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Chapitre
12
Comment analyser et expliquer les inégalités ? � MANUEL, PAGES 274-295
Erratum des spécimens envoyés – p. 276, doc. 2 : le revenu salarial annuel moyen (1re colonne) des personnes de 40 à 59 ans est de 22 300 € (et non 17 870) et le salaire journalier moyen (2e colonne) des 25-39 ans est de 57 € (et non 35) ; – p. 277, doc. 3 : les données entourées en rouge sont D9/D1 (3a) et l’année 2008 (3b) ; – p. 280, doc. 11 : dans l’avant dernière colonne du tableau, 10 % des enfants d’ouvriers sont devenus cadres (et non 23) ; – p. 286, doc. 24 : la question 52 fait référence aux documents 23 et 24 (et non 20 et 21) ; – p. 289, doc. 2 : la question 8 est supprimée et la question 9 devient la question 8. Dans le graphique, le point Z se situe sur la droite rouge, à l’intersection des deux graduations 30 ; le point X correspond au point Z sur le spécimen ; l’extrémité de l’axe des abscisses correspond au point C et l’intersection des graduations 100 (en haut à droite du graphique) au point A.
◗ But pédagogique et structure du chapitre • Ce chapitre présente le point 1.1 du premier thème des Regards croisés du programme, « Justice sociale et inégalités » : « Comment analyser et expliquer les inégalités ? ». La formulation de cette question peut sembler redondante : analyser les inégalités, c’est les décrire, en voir les mécanismes et les expliquer. L’intitulé de la question met donc l’accent sur les explications. C’est pourquoi ce chapitre est composé de deux parties. La première partie met en évidence le caractère multiforme des inégalités économiques et sociales, les définit et les mesure. La seconde partie explique l’évolution et le niveau des inégalités économiques (sur le long terme et dans la période récente, en s’appuyant sur des comparaisons internationales) et sociales (liées à des • 200
facteurs multiples et ayant un caractère cumulatif), en s’appuyant sur les regards croisés des économistes, des sociologues et des politistes. On notera que les inégalités de revenu après redistribution entre pays développés, qui peuvent être expliquées par la diversité des modèles de protection sociale, sont abordées dans le chapitre 13 « Comment les pouvoirs publics peuvent-ils contribuer à la justice sociale ? », conformément aux IC. Pour aborder ce chapitre, il est nécessaire et préférable d’avoir vu les chapitres 1à 3 et 8 à 11, ce qui permet de s’appuyer sur les aspects multidimensionnels des inégalités déjà vus (voir liens avec d’autres chapitres). • L’ouverture du chapitre prend l’exemple de l’habitat pour illustrer les inégalités dans ses aspects économiques et sociaux : inégalités entre pays développés et en développement, au sein d’un même pays. L’habitat révèle des inégalités de niveau et de conditions de vie entre les groupes sociaux. Par son caractère de dépense contrainte, par sa localisation, le logement exerce des effets sur d’autres inégalités économiques et sociales (autres dépenses de consommation, réussite scolaire des enfants, santé, etc.). Cette première approche permet de sensibiliser les élèves aux deux notions « inégalités économiques » et « inégalités sociales ». • La première partie reprend de manière explicite les indications complémentaires (IC) du programme (« on mettra en évidence le caractère multiforme des inégalités économiques et sociales […] »). La première sous-partie définit les inégalités économiques et part d’une analyse des données statistiques françaises portant sur différents types de revenus primaires (c’est l’occasion de distinguer salaire mensuel/revenu salarial, revenus mixtes et revenus du patrimoine), en utilisant des indicateurs de dispersion (écart et rapports interquantiles) et de disparité (comparaison en années de SMIC), conformément aux IC. © Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison
Ces inégalités peuvent être interprétées comme le résultat du fonctionnement des marchés imparfaits du travail et du capital, mais aussi comme le résultat de rapports sociaux de propriété. La deuxième sous-partie présente d’une part l’intérêt de comparer des niveaux de vie (revenu disponible par unité de consommation) pour mesurer les inégalités de revenu (doc. 5 et 6) en tenant compte de la taille des ménages et de la redistribution, à l’aide de plusieurs outils statistiques (les inégalités peuvent augmenter ou se réduire selon l’indicateur utilisé) et, d’autre part, les inégalités de patrimoine (distinction entre patrimoine brut et net) au cours des années 2000, selon le revenu, pour expliquer ensuite la concentration du patrimoine observé en France (doc. 7, 8, 9). La troisième sous-partie définit cette notion et distingue trois grandes catégories : celles qui relèvent de l’avoir, du savoir et du pouvoir. Les aspects multidimensionnels des inégalités sociales et leurs évolutions sont présentés : inégalités selon la catégorie socioprofessionnelle face au poids des dépenses de logement, dans l’accès à certaines pratiques culturelles, de destinée sociale et d’espérance de vie. Les inégalités de revenus selon la génération révèlent des inégalités de qualifications et d’insertion sur le marché du travail en fonction de la période. • Dans la deuxième partie, la première souspartie présente les inégalités de niveau de vie et d’IDH entre pays (doc. 14) et illustre la courbe de Kuznets (doc. 15) à partir de comparaisons aux niveaux européen et international (conformément aux IC) à un moment donné et au cours du temps. Pour cela, plusieurs indicateurs d’inégalités de revenu sont utilisés (rapport interdécile, coefficient de Gini, part du 1 % du revenu avant impôts perçue par les 1 % les plus riches : doc. 14, 16 et 17), en présentant l’interprétation faite par Kuznets de l’accroissement, puis de la baisse des inégalités en fonction du développement et ses limites. Cette dynamique de réduction des inégalités est infirmée pour les pays développés dans la période récente (remontée des inégalités) et n’a rien de naturelle. Elle s’inscrit dans un contexte historique et économique particulier : la destruction du capital physique liée aux guerres, l’inflation et la mise en place d’un impôt progressif ont contribué à réduire les inégalités de revenus de patrimoine depuis la Première Guerre © Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison
mondiale (doc. 17 et 18), mais depuis les années 1980, l’accroissement des inégalités repose sur une dynamique inverse dans les pays développés (doc. 17 et 18, Question de cours). La deuxième sous-partie montre que l’augmentation des inégalités de revenu primaire dans les pays développés et dans les pays émergents est liée à une évolution de la demande relative du travail non qualifié, moins favorable en raison du progrès technique, du développement de la mondialisation financière (IDE) et de l’évolution de la demande nationale et dans le monde (doc. 19). Mais cette explication n’est pas suffisante. Expliquer la rémunération de chacun en fonction de la contribution à la production, c’est oublier que la mesure est d’abord conventionnelle et que la libéralisation financière (placements collectifs, fonds de pension américains par exemple) a contribué aux changements des règles de rémunération des dirigeants et des traders (doc. 20 et 22, Question de cours). On notera que la libéralisation des échanges commerciaux est en revanche associée à une diminution des inégalités de revenus. La troisième sous-partie présente le système des inégalités (doc. 23) en mettant en évidence les interactions entre des inégalités de capital économique, des inégalités de capital culturel et des inégalités sociales devant la mort, selon le genre ou l’origine, ce qui permet de comprendre les effets cumulatifs de ces inégalités et leur possible reproduction. Les inégalités peuvent être interprétées comme des rapports sociaux de classes, de sexes, de générations, de propriété (doc. 24), dont le maintien repose sur des représentations sociales. La capacité des groupes sociaux à s’organiser syndicalement et politiquement est variable et fonction des périodes considérées, selon le contexte économique et politique (doc. 24 et 26).
◗ Liens avec d’autres chapitres Le chapitre 3 aborde les effets de la mondialisation sur la protection sociale, les revenus et l’emploi (doc. 19 p. 72, 34 p. 78 et 35 p. 79) en lien avec les explications vues ici dans le 2.B. Le chapitre 8 fournit de nombreuses illustrations des inégalités selon le milieu social et s’appuie sur la nomenclature des PCS comme outil pour analyser les inégalités sociales (doc. 10 et 11 201 •
p. 190). On trouvera des documents sur les inégalités de capital social (doc. 17 et 18 p. 193), de représentation inégale des groupes sociaux parmi les députés (doc. 19 p. 194), d’équipements (doc. 25 p. 196), d’écoute de la musique classique (doc. 28 p. 197), de pratiques culturelles, d’équipement et abonnements (pp. 203 et 204). Le chapitre 9 aborde certains aspects des inégalités sociales (reproduction, mobilité sociale et inégalités scolaires). On se réfèrera aux inégalités d’obtention du baccalauréat, de poursuite d’étude supérieure selon le milieu social d’origine (doc. 13, 14 et 16 pp. 214-215 + p. 225), selon le diplôme de la mère (doc. 23 p. 218) et aux indicateurs d’homogamie comme facteur de reproduction des inégalités (p. 219). Le chapitre 10 met en évidence les inégalités de pauvreté selon le type de ménage (doc. 11 p. 235), les inégalités face à l’emploi et au chômage (doc. 12 p. 235 et doc. 1 p. 242). Le chapitre 11 aborde l’analyse marxiste des conflits de classes citée dans le présent chapitre (doc. 4 p. 253 ). D’autre part, pour aborder le chapitre 13, il convient d’avoir vu au préalable le chapitre 12. Par ailleurs, pour expliquer les inégalités de revenus après distribution entre pays développés, il est aussi nécessaire de voir les différents modèles de protection sociale et ses effets.
◗ Réponses aux questions Ouverture de chapitre � MANUEL, PAGES 274-275
• Documents 1 et 2
Décrivez et comparez les photographies 1 et 2. La 1re photographie montre l’habitat dans un bidonville de Kallayanpur à Dacca, capitale du Bangladesh, qui est un pays à faible IDH, classé par l’ONU parmi les pays les moins avancés. L’habitat y est précaire et de mauvaise qualité (parois très fines et peu solides) : c’est un assemblage de plastiques, de tôle ondulée, de nattes de palmier et de bambou sur un seul niveau. Les habitations sont petites, sombres (absence de fenêtre), rapprochées. Les ruelles étroites sont en terre battue et le seau tenu par l’un des enfants montre qu’il n’y a pas d’eau courante. Les enfants sont pieds nus dans la ruelle. • 202
La 2e photographie présente une vue d’avion du littoral de la Côte d’Azur : des maisons individuelles avec piscines insérées dans la pinède, avec vue sur la mer. Le niveau élevé de développement de la France est visible dans les équipements collectifs (routes, pont). Ces deux photographies, à travers la qualité de l’habitat et de leur environnement, révèlent des inégalités de niveau de vie (revenu par habitant), d’équipements collectifs entre pays (France et Bangladesh) et de richesse (propriété immobilière) entre groupes sociaux (les plus pauvres du Bangladesh dans les bidonvilles et les plus riches propriétaires concentrés en France, sur Paris, sa banlieue ouest et certaines régions comme la Côte d’Azur). Il faut toutefois garder à l’esprit que d’importantes inégalités existent également au sein des deux pays. • Document 3
Quelles autres inégalités l’inégalité d’habitat fait-elle apparaître ? L’inégalité d’habitat traduit des inégalités de conditions de vie (suroccupation pour certaines familles), des chances scolaires (une chambre individuelle est favorable à la lecture, au travail scolaire). Un habitat dégradé peut contribuer à des problèmes de santé (exemple du saturnisme). Les inégalités d’habitat peuvent prendre la forme d’une ségrégation spatiale des populations qui renforcent les inégalités sociales, en concentrant les handicaps d’un côté et le bien-être de l’autre. Les inégalités tendent alors à se cumuler : la faiblesse des ressources des habitants limite le financement des équipements collectifs, contribuant à la fuite des moins démunis et inversement, le prix élevé de certains habitats favorise l’entre-soi des plus favorisés.
1. Le constat : une réalité multiforme � MANUEL, PAGES 276-281 A. Les inégalités de revenus primaires
• Document 1
1. Rédigez une phrase présentant l’information apportée par chacune des données entourées en rouge. En 2008, en France, 50 % des salariés à temps complet ont un salaire net mensuel net inférieur à 1 666 € (le salaire net mensuel médian des sala© Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison
riés à temps complet est de 1 666 € en 2008). En 2008, en France, 25 % des salariés ont eu un revenu salarial mensualisé inférieur à 664 €. Les 10 % des salariés à temps complet les mieux rémunérés reçoivent un salaire net mensuel net 2,9 fois plus élevé que celui des 10 % les moins bien rémunérés (le rapport interdécile des salaires mensuels net des personnes à temps complet est égal à 2,9). 2. Comment expliquez-vous les plus fortes inégalités de revenus salariaux mensualisés ? Les inégalités des revenus salariaux (rapport interdécile égal à 15,9) sont plus fortes que celles des salaires mensuels nets à temps complet (rapport interdécile égal à 2,9) en raison de la prise en compte des périodes de chômage (absence de salaire sur certaines périodes de l’année) et des salariés à temps partiel. Les temps partiels et le chômage touchent davantage les salariés peu qualifiés, les moins bien rémunérés. • Document 2
3. Quelles sont les principales inégalités de salaires journaliers moyens ? Les principales inégalités de salaires journaliers moyens sont celles liées au sexe, à la catégorie socioprofessionnelle en lien avec le niveau de qualification et la structure par sexe par catégorie socioprofessionnelle (surreprésentation des hommes parmi les ouvriers, surreprésentation des femmes parmi les employés) et à l’âge, en lien avec l’ancienneté. Ainsi, les femmes ont un salaire journalier moyen qui représente 74,28 % ([52/70]x100) de celui des hommes, les cadres ont un salaire journalier moyen 2,72 (117/43) fois plus élevé que celui des employés et le salaire journalier moyen des 55 ans et plus est 2,14 (75/35) fois plus élevé que celui des moins de 25 ans. 4. Comment les inégalités de capital humain peuvent-elles les expliquer ? Gary Becker définit le capital humain comme « l’ensemble des capacités productives qu’un individu acquiert par accumulation de connaissances générales ou spécifiques, de savoirfaire, etc. » (Human Capital, A Theoretical and Empirical Analysis, 1964) et dont il peut tirer un revenu par le travail. Les inégalités de capital humain qui résultent d’investissement en capital humain (coûts en formation, éducation, santé, © Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison
etc.) conduisent à des inégalités de productivité qui justifient les inégalités de revenus salariaux : les cadres sont en moyenne plus diplômés que les ouvriers, les plus de 55 ans ont plus d’ancienneté et d’expérience (formation spécifique dans l’entreprise) et occupent plus souvent des emplois plus élevés dans la hiérarchie. De même, en 2008, le salaire journalier des 25-39 ans est de 57 € contre 35 € pour les moins de 25 ans, moins diplômés et moins expérimentés. Les femmes sont en moyenne moins qualifiées que les hommes. Remarquons que les générations les plus jeunes sont plus diplômées, ce qui est encore plus vrai pour les femmes, mais ont moins d’expérience. 5. Comment expliquer les inégalités de revenus salariaux ? Les inégalités de revenus salariaux s’expliquent par des inégalités de salaire journalier, liées aux inégalités de capital humain (voir question 4) et à des inégalités de durée de travail (temps partiel, temps complet, heures supplémentaires), et par des inégalités de durée de l’emploi. Ainsi, les moins de 25 ans ont un nombre de jours rémunérés nettement plus faibles que les 25-39 ans en raison de l’emploi précaire et du chômage plus important qui touchent plus les jeunes, et particulièrement les moins qualifiés. Il en résulte que les inégalités de revenus salariaux, mesurées par le rapport interdécile, sont plus fortes parmi les femmes et les employés (emplois peu ou pas qualifiés, plus souvent à temps partiel, occupés principalement par des femmes) et les ouvriers que parmi les cadres ou les professions intermédiaires. • Document 3
6. Rédigez une phrase présentant l’information apportée par les données entourées en rouge. En 1966, les 10 % de salariés à temps complets les mieux rémunérés recevaient un salaire net de prélèvement 4,2 fois plus important que celui des 10 % les moins bien rémunérés. En 2008, le 1 % de salariés les mieux rémunérés reçevait 6,9 % de la masse salariale. 7. Comment le rapport D9/D1 a-t-il évolué depuis 1966 ? Que signifie cette évolution ? Le rapport interdécile des salaires nets de prélèvements à temps complet a diminué entre 1966 203 •
et 2007. Les 10 % de salariés les plus riches recevaient un salaire net de prélèvements à temps complet 4 fois plus élevé que celui des 10 % les plus pauvres en 1966, contre 3 fois plus en 2007. Les inégalités de salaires nets de prélèvements à temps complet, mesurées par le rapport interdécile, ont donc diminué. Le rapport D9/D5 des salaires nets de prélèvements à temps complet entre 1966 et 2007 est resté stable, alors que le rapport D5/D1 a diminué : le SMIC a donc joué un rôle important dans la réduction des inégalités. 8. Comment la part des 1 % les mieux rémunérés dans la masse salariale brute a-t-elle évolué depuis 1994 ? Qu’en concluez-vous ? La part des 1 % de salariés les mieux rémunérés dans la masse salariale brute est passée de 5,8 % en 1994 à 5,5 % en 1996-1998, puis a augmenté pour atteindre 6,8 % en 2008. On constate donc que les inégalités salariales se sont accrues en raison de l’augmentation de la part de la masse salariale brute du 1 % de salariés les mieux rémunérés, ce que le rapport interdécile des salaires nets de prélèvements à temps complet ne faisait pas apparaître. • Document 4
9. Exprimez les revenus annuels des activités non salariées à très hauts revenus d’activité en années de SMIC 2010 et comparez-les à ceux des PDG et patrons propriétaires. Revenus annuels moyens d’activités non salariées à très hauts revenus d’activité en 2007 exprimés en années de SMIC brut 2010 Professions juridiques Conseillers gestion Architectes Médecins
243 467/(12x1 343,8) = 15,09 182 494/(12x1 343,8) = 11,31 173 768/(12x1 343,8) = 10,77 151 775/(12x1 343,8) = 9,41
Les revenus annuels du PDG LVMH sont 25 (= 242/9,41) fois plus élevés que la moyenne de ceux des médecins, ceux du PDG de Dassault systèmes, 56 (= 527/9,41) fois plus élevés que la moyenne de ceux des médecins, mais les revenus des patrons propriétaires peuvent être 2 203 • 204
(= 20 737/9,41) fois plus élevés que la moyenne de ceux des médecins. 10. Rédigez une phrase présentant l’information apportée par les données entourées en rouge. Que remarquez-vous ? Le PDG français de LVMH a reçu un revenu total en 2010 qui représente 242 années de SMIC. Le propriétaire de LVMH/Carrefour a reçu, en tant qu’actionnaire, des dividendes qui s’élèvent en 2010 à 14 898 années de SMIC. Les professions juridiques indépendantes ont des revenus annuels moyens d’activités non salariées qui s’élèvent à 243 467 euros en 2007. On remarque que les revenus des patrons propriétaires (dividendes) les plus élevés sont plus importants que ceux des PDG français de grandes sociétés (salaire fixe, variable et stock-options), qui ont eux des revenus en moyenne plus élevés que ceux des indépendants (revenus mixtes). B. Les inégalités de niveaux de vie et de patrimoines
• Document 5
11. Comment passe-t-on du revenu primaire au revenu disponible des ménages ? On passe du revenu primaire (revenus salariaux + revenus mixtes + revenus du patrimoine ou du capital + transferts privés) au revenu disponible des ménages en y ajoutant les transferts publics (prestations sociales, revenu de solidarité active) et en déduisant les impôts directs et les cotisations sociales. 12. Quels sont les éléments dont il faut tenir compte pour mesurer le niveau de vie des ménages ? Pour mesurer le niveau de vie des ménages, il faut tenir compte de l’ensemble des revenus primaires des différents membres du ménage, des prestations reçues et des prélèvements sur les revenus primaires (impôts directs et cotisations sociales), des différences de taille entre les ménages (et de l’âge des enfants). Le niveau de vie d’un ménage est calculé en divisant le revenu disponible du ménage par le nombre d’unité de consommation (pour plus de précisions, voir TD 2 p. 289). 13. Expliquez la phrase soulignée. Les inégalités de revenu disponible seront d’autant plus fortes qu’il existe une forte homogamie (se marier dans le même groupe social) de niveau de qualification, de niveau de salaire © Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison
(carrière des conjoints) et que les femmes sont d’autant plus actives qu’elles sont qualifiées. De fait, les inégalités de taux d’activité entre femmes s’accroissent avec le nombre d’enfants selon le niveau de diplôme des mères. Une forte participation des femmes au marché du travail et à temps plein, quelque soit le niveau de qualification, réduirait les inégalités de revenu disponible. En cas d’absence de participation des femmes au marché du travail, les inégalités de revenu disponible dépendraient des seuls revenus du conjoint et des revenus du capital. • Document 6
14. Calculez le gain de niveau de vie en euros 2009 du 1er décile et du 9e décile entre 1996 et 2009. Gain de niveau de vie en euros 2009 du 1er décile entre 1996 et 2009 = 10 410 - 8 540 = 1 870 € Gain de niveau de vie en euros 2009 du 9e décile entre 1996 et 2009 = 35 840 - 30 000 = 5 840 € 15. Quels indicateurs montrent qu’entre 1996 et 2009 les inégalités de niveaux de vie se sont réduites ? ont augmenté ? Les inégalités se sont réduites entre 1996 et 2009 si l’on considère le rapport interdécile (D9/D1) des niveaux de vie, qui passe de 3,5 à 3,4, et le taux de pauvreté à 60 % du niveau de vie médian, qui passe de 14,5 % à 13,5 %. Les inégalités ont augmenté entre 1996 et 2009 si l’on considère le rapport interquintile, puisqu’il augmente, passant de 4,1 à 4,3, et l’indice de Gini, qui passe de 0,279 à 0,290. Enfin, l’écart interdécile ( D9 - D1) des niveaux de vie en euros 2009 (en 1996 : 21 460 € ; en 2009 : 25 700 €) s’est accru de 4 240 € entre 1996 et 2009. 16. En utilisant le premier paragraphe du document 5, caractérisez l’évolution constatée dans le document 6. L’évolution des inégalités de niveau de vie en France apparaît contrastée en fonction de l’indicateur choisi sur la période 1996-2009 (voir question 15), mais la tendance de tous les indicateurs d’inégalité de niveau de vie sont convergents entre 2004 et 2009 : ces inégalités de niveau de vie (rapport interdécile, rapport interquintile, indice de Gini, taux de pauvreté) augmentent entre 2004 et 2009.
© Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison
• Document 7
17. Rédigez une phrase présentant l’information apportée par chacune des données entourées en rouge. En 2004, 1 % des ménages les plus riches en France détient un patrimoine brut supérieur ou égal à 1 270 000 €. En 2004, les 10 % de ménages les plus riches détiennent 46 % de la masse totale du patrimoine des ménages. En 2010, les 10 % de ménages les plus riches détiennent 48 % de la masse totale du patrimoine des ménages. 18. Que nous apprend ce document sur les inégalités de niveau du patrimoine des ménages ? Tout d’abord, les inégalités de patrimoine sont fortes. Le patrimoine est fortement concentré : les 50 % des ménages les plus pauvres en 2004 comme en 2010 détiennent 7 % de la masse du patrimoine total brut, alors que les 50 % les plus riches en détiennent 93 %. Ensuite, les inégalités de patrimoine brut se sont accrues en haut de la distribution entre 2004 et 2010 : le 1 % des ménages les plus riches a vu sa part dans la masse du patrimoine brut total des ménages augmenter entre 2004 et 2010, passant de 13 % à 17 %, soit une augmentation bien plus forte que pour les 10 % des ménages les plus riches, dont la part dans la masse du patrimoine brut total des ménages est passer de 46 % à 48 % sur la même période. Enfin, en valeur absolue, le patrimoine médian est passé de 99 000 € courants en 2004 à 150 200 000 € courants en 2010, ce qui correspond à une augmentation de 51 %. On peut en déduire que les écarts entre les patrimoines des plus riches et des plus pauvres exprimés en valeur absolue se sont donc accrus. • Document 8
19. Rédigez une phrase présentant l’information apportée par chacune des données entourées en rouge. En 2004, les 25 % de ménages ayant le revenu disponible le plus élevé en France détiennent un patrimoine brut moyen de 437 70 €. En 2004, les 25 % de ménages ayant le revenu disponible le plus élevé en France ont un patrimoine médian de 261 600 €, ce qui signifie que 50 % de ces 25 % de ménages ayant le revenu disponible le plus élevé ont un patrimoine supérieur à 261 600 €. En 2004, 10 % des plus pauvres en patrimoine brut parmi les 25 % de ménages ayant le revenu disponible le plus faible en France ont un patri205 •
moine brut inférieur à 600 €. Les 10 % les plus riches en patrimoine brut parmi les 25 % de ménages ayant le revenu disponible le plus élevé ont un patrimoine brut supérieur ou égal à 910 300 € en 2004. 20. Calculez le rapport D9/D1 du patrimoine au sein du 1er quartile de revenu disponible et du 3e quartile. Que remarquez-vous ? D9/D1 du patrimoine au sein du 1er quartile de revenu disponible = 235 600/600 = 392,66 D9/D1 du patrimoine au sein du 3e quartile de revenu disponible = 443 100/7 000 = 63,3 Quand on passe du 1er au 3e quartile de revenu disponible, les inégalités de patrimoine mesurées par le rapport interdécile se réduisent. 21. Dans quelle mesure le patrimoine est-il corrélé au revenu disponible ? Le patrimoine apparaît corrélé au revenu dans la mesure où, plus le revenu augmente, plus le taux d’épargne s’accroît, ce qui permet aux ménages de constituer un patrimoine. Mais le patrimoine est aussi transmis par héritage, ce qui explique les plus fortes inégalités de patrimoine parmi les 25 % de ménages ayant le plus faible revenu disponible. • Document 9
22. Comment expliquer que les inégalités de patrimoine soient plus élevées que celles des revenus ? Les inégalités de patrimoine sont plus élevées que celles des revenus pour plusieurs raisons. Tout d’abord, la constitution du patrimoine dépend du taux d’épargne, qui s’élève avec le revenu (quand le revenu augmente de 10 %, l’épargne s’élève de 14 %, ce qui correspond à une élasticité de 1,4). L’accumulation du patrimoine sera donc d’autant plus importante que le revenu est élevé, ce qui contribue à la concentration du patrimoine. Ensuite, plus le patrimoine est important, plus sa structure se modifie au profit du patrimoine financier en actions (et au détriment de la part du patrimoine immobilier et des livrets d’épargne), dont le rendement est plus élevé. Les inégalités de rendement selon la taille du patrimoine contribuent à accroître les inégalités de patrimoine. Enfin, les inégalités de patrimoine s’expliquent aussi par les inégalités de patrimoine transmis (donation, succession) et de patrimoine professionnel : les indépendants (agriculteurs, commerçants, arti• 206
sans, chefs d’entreprises, professions libérales) ont un patrimoine plus élevé que les salariés en raison d’un patrimoine professionnel accumulé et/ou hérité. C. Les inégalités sociales
• Document 10
23. Pourquoi peut-on dire que les inégalités sont multidimensionnellles ? Les inégalités sont multidimensionnelles parce qu’elles peuvent relever de l’avoir (inégalités de capital économique au sens de Pierre Bourdieu ou dans la « répartition des ressources matérielles de la société, et de la richesse sociale » : revenu, patrimoine), du savoir (ou de capital culturel au sens de Bourdieu : formation, niveau de diplôme, connaissances) et du pouvoir. 24. À quelles conditions une inégalité peut-elle être qualifiée de « sociale » ? Pour qu’une inégalité puisse être qualifiée de « sociale », il faut qu’elle soit le produit de la société et des structures de cette société, et non de comportements individuels. Ainsi, pour les deux auteurs de ce document, les inégalités de patrimoine ne peuvent être expliquées comme le seul résultat de comportement individuel d’épargne dans une optique qui serait celle de l’individualisme méthodologique, mais comme le résultat de la transmission des patrimoines (niveau et structure) à la génération suivante, dans une optique qui serait celle du déterminisme sociologique. • Document 11
25. Rédigez une phrase présentant l’information apportée par chacune des données entourées en rouge. En 2006, les ouvriers consacrent 7,6 % de leur budget (ensemble des dépenses de consommation) aux dépenses de loisirs et de la culture où le coefficient budgétaire loisirs et culture des ouvriers est de 7,6 %. En 2003, 52 % des fils de cadres et professions intellectuelles supérieures, âgés de 40 à 59 ans, sont devenus cadres et professions intellectuelles supérieures. En 2003, 43 % des fils d’ouvriers, sont devenus eux-mêmes ouvriers. 26. Calculez le rapport des chances de devenir cadre pour un fils de cadre par rapport à un fils d’ouvrier. En 2003, un fils de cadres a 5,2 fois plus de chances de devenir CPIS qu’un fils d’ouvrier : © Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison
52/10 = 5,2. En effet, seulement 10 % des fils d’ouvriers deviennent CPIS, contre 52 % des fils de cadres. 27. Quels types d’inégalité sont ici mis en évidence ? Les inégalités mises en évidence ici sont des inégalités économiques (de ressources ou d’accès aux ressources), sociales et culturelles. La part consacrée à l’alimentation se réduit quand le revenu augmente (loi d’Engel), comme le montre le poids de cette dépense dans le budget des ouvriers et dans celui des cadres. Mais elle dépend aussi des modes de vie (les agriculteurs consacrent une part plus élevée de leur budget à l’alimentation que les ouvriers). La part des dépenses loisirs-culture est corrélée au revenu et, à revenu égal, au capital culturel. Le pourcentage de ménages connecté à Internet ou ayant vu une exposition de peinture est d’autant plus faible que le capital culturel est faible. Pour la connexion à Internet, il existe aussi une fracture numérique (culturelle) entre générations : 30,7 % des retrai-
Hommes 1976-1984 2000-2008 Gains en années Femmes 1976-1984 2000-2008 Gains en années
tés sont connectés à Internet contre 64,4 % pour l’ensemble des personnes interrogées. Les destinées sociales des ouvriers et des cadres sont marquées par une forte reproduction sociale : 52 % des fils de cadres deviennent CPIS, 46 % des fils d’ouvriers deviennent ouvriers. On remarquera que le coefficient budgétaire loisirs-culture s’est réduit en 2001 et 2006 pour les professions intermédiaires, les employés et les ouvriers, et qu’on peut le relier pour les deux derniers groupes socioprofessionnels à l’augmentation du poids du logement dans le budget. Ces inégalités se sont donc accrues. • Document 12
28. Calculez le gain d’espérance de vie en années sur l’ensemble de la période, pour les hommes et les femmes, et pour chaque sexe en fonction de la catégorie sociale. Que pouvezvous en conclure ? Gains d’espérance de vie à 35 ans en années entre les périodes 1976-1984 et 2000-2008 :
CPIS
Professions intermédiaires
Agriculteurs
Artisans commerçants, chefs d’ent.
Employés
Ouvriers
Ensemble
41,7 47,2
40,5 45,1
40,3 44,6
39,6 44,8
37,2 42,3
35,7 40,9
37,8 42,8
5,5
4,6
4,3
5,2
5,1
5,2
5
47,5 51,7
46,4 51,2
45,7 49,6
46 50,3
45,6 49,9
44,4 48,7
45 49,4
4,2
4,8
3,9
4,3
4,3
4,3
4,4
L’écart d’espérance de vie à 35 ans entre hommes CPIS et ouvriers (maximal en 1974-1984) s’est accru entre les deux périodes, passant de 6 à 6,3 ans : le gain d’espérance de vie a plus augmenté chez les CPIS (+ 5,5) que chez les ouvriers (+ 5,2). L’écart d’espérance de vie à 35 ans entre femmes CPIS et ouvrières (maximal en 1974-1984) s’est réduit entre les deux périodes, passant de 3,2 à 3 ans : le gain d’espérance de vie des femmes ouvrières (+ 4,3), employées, professions intermédiaires a plus augmenté que celui des femmes CPIS (+ 4,2). On constate que les inégalités so© Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison
ciales d’espérance de vie sont plus faibles chez les femmes que chez les hommes. L’écart d’espérance de vie à 35 ans entre hommes et femmes s’est réduit entre les deux périodes, passant de 7,2 à 6,6 ans : le gain d’espérance de vie à 35 ans des hommes (+ 5) a plus augmenté que celui des femmes (+ 4,4). Les inégalités sociales d’espérance de vie ont continué d’augmenter chez les hommes, se sont réduites chez les femmes. Les inégalités d’espérance de vie à 35 ans entre hommes et femmes se sont réduites. 207 •
• Document 13
29. Peut-on dire que les générations successives connaissent une amélioration régulière de leur revenu réel ? Lorsqu’on compare les revenus annuels des générations nées en 1911-1915 à ceux des générations suivantes jusqu’à celles des générations nées en 1941-1945, on constate une amélioration du pouvoir d’achat moyen, quelque soit l’âge. Pour la génération née en 1951-1955, à 25-29 ans il y a bien une amélioration du revenu réel moyen comparé à la génération 1941-1945, mais cela n’est pas vérifié quand elle a entre 40 et 49 ans. Pour la génération née en 1966-1970, les revenus réels moyens obtenus à 25-29 ans sont plus faibles que ceux qu’obtiennent la génération née en 1951-1955 au même âge, mais on observe une amélioration quand elle atteint 30-34 ans. Les générations nées après 1951 ne connaissent pas toujours une amélioration de leur revenu annuel moyen comparé à la génération précédente et au même âge. Le ralentissement économique et la montée du chômage cyclique contribuent à expliquer ce phénomène. 30. La dotation plus élevée en capital humain des jeunes correspond-elle à une meilleure rémunération ? En général, l’amélioration du capital humain des 25-29 ans se traduit par une amélioration de leur revenu réel annuel moyen depuis la génération née en 1941-1945, sauf pour la génération née en 1966-1970 : de 1991 à 1996, le chômage a été particulièrement important, y compris pour les jeunes diplômés. La réduction du chômage de 1997 à 2001 contribue à une amélioration des revenus réels annuels moyens de la génération née en 1966-1970, quand ils ont 30-34 ans. • Pour argumenter
I. Les inégalités de patrimoine : un rôle essentiel dans les inégalités économiques. A. Elles sont le résultat d’inégalités d’épargne accumulée, qui résultent d’inégalités de revenus (le taux d’épargne croît avec le niveau de revenu). Quand le montant du patrimoine des ménages s’élève, sa structure (livrets, immobilier, placements financiers) se déforme : les patrimoines les plus élevés sont composés de placements financiers, orientés vers les actions. Le patrimoine pro• 208
fessionnel des indépendants représente une part importante dans leur patrimoine. B. Ces inégalités de patrimoine sont sources d’inégalités de revenus. Celles-ci sont visibles quand on observe la décomposition du revenu par décile : les revenus du patrimoine et les revenus mixtes représentent 45,4 % du niveau de vie des 10 % des ménages les plus riches en 2008, contre de 6,2 à 7,6 % pour les deux premiers déciles. Les revenus des patrons propriétaires des sociétés de CAC 40 sont sans commune mesure avec ceux des patrons de PME ou des indépendants. Les inégalités de patrimoine contribuent donc au renforcement des inégalités de revenus. II. Les inégalités de patrimoine : un rôle essentiel dans les inégalités sociales A. Les inégalités de patrimoine sont le résultat de rapports sociaux, qui s’appuient sur l’inégalité fondamentale entre détenteurs de moyens de production d’un côté et ceux qui n’ont que leur force de travail de l’autre. Cette inégalité se reproduit d’une génération à l’autre avec l’héritage de la propriété individuelle. B. Les inégalités de patrimoine sont en interaction avec d’autres inégalités, révélateur d’un système d’inégalités : capital économique (revenus), capital culturel et social. Les propriétaires de leur logement, plus fréquents chez les indépendants et CPIS, consacrent une part moindre à ces dépenses au profit du poste loisirs et vacances. Les inégalités de patrimoine se sont renforcées dans les années 2000 et les inégalités pour ces postes de dépenses s’accroissent au détriment des locataires. Le logement, par sa qualité et sa localisation, exerce des effets sur la réussite des enfants : le niveau de réussite des élèves est corrélé au prix de l’immobilier. Les revenus du patrimoine sont associés à des revenus élevés et à des modes de vie qui favorisent la constitution d’un capital social, culturel et économique.
2. Les explications des inégalités � MANUEL, PAGES 282-287 A. Les évolutions de long terme
• Question 14
31. Comment pouvez-vous expliquer le fait que les inégalités au Royaume-Uni soient plus fortes que celles de la France ? © Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison
Les inégalités du revenu par tête sont plus fortes au Royaume-Uni qu’en France, quelque soit l’indicateur retenu : rapport interdécile, interquintile ou indice de Gini du RNB/hab. en 2008. Le RNB/hab. est plus élevé au Royaume-Uni qu’en France, mais l’IDH y est plus faible. Cela peut s’expliquer par un marché du travail plus flexible, une redistribution des revenus moins favorable
aux plus pauvres, un système de protection sociale plus libéral. 32. À partir des données du tableau, construisez une courbe faisant apparaître, pour chaque pays cité, le revenu national par habitant (RNB/hab.) (abscisses) et le rapport interdécile (ordonnées). En abscisse, le revenu national/ habitant, en ordonnée, le rapport D9/D1.
60 D 9/ D 1
51, 3
50 40 30 20
13, 8
11, 6
10
7, 8
6, 9
15, 9
9, 1
6, 1
4, 5
0 0
10 000
20 000
• Document 15
33. En considérant la courbe construite à la question précédente, peut-on dire que la courbe de Kuznets est vérifiée ? Justifiez votre réponse. On trouve bien une courbe en U inversé entre 1 000 et 35 0000 $ PPA en 2008, mais au-delà, pour un niveau de revenu par tête très proche, les inégalités de revenu par tête peuvent varier fortement, comme le montre les exemples du Japon, de la France ou du Royaume. Ainsi, les pays anglo-saxons plus libéraux ont un niveau d’inégalités de revenu par tête plus élevé. • Document 16
34. Sur la période 1981-2003, dans quels pays les inégalités ont-elles diminué ? Dans quels pays ont-elles augmenté ? Les pays où les inégalités de revenus ont diminué (baisse de l’indice de Gini) sont la France, le Brésil, l’Afrique du Sud (données partielles), la Russie (données partielles), l’Inde. Les pays où les inégalités de revenus ont augmenté (baisse de l’indice de Gini) sont les États-Unis, le Royaume-Uni, le Japon, l’Allemagne, l’Italie et la Chine. Si les exemples de la Chine, du Brésil © Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison
30 000
40 000
50 000
60 000
valident la courbe de Kuznets (montée des inégalités avec l’accroissement du revenu par tête pour le premier pays, diminution des inégalités au-delà d’un niveau du niveau de revenu par tête pour le second), on remarquera que l’augmentation des inégalités dans les pays développés n’est pas expliquée par la courbe de Kuznets. • Document 17
35. Distinguez trois périodes dans l’évolution de la part des revenus avant impôts perçue par les 1 % les plus riches. La part des revenus avant impôts perçue par les 1 % les plus riches est d’au moins 18 % pour l’ensemble des pays considérés avant 1918. On observe une baisse de cette part jusqu’au milieu des années 1970. À partir de la fin des années 1970, cette part s’accroît particulièrement aux États-Unis, au Royaume-Uni, et dans une moindre mesure en Suède, en Allemagne, au Japon dans les années 1990 et en France au cours des années 2000. 36. En vous aidant de la question de cours, expliquez comment les événements mentionnés dans le graphique pourraient avoir contribué à la baisse observée de la part des revenus avant impôts perçue par les 1 % les plus riches. 209 •
La mise en place de l’impôt sur le revenu en France, à la suite des lois de 1914 et 1917, conduit à un taux d’imposition progressif avec le revenu, qui réduit le taux d’épargne du 1 % les plus riches et donc leur capacité d’accumulation du patrimoine, source de revenus. L’impôt sur le revenu limite donc l’accroissement des inégalités de revenus et du patrimoine. La crise de 1929 et les guerres mondiales ont entraîné une dépréciation et une destruction du patrimoine, ce qui a contribué à réduire les revenus avant impôts du 1 % les plus riches, constitués par une part importantes de revenus du patrimoine. Les mesures de revalorisation des salaires sous le Front populaire ont pu affecter les profits du capital et donc les revenus de leurs propriétaires. • Document 18
37. Quel rôle le poids de l’héritage joue-t-il dans les inégalités ? Plus le poids de l’héritage mesuré par le flux annuel d’héritage dans le revenu national est élevé, plus les inégalités de revenus et de patrimoines sont fortes. L’héritage par donation ou succession entraîne une inégalité cumulative : l’héritage contribue à l’accumulation et à la concentration du patrimoine au profit des plus riches à travers la succession des générations, ce qui produit des effets de reproduction sociale (accumulation d’un capital économique, mais aussi culturel et social) et entretient l’inégalité des chances. 38. Comment est expliquée la diminution du flux d’héritage en pourcentage du revenu national entre 1920 et 1980, puis son augmentation au-delà ? La diminution du flux d’héritage entre 1920 et 1980 est expliquée tout d’abord par la dépréciation du prix des actifs (financiers) à la suite de la crise de 1929, mais aussi par la destruction du patrimoine (immobilier et productif) liée aux guerres. L’allègement des dettes, permis par l’inflation après la Seconde Guerre mondiale dans un contexte de croissance forte des revenus d’activité, a également joué, ce qui contribue à l’accroissement du patrimoine acquis en allégeant le remboursement des emprunts immobiliers par exemple. L’augmentation du flux d’héritage audelà de 1980 s’explique par un ralentissement de la croissance des revenus, la désinflation, une hausse des actifs et de leur rendement, ce qui rend plus difficile l’acquisition d’un logement pour les jeunes salariés. • 210
B. Les transformations économiques récentes
• Document 19
39. Quels facteurs ont réduit la demande relative de travail non qualifié par rapport au travail qualifié dans les pays développés ? La demande relative de travail non qualifié dans les pays développés s’est réduit pour trois raisons. Tout d’abord, le progrès technique économise du travail non qualifié et est associé plus souvent à du travail qualifié. Ensuite, les échanges internationaux mettent en concurrence les salariés des pays développés et ceux nettement moins bien payés des pays en développement. Enfin, la demande de biens se déplace au détriment de secteurs employant beaucoup de main-d’œuvre non qualifiée et au profit des biens et services nécessitant plus de main-d’œuvre qualifiée (quand le revenu croît, la demande pour l’éducation et la santé augmente par exemple). 40. Pourquoi la réduction de la demande relative du travail non qualifié augmente-t-elle les inégalités de revenus ? La réduction de la demande relative du travail non qualifié comparée à celle du travail qualifié se traduit par de plus grandes difficultés à trouver un emploi non qualifié (offre de travail supérieure à la demande de travail), un risque de chômage plus élevé et/ou une pression à la baisse des salaires. À l’inverse, le risque de chômage est plus faible et/ou la pression à la hausse des salaires plus fréquente pour les travailleurs qualifiés. Ces évolutions différenciées (chômage et salaires) contribuent aux inégalités de revenus. • Document 20
41. Rappelez ce qu’est une norme sociale. Quels éléments du texte permettent de justifier le titre du document ? Une norme sociale est une règle plus ou moins contraignante, généralement non écrite, qui fixe les conduites qu’une société attend de ses membres conformément à son système de valeurs. Les inégalités de rémunération en fonction du niveau de qualification (règles) sont justifiées par des contributions individuelles à la production inégales, alors même que « cette contribution [individuelle] est généralement inobservable, car le travail est collectif ». Les écarts de rémunération selon la qualification relève pour l’auteur © Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison
d’une « convention », d’une norme sociale. 42. Quels facteurs permettent d’expliquer l’augmentation des revenus financiers ? Les facteurs qui permettent d’expliquer l’augmentation des revenus financiers sont liés à la libéralisation financière (déréglementation) et à la création des placements collectifs (SICAV, fonds de pension). Les détenteurs d’actifs financiers ont ainsi été en mesure d’exercer trois types de pression dans les entreprises en exigeant : 1) la stabilité des prix, 2) une forte rémunération de l’épargne financière lors des conseils d’administration des sociétés anonymes cotées en bourse (la norme des 15 % : voir dessin de Pessin), 3) en modifiant les règles de rémunérations des dirigeants de ces sociétés, désormais intéressés aux bénéfices par la voie des stocks options. • Document 21
43. Comment la mondialisation commerciale peut-elle contribuer à une diminution des inégalités de revenus ? La mondialisation commerciale, liée à la libéralisation du commerce (réduction des barrières protectionnistes), se traduit par des importations de produits bon marché en provenance des pays en développement, ce qui augmente le pouvoir d’achat des consommateurs des pays développés. Les détenteurs de revenus les plus faibles consacrent une part plus grande à la consommation, et sont donc proportionnellement davantage bénéficiaires de cette augmentation de pouvoir d’achat, ce qui contribue à réduire les inégalités de consommation. 44. Pourquoi la mondialisation financière est-elle facteur d’augmentation des inégalités dans les pays développés ? dans les pays en développement ? La mondialisation financière est facteur d’inégalités dans les pays développés en raison des délocalisations d’activités (IDE sortants), qui contribuent à la réduction de la demande relative de travail non qualifié comparé au travail qualifié, et donc accroît les inégalités de revenus. La mondialisation financière accroît les inégalités de revenus dans les pays en développement par le biais des IDE entrants (localisation de Firmes multinationales) en offrant des salaires relativement plus élevés aux salariés relativement plus qualifiés du point de vue du pays d’accueil. © Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison
Les IDE entrants ou sortants contribuent ainsi à accroître les inégalités de revenus entre les travailleurs les moins qualifiés et les plus qualifiés d’un même pays. • Document 22
45. Quelle a été, en %, l’augmentation réelle, entre 1996 et 2007, du salaire moyen brut des 100 cadres les mieux payés de la finance en France ? des salariés les mieux payés du cinéma ? L’augmentation réelle du salaire moyen brut des 100 cadres de la finance entre 1996 et 2007 en % en France a été de : 4652 288 – 535 257 ×100 = + 769,16 %. 535 257 L’augmentation réelle du salaire moyen brut des 20 personnes les mieux payés du cinéma en France entre 1996 et 2007 en % a été de : 1 042 977 – 700 000 ×100 = + 769,16 %. 700 000 Ce document est un graphique semi-logarithmique (voir Flash méthode 21 p. 393) : sur l’ordonnée, un même intervalle correspond à un même coefficient multiplicateur (de 100 000 € à 1 000 000 €, le coefficient multiplicateur est de 10 ; de 1 000 000 € à 10 000 000 €, également) et non à un même écart en valeur absolue, comme c’est le cas dans un graphique arithmétique. La pente des courbes dans un schéma semi-logarithmique permet de connaître directement l’évolution du rythme de croissance du phénomène étudié (ce qui n’est pas le cas dans un graphique arithmétique). Dans un tel graphique, une variation à taux constant est représentée par une droite. De fait, la pente de la courbe des hauts salaires des « top 100 cadres de la finance » est plus verticale que celle des « top 20 du cinéma », ce qui indique que la croissance des hauts salaires des premiers est plus forte sur la période 1996-2007. Les calculs effectués confirment que la croissance des hauts salaires de la finance a été plus rapide que celle du cinéma sur la période 19962007. L’utilisation d’une échelle logarithmique permet de mettre en évidence les inflexions de tendance : entre 2004 et 2007, les hauts salaires de la finance augmentent de nouveau à un rythme aussi soutenu que lors de la période de croissance économique 1998-2001. 211 •
46. Entre 1996 et 2007, le SMIC horaire brut réel a augmenté de 24,5 %. Comment ces évolutions de salaires entre 1996 et 2007 affectentelles les inégalités salariales ? Le SMIC horaire brut réel a augmenté de 24,5 % sur la période 1996-2007, moins que les hauts salaires du cinéma et des cadres de la finance. Par conséquent, on peut en déduire que les inégalités se sont accrues entre le 0,01 % des salariés les mieux payés et ceux payés au SMIC à temps complet. On peut aller plus loin et demander aux élèves de calculer le TCAM du salaire brut réel du SMIC, du top 100 cadres de la finances et du top 20 du cinéma, à partir du taux de croissance global sur la période 1996-2007. C. Des causes sociales et politiques
• Document 23
47. Qu’est-ce que le capital culturel et le capital social selon Bourdieu ? Recherchez la définition du mot « homogamie ». Selon Pierre Bourdieu, le capital culturel est « l’ensemble des ressources culturelles (langage, connaissances, biens culturels et diplômes possédés) dont disposent les individus selon les positions qu’ils occupent dans l’espace social ». Le capital social est l’ensemble des ressources sociales (réseau de relations sociales) dont disposent les individus selon les positions qu’ils occupent dans l’espace social, « pour optimiser sa position professionnelle, son patrimoine, son pouvoir ». L’homogamie est le fait de choisir son conjoint dans un milieu social identique ou proche. 48. Donnez des exemples permettant d’illustrer les liens représentés par a) les flèches rouges, b) les flèches bleues, c) les flèches vertes. a. Les flèches rouges : Inégalités de genre ➜ inégalités scolaires et de capital culturel : les représentations des rôles masculins et féminins conduisent les élèves à s’orienter de manière différenciée : les filles sont surreprésentées en terminale L (la littérature est associée au féminin), les garçons sont surreprésentés en terminale S (les sciences et la technique sont associées au masculin). Il en résulte une sous-représentation des filles dans les CPGE scientifiques et parmi les ingénieurs. Inégalités de genre ➜ inégalités face à l’emploi : les femmes rencontrent plus de difficultés que • 212
les hommes pour trouver un emploi (taux de chômage plus élevé) et à diplôme égal et toutes choses égales par ailleurs (contrat, durée de travail, etc.), ont un niveau de salaire plus faible de 9,7 % que celui des hommes et moins de chances de devenir CPIS que les hommes du même milieu social. Inégalités de genre ➜ inégalités de travail domestique : les représentations des rôles masculins et féminins conduisent à une prise en charge du travail domestique assignée aux femmes (hors bricolage) dans nos sociétés : repassage, par exemple et aussi prise en charge prioritaire et quotidienne des enfants. Inégalités de travail domestique ➜ inégalités de loisirs : les inégalités de travail domestiques liées aux inégalités de genre se traduisent pour les femmes actives salariées par des fortes contraintes d’emploi du temps et donc par un temps de loisirs plus faible que celui des hommes actifs salariés. Inégalités de genre ➜ inégalités de santé : les hommes ont une espérance de vie plus faible que celle des femmes, ce qui s’explique par le rapport au corps différencié selon le sexe, les représentations sexuées qui conduisent à des pratiques professionnelles et de loisirs comportant plus de risques pour la santé et la vie des hommes : les hommes sont surreprésentés dans le BTP, où les accidents du travail mortels sont plus élevés. Les représentations sexuées se traduisent par des pratiques dangereuses plus fréquentes chez les hommes que chez les femmes (usage d’un deuxroues motorisé, sports et activités physiques, etc.). Ainsi, la socialisation différenciée entre les sexes se traduit pour les moins de 5 ans par des accidents domestiques et pour les adolescents par des accidents de la route qui concernent plus souvent les garçons que les filles. b. Les flèches bleues : Inégalités de logement ➜ inégalités de consommations : une part élevée des dépenses budgétaires consacrées au logement contraint les autres dépenses de consommation. Les habitants d’un logement en milieu rural consomment davantage d’essence pour leurs déplacements, sont plus souvent éloignés des biens d’équipements culturels et publics. Un logement de mauvaise qualité et mal isolé induit une plus grande consommation d’énergie. © Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison
Inégalités de logement ➜ inégalités de loisirs : le loisir peut être envisagé comme une dépense de temps et d’argent. Les agriculteurs sont doublement contraints par leur activité professionnelle (temps de travail élevé) et leur localisation dans leurs loisirs (moins d’équipements culturels et sportifs en milieu rural). Inégalités de logement ➜ inégalités de santé : une part élevée du budget consacrée au logement peut conduire à limiter d’autres dépenses comme l’accès aux soins dont la prise en charge collective est limitée (soins dentaires). Un logement de mauvaise qualité (peintures au plomb) peut entraîner des maladies spécifiques, comme le saturnisme. Un sous équipement hospitalier ou son éloignement géographique peuvent affecter la santé des habitants. Inégalités de logement ➜ inégalités scolaires et de capital culturel : la concentration dans un même quartier d’élèves défavorisés (ou au contraire favorisés) se traduit par des effets de groupe négatifs (ou positifs) qui affectent le niveau de réussite, l’ambiance et les exigences de travail des élèves, d’un établissement scolaire ou d’une classe. Inégalités de logement ➜ inégalités face à l’emploi : les opportunités d’emplois varient selon le lieu. L’accès à des transports, à un logement bien situé sont des facteurs d’inégalités pour trouver un emploi. Certains quartiers défavorisés peuvent être stigmatisés et conduisent à des discriminations à l’embauche. c. Les flèches vertes : Inégalités selon l’origine sociale ➜ homogamie, « entre-soi » : selon le milieu social d’origine et les ressources en capital économique, social et culturel, les futurs conjoints développent des goûts et des pratiques dans des lieux où ils sont susceptibles de se rencontrer et de se reconnaître, par exemple les rallyes pour la haute bourgeoisie. Homogamie, « entre-soi » ➜ inégalités de patrimoine : le fait de choisir son conjoint dans un même milieu social contribue au renforcement des inégalités de patrimoine : c’est surtout l’entresoi des classes supérieures qui contribue à l’accroissement de la concentration du patrimoine et à l’accroissement du prix de l’immobilier dans certaines villes ou quartiers. Homogamie, « entre-soi » ➜ inégalités scolaires et de capital culturel : les enfants d’un couple de professeurs (niveau de capital culturel élevé) ont © Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison
un taux de réussite au bac élevé et poursuivent plus souvent des études supérieures, à l’inverse de ceux d’un couple d’ouvrier et d’employée non qualifiés. Inégalités selon l’origine sociale ➜ inégalités de patrimoine : les inégalités de capital économique de la famille d’origine se traduisent par des inégalités cumulatives de patrimoine à la génération suivante (inégalité des donations, des successions). Les inégalités de capitaux culturel et social, associées aux inégalités de capital économique d’origine, renforcent les inégalités de patrimoine à la génération suivante : les inégalités de patrimoine sont donc importantes entre ceux qui héritent de l’entreprise familiale, peuvent suivre leurs études dans une faculté américaine, et ceux qui devront aider leurs parents retraités et dépendants ne disposant pas de patrimoine. 49. Montrez, à l’aide d’un exemple, que la relation (1) est à double sens. La consommation culturelle (livres, cours de musique, concerts, visite au musée, cours particuliers, ordinateur, accès à Internet, etc.) au sein de la famille contribue aux inégalités de capital culturel incorporé et objectivé des enfants et aux inégalités de réussite scolaire. Les inégalités scolaires et de capital culturel expliquent les inégalités de consommation culturelle (exposition de peinture, coefficient budgétaire de loisirs et culture, connexion à Internet : voir doc. 11 p. 280) : le coefficient budgétaire des dépenses de loisirs et culture s’élève avec le niveau de revenu (corrélé au niveau de diplôme) et à revenu égal, en fonction du capital culturel. 50. Pour un élève issu d’une famille dotée d’un capital culturel et économique élevé, montrez comment s’effectue la reproduction de sa position sociale. Un élève issu d’une famille dotée d’un capital culturel et économique élevé a plus de chance de réussir scolairement (socialisation familiale favorable, chambre individuel dans un quartier favorisé, conditions matérielles favorables à une bonne santé physique et psychique, etc.) et d’entrer dans une filière de l’enseignement supérieur sélective, donc d’y rencontrer sa conjointe (homogamie), ce qui contribue à la reproduction sociale tant économique (héritage familial des deux conjoints, niveau de revenu des deux conjoints élevés liés au capital culturel et éventuellement au patrimoine professionnel, maintien dans des quartiers favo213 •
risés) que culturel (la réussite scolaire de leurs enfants est corrélée au niveau de diplôme de la mère et dépend aussi du lieu d’habitation). • Document 24
51. Sur quelle inégalité fondamentale les rapports sociaux de production capitaliste reposent-ils selon Marx ? Les rapports sociaux de production capitalistes reposent une inégalité fondamentale qui oppose les capitalistes, propriétaires des moyens de production, et les salariés, qui ne possèdent que leur force de travail (marchandise), qu’ils vendent contre un salaire. C’est donc à la fois une inégalité liée à la propriété des moyens de production et à la division du travail qui en résulte. 52. À partir des documents 23 et 24, indiquez sur quelle inégalité fondamentale reposent les rapports sociaux de sexes. Les rapports sociaux de sexes reposent sur la division sexuée du travail et des fonctions entre les hommes et les femmes (assignation prioritaire des femmes au travail domestique et aux soins des enfants). 53. Comment les auteurs du texte expliquentils la réduction, puis l’augmentation des inégalités sociales depuis 1945 ? Les auteurs du texte expliquent la réduction des inégalités sociales entre 1945 et 1970 par un rapport de forces favorable aux salariés, tant d’un point de vue économique (croissance économique forte des trente glorieuses), social (les salariés les plus modestes se sont organisés syndicalement) que politique (représentation politique des ouvriers et employés, la rivalité est-ouest). L’augmentation des inégalités sociales depuis les années 1970 s’explique par une dynamique économique et sociale défavorable : la montée du chômage et de la précarité du travail ont affaibli les capacités d’organisation et de lutte des salariés, sous la pression de politiques néolibérales favorables aux milieux industriels et financiers (modification du partage de la valeur ajoutée au profit des actionnaires).
par l’opération de jugement social qui consiste, par le filtre des représentations sociales, à associer le masculin à la technicité et au travail qualifié socialement valorisé, et donc à exclure les infirmières de cette technicité en les renvoyant à des qualités inhérentes à une « nature féminine », fondées sur le relationnel, le soin porté à autrui. 55. Quel était l’enjeu du mouvement social des infirmières ? À travers leur slogan « ni bonnes, ni nonnes, ni connes », les infirmières cherchent à se faire reconnaître comme des professionnelles ayant des qualifications acquises par l’enseignement et la pratique (technicité et relationnel) qu’il convient de rémunérer à leur valeur. Elles refusent d’être identifiées à des bonnes (servantes corvéables à merci dans les familles bourgeoises qui assuraient les soins ; notamment aux enfants) ou des nonnes (religieuses qui assuraient les soins dans les hospices sur la base d’un dévouement à autrui sans limites et non dans le cadre d’une relation salariée), deux figures illustrant la prétendue infériorité professionnelle des femmes. • Document 26
56. De 1950 aux années 1970, comment évoluent les inégalités ? Pourquoi ? Les inégalités se réduisent de 1950 aux années 1970 parce qu’une forte identité de classe fait de la classe ouvrière une « classe en soi » et « pour soi », qui s’oppose par des grèves au patronat, contraint de maintenir le compromis égalitaire issu de la lutte des classes sociales (rapport de force favorable aux salariés). 57. Dans les années 2000, quel lien peut-on établir entre affaiblissement de la conscience de classe et inégalités ? L’affaiblissement de la lutte des classes dans les années 2000 (syndicalisation en baisse et diminution du nombre de JINT par rapport aux années 1970) contribuerait à l’arrêt de la réduction des inégalités, voire à leur augmentation (rapport de force défavorable aux salariés).
• Document 25
• Pour argumenter
54. Comment, selon le texte, est expliquée la moindre valeur reconnue au capital humain des infirmières ? La moindre valeur reconnue au capital humain des infirmières (formation de 3 ans assimilée au niveau bac + 2 dans les classifications) s’explique
I. Les facteurs économiques A. Évolution de la demande relative du travail non qualifié en lien avec le progrès technique et la mondialisation financière (IDE sortants, délocalisation) et une croissance plus faible. B. Libéralisation financière (et politiques de ges-
• 214
© Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison
tion des rémunérations des dirigeants des grandes sociétés et des traders). II. Les facteurs sociaux A. Réduction des inégalités permise par la dynamique de croissance, une forte inflation est associée à une représentation syndicale et politique de la classe ouvrière : les inégalités de patrimoine et les flux d’héritage étaient plus faibles qu’aujourd’hui. Avec la montée du chômage et la désindustrialisation, leur capacité d’organisation, leur identité de classe et la lutte des classes s’affaiblissent. B. On assiste à un changement de norme sociale : les écarts de rémunération élevés sont justifiés au nom du mérite et de l’efficacité. Les politiques libérales, sous la pression des milieux industriels et financiers, réduisent l’impôt progressif, l’impôt sur les sociétés (politiques moins redistributives), ce qui contribue à l’augmentation des inégalités de patrimoine, de revenus et aux inégalités sociales devant l’éducation, le logement.
◗ Travaux dirigés : Mesurer et représenter les inégalités de revenus � MANUEL, PAGES 288-289 TD 1 : La mesure des inégalités de revenus
• Documents 1 et 2
1. En quoi le revenu, le salaire ou le patrimoine sont-ils des variables continues ? Le revenu, le salaire et le patrimoine sont des variables continues, dans la mesure où ils peuvent prendre un nombre infini de valeurs en monnaie. Si habituellement on ne retient que deux décimales, on groupe les données dans des « intervalles de classe » ou « tranche de revenus, de salaires ou de patrimoines » (de 1 000 à 2 000 €, par exemple) permettant de les classer par ordre à l’aide d’une même unité monétaire.
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2. Rédigez une phrase permettant de comprendre la signification du rapport interdécile (D9/D1) des revenus des ménages. Le rapport interdécile (D9/D1) des revenus des ménages est un coefficient multiplicateur qui indique combien représente le revenu minimum des 10 % de ménages les plus riches, comparé au revenu maximum des 10 % de ménages les plus pauvres. 3. En utilisant la définition donnée dans le document 1, et à partir des données du document 2, calculez la disparité absolue et relative des salaires des cadres comparés à ceux des ouvriers en 2008. Disparité absolue des salaires des cadres comparée à celle des ouvriers en 2008 : 38 880 - 13 630 = 25 260 € Le salaire moyen d’un cadre est plus élevé de 25 260 € que celui d’un ouvrier en 2008 en France. Disparité relative des salaires des cadres comparée à celle des ouvriers en 2008 : 38 880 = 2,85 13 630 Le salaire moyen d’un cadre est 2,85 fois plus élevé que celui d’un ouvrier en 2008 en France. • Document 3
4. Donnez la définition du salaire mensuel net. Le salaire mensuel net est le salaire brut mensuel moins les cotisations sociales salariales. 5. Rédigez une phrase permettant de comprendre les deux données en rouge. En 2008, 50 % des hommes salariés recevaient un salaire net mensuel inférieur à 1 734 € en France selon l’Insee. En 2008, 50 % des femmes salariées recevaient un salaire net mensuel inférieur à 1 517 € en France selon l’Insee. 6. Calculez, pour les hommes et pour les femmes, les rapports interdéciles suivants : D9/D1, D5/D1, D9/D5.
215 •
Rapports entre déciles de salaires
D9/D1
D5/D1
D9/D5
Hommes
3 563 = 3,04 1 170
1 734 = 3,48 1 170
3 563 = 2,05 1 734
Femmes
2 754 = 2,58 1 064
1 517 = 1,42 1 064
2 754 = 1,81 1 517
7. Quelle analyse pouvez-vous en faire ? On constate que les inégalités de salaires sont plus fortes au sein de la population des hommes (D9/D1 = 3,04) qu’au sein de la population des femmes (D9/D1 = 2,58). Les inégalités sont plus fortes parmi les 50 % de salariés les mieux rémunérés que parmi les 50 % de salariés les moins bien rémunérés (D9/D5>D5/D1), plus pour les hommes (2,05>1,48) que pour les femmes (1,81>1,42). 8. Cette série permet-elle de mesurer toutes les inégalités de salaires entre les hommes et les femmes ?
Cette série ne permet pas de mesurer toutes les inégalités de salaires entre les hommes et les femmes parce qu’elle ne prend en compte que les temps complets, ce qui écarte par exemple les temps partiels, plus fréquents chez les femmes que chez les hommes. Le revenu salarial par comparaison prend en compte le temps partiel et le nombre de journées rémunérées, qui varie en fonction des périodes de chômage. Le risque de chômage est plus élevé chez les femmes que chez les hommes. 9. Calculez la disparité de salaires moyens et médians des hommes par rapport aux femmes. Quelle analyse pouvez-vous faire de vos résultats ? Salaires moyens
Écart des salaires hommes-femmes en euros
2219 - 1795 = 424 €
1734 - 1517 = 217 €
2 219 = 1,23 1795
1 734 = 1,14 1 517
Rapport des salaires hommes-femmes
On constate que les écarts de salaires moyens hommes-femmes sont plus élevés que ceux de salaires médians hommes-femmes, ce qui est le cas également quand on calcule le rapport des salaires moyens hommes-femmes et celui des salaires médians hommes-femmes. Les disparités de salaires hommes-femmes, mesurées par les salaires médians, sont plus faibles que celles mesurées par les salaires moyens : les salaires moyens des hommes sont plus tirés par le haut même s’ils sont plus nombreux que ceux des femmes. L’écart entre salaire moyen et médian chez les femmes est de 278 €, contre 485 € chez les hommes. On trouve ici la confirmation des inégalités salariales plus fortes entre hommes et femmes en haut de la hiérarchie salariale : plafond de verre d’une part, qui empêche les femmes d’accéder aux postes de direction/d’encadrement, • 216
Salaires médians
et d’autre part écart de niveau de rémunération salariale, plus élevé entre hommes et femmes quand on s’élève dans la hiérarchie. 10. Les évolutions salariales de 2007 à 2008 sont-elles en mesure de réduire les inégalités de salaires au sein de chaque population ? entre les deux sexes ? Au sein de la population des hommes salariés, l’augmentation réelle en % entre 2007 et 2008 est plus élevée au seuil des 10 % de salariés les moins bien rémunérés (+1,1 %) qu’au seuil des 10 % de salariés les mieux rémunérés. Le rapport interdécile D9/D1 en 2008 est donc plus faible qu’en 2007 : les inégalités mesurées par cet indicateur se seront donc réduites. Au sein de la population des femmes salariées, le rythme de croissance réelle des salaires est le même aux deux extrémités de la hiérarchie (D1 © Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison
et D9) : 0,6 %. Les inégalités mesurées par l’indicateur D9/D1 seront donc inchangées. Entre les deux sexes, les inégalités de salaires nets à temps complets devraient croître en 2008 par rapport à 2007, puisque les salaires réels nets masculins à temps complet ont augmenté plus vite en moyenne que les salaires réels nets féminins à temps complet sur un an : 0,9 % pour les hommes contre 0,5 % pour les femmes. TD 2 : Une représentation graphique des
4. Calculez le niveau de vie d’un ménage ayant un revenu mensuel de 4 000 € pour chacun des trois cas de la question précédente. Niveau de vie mensuel d’une personne seule = 4 000/1 = 4 000 euros de revenu disponible par UC. Niveau de vie mensuel d’un couple = 4 000/1,5 = 2 666,66 euros de revenu disponible par UC. Un couple avec deux enfants de 10 et 16 ans = 4 000/2,3 = 1 739,13 euros de revenu disponible par UC.
inégalités
• Document 2
• Document 1
5. Donnez la définition du patrimoine. Le patrimoine brut des ménages est l’ensemble des actifs financiers (compte courant et d’épargne, obligations, actions, etc.) et des actifs non financiers (résidence principale, placements immobiliers, etc.) des ménages. Le patrimoine net des ménages est égal au patrimoine brut moins le passif des ménages (dettes, emprunts, etc.). 6. Rédigez une phrase présentant la signification des deux points Z et X. Le point Z est sur la droite d’équirépartition : si le niveau de vie des ménages était égal, 30 % des ménages recevraient 30 % de la masse du niveau de vie (RDB/UC) total. Le point X est sur la courbe de répartition du niveau de vie (RDB/UC) : 50 % des ménages les plus pauvres se partagent 30 % de la masse de niveau de vie total., ce qui signifie que 50 % de ménages les plus riches se partagent les 70 % de la masse du niveau de vie total en 2008. 7. Quelle part du patrimoine et du niveau de vie total est détenue par les 10 % les plus riches ? W = D9 du niveau de vie. On remarque qu’en 2008, 90 % des ménages les plus pauvres se partagent environ 75 % de la masse du niveau de vie total : on en déduit que les 10 % de ménages les plus riches se partagent donc 25 % de la masse du niveau de vie total. Y = D9 du patrimoine total (brut). On remarque que 90 % des ménages les plus pauvres se partagent environ 54 % de la masse du patrimoine brut total en 2004 : on en déduit que les 10 % de ménages les plus riches se partagent 46 % du patrimoine brut total. 8. Comparez les inégalités de niveaux de vie et de patrimoine en utilisant le graphique et en calculant l’indice de Gini à l’aide des car-
1. Définissez les termes soulignés. L’ensemble des ménages regroupe les ménages ordinaires et les ménages collectifs (population vivant dans des institutions : maison de retraite, prisons, etc.). Un ménage ordinaire réunit l’ensemble des occupants d’un même logement formant une unité de consommation. Il peut être constitué d’une famille nucléaire, monoparentale, d’un couple sans enfants, d’une personne seule, de cohabitants, d’une famille complexe (parents, grands-parents, petits enfants, etc.). Revenu disponible total = revenu primaire (= salaires + revenus mixtes + revenus du patrimoine) + prestations sociales – [impôts directs et cotisations sociales]. 2. Donnez des exemples d’économies d’échelle liées à la vie en couple ou en groupe. Économies d’échelle liée à la vie en groupe : le fait de partager une même cuisine (four, réfrigérateur, WC) dans le même appartement représente un bien collectif au ménage. Quand la taille du groupe augmente, jusqu’à un certain seuil, il n’est pas nécessaire d’en avoir un deuxième. Ainsi, vivre en couple et en groupe coûte moins cher parce qu’une partie de la consommation peut être collective : c’est le cas également quand le couple partage la même chambre. Les économies d’échelle peuvent provenir du fait que la quantité achetée plus élevée peut permettre d’obtenir un prix plus faible : c’est le cas pour le format familial des yaourts, lessive, etc. 3. Indiquez combien d’unités de consommation représentent : a. une personne seule, b. un couple, c. un couple ayant deux enfants de 10 et 16 ans. Une personne seule = 1UC. Un couple = 1+ 0,5 = 1,5 UC. Un couple avec deux enfants de 10 et 16 ans = 1+ 0,5 + 0,3 + 0,5 = 2,3 UC. © Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison
217 •
reaux (rappel : l’indice de Gini est égal au rapport entre la surface comprise entre la diagonale [OA] et la courbe de Lorenz, et celle du triangle OAC). Comment pouvez-vous expliquer ces différences ? On remarque que la courbe de Lorenz du niveau de vie est plus proche de la droite d’équirépartition que celle du patrimoine : les inégalités de patrimoine sont donc plus fortes que les inégalités de niveau de vie, ce qui est confirmé par le calcul du coefficient de Gini (= nombre de carreaux compris entre la droite d’équirépartition et la courbe de Lorenz divisé par le nombre de carreaux sur le triangle OAC) : coefficient de Gini du niveau de vie = 8 carreaux environ/50 carreaux = 0,16 ; Coefficient de Gini du patrimoine brut = 30 carreaux environ/50 carreaux = 0,6. Plus le coefficient de Gini est proche de 0, plus les inégalités sont faibles ; plus le coefficient de Gini est proche de 1, plus les inégalités sont fortes. On vérifie que : 0 < indice de Gini du niveau de vie < indice de Gini du patrimoine brut < 1 (voir Flash méthode p 384). On peut expliquer les inégalités plus fortes de patrimoine que celles des revenus par le rôle du taux d’épargne, qui croît avec le revenu pour constituer un patrimoine, par le rôle de l’héritage, qui contribue à la concentration du patrimoine, et par la modification de la structure du patrimoine, quand celui-ci croît au profit des revenus financiers (plus rémunérateurs et moins imposés que les autres revenus).
◗ Sujets Bac � MANUEL, PAGES 293-295 Dissertation
Depuis la crise financière, nombre de gouvernements ont affiché la volonté de réduire les revenus des dirigeants de grandes sociétés publiques, ou dépendants des commandes publiques, au nom des valeurs de justice sociale : les inégalités économiques parce qu’elles traduisent des écarts de situation entre individus au regard du revenu, de la dotation en capital physique, financier, humain ou de l’accès à certaines prestations allouées par le marché ou l’État ; mais aussi sociales, parce qu’elles sont la conséquence d’une distribution • 218
inégale des ressources matérielles, sociales, culturelles et politiques au sein de la société et le produit de cette société. Or, nos sociétés développées démocratiques reposent sur des valeurs d’égalité et ne peuvent durablement, sans dommage pour leur cohésion, laisser les inégalités croître ou se maintenir. Pour Kuznets, les inégalités devaient se réduire avec l’accroissement du niveau de vie dans les pays développés. Comment expliquer dans ces conditions que les inégalités se soient maintenues dans les pays développés ? I. Les raisons économiques A. Les transformations économiques récentes favorisent la montée des inégalités de revenus et de patrimoine dans les pays développés… Le progrès technique est biaisé au détriment des salariés les moins qualifiés : la moindre demande relative de travail peu qualifié se traduit par un taux de chômage plus élevé et des évolutions de salaires moins favorables pour ces salariés. La mondialisation financière et la libéralisation des marchés financiers (placements collectifs) favorisent une rémunération du capital élevée et contribuent à la mise en place de politiques de rémunération salariale individuelle en fonction des résultats. Ainsi, le 1 % des ménages les plus riches aux États-Unis a capturé 52 % de croissance économique sur la période 1993-2008. On retrouve également en France un partage inégal de la croissance sur la période 1998-2006 (doc. 2 et 3). B. … que les politiques redistributives atténuent de manière inégale et insuffisante La contribution des autres facteurs (démocratie, santé, éducation) ne compense pas la montée des inégalités de revenus primaires. Selon les modèles d’État-providence, les inégalités après redistribution sont plus ou moins fortes (doc. 1, 2 et 3). Les politiques plus libérales, en particulier aux États-Unis à partir des années 1980, se sont traduites par des inégalités plus fortes avant mais aussi après redistribution : la progressivité de l’impôt sur le revenu a été réduite dans de nombreux pays. Ce qui a contribué à la reconstitution de fortes inégalités de patrimoine : 10 % des ménages américains les plus riches détiennent 71 % du patrimoine net (doc. 1). II. Les raisons sociales et politiques A. Les inégalités sociales se cumulent et se reproduisent © Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison
Les inégalités économiques sont aussi des inégalités sociales, qui entretiennent des relations entre elles et se cumulent : un capital culturel (Bourdieu) faible se traduit par une rémunération faible, un emploi d’ouvrier ou d’employé, un risque plus élevé face au chômage, l’accès à un logement dans un quartier défavorisé, une espérance de vie moins longue (doc. 4). Ces inégalités sociales se reproduisent : un enfant de cadre a 9,16 fois plus de chances d’être inscrit dans une école d’ingénieurs qu’un fils d’ouvrier. La transmission familiale du capital culturel et économique d’une génération à l’autre contribue au maintien des inégalités. Plus le patrimoine est concentré, plus l’héritage transmis joue un rôle important. L’homogamie renforce aussi les inégalités liées à l’origine sociale (doc. 4). B. Leur évolution dépend du rapport des forces sociales et politiques Les luttes sociales et politiques ont contribué à la réduction des inégalités sociales par la mise en place de politiques redistributives. Ainsi la Suède, dont le modèle d’État-providence repose sur l’égalité des citoyens et l’accès à des services gratuits pour tous, reste un des pays développés où les inégalités après redistribution sont parmi les plus faibles. Le taux de syndicalisation y est plus élevé et les femmes y sont mieux représentées parmi les représentants élus qu’en France (doc. 1 et 4). La crise économique et l’échec des luttes sociales ont contribué au déclin de la syndicalisation et de la conscience de classe ouvrière. De fait, la probabilité pour un ouvrier d’être représenté par ses pairs est aujourd’hui quasiment nulle : les inégalités de représentation à l’Assemblée nationale selon le milieu social sont très fortes. Pour Chauvel, c’est un facteur qui contribue au maintien ou à l’accroissement des inégalités sociales et économiques : un discours et des politiques libérales ont contribué ainsi à la mise en place d’une norme d’inégalités plus élevée (doc. 4). Le maintien des inégalités s’explique à la fois par la dynamique du marché et des politiques publiques de redistribution. Ces dernières ne parviennent pas à contrer les inégalités sociales qui se cumulent et se reproduisent par la transmission familiale des capitaux économique, culturel, social. La crise économique, en affectant les luttes sociales et politiques contre les inégalités, © Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison
a contribué à les renforcer. Faut-il penser comme Louis Chauvel que la remontée des inégalités pourrait favoriser la reconstitution d’une forte identité de classe, qui permettrait dans le cadre de luttes sociales de réduire les inégalités ? Épreuve composée
• Partie 1 : mobilisation de connaissances Question 1
Les inégalités de salaires sont liées à des facteurs économiques et sociaux. Les disparités de salaires nets mensuels selon l’âge, la catégorie sociale, le sexe, peuvent s’expliquer par des inégalités de capital humain (capacités physiques et intellectuelles du travailleur qui sont fonction du niveau de diplôme, de l’expérience, de la formation) : dans une économie de marché, une productivité du travail plus élevée justifie une meilleure rémunération salariale horaire. Elles sont liées aussi à la durée du travail (temps complet, partiel, heures supplémentaires). Les inégalités salariales entre les branches sont liées à l’évolution des emplois offerts et demandés, à la dynamique de la production et de la productivité. Les inégalités de revenus salariaux dépendent aussi des périodes de chômage du salarié. Les inégalités de salaires dépendent également de la capacité inégale (selon la branche, la taille de l’entreprise, la période, le groupe professionnel) à faire entendre par des luttes ou lors des négociations, des revendications salariales portées par les syndicats de salariés et les partis politiques. Les inégalités de qualification sont aussi construites socialement par des représentations et des normes sociales : les représentations sexuées des qualités professionnelles, des emplois et des salaires expliquent que les qualifications des femmes soient moins bien reconnues, que leur salaire en soit affecté et qu’elles aient des évolutions de carrières moins favorables que les hommes, à diplôme égal et toutes choses égales par ailleurs. Ainsi, les inégalités de salaires peuvent aussi être le résultat de discriminations. Suivant les périodes, en fonction du rôle que les citoyens entendent faire jouer à l’État pour réduire ou non les inégalités de salaires (norme de justice) avant impôt (réglementation, revalorisation du salaire minimum, écart de salaire maximum dans les entreprises publiques) et après impôt, les inégalités de salaires seront plus ou moins fortes. 219 •
Question 2
Les inégalités de patrimoine (financier ou non) sont centrales pour expliquer les inégalités économiques et sociales. La concentration du patrimoine est le résultat d’inégalités cumulées des revenus après redistribution : l’accumulation du patrimoine s’élève avec le revenu, en raison d’un taux d’épargne croissant avec le revenu (élasticité de l’épargne par rapport au revenu estimée à 1,4 en France). Ces inégalités de patrimoine produisent des inégalités de revenus : plus le patrimoine est important plus les revenus sont élevés (d’autant que le taux de rendement s’élève avec le stock de capital détenu) et plus la part des revenus financiers s’élève dans le total des revenus. Les inégalités de patrimoine (professionnel, des patrons propriétaires de grandes sociétés) tendent à se reproduire en raison de l’héritage et de l’homogamie sociale. Un patrimoine immobilier contribue également à la reproduction des inégalités sociales : la taille du logement, sa qualité, sa localisation dans un quartier favorisé socialement et où le niveau de réussite scolaire est élevé jouent un rôle dans la réussite scolaire des enfants. Le capital économique peut être converti en capital culturel (cours particuliers, études à l’étranger) et permet aussi d’entretenir un capital social qui permettra de valoriser le capital économique. • Partie 2 : Étude d’un document
À partir de l’enquête « revenus fiscaux et sociaux », complétée par des données sur les prestations sociales (Cnaf, cnav), l’Insee présente les composantes du niveau de vie (revenu disponible par unité de consommation) non nul par intervalle de 10 % des ménages (non étudiants), classés par ordre croissant de niveau de vie, et leur montant annuel moyen en euros. Le revenu disponible est égal aux revenus primaires (salaires, revenus mixtes des indépendants, revenus du patrimoine), auxquels s’ajoutent les prestations sociales (chômage, retraites, prestations sociales, prime pour l’emploi) et auxquels on retire les impôts directs et les cotisations sociales. Le document présente les revenus primaires nets des cotisations sociales et ajoute les prestations chômage au salaire, ce qui peut contribuer à réduire le poids des prestations sociales reçues dans le niveau de vie des 10 % de ménages les plus pauvres. La dernière colonne indique la décomposition moyenne de • 220
l’ensemble des ménages : le salaire (chômage inclus) représente les deux tiers du niveau de vie moyen et les impôts directs s’élèvent à moins 15,1 %. La structure du revenu disponible selon le niveau de vie permet de rendre compte des inégalités de revenus. Les 10 % de ménages les plus riches (supérieur au décile 9) ont un niveau de vie environ 7 fois plus élevé que celui des 10 % les plus pauvres (inférieur au décile 1). On observe que la structure de leur revenu est nettement différente. Les 10 % de ménages ayant le niveau de vie le plus faible ont une part des revenus primaires faible dans leur revenu disponible par UC. D’une part, le chômage, le travail à temps partiel peuvent l’expliquer : les salaires (chômage inclus) n’en représentent que 38,8 %, contre 36,3 % pour les prestations sociales hors retraites et chômage en % de leur niveau de vie. On remarque que la part des salaires (chômage compris) dans le niveau de vie croît avec le niveau de vie jusqu’au décile 8 et la diminution de la part des prestations sociales. Chez les 10 % de ménages les plus riches, les revenus du patrimoine et les revenus mixtes des indépendants représentent une part nettement plus élevée (respectivement 29,1 % et 15,7 %) comparée à l’ensemble des ménages (respectivement 12,5 % et 6,5 %). Le patrimoine professionnel des indépendants et le patrimoine financier jouent un rôle important dans les hauts revenus, mais diminue ensuite pour cette raison. La structure des revenus rend compte des inégalités de revenus : part réduite des revenus du travail (faible activité et chômage) et part élevée des prestations sociales sous conditions de ressources pour les plus pauvres s’opposent à la part élevée des revenus du patrimoine et des revenus mixtes chez les plus riches, qui ont aussi des salaires plus élevés. • Partie 3 : Raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire
Les inégalités hommes-femmes se manifestent dans les sphères, professionnelle, domestique et du pouvoir. Comment les expliquer ? I. Les inégalités de rémunérations salariales hommes-femmes peuvent s’expliquer par la division sexuée du travail (domestique et professionnelle) : les femmes actives consacrent un temps professionnel plus faible au profit du travail domestique (c’est l’inverse pour les hommes). © Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison
Les femmes consacrent davantage de temps à l’éducation et aux soins des enfants (doc. 2). L’effet du temps partiel, des heures supplémentaires et des primes expliqueraient la moitié de l’écart moyen de salaires entre les hommes et les femmes (doc. 1). II. Cette division du travail, facteur d’inégalités de rémunération, de travail domestique et de loisirs entre les hommes et les femmes, apparaît comme le fruit d’une socialisation différenciée. Dès la naissance, puis à l’école, les filles ne sont pas éduquées comme les garçons : obéissance, sociabilité, disponibilité et attention aux autres pour les filles, autonomie, compétition, force physique pour les garçons. Les parents, les enseignants ne se comportent pas de la même manière et n’ont pas les mêmes attentes à leur égard. Cette intériorisation des différences s’effectue à travers les interactions (parents-enfants, groupe des pairs, enseignants-élèves, etc.) qui transmettent et reproduisent les stéréotypes sexués associant les filles au rose, à des couleurs pâles et à des espaces privés, et les garçons à des espaces publics : jouets, manuels scolaires, etc. (doc. 3). Ces stéréotypes imprègnent les comportements et expliquent le choix des matières, les résultats scolaires inégaux selon le genre en lecture et ma-
© Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison
thématiques et ensuite le choix des filières, puis les métiers dits féminins et masculins. III. Ces préjugés contribuent à maintenir des rapports de domination (le féminin est associé à une valeur moindre que le masculin, les femmes effectuent une double journée de travail), difficiles à remettre en cause, qui trouvent une traduction au sein de la famille, du travail, mais aussi dans la sphère des pouvoirs économique (dirigeants), politique et syndical. Ainsi il reste un écart de 9,7 % entre les salaires horaires hommes et femmes ne pouvant pas être expliqué par des différences de structure (diplôme, expérience professionnelle, etc.) ou de durée de travail. La lutte effective contre les discriminations sexuées, les violences sexuelles supposent des lois contraignantes et une volonté politique pour les faire appliquer. Or, les femmes sont sous-représentées parmi les députés. De fait, la loi sur la parité de 1999 repose sur la volonté des partis politiques pour le mode de scrutin uninominal et la limitation du cumul des mandats. De même, les lois sur l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes sont peu contraignantes et les services à la petite enfance ne relèvent pas d’une prise en charge publique et sont renvoyés ainsi à la sphère domestique… par les femmes.
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