21. La Cruauté Tragique Dans Le Théâtre Racinien (Phèdre, Esther)
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La Cruauté Tragique Dans Le Théâtre Racinien (Phèdre, Esther)...
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21. La cruauté tragique dans le théâtre racinien (Phèdre, Esther) [...] Racine est, donc, plus fidele a la tradition antique. Il emprunte a l’Antiquité le concept de la furor (fureur, c’est-a-dire folie) et de la cruauté, liée étymologiquement au sang (cruor au latin). Cruel est un mot de grande importance pour la préciosité et souvent utilisé dans les discours amoureux, chez Racine aussi. L’amour est, en fait, le sujet principal des tragédies raciniennes et la cruauté chez Racine se reflète surtout à travers les relations amoureuses. Ce n’est pas un amour réciproque empêché par des obstacles extérieurs, comme chez Corneille, mais un amour impossible, contre nature ou non-partagé. La tragédie Phèdre offre l’exemple d’une chaine des amours non-partagées, telle qu’on trouve dans la pastorale. Phèdre aime Hippolyte qui aime Aricie. L’amour de Phèdre pour Hippolyte est contre-nature et non-partagé, puisqu’il est le fils de son époux, alors que l’amour d’Hippolyte pour Aricie est en quelque sorte interdit parce qu’elle est la sœur des Pallantides, ennemis anciens du roi Thésée. L’amour racinien est soit un coup de foudre, soit un sentiment né depuis longtemps qui se développe progressivement. Certains personnages s’aiment depuis longtemps et réciproquement, comme Hippolyte et Aricie dans Phèdre. De toute façon, cet amour est une émotion qui rend les hommes fous, les paralyse, les empêche d’agir raisonnablement etc. Dans cette condition, ceux qui sont les plus puissants se servent de leur pouvoir afin d’éliminer ses rivaux ou d’obliger ceux qu’ils aiment à les obéir ou simplement. Phèdre a une pouvoir provisoire – elle est la maitresse pendant l’absence de son mari. Sa cruauté n’est pas, pourtant, de même niveau que celle de Néron (Britannicus), par exemple. Quant a la médiocrité de la bonté héroïque, Phèdre est un exemple par excellence – elle est déchirée par une passion anormale contre laquelle elle ne peut rien faire, malgré ses efforts d’aliénation. Les personnages comme Phèdre donnent à la pièce son impulsion première qui permet l’accomplissement de destin et un aboutissement tragique. Son amour secret est accumulé, l’action commence in medias res, ce qui facilite à Racine de respecter les règles. La fausse nouvelle de la mort de Thésée lui donne un espoir et elle révèle ses sentiments. Mais quand elle se rend compte de sa condition, elle devient jalouse et revient en quelque sorte à sa fidélité. Sa maigre consolation ressemble au renard de La Fontaine et les raisins trop verts. Phèdre accuse Hippolyte et de cette façon elle substitue en quelque sorte un bonheur irréalisable par la souffrance d’autrui. Mais, la passion est tellement forte qu’elle se suicide après la mort de son bien-aimé. L’univers racinien est, donc, un univers des monstres, plein de meurtres et de cruauté. Dans Esther, la cruauté est mêlée avec l’égoïsme et peut-être même le sadisme. Aman, le conseiller du roi de Perse Assuérus entreprend la vengeance contre Mardochée en conseillant le roi d'écrire un édit de persécution des Juifs. Il veut détruire un peuple entier parce que leur chef Mardochée refuse à le saluer. Mais Mardochée, qui est l’oncle d’Esther, épouse du roi, a fait échouer un complot contre Assuérus auparavant et le roi aime bien tous les deux. Mais le roi ne sait pas qu’ils sont juifs. A la fin de cette tragédie en trois actes, Esther le révèle pendant un repas. Donc, la cruauté y est punie : les Juifs sont délivrés par l’héroïne principale, qui a réussi de persuader le roi Assuérus à révoquer l’édit de persécution. La cruauté racinienne a un double visage : outre la cruauté des hommes il y une cruauté des dieux qui punissent quelquefois des hommes bons qui ne méritent pas d’être punis. Il s’agit du concept de la vengeance divine, également présent dans la mythologie païenne et dans le christianisme. L’Ancien Testament présent la notion de Dieu vengeur qui a persécuté les premiers hommes du jardin d’Eden. Les jansénistes ont insisté sur le concept du péché originel et sur l’impuissance de l’homme à gagner son salut.
Racine, qui a fait les études chez les jansénistes de Port-Royal, intègre la conception de la vengeance divine dans son œuvre. Ses personnages sont souvent sortis des familles maudites et ils sont les victimes de la vengeance à cause d’un péché de ses ancêtres. Dans Phèdre, l’héroïne principale est condamnée par Venus à aimer le fils de son époux Thésée, parce que sa mère Pasiphaé était amoureuse d’un taureau. Racine, qui respecte rigoureusement les règles, y compris celle des bienséances, ne montre rien qui peut choquer le public. La violence et la cruauté ne s’expriment que par le regard et par la parole. Quant à cruauté exprimée par la parole il faut mentionner les plaintes et les récits qui décrivent les événements obscènes défendus par la règle des bienséances. A la fin de Phèdre, Racine, en respectant la règle que Boileau a formulée ainsi : ce qu’on ne doit point voir, qu’un récit nous expose, donne la parole à Théramène, qui décrit la mort violente d’Hippolyte, tué par un monstre marin, après la malédiction de son père. .
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