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August 24, 2017 | Author: fruitfuck | Category: Turkey, France, Iran, Pope Francis, Jean Marie Le Pen
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Spéc

s e g a p 6 1 ia l

Assassinat de l’ambassadeur russe à Ankara : Poutine dans le viseur Carnage sur un marché de Noël à Berlin : merci Madame Merkel ! Primaire de la gauche : pleins phares sur Montebourg et Peillon Police de la pensée : Jérôme Bourbon condamné à 20 000 euros !

RIVAROL N°3263

“Quand les peuples cessent d’estimer, ils cessent d’obéir”

DU 22/12/2016 AU 4/1/2017

HEBDOMADAIRE DE L’OPPOSITION NATIONALE ET EUROPÉENNE PARAISSANT LE JEUDI

RONIE de l’histoire. C’est au moment même où se multiplient les attentats sanglants et barbares sur le sol européen (Nice le 14 juillet, ses 86 morts et ses 434 blessés, Berlin le 19 décembre, ses 12 morts et 48 blessés — bilan provisoire —), où le Proche-Orient, et le monde avec lui, peut s’embraser à tout moment comme en témoigne le sauvage assassinat devant les caméras de l’ambassadeur russe à Ankara ce même 19 décembre (voir l’article de Léon Camus sur ces deux sujets en page 2 de ce numéro) que le pouvoir cosmopolite s’acharne contre ses opposants, leur infligeant des peines de plus en plus lourdes. Quand il s’agit d’éradiquer le terrorisme, les dirigeants politiques du Vieux Continent sont d’une extrême modération voire d’un étrange fatalisme. Après l’attentat de Nice, Manuel Valls, alors Premier ministre, avait déclaré qu’il faut s’habituer à vivre avec le terrorisme et qu’il y aurait de nouvelles victimes, après le carnage de Berlin Angela Merkel a déclaré mêmement : « Comment pouvons-nous survivre ? Moi-même je n’ai pas de réponse à vous apporter » tandis que, comme le note avec justesse dans un communiqué le Parti de la France, « nous avons touché le fond, avec ce tweet de l’Elysée qui exprime sa solidarité avec les Allemands suite à l’attaque… d’un camion ! » La chancelière allemande a même ajouté de manière hallucinante, après le carnage du marché de Noël, que les Européens doivent « continuer à vivre dans un esprit d’ouverture ». Cette cécité (volontaire ?) est criminelle et prépare des lendemains bien sombres. Cette extrême “sobriété” de ces chefs d’Etat et de gouvernement devant des actes terroristes, ces aveux d’impuissance confondants contrastent avec la férocité dont ils font preuve à l’égard des « délinquants de la pensée ». On sait avec quelle sévérité sont punis outre-Rhin les révisionnistes, comment est surveillée, espionnée, infiltrée et muselée la droite radicale allemande (le NPD en a souvent fait les frais !). En France les peines prononcées contre ceux qui avaient alerté à juste titre contre les dangers mortifères d’une politique d’immigration criminelle et qui avaient dénoncé la participation insensée de notre pays à des conflits (Irak, Afghanistan, Libye, Syrie) où nos intérêts vitaux n’étaient pas en jeu et où nous n’avions d’évidence que des coups à prendre, sont de plus en plus sévères.

E

N L’ESPACE DE quelques jours seulement se sont multipliées les condamnations et les réquisitions les plus délirantes les unes que les autres. Le 15 décembre l’essayiste Hervé Ryssen a été condamné par la XVIIe à 5 mois

N°3263 DU 22 DÉCEMBRE 2016 AU 4 JANVIER 2017

www.rivarol.com

Imprimé en France/Printed in France

(Dessin de Chard)

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Pendant que le terrorisme tue, le pouvoir persécute ses opposants

de prison ferme pour son livre Comprendre le judaïsme. Comprendre l’antisémitisme et en février prochain il sera jugé le même jour pour trois affaires où il risque jusqu’à trois ans de prison ferme pour incitation à la haine raciale. Le même jour, dans l’affaire dite du détail, le procureur de la République a requis en appel contre Jean-Marie Le Pen 30 000 euros d’amende (l’arrêt de la cour sera rendu le 1er mars 2017). Une semaine plus tôt, le 7 décembre, le substitut a requis contre Henry de Lesquen poursuivi pour contestation de crimes contre l’humanité, provocation à la haine raciale et injures publiques 15 000 euros d’amende et six mois de prison avec sursis (jugement le 25 janvier). Cette audience qui dura huit heures fut à bien des égards surréaliste puisque, en plus du Parquet, le président du Club de l’Horloge et de Radio Courtoisie — qui se montra particulièrement pugnace — dut faire face à six parties civiles : la LICRA, le MRAP, Sos-Racisme, l’UEJF, Avocats sans frontières et l’association J’accuse ! Les dommages et intérêts réclamés par ces officines de délation dépassent les 100 000 euros : la LICRA réclame en effet 36 000 euros, le MRAP et SOS-Racisme également. Seule l’UEJF demande un euro symbolique mais son désintéressement n’est qu’apparent puisqu’elle réclame des publications judiciaires aux frais exclusifs du prévenu, insertion dont on sait qu’elle coûte 5 000 euros minimum l’unité ! Quant à votre serviteur, il a été condamné le 14 décembre pour contestation de crimes contre l’humanité et provocation à la haine raciale à près de 20 000 euros par la XVIIe chambre du tribunal correctionnel de Paris présidée par Madame Fabienne Siredey-Garnier. Voici le détail de la condamnation : 11 000 euros d’amende dont 8000 euros sous forme de jours-amende (en cas de non-paiement de cette somme l’em-

bastillement est en principe automatique, sauf avis contraire du juge d’application des peines qui peut prévoir à la place des travaux d’intérêt général ou le port d’un bracelet électronique) et 8 500 euros de dommages et intérêts ainsi répartis : 6 500 euros à la LICRA qui comme d’habitude se taille la part du lion, 1 000 euros à France Israël et 1 000 euros à Avocats sans frontières. Rappelons que le procureur avait carrément requis le 9 novembre 40 000 euros sous forme de jours-amende, soit quasiment le maximum prévu par le législateur qui est de 45 000 euros (300 000 francs !) Ces condamnations et réquisitions sont tellement disproportionnées, tellement indécentes, tellement délirantes qu’on ne saurait avoir la moindre estime, la moindre confiance, le moindre respect pour des magistrats qui s’abaissent à de telles ignominies. Il était une époque, pas si éloignée, où les juges, formés à la vieille école, répugnaient à sévir fortement contre des délits d’opinion ou renâclaient à s’ériger en professeurs d’histoire. Ils avaient conscience que ce n’était ni leur fonction ni leur mission. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Les magistrats, qui actuellement sont très souvent des femmes, et dont plus d’un tiers sont membres du très gauchiste Syndicat de la magistrature, n’hésitent plus à se comporter en policiers de la pensée punissant, ruinant, embastillant leurs adversaires politiques et idéologiques qui incarnent pour eux le mal absolu. Il est quand même frappant qu’une des juges m’a posé des questions sur le dernier banquet de RIVAROL et sur la venue du professeur Faurisson, ce qui semblait la passionner mais ce qui était objectivement hors sujet. Elle m’a demandé aussi quelles étaient mes idées politiques, comment je me définissais, ce que je pensais de Robert Faurisson, de sa personne et de ses thèses, si je croyais ou non à l’existence des chambres à gaz alors même que la loi

Gayssot ne permet pas de répondre librement à cette interrogation, seul le “oui” étant autorisé.

M

AIS LE plus choquant peut-être devant ces condamnations qui s’accumulent, c’est le silence général des intellectuels, des journalistes, des écrivains, des hommes de plume et de media. On voit que les choses ont bien changé en soixante-dix ans et que le courage, la droiture, la magnanimité, la grandeur d’âme, le sens de l’honneur se sont effondrés. En effet, après la guerre, relativement nombreux ont été les intellectuels, les écrivains à dénoncer l’épuration, à réclamer l’amnistie pour des écrivains engagés dans le camp des vaincus. Un François Mauriac, un Marcel Aymé, un Jean Galtier-Boissière, un Georges Bernanos ont dénoncé chacun à leur manière les excès des épurateurs et réclamé un traitement équitable pour ceux qui avaient choisi le camp de la collaboration. Une personnalité communiste a pu saluer publiquement le courage et la loyauté d’un Pierre-Antoine Cousteau à son procès. Par ailleurs, des prêtres qui par charité avaient caché des résistants ou des juifs pendant la guerre n’hésitèrent pas à aider, à protéger, à cacher après la Libération des personnes qui risquaient de graves ennuis pour leur conduite sous l’Occupation ou pour leurs idées vraies ou supposées. Toutes choses absolument impensables aujourd’hui. Imagine-t-on un intellectuel prendre la défense de révisionnistes persécutés, un ecclésiastique, un couvent, une congrégation religieuse cacher un Vincent Reynouard, un Hervé Ryssen, un Boris Le Lay ? La compassion de Bergoglio et de ses séides n’est qu’en faveur des migrants, des prétendues victimes du réchauffement climatique, des homosexuels, des transsexuels et des avorteuses. Elle ne s’exerce nullement en faveur des militants de droite ou de la libre recherche historique. Le docteur Dor qui avait demandé fin 1997 l’asile politique au « nonce apostolique » à Paris alors qu’il était condamné à une peine de prison ferme, exécutoire, pour ses manifestations pacifiques contre l’avortement avait été refoulé sans ménagement par le représentant officiel du Vatican alors même que Jean Paul II dans ses discours prétendait lutter contre le massacre des innocents. C’est à cela aussi que l’on mesure à quel point nous avons changé de monde, à quel point nous vivons dans une société effrayante de lâcheté, de conformisme, reposant sur l’acceptation universelle du mensonge et de l’injustice. Drumont le disait déjà à son époque : le conservateur ne conserve rien, sinon les lois existantes. On le voit avec Fillon et Marine Le Pen qui veulent conserver, maintenir intégralement la législation actuelle sur l’avortement et n’entendent pas remettre en question les lois mémorielles pourtant muselières et liberticides. Ne soyons donc pas des conservateurs, soyons des hommes de principe, des militants ayant l’amour de la vérité chevillée au corps, cette vérité qui réchauffe le cœur et l’âme et qui seule rend libre.

RIVAROL,

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N°3263 — 22 DÉCEMBRE 2016 — RIVAROL

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Ankara et Berlin : une seule et même menace

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OUR le nouveau président américain Donald Trump dont l’élection a été confirmée le 19 décembre par les Grands électeurs en dépit des tentatives sournoises du camp Démocrate pour renverser le vote de la Nation américaine, les derniers attentats d’Ankara et de Berlin constituent une « seule et même menace ». Appréciation qui fait écho au discours récurrent du candidat à la présidence française, François Fillon, lequel fait un argument de campagne de dénoncer la menace de l’islam radical porteur d’un « authentique risque de guerre mondiale1 ». Des événements qui n’ont en soi rien d’extraordinaires sauf en ce qu’ils frappent maintenant l’Occident et non plus seulement dans la marmite du diable qu’est devenu le Proche-Orient en ébullition. Pour n’évoquer que les ultimes épisodes de la guerre terroriste en cours, mentionnons l’attentat suicide qui aura causé 40 morts le 18  décembre à Aden au Yémen  ; le 10 décembre les Faucons de la liberté du Kurdistan lançaient deux attaques à Istanbul, avec pour bilan 44 morts dont 36 policiers et 155 blessés. Le 17, à Kayseri, dans le centre de la Turquie, une voiture piégée explosait au passage d’un transport de militaires. Bilan : 14 morts et 56 blessés.

UN NOUVEAU SARAJEVO ?

Lahouaiej Bouhlel a balayé la foule présente sur la Promenade des Anglais pour y assister au traditionnel feu d’artifice. L’État islamique avait revendiqué, paraît-il, le carnage. Notons qu’en France, le 20  novembre, sept interpellations opérées à Strasbourg et à Marseille, avaient peut-être permis de déjouer un attentat de grande ampleur qui devait déjà avoir pour théâtre le marché de Noël de la capitale alsacienne. Or depuis le meurtre rituel du prêtre de l’église de Saint-Étienne-du-Rouvray, les stratèges de la terreur savent combien est payant de viser les symboles chrétiens, cela en termes de communication et de sidération des opinions européennes. Populations à la fois tétanisées de culpabilité à l’égard des réfugiés et des populations civiles réputées martyres d’Alep — populations en réalité otages des takfiristes, mais présentées comme des victimes de l’ogre russe et du « boucher de Damas » — et en même temps révulsées par le monstre islamiste. De quoi rendre les malheureux européens totalement schizoïdes s’ils ne l’étaient déjà quelque peu, en plus d’être amnésiques et quotidiennement décérébrés par des media ayant perdu toute décence ou toute mesure dans le mensonge et la propagande meurtrière préparant les esprits à la guerre intercommunautaire. Soyons indulgents, entre l’ignorance, la paresse et la bêtise, beaucoup de gens de presse sont des auto-surintoxiqués aigus qui ne s’ébroueront que quant le réveil matin de leur opportunisme carriériste se mettra à sonner urgemment.

La liste est longue et elle ne s’arrêtera certainement pas là. La trêve des confiseurs n’est pas celle des terroristes de tous bords et nos responsables politiques ne l’ignorent pas en dépit de ANKARA : LA RUSSIE leur débilité, ce pourquoi l’état d’urgence a été DE POUTINE POUR CIBLE ! prorogé jusqu’en juillet 2017. Or n’ayons aucune illusion, de l’état d’urgence à l’état d’exL’assassinat, très spectaculaire, de l’ambasception il n’y a qu’un pas et en dernier recours sadeur russe, Andreï Karlov, à Ankara3 par tout sera bon pour éventuellement un jeune policier d’une brigade bloquer le processus électoral afin anti-émeutes avant d’être promptede barrer la route à un gouvernement exfiltré — ainsi ne parlera-t-il ment teinté de souverainisme et qu’à qui-de-droit  !  — pour, à ses potentiellement démissionnaire de dires, « venger le drame d’Alep » l’Union européenne à l’imitation du est une tragédie parmi beaucoup Royaume-Uni. d’autres à l’heure actuelle et sur laMaintenant quoi qu’en disent les quelle il y aurait beaucoup à dire ! super experts qui prolifèrent dans Notons que cet assassinat est interles media, l’attentat d’Ankara, dans venu la veille d’une rencontre de le présent contexte de surtension concertation, le 20 décembre 2016 internationale, au Levant comme à Moscou, entre les trois ministres D.R. en Mer du Japon, présente d’inquiédes Affaires étrangères de Turquie, tantes similitudes avec l’assassinat Mevlut Mert Altın- d’Iran et de Russie afin de débattre le policier turc de l’archiduc François-Ferdinand et taş, âgé de vingt-deux du sort d’Alep et du dossier syrien son épouse, la duchesse de Hohen- ans qui a putati- de manière générale… et alors que berg, le 28 juin 1914 à Sarajevo par vement «  vengé Moscou venait — at last — de vole soi-disant nationaliste serbe de les victimes des ter une Résolution du Conseil de Bosnie, Gavrilo Princip, personnage atrocités russes en Sécurité présentée par la France en éminemment ambigu. Les grands Syrie ». faveur d’un contrôle de l’Organiembasements commencent générasation des Nations unies sur l’évalement à cause d’une étincelle. Or cuation des civils du secteur Est d’aucuns s’emploient en ce moment, de toute d’Alep. Un vote de bonne volonté intervenant évidence, à battre furieusement le briquet  — après six vétos successifs sur des Résolutions fer sur silex et amadou  —, craignons donc occidentales relatives au règlement du conflit qu’un vent propice ne propage les flammes des syrien. Y a-t-il ici une pure coïncidence ou faufocos2 qu’ils tentent d’allumer çà et là. drait-il supposer que certaines mains invisibles aient eu tout intérêt à refroidir les relations russo-turques à nouveau distendues par la volonBERLIN, VRAIE té affichée de l’autocrate Erdogan de n’avoir CAPITALE DE L’EUROPE d’autres buts de guerre en Syrie que d’abattre Berlin, le lundi 19 décembre au soir, un camion le régime de Damas n’ayant au fond cure d’un immatriculé en Pologne fonce volontairement État islamique, fort utile à l’occasion pour sersur le marché de Noël de la Breitscheidplatz au vir la stratégie pantouranienne d’Ankara dans pied de l’église du Souvenir, roulant sur le trot- la Région et au Caucase ? La désignation immédiate par les autorités toir pour être sûr de faucher un maximum de piétons, enfants compris. Douze morts, 48 bles- turques — comme responsable de l’attentat — sés. Attentat perpétré apparemment par un réfu- d’un séide du maître soufi Fethullah Gülgié pakistanais de 23 ans entré en Allemagne en en  réfugié aux États-Unis, ne trompe en fait février 2016 (merci madame Merkel !) encore personne, tous les yeux avertis voyant là une que des sources proches de la police berlinoise dénonciation à peine déguisée des Services indiquent à l’heure où nous bouclons que le spéciaux américains. De ce point de vue, loin suspect arrêté ne serait pas forcément l’auteur de fâcher Moscou et Ankara, ce meurtre pourde l’attaque terroriste. Les informations arrivent rait en réalité et paradoxalement, les rapproau compte-goutte, sont parfois contradictoires cher. Surtout si l’on se place dans l’hypothèse et confuses comme souvent dans ce genre d’une possible sortie de la Turquie du comd’événements et nous devons hélas boucler. mandement intégré de l’Otan au printemps Les forces anti-terroristes encercleraient au mo- prochain lors du prochain sommet du Pacte ment de l’envoi de ce numéro à l’imprimerie atlantique. Mais à ce stade nous en sommes un centre d’accueil pour migrants. Mme Mer- réduits à des spéculations que nous ne saurions kel, réélue le 6 décembre à la présidence de la pousser trop loin ! CDU avec 89,5 % des voix, et qui apprécie tant ces “chances pour l’Allemagne”, ces hordes de DES RAPPELS jeunes hommes entreprenants appelés à revivi- HISTORIQUES INTÉRESSANTS fier le sang allemand et à combler les déficits démographiques d’une population vieillissante L’assassinat d’Andreï Karlov qualifié à juste et décadente, doit ce désoler car sa réélection titre de “provocation” par le président Poutine, en septembre 2017 aux fonctions de chancelier n’a eu comme précédent que celui d’Alexandre pour un quatrième mandat, pourrait s’en trouver Sergueïevitch Griboïedov en Perse, le 11  fécompromise. La pauvre ! vrier (30 janvier) 1829. À peine installé à TéL’attaque rappelle évidemment l’attentat de héran, l’ambassade russe est assaillie par une Nice, qui a fait 86 morts le 14 juillet dernier foule en furie, Griboïedov est tué et avec lui lorsqu’un poids lourd conduit par Mohamed ainsi tout son personnel diplomatique. Pendant

trois jours les émeutiers s’acharnent sur la représentation russe et c’est par miracle que son corps est identifié grâce à la cicatrice de l’une de ses mains, souvenir d’un duel. L’histoire a retenu que ce saccage aurait été perpétré à l’instigation du docteur McNeill, diplomate et agent de la Couronne britannique en Perse, laquelle voulait évincer la Russie de ce qui allait devenir l’une des chasses gardées de l’Empire insulaire. Nihil novi sub sole. L’Orient proche n’est guère tendre avec les diplomates anglo-américains pratiquant leurs missions dans le cadre d’un « soft mâtiné de hard power », une diplomatie discrètement mais fermement subversive qui ne leur réussit qu’à moitié4. Ainsi, dans la nuit du 11 au 12 septembre 2012, l’ambassadeur américain en Libye, Christopher Stevens, et trois autres fonctionnaires yankees, étaient trucidés et leurs dépouilles brûlées dans une attaque lancée contre leur consulat de Benghazi, à l’est de la Libye. Embarrassé, le Secrétaire d’État Hillary Clinton expliqua qu’il s’agissait de représailles pour la diffusion d’un film blasphématoire par Hollywood. En réalité Chris Stevens se serait principalement préoccupé d’envoi d’armes lourdes, tirées des arsenaux de la défunte Jamahiriya libyenne aux djihadistes syriens, ces « terroristes modérés », si chers à M. Fabius, et qui tenaient jusqu’à ces derniers jours Alep Est en otage en en affamant les civils. Bref Benghazi fut vraisemblablement une vaste opération de “cover-up” — dit en jargon du métier  — dénoncée à l’époque par le Sénateur John McCain, le même qui, deux ans plus tard, devait rencontrer ses nouveaux bons amis d’Al Nosra. Pour mémoire rappelons la fin tragique le 4 septembre 1981 de Louis Delamarre, représentant français au Liban, assassiné à bord de sa voiture de onze balles tirées à bout portant. À l’époque, La Voix du Liban avait cru pouvoir affirmer que l’attentat était le fait des Pasdaran, les Gardiens de la révolution iranienne. Leur but aurait été d’enlever le diplomate français en vue de faire pression sur Paris afin d’obtenir que leur soit livré l’ancien président iranien Banisadr et le chef des Moujahidines du Peuple, Rajawi, résidant en France l’un et l’autre où ils avaient obtenu l’asile politique. Le 23 octobre 1983, le Drakkar, un immeuble abritant le contingent français de la « Force internationale d’interposition » sautait faisant 58 morts parmi nos soldats. L’affaire Delamarre ne fut évidemment jamais élucidée et depuis 1948 et la création d’un État artificiel au Levant, la région reste plus que jamais une poudrière à ciel ouvert qu’un rien pourrait définitivement embraser et nous avec. _____

Léon CAMUS.

1. Voir entretien «  Le totalitarisme islamique vise à créer les conditions d’une troisième guerre mondiale » in [atlantico.fr2oct16] et discours du 22 novembre à Chassieu près de Lyon. François Fillon compare d’ailleurs assez stupidement le wahhabo-salafisme à la menace nationale-socialiste, alors que l’idéologie islamiste est de toute évidence la version orientale du messianisme marxiste-léniniste dont l’objectif était strictement internationaliste et planétaire. On pourra lire sur cette question un texte disponible dans la bibliothèque rivarolienne pour 20 euros franco Les Égarés – Le wahhabisme est-il un contre-islam ? de l’orientaliste Jean-Michel Vernochet. 2. Dans la guerre révolutionnaire les focos sont des foyers de guérilla et de subversion, technique mise en œuvre en Colombie par Che Guevara avec l’insuccès que l’on sait. 3. Andreï Karlov inaugurait une exposition photographique à Ankara dévolue à « La Russie vue par les Turcs ». L’ambassadeur en poste depuis 2013 prononçait un discours devant les caméras lorsque le tueur lui a tiré dans le dos à plusieurs reprises. Karlov, âgé de 62 ans, a succombé à ses blessures dans le véhicule qui l’acheminait vers un l’hôpital. 4. Outre Chris Stevens, cinq autres ambassadeurs américains ont été tués dans le cadre de leurs fonctions. En Afghanistan, en février 1979, Adolph Dubs est tué dans l’assaut donné par les forces gouvernementales pour le récupérer après son enlèvement à Kaboul par des islamistes radicaux. En juin 1976, au Liban, l’ambassadeur Francis Melloy est enlevé à Beyrouth avec son attaché économique. Ils sont rapidement tués par un groupuscule libanais désigné comme pro-palestinien. A Chypre, en août 1974, Rodger Davies est tué par balles dans les locaux de l’ambassade, à Nicosie, pendant un manifestation de Chypriotes grecs qui accusent les États-Unis d’avoir soutenu ou favorisé l’invasion turque de la partie nord de l’île. En mars 1973, à Khartoum, l’ambassadeur Cleo Noel, ainsi que son conseiller et le chargé d’affaires belge, sont pris en otage par un commando palestinien et exécutés deux jours plus tard. Enfin, au Guatemala, John Gordon Mein est enlevé en août 1968 puis exécuté par des membres des forces armées rebelles.

AIDEZ-NOUS, AIDEZ RIVAROL : Le 14 décembre Jérôme Bourbon a été condamné par la XVIIe chambre du tribunal correctionnel de Paris à près de 20 000 euros : 11 000 euros d’amende dont 8 000 sous forme de 100 jours-amende à 80 euros (dont le non-paiement entraîne l’incarcération pendant cent jours), 8 500 euros de dommages et intérêts ainsi répartis  : 6  500 euros à la LICRA, 1 000 euros à France Israël et 1 000 euros à Avocats sans frontière et 254 euros de droit fixe de procédure, soit un total de 19 754 euros très exactement. Ce qui correspond au prix d’une belle voiture neuve. Voilà qui rend exorbitant le prix d’une voyelle et d’une consonne  ! La loi interdit d’appeler aux dons pour le paiement des amendes et des dommages et intérêts. Mais il est possible légalement de nous aider autrement.

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N°3263 — 22 DÉCEMBRE 2016 — RIVAROL

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ANS le Journal du dimanche, Marion Maréchal-Le Pen a dit : « Nous sommes tous des héritiers de Jean-Marie Le Pen. » Audacieux, certes. Dans une interview, le président d’honneur du FN met les points sur les i, disant, à destination de ceux qui n’auraient pas suivi la séquence, et au grand désespoir de la bande de Marine  : «  Je ne suis pas mort », ce qui est, reconnaissons-le, d’une arrogance absolue. Il s’interroge : « Je me perds en conjectures sur les raisons de la stratégie qui est passée ou qui passe par mon exclusion. Je crois que c’est un calcul électoral et je le crois erroné, faux. Je peux comprendre, sans l’approuver, le cynisme en politique — « le vieux pue des pieds, il est dans le canot, mettons-le à l’eau  »  — mais à condition qu’il démontre son utilité. Or, je crois que c’est monsieur Trump qui a raison. C’est lui qui a été élu et il a été élu contre les officiels, contre l’Etablissement. » Mais pense-t-il que sa fille sera au second tour de la présidentielle? Réponse : « Je n’en suis pas sûr », ajoutant : « En excluant son père et en préconisant une politique d’exclusion, d’épuration — pas seulement de moi mais aussi de ceux qui pensent comme moi —, elle coupe la branche sur laquelle elle est assise ». Et de s’en prendre à « ce jeune énarque sans expérience » (Philippot), ajoutant : « que Marine Le Pen, présidente du mouvement, s’en fasse l’exécutrice a quelque chose qui me laisse pantois ». Et le Menhir d’ajouter, pour ce qui concerne l’avortement : « L’ IVG est légale, mais l’encouragement à l’IVG est criminel, dans un pays en état de déficit démographique grave. »

LE “SABOTAGE” DE MARINE LE PEN

Jean-Marie Le Pen vient de dénoncer un “sabotage” de la part de sa fille Marine, alors que le Front national a demandé à ses adhérents de privilégier le parti plutôt que Cotelec, le micro-parti du président d’honneur du FN, et si l’on peut dire sa banque, pour financer ses campagnes. Il dit, dans une interview à L’Express  : « C’est une manœuvre, je dois dire, que je trouve être un sabotage ». Jean-Marie Le Pen juge “étonnante” la lettre du 9 décembre du secrétaire général du parti Nicolas Bay aux adhérents leur demandant de ne pas privilégier Cotelec pour leurs prochains prêts pour les campagnes FN « alors que plusieurs des dirigeants financiers du FN sont impliqués dans des enquêtes, ce qui n’est pas le cas de Cotelec qui a une réputation intacte ». Le Front national et plusieurs de ses principaux dirigeants sont en effet mis en examen dans des affaires de financement et un procès en correctionnelle doit en principe avoir lieu dans l’année. Il faut savoir que Cotelec a financé, nonobstant la guerre entre le père et la fille, via des prêts, les dernières campagnes du FN, même après l’exclusion de Jean-Marie Le Pen à l’été 2015. Jean-Marie Le Pen avait indiqué à l’automne avoir prêté six millions d’euros au FN pour la présidentielle de 2017, Bon, ne soyons pas naïfs, chaque partie y trouvait sans doute son intérêt. Et là, que se passe-t-il ? Jean-Marie Le Pen assène : « Là encore, je me perds en conjectures : quelle peut être la raison qu’aurait le Front national d’essayer de ruiner sa banque ? C’est complètement dingo, ça.

Personne ne leur prête d’argent ». Et de menacer de liquider la Cotelec. Dingo, cette histoire, en effet…

UN QU’IL NE VAUT PAS MIEUX D’AVOIR COMME VOISIN EN DES PÉRIODES SOMBRES… C’est notre confrère Minute qui raconte cette terrifiante histoire  : Florian Philippot aurait confié à l’un de ses fidèles une mission secrète  : recenser tous les comptes Twitter qui ont apporté leur soutien à Marion Maréchal-Le Pen, après que le vice-président du Front national l’eut décrite comme une personne « seule et isolée ». Bref, du flicage intégral. Si ça continue ainsi, Marion finira tondue, d’autant qu’elle était présente, au premier rang, au grand meeting de Versailles (8000 participants) où intervenait Philippe de Villiers qui ne tarit pas d’éloges sur elle. Dure époque : nous avions déjà la police de la pensée, et bientôt la gestapette de la pensée ? Rappelons à nos jeunes lecteurs que le surnom de “gestapette” avait été attribué au ministre de l’Education nationale de Pétain, Abel Bonnard, eu égard à ses « amitiés particulières » et à ses convictions plus que collaborationnistes… Il est l’auteur de ce livre admirable, Les modérés, où figure cette pensée si juste : « Les modérés, ce sont ceux qui sont modérément courageux ». Petite anecdote amusante  : il y a quelques jours, le talentueux imitateur Laurent Gerra intervenait, comme tous les jours, sur RTL. Il imite à la perfection Jean-Marie Le Pen, Sarkozy, François Mitterrand, et bien d’autres. Il demande à la pseudo-Marine Le Pen (c’est à dire lui) ce qu’elle pense des tensions avec Marion. Réponse : « J’ai le droit de préférer ma tante à ma nièce ». Trop drôle ! Il paraît que Tata Philippot et tous les mignons du Front mariniste en frétillaient de rage !

LOUEZ UN JUIF (PRIX À NÉGOCIER) !

Décidément, les Allemands font fort, très fort. Leur dernière fantaisie : proposer aux goys indigènes de participer à un nouveau programme d’éducation à l’appellation signifiante, “Renta-Jew” (« Louez un juif » dans le sens de la location). Objectif de ce beau programme : éduquer les Allemands sur le judaïsme et l’identité juive afin de combattre l’antisémitisme dans ce pays. Les Allemands auront la chance de pouvoir participer à une série de séminaires où l’on tente d’expliquer les fondements de la religion juive aux citoyens qui ne la connaissent malheureusement pas ou peu. Il s’agit, écrit l’Independent, d’une initiative de l’Académie européenne Janusz Korczak, située à Munich. Janusz Korczak était le directeur d’ un orphelinat de Varsovie qui, lorsque les enfants qu’il hébergeait avaient été placés dans des camps de concentration, avait choisi de les y accompagner. Monty Aviel Zeev Ott, un des responsables de ce beau projet explique que l’objectif est de montrer « un judaïsme ouvert et coloré », dans une période où l’antisémitisme explose en Europe. Il explique ne plus se sentir à l’aise de porter sa kippa dans certaines parties de Berlin.. Il pleurniche : Récemment, trois hommes l’ont encerclé en scandant : “Palestine”. Sans doute des néo-nazis…

LA MODERNITÉ D’AUSCHWITZ Le Bauhaus, fondé en 1919 et dissous par les nationaux-socialistes en 1933 désigne un courant artistique concernant, notamment, l’architecture et le design, la modernité mais également la photographie, le costume et la danse. Ce mouvement posera les bases de la réflexion sur l’architecture moderne. (Wikipédia). Depuis le mois d’octobre, raconte Marianne, le musée des Arts décoratifs à Paris présente une exposition sur l’école artistique du Bauhaus. Un planisphère intitulé « L’héritage du Bauhaus  » y indique quelquesunes des réalisations des disciples du mouvement : le siège de l’Unesco à Paris, un campus universitaire au Nigeria et… « Auschwitz, 1940  ». On y est ! Devenu SS, un des anciens élèves du Bauhaus, aurait participé à la conception du camp de concentration. Esthète en diable, dans le

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registre de la modernité, il aurait dessiné baraquements et chambres à gaz. Pas certain qu’on retrouve ses plans de chambres à gaz, mais ceci est une autre histoire. Toujours est-il que des visiteurs sont fous de rage, déclarant : « Faire figurer Auschwitz dans l’héritage du Bauhaus est une véritable monstruosité ». C’est en effet comme si l’on comparait les peintures de Léonard de Vinci aux pastels d’Adolf Hitler. Faire figurer cette « réalisation architecturale » aux côtés d’une station de ski en Haute-Savoie est en effet un peu bizarre. Oui, mais, expliquent les commissaires de l’exposition, ils n’avaient pas la place pour expliquer les choses : « Un texte de plus aurait rendu l’exposition trop longue pour le visiteur ». Et puis, attention, « Le nom d’Auschwitz est en italique, c’est le choix graphique que nous avons fait pour le singulariser », Ils sont tout de même amusants…

BERGOGLIO EN PINCE POUR HIDALGO !

Il y a eu comme un léger malaise lors de l’audience générale de Bergoglio, le mercredi 14 décembre 2016, dans la salle Paul VI, au Vatican. Les clients étaient tout excités. 6  000 personnes qui applaudissaient. Les plus bruyants étaient les Espagnols et les Portugais. Pensez, Bergoglio allait avoir 80 ans trois jours plus tard. « Bon anniversaire ! » criaient-ils. Oui mais, François a jetté un sérieux froid, déclarant « Chez moi, souhaiter joyeux anniversaire à l’avance ça porte malheur. Et celui qui fait des vœux d’avance c’est celui qui porte la malchance. » Du coup, silence consterné dans les rangs… Bergoglio superstitieux, on aura tout vu ! On lui explique : L’abbé Thiers écrit à la fin du XVIIe siècle : « Saint Thomas assure que la Superstition est un vice opposé par excès à la Religion, non parce que la Superstition rend plus d’honneur à Dieu que la vraie religion ; mais parce qu’elle rend un honneur divin à qui elle ne le doit pas, ou de la manière qu’elle ne le doit pas… » Le catéchisme de Saint Pie X enseigne, quant à lui, que : « On appelle superstition toute dévotion contraire à la doctrine et à l’usage de l’Église, comme aussi le fait d’attribuer à une action ou à une chose quelconque une vertu surnaturelle qu’elle n’a pas. » Même le catéchisme “post-conciliaire” de 1992, affirme encore  : « La superstition est la déviation du sentiment religieux et des pratiques qu’il impose. » Bergoglio est décidément un drôle d’oiseau. Mais un oiseau qui n’hésite pas à l’ouvrir et à pépier d’importance. C’est ainsi qu’il a envoyé une lettre à Anne Hidalgo, maire socialiste de Paris dans laquelle il lui témoigne son “admiration” et sa “gratitude” pour son action en faveur des migrants, lui écrivant : « Je sais vos initiatives, vos batailles personnelles et les obstacles que vous devez surmonter ». « C’est pourquoi je souhaite vous exprimer mon admiration et ma gratitude pour votre action avisée et votre persévérance en faveur de nos frères et soeurs réfugiés  […] Je vous accompagne de ma reconnaissance et de mon affection », poursuit-il avant de conclure : « Je vous prie de bien vouloir prier pour moi ou de penser à moi en bien et de m’envoyer une onde positive. » Sans commentaire !

“LA LANGUE ARABE DEVRAIT ÊTRE REINE”

« En France, la langue arabe devrait être reine ». Qui est le djihadiste qui a formulé ce propos halluciné ? : Réponse : l’inénarrable Jack Lang, président de l’Institut du monde arabe. Dans un entretien à Libération, il a déclaré que « la langue arabe doit être traitée comme l’anglais [car] c’est la quatrième langue la plus parlée au monde, la sixième officielle des Nations Unies, la cinquième en France. Nous sommes dans un pays où la langue arabe devrait être reine. » Avant la langue française, of course…

NON, SARKOZY N’ÉTAIT PAS IVRE, MAIS SONNÉ

On se souvient de cette scène incroyable. C’était le 7 juin 2007, à l’oc­ca­sion du G8 en Alle­magne. Sarkozy sortait d’un entretien avec Vladimir Poutine. Il avait

(Dessins de Chard) l’air complètement sonné, ce que certains avaient expliqué par une consommation très excessive de vodka, lui qui ne boit pas. On en sait plus, aujourd’hui, et l’histoire est amusante. Sarkozy avait joué au matamore, lançant à Poutine : « Avec moi, on va parler des sujets qui fâchent, il n’y aura aucun sujet tabou », poursuivant avec ces fortes paroles : « Les centaines de morts en Tchét­ché­nie, pour moi c’est inad­mis­sible. Anna Polit­kovs­kaïa (la jour­ na­liste russe assas­si­née), pour moi, c’est inad­mis­sible  ». Et puis, un lourd silence s’est installé. Poutine prit son temps pour martyriser le nabot, déclarant  : « C’est bon, t’as fini là  ?  ». Puis il enchaîne : « Je vais t’expliquer, tu vois ton pays, il est comme ça (il montre une petite taille avec ses mains), mon pays, il est comme ça (il mime un espace beau­coup plus grand). Alors main­te­nant de deux choses l’une, ou bien tu conti­nues sur ce ton, et je t’écrase, ou alors tu arrêtes de parler comme ça, et tu verras. » Et Nicolas de s’écraser… Et d’apparaître complètement groggy lors de la conférence de presse…

UNE CRÈCHE DE NOËL ORIGINALE EN RÉGION PACA

Christian Estrosi, le président LR de la région Paca, n’a pas la réputation d’être un génie ni de faire preuve d’un courage extravagant. Le FN marioniste avait réclamé à cor et à cri la présence d’une crèche dans les locaux de la région. Réponse d’Estrosi : mais cette crèche est déjà installée ! Et de joindre à son twitt une belle photo de la belle crèche. Très bien, sauf que trône au milieu de la crèche une belle ménorah qui est le chandelier juif à sept branches ! L’enfant Jésus a dû s’en retourner dans son berceau ! Pendant ce temps-là à Rimini, en Italie, les enfants de deux écoles ne chanteront plus de chants de Noël, jugés trop chrétiens. En revanche, ils seront autorisés et même encouragés à chanter un chant africain, et ce, pour favoriser l’intégration. Telle est la décision prise par la direction de deux écoles primaires de Rimini. Explication des responsables dégénérés  : «  le chant chrétien a été interdit, car il pourrait heurter la sensibilité des enfants et des parents qui appartiennent à une autre religion. » De quelle « autre religion » s’agit-il ? On l’ignore… Robert SPIELER.

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N°3263 — 22 DÉCEMBRE 2016 — RIVAROL

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Cette Histoire de la conquête de l’Algérie que les historiens de cour ont fait disparaître

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’EST UN gros ouvrage de près de 700 pages paru en 1889, sous le titre de Livre d’Or de l’Algérie et écrit par Narcisse Faucon  — «  Ancien rédacteur en chef de l’Écho d’Oran et de l’Indépendant de Constantine, Rédacteur en chef du Journal général de l’Algérie et de la Tunisie » — et préfacé par le colonel Corneille Trumelet qui servit en Algérie de 1851 à 1875, en particulier au 1er régiment de Tirailleurs Algériens. Membre de la Société Historique Algérienne, le colonel Trumelet écrivit plusieurs ouvrages sur l’Histoire de la France en Algérie. Narcisse Faucon est l’auteur de nombreux ouvrages sur l’Algérie et la Tunisie. Le livre dont il est question est une somme de plusieurs tomes consacrés « à l’Histoire politique, militaire, administrative, événements et faits principaux, biographies des hommes ayant marqué dans l’armée, les sciences, les lettres etc. de 1830 à 1889 ». Le tome cité ici concerne plusieurs centaines de biographies de soldats et de civils, d’Européens et de musulmans qui, a titres divers, jouèrent un rôle essentiel au cours du premier quart de siècle de la colonisation. Il ne s’agit pas seulement d’un témoignage remarquable transcrit par une plume de journaliste, souligné par les commentaires d’un officier placé aux toutes premières loges, mais d’un véritable document de ce que fut l’Algérie Française naissante. Au moins un tiers de ces biographies est consacré à des notables algériens qui prirent fait et cause pour la France et jouèrent un rôle décisif dans l’issue du conflit. La plupart d’entre eux étaient issus de l’élite intellectuelle, militaire, administrative du pays et ils surent mobiliser autour d’eux des milliers de leurs partisans dont la connaissance du pays, de sa géographie, de son climat, des mœurs et coutumes de ses habitants fut déterminante. Nous n’en avons conservé que quelques-uns parmi les plus remarquables. Ils montrent à quel point en effet cette colonisation fut “positive”, l’étendue du mensonge qui s’est emparé de l’ensemble des media. Ils expliquent en même temps tout ce que ces 132 années de présence européenne outre-Méditerranée, et en dépit de 8 années d’une guerre civile atroce et de 55 ans de déchirure, n’ont en rien effacé le souvenir lancinant de ceux qui ont dû partir et l’émouvante nostalgie que des centaines de milliers d’Algériens, souvent nés longtemps après l’Indépendance, conservent de cette époque devenue mythologique dont ils n’ont souvent de connaissance que par bribes et par ouï-dire. Ne demandons pas à M. Montebourg d’en parler. Il n’a pas ces articles dans sa boutique. Le bachaga Ben Yahia ben Aïssa, du Titteri, après avoir été amputé d’une jambe à la suite d’un accrochage avec la troupe française, se rallia à la France dont il devint l’un des plus courageux et fidèles compagnons, participant notamment de façon décisive à la capture de la smalah d’Abdel Kader. Commandeur de la légion d’Honneur, il devint bachaga du Titteri. Deux de ses fils furent nommés caïds dans la région de Boghar. L’agha Mohamed Bel Hadj fut d’abord un coriace adversaire des Français lorsqu’ils pénétrèrent dans le massif de l’Ouarsenis et notamment dans son fief des Ammi Moussa et des tribus des Beni Ouragh. Vaincu, il effectua néanmoins sa soumission et pendant des dizaines d’années — il mourut à 103 ans, chevalier de la Légion d’honneur — il fut avec les siens de tous les combats du corps expéditionnaire français. Bel Hadj perdit un fils, Mohammed ben Aïssa, tué au pied de l’Hammi Moussa. Un autre, Saïaf, fut deux fois blessé. Si Ali Ba Ahmed, à 25 ans, prit le commandement des troupes de la puissante tribu maghzen des Zemouls, principale force supplétive des Turcs dans le Constantinois. Après s’être opposé aux troupes de Lamoricière lors de la prise de Constantine, vaincu, il fit sa soumission. Puis resta fidèle à la France jusqu’à sa mort. Il fut avec ses hommes de toutes les campagnes de pacification et en fut récompensé par le califat de Constantine et par le cordon de commandeur de la Légion d’honneur. Si Ali Bey ben Ferhat appartenait à la plus grande dynastie féodale du Sahara, les Bou Akkaz, alliée à une autre très grande famille, les

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Ben Chennouf. Elles s’opposèrent violemment aux ben Gana qui avait la faveur des Turcs. Les Français jouèrent très habilement entre les trois puissances parvenant à faire partir Ferhat ben Saïd du Sud où il jouissait d’une immense popularité en lui donnant les fiefs de Batna, Sétif et Touggourt. Il était commandeur de la légion d’honneur. Sans Si Ahmed Bey ben Chennouf, la France ne serait pas parvenue à pacifier les Aurès. Il participa de façon décisive avec ses centaines de cavaliers à la réduction des insurrections de 1858 qu’il mata avec l’aide d’un autre fameux guerrier allié de la France, Si ben Naceur, et celle de 1864 où « sa bravoure, son énergie et son dévouement » lui valurent la Légion d’honneur et la confirmation de son califat sur cette région stratégique. Soixante ans plus tard, son petit-fils, Si El Hachemi ben Chennouf, député-maire de Kenchela, participa avec plusieurs de ses coreligionnaires, sous la direction du petit-fils d’Abdel Kader, l’émir Khaled, capitaine de l’armée française, au mouvement des Jeunes Algériens exigeant un régime égalitaire entre Algériens et Français. Lequel impliquait que les premiers bénéficient des avantages de la citoyenneté française tout en conservant ceux de leur statut coranique, notamment la polygamie. Si Hamza appartenait lui aussi à une des grandes familles du Sud et parmi les plus respectés, les Ouled Sidi Cheikh. Dès 1852 il choisit la France. Mort prématurément à 33 ans, ce commandeur de la Légion d’honneur aura été un de ses grands commis dans le Sud du pays. Si Kaddour ben Mofkhi en 1848 est nommé caïd des Flitta, dans la région de Zemorra. Mort à 104 ans il collectionna les décorations — chevalier, officier, commandeur de la Légion d’honneur — et les signes de son rang puisqu’il fut agha presque tout au long de sa vie. Ne cessant jamais de se battre aux côtés des troupes françaises. Si Mohammed ben Abdallah ben Ouali Ould Sidi El-Aribi, grand officier de la Légion d’honneur et responsable du califat de la Mina, région de Mostaganem. A 16 ans lui fut confiée la direction d’un immense territoire s’étendant jusqu’à Miliana et Orléanville. Sa longue vie durant, Mohammed ben Abdallah resta au service de la France et participa à toutes ses actions de guerre dans cette région. Si Mohamed ben Brahim, caïd dans la région de Aribs ( Fort de l’Eau) fut «  un modèle de dévouement et de fidélité à l’autorité française » ce que vint récompenser sa décoration de chevalier de la Légion d’honneur. Si Mohammed Chadli ben El-Hadj Mohammed Brahim ben Aïssa ben Ahmed Saouli était le directeur de la médersa Sidi El Ketani de Constantine. Apprenant que les troupes françaises faisaient mouvement sur sa ville, il se retira dans les ruines de Djemilah. Puis lorsqu’il se fut assuré des bonnes intentions des nouveaux venus, il prit contact avec eux. Appartenant à la famille la plus lettrée de l’Est, étant lui-même un enseignant très respecté, il fut nommé cadi du bureau arabe de Constantine et décoré de la Légion d’honneur, à Paris, par Louis Philippe lui-même. Puis il prit la direction de la médersa de Constantine qu’il conserva jusqu’à sa mort et transmit à son fils. Si Mohammed Sghir ben El-Hadj Ali ben Guidoun, né en 1818 et décédé en 1888, fut probablement un des plus grands chefs indigènes qui se rangèrent aux côtés de la France. « Pendant les quarante-quatre ans de son existence qu’il a consacrés à notre service, commente Narcisse Faucon, il est resté attaché à notre cause … et nous a prouvé son dévouement dans toutes les circonstances et de toutes les manières. Très séduisant d’aspect, d’une remarquable noblesse d’allure, très hospitalier, le caïd achevait de gagner par son tact, sa dignité,

sa bienveillance, la sympathie des Européens qui l’approchaient, et ses relations avec les représentants de l’autorité sont toujours restées excellentes. Ses qualités rares, la bienveillance et la courtoisie avec lesquelles il traitait tous les indigènes, sans distinction de rang ou de fortune, son extrême générosité, et la discrétion qu’il mettait dans l’accomplissement des actes qu’elle lui dictait, avaient augmenté son influence et l’avaient rendu l’homme le plus populaire de sa famille parmi les populations sahariennes. »

LES NOUVEAUX “HISTORIENS” ANTI-COLONIALISTES

à pacifier un territoire aussi immense avec les moyens rudimentaires de l’époque, mettant conquérants et conquis techniquement sur pied d’égalité ? Si ce n’est par le fait que les premiers, que leur méconnaissance du pays mettait en position de grande faiblesse, le durent à la présence constante à leurs côtés de centaines de compagnons aguerris, expérimentés et rompus aux conditions géo-climatiques de l’Afrique du Nord. On retrouvera d’ailleurs un siècle plus tard dans l’Ouarsenis la détermination de Si Ahmed Ould Cadi chez cet autre fameux bachaga des Beni Boudouane, Saïd Boualem. L’un comme l’autre avaient tout de suite compris que seule la France était capable de faire l’unité de l’Algérie et de l’amener pacifiquement sur la voix de la concorde et du progrès. En 1832 l’Algérie n’existait pas. Sur ce territoire s’exerçait le pouvoir colonial des Turcs et à l’intérieur de ses frontières la guerre entre familles et factions, tribus et groupes féodaux était permanente. Le personnage historique que fut Si Ahmed Ould Cadi aura été aussi important que le fut Abdel Kader mais celui-ci seul attira sur lui toute la gloire. Parce qu’il se rallia très tôt à la France, lui fut fidèle toute sa vie durant et participa de façon décisive à la défaite de l’émir préféré de l’intelligentsia, Ould Cadi a disparu de cette histoire que l’on enseigne de façon sélective aux petits Français. Or le plus choquant ne serait-il pas qu’il retrouvât la place qui lui revient de droit grâce à un homme politique français de sa descendance qui cent cinquante ans plus tard n’évoque pourtant son souvenir qu’en le conchiant ? En rendant hommage à la génération des Ould Cadi qui participèrent activement un siècle plus tard à la guerre idéologique anti-française qu’avaient combattue toute leur vie leurs ancêtres les plus remarquables. Reprenant la croisade religieuse initiée par Abdel Kader, relayée au début du XXe siècle par son neveu l’émir Khaled, puis par les oulémas qui mobilisèrent les populations islamisées du Maghreb autour du FLN, lui-même gangréné par les idéologies racistes mondialistes. Le tout aboutissant à l’horrible boucherie des années 1990 faisant cruellement la liaison entre la barbarie du FLN et celle de Daech.

On pourrait ainsi énumérer par centaines ces personnages hors du commun que l’Histoire de notre pays a tôt fait d’oublier parce que leur souvenir contrariait la narration officielle idéologique et mensongère. La vérité pourtant est têtue : la conquête de l’Algérie s’est d’abord faite par eux. Sans leur courage, leur détermination, leur fidélité à la parole donnée, mais aussi leur intelligence et cet instinct sûr que la dernière chance de leur immense territoire de ne pas sombrer pour toujours dans le chaos ne se représenterait sans doute pas. L’agha El Mazhari Kaddour Ould Adda, autre neveu du général Mustapha ben Ismaïl, dès 1845, participa à la pacification de l’Oranie et notamment de la région de Mostaganem. Agha de Tessala, Tiaret, Saida, il avait à l’âge de 17 ans participé aux combats de la Macta, el Bordj, Mascara où il fut blessé à deux reprises et deux fois encore ultérieurement. A la bataille d’Isly s’étant emparé du cheval et des armes du fils du sultan, il sera sur-le-champ nommé caïd des Douairs. Sa vie est une flamboyante épopée qui semble n’avoir pas laissé de trace dans l’Histoire de France. Le 11  août 1884, néanmoins, on pouvait lire dans Le Petit Stéphanois cette discrète nécrologie : « Les jourRené BLANC. naux algériens annoncent la mort de l’agha de Saïda, Si-Kaddour ould-Adda, commandeur da la Légion d’honneur, un des plus anciens et dévoués serviteurs de la France dans la région occidentale de l’Algérie. Sur Lourmel est sorti de nulle part. Parce que personne n’habitait le désir qu’il en avait exprimé, dans cette plaine située à 45 kilomètres à l’ouest d’Oran. En de son corps a été transporté à très nombreux endroits d’Algérie où l’on distribua des lots de Oran pour être inhumé au ci- colonisation, il y avait bien longtemps qu’aucun autochtone ne metière musulman de Raz-el- s’était aventuré. Pour l’excellente raison que le paludisme y séAïn. Un bataillon de zouaves, vissait et que ceux-ci le fuyaient comme la peste. Les Européens, lieutenant colonel en tête, lui découvrant à cette occasion les ravages exercés par l’anophèle et a rendu les honneurs funèbres. en mourant par dizaines de mille, l’apprirent à leurs dépens. De Dans un des combats surve- surcroît les 3.500 hectares de sa superficie communale n’avaient nus pendant l›insurrection de été volés à personne ayant été donnés par son propriétaire à l’Etat 1881 Kaddour-Ould Adda français afin qu’il y développât un village de colonisation. On est avait tué de sa main l’un des en 1845, le propriétaire est l’agha de Frenda, il s’appelle Si Ahassassins du lieutenant Wein- med Ould Cadi. Il est depuis plusieurs années un des alliés les brenner. » plus déterminés des Français dans leur combat contre Abdel KaSi Cherif Ahmed ben Me- der. Dix ans plus tard un décret de Napoléon III officialise la créarad, caïd des Ouïllen, descen- tion du village de Lourmel qui prend le nom d’un officier, aide dant d’une des plus grandes de camp de l’empereur tué deux ans plus tôt lors de la bataille familles des Aurès implantée d’Inkerman. 70 feux sont prévus et l’eau sera acheminée depuis dans la région de Guelma, la source d’Al Amria. Les lots de colonisation seront de 11 à 12 fut dans cette région un des hectares. Le gros des colons viendra du Tarn et d’Alsace puis plus alliés les plus fidèles et cou- tard d’Espagne. En 1880 on comptera 280 habitations. En 1988 rageux de la France lors de la commune atteint 2 374 habitants. 213 hectares ont été plantés la rébellion de 1871. Cheva- en vigne et deux ans plus tard on récoltera 13 à 14 000 hectolitres. lier de la Légion d’honneur, L’église sera achevée en 1892. En 1920, ouverture de la cave il participa avec ses cavaliers coopérative viticole : 120 000 hectos. En 1926 il y aura 7 209 à l’expédition de Tunisie de habitants (1956 Européens et 5 253 indigènes). En 1962 il y avait 1881. On citera, parmi des 5 000 habitants, 2000 Européens et 3 000 musulmans. Mais on dizaines d’autres, les grands comptait 15 000 habitants dans quatre villages de regroupement féodaux ou chefs coutumiers proches. En 2010 la population de Lourmel dépassait les 22 000 rapidement désignés par les habitants. Ces derniers depuis longtemps ont oublié pourquoi il y Français, de véritables chefs a un siècle et demi leurs ancêtres ne mettaient pas les pieds dans de guerre qui participèrent ac- la plaine de El Amria. tivement au côté des troupes Pour remercier les vilains colons d’avoir éradiqué les mousfrançaises aux guerres de tiques, ils ont fait du cimetière chrétien un amoncellement conquête de l’Algérie, puis du de tombes brûlées, éventrées, brisées. Le coquet village a Maroc et de la Tunisie. Souli- pris des airs de bidonville aux rues sales, aux murs crasseux. gnant à la fois ce que peuvent Les villas sont délabrées. Les superbes fermes qui enceravoir d’extravagantes les fal- claient le village de leurs vignobles, vergers et semis, s’effonlacieuses campagnes dévelop- drent d’année en année, après que les cultures eurent disparu. pées par « les nouveaux histo- A l’image de ce qu’il est advenu de la grande ville voisine, Aïn riens de la décolonisation » Temouchent, « perle de l’Oranie », à l’agriculture florissante, au qui tentent d’accréditer une vignoble d’exportation qui faisait sa richesse. Première région vision fantasmagorique et ma- viticole d’Algérie, 60 000 hectares de vigne en 1962. L’agriculnichéenne de cet événement ture est refoulée par l’extension maladive de la ville — 75 000 conforme à leur idéologie de habitants. La vigne a quasiment disparu si certains tentent de la dénigrement de l’Imperium faire revivre et rêvent — rêvent — d’y implanter une Napa Valley européen. Mais comment algérienne… soutenir que la France soit parvenue en si peu d’années R. B.

Lourmel, village pied-noir, attend le retour de l’anophèle…

N°3263 — 22 DÉCEMBRE 2016 — RIVAROL

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L’ancêtre occulté de Montebourg : ce Si Ahmed Ould Cadi qui a vaincu Abdel Kader

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AS DE CHANCE pour l’« Arabo-Morvandiau » Montebourg. Il espérait que son escapade algérienne, — les 10 et 11 décembre — affublé du plus ringard des “humoristes” pieds-noirs, Guy Bedos le délabré, allait déchaîner les enthousiasmes. Et c’est le bide le plus complet. On ne peut pas dire que dans des ruelles vides les foules se soient précipitées sur l’un ou sur l’autre. Même pas un regard. « Qui c’est ça, Montebourg ? ». Et « Bedos, c’est lui qui chante Mon Pihi ? ». Ceux qui cherchent leurs racines algériennes dans les éphémérides du FLN, c’est un peu comme en France les fétichistes de la Résistance ou ceux qui ailleurs tressaillent aux trémolos de Mme Taubira évoquant la traite transatlantique. Montebourg est fier d’avoir un grand-père qui « pendant la guerre d’Algérie, était du côté du FLN  ». Non pas qu’il se soit battu contre la France, puisqu’il prend la peine de nous expliquer « qu’il était un grand patriote français ». Mais chez les Ould Cadi dernier cri, certains sont morts les armes à la main, d’autres ont fait quelques mois de prison, bref on a soutenu un mouvement terroriste en tous points semblable à Daech et qui, un demi-siècle avant celui-ci, égorgea, dépeça, tortura, martyrisa des dizaines de milliers de femmes, d’enfants, de vieillards. Soit parce qu’ils étaient chrétiens, soit parce qu’ils s’affirmaient Français. Au Matin d’Algérie il précise bien que «  son grand-père a combattu la colonisation », un véritable sauf-conduit par les temps qui courent. Mais en a-t-il besoin ? Ce garçon qui, par accès de fièvre, sait à son avantage se souvenir de ses origines blédardes ne manque jamais de tirer sur l’ambulance Pied-Noir. Ce qui lui assure bien des complaisances. Ainsi, ne se fait-il jamais violence pour citer, emphatique, un aphorisme du gourou Jean Paul Sartre. On pourrait lui rappeler celui-ci qui irait comme un gant à son personnage de rebelle en polystyrène : « Abattre un Européen (un Français), c’est faire d’une pierre deux coups, supprimer en même temps un oppresseur et un opprimé : restent un homme mort et un homme libre, le survivant ». Dans une autre interview accordée en avril 2007 au site Kabyle.com il précisera sa pensée : il faut refonder la relation entre la France et l’Algérie. « Revisiter ensemble l’histoire et réparer les erreurs commises de part et d’autre ». Certes, mais ce seront encore les mêmes qui distribueront les cartes et les mêmes qui endosseront, comme ils l’ont toujours fait, le costume du salaud de la tragédie. « L’Algérie du temps de la colonisation était un pays d’apartheid et d’une rare violence. Ma famille était au milieu de cette histoire. Toute mon enfance fut travaillée par ces questionnements ». Belle illustration de ce manichéisme qui depuis plus d’un demi-siècle traverse de part en part la narration dominante. D’un côté le triomphe de l’Algérie FLN hérissée de monuments aux chahids de la révolution, de cénotaphes, de boulevards et avenues portant fièrement les noms des héros, djounouds ou moudjihidines, d’anniversaires, de commémorations, de jubilés, de célébrations artistiques, de films récompensés dans tous les festivals du monde, de programmes télévisuels, bref de manifestations qui se bousculent célébrant la justesse du combat de Libération, insultant, outrageant, humiliant la colonisation, la colonie, le colon jusque dans les sanctuaires où il y a un demi-siècle il trouva un refuge précaire qui lui fut chichement contesté. Cinquante ans après la destruction génocidaire d’une communauté forte de quatre générations nées sur cette terre, on leur refuse avec fureur le moindre pan de mur où graver les noms de leurs héros morts, vilipendés dans tous les media du monde. On leur impose, à travers la France, dans 36 000 communes qui, chaque année le 11 novembre, célèbrent les héros des guerres du passé, une cérémonie commémorant la fin de la Guerre d’Algérie. Quand le 19 mars marque la capitulation d’Evian, la livraison de leur pays à la soldatesque de Daech/FLN, l’accélération des massacres les plus sanglants qu’eurent à subir Européens et Musulmans livrés à la collusion entre le FLN et l’armée gaulliste. Ce 19 mars nous ramène à Montebourg. Il dit quelque part que son grand-père, qui

avec toute sa famille, aurait mené contre la France la guerre terroriste du FLN, les Accords d’Evian signés, retourne en France et s’installe dans le Morvan, « aux confins de la Nièvre et de la Saône-et-Loire ». Des millions d’Algériens vont ainsi suivre le même chemin : après avoir participé à la désintégration de l’Algérie ils se réfugièrent sans pudeur dans le pays qu’ils avaient combattu et insulté pendant un demi-siècle.

PATRIOTE FRANÇAIS OU NATIONALISTE ALGÉRIEN ?

Avec son impeccable généalogie maghrébine, l’« Arabo-Morvandiau », comme il aime à se définir, montrant ainsi qu’il n’a rien compris à l’imbroglio racial algérien, laboure sans complexe l’électorat musulman dans lequel, à la veille d’élections générales, il ne fait pas mystère de voir une réserve inépuisable de bulletins de vote. Ce qui explique évidemment qu’il le courtise avec une assiduité qui pourrait finir par agacer. D’autant plus qu’il ne dit que ce qu’il veut de cette histoire et qu’elle est loin d’être aussi limpide qu’il le prétend. Depuis des mois il clame à quel point il tire gloire de ses origines “arabes” et de l’impeccable patronyme de sa mère : Ould Cadi, originaire de El Amenia (Ex-Lourmel) en Oranie. Dont la mère d’ailleurs est normande, ce qui laisse finalement bien peu de sang “arabe” au petit Arnaud. Pour autant cela l’autorise-t-il à ne donner de sa filiation maghrébine qu’une image très parcellaire  ? Se contentant de tirer gloire du fait que son grand-père ait été un vétéran de la grande guerre anti-nazie puis de celle de la Libération de l’Algérie à laquelle lui et sa famille participèrent avec le FLN. Le 6 octobre 2011, il déclarait à la radio Beur FM : « …moi-même j’ai quelques origines  […] algériennes. C’est un peu mon

deuxième pays. Pourquoi ? Parce que mon grand-père  […] était algérien. Un Arabe, pas un Pied-Noir, un Arabe… Il faut dire les choses ». Et les dire clairement : il n’est pas question de le confondre avec cette engeance-là, les Pieds-Noirs  ! Son grand-père était “arabe”. Ce qui déjà est fort ambigu tant sont nombreuses les études ethno-biologiques montrant que la population d’Algérie est berbère à plus de 90 %. S’il y a eu métissage, ce fut avec des Romains, des Vandales, des Wisigoths mais si peu avec des Arabes. Plus on descend vers le Sud et plus ce métissage s’est effectué avec des sud-sahariens Noirs. Or l’ancêtre dont parle Montebourg, Khermiche Ould Cadi, appartient à l’aristocratie berbère de cette région dont il est impensable qu’elle se soit mélangée avec des Africains. Il faut méconnaître complètement les puissants courants endogames qui depuis des siècles ont veillé à travers tout le Maghreb sur l’orthodoxie des mariages et la pérennité de l’identité tribale pour imaginer qu’un chef local, qu’il soit cadi, caïd, agha ou bachagha, puisse épouser une personne noiraude ou crépue. Si d’ailleurs au cours des 132 ans d’Algérie Française il y eut très peu d’unions mixtes il faut en chercher la cause autant dans la volonté d’auto-défense biologique des Européens, ainsi que le clament les anti-colonialistes, que dans l’irrédentisme islamique qui opposa au métissage des populations la même résistance. Qu’ils occultent. Son aïeul, poursuit-il, « pendant la guerre d’Algérie, était du côté du FLN. […] C’està-dire a finalement été l’un de ceux qui […] s’est battu pour la décolonisation », il tient à souligner que « cette décolonisation aujourd’hui n’est pas soldée ; c’est-à-dire que vous avez des Français qui n’acceptent pas la vision qu’on donne de cette histoire-là. Il serait temps, je crois, de la mettre dans le pa-

trimoine politique, culturel et même psychologique commun ». Ce qui veut dire que ces Français-là, et sans doute vise-t-il surtout les Pieds-Noirs qu’il vient de traiter avec mépris, devraient enfin accepter la version de l’Histoire de l’Algérie réécrite et véhiculée par le FLN. « Cela, conclut-il, fait partie un peu des leçons que j’ai tirées de ma propre histoire personnelle, qui est l’histoire d’une rencontre entre un Algérien égaré dans le Morvan et une famille de bouchers-charcutiers du côté de mon père. Dans notre famille on se surnomme les Arabo-Morvandiaux. C’est en tout cas mon histoire et j’en suis très fier parce que c’est une richesse, une force. Et il y a des millions de Français comme ça. La France n’est pas une nation ethnique, c’est une nation contractuelle. » Rhétorique d’autant plus stupide que dans l’époque que nous traversons ce sont bien les identités les plus solidement enracinées qui décident du destin des peuples. Se présentant à une élection présidentielle au nom des “Arabo-Morvandiaux”, qu’elle chance a-t-il d’être élu ? Pas plus qu’en allant faire campagne à Oran ou Alger en brandissant le patronyme de sa mère. Et moins encore en tentant d’attirer les voix des quartiers maghrébins de France au nom «  d’une nation contractuelle  »  ! A moins qu’il ne s’agisse de provocations dans le but d’accélérer le mouvement d’islamisation de la France : « Je ne suis pas de ceux, mormonne-t-il, qui acceptent l’idée… d’une laïcité stigmatisante pour d’autres religions que la religion majoritaire dans notre pays ». C’est bien ce qu’il entend par « une nation contractuelle ». Qui ne serait pas spécialement chrétienne et pas forcément européenne, non plus que blanche. Il est vrai que si les Ould Cadi de la conquête de l’Algérie étaient des guerriers peu portés vers le “Prophète”, il n’en est plus de même de ceux de la «  Guerre d’Indépendance », imprégnés de soufisme et qui combattaient surtout au nom de l’Islam. C’est de ceux-là dont est si proche M. Montebourg. René BLANC.

Sans Si Ahmed Ould Cadi et Mustapha ben Ismaïl, l’Algérie n’aurait jamais été française

La généalogie de SiAhmed Ould Cadi est d’autant moins dénuée d’intérêt qu’ayant découvert le personnage extraordinaire qu’il fut on peut trouver suspect le peu d’enthousiasme qu’il soulève chez Montebourg. Bachaga de Frenda, il avait sous son autorité une région immense allant de la mer et Mostaganem aux hauts plateaux du sud, Miliana, Orléanville, Tiaret. Le fondateur de la dynastie, Bachir, combattit toute sa vie au côté des Turcs. Son fils, Moufok, en fut récompensé en étant nommé caïd des Douairs, une importante tribu de la région. Petit-fils de Moufok et fils de Mohammed Ould Cadi, Si Ahmed Ould Cadi était également le neveu du fameux Mustapha ben Ismaïl. Celui-ci, commandeur de la Légion d’honneur, (nommé général à titre indigène le 29 juillet 1837), fut tué à 74 ans dans une échauffourée avec des fantassins d’Abdel Kader. Entre 1832 et 1843, il fut au côté des Français de toutes les batailles qu’ils menèrent. Personnage mythique, né à El-Amria (Lourmel), ben Ismaël passa sa vie à cheval un fusil à la main. Plusieurs fois blessé, il fit par sa bravoure et son intelligence stratégique pencher en sa faveur une bonne dizaine de fois l’issue d’un combat incertain. On le retrouvera à la tête de son maghzen des Douairs et Smela, couvrant ce qu’on appelle l’Oranie, acteur majeur dans toutes les défaites d’Abdel-Kader : Mascara, la Sikkak, Tagdempt et les innombrables revers locaux qui insensiblement minèrent les positions de ce dernier. Au soir d’une de ces débâcles, Ismaïl, âgé de 73 ans, gravit la côte abrupte au sommet de laquelle se trouvait le village fortifié de Goudjilah dans lequel l’émir avait stocké ses munitions. Face au Tell et, à perte de vue, aux hauts plateaux s’estompant vers le Sahara, il s’écria : « Fils de Mahi ed Dine (Abd-el-Kader), ce pays ne peut pas être destiné à appartenir à un marabout (personnage religieux) comme toi, à un homme de Zaouïa (école religieuse). Enlevé par la conquête à ceux que j’avais servis toute ma vie, c’est à la nation qui a su leur arracher qu’il revient, et non pas à toi, qui n’avais fait que le voler. J’ai aidé de toutes mes forces les Français à reprendre leur

bien, parce que moi, soldat, je ne pouvais obéir qu’à des soldats. Je les ai conduits jusqu’aux portes du Sahara. Je puis maintenant mourir tranquille. Justice complète sera bientôt faite de ta ridicule ambition ». Un an plus tard, lors de la prise de la Smalah, encerclant un groupe de fuyards, il tomba sur une bande armée et fut abattu d’une seule balle mortelle. « Il avait donné sa parole à la France, écrivit le général Walsin Esterhazy qui l’avait bien connu et prit le commandement de son goum, et jamais, dans les circonstances qu’il eut à traverser avec nous… son expérience des hommes et des choses du pays, son dévouement dans les combats, sa coopération dans les conseils, ne nous firent défaut toutes les fois qu’on voulut bien les invoquer. Les hommes de la trempe et du caractère de Mustapha ben Ismaël sont trop rares, même dans les grandes luttes de notre histoire… ». L’Histoire de France, écrite et contrôlée par des falsificateurs qui suent la haine de l’Empire et des colons, ne risquait pas d’exalter les héros indigènes qui prirent fait et cause pour les colonisateurs. Et qui, dès leur apparition, avaient eu l’intelligence de comprendre que ceux-là seuls étaient capables d’apporter la paix, la justice et le progrès dans ces terres d’anarchie et de misère. Mustapha ben Ismaïl fut de ceux-là, comme son neveu Si Ahmed Ould Cadi, tous les deux aïeux de la mère de Montebourg, comme ceux que parmi des dizaines d’autres nous citons cicontre et comme les milliers d’autres grâce auxquels l’Algérie put connaître 132 années de prospérité. Avant que de sombrer à nouveau dans le chaos et le désespoir. Si Ahmed Ould Cadi, entre 1835 et 1881, accompagna les troupes françaises dans toutes les expéditions lancées dans l’Ouest de l’Algérie, de la Méditerranée aux confins du Sahara, le maghzen des Douairs et des Smela dont il était devenu le caïd à la suite de son grand-père Moufok, au cours des vingt premières années de la conquête, ne quitta jamais la tête des colonnes françaises. Un chroniqueur a pu écrire « qu’il secondait par son

intelligence, par ses conseils et par sa vaillance les projets de nos généraux ». Résistant avec hauteur aux avances que lui faisait Abdel Kader, ses qualités intellectuelles, son dévouement et son énergie en firent rapidement le personnage dont Bugeaud avait besoin pour le poste stratégique d’agha de Frenda « La vie de Si Ahmed Ould Cadi a été bien remplie, écrit en 1898 le journaliste algérien Narcisse Faucon dans Le livre d’Or de l’Algérie. On ne saurait y constater un seul instant de défaillance dans sa fidélité. Depuis le jour où, avec les principaux chefs des Douair, il se rallia à la France, le bachagha ne cessa jusqu’à sa mort de nous servir sans restriction et de nous aider de ses sages avis. C’était un homme hardi, entreprenant, un esprit éclairé, un administrateur habile, un fin diplomate, dont les vues avaient une grande valeur. Il comprenait notre mission civilisatrice ; pactisant avec l’ancien et le nouveau régime, il s’était résigné de bonne heure aux sacrifices que les organisations récentes lui imposaient. D’une éducation parfaite, le bachagha Si Ahmed Ould Cadi était toujours très déférent à l’égard des représentants de l’autorité. Il recherchait les relations françaises ; il employait des familles européennes dans ses nombreuses propriétés. C’était un auxiliaire puissant pour conduire les indigènes dans la voie du progrès »… Si Ahmed Ould Cadi laissa derrière lui 9 enfants dont 6 garçons. La mère de Montebourg descend d’eux par filiation paternelle. Quatre de ces derniers occupèrent également de hautes fonctions dans l’Algérie Française et maintinrent la gloire et l’influence des Ould Cadi. Tous furent distingués par la France. A l’image de leur bachaga de père, entre 1841 et 1867, fait successivement chevalier, officier, commandeur et grand officier de la Légion d’Honneur. C’était un autre temps. Aujourd’hui la descendance de ces chevaliers s’appelle  Arnaud Montebourg, petit-fils de charcutier-traiteur morvandiau… R. B.

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N°3263 — 22 DÉCEMBRE 2016 — RIVAROL

JOYEUX NOËL ! Toute l’équipe de RIVAROL souhaite du fond du cœur à ses lecteurs de joyeuses et saintes fêtes de Noël et une bonne et heureuse année 2017. Pour eux, pour leur famille et pour une France aujourd’hui si malade. Comme chaque année nous faisons une pause entre Noël et le Nouvel An. Ce numéro est donc le dernier de l’année 2016 et restera en vente quinze jours. Nous nous retrouverons LE JEUDI 5 JANVIER 2017 à l’orée d’une année qui s’annonce à bien des égards dangereuse, inquiétante, instable mais aussi passionnante.

l De Robert FAURISSON :

ODIEUSE CONDAMNATION

La condamnation de Jérôme Bourbon est odieuse ! Et dire que, frappé d’une peine de 15 750 euros, je suis moi-même dans l’incapacité de lui venir en aide. Bon courage à l’ami Bourbon ! Il a eu raison d’étriller le Néo-FN dans le RIVAROL du 15 décembre 2016.  

l De Thomas JOLY, secrétaire général du Parti de la France : APRÈS AVOIR LIQUIDÉ SON PÈRE, MARINE VA FLINGUER SA NIÈCE

Alors que l’élection présidentielle ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices pour la candidate d’un Front National obsédé par sa normalisation et la gauchisation de son discours, les hostilités s’affichent au grand jour entre elle-même, son âme damnée Philippot et sa nièce Marion Maréchal-Le Pen qui a l’outrecuidance de ne pas vouloir s’aligner sur tous leurs reniements, notamment dans le domaine sociétal. Pour le frétillant et ambitieux Philippot, il faut absolument se débarrasser de la nièce qui est une concurrente redoutable en interne, car le garçon a sûrement des objectifs plus élevés que de rester seulement le mentor de sa madone, qu’il sacrifiera en temps voulu. Dans son édition du 14 décembre, le Canard D.R. Enchaîné rapporte ses élégants propos à l’égard de Marion Maréchal-Le Pen : « On va la dégager, on va lui faire fermer sa gueule, à cette conne ! » Avec la demi-surprise Fillon à la Primaire des Républicains qui feignent de redécouvrir ce qu’est la droite, un Emmanuel Macron qui bénéficie de l’attrait de la nouveauté et émoustille les ménagères de moins de 50 ans, une gauche institutionnelle plus décrédibilisée et divisée que jamais, un Mélenchon toujours en embuscade, il n’est plus du tout certain que la candidate à la rose bleue sans épines soit assurée d’être au 2nd tour de la Présidentielle. Ce qui, assurément, serait un échec retentissant. Et en entraînerait, de facto, un autre aux élections législatives, et donc un manque à gagner considérable pour un parti qui s’est habitué à se gaver de subventions publiques depuis quelques années. Nul doute qu’un tel scénario catastrophe entraînerait des règlements de compte sordides auxquels la famille Le Pen a habitué les Français. Mme Marine et Philippot n’hésiteront pas à reprocher à Marion Maréchal-Le Pen de ne pas avoir suivi scrupuleusement leurs dérives gauchistes, et celle-ci aura beau jeu de leur reprocher cette stratégie suicidaire alors même que la population française n’a jamais été aussi sensible aux discours droitiers et radicaux qu’aujourd’hui. Jusqu’alors, seule une poignée de seconds couteaux ont affiché leur soutien à la nièce. L’aréopage d’opportunistes et de gamellards qui constituent aujourd’hui le gros des cadres au Front National n’a aucune envie de risquer mandats et places au parti dans une énième querelle familiale et encore moins pour des raisons idéologiques. De plus, les media, toujours gourmands de guerres intestines au sein de la droite nationale, ne vont pas manquer d’attiser les tensions entre la tante et la nièce. Ne serait-ce qu’indirectement en accordant du temps d’antenne à Marion qui, par sa jeunesse et son physique agréable, ringardise forcément sa tante, bientôt quinquagénaire, au visage fripé et fatigué. Il y a fort à parier que la curée aura bien lieu, avec perte et fracas. En espérant que l’éviction probable de la petite-fille de Jean-Marie Le Pen sera utile à la reconstruction de la droite nationale française. Car pendant ce temps, la submersion migratoire

s’intensifie, l’islamisation de notre société s’accentue dangereusement, la décadence se poursuit, le déclin économique s’accélère, les libertés se réduisent et les Français se sentent, à juste titre, abandonnés.

l D’Eric RAINSART :

LE DIABLE PORTE PIERRE

L’élection du factotum Fillon à la Primaire de la Droite et du Centre a eu quelque chose de bon. Ses ennemis ont pris appui sur sa déclaration publique qu’il était personnellement contre l’avortement. Ce sont ces démons qui ont cherché à défendre leur bébé, si j’ose. Et l’avortement est revenu sur le tapis, et les enfants démembrés vivants in utero, soit balancés dans des crématoires, soit récupérés pour les multinationales des cosmétiques et du Big Pharma. Les remugles, les rejets de lave brûlants, venus de la gauche et de la droite prouvent avec une évidence solaire que l’avortement (tuer un enfant dans le ventre de sa maman) est une religion infernale. Jean-Marie Le Pen fait dans la navigation à la godille entre sa fille Marine et sa nièce Marion. Et le catholique présumé Bruno Gollnish vient d’affirmer que jamais dans sa carrière politique, il n’avait émis le souhait de revenir à la situation d’avant la légalisation de l’avortement-infanticide. Mais où vat-on ? Le Front National actuel prend l’eau des égouts de toute part. Même les meilleurs sont contaminés, par la lâcheté, le pognon, les indemnités parlementaires et les prébendes. Il faut consulter Monsieur de La Fontaine à ce sujet. Il faut quand même dire une chose avec gravité. Chers amis de RIVAROL, catholiques, protestants, athées, agnostiques, musulmans de bonne compagnie ! Dieu ne peut que maudire une France qui tue ses enfants. Il n’y a rien à attendre de ces aveugles qui conduisent des aveugles.

l De Louis MARANDAS :

COUP DE MAÎTRE

Je me suis acheté RIVAROL et j’ai lu le très bon éditorial de Jérôme Bourbon (RIVAROL du 15 décembre 2016). Exactement ce que je pense, surtout la chute ! Je n’en voudrais pas à Marine Le Pen si je sentais que tout cela n’était que calcul pour enfin arracher le pouvoir et faire sauter le verrou par la même occasion.  Mais je n’y crois plus une seconde. Le hold-up du FN par Philippot est par ailleurs un coup de maître, qui, j’avoue, méritera une page dans les livres d’histoire, tout comme la livraison par Sens commun à Fillon du mouvement social de La Manif pour tous. On me rétorquera toutefois qu’ il n’y aurait pas ce genre de trahisons s’il n’y avait pas des bataillons entiers de gogos gentils mais inattentifs pour les suivre…

l De Patrick LARCHMONT :

RETAILLEAU-LA-RECULADE … 

Du temps qu’il présidait la Vendée, après avoir succédé à Philippe de Villiers dont il avait été le bras droit au MPF, Bruno Retailleau avait accepté de faire installer une crèche dans l’Hôtel du Département. C’était en 2014. Depuis qu’il a pris du galon et s’est émancipé de la tutelle de son mentor, après avoir rompu avec lui et qu’il voit poindre à l’horizon un maroquin ministériel, Bruno Retailleau essaye de se placer sous le vent du « politiquement correct ». C’est ainsi qu’il vient de refuser à Samuel Potier, conseiller FN, l’installation d’une crèche dans l’Hôtel de la Région Pays de Loire qu’il préside. Préférant ainsi donner satisfaction aux Ecolos et Libres-Penseurs qui, en Bretagne, font une chasse systématique à tout ce qui rappelle que cette Province a été l’un des bastions du Catholicisme. Quand on sait que Bruno Retailleau est chargé de la stratégie et de la coordination de la campagne du candidat Fillon à la présidence de la République, et que Benoist Apparu (ex-soutien de Juppé lors de la Primaire de la “Droite”), bombardé — sous le signe de la « Droite unie » — comme l’un des porte-parole de ce même Fillon, avait préconisé que l’Etat et les Collectivités participent à la construction de mosquées en France, il est permis de s’inquiéter sérieusement de la politique que le “catholique” Fillon mènera pour freiner l’islamisation rampante de la France. Cette reculade de Retailleau, s’ajoutant à celle de son nouveau patron Fillon pour ce qui concerne la Sécurité Sociale, à quatre mois de la “Présidentielle”, en annonce-t-elle beaucoup d’autres ? Dire qu’il y a des électrices et des électeurs de droite, particulièrement des catholiques, qui voient en Fillon le sauveur qui redonnera à la France ses racines chrétiennes ! Sans même s’étonner du fait, que, pendant toute la campagne

des Primaires, leur favori n’ait jamais prononcé un seul mot pour dénoncer les dangers d’une immigration devenue inassimilable et les dérives d’une religion qui est aujourd’hui la « première pratiquée en France ». Encore un “cocuage” de la « Droite la plus bête du monde » en perspective ? Remarque : à l’inverse du supposé “catholique” Retailleau, le “catholique” Laurent Wauquiez qui fait, lui aussi, partie de l’équipe de campagne de Fillon, a accepté que soit installée une crèche dans l’Hôtel de la Région Auvergne-Rhône-Alpes qu’il préside. Sans se soucier, lui, des criailleries des libres-penseurs et autres athées ; et de la menace d’un recours au Tribunal administratif. Il est vrai que cet ancien ministre de Fillon vient d’avoir une prise de bec avec son ancien patron auquel il reproche de n’avoir pas intégré suffisamment de sarkozystes dans son équipe…

l De Julien DESCAMPS :

UN PEU DE RÉALISME POLITIQUE, QUE DIABLE !

A ma droite — mon “ultra-droite” — Jérôme Bourbon : « Le Salut ne viendra pas des urnes ! Priez mes frères ! Battez votre coulpe ! Les temps sont proches ! Ne fréquentez que des gens de votre secte ! Laissez les chefs décider pour vous ! Crachez sur Marine, sur Fillon, sur tout ce qui ressemble à un candidat de droite qui risquerait de se faire élire! (quelle horreur, on en tremble !) » et ainsi de suite de semaine en semaine… A ma droite — ma “Realdroite” — : le résultat des urnes Trump…qui ça ?!… Poutine… vous avez dit ?… Hitler… peuh ! J’ai beaucoup aimé RIVAROL, mais j’en vois chaque jour davantage les limites, la bêtise crasse d’une droiture rigidifiée qui a rayé le mot stratégie de son vocabulaire et fait des procès d’intention à tours de bras, ou bien collusion objective, on se demande… Alors certes le Salut ne sortira pas des urnes, mais si l’on se contentait pour le moment du salut ? Fillon est le seul candidat sérieux à se dire catholique. Sa politique économique n’est pas particulièrement de gauche, pas foncièrement socialiste en tout cas. Marine Le Pen semble en effet être sous de détestables influences, mais Jérôme Bourbon a-t-il donc le pouvoir de sonder les cœurs ? Et que risquons-nous à l’essayer, même sans illusions ? A brûler une cartouche du système ? Pourquoi ne pas le faire et désillusionner l’électeur au sujet du FN dans ce cas ? Je ne comprends pas bien le directeur de RIVAROL sur ce point… Pourquoi ce dédain de toute politique à enjeux et non groupusculaire ? Je suis évidemment éminemment sensible à la question de l’avortement, mais nous n’en sommes pas arrivés là en un jour et croire que l’on puisse en sortir brutalement me paraît désormais illusoire et utopiste ; on est avec Jérôme Bourbon dans une rhétorique révolutionnaire et providentialiste qui conduit à ne rien faire sauf à militer à la marge, et cela commence à me gêner quelque peu ; et refuser le mensonge en politique est malheureusement une attitude puritaine qui me paraît éloignée des réalités de ce bas monde ; ou bien l’on fait de la politique, ce qui implique de se salir un peu les mains, soit on se retire dans un monastère ; mais de grâce cessons de paralyser notre jeunesse ! Bon, je suis presque certain que le directeur de RIVAROL ne tiendra pas compte de tout ce que je viens d’écrire, mais au moins aurai-je eu la satisfaction d’essayer, et de le pousser à mettre au jour les contradictions de son attitude. Je précise que je me sens plus nationaliste que patriote. Je plaide seulement pour un réalisme en politique qui me paraît seul potentiellement efficace. La dédiabolisation ne marchera peut-être pas encore cette fois mais il n’est pas écrit que ce ne sera jamais le cas. Et puis s’il y a dédiabolisation comme l’écrivent certains des journalistes de RIVAROL, c’est qu’il y a stratégie, non, et donc pas un gauchisme foncier. Je continuerai toutefois à lire RIVAROL, me sentant libre cependant de le critiquer. [Vous avez raison de vouloir exercer votre esprit critique, y compris à l’égard de RIVAROL car il ne faut être inconditionnel de rien ni de personne ici-bas. Toutefois nous avons fait pour notre part le choix de dire la vérité, même si elle est douloureuse. Et comment ne pas être sincèrement atterré par l’évolution du Front national pour lequel tant de militants sincères et dévoués se sont battus corps et âme ? Faut-il se taire et mentir par omission au nom de l’électoralisme et pour ne pas désespérer, non pas Billancourt, mais le peuple des patriotes et des nationaux ? C’est le choix qu’ont fait manifestement un certain nombre de publications, qui ont les yeux de Chimène pour Marine Le Pen parée de toutes les vertus et de tous les mérites, ce n’est pas le nôtre. Car lorsque l’on cache la vérité, tôt ou tard elle se venge, elle finit par éclater, par irradier. Par ailleurs, il est quelque peu hâtif d’affirmer que nous rejetons totalement et par principe tous les résultats issu des urnes. Nous avons émis des jugements plutôt positifs sur Trump, sur Poutine ou sur Orban, même si nous les avons assortis

de nuances et de réserves comme cela est nécessaire à une analyse objective et exhaustive et pour ne pas se nourrir d’illusions excessives, notamment quant à leur attitude à l’égard du révisionnisme historique ou de l’entité sioniste. Il est donc exagéré, nous semble-t-il, de dire que nous tirons sur tout ce qui bouge. Mais force est aussi de constater que dans notre monde tel qu’il est aujourd’hui il n’y a pas hélas tellement de motifs à s’enthousiasmer ni tellement d’hommes, de forces et de mouvements à soutenir et à défendre avec ferveur. J. B.]

l De Patrick de BOISRAGON :

NANA APRÈS ANNE ?

Cette semaine sur RMC (celle du 12 au 18 décembre), dans un bulletin d’informations sur la “chute” imminente d’Alep, j’ai entendu un journaliste qui semblait vouloir tenter d’apitoyer les auditeurs sur le sort d’une petite « Nana âgée de 7 ans » (sic). Celle-ci, selon celui-ci, après avoir twitté chaque jour pendant le siège de la Ville martyre pour décrire le sort pitoyable des “insurgés”(1) assiégés sous les bombes et réduits à la famine avec leurs familles (rappel : mais aussi avec leurs otages s’attendant à tout instant à être “zigouillés” !) venait d’annoncer qu’elle arrêtait de twitter, la situation devenant intenable… Cette “Nana” — dont le prénom fait penser immanquablement à celui d’une certaine Anne (Nana, Anna, Anne…) au journal célèbre — est-elle une “forgerie” de RMC, ou bien celle d’une agence de presse ? Toujours est-il que, les jours suivants, il n’a plus été question d’elle. Mais d’ici que, dans quelques années, un éditeur astucieux, retrouvant par miracle tous ses tweets, nous sorte « Le Journal (des tweets) de Nana »… S’ils n’ont pas de limites, les “bobardeurs” n’ont pas d’imagination. Comme en amour, ils reprennent les vieilles recettes. En les modernisant pour les mettre au goût du jour. Pourquoi se gêner, tant que cela marche ? Mais la ficelle “Nana” a sans doute paru un peu trop grosse, ou prématurée. Surtout après celle d’Aylan, le bébé syrien retrouvé noyé sur une côte turque et dont la photo avait apitoyé tous les gobe-bobards en Occident, davantage prompts à sortir le mouchoir sur de prétendues “victimes” que la Kalachnikov sur de vrais ennemis qui bafouent leurs lois, pillent leurs biens ou violent leurs compagnes ? Certains naïfs commençant à se rendre compte (grâce à Internet et non à leurs journaux) que c’était une des nombreuses “forgeries” médiatiques dont on les abreuve… (1) Des criminels dignes de Daech pour la plupart, et qui — selon Fabius Laurent — « ont fait du bon boulot » après avoir massacré leurs compatrioites restés fidèles à Bachar el-Assad et détruit des sites millénaires !

l De François P. :

VICTOIRE EXTRAORDINAIRE

Victoire extraordinaire de Donald Trump le 8 novembre, confirmée le 19 décembre 2016 lorsque les grands électeurs fraîchement élus par le peuple l’ont désigné comme le futur président des Etats-Unis d’Amérique, le 45e. C’est Hillary Clinton qui se trouve ainsi véritablement écrasée, elle qui devait logiquement succéder à Barack Obama qui a occupé la Maison-Blanche durant huit calamiteuses années. La victoire de Donald Trump dont les conséquences se trouvent être considérables, scelle la fin du socialisme occidental menant à sa désagrégation. Chaque Rivarolien a pu observer «  les mines déconfites  » aussi bien en Amérique qu’en Europe d’ailleurs, des journalistes des « différentes presses subventionnées aux ordres », ceux-ci n’acceptant pas le résultat issu de leur chère démocratie. Les raisons de cette victoire sont bien sûr le déclassement, le rabaissement systématique de cette population blanche, de ces classes populaires, victimes du projet de globalisation mondiale voulu par les « soi-disant élites occidentales », par la caste politico-financière qu’incarne par excellence un Georges Soros. Cette classe blanche a été laminée durant huit années par la désindustrialisation, l’ouverture des frontières à outrance, l’immigration tiers-mondiste ne s’arrêtant jamais, apportant avec elle l’islamisme radical. L’Europe de l’Ouest est également frappée de plein fouet par les mêmes maux car se trouvant elle aussi représentée par un système uniforme dirigé par les mêmes puissances financières. Comme pour le Brexit, les mensonges ont été dictés par les mêmes puissances de l’argent mais celles-ci n’ont pas réussi cette fois à imposer le scénario prévu. Le peuple, qu’ils ne veulent plus entendre, a dit stop à la globalisation, stop à l’arrogance politico-financière et stop à l’oligarchie voulant dicter les lois. Le peuple est en train de se réapproprier son destin, cette tendance ne va pas s’arrêter à la seule Amérique car son écho se fait déjà entendre en Europe !

N°3263 — 22 DÉCEMBRE 2016 — RIVAROL

Qui est Vincent Peillon ?

A

VEC son retour sur la scène politique, avec sa candidature tardive aux primaires du Parti socialiste (ils sont sept candidats en tout à concourir à ce scrutin qui aura lieu les 22 et 29 janvier 2017), Vincent Peillon le républicain, le défenseur de la religion de la laïcité, attire sur lui les projecteurs. Mais pas suffisamment… Au-delà des petites polémiques qu’ont suscitées ses déclarations anticatholiques, l’on a pas encore percé à jour le personnage. Quelles sont ses origines ? Quel est son projet politique ? Et surtout, dans quel courant s’inscrit-il ?

LA FAMILLE PEILLON Vincent Peillon est à lui seul une synthèse… Fils de Gilles Peillon, un banquier communiste (ça ne s’invente pas), qui fut directeur général de la première banque soviétique hors d’URSS, la Banque Commerciale pour l’Europe du Nord, Eurobank, et ensuite directeur de la banque franco-algérienne Union méditerranéenne de banque. Sa mère, Françoises Blum, est une juive alsacienne. Elle fut directrice de recherche à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale ; elle est par ailleurs la petite-fille du rabbin Félix Blum (1847-1925). Son avenir était déjà tout tracé par ce “bel” héritage familial… Vincent Peillon le laïcard a eu quatre enfants (j’y reviendrai) issus de deux femmes juives : Brigitte Sitbon et Nathalie Bensahel. En effet, la laïcité, c’est pour les goyim.

UNE LAÏCITÉ À GÉOMÉTRIE VARIABLE

Dans un de ses ouvrages, Vincent Peillon affirme sans ambages  : «  Toute l’opération consiste bien, avec la foi laïque, à changer

la nature de la religion, de Dieu, du Christ, à terrasser définitivement l’Eglise. Non pas seulement l’Eglise catholique, mais toute Eglise et toute orthodoxie. »1 Or, lorsqu’il parle ici de toutes les orthodoxies, sous ses airs de philosophe des Lumières attaché à cette religion composite forgée par les Républicains des XIXe et XXe siècles, il n’y inclut éviD.R. demment pas le judaïsme. Car Vincent Peillon est un juif religieux déguisé en républicain… Comme le rapporte le journal israélien Haaretz, Vincent Peillon a célébré en 2009 la Bar Mitsvah de son fils Elie  — son autre fils s’appelle Izaak (des noms républicains sans doute) — dans une synagogue de la Place des Vosges à Paris2. Pour l’occasion, Vincent Peillon était monté à la Torah (le fait de réciter la Torah) et portait des tefilines3 (des boîtiers comprenant des passages de l’Ancien Testament). Ce comportement ne peut être compris qu’en ayant saisi l’origine et les finalités du mouvement juif assimilationniste né en 1780, appelé Haskala et dont l’initiateur est un juif allemand de Berlin, Moses Mendelssohn (1729-1786) ; mouvement ayant un lien de parenté direct avec le frankisme. Cet assimilationnisme de type frankiste avait pour objet l’assimilation en apparence des juifs d’Europe, et ce afin de conduire à la destruction d’Edom (le nom donné à l’Europe chrétienne). Cette insistance chez Vincent Peillon à imposer la religion de la République qu’est la laïcité — dont l’origine est, en partie, comme il le

7 dit lui-même, kabbalistique et illuministe4  — pour terrasser les religions des goyim, en l’occurrence le catholicisme, prend tout son sens lorsqu’on la met dans la perspective idéologico-historique du mouvement frankiste. Celleci est très bien résumée par le grand historien du judaïsme Gershom Scholem  : «  Il est en effet à remarquer qu’en Europe centrale, dans les groupes des fidèles de Frank, en Moravie, en Bohême et en Allemagne — où également des milieux éclairés de la bourgeoisie juive prêtaient çà et là attention à l’annonce sabbatéenne d’un renversement —, les théories nihilistes se présentaient sous un aspect beaucoup plus restreint, et très bientôt il se réalisa une jonction étroite, même un amalgame entre les idées de l’émancipation juive (Aufklärung) venue de Berlin (le mouvement initié par Moses Mendelssohn) et celles de la métamorphose frankiste de la Kabbale hérétique. Cette jonction dont nous trouvons la preuve dans certains manuscrits frankistes de Bohême et de Moravie encore conservés en langue judéo-allemande appartient cependant déjà à la génération de la Révolution française… Le frankisme peut en fin de compte se laisser définir comme un essai prématuré d’intégrer le judaïsme dans une forme de vie européenne sécularisée, en renonçant à son contenu spécifique, mais sans renoncer à se vocation, quoi qu’il dût en rester. »5 C’est bien ce double mouvement, à la fois d’assimilation en apparence à la vie européenne et de destruction du catholicisme, qu’incarne Vincent Peillon, dans sa vie privée et publique, dans son œuvre intellectuelle et dans son action politique, notamment lors de son passage au ministère de l’Education nationale. A quoi s’ajoute la dimension sioniste… La boucle est bouclée.

UN SIONISTE DISCRET Sa volonté d’araser les religions des autres peuples est à mettre en lien direct avec les relations manifestement étroites qu’il entre-

L’agonie de La Poste et de la SNCF

E

NTAMÉES depuis des années, les agonies de deux grandes entreprises connues de tous les Français deviennent de plus en plus perceptibles à leurs “usagers”, terme d’un jargon administratif frôlant le mépris. Des solutions de remplacement fonctionnent déjà, activement encouragées par les gouvernements de gauche ou de droite. Certains des aspects de ces “ersatz” ne peuvent être comparés qu’aux situations subies dans maints pays du tiers monde, mais un silence complice les entoure. Il ne s’agit pas de cultiver une nostalgie pour le «  bon vieux temps  », souvent très perturbé à la SNCF comme à la Poste, mais de bien comprendre que le système mondialiste a commencé à investir le terrain abandonné par l’Etat en France, en dégradant les prestations précédemment offertes, tout en se préparant à les rendre plus onéreuses, dès lors qu’il sera seul maître des transports et de la distribution du courrier et des colis. Examinons d’abord la Poste, transformée, bien qu’à capitaux publics (73,6 % pour l’Etat, 26,3 pour la Caisse des Dépôts et Consignations), en société anonyme depuis 2010, et dirigée depuis septembre 2013 par Philippe Wahl, son PDG. Rien que ce titre

devait alors mettre en garde. Car, auparavant, la Poste n’en avait jamais connu. Sa direction s’assumait par des présidents et des directeurs généraux, personne ne cumulait les deux fonctions. La double casquette de Philippe Wahl annonçait une mission spéciale, qui apparut au grand jour avec l’annonce du Plan 2015-2020. La Banque Postale, autrefois les comptes chèques postaux, se muait en activité majeure, des secteurs nouveaux surgissaient : transition énergétique, commerce électronique, logistique urbaine… La Poste commença à proposer à ses “usagers” des services aux particuliers, du genre nettoyage, jardinage, maintien à domicile… Vite, on en arriva à proposer de faire passer le Code de la Route, et bien d’autres actions aboutissant à la disparition des PME, les zones rurales étant les premières dévastées.

LES COLIS CHEZ L’ÉPICIER La Banque Postale se distingua en déployant un grand zèle dans le domaine des assurances (voiture, habitation…), des prêts, et ainsi de suite. Avec 10,8 millions de clients individuels, elle détenait un marché impressionnant, sans parler de plus de

400 000 clients « personnes morales » et du secteur public dit “local”. On pensera peutêtre que Philippe Wahl fut récompensé de son zèle par un chiffre d’affaires florissant. Pas du tout : en 2015, la Poste annonçait un déficit de 3 657 millions d’euros, pour un résultat net de 635 millions d’euros. Ce qui ne l’empêcha pas d’ajouter un troisième titre à sa casquette double  : celui de Président du Conseil d’Administration… Pourtant il avait notablement diminué le personnel de l’entreprise, tombé à 253  000 salariés. A noter que les syndicats d’extrême-gauche, pourtant majoritaires à la Poste, ont contribué à la situation présente, par leur stratégie incohérente et jusqu’au-boutiste. Il est vrai que l’amoindrissement de la Poste a profité à des nouveaux venus. Quantité de messageries pullulent ces derniers temps dans des épiceries et autres points de dépôts, les destinataires étant priés d’y réceptionner des envois auparavant portés à domicile par les facteurs. J’eus ainsi un beau jour l’occasion d’aller chercher chez un commerçant africain en fruits et légumes dans le 18e arrondissement de Paris un livre expédié de l’étranger, que je dus moi-même identifier en passant derrière le comptoir, le dépositaire étant illettré… Bien entendu, il y a plus sérieux parmi les suppléants de la Poste, notamment de grandes messageries nord-américaines. Dans l’envoi d’argent, l’alliance Poste-Western Union s’est imposée, avec des tarifs scandaleusement élevés. Signalons qu’il ne subsiste plus que 5  438 bureaux de poste (sous le nom d’agences postales) sur 17  000 «  points de contact  ». Prenons la capitale : depuis 2014, 26 bureaux ont été supprimés, pendant que 15 supérettes reprenaient en partie leurs activités…

DÉRAILLEMENT FERROVIAIRE Même déclin, même tiers-mondisation à la SNCF, grâce aux efforts conjugués de la droite et de la gauche, et l’aide fébrile de l’extrême-gauche syndicale. Sous l’impulsion directe de l’Europe de Bruxelles, instigatrice de la “concurrence” dans la voie ferrée française, imitant ainsi le modèle des Etats-Unis d’Amérique, tout ce qu’il y a de désastreux depuis des décennies (des dizaines de milliers de kilomètres de rails

tient avec Israël. Vincent Peillon a signé une pétition de l’organisation sioniste de gauche, JCALL, et a participé à un colloque organisé par cette dernière, aux côtés du diplomate israélien Elie Barnavi, le 19 juin 2011. Plus évocateur encore, lorsqu’il était encore ministre de l’Education nationale (20122014), sa fille Salomé (encore un prénom républicain) fut nommée à un poste à l’ambassade de France en Israël. C’est le député UMP Daniel Fasquelle qui a révélé l’affaire lors de la séance de question à l’Assemblée nationale ; le député évoqua alors « la nomination de la fille du ministre de l’Education nationale à un prestigieux poste d’attachée culturelle à l’ambassade de France en Israël sur laquelle on peut légitimement s’interroger. »6 On peut en effet s’interroger sur les connexions israéliennes de Vincent Peillon, mais au-delà… Chaque fois que l’on se penche sérieusement sur un des nombreux cas de personnalités donneuses de leçon appartenant à la communauté juive, l’on constate quasi-systématiquement un double discours, une hypocrisie sournoise et un tribalisme aussi exacerbé que dissimulé. De même que les francs-maçons de gauche et de droite se retrouvent fraternellement dans les loges, les juifs assimilés comme Eric Zemmour et les juifs laïcards comme Vincent Peillon célèbrent ensemble leurs fêtes à la synagogue. _____

Jean TERRIEN.

1. Vincent Peillon, Une religion pour la République. La foi laïque de Ferdinand Buisson, Seuil, 2010, p. 277. 2. Haaretz, 16 décembre 2016. 3. Sources  : Temps et Contretemps, Les juifs de François Hollande, 5 mai 2012. 4. Vincent Peillon, op. cit., pp. 64, 261. 5. Gershom Scholem, Aux origines religieuse du judaïsme laïque, Calmann-Levy, 2000, pp. 240, 246. 6. Le monde juif, Polémique autour de la nomination de la fille de Vincent Peillon, 30 janvier 2014.

arrachés). Dès les origines du transport par rail en France, dans la première partie du XIXe siècle, celui-ci n’avait pu se développer qu’avec l’appui financier des pouvoirs publics, compte tenu de l’énormité des financements nécessaires. L’adoption du « 4e paquet ferroviaire » par les européistes, créant l’éclatement par la privatisation des réseaux, ne peut qu’aboutir rapidement à la disparition des voies ferrées. A ce propos, on peut remarquer que le pouvoir de gauche dirigeant Paris a cerclé par des tramways la capitale le long des boulevards des maréchaux, alors qu’il existait une voie ferrée désaffectée circulaire, aisée à remettre en état, mais dont les terrains ont été vendus par la municipalité socialo-écolo-communiste, afin d’opérer une très juteuse opération financière. Or, le tramway constitue le transport public le plus cher, quasi-ruineux, qui soit à l’entretien… Passons. La SNCF voit sombrer son transport de fret, les fameux convois aux innombrables wagons. Les excès de la CGT-SNCF, spécialiste de revendications irréalistes et de grèves permanentes, ont en l’occurrence considérablement servi les intérêts des transporteurs routiers, avec des résultats très négatifs, à de nombreux points de vue. Mais il était devenu insupportable d’attendre six semaines un chargement ayant à parcourir une centaine de kilomètres. Les innombrables embranchements ferroviaires abandonnés témoignent de l’ampleur de la catastrophe économique. Maintenant, toute la SNCF est en danger de mort. Pour être remplacée par des sociétés privées du rail, à l’avenir douteux, étant donné le coût d’une maintenance sérieuse. Quant au remplacement général par les autocars du transport voyageurs, il relève de la plaisanterie de mauvais goût. Nous ne sommes pas aux Etats-Unis avec leurs fameux Greyhounds. Il suffit de penser aux banlieues des métropoles françaises et aux déplacements énormes qu’elles impliquent. Dans ce contexte, il est regrettable de constater que le Front National, qui ne dispose sans doute pas dans sa direction d’un cheminot, a cru bon d’approuver toutes les décisions européo-mondialistes. L’acte final de dépeçage du rail national semble l’avoir réveillé. Tard, très tard. Il est des problèmes qui ne souffrent pas l’amateurisme opportuniste. Nicolas TANDLER.

RIVAROL N°3263

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Nouve lle donne aux Etats Donald Trump élu, quels indices sur les orientations réelles de sa présidence ? D ONALD Trump a été élu, sans aucun doute possible, par les citoyens des Etats-Unis, le 8 novembre 2016. Les grands électeurs ont voté pour confirmer le choix des citoyens le lundi 19 décembre, comme le veut le complexe système à degrés. Sa marge est telle qu’une ou deux défaillances n’ont rien changé  ; jusqu’au jour de ce vote, une simple formalité et une coutume biséculaire, les militants gauchistes, mis en exergue par les grands media officiels, n’ont cessé de sommer 37 grands électeurs de Trump de se révolter contre lui, c’est-à-dire contre le suffrage populaire qui les a eux-mêmes désignés comme grands électeurs. Décidément la gauche ne croit en la démocratie que si le peuple vote “bien”, en sa faveur directement, ou indirectement en faveur d’une fausse droite inoffensive. Trump avait été le candidat inattendu, mais réel, de la droite nationale face au Système. Ce dernier a été très mauvais perdant. Plus sérieusement que cet appel à la mutinerie des grands électeurs, il a cherché et cherche encore à instiller le doute sur la validité, technique, ou morale, de son élection. Donald Trump entrera en fonction le 20 janvier 2017, succédant à Barack Hussein Obama. Il est de tradition de prévoir un temps de transition en douceur ,de novembre à janvier, reposant sur une large coopération entre l’équipe sortante et l’équipe entrante. Cette tradition comporte évidemment une large part d’hypocrisie, mais a fait figure depuis des décennies de décence obligatoire autant chez les démocrates que les républicains. Il en avait été ainsi en 2008-2009 lors du passage de relais entre George W Bush (2001-2009) et Obama (2009-2017). Le nouveau président Trump n’a pas vraiment tenu à faire preuve de cette fausse harmonie habituelle, cultivant au contraire son discours de rupture, ce qui implique par définition le contraire de la transition douce. Quant à Obama, il a fait preuve d’une indécence rare, faisant figure d’opposant principal à son successeur, durant ce demi-retrait de la candidate démocrate battue Mme Clinton, encore sous le choc de sa défaite après la victoire facile annoncée durant des mois et des mois.

LES ATTAQUES PERMANENTES D’UN SYSTÈME MAUVAIS PERDANT Des recomptages de voix ont eu lieu dans de nombreux Etats, dont le Wisconsin et la Pennsylvanie ; ils ont été effectués, suite à une plainte non pas de la candidate battue Mme Clinton, mais de candidats marginaux, inconnus, d’extrême-gauche, qui ont été mis en avant en lieu et place de la bénéficiaire éventuelle. Laquelle a été d’une hypocrisie remarquable. Ces recomptages, qui n’auraient rien changé malgré tout au résultat final, ont du reste confirmé la victoire de Donald Trump, et plutôt accentué son écart. Vient aussi l’accusation de l’accident électoral du 8 novembre 2016 suite à une manipulation de la Russie : les services secrets russes auraient réussi à biaiser l’élection présidentielle américaine en faveur du candidat « de la Russie », Donald Trump… Ce délire manifeste n’a pas été évoqué par un blogueur surexcité d’extrême-gauche, ou reproduit par des journalistes hystériques du Système, mais par le président Obama en personne. Le propos reste tout aussi stupide en soi, mais il nuit à son successeur en tentant de jeter le discrédit sur lui, et donc à son pays — il est vrai qu’il ne s’agit pas pour Obama de son vrai pays, le Kenya, mais des ÉtatsUnis —. Un flou délibéré est entretenu à ce propos, avec une “information”, ô combien manipulée, réduite à un titre ou à deux phrases vagues. Des espions informatiques russes auraient-ils massivement piraté le vote électronique lors de l’élection présidentielle aux Etats-Unis, sup-

D.R.

pute rapidement l’imagination ? Pas du tout, les services secrets russes auraient piraté seulement des comptes électroniques privés de Mme Clinton ou du Parti Démocrate, et livré les résultats compromettants à des sites militants hostiles à Mme Clinton ! Il ne s’agit pas même de fausses informations, mais de la diffusion de vérités dérangeantes, que le Système aurait voulu absolument occulter… S’il y avait eu effectivement une manœuvre russe ainsi décrite contre Mme  Clinton  — les faits restent hautement hypothétiques  —, elle aurait plutôt servi la démocratie américaine en fissurant le mur du mensonge dressé en protection autour de la candidate démocrate. Donald Trump, parfois peu élégant dans ses propos, a toutefois été fort modéré, en ne développant nullement la question des comptes fort suspects de la Fondation Clinton, en principe strictement philanthropique. Contrairement à des propos de campagne, promettant d’envoyer « Hillary [Clinton] en prison », Trump a d’ailleurs indiqué renoncer à vouloir la poursuivre. Cette grandeur d’âme, que d’aucuns qualifient de reculade par rapport à une promesse électorale, est-elle de bonne politique ? Ce n’est pas certain. Du moins faut-il constater que la haine contre Donald Trump n’est nullement motivée par quelque manœuvre défensive en faveur de Mme Clinton, mais relève de haines à la fois plus obscures et plus profondes. Le mondialisme veut détruire, détruire en le délégitimant, un personnage perçu comme incarnation authentique d’une Nation, et de la première ou deuxième puissance mondiale.

LE MUR DE TRUMP SERA-T-IL CONSTRUIT ?

En effet, Donald Trump a multiplié durant sa campagne les déclarations s’éloignant du multiculturalisme imposé, avec des frontières internationales ouvertes. Non, il s’est intéressé, avec une sympathie sincère, aux travailleurs blancs pauvres, absolument abandonnés par les démocrates. Cet abandon est d’ailleurs l’une des raisons de la défaite des démocrates, avec la perte d’Etats-clefs à forte composante de travailleurs pauvres blancs comme la Pennsylvanie. Toutefois, si Donald Trump a de fait soutenu les travailleurs pauvres blancs, il a toujours insisté sur la condition des « travailleurs pauvres américains », c’est-à-dire en incluant les Noirs ou les Latinos naturalisés. Il y a là plus qu’une nuance. Donald Trump, est de droite, chose trop rare pour les dirigeants des pays blancs historiques menacés. Il a promis durant la campagne l’expulsion des 13 à 20 millions d’allogènes illégaux aux Etats-Unis, appartenant quasiment tous à la minorité dite des Latinos, en provenance du Mexique et de nombreux pays d’Amérique Centrale, qui sont beaucoup moins blancs et beaucoup plus violents dans leurs pratiques culturelles que le Mexique. Les Mexicains ont une très mauvaise opinion des Guatémaltèques ou des Honduriens en particulier, et soutiennent massivement la construction en cours d’un mur à la frontière méridionale du Mexique. En revanche, tous les partis politiques mexicains, et le gouvernement, ont déjà vigoureusement protesté contre la promesse la plus connue du président élu Trump : la construction d’un mur, haut, infranchissable, profond  — c’est-à-

dire comprenant techniquement plusieurs murs successifs —. Construira-t-il ce Mur ? Expulsera-t-il comme promis les 13 à 20 millions d’allogènes illégaux aux Etats-Unis ? Voire… Faut-il le rappeler, Donald Trump n’est nullement d’extrême droite. Un président d’extrême droite, ethnonationaliste véritable, reviendrait aussi sur les naturalisations massives de Latinos opérées depuis les années 1980, qui sont demeurés irréductiblement différents des Américains blancs, et globalement inassimilables. Ils sont plus de 30 millions aujourd’hui ! On en est de toute façon loin avec Trump, un démocrate d’origine, qui a redécouvert récemment la Nation, ce qui est une excellente chose, mais qui n’est nullement un ethnonationaliste conscient et déterminé. Respectera-t-il ces deux promesses électorales essentielles, et, qui, à défaut de tout changer absolument en elles-mêmes, joueraient un rôle essentiel dans la lutte ethnonationaliste blanche aux Etats-Unis ? C’est d’ailleurs pourquoi nos camarades, plus que sceptiques depuis des décennies sur le Parti Républicain, à juste titre, ont voté massivement pour Trump, et appelé à la faire. Ces deux points sont les plus essentiels du programme de Trump. En théorie, il pourrait disposer d’un soutien de la majorité républicaine au Congrès : les conservateurs sont sur le principe contre l’immigration illégale, même s’ils ont toléré une invasion massive depuis les années 1980. Hélas, les premières déclarations qui ont suivi l’élection de Donald Trump sont plutôt décevantes. Il est revenu, au moins en partie, sur ces deux promesses essentielles. Il ne serait plus question que d’expulser trois millions d’immigrés clandestins condamnés pour des délits graves. Que font-ils encore aux Etats-Unis ? La gauche xénomane, sacrifiant la sécurité des citoyens par pure idéologie, est donc bien la même des deux côtés de l’Atlantique. Il manquerait 12 à 15 millions d’expulsables à ce compte. Il y aurait tout lieu de craindre qu’ils ne soient jamais expulsés, s’ils ne le sont pas durant les premiers mois de la présidence Trump, à partir du 20 janvier 2017. Une future majorité démocrate, voire républicaine, finirait par tous les légaliser, avec leurs nombreux descendants. De même, le fameux mur serait-il réduit à des “clôtures” ! Pourtant, il est relativement facile de le construire. Il coûterait de 30 à 40 milliards de dollars. Ce montant est certes élevé, mais il est à comparer aux plus de 600 milliards de dollars du budget militaire annuel. Donc, il n’est pas impossible à construire pour des raisons de coûts ou de difficultés techniques insurmontables. A lire certains journalistes partisans du Système, le relief l’empêcherait ; l’absurdité du propos est évidente, car s’il y avait une frontière naturelle si considérable entre les Etats-Unis et le Mexique, elle ne serait pas aussi facilement franchie par des millions d’immigrés clandestins chaque année.

UN FUTUR AXE POLITIQUE ESSENTIEL ULTRASIONISTE ?

Seront construites vraisemblablement des sections de mur, et ce avec une inauguration par Trump en personne, devant les caméras. L’exercice consistant à faire hurler les media gauchistes qui crieront à la dictature fasciste l’amusera certainement. Mais il ne sauvera certainement pas l’Amérique blanche par des demi-mesures. Tout espoir n’est cependant pas perdu au sujet du Mur, tant il s’agit d’une promesse centrale. Quant à l’immigration musulmane, moins importante, et de loin, que celle des Latinos, Trump est déjà revenu sur sa thèse de campagne de n’admettre aucune entrée de musulmans sur le sol américain tant que la situation ne serait pas sécurisée. Une telle mesure aurait été au sens strict difficilement applicable, et aurait conduit à la rupture des relations diplomatiques avec tous les pays mahométans. Toutefois, il aurait été possible d’interdire non pas des voyages d’affaires ou des séjours touristique de musulmans mais une immigration de

peuplement. La question n’a pas été étudiée, ce qui est regrettable. Donald Trump s’est affirmé durant la campagne comme un chrétien convaincu. Tiendrat-il sa promesse de ne nommer que des juges hostiles à l’avortement à la Cour Suprême ? Il ne s’est pas prononcé à nouveau sur la question, même s’il n’y a pas lieu d’en douter a priori. En revanche, l’on a souvent pas voulu voir dans l’extrême droite européenne que ce christianisme affiché, revendiqué, se combine comme quasiment toujours aux Etats-Unis avec un ardent sionisme. Trump participe de la confusion courante, commune à une large majorité de protestants, entre l’Israël antique, biblique, vétérotestamentaire, attendant le Christ, et l’Israël moderne, issu des Talmuds. Il s’agit là de deux religions différentes. Si l’Israël biblique est bien en un sens l’ancêtre commun aux Chrétiens et aux Juifs, il ne doit surtout pas être confondu avec ces derniers. Cette erreur de perspective religieuse a des conséquences géopolitiques essentielles : elle explique largement le soutien obstiné, enthousiaste, de la société américaine, et donc de ses élus, démocrates comme républicains, à l’Entité Sioniste. Les promesses divines, vétérotestamentaire, confiant aux Juifs antiques au minimum toute la Palestine, de la Mer Méditerranée au Jourdain, voire le Sud du Liban, le Golan syrien  — effectivement occupé, lui  — et la Jordanie, seraient toujours d’actualité, et à faire respecter dans les faits. Rappelons que les Juifs antiques ou Judéens ont disparu complètement au IIe siècle au plus tard, et que les Juifs actuels descendent massivement des Khazars, un peuple turc du Nord de la Mer Noire converti au Judaïsme au Haut Moyen Age. Donald Trump a pris position, assez discrètement, mais il l’a fait, pour l’annexion de la Cisjordanie à l’Entité Sioniste, et le transfert de l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem. Ce dernier transfert, jamais opéré pour des raisons diplomatiques évidentes, avait déjà été promis par George W Bush en 2000. Il est à nouveau d’actualité, et semble cette fois-ci réalisable. Le conseiller le plus écouté du nouveau président serait sa fille Ivanka, convertie au Judaïsme, mère de famille juive convaincue et enthousiaste. Le transfert de capitale reconnu par Washington, ou celui de l’annexion d’une large part, en fait les ¾ ou 9/10 de la Cisjordanie, la quasi-totalité sauf les enclaves urbaines palestiniennes, dites « zone A », devrait condamner définitivement tout espoir d’Etat palestinien, même croupion. Tel est le rêve des ultrasionistes, et il pourrait hélas se réaliser sous Trump. Cet ultrasionisme pourrait aussi avoir des conséquences majeures sur le ô combien délicat dossier iranien. Entrer en guerre contre l’Iran ne relève heureusement pas du crédible. Donald Trump a développé une théorie positive contre l’interventionnisme aventureux et contre-productif, du moins dans le domaine militaire. Cependant, sous les applaudissements enthousiastes des élus républicains ultrasionistes au congrès, et peut-être avec un renfort de démocrates, il pourrait faire voter l’annulation de l’accord nucléaire sur l’Iran de 2015, peut-être le seul legs positif du calamiteux bilan de Barack Obama. Cette annulation serait suivi d’un nouvel embargo, encore plus illégitime moralement, et plus stratégiquement dangereux que le précédent. Sans causer stricto sensu une nouvelle guerre, même indirectement, cette rupture avec l’Iran compliquerait toute perspective de résolution durable des difficiles conflits de l’Irak et du Yémen. Une politique extérieure rationnelle pour les Etats-Unis verrait au contraire un rapprochement avec l’Iran. C’est ce dont il n’est absolument pas question pour le moment. Il faut espérer au mieux des déclarations peu aimables envers Téhéran, mais dépourvues d’effets réels. Ses premières nominations vont dans le sens de cette ligne ultrasioniste. Il a nommé comme ministres ou conseillers personnels des généraux compétents, comme James Mattis au ministère de la Défense ou John Kelly à la sécurité intérieure, mais réputés fort anti-iraniens. Plus inquiétant encore, l’ambassadeur américain pressenti dans l’Entité Sioniste, David D. Friedman, est lui-même un Talmudiste pratiquant et un ultrasioniste flamboyant. (A suivre dans notre numéro de rentrée début janvier 2017 la suite du dossier Trump : la coopération avec la Russie, l’affrontement avec la Chine, une politique de grands travaux.) Scipion de SALM.

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s-Unis et en Corée du Sud

La Corée du Sud derrière ses Chaebols

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ANS son édition du 14 décembre, le quotidien libertin Libération publiait une interview fort éloquente quant à la vision que portent les bobos aux manettes sur les grandes affaires du monde. Interrogé sur la crise politique phénoménale qui frappe actuellement la Corée du Sud, le chercheur au nid douillet du CNRS et ancien diplomate à Séoul, Pascal Dayez-Burgeon, expliqua de bout en bout, ou presque, la destitution de la présidente azimutée du pays, Park Geun-Hye, votée par le Parlement (la Cour constitutionnelle a 6 mois pour valider ou rejeter le vote des parlementaires sud-coréens) par l’atonie économique dont souffre la péninsule depuis quelques années. Et l’expert de voir dans les millions de gens en colère qui défilent dans la rue pour précipiter la chute de la présidente une sorte de « Mai 68 coréen »… L’expertise au service du ridicule. Heureusement le journaliste intervieweur osa dans sa dernière question interroger l’analyste sur l’influence de la tragédie effroyable qui secoua le pays en 2014 avec le naufrage du bâteau Sewol qui coûta la vie à 300 personnes dont 250 lycéens de 16 et 17 ans. Nous reviendrons plus loin sur cet événement qui a permis aux Coréens (au peuple coréen) d’ouvrir les yeux, à moitié, sur leur présidente et son soi-disant patriotisme.

LA PUISSANTE INFLUENCE DE LA SORCIÈRE CHOI

A la suite d’une enquête journalistique qui mena les limiers, enfin, à la confidente incontournable de la présidente Park, Choi Soon-Sil, véritable gourou chamanique, fille de gourou chamanique, (que les Coréens ont rapidement considérée comme un Raspoutine sataniste tout-puissant, corrupteur et cruel) qui s’était momentanément terrée en Allemagne — et déterrée par les “détectives” à la fin du mois de septembre de cette année —, les journalistes vont découvrir un ordinateur laissé sur place (ou une tablette) dans lequel des centaines de messages et de discours corrigés par la femme de l’ombre s’y trouvaient. Là apparaissait soudainement aux yeux des masses l’immense pouvoir de Choi Soon-Sil sur la présidente Park Geun-Hye. C’est à partir de ces révélations (enfin dévoilées) que le peuple a commencé à descendre dans les rues pour manifester, et exiger la destitution de la présidente fantoche. Le peuple s’est levé spontanément face à cette honte, face à cette farce (la soumission d’une présidente devant la folie d’une dignitaire sectaire), devant cette immoralité bien réelle. Il ne s’est pas soulevé contre la tyrannie, le conservatisme, la rigidité morale, le paternalisme ou le nationalisme comme le prétend l’expert de Libération, mais contre la trahison des élites (de la première d’entre elles en particulier), contre les mensonges et contre ce qu’il considère être, à juste titre, comme le mal pour le mal. Nous pouvons cependant nous interroger sur les conditions du dévoilement du scandale (peut-être une mise en scène) et nous demander si la chute d’une présidente qui était encore il y a peu massivement respectée (sinon soutenue) pour son histoire personnelle n’est pas préméditée de longue date. En mars dernier, le voisin ennemi Pyongyang avait prédit la chute d’Obama… et de Park Geun-Hye dans un discours que cette dernière, gênée, qualifia de « vulgaire et ridicule ». La Corée du Nord n’est évidemment pas reponsable de la chute des deux personnalités (une chute davantage symbolique pour Obama), mais elle est habituellement bien renseignée et cette dernière menace du frère ennemi n’a pas dû rassurer la présidente Park. Toujours est-il qu’à la fin du mois d’octobre, la présidente sud-coréenne qui avait perdu son aura (l’histoire tragique de ses parents assassinés par des activistes communistes — sa mère d’une balle perdue en 1974 ; son père, dictateur de Corée du sud, quelques années plus tard en 1979 après un règne de plus de 18 ans par un opposant politique — et donc sa propre histoire a nourri fort longtemps la tendresse du peuple

envers elle) fut forcée de présenter ses excuses au peuple pour ses liens étroits avec Choi SoonSil (on parle à Séoul de Choigate) et avec sa secte de fous responsables d’un système de corruption géant parasitant les grands groupes économiques (Samsung, LG…), les Chaebols, qui font la fierté du pays même si leur pouvoir est parfois critiqué. Le gourou féminin Choi avait déjà été arrêté et emprisonné, et le peuple n’attendait pas les excuses de la présidente mais sa destitution et son embastillement. Aussi ses pleurnicheries, ses “excuses”, ses larmes de crocodile, ont-elles provoqué l’ire du peuple et non son apaisement.

LE PEUPLE SAISI DE NAUSÉE Le 5  novembre, des dizaines de milliers de Coréens se rassemblèrent pour s’approcher de la Maison Bleue (la Maison blanche de Séoul) : 20 000 policiers étaient sur place pour les entourer. La reine des élections (le surnom de Park) ne fut pas lynchée mais, après un mois de manifestations de plus en plus impressionnantes, les parlementaires ont donc eu « le courage » de destituer (le texte a été adopté par 234 voix contre 56, soit largement la majorité des deux tiers des 300 votes nécessaires) celle que tout le monde croque désormais comme la marionnette d’un démon. Cette destitution est le fruit d’une réaction d’honneur du petit peuple qui a l’impression détestable d’être manipulé, moqué et, peut-être, sacrifié par cette clique. Même si la Corée du Sud est une nation où naissent et meurent en permanence des tas de mouvements ésotériques et sectaires (dont une partie importante se réclame du satanisme, en s’opposant d’une manière symétrique au christianisme ; un christianisme d’ailleurs trop souvent altéré là-bas par la virulence des sectes protestantes dont les hérésies mènent aux pires folies  — suicides collectifs et meurtres de masse  —), la découverte des véritables relations entretenues par la présidente et sa confidente azimutée chamboula les cœurs coréens. Beaucoup de ces petits Asiatiques ne sont pas les dégénérés que l’on peut imaginer imprudemment chez nous du fait de la culture urbaine coréenne qui renvoie une représentation superficielle du petit peuple. Beaucoup restent des travailleurs courageux, D.R. honnêtes, pauvres et à cheval sur les principes et les valeurs de vie. Et généralement, même les tordus, qui gravitent autour de sectes (souvent par anti-individualisme), ne souhaitent pas que leurs dirigeants prennent leurs décisions politiques en interrogeant au travers des entrailles d’un chat ou d’un poisson-lune des esprits démoniaques ou des dieux étranges hantant les abîmes et les abysses d’extrême-Orient… Or, le peuple apprit subitement que la présidente Park n’avait jamais pris de décisions mais qu’elle n’avait qu’écouté durant tout son mandat la sorcière Choi qui prétend dialoguer dans l’au-delà avec les défunts parents de l’élue  ! Un choc pour ceux qui croyaient encore que la Reine des élections était une vierge orpheline mariée à la patrie comme elle le prétendait depuis des années. En réalité, elle est mariée à la secte de Choi depuis son adolescence. Dans les années 1970, le propre père de Choi avait créé cette secte fort puissante, mafieuse et satanique qui s’était spécialisée dans la sidération et la manipulation des élites en vue d’un enrichissement rapide et d’un accroissement de pouvoir facilitant ses nombreuses et coûteuses activités ésotériques. Avant de trépasser, le gourou avait demandé à Park Geun Hye de poursuivre son initiation ésotérique avec sa propre fille Choi capable comme lui de communiquer avec les morts et de capter leur énergie… Au moins 70  millions d’euros auraient été soustraits aux grandes entreprises du pays en moins de trois ans par le biais de fondations douteuses et autres associations philanthropiques par ces deux sorcières à la coquetterie outrancière. La réaction du peuple fut réactionnaire si l’on peut dire, un anti-mai-68 né de la découverte de toutes ces hérésies absurdes et de tous ces faux

bons sentiments de démagogues occidentalisés par le pire des venins de l’Ouest. Même notre expert le sait bien et il ne faut peut-être pas prendre à la légère (comme lui, qui ne voit que le symtôme d’une crise économique dans cette angoisse collective) les derniers propos de son interview de Libé quand il évoque ce sentiment populaire d’un pays se sentant victime d’une sorte de force maléfique. A la question cruciale du journaliste  — cette mobilisation est-elle à mettre à l’actif de la « génération Sewol », ces Sud-Coréens qui n’ont pas accepté le laxisme et le mépris des autorités lors du naufrage de ce ferry qui avait coûté la vie à plus de 300 personnes, en majorité des lycéens, en 2014 ? —, notre expert apporte cette réponse qui en dit fort long sur l’opinion qu’ont les masses actuellement sur le pouvoir et le Système : « Bien sûr. D’ailleurs, il y a encore beaucoup de choses que l’on ne sait pas sur cette catastrophe, à commencer par Park Geun-hye elle-même. Le jour du naufrage, elle a été aux abonnés absents pendant sept heures. Qu’a-t-elle fait ? Toutes les théories du complot circulent, qui traduisent une exaspération de la classe politique en place. Ce sacrifice de la jeunesse, c’est un peu le mythe de l’ogre comme d’habitude. Les jeunes Coréens sont sacrifiés au minotaure du pouvoir. Elle en est l’incarnation absolue et cette affaire n’est pas réglée. La Corée, c’est le pays des feuilletons et là, nous sommes en plein feuilleton. » Pour comprendre la théorie du complot principalement développée en Corée depuis quelques mois par les Internautes du pays, il faut connaître les événements qui ont bouleversé le 16 avril 2014 le pays du matin calme. 300 jeunes morts noyés dans des conditions en effet encore incompréhensibles. Un bâteau qui naviguait à très vive allure avant de modifier à angle droit sa direction sans raison aucune (ce qui provoqua la catastrophe). Les familles des victimes sont persuadées qu’il ne s’agit pas d’un simple accident. Le fait de tourner brutalement le volant d’une automobile pilotée à 160 km/h est aussi une cause d’accident, mais l’origine du drame est-elle accidentelle se demandent-elles. Pendant le naufrage du Sewol, alors que le paquebot prenait l’eau de toutes parts, les hautsparleurs demandaient aux gosses de rester enfermés dans leur cabine dans lesquelles ils mourront d’hypothermie et de noyade, les secours n’intervenant pas, ni les hélicoptères ni les sauveteurs maritimes.

LA GENÈSE DU CONSPIRATIONNISME CORÉEN

Pendant l’agonie des petits lycéens, les membres de l’équipage plongeaient dans les embarcations de secours, dans les canots de sauvetage avec les bouées sous le bras. A la suite de cet accident incompréhensible, de cette gestion invraisemblable de la catastrophe, de cette période de non-assistance à personnes en danger, les parents des jeunes victimes ont voulu connaître les raisons de la tragédie et de cette défaillance des secours durant le moment fatidique où toute cette jeunesse succomba. Aucune réponse ne fut formulée par les autorités. Plus surprenant encore, la présidente « mariée à la nation » fut introuvable pendant le naufrage et sept heures après le début de l’accident. Aujourd’hui le récit officiel affirme qu’elle était enfermée dans une pièce secrète avec son coiffeur qui lui faisait une petite beauté durant ce laps de temps. Mais d’aucuns pensent dur comme fer qu’elle participait en compagnie de la sorcière Choi à une sorte de séance de magie noire et profitait de l’horreur en cours afin d’en capter son énergie sombre… C’est une hypothèse surréaliste qui ne peut être retenue. C’est irrationnel à la différence de la thèse officielle d’une séance capillaire de 7 heures qu’il était impossible d’interrrompre pour communiquer ne serait-ce qu’oralement avec la nation en détresse. Cela, c’est très plausible. C’est vraisemblable puisqu’il s’agit de la version officielle. En tout cas, à partir de cet holocauste maritime, Park n’avait plus la confiance du peuple. Une confiance qui s’usait continûment, jour après jour, jusqu’aux événements fatidiques de ces dernières semaines qui menèrent à sa destitution et qui la mèneront peut-être, bientôt,

en prison. Ici, la question n’est pas de savoir si une fraction des Coréens délirent ou non à propos des activités maléfiques de leur présidente. La chose intéressante est de connaître les raisons pour lesquelles ces Coréens voient leurs plus hautes élites comme des maboules diaboliques. Cette croyance populaire (en la malignité du pouvoir actuel) est un fait que notre expert de Libé appelle « théorie du complot ». Toute idée dangereuse pour le Système devient d’ailleurs sous la plume des intellectuels du CNRS une théorie du complot. Ce qui est paradoxal dans ce paradigme de la théorie du complot ici, c’est que plus les Coréens sont informés sur l’affaire du Sewol, plus ils en savent, plus ils deviennent dans le même temps méchamment conspirationnistes. Ainsi apprirent-ils qu’au matin du 16  avril, une grosse partie de l’équipage habituel avait été remplacée par des “apprentis”, des “nouveaux”, des “inconnus”. Et plus largement, jamais les autorités ne communiquèrent sur les raisons de l’accident qui ressemble à un accident volontaire. Aucune explication sérieuse pour calmer la colère et l’angoisse des parents, aucune explication par ailleurs quant à l’intervention très tardive des secours (dans un pays qui possède une immense expérience en techniques navales et en secours maritime).

UN GOUROU PEUT EN CACHER UN AUTRE

Les conditions de l’accident sont restées si ténébreuses que le capitaine du navire a été accusé d’homicide volontaire un an plus tard lors du procès du Sewol et finit actuellement son existence en prison. Mais ce n’est pas tout. Et c’est à ce moment que les soupçons de satanisme cultivés à l’encontre de la classe dirigeante atteignirent leur paroxysme pour ne plus descendre en intensité : les Coréens ont appris que le propriétaire du Sewol n’était autre que le très inquiétant Yoo Byung-eun, multi-milliardaire et surtout ancien gourou d’une secte dont les membres ont tous été exécutés d’une balle dans la nuque en 1987. Trente personnes mortes, poignets et chevilles liés, découvertes dans une campagne coréenne. Dès cette époque, Yoo Byung-eun fut considéré comme le plus grand fugitif du pays mais l’affaire se tassa et la justice du pays considéra ces morts comme des suicides individuels. Et Yoo revint au pays pour faire des affaires et poursuivre ses activités récréatives. L’affaire du Sewol présente Yoo comme un génie du mal à la James Bond. D’ailleurs si le scénario de cette histoire était celui d’un film, ce dernier serait considéré par le dernier des cinéphiles du dimanche comme un affreux navet, et pourtant… Et pourtant, toutes les informations ont été (succinctement bien sûr) relayées par les journaux académiques et reprises en Europe par Le Monde ou le Spiegel. Après le naufrage meurtrier du Sowal, Yoo Byung-Eun s’est enfui de nouveau et fut introuvable pendant les deux mois suivant la tragédie. Les Coréens n’apprirent que le 22 juillet que son cadavre fut découvert dans un verger entouré de bouteilles d’alcool le 12 juin en état de décomposition avancée  ! Version officielle. Et l’affaire fut classée, la justice arguant de tests ADN corroborant l’identité du corps. Problème, le 22 juillet, la police faisait part de ses très forts doutes quant à cette prétendue identification du cadavre. Les journaleux n’évoquèrent plus jamais par la suite cette incrédulité. Les Coréens que l’on désigne comme conspirationnistes sont persuadés que Yoo sirote en ce moment quelque cocktail quelque part sur la planète. Sont-ils fous ? François-Xavier ROCHETTE.

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L’Eglise et le Ralliement

L’historien Philippe Prévost dresse une généalogie des causes multiples de la crise profonde de l’Église Catholique. Les éditions Kontre Kulture ont eu la bonne idée de rééditer son livre sur le Ralliement, paru pour la première fois en 2001. Comme nous le faisons pour toute interview, rappelons que les libres propos de la personne interrogée n’engagent pas la rédaction. RIVAROL : Pour beaucoup de personnes, le Ralliement de 1892 est un vague souvenir dans l’histoire récente de l’Église Catholique française. Pouvez-vous rafraîchir les mémoires de nos lecteurs sur cet événement majeur ?  

lement les républicains ne firent aucune concession mais ils décidèrent d’accélérer la lutte contre une Eglise qui leur apparaissait si faible en expulsant les congrégations, en rompant les relations de la France avec le Saint Siège et en liquidant le Concordat.

R. : Le Ralliement désarme l’opposition monarchiste en donnant une légitimité à la République judéo-maçonnique. L’évolution du royalisme français vers la pensée maurrasienne  fut-elle une réaction à cette rupture de l’alliance naturelle entre le Trône et l’Autel ? 

P. P. : Absolument. A partir du moment où le pape favorisait dans les faits la séparation du Trône et de l’Autel en demandant Philippe PRÉVOST : aux catholiques d’épouLe Ralliement est né de ser la cause républicaine, l’intervention de Léon XIII les royalistes ne pouvaient dans la vie politique franplus justifier leur attacheçaise lors de la parution de ment à la monarchie par la l’encyclique «  Au milieu des religion. sollicitudes » le 16 février 1892, Maurras prit donc acte de cette D.R. encyclique complétée par la lettre réalité. A la base spirituelle désoraux cardinaux du 3 mai 1892. mais défaillante, il substitua l’étude S’appuyant sur Saint Paul, Léon XIII lui rationnelle des faits historiques et sociaux fait dire ce qu’il n’a jamais écrit, à savoir qui conduisait, selon lui, au nationalisme que les catholiques « doivent accepter sans intégral c’est-à-dire à la monarchie. arrière-pensée, avec cette loyauté parfaite qui convient aux chrétiens, le pouvoir civil R. : La condamnation de l’Action Frandans la forme où, de fait, il existe », ce qui çaise en décembre 1926 fut le second revenait à inciter les catholiques qui étaient coup porté à l’opposition anti-républimajoritairement monarchistes à devenir ré- caine. Pouvez-vous revenir sur les vraies publicains puisqu’en 1892 la République raisons de cette condamnation ?  était le régime de fait de la France. P. P. : Pie XI a toujours dit qu’il avait R. : Comment les idées libérales ont- condamné l’Action française pour des moelles progressivement conquis les pré- tifs purement religieux, mais lorsque l’on lats ? compare les accusations accablantes à l’égard des dirigeants de ce mouvement du P. P. : Elles sont nées avec Lamennais et cardinal Andrieu dans sa lettre du 25 août l’énergie avec laquelle Pie IX les a combat- 1926 (athéisme, négation de la divinité du tues de 1848 à sa mort montre bien que ces Christ, négation de tous les dogmes et de idées, loin de disparaître, renaissaient sans toute morale, volonté de rétablir l’esclacesse en raison de l’idéologie dominante vage…), lettre approuvée par la pape, à la dont elles étaient issues, idéologie venant simple lettre d’excuses pour leurs excès de du Siècle des Lumières et de la Révolution plume et de langage que Pie XII leur defrançaise. manda en 1939 pour lever cette condamnation, on ne peut être que sceptique en ce qui R. : Quel était le but de Léon XIII à tra- concerne les prétendues causes religieuses vers sa politique dite de Ralliement ? des sanctions atroces qui furent appliquées   aux lecteurs de ce journal pendant 13 ans. P. P. : Léon XIII avait un but : récupérer C’est un peu comme Jeanne d’Arc qui les Etats pontificaux. Après s’être tourné fut condamnée comme hérétique, schismasans succès vers l’Allemagne, il se décida tique, relapse et sorcière et que Cauchon à se rapprocher de la France mais, comme autorisa à communier deux heures avant l’écrivait le cardinal Lavigerie à Eugène qu’elle ne monte sur l’échafaud montrant Veuillot qui avait succédé à son frère Louis ainsi que sa condamnation n’avait pas de à la tête de L’Univers : « mais de la France, raisons religieuses mais politiques. il ne peut se rapprocher que si la RépuDans le cas de l’Action française Pie XI a blique qui nous gouverne se transforme et poursuivi un double but : devient conservatrice et chrétienne… Pour — en politique étrangère soutenir la poliqu’on se rapproche, il faut commencer par tique de Briand prônant le rapprochement l’acceptation de la forme constitutionnelle avec l’Allemagne, ce que l’Action française du gouvernement et par la renonciation à combattait tous les jours dans son journal ;  l’opposition systématique… ». — en politique intérieure, terminer le C’était « embrassons-nous Folleville », et Ralliement en supprimant le mouvement comme Léon XII était très naïf, il a cru aux royaliste afin d’obtenir une majorité répupromesses de certains républicains qui lui blicaine modérée à la Chambre car Pie XI promirent de l’aider à récupérer ses Etats a toujours couru, comme Léon XIII, après à condition qu’il séparât les catholiques la chimère des « bonnes élections » comme de la cause monarchique. Cette partie du le lévrier le fait après son lapin mécanique. “contrat” fut bien remplie, l’autre ne le fut jamais car de tout temps les promesses R. : La pensée de Maurras est-elle pour n’ont engagé que ceux qui les écoutaient. vous spirituellement  compatible avec la doctrine de l’Église ?   R. : Comment la République laïque va t-elle accueillir cette « divine surprise » ?  P. P. : Oui et en particulier avec le thomisme, puisque d’une part les grands thoP. P. : Avec ironie. En effet en contrepar- mistes de cette époque : le cardinal Billot, tie des concessions pontificales non seu- le P. Pegues, le P. Garrigou-Lagrange… étaient tous favorables à l’Action française parce qu’il y a une très grande affinité entre la pensée de Maurras et l’« adequatio rei et intellectus ». D’autre part l’Action française a ramené à la foi ou a converti beaucoup d’esprits qui Allez donc vous délecter des cas’en étaient éloignés ou même d’incroyants ricatures de Chard auxquelles un comme Maritain, Massis, Daudet, Boegner… de ses admirateurs, fervent lecD’ailleurs saint Pie X a dit de Maurras teur de RIVAROL, a consacré un qu’il était un « beau défenseur de la foi ». site, très fréquenté : Cela peut sembler curieux lorsque l’on sait que Maurras était agnostique, mais cela se comprend très bien dans la mesure où, de

Chard sur la toile

même que chez l’homme la grâce ne peut agir que si elle rencontre une bonne terre, de même dans les sociétés Dieu ne peut agir que s’il rencontre des cités ordonnées au bien commun. R. : Quel regard portez-vous sur la crise majeure ouverte par Vatican II ?  P. P. : Vatican II a été en partie (mais pas seulement) le fruit vénéneux de la condamnation de l’Action française parce qu’en condamnant ce mouvement Pie XI a atteint indirectement le thomisme, laissant la porte ouverte aux théories blondeliennes et modernistes. Or ce sont ces théories qui ont triomphé au Concile avec de Lubac, Hans Kung et Karl Rahner et avec d’autres théologiens et évêques formés du temps de Pie XI. Ces théologiens prétendirent que Dieu ne peut créer les hommes sans les conduire nécessairement à la félicité éternelle ce qui va à l’encontre de tout ce que le Christ a enseigné. Si tel est le cas, il n’y a plus besoin d’Eglise, ni de sacrements, ni de prêtres. Le Christ lui-même est venu sur terre inutilement. Comme l’a écrit l’abbé de Nantes, en 1939, à la mort de Pie XI, l’Eglise avait changé d’âme mais personne ne s’en était aperçu. Il a fallu attendre le Concile pour que cette révolution, car c’en est une, apparaisse en pleine lumière. (NDLR : Il y a toutefois une différence fondamentale entre avant et après Vatican II : avant Vatican II les papes sont contre

la liberté religieuse, l’œcuménisme libéral, la collégialité, à partir de Vatican  II les occupants du siège de Pierre sont pour. Léon XIII et Pie XI ont pu prendre des initiatives contestables ou inopportunes sur un plan politique et prudentiel, dont les conséquences n’ont certes pas été positives pour l’Eglise et la chrétienté, mais cela ne remettait pas en question leur orthodoxie et leur infaillibilité doctrinales. On ne peut en dire autant à propos de ce à quoi on assiste depuis Jean XXIII.) R. : Du ralliement à Vatican II, le légalisme des catholiques français n’est-il pas leur principal handicap ?  P. P. : Plutôt que de parler de légalisme, je parlerais plutôt de leur lâcheté. Comme disait Drumont, si les préfets avaient demandé aux catholiques de se présenter le dimanche à midi pour se faire botter les fesses, ceux-ci se seraient présentés à midi moins le quart pour ne pas les faire attendre. Il faut ajouter que les catholiques français ont quelques excuses car ils ont été désarmés par leurs propres chefs. Comme dit le proverbe breton : c’est par la tête que pourrit le poisson. Quand cela va mal, ce sont les têtes qu’il faut changer. Ce qui est vrai pour la France l’est tout autant pour l’Eglise.

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Propos recueillis par Monika BERCHVOK.

L’Église et le ralliement, de Philippe Prévost, éditions Kontre Kulture, 560 pages, 19 euros. Disponible aussi à la Librairie Facta, 4 rue de Clichy, 75009 Paris.

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La gauche latino-americaine : de la pire des illusions à la pire désillusion A VEC le décès récent de Fidel Castro s’évanouit définitivement le mirage qu’a été la gauche latino-américaine. Pour les peuples latino-américains, celle-ci représentait l’espoir de la fin de la misère et de l’oppression, l’accès généralisé à l’instruction, et une égalité réelle entre les citoyens. Pour la gauche européenne, elle figurait la terre promise du socialisme. Les peuples latino-américains allaient enfin réaliser le socialisme, trahi par d’une part les socialistes occidentaux, qui avaient renoncé à « changer la société », et partisans de l’Alliance atlantique (le camp de l’impérialisme honni), d’autre part par les républiques populaires totalitaires de l’Est.

DES PRÉCÉDENTS Le Mexique avait, le premier, séduit les Occidentaux, avec ses révolutions continuelles. Les noms de Francisco Madero et Lazaro Cardenas, devinrent célèbres ; Pancho Villa et Emiliano Zapata entrèrent dans une légende popularisée par le septième art, à la tête de leurs armées improvisées de soldats coiffés de sombreros et portant leurs cartouchières croisées sur la poitrine. Plus stable par la suite, le Mexique connut un développement économique qui fit de lui l’un des meilleurs sous-traitants des Etats-Unis, dont son commerce demeurait largement tributaire et qui laissait subsister la pauvreté. Ancienne colonie portugaise, le Brésil connut, sous le régime de Getulio Vargas (1930-1945), un certain décollage économique grâce au volontarisme de l’Etat1, une politique sociale avancée pour l’époque (congés payés, assurances sociales, limitation de la journée de travail)2.Revenu au pouvoir en 1950, après une éclipse imposée par l’armée, Vargas se lança alors dans une politique socialisante qui aboutit, à l’instigation des militaires, à sa démission suivie de son suicide (août 1954). A la même époque, au Venezuela, l’éphémère président progressiste Romulo Gallegos (par ailleurs écrivain renommé) était renversé par le général Perez Jimenez après onze mois de pouvoir (1948). Au Guatemala, la CIA renversait le jeune président Jacobo Arbenz (1951-1954), promoteur d’une réforme agraire qui lésait les intérêts des possédants, tout spécialement de la United Fruit Company. D’autres Etats connurent semblable évolution. L’Argentine péroniste (1946-1955) retint l’attention des Occidentaux, de par sa politique sociale généreuse mais irréfléchie et son hostilité marquée à l’égard des ingérences économiques britanniques et américaines. Ces gouvernements ne suscitèrent guère d’engouement chez nous. Tout d’abord, ils concernaient un sous-continent loin de l’Europe, étranger à son histoire, avec des différences sociales et culturelles importantes qui limitaient les possibilités d’identification. Ensuite, leurs chefs ne pouvaient constituer des modèles pour la gauche : au Mexique, des présidents comme Madero ou Cardenas restaient des modérés, et des révolutionnaires comme Pancho Villa ou Zapata n’étaient pas marxistes. Vargas avait une allure de notable, et ressemblait assez à un dictateur de type salazarien, Peron s’inspirait du fascisme italien. Et, dans leur propre pays, ces dirigeants étaient loin de faire l’unanimité.

L’ÉLECTROCHOC CUBAIN Puis vint l’électrochoc de la révolution cubaine de 1958-1959, qui fut, pour les Latino-Américains, le signal de la révolte contre l’impérialisme américain et les dictatures traditionnelles du sous-continent. Les Occidentaux, eux, eurent l’impression que l’Amérique latine faisait irruption dans leur propre histoire. Ce changement s’explique par la nature de cette révolution. Tout d’abord, il y a la personnalité de Fidel Castro  : jeune, athlétique, sympathique, déjà réputé pour son amour de la vie et des femmes. Et ses hommes lui ressemblaient  : leur jeunesse, leur uniforme vert, leur casquette, leur barbe, leur donnaient l’aspect de révolution1. Création d’une Force aérienne, d’un Conseil national du Pétrole, d’une Compagnie de Sidérurgie nationale, d’une Compagnie nationale d’Alcalis, d’une Compagnie hydro-électrique, d’un Conseil fédéral du Commerce extérieur. 2. En vérité, seuls les habitants des grandes agglomérations urbaines profitèrent de ces mesures. La situation des petits paysans et des ouvriers agricoles demeura misérable.

naires romantiques, aux antipodes des raides zombies militaires de la place du Kremlin. Ensuite, Castro se lança d’emblée dans la collectivisation de l’économie, qui faisait de Cuba un pays de facto marxiste abolissant le capitalisme sur son territoire et lésant les intérêts américains dont les entreprises étaient nationalisées. Le nouveau régime se présentait d’emblée comme opposé en tous points à la démocratie libérale à économie capitaliste incarnée par les Etats-Unis. Cette situation devint évidente lorsque Cuba, subissant le blocus américain, devint un partenaire diplomatique et commercial privilégié de l’URSS3. La situation de l’île aux portes mêmes des Etats-Unis, l’hostilité agressive de ces derniers à son égard (débarquement de la Baie des Cochons), la crise des missiles en 1962, firent de Cuba le symbole de la lutte des peuples contre l’impérialisme. Un symbole dont la valeur était multipliée par le contexte de la guerre froide, alors à son paroxysme. Castro devint vite la coqueluche des media — la généralisation de la télévision aidant — et de l’intelligentsia, française tout spécialement4. L’île apparaissait alors comme le premier pays latino-américain à acquérir une importance planétaire, et Castro, devenu un acteur de premier plan sur la scène mondiale, entrait dans la légende, de son vivant même. Cuba devint un phare pour les peuples latino-américains et leurs dirigeants. Des chefs d’Etat aussi divers que les Brésiliens Quadros, pourtant conservateur, et Goulart, ou l’Argentin Frondizi, ou le Chilien Allende, renforcèrent leurs liens avec l’île. Le pouvoir castriste encouragea les mouvements de guérilla de certains pays, notamment le Sentier lumineux péruvien. En Bolivie, il y participa même indirectement, puisque l’Argentin Che Guevara, ancien collaborateur de Fidel Castro, anima la lutte armée contre la dictature de René Barrientos dans les années 1960. La mort tragique de ce héros d’allure christique fit de lui un martyr et une figure du panthéon révolutionnaire5.

LA CORROSION DU MYTHE Mais la légende est une chose, la réalité en est une autre. Le mythe castriste ne résista pas à l’épreuve du réel. Dès le début des années 1970, l’échec du régime apparaissait. Comme dans tous les pays communistes, l’économie étatisée fonctionnait mal, entraînant incurie, gabegie, sous-développement, pauvreté. Le régime ne se maintenait que par la dictature, et multipliait les arrestations, les actes de torture et les camps de travail. Le charisme du lider maximo et la propagande du régime n’empêchaient pas les Cubains de vouloir déguerpir  ; on le vit en 1979, lorsque plusieurs centaines d’entre eux se ruèrent dans l’ambassade du Pérou, alors sans surveillance policière. On découvrait les crimes du régime, et que les caciques du parti unique formaient une nomenklatura privilégiée, tout comme en URSS. Pire : on s’apercevait que même Guevara, le crucifié et le saint de la cause des peuples, le pur révolutionnaire, n’avait rien eu d’un idéaliste et s’était comporté en fanatique criminel, ayant exécuté des centaines d’opposants ou de simples “suspects”. Non, décidément, Cuba n’était pas la terre promise du socialisme ; ce n’était qu’une dictature de plus, dirigée par un chef vieillissant (puis vieux). Et complètement dépassé par l’évolution du monde  : il s’accrocha obstinément au communisme lorsque ce dernier s’effondrait partout, et à un idéal révolutionnaire usé jusqu’à la corde. L’échec patent de Cuba signe la fin de l’illusion révolutionnaire des peuples latino-américains, et de l’ivresse idéologique de l’intelligentsia européenne, où elle est passée de mode depuis quarante-cinq ans. Il s’agit bien de la fin d’un monde et de son cortège d’illusions et de mensonges. Si symbolique soit-il (comme l’avait été son avènement), l’échec du castrisme n’est pas la seule déconvenue politique du monde latino-américain et de l’intelligentsia européenne. Il suffit de songer au Sentier lumineux péru3. Cuba vendit l’essentiel de sa production agricole à l’URSS et à l’Europe de l’Est dès 1960, et adhéra au Conseil d’aide économique mutuelle (CAEM ou COMECON), marché commun des pays de l’Est, en 1972. 4. Sartre visita Cuba et rencontra Castro dès 1960, et il ne fut pas le seul. 5. Le “Che” devait être capturé et tué en octobre 1967.

vien et aux FARC colombiennes, organisations criminelles, dévastatrices et liées aux cartels de la drogue.

LE CHILI D’ALLENDE : MYTHE ET RÉALITÉ

Au Chili, un autre mythe sud-américain est écorné. A-t-on assez pleuré de chagrin et d’indignation, en 1973, lors du coup d’Etat qui renversa le gouvernement d’Unidad popular de Salvador Allende pour le remplacer par la dictature de Pinochet ! Avec un bel ensemble, en un grand mouvement de réflexe pavlovien, toute la gauche et l’intelligentsia européennes, fustigèrent le complot ourdi par les généraux, la droite et les classes fortunées chiliennes, avec l’appui des Etats-Unis : du président Nixon, de la CIA, et des multinationales américaines (ITT, Kenecott, Anaconda Copper) et autres (Nestlé). Ce qui était d’ailleurs exact. Et, bien entendu, on ne manqua pas de flétrir les innombrables emprisonnements, tortures et exécutions perpétrés par les militaires au pouvoir. Seulement voilà. La vogue révolutionnaire des années 1970 a vécu, et, depuis, économistes et spécialistes de l’Amérique latine ont procédé à l’inventaire objectif de la présidence d’Allende. Et il ne plaide pas en sa faveur. Même des économistes et intellectuels favorables à Allende ont convenu de l’aberration de sa politique. Il apparaît que si l’administration Nixon, la CIA, les multinationales et les forces politiques conservatrices du Chili ont bel et bien tendu des embûches à Allende et ont œuvré à réduire ses capacités financières en obstruant ses débouchés commerciaux (opérations de boycott déguisé, chute artificielle des cours du cuivre), en organisant des grèves (camionneurs, ouvriers agricoles) et des manifestations de mécontentement (défilé des ménagères avec leurs casseroles), l’Unidad popular, quant à elle, s’est comportée non comme un gouvernement classique mettant en œuvre son programme dans le respect du droit, mais comme un pouvoir révolutionnaire s’efforçant d’instaurer un socialisme étatiste réduisant à presque rien l’économie de marché. On peut, certes, alléguer que les embûches des multinationales, l’hostilité déclarée de Nixon et de la droite (démocratie chrétienne comprise) majoritaire au Congrès chilien, et les provocations organisées par le Département d’Etat et la CIA américains, incitaient, voire obligeaient Allende à durcir son action, en tentant de l’imposer par la force et en abandonnant son réformisme initial pour la voie révolutionnaire. Allende lui-même déclara qu’à s’obstiner à faire échouer une politique sociale réformiste, on la rend révolutionnaire. Peut-être. Il est à croire qu’Allende lui-même, grand bourgeois amène, n’envisageait pas, lors de son entrée en fonction, une politique révolutionnaire. Mais son propre parti (socialiste) et les autres formations de l’Unidad popular (MIR, MAPU, parti communiste) y inclinaient. Les déclarations de leurs dirigeants et de certains ministres le montrent sans ambiguïté6. Allende ne chercha pas à réaliser de simples réformes visant à plus de justice sociale, il imposa, par décrets, toute une série de mesures tendant à l’instauration d’un socialisme d’Etat, et prit prétexte des dysfonctionnements engendrés par cette politique pour diriger toujours plus l’économie chilienne. Tel fut le sens réel de ses réformes : augmentation générale des salaires de 40 à 60 %, blocage des prix, impôts sur les bénéfices, collectivisation de 30  % des terres agricoles, nationalisations sans indemnité des multinationales américaines, moratoire sur le remboursement des dettes extérieures, etc. A terme impossibles à financer, génératrices d’une inflation démentielle, ces réformes, au lieu d’élever le niveau de vie des travailleurs, l’abaissaient. Mais peu importait : la finalité de cette politique était l’instauration d’un socialisme de type est-européen, non celle d’une sociale-démocratie de type allemand ou scandinave. Allende l’imposa au mépris de l’opposition parlementaire (majoritaire)7. Il s’inscrivait dans une 6. La plus significative est peut-être celle de Carlos Matus, ministre de l’Economie, qui déclara, en 1972, au sujet de l’intervention directive croissante de l’Etat dans l’économie, totalement obérée par les réformes d’Allende : « Ce qui, pour vous, est une crise, est pour nous une solution. » Ou le marasme présenté comme le prétexte donné à l’Etat pour instaurer une économie étatisée conforme à l’idéal socialiste révolutionnaire. 7. Il n’hésita pas à violer délibérément l’accord qu’il avait conclu avec la Démocratie chré-

stratégie de rupture avec la démocratie libérale. Et ce, jusqu’à la folie, parce qu’il ne pouvait pas gagner. Ses nationalisations constituaient un défi lancé à Washington ; leur inspiration était idéologique et révolutionnaire, en aucun cas réformiste et humaniste. C’est ce qui la distingue des initiatives, de type social-démocrate, initiées, elles, par le démocrate-chrétien Eduardo Frei (1964-1970) : réforme agraire réaliste, création de coopératives ouvrières, assistance sociale aux pauvres, rachat négocié des filiales des grandes sociétés américaines. Si cette politique raisonnable avait été poursuivie, le Chili aurait acquis la propriété de ses industries et le niveau de vie des Chiliens aurait augmenté. Allende et l’Unidad popular ont ruiné leur pays et entraîné seize ans de dictature militaire (1973-1989), et ce au nom d’une vision marxiste de la société, qui n’a jamais engendré que misère et oppression. Ce n’est que trop connu aujourd’hui, et nul ne songe plus à chanter les louanges d’Allende. Certes, les choses ont bien changé depuis. L’économie chilienne, sinistrée en 1973, a connu un nouvel essor, et le taux de pauvreté qui atteignait les 50 % à la fin des années 1980, a régressé à 15 %. Mais il convient de remarquer que cette évolution était déjà amorcée à la fin des années 1960. Le gouvernement d’Allende l’a brutalement arrêtée en 1970-1973 ; et, si la dictature de Pinochet a remis l’économie sur ses rails, ce fut au prix de lourds sacrifices imposés à la population et d’un accroissement sensible des inégalités8.

LE FLÉAU RÉVOLUTIONNAIRE Par la suite, certains Etats latino-américains ont, eux aussi, fait le choix d’une économie socialisée, tels le Venezuela bolivarien d’Hugo Chavez (1999-2013) puis de Nicolas Maduro. Le résultat est connu  : absence d’investissements étrangers et insuffisance de devises, aggravation sensible du chômage, chute vertigineuse du niveau de vie, dévaluation, pénuries alimentaires, manque de produits de première nécessité. Evo Morales en Bolivie (depuis 2006) a été plus heureux car, à côté d’attitudes et de déclarations populistes, il a su négocier avec beaucoup de doigté les rachats aux entreprises étrangères de leurs filiales boliviennes. Aujoud’hui, la gauche latino-américaine a largement abandonné la voie révolutionnaire, optant pour le réalisme pragmatique. Tel a été le cas au Chili, depuis le retour de la démocratie. Deux fois présidente9, la socialiste Michelle Bachelet s’est gardée de renouer avec la folie d’Allende et a opté pour un réformisme prudent… qui aurait été salutaire en 19701973. En Uruguay, les divers gouvernements du Frente amplio, au pouvoir depuis octobre 1904, ont ramené à 15 % le taux de chômage, mais ne parviennent pas à juguler la crise chronique qui ronge le pays depuis les années 1960, encore aggravée depuis 1999 par celle de l’Argentine, son premier partenaire commercial. Mais c’est au Brésil que la gauche pragmatique a engendré les plus gosses déceptions. Les présidents Lula Da Silva (2003-2011) et Dilma Rousseff (2011-2016) se sont pliés aux injonctions du FMI, et leur politique sociale s’en est ressentie. Du reste, ils ont été entachés par des affaires de corruption qui ont abouti à la destitution de Dilma Rousseff en 2016. L’aura de l’ancien ouvrier syndicaliste (Lula) et de la militante torturée par les militaires (Rousseff) a bien pâli, à moins dire. Aujoud’hui, la gauche latino-américaine ne fait plus rêver personne, ni en Amérique latine, où les populations n’en attendent plus grandchose, ni en Europe, où l’intelligentsia en a découvert les erreurs et s’est convertie à la mondialisation néolibérale depuis trois décennies, préférant la subversion morale et culturelle à la révolution économique à base de lutte des classes. La fin de son mythe scelle celui de l’emballement idéologico-politique marxiste et utopiste des années 1960 et 1970, dont les illusions ont été balayées par le néolibéralisme actuel. Paul-André DELORME. tienne, lequel comportait l’obligation pour lui, de ne mettre en œuvre que des réformes adoptées par le Parlement. 8. Les revenus des classes aisées augmentèrent alors 28 fois plus vite que ceux des couches les plus pauvres. L’absence de gouvernement Allende aurait permis d’éviter ces sacrifices.. 9. 2006-2010, et depuis 2014.

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N°3263 — 22 DÉCEMBRE 2016 — RIVAROL

Le Crapouillot renaît de ses cendres

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N JUILLET 1915, une nouvelle bombe explosait : le premier numéro du Crapouillot, journal du front. Ce mot signifiait « petit crapaud » et désignait dans le vocabulaire des poilus, du fait de sa forme trapue et massive, un obusier de tranchée à tir courbe redoutable d’efficacité car ses torpilles retombaient sur celles de l’ennemi. Le fondateur en était le caporal d’infanterie Jean Galtier-Boissière qui voulait soutenir le moral de ses camarades et de l’arrière («  courage les civils »  !  : l’ironie perce déjà). Le siège social était une tranchée de l’Artois et dans ce numéro il était annoncé avec un humour grinçant «  que tout collaborateur mis hors de combat sera aussitôt remplacé par son suivant de garde ». Durant toute la guerre, les copies et les dessins furent confiés au vaguemestre qui les adressait à son père à Paris pour qu’il les fasse imprimer (il y aura 40 numéros de guerre de 4 à 8 pages jusqu’en 1919). Galtier-Boissière, né en 1891, était issu d’une famille bourgeoise (père médecin, mère artiste peintre) et avait fait de solides études à l’Ecole Alsacienne et à la Sorbonne. Incorporé en 1911, il ne fut libéré du fait de la guerre qu’en 1918 ! Le ton de ce journal n’était plus à « La Fleur au Fusil » titre d’un de ses ouvrages car les poilus étaient outrés par les mensonges de la grande presse et le « bourrage de crâne ». Il fallait dépeindre les horreurs de la guerre et l’existence de forçats et de condamnés à mort des soldats. Finies les images d’Epinal pour l’arrière, on y décrit la terrible réalité et on y dénonce les embusqués et les beaux parleurs. Le journal est rédigé par des artistes combattants tels que Dunoyer de Segonzac, Mac Orlan, Drieu La Rochelle (certains comme Paul Lintier seront tués au combat). Il publie les carnets de route de Galtier-Boissière (« En rase campagne, Un hiver à Souchez  ») et subit parfois la censure (par exemple l’article «  Quand la Grande Muette parlera  » et le dessin « L’Empalé » qui montrait un cadavre perché dans un arbre). Il sera l’un des rares journaux de guerre à survivre à la paix. Galtier-Boissière, redevenu enfin civil, entame, en avril 1919, pour oublier la guerre, une nouvelle série de la revue consacrée désormais aux « Arts, Lettres et Spectacles » ; c’est une publication littéraire d’avant-

garde qui ne néglige pas pour autant le pamphlet en attaquant les canailles, les profiteurs de tout acabit et les pseudo-patriotes. On y trouve de prestigieuses signatures  : le polémiste Henri Béraud, le couturier Paul Poiret, les écrivains Francis Carco, Marcel Achard, François Mauriac, André Salmon, Jules Supervielle, Emile Henriot, sans oublier Jean-Louis Vaudoyer, Harry Baur, Derain, Louis Delluc, Jean Rostand, Maurice Garçon …Galtier-Boissière demeure le chef d’orchestre et assume un travail colossal tout en laissant entière liberté à ses collaborateurs quant au contenu des articles (ce sera toujours sa règle d’or). Durant cette période D.R. (1919/1930) paraissent quelques numros spéciaux consacrés au cinéma, à Deauville, au cirque, au sport, à la mode, au bien manger, aux voyages et aux expositions. Le « Vénéré Directeur » (on l’appelait ainsi) est bâti comme un colosse, c’est « une grande gueule » avec sa pipe, ses gilets brodés et ses gibus ; d’un caractère difficile mais homme d’esprit possédant une plume acérée et un goût pour le dessin, il pratique le tennis et la promenade en forêt. Par ailleurs, il aime « la bonne vie », les femmes, les boîtes, la vie parisienne ; ses dîners animés et joyeux, éblouissants de fantaisie, selon les témoins, verront défiler toutes les célébrités de l’époque.

GALTIER-BOISSIÈRE : UN DIRECTEUR BRILLANT ET ANTICONFORMISTE L’année 1930 marque, après les folâtreries littéraires et artistiques, une sorte de retour aux sources avec la parution de « La guerre inconnue  » (toutefois Galtier-Boissière continuera d’adresser aux seuls abonnés « Le petit Crapouillot » consacré aux arts et à la littérature; plus de 200 numéros  !). Désormais, Galtier-Boissière va témoigner pour son temps tout en répugnant toujours aux embrigadements (d’où l’éloignement de Drieu ou de Béraud ) et en refusant « les honneurs qui déshonorent  » (selon Flaubert). Le Crapouillot devient bi-mensuel et ne publie que des numéros spéciaux consacrés à une étude d’ensemble réunissant une information sûre (Galtier-Boissière disait qu’il ne voulait jamais être obligé de publier un démenti), une documentation et une iconographie hors pair. Vont suivre des numéros qui vont faire date sur la guerre de 14/18 : « Les horreurs de la guerre », « Fusillés pour l’exemple » (thème tabou à l’époque), « Le sang des autres », « Les mystères de la Grande Guerre  » et l’histoire de celle-ci assez iconoclaste (Galtier-Boissière comme beaucoup d’anciens est devenu pacifiste mais avec un esprit corrosif et un sentiment de révolte profond). Au cours de la décennie 30/39, le Crapouillot explore « Les Allemands », « Les Anglais », « Les Américains », l’arrivée au pouvoir d’Hitler « est-ce la guerre ? » (prémonitoire), la dictature soviétique « De Lénine à Staline » (Galtier-Boissière est anti-communiste ce qui lui vaut la haine de l’Humanité), l’approche d’un nouveau conflit  «  Septembre 38 », ses causes cachées  « Le pétrole et la guerre » (toujours actuel), il dénonce, sans relâche, ceux qui mènent le monde « Les maîtres du monde », « Les marchands de canons », « Les deux cents familles  », «  Les finan-

ciers et la démocratie », « Les juifs » (certains l’accusent d’antisémitisme latent … que serait-ce aujourd’hui), « La Franc-Maçonnerie », il se moque de ses contemporains « La foire aux girouettes », « Mr Gogo  », «  Le panier de crabes  » ce qui lui attire des inimitiés de tous bords (de l’AF au PC), il publie des études sur « La presse, son histoire, ses mythes et ses mystères » qui demeurent des classiques et une remarquable «  Histoire de la IIIe République » sans oublier des thèmes explosifs comme « L’anarchie », « Les expéditions coloniales » ou « Les mystères de la police secrète ». Bref, le Crapouillot est devenu une revue de référence à la veille de la IIe guerre mondiale. Celle-ci déclarée, le gouvernement républicain interdit en septembre 39 sa parution et Galtier-Boissière est contraint au sabordage. Durant la durée du conflit, il se retire dans sa propriété de Barbizon où il vit reclus refusant les offres venant de divers horizons. Ce n’est qu’en 1947 qu’il reparaîtra avec une très remarquée « Histoire de la IIe guerre mondiale » (Galtier-Boissière a toujours consacré une grande place à l’Histoire). Il avait éprouvé d’abord de la sympathie pour le gaullisme et la résistance, mais il est très vite écœuré par les mensonges et les sottises de ces derniers («  Bobards 39/45  », «  Les Pieds dans le Plat » avec un excellent article de Marcel Aymé sur l’épuration). Cela va susciter à son encontre des accusations des comités d’action de la Résistance. Galtier-Boissière est révulsé par l’épuration et ses crimes qu’il est le premier à dénoncer. Il fait alors paraître le fameux numéro « A bas les prisons » avec les signatures de Lucien Rebatet (son premier article après sa sortie de prison), Serge Groussard, Pierre Dominique, directeur de RIVAROL de 1970 à 1973 et président des Amis de RIVAROL de 1951 à 1973, Loustanau-Lacau… où il démontre son anti-conformisme en réunissant résistants et collaborateurs. Il faut noter que Galtier-Boissière était intervenu pour sauver plusieurs d’entre eux du poteau d’exécution. Il fait preuve de noblesse d’esprit en secourant certains de ses anciens adversaires politiques et en les accueillant dans son journal (Rebatet, Bardèche) ; quant à Pierre Dominique, il y fait son retour. Dès lors, 65 numéros trimestriels vont se succéder. Ils sont consacrés à l’Epuration et à ses procès (Béraud, Brasillach, Laval), aux erreurs judiciaires, aux énigmes et impostures, aux sociétés secrètes, à l’histoire du parti communiste, aux jésuites, à la presse dont il dénonce la vénalité, aux scandales de la IVe, aux contemporains, à l’histoire de Paris (en particulier de superbes numéros sur la Belle Epoque ou Montmartre) sans oublier la sexualité et l’Eglise… et la psychanalyse… à travers les âges… le monde et à l’érotisme et à sa répression (on le lui a reproché, mais ce sont des études très documentées, passionnantes et jamais vulgaires : ainsi dans un numéro sur les homosexuels, on retrouve les signatures de Jouhandeau, Roger Peyreffitte (des initiés), Pierre Dominique et Robert Poulet,

RI VAROL

19 avenue d'Italie 75013 Paris

Tél. : 01-45-86-06-39 Correspondance seulement (Une permanence téléphonique est assurée le lundi et le mardi de 10h à 17h et le vendredi de 10h à 14h.) www. rivarol.com et www. boutique-rivarol.com Rédaction : [email protected] Administration : [email protected] Hebdomadaire créé le jeudi 18 janvier 1951 FONDATEUR : René MALLIAVIN (1896-1970) Directeur de la publication et de la rédaction, éditorialiste : Fabrice Jérôme BOURBON E. U. R. L. “Editions des Tuileries”, au capital de 51 000 euros pour 99 ans, à partir du 20 mai 1949. Imprimerie : Roto Presse Numéris, 36-40 boulevard Robert Schuman, 93190 Livry Gargan — Dépôt légal : à parution — Gérant et associé : Fabrice Bourbon. CPPAP n° 0218 C 82763, ISSN n° 0035 56 66.

qui tiendra longtemps dans les colonnes de RIVAROL une brillante critique littéraire). Cette période marque l’apogée du Crapouillot mais en 1964, le directeur est victime d’un infarctus de l’artère fémorale et doit être amputé de la jambe droite. Il décède en 1966 à 75 ans des suites d’une opération. Il avait dirigé, de main de maître, durant 50 ans le journal tel « un chevalier sans peur et sans reproche » selon Georges Simenon. Paul Léautaud, pourtant avare de compliments, disait « Galtier-Boissière, quel numéro, il dit tout ce qu’il pense et pense tout ce qu’il dit ! C’est l’écrivain le plus libre, le plus hardi, le plus courageux de l’époque » (il est l’auteur, par ailleurs d’un Journal et de Mémoires d’un parisien d’un grand interêt). En effet, il n’avait cessé de démasquer les mensonges et les imposteurs et avait fait du Crapouillot, selon François Nourissier : « un chef-d’œuvre d’anarchie narquoise, de provocation et finalement de liberté », un journal pas comme les autres où la Vérité se sentait bien chez elle. Tout ceci lui avait valu une cinquantaine de procès (seul RIVAROL peut rivaliser dans ce tableau d’honneur  !). Aujourd’hui cette revue est très prisée et recherchée par les collectionneurs. Peu avant sa mort, il avait confié le titre à l’éditeur Jean-Jacques Pauvert qui publiera quelques numéros dont un intéressant sur l’affaire Ben Barka, avant de le céder en 1967 au Minute de Jean Boizeau, Jean-François Devay et Laurent Laudenbach. Dès lors, le Crapouillot, très marqué à droite voire à l’extrême droite, devient résolument antigaulliste et anticommuniste. On y trouve de nouveaux talents et de grandes signatures au fil des numéros : Geneviève Dormann, Jean Bourdier, Roland Gaucher, Alphonse Boudard, Antoine Blondin, François Brigneau, Camille Galic (directrice de notre journal de novembre 1983 à février 2010), Serge de Beketch, Jean-Claude Valla, Dominique Venner, etc. C’est une revue très politiquement incorrecte. Durant cette période, on trouve encore des numéros d’excellente facture consacrés à la collaboration, à la Libération, à l’épuration, aux fascistes, à l’histoire secrète de la Ve et des scandales d’icelle, à la guerre d’Algérie, aux crimes politiques, aux morts mystérieuses, aux affairistes (« A bas les voleurs  »), à Mitterand secret (le Crapouillot est le premier à faire des révélations sur son passé trouble) ainsi qu’une anthologie du pamphlet. Parallèlement, de nouveaux éreintements sur les contemporains et quelques thèmes scabreux, inutilement complaisants et mercantiles liés au sexe, ce qui est très regrettable. A la fin des années 1980, la revue entame un lent déclin, les ventes et la qualité des contenus baissent et les années 1990 marquent son agonie (le dernier numéro date de 1996). Mais après une disparition de 20 années, voilà que la Crapouillot renaît de ses cendres et crache à nouveau ses torpilles avec comme directeur de publication Bertrand Sorlot qui revendique « cet  esprit d’indépendance, d’insolence et de vérité ». Il semble avoir atteint son but avec le premier numéro de cette nouvelle série « Le terrorisme islamique  » plutôt de bon aloi. Saluons donc le retour de ce confrère centenaire en espérant qu’il sera digne de son brillant et courageux fondateur. Bernard de MASSANES.

ABONNEMENTS : 2 ans  : 194  euros  — 1 an  : 114 euros — 6 mois : 64 euros — 3 mois : 36 euros — soutien : 175 euros — propagande : 210 euros —1 an (chômeurs, étudiants, lycéens, personnes en grande difficulté, ecclésiastiques et religieux) : 100 euros. ABONNEMENTS PAR PRÉLÈVEMENT AUTOMATIQUE : 12 euros par mois (imprimer le bulletin sur notre site Internet en allant à l'onglet boutique ou nous le demander en écrivant à ). ABONNEMENT NUMÉRIQUE 1 an : 80  euros (créer un compte sur le site ) ETRANGER : 1 an : 126 euros — 6 mois : 75 euros. Supplément par avion : 24 euros pour un an et 12 euros pour 6 mois. Reliure RIVAROL (contient une année entière du journal) : 41 euros au guichet, 50 euros franco de port. Pour tout changement d'adresse, joindre 2 euros et la dernière bande (ou indiquer l'ancienne adresse). Ecrire nom et adresse en CAPITALES. Délai dix jours.

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L’Enfant Jésus n’est pas le bienvenu au pays des Droits de l’Homme

J

E ME SOUVIENS avec émotion des Noëls de ma petite enfance ardéchoise, dans les années 1950-60. On ne vivait pas en transes trois mois à l’avance et la “pub” n’était pas là pour nous harceler avec des propositions de cadeaux « en veux-tu en voilà » ! On n’ouvrait pas les magasins le dimanche et l’on ne faisait pas du “fric” en se livrant à des cadences stakhanovistes. La naissance du petit Jésus était alors un événement religieux et rien que cela, ou plutôt, tout cela. On désignait sans détours Noël et le Jour de l’An, on ne se souhaitait pas de « Joyeuses Fêtes », car faire la fête n’était pas un but en soi, puisqu’on savait exactement ce que l’on fêtait. Ni mes camarades ni moi ne croyions au Père Noël, ce mythe inventé par des francs-maçons et des marchands de pacotille à seule fin de conduire les familles à dépenser de l’argent et d’étouffer le mystère de la venue de Jésus en ce monde. Le vieil homme en robe rouge et à barbe blanche, avec sa trogne d’ivrogne, n’était pas la vedette du jour. On nous disait que l’Enfant de la crèche voulait voir heureux ce jour-là tous les enfants qui avaient été sages dans l’année et nos parents, en son nom, nous offraient des cadeaux. Mon père écrivait sur chaque présent : « De la part de Jésus » et ces cadeaux n’étaient pas des merveilles de technique ultra-moderne, mais tout simplement des objets modestes contribuant à nous faire plaisir et à nous faire croître en sagesse et en vertus. Je me souviens d’un petit jeu de Mécano qui formait à la réflexion, à la patience et à la persévérance, avec lequel j’ai joué longtemps… Quelques oranges et quelques dattes entouraient les jolies boîtes de chocolat devant la crèche, et ces senteurs me restent en mémoire un peu comme la madeleine de Proust. Je bâtissais alors la crèche avec ma maman, puis seul quand j’eus dix ans. Manipuler ce papier rocher, ces simples guirlandes lumineuses et ces santons, était pour moi comme un avant-goût du paradis. J’ai encore dans mon appartement parisien quelques-uns des animaux qui peuplaient l’étable : le bœuf et l’âne ont, au fil des années, perdu quelques oreilles, les moutons ne sont plus très blancs, mais, tels qu’ils sont, ils me ravissent toujours dans la crèche que je continue d’élever comme jadis sur la partie plate du buffet-crédence qui me vient de ma grand-mère maternelle… La grâce de l’Enfant Jésus, le sourire de la sainte Vierge et l’empressement de saint Joseph m’émeuvent à chaque fois que je passe devant cette scène qui m’est si familière que je suis souvent tenté, non seulement de réciter une prière, mais aussi d’engager la conversation avec la sainte Famille… Et quel plaisir quand mes petits-enfants ou les enfants de mes voisins viennent voir cette humble crèche et écarquillent les yeux devant le bel enfant entre le bœuf et l’âne gris ! À soixante-quatorze ans, je retrouve mon âme d’enfant, et c’est toujours un enchantement.

NON-ASSISTANCE À BÉBÉ EN DANGER

Dire que, dans notre France laïciste, les crèches, ces modèles de sérénité, sont mon-

AGENDA

+ 31 décembre en Bretagne. Réveillon de la Saint-Sylvestre du Parti Nationaliste Français. Hébergement gratuit. Covoiturage depuis plusieurs régions. Renseignements et inscriptions : ou 06-56-78-22-30. + 28 janvier à Dijon (18h)  : Conférence d’Hélène Grimadi, présidente du Cercle franco-hispanique, sur le thème : « Brasillach, Primo de Rivera et la Phalange Espagnole ». La conférence sera suivie d’un repas (facultatif) avec la conférencière. PAF : 5 €. Renseignements et inscriptions : . + 28 janvier à Angoulême (15h30). Le Parti Nationaliste Français et la Revue Militantorganisent une rencontre d’amitié nationaliste. Sujets abordés  : l’actualité militante nationaliste, l’actualité politique française, les questions de politique internationale et les problèmes économiques. Intervenants : André Gandillon, écrivain, Yvan Benedetti, directeur de Jeune Nation, porte-parole du PNF et Jean-François Simon, président du PNF. La réunion sera suivie d’une collation apéritive ! Inscriptions avant le 15 janvier au 0607-37-05-09 (laisser un message en cas d’absence). Le lieu précis de la rencontre sera alors communiqué aux participants.

trées du doigt comme une insulte aux autres religions, à tel point que des hommes politiques de tous bords, même de “droite”, veulent les exclure de l’espace public ! La république est pire que les gens de Bethléem il y a 2016 ans  ; ces derniers avaient eu le cœur trop sec pour ouvrir leur porte à Marie et Joseph, grelottant de froid, et avaient laissé le Sauveur naître dans une pauvre étable  ; aujourd’hui on entend refuser même cet abri de fortune à Notre-Seigneur ; on voudrait l’anéantir et occulter la naissance de Celui qui, trente-trois ans plus tard, allait offrir sa vie en holocauste pour nous délivrer du péché d’Adam et de tous nos péchés. Mais, pour les princes qui nous gouvernent, le péché originel n’existe pas et les hommes croient pouvoir impunément se livrer à toutes leurs tendances, à toutes les expériences, sans référence à quoi que ce soit de surnaturel. Alors, que pèse la naissance de l’Enfant-Dieu dans une nation qui a érigé l’avortement en “droit” et sacrifie ainsi chaque année 250  000 enfants à naître sur l’autel de l’hédonisme absolu  ? Ce massacre des Saints Innocents est devenu un simple fait de société, et nul, parmi les politiciens et politiciennes en vue, ne semble se rendre compte qu’il s’agit d’un retour à la barbarie la plus notoire, puisque c’est un acte terroriste, du terrorisme le plus horrible, exercé sur le plus petit, le plus faible et le plus démuni d’entre les hommes ! Alors, que pèse le Fiat de la Vierge Marie, acceptant avec le sourire cet Enfant qui naissait dans de si atroces conditions alors que tout lui prédisait que la vie serait pour elle et pour son fils un vrai calvaire. « Qu’il me soit fait selon votre parole ! » fut la seule réponse de la Vierge qui s’abandonnait entre les mains de Dieu pour que fût réalisé le plan divin qui ramènerait l’histoire des hommes à son sens originel… Elle aurait eu pourtant mille raisons d’invoquer une « situation de détresse ».

AUTODIVINISATION DE L’HOMME

Quelle reconnaissance envers Marie peuvent avoir les hommes d’aujourd’hui, lesquels s’enorgueillissent de pouvoir eux-mêmes donner un sens à leur vie et affirment n’avoir nul besoin d’un Sauveur ? Ils héritent des inventeurs des fameux Droits de l’Homme de 1789  ; pour eux, il s’agit de toujours plus “libérer” l’Homme  : chacun a une destinée strictement personnelle, la société n’est plus qu’une juxtaposition d’individus et le droit se rapporte uniquement à ceux-ci sans référence au bien commun. N’ayant plus sa source dans la conformité avec la loi naturelle, le droit ne l’a plus que dans l’Homme lui-même et les droits deviennent subjectifs. Or l’homme des Droits de l’Homme est un homme qui n’existe pas, mais qu’il importe de créer, un homme nouveau (caricature de l’Évangile) qui est appelé à refaire le monde à son image et à sa ressemblance, un homme devenu simple atome social, coupé de toute racine et de toute transcendance afin de renaître en s’autodivinisant. La naissance de l’Enfant Jésus, seule vraie “révolution” que le monde ait connue, est l’irruption du divin dans l’ordre naturel. Si sa naissance même est miraculeuse, Jésus n’allait pas moins vivre pendant trente ans selon l’ordre naturel : une famille (la Sainte Famille), un travail (charpentier, comme saint Joseph, son père nourricier), une patrie (il allait pleurer sur Jérusalem en voyant prophétiquement la destruction de cette ville). En s’incarnant, Jésus a restauré la nature humaine et ennobli la notion d’ordre naturel  ; le naturel est désormais illuminé par le surnaturel et la raison, éclairée par la foi, garde l’homme de toute tentative d’autosuffisance, puisque le sens du devoir l’empêche de se prendre pour le centre du monde. Le monde d’avant 1789 n’était, certes, pas parfait, mais au moins

D.R.

les droits étaient la contrepartie de devoirs (les devoirs des gouvernants étaient les droits des gouvernés et réciproquement, les devoirs des parents dans la famille étaient les droits des enfants et réciproquement, les devoirs des patrons dans les corporations étaient les droits des ouvriers et réciproquement…). La notion de droit ne primait nullement, on ne passait pas son temps à revendiquer la satisfaction de ses moindres désirs personnels, on ne posait pas toute question politique ou sociale en termes conflictuels ; le bien commun, incarné par le roi, était la référence suprême. Alors, on pouvait sentir l’immense portée du chant des anges lors de la Nativité : « Gloria in excelsis Deo » et l’annonce de la paix sur terre aux hommes de bonne volonté…

HAINE DE LA DEUXIÈME PERSONNE DE LA SAINTE TRINITÉ

Il est une autre raison pour laquelle les fervents des Droits de l’Homme ne peuvent saluer la venue de l’Enfant Jésus. L’idéologie droit-de-l’hommiste prépare le règne des purs, de ceux qui se sont le plus dépouillés des traditions pour devenir des hommes “nouveaux” et épurer le pays, s’il le faut, par l’échafaud. Tous les totalitarismes modernes ont ici leur inspiration  ; écrasant les hommes concrets sous le joug d’une entité collective, une machine de guerre terroriste s’enclenche contre tout pouvoir venu d’En-Haut (le roi, les prêtres, les nobles, les pères de famille, l’extrême-droite…). Si chacun, d’après Jean-Jacques Rousseau, peut refaire le monde d’après soi, n’importe qui, s’estimant plus pur que les autres purs, peut s’arroger les moyens d’imposer sa religion, car c’en est une, au nom d’une idée totalitaire de l’“Homme” autodivinisé. Il trouvera toutefois sur sa route l’Homme-Dieu, le Dieu incarné pour être le médiateur entre les hommes et la toutepuissance divine, le Dieu qui s’est incarné par amour et invite les hommes à participer, pour être sauvés, à l’Amour liant les trois personnes de la sainte Trinité. Un Dieu unique qui n’est pas relation entre des personnes est un Dieu tyrannique.

Le Dieu des chrétiens, dit le professeur Claude Roussseau, « pour pouvoir n’être qu’Amour, a dû se faire trois en un »… Le triomphe du Fils de Dieu, la deuxième personne de la Trinité, rendrait impossible l’instauration d’une théocratie du genre de l’arianisme de jadis, de l’islam d’aujourd’hui et, répétons-le, de l’absolutisme terroriste de quelque idéologie. De ces trois sortes de fléaux, puisse Jésus-Christ nous délivrer, comme il l’a fait, en 496, au moment du baptême de Clovis, qui, accompagné de 3  000 de ses guerriers, a scellé un pacte entre une nation, la France, fille aînée de l’Église, et un roi “lieutenant” de Dieu. Ce n’est pas un hasard si cet événement capital eut lieu à Reims la nuit de Noël. Est entré cette nuit-là dans les mœurs politiques françaises l’apport essentiel du christianisme : l’union et, en même temps, la distinction du spirituel et du temporel, ce que l’on peut appeler la saine laïcité. Clovis, en déposant ses colliers devant l’évêque saint Remi, était le premier prince à reconnaître qu’il n’avait pas autorité sur les âmes, et du même coup, fondée en Dieu, son autorité temporelle acquérait pleine souveraineté. Puisque l’homme des Droits de l’Homme est un être sans cesse à recréer, on assiste aujourd’hui à une abominable confusion des ordres, car changer l’homme relève du domaine de la morale, et non de la politique. L’État, qui se veut un champion de la laïcité, est le premier à violer celle-ci. Les Droits de l’Homme prétendent refaire une société en sacralisant le droit pour chaque homme d’être asocial à l’instar de Jean-Jacques. Ne pas se conformer à l’idéologie, c’est être politiquement incorrect. Quiconque se réfère à un principe enraciné ailleurs que dans les volontés humaines ou dans les viles aspirations des hommes actuels, est considéré comme un traître à l’homme. En fait, c’est 93 qui continue  : construction artificielle, les Droits de l’Homme ont toujours besoin d’un ennemi à diaboliser pour cristalliser leur défense. Cela a pu être jadis les amis du roi, plus récemment, les “tradis”, le Front national — le vrai, celui de Jean-Marie ! —, ou Pinochet, ou Saddam Husssein, ou Bachar el-Assad, ou Vladimir Poutine… Cette théocratie sans Dieu, ce puritanisme de la licence, ce juridisme tyrannique, ne peut rien comprendre à Noël et à son message de paix — de la vraie paix, pas comme le monde la donne… Noël est la fête du renversement de toutes les valeurs établies sur la force brute, je veux dire celle des tonitruantes et mensongères voix des media, celle des majorités qui se croient tout permis, celle de l’Argent anonyme et vagabond… L’orgueil des puissants du jour les rend insensibles au mystère d’une humble crèche, mais à tous les hommes qui ont simplement des oreilles pour entendre, souhaitons un très Joyeux et très saint Noël ! Michel FROMENTOUX.

Ecrits de Paris

AU SOMMAIRE DE DÉCEMBRE 2016 Jim REEVES : Regard sur les premières nominations de Trump— Scipion de SALM : La politique étrangere ambitieuse et expansionniste de la Turquie — Michel FROMENTOUX : Le terroriste Turreau, deux cents ans après — Nicolas BERTRAND : La disparition des chrétiens d’Orient — Patrick LAURENT : Deux héritières de la qualité française.

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Le petit coin du talmudiste Yebamoth (XXXVII)

Nous avons donc examiné totalement le premier et le second ordre du Talmud et en grande partie les cinquième et sixième (ce dernier ne comportant que des michnas sauf pour un traité, tandis que le cinquième est consacré aux sacrifices et au Temple qui n’existent plus ni les uns ni l’autre). Il nous reste à aborder ce que j’appelle la partie centrale du Talmud, le 3e et 4e ordre qui constituent la partie proprement juridique du Talmud avec en premier (3e ordre Nachim) le statut des femmes et par la suite la législation civile et pénale (4e ordre Nezikin). Il existe pour ces deux ordres une porosité avec le sixième ordre qui traite de la pureté puisque de même que la femme doit être pure, de même le sujet de droit juif doit être pur, donc ne pas se mélanger avec les païens. C’est, vous le savez déjà, une constante dans le Talmud et c’est pourquoi nous reviendrons sur le 6e ordre. De même, c’est sur ces sujets que Moïse Maïmonide a le plus développé sa doctrine dans son Mishneh Torah et qu’il a donné toute sa mesure. C’est en débutant ces chroniques que j’ai déjà étudié un traité de cet ordre qui avait pour sujet la femme soupçonnée d’adultère. Il s’agissait du traité Sota (Chroniques 1 à 3). Aujourd’hui, je vous propose d’aborder le premier traité de cet ordre qui se nomme Yebamoth. Ce traité est constitué pour près des trois quarts des règles relatives au mariage léviratique. Le lévirat (yiboum) est l’obligation faite à un homme d’épouser la femme de son frère défunt si elle n’a pas donné de fils à ce dernier (Deutéronome XXV 5-10). Le traité détermine ceux qui sont soumis à ce type de mariage et ceux qui en sont dispensés (et là nous sommes partis pour des dizaines de pages !), mais le plus intéressant est la dispense de mariage : en effet, le frère survivant peut se dispenser lors d’une cérémonie appelée la halitsah (déchaussement) : la veuve dénoue la chaussure droite de son beau-frère et la lui ôte puis crache par terre. Cette institution n’est pas anecdotique car le mariage léviratique n’a été supprimé que depuis moins d’un siècle. La halitsah devient une obligation, ce qui a pour effet retourné d’interdire désormais à un beaufrère d’épouser sa belle-sœur. Le traité aborde aussi d’autres institutions et interdictions. Ce traité du Talmud de Babylone n’est pas traduit en français. Nous avons le Talmud de Jérusalem. Et comme toujours, il y a des digressions exclusivistes. « Pour la femme esclave, on sait que la progéniture sera égale à la mère parce qu’il est dit (ExodeXXII-4) : la femme et ses enfants seront à son maître. On le sait aussi pour la païenne :

car dit Rabbi Yohanan au nom de Rabbi Simon bar Yohaï, il est écrit d’une part (Deutéronome VII-3)  : tu ne t’allieras pas avec eux, et d’autre part (Deutéronome VII-4) : il pourrait détourner ton fils de moi [C’est Dieu qui parle] (Talmud de Jérusalem Traité Yebamoth Traduction Moïse Schwab Editions Maisonneuve 1960 Volume IV 2e partie page 32). Quant à Moïse Maïmonide, il a des phrases toujours aussi tranchantes qui changent des digressions habituelles des rabbins  : «  L’enfant qu’il a eu d’une servante ou d’une gentille ne libère pas sa femme ; car les descendants issus d’une servante sont des esclaves, et celui qui est né d’une gentille est un gentil, et c’est comme s’ils n’existaient pas  » (Moïse Maïmonide Mishne Torah Sefer Nachim Hilkhot Yboum Va’Halitsa ch. 1 § 4 Editions du Beth Loubavitch 2013 page 490) « Lorsqu’au sujet du divorce on demande pourquoi les Cuthéens (païens) sont impropres à être admis en Israël, Rabbi Yohanan dit au nom de Rabbi Eliezer qu’en cas d’union d’un païen ou d’une esclave avec une fille d’Israélite, l’enfant de cette union sera tenu pour illégitime  » (op.cit. page 108). Commme on peut le voir en se rapportant au texte, tous les rabbins ne sont pas d’accord sur ce sujet, sauf lorsqu’il s’agit d’Egyptiens ou de Romains ! Les michnas 7-8-9 du dixième chapitre sont un avant-goût de ce qui nous attend concernant la majorité sexuelle et les unions permises : « Si un garçon de neuf ans et un jour cohabite (couche) avec sa belle-sœur veuve en vertu du lévirat, puis si celle-ci s’unit de même avec un autre beau-frère du même âge, de neuf ans et un jour, ce second la rend impropre au mariage pour le premier. Un garçon de neuf ans et un jour, qui, par lévirat, a cohabité avec sa belle-sœur veuve, puis agit de même avec l’autre veuve du défunt (Don Juan !), les rend impropres à une union définitive par son propre fait […] Un garçon de neuf ans et un jour cohabite par lévirat avec sa belle-sœur veuve, puis, devenu grand, il épouse une femme et meurt : s’il n’a plus eu de relations avec sa première femme (belle-sœur) à partirdu jour où il est devenu grand (13 ans ?), celleci lors du décès devra déchausser le frère survivant, non l’épouser ; mais la seconde femme pourra, soit déchausser le beaufrère, soit l’épouser. » (Op.cit. page 152). Nous verrons bientôt que la majorité sexuelle est même plus basse, y compris pour la fille. Vous avez dit pédophilie ? Non je n’ai rien dit. JUDA LE PRINCE.

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Sans pour autant avoir la force de l’apophtegme, certains tweets méritent peut-être un passage dans RIVAROL…

Non, ce n’est pas de l’humour ! Certains Français ne jurent déjà plus que par ce triste Laïc…

Une nouvelle certitude : les sushis rendent plus intelligent que les steaks frites…

Ben quoi, les vieux ronchons ! nous sommes tous des enfants de la Guyane, non ?

Avec Philippot comme gourou, elle serait invincible !

En tout cas, cette définition ne passe pas… chez les modernistes !

Une équation qui peut resservir pendant les fêtes, si vous croisez un type de gauche…

Nous ne sommes vraiment pas sortis de l’auberge…

Les Européennes violées par ces mêmes “migrants” apprécieront…

C’était notre rubrique « La Résistance au laïcisme imbécile s’organise en Europe… »

Encore une bonne nouvelle, une !

Cela se passe comme cela dans la France d’aujourd’hui !

Michel Ohl

Michel Ohl est né le 5 décembre  1946  à  Onesse-et-Laharie. Il accomplit ses études à l’école d’Onesse, puis se fera virer d’un lycée de Mont-de-Marsan en 1964, avant de se faire éjecter d’un lycée de Bordeaux en 1965. Il obtiendra cependant le bac grâce au télé-enseignement et entreprend un DEUG de Lettres modernes à Bordeaux. Dès son adolescence, il vit une vie hautement chargée (en alcool), en toute conscience. Sa devise : « Lire, boire, écrire, être russe ». On imagine bien que la consommation d’eau ne figure aucunement dans son programme. La dipsomanie le submerge. La dipsomanie  ? Voici la définition que l’on peut trouver sur Wikipédia : « La dipsomanie, encore appelée méthilepsie ou méthomanie, est un besoin maladif de boire des boissons toxiques, en particulier de l’alcool, lors de crises intermittentes. Il s’agit d’un cas particulier de l’alcoolisme ». Il va effectuer un séjour au château de Préville, près d’Orthez, pour soigner sa dépendance à l’alcool, du 8 mai au 8 juillet 1970, puis en septembre-octobre et en avril 1971. Il est hospitalisé du 30 juin au 6 décembre 1971 à l’hôpital Sainte-Anne de Mont-de-Marsan. Et puis, voici le service militaire. Il sera réformé après quinze jours de grève de la faim. Sans doute pas de la soif… Et le voici écrivain. Adorateur de la Sainte Russie et de la Vodka, russifié par l’alcool, Michka (pour les intimes) se lance en littérature. Il publie Sonica mon lapin en 1972, puis Pataphysical baby  en 1974. Il sera soutenu par Michèle, la femme de Joseph Kessel qu’il rencontre au « château de santé mentale »

de Préville où ils partagent quelques beuveries clandestines. Toujours, cet alcoolisme impénitent. Il a vingt-trois ans et un comportement suicidaire. Joseph Kessel lui sauvera (provisoirement) la vie en le faisant éditer chez un grand éditeur parisien. Pataphysical Baby rencontre le succès, et même l’enthousiasme de certains écrivains, tel Louis Nucera, passionné de vélo et mort dans un accident … de vélo le 9 août 2000. Dussert commente : « De page en page, une œuvre conséquente ; quoique échevelée, se construit patiemment. Notes de zinc, détournements de citations, anagrammes, calembours, dessins, petits bonhommes, méditations. » Cet étonnant personnage faisait évidemment partie du collège de pataphysique, inspiré par Alfred Jarry (le roi Ubu) et plus particulièrement de Gestes et opinions du docteur Faustroll, pataphysicien. On est, évidemment, dans un puissant délire. La pataphysique est définie par ses commensaux comme la « science des solutions imaginaires qui accorde symboliquement aux linéaments les propriétés des objets décrits par leur virtualité ». Bref, ça délire sec. Michel Ohl fanfaronnait devant la mort qui eut, curieusement, le dessus. Georges Walter avait écrit  : « Le cerveau de Michka est un peyotl. » Sans doute avait-il raison. Le peyotl est un cactus que l’on trouve au sud de l’Amérique du nord qui contient plusieurs alcaloïdes dont la mescaline qui a des effets hallucinogènes. Michel Ohl finit par mourir à Bordeaux le 20 octobre 2014. Il avait 67 ans. R. S.

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par Hannibal

___________ Noël était vieux, pauvre et sans famille mais il était content. Il venait enfin de trouver une embauche. On devrait forcer les candidats à la présidence de la République à faire un stage de chômeur, comme les élèves ingénieurs font un stage ouvrier : la société française ne se comprend pas vraiment aujourd’hui si l’on n’a pas été chômeur de longue durée. C’est par chance que Noël avait trouvé son emploi, en répondant parmi les premiers à l’annonce d’une entreprise américaine, la CSCEC (Christmas and Santa Claus Entertainment Company)  : deux mois à tenir le rôle du père Noël, du premier novembre au trente et un décembre quatorze heures par jour pour les fêtes. Son prénom avait compté lors de l’entretien, sa barbe d’or jadis devenue de neige, sa disponibilité de célibataire hors d’âge, sa mobilité aussi. On le colla d’emblée personnel roulant en partenariat avec la SNCF. Dans le haut du panier, les animations sur les ID-TGV. C’était un monde nouveau pour lui et il s’y sentait, lui qu’intriguaient les jeux numériques auxquels s’adonnaient ses collègues sur leur smartphone, comme une bille dans un flipper. Entre deux animations (il distribuait des joujoux aux enfants qui prenaient des selfies avec lui), il s’efforçait de découvrir en voiture 14 le premier café à grande vitesse, son chocolat chaud viennois au pain d’épices, son élixir hivernal et son café latte façon muffin framboise. A la pause, il dégustait avec Jérémy le superviseur et les deux assistantes aux voyageurs les sandwiches coups de cœur que leur proposait José, leur barista. Amandine avait un faible pour la Fajita bacon cheddar, Chloé pour le Wrap carotte cumin citron confit, lui se rabattait sur le pain club à l’avoine, poulet gorgonzola. Comme il regrettait un jour qu’on ne puisse pas « se faire un saucisson sec beurre  », Jérémy lui jeta un regard inquiet  : la diversité française était suffisamment représentée, puisque la carte comportait aussi le Pain de maïs, porc effiloché, et, parmi les incontournables, le club jambon beurre demi-sel. Il commanda un exemplaire de cette dernière spécialité, mais il n’y en avait plus et il dut se contenter d’un pain bretzel poulet u Souhaite acquérir à partir du numéro 1 et jusqu’à fin de l’année 2014 l’intégralité de la collection des exemplaires d’Ecrits de Paris. Prix à débattre. Tél. : 06-62-70-67-85. u Cherche à louer une maison le plus proche de Paris. Mais maximum, 150 km. — 130 m2 minimum avec espace vert et garage. Loyer maximum : 700 €. — Contact : Carline Arnaud. Tél. : 03-25-27-28-88. Port.  : 06-68-09-09-10  — Courriel  : . u Dame seule habitant dans l’Ouest parisien recherche compagnie disposant d’une voiture. Ecrire au journal qui transmettra. u Fidèle et ancien lecteur demeurant en Lorraine de RIVAROL, je cherche à donner mes collections suivantes : « RIVAROL » de septembre 1972 à septembre 2012, soit 1920 N°. « Ecrits de Paris » de mars 1977 à mars 2012, soit 382 N°. « CRAPOUILLOT » de février 1948 à février 1949, soit 4 N°. « LE CRAPOUILLOT-Nouvelle série » de 1967 à 1994, soit 157 N°. « LE MIROIR » d’août 1914 à août 1917, soit 157 N°. «  LE SPECTACLE DU MONDE  » de septembre 1974 à juin 1981, soit 105 N°. «  DETOURS en France  » de janvier 2000 à août 2005, soit 43 N°. Merci de répondre au journal qui me transmettra vos coordonnées.

piri-piri, ce qui lui fit découvrir une autre face de la diversité. Il s’étonna une autre fois devant Amandine, qui s’était lancée sur des Tortiglioni à la méridionale, que dans leur salade les malheureuses lentilles fussent forcées à une promiscuité regrettable avec des noix, des courgettes, des carottes et de la fourme d’Ambert. Puis il déplora qu’un train français offrît pour tout gâteau des muffins et des cookies. Amandine lui rétorqua d’une voix lasse : — J’le crois pas ! Même le père Noël peut pas être aussi sclérosé  ! Tu devrais sortir quelquefois. ID TGV, c’est un espace dédié à la convivialité et à la mixité des cultures, SNCF est une entreprise diversité-friendly. Et elle lui refila son Mix’fruits fraise banane pomme avant de le planter là pour savourer une boisson gourmande en dévorant la dernière édition d’IDzine, le magazine d’IDtgv. Elle ne manquait pas un épisode du feuilleton, grand bol d’eau tiède écrit en

— Les vieux qui ont oublié leur carte sénior, les usagers qui n’ont pas compris la grille des tarifs. Des gens qui ne donnent pas de fausses adresses et qui sont solvables. Cela fait un rapport d’activité présentable et utile. Vanessa se tut et regarda Noël longuement dans les yeux, comme si elle avait voulu percer le fond de son âme. Au début du mois de décembre, elle changea de ligne. Distribuer des joujoux ne prend pas des heures, et ni les chasseurs médocains ni les collégiens en route pour Bordeaux n’étaient très férus d’animations : Noël reporta son attention sur les bandes défilantes à cristal liquide où l’itinéraire de la ligne est détaillé. Le message commençait ainsi : « La région Poitou-Charente-Aquitaine et SNCF sont heureux de vous accueillir sur le réseau  […]  ». Noël s’étonna : - Pour une fois que le féminin s’impose, la région et la société nationale des chemins de fer français associées nous collent un masculin. A croire que les féministes qui nous bassinent avec leurs auteures, leurs contrôleures, et autres procureures sont devenues folles. Et il ajouta, pour essayer de faire rire Audrey, qui avait remplacé Vanessa : — Comme Pépy, votre président. Lui aussi est un peu folle. Audrey ne sourit pas. Elle était sévère et avait des vues bien arrêtées sur les convenances citoyennes et le respect de toutes les diversités. Elle signala un comportement inapproprié. Le DRH convoqua Noël, lui signifia un avertissement et le rappela aux valeurs (Dessins de Chard) républicaines : — Le père Noël doit donner l’exemple du vivre ensemble. serbo-croate véritable par une“auteure” que Nommé gare du Nord à Paris, Noël ne tint le magazine affirmait « indépendante, libre pas trois jours, il leva la main sans le frapet aventurière ». Par la littérature autant que per sur un mineur de moins de treize ans qui par les menus, la SNCF s’employait à pro- pillait sa hotte. Cette fois, il fut rétrocédé à mouvoir une société ouverte et sans aspérité. la CSSEC dont le patron pour l’Europe, BarAyant lu le feuilleton à son tour, Noël souf- tholomew, le reçut dans son bureau du boufla : levard Haussmann : — Si c’est ça leur mixité et leur voyage, — Il paraît que vous n’étiez pas conscient j’aime autant… que cet enfant est issu de la diversité. Je veux — Rester à l’étable avec tes rennes  ? Eh bien vous laisser le bénéfice du doute et une bien reste, mon vieux, je crois que c’est ce dernière chance, mais c’est bien parce que que tu as de mieux à faire. Allez tschuss, stay nous sommes le 23 décembre et qu’un père strong ! Noël ne se forme pas en un jour. Ne me déLa semaine suivante, Noël était muté sur le cevez pas. TER aquitaine. Son manque d’enthousiasme Affecté aux grands magasins réunis de pour la diversité avait remonté la voie hié- Saint-Denis Est, sur la grande dalle Nord rarchique. A son arrivée en province, il fit juste devant l’entrée principale, Noël coméquipe pour commencer avec Vanessa, une mença le vingt-quatre décembre à 6 heures énergique blonde de 35 ans qui contrôlait du matin un service qui ne devait prendre la micheline Bordeaux-Le Verdon. La voie fin que le lendemain même heure. C’était à électrifiée a été refaite voilà quelques années prendre ou à laisser. Comme il s’ennuyait sur mais au rabais, avec très peu de secteurs le coup de midi, il entra en conversation avec d’évitement pour le croisement. Ses abords un clochard qui exprimait avec un enthousont insuffisamment entretenus, de sorte que siasme un peu débordant son souhait de parle trajet est plus long aujourd’hui que dans tager son pochon de croissants et son litron les années cinquante. Noël prenait cepen- de gros plant. Au bout de quelques minutes, dant un vif plaisir à observer le paysage, qui le monde parut un peu moins vide et froid est remarquable, et à s’amuser des impon- aux deux hommes, et le clochard, un grand dérables, branches d’arbres qui pénètrent à vieillard qui pouvait passer de loin pour enl’intérieur des voitures par les fenêtres ou- core bien mis malgré des effets élimés et fort vertes de wagons défectueux, vaches sur la sales, entreprit de se raconter : voie, conducteurs qui oublient de se lever, — J’étais un universitaire reconnu, dont les etc. Il examinait avec plus d’attention encore publications en matière de recherches mila façon de travailler de Vanessa, qui restait nières et pétrolières faisaient autorité dans le systématiquement dans son compartiment monde, je fus même le conseiller écouté du pendant la première heure de trajet : président d’une très grosse entreprise fran— C’est bizarre, tu ne commences à çaise, qui me rémunérait fort bien et me recontrôler… cevait à sa table où se succédaient les grands — Vérifier les titres de transport ! de ce monde, et puis… — Soit, à vérifier les titres de transports, — Et puis ? qu’après Margaux. Quand tous les voya— Le ciel m’est tombé sur la tête. » geurs de la banlieue proche qui voyagent Un soir de fête, ayant ingéré ensemble sans billet ou en première classe avec des après un dîner copieux un Delamain billets de seconde sont descendus ! d’avant-guerre, un médicament contre la — Justement. goutte et un autre contre les dérangements — Justement quoi ? intestinaux, il s’était laissé aller à donner — Je n’encombre pas les statistiques de son opinion, devant une assistance qu’il SNCF avec des fraudes mineures et je ne croyait restreinte et choisie, sur les années risque pas de conversation désagréable avec les plus sombres de l’histoire. En émettant certains clients… un doute sur l’existence des chambres à gaz. — Tu veux dire des insultes et des coups… Depuis, c’était un paria sans le sou. L’entre— Si tu préfères… prise, l’université, ses amis, sa famille lui — Mais qui verbalises-tu, alors ? avaient fermé leurs portes, il traînait sa mi-

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sère dans la rue. Il racontait si bien ses malheurs que Noël, délaissant ses devoirs (au demeurant, personne ne semblait regretter son absence), lui offrit le pain, le saucisson et le vin rouge en le priant d’en dire plus. L’autre s’exalta bien vite : — Moi, ce n’est rien. Mais il y a des gens qui on été battus presque à mort, comme le professeur Faurisson, d’autres qui ont perdu des dizaines d’années de leur vie, et la liberté. Vincent Reynouard a passé un an à Valenciennes. Ernst Zundel a été extradé du Canada, fourré à l’ombre en Allemagne pour cinq ans, Horst Mahler a fait sept ans de prison et y a perdu une jambe (gangraine), l’écrivain autrichien Gerd Honsik a purgé cinq ans et demi de tôle, l’ingénieur Wolfgang Fröhlich est entré dans la prison de Krems il y a neuf ans et s’y trouve encore. Tout cela simplement parce qu’ils ont eu la folie de nier le récit qu’on donne de la shoah ! Noël ne connaissait rien à l’affaire, il n’en savait que ce que les media disaient que Jean-Marie Le Pen en pensait : — Tout ce que je sais, c’est que les chambres à gaz ne sont pas un détail ! — Exactement, c’est la chose la plus importante au monde, le centre de l’histoire contemporaine. Le vieux expliqua à Noël qu’il existe une loi en Autriche qui s’appelle Verbotsgesetz 47, littéralement loi d’interdiction 47, parce qu’elle a été instituée en 1947 et qu’elle prohibe les activités pronazies. Prévoyant à l’origine jusqu’à la peine de mort pour les réprimer, elle inclut aujourd’hui la contestation de crimes contre l’humanité parce que le but de celle-ci ne saurait être que la réhabilitation du régime hitlérien. Aussi celui qui affirme ne pas croire à la shoah encourt-il jusqu’à vingt ans de détention criminelle. — C’est scandaleux, brailla Noël, qui atteignait sa quatrième bouteille. — Horrible, contraire à l’essence même de la démocratie, ajouta le vieux. — Liberté d’expression, renchérit Noël  ! Libérez Wolfgang Fröhlich ! Et rhabillez les bébés  ! hurla-t-il derechef, en débouchant un nouveau flacon de Sablignon cuvée premium. Ils firent tant de raffut qu’à la fin deux vigiles les ramassèrent, l’un par le fond du pantalon, l’autre par sa houppelande. L’affaire aurait pu en rester là mais le chef de la sécurité était de mauvaise humeur, il était déjà sept heures du soir avec tout ça et Sarah n’avait pas appelé. Il examina donc les bandes de surveillance. Pas de chance, il habitait Sarcelles : leur contenu le heurta dans ses convictions les plus profondes et ses sentiments les plus délicats. Il se piéta indigné devant les coupables : — On savait que le père Noël est une ordure, mais là tu dépasses les bornes. Un père Noël négationniste ! Si le monde savait ça, la magie de Noël serait détruite. J’ai pitié des enfants, tu as de la chance. Je ne vais même pas te donner aux flics. Rachid, Mamadou, vous me les virez, mais avant, la raclée du siècle ! Les deux hommes furent injuriés et tabassés pendant plusieurs heures, puis l’équipe de sécurité au grand complet, après avoir festoyé, leur cracha et leur pissa dessus. Enfin, à vingt-trois heures cinquante-neuf, on les jeta dehors sur le pavé par la porte de derrière. Rachid, qui était un être simple et bien pensant, balança ce qu’il restait de la hotte sur Noël allongé par terre : — C’est vrai quoi. Vous êtes vraiment des salopards à vous moquer ainsi de la souffrance des autres. Pire qu’Hitler, Saddam Hussein et le maréchal Pétain. Un fin crachin s’était mis à tomber. Les deux hommes demeurèrent longtemps prostrés la joue sur l’asphalte mouillé, le nez contre des débris de jouets. Les lumières s’étaient éteintes les unes après les autres, le gros des voitures avait disparu, quelques musiques traînaient, lointaines. Plus tard, un pas vint à eux, sonore dans la nuit. Une main les releva, les assit. C’était un homme encore jeune barbu et chevelu, mais qui n’avait bizarrement pas le genre baba cool. Il leur tendit un pain, une bouteille : — Il me reste ça. Voulez-vous qu’on le partage ? Puis, comme ils ne disaient rien, il ajouta : — Pardonnez-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font. Et ne vous en faites pas : la vérité vous libérera.

Page conçue, imaginée et dessinée par CHARD.

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