172617_ch09_LP
Short Description
Download 172617_ch09_LP...
Description
Chapitre
9
Comment rendre compte de la mobilité sociale ? � MANUEL, PAGES 206-227
Erratum des spécimens envoyés - p. 219, doc. 25 : questions 68 et 69, il s’agit des hommes cadres/ouvriers vivant ou ayant vécu avec des femmes cadres/employées (et non « qui épousent »).
◗ But pédagogique et structure du chapitre • Notre réussite sociale est-elle fixée d’avance en fonction de nos origines sociales ou dépendelle des efforts de chacun ? Dans une société (au moins théoriquement) ouverte comme la nôtre, tous les postes devraient être accessibles à tous en fonction du mérite de chacun (méritocratie), et c’est l’École républicaine qui devrait notamment permettre à chacun, quelque soit son origine sociale, de faciliter cette égalité des chances et la mobilité sociale. • Pourtant, tout est loin d’être si idyllique. L’École remplit-elle vraiment son rôle ? La mobilité sociale est-elle une réalité et/ou une illusion ? Aujourd’hui plus qu’hier ? Toutes les générations et les groupes sociaux connaissent-ils le même destin ? L’évolution de la conjoncture économique et de la structure socioprofessionnelle, le poids de la famille ne sont-ils pas aussi des déterminants de la mobilité sociale ?
◗ Liens avec d’autres chapitres Ce chapitre se trouve dans la partie sociologique du programme, dans la sous partie « Classes, stratification et mobilités sociales ». Il succède logiquement au chapitre 8 sur « Comment analyser la structure sociale ? », où les réponses apportées à la question ont des incidences sur la mobilité sociale, qui diffère selon les groupes sociaux, CSP, les âges, les générations et donc les différentes périodes. La mobilité ou la reproduction ont des impacts sur le lien social (chap. 10), sur les types et • 144
l’intensité des conflits sociaux (chap. 11). Ainsi, la mobilité sociale même relative des ouvriers a-t-elle sans doute modifié leur vision de la société, et donc leur participation aux conflits sociaux et ont des liens avec les inégalités (chap.12) et les façons dont l’État contribue à les réduire (chap.13). D’ailleurs, ne confond-on pas parfois mobilité(s) et inégalités ? Une société plus fluide est-elle nécessairement une société moins inégale ? Égalité et/ou équité ? Ainsi, on peut faire référence aux débats sur les « discriminations positives » (chap. 8), y compris dans nos écoles les plus prestigieuses (Sciences Po, Essec, Henri IV, ENS Ulm, etc.) pour favoriser une meilleur mobilité sociale. On peut également trouver un lien avec les questions de l’emploi (chap. 14 et 15). Enfin, la croissance (chap. 1) comme l’ouverture internationale (chap. 3) influent sur les évolutions de la population active ainsi que sur la mobilité sociale.
◗ Réponses aux questions Ouverture de chapitre � MANUEL, PAGES 206-207
• Document 1
Pourquoi la famille Chedid peut-elle être considérée comme un symbole de la reproduction sociale ? Trois générations de la famille comprennent des artistes, d’Andrée à Mathieu en passant par Louis. C’est une famille symbole, au moins en partie, de la reproduction sociale intergénérationnelle. • Document 2
Pourquoi Georges Pompidou est-il un symbole de mobilité sociale ? Ses grands parents étaient paysans, ses parents instituteurs. Il a été professeur agrégé de lettres, haut responsable de la banque Rotschild, Premier ministre du Général de Gaulle, puis président de © Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison
la République entre 1969 et 1974. Un parcours symbole d’une mobilité sociale ascendante inter et intra générationnelle. • Document 3
En quoi cette affiche veut-elle caractériser un des publics scolaires actuels ? Le livre et le film se passent dans un collège parisien symbole d’un plus grand accès des milieux populaires, dont les enfants issus de l’immigration, au collège (dans les années 1960 notamment), puis au lycée, et aujourd’hui à l’Université. Mais l’accès en masse au système scolaire (« massification ») avec des études de plus en plus longues s’est-il vraiment traduit par une démocratisation de l’école ?
1. Comprendre la mobilité sociale : définitions, composantes et évolutions
� MANUEL, PAGES 208-213 A. Différentes formes et mesures de la mobilité
• Question 1
1. Rédigez une phrase présentant l’information apportée par chaque donnée entourée en rouge. 6 % des fils de cadres et PIS sont devenus employés (destinée). 10 % des fils d’ouvriers sont devenus cadres et PIS (destinée). 58 % des ouvriers sont fils d’ouvriers ou avaient un père ouvrier (origine ou recrutement). 2. Indiquez, pour 2003, le pourcentage de fils de cadres devenus ouvriers et le pourcentage de fils d’ouvriers devenus cadres. Qu’en déduisez-vous ? 9 % des fils de cadres sont devenus ouvriers (mobilité très descendante) et 10 % des fils d’ouvriers sont devenus cadres et PIS (mobilité très ascendante) : la mobilité entre les 2 catégories a priori les plus éloignées est donc assez faible. 3. Où peut-on observer l’immobilité sociale sur une table de mobilité ? Indiquez quels sont les groupes les plus et les moins mobiles. On peut observer l’immobilité ou la reproduction sociale sur la diagonale de la table. Du point de vue de la destinée, les groupes les moins mobiles sont les Cadres et PIS (52 % de reproduction) et les Ouvriers (46 %), à l’inverse des Employés © Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison
(17 %), des Agriculteurs et des Artisans, Commerçants, Chef d’entreprise (21-22 % chez ces Indépendants), groupes que l’on quitte plus souvent. Les professions intermédiaires se situant au milieu (33 %). Du point de vue du recrutement, les CSP les moins mobiles sont les Agriculteurs (88 % des agriculteurs ont un père agriculteur ou sont fils d’agriculteur) et les Ouvriers (58 %), à l’inverse des Employés (14 %, mais le groupe étant très féminisé, les fils ont moins de chances de le devenir) et des Professions intermédiaires (16 %), qui sont des points de passage plus aisés. 4. Quels éléments importants manque-t-il dans cette table pour apprécier la mobilité sociale ? Les documents suivants apportent la réponse : cette table ne comprend qu’un quart des actifs (doc. 2). On y voit que la mobilité intergénérationnelle et pas l’intragénérationnelle (doc. 3), la mobilité absolue et pas la relative (Question de cours p. 209). • Document 2
5. Pour quelles raisons les tables de mobilité présentent-elles des limites ? Les tables de mobilité éliminent les trois quarts des actifs, à savoir les femmes (mères ou filles), les moins de 40 ans (donc la mobilité des générations plus récentes) et ceux qui ne sont pas français de naissance. 6. Que signifie la phrase soulignée ? Si l’on suit la réponse précédente, ces tables ne montrent donc qu’une partie de la mobilité. • Document 3
7. Dans une société à mobilité parfaite, l’origine sociale a-t-elle une influence sur la position sociale ? Pourquoi ? Si la mobilité était parfaite, l’origine sociale ne devrait avoir aucune influence sur la destinée sociale. Un fils d’ouvrier devrait avoir autant de chance de devenir cadre qu’un fils de cadre. 8. Quel est l’intérêt d’analyser la mobilité intergénérationnelle plutôt que la mobilité intragénérationnelle pour étudier la mobilité sociale ? La mobilité intergénérationnelle permet de voir s’il y a ou non mobilité entre deux générations et si la société est réellement démocratique au sens de Tocqueville, c’est-à-dire si les positions sociales sont ouvertes à tous, ce qui renvoie au débat sur la méritocratie. La mobilité intragénérationnelle ne concerne qu’un individu durant sa vie active. 145 •
• Document 4
9. et 10. Définissez les deux types de mobilité présentés dans le texte. À quelle(s) mobilité(s) peut-on relier un fils d’agriculteur qui devient ouvrier ? un fils d’agriculteur qui devient médecin ? Un (fils de) paysan qui devient ouvrier durant les Trente Glorieuses ou un (fils d’) ouvrier non qualifié devenant employé sont a priori des exemples de mobilité structurelle (qui n’est qu’un élément de la mobilité totale). Il y a 1 143 000 fils d’agriculteurs, mais seulement 285 000 sont agriculteurs : 858 000 fils d’agriculteurs ont dû mécaniquement quitter la terre pour des raisons structurelles ou de contexte socioéconomique liées à la « modernisation » des campagnes. Cela représente 22 % de fils d’agriculteurs devenus agriculteurs et 78 % qui ont fait autre chose. Et si 37 % des fils d’agriculteurs sont devenus ouvriers (mobilité, mais plutôt forcée ou structurelle qui ne traduit pas vraiment ou pas forcément une ascension sociale ), d’autres sont devenus cadres et PIS (médecin par exemple), ce qui est plutôt une mobilité nette (c’est-à-dire hors des changements structurels), même si cette notion n’est pas aisée à définir en dehors de la soustraction classique (Mobilité totale ou brute – Mobilité structurelle = mobilité nette). Au total, si les agriculteurs représentaient 16 % des pères, ils ne représentent plus que 4 % des fils. 11. Qu’est ce que la fluidité sociale ? Quel est l’intérêt de cette notion dans l’étude de la mobilité sociale ? La fluidité sociale permet d’apprécier la mobilité d’une catégorie sociale par rapport à une autre. En faisant le lien entre origine et position sociales, elle permet de mesurer la mobilité indépendamment de l’état (taille) et de l’évolution de la distribution socioprofessionnelle des pères et des fils. La fluidité sociale qualifie ainsi « la mobilité nette du changement de la taille des différentes catégories ». Pour évaluer la fluidité sociale, on utilise l’odds ratio ou rapport des chances relatives de connaître, pour une génération donnée, une mobilité sociale, notamment ascendante. La société sera qualifiée de plus fluide si les chances de devenir cadre plutôt qu’ouvrier augmente plus vite pour les fils d’ouvriers que pour les fils de cadres. La mobilité nette est aussi un indicateur de fluidité sociale. • 146
On peut ajouter que selon l’Insee, entre 1953 et 1993, la fluidité sociale semble avoir légèrement augmenté chaque année (0,5 % par an) pour les Français alors âgés de 35 à 59 ans. Cependant, ces individus sont le plus souvent entrés sur le marché du travail avant le chômage massif et la précarité et avant le boom scolaire. La mobilité sociale nette, stable entre 1977 et 2003, a quant à elle légèrement diminué entre 1993 et 2003. B. De l’espoir d’une mobilité ascendante à la peur du déclassement
• Document 5
12. Quels sont, selon l’auteur, les grands changements liés à l’emploi survenus entre les Trente Glorieuses et les décennies qui les ont suivies ? Précarisation et chômage sont les évolutions et ruptures les plus marquantes entre les Trentre Glorieuses et les décennies qui ont suivi (« Piteuses »). Les ouvriers travaillent moins dans les grandes industries et l’exode rural a continué comme la tertiarisation des emplois. 13. Cette perception d’une évolution négative reflète-t-elle toute la réalité ? Justifiez votre réponse. Depuis le début des crises dans les années 1970, les inégalités et la pauvreté ont évolué de façon irrégulière, en se réduisant à certains moments et en augmentant à d’autres. Si le pouvoir d’achat a continué d’augmenter, cette évolution a été faible depuis quelques années et surtout cela s’est fait au bénéfice des plus hauts revenus (chap. 12, doc. 17 p. 283). Mais c’est surtout la peur qui s’est installée par rapport aux Trente Glorieuses, où presque tout le monde avait une perception positive de l’avenir et où les espoirs de mobilité ascendante étaient assez conformes à la réalité (mais certains partaient de très bas). Il ne faut toutefois pas oublier pour cette période les difficultés de logement (appel de l’Abbé Pierre en 1954), la colère de certaines catégories de population comme les paysans, artisans, commerçants (poujadisme) ou les ouvriers avec quelques grandes grèves en 1963 ou 1968. Mais aujourd’hui, c’est la peur voire l’angoisse qui se diffusent : de moins en moins de personnes se sentent à l’abri du chômage, voire de la pauvreté, même s’ils ne touchent qu’une minorité de la population. De même, la mobilité est aussi descendante et les © Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison
services publics créent de moins en moins d’emplois, tarissant une des sources de la mobilité et d’intégration sociales. Enfin, la mondialisation est vécue et perçue comme inquiétante par certaines catégories, notamment celles en difficultés. • Document 6
14. Indiquez ce qui peut donner l’impression que l’ascenseur social est en panne. L’est-il réellement ? Pourquoi ? La mobilité sociale existe encore, y compris vers le haut, mais la mobilité descendante est aussi de plus en plus présente, accentuant la perception négative d’une partie importante de la population. 15. Quels sont les deux types de déclassement qui peuvent s’ajouter ? Il existe un risque croissant de déclassement intergénérationnel quand un enfant occupera une place (CSP) moins élevée que celle de son ou ses parents (un tiers des cas pour les générations nées au cœur des années 1960). Il faut y ajouter le déclassement professionnel, quand un actif occupe un emploi en deçà de celui accessible avec ses diplômes car il n’a pas pu en trouver un à la mesure de ses « compétences » et de ses aspirations, créant ainsi un sentiment de frustration pour plus d’1/5 des jeunes en emploi en 2001, et diffusant ainsi une peur chez d’autres. • Document 7
16. Quelles sont les hypothèses avancées dans le texte pour expliquer le déclassement ? La première raison est qu’il y a trop peu de création d’emplois qualifiés par rapport au flux croissant de diplômés. Si l’on ajoute le baby boom (et demain le recul de l’âge de la retraite ?), les postes les plus élevés sont déjà très (« trop » du point de vue des jeunes) occupés et peu veulent les abandonner. Certains qualifiés occupent des emplois trop peu qualifiés pour eux, ce qui accroît les difficultés des moins qualifiés. 17. Selon le texte, pourquoi les classes moyennes seraient-elles les plus touchées ? Selon la formule provocante de Louis Chauvel, « pour accueillir relativement plus d’enfants des catégories modestes dans les classes moyennes dans un contexte où il existe plus de candidats que de places, il faut bien que des enfants des classes moyennes fassent la politesse de céder leur place ». La plus forte concurrence et la démocratisation scolaire créent en effet des « perdants », dès lors © Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison
que le rythme de création des emplois « CSP+ » est moins élevé que celui des diplômés du supérieur. Cette interprétation n’est pas confirmée par les données statistiques. La trajectoire des enfants de cadre se maintient, comparée aux destinées sociales des fils et filles issus du salariat populaire et moyen : en vingt-cinq ans, l’accès aux positions supérieures est devenu plus inégal et l’avantage relatif des enfants de cadre sur les enfants de milieu modeste (ouvrier et employé) s’est plutôt accentué. Autre effet négligé, le risque de connaître une trajectoire descendante est logiquement plus fréquent en haut de la structure sociale où l’alternative est de « reproduire » ou de descendre dans l’échelle des positions. Cet effet est renforcé du fait de l’accroissement de la part des professions supérieures dans les générations des parents (mécanique de l’effet de plafond). 18. Par quoi le déclassement peut-il être atténué ? Le capital culturel, et notamment les diplômes, apparaissent comme les éléments les plus protecteurs contre le déclassement. • Document 8
19. Selon l’auteur, le sentiment de déclassement qui touche la société française est-il justifié ? Le sentiment de déclassement est (très) exagéré car le risque réel de déclassement a à peine augmenté. 20. Comment explique-t-il ce sentiment ? Bien que le risque de déclassement ne se soit qu’à peine accru, la peur a considérablement augmenté, sans doute parce que les conséquences d’un déclassement sont plus grandes qu’avant, notamment quand on perd son emploi, car il sera difficile de retrouver un emploi stable. 21. Quelles sont les conséquences du sentiment de déclassement évoquées dans le texte ? Beaucoup cherchent les statuts les plus protecteurs et/ou ont peur de les perdre. De nombreux changements, nécessaires ou non, peuvent donc être perçus, à tort ou à raison, comme déstabilisants et suscitent donc des résistances. • Document 9
22. Dans l’ensemble, observe-t-on davantage de promotions ou de déclassements ? Il y a près de 2 fois plus de promotions (de 6,6 à 15,1 %) que de déclassements (de 3,1 à 6,8 %). 147 •
23. Comment cela a-t-il évolué entre les deux périodes considérées ? En un quart de siècle, les possibilités de promotion ont sensiblement progressé en étant multipliées par environ 1,5. Dans le même temps, les risques de déclassement ont, eux aussi, sensiblement progressé, même s’ils restent à des niveaux plus faibles que les promotions. L’écart entre promotions et déclassements entre les deux périodes s’est accru dans le « bon sens » : de 6,5 à 8,5 points pour les hommes et de 3,5 à 3,7 points pour les femmes. 24. Quels sont les groupes sociaux les plus stables dans chaque période ? En 1980-1985, les cadres étaient assez stables (un peu de déclassement et évidemment pas de promotion, puisque c’est le groupe en haut de l’échelle), mais beaucoup moins durant la période 19982003, où le déclassement a été plus important, comme dans chaque groupe social d’ailleurs. Le groupe des ouvriers qualifiés hommes est relativement « stable » durant les deux périodes (au sens où l’écart promotions/déclassements passe de 3 à 5 points) ; les ouvriers non qualifiés connaissent une promotion importante (en bas de l’échelle, ils ne peuvent pas connaître de déclassement) et croissante entre les deux périodes. 25. Pour chaque période, quels sont ceux qui connaissent le plus d’ascension ? le plus de déclassement ? Les non qualifiés connaissent des niveaux de promotion élevés : 30,5 % des employés non qualifiés (mais seulement 12,4 % des employées en 19982008 et 29 % des ouvriers non qualifiés, contre 13,5 % seulement des ouvrières) ont connu une promotion entre 1998 et 2003. Même constat, mais dans des proportions moindres, pour les employés qualifiés et les professions intermédiaires. Ce mouvement ascendant est surtout sensible chez les jeunes salariés : 32 % des hommes et 25,5 % des femmes de 30 à 34 ans ont changé de statut social entre 1998 et 2003. Ce phénomène de mobilité ascendante s’est fortement accru depuis la période 1980-1985. C’est probablement le contrecoup du mouvement de déqualification qui frappe beaucoup de diplômés de l’enseignement supérieur à l’entrée sur le marché du travail : ils commencent souvent leur vie professionnelle à un niveau qui ne correspond pas à leur qualification théorique, mais parviennent cependant fréquem• 148
ment à occuper assez rapidement un poste plus qualifié. Les promotions sont plus courantes chez les travailleurs partant du bas de l’échelle sociale (ouvriers et employés non qualifiés). Du côté des déclassements, ce sont logiquement les cadres et les professions intermédiaires qui sont les plus menacés, d’où l’inquiétude des classes moyennes qui se diffuse au reste de la société : le déclassement des cadres a été quatre fois plus fréquent entre 1998 et 2003 qu’entre 1980 et 1985, et touche 8,2 % des cadres masculins et 9,3 % des cadres féminins. Les ordres de grandeur sont très proches pour les professions intermédiaires. Ils sont sensiblement plus faibles pour les ouvriers et les employés qualifiés. Mais pas pour les ouvrières qualifiées, qui sont 11,8 % à avoir subi un tel déclassement sur la période 1998-2003. C’est en particulier le contrecoup des nombreuses restructurations industrielles. Les déclassements ne sont donc plus marginaux concernent avant tout le haut de l’échelle sociale, et interviennent souvent à la suite d’un passage par le chômage ou l’inactivité. 26. Comparez les données des cadres et des ouvriers, puis celles des hommes et des femmes. Pour les ouvriers et les cadres : voir les réponses aux questions 24 et 25. Chez les hommes, les promotions sont plus courantes que chez les femmes et elles augmentent entre les deux périodes (9,7 à 15,1) et restent supérieures aux déclassements (3,2 à 6,6). Les femmes ont connu des promotions plus importantes en 1998-2003 que durant la période précédente, mais nettement moins nombreuses que les hommes. Ainsi, de 1998 à 2003, seules 10,5 % des femmes ont accédé à une catégorie sociale supérieure, contre 15,1 % des hommes. Du côté des déclassements, les femmes sont à peu près autant touchées que les hommes. C. Une mobilité sociale différente selon les générations et les CSP
• Document 10
27. Observe-t-on dans ce tableau davantage d’ascendants ou de descendants ? Il y a toujours plus d’ascendants que de descendants, mais le ratio diminue au cours du temps. 28. Commentez l’évolution du ratio à travers le temps. Le ratio diminue entre 1983 et 2003 pour les hommes et les femmes âgés de 30 à 59 ans, © Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison
puisqu’il n’y a plus que 1,77 fois plus d’ascendants que de descendants en 2003, contre 2,02 vingt ans plus tôt. Mais il y a donc toujours plus d’ascendants que de descendants, même si l’écart se resserre. • Document 11
29. Analysez l’évolution de la destinée « CPIS » et « Employés et ouvriers non qualifiés » chez les enfants de cadres supérieurs et gros indépendants d’une part, puis chez les enfants d’employés et d’ouvriers qualifiés d’autre part. Chez les fils et filles de Cadres supérieurs et gros indépendants, les possibilités de devenir CPIS sont fortes (une moitié pour les fils et près de 38 % chez les filles nées en 1969-1973, contre 29 % 25 ans avant), alors que celles de connaître une forte descente (vers les employés et ouvriers non qualifiés) sont très faibles (5,7 % chez les fils contre 8,8 % chez les filles pour ceux nés en 1969-1973). Chez les fils et filles d’employés et d’ouvriers qualifiés, les perspectives de devenir CPIS sont faibles (10 % pour les fils nés en 1969-1973). Mais elles augmentent un peu entre les deux générations extrêmes du tableau (1969-1973 et 1944-1948), notamment chez les filles, alors que les probabilités de connaître une descente vers les employés et ouvriers non -qualifiés sont de 18 % pour les fils et de 27,7 % pour les filles pour ceux nés en 1969-1973, soit quelques points de plus que pour les générations 1944-1948. Les promotions ont donc légèrement augmenté au cours du temps tout comme les déclassements. 30. Y a-t-il des différences sensibles entre le devenir des fils et celui des filles ? Chez les fils et filles de cadres supérieurs et gros indépendants, les perspectives des fils de devenir CPIS sont largement supérieures à celles des filles, même si l’écart se resserre. On voit à travers ceux nés en 1969-73 une reprise du devenir CPIS par rapport à ceux nés en 1959-63, mais une reprise supérieure pour les filles (plus 8 points contre plus 5 points aux garçons), même si elles partent de plus bas et qu’elles n’ont pas rattrapé le niveau des fils (37,9 % contre 52,5 % pour ceux nés en 1969-1973). Les filles ont en outre une probabilité un peu supérieure de connaître un déclassement social que les fils. Chez les fils et filles d’employés et d’ouvriers qualifiés, les perspectives de devenir CPIS (forte © Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison
ascension) sont faibles et l’écart entre les filles et les garçons se resserre, mais reste un peu à l’avantage de ces derniers : 8,3 % pour les filles contre 11,9 % pour les fils pour ceux nés en 19691973, soit 3,6 points de différence contre plus de 4 points pour ceux nés en 1959-1963 et près de 7 points pour ceux nés en 1944-1948. Les filles ont en outre une probabilité un peu supérieure de connaître un déclassement social que les fils mais l’écart s’est un peu resserré. • Document 12
31. Que peut-on dire de la mobilité sociale des différentes générations ? En termes de mobilité sociale, l’exploitation (secondaire) des enquêtes Emploi et FQP permet de mettre en évidence la dégradation des perspectives de mobilité sociale entre les cohortes nées dans les années 1940 et celles nées dans les années 1960, même si les ascendants restent toujours supérieurs aux descendants. Pour les enfants de Cadres et de Professions intermédiaires, les trajectoires descendantes sont plus nombreuses et pour les enfants des classes populaires, les trajectoires ascendantes se font plus difficiles. Les générations nées dans les années 1970-1980 semblent connaître une légère reprise de l’ascenseur social vers le haut, liée à une scolarisation et donc des diplômes croissants, ou au départ à la retraite de certains baby-boomers. Mais il faut également noter le maintien d’inégalités entre les enfants des groupes extrêmes, des déclassements et de la précarité. 32. Comment la mobilité sociale des milieux populaires évolue-t-elle d’une génération à l’autre ? Et par rapport aux catégories supérieures ? Entre les enfants des classes populaires et les enfants de cadres, malgré l’allongement des études et y compris à niveau de diplôme équivalent, les inégalités d’accès aux postes de cadres et professions intermédiaires sont encore fortes, malgré une légère diminution de l’écart. Par ailleurs, « la reproduction sociale, parmi les enfants d’ouvriers, n’a diminué que de 10 points entre 1983 et 2007 ». 33. Expliquez la phrase soulignée : de meilleurs diplômes permettent-ils forcément la mobilité sociale ? Comme il n’y a pas assez d’emplois qualifiés pour absorber la totalité des diplômés (en hausse 149 •
compte tenu de la scolarisation croissante), certains ne trouvent pas l’emploi qu’ils auraient pu espérer, d’autant qu’il y a eu ralentissement de la croissance économique depuis quelques décennies. De meilleurs diplômes sont souvent un avantage mais pas une garantie (en tout cas moins que par le passé) de connaître une mobilité sociale ascendante, ou au moins de maintenir la position sociale du père (ou de la mère). 34. Cela confirme-t-il le paradoxe d’Anderson ? Pourquoi ? Cela confirme le paradoxe d’Anderson. (voir question 33) • Pour argumenter
1. Une mobilité qui diffère selon les générations. Les ascendants restent plus nombreux que les descendants chez les 30-59 ans, hormis les plus jeunes actifs (doc. 10 p. 212) et les promotions toujours supérieures aux déclassements (doc. 9 p. 211). On observe ainsi : une dégradation relative pour les générations nées dans les années 1960 par rapport à celles nés dans les années 1940 (doc. 12a p. 213) ; une légère reprise pour les générations nées dans les années 1970 et 1980 (doc. 12b p. 213). On peut également se demander quels pourraient être les effets de la crise actuelle et du recul annoncé de l’âge de la retraite. 2. Une mobilité qui diffère selon les CSP. S’il s’agit également de la mobilité intragénérationnelle (doc. 9 p. 211), on parlera ici surtout de la mobilité intergénérationnelle. Des Cadres et PIS et leurs enfants qui ont les meilleures chances de devenir ou rester CPIS (doc. 1 et 11 avec Q. 29), mais craignent le déclassement et cherchent à se protéger. Des classes populaires inquiètes de l’avenir (chômage, précarité), qui connaissent pour une part le déclassement (même si certains, comme les non qualifiés, ne peuvent pas descendre plus bas) et pour une petite part une forte ascension sociale (mais restent loin des perspectives des enfants de CPIS malgré un écart qui se resserre un peu : doc. 1 et 11 avec Q 29, doc. 12). Des classes moyennes éclatées (professions intermédiaires diffèrentes des petits indépendants) et inquiètes de l’avenir de leurs enfants qui connaissent promotions et déclassements : 33 % des fils de professions intermédiaires se maintiennent dans la même catégorie, 33 % deviennent CPIS et 26 % ouvriers ou employés (doc. 1). • 150
Conclusion : Les ascendants restent plus nombreux que les descendants et les promotions toujours supérieures aux déclassements. Mais si l’ascenseur social monte encore (p. 210), il descend aussi, d’où l’inquiétude qui se diffuse au-delà même de la réalité du phénomène (doc. 8 p. 211).
2. Expliquer la mobilité
et la reproduction sociales � MANUEL, PAGES 214-219
A. Démocratisation scolaire et réductiondes inégalités
• Question 13
35. Rédigez une phrase présentant les taux de réussite au baccalauréat de la génération née avant 1929. Environ 5 % de la génération née avant 1929 a obtenu le diplôme du baccalauréat. 36. L’écart entre catégories sociales se réduitil entre les nés avant 1929 et ceux nés en 19831987 ? Justifiez votre réponse à l’aide de données chiffrées. Pour l’ensemble des générations, la réussite au bac est passée de 5-6 % pour les générations nées dans les années 1930 à environ 64 % pour celles nées entre 1983 et 1987. Pour les enfants de cadres, la réussite au Bac est passée de 35 % pour les générations nées avant 1929 à environ 70 % pour celles nées entre 1939 et le début des années 1960, pour ensuite s’approcher de 90 % pour celles nées dans les années 1970. Pour les enfants d’ouvriers, la réussite au Bac est passé d’environ 2 % pour les générations nées dans les années 1930 à environ 20 % pour celles nées dans les années 1960, pour ensuite grimper et atteindre un peu moins de 50 % pour celles nées dans les années 1970, soit sur le long terme un taux multiplié par au moins 20. Cela représente une augmentation en % supérieure à celle des enfants de cadres, qui peut nous inviter à conclure à une réduction des inégalités, alors que calculée en points, l’augmentation est assez voisine : 45 points chez les enfants d’ouvriers pour 55 points chez les enfants de cadres entre la période de ceux nés avant 1929 et ceux nés en 1983-87. Chez les générations les plus récentes nées en 1983-87, l’écart en points entre enfants de cadres et enfants d’ouvriers (40 points) s’est © Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison
même légèrement accru par rapport aux générations nées avant 1929 (33 points), ce qui traduirait un léger accroissement des inégalités, alors que l’écart s’est réduit par rapport à celles nées en 1939-1948 (61 points) ou nées en 1959-1963 (54 points), où l’écart était plus grand qu’aujourd’hui puisque les enfants d’ouvriers n’avaient pas encore bénéficié de la diffusion du Bac. Cependant pour les classes populaires, ce mouvement de « rattrapage » s’est beaucoup opéré via les baccalauréats technologiques ou professionnels, d’où une démocratisation très relative. 37. D’après le tableau, les bacheliers présentent-ils le même profil social selon le type de baccalauréat ? Chez les enfants d’ouvriers bacheliers, le Bac professionnel arrive en tête avec 38 % (contre 33 % pour le Bac général et 28 % pour le Bac technologique). C’est la seule catégorie dans ce cas. Chez les enfants de toutes les autres catégories, c’est le Bac général qui arrive en tête très largement chez les CPIS (75 %), chez les Professions intermédiaires (57,6 %) et même chez les Employés (48 %). Les baccalauréats professionnels concernent donc très majoritairement les catégories populaires ainsi que les baccalauréats technologiques, mais un peu moins puisqu’ils sont ouverts à d’autres catégories. Chaque Bac a donc un profil socialement différent d’où une démocratisation très relative du système scolaire français malgré son ouverture à la masse (« massification ») des enfants. • Document 14
38. Rédigez une phrase présentant l’information apportée par les données entourées en rouge. En 2009, 12,8 % des enfants d’enseignants avaient obtenu un diplôme inférieur au Bac, contre 58,9 % des enfants d’ouvriers non qualifiés et d’inactifs 39. Quelles sont les catégories sociales qui réussissent le mieux et le moins bien ? Les enfants d’enseignants puis ceux de cadres supérieurs sont ceux qui réussissent le mieux. Les enfants d’ouvriers non qualifiés sont ceux qui réussissent le moins bien, suivis des enfants d’ouvriers qualifiés. 40. Comparez les chiffres pour le diplôme le plus bas et le plus haut. © Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison
Du côté des diplômes > Bac +3, les enfants d’enseignants sont ceux qui obtiennent les diplômes les plus élevés (62,9 % de diplômés > Bac +3), devant les enfants de cadres supérieurs (52,2 %), loin devant et à l’autre extrême des enfants d’ouvriers non qualifiés (10,7 %). Du côté des diplômes < Bac, les plus concernés sont les enfants d’ouvriers non qualifiés (58,9 %) et les enfants d’ouvriers qualifiés (45,7 %), contre 43 % chez les employés ou encore 42 % chez les artisans et commerçants, très loin des fils de cadres supérieurs (15,9 %) et d’enseignants (12,8 %). • Document 15
41. Étudier la mobilité sociale sur plus de deux générations permettrait-il de nuancer la vision fréquente d’un « ascenseur social en panne » ? Pourquoi ? Comme de nombreux phénomènes socioéconomiques (« l’intégration » des immigrés et de leurs enfants par exemple), la mobilité est souvent une affaire de temps et se passe sur plusieurs (3) générations. 42. Quelles sont les causes des difficultés de la mobilité sociale pour les classes populaires ? Les difficultés d’accès aux grandes écoles (où l’inégalité s’est accrue d’où certaines tentatives de réformes comme les conventions ZEP/ Sciences Po), une compétition scolaire accrue, le tarissement des débouchés que constituait la fonction publique, la ségrégation urbaine qui enferme certains élèves à potentiel dans des établissements difficiles, une culture lycéenne aujourd’hui plus éloignée de la culture légitime nécessaire pour les meilleures écoles sont autant de causes des difficultés pour les classes populaires à connaître une mobilité ascendante. 43. L’auteur considère-t-il que la démocratisation des grandes écoles est prioritaire ? Où faudrait-il faire porter prioritairement les efforts selon lui ? Même si la réussite dans ces grandes écoles peut servir de phare ou d’exemple, cela ne concerne de toute façon qu’une minorité des élèves. Stéphane Beaud pense qu’il vaudrait mieux s’intéresser à la masse des élèves, c’est-à-dire mettre l’accent et les efforts sur l’Université (notamment les 1ers cycles) ou encore sur ceux qu’il faut former ou continuer à former à travers la formation permanente. 151 •
• Document 16
44. Comparez la composition des élèves de l’ENA avec la structure de la population active. Les enfants de CPIS représentent 60 % des élèves de l’ENA, soit 4 fois plus que leur proportion dans la population active occupée, alors que les fils d’ouvriers représentent 3 % des élèves de l’ENA, soit 7 ou 8 fois moins que leur part dans la population active occupée. De ce point de vue, les employés sont également sous représentés, à peu près dans la même proportion que les ouvriers. Les professions intermédiaires sont un peu sous représentées à l’ENA, comme les agriculteurs, à l’inverse des artisans, commerçants, chefs d’entreprise, légèrement surreprésentés. 45. Qu’observez-vous ? Peut-on ici parler de démocratisation scolaire ? La question précédente montre que l’on est loin de la démocratisation de l’ENA, puisque la composition de cette école prestigieuse est loin de correspondre aux proportions de la population active occupée. B. Regards de sociologues sur notre système scolaire
• Document 17
46. Quel est l’objectif principal de l’école selon Durkheim ? Pour Durkheim, l’école (« bras » de l’État), institution essentielle de socialisation, doit susciter chez l’enfant les normes sociales attendues, des valeurs communes (« respect de la raison, de la science, des idées et des sentiments qui sont à la base de la morale démocratique »), qui doivent favoriser la cohésion de la société. L’éducation et l’école dépassent donc l’individu éduqué. C’est une question de cohésion sociale. Ces valeurs communes nécessaires n’excluent pas la spécialisation à l’école parallèlement à une société où la diversité et la complémentarité augmente (solidarité organique) : « Chaque profession réclame des connaissances spéciales, et l’éducation, à partir d’un certain âge, ne peut plus rester la même pour tous les sujets. » Durkheim a aussi parlé des inégalités à l’école pour faire en sorte de les corriger par une vision républicaine (« égalité des chances », « méritocratie »). 47. Expliquez le passage souligné. La socialisation et les apprentissages, notamment scolaires, se font aussi par des récompenses et des • 152
sanctions (prévues par exemple par le règlement intérieur ; mais aussi la mauvaise note ou l’échec à un examen). Ensuite, « l’éducation » et la réussite scolaire ne devraient pas dépendre de l’origine sociale, mais du mérite (méritocratie). Car si la réussite est fonction du mérite alors « cette hétérogénéité ne repose pas sur d’injustes inégalités ». • Document 18
48. Quelle est la vision de Bourdieu du système scolaire ? Selon Bourdieu, l’École reproduirait et légitimerait les inégalités sociales à travers des diplômes dont l’obtention est étroitement liée au milieu social d’origine. Finalement, les enfants à fort capital (notamment culturel) de départ réussiront mieux, car leurs valeurs et leur culture (« légitime ») ressemblent à celles enseignées à l’école. Il peut aussi exister des formes d’autolimitation sociale (et scolaire) des classes populaires. Les classes populaires intériorisent, « justifient » ainsi leur échec scolaire. Or, toute culture, y compris la dite « légitime », a une part d’arbitraire et exerce une forme de « violence symbolique » contre les classes populaires qui ne sont pas familiarisées avec elle. L’un des problèmes du système scolaire aujourd’hui est que cette « culture légitime » est en décalage et fait moins sens pour de nombreux élèves dans un contexte de massification scolaire et de multiples autres références. Nombre d’élèves passent beaucoup de temps et trouvent d’autres références sur d’autres supports (téléphone portable, Internet et réseaux sociaux). 49. Pourquoi la méritocratie est-elle « illusoire » selon lui ? La course d’obstacles scolaires est très inégale. Et comme chacun ne part pas avec les mêmes chances de maîtriser la culture enseignée (y compris les langages, les formes des épreuves, d’où le débat sur le maintien de la dissertation) et ainsi de réussir à l’école, nous sommes donc loin de la méritocratie, c’est-à-dire de la réussite en fonction du mérite. 50. Recherchez pourquoi, malgré cette position critique, Bourdieu a souvent défendu fermement les services publics (dont l’école). Pourtant, Bourdieu défend les valeurs non marchandes de l’école et du savoir, et plus généralement du service public contre la « mondialisation libérale ». Ainsi, au moment des grandes © Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison
grèves de 1995, Bourdieu s’était rendu à la gare de Lyon pour apporter son soutien aux cheminots en grève, et déclara : « Je suis ici pour dire notre soutien à tous ceux qui luttent, depuis trois semaines, contre la destruction d’une civilisation associée à l’existence du service public. » Pour Bourdieu, les services sont un élément décisif de la réduction des inégalités. • Document 19
51. Qu’est-ce qu’un choix rationnel ? Pour faire rationnellement un choix il faut (pouvoir) comparer les coûts et les avantages. Les acteurs évaluent les coûts (frais de scolarité, cours particuliers, coût d’opportunité lié à une perte de salaire) et les bénéfices escomptés (revenus, prestige) par rapport à la situation d’origine (niveau scolaire des parents : un fils d’ouvrier qui aura le Bac aura probablement dépassé son père, alors que pour un enfant de cadre cela devrait être perçu comme le minimum). Un agent rationnel prévoit alors si ses études seront « rentables », notamment par rapport à un travail rémunéré. Les classes populaires préféreront donc en général des études plus courtes : décision rationnelle puisque l’enseignement technique assure plus rapidement et facilement une insertion professionnelle à court terme, tout en n’empêchant pas en cas de bons résultats de rejoindre des études plus longues. Notons qu’aujourd’hui avec le chômage, notamment chez les non qualifiés, une stratégie rationnelle conduit peut-être dans certains cas à poursuivre des études plus longues qu’auparavant sans atteindre la longueur de celles des classes plus favorisées, qui pourront plus facilement et plus longtemps entretenir des enfants qui n’auraient pas d’activité professionnelle. 52. Pourquoi, selon Boudon, les inégalités vont-elles se multiplier au fur et à mesure du cursus scolaire ? Il y a différents moments où notre système scolaire nous oblige à faire des choix. Si l’on suit le raisonnement de Boudon, à chacun de ces moments les familles populaires feront (devraient) donc des choix d’études plus courtes, voire professionnelles, que les familles favorisées, multipliant ainsi les inégalités au bout du cursus. • Document 20
53. Pourquoi l’auteur s’interroge-t-il sur la notion de mérite ? © Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison
Le mérite est une notion assez difficile à définir. Est-on sûr que les épreuves de notre système scolaire évaluent vraiment le mérite (dictée, dissertation, épreuve de culture générale, etc.) ? La méritocratie actuelle semble au contraire légitimer des inégalités : « on ne voit pas pourquoi ceux qui ont échoué dans la compétition de l’égalité des chances pourraient se plaindre, dès lors que la compétition elle-même est équitable. En clair, la méritocratie est une morale de vainqueur considérant que les vaincus méritent leur sort quand la compétition a été juste et équitable ». [François Dubet, « Les pièges de l’égalité des chances », Le Monde, 1er déc. 2009] 54. Commentez la phrase soulignée. Plus une société est inégalitaire, plus il est difficile pour l’École de (r)établir l’égalité des chances. L’École ne peut pas tout faire, même si on fait souvent semblant de le croire en lui demandant beaucoup. 55. Quel est l’effet sur l’école des tensions sur le marché de l’emploi ? L’école est perçue comme déterminante dans les parcours professionnels et comme le marché de l’emploi est très tendu, il faut donc décrocher les « bons diplômes ». La compétition scolaire s’intensifie. Les élèves et leurs familles cherchent ainsi les petites différences scolaires qui feront les grandes différences sociales. Inquiètes pour l’avenir de leur enfant dans un contexte de compétitions scolaire et professionnelle accrues, les classes favorisées développent toutes les stratégies de distinction et toutes les manières de garder leurs avantages scolaires, devenus indispensables à leur reproduction (écoles de commerce très chères par exemple). • Document 21
56. Quel est, dans le système scolaire français, l’effet de la compétition sur les résultats scolaires ? Chacun cherche à trouver les supposés meilleurs établissements, meilleurs professeurs, meilleures filières, etc., ce qui encourage les établissements les plus courus à renforcer leur sélection et peut mettre à l’écart les établissements et les élèves les plus défavorisés. Une hiérarchie renforcée par la multiplication des classements des établissements dont les critères sont parfois contestables. Et quand la scolarité s’apparente à une compéti153 •
tion distinguant progressivement les vainqueurs et les vaincus, cela se fait souvent aux dépens des dimensions proprement culturelles et socialisatrices de l’éducation. 57. Recherchez si cette compétition se retrouve dans d’autres systèmes scolaires à l’étranger. Les enquêtes internationales montrent que les systèmes scolaires qui adhèrent fortement à ce modèle de compétition sont aussi ceux dans lesquels les élèves ont le moins confiance en eux, sont les plus pessimistes et les moins confiants dans les institutions […], au contraire de pays comme la Finlande où la concurrence n’est pas au centre du système scolaire (la notation et la sélection sont plus tardives) et dont les résultats PISA sont excellents, même s’il est difficile de résumer un tel débat en quelques lignes. 58. Qu’entend-on par « niveau des élèves » ? Les critères choisis pour l’évaluer évoluent-ils dans le temps ? Ici encore le débat est compliqué, puisque l’on parle de baisse de niveau depuis l’Antiquité. Mais qu’évalue-t-on, comment, sur quelles bases et quelles épreuves : la dictée, le latin, les mathématiques ? Par la dissertation ou d’autres types d’épreuves ? Pour, Baudelot et Establet, en 1989 comme en 2009 « le niveau général monte sur le long terme, mais les écarts se creusent entre les meilleurs élèves et les autres ». Mais pour d’autres, la situation a changé depuis deux décennies, notamment parce que l’évolution récente de la politique scolaire a privilégié le quantitatif (« politique des chiffres ») poussant à atteindre les objectifs (80 % au niveau bac dans les années 1980, aujourd’hui l’objectif européen de 50 % à Bac+3) par tous les moyens : ainsi aujourd’hui, le niveau général baisserait, et les écarts se creusent toujours. C. Le rôle de la famille dans la destinée sociale
• Document 22
59. Quelle est l’influence de la taille de la famille sur la destinée sociale ? Plus la famille est nombreuse, plus la position (destinée) sociale des enfants sera globalement modeste. Mais cela dépend de la taille de la famille, puisque c’est surtout au-delà de trois enfants (« quatre ou plus ») que l’effet sera défavorable. • 154
60. Cette influence s’exerce-t-elle de la même façon dans tous les milieux sociaux et pour toutes les tailles de fratries ? Cette influence négative de la taille de la famille est plus prononcée pour les filles et les enfants de familles populaires (employés et ouvriers). L’explication va donc au-delà de la taille de la famille, qui est secondaire par rapport au milieu social d’origine. 61. Comment cela s’explique-t-il selon les auteurs ? Ces différences de réussite peuvent être reliées aux diplômes obtenus, à la répartition inégale des ressources familiales (tous les enfants de la famille seront-ils traités de la même manière ?) ou au style d’éducation. • Document 23
62. Quelle est l’influence du diplôme de la mère sur la réussite scolaire aux différents types de baccalauréat ? Le diplôme de la mère a une grande influence : le taux de réussite au baccalauréat (tout types confondus) varie du simple au double selon le diplôme de la mère : de 42,7 % quand la mère n’en a pas à 90,2 % lorsqu’elle est diplômée du supérieur. Le taux de réussite au baccalauréats général et technologique (excluant donc le bac pro) varie du simple au triple selon le diplôme de la mère : de 30,1 % quand la mère n’en a pas à 90,2 % lorsqu’elle est diplômée du supérieur. L’écart est encore plus grand pour le Bac S : le taux de réussite varie de 1 à 8 selon le diplôme de la mère. 63. Quelles sont les différences de réussite aux différents types de baccalauréat selon la situation familiale ? Il y a une différence notable : 15 points d’écart pour le bac (tous types confondus) et pour les baccalauréats général et technologique, et 10 points pour le Bac S, soit un rapport du simple au double en faveur des familles comprenant un père et une mère dans le même foyer. • Document 24
64. Qui vient au bal ? Expliquez la phrase soulignée. Du côté masculin, viennent au bal « populaire » quelques jeunes « collégiens », des parachutistes (qui profitent aussi de leur image de « virilité ») et bien sûr des paysans (agriculteurs) du coin. Du côté féminin, « quelques natives de Lesquire (à © Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison
côté de Pau) qui travaillent à Pau ou à Paris » de catégories très populaires, « couturières, bonnes ou vendeuses » : elles ont déjà les « manières » des filles citadines, sans doute parce qu’elles aspirent à migrer vers la ville, entre autres en épousant quelqu’un qui y habite déjà ou y habitera. Pourquoi les filles des campagnes adoptentelles plus facilement les normes citadines que les hommes ? Entre autres parce que leur idéal d’homme n’est pas le paysan. Sans doute aussi parce que le paysan ne représente pas leur idéal d’ascension sociale. 65. Pourquoi le paysan se sent-il mal à l’aise au bal ? Quelles en sont les conséquences ? Pourquoi les agriculteurs sont-ils davantage touchés par le célibat, d’après ce texte ? Les paysans subissent la concurrence des jeunes du bourg et des villes, ou encore des parachutistes, qui plaisent plus aux filles de la campagne attirées par les valeurs citadines. Le bal est un choc de civilisation urbain/rural. Le paysan a un problème de posture, de techniques du corps et a du mal avec les danses modernes. Les paysans se replient sur eux-mêmes, restent dans un coin et n’invitent pas les filles à danser car il faudrait donner son corps en « spectacle » : comment alors côtoyer les filles pour trouver une épouse ? Pour Bourdieu, le corps parle : les paysans ont un peu honte de leur corps. Nos attitudes corporelles, que Bourdieu qualifie d’hexis corporelle, sont bien une affaire de milieu social. Cependant, si le célibat touche davantage les paysans, l’étude de Bozon et Héran sur le choix du conjoint, publiée en 1984, montre que le bal est essentiel pour les agriculteurs en grande exploitation, qui sont les plus fidèles à ce type de sorties. 66. Le texte se fonde sur une étude menée à la fin des années 1950. Existe-t-il aujourd’hui des formes de stigmatisation des « paysans » ? Le mot « paysan » a, dans les générations précédentes, longtemps qualifié des individus qui ne maîtrisaient pas les « bons codes », étaient mal à l’aise, n’avaient pas les « bons goûts » et/ ou n’étaient pas à la mode alors même qu’ils n’étaient pas agriculteurs : c’était plutôt leurs attitudes et leurs postures qui étaient ainsi stigmatisées. Les choses ont-elles beaucoup changé par rapport à l’époque du livre de Bourdieu ? Pas sûr. Ainsi des supporters du club parisien du PSG qualifient depuis des décennies l’équipe © Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison
d’Auxerre de « paysans ». Aujourd’hui, le thème du choix du conjoint chez les paysans est mis en scène dans l’émission de télé-réalité : L’amour est dans le pré, créée en 2006, où l’agriculteur est parfois montré de façon assez caricaturale. 67. Donnez des exemples de l’importance de l’image du corps dans la vie sociale en général. Certaines catégories sociales peuvent-elles être stigmatisées par des formes d’expression (corporelles, verbales) particulières ? Aujourd’hui, certaines façons de parler ou de s’habiller sont stigmatisées par des générations plus âgées ou par certains milieux sociaux. À l’inverse, certains jeunes, notamment d’origine populaire, stigmatisent les façons « bourgeoises » de parler (y compris la « culture légitime »), alors que d’autres voudraient bien les assimiler à des fins de mobilité sociale. • Document 25
68. Quelle est la proportion des hommes cadres à épouser vivant ou ayant vécu avec des femmes cadres ? Comment expliquer ce niveau étonnant compte tenu de l’homogamie ? Sur 100 hommes CPIS, moins de 20 vivent ou ont déjà vécu en couple (au moins 6 mois) avec une femme CPIS. Cela peut apparaître faible puisque ces hommes cadres semblent « préférer » les femmes issues des professions intermédiaires ou employées. Mais les hommes cadres étant plus nombreux que les femmes cadres, ils sont donc aussi « obligés » de trouver des conjoints ailleurs. Ensuite, certains hommes aujourd’hui encore n’acceptent pas l’idée de femmes d’un statut égal voire supérieur au leur. 69. Quelle est la proportion des hommes ouvriers à épouser vivant ou ayant vécu avec des femmes employées ? Comment l’expliquez-vous ? Sur 100 hommes ouvriers, environ la moitié vit ou a déjà vécu en couple (au moins 6 mois) avec une femme employée. Si les hommes ouvriers n’épousent pas beaucoup des ouvrières, c’est que ces dernières sont peu nombreuses, puisque la catégorie des ouvriers est très majoritairement masculine. La « catégorie » la plus proche pour les hommes ouvriers est bien les femmes employées : c’est non seulement une forme d’homogamie, mais aussi un indicateur de la proximité entre les groupes Ouvriers et Employés. 155 •
70. Quels sont les choix des hommes et femmes cadres ? ceux des hommes ouvriers et femmes employées ? Comment l’expliquez-vous ? Sur 100 femmes CPIS, 47,1 vivent ou ont déjà vécu en couple (au moins 6 mois) avec un homme CPIS et 25 avec un homme issu des professions intermédiaires (groupe qui peut être proche des CPIS). Cela montre bien l’homogamie (voire l’hypergamie interne aux CPIS) et la question du nombre (moins de femmes que d’hommes chez les CPIS) évoquée à la question 68. Sur 100 femmes employées, 40,6 vivent ou ont déjà vécu en couple (au moins 6 mois) avec un homme ouvrier et 18,8 avec un employé, ce qui montre bien l’homogamie (deux groupes proches) et la question du nombre (forte domination masculine chez les ouvriers et forte domination féminine chez les employés) évoquée à la question 69. C’est aussi pourquoi 50,6 % des hommes ouvriers vivent ou ont vécu (au moins 6 mois) avec des femmes employées. • Document 26
71. Rédigez une phrase présentant l’information apportée par les données entourées en rouge. Les couples composés d’un agriculteur et d’une agricultrice sont 12,9 fois plus nombreux qu’ils ne le seraient dans l’hypothèse où le groupe social n’aurait aucune importance dans le choix du conjoint : il y a ici un indice extraordinairement élevé de stricte homogamie. Les couples composés d’un homme CPIS et d’une femme CPIS sont 3,6 fois plus nombreux qu’ils ne le seraient dans l’hypothèse où le groupe social n’aurait aucune importance dans le choix du conjoint : il y a ici un indice très élevé de stricte homogamie, même s’il serait intéressant de regarder les sous-groupes au sein des CPIS. Ainsi, un homme profession libérale épousant une enseignante est certes un exemple d’homogamie, mais sans doute pas totale, compte tenu des différences de valeurs et de dotation dans les différents capitaux. Les couples composés d’un homme ouvrier et d’une femme employée sont 1,1 fois plus nombreux (soit 10 % de plus) qu’ils ne le seraient dans l’hypothèse où le groupe social n’aurait aucune importance dans le choix du conjoint : il y a ici un indice d’homogamie relative (groupes proches), un peu supérieur à ce qui serait si le groupe social n’avait aucune importance dans le choix du conjoint. • 156
72. Quelles sont les catégories les plus homogames ? et les moins homogames ? Qu’en concluez-vous ? Les groupes les plus strictement homogames sont de loin les agriculteurs, et bien après les « Sans activité professionnelle », les indépendants et les CPIS (même si cette catégorie comprend des sous-groupes assez différents par certains côtés) avec des indices allant de 12,9 à 3,6. Le groupe le moins homogame est probablement formé par les Professions intermédiaires, avec un indice de 1,6, confirmant le fait que l’homogamie est moins forte dans les « classes moyennes », hétérogamie qui pourrait être encore plus importante si l’on avait pris les sous-groupes de cette CSP. Même indice de 1,6 pour les couples ouvriers strictement homogames et 1,2 pour les couples strictement homogames d’employés. Mais l’homogamie de ces deux groupes est sans doute sous-évaluée car il y a de nombreux couples entre eux (voir question 71). 73. Quels pourraient être les effets de la multiplication des sites de rencontres sur Internet sur les différentes formes d’homogamie ? Pour J.-C. Kauffman, les sites de rencontre c’est « comme si les gens voulaient rencontrer quelqu’un qui leur ressemble pour ne rien changer à leur vie ». Ces sites risquent donc de renforcer l’homogamie, même si rien n’empêche leurs membres de vouloir une hypergamie (un conjoint de milieu social plus élevé) ou au contraire une hypogamie. Il faut noter aussi la multiplication des sites communautaires (en fonction de la religion ; de la couleur politique : gauche, droite, « écolo », etc.) : risquent-ils d’accroître le(s) communautarisme(s) religieux et/ou politiques ? Peut-être, mais comme le choix du conjoint se base beaucoup sur la concordance des valeurs et des lieux de rencontre, ces formes de « communautarisme » sont déjà présentes. Ces sites ne sont donc que la version 2.0 de l’endogamie sociale. Ce qui est nouveau, c’est plutôt le fait de manifester aussi ouvertement sa peur de l’autre » et le côté ouvertement rationnel dans la recherche du partenaire. • Pour argumenter
1. L’École influe sur la mobilité sociale. Elle délivre des diplômes et permet ainsi la mobilité sociale et professionnelle. Mais la réussite scolaire et donc professionnelle est très liée à © Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison
l’origine sociale : elle contribue donc aussi à la reproduction sociale. 2. La famille influe sur la mobilité sociale. La grande taille de la famille (mais beaucoup moins que le milieu d’origine) et l’appartenance à des familles monoparentales et/ou recomposées ont une incidence négative (doc. 22-23 p. 218) sur la mobilité sociale. Le diplôme de la mère a au contraire une influence positive. Le choix du conjoint, souvent homogame, contribue à une certaine reproduction sociale. La famille transmet dès la prime enfance des règles et des codes (façon de parler, de s’habiller), un capital économique, culturel et social (nécessaire pour trouver un emploi par exemple) et contribue ainsi à la reproduction des inégalités. Cependant, elle peut aussi favoriser la promotion de ses enfants.
◗ Travaux dirigés : La réussite scolaire de deux groupes sociaux particuliers � MANUEL, PAGES 220-221 TD 1 : La réussite scolaire croissante des filles
• Document 1
1. Quelles sont les différences de réussite entre les filles et les garçons selon les types de baccalauréat ? Les filles réussissent mieux pour tous les types de baccalauréat confondus, notamment en filière générale. Elles ont un plus petit avantage pour les filières technologiques et ont un petit désavantage sur les filières professionnelles. • Document 2
2. Rédigez une phrase présentant l’information apportée par la donnée entourée en rouge. En 2009, les filles représentaient 30,5 % des étudiants en classes préparatoires scientifiques. 3. Quelles différences peut-on noter entre garçons et filles ? Les filles sont très majoritaires en classes préparatoires littéraires (74,1 % des étudiants), légèrement majoritaires dans les classes préparatoires économiques (54,8 %) et largement minoritaires (30,5 %) en classes préparatoires scientifiques. Est-ce aussi l’effet de nos préjugés qui envoient plus facilement les filles en sections littéraires et les garçons en sections scientifiques ? Au © Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison
total, elles sont par ailleurs encore minoritaires (42,7 %) dans l’ensemble des classes préparatoires. Il y a équilibre dans les STS (Sections de Techniciens Supérieurs). 4. Pourquoi l’égalité dans l’éducation demeure-t-elle encore imparfaite ? Alors qu’elles réussissent mieux au bac, l’égalité est encore loin d’être parfaite car certaines sections sont (assez) nettement masculinisées (ENS, classes préparatoires en général, IUT, Ingénieurs, etc.), souvent les « mieux vues », alors que d’autres sont très féminisées (Fonctions sociales, IUFM, études littéraires, artistiques et culturelles), ainsi que dans l’Université en général et dans l’ensemble de l’enseignement supérieur. Sans doute est-ce aussi l’effet de nos préjugés. 5. Pourquoi est-il important que les filles soient diplômées (voir doc. 23) ? Les diplômes sont essentiels pour les filles parce qu’ils donnent aux femmes plus d’autonomie, voire d’indépendance personnelle et professionnelle. Ils sont par ailleurs bons pour leurs enfants (doc. 23 p. 218). 6. Recherchez si, à diplôme équivalent, filles et garçons connaissent la même mobilité sociale. Non, les filles ne connaissent pas la même mobilité sociale que les garçons. On voit bien par exemple que les filles sorties de l’ENA ou des Grandes écoles n’ont pas le même destin politique ou économique que les garçons aux diplômes équivalents. 7. Donnez d’autres exemples de domaines de la vie professionnelle et sociale où se pose le problème de l’inégalité des sexes. Dans les Conseils d’administration des grandes entreprises ou à l’Assemblée nationale, les femmes sont encore très minoritaires. Le niveau des salaires à même « échelon » est souvent très défavorable aux femmes. Nos pratiques culturelles ou sportives, notre rapport au corps, les tâches domestiques diffèrent aussi selon le sexe. • Document 3
8. Comment la mixité évolue-t-elle au sein des grandes écoles ? Certaines Grandes écoles évoluent vers plus de mixité, comme l’ENA, où les filles sont cependant encore minoritaires (28 % en 2008 contre 8 % en 1959). L’ENS est un cas intéressant : Il y a à peu près équilibre pour les admissions sur 157 •
dossier, mais les filles y sont encore très minoritaires pour les concours scientifiques. 9. Le mouvement est-il le même dans le reste du système scolaire ? et dans la société ? Les filles réussissent mieux au bac que les garçons et sont majoritaires à l’Université, même si cela dépend de la filière. Dans les classes préparatoires, on s’approche de l’équilibre, puisque les filles représentent 42,7 % des étudiants, même si le dosage varie selon le domaine : si la sélection s’y est accrue socialement, elle a diminué sexuellement. L’égalité n’est pas encore atteinte puisque des différences subsistent entre l’accès aux différentes sections ou filières, et une étude récente a montré qu’à diplôme égal de Grandes écoles, les filles ont des parcours professionnels inférieurs aux garçons.
Dans les filières générales, et notamment dans la section la plus valorisée à savoir la S, les enfants d’immigrés sont nettement moins nombreux (en % de chaque population) que les enfants de familles non immigrées et surtout mixtes. 4. Expliquez la phrase soulignée. Les enfants d’immigrés ont de moins bons résultats scolaires que la moyenne des élèves de France, non parce qu’ils sont issus de familles immigrées, mais parce que leurs parents appartiennent à des milieux sociaux défavorisés. À milieu équivalent, leurs résultats sont même plutôt meilleurs, parce que pour eux le diplôme apparaît comme un moyen majeur de progresser dans la hiérarchie sociale.
TD 2 : La réussite scolaire des enfants
5. Comparez les évolutions des différentes origines nationales pour les sans diplômes, et pour les études supérieures à au moins bac +2. Quelles tendances observez-vous ? Il apparaît un certain décrochage des jeunes d’origine maghrébine entre 1992 à 2001 par rapport à d’autres « origines nationales ». S’ils ont une préférence pour les filières générales, en raison d’aspirations scolaires fortes, l’accès aux diplômes d’au moins bac +2 diminue assez nettement (-6 pts) entre 1992 et 2001, et n’est qu’en partie compensée par une hausse de l’accès au seul bac (+17 pts). Le même type d’évolution est observé sur la même période pour les enfants issus de l’immigration subsaharienne. Une situation qui contraste avec l’élévation globale du niveau de formation que l’on a pu observer au cours des années 1990. La proportion de « sans diplôme » diminue dans toutes les populations issues de l’immigration, sauf pour les enfants issus de l’immigration subsaharienne, dont l’échec scolaire précoce est donc important (44 à 43 % « sans diplôme » entre 1992 et 2001). Cependant, ces difficultés ne doivent pas masquer la réussite de nombreux enfants issus de l’immigration. Les immigrés (notamment les plus récents) et leurs enfants rencontrent souvent des difficultés proches ou un peu supérieures à celles des catégories auxquelles ils appartiennent, notamment les catégories modestes. 6. Les immigrés d’aujourd’hui étant plus qualifiés que leurs prédécesseurs, que peut-on imaginer pour le destin scolaire de leurs enfants ?
d’immigrés
• Document 1
1. Que peut-on dire des aspirations des familles populaires d’origine immigrée ? En matière de souhait de poursuite d’études supérieures, les aspirations scolaires des familles populaires (ouvriers ou employés) d’origine maghrébine sont bien supérieures à celle des familles françaises d’origine de même milieu (près de 20 points d’écart). 2. Comment peut-on expliquer le niveau de leurs aspirations vis-à-vis de l’école ? Les familles populaires (ouvriers ou employés) d’origine maghrébine n’ont sans doute pas encore intégré dans leur esprit, ou alors dans une moindre mesure par rapport aux familles françaises de même milieu, la réalité de la reproduction sociale par l’école. On peut émettre quelques « hypothèses » : parce que nombre des parents de ces familles n’ont pas connu l’échec scolaire, puisqu’elles ont peu ou pas fréquenté l’école ? Et/ou parce qu’elles ne souhaitent pas que les emplois d’ouvriers se reproduisent de père en fils (ou en fille). Finalement, ces familles d’origine maghrébine croient plus fort que d’autres au modèle de promotion par l’école de l’égalité des chances, parce que le diplôme est pour elles le seul ou le principal atout. • Document 2
3. D’après le texte, quelles sont les différences de réussite au bac selon l’origine nationale des élèves ? • 158
• Document 3
© Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison
Puisque les immigrés d’aujourd’hui sont plus qualifiés que leurs prédécesseurs, on peut légitimement penser que les enfants issus des immigrations récentes réussiront mieux que ceux des générations précédentes.
◗ Sujets Bac � MANUEL, PAGES 225-227 Dissertation
Les manifestations récurrentes des élèves et/ou des étudiants contre certaines réformes (la réforme Darcos en 2008 ou le CPE en 2006), les discussions sur la carte scolaire ou le débat présidentiel de 2012 (sur les 60 000 postes promis par François Hollande) rappellent combien « l’École républicaine » est au centre de la société française. Facteur de cohésion sociale (Durkheim), elle est aussi, au moins théoriquement, un facteur de mobilité sociale dans une société « démocratique » (Tocqueville) où l’égalité des chances devrait ouvrir tous les postes à tous les individus en fonction de leur mérite, indépendamment de leur origine sociale. D’autant que cette école a connu un vaste développement, notamment à partir de la fin des années 1950, après avoir été longtemps réservée aux classes les plus favorisées. La génération née en 1929 connaissait 5 % de bacheliers contre 20 % pour celles nées après la Seconde Guerre mondiale, puis 60 % pour celles nées depuis la fin des années 1970 (doc. 13 p. 214). Mais tous les types de bac et parcours scolaires sont-ils également accessibles à tous ? N’est-ce pas une massification plus qu’une réelle démocratisation ? Dans quelles mesures l’école a-t-elle alors permis la fluidité sociale et l’accès à de nouvelles qualifications nécessaires à de nouveaux emplois ? Nous verrons que l’école permet bien une certaine mobilité sociale, avant de montrer que l’école ne garantit pas toujours la réussite ou la mobilité pour tous et reste loin d’une réelle égalité des chances. I. L’École source de mobilité sociale A. Méritocratie, mobilité et développement de l’école 1. L’essor de la scolarisation (doc. 13-14 p. 214), y compris pour les filles (TD p. 220), les milieux populaires (doc. 4) et enfants d’immigrés (p. 221). 2. L’École permet la mobilité professionnelle © Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison
ascendante (doc. 3) et donc des formes d’émancipation pour tous, notamment pour des femmes (TD p. 220) ou des enfants issus de l’immigration, pour qui les diplômes sont un atout essentiel. Forte corrélation entre diplôme et position sociale (doc. 2 et 3) ou même niveau de chômage d’où de fortes attentes par rapport à l’École. 3. Quelques parcours exceptionnels de mobilité dans lesquels l’école a joué un rôle, comme pour Pierre Bourdieu (qui précise qu’il est l’exception qui confirme la règle de la reproduction sociale), ou encore chez des enfants d’immigrés, dont certains sont même devenus ministres de la République. B. L’impérative mobilité sociale des sociétés contemporaines 1. La mobilité structurelle a été et demeure forte tant la structure actuelle des emplois diffère de celle de la (des) génération(s) précédente(s). 2. Le renouvellement des qualifications : l’exigence du diplôme s’est accrue, notamment en raison des évolutions technologiques de plus en plus rapides (liées aussi à la « nécessaire » compétitivité) et les actifs devront peut-être changer plusieurs fois de travail durant leur vie. L’offre de formation est devenue de plus en plus variée. Mais comme l’École fournit souvent les savoirs et savoir-faire généraux pour y faire face, ceux qui en sont dépourvus risquent d’être pénalisés. Malgré la scolarisation de masse, la mobilité sociale demeure limitée avec des trajets le plus souvent courts entre catégories voisines, parfois même des trajets horizontaux, voire une reproduction sociale très présente et visible sur la diagonale de la table. II. Les limites de l’École comme facteur de mobilité A. Les déterminants sociaux des parcours scolaires (forte reproduction) 1. Inégalités très grandes de réussite scolaire selon les milieux sociaux (doc. 2), qui vont parfois en s’aggravant lorsqu’on regarde la composition des classes préparatoires (doc. 1), d’où des tentatives de réformes comme la Convention ZEP signée par Sciences Po il y a plusieurs années. Les différents types de baccalauréat (Général, Technologique, Professionnel) ont un profil social assez différent de candidats (plus populaire pour l’enseignement professionnel par exemple). 159 •
2. Le rôle du capital culturel selon Bourdieu. 3. Les stratégies rationnelles des familles à l’école. Autolimitation des classes populaires, voire de certaines femmes, qui par ailleurs ne vont pas forcément vers les filières les plus valorisées et donc les plus rentables. 4. Nécessité d’avoir le bon professeur, dans le bon établissement, dans le bon quartier, d’où par exemple les stratégies familiales pour contourner la carte scolaire, et ainsi mieux affronter les compétitions scolaires et professionnelles. B. La « dévalorisation » du rendement des compétences scolaires : un diplôme plus élevé ne garantit pas forcément une mobilité ascendante 1. Des diplômés « trop nombreux » par rapport aux emplois disponibles : les femmes et les enfants de l’immigration connaissent des formes de discrimination à diplômes équivalents. 2. Le paradoxe d’Anderson : une compétition scolaire accrue et le poids de l’École s’accroît dans la société avec des gagnants et des perdants. 3. Il faut donc aussi du capital social pour valoriser au mieux son diplôme. Tout en ayant favorisé une certaine mobilité, on reste loin d’une école favorisant une réelle égalité des chances. Pour certains sociologues, elle favorise plutôt la reproduction. Dans un contexte de précarité et de chômage, avec des risques de mobilité descendante, beaucoup de familles pensent que l’École a un rôle central dans les destins et la compétition scolaire s’est donc accrue. On peut se demander si, pour protéger leurs positions et celles de leurs enfants, les classes supérieures ne cherchent pas, de plus en plus, à surinvestir dans le système scolaire, voire à (re)créer des barrières, comme dans les classes préparatoires, qui sont de plus en plus sélectives. D’où la mise en place des systèmes d’aides aux élèves défavorisés comme à Science Po (Convention ZEP), l’Essec, Henri IV, etc. Enfin, cette politique de massification, accentuée par celle des chiffres (des objectifs quantitatifs de réussite qui surdéterminent les autres finalités du système scolaire), est aujourd’hui très contestée. Et si l’École est le lieu de tous les espoirs, ne risque-t-on pas de lui attribuer aussi tous les échecs de la société ? Un costume sans doute bien trop grand pour elle.
• 160
Épreuve composée
• Partie 1 : mobilisation de connaissances Question 1
Voir « L’essentiel » dans le manuel p. 222-223. Question 2
Les trois formes du déclassement : voir « Question de cours », manuel p. 211. Les raisons de ce déclassement sont liées au chômage (déclassement intragénérationnel), au manque d’emplois au regard du nombre de diplômés souligné par le Paradoxe d’Anderson (déclassement scolaire) ou encore à une moindre réussite scolaire par rapport aux parents (une des raisons du déclassement intergénérationnel). • Partie 2 : Étude d’un document
Le document est une table de mobilité particulière puisqu’elle intègre la destinée des filles à côté de celle des fils. En haut de l’échelle sociale, la mobilité des filles est moins forte et plus facilement descendante que celle des fils, qui protègent mieux leurs positions (élevées) : 53,9 % des fils de Cadres et PIS maintiennent la position des parents, pour 32,4 % des filles. Et 24,4 % des fils de CPIS sont Professions intermédiaires, contre 36,2 % des filles de CPIS. Du côté des enfants de Professions intermédiaires, les fils montent aussi davantage vers les CPIS que les filles (33,7 % contre 15,5 %) ; les fils et les filles de cette CSP maintiennent leurs positions dans les mêmes proportions (33,3 % contre 32,5 %). Les filles descendent beaucoup plus que les fils vers la catégorie des employé(e)s (41,8 % contre 16,6 %), catégorie très féminisée, alors que c’est l’inverse vers la catégorie des ouvriers (6,7 % contre 26 %), catégorie très masculine. Du côté des enfants d’employés, les filles montent autant que les fils vers les CPIS (22,1 %) et les Professions intermédiaires (29,4 %), mais restent beaucoup plus Employé(e)s que les fils (51 % contre 13,2 %). Les fils d’employés deviennent plus Ouvriers que les filles (26 % contre 9,5 %). Du côté des enfants d’ouvriers, les fils montent deux fois plus vers les CPIS que les filles (10,8 % contre 4,6 %), alors que du point de vue d’une mobilité « horizontale », les filles d’ouvriers deviennent logiquement surtout et plus souvent Employées que les fils (54,5 % contre 13,2 %). C’est l’inverse chez les fils d’ouvriers, qui de© Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison
viennent surtout ouvriers (45,4 %) et beaucoup plus que les filles d’ouvriers (19,6 %). Ces fils d’ouvriers reproduisent la position de leurs pères beaucoup plus souvent (45,4 %) qu’ils ne grimpent vers les CPIS (10,8 %) et les Professions intermédiaires (23,5 %). Les filles d’ouvriers enfin deviennent plus souvent Employées (54,5 %), mais atteignent encore moins que les fils d’ouvriers les positions de CPIS (4,6 %) et les Professions intermédiaires (16,4 %). Au total, les fils de toutes les catégories améliorent ou maintiennent plus facilement leurs positions que les filles de même catégorie. • Partie 3 : Raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire
Dans un contexte d’inquiétude où, pour la première fois depuis longtemps, les parents ont peur que leurs enfants vivent moins bien qu’eux, beaucoup cherchent à trouver les meilleures façons d’améliorer ou au moins de maintenir leur position sociale de départ. La croyance dans une mobilité ascendante s’est beaucoup effritée et beaucoup finissent par penser que l’origine sociale pèse d’un poids énorme sur la destinée de chacun : de quelles manières ? I. L’origine sociale joue un rôle déterminant sur la réussite scolaire et donc sur la destinée A. L’École délivre des diplômes (doc. 3) encore plus essentiels pour certaines catégories comme les catégories populaires ou les femmes, qui globalement, tous diplômes confondus, accèdent à 42 % (contre 40 % pour les hommes) à une profession supérieure ou intermédiaire. D’autre part, l’accès à ce type de profession semble lié au diplôme du père : tous diplômes confondus, 60 % des personnes occupant ce type de profession ont un père enseignant, cadre ou chercheur, 40 % un père employé ou indépendant. B. L’École permet ainsi la mobilité professionnelle ascendante, répondant à son principe républicain d’égalité des chances. C. Mais la réussite scolaire et donc professionnelle est très liée à l’origine sociale, et notamment
© Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison
(mais pas seulement) au capital culturel (doc. 3 + Bourdieu), qui détermine grandement des conditions d’environnement plus ou moins favorables à la réussite scolaire (être dans le bon lycée et la bonne section, etc.), y compris en termes d’aspirations à la réussite et d’acceptation ou pas de l’échec scolaire (doc. 2 + Boudon). L’École contribue ainsi à la reproduction des inégalités. Cependant, elle peut aussi favoriser la promotion de ses enfants. II. La Famille influence aussi la destinée par d’autres facteurs 1. La grande taille de la famille (mais moins que le milieu d’origine) et l’appartenance à des familles monoparentales et/ou recomposées ont une incidence négative sur la mobilité sociale. Et plus le diplôme de la mère est élevé, mieux c’est. 2. Le choix du conjoint, souvent homogame, contribue à une certaine reproduction sociale, même si l’homogamie est inégale selon les milieux sociaux. 3. La famille transmet dès la prime enfance des règles et des codes (façon de parler, de s’habiller, de se tenir), une dotation en capital économique, culturel et social (nécessaire pour trouver un emploi par exemple) et contribue ainsi à la reproduction des inégalités. Cependant, elle peut aussi favoriser la promotion de ses enfants (doc.1 p. 208 + TD 2 p. 221). Si notre société affirme l’égalité des chances, notamment à l’école, la réalité dit tout autre chose. Si les possibilités de mobilité ascendante existent, y compris pour des membres des classes populaires, le milieu familial et donc social d’origine joue un rôle essentiel dans la réussite scolaire et donc sur les parcours professionnels, ainsi qu’en transmettant de nombreux autres éléments essentiels pour la destinée. Quelle est donc la part des mérites de l’individu ? Notre sort est-il joué d’avance ? En partie oui, surtout dans un contexte où des inégalités voire des discriminations sont très présentes.
161 •
View more...
Comments