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August 13, 2017 | Author: Najd Kacem | Category: Capital (Economics), Max Weber, Class & Inequality, Social Inequality, Capitalism
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Chapitre

8

Comment analyser la structure sociale ? � MANUEL, PAGES 184-205

Erratum des spécimens envoyés - p. 190, doc. 11 : le revenu disponible par an en 2006 de l’ensemble des individus actifs est de 31 600 (et non 21 760). - p. 191, doc. 12 : question 34, lire « des documents 7 et 21 » (et non 7 et 13).

◗ But pédagogique et structure du chapitre • Ce chapitre a pour objectif de montrer que les analyses « traditionnelles » en termes de classes plus ou moins antagonistes, de stratification sociale, de groupes sociaux (groupes fondés sur des critères économiques, sociaux et politiques), et celles plus récentes en termes de CSP, gardent une certaine pertinence malgré des évolutions et des recompositions de l’espace social. Cependant, si ces analyses expliquent encore fortement nos pratiques sociales, nos modes et styles de vie, ces derniers sont également influencés par des critères comme l’âge et le sexe. • Avec en toile de fond une question : dans nos sociétés modernes, les différences sociales ont-elles tendance à s’amenuiser, nous amenant vers une société « moyennisée », et/ou d’autres clivages ne nous (ra)mènent-ils pas vers la polarisation ?

◗ Liens avec d’autres chapitres L’analyse de la structure sociale renvoie et permet de mieux comprendre les thèmes de la mobilité sociale (chap. 9), du lien social dans une société où l’individu prend beaucoup de place (chap. 10), des conflits sociaux (chap. 11), des inégalités (chap. 12) et la façon d’y remédier par l’action des pouvoirs publics (chap. 13), voire les questions d’emploi (chap. 14 et 15).

• 124

◗ Réponses aux questions Ouverture de chapitre � MANUEL, PAGES 184-185

• Document 1

Quels sont les publics qui fréquentent ces deux types de lieux ? Ces publics sont-ils homogènes dans les deux cas ? L’opéra est le plus souvent fréquenté par un public culturellement et économiquement favorisé. Le Stade de France, comme de nombreux stades, apparaît plus populaire. Toutefois, les différentes tribunes ne se composent en général pas des mêmes milieux sociaux, notamment en raison du prix des places, celui-ci ayant beaucoup augmenté ces dernières années : de nombreux stades sont davantage fréquentés par des milieux plus favorisés (voir les « loges » très chères dans de nombreux stades) que par le passé. Le public y est donc relativement hétérogène. Ces deux lieux ont-ils des spectateurs communs ? Ces deux lieux peuvent donc avoir quelques spectateurs en commun, mais il est peu probable que la majorité des spectateurs d’un stade de football aille à l’opéra. • Document 2

Quels sont les points communs et les différences entre les tenues vestimentaires des individus sur ces deux photographies ? Ils portent presque tous des jeans, mais ce ne sont pas les mêmes. Le port du jean dans des univers différents correspond-il à une forme de moyennisation de la société ? Certes les jeans sont portés par les lycéens comme lors du défilé de mode : le jean a donc un côté « transclassiste » et même « unisexe », puisqu’il est porté par les deux sexes. Mais les © Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison

jeans se différencient bien sûr en fonction des endroits fréquentés : les jeans du défilé de mode sont sans doute beaucoup plus chers et « créatifs » et sans doute très différents des marques portées par les lycéens. Ces derniers portent des jeans qui diffèrent selon, d’une part, la marque (plus ou moins distinctive ou à la mode), qui peut étiqueter socialement (âge, groupe social) et, d’autre part, dans la façon de les porter (taille basse, trous, etc.) à voir également question 59 p. 194.

1. Classes sociales, groupes de statut, CSP

� MANUEL, PAGES 186-191 A. Les analyses de Marx, Weber et Bourdieu

• Question 1

1. Selon Marx, pourquoi les prolétaires sont-ils divisés ? Quel est leur intérêt commun ? Les travailleurs sont divisés parce qu’ils sont mis en concurrence dans le cadre du capitalisme. Ainsi, dans la recherche d’un emploi par exemple, les salaires risquent d’être orientés à la baisse, notamment par la pression de l’« Armée Industrielle de Réserve ». Mais les travailleurs devraient se rendre compte qu’ils ont intérêt à lutter ensemble pour éviter de se concurrencer. Ceci devrait être efficace pour défendre leur niveau de salaire ou pour protéger leur emploi. 2. Quelles sont les étapes de l’évolution du prolétariat ? Commentez le paragraphe souligné et recherchez la signification de « classe en soi » et « classe pour soi ». Occupant une même place dans le système productif, les prolétaires constituent déjà une « classe en soi ». Le prolétariat adopte d’abord une position « défensive » (en voulant protéger les salaires ou les emplois), puis la lutte devrait être plus offensive et plus globale (l’idée de la grève générale fera son chemin dans l’Histoire), car les prolétaires devraient prendre conscience de leur situation de classe (« classe pour soi »). Celle-ci génère des intérêts communs et peut même aboutir à un projet de transformation globale de la société : un mouvement qui peut être piloté par un parti politique censé représenter les intérêts du prolétariat. • Document 2

3. Quelle est la seule classe qui s’oppose réellement aux capitalistes ? © Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison

Le prolétariat est la seule classe qui s’oppose réellement aux capitalistes. Les « classes moyennes », menacées par l’émergence et la prise de pouvoir de la (grande) bourgeoisie, ont une position plus ambiguë, puisqu’une partie d’entre elles pourra basculer du côté du prolétariat, mais une autre partie basculera du côté de la réaction conservatrice. Ainsi, historiquement, une partie des classes moyennes indépendantes ont été sensibles aux thématiques de l’extrême droite et/ou de mouvements tels que le poujadisme en France. 4. À partir du texte, peut-on dire que Marx conclut toujours à une bipolarisation de la société ? Justifiez votre réponse. Si le Marx « théoricien » divise la société entre capitalistes et prolétaires et penche vers une bipolarisation, le Marx « historien » qui étudie entre autres 1848 ou la Commune de Paris évoque une dizaine de fractions de classes. Ainsi, dans Révolution et contre-révolution en Allemagne, il divise la paysannerie en de nombreuses sous-catégories : noblesse féodale, grande et moyenne paysannerie, petite paysannerie libre, petite paysannerie serve, ouvriers agricoles. Ajoutons d’ailleurs que les paysans parcellaires, divisés et émiettés, ne constituent pas une classe pour soi. Du côté du prolétariat, il y a la classe ouvrière, mais aussi le « lumpenprolétariat » (qui doit accepter l’ordre et la servitude de la société bourgeoise), dont la bourgeoisie peut se servir contre les ouvriers. Le schéma de l’interprétation est fixé dans le 18 Brumaire de Louis Napoléon. Marx y développe l’idée que Louis Napoléon n’a pu conquérir le pouvoir qu’en prenant appui sur un ramassis de « vagabonds, soldats en rupture de ban, repris de justice, galériens évadés, escrocs, charlatans, clochards, pickpockets, filous, tricheurs, maquereaux ou patrons de bordel, portefaix, écrivailleurs, joueurs d’orgue de barbarie, chiffonniers, bohémiens, mendiants – bref, toute cette masse diffuse et inorganisée, ballottée de çà de là ». Du côté de la bourgeoisie, il y a plusieurs fractions : – la petite bourgeoisie : artisans et commerçants, menacés de prolétarisation, notamment par l’endettement, et réactionnaires parce qu’ils voudraient revenir en arrière ; – la bourgeoisie (« parti de l’ordre ») en 2 ou 3 fractions : l’aristocratie foncière (« légitimiste » 125 •

au service des Bourbons) plutôt provinciale, qui « profite » de la paysannerie et pousse au protectionnisme agricole ; la bourgeoisie industrielle, qui ne peut prendre le pouvoir que si le pays se modernise et s’industrialise ; et l’aristocratie financière (« orléaniste » pour le comte d’Orléans), qui se servait de son pouvoir politique sous la Monarchie de Juillet pour « piller » un État français déjà endetté et de la spéculation autour de cette dette pour s’enrichir. Chaque nouvel emprunt nécessaire pour combler les déficits de l’État rapporta beaucoup à cette aristocratie financière, qui a donc intérêt à l’endettement de l’État pour vivre de rentes, y compris les « capacités » (savants, avocats, médecins, etc.) et les fonctionnaires, qui ont intérêt au développement de l’État et des impôts. • Document 3

5. Que décrivent les auteurs dans ce texte ? Quel est le vecteur de ce mouvement ? Marx et Engels décrivent le phénomène de mondialisation, dont la bourgeoisie est le vecteur avec un mode de production capitaliste qui devrait se propager. La libre concurrence détruit certaines industries nationales devenues plus rentables ailleurs. C’est la division internationale du travail (déjà évoquée par Ricardo). 6. Quel est le mouvement contemporain qu’ils anticipent ? Quels types de productions sont concernés ? Il s’agit de la mondialisation. Mais les marchandises ne sont pas les seules concernées : les productions de l’esprit et les idées aussi contribuent à l’ouverture qui a (ou devrait avoir) des aspects culturels autant qu’économiques. 7. Commentez la phrase soulignée en la reliant à l’actualité. La mondialisation intensifie la concurrence et pousse certaines industries à produire ailleurs que dans un cadre national, produisant une division internationale du travail. Cela anticipe aussi le phénomène complexe des délocalisations. 8. Selon Marx, pourquoi les prolétaires doivent s’unir contre la mondialisation ? « Prolétaires de tous les pays, unissez vous » écrivent Marx et Engels dans le Manifeste du parti communiste, la bourgeoisie s’étendant au monde. Aujourd’hui, les altermondialistes ou les syndicalistes envisagent plus souvent des actions • 126

à l’échelle européenne ou mondiale, y compris par le biais des nouveaux médias et des réseaux sociaux. • Document 4

9. Qu’est-ce qui définit une « situation de classe » selon Weber ? « La situation de classe renvoie aux chances d’accéder à des biens ou des revenus sur le marché des biens ou celui du travail. Les individus qui ont des chances comparables d’accéder à certains biens appartiennent à la même classe. » [Henri Mendras et Jean Étienne, Les grands auteurs de sociologie] Ces situations de classe dépendent pour un groupe de personnes de la capacité à se procurer des biens et services (les chances des patrons sont supérieures à celles des ouvriers) et des moyens qu’ils ont de les obtenir (contraintes et pouvoir d’influence dont les individus disposent). La classe peut être définie comme tout groupe qui se trouve dans la même situation de classe : à l’intérieur de chaque groupe ou classe, les individus ont des capacités égales d’accès aux biens matériels. 10. Dans les groupes de statut définis par Weber, que recouvre la notion de statut ? Le statut est lié au prestige social, à la considération et aux « styles de vie conventionnels », mais n’est pas nécessairement fonction d’une situation de classe. Ces groupes de statut sont classés et hiérarchisés selon le prestige social (y compris de la naissance ou de la profession) et sa distribution dans une communauté. Chaque groupe a des valeurs et sentiments communs, un style de vie (habitat, mode, loisirs, attitude/travail). La situation statutaire (comme la propriété et la situation professionnelle) peut être en partie déterminée par la situation de classe. Mais le plus souvent, il ne dépend pas de la propriété. • Document 5

11. Quelles sont les trois échelles sociales selon Weber ? Les deux premières correspondentelles aux mêmes périodes ? Il existe selon Weber trois « ordres » ou strates : économique (situations de classe), sociale (Groupes de statut), politique. Pour Bourdieu, l’opposition weberienne entre classe et groupe de statut correspondait à l’opposition entre les sociétés traditionnelles ou préindustrielles, dans lesquelles le principe de différenciation était plu© Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison

tôt de l’ordre de la qualité que de celui des différences économiques (sociétés de type). 12. Un même individu peut-il occuper des positions différentes sur chacune de ces échelles ? Un même individu peut ne pas être au même niveau sur les trois échelles : par exemple, des dirigeants politiques venant de milieux populaires ou des nouveaux riches, ou au contraire des nobles ruinés. Chaque ordre a sa propre logique, mais les trois ordres sont dépendants : avoir de la fortune permet d’apprendre les bonnes manières, le pouvoir politique peut permettre de s’enrichir, etc. 13. Qu’ajoute Weber à la conception marxienne de la structure sociale ? Weber met davantage l’accent que Marx – qui ne les néglige pas cependant — sur les dimensions sociales et politiques de la structure sociale. 14. Existe-t-il des formes de conscience commune selon Weber ? Cela le rapproche-t-il de Marx ? « Les classes [chez Weber] ne constituent pas des communautés, c’est-à-dire des groupes où les individus seraient liés les uns aux autres par des valeurs et des sentiments communs. L’appartenance à une même situation de classe ne débouche pas nécessairement sur des actions de classe. Le plus souvent, les agents se contenteront d’« actions de masse », c’est-à-dire à des réactions similaires face à la situation qui leur est faite […] L’équivalent marxiste de la lutte des classes est hautement hypothétique. » [Henri Mendras et Jean Étienne, Les grands auteurs de sociologie]. On pourrait dire en faisant référence à Marx qu’une classe en soi ne débouche pas forcément sur une classe pour soi. • Document 6

15. Quelles sont les différences entre classe « théorique » et classe « réelle » ? Pour Bourdieu, les classes théoriques à l’état virtuel ne débouchent sur les « classes réelles » qu’au terme d’un travail spécifique de construction. Les classes théoriques se définissent tout d’abord en rapport à la position occupée par les individus dans l’espace social évoqué dans le doc. 7. Il ne suffit cependant pas d’être doté de ressources suffisantes ou de se situer dans un même champ pour constituer une classe au sens réel. Il faut également pour cela effectuer « un travail collectif de construction inséparablement théorique et pratique » (Raisons pratiques), qui © Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison

peut se faire par exemple à travers un parti politique qui joue le rôle de porte-parole de la classe sociale, comme le PCF pour la classe ouvrière, cette dernière faisant réciproquement exister ce parti (avec l’apport d’intellectuels, voir doc 14). 16. Expliquez la phrase soulignée Contrairement à la vision d’une société française moyennisée (doc. 20), les différences sont partout dans la société : dans chaque champ social, à travers les différences de dotations en capital économique, social et culturel, qui construisent des styles de vie différents et donc des « classes sociales » distinctes. 17. Pourquoi les groupes sociaux cherchent-ils à imposer leur vision de la société ? Selon P. Bourdieu, la construction de « classe(s) » est surtout un enjeu de luttes entre groupes sociaux qui essaient d’imposer une manière de voir et notamment de définir quel est le conflit central : dire que ce conflit central oppose patrons et ouvriers ou Bourgeoisie capitaliste et Prolétariat, c’est penser en terme marxiste de lutte des classes ; mais c’est très différent de dire comme d’autres (certains partis politiques par exemple) que le conflit central oppose les « Français » aux « étrangers », les « pro-Europe » ou « antiEurope » (ou partisans d’une autre Europe ?), idem sur la mondialisation, etc. Ou encore de dire comme Henri Mendras que la « moyennisation » domine la société française. Chaque vision du monde social a des effets auto-réalisants. En nommant une classe, on finit par la faire exister. • Document 7

18. À partir de quels critères Bourdieu mesure-t-il la position d’un individu dans l’espace des styles de vie ? Pourquoi ? Le volume (ou la quantité) des deux formes de capital culturel et/ou économique classe verticalement (des classes dominantes aux populaires). La structure (avoir plus ou moins de capital économique relativement au capital culturel) classe horizontalement. Vers la gauche, le capital culturel domine ; inversement le capital économique domine vers la droite, car dans les classes moyennes comme dans les classes supérieures, il y a des différences de dotations. Ces différences de dotations en capital économique et culturel (voire social) construisent des styles de vie différents et donc des « classes sociales » distinctes. 127 •

19. Dans les catégories du haut de l’échelle sociale, à quel type de professions et de pratiques sociales correspond la prédominance du capital culturel ? du capital économique ? Dans le haut de l’échelle sociale (« classes supérieures ») le capital culturel domine relativement au capital économique chez les « professeurs du supérieur » par exemple, alors que le capital économique domine relativement au capital culturel chez les « Patrons de l’industrie et du commerce » par exemple. Les professions libérales disposent de beaucoup et de façon équilibrée des deux types de capitaux. 20. Que délimite la courbe ? Depuis 1994, date de la publication du livre de Bourdieu, le vote a-t-il changé (par exemple pour les ouvriers) ? La courbe délimite le vote à gauche et à droite (de la courbe). Pour de multiples raisons, les façons de voter ont pu évoluer, comme pour les ouvriers (voir questions 37 et 39 p. 192). • Document 8

21. Peut-on cantonner un même individu dans un même type de pratiques ? Des pratiques diverses peuvent coexister chez le même individu avec des processus de distinction certes sociale (par rapport à d’autres groupes sociaux), mais aussi individuelle (par rapport à son groupe social). 22. En quoi l’analyse présentée dans ces deux textes peut-elle nuancer celle de Bourdieu ? Chaque individu peut avoir des pratiques à la fois légitimes et moins légitimes, notamment en matière culturelle, même si le dosage varie selon l’héritage socioculturel. Pour un individu issu des classes supérieures, la place de la culture légitime par rapport aux pratiques « illégitimes » sera probablement plus importante que chez un individu issu des classes populaires. • Document 9

23. En quoi l’éclectisme se différencie-t-il de la logique de « distinction culturelle » expliquée par Bourdieu ? Les individus peuvent valoriser plusieurs types de pratiques culturelles, comme en musique, où l’on ne peut se satisfaire de la seule grille des pratiques savante/populaire ou légitime/illégitime pour expliquer les goûts. 24. Quelles sont, selon l’auteur, les catégories les plus concernées par l’éclectisme ? Pourquoi ? • 128

Ce sont les classes supérieures, notamment à fort capital culturel et à réseau (capital) social étendu, qui sont surtout concernées par l’éclectisme. Mais l’éclectisme des classes favorisées va jusqu’à un certain point : on sait où il faut parler de ses goûts éclectiques et cela ne signifie nullement que pour ces catégories tout se vaut. Il faut rester dans les limites « légitimement acceptables » : ainsi certaines musiques sont bannies. L’éclectisme apparaît comme un privilège de nantis de la culture savante en ajoutant de « l’illégitime » à un corpus de culture légitime. 25. La logique de distinction culturelle a-t-elle disparu ? Justifiez votre réponse à l’aide des documents 8 et 9. La logique de distinction culturelle n’a pas disparu, y compris en matière scolaire, où même si la culture légitime a perdu de son poids elle n’a pas disparu, notamment pour l’accès aux plus hauts diplômes et aux plus Grandes Écoles, d’où le débat sur la suppression de l’épreuve de culture générale à Sciences Po par exemple. Ainsi, l’enquête d’Olivier Donnat, Les pratiques culturelles des français à l’ère numérique : enquête 2008, conduite auprès de plus de 5 000 personnes, montre par exemple que les jeunes plus diplômés, les cadres et PIS cumulent les pratiques légitimes (continuent à sortir et à recevoir) et plusieurs heures d’Internet. Les profils dissonants ne sont pas identiques selon les origines sociales (doc. 8) et l’éclectisme est surtout l’affaire des classes supérieures (doc. 9). B. Les CSP, une certaine représentation de la structure sociale

• Document 10

26. Que marque le trait vertical en 1975 ? 1975 marque le changement de nomenclature entre le code CSP et le code PCS, qui débute en 1982. 27. Quelles sont les catégories sociales dont le poids relatif dans la société a augmenté depuis 1936 ? Quelles sont celles dont le poids relatif a diminué ? Les Agriculteurs indépendants, les Artisans, commerçants et chefs d’entreprise, les Ouvriers sont des catégories socioprofessionnelles dont le poids relatif (voire absolu) a diminué, à l’inverse d’autres catégories comme les Cadres et Professions intellectuelles supérieures, les Professions intermédiaires, les Employés. © Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison

28. Commentez l’évolution du poids relatif des ouvriers depuis 1936. Les ouvriers ont vu leur part dans la population active augmenter de 1936 à la fin des années 1960 (époque de « l’âge d’or » de la classe ouvrière, doc. 14), passant de 30 à 36 %, puis décliner fortement à partir du milieu des années 1970, pour atteindre 23 % en 2008. • Document 11

29. Rédigez une phrase présentant l’information apportée par les données entourées en rouge. En 2007, les femmes représentent 77,3 % des employés. En 2000, 85,3 % des Cadres et PIS ont le Bac ou plus. 30. Quelles sont les catégories les plus et les moins féminisées ? Les femmes représentent un peu moins de la moitié (46,4 %) de la population active. Les ouvriers sont la catégorie la moins féminisée et c’est pourquoi beaucoup se marient avec des employées (cf. chap. 9 p. 219), où les femmes sont très majoritaires. Suivent ensuite les Artisans, commerçants et chefs d’entreprise, les Agriculteurs indépendants, où les femmes représentent presque 30 % de ces catégories (et où les femmes travaillent souvent avec leurs maris), puis les Cadres et Professions intellectuelles supérieures avec près de 38 % (même si la part des femmes se réduit quand on monte dans la hiérarchie de cette catégorie). Les femmes représentent la moitié des Professions intermédiaires et les trois quarts des employés. 31. Quelles sont les catégories dont les salaires sont les plus élevés ? Les Cadres et Professions intellectuelles supérieures – et encore plus à l’intérieur de cette catégorie les Professions libérales si on avait parlé des revenus et non des salaires – sont de loin la catégorie au salaire moyen le plus élevé (mais il peut y avoir des différences à l’intérieur de chaque catégorie). C’est la seule catégorie audessus de la moyenne des actifs. Les Professions intermédiaires sont un peu en dessous de la moyenne générale alors que les employés et les ouvriers sont nettement en dessous, d’où le thème du rapprochement entre ces 2 catégories et celui de la « prolétarisation » de certains employés. Il faut noter que les Professions indépendantes (Agriculteurs indépendants, Artisans, commer© Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison

çants et chefs d’entreprise) et libérales ont des revenus qui ne sont pas des salaires. 32. Quelles sont les catégories les plus diplômées ? Les Cadres et Professions intellectuelles supérieures sont de très loin la catégorie la plus diplômée (85 % de bacheliers), devant les Professions intermédiaires (64 %), très au-dessus de la moyenne des actifs à 38 %. Les employés se situent 10 points sous la moyenne, suivis de près par les Artisans, commerçants et chefs d’entreprise (montrant que de nombreux petits patrons sont peu diplômés, même si cette proportion augmente chez les jeunes), puis les Agriculteurs indépendants à 20 % de bacheliers. Les ouvriers arrivent loin derrière avec un taux de 9 % de bacheliers. Le diplôme est donc un critère très clivant. • Document 12

33. Pourquoi cette tentative de faire concorder les classes et les CSP ? Cette tentative permet de montrer que les deux analyses ne sont pas opposées et peuvent même être complémentaires. On peut classer les CSP dans les trois grands groupes de classes : supérieures (Chefs d’entreprise de 10 salariés ou plus, Cadres et PIS), moyennes (Artisans et Commerçants, Professions intermédiaires), populaires (Employés, Ouvriers, voire Agriculteurs exploitants). 34. Comparez ces définitions des classes moyennes avec celles des documents 7 et 21. Dans le schéma de P. Bourdieu (doc. 7) fait à la fin des années 1970, il y a quelques différences avec celui du doc. 12 : par exemple, les employés sont plutôt classés dans les couches moyennes chez P. Bourdieu, ce qui correspondait peut-être aux aspirations de l’époque. Par ailleurs, on différencie chez P. Bourdieu les différentes classes moyennes en fonction de la dotation relative en capital culturel et économique. Dans le doc.21, les classes moyennes sont aussi divisées en fonction de la dotation relative en capital culturel et économique (axe horizontal qui ressemble à celui de P. Bourdieu) en fonction de leur volume de ressources (axe vertical qui ressemble à celui de P. Bourdieu), mais elles sont aussi différenciées en fonction de leur ancienneté. Enfin, certains employés (qui ont « une autonomie dans leur travail ») sont aussi classés dans les classes moyennes infé129 •

rieures. Il y a donc différentes façons de classer les classes moyennes, y compris en termes de revenus comme dans la 2e partie de ce doc 12. • Document 13

35. En quoi le classement en CSP se rapproche-t-il de la conception des classes sociales selon Weber ? Est-il proche de la conception des classes sociales selon Marx ? Ces CSP seraient weberiennes car elles regroupent des personnes aux « situations de classe » comparables. On peut même dire que le prestige n’est pas étranger à la façon de classer et différencier les CSP. Elles seraient aussi marxiennes car le principe de regroupement retenu par ses concepteurs est le suivant : les groupes sont constitués en se fondant sur les conventions collectives qui permettent de mettre en évidence des équivalences entre professions. Autrement dit, les CSP prennent en compte la conscience collective portée par les groupes professionnels. Mais bien davantage que les CSP, les analyses en termes de classes (de Marx à Bourdieu) inscrivent les groupes sociaux dans un espace d’interrelations, lesquels sont en opposition et/ou complémentarité. 36. Selon le texte, quels sont les défauts du classement par CSP ? Une lecture marxienne de la société reprocherait aux CSP de ne pas montrer clairement l’opposition centrale entre capitalistes et/ou « possédants » d’un côté et prolétaires et/ou salariés de l’autre, même si l’on y voit quand même des oppositions entre indépendants et salariés ou encore certaines hiérarchies. Les CSP ne montrent pas clairement non plus par exemple les différences d’accès à la culture, même si elles servent à faire des enquêtes classant les diverses catégories sur le sujet. Enfin, une lecture à la manière de Bourdieu pourrait expliquer que ces catégories (qui pourraient apparaître à tort comme des classes) statistiques ne sont pas des classes réellement mobilisées. • Pour argumenter

1. Les analyses en termes de classes (Marx voire Weber et Bourdieu) permettent de lire certaines oppositions dans les sociétés contemporaines : la bataille pour la répartition des richesses, de nombreuses inégalités, l’existence d’une forme de nouveau prolétariat de précaires (doc. 16), etc. Il existe encore des formes de domination, qu’elles • 130

soient vues à la manière de Marx (exploitation économique) ou à celle de Bourdieu (qui insiste sur les formes de domination symbolique dont la domination culturelle et sur classe virtuelle/classe mobilisée, doc. 6 et 7). Finalement, il s’agit de recompositions plus que de disparitions, même si le conflit de classe apparaît moins central que par le passé, autant pour des raisons objectives que pour des raisons d’évolution des représentations : les « sans » travail sont souvent plus perçus comme des « exclus » que comme des « prolétaires » sans travail, alors que l’on pourrait rattacher cela à une explication marxiste. 2. Les analyses en termes de strates (Weber, Warner) résultent des inégalités de revenus, de diplômes et de qualifications au sein même du salariat, mais plus encore des différences de styles de vie, donc de ce que l’on pourrait nommer des « rapports de consommation ». La dimension symbolique des luttes peut l’emporter sur leur dimension matérielle. Cette évolution avait déjà été perçue par Weber, dont la théorie de la stratification est pluridimensionnelle, faisant en particulier une place aux groupes de statut, qui cherchent à se distinguer les uns des autres par leurs styles de vie. Un style de vie qui peut induire une forme de classe sociale. Ces aspects sont donc utiles pour analyser les sociétés contemporaines. 3. Mais les sociétés contemporaines sont aussi traversées par d’autres clivages : les conflits d’autorité (Dahrendorf), les inégalités en termes d’habitat, d’emplois et de chômage, d’intégrés/nonintégrés, stables/précaires, etc., qui ne recoupent qu’en partie les oppositions de classe, mais aussi par l’âge ou le sexe, auxquels certaines analyses ajoutent les conflits « identitaires » comme au sein des classes populaires. 4. Ensuite, de nouveaux groupes (pas forcément homogènes) comme les cols blancs ou les cadres ont pris beaucoup d’importance, ou encore les « bobos », bien que cette catégorie ne soit pas facile à définir précisément sur le plan sociologique. Par ailleurs, la moyennisation (doc. 20 + Espace Bac p. 203) semble remettre en cause les analyses en termes de classes sociales. Enfin, l’institutionnalisation des conflits a pu amoindrir la force des conflits de classe.

© Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison

2. La structure sociale en France aujourd’hui

� MANUEL, PAGES 192-197 A. Les « classes » sociales aujourd’hui

• Question 14

37. Pourquoi les ouvriers et leurs militants étaient-ils plus puissants de 1936 aux années 1970 ? Le secteur industriel était très important. Les ouvriers étaient devenus le groupe majoritaire, jusqu’à atteindre plus d’un 1/3 de la population active à la fin des années 1960 (doc. 10). De nombreux ouvriers croyaient dans l’espoir d’un monde nouveau (notamment à travers les partis et syndicats de gauche) ce qui ne veut pas dire que tous y croyaient et qu’il n’y avait pas divisions internes à la classe ouvrière, mais cette hétérogénéité passait ainsi au second plan. 38. Pourquoi et comment la classe ouvrière s’est-elle progressivement refermée sur ellemême et décomposée ? Certains ont parlé de moyennisation de la société, ou au moins d’embourgeoisement de la classe ouvrière, avec des enfants d’ouvriers brassés avec les autres couches sociales et la culture légitime à travers l’école, ce qui a réduit sa force en tant que classe. Hoggart note une certaine moyennisation de la culture ouvrière qui s’efface derrière une culture de masse. Les mentalités ont évolué vers plus d’individualisme, y compris chez les ouvriers. Olivier Schwartz montre que les raisons de cette préférence pour le privé étaient diverses : accroissement du temps libre, une certaine aisance matérielle pour les uns, le chômage pour les autres. Et il faut ajouter le déclin de l’espérance d’un monde meilleur à travers celui du socialisme et du communisme, l’éclatement du collectif de travail (externalisation, intérim, déstabilisation des stables) et bien sûr le chômage qui rendent plus difficile l’action collective. Cependant le monde ouvrier n’a pas disparu, ni les ouvriers (voir doc. suivant), mais il est moins uni que par le passé, certains ouvriers peuvent être tentés, sans parfois le dire ouvertement (« honte »), de trouver des boucs émissaires : les immigrés, les « kassosses » [cas sociaux], les RMIstes, ce que certains appellent les « assistés » d’où une évolution de leurs votes (une partie non © Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison

négligeable d’entre eux est attirée par la droite et l’extrême droite), même s’il faut se garder de l’idée fausse que tous les ouvriers auraient toujours voté à gauche. Il existe encore de nombreux ouvriers, mais la classe ouvrière existe-t-elle encore au sens marxiste du terme, c’est-à-dire avec une conscience de classe et avec une certaine unité ? Probablement non, mais même Marx parlait d’hétérogénéité : l’exception est plutôt la période d’une certaine unité des années 1930 aux années 1960, où les ouvriers ont fait « classe ». 39. Pourquoi les auteurs parlent-ils d’une « honte » qui se serait emparée des milieux populaires ? Parce qu’ils estiment n’avoir plus personne pour les représenter, ce qui concourt à leur dévalorisation sociale et à une certaine honte de soi qui peut les conduire à trouver des boucs émissaires parmi les « plus faibles » que soi comme les immigrés, les « cas sociaux », ceux qui touchent les minima sociaux (d’où le thème de la dénonciation des « assistés »). Cela peut aussi changer leurs votes : une partie non négligeable d’entre eux est attirée par la droite et l’extrême droite, ce qu’ils hésitent parfois à déclarer (d’où les problèmes pour les sondages), encore plus dans des familles populaires élevées aux valeurs de fraternité, solidarité, internationalisme. • Question 15

40. Que sont devenus les grands bastions ouvriers comme celui de Renault à BoulogneBillancourt ? Où travaillent donc aujourd’hui de nombreux ouvriers ? Les grands bastions ouvriers ont quasiment disparu, au premier rang desquels Renault Billancourt (dont « l’île Seguin ») compte des évolutions décrites plus haut et des restructurations industrielles. Les ouvriers travaillent aujourd’hui moins qu’avant dans l’industrie et plus que par le passé dans le bâtiment et l’artisanat (qui est plus un secteur de PME et qui peut donc « rapprocher » l’ouvrier de son patron), ce qui modifie les caractéristiques du monde ouvrier aujourd’hui, plus éclaté et hétérogène. 41. Expliquez le « rapprochement » entre ouvriers et employés. Les ouvriers sont appelés à faire des tâches de transformation mais aussi désormais de suivi de dossiers, parfois de contact avec les clients, ce 131 •

qui les rapprochent des employés. De nombreux ouvriers sont aujourd’hui tertiarisés (entretien, conducteur d’engins, routiers, livreurs, manutentionnaires du commerce, etc.) et le donneur d’ordre est aussi le client, pas seulement le patron. En contrepartie, certains employés ont un travail de plus en plus taylorisé (restauration rapide, centres d’appel, etc.) : leurs conditions de vie et de revenus se rapprochent ainsi des ouvriers les moins qualifiés, même si les employés constituent également un groupe très hétérogène, plus diplômé et féminisé que celui des ouvriers. • Document 16

42. Quelles sont les caractéristiques de ce nouveau « prolétariat » ? En quoi se différencie-t-il de celui des anciens grands bastions industriels ? Il s’agit d’un nouveau prolétariat mal payé, avec des conditions de travail très difficiles, un statut très instable, où la solidarité est très compliquée à mettre en place puisque chacun travaille dans « son coin », avec des horaires élastiques. • Document 17

43. Expliquez le titre du document, puis le sens de la première phrase du texte. La bourgeoisie sait très bien se mobiliser collectivement pour défendre ses intérêts, comme Marx le souhaitait pour le prolétariat. 44. Comment ce « groupe dirigeant » se reproduit-il et se protège-t-il des « intrus » ? Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot décrivent les mondes de la grande bourgeoisie (Neuilly, des châteaux dans la Manche et dans l’Oise, des lieux de villégiature comme St Tropez, Deauville, le Cap Ferret, etc., même si ces lieux privilégiés ne sont pas toujours les mêmes au cours du temps) et mettent en lumière l’importance des réseaux (rallyes, clubs, cercles, associations, etc.) grâce auxquels les élites économiques, politiques et littéraires se retrouvent et agissent pour préserver leurs espaces géographiques et sociaux. Cette classe existe en tant que telle car elle fonctionne sur tous les fronts, dans tous les instants, sur le mode de la cooptation. C’est elle qui décide qui fait partie du groupe, qui est un bon voisin, qui peut prétendre adhérer à tel cercle ou être invité à tel dîner. Elle est extrêmement active, performante, consciente (« classe pour soi »). Ne • 132

sont intégrés que ceux qui sont capables, en deux ou trois générations, de constituer une dynastie et d’allier à la richesse économique la richesse sociale et culturelle. Selon les deux sociologues, « leur militantisme est d’une efficacité extraordinaire. Il se traduit par des réunions, des coups de téléphone, du lobbying ». Ils sont aussi très présents à l’Assemblée nationale. (voir doc. 19). Ce groupe connaît donc une forte consanguinité, y compris par homogamie, et donc un faible renouvellement (voir question 48). L’apport de Bourdieu par rapport à celui de Marx est d’avoir montré que, pour qu’il y ait exploitation sans révolution, les dominés doivent accepter la légitimité des dominants. Cela passe chez ces dominants par le corps, la culture, une courtoisie, une politesse extrême qui désarme l’adversaire. 45. En vous référant à la partie 1B du chapitre, expliquez la phrase soulignée. Pour les auteurs, les nomenclatures CSP ou PCS ne montrent pas clairement certaines caractéristiques voire oppositions essentielles comme le(s) pouvoir(s) et l’entre-soi de la grande bourgeoisie, qui se différencie nettement des autres classes et/ ou groupes sociaux. • Document 18

46. Pourquoi parle-t-on de cumul parmi les grands patrons français ? Les administrateurs des grandes entreprises françaises sont les plus multicartes d’Europe. « Un conseil d’administration type d’une société du CAC 40 compte en moyenne 6,5 membres siégeant également au conseil d’au moins trois autres sociétés. Soit près de la moitié de l’effectif moyen d’un conseil d’administration du CAC 40. C’est un record en Europe » : la moyenne est de 5 membres en Suède, 4 en Belgique, en Allemagne et en Espagne, contre 3,5 en Italie, aux Pays-Bas, en Suisse ou au Royaume-Uni, ou encore 2 en Autriche, en Finlande et en Norvège. « Ce cumul concerne aussi les PDG, qui peuvent également se retrouver administrateurs d’autres sociétés ». L’exemple le plus emblématique de ce cumul au plus haut niveau reste sans doute Henri Proglio : le PDG d’EDF est aussi membre du conseil de CNP Assurances et de celui de Veolia Environnement, dont il n’a quitté la présidence que contraint et forcé. 47. De quelles écoles sont issus les grands patrons français ? À partir de ce texte et du © Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison

document 18, expliquez le titre de l’ouvrage de Bourdieu, Noblesse d’État, Grandes écoles et esprit de corps publié en 1989. Selon Bourdieu, c’est dans les Grandes Écoles que l’on apprend les postures (y compris les façons de parler ou de s’habiller) et bien sûr aussi une certaine façon de penser nécessaires pour faire partie de l’élite. Les patrons des grands groupes sont encore majoritairement issus des grands corps d’État, mais les plus récents sont de plus en plus issus des Grandes écoles types HEC, ce qui traduirait aussi une évolution des mentalités et des pratiques. Dans les années 1960, le concours externe d’entrée à l’ENA n’enregistrait que 2 % d’élèves issus des écoles de commerce, contre plus de 20 % dans les années 2000. C’est l’avènement d’un nouveau référentiel politique, le new public management, où l’efficacité, mesurée à l’aune des critères des entreprises privées, devient ainsi l’objectif premier (« politique des chiffres et des résultats » dans les services publics comme la police, l’École, etc.), reléguant au second plan la logique de service public, l’intérêt général ou la résorption des inégalités. De nombreux diplômés des Grands corps d’État de type ENA font des allers-retours entre les secteurs privé et public et si l’on ajoute les réponses aux questions précédentes (doc. 17), on peut parler d’esprit de corps comme le dit Bourdieu ou encore de consanguinité. Cet esprit de corps se voit aussi à travers l’internationalisation des élites. Les liens avec l’étranger sont valorisés dans la haute société. Un certain profil international est ainsi très prisé sur le marché de l’emploi des cadres de haut niveau. 48. Pourquoi parle-t-on de consanguinité ? Quels en sont les avantages et les inconvénients ? En France, une élite très restreinte à travers quelques grands patrons multiplie les participations (mandats) dans les lieux de pouvoir dans les entreprises, au point que l’on peut parler de consanguinité bien plus que dans les pays anglosaxons ou en Europe du Nord. Dans ces pays, la classe dirigeante est plus diverse, plus large et se renouvelle plus vite que chez nous. Le cumul des mandats demeure une pratique régulière. Une petite centaine de personnes (98 exactement), soit 22 % des administrateurs, détient 43 % des droits de vote des sociétés du CAC 40, selon le cabinet © Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison

Ernst & Young. Ces conseils n’accueillent que 21 % d’étrangers quand ceux-ci détiennent 40 % du capital des groupes du CAC 40 et que l’activité à l’international assure désormais l’essentiel de la croissance de leur chiffre d’affaires. Enfin, les femmes occupent moins de 10 % des sièges d’administrateurs. Certains et notamment les patrons concernés comme Michel Pébereau estiment que cette consanguinité (et ce cumul) est justifiée par la qualité des dirigeants concernés et sert les intérêts des entreprises, puisque grâce à ces réseaux tissés entre elles par le biais des administrateurs elles auraient accès à des informations précieuses pour leur activité. Il est cependant à craindre que cette consanguinité limite les possibilités de mobilité sociale et qu’elle serve d’abord les intérêts propres des patrons cumulards concernés, notamment avec des rémunérations très élevées que ces membres de ces différents conseils d’administration s’auto attribuent. Par ailleurs, en bonne logique, plus les administrateurs cumulent de mandats, moins ils disposent de temps pour bien connaître les dossiers et s’impliquer dans la gestion de leur(s) entreprise(s). • Document 19

49. Quelle est la composition sociale de l’Assemblée nationale ? Quel lien pouvez-vous établir avec le document 18 ? À l’Assemblée nationale élue en 2007, il y avait 81 % de Professions libérales, Cadres et PIS pour seulement 15 % de la population active, auxquels on peut ajouter 8 % d’Artisans, Commerçants et Chefs d’entreprise. On peut donc parler d’entre soi voire de consanguinité ou d’une forme de communautarisme. Il ne reste que peu de place pour les professions intermédiaires (8 %) et bien sûr presque rien pour les Agriculteurs, Employés et Ouvriers, alors que ces 3 dernières CSP représentent un peu moins de 60 % de la population active. 50. Recherchez la composition de l’Assemblée nationale par sexe, puis par âge. De 2007 à 2012, les hommes (82 %), âgés (près de 60 ans de moyenne en début 2012) et « blancs » dominent très fortement voire monopolisent les postes. Louis Chauvel avait calculé que l’âge moyen des représentants politiques était passé, entre 1981 et 2000 de 45 à 59 ans. En 2012 (Assemblée 2007-2012), avec un âge moyen de 60 ans, 44 % des 577 députés avaient entre 60 et 133 •

70 ans et 29 % entre 50 et 60 ans, contre moins de 12 % de 40 à 50 ans et seulement 2 % de moins de 40 ans. Ajoutons qu’en termes de « diversité », il n’y a, hors outre-mer, quasiment aucun député d’origine antillaise, africaine, maghrébine, asiatique… Il est toutefois à noter que l’Assemblée élue en juin 2012 est plus jeune, plus diverse et plus paritaire que la précédente, même s’il ne s’agit que d’une timide progression (données actualisées sur le site de l’Assemblée nationale). 51. Dans quelle mesure peut-on parler de « communautarisme » à l’Assemblée nationale ? Quelles en sont les conséquences ? On peut donc parler d’entre soi voire de consanguinité ou d’une forme de communautarisme, alors que précisément de nombreux députés dénoncent le(s) communautarisme(s), notamment « religieux ». Cet entre-soi rend-il l’Assemblée nationale sensible à certains lobbies ? à certaines influences des groupes les plus représentés qui voteraient des lois en fonction de leurs intérêts particuliers ? On peut au moins se poser la question. Le fait que cette Assemblée ne reflète pas bien la population française peut aussi pousser à l’abstention. Quelques gouvernements récents ont introduit des membres issus de l’immigration : A. Begag dans le gouvernement Villepin ; puis Rachida Dati ou Rama Yade dans le gouvernement Fillon. Puis aujourd’hui dans le premier gouvernement Ayrault il y a plusieurs représentants de la « diversité » : Christiane Taubira, Victorin Lurel, George Pau-Langevin, Yamina Benguigui, Najat Vallaud Belkacem, Fleur Pellerin ou encore Kader Arif. Certains sont d’ailleurs nés à l’étranger et ont été naturalisés par la suite. • Document 20

52. En quoi consiste la « moyennisation » ? Quelles en sont les causes ? Il y aurait un rapprochement des niveaux, modes et styles de vie et des pratiques sociales. Ce phénomène s’expliquerait par l’augmentation du pouvoir d’achat au cours des Trente Glorieuses, l’essor important du tertiaire et celui des couches moyennes salariées, qui constitueraient un groupe central (constellation centrale) symbolisée par les cadres : un groupe qui donnerait la direction et la légitimité des normes sociales, se substituant ainsi aux classes. 53. Quelles en sont les conséquences sur les analyses traditionnelles des classes et/ou de la stratification sociale ? • 134

Cela remet en cause les analyses de classes, notamment de type marxiste. Cette théorie de la moyennisation a d’ailleurs été reprise par certains hommes politiques : ainsi, à l’époque où il était président de la République, Valery Giscard d’Estaing fonda l’UDF (1978) sur cette base, en voulant gouverner la France au centre et en voyant la France comme une société de classes moyennes ; qui regrouperaient 2 français sur 3. 54. Quel pourcentage de la société les classes moyennes représentent-elles d’après le document 12 a ? Qu’en déduisez-vous ? Les classes moyennes ne représenteraient aujourd’hui que 30 % de la population active, contre 53 % pour les classes populaires. On est donc loin d’une moyennisation à la Mendras qui aurait effacé de nombreuses différences sociales. De nombreuses analyses parlent même d’accroissement de nombreuses inégalités, qu’elles soient économiques et/ou sociales (voir chap. 12). • Document 21

55. Quelles sont les critères mesurés sur chaque axe ? Comparez-les avec ceux utilisés par Bourdieu (document 7). Selon L. Chauvel, les classes moyennes sont divisées en fonction de la dotation relative en capital culturel et économique (axe horizontal), entre « inférieures » et « supérieures » ( axe vertical) : ces 2 distinctions sont très proches de celles de P. Bourdieu (doc. 7), même si les deux publications sont distantes dans le temps (1979 et 1994 pour Bourdieu, 2006 pour Chauvel). Sans doute peut-on voir dans l’axe vertical de Chauvel le fait que l’écart s’est creusé entre le haut et le bas des classes moyennes. Certains employés (qui ont « une autonomie dans leur travail ») sont aussi classés dans les classes moyennes inférieures où Bourdieu classait les employés Les classes moyennes chez Chauvel sont aussi différenciées en fonction de leur ancienneté dans le temps (« nouvelles » et « anciennes »), ce qui peut aussi se déduire du schéma de Bourdieu. 56. Recherchez si toutes ces classes moyennes ont les mêmes pratiques sociales, les mêmes avis sur les questions économiques, les questions culturelles et votent de la même façon. Si leurs consommations diffèrent souvent, les oppositions sont aussi nettes sur les pratiques culturelles, les positions par rapport aux problèmes © Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison

de société (contraception, IVG, mariage entre personnes de même sexe, etc.), pour lesquelles les classes moyennes salariées relativement plus dotées en capital culturel sont plus libérales, alors que les classes moyennes indépendantes relativement plus dotées en capital économique sont plus conservatrices. Sur les problèmes économiques, les classes moyennes indépendantes sont plus libérales économiquement et les classes moyennes salariées relativement plus dotées en capital culturel sont plus interventionnistes. Cela se répercute bien sûr sur les votes : plus à gauche pour les classes moyennes salariées, plus à droite pour les indépendantes. 57. Peut-on parler de classe moyenne au singulier ? Justifiez votre réponse. On ne peut parler de classe moyenne au singulier, mais au contraire de l’hétérogénéité très grande des classes moyennes – certains préférant parler de « couches moyennes » car pas de conscience de classe – qui ne sont moyennes qu’en moyenne. • Document 22

58. Pour quelles raisons certains auteurs ont-ils défendu la thèse de la disparition des classes ? Parce que divers facteurs auraient brouillé voire effacé les clivages de classes, notamment durant les Trente Glorieuses (rappelons que Nisbet est américain et qu’il publie son ouvrage en 1959) : – dans la sphère politique, la diffusion du pouvoir au sein de l’ensemble des catégories de la population et de la déstructuration des comportements politiques selon les strates sociales ; – dans la sphère économique, l’augmentation du secteur tertiaire, dont les emplois ne correspondent pour la plupart à aucun système de classe parfaitement clair, et la diffusion de la propriété dans toutes les couches sociales ; – l’élévation du niveau de vie et de consommation, qui conduit à la disparition de strates de consommation nettement repérables, rendant peu vraisemblable l’intensification de la lutte des classes. Mais pour beaucoup, il s’agit de recompositions plus que de disparitions, même si le conflit de classe apparaît moins central que par le passé autant pour des raisons objectives que pour des raisons d’évolution des représentations. Les « sans » travail sont souvent plus perçus comme © Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison

des « exclus » que comme des « prolétaires » sans travail, alors que l’on pourrait rattacher cela à une explication. Certains, comme L. Chauvel, opposent à la toupie de Mendras une pyramide qui montre le rétrécissement de la structure sociale au fur à mesure que l’on monte vers le haut. 59. Selon Henri Mendras (voir document 20), le barbecue et le jean seraient les produits symboliques de la généralisation d’une culture moyenne. Tous les jeans se ressemblent-ils ? Si tout le monde porte des jeans (qui ont donc un côté « transclassiste »), ceux-ci se différencient bien sûr en fonction des marques (plus ou moins distinctives ou à la mode), qui peuvent étiqueter socialement (âge, groupe social) celui ou celle qui le porte. La façon de les porter diffère également : il suffit de voir de nombreux élèves avec le jean qui descend assez bas ou encore ceux qui le portent avec des trous (le jean avec des trous symbolise pour certains d’une façon de vivre depuis plusieurs générations, à l’image de ceux qui refusaient la guerre du Vietnam comme dans le film Hair). 60. Commentez la dernière phrase du texte. Les frontières entre les classes se brouilleraient, voire s’effaceraient, alors que les différences entre individus (y compris d’un même groupe social) seraient de plus en plus marquantes, certains parlant même d’individualisation des styles de vie. • Document 23

61. Quelle CSP se réclame le plus des catégories supérieures ? des classes moyennes ? des catégories populaires ? 4 % des sondés se réclament des catégories supérieures et sans surprise, les Cadres et Professions libérales sont ceux qui s’en réclament de loin le plus, mais on peut juste être surpris par la faiblesse relative du chiffre par rapport aux 15 % de la population que représente cette catégorie. 63 % déclarent appartenir aux classes moyennes : les Cadres et Professions libérales (80 %) suivies de près par les Professions intermédiaires (77 %) et les employés (63 % soit la moyenne générale). 32 % se réclament des catégories populaires : 50 % des ouvriers et 36 % des employés. On peut donc noter que seule une poignée des plus favorisés reconnaît appartenir aux catégories supérieures. Et une part importante des moins 135 •

favorisés ne se sent pas appartenir aux couches populaires. 62. Analysez les réponses des ouvriers, puis des employés, puis des cadres et professions libérales. Pourquoi leurs réponses peuventelles surprendre ? Aidez-vous notamment des documents 22 et 25 pour répondre. En termes de déclaration d’appartenance, les ouvriers se partagent en deux parts égales : les catégories populaires et moyennes : est-ce la volonté d’ascension et/ou celle de ne pas être assimilé au bas de l’échelle sociale ? Pour les ouvriers et encore plus pour les employés, cette forte déclaration d’appartenance aux classes moyennes est-elle une aspiration plus qu’une réalité ? Une volonté de se démarquer de catégories populaires désormais stigmatisée alors qu’il y a quelques décennies, l’appartenance à ces milieux populaires et surtout à la classe ouvrière était beaucoup plus valorisée ? Si sans surprise, les « Cadres et Profession libérales » sont ceux qui se réclament le plus de l’appartenance aux catégories supérieures, on peut juste être surpris par la faiblesse relative du chiffre de 15 %, alors qu’ils se réclament à 80 % des classes moyennes : parce qu’il ne fait pas bon se déclarer dans les classes supérieures ou parce que cette catégorie s’estime insuffisamment rétribuée et reconnue ?

besoin de distinguer le haut du bas, comme si pour ceux du haut il ne fallait surtout pas être assimilé au bas. Ces clivages, aujourd’hui renforcés dans les classes populaires, apparaissent sans doute comme un phénomène nouveau. Le mot ouvrier reste un référent non négligeable surtout parmi ceux qui déclarent une appartenance de classe, même si ce sentiment est en baisse sensible dans les catégories populaires en raison d’un certain repli sur soi, d’un certain isolement, ou du chômage. Cependant, près de la moitié des personnes enquêtées déclare ne pas se sentir comme appartenant à une classe sociale. 65. Quel critère joue un rôle essentiel dans cette appartenance subjective ? Le diplôme est extrêmement présent et classant (dans la perception « subjective » d’appartenance sociale comme dans la réalité) en France, sans doute plus qu’ailleurs, pour ceux qui en ont comme pour ceux qui n’en ont pas. L’expérience du classement social est précoce en France. Le parcours scolaire est décisif, la façon dont l’école trie les élèves se reflète dans les représentations de soi, en positif comme en négatif. Quant au sentiment de déclassement social, il n’est pas sûr que le mot fasse sens dans la population. Éventuellement, on parle de gens surdiplômés, mais pas de classe.

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et de différenciation sociodémographiques

63. Le sentiment d’appartenance à une classe existe-t-il encore ? Le sentiment d’appartenance de classe existe encore, mais pas vraiment au sens marxiste du terme : il s’agit plutôt d’une perception (sans doute aussi fondée sur le regard des autres et de la société en général). 64. Ce sentiment d’appartenance a-t-il la même importance selon les catégories de population ? Le sentiment d’appartenance de classe est surtout présent chez les catégories supérieures (voir doc. 17) comme chez les cadres, où il est vu comme quelque chose de flatteur puisque c’est un groupe longtemps considéré comme « phare », même s’il est aujourd’hui traversé par des doutes sur sa place et son avenir. Il existe aussi à un degré moindre dans les Professions intermédiaires. Dans les classes populaires, on éprouve aussi le

• Document 25

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B. Des critères d’appartenance

66. Rédigez une phrase présentant l’information apportée par les données entourées en rouge. En 2007, 29,2 % des ménages dont la personne de référence est âgée de 25 à 34 ans possèdaient un téléphone portable multimédia, contre 1,7 % des ménages dont la personne de référence est âgée de plus de 75 ans. En 2007, 15,3 % des ménages dont la personne de référence habite en zone rurale avaient une connexion Internet haut débit, contre 37 % de ceux habitant dans l’agglomération parisienne. 67. Quels sont les biens et les abonnements qui varient peu ou au contraire beaucoup en fonction du type de commune ? de la structure familiale ? de l’âge ? La possession d’un téléviseur varie peu en fonction de l’habitat, de l’âge ou de la structure paren© Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison

tale. Mais il faudrait se demander quel type de téléviseur ces différents ménages possèdent. Le taux d’équipement du micro-ordinateur portable et du téléphone portable multimédia ou celui de l’abonnement Internet HD augmentent avec la taille de la commune ; tout comme l’abonnement à un théâtre ou au cinéma, même si les taux sont dans ce dernier cas faibles (de 1,8 à 4,6 %). L’automobile, y compris le multi-équipement, l’abonnement aux journaux et revues baissent quand la taille de la commune augmente, sans doute en raison de la présence des transports publics ou la présence de multiples équipements culturels dans les grandes villes. L’appartenance à un club sportif varie peu. Du côté de la structure parentale, les couples avec enfants ont une forte possession de lave-vaisselle, une assez forte pour les cotisations à un club de sport, l’automobile, l’Internet HD. Du côté de l’âge, le taux d’équipement (micro-ordinateur portable, téléphone portable multimédia, Internet HD), diminue avec l’âge. Les 45-54 ans dominent pour le lave-vaisselle. Les ménages où la personne de référence est âgée de + de 75 ans ont moins d’automobiles, sont moins abonnés à des clubs sportifs ou au théâtre/cinéma et à la bibliothèque, sans doute parce qu’il faut se déplacer, alors qu’ils sont plus abonnés à des journaux et revues. 68. Entre le type de commune, la structure familiale et l’âge, laquelle de ces variables vous paraît être la plus discriminante ? Certains biens ou abonnements socioculturels (en rapport notamment aux nouvelles technologies) sont liés à un effet génération ou encore l’automobile pour les très âgés. D’autres, comme l’automobile voire certains abonnements socioculturels, sont liés à la zone d’habitation et bien sûr aussi à l’appartenance sociale. L’équipement en lave-vaisselle dépend plutôt de la structure familiale et aussi – ce qui n’est pas dit dans le document – du niveau de diplôme des femmes : plus elles sont diplômées, plus la possession est élevée, ce qui renvoie à l’analyse de la division sexuelle des tâches au sein du couple. • Document 26

69. Le langage « caillera » est-il limité aux « quartiers populaires » ? Où et par qui est-il également utilisé ? La démocratisation scolaire a-t-elle joué un rôle ? © Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison

Le langage « caillera » est aussi parlé chez les enfants de quartiers favorisés. Sans doute faut-il y voir le brassage scolaire avec des enfants de couches populaires dans le cadre de la massification de l’école (chap. 9) et une moindre prédominance de la culture légitime. 70. Montrez, à l’aide du texte, que les jeunes des différents milieux sociaux n’utilisent pas tous ce langage de la même manière et en tout lieu. Les enfants de quartiers favorisés savent plus souvent jongler que les autres avec les différents langages, comme ils savent être éclectiques dans ces milieux (voir doc. 9 p. 169). Mais s’ils savent mieux employer le langage légitime au travail ou à l’école, il ne faudrait pas non plus en déduire que tous les jeunes issus des milieux favorisés ont toujours le langage approprié ou qu’inversement, les enfants de milieux défavorisés ne savent pas se conduire ou faire le tri. 71. Selon le dernier paragraphe, quel est l’autre sens de ce langage pour les jeunes ? Ce langage permet de se distinguer (voire de ne pas se faire comprendre) des parents. Le langage comme la musique ont toujours eu des dimensions générationnelles, qui permettent de se distinguer des autres générations et de marquer une appartenance générationnelle : la consommation comme barrière et niveau comme le disait le sociologue E. Goblot. • Document 27

72. Qu’est-ce qui différencie les valeurs le plus souvent associées au masculin et au féminin ? Les valeurs associées au masculin sont presque toujours valorisées. Et parfois la même valeur associée au masculin est valorisée alors qu’associée au féminin elle est dévalorisée. Ainsi, en Europe, par exemple, où l’activité est considérée comme une valeur masculine et l’inactivité comme une valeur féminine, c’est la valeur masculine – l’activité – qui a été valorisée car elle a été associée à la maîtrise du monde et à l’emprise sur les choses ; dans les sociétés hindoue et chinoise, c’est au contraire la passivité qui est associée au masculin et l’activité au féminin. Mais malgré cette inversion, c’est là aussi le masculin qui a été valorisé : la passivité des hommes a été associée à la maîtrise de soi, des affects et des désirs, alors que l’activité des femmes a été considérée comme une agitation déréglée et brouillonne. 137 •

73. Commentez la perception différente que les étudiants ont du bébé garçon et du bébé fille. Les réactions des étudiants, une population a priori plus formée que la moyenne, est pourtant empreinte de stéréotypes sexuels quand il faut commenter les hurlements d’un bébé. S’ils affirment que c’est un garçon, il est perçu comme ayant du caractère et ne supporte pas d’être contrarié : il faut donc satisfaire ses désirs ; alors que si c’est une fille, il faut consoler sa tristesse et elle doit donc apprendre à attendre. 74. Quelles sont les conséquences de nos préjugés sur les deux sexes ? Malgré les évolutions récentes, les hommes et les femmes ne sont pas encore éduqués de la même façon et les places (notamment dans les fonctions d’autorité) ne sont pas distribuées de façon égale dans la société, tout comme les tâches domestiques, où l’affirmation d’une volonté d’égalité avance plus vite que l’égalité réelle. Longtemps les femmes ont donc été reléguées au rôle de « faiseuses d’enfants » avant la révolution constituée par la contraception. Elles ont aussi longtemps été privées de l’accès au savoir et c’est encore bien difficile dans certaines sociétés. La domination masculine constitue ainsi un modèle universel. Ce modèle est encore extrêmement puissant dans nos esprits, que ce soit dans les sociétés que nous considérons comme « traditionnelles », mais aussi à un degré moindre dans nos sociétés européennes. • Document 28

75. Quelles sont les différences d’écoute les plus marquantes selon les âges, les sexes et les PCS ? Les goûts musicaux ont toujours été discriminants en fonction de l’âge (effet génération) et du milieu social. Les différences sont moins nettes entre les hommes et les femmes, sauf sur le Metal Hard rock (musique « virile »), voire l’Électrotechno, le Hip hop et le Pop Rock, qui sont des musiques plutôt liées aux hommes (garçons), à l’inverse des « chansons variétés françaises », préférées par les femmes. Du côté de l’âge, les différences sont souvent énormes : certaines musiques sont goûtées par les plus jeunes : R’n’B, Metal Hard rock, Électrotechno, Hip hop et Pop Rock (ce dernier étant • 138

partagé avec les 35-44 ans, mais il ne s’agit pas forcément du même Pop Rock). D’autres musiques ont les faveurs des plus âgés : variétés françaises, Opéra et Musique classique. Ces deux derniers goûts ont aussi une dimension de distinction sociale, puisqu’elles sont surtout goûtées par les CPIS, tout comme le jazz (qui est souvent en France aimé par des professions à fort capital culturel), voire le Pop Rock. Les Agriculteurs, les Artisans, commerçants, Chefs d’Entreprise, les Ouvriers préférant les chansons et variétés françaises. 76. Quel facteur social vous paraît être le plus déterminant en matière d’écoute de la musique ? Le facteur le plus déterminant est le plus souvent l’âge, parfois le milieu social (ici PCS). • Pour argumenter

1. Des facteurs liés au milieu social (classe et/ou CSP) comme le montre les analyses de Bourdieu, notamment en termes d’imitation/distinction, de rôle de la culture légitime et du capital culturel, analysant la fréquentation du musée (L’amour de l’art, 1966) ou la photo comme un Art moyen (pratique récupérée au milieu des années 1960 par les classes moyennes). 2. Des facteurs comme l’âge ou le sexe peuvent être décisifs. Il apparaît ainsi plus décisif pour les ados de se distinguer des « petits » que des membres d’autres classes sociales. Les (pré) adolescents doivent concilier trois « métiers » (enfant, élève et jeune), et combinent divers codes culturels correspondant à ces trois métiers, pratiques qui ne cessent du reste d’évoluer au fil de leur avancée en âge. Loin ainsi d’être libres de leurs choix, ces enfants semblent soumis à des injonctions très fortes en matière de pratiques culturelles, dont les normes sont forgées au sein de leur classe d’âge. Une véritable « tyrannie de la majorité », selon Dominique Pasquier, qui constate que la conjugaison de la massification scolaire, des mutations familiales et de l’essor des technologies de communication a mis à mal la transmission culturelle traditionnelle entre les générations, via l’école et la famille, au profit des médias et surtout des pairs du même âge. « Chez les lycéens, la culture dominante n’est pas la culture de la classe dominante mais la culture populaire », résume-t-elle, concluant à une quasi-inversion de la distinction, tout en ajoutant que © Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison

les discriminations selon le sexe se renforcent au détriment des filles. 3. Mais l’homogénéisation des pratiques culturelles est loin de s’être réalisée. Selon Olivier Donnat, les jeunes plus diplômés et les cadres et PIS cumulent les pratiques légitimes et une utilisation courante d’Internet. Il n’en faut pas moins noter le déclin général de pratiques autrefois très « rentables » socialement, comme la lecture de livres ou de la presse. S’il faut affiner ce constat en prenant en compte les contenus de ce qui est lu et la migration de la lecture vers les supports numériques, il reste que les pratiques en déclin, notamment chez les classes dominantes, sont celles qui demandent un certain effort. L’ascétisme, caractéristique des dominants selon Bourdieu, s’atténue, tandis que la consommation ostentatoire semble s’affirmer plus que jamais. À ceci près qu’il ne s’agit plus pour les dominants de mettre en scène leur oisiveté, mais de composer avec un temps de travail devenu plus élevé. Mais ce « snobisme mondain » ne doit pas cacher la montée de l’éclectisme au sein des classes dominantes.

◗ Travaux dirigés : D’autres fractures ou appartenances différentielles dans la société française � MANUEL, PAGES 198-199 TD 1 : Des appartenances spatiales : mélanges et/ou fractures ?

• Document 1

1. Rédigez une phrase présentant l’information apportée par la donnée entourée en rouge. En 2011, le revenu mensuel médian dans la commune de Neuilly est de 3 656 euros. 2. Que constatez-vous en regardant les départements auxquels appartiennent les villes les plus riches et les villes les plus pauvres ? On observe une concentration de communes riches dans certains endroits. L’ouest de la région parisienne (Hauts-de-Seine, Yvelines) et de Paris concentre des communes où le revenu médian est le plus élevé de France, alors que le nord de la région parisienne (Seine-Saint-Denis, Val d’Oise) ou le Nord de la France (Roubaix, Calais) abritent des communes beaucoup plus « pauvres » en terme de revenu médian. © Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison

3. Peut-on en conclure que chaque département, voire chaque ville concernée, est homogène ? Chacun des endroits cités n’est pas homogène : toutes les communes des Hauts-de-Seine (92) ne sont pas favorisées, alors que certaines communes de Seine-Saint-Denis ont un niveau de vie médian tout à fait satisfaisant. Et à l’intérieur de chaque commune, il existe des disparités. • Document 2

4. Peut-on parler en France de ségrégation urbaine ? De nombreux quartiers en France sont socialement et « ethniquement » mixtes (encore faudraitil définir le niveau et la notion de mixité), même si l’on peut y trouver des dominances. La proximité spatiale et donc physique n’abolit d’ailleurs pas forcément les distances sociales, parfois au contraire. Et la mobilité résidentielle continue même si elle peut être positive individuellement mais négative collectivement : si les catégories moyennes quittent un quartier, cela peut contribuer à le « ghettoïser ». Ensuite, pour de nombreux auteurs, s’il existe des quartiers en difficulté, voire relégués avec des formes de ségrégation urbaine (concentration de certaines populations : « ghettos » de pauvres mais aussi de riches), on ne peut quand même pas parler de ghetto à l’américaine, car les services publics sont encore à peu près présents partout en France, même quand ils n’y sont pas de façon suffisante. Enfin, même dans ces « quartiers difficiles » il n’y a pas que des problèmes et il peut aussi y avoir du lien social, par exemple via le secteur associatif. Selon M. Kokoreff, la vie des quartiers populaires, y compris les grands ensembles situés le plus souvent en périphérie des grandes villes, ne se résume pas à un déchaînement de violence, et est aussi constituée d’un fort lien social. Ne pas noircir la réalité urbaine en France n’empêche pas d’être conscient des problèmes notamment dans certains quartiers. 5. Recherchez les atouts des quartiers populaires, voire difficiles, ainsi que des exemples de leur potentiel créatif (musique, comédie, danse, tags, modes, etc.). Ces quartiers populaires inventent parfois des modes et popularisent certaines formes de musique ou de cultures qui leur servent d’expression comme le Rap ou le Hip Hop, même si ces genres 139 •

ne sont pas homogènes et évoluent au cours du temps. Ils produisent aussi des acteurs ou humoristes comme Jamel Debbouze et Omar Sy (les deux venant de Trappes) ou encore des sportifs de haut niveau. Ces quartiers recèlent aussi une jeunesse nombreuse, ce qui est un atout dans une société qui vieillit. • Document 3

6. Quelles sont les tensions qui agitent la société française selon l’auteur ? Dans une société qui s’inquiète de l’avenir, chacun et/ou chaque groupe social cherche à se protéger de celui qui est (perçu comme) juste en dessous, pour chercher à échapper au déclassement potentiel (voir chap. 9). Dans son dernier ouvrage, Éric Maurin montre ainsi que Les Nouvelles Classes moyennes (Seuil, 2012) font des investissements coûteux pour acquérir les statuts les plus protégés, les diplômes les plus valorisés et habiter les quartiers les plus sûrs pour maintenir leurs positions. 7. Quelles sont les conséquences de ces fractures territoriales ? La société risque de se fragmenter et la cohésion sociale pourrait en souffrir. Certains peuvent être tentés par le repli sur soi (ou sur son groupe) et de progression des communautarismes en tous genres. TD 2 : Le football, facteur d’appartenances

• Document 1

1. Quelles sont les caractéristiques des équipes de France de football ? De quelle histoire sontelles révélatrices ? Les équipes de France comprennent et ont compris à travers l’histoire de nombreux joueurs, et parmi les meilleurs et les plus connus, issus de l’immigration. Ainsi Kopa, international français vivant son enfance dans le Nord de la France à Noeux-les- Mines dans une famille d’origine polonaise et étant l’un des leaders de l’équipe de France qui termina 3e de la Coupe du monde 1958. Puis Platini, Lorrain d’origine italienne qui fit la gloire de l’équipe de France des années 1970-1980. Autre exemple : Zidane, Marseillais d’origine algérienne, héros de l’équipe de France 1996-2006 avec pour point d’orgue la victoire en Coupe du monde 1998 en France. L’histoire des équipes de France suit donc étroitement celle des immigrations successives en France. • 140

2. Pourquoi le football est-il intégrateur ? Parce qu’il permet à chacun quelles que soient ses origines nationales et sociales de participer à la vie de groupe à travers une équipe et un club avec ses règles, d’espérer une ascension sociale y compris par identification à des joueurs très connus et médiatisés. 3. Pourquoi ne suffit-il pas à l’intégration ? Parce que dans de nombreux pays y compris la France, on pourrait soit croire que tout est possible en termes de mobilité grâce au sport et particulièrement au football, soit penser au contraire que ce sont (avec la musique) les principales façons de s’intégrer à une société, ce qui est notoirement insuffisant car d’autres facteurs, comme l’école ou l’emploi, sont ou devraient être beaucoup plus importants. Par ailleurs, de la base des clubs amateurs au sommet des clubs professionnels, la xénophobie ou le racisme peuvent exister : insultes, cris, jets de bananes, etc. • Document 2

4. Pourquoi l’équipe de 2010 est-elle moins bien perçue que celle de 1998 ? D’abord parce que celle de 1998 a gagné en France et qu’elle a été présentée à raison, mais aussi avec une certaine exagération, comme un symbole de la France Black-Blanc-Beur, avec Zidane pour héraut et héros. Mais depuis quelques années, dans un contexte de difficultés sociales, une certaine jeunesse d’origine immigrée est stigmatisée, notamment lorsqu’elle vient des « cités », perçue comme mal intégrée et mal élevée, voire violente et l’équipe de France actuelle est vue comme représentative de cette jeunesse. Une impression négative encore accentuée quand l’équipe n’est pas brillante et que des footballeurs milliardaires se mettent en grève et font donc « honte à la Nation ». À ce moment, certains s’en serviront pour confirmer l’étiquette : « on vous l’avait bien dit ». Une histoire qui traduirait une forme « d’ethnicisation » et/ou de « communautarisation » de la société française. 5. De quoi cette équipe de 2010 est-elle finalement le symbole ? Cette équipe de 2010 traduit au moins deux évolutions, notamment par rapport à celle de 1998. Des transformations récentes du monde ouvrier et de certains quartiers populaires tout d’abord, comme le chômage et la précarité y compris © Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison

familiale, la ségrégation urbaine (mais tous les joueurs de l’équipe de France ne sont pas issus des quartiers défavorisés, d’ailleurs présentées à tort comme homogènes), mais aussi des évolutions démographiques, alors que la génération 1998 était plus (mais pas totalement) originaire de milieux certes populaires mais plus stables socialement. Cette équipe de 2010 traduit aussi les évolutions du milieu de football, où il y a de plus en plus d’argent et où chacun cherche la rentabilité. Des jeunes parfois coupés de leur famille de plus en plus tôt et qui peuvent perdre la tête avec les salaires considérables espérés et la médiatisation potentielle ; et les clubs qui prennent de nombreux jeunes (y compris en allant les chercher en Afrique) en leur faisant miroiter un futur extraordinaire que seul un très petit nombre arrivera à atteindre. 6. Recherchez d’autres modèles d’intégration en dehors du football et/ou du sport. Il y heureusement d’autres voies d’intégration que le sport, et particulièrement le football, et ses joueurs phares que de nombreux jeunes voient comme des modèles. La musique tout d’abord : les chanteurs français d’origine étrangère sont nombreux : L. Ferré et G. Brassens avec des origines italiennes ; J. Ferrat, de son vrai nom Jean Tenenbaum, d’origine juive russe ; C. Aznavour d’origine arménienne, etc. pour les anciennes générations. Les chanteurs de Rap, de Zouk, de variétés, etc. pour les générations plus récentes, le cinéma, l’art et la culture en général (voir question 5 du TD 1). Mais pour beaucoup, les vrais modèles d’intégration sont ou devraient aussi être ceux qui ont réussi dans les grandes écoles, dans les postes les plus élevés et valorisés comme des patrons, des médecins, des journalistes et bien sûr en politique, même s’ils sont moins médiatisés car ils n’ont pas le statut d’« idoles ». • Document 3

7. Quel(s) rôle(s) peut jouer l’identification à un club de football ? L’identification à un club de football perme l’intégration à un groupe voire à une ville. On dit que supporter le club de la ville ou du quartier est une des façons de s’y intégrer et d’être accepté par les autochtones. Ainsi supporter le © Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison

FC Barcelone qui a une forte identité catalane est une étape pour les étrangers et/ou les immigrés et leurs enfants (qu’ils viennent du reste de l’Espagne ou de l’étranger) pour devenir « catalans ». Cette identification crée aussi des liens sociaux dans la ville, y compris par les conversations, ou encore plus forts dans un groupe de supporters où l’on pratique des activités ensemble. 8. Pour quelles raisons les profils des clubs sont-ils différenciés dans une même ville ? Les profils des clubs sont différents parce que chaque ville est hétérogène et que chaque quartier a ses spécificités sociales, nationales, spatiales, voire historiques, etc. On s’identifie à une équipe (ou à un groupe), y compris en s’opposant à une autre. Il y a bien sûr quelques cas un peu à part : il n’y a par exemple qu’un grand club (l’Olympique de Marseille) auquel beaucoup de Marseillais de statut divers s’identifient. Le club joue donc un rôle de cohésion sociale et municipale. 9. Les oppositions sont-elles en réalité aussi fortes qu’elles ne le paraissent ? Les oppositions sont souvent gonflées par les médias et parfois par les clubs eux-mêmes et leurs supporters pour des raisons économiques (cela fait vendre), voire « sociopolitiques » (être contre peut souder et masquer certains problèmes internes). Mais chacun ne pourrait pas exister sans l’autre y compris pour les journaux qui en parlent.

◗ Sujets Bac � MANUEL, PAGES 203-205 Dissertation

I. La moyennisation touche certains aspects A. Certaines consommations et pratiques se sont largement diffusées et moyennisées « vers le haut ». Les taux d’équipement se rapprochent (doc. 1 et 2) comme certaines pratiques (doc. 2). B. Une structure sociale moyennisée ? Croissance de certaines CSP (Prof. intermédiaires, Cadres et PIS, + certains employés et même des ouvriers qualifiés) censées représenter l’essor des « couches moyennes » : mouvement analysé par Tocqueville, Mendras (et sa toupie), voire par des hommes politiques comme Valery Giscard d’Estaing (voir question 53) avec une mobilité sociale plutôt ascendante durant les Trente Glorieuses (chap. 9). 141 •

Mais ces couches moyennes sont très hétérogènes. Par exemple, elles sont au moins partagées entre salariés et indépendants (voir le Poujadisme dans les années 1950). II. Des différences sociales restent importantes voire se polarisent A. Certaines consommations et pratiques restent très marquées socialement voire se polarisent. Tout le monde a une voiture mais pas la même et ne l’achète pas de la même façon. Idem pour la télévision : nous ne regardons pas les mêmes programmes. Le tennis s’est démocratisé, mais suivant l’endroit et le club où l’on joue, c’est socialement très différent. Certaines consommations restent très inégales : alimentation, santé. Le musée, le théâtre, etc., restent des pratiques distinctives et inégales (doc. 2), tout comme l’accès aux grandes écoles ; la « démocratisation » scolaire est très relative (« massification »). B. Une structure sociale très inégalitaire, voire polarisée. Bourdieu : homogénéité mais aussi hétérogénéité des trois grandes classes, notamment des moyennes (doc. 7 p. 188). La bourgeoisie sait défendre ses intérêts (y compris par l’homogamie) et a une conscience de classe (doc. 17 p. 193). Polarisation de la richesse, peur du déclassement : une partie des couches moyennes se rapprochent des couches populaires, pyramide sociale de L. Chauvel plutôt que toupie. Le Chômage, la précarité (doc. 3), voire la pauvreté, peuvent toucher une partie des classes moyennes avec une mobilité sociale qui peut être aussi descendante (chap. 9). Des clivages en termes d’habitat, d’emplois et de chômage, d’intégrés/non-intégrés, stables/précaires, etc., qui ne recouvrent qu’en partie les oppositions de classe mais aussi par l’âge, le sexe, auxquels certaines analyses ajoutent les conflits identitaires. Les inégalités de revenus et surtout de patrimoines restent fortes voire augmentent. Il existe aussi une fracture générationnelle sur l’emploi, les retraites (doc. 3). Conclusion : La moyennisation est très relative et toutes les différences sociales sont loin d’avoir disparu, certaines même s’aggravent. On assiste à des recompositions du paysage social.

• 142

Épreuve composée

• Partie 1 : mobilisation de connaissances Question 1

Voir les réponses aux questions 33 à 36 sur les documents 12 et 13. Question 2

Les classes sociales, voire les catégories socioprofessionnelles, mais aussi l’âge, le sexe, la qualification et /ou le diplôme, l’habitat, la nationalité, voire l’origine nationale ou parfois locale (certaines villes ou régions ont une forte identité) sont les grands critères d’appartenance et de différenciation sociales. • Partie 2 : Étude d’un document

La lecture pour certains biens ou abonnements (automobile, etc.) montre une certaine convergence, y compris à travers le temps (+ doc.1 et 2 de la dissertation p. 203), mais il faudrait s’interroger sur leur type et leur utilisation. La lecture d’autres biens ou abonnements (microordinateur portable, téléphone multimédia, cotisations de sport, théâtre ou cinéma, bibliothèque) montrent que des divergences importantes subsistent. Les divergences peuvent aussi être analysées à la lumière d’autres variables comme l’âge, le sexe, le type de commune voire la zone d’habitat, la structure familiale, etc. (voir documents p. 196-197 + doc. 2 de la dissertation p. 203) • Partie 3 : Raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire

I. Le salariat non qualifié et son évolution En mars 2002, un peu moins de cinq millions de personnes (4,8 millions) exerçaient un emploi non qualifié : 2 760 000 comme employés et 2 035 000 comme ouvriers. Loin de disparaître avec la désindustrialisation, l’emploi non qualifié a connu un regain depuis le milieu des années 1990. Il représentait 28 % de l’emploi salarié en 1982, 23 % en 1994 et près de 25 % en 2006. Certains expliquent cela pour au moins deux raisons : les allègements de « charges » sur les emplois non qualifiés à partir de 1993-94 (gouvernement Balladur) et par la surqualification de certains, qui occupent les emplois non qualifiés parce que les qualifiés ne trouvent pas d’emplois à la mesure de leurs espérances, et se rabattent donc sur les emplois non qualifiés, engendrant donc des difficultés accrues pour les non qualifiés. © Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison

Mais la composition de l’emploi non qualifié a évolué puisque le nombre d’ouvriers non qualifiés a diminué (lié notamment aux restructurations industrielles, délocalisations dans certains secteurs, etc.), à l’inverse des employés non qualifiés (doc. 3), d’où le thème déjà évoqué précédemment de la « prolétarisation » des employés ou le rapprochement entre les deux catégories. Chacune des deux catégories est très diverse en termes de « professions ». Il y a quelques différences : les employés non qualifiés sont beaucoup plus féminisés que la moyenne, à l’inverse des ouvriers non qualifiés un peu moins féminisés que la moyenne (sauf les « agents d’entretien », où les femmes sont très majoritaires, à l’opposé des « travaux publics et du bâtiment », où elles sont quasiment absentes). Les ouvriers non qualifiés ont une moyenne d’âge assez élevée. Mais les deux catégories ont aussi certaines caractéristiques communes : des conditions de travail difficiles (et une « taylorisation » de nombreux emplois), une précarisation d’une partie de ces emplois, une faible qualification (pour beaucoup le CEP ou BEPC est le diplôme le plus élevé), une proportion d’immigrés plus élevée que la moyenne (doc. 2). II. Une classe sociale ? Il y a eu un déclin, voire pour certains une disparition, de l’identité de classe dans les milieux populaires. Pourtant, les divisions au sein du salariat populaire ont déjà été évoquées par Malthus (qui opposait ceux qui travaillaient à ceux qui vivaient

© Nathan, 2012 – SES Term., coll. C.-D. Échaudemaison

de l’aide aux pauvres), puis par Marx. Elles ont toujours existé, y compris durant l’âge d’or de la classe ouvrière entre les années 1930 et 196070, mais ces divisions étaient alors masquées par une forme d’unité relative de cette classe (non qualifiés compris) et d’espérance dans un monde meilleur (doc. 14 p. 192). On voit bien aujourd’hui que les non qualifiés ne sont plus seulement des ouvriers et malgré des moments de solidarité, il est bien difficile de voir une unité de ce salariat non qualifié, qui est éventuellement une classe en soi mais sûrement pas une classe pour soi, parce qu’il a un faible sentiment d’appartenance sociale. Les non qualifiés, qui vivent dans la peur ou la réalité de la précarité et du chômage, sont souvent conduits à une attitude de retrait, entre rejet et résignation, par rapport aux modèles dominants d’intégration sociale, notamment parce que certaines populations sont en grandes difficultés (emploi, pouvoir d’achat, etc.). Pour les salariés du bas de l’échelle, comme pour d’autres groupes sociaux d’ailleurs, certaines identités se construisent en opposant certaines sous populations : les jeunes et les plus âgés, les hommes et les femmes, les immigrés et les non immigrés (doc. 1), ce qui conduit à l’atomisation et peut les conduire en termes politiques à l’abstention, voire à des votes « protestataires  ». Conclusion : Il y a donc à la fois décomposition(s) mais aussi recomposition(s) de ce « prolétariat non qualifié » mais il est difficile de parler d’une « classe pour soi ».

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