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August 13, 2017 | Author: Najd Kacem | Category: Capitalism, Strike Action, Trade Union, Class Conflict, Annual Leave
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Chapitre

11

La conflictualité sociale : pathologie, facteur de cohésion ou moteur du changement social ? � MANUEL, PAGES 250-272

Erratum des spécimens envoyés – p. 264, doc. 1 : pour le dernier paragraphe, la période concernée s’étend d’octobre 2005 à novembre 2005 (et non 2006)  – p. 269, doc. 3 : les valeurs sont exprimées en % (sauf les effectifs); – p. 271, doc. 2 : la 3e ligne de données correspond aux salariés en CDI à temps complet (et non en CDD ou en intérim).

◗ But pédagogique et structure du chapitre • La partie 1 du chapitre invite les élèves à s’interroger sur les liens entre conflits et processus d’intégration sociale, ainsi qu’entre action collective et changement social. Il les incite à approfondir la réflexion qu’ils ont menée en classe de 1re sur la capacité des groupes sociaux à se mobiliser. Il faut réfléchir aux relations complexes existant entre conflictualité, rupture de la cohésion sociale et processus d’intégration des individus à un groupe, et plus généralement à ce que signifie l’intégration – au sens de cohésion – d’une collectivité. Les élèves sont tout d’abord amenés à prendre conscience de l’inhérence du conflit à toute vie sociale (doc. 1) et à se familiariser avec le vocabulaire sociologique élaboré pour analyser la conflictualité sociale (doc. 3 et 4). La référence à Hirschman, qui intervient avec le doc. 2, est destinée à les sensibiliser à l’importance de l’action collective dans la dynamique du changement social. L’action collective permet d’obtenir le changement, et l’organisation du mouvement ouvrier a débouché sur des changements sociaux majeurs (doc. 5 à 7). La notion d’acquis social (doc. 6) apporte un complément à la réflexion en montrant que les conflits peuvent aussi s’articuler autour de résistances à des changements, lorsque ces derniers sont perçus comme dangereux, ou synonymes de régression sociale. • 182

La question des liens entre conflits et cohésion sociale est alors abordée : conduit-il forcément à une rupture des solidarités ? Rompt-il la solidarité née de la division du travail ? Se manifeste-t-il forcément par la violence ? Et en quoi l’institutionnalisation des conflits a-t-elle permis d’en atténuer la violence ? • La partie 2 du chapitre est destinée à amener les élèves à réfléchir à la relation double qu’entretiennent action collective et changement social, via l’influence des mouvements sociaux sur l’évolution des rapports sociaux. Mais en quoi les transformations de ces derniers, associées à une mutation des structures économiques et sociales, affectent-elles à leur tour les formes prises par le conflit ? Ce renversement de perspective permet d’aborder les transformations du mouvement ouvrier dans un contexte de bouleversement de l’organisation du travail (doc. 17 à 20), ainsi que l’émergence de nouveaux mouvements sociaux (doc. 21 et 22) et la permanence de revendications portant sur des enjeux liés au monde du travail.

◗ Liens avec d’autres chapitres Ce chapitre succède à celui traitant du lien social dans les sociétés modernes caractérisées par une montée de l’individualisme. Il permet d’enrichir la réflexion en s’interrogeant sur la dynamique collective des conflits : le conflit est par nature social, et toute société connaît le conflit (doc. 1).Et si la solidarité dans les sociétés modernes, étudiée dans le chapitre précédent, repose sur la division du travail et la complémentarité des fonctions sociales, comment le conflit social doit-il être analysé ? Est-il, dans certains cas, symptomatique d’une rupture de la cohésion sociale ? Peut-il conduire au contraire au renforcement des liens sociaux ? Le chapitre 10 donne par ailleurs les clés pour comprendre comment peut naître la lutte des classes, évoquée dans le présent chapitre. © Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison

Quant à la partie consacrée à la transformation des conflits du travail, elle pourra être rapprochée de la réflexion menée dans le 1.2 de la partie « Science économique » du programme. Enfin, lorsque la partie « Regards croisés » du programme sera abordée, on pourra rappeler que le mouvement ouvrier s’est organisé dans un objectif de justice sociale, qu’il se réfère à des valeurs (solidarité et égalité notamment), et que les moyens par lesquels les pouvoir publics contribuent à la justice sociale (système de protection sociale et plus largement système redistributif) sont en partie le fruit de la mobilisation des salariés (doc. 7, 8, 11, 16 et 20 du présent chapitre).

◗ Réponses aux questions Ouverture de chapitre � MANUEL, PAGES 250-251

• Document 1

Quelles étaient les revendications des manifestants ? Les manifestants demandent la réduction à huit heures du temps de travail journalier. Montrez que la violence de ces événements est révélatrice de tensions sociales. C’est la troupe qui tire sur les manifestants. Autrement dit, l’État apparaît comme servant les intérêts du patronat dans un contexte de tensions entre ce dernier et les représentants des ouvriers : en effet, sous l’impulsion de Paul Lafargue (le gendre de Karl Marx), les socialistes s’efforcent d’organiser les ouvriers dans la région. Quel lien peut-on établir entre le lourd bilan humain et la faible organisation des manifestants ? Face à la troupe, armée de fusil Lebel, les manifestants, peu encadrés et organisés, ont eu une réaction de foule : jets de cailloux, invectives, poussées en direction des troupes. Cela a pu être perçu comme une manifestation de violence, une menace ayant incité le commandant Chapus à ordonner aux soldats de tirer. • Document 2

Quelle est la signification des sigles CGT, CFDT et FO, visibles sur la banderole ? CGT : confédération générale du travail ; CFDT : confédération française démocratique du travail ; FO : Force ouvrière © Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison

Montrez que le défilé est structuré et qu’il a été préparé. Les organisations syndicales se sont concertées pour organiser la manifestation, et cela apparaît par la présence de banderoles et de slogans confectionnées et élaborés à l’avance. • Document 3

Que réclament les familles ? Les familles demandent l’intervention des pouvoirs publics de manière à ce qu’ils fournissent aux sans logis ou aux mal-logés un logement décent. Quelle est la forme d’action choisie ? Plutôt qu’une manifestation, l’association Droit au Logement a choisi une forme d’action plus originale consistant à occuper l’espace de manière visible. Pourquoi les militants du DAL ont-ils fait le choix d’une forte visibilité ? Il s’agit pour les militants d’attirer l’attention, notamment celle des médias, de manière à ce que ce problème soit porté à l’attention de l’opinion publique, afin de favoriser une intervention des pouvoirs publics.

1. Mouvements sociaux, intégration et changement social

� MANUEL, PAGES 252-259 A. L’expression du désaccord

• Document 1

1. Comment Max Weber explique-t-il la présence de conflits dans toute société ? Weber identifie deux causes aux conflits sociaux. Tout d’abord, le fait que tout le monde ne peut pas accéder à tout au même moment. Par exemple, en ce qui concerne le conflit pour le pouvoir politique, tous les partis politiques ne peuvent pas gouverner en même temps. Une sélection entre eux se fait par l’intermédiaire du vote. D’autre part, le fait qu’il existe différentes manières de concevoir l’organisation de la société et les projets que l’on assigne à cette société. De manière générale, il peut exister des antagonismes dans les manières de voir le monde. 2. Donnez des exemples de conflits d’intensité différente. Les querelle d’amoureux ; les querelles de famille ; les conflits entre générations (avec des enjeux concernant la répartition des rôles sociaux 183 •

entre générations, donc des enjeux de pouvoir, des affrontement autour de la question du maintien de l’ordre social ou au contraire du changement social) ; les affrontements entre représentants des salariés et du patronat, par exemple à l’occasion de grèves ; les affrontements entre pays, les guerres. 3. Expliquez le passage souligné. La paix est un statu quo pour les acteurs en présence. Elle ne signifie pas pour autant l’absence de conflits latents, car des désaccords et des divergences persistent entre les individus et entre les groupes en ce qui concerne les projets d’organisation de la vie collective. Et si le conflit armé est exclu en temps de paix, d’autres modalités d’expression du conflit persistent : combat politique, grèves, manifestations etc.

est alors favorable aux protestataires et les chances d’obtenir satisfaction sont importantes. 6. Dans le monde du travail, quelles alternatives s’offrent aux travailleurs mécontents ? Ils peuvent soit démissionner, soit organiser une discussion avec la direction, ou bien encore s’adresser aux représentants des salariés (délégués du personnel, délégués syndicaux) lorsque ces derniers sont présents dans l’entreprise, de manière à relayer leurs revendications auprès du patronat. Si aucun syndicat n’est représenté dans l’entreprise, ils peuvent aussi décider de créer une section syndicale. 7. Quelles organisations permettent aux individus de faire entendre collectivement leur voix ? Les organisations syndicales, les associations, les partis politiques.

• Document 2

• Document 3

4. Illustrez par divers exemples l’alternative qui s’offre à un individu mécontent (voice ou exit). En cas de désaccord entre un employeur et ses salariés qui sont mécontents de leurs salaires ou de leurs conditions de travail, ces derniers peuvent partir pour se faire embaucher dans une autre entreprise (Exit). Ils peuvent aussi s’organiser pour négocier avec l’employeur et obtenir satisfaction (Voice). Des parents mécontents de l’enseignement reçu par leurs enfants dans une école, un lycée ou un collège peuvent décider de le quitter et d’inscrire leurs enfants dans le privé, ou de s’organiser de manière à pouvoir les scolariser dans un autre établissement public, qui leur semble meilleur (Exit). Ils peuvent au contraire faire entendre leur opinion, par exemple en adhérant à une association de parents d’élèves et en faisant « remonter » leurs revendications (Voice). 5. Pourquoi le choix de la protestation est-il plus fréquent dans le cadre d’une organisation ? Le choix de la protestation est plus fréquent dans le cadre d’une organisation en raison de la loyauté que les individus manifestent à l’égard de l’association, du syndicat ou du parti auxquels ils ont adhéré, voire dans certains cas de leur entreprise ou de l’administration dans laquelle ils travaillent. Ils éprouvent un attachement à cette organisation, et pourront préférer tenter de changer les choses plutôt que de la quitter. Par ailleurs, la protestation peut être particulièrement efficace si l’organisation en cause craint des défections : le rapport de force

8. Qu’est-ce qui, selon l’auteur, distingue un mouvement social des « pressions institutionnelles » ? Les pressions institutionnelles ne visent pas à transformer l’ordre social existant, à la différence des mouvements sociaux, qui ont pour objectif la remise en cause des relations de domination présentes dans une société. 9. Pourquoi les mouvements révolutionnaires sont-ils « plus globaux » que les mouvements sociaux ? Outre la remise en cause des relations de domination existant entre groupes sociaux, les mouvements révolutionnaires conduisent à une transformation du régime politique, et parfois à une remise en question des croyances religieuses. On peut donner plusieurs exemples de mouvements révolutionnaires qui répondent à ces critères : Révolution Française de 1789, Révolution russe. 10. L’action collective est-elle forcément conflictuelle ? L’action collective n’est pas forcément conflictuelle. Les actions menées par des associations pour lutter contre l’illettrisme, contre des maladies (Sida, maladies génétiques, drépanocytose), ou encore pour venir en aide aux plus démunis, sont des actions collectives. Mais elles ne s’inscrivent pas contre des adversaires désignés. 11. Montrez, en vous appuyant sur des exemples divers, que l’action collective peut prendre des formes très variées.

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Manifestation, grèves, fauchages de champs transgéniques, occupation de locaux prestigieux, séquestration de dirigeants d’entreprises, sit-in pacifiques sont autant d’exemples d’actions collectives très différentes. • Document 4

12. Rappelez ce qu’est une classe selon Marx. Pour Marx, une classe sociale est un groupe caractérisé par une place spécifique dans les rapports de production, qui fondent les rapports de domination. Ainsi, dans le système capitaliste, la bourgeoisie détient les moyens de production, alors que la classe ouvrière ne dispose que de son travail pour vivre et constitue donc le salariat. Une classe se caractérise par des intérêts communs, qui peuvent conduire à l’émergence d’une conscience de classe. Enfin, chaque classe ayant pris conscience de ses intérêts entretient avec les autres des rapports antagonistes. 13. Comment s’explique le changement social, selon lui ? Dans l’analyse marxiste, c’est le conflit né des rapports de production qui engendre le changement social. Marx explique en effet que ce dernier advient quand il y a contradiction dans le mode de production. Selon lui, les forces productives sont dynamiques quand, en revanche, les rapports de production sont relativement figés. Il arrive donc un moment où les rapports de production entravent le développement des forces productives : en se développant, les forces productives se heurtent aux rapports de production et les font éclater, faisant apparaître un nouveau mode de production. Marx explique de cette manière le passage de la société féodale à la société capitaliste : la naissance de l’industrie moderne, avec les manufactures et le développement de l’économie marchande, est venue peu à peu buter sur des rapports de production figés (la société était divisée en ordres et en corporations qui entravaient la liberté du commerce et du travail). D’où l’éclatement de ce mode de production et donc de la société féodale. Le mode de production capitaliste est lui aussi traversé par une contradiction, qui selon Marx, doit conduire à son dépassement. En effet, les prolétaires sont victimes d’une exploitation de la part des capitalistes, car le montant de la plus-value (la valeur produite par le travail et qui n’est pas payée à l’ouvrier) ne cesse d’augmenter. Ainsi, les travailleurs, qui © Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison

pourtant sont les producteurs de la richesse, vivent dans des conditions misérables. Or pour lui, cette contradiction doit s’accentuer car l’inégalité entre la situation des prolétaires et celle des détenteurs de capital va s’accentuer et le prolétariat va devenir de plus en plus misérable. C’est la thèse de la paupérisation du prolétariat. Cette contradiction sera dépassée car le prolétariat sera amené à se révolter et à prendre le pouvoir pour instaurer le socialisme puis le communisme. Ainsi, après une révolution née de l’exacerbation de la lutte des classes, on passera à un mode de production fondé sur la propriété collective des moyens de production. B. S’opposer pour obtenir un changement ou pour y résister

• Document 5

14. Quelle définition pourrait-on donner d’un « bastion » ouvrier ? Le premier sens du mot bastion renvoie à un ouvrage fortifié, et par extension, un bastion est un soutien ferme, qui défend efficacement une cause. L’expression « bastions ouvriers » renvoie ainsi souvent aux grandes branches d’activité industrielle regroupant des ouvriers souvent syndiqués et mobilisés (charbonnages, textile, sidérurgie, chantiers navals, automobile, etc.). Il est aussi parfois utilisé pour désigner municipalités communistes, les banlieues rouges de la petite ceinture parisienne (Saint-Denis, Ivry-sur-Seine, etc.) ou du Nord de la France (Calais). Dans le texte, le mot renvoie à une forme de résistance à la modernisation, portée par un collectif qui se réfère à une histoire particulière. 15. Que représente, pour les ouvriers de la carrosserie cités, la résistance à la modernisation ? Résister à la modernisation des ateliers est vécu comme une forme d’opposition à la direction. Il s’agit d’affirmer son identité face à un management perçu comme menaçant le savoir-faire ouvrier. L’enjeu dépasse les revendications portant sur les conditions de travail, car il est centré sur des valeurs. L’objectif est avant tout de ne pas perdre la face, de maintenir ce qui fait la fierté ouvrière. • Document 6

16. Quel acquis social ces manifestants défendent-ils ? Ils défendent la retraite à 60 ans accordée en 1983 sous la présidence de François Mitterrand. 185 •

17. Comment expliquez-vous la présence de jeunes ? Les jeunes sont présents dans ces manifestations concernant les retraites car ils peuvent se considérer comme les héritiers d’un système de protection sociale menacé par les réformes. Le droit à la retraite est un acquis obtenu par la lutte menée par leurs parents, grands-parents et arrièregrands-parents. La mobilisation de très jeunes gens peut être un moyen de mettre en évidence l’idée que cet acquis est un patrimoine commun fondé sur la solidarité entre générations, qui doit être légué aux générations futures. • Document 7

18. Pourquoi la création d’un ministère du Travail est-elle un acquis important pour les représentants des salariés ? La création d’un ministère du Travail symbolise l’intervention d’un tiers, l’État, dans la relation bilatérale liant employeurs et salariés. Le contrat de travail instaurant une relation de subordination entre eux, l’État apparaît, par son arbitrage, comme le garant du respect des droits des salariés. La création d’un ministère du Travail symbolise aussi la volonté de l’État élaborer une législation, qui par définition s’impose aux employeurs et limite leur pouvoir sur les salariés (temps de travail, conditions de travail, âge légal du travail, montant minimal légal du salaire, etc.). 19. Citez trois acquis sociaux conquis par les salariés depuis 1906. La journée de 8 heures (1919) ; les congés payés (1936) ; la sécurité sociale (1945-46) ; le SMIG (1950) puis le SMIC (1970) ; l’indemnisation du chômage (1958), la retraite à 60 ans (1983), etc. 20. Montrez que l’action collective permet d’obtenir une modification des conditions de travail et, plus largement, des conditions de vie. Lorsque grèves et manifestations sont massives, les grévistes et/ou les manifestants obtiennent que les organisations qui les représentent (syndicats ou associations) rencontrent les représentants de l’État, qui jouent un rôle de médiation lorsque le conflit oppose des salariés à leurs employeurs, mais aussi infléchissent la législation dans le sens des revendications portées par les actions collectives. Ces modifications de la législation ont un impact sur les conditions de travail qu’elles encadrent plus rigoureusement, ce qui influence les • 186

modes de vie. Cela est particulièrement frappant pour les mesures visant à la réduction du temps de travail. Qu’il s’agisse de la réduction de la semaine de travail (journée de 8 heures, 40 heures, puis 39 heures, et enfin 35 heures) ou de l’instauration puis de l’allongement des congés payés, ces modifications ont considérablement influencé la répartition du temps entre travail et loisir, et même favorisé l’expansion de nouveaux secteurs d’activité (tourisme, loisirs, automobile, etc.). 21. Quelles sont les acquis sociaux défendus par les grévistes en 1995 ? En 1995, les grévistes se sont mobilisés pour défendre les acquis des salariés des régimes spéciaux. Mais ils se sont aussi érigés en défenseurs d’un service public « à la Française », et plus généralement comme les porte-parole des droits de l’ensemble des salariés. C. Le conflit : de la rupture de la solidarité à l’intégration sociale (pp 256-259)

• Document 8

22. Rappelez pourquoi, selon Durkheim, la division du travail produit de la solidarité. Pour Durkheim, la division du travail social concourt au maintien du lien social en permettant le progrès de la solidarité entre les membres de la société. Elle « crée entre les hommes tout un système de droits et de devoirs qui les lient les uns aux autres de manière durable ». La DTS fait que chacun compte sur les autres pour vivre. Chacun produit ce qui est nécessaire aux autres. Les individus sont complémentaires, comme le sont les organes d’un corps, d’où la référence à la solidarité organique des sociétés modernes. 23. Comment expliquer la lutte des classes, selon lui ? La lutte des classes est une pathologie de la division du travail, lorsque celle-ci est poussée trop loin. Alors qu’au Moyen-Âge l’ouvrier et le maître se côtoyaient, tout comme le font l’ouvrier et le patron dans la petite industrie, la distance s’accroît entre eux dans les grandes entreprises. Le sentiment de solidarité et la conscience de la complémentarité des individus s’affaiblit, et cela favorise le conflit, et notamment la lutte des classes. 24. Comment limiter selon lui les antagonismes de classes ? L’État peut intervenir en jouant un rôle d’intermédiaire, d’arbitre et ainsi limiter les antagonismes de © Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison

classes. On sait aussi que Durkheim est favorable au développement des corporations de métiers. Il s’agit d’institutions qui auraient vocation à jouer un rôle d’organisation sur le plan économique et juridique, mais aussi à exercer une autorité morale en restaurant le sens de la communauté. • Document 9

25. Pourquoi les nouvelles méthodes de travail rendent-elles plus difficile la mobilisation des salariés ? Les nouvelles méthodes d’organisation du travail et de gestion de la main-d’œuvre rendent plus difficile la mobilisation des salariés pour plusieurs raisons. Tout d’abord, le juste-à-temps, la valorisation de l’autonomie, la gestion plus individualisée des carrières et des rémunérations renforcent une certaine forme d’individualisme, qui s’exacerbe dans un contexte de chômage de masse. La concurrence entre salariés est organisée, et cela n’est pas favorable à l’émergence d’un sentiment d’appartenance commune. À cela s’ajoutent d’autres processus, tels que le recours à la sous-traitance, la mise en place de petites unités de production, d’horaires décalés, du télétravail, qui éclatent le collectif ouvrier, et plus généralement les salariés, et limitent les possibilités de rencontres et donc d’organisation. 26. Quelles sont les diverses modalités de la défection évoquées par l’auteur ? Distance prise avec l’entreprise et ses contraintes, absentéisme, démissions, voire suicide sont autant de modalités de défection. 27. En quoi apparaissent-elles comme des manifestations de la dissolution des solidarités professionnelles ? Lorsqu’ils font défection, les salariés choisissent la solution de sortie plutôt que la voix, pour reprendre la terminologie élaborée par Hirschman. Or, des solidarités professionnelles fortes incitent à choisir la « voice » plutôt que l’ « exit », car en cas de mécontentement, il est possible de solliciter l’ensemble des collègues pour mener une action collective. Le choix de plus en plus fréquent des modalités de sortie est donc symptomatique d’un affaiblissement des solidarités professionnelles. On perçoit dès lors « en creux » que le conflit, l’action collective, n’est pas forcément le signe d’une rupture de la cohésion sociale comme le laissait entendre Durkheim, mais aussi une modalité possible de participation à la vie collective. © Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison

• Document 10

28. Pourquoi l’auteur considère-t-il que le terme d’ « opposition » est particulièrement adapté aux conflits dans le monde du travail ? Le terme « opposition est particulièrement adapté aux conflits dans le monde du travail en raison de son étymologie. S’opposer – ob pono –, c’est certes « faire obstacle », mais c’est en même temps proposer des solutions alternatives. 29. À quoi s’opposent les ouvriers en lutte au travail ? Dans le cas évoqué dans le texte, les ouvriers s’opposent à une organisation du travail qu’ils jugent inadéquate, irrationnelle, non optimale. 30. Quelles formes cette opposition peut-elle prendre ? Cette opposition peut prendre des formes larvées, comme par exemple une réorganisation spontanée des postes de travail par les ouvriers. Elle peut aussi s’organiser par le recours à la médiation des représentants du personnel, qui servent d’intermédiaire avec la direction. Elle peut enfin déboucher sur des actions collectives (pétitions, débrayages, grèves longues, etc.). 31. Le conflit au sein du monde du travail traduit-il un défaut d’intégration des ouvriers ? Justifiez votre réponse. Dans les cas évoqués ici (Renault, Berliet), les conflits ne traduisent pas un défaut d’intégration, car ainsi que l’indique l’auteur du texte, « c’est au nom de leur engagement au travail » que les ouvriers s’opposent à la direction. C’est parce qu’ils s’investissent dans le fonctionnement de l’entreprise qu’ils dénoncent des procédés qui leur semblent incompréhensibles et néfastes pour le bon fonctionnement de l’entreprise elle-même. • Document 11

32. Qu’appelle-t-on le « mouvement ouvrier » ? Le mouvement ouvrier est constitué de plusieurs institutions qui se sont érigées en porte-parole de la classe ouvrière dès le début de la Révolution Industrielle. Il s’agit des partis politiques se revendiquant défenseurs des intérêts ouvriers (Parti ouvrier Français de Jules Guesde, Parti socialiste Français puis SFIO avec Jaurès, Parti communiste par la suite), des syndicats (au premier rang desquels la CGT), des municipalités communistes à partir des années 1920, ainsi que des 187 •

associations qui s’organisent dans ces municipalités, mais également dans d’autres communes. 33. Quel rôle a-t-il joué depuis la fin du xixe siècle ? Depuis la fin du XIXe siècle, le mouvement ouvrier a joué un triple rôle : il a permis d’intégrer une classe ouvrière issue d’horizons très divers (provinciaux, immigrés) en constituant un espace de sociabilité très important ; il a été l’interlocuteur de l’État dans l’élaboration progressive d’un droit du travail et d’un système de protection sociale ; il a contribué à l’émergence d’une conscience de classe au sein du monde ouvrier. • Document 12

34. Quelle est l’activité de l’usine Sevelnord ? Il s’agit d’un équipementier automobile. 35. Pourquoi une action commune est-elle organisée ? L’action est organisée pour protester contre la fermeture du site. 36. Établissez la liste des organisations engagées dans ce mouvement social. Comment expliquer leur union sur un tel enjeu ? Syndicats (CGT, CFE-CGC, FO, et même FSU), représentants syndiqués des salariés (CE) et élus (président de la CAHP) se sont impliqués dans cette action. Tous ont en effet intérêt au maintien de l’activité de Sevelnord. Les syndicats car ils défendent les intérêts de leurs membres et plus généralement ceux des salariés ; les élus pour maintenir l’activité sur la commune dans l’intérêt des citoyens (salariés chez Sevelnord, mais aussi commerçants, entrepreneurs) et de la commune elle-même dont la vie quotidienne est affectée par la fermeture du site (mécontentement des électeurs, baisse des recettes fiscales, désertification de la commune et donc réduction des effectifs scolarisés, etc.). Dans ce cas encore, on peut constater que les conflits révèlent les interdépendances entre acteurs sociaux et peuvent avoir pour moteur la défense des éléments qui fondent les solidarités collectives. • Document 13

37. Donnez des exemples de corps inter­médiaires. Les syndicats, les associations, les partis politiques, le réseau consulaire (chambres de commerce et de l’industrie) sont des corps intermédiaires. 38. Comment Raymond Aron analyse-t-il le mouvement de mai 1968 ? • 188

Pour Raymond Aron, mai 1968 peut s’analyser comme un mouvement de défoulement contre le conservatisme de la société française, qui souffre d’un déficit d’encadrement du fait de la faiblesse des corps intermédiaires. Ces derniers ne parviennent pas à jouer leur rôle, qui devrait être de porter les revendications de la majorité (ou même parfois de minorités) et d’organiser l’action collective. 39. Donnez d’autres exemples de mouvements révolutionnaires ou d’actions violentes qui ont marqué l’histoire de France. La Commune de Paris, réprimée dans le sang (1871). Les grèves sanglantes : Fourmies (1891), grèves de 1906, réprimées par Clémenceau, actions de l’OAS après la décision d’accorder l’autonomie puis l’indépendance à l’Algérie, les manifestations réprimées dans le sang pendant la guerre d’Algérie (Charonne), les émeutes dans les banlieues (2005 notamment). 40. Quelles formes les actions violentes ontelles prises dans les entreprises touchées par les délocalisations ces dernières années ? Pourquoi, selon vous ? Des séquestrations de dirigeants (par exemple, en avril 2009, à l’usine de câblage de l’équipementier automobile américain Molex à Villemur-sur-Tarn en Haute Garonne), des menaces de destruction de l’outil de production (équipementier automobile New Fabris, à Châtellerault dans la Vienne en juillet 2009), des menaces de dégradation de l’environnement (société de transport Serta en août 2009). On peut considérer que ces actions s’expliquent par une perte de confiance des salariés menacés par les fermetures d’usine dans la capacité d’action des syndicats, qui apparaissent incapables de peser dans les négociations et donc d’obtenir des concessions de la part des employeurs. Les salariés ont alors le sentiment que le seul moyen d’obtenir satisfaction est l’action violente. • Document 14

41. Que veut montrer le caricaturiste en opposant de cette manière l’Anglais et le Français ? Le caricaturiste laisse entendre que face à une réforme (menaçant le pouvoir d’achat des ménages, ou perçue comme portant atteinte à des acquis sociaux), les Français réagissent souvent par des actions violentes, alors que les Britanniques prennent le temps de la réflexion, ce qui leur permettra de s’organiser. Cette caricature n’est bien © Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison

sûr pas dénuée de généralisation abusive, car on sait que l’histoire, même récente, de la GrandeBretagne n’est pas non plus dénuée d’actions violentes (grève des mineurs en 1984-85 contre les réformes Thatcher, émeutes de l’été 2011, etc.). 42. En vous référant au document 13, expliquez ce qui peut justifier ce stéréotype. La médiatisation de la fréquence des grèves ou de leur longueur en France par rapport à celles de ses partenaires commerciaux européens, américains et asiatiques, ainsi que la récurrence d’actions violentes (émeutes dans les banlieues notamment, mais aussi actions violentes dans les entreprises menacées de fermeture : voir question 40). • Document 15

43. Rédigez une phrase présentant l’information apportée par les données entourées en rouge. Sur la période considérée, étudiée par les enquêtes REPONSE de 1998-99 et 2004-2005, 74,7 % des établissements de 500 salariés et plus ont connu un conflit collectif. 91,7 % de ces établissements comptent au moins un délégué syndical et 81,2 % des salariés y sont syndiqués. 44. Comment expliquer la fréquence plus importante des conflits dans les entreprises de grande taille ? On constate grâce au doc. a que les conflits sont trois fois plus fréquents dans les établissements de grande taille que dans ceux de 20 à 49 salariés. Cela s’explique aisément par le fait que dans les petits établissements, les relations sont davantage fondées sur un rapport interpersonnel : pour évoquer et dépasser un sujet de tension, les salariés s’adressent plus souvent directement à leur patron ou au moins à un membre de la direction, qu’ils connaissent personnellement. Dans les établissements de grande taille, où l’organigramme est plus complexe, il existe différents échelons entre les salariés et la direction, notamment une direction du personnel ou un service des ressources humaines. Du côté des salariés, il existe aussi des instances de représentation (sections syndicales) et le taux de syndicalisation est relativement élevé, ainsi qu’on le constate avec le doc. b. Dès lors, les relations sont davantage institutionnalisées et les conflits déboucheront plus fréquemment sur des débrayages susceptibles de faire l’objet d’une comptabilisation statistique. © Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison

• Document 16

45. Comment le sociologue Ralf Dahrendorf explique-t-il l’atténuation de la violence des conflits industriels ? Les conflits industriels sont moins violents car ils ont été institutionnalisés, grâce à l’action des syndicats de salariés et des associations patronales. Ceci a permis de substituer la négociation et le compromis à l’action violente. Dahrendorf considère aussi que l’accroissement du niveau de vie des ouvriers a contribué à pacifier leurs relations avec la « classe capitaliste ». 46. Expliquez la phrase soulignée. Les syndicats ont été créés pour organiser l’action collective (cause). Et en tant que partenaires dans les négociations, ils contribuent activement à la définition de règles communes comme les conventions collectives : les institutions créées par le conflit contribuent à renforcer l’institutionnalisation de ces conflits (effet). • Pour argumenter

1. Une nécessaire prise de conscience des intérêts communs L’analyse de Marx : un lien étroit entre conscience de classe, lutte et changement social (doc. 4). Une confirmation par l’histoire (rôle du mouvement ouvrier ) : doc. 7 et 11. 2. Une nécessaire organisation de l’action Pour obtenir le changement, il est nécessaire de s’organiser collectivement pour faire entendre sa voix (doc. 2). L’institutionnalisation des conflits a permis des avancées sociales significatives (doc. 7 et 16, Question de cours p. 255).

2. De nouvelles formes de mouvements

sociaux dans une société en évolution � MANUEL, PAGES 260-263

A. Les mutations du conflit du travail

• Question 17

47. Rédigez une phrase présentant l’information apportée par la donnée entourée dans chacun des deux documents. En 1976, on a comptabilisé au total 4 millions de journées individuelles non travaillées pour fait de grève, quand en 2008, 7,6 % seulement des salariés étaient syndiqués. 189 •

48. Quelles hypothèses pouvez-vous formuler pour expliquer la baisse du nombre de JINT et du taux de syndicalisation ? Un faisceau de causes expliquent ces deux phénomènes : le recul des grands bastions ouvriers traditionnellement plus syndiqués que la moyenne ; la montée du chômage et des emplois précaires, qui peuvent décourager la syndicalisation (crainte que l’adhésion syndicale ne soit mal perçue par les employeurs, moindre implication dans l’entreprise) ; l’éclatement des collectifs de travail, du fait de l’externalisation, des horaires décalés etc. ; le sentiment que l’institutionnalisation des syndicats coupe les représentants syndicaux des préoccupations quotidiennes de leur base ; le sentiment que face aux délocalisations, les syndicats sont impuissants. Par ailleurs, de nouvelles formes d’action se développent (voir doc. 18) et « concurrencent » la grève traditionnelle comme mode d’action privilégié. En particulier, la plus grande fréquence des grèves courtes conduit à une diminution du nombre total de JINT. • Document 18

49. Rédigez une phrase présentant l’information apportée par la donnée entourée en rouge. Entre 2002 et 2004, 10 % des établissements ont connu au moins un débrayage, c’est-à-dire un arrêt de travail inférieur à la journée. 50. Quelles formes de conflits reculent de 19961998 à 2002-2004 ? Seules les grèves longues (plus de deux jours) sont en recul. 51. Quelles formes progressent ? Toutes les autres formes de conflits progressent et c’est particulièrement sensible pour les refus d’heures supplémentaires. 52. Montrez que dans une organisation du travail en flux tendu, un simple débrayage peut désorganiser la production. Le « juste à temps » et un processus productif organisé de l’aval vers l’amont sont caractéristiques d’une organisation en flux tendu. Un débrayage, même de courte durée, bloque le processus productif en interrompant la communication des informations et des pièces d’un poste de travail à l’autre. Ce qui réduit considérablement la productivité, qui est l’objectif final de ce mode d’organisation du travail. • 190

53. Pourquoi, selon vous, le refus d’heures supplémentaires est-il un mode d’action privilégié dans les entreprises de petite taille ? Dans les petites entreprises, les grèves sont relativement rares, les conflits étant davantage individualisés. En revanche, de nombreux établissements de petite taille sont positionnés sur des activités où les conditions de travail peuvent être difficiles (bâtiment par exemple). Les conflits déclarés par les établissements concernent ainsi davantage des problématiques propres à la branche d’activité concernée, en l’occurrence le refus d’effectuer des heures supplémentaire, dont la rémunération ne compense pas toujours le surcroît de pénibilité. • Document 19

54. Assujettissement et responsabilisation sont deux modalités de contrôle managérial. Comment chacune peut-elle se traduire concrètement dans l’entreprise ? L’assujettissement peut passer par un contrôle strict des salariés (notamment d’exécution) par leur supérieur hiérarchique, et par une définition précise de tâches répétitives à effectuer. La responsabilisation consiste à obtenir des salariés qu’ils se sentent responsables de la qualité de leur travail et donc des performances de leur entreprise. Cette méthode conduit à accroître l’autonomie des salariés, ce qui implique souvent des obligations de résultat et permet de substituer au contrôle par le supérieur hiérarchique un contrôle des salariés les uns sur les autres, ou bien une autodiscipline des salariés engagés quasiment émotionnellement dans une culture de la performance. 55. Donnez des exemples de formes d’opposition par le retrait, par l’irrévérence et par le cynisme dans une entreprise. Opposition par le retrait : dans leur article intitulé « Le Répertoire de l’opposition au travail », paru dans la Revue Française de Sociologie en 2010, Christian Thuderoz et Jacques Bélanger évoquent les travaux d’un autre sociologue, David Collinson, qui a réalisé une étude dans le Nord de l’Angleterre au début des années 1980. L’attitude de retrait des ouvriers se manifeste par le fait que ces derniers, sans illusion sur leurs propres possibilités de mobilité sociale, ne se soucient plus de s’investir dans leur travail, qu’ils considèrent comme un mal nécessaire. Ils le subissent dans l’espoir que leurs enfants © Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison

connaîtront une trajectoire d’ascension sociale. Opposition par le cynisme : Christian Thuderoz et Jacques Bélanger citent : la formulation de suggestions « bidons » ; le remplissage à l’avance et pour l’ensemble de la semaine des fiches de maintenance ; la non-participation aux « Challenges qualité totale » ; le refus de la polyvalence, etc. Opposition par l’irrévérence : on peut imaginer différentes manifestations d’un manque de déférence, de l’impertinence, à l’égard des contremaîtres, et plus généralement du management dans son ensemble. 56. Montrez que le passage d’une organisation de type tayloro-fordiste aux NFOT peut conduire à une évolution des formes d’opposition au travail. Les nouvelles formes d’organisation du travail, qui éclatent le collectif ouvrier, mais aussi font appel à l’autonomie des salariés, à leur responsabilité individuelle et à leur engagement à l’égard de l’entreprise, favorisent des formes d’opposition plus individualisées : voir les attitudes de cynisme, de rébellion, de distance ou de retrait évoquées dans le tableau. Ces formes d’organisation du travail et de gestion de la main-d’œuvre autour d’une exigence d’implication des salariés, et même de leur mise en concurrence dans un contexte de raréfaction du travail ouvrier et de réduction de la taille des unités de production, rendent en effet plus difficile l’organisation de mouvements massifs sur le mode de la militance ou de la récalcitrance. • Document 20

57. Rédigez une phrase présentant l’information apportée par la donnée entourée en rouge. Entre 2002 et 2004, 14,8 % des établissements de 20 salariés ou plus ont connu un conflit dont la revendication portait sur les salaires. 58. Quelles sont les revendications les plus fréquentes ? Les revendications les plus fréquentes portent sur les augmentations de salaire. Viennent ensuite celles touchant au temps de travail. 59. Comment évoluent ces revendications ? La part des établissements ayant connu un mouvement dont la revendication principale concernait les salaires a augmenté de plus des deux tiers (+66 %) entre 1996-1998 et 2002-2004. Celle des établissements ayant connu un conflit © Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison

concernant le temps de travail a elle quasiment doublé (on peut imaginer que cela a été alimenté par les négociations visant à la mise en place des 35 heures), et il en va de même pour ceux touchés par des revendications portant sur le climat des relations de travail. On constate enfin que quels que soient leurs thèmes, les conflits ont progressé, touchant davantage d’établissements en 2002-2004 qu’en 1996-98. B. Nouveaux acteurs, nouveaux répertoires d’action et nouveaux enjeux

• Document 21

60. Qu’est-ce qu’une revendication matérialiste ? Une revendication matérialiste porte sur les conditions matérielles de travail et de vie : niveau des salaires, temps de travail, etc. 61. Qu’est-ce qu’une revendication postmatérialiste ? Une revendication post-matérialiste porte sur des valeurs : reconnaissance de droits, de la légitimité d’une identité particulière, etc. 62. Comment expliquer le développement des NMS ? L’auteur laisse entendre que pour certains sociologues, notamment Ronald Inglehart, le développement des NMS s’expliquerait par l’émergence de nouveaux besoins, tels que la reconnaissance sociale, lorsque les besoins primaires sont satisfaits (logement, alimentation, etc.). Ils seraient donc caractéristiques des sociétés développées postindustrielles. • Document 22

63. En quoi ces mouvements se distinguent-ils du mouvement ouvrier ? Ces mouvements se distinguent du mouvement ouvrier car ils n’ont pas le monde de l’entreprise pour cadre. Ils ne concernent pas seulement la sphère de la production ; leurs enjeux ne portent pas sur les conditions de travail, la répartition des richesses produites et la modification des relations de domination existant dans le monde du travail. Ils portent sur des valeurs, sur des pratiques sociales, et tentent donc d’obtenir une modification des orientations culturelles de la société. Par ailleurs, les acteurs qui s’y engagent peuvent être très divers : les syndicats ne sont pas des acteurs centraux et les origines socioculturelles des militants peuvent être très variées. Quant aux modes d’actions, ils ne se limitent pas aux traditionnelles grèves et manifestations (rédac191 •

tion de manifestes, création d’associations, sit-in, intrusion dans des centrales nucléaires etc.). 64. Quels ont été les résultats obtenus par ces formes d’action ? Ces actions collectives ont obtenu une reconnaissance institutionnelle, une modification de la législation, ou un infléchissement des politiques menées. On peut donc considérer qu’elles ont joué un rôle dans le changement social.

L’inscription sur la banderole « familles en faillite » laisse entendre que est la préoccupation première des ouvriers licenciés concerne leurs conditions matérielles futures, entraînées par la perte de leur salaire générée par ces licenciements. En exigeant des indemnités de licenciement plus élevées, ce sont bien leurs conditions matérielles d’existence qu’ils tentent de défendre.

• Document 23

• Pour argumenter

65. Comment l’auteur explique-t-il l’importance du maintien de revendications « matérialistes » dans les années 1970 ? La pénibilité du travail, un partage demeuré inégalitaire des fruits de la croissance et les débuts d’une augmentation du chômage expliquent selon l’auteur le maintien dans les années 1970 de revendications dites « matérialistes », et donc centrées sur le salaire et les conditions de travail. 66. Ce type de revendications vous semble-t-il dépassé ? Expliquez pourquoi. Ce type de revendications n’est pas dépassé. En effet, les inégalités de revenus ont cessé de se réduire depuis les années 1980 ; la polarisation sociale s’est accrue dans un contexte de chômage de masse alimenté par la désindustrialisation ; la pénibilité du travail, mesurable par la croissance des troubles musculo-squelettiques et les accidents du travail, se confirme au sein du monde ouvrier et s’étend à d’autres catégories (employés de la grande distribution notamment). Tous ces éléments alimentent ce type de revendications, ce que confirment les statistiques des enquêtes REPONSE (doc. 20).

1. Les NFOT conduisent à une transformation des conflits au travail Les formes traditionnelles d’action sont en déclin (baisse des taux de syndicalisation, diminution du nombre de JINT, doc. 17) car elles sont rendues difficiles par l’éclatement des collectifs de travail. De nouvelles formes d’action (débrayage, refus d’heures supplémentaires etc., doc. 18) et une diversification des formes d’opposition au travail (doc. 19). 2. Quelles revendications dans une société dite postindustrielle ? Développement des NMS (doc. 21 et 22), qui se conjugue avec le maintien de revendications matérialistes dans un contexte économique tendu (doc. 23 et 24).

◗ Travaux dirigés : Émeutes et coordinations : deux expressions d’un désaccord � MANUEL, PAGES 264-265 TD 1 : Les émeutes urbaines, manifestation d’un défaut d’intégration des « jeunes

• Document 24

des banlieues » ?

67. Que réclament les ouvriers ? La fermeture de l’usine étant décidée, les ouvriers réclament des indemnités de licenciement plus généreuses. 68. Comment pouvez-vous expliquer la violence de cette mobilisation ? La violence de cette mobilisation s’explique par la colère de salariés licenciés, qui s’estiment lésés par la décision de fermeture de leur usine mais aussi par les conditions dans lesquelles elle s’effectue. Impuissants dans un tel contexte, ils ont le sentiment de n’avoir plus rien à perdre. 69. En quoi ce type d’action confirme-t-il le maintien de revendications matérialistes ?

• Document 1

• 192

1. Où surviennent les émeutes ? Les émeutes surviennent la plupart du temps dans les banlieues de grandes villes, que l’on sait plus touchées par le chômage et la pauvreté que la moyenne des agglomérations en France. En effet, comme l’indique la note du doc. 2, les ZUS sont des quartiers en difficulté, caractérisés par la présence de grands ensembles, par un déséquilibre accentué entre l’habitat et l’emploi : il est donc difficile d’y trouver un emploi et le taux de chômage y est bien supérieur à la moyenne. On en compte 751 en France. Plus de la moitié d’entre elles sont concentrées dans quatre régions : Île© Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison

de-France, Nord-Pas-de-Calais, Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte-d’Azur. 2. Qui sont les émeutiers ? Les émeutiers sont essentiellement des jeunes. 3. Quels points communs peut-on mettre en évidence dans ces événements ? La violence à l’encontre des biens (incendies de voitures, dégradations, etc.), mais aussi la présence des forces de l’ordre caractérisent ces événements. • Document 2

4. À quelle distance Lille et Mantes-la-Jolie se situent-elles du centre de Paris ? Mantes-la-Jolie, dans les Yvelines, est l’une des cités touchées par les émeutes du début des années 1990. Le site Mappy évalue la distance entre sa gare et le métro Châtelet à 52 km. Or, le doc. 2 indique qu’il faut plus d’1 h 30 pour se rendre de Châtelet aux Mureaux, dans les Yvelines aussi, situés à 19 km de Mantes-la-Jolie et distants de 40 km seulement de Paris. On peut donc supposer qu’il faut encore plus de temps en transports pour se rendre à Mantes-la-Jolie qu’aux Mureaux. Quant à la gare de Lille, le même site Mappy la situe à 220 km du métro Châtelet. Or selon le doc. 2, il faut moins d’1 h 30 en transports pour s’y rendre. Lille apparaît donc plus facilement (ou au moins aussi facilement) accessible au départ du centre de Paris que des villes de la grande banlieue, pourtant plus proches. 5. Comment expliquer la longueur du temps de transport entre certaines communes de la banlieue parisienne et le centre de Paris ? La longueur des temps de transport malgré la relative proximité entre Paris et certaines communes de la banlieue parisienne s’explique soit par l’absence de desserte par le train ou le bus, soit par un trajet qui nécessite plusieurs correspon­dances. 6. Quelles conséquences cela a-t-il pour les populations qui y résident ? Comment cela peut-il être ressenti ? Les populations qui y résident sont souvent obligées de passer beaucoup de temps dans les transports en commun pour se rendre à Paris ou dans d’autres communes de banlieue afin de travailler ou pour bénéficier d’équipements culturels, sportifs, etc. Elles peuvent ressentir cela comme une mise à l’écart, et développer le sentiment d’être laissées pour compte, et que leurs besoins ne sont pas correctement pris en © Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison

considération par les pouvoirs publics, notamment ceux chargés de l’aménagement du territoire. • Document 3

7. Comment les émeutiers expliquent-ils leurs actes ? Les émeutiers expliquent leurs actes comme des réactions à l’injustice et au harcèlement, aux humiliations, au mépris qu’ils ont le sentiment de subir quotidiennement de la part des habitants qui ne résident pas en ZUS, mais aussi et surtout des représentants de différentes institutions (maire, police, professeurs, assistants sociaux, éducateurs, conseillers pôle-emploi, etc.). 8. Expliquez le passage souligné. Les sociologues qui ont étudié les émeutes urbaines, que ce soit en France, aux États-Unis ou en Grande-Bretagne, mettent en évidence le fait que le point de départ des émeutes est presque toujours un heurt avec la police qui se solde par l’arrestation ou la mort d’un ou plusieurs habitants des quartiers (émeutes d’octobre-novembre 2005 en France à la suite du drame de Clichysous-bois évoqué dans le doc. 1, émeutes de Londres en août 2011 à la suite de la mort d’un habitant du quartier populaire de Tottenheim dans une fusillade avec la police, etc.). Ainsi, le drame naît lorsque la colère, alimentée sur une longue durée par le développement d’un sentiment de stigmatisation, explose et prend la forme d’une opposition aux forces de l’ordre, qui ne sont plus perçues comme protectrices pour l’ensemble de la collectivité, mais comme des agents d’oppression d’un système d’autorité plus vaste (la municipalité, l’État, etc.). 9. Quelles pourraient être dans ce cas les alternatives à la violence ? Restaurer le dialogue et un sentiment de solidarité entre ces quartiers et le reste de la société pourrait être un moyen de prévenir de telles violences. Une police de proximité, la présence de médiateurs issus du milieu associatif pourraient permettre de retisser un lien social qui semble très fragilisé, et permettrait d’établir un dialogue entre les autorités et la population des quartiers en cas d’incident, avant que ces derniers ne dégénèrent en émeutes. Ainsi, une forme d’institutionnalisation des conflits pourrait permettre, comme le pensait Dahrendorf pour les conflits industriels, d’en atténuer la violence. 193 •

10. Pourquoi ces alternatives sont-elles difficiles à mettre en œuvre ? Ces alternatives sont difficiles à mettre en œuvre car cela nécessite des moyens financiers, mais aussi du temps pour que des représentants de ces quartiers émergents et puissent être des interlocuteurs pour les pouvoirs publics. Fondamentalement, la similitude des causes expliquant les violences – niveau élevé du chômage,

Définition Groupements temporaires, qui s’organisent à l’occasion d’un conflit et qui ont pour vocation de représenter directement la base, en court-circuitant les organisations syndicales traditionnelles. Une coordination représente généralement des intérêts corporatistes, c’est-à-dire ceux d’un corps de métier particulier.

TD 2 : Les coordinations : une alternative pour réguler les conflits du travail ?

• Documents 1 et 2

1. En vous appuyant sur les documents 1 et 2, recopiez et complétez le tableau ci-dessous.

Justifications à la création de coordinations

Exemples de coordinations

Limites des coordinations

– Une certaine défiance à l’égard des syndicats, considérés comme trop modérés, et une exigence de démocratie directe. – Le développement de nouveaux métiers, ou bien les très fortes transformations que connaissent certains métiers favorisent le développement des coordinations, car ces métiers sont mal pris en compte par les organisations syndicales traditionnelles.

Coordinations de cheminots (dès 1986), d’instituteurs (dès 1987), d’infirmières (dès 1988), de médecins, d’agents des impôts, de fonctionnaires, de gardiens de prison, de contrôleurs aériens, d’assistantes sociales, etc.

– La recherche de démocratie directe et le souci de ne pas trahir les revendications de la base peut nuire à l’efficacité de l’action. – Une représentativité de la base non garantie : les coordinations représentent-elles la majorité ou une minorité active ? – Des interlocuteurs difficilement identifiables par les employeurs ou les pouvoirs publics, car ils n’ont pas de mandat officiel.

• Document 3

2. Quelle conviction cette affiche de la coordination nationale infirmière cherche-t-elle à exprimer ? La CNI cherche à montrer qu’une action strictement individuelle est moins efficace que l’action collective. La « Voice » a de meilleures chances de déboucher sur des négociations et la satisfaction d’au moins une partie des revendications (en termes de salaires, de temps, d’organisation et de conditions de travail) qu’une protestation individuelle. 3. En utilisant l’exemple de la CNI, expliquez la phrase soulignée du doc. 2. Si le développement des coordinations est parfois analysé comme un symptôme du déclin des syndicats traditionnels, il faut toutefois nuancer ce propos pour diverses raisons. Tout d’abord, la coordination est parfois créée à l’initiative de salariés syndiqués. De plus, lors de négociations, les syndicats sont souvent sollicités en raison de leur expérience en la matière. Enfin, l’action d’une coordination peut inciter les salariés qui • 194

de la pauvreté, de l’échec scolaire, processus de ghettoïsation – nécessite des investissements lourds et une véritable continuité des politiques publiques en direction de ces quartiers.

y ont participé à se syndiquer ou bien à créer un nouveau syndicat. C’est ce qui semble s’être passé pour la coordination nationale infirmière, qui se présente précisément comme un syndicat.

◗ Sujets Bac � MANUEL, PAGES 269-272 Dissertation

Introduction : Avec moins de 8 % des effectifs salariaux syndiqués aujourd’hui (7 % en 2008), la France se caractérise par un taux de syndicalisation parmi les plus faibles des pays de l’OCDE. Cette faiblesse se manifeste aussi lors des élections prud’homales, où le taux d’abstention frise les 70 %, quand la CGT réunit moins de 40 % des suffrages exprimés, la CFDT moins de 30 %, FO autour de 20 % et les autres syndicats (F0, CFTC, CFE-CGC) autour ou en dessous de 10 %. Cette faiblesse des adhésions et de l’implication dans les élections est-elle révélatrice d’une crise de représentation des organisations syndicales ? © Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison

Ces dernières ont-elles perdu, en France comme dans le monde, leur capacité à représenter les intérêts des salariés et à exprimer leurs revendications en organisant l’action collective ? Si une crise des adhésions, explicable par de multiples facteurs, peut être observée en France et dans d’autres pays, la capacité d’action et de représentation des organisations syndicales reste toutefois forte. I. Une crise des adhésions A. Une baisse des taux de syndicalisation en France et dans le monde… En France, un taux de syndicalisation divisé par presque 4 depuis les années 1950 (doc. 2), qui atteint des niveaux particulièrement faibles dans les entreprises privées (5 %). Ainsi, le taux moyen de 8 % en 2004 (taux qui a encore baissé depuis) masque une inégalité très forte entre secteur public et entreprises privées). Une évolution qui s’inscrit dans une tendance mondiale au déclin syndical (selon l’OIT, la proportion de travailleurs syndiqués dans le monde a diminué de moitié entre 1975 et 1995, voir l’article d’Alternatives Économiques paru en mars 2008 intitulé « La crise du syndicalisme »), qui se manifeste par d’autres indicateurs, notamment la tendance à la baisse du nombre de JINT. B. …qui s’explique par de nombreux facteurs Déclin des grands bastions syndicaux avec le recul des effectifs ouvriers traditionnellement fortement syndiqués (cheminots, ouvriers de la sidérurgie, etc.), et le développement d’emplois tertiaires plus féminisés, où les taux de syndicalisation sont généralement plus faibles. Développement des FPE où les taux de syndicalisation sont très inférieurs à la moyenne (à peine plus de 2 % en moyenne pour les intérimaires et titulaires de CDD). Développement de comportements utilitaristes à l’égard des syndicats (le syndicat est sollicité en cas de besoin personnel : conflit avec l’employeur, besoins d’informations dans une perspective de mutation etc.), dans un contexte de montée de l’individualisme, favorisé par des techniques de gestion du personnel qui mettent l’accent sur les compétences et les performances individuelles. Développement d’un syndicalisme institutionnalisé (négociations annuelles sur les salaires dans les entreprises de plus de 50 salariés dans © Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison

le cadre des lois Auroux ; activité de conseillers prud’homauxn etc.), au détriment d’un syndicalisme de proximité. Les syndicats peuvent alors être perçus comme coupés des préoccupations quotidiennes de leur base. II. Mais un rôle qui demeure essentiel pour la protection des droits des salariés et l’expression de leurs revendications A. Une institutionnalisation du rôle des syndicats qui protège les droits des salariés En France, environ 90 % des salariés sont couverts par une convention collective malgré le faible taux de syndicalisation, car les conventions collectives couvrent aussi les non syndiqués. C’est un taux proche des niveaux des pays scandinaves où les taux de syndicalisation dépassent les 70 %, et qui est quatre à cinq fois supérieur à celui de pays dont les taux de syndicalisation sont proches (États-Unis, Corée du Sud), ou même supérieurs (Japon) (doc .1). Les représentants des syndicats, parce qu’ils négocient avec les employeurs au niveau de l’entreprise, de la branche, mais aussi au niveau interprofessionnel, ont un rôle majeur à jouer sur la réglementation qui encadre la relation salariale. Cette présence se manifeste par une forte présence des syndicats sur le lieu de travail, plus importante il est vrai dans le public que dans le privé (doc. 3). Un rôle de protection des salariés dans les conflits individuels qui les opposent à leurs employeurs (principe de la parité entre salariés et employeurs dans les conseils des prud’hommes). En France, principe de la cogestion de l’Unedic, des caisses de retraites complémentaires, de l’assurance maladie et de l’assurance vieillesse : les cotisants salariés sont ainsi représentés dans la gestion des organismes. En Allemagne, principe de la cogestion dans les entreprises : les représentants des salariés siègent au conseil d’administration, ce qui leur permet de peser sur les décisions, notamment sur la politique de l’emploi et la politique salariale des entreprises. B. Une capacité à mobiliser les salariés qui se maintient La présence dans un établissement de délégués syndicaux accroît la probabilité de survenue d’un conflit social (doc. 4). Mais de nouvelles formes d’action se manifestent : débrayages plutôt que conflits longs, 195 •

appui apporté parfois par les organisations syndicales aux coordinations organisées par la base, signature de pétitions, etc. Conclusion. Synthèse : En France, mais aussi dans le monde, une crise des adhésions, mais pas forcément de la capacité de représentation et de la capacité d’action. Ouverture : quel avenir pour maintenir cette capacité d’action et éviter la poursuite du déclin des taux de syndicalisation ? Les syndicats pourraient explorer plusieurs pistes : organiser la diffusion de l’information et favoriser la mise en relation de travailleurs dispersés du fait des NFOT, mais aussi de la décomposition internationale des processus productifs, notamment grâce à l’utilisation des modes de communication permises par les TIC ; coordonner les actions avec les associations très présentes sur certains terrains, notamment celle de la préservation de l’environnement ; développer un syndicalisme de service, peut-être en s’inspirant des modèles scandinaves, où la perception de certains suppléments de prestations sociales est conditionnée à l’adhésion syndicale. Épreuve composée

• Partie 1 : mobilisation des connaissances Question 1

L’action collective, au sens sociologique du terme, implique une volonté d’agir ensemble pour atteindre un objectif commun. On peut citer comme exemples d’actions collectives l’action syndicale, l’engagement dans une association, l’organisation d’une manifestation, le militantisme politique, l’action révolutionnaire, etc. Mais toute action collective n’est pas un mouvement social (ou lutte sociale) au sens où l’entendent les sociologues, et notamment le Français Alain Touraine. Bien que les définitions varient parfois selon les auteurs, on peut dire que les mouvements sociaux visent le changement de la société. Leurs enjeux sont donc globaux, puisqu’ils ont pour objectif de définir et de maîtriser les grandes orientations culturelles de la société. Ils visent à remettre en cause relations de domination précédemment existantes. Ainsi, ils se construisent en opposition à des adversaires, et ont donc une dimension protestataire, ce qui n’est pas le cas de toutes les actions collectives (par exemple une association dont le • 196

but est l’alphabétisation de la population n’a pas de vocation protestataire). Cette définition des mouvements sociaux conduit d’ailleurs Alain Touraine à considérer que les nouveaux mouvements sociaux (NMS) qu’il a étudiés avec les membres de son équipe (mouvements anti-nucléaire, occitan, féministe, etc.) sont de nouveaux enjeux de mobilisation collective, et plutôt des groupes de pression que des mouvements sociaux porteurs de projets de société alternatifs. Question 2

La régulation des conflits correspond à la mise en place d’institutions et de règles capables de les canaliser, mais aussi de permettre leur expression et d’organiser la négociation entre les partenaires sociaux. Dans la société industrielle, les syndicats sont les principales institutions remplissant ces fonctions. Ainsi, lorsque les républicains autorisent les syndicats en 1884 (loi Waldeck Rousseau), ils attendent des organisations syndicales qu’elles canalisent les conflits en leur permettant de s’exprimer et de s’organiser. Les syndicats participeront aux négociations avec les employeurs et l’État (que celui-ci soit arbitre ou lui-même employeur), ce qui a permis la construction d’une législation encadrant la relation salariale. Ainsi, la régulation des conflits a aussi pris la forme d’une réglementation. Cette institutionnalisation des conflits, qui tient compte des positions des partenaires sociaux pour élaborer des règles s’imposant aux salariés comme aux employeurs, a permis selon Ralf Dahrendorf d’atténuer la violence du conflit industriel. Aujourd’hui, les associations jouent un rôle de plus en plus important, dans un contexte où les mouvements sociaux ne se limitent plus au mouvement ouvrier, mais touchent d’autres sphères de la vie sociale : mouvement féministe, écologiste, de défense des droits des minorités, etc. Et aujourd’hui encore, ces actions collectives débouchent sur une législation qui permet de réguler les relations sociales (lois contre les discriminations, pour la parité en politique, etc.). • Partie 2 : Étude d’un document

Ce document, tiré des données sociales de l’Insee paru en 2006 et établi à partir d’enquêtes me© Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison

nées de 1996 à 2004 sur les conditions de vie des ménages, s’intéresse à l’implantation syndicale et au taux de syndicalisation en fonction de plusieurs critères : le statut de l’employeur, la taille de l’établissement, la branche d’activité, la CSP des actifs et leur sexe. En moyenne, 38,6 % des salariés du public et du privé déclarent qu’un ou plusieurs syndicats sont présents sur leur lieu de travail, et 8,2 % adhèrent à un groupement syndical ou professionnel (par exemple la CGT, la CFDT, SUD, la FSU). Mais de très fortes inégalités se manifestent en fonction de la situation professionnelle des uns et des autres. Ainsi, la présence syndicale est plus de deux fois plus élevée dans les entreprises publiques (plus de 70 %) que dans les entreprises privées, et le taux de syndicalisation est trois fois plus élevé dans la fonction publique que dans le privé (15 % contre 5 %). Par ailleurs, la présence syndicale et le taux de syndicalisation augmentent avec la taille de l’entreprise. Ainsi, la présence syndicale est multipliée par presque 30 entre les établissements de 5 salariés au plus et ceux de 1 000 salariés ou plus. Ce qui s’explique en grande partie par l’obligation pour les entreprises de disposer des délégués syndicaux au-delà de 50 salariés. Le taux de syndicalisation, lui, varie du simple (4,1 % pour les établissements de 5 salariés au plus) à plus du double (11,4 % pour de 1 000 salariés ou plus). L’écart est également sensible selon la branche d’activité, mais il recoupe les différences observées entre public et privé et la taille de l’entreprise. En effet, alors que la présence syndicale sur le lieu de travail concerne 67,2 % des salariés de l’énergie (qui inclut EDF et GDF-Suez), 55 % de ceux du transport (qui inclut SNCF et RATP), et que leurs taux de syndicalisation sont respectivement de 17 % et de plus de 10 %, ces données chutent à 17,5 % et 2,5 % pour la branche de la construction, essentiellement privée, et dont les entreprises sont souvent de petite taille, à l’exception de géants tels que Bouygues, Eiffage et Vinci. Quant aux caractéristiques individuelles des salariés, elles jouent également un rôle. Les hommes travaillent dans des entreprises où les syndicats sont davantage présents que celles où travaillent les femmes (40,7 % contre 36 %), et ils sont aussi un peu plus syndiqués (un écart de presque deux points en faveur des hommes : 9,1 % contre © Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison

7,2 %). Toutefois, l’écart est moins sensible entre les sexes qu’entre les niveaux de diplômes : globalement, plus le niveau de diplôme est élevé, plus la présence syndicale et le taux de syndicalisation ont tendance à être forts. Ainsi, les cadres sont presque trois fois plus syndiqués que les personnels d’exécution que sont les employés. Et plus de deux fois plus que les ouvriers. • Partie 3 : Raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire

Depuis le milieu des années 1970, dans un contexte de variabilité de la demande liée aux fluctuations de la croissance et de concurrence accrue en raison de l’ouverture croissante des économies, les entreprises sont à la recherche de davantage de flexibilité. Cet impératif, lié à l’exigence de compétitivité, a eu des répercussions sur l’organisation du travail et la gestion de la maind’œuvre. Ainsi, plus de 10 % des emplois sont aujourd’hui des formes particulières d’emploi hors temps partiel (CDD, intérim), quand ils ne représentaient que 2 % des emplois au milieu des années 1970. La flexibilité qualitative interne se développe aussi, et prend la forme d’une responsabilisation des salariés, d’une exigence d’autonomie, qui passe par la recherche de leur implication personnelle ; cela s’accompagne d’une individualisation de la relation salariale. Dans ce contexte d’intensification du travail (doc. 1), comment s’expriment les revendications des salariés ? Comment ces transformations de l’organisation du travail ont-elles affecté les modes d’expression des conflits collectifs ? Le développement des FPE, qui s’est aussi accompagné d’un recours plus important à l’externalisation, a eu tendance à faire éclater les grands collectifs de travail et à diviser géographiquement, mais aussi socialement les salariés. Les unités de travail sont plus éloignées et le télétravail se développe, en même temps que l’on observe une division entre stables et précaires dans l’entreprise (« multiplication des statuts de l’emploi », doc. 1). La gestion individualisée de la main-d’œuvre (entretiens annuels individuels, individualisation des rémunérations, etc.) et la valorisation des compétences individuelles plutôt que des qualifications collectivement définies (doc. 1) participent également à la division du collectif de travail. Toutes ces évolutions ne sont pas favorables à une expression des conflits telle qu’elle se mani197 •

festait dans le mouvement ouvrier traditionnel : adhésion à un syndicat, participation à des grèves et à des manifestations. Ainsi, on observe que le taux de syndicalisation des précaires est plus de trois fois inférieur à la moyenne, déjà faible, et près de quatre fois inférieur à celui des salariés en CDI. La présence syndicale sur le lieu de travail ou dans l’entreprise ou l’administration est elle d’autant plus élevée que le type de contrat est « typique » (doc.  2). Mais si l’action collective traditionnelle est en déclin (baisse des taux de syndicalisation et du nombre JINT sur longue période), de nouvelles formes d’action collective se mettent en place. Les enquêtes REPONSE (relations professionnelles et négociations d’entreprise) montrent qu’à l’exception des grèves longues (plus de deux jours), toutes les formes d’action collectives se développent. Par ailleurs, de nouvelles formes atypiques de grèves se développent : grève du zèle (ralentissement du rythme de travail obtenu sous le prétexte d’un respect scrupuleux du règlement) ou grèves perlées (baisse concertée du rythme de la production, avec une diminution des cadences), bien que relativement rares, sont également en progression. D’autres formes d’actions sont en essor, notamment les pétitions et le refus d’heures supplémentaires, qui ont explosé depuis la fin des années 1990. Les transformations de l’organisation du travail, qui ont généré des problèmes spécifiques selon les professions, ont aussi favorisé l’émergence de nouveaux acteurs, comme les coordinations. Il s’agit de groupements temporaires, qui s’organisent à l’occasion d’un conflit et qui ont pour vocation de représenter directement la base en court-circuitant les organisations syndicales traditionnelles. Une coordination représente généralement des intérêts corporatistes c’est-à-dire ceux d’un corps de métier particulier. Il arrive enfin que l’exigence de rentabilité croissante conduise à des fermetures d’usines, qui pourtant font parfois des bénéfices. Dans ce cas, l’opposition peut prendre des formes violentes, qui se sont multipliées à la fin des années 2000. Les salariés licenciés ont alors essentiellement pour objectif d’obtenir de meilleures indemnités de licenciement, et ils mènent des actions spectaculaires afin d’obtenir une visibilité médiatique à même de servir leur cause. • 198

Ainsi, si la baisse du nombre de JINT et celle des taux de syndicalisation depuis conjuguées au déclin des bastions ouvriers traditionnels et au développement des NFOT accrédite l’idée d’une crise des formes de mobilisation traditionnelles, le développement de nouvelles formes d’actions et l’émergence de nouveaux acteurs montrent que les luttes sociales restent vives en France. Épreuve orale de contrôle

• Questions de connaissance

1. Quelles sont les limites d’une nomenclature sociale telle que celle des PCS de 1982 ? Les principales limites renvoient tout d’abord à une imperfection de la définition des catégories, qui est empreinte d’un certain arbitraire. Tout d’abord, le classement des individus dans les différentes PCS repose sur leurs déclarations. Or, les individus peuvent modifier l’intitulé de leur profession (pharmacien ou employé dans une pharmacie par exemple), ce qui peut conduire à des biais statistiques. Par ailleurs, certains groupes socioprofessionnels, notamment celui des employés, sont extrêmement hétérogènes. Et certaines différences internes à chaque groupe ne sont pas prises en compte, notamment la distinction, aujourd’hui de plus en plus cruciale, entre stables et précaires. Ensuite, alors que la nomenclature est utilisée pour étudier le comportement des ménages, le classement des individus se fait en fonction de la situation socioprofessionnelle de la personne de référence, ce qui pose souvent le problème de la non prise en compte de l’activité féminine. Par ailleurs, si ces catégories ont une certaine pertinence sociologique, dans la mesure où les statisticiens regroupent des individus qui ont un profil socioéconomique proche, elles ne sont pas pour autant réellement des groupes sociaux conscients de leurs similitudes. Cette évolution de la catégorie en groupe (par exemple le groupe de cadres étudié par Christian Boltanski) est le fruit d’une construction sociale. 2. L’école est-elle le seul déterminant de la mobilité sociale ? L’école n’est pas le seul déterminant de la mobilité sociale. D’autres instances de socialisation jouent également un rôle, notamment la famille. Les sociologues de l’éducation montrent que l’implication de la famille ou sa non implication © Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison

jouent un rôle sur la réussite scolaire des enfants, et partant, sur les trajectoires professionnelles, donc la mobilité sociale. Par ailleurs, l’essentiel des mouvements de mobilité observés sont des mouvements de mobilité structurelle. Ainsi, par exemple, la table de mobilité de 2003 montre qu’à peine un peu plus d’un cinquième des fils d’agriculteurs sont devenus eux-mêmes agriculteurs. Une plus grande proportion est devenue ouvrier, et près d’un cinquième profession intermédiaire. Ce qui s’explique non seulement par des choix de formation différents dans le système scolaire, mais aussi par les gains de productivité dans l’agriculture et la concentration des exploitations, qui ont poussé les enfants d’agriculteurs à s’orienter vers d’autres branches d’activité que leur père. 3. Comparez le taux de syndicalisation des salariés en contrat à durée déterminée ou en intérim à celui des salariés en contrat à durée indéterminée à temps complet. Le taux de syndicalisation des salariés à durée indéterminée à temps complet est presque quatre fois supérieur à celui des salariés en CDD ou en intérim, ce qui correspond à un écart de 300 % environ. Ainsi, plus les emplois sont proches de ce que l’on appelle la norme d’emploi, plus la probabilité de se syndiquer est grande. • Question principale

Introduction Comparaison entre la violence des grèves et mani­festations à la fin du XIXe siècle, où les autorités envoyaient la troupe, et les grèves et manifestations dénuées de violence que la France a connues ces dernières années. Définition de la notion de régulation des conflits. Présentation de la question posée par le sujet. I. Une institutionnalisation des conflits qui a permis d’en atténuer la violence

© Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison

A. Une institutionnalisation qui se manifeste par une représentation de plus en plus importante des syndicats dans l’entreprise… 1884 et l’autorisation des syndicats, 1936 et les délégués du personnel, 1945 et la création des CE, 1968 et les sections syndicales d’entreprise… Exploiter ici le doc. 1, qui montre que malgré de faibles taux de syndicalisation, la présence syndicale est relativement forte dans les établissements. B. … et par la construction d’un véritable droit du travail Grâce à la conclusion de conventions collectives et l’élaboration d’une législation qui encadre la relation salariale : 1906 et la création d’un ministère du Travail ainsi que la loi sur le repos hebdomadaire, 1919 avec la journée de 8 heures et les premières conventions collectives, 1936 avec les congés payés et la loi sur les conventions collectives, 1970 et le SMIC, etc. C. Ce qui a permis d’atténuer la violence du conflit industriel en lui permettant de s’exprimer Présentation de la thèse de Dahrendorf. II. Toutefois, ces avancées n’ont pas entièrement supprimé la violence des conflits sociaux A. Une faiblesse des corps intermédiaires en France et notamment du syndicalisme (doc. 1)… B. … qui explique en partie la permanence de conflits violents, en dehors ou au sein de la sphère de l’entreprise (doc. 2). Conclusion : une régulation des conflits grâce à leur institutionnalisation, ce qui en a atténué la violence, mais n’a pas supprimé cette dernière, qui ressurgit lorsque les corps intermédiaires ne parviennent pas à relayer les revendications de la base, ou lorsqu’une lutte paraît « perdue d’avance ».

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