. 104. D'après Madame Desroches-Noblecourt, il s'agirait de Néfertary-méritenmout (communication orale). (25) Cf. Vandersleyen, Guerres d'Amosis, p,,225, n. 1. (26) Brunner, Die Geburt des GoUlWntgs (Agyptol. Abh. 10), p. 44 ; Vandersleyen, o.c., p. 220, n. 1. • (27) Elle pone gén~ralement une robe ample, cf. ch. XVI § 7, modèleJ3 et y. (28) ~néralités sur les statuettes votives d'A.N. dans Vandier, Manuel d'Archéologie III (1958), p. 426-427 et 528. (29) Sur les statues élevées de son vivant cf. supra, Première Partie, ch. III, § 4 ; ch. VI, §§ 2 et 3. (30) Attribuèe à A.N. par Vandier, o.c., 426, n. 1. (31) Attribuée à A.N. par PM l, 788. (32) Attribuée à A.N. par Barfllet, Temple, p. 259, n. 5. (33) On trouve le titre [~nwt Smc' M!tw que porte fréquemment A.N. Rapprochement suggéré par De Meulenaere (communication Vandersleyen). (34) Spiegelberg, Agyptische und andere Graffiti aw der thebanùchen Nekropolis (1921), nO 676. 1037, etc... ; l':erny, Graffiti hiéroglyphique et hiératique de la Nécropole thébaine (Doc. FIFAO 9), nO 1372. (35) Ces deux graffitis représenter:a-t à côté du cartouche d'A.N. un autel (7) schéma-

42!fil

tique'i] avec un nom

P:r

O

(36) Agyptùche Geschichte, p. 315. (37) Legrain, ASAE 6 (1905), p. 138-139. (38) Vandier d'Abbadie, Catalogue des Ostraca jigurés de Deir el Mtdineh (Doc. FlFA a 2) III, p. 102. (39) Daressy, Ostraca, CGC 25005. 25011. 25032. 25111. 25189 bis. 25200 ; Vandier d'Abbadie, 2978 (1). 2982. (40) Vangier d'Abbadie, o.c., p. 101-102. (41) Cf. terny, Egyptian Oracles dans Parker, A Saile Oracle Papyrw jrom Thebes,

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LES DOCUMENTS POSTHUMES

1962, p, 41·43. (42) L D 1I1, 229 c : BAR IV § 479. (43) On a contesté' ,qu'il s'agisse d'A.N. Gauthier (LR III. p. 202 [~H~] ) a fait de Néfertary une femme de Ramses VI, mais ceue hypothèse ne repose que ~ur la simili· tude entre le nom de cette fonrlalion el ('('lui ques suivantes attachaient à ce rèK"e. (171) Dans l'archivium familial de Deir el Mêdineh (Botti. L'Archivio demotico da Deir el Médineh (1967),'p, 15·16), on parle en revanche d'Amenhotep fils de Hapou. La stèle cit'" par Cerny BIFAD 27 (1927), p. 159, n. 2, aujourd'hui au Nap. Musêum de Praque, ne r~pr~nte pas. A.N. (communication &rny), (172) Bibliothèque Hùton'que l, 47,

Dy

INDEX LISTE 1 MONUMENTS D'A.N. dans les musées N.B. La liste des scarabées et petits objets est donnée séparément dans la Première Partie. ch. VIII. BERLIN

1625 (TT 2)

BERLIN

2060 (TT 359)

BERLIN BERLIN BERLIN BERLIN BERLIN

3426 6908 8818 8934 (13592) 10114 attribution incertaine 12577 20164 21538 217 277 291 297 317 446 448 594 598 811 826 916 926 989 1347 1455 1515 1516 37105 37994 (TT 113)

BERLIN BERLIN BERLIN B.M. B.M. B.M. B.M. B.M. B.M. B.M. B.M. B.M. B.M. B.M. B.M. B.M. B.M. B.M. B.M. B.M. B.M. B.M. B.M.

111

Deuxième Partie

111 :: XVII § 3 IX 1 II 1 .. XVII § 3 IX 1

IV 1 1 1 1 1

1 1

II II II 1 1 1 1 1 1 1

1 1 "XVII § III

..

3 1 4 5 6 7 8 9 10 2 1 3 11 12, 13 14 15 16 17 18 19 3

99

INDEX

BROOKLYN Mus. BROOKLYN Mus. BRUXELLES CAMBRIDGE Fiuw Mus. CAMBRIDGE Fitzw Mus. C.G. C.G. C.G. (5137 -38, 6156-57, C.G. C.G. C_G. C.G. C.G. C.G. C.G. C.G. C.G. C.G. C.G. C.G. C.G. C.G. C.G. C.G. C.G. C.G. COPENHAGUE Nat. Musée COPENHAGUE AIN COPENHAGUE AIN COPENHAGUE AIN DURHAM University EDIMBOURG Royal Scot. Mus. EDIMBOURG Royal Scot. Mus. KHARTOUM LE CAIREJ.E. LE CAIRE JE. LE CAIREJE. LE CAIREJE. LE CAIRE JE. LE CAIRE JE. LE CAIRE JE. LE CAIRE JE. LE CAIREJ.E.

E. '67.1485 L. 68.10.2 E.758

1 21 120 1 21

E. 5515

V2

E. 5538 1221 1244 6098-99,6109-10,) 25029 25598 34002 34029 34034 34037 34051 34080 34081 34159 42050 42120 42122 42176 42179 42184 61003 61055

1 37 " XVII § 3 IX a 1 VII·2 XIII XIII 3b Première Partie III § 3 129 Deuxième Partie 130 1 31 132 133 134 Première Partie II § 1 Deuxième Partie IX 3 " XVII § 3 IV 4 IV 5 IV 6 IV 7 Première Partie VII § 3 VII § 4

AA d 9 663 838 1600 N 495

Deuxième Partie 1 39 :: XVII§3 140 Première Partie IX § 3 Deuxième Partie IX 4

V.C.52

Deuxième Partie

1951-324 443 26255 A - D 27074 33973 36717 36718 41469 . 43134 43587 43677

IX 5 III § 4 VII § 2 125 Deuxième Partie IX 2 126 127 114 128

141

Première Partie

V~

V4

100

INDEX

LE CAIREJ.E. LE CAIREJ.E. LE CAIRE J.E. LE CAIREJ.E. LE CAIRE J .E. LE CAIREJ.E. LE CAIRE LE CAIRE LEIDE LEIDE LEIDE LEIDE LONDRES Univ. Coll. LOUVRE LOUVRE LOUVRE LOUVRE LOUVRE LOUVRE LOUVRE LOUVRE LOUVRE LOUVRE LOUVRE LOUVRE MANCHESTER Mus. MARSEILLE NEUCHATEL Musée d'Etnographie NEW YORK M.M.A. NEW YORK M.M.A. NEW YORK M.M.A_ NEW YORK M.M.A. NEW YORK M.M.A. NEW YORK M.M.A.

,

OMAHA MUS. (Nebraska) OXFORD Ash. Mus. PHILADELPHIE STOCKHOLM STRASBOURG I.E.S. STRASBOURG I.E.S. TURIN TURIN TURIN TURIN

43679 43692 44319 46367 48832·3 68596 provis. 26/2/25/5 provis.30/1/15/13 V8 V9 F 93127 M5

115 IV 2 116 117 118 IV 3 123 124 143 XVll § 3 142 V13 144 148 149 145 146 147 146 IX 6 150 148 149 V5 V6 152 V7

14212 C 311 C 315 C 50 C 147 C 204 N 296 N 470 N 662 E 12964 E 13989 E 13996 E 16331 2938 nO 204 Eg.238 21-7-1-8 21-7-9 23-3-80 59-93 25-184-2 26-2-54-55

153 Première Panie IX'S 4 Deuxième Partie IX 7 Première Partie IX § 2 Deuxième Partie 154 Première Partie 11 § 1 Deuxième Panie XVll § 3

1953.80 E. 27-27 29.87.450 NME20 1013 1595 cal. 1369 cal. 1370 cal. 1371 cal. 1388

Deuxième Partie Première Partie Deuxième Partie Deuxième Partie

Deuxième Partie

IX 3 IX § 2 155 V8 IX 8 156 IX 10 IX 11 IX 12 IX 13

INDEX

TURIN TURIN TURIN TURIN TURIN TURIN TURIN TURIN TURIN TURIN TURIN TURIN TURIN TURIN TURIN TURIN TURIN TURIN TURIN - TURIN TURIN TURIN TURIN TURIN TURIN TURIN TURIN TURIN TURIN TURIN TURIN TURIN TURIN TURIN TURIN TURIN TURIN TURIN TURIN VIENNE WURZBURG Mus. Univ. Wagner

101

cal. 1389 cat. 1449 cat. 1450 cat. 1451 cal. 1452 cal. 1453 bis cal. 1454 cal. 1455 cal. 1466 cat. 1565 cal. 2045 cal. 2236·37 cal. 2430 cal. 3032 cal. 3053 cal. 3053 suppl. 6038 suppl. 6051 suppl. 6128 suppl. 6140 suppl. 6303 suppl. 7358 suppl. 7883 suppl. 9491 bis suppl. 9496 cal. gén. 50032 cal. gén. 50034 cal. gén. 50037 cal. gén. 50040 cal. gén. 50050 cal. "gén. 50054 cal. gén. 50073 qt. gén. 50081 cal. gén. 50090 cal. gén. 50094 cal. gén. 50101 cal. gén. 50128 cal. gén. 50156 cal. gén. 50204 Inv. 158

H 3198

IX 14 157 158 159 160 1 61 162 163 165 164 .. XII § 2 d .. VI5 VI4 IV 9 IV 10 IV 10 167 166 IX 15 168 Première Panie VII § 4 Deuxième Panie 1 69 V9 170 1111 169 160 157 164 158 162 159 .. Il 12 bis 165 168 1 71 166 174 1111 175 176

102

INDEX

LISTE II TOMBES THEBAINES eITtEs

TT

2 4 7 10 13 14

15 16 18 19 23 44 46 49 53 54 65 106 113 141 149 153 161 178 181 210 213 219 224 255 266 277 284 285 290 296 300 302 306 322 332 344 357 359

Del M DelM DelM Del M DAN DAN DAN DAN DAN DAN S Ael G SAelG SAelG Khok S Ael G S A el G SAelG S A el G S A el G DAN DAN DAN DAN K h0 k Kh 0 k DelM Del M Del M S Ael G DAN Del M Qur Mur DAN DAN Del M Khok DAN DAN DAN Del M DAN DAN Del M DelM

Deuxième Partie

III

Première Partie Deuxième Partie

Il § 3 III

XVII § 3 III

XVII § 3 III

Première Partie Deuxième Partie

VII § 1 III

XVII § 3 III

148 III

IV 9 III

INDEX

103 Deuxième Partie

375 377 384

DAN DAN

A 8 A 12

DAN DAN DAN

A 18 D 2

SAG

Qur Mur

III

ADDITIONS

p. 6 - Le premier document sur A. N. est probablement la statue du Louvre E 15682 (PMI604) qui.mentionne, parmi les enfants de Sequenenré et d'Ahhotep, deux princesses Ahmes dont l'une est appelée «fille royale aînée (s3t - nswt wrt) et l'autre surnommée
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