(1890) Le Costume en France
Short Description
1890 - Ary renan, 1857-1900...
Description
i;
Marius Michel,
del.
COLLECTION PLACEE SOUS LE HAUT PATRONAGE DE
l'administration des BEAUX-ARTS
COURONNÉE PAR l'aCADÉMIE FRANÇAISE (Prix
Montyon) E T
PAR l'académie DES BEAUX-ARTS (Prix Bordin^
Droits de traduction et de reproduction réservés.
Cet ouvrage a été déposé au Ministère de l'Intérieur
en octobre 1S90.
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BIBLIOTHBaOK
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I
LE
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G S B M K S T
PUBLIBB SOUS LA DIRECTION DE
M.
BEAOX-ARTS
JULES COMTS
COSTUME EN FRANCE ARY RENAN
PARIS ANCIENNE MAISON QUANTIN
LIBRAIRIES-IMPRIMERIES RÉUNIES May & MoTTEROz, Directeurs 7,
rue Sai
II
t-
B
e
n oî
t.
PREFACE
L'histoire
du costume, dans son ensemble,
Thomme
des faces de Thistoire de
est
une
tout entière; c'est
Phistoire de la civilisation et de la société humaines.
œuvre, philosophiquement menée à sa fin, aurait un intérêt plus grand qu'on ne le suppose d'ordinaire. Les sciences naturelles, l'anatomie comparée,
Une
pareille
l'ethnographie, s'arrêtent là
oii finissent la
connaissance
comparaison des diverses races. Elles livrent l'homme, dans l'état naturel de la nudité animale, à l'historien et au penseur. Leur tâche est achevée lorsqu'elles ont analysé et mesuré le corps de l'être hula
et
main
et
tenté d'expliquer
le
mystère des diversités
spécifiques.
L'histoire
du costume
tement à ces études. parfait d'un
sur le
la
monde
façon dont
premier
et
le
Il
devrait faire suite
n'est pas,
disparu que
immédia-
en
effet,
le
moindre document
l'homme couvrait son
de
reflet
plus
Ce serait histoire du
corps.
principal chapitre de cette
un jour entreprise et comportera des centaines de volumes. De même que Cuvier, avec une mâchoire fossile, recomposait un monstre quasi légendaire au moyen de déductions scientifiques, on ressusciterait de lointaines époques avec un lambeau de broderie, avec là trame d'un humble tissu. Le plumage d'un oiseau luxe qui sera
PREFACE.
6
n'enseigne-t-il pas à Tobservateur les
de rindividu,en
même
mœurs
temps quMl permet de
sans erreur dans une famille nettement
et
Tâge
le classer
connue?
Mais rêtre moral, bien plus que Têtre physique, serait élucidé par une semblable histoire. Un vêtement est un document complexe. D'une part, il peut nous renseigner sur les besoins, sur les aptitudes, sur
ressources propres à telle ou telle race. D'autre
les
part,
il
représente à nos yeux
un individu de d'un document à la fois
race avec la double vérité rituel
et
L'homme
matériel.
a
cette
spi-
des aspirations, des
goûts, des habitudes personnelles,
un rang, une po-
on peut dire des vertus et des vices, qui se décèlent par la manière dont il s'habille. On a dit fort justement que les peuples qui ne se sont pas représentés eux-mêmes par la sculpture ou la peinture ne peuvent être représentés par nous; leur identité plassition sociale,
tique
nous échappe.
Il
en
nous ne connaissons pas
est
le
de
même
de ceux dont
vêtement. Le vêtement
est
en apparence un accessoire, une enveloppe; mais en réalité c'est le
plus sûr symbole des qualités les plus
cachées
plus insaisissables d'un individu, d'une
et les
nation ou d'une époque.
Assurément, l'architecture,
l'art,
le
mobilier, tout
dont l'homme s'entoure extérieurement par besoin ou par plaisir, sont aussi de précieux documents. Nous ce
jugeons par eux de rations d'un peuple.
spontané;
c'est
l'état
Mais
d'une civilisation le
costume
est
et
des aspi-
un indice plus
presque un indice physiologique; on
peut en tirer des conséquences
singulièrement pro-
fondes. Grâce à lui, on pourrait fixer plus nettement
PREFACE. que par tout autre procédé dans
immense
cette
sociale
7
la place de
chaque échelon
échelle de Thistoire naturelle et
au bas de laquelle
la science
peine dégrossi, sortant des mains de
prend
Thomme
la nature,
pour
à le
suivre dans son ascension jusqu'à Tapogée de la civilisation.
Chargés de présenter, dans
destinée à
la collection
renseignement des beaux-arts, un tableau résumé de rhistoire du costume en France, nous y avons trouvé les mêmes lois que dans l'histoire universelle. Une
promenade
ou dix-huit siècles n'est temps. Mais la logique ne perd
à travers dix-sept
qu'un point dans le pas ses droits dans un espace limité de temps, pas plus que les lois de la physique dans une expérience en
petit. Il
n'y a pas de plus parfait miroir
pareille étude.
du passé qu'une
Quelle meilleure preuve de
de deux races que l'unification du vêtement, la
plus barbare adoptant les modes de
la
fusion
la
la
race
plus
race
Quel meilleur renseignement sur l'esprit des institutions que le costume dont se revêtent les diverses classes d'une société? S'agit-il de montrer les trans-
civilisée?
formations de
la
religion catholique et
se rattache fidèlement encore la
Rome
ment
chrétienne,
il
comment
elle
aux traditions antiques de
suffit
de montrer que
le vête-
sacerdotal s'est à peine modifié depuis dix-huit
cents ans. Notre magistrature, notre
armée
même
servent certains usages extérieurs qui prouvent
con-
mieux
que beaucoup d'autres arguments que notre administration remonte à l'administration romaine. Le costume porté par une dynastie royale ou par un de nos rois
PREFACE.
8
peint une époque tout entière.
temps des Valois
est visible
Le
dans
caractère
les
modes
moral du élégantes,
brillantes mais superficielles qui vinrent alors d'Italie.
La cour de Henri
III
peut être appréciée aussi jus-
tement en regardant un tableau qu'en lisant les mémoires d'alors. Le caractère personnel du prince se
chaque vicissitude se traduit par un changement dans Tenveloppe artificielle dont l'homme se revêt. décèle
costume.
dans son
Nous nous sommes
Et
arrêtés à dessein, dans le pré-
sent volume, à l'époque de la Révolution. Le désordre
mœurs. mille modes
règne alors en maître dans l'histoire
et
dans
costume français;
il
y
Il
n'y a plus de
personnelles, nées de
la fantaisie
a
d'un jour
les
et
balayées
du lendemain. L'anarchie est dans l'esthétique comme dans la politique; le goût est égaré. Il faudrait des milliers de gravures pour donner le tapar
la
fantaisie
bleau d'une rue de Paris. Et ces gravures sont sous les
yeux de tous.
A
disparaît, les
mœurs
partir
du jour où
la
cour de Louis
XVI
nationales perdent leur assise, la
logique des choses se transforme, jusqu'à ce qu'elles soient rétablies sur de nouvelles bases, les bases
dernes auxquelles ont travaillé nos pères
et
mo-
nos grands-
pères.
L'histoire
armes offensives
des
appelée à compléter
combien
elle
et
défensives
est
On
sait
un jour notre volume.
vaste et suggestive. Cependant, jus-
est
qu'au jour où l'armement appartient tout entier à
du forgeron
et
du
ciseleur,
nous
le
l'art
suivons dans ses
transformations.
Nous avons voulu, pour nos
illustrations,
ne
PREFACE.
9
monuments
mettre sous les yeux du lecteur que des
authentiques
et,
autant que possible, contemporains
des époques que nous analysons. statues, les sceaux, les pierres
témoins,
bleaux
comme pour
et les
estampes.
tombales sont de
temps postérieurs
les
On
Les médailles, les fidèles ta-
les
ne peut pas toujours en dire
autant des miniatures. Ces précieux documents sont
grand caprice. L'enlumineur
parfois empreints d'un se
donnait libre carrière.
ceau
d'artiste, des
Il
mêlait, au gré de son pin-
types variés, ou se laissait aller au
perpétuel anachronisme permis à la peinture. La grande et
mystérieuse figure de Charlemagne, par exemple,
et la
douce figure de Jeanne d'Arc ont-elles été retracées par leurs contemporains? On en peut certes douter. Mais on trouvera, dans les manuscrits, des Clovis et des Charle-
magne
revêtus d'armures du xv® siècle, enjolivées à
Ce que nous disons des miniatures s'applique également aux tapisseries. Tout y prend des allures de mythe; l'histoire y apparaît comme une fable colorée plaisir.
de mille nuances variées.
Il
faut,
cela va sans dire,
mettre hors de pair les documents naïfs
et grossiers,
que la tapisserie de Bayeux. Leur naïveté gage de leur sincérité.
tels
est
un
Dans le spectacle merveilleux des arts plastiques du moyen âge, on est frappé de rencontrer une lacune l'homme du commun, le paysan, l'ouvrier, même le :
bourgeois, sont rarement représentés par les
Au
milieu du défilé de grands seigneurs
dames qui décorent
les
de superbes
manuscrits, on a peine à trouver
des figures
d'hommes du
humbles
pauvre.
est
et
artistes.
Ils
peuple. L'iconographie des
n'ont pas droit à l'éternité que
PREFACE.
lo
donne Part. C'est qu'en réalité leur costume varie peu. Les modes des villes et des cours ne les atteignent que rarement.
Ils se
couvrent plutôt qu'ils ne
se
costument,
tandis que les seigneurs se costument plutôt qu'ils ne se vêtent.
L'admirable livre d'érudition
et
regretté J. Quicherat a écrit sur le été notre
guide perpétuel.
On
de critique que
le
costume en France
a
ne saurait guère s'écarter
de lui sans risquer de s'égarer. C'est à cet initiateur
que l'auteur
dès l'abord de ces la trace
l'hommage de sa gratitude, études où l'on reconnaîtra souvent
se plaît à offrir
de son inspiration.
Nous avons
joint à notre texte
veau genre, destiné
mots
cités
dans
à
un index d'un nou-
compléter sa brièveté. Tous
le texte s'y
les
retrouveront mêlés à ceux
qui n'y ont pas trouvé leur place. Ces derniers étant
accompagnés d'une courte description, cet index comme un dictionnaire et en aura l'utilité.
Ary Renan.
sera
LE
COSTUME EN FRANCE
LA GAULE AVANT LA
de
CONQUETE ROMAINE.
Aux âges primitifs, l'invention rhomme fut suscitée par ses
besoins. Les premiers
impérieux qu'il
plus
et les
sentit
furent le
besoin de défendre sa vie besoin
de
couvrir
son
et
le
corps.
L'industrie s'appliqua donc d'a-
bord à
la
confection des vêtements
et
des armes. Cependant,
de
la
festé
parure semble
s'être
l'homme avant
chez
éprouvât
le
la nécessité
goût
maniqu'il
de s'armer
de se vêtira Ce goût inné provient d'un instinct, d'un sentiet
Fig.
I.
Clief Gaulois.
sait,
I.
la
en
le
ment artistique; l'homme obéissuivant, à une loi générale dans le règne animal
Comparez
l'usage
peau en bleu avec de
du tatouage. la
Les Celtes se teignaient
poussière de pastel.
LE
12
et
dans
COSTUME EN FRANCE.
règne végétal, tandis qu'il se montra supétoute la création en perfectionnant ses moyens le
rieur à
naturels de défense et en s'ingéniant pour mettre son
corps à l'abri des intempéries.
Ce qu^on
trouve
plus
le
fréquemment en faisant des fouilles les
sta-
tions de nos
de pierre.
l'âge
Bertrand.)
(Alex.
plus an-
ciennes
Fig. 2.
Instruments de
dans
ancêtres
,
me-
sont de
nus objets d'ornement cées
,
,
des colliers
A
des sortes d'amulettes.
ce
de coquilles per-
côté
se trouvent des
hameçons de même matière, des pointes de harpons ou de javelots. On sait que la épingles
d'os,
des
science a constaté la succession de plusieurs périodes
ou âges en étudiant ces faibles témoins de la civilisation naissante. Ni dans les cavernes, ni dans les tiimuli, on ne rencontre aucune trace, aucun débris de vêtement avant Vàge dit de la pierre polie ou néoliihique'. Si
Thomme
tannées
de fourrures,
et
couvrait son corps, c'était de peaux
comme
le
pratiquent encore au-
jourd'hui les sauvages les plus arriérés, les Fuégiens par
exemple. Le grand
cerf,
qué, l'urus, le bison
l'élan, le
et l'ours
sent d'épaisses pelleteries, et
couverture qui est
la
renne, e
bœuf mus-
des cavernes lui fournis-
il
n'a pas
plus simple
et la
renoncé à
cette
plus chaude.
CHAPITRE PREMIER.
13
La confection des premières étoffes date sans doute du moment où l'homme commença à domestiquer certaines races animales et reconnut les qualités textiles de certains végétaux. qu"'il ait
Le
lin
serait
soumise au tissage.
autorités, de
S'il faut
nombreux lambeaux
raient été découverts dans les l'âge néolithique.
en Orient,
la
On
que
sait
et qu'il fut la
première matière
en croire de bonnes d'étoffes
en lin au-
gisements lacustres de
le lin croît
spontanément
première substance que
l'anti-
quité orientale ait mise en œuvre.
Le chanvre ne fit son apparition dans nos contrées qu'à une époque relativement récente. Plusieurs des lambeaux dont nous venons de parler sont fort grossiers nattes de Jonc tressé dit
M. Girard de
:
On
«
Rialle^,
leur aspect rappelle les
et
est
amené
l'art
si
de
à se
la
demander,
vannerie,
très
ancien d'ailleurs, n"a pas donné naissance à l'industrie
du
tissage,
en passant par
la
fabrication des
filets
de
pêche, très abondants aussi dans les stations lacustres
de la période néolithique.
»
Ces temps de sauvagerie
resteront vraisemblablement toujours
obscurs.
ne commence pour nous qu'après
toire
les
L'his-
migrations
des races, bien tard ou pour mieux dire bien près de
Nous pouvons nous figurer qu'à l'époque oii les immenses forêts de la Gaule se trouèrent de clairières
nous.
de plus en plus larges,
les fleuves furent
les
premiers,
véhicules de la civilisation, qui remonta du midi vers le
nord.
Les Phéniciens
marchandises ouvrées sur
Nos
et les
la côte;
Ligures Jetaient des
un commerce rudi-
Ancêtres, dans la Bibliothèque de vulgarisation; gorce-Gadot, i383. I.
De-
LE
ï+
mentaire suivait
COSTUME EN FRANCE. les
grandes vallées
et pe'ne'trait
assez
loin dans les terres.
Au moment où
les
auteurs classiques nous apportent les
premiers renseignements
précis
nom
sur les Gaulois, ce
s^applique bien aux ha-
bitants de
presque toute
la
future Gaule romaine; mais
Strabon nous les
Gaulois
que Germains
avertit
et les
ne diffèrent ni quant à leur F'g- 3-
—
race ni
Gaulois en braies.
quanta leurs mœurs.
Voici ces renseignements.
(Longpérier.)
D'après Tite-Live, les Gaulois, qui faisaient partie de Tarmée d'Annibal à la bataille de Cannes, avaient des épées démesurées et sans pointes; ils étaient nus jusqu'à la ceinture, tandis
que
les
mercenaires
espagnols
étaient vêtus de tuniques de lin
bordées de pourpre. Leur stature était gigantesque; ils portaient longs leurs cheveux roux; avaient des boucliers longs et étroits. Cha-
cun
se rappelle, d'ailleurs, l'épi-
sode du combat singulier
Manlius
entre
un Gaulois qui portait au cou un anneau d'or {to?'quis). Ces colliers d'or faisaient porté à
et
Rome
Gaulois avec
le
torquis.
(Longpérier.)
partie du butin rapaprès la bataille de Télamon.
Les renseignements
que nous donnent César
et
Tacite sont plus curieux, parce qu'ils proviennent de
CHAPITRE PREMIER. gens qui ont pénétré jusqu'au cœur de
Germanie. « Les Germains, rennes
et
dit César, se
iS
la
Gaule
»
de
la
couvrent de peaux de
de vêtements courts, laissant à nu
grande partie du corps.
et
la
plus
—
Le vêtement national, dit Tacite est une saie fixée par une agrafe (fîbiila] ou par «
;
une épine. Nus du Germains passent entières
nées
reste, les les jour-
autour
du
foyer. Les plus riches se dis-
tinguent par un vêtement qui ne
flotte
pas
des Sarmates
et
comme celui des Parthes,
corps
mais qui serre
le
en dessine
formes.
les
et Ils
Fig.
S-
Fibules gauloises.
portent aussi des peaux de
du Rhin, plus recherchées [exqiiisitiiis] dans Pintérieur du pays. Ils font choix de bêtes fauves et sur les peaux qu'ils en tirent jettent des fourrures tachetées d'animaux sauvabêtes, plus grossières (/ze^g^Z/^ewfer) sur les rives
Les femmes sont habillées comme les hommes, si ce n'est qu'elles se couvrent le plus souvent de manteaux de lin enrichis de pourpre, et que la partie supé-
ges.
rieure de leurs vêtements, au lieu de s'allonger en
man-
ches, laisse paraître leurs bras et leurs épaules; leur
sein
même
est à découvert...
Quelques-uns se servent de glaives ou de grandes piques. Leurs lances, qu'ils appellent framées, sont armées d'un fer étroit mais acéré. Le cavalier n a que «
LE COSTUME EN FRANCE.
6
le
bouclier
et la franiée.
Les gens de pied lancent des traits.
Ilssontnus ou
à peine embarrasse's
sayon
d'un lœves]
;
la
(sagiilo
vanité
du
costume leur est inconnue. Peu portent des cuirasses à peine ;
un ou deux sont couverts d'un casque de
cuir
—
Fig. 6.
(E.
ses soldats
Aussi
Bracelet gaulois.
Chantre, VAffe de
que
les
ou de
broiiie.)
fer. »
Germani-
cus représente-t-il à
barbares qu'ils "vont combattre n'ont
ni casques, ni cuirasses, et
que leurs
boucliers ne sont revêtus ni de cuir ni de fer et ne consistent qu'en
un
ou en de minces plan-
tissu d'osier
chettes peintes.
Strabon
dit des
Belges, c'est-à-
dire des habitants de nos provinces
du Nord
et
de
portent des saies [braccœ].
Au
la
Flandre, qu'ils
et
de larges braies
lieu de tuniques,
ils
ont des vestes à manches, fendues sur
le côté,
qui tombent jusqu'au
milieu du corps. La laine de
pays
est
rude
et à
longs poils
ces ;
les
Belges en tissent des saies épaisses
Agrafe gauloise. {Rev. arch.)
lœnœ. Leur armement consiste en un long glaive, pendu au côté droit, un bouclier allongé.
qu'ils appellent
CHAPITRE PREMIER. des lances
et
des madaris, qui sont des espèces d'e'pieux.
Quelques-uns
se servent d'arcs et de frondes.
Diodore de en vue
nation plus civilisée. avoisinant
les tribus
dit-il,
lois,
nous décrit
Sicile, d'autre part,
comme une
lois
17
les frontières.
ont la chair blanche
roux naturellement,
et ils
Il a
du
nouent en
sans doute
Les Gau-
«
aident artificiellement la na-
front sur le
arrière.
Gau-
leurs cheveux sont
;
ture en les lavant avec de l'eau de chaux leurs cheveux
les
;
sommet de
ils
ramènent
la
tête et les
On
«
ou des Quelques-uns se
dirait des Satyres
Pans.
»
portent
d'autres
rasent;
barbe courte. Les prin-
la
cipaux
(
nobiliores
découvrent laissent
]
joues
les
se et
tomber bas leurs
moustaches...
Ils
portent
dès bracelets d'or au poi-
gnet
et
au bras,
et
des col-
liers {torquis) d'or
cou; et
ils
ont des anneaux
des cuirasses
de
pur au
même
(^/zorace.?)
matière. Fig.
Leur costume est superbe. Leurs tuniques «
— Casque
gaulois.
{Rev. archéol.)
sont teintes de diverses couleurs
qui ressemblent à des fleurs.
8.
Ils
et
semées de dessins
portent
la
caliga, qu'ils
appellent braie {braca). Leurs saies sont épaisses ou légères
suivant
la
saison, agrémentées de bigarrures
fournies, et retenues par des fibules. Leurs armes sont 2
LE COSTUME EN FRANCE.
i8
le
bouclier, orné d^insignes distinctifs; le casque de
bronze garni d'un cimier proéminent où on voit représentées des figures d'oiseaux et de quadrupèdes, ils
sont flanqués de cornes.
de
fer, à
Beaucoup ont des
ou bien
cuirasses
mailles; les autres sont nus. Ils font usage de
trompes à
la
mode
Pour
barbare.
sabre,
ils
portent des
épées oblongues qui pendent sur la cuisse droite, rete-
nues par des chaînes de
fer
ou de bronze. Souvent
leurs
tuniques sont ceintes de baudriers dorés ou garnis d^argent.
Leurs lances ont un
coudée, etc.
On
fer
de
la
longueur d'une
»
dirait en vérité la description
chevalier du
moyen
âge!
Nous avons
d'une armure de
que
dit
les traits
des descriptions classiques conviennent à peu près éga-
lement
peuples des bords du Rhône, du Rhin
à tous les
ou du Danube.
On
remarquera combien
les
auteurs
unanimement frappés de superbe des Gaulois. Nous avons cité
l'aspect
grecs et latins sont
barbare
cipaux
et
textes.
En résumé,
les prin-
d'après tous les documents,
compose des pièces suivantes 1° Le sagum (ou sagulum, d'où le fr. saie ou sayon, lœna); c'est un manteau carré, souvent très petit, qui
l'habillement gaulois se
:
couvrait les épaules,
comme
d'hui les pèlerines;
était
2"
bon
et
il
La tunique fendue, qu'on .peut
ce qu'on appelle aujour-
de laine
et
orné de dessins
;
à manches, dont parle Stra-
se figurer
comme une
blouse longue;
Les braies [braccœ)^ véritable pantalon étroit; 4» Les souliers de cuir {gallicœ, d'où galoches) ou 3»
des chaussons d'étoffe.
Un
tel
habillement devait surprendre
les
Romains;
aucune des pièces que nousvenons d'énumérer
n'était
CHAPITRE PREMIER.
Fig. y.
—
Bracelets gaulois (armilLv). (E. Chantre,
>9
VAge de
bron\e.)
LE
23
COSTUM
E
EN
!•
RANGE.
dans Tempire. Si on peut le rapprocher de queldu que chose, ce serait de certains costumes asiatiques, costume phrygien, par exemple. usitée
Fis.
Collier de
femme
gaulois et fibule. (Rev. archéol.
Bijoux.— L'or était j'épandu en Gaule. Nous avons des spécimens nombreux de torques, de bracelets [armillce],
de chaînes garnies de bijoux de suspension,
de fibules, d'épingles de toilette d'un travail souvent très fin et très élégant, d'anneaux de doigt et d'oreille.
Armement. La cuirasse
— (Voir d'or
et
Varron.)
ou de bronze
n'est pas
Polybe
sont des lames cousues sur
un corps de
massive; ce
cuir; elle n'est
pas complète, mais composée d'une sorte de hausse-col ou plastron et d'une large ceinture ou baudrier {balteus).
CHAPITRE PREMIER. Le casque est aussi souvent de cuir plaqué de métal; visière, quelquefois avec il est en forme de calotte, sans des insulaires, terminé en pointe ou surmonté d'une
li^. II.
—
Armes
gauloises {l'Affe de bronze).
crête. (Voir la description
de Diodore.) César composa portaient une
une légion gauloise dont
les
alouette sur le casque,
qu'on appelait pour
raison
Valauda.
et
Le bouclier
vale ou de losange.
soldats
est
cette
long, en forme d'o-
LE
i!t
On
COSTUME EN FRANCE.
trouve des brassards
qui devaient
et
des garnitures d'anneaux
une lourde, mais excellente pro-
être
tection.
Les armes offensives sont:
Le trait {gœsum)^
la
lance
et le
madaris, déjà
nommés;
Fig. 12.
Rondelles gauloises {\'A§^e de bronze).
Le
saiinion,
dont
arme de bronze analogue
à la hallebarde,
lame est tantôt droite, tantôt recourbée la lance et répée massive; la hache {celtis), d'une forme primiti\e rappelant la hache de silex. la
;
Enfin, les musées spéciaux,
Germain,
offrent des
comme
celui de Saint-
modèles de trompes, d'enseignes,
animaux de bronze, qui servent plus à l'ornement qu'à la défense, et d'objets dont on ne connaît figurant des
CHAPITRE PREMIER. pas bien Tutilité
ressemblent à
qui de
grands
On le
et
sistres.
remarquera
style des
ments sur
mes;
il
orne-
les
ar-
n^est nulle-
ment classique; on y trouve
la
plus
grande analogie avec Tornement Fig.
Scandinave. Iconographie.
—
ij.
Rondelle gauloise (VA^e de bronze).
Quels monuments figurés avons-nous de
la
période
antérieure à la conquête
romaine
?
Les Gaulois
aucun ne
art plastique; ils
se sont pas représentés
eux-mêmes la
n''avaient
et c^est,
pour
connaissance d'un peu-
ple, la pire des lacunes.
Cependant,
les
médailles
frappées en Gaule don-
nent quelques renseigne-
ments.
On
sait qu'elles sont, le
plus souvent, des imitaGladiateurs gaulois (Longpérier).
tions
barbares de coins
arecs;
mais OU y trOUVe
des cavaliers revêtus du costume national et des avers
LECOSTUMEEN
a+
assez typiques.
Nous avons donné
d'armes trouvées dans Il
est
FRANCE.
difficile
les
plusieurs spécimens
sépultures gauloises.
de leur assigner des dates;
comme
nous allons le voir, il n'y a pas de différence tranchée entre une belle arme gauloise et une arme mérovingienne.
Fig.
15.
—
Orante (Catacombes de Rome).
II
epoque gallo-romaine.
haut et bas empire.
(du premier siècle a l'an 490.) Retiré dans son
au
pag-iis ,
milieu
des forets qui couvraient
les
trois
quarts delà Gaule, l'habitant des
cam-
ou
des
pagnes
,
vagues,
terres
longtemps
garda
mœurs barbares. De même les
—
Fig. 16. Médaillon clirétien. (Martigny, /In^ chrct. Hachette, éd.)
des
champs conserve, dans
Tempreinte de
la
que, de nos jours
encore
,
Thomme
certains cantons reculés,
sauvagerie
primitive, le paganus,
LE COSTUME EN FRANCE.
26
demeura simple environnante. Mais
celui qu^on appellera bientôt le vilain,
rustre à côté de la civilisation
et
populations qui
les
se
trouvèrent en contact direct
romaine prirent bientôt tous les dehors de la culture latine. Le midi de la France, la Provence [Provincia) eut de bonne heure les mêmes avec l'administration
mœurs que
métropole. Les vieux Romains voyaient
la
avec honte des sénateurs gaulois siéger entre Cicéron
Rome
et
Brutus.
et
Viiniforme,
que
la
donnait à
la livrée
Gaule
la
modes
mode
ton de la
administrative, en
Gaule envoyait à Rome, ou
faveur, des
le
même temps
elles obtenaient la
provinciales. Les colonies militaires
d'Octave, les villes augustales, faisaient rayonner Tinfluence latine.
Lyon
était
une
Sacrovir enrégimenta quarante mille
cinquième
était
armé comme
La
capitale.
révolte de
hommes dont un
les légionnaires;
il
s'y
un contingent d'esclaves destinés au métier de gladiateurs ou crupellaires une armure de fer les coujoignit
:
vrait tout entiers. Caligula, Il
Asiaticus,
Domitius
S'il
fut l'ami des
aimait à s'entourer de Gaulois (Valérius
barbares.
Gaulois.
né à Trêves,
Afer).
—
Claude, né à Lyon,
eût vécu, dit Suétone,
il
était
eût accordé le
aux Espagnols, aux Bretons et aux Gaulois, surtout aux Eduens. L'Aquitain Vindex donne l'empire à Galba; Othon entre dans Rome droit de cité à tout l'Occident,
avec l'aide de légions composées de Germains, de Gaulois et de Bataves. Vitellius est
En résumé
Gaule
nommé
par
la
Gaule.
romaine moins d'un siècle après la conquête de César. Les Méridionaux affluaient à Rome, ou ils tenaient les emplois de médecins, la
était déjà
de rhéteurs, de mimes. Pendant ce temps, un artiste gau-
CHAPITRE Zénodore,
lois, tait
dans
la ville
appelé à
et était
le
27
II.
premier que nous connaissions, sculp-
des Arvernes
le
colosse du Mercure local
Rome par Néron,
L'influence
politique de la Gaule est incessante
lousain Bec intronise Vespasien
Antonin
;
:
le
le
tou-
pieux
sort d'une
famille de Nimes.
Au premier siècle de Pempire,
au second, nit
au
gaulois;
troi-
elle essaie
se séparer,
un
elle four-
empereurs
des
sième
Gaule
empereurs;
les
fait
la
de
de former
empire
gallo-
romain. Mais ce qui
nous de
intéresse,
c''est
Tassimila-
voir
tion progressive qui fut le fait de la
con-
quête romaine.
Bientôt après, toutes les villes de
quelque importance étaient
lieux
des
de
chefs-
départeFig.
ments romains; tout le
monde
celtique).
était client
de l'administration romaine; ainsi
17-
Le dieu Tarann {Rev.
la
créée portait le vêtement
bourgeoisie nouvelle,
romain, tous ceux du
LE
28
COSTUME EN FRANCE.
moins qui avaient le titre envié de citojrens romains. Quant aux autres, comme le dit Quicherat, « ils empruntaient à leurs
dominateurs
les
modes de
fantaisie
qu'il était
permis à
un homme
libre de
s'approprier.
Ainsi
,
»
dès
le
commencement de volume, nous avons à parler de ce
cette et
chose étrange
diverse
qu'on
la
mode.
Un monde
qui sort
appelle
de la barbarie
et
l'inconscience Fig.
18.
Bas-relief
—
jette Populations du
d'Adam-Clissi
Car
mode
Danube.
(Revue
archéol.).
dans
de se
le dilet-
tantisme aux pre-
miers jours de son
un dilettantisme, une inclination à la nouveauté, une recherche factice de mœurs insolites ou exotiques, un symbole de la versatilité des goûts de l'homme. Le caractère national du costume qui £t des raisons d'être naturelles et hyéveil.
la
est
,
giéniques,
quand voir.
—
perdu
ou
du moins bien obscurci
—
mode se font sentir, insouvent réciproques, comme nous allons le Il arrive un moment où on peut dire qu'il n'y
les
fluences
est
influences de la
a plus ni costume
romain
ni
costume gaulois. La
civi-
CHAPITRE lisation procéda en effet, ère, sur notre sol,
comme
29
II.
aux premiers elle
siècles de notre
procède encore vis-à-vis
des tribus sauvages, par la séduction de la nouveauté.
que nous n'avons pas Gaulois autant que
La
toge,
le titre
plut aux
à
décrire,
—
Colonne Trajane.
honorifique
qui leur donnait
le
droit de la porter. I
coudoyaient
Is
dan s les rues, pavées à
romaine, des
la
gens du
commun
portant des braies
ou bien habillés de tuniques qui,
ces
par un
phénomène
inverse, furent de
mise
à
Bassien
Rome et
temps après lui
valurent
nom
longlui, et le
faite
sur-
de Caracalla.
La caracalla, que
sous
les
Fig.
telle
Gaulois
19.
•
(Froehner, Rothschild,
la portaient, était
éd.)
courte et dégagée, et
de plusieurs bandes d'étoffes cousues ensemble;
pour raccommoder aux habitudes civiles, Bassien la fit confectionner ample et traînante. Les Romains s'amusèrent de cette folie; tout le
monde voulut
essayer des
nouvelles tuniques, qu'on appela antoniniennesK I.
lée
Voir Strabon,
palla gallica.
IV, iv, 3, Martial,
I,
xciii, 8, oia elle est
Cet appe-
LE COSTUME EN FRANCE.
JO
exemple est bien connu; on en peut citer d'autres. Marc Antoine portait des chaussures gauloises {gallicœ, d'où galoche], souliers bas, n'allant pas
une semelle épaisse
Fig.
20.
—
et
une
petite
à
la cheville,
avec
empeigne découverte
Colonne Trajane (Frœhner).
sur le devant du pied. Auguste, par hygiène, adopta les braies barbares qu'il portait lante, et
beaucoup de
comme une
textes et de
culotte col-
monuments prou-
vent que l'usage des braies, des caleçons blancs ou de couleur, fut très répandu à Rome. Plutarque nous
montre Cecina haranguant son armée dans
costume d'un chef gaulois, avec des bracelets et des anneaux. Gallien s'affublait d'une perruque d'un blond ardent. Bientôt d'ailleurs, la toge elle-même tombe en discrédit dans la
Rome
le
nouvelle. Elle est remplacée dans
CHAPITRE
31
II.
remploi journalier par la lacenie onpénule, et ce dernier mot nous montre que ce vêtement était d'origine étrangère, carthaginoise. Sa forme était celle d'un ample
Pig. 21.
—
Figures empruntées aux cippes de Bordeaux.
(C. Julian,
Archives municipales.)
sarreau à capuchon [vestimenta dansa] sans manches,
ou d'un manteau de voyage. rat, sortaient
de
la
«
Les mains,
dit
Quiche-
lacerne par des fentes pratiquées sur
La pénule, lorsqu'elle était fendue, ne l'était que par devant, du bord inférieur au milieu du corps. Les bras se trouvant complètement emprisonnés, on les côtés.
remédia à
cet
inconvénient en échancrant
sur les côtés, forme sous laquelle elle prit
la le
pénule
nom
de
LE
?a
birre.
—
»
COSTUME EN FRANCE.
Ces vêtements sont ceux de
la
bourgeoisie
gallo-romaine;
ils
ne sont point de
cérémonie; nous
voyons figurés
les
sur
les
monu
-
ments trop rares et
bien grossiers
de répoque.
La
coupe de
la-
cerne est Figure empruntée aux cippes
jonction
de Bordeaux (C. Jullian).
stitution au
capuchon d'une
retombant dans dos. Pou-r
un peu
modifiée par Tad-
—
Fig.22.
la
gnets sorte
et
de poila
sub-
d'écharpe à bouts
le
les vê-
tements plus com-
muns
les
,
soies
fabriquées par les
Atrébates sont expédiées
jusqu'au
fond de riialie. Langres
Saintes
et
fournissent des ca-
puchons
à
'longs
poils, surtout portés
par
les
gens de
campagne, des cueillies ou bardo-
Fig.
2j.
la
cueillie^
Catacombes de
Rome
(Roller).
cape illyrienneou bardaïque, capuchon séparé
CHAPITRE
II.
33
du manteau. D'un usage semblable était Vamphiballus, large manteau de voyage, la bigera, faite d'étoffe bourrue. Le }^alliiuu, Tantique pallium, au contraire, était d'un usage relevé; Tertullien porte
le
pallium carré
attaché sur Pépaule gauche par une agrafe, et ce vête-
ment deviendra plus
tard
un important symbole dans
les investitures ecclésiastiques.
Passons aux vêtements de dessous.
— Ce sont deux
tuniques superposées, avec ou sans ceinture, avec ou sans manches. Celle qui se portait sur la peau était
la
La tunique sans manches porte le nom de colobium deux morceaux d'étoffe dans lesquels étaient ménagés trois orifices. Les étoffes de ces tuniques étaient ou blanches ou colorées de teinture variant
subucula.
:
entre le vert, le rouge et [clavi]^
comme
le
violet et décorées de
bandes
ou de découpures de forme paragaudes]
la toge,
variées [callicules,
.
—
Costume des femmes. L'ajustement des femmes resta plus longtemps fidèle aux formes antiques que le costume viril. La stola, la longue tunique talaire, a gardé la vogue ainsi que la palla et le pallium. « La palla, dit Quicherat, est une sorte de mantille obtenue par l'agencement très compliqué d'une pièce oblongue pliée en deux dans sa longueur et percée d'une fente dans laquelle on passait le bras gauche. Au moyen d'une broche piquée sur chaque épaule, la palla était divisée en deux pans sur le dos et la poitrine. » Les
Gallo-Romaines suivaient toutes les modes de Rome. Leur coquetterie était extrême; elles portaient le strophium, qui est une sorte de corset, riches
usaient de tous
les
fards,
de
tous
les
cosmétiques 3
3
LE
+
COSTUME EN FRANCE.
échafaudaient leur coiffure selon toutes les façons bizarres que les bustes romains nous représentent. Mais s'agit-il d'une Gallo-Romaine de médiocre
connus
et
^^^ Jji^rWWl
on
aura
condition
,
peine à
distinguer de
la
son mari sur
ments
même
:
même
monu-
les
lacerne,
même
écharpe;
pénule,et coiffure pres-
que semblable. Enfin bijoux
goût des
le
dominant;
est
avons de
nous
époque
cette
anneaux
des
sigillaires de tout et
de tout prix. pas
N'oublions
sures.
Nous avons vu
que
braie
la
nue,
en
est deve-
passant
Rome, une courte. 24.
—
le
chaus-
des
chapitre
Fig.
métal
Il
par
culotte
fallut
com-
pléter l'habillement des Orante.
Catacombes.de Rbnie (RoUer).
verses [tibialia], guêtres
jambes par des enveloppes de formes di-
ou bas de couleurs
variées,
sans pied, retenues par des cordons. Cela se terminait par la sandale classique, par le calceus et le brodequin
romains, parla semelle [solea],par rustique qui s'est civilisée [gallica
\a g-allica,
sit pedibus
chaussure
molli redi-
CHAPITRE mita papy ro] chée par
35
enfin par la caliga, vraie bottine atta-
et
montaient
qui
bandelettes
des
II.
jusqu'aux
genoux et porte'e par les deux sexes. Au commencement du Costume des chrétiens. m'' siècle, la Gaule était transformée. Par la création de
—
classes nouvelles dans la société, Tadministration ro-
maine
a diversifié le
Orants
modifiait
importé
si
le
et
costume en
même
Orantes. Catacombes de
Rome
temps qu'elle
le
(Relier).
profondément; ou, pour mieux
dire, elle a
costume en Gaule; désormais on ne couvrira
plus son corps de vêtements conformes aux seuls besoins de Phygiène; chacun s'habillera suivant sa condition, sa fortune
A dans et
la fin
de ce
ou son goût.
siècle, le
les provinces.
christianisme se popularise
Sans doute
le
costume des chrétiens
des non-chrétiens ne différa pas essentiellement; on
sait
pourtant combien
les
attachaient d'importance à
Pères de l'Eglise naissante la simplicité
de la
mise;
pour eux, une idée d'indécence est liée aux recherches de la toilette et ils recommandent de laisser les étoffes couvertes de fleurs aux initiés des mystères de Bacchus, les
broderies d'or et d'argent aux acteurs des théâtres.
COSTUME EN FRANCE.
LE
36
Tertullien adjure
les
femmes de bonnes mœurs de
renoncer aux coiffures dispendieuses, aux faux cheveux,
aux bijoux. Saint Jérôme leur adressera
aux fards
et
plus tard
les
plus
mêmes
supplications.
Nous
parlerons
du costume ecclésiastique, qui n'était pas constitué à l'époque où nous sommes,
loin
encore
—
clercs et laïques étaient vêtus de
—
même,
costume, de
l'u-
mona-
niforme cal,
du
et
qui étaitdéjà
dessiné dans n'^
siècle.
le
Ce-
pendant
le
tume des
vierges
vouées
cos-
se ratta-
che trop direcFig. 20.
tement aux for-
—
Chrétiens des premiers siècles
(Martigny
:
mes antiques
et
Antiquités chrétiennes}.
néo-chrétiennes
pour que nous n'anticipions pas légèrement. La chrétienne vouée était couverte d'étoffes sombres, mais non pas noires; le noir ne fut pas adopté par les chrétiens,
même comme voile antique,
signe de deuil. Sur la tête elle portait
appelé
désormais jua/ors,
fait
le
de lin
transparent.
Bas-Empire (290-490).— Mais
m*
siècle voit les
précipiter
événements de
(guerres de
Probus
la
seconde moitié du
l'histoire occidentale se et
de Constance Chlore
contre les Germains, révolte des Bagaudes)
;
au qua-
Fig. 27.
—
Diptyque de Monza
:
Théodosu
II
(Labarte, Hist. des Arts inJîistricls.)
(408-^50).
Fig. 28.
—
Diptyque de Monza
:
Galla Placidia
(Labarte, Hist. des Arts industriels.)
(r).
CHAPITRE
II.
39
trième, les empereurs chrétiens ne peuvent remédier
aux maux de Tempire. Les Germains appelés en Gaule par Constance ruinent quarante-cinq villes. Trois ans après
de Julien à Pempire dans
rélévation
Lutèce,
Valentinien bat de nouveau les barbares. Victoires partielles et illusoires...
Gaules à
la
Stilicon rappelle les légions des
défense de Tltalie,
et
en 406
les
barbares se
Fig. 29.
Le Christ
répandent dans
effacés
sous
le
la
(Catacombes de Rome, Roller).
Gaules. Les
les
conquête romaine, désastreux de
saints
et les
les
des traces durables
:
fléau.
l'organisation
ecclésiastique.
Le
;
effets
Rome
a laissé
du pays, Padminis-
—
et le
magistrature romaine
nom
les
dépopulation sont
la
Pourtant
tration, la constitution des cités la
politiques de la
abus de l'esclavage,
misère ou de
nouveau
va substituera
effets
la
christianisme
magistrature
de defejisor civitatis va partout
passer aux évêques.
Les barbares tombèrent
comme une masse
brutale
—
COSTUME EN FRANCE.
LE
40
sur
la société latine,
décrépite sous son luxe. L'Orient
désormais
pris
a
une
part
dans
les
monde.
énorme affaires du
Un
édit de
Dioclétien, réglant le prix des
de
denrées
toute
sorte,
mentionne
parmi
les
objets
lement
d'habil-
tarifés
les
chaussures babylo-
— Sarcophage chrétien (Leblantj.
Fig. 30.
niennes
,
les
dal-
matiques de Laodicée, les paragaudes de pourpre; depuis Héliogabale la
soie
est introduite et cotée à des prix exorbitants.
La Gaule
la
plus
reculée a descollè-
#
~
^^^-^
^,
-
=:--
-
-^
:''^!|]n,;]7]\
ges d'artisans tels
que
:
orfèvres [ar-
gentarii)
,
fabri-
cants de paillons et
d'ornements
en
fil
d'or [barba-
j'icarii)
riers
teintu-
,
[blattârii)
,
foulons, tailleurs
ou
(sarcinatores scaso7'es
leurs blatta
)
,
— Sarcophage
chrétien (Leblam).
tail-
[bracarii\^ est
Pig. 31.
de
pelletiers
pourpre;
le
[pelliones]
plumarium
.
est
L'élégante
une robe
CHAPITRE brodée de soie
et
II.
41
peut être enrichie déplumes;
de castor semble avoir
en usage [castorinatœ
été
peau
vestes],
ce
mot désigne une fourrure
figurer le
costume des empereurs
quoiqu'on ne sache pas
ou du drap noir. Si Ton veut se
la
si
chrétiens, des gouverneurs de province, des hauts dignifaut se rappeler
taires des cours
du Bas-Empire,
Constantinople
est la vraie capitale
de cette époque
et
des
modes
que
du monde
que
civilisé
luxe est décuplé par l'apport
le
orientales. Les fonctionnaires étincellent;
de pierreries
des satrapes, couverts
dirait
il
on
d'or, et
et
toutes les fois que la hiérarchie et les minutieuses éti-
du palais
quettes
le
permettent, leur exemple est suivi
au dehors.
Les
somptuaires
lois
tinien et
de faire
sont
Valens interdisent aux simples particuliers broder leur vêtements; l'usage de la pour-
remplace aussitôt celui des broderies,
pre les
empereurs prennent
de
cette
prohibe
matière
et
monopole de la
la
la société
si
la fabrication
les habits
être
un
de
soie....
petit Justi-
misère qui précéda
antique
bien que
contrebande. Gratien
Théodose
chacun voudrait
Et cela malgré
vellement de
le
poursuivent
les étoffes d'or.
C'est en vain;
nien.
Valen-
impuissantes.
le
renou-
changement de
et le
du monde! La tunique si commode, est naturellement
face
restée l'ha-
billement qu'on porte habituellement sur le corps. Ce qui distingue les classes sociales les unes des autres, c'est le
vêtement
jeté
sur ce dessous
:
plus
le
manteau
est étoffé
rang de celui qui s'en couvre en impose. Lebirre
plus
le
et le
cuculle sont la livrée des esclaves. Le manteau est
LE
+2
COSTUME EN FRANCE.
commun
porté court par les gens du
:
c^est alors la vieille
saie qui persiste; les fonctionnaires ont la pe'nule, qui a
gagné en ampleur
mêmes
et
ont endossée,
que
moins ample que
la
sénateurs romains eux-
trabea, sorte de toge majes-
la
tueuse, ou la dalm'atiqiie. était
les
La
«
Quicherat,
trabea, dit
toge dont elle avait
la
forme
;
elle se drapait
autour du corps de manière à former
une poche sur
la poitrine;
bras gauche.
que
un pan
ramené sur le Quant à la dalmatique, c'était une tunilarges manches ;... encore une importa-
»
flottante à
tion étrangère,
comme
le
nom
était
l'indique
!
Voilà, en apparence, des formes bien simples; mais
n'oublions pas que les étoffes étaient surchargées d'or-
nements; tuniques
et
manteaux
enrichis
étaient
de
broderies, d'applications, de franges et de passementeries
ruineuses. Signalons enfin
quelques
traits
du
costume féminin.
La
pièce fondamentale de ce
la stola ceinte
ou
talaire, et la
costume
dalmatique.
de manches aux tuniques que vers
v
tunique,
est la
On
ne voit
La dalmatique et l'ample pallium se prêtent aux ornements les plus luxueux. Les plus simples sont ces deux bandes qui partent du cou pour descendre jusqu'au bas de
la
robe
et
qu'on voit
si
le
siècle.
souvent représentées.
A
part les riches bijoux et certaines pièces très ouvragées
comme
la
ceinture,
tale- entre le
che
et
classe,
le
il
n'y a pas de différence capi-
costume d'une femme mise sans recher-
costume courant d'un
sinon que celui-ci
est
homme
de
la
même
nécessairement bien plus
court.
Costume militaire du Haut
et
du Bas-Empire.
—
CHAPITRE Les Gaulois entrèrent dans
les
II.
lî
cadres des armées impé-
ou de légionnaires incor-
riales
au
titre
d'auxiliaires
porés.
Il
n'est
plus question de mercenaires barbares
comme
au temps d'Annibal; cependant
soumis
à la discipline
romaine
les auxiliaires,
et divisés
en cohortes
provinciales, sem-
con-
avoir
blent
servé jusqu'au
se-
cond siècle l'armement barbare des Gaulois.
Les
gionnaires
lé-
portè-
rent l'uniforme ro-
main; mais com-
bien celui-ci
se
transforma par l'effet
même
conquête!
de la Si les
prétoriens
soldats
et les officiers gar-
dent longtemps l'attirailromain, les
lé-
gionnaires chargés de protéger tière
32.
la fron-
—
Soldat auxiliaire.
(Colonne Trajanc.)
du Rhin, par
exemple, n'ont plus ni casques, ni cuirasses, ni jambières de métal;
ils
sont vêtus d'une tunique retenue par une
ceinture ornée de lanières, avec
nule; leurs armes sont à droite et le
tes et
un
le
poignard.
fichu autour
ou sans
la saie et la
pé-
bouclier, le /'//zon^.l'épée portée Ils
ont souvent
les braies
du cou. C'est une
cour-
sorte d'uni-
LE
4+
COSTUME EN FRANCE.
forme d'hiver. Le casque, lorsqu'il existe
un couvre-chef de métal sans
cimier.
une simplification générale. Pendant le Bas-Empire, les la
et
petite
est réduit à
En somme,
c'est
braies, la tunique courte
deviennent rhabille;"nent militaire;
saie
l'armement offensif
et
dé-
fensif varie suivant les pro-
vinces; ily a des corps d'archers, des escadrons de cata-
j^hractaires enûèremenlhar-
dés de métal, en lames ou
en mailles ^ Les généraux,
comme
les
dignitaires
de
l'ordre civil, portent la tu-
nique
longue
et
la
riche
chlamyde attachée sur l'épaule droite par une agrafe et
relevée sur le bras gauce
celui
des gardes
devait
comme
vêtement
che;
avoir
du
palais
perdu
toute
apparence martiale; solution
byzantine
Iconographie.
—
la
dis-
avait
pénétré
Les documents
l'armée. figurés,
pour
la
présente période, ne sont pas tous d'égale valeur. L'arc
de triomphe 'd'Orange nous a fourni des trophées d'ar-
mes de par
la
forme de
les auxiliaires.
celles
qu'on
vit
plus tard portées
Nous avons emprunté
Ce mode d'armure
à la colonne
était usité chez les Parthes, les Perses Sarmales. On en trouvera des exemples sur les basreliefs de la colonne Trajane. I.
et
les
CHAPITRE Trajane
II.
4S
représentation des Daces
la
des Sarmates
et
que nous donnons, avec un des types du soldat auxiliaire. Les figurines gallo-romaines sont rares le dieu :
Tarann revêtu de
la caracalle courte,
dont on connaît
plusieurs exemplaires, est une figure bien authentique.
Les stèles funéraires
ou dédicatoires gallo-romaines donnent de bons renseignements, quoique la
sculpture en soit bien
musées
la-
Sens,
de
Rouen, de Lyon, Bordeaux et celui
de
grossière. Les
de
pidaires
Cluny, à
Paris,
quelques
portraits
semblants de
de
offrent
res-
commun. Pour
Fig.
du
gens
les rai(Rolles,
sons
que
3+.
Figure chrétienne.
Catacombes de Rome).
avons
nous
monuments romains renseignements que les monuments
énoncées, nous croyons que
donnent d'aussi sûrs
les
indigènes lorsqu'il s'agit de cette classe sociale; aussi
en avons-nous
fait
dessiner plusieurs, extraits des cata-
combes de Rome, où naturel.
vent
Les sarcophages chrétiens de
donner
aussi
pensons que
les
de
Gaule peu-
quelques explications.
Si
nous
Germains ou Sarmates, peuvent
pour type des barbares en général,
Rome pour type
tion dans la
la
au
barbares vaincus par les Romains,
qu'ils soient Daces,
pris
les chrétiens sont représentés
Gaule
et les
être
chrétiens
des personnages de médiocre condilatinisée,
nous croyons aussi que
les
-*^
LE
COSTUME EN FRANCE.
monuments du Bas-Empire
latin donnent une juste du costume porté par les dignitaires du v^ siècle. Le dyptique de Monza, par exemple, représentant Théodose et Galla Placidia, est un bon modèle.
idée
CHAPITRE
III.
III
GAULE barbare; GAULE OU FRANCE MÉROVINGIENNE (49O-752) Nous avons chapitre, que
dit,
la
premier
le
descriptions
les
populations de
dans
Gaule par
les
des
au-
teurs classiques semblaient convenir
bien
aussi
aux
races
germaines
qu'aux races gauloises. Les hordes transrhénanes, franques, burgondes Fig-
ou gothiques, apparaissent sur notre sol, au moment de la décrépitude
35-
Sceau de Childéric.
de TEtat romain, sous des dehors qui frappent les Gallo-latins d'effroi. L'absorption par les races déjà romanisés, de ces populations, toutes venues
de
l'est
de l'Europe, se
fit
L'empire romain, depuis est
selon des lois fort diverses.
Danube jusqu'en Espagne,
le
rempli, depuis l'an 3/5, par des Goths, tantôt colons,
tantôt ennemis, tantôt auxiliaires de cet empire. Lors-
que Ataulfe, chef des Wisigoths dans Narbonne Placidie, d'Honorius il
(41 31,
fille
et frère
d'Alaric, épousa,
de Théodose
et
sœur
un an après son entrée en Aquitaine,
parut assis, selon l'usage romain, à côté de sa fiancée,
lui-même la toge et le vêtement romain d'apparat, que nous avons décrit. Le luxe de Théodoric II, à qui échut (453) le royaume en costume de reine.
Il
portait
COSTUME EN FRANCE.
LE
d^Ataulfe augmenté de la provine toulousaine, a été
dans
décrit
termes
les
poète
le
hyperboliques
plus
les
rhéteur
et
Sidoine
chrétien
A la pompe
Apollinaire.
par
royale, qui est
calquée sur celle du Bas-Empire, aux gardes du corps, vêtus
de fourrures,
mêlent de véritables barbares, qui
se
marchent toujours vêtus de peau et de
ceints d'une épée, toile et
chaussés de
bottes en cuir de cheval attachées haut
par des lanières entre-croisées. Fig.
Des Burgondes,
36.
Fibule franquï.
Jura depuis 41
établis à Touest
même
3, le
du
Sidoine dit
(L'abbé Cochet.)
seulement qu'ils employaient
comme pommade,
rance tait
un justaucorps de
les
ser. Il
un manteau
Goths,
^s^^ ^
à civiii-
et faciles
comme
jouant
de conquérants terribles
parmi
barbares du
vaincus.
coudoyaient étaient
leurs
v* siècle
Depuis les «
longtemps,
ils
Gallo- Romains;
ils
hôtes
gondes vivaient avec
comme
avec des
avec des frères, les
et
ne faut pas d'ailleurs se figurer
le rôle
des
blanche les
beurre
roi Sigismer por-
Burgondes étaient des populations
relativement douces
les
soie
Comme
de pourpre.
teint
que leur
et
le
».
les
dit
mais P.
imitaient 'dans leurs
Mais
les
Les Bur-
Romains non
sujets, »
«.
comme
Orose.
mœurs
Fig. 37.
—
Fibule
mérovingienne.
Ils et
leurs
costumes.
Francs priment en importance toutes
les
autres populations qui se mêlèrent à nos races. Sous le
CHAPITRE
nom les
^9
de Francs, des Germains de toute race composaient
meilleures
impériales dès
troupes
le
milieu du
une confédération de peuples flottant Germanie et Tempire, prêts à toute influence,
iir siècle.
entre
III,
la
C^était
qui se déclara généralement contre les autres barbares qui venaient derrière elle envahir
Eux
la
Gaule.
aussi sont le plus souvent couverts de
hêtes, pel lige >'i Franci.
Dans
peaux de
tableau que
le
Sidoine
Apollinaire nous a laissé des Francs de Chlodion, les décrit
comme
des
«
monstres
«.
«
Du sommet
il
de
leur crâne rouge, dit-il, descend leur chevelure serrée
en toupet,
et
leur
nuque
épilée est à découvert.
Dans
yeux glauques roule une prunelle qui a la transparence et la couleur de Peau. Leur menton est rasé et, au lieu de barbe, ils ont des mèches arrangées avec le peigne (favoris). Des habits serrés emprisonnent très étroitement leurs membres. Leur jarret se montre sous leurs
une tunique courte. Un large ceinturon maintient leur ventre maigre. Lancer des haches à double tranchant, faire
tournoyer leurs boucliers, arriver
avant leurs
piques surTennemi, sont des jeux pour eux.
nique en question avait saie verte, à
La tudes rudiments de manches. Une
bandes écarlates,
était
»
Les
jetée dessus.
manteaux appelés rhenones étaient de peaux cousues ornés aussi parfois de bandes de couleur. Les cuisses et les
jambes restaient nues;
les pieds étaient
chaussés
de bottines de peau. Ainsi Textrême simplicité plus grand luxe se
voyaient côte à côte.
sauvagerie primitive s'effaça vite sent déjà
moins
terribles
Les objets de métal
;
les
Du
et
le
reste,
la
Francs apparais-
dans Agathias.
et les
bijoux qui nous ont été
COSTUME EN FRANCE.
LE
s°
conservés dans les sculptures barbares sont à peu près identiques à ceux qui nous restent de l'antiquité gauceinturon loise; ce sont des fibules, des plaques de (le
ceinturon
Gaulois;
il
était à
avait là,
chaînettes, tout
son
proprement parler
pendu attirail
à des
courroies
de voyage
ou à des
de
et
Fis-
Fig. J8.
Agrafe mérovingienne.
trousse du
la
toilette,
19-
Agrafe mérovingienne.
(Abbé Cochet, Tombeau de Childéric.)
bourse, couteau, briquet, peigne, etc. ; les femmes portaient le même ceinturon (Quicherat) ; enfin des col-
de verroteries et des bracelets. Le bracelet [armilla, dextrocheriw7i), porté au bras droit est commun aux
liers
deux sexes; on en fait de tout métal et de tout prix. Les femmes franques s'habillaient comme leurs maris Tacite nous Ta déjà dit des femmes germaines. Les ;
manches courtes de leur tunique la poitrine et les
une
laissaient le haut de
bras à découvert.
sorte de calotte
nommée obbon
Leur (Cf.
antiquités gr. et lat., v» Obba, obbatiis).
coiffure était
Rich.,Dict. des
CHAPITRE Quant aux armes,
III.
S«
ce sont toujours la
dague courte
ou poignard porté à droite, Tépée passée dans le balteiis, la /ramée, qui est un fer long et large garni de crochets à son emmanchure, et Van-
gon ou
javelot barbelé. Les chefs ont
adopté
le
[lorica]
casque,
et
cotte de maille
la
jambières de
les
cuir, à
rimitation des Romains. Si la
tenue de campagne, qui
est la Fig.
grande tenue pour tous se
hommes,
les
rapproche beaucoup de
trement
+o.
Hache franque.
Taccou-
de l'armement des barbares des provinces
et
transrhénanes,
le
costume royal,
cour, porté par les patriciens
et
celui d'apparat et de
dignitaires,
les
est
demeuré sous la première race le costume romain dont nous avons parlé au précédent chapitre. La même hié-
Fig.
rarchie, les
Agrafe iriérovingienne.
41
mêmes symboles
prérogatives ont force de
apprend que Clovis, remit
les
le
loi.
jour
d'investiture, les
mêmes
Grégoire de Tours nous
oti
honneurs consulaires
l'empereur Anastase (5 10),
plaça
le
diadème
sur sa tête et se revêtit de la tunique de pourpre la
chlamyde
officielle.
doivent être considérés
Les
rois de la
comme
lui
et
de
première race,
des délégués impériaux
quoiqu'ils ne le fussent que nominalement.
Ce
n'est pas
LE
S''»
COSTUME EN FRANCE,
en tout cas se tromper de beaucoup que de se senter
comme
fort
analogues pour
le
les
repré-
costume aux
consuls
et
aux séna-
teurs qui formaient la
empe-
des
suite
reurs latins zantins ou
pour eux
by-
et
aéraient
pro-
les
vinces.
Le Justinien et la Théodorades mosaïques de Ravenne sont à peu près le portrait de Clovis et
de
Clotilde.
«
Les
descendants des
fa-
milles
du
illustres
pays, dit Quicherat,
ou évéques, devenus les conseillers du monarque franc, formèrent autour de lui un consistoire ou se patriciens
maintint Fig. ^i.
—
Costume consulaire.
(Louandre. Arts somptiiaires.)
le
cérémo-
nial observé guère
dans
le
toire des Gaules.
dignitaires barbares ces
du
nouveaux usages,
nom
napré-
Les
palais se façonnèrent bientôt à
et,
comme
ils
furent décorés du
d'illustres, ils se firent gloire de porter les habits
CHAPITRE qui désignaient
la
III.
S3
classe des Illustres dans la hie'rarchie
Ces habits sont ceux que nous avons déjà décrits, la chlamyde, rattachée sur Tépaule droite, et la tunique courte, à manches ornées, ceinte de deux romaine.
»
écharpes.
Par contre, une coutume d^origine germaine préc'est la coutume de porter les cheveux longs. vaut :
Porter sa chevelure pendante sur les épaules
que de l'homme
ment lois
ornement. (La tonsure
est
un
châti-
mentionné par Tacite comme un trait des germaines.) Les cheveux courts sont aussi la déjà
marque du naturel,
par
mar-
une dégradation que
libre. C'est subir
d'être privé de cet
est la
les
servage.
la
De
là
sans doute, par un passage
tonsure adoptée
moines,
les
comme
clercs, et tous
l'habit ecclésiastique, font
vœu
signe distinctif
ceux qui, en prenant
d'obédience
et
d'hu-
milité.
La nouvelle noblesse des conquérants
tient à sa
prérogative de porter les cheveux longs et la barbe lon-
gue également;
elle se
distingue par là nettement de
tous les personnages d'ancien régime, parmi lesquels le
clergé s'est volontairement rangé, qui suivent encore
l'usage romain.
Sous encore
la
fixé,
seconde race,
le
quoiqu'il soit
costume du clergé
n'est pas
défendu aux clercs de se
montrer en public avec l'armement et le vêtement des laïques. Le blanc est la couleur réglementaire du costume ecclésiastique et des néophytes; mais, pour mieux personnages du clergé, qui font en quelque sorte partie de la cour, étalent un grand luxe. L'évéque Berthramm se promène, en attirail romain,
marquer leur rang,
les
LE
s+
COSTUME EN FRANCE.
sur un char à quatre chevaux. Saint saint Eloi,
«
Ouen rapporte que
plus par bienséance que par goût,
«
se
couvrit de vêtements
Ceux
magnifiques.
de dessous étaient de
FlfEUClSYCCOMMA
fin lin
orné de bro-
deries
de
et
clin-
quant. Ses robes de
dessus étaient d'étoffes fort riches et plu-
sieurs
tout en
soie
[holosériques]; Tha-
bit entier n'était
qu'un tissu d'or et de broderies. Les manches, richement ou-
vragées,
termi-
se
naient par des brad'or
celets
de
et
gemmes. Pareille était la ceinture
reiîle
encore
bourse qui attachée. Les
y
;
pala
était
habits
de soie ou tissus en Fig. 43.
—
oret ornés de perles, Costume consulaire.
(Louandre, op.
les franges d'or,
cit.)
sont
souvent men-
tiennes. Chilpéric reproche à Prétextât d'avoir soustrait
une bordure de robe
tissue de
fils
d'or.
Ces
étoffes pro-
venaient fréquemment des ateliers gallo-romains; mais
CHAPITRE le
goût en
était
A
oriental.
III.
la
SS
foire
de Saint-Denis,
fondée en 629 par Dagobert, se faisait rechange des marchandises orientales contre les saies de laine à long
capuchons,
poil, les
vêtements pauvres
les
et solides.
Les femmes de qualité châsses
(cf.
sans manches, les
tuniques
sont
comme
ornées
des
les
mosaïques de Ravenne). Leurs tuniques de des-
sous {c ami s a), leurs tuniques de- dessus,
rées de les
,
déco-
callicu-
segments,
claves,etc.
;
leur
pallium;la large
sait
sur
épaules
—
Fig.. 44.
bande qui pas-
(Lasteyrie,
Couronne des
rois Gotlis.
Trésor de Guerra\ar.)
leurs
comme un
fichu rigide et retombait par devant,
leur tour de cou {monile) surchargé d'orfèvrerie; leurs
manchettes (manicce) terminées par des bracelets, leurs voiles (ciifea),
{ma/ors), leurs turbans {ricimis), leurs coiffes étaient autant de prétextes
à
broderies
et
à
l'application de pierreries.
Désormais, nous Pavons
dit, les
braies désignent des
culottes courtes, continuées par des
jambières
lesquelles Quicherat reconnaît les tubraqiies,
dans
ou par
de véritables bas, primitivement appelés tibialia, puis calcice (d'où chausses), et qui, avant d'être tissés d'une
pièce, étaient taillés
dans des
étoffes souples.
Les chaus-
COSTUME EN FRANCE.
LE
5^
sures en usage sont le soccus, soulier sans lien, \a.caliga
munie de
militaire et monacale,
bandelettes, le
pantoufle à oreille qui est d'apparat
giis,
portée par les rois culiis (escarpin).
et les
se
et
évêques; ajoutons
campavoit
carpis-
le
Enfin, d'après Quicherat, tous les indi-
gènes de la Gaule portaient des gants au vr siècle; on les appelait
mants. Cet usage semble avoir été connu
des Celtes; en tout cas, les Germains l'adoptèrent pour
un temps.
.
Charles Louandre [Arts somptuaires)
résumé
l'histoire des
vingienne «
Une
modes pendant
la
a
fort bien
période méro-
:
lutte constante entre les
modes romaines,
modes barbares
et
prédominance de ces dernières dans les costumes d'apparat, la séparation du costume laïque et du costume clérical, un goût singulier
les
et
tout à
fait
saillants
dit-il,
barbare pour le clinquant,
de l'histoire
bres.
sont les points
tels
du costume dans
qui se termine à Pan 75 les efforts
la
i
et
cette
restera toujours,
période
malgré
de l'érudition, enveloppée de tant de ténè-
»
—
Les monuments figurés authen-
effet
bien rares encore pour cette pé-
Iconographie. tiques sont en riode.
Les médailles ne fournissent guère de documents fidèles.
M. François Lenormant dans son
volume sur
les
Monnaies
notre Collection, a traité
mérovingien avec et 599).
Gaule
Pour
sa
excellent
et médailles qui fait partie la
question du monnayage
compétence ordinaire
ce qui est des types,
à imiter les dernières
de
on
se
(p.
206
bornait en
espèces impériales frap-
CHAPITRE pées dans
la
III.
S7
région. Les types d'Anastase et de Jus-
tinien servent de
modèles au mon-
-=â=
nayage mérovingien. Bien souvent, ces
ne
les piè-
portent
que des
inscrip-
tions.
Quant aux sceaux,
la repré-
sentation
bar-
bare des souve-
^S.
—
Couronne des
rois Gollis.
(Lasteyrie, op. cit.)
rains de la pre-
mière race y consiste simplement en une tête de face à longs cheveux divisés sur
le
front.
Il
faut se
défier de plusieurs sceaux
plus
apparence,
en
sants
comme
des statues
pierres
tombales
tendues nes
qu'on
œuvres rois Gotiis.
(Lastcyrie, op. cit.)
de Clovis
de
et
de
sont des
beaucoup
On
peut
voir au portail de maintes églises des ^portraits
de Clotilde, par exemple; mais
démontrer qu'elles sont
pré-
souvent
a
postérieures.
— Couronne des
ou
mérovingien-
publiées; ce
Fig. 46.
intéres-
relativement
il
est aisé
modernes.
LE COSTUME EN FRANCE.
58
Notre principe étant de ne reproduire que des monuments d'une authenticité parfaite et qui soient contemporains, à quelques années près, des
modes que nous
décrivons d'après les auteurs, nous renvoyons le lecteur, pour le costume d'apparat des premiers rois bar-
aux mosaïques de Ravenne. (V. dans notre Collection, Gerspach, la Mosaïque^ p. 33 et 399.) Nous donnons deux ivoires du bares, consuls de l'empire romain,
pig. ^7.
—
Fourreau de
l'épée de Childéric (Cochet).
Cabinet des médailles, pour
tume
tels
représentation du cos-
consulaire.
Nous avons dit
la
extrait de la publication
du tombeau
de Childéric l" par l'abbé Cochet plusieurs objets que fibules, agrafes, armes, etc., trouvés dans le
tombeau
et
dans d'autres sépultures franques
et
méro-
vmgiennes.
Le tombeau, découvert
à
Tournay en 1 65 3,
contenait
des étoffes qui ont été dispersées. Quelques objets de
métal, parmi lesquels le fourreau d'épée que nous avons sont aujourd'hui conservés à la Bibliofait graver,
thèque nationale. Enfin, noiis donnons, d'après
M. F. de
le
bel
ouvrage
de
Lasteyrie, le dessin de trois couronnes trou-
vées dans le .trésor de Guarrazar, auprès de Tolède. Ces couronnes nous donnent la forme de celles que
CHAPITRE portaient les rois Gotlis à la fin
rapproche encore une
fois
IV.
du vu"
59
siècle.
Qu^on
les
de celles qui sont figurées
sur les mosaïques de Ravene, et Ton verra que ces dernières sont
le
fidèle tableau des
pompes
impe'riales et
royales de POccident et de TOrient entier.
LE COSTUME EN FRANCE.
6o
IV FRANCE CAROLINGIENNE
(/S 1-888)
Le temps des grands bouleversements est passé. Aucun changement radical ne s'opère, sous la seconde race,
dans
la
physionomie, dans Textérieur du peuple
Les invasions
franc.
Sarrasins, des
des
partielles
Normands, des Hon-
grois ne changent rien à la face de
mo-
rOccident; mais d'importantes
difications altèrent le caractère pri-
mitif du
costume
comment
Clovis. Voici
Saint-Gall,
magne,
de
moine de
de Charle-
ceux qu'il voyait
ornements des
des
étaient
le
biographe
a décrit
Les
«
Francs
des
brodequins
:
Francs
dorés
par
dehors, arrangés avec des courroies
^^
longues de delettes qui
trois coudées,
couvraient
des ban-
les
Jambes;
par-dessous des chaussettes de Fig. 48.
— Prince Franc.
(Louandre, op.
les
cit.)
bandelettes,
couIeur, ^^^.j^^
d'un
travail
Par-dcssus
ces
même
précieux
et
dernières
et
de très longues courroies étaient ser-
rées en
dedans en forme croix. Puis venait une che-
mise de
toile très fine;
un baudrier soutenait une
épée,
CHAPITRE et celle-ci,
6i
bien enveloppée, premièrement par un four-
une courroie, troisièmement
reau, secondement par
par une toile très blanche le
IV.
et cirée,
renforcée vers
était
milieu par de petites croix saillantes. Le vêtement
que
Francs mettaient par-dessus tous
les
les autres était
un manteau blanc ou bleu de
saphir, à quatre coins,
double
que, quand on
et
de
taillé
sur les épaules,
telle sorte
tombait par devant
il
jusqu'aux pieds, tandis que sur
peine les genoux. Dans
la
main
bâton de pommier avec une ciselé. »
La
et
les côtés
il
le
posait
par derrière atteignait à
droite, ils portaient
pomme
d'or
un
ou d'argent
saie gauloise, la saie bariolée, virgata sa-
gula, a remplacé
le
lourd manteau germain.
«
Le
sé-
vère empereur, dit ailleiirs notre auteur en parlant de
Charlemagne, qui trouvait la
quand
vit
il
les
écourtés aussi cher
donna de ne leur manteaux.
plus
commode pour
s'opposa pas à ce changement. Cepen-
guerre, ne
dant,
la saie
Frisons vendre des manteaux
qu'on vendait
acheter à ce prix
les
grands,
que de longs
et
il
or-
larges
»
Le luxe fut poussé, dans la période carolingienne, à un très haut degré. Les fréquents rapports qui s'établirent avec l'Italie sous Pépin et sous Charlemagne renouvelaient
le
goût de l'apparat. Les Francs passaient,
au dire d'Ermoldus Nigellus, pour des coupeurs, des tailleurs parfaits. La soie et les fourrures sont fréquem-
ment employées; tre,
le
ces dernières sont la martre, la lou-
chat, le loir, l'hermine et la belette
Les femmes,
les
membres du
clergé
ou
vair.
eux-mêmes
se
couvrent de pelleteries ou se confectionnent des bonnets fourrés.
LE
62
COSTUME EN FRANCE.
Les vêtements mentionnés par
La
:
ca^e, qui dérive de la caracalla, surtout très
pauvre ou
hommes
tées, le camsilis, le
commune aux
très riche,
ques, aux
serge;
auteurs sont
les
et
aux femmes;
qui est de
aux
clercs et
laï-
tuniques ajus-
les
lin, le sarcilis,
qui est de
theristriim ou chainse, manière de camisole; la
camisia [chemise)', les gants [jpanti^mqf-
fulœ, d'où moufles) avec ou sans doigts;
mouchoir {manipiiliis], Charlemagne promulgua plusieurs
le
édits
sévères contre le luxe de Thabillement;
lui-même prêchait d'exemple. Le moine de Saint-Gall nous rapporte le récit d'une chasse où l'empereur donna une leçon de simplicité aux seigneurs qui
gnaient
:
«
La journée
l'accompa-
était froide et
plu-
vieuse. Charles portait un habit de peau
de brebis... Les grands arrivant de Pavie, Mosaïque de
qù
les
S'-Jean de Latran.
,,
^
rient,
Vénitiens avaient apporté des pays ^
i
..
d outre-mer toutes les
étaient vêtus
•
u
j
richesses de
de Phénicie,
d'habits d'oiseaux
de plumes provenant du cou, du dos des paons, entourées de pourpre de
ii/-v 10-
et
Tyr
de et
la
queue
de franges
d'écorces de cèdre. Sur quelques-uns brillaient des four-
rures de
épines
loir...
par les
et
chés par
Aussi revinrent-ils déchirés par
le
lemagne, lorsqu'ils
ils
ronces, trempés par
sang du gibier.
les
la pluie et ta-
Sur l'ordre de Char-durent garder sur eux cet attirail qui, »
s'approchèrent du feu, se plissa, finalement,
rompit de
se
ré-
toutes
parts.
Charles, plein de finesse, dit au serviteur de la
cham-
trécit,
et,
se
.
CHAPITRE bre «
Frotte
«
un peu notre
rapporte-nous-le.
»
vêtement qu'on
lui
ce «
:
Quel
plus
dit-il,
le
précieux
et
plus
le
6i
habit dans
Montrant alors aux avait
mains
tes
rendu entier
et
assistants et
propre
:
main-
est
tenant,
IV.
utile
de
nos vêtements? Est-ce
que
mien,
le
acheté
Je n'ai
qu'un sou, ou les vôtres, qui vous ont
plu-
coûté
talents?
sieurs
»
Le même auteur nous apprend
que
les
succes-
seurs de Çharle-
magne, au moins jusqu'à le
Charles
Gros, restèrent
fidèles à cette plicité
sim-
de mœurs.
Eginhardnous a laissé la descrip-
du costume de Charlemagne
f ig. 50.
— Charles
le
Chauve (Louandre).
tion
:
u
Ce costume,
dit-il,
était celui
de
costume des Francs. Il portait sur la peau une chemise de lin et des haut-dechausses de même substance; par-dessus, une tunique sa
nation
,
c'est-à-dire
le
bordée d'une frange de soie; aux Jambes, des bas serrés
COSTUME EN FRANCE.
LE
6+
avec des bandelettes aux pieds, des brodequins. L'hiver, ;
un justaucorps de peau de couvrait les épaules la saie
dont
la
et la poitrine. Il revêtait
poignée
et le
par-dessus
baudrier étaient d'or ou d'argent.
en portait une enrichie de nierreries,
il
mais seulement dans
les fêtes solennelles,
avait à recevoir des députés. et
ter, si ce n'est toutefois à
Rome,
jamais
du pape Adrien d'abord, puis Léon, son successeur, tunique, de les
la
il
lorsqu'il
il
ne voulut en por-
lorsqu'à à
la
la
prière
demande du pape
se laissa revêtir de la
chlamyde etde
grandes
ou
n'aimait pas les cos-
Il
tumes des autres peuples,
ses
lui
des Vénètes et était toujours ceint de son épée,
Quelquefois
Dans
ou de martre
loutre
longue
chaussure des Romains.
la
habits étaient brodés d'or et
fêtes, ses
brodequins ornés de pierres précieuses; une agrafe
d'or retenait sa saie, et
il
marchait ceint d'un diadème
étincelant d'or et de pierreries; mais, les autres jours,
son costume
était
gens du peuple.
Pour
la
simple
et différait
peu de
celui des
»
tenue de campagne de Charlemagne, de-
mandons des renseignements au moine de Saint-Gall « Dans les rangs des soldats, dit notre auteur, on dis:
tingue Charles, cet
casque de
fer, les
sa poitrine de fer
homme
fer, la
fer, la tête
main
fer, la
main gauche armée d'une
droite toujours étendue sur son
invincible épée. L'extérieur de
que
les autres,
même Que
couverte d'un
mains garnies de gantelets de fer, et ses épaules de marbre défendues
par une cuirasse de lance de
de
ses cuisses, à la place
pour plus de commodité, dégarnissaient
de courroies,
il
l'avait
dirai-je de ses bottines?
entouré de lames de
Toute l'armée
était
fer.
accou-
CHAPITRE
IV.
es
tumée à les porter, comme lui, constamment de fer. Sur son bouclier, on ne voyait que du fer. Tous ceux qui entouraient le monarque, le gros même de Taravaient des
mée
armures analogues, suivant leurs
moyens. » Ajoutons que Charlemagne avait la
^
stature d'un géant
de neuf pieds.
Les historiens
nous apprennent
que Louis
Dé-
le
bonnaire avait
les
mêmes mœurs que son père:
'(Ja-
mais on ne voyait l'or briller sur ses
habits,
dans
ce n'est
si
les fêtes.
jours-là,
ces
et
il
une che-
portait
mise
A
des hauts-
Fig. $1.
de-chausses
bro-
dés d'or
avait sur
nait
;
il
dans sa main
la
un
— Charles
le
Chauve (Louandre).
une couronne
tête
sceptre.
et
te-
»
Nous avons moins de renseignements sur Charles le
Chauve.
mode
Il
affectait,
paraît-il,
de s'habiller à
la
des Grecs, et cette parure étrangère déplaisait aux
Francs.
Sous
la
seconde race,
les
cheveux étaient
courts, à la romaine; la longueur de la
taillés
chevelure n'a S
LE
C6
COSTUME EN FRANCE.
plus du moins de signification hiérarchique. Les insignes de royauté sont le bâton impérial, le globe, le
manteau [pahidamentum] et la couronne d'où pendaient, à droite ou à gauche, des fils de perles. Le paludamentum, grand manteau bleu ou blanc, long par derrière et
court sur les côtés est
un symbole de Tinvestiture
royale. Les jours de fête dont parlent les auteurs sont
de cour plénière, curiœ coronatœ^ véritables galas du temps. les jours
On
rencontre dans les chroniqueurs plusieurs mots
dont nous devons donner Pexplication. Le rock est un gilet de fourrure assez long que les Francs mettaient par-dessus leur tunique en hiver. Le mot est germa-
nique aussi bien que
terme de hosa\heiise), qui semble désigner des bottes molles de couleur. La brogne et le halsberg (d'où haubert] sont deux objets qui font partie de
le
Téquipement
la définition
militaire.
La brogne
était,
d'après
de Quicherat, une cuirasse qui se portait
deux tuniques, une sorte de corselet garni d'écaillés de métal ou de gilet renforcé par des lames de métal. Le haubert était une chemisette de mailles
entre les
garnie d'épaulettes de fer qui protégeait
bambergues des Francs ou de métal.
le
étaient des jambières
cou.
Les
de cuir
Complétons l'armement par la lourde épée hunnique à double tranchant et une sorte de morion de métal.
Les
pirates
grande rapidité. de peaux,
Nous
les
et
normands Ils
se
civilisèrent avec
une
apparaissent sur notre sol couverts
portant leur barbe
et leurs
cheveux longs.
retrouvons bientôt rasés, proprement mis
et
,
CHAPITRE
IV.
67
portant des gants de fourrure. Lorsque Louis
bonnaire octroya
le
baptême
le
Dé-
à He'rold, roi des Danois,
femme, à son fils et à sa suite, Hérold fut revêtu d'une chlamyde de pourpre ornée de pierreries et de à
sa
broderies.
Le
roi le ceignit de
ses bras,
mes
d'or
entouraient
cuisses
des courroies
;
;
«
à
chacun de
étaient
attachées
enrichies de
gem-
ses
brode-
des
;
propre épée
Ermoldus Nigellus,
dit
chaînes
des
sa
quins d'or enfermaient ses pieds
mains
reçut de
».
gante-
des
ornaient
blancs
lets
ses
;
Son épouse reine Ju-
la
dith une tunique entièflIlllllllllllllllllHlllllllllllllllllllllllllIl
rement
brodée
d'or Fig. 52.
un bandeau un lier un cercle ,
,
pour
le
llMUllMllIll.-IHlhlIllinillllIllfll.M-
— Matrones carolingiennes.
col-
(Louandre.)
d'or
cou, des bracelets, d'autres cercles pliant
les cuisses et
une cape
pour
d'or.
du costume des femmes. Il se composait de deux tuniques ou robes; celle de dessous, étroite et longue, avait les manches étroites Ceci nous
amène
à parler
fermées au poignet. Celle de dessus, flottante et relativement courte, avait des manches larges et couet
pées au coude. L'une et l'autre étaient décorées des éternels claves, callicules, etc. Une ceinture, placée
sous
les seins,
alourdi
Un
retombait par devant
par des ornements d'une
;
c'était
extrême
un
objet
richesse.
voile brodé, presque talaire, cachait la chevelure.
LE
68
Comme
COSTUME EN FRANCE.
Louandre, ce costume élégant dans son décor garde pourtant dans son ensemble quelque chose de sévère et de monacal. Les nudités germaines le dit
ont disparu. Le voile est
ample quMl
si
de
sert
man-
teau, de paîlium, enveloppe le
corps
et
en dissimule
mes. La figure seule tre à
découvert
les for-
se
mon-
on sent Tin-
;
du christianisme qui, imposant une en certaine mise aux personnes qui fran-
fluence
chissent
de
seuil
le
condamne par
l'église,
même
cela
les
autres.
Iconographie.
vons ni
Fig- 53-
carolingienne (Louandre).
encore
pas
renseigner
d'une
thentique.
Il
aux
nuscrits.
roi
sceaux,
nous
pour
le
Nous avons
nous
faut
Ceux
Chauve entourés de fait
au-
façon
et
de
la
en
pre-
du milieu du
nous représentent l'empereur Lothaire
Charles
n'a-
miniatures des ma-
mière moitié ix^ siècle
de
médailles
de
tenir
— Matrone
— Nous
et
le
leur suite.
reproduire deux exemplaires diffé-
rents des portraits de ce dernier, et celui d'un prince
franc d'après fin
du
IX''
un canon de
siècle.
Il
l'église
n'existe
Léon
III
de
la
aucune image authen-
tique de Charlemagne, excepté
mosaïque du triclinhim ou
de Metz,
peut-être
salle à
à SaintJean-de-Latran, à
la
célèbre
manger du pape Rome, œuvre de
CHAPITRE Part.
On
ne
peut
IV.
compter sur
('
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