Livre de Nout CENIM 2
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Livre de Nout...
Description
Université Paul Valéry (Montpellier III) – CNRS UMR 5140 « Archéologie des Sociétés Méditerranéennes » Équipe « Égypte Nilotique et Méditerranéenne »
Cahiers de l’ENiM (CENiM) 2
Verba manent Recueil d’études dédiées à Dimitri Meeks par ses collègues et amis
Textes réunis et édités par Isabelle Régen et Frédéric Servajean
*
Montpellier, 2009
Table des matières
Volume 1 Avant-Propos ……………………………………………………………..……………..
I
Bibliographie de Dimitri Meeks ………………………………………….......................
III
Hartwig Altenmüller Acht Fragmente von Mumienbinden der Tascheritentnaret aus Abusir el Meleq .
1
Sydney H. Aufrère Les alphabets dits « égyptiens » et « cophtes » de Fournier le Jeune (1766) et la « guerre des polices » au XVIIIe siècle. En marge de la redécouverte de l’écriture hiératique ……………………………………........................................
29
Ladislav Bare‡ A case of proofreading in Ancient Egypt? ……………………………………….
51
Edward Brovarski Gardiner Sign List Aa 31 ………………………………………….......................
57
Vivienne Gae Callender A Magical Amulet, with a Life Insurance Policy ………………..........................
63
Laurent Coulon Les épithètes autobiographiques formées sur skm ……………………….............
71
Didier Devauchelle et Ghislaine Widmer Un brouillon de requête au stratège (Ostracon Ifao Edfou D 632) ………………
83
Khaled El-Enany À propos de quelques emplois de stp.n-X dans les cartouches royaux …..............
99
Åke Engsheden Un Mendésien en Dalécarlie (Statue ZAE 74 de la collection Zorn) …................
113
Marguerite Erroux-Morfin Du lait-blanc à l’orgeat de souchet ……………………………………………….
125
Christine Favard-Meeks Les couronnes d’Andjéty et le temple de Behbeit el-Hagara …………………….
137
Luc Gabolde « “L’horizon d’Aton”, exactement ? » …………………………….......................
145
Marc Gabolde Égyptien ‡dÌ, grec ojinovmeli et mevlitith" latin mulsum, grec d’Égypte stavgma : la même ivresse ? ……………………………………………………...
159
François Gaudard Le P. Berlin 8278 et ses fragments. Un « nouveau » texte démotique comprenant des noms de lettres ………………………………………….............
165
Jean-Claude Grenier Parthénios ? ………………………………………………………………………
171
Ivan Guermeur Les monuments d’Ounnefer, fils de Djedbastetiouefânkh, contemporain de Nectanébo Ier ……………………………………………………………………..
177
Nadine Guilhou Une variante graphique dans la pyramide de Téti, formule 688 …………………
201
Ben Haring Requests from the Greatest Gods. The Right Doorjamb of Sennedjem’s Burial Chamber …………………………………………………………….....................
207
Antoine Hermary Samos et l’Égypte au VIe s. av. J.-C. Le témoignage d’un petit sphinx en bronze
219
Volume 2 Anthony Leahy A mysterious fragment and a monumental hinge. Necho II and Psammetichus II once again ……………………………………………………………………….
227
Christian Leblanc Nehy, prince et premier rapporteur du roi. Deux nouveaux documents relatifs au vice-roi de Nubie, sous le règne de Thoutmosis III ……………………………..
241
Guy Lecuyot Quelques vases Bès sortis des sables de Saqqâra ………………………………..
253
Christian Leitz Thot als Ichneumon in der Unterwelt. Der Hymnus im Grab des Amonmose (TT 373) ……………………………………………………….............................
265
Geoffrey T. Martin Protecting Pharaoh. Three Unpublished Magical Figures ………………….........
277
Bernard Mathieu Le « Livre de Nout » du chancelier Ânou. « Nouvelles » versions de Textes des Pyramides ………………………………………………………………………..
295
Jean-Pierre Pätznick Encore et toujours l’Horus « Nâr-mer » ? Vers une nouvelle approche de la lecture et de l’interprétation de ce nom d’Horus ………………………...............
307
Patrice Pomey Vers un renouveau des études de nautique égyptienne ……………………..........
325
Lilian Postel Quand réapparaît la forme ms(w).n ? Réflexions sur la formule de filiation maternelle à la fin du Moyen Empire ……………………………………………
331
Joachim Friedrich Quack Ein Fragment einer Liste mit Naturerscheinungen. Papyrus Berlin 23055 ……...
355
Stephen Quirke Contexts for the Lahun Lists …………………………………………..................
363
Isabelle Régen À propos du sens de qrs « enterrer » ………………………………………..........
387
Alessandro Roccati Un’iscrizione „firmata“ della XXVI dinastia .........................................................
401
Frédéric Servajean Des poissons, des babouins et des crocodiles ……………………………………
405
Christophe Thiers Les « quatre Ka » du démiurge (à Tôd) …………………………………….........
425
Michel Valloggia Un compendium tardif du Livre des Morts ………………………………………
439
Pierre Zignani Une culture sismique dans l’architecture des pharaons. De Djéser à la période gréco-romaine ……………………………………………………………………
455
Le « Livre de Nout » du chancelier Ânou « Nouvelles » versions de Textes des Pyramides Bernard Mathieu À Dimitri Meeks, en hommage reconnaissant, et en souvenir de séminaires palatiaux, où l’érudition s’appuyait sur le bras de l’amitié.
G
USTAVE JÉQUIER
publia en 1935 le compte rendu de la découverte de la tombe inviolée du chancelier Ânou, située « à l’angle sud-ouest du grand mastaba du vizir Ama Merira » 1. Postérieur au règne de Pépy II, selon Jéquier, Ânou était sans conteste, à en juger par les titres qu’il porte plus que par les proportions de sa sépulture, fort modestes, un personnage important : Ì“ty-© ≈tmty bjty smr w©ty s̃ Ìm(.w)-nÚr Mn-©n≈-Nfr-k“-R© ≈nty-‡ m“© Mn-©n≈-Nfr-k“R© mr ≈nt(y.w)-‡ Pr-©“ mr wp(w).t Ìtp.wt-nÚr (j)r(y)-≈.t nsw mt(y)-n(y)-s“ ßr(y)-Ìb(.t) smsw mr m‡©. gouverneur, chancelier du roi de Basse-Égypte, Ami unique, inspecteur des prêtres de la pyramide Menânkh-Néferkarê 2, attaché véritable au domaine de la pyramide Menânkh-Néferkarê 3, directeur des attachés au domaine de Pharaon 4, directeur de l’approvisionnement des offrandes divines 5, chargé d’affaires du roi, chef de phylè, ritualiste émérite 6, chef de troupes 7.
Il semble que le chancelier Ânou soit à peu près totalement retombé dans l’oubli depuis lors 8. Plus étonnant, les textes funéraires inscrits à l’intérieur de l’un des deux cercueils en bois, relevés par Jéquier, n’ont jamais été, à ma connaissance, ni 1
G. JÉQUIER, « Tombes de particuliers de l’époque de Pépi II », ASAE 35, 1935, p. 147-155. La tombe du vizir Imapépy / Imaméryrê (M. XIII) se trouve à l’Est de la pyramide de Pépy II : PM III/22, 1979, p. 683. Pour la tombe de Ânou (M. XVI), voir PM III/22, p. 685 ; G. JÉQUIER , ASAE 34, 1934, p. 79 ; H. DITTMANN, MDAIK 6, 1936, p. 162. 2 Sur ce titre d’officiant attaché à la pyramide de Pépy II, cf. D. JONES, Index of Ancient Egyptian Titles, Epithets and Phrases of the Old Kingdom, BAR-IS 866, Oxford, 2000, p. 933 (3444), 934-935 (3447). 3 Ibid., p. 693 (2533). 4 Ibid., p. 189 (710). 5 Ibid., p. 97 (402) et 98-99 (404) ; voir aussi N. KANAWATI, Akhmim in the Old Kingdom I, The Australian Centre for Egyptology, Sydney, 1992, p. 191, n. 1152. 6 Cf. T.G.H. JAMES, The Mastaba of Khentika Called Ikhekhi, ASE 30, London, 1953, p. 43 [19] ; H.G. FISCHER, « A Stela of the Heracleopolitan Period at Saqqara : the Osiris Iti », ZÄS 90, 1963, p. 38 ; D. JONES, op. cit., p. 785-786 (2863). 7 Ibid., p. 142 (551). 8 Sur le nom, voir H. RANKE , PN I, 1935, p. 62 (10) ; II, 1952, p. 270 (14). Depuis l’article de Jéquier, le seul commentaire consacré à la sépulture d’Ânou, à ma connaissance, est une note de E.J. BROVARSKI, dans D.P. Silverman (éd.), For his Ka. Essays… Kl. Baer, SAOC 55, Chicago, 1994, p. 32, n. 56.
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Bernard Mathieu
identifiés, ni traduits, ni commentés ; la mention très discrète que leur réserva le découvreur (« une série de formules mises dans la bouche de la déesse Nouit, protectrice du mort ») 9 en est peut-être la raison. Ces formules funéraires, peintes en vert sur la face interne de la grande paroi de droite du cercueil intérieur, d’après la description de Jéquier, présentent pourtant plusieurs intérêts, dont ceux de fournir de « nouvelles » versions de Textes des Pyramides (TP), légèrement adaptées, et de constituer un exemplaire de ce que l’on peut nommer, pour suivre la tradition égyptologique, le « Livre de Nout » 10, à savoir une séquence de formules relatives à la déesse Nout, associée comme on sait au cercueil lui-même, et à ses relations avec le défunt « Osiris » 11. Le monument original n’étant guère localisable aujourd’hui 12, il est difficile d’évaluer l’exactitude de la copie de Jéquier, mais si l’on devine ici ou là quelques interprétations graphiques litigieuses, le relevé publié est suffisamment précis pour autoriser une analyse [fig. 1]. Les occurrences de la didascalie ƒd mdw déterminent une séquence de sept formules ([1]-[7]), dont les cinq premières débutent par l’incipit jnk Nw.t, « je suis Nout » 13, et les deux dernières par l’incipit ƒd mdw jn Nw.t, « paroles à prononcer par Nout ». Certaines de ces formules ont été élaborées à partir de plusieurs TP différents, chacun d’eux ayant été adaptés de façon que la déesse Nout parle à la première personne (locutrice), là où, dans le texte original, elle était l’interlocutrice (allocutaire) de son époux Geb. Cette transposition, il faut le souligner, a été opérée de manière plutôt consciencieuse par le ritualiste responsable de ce programme d’inscription. 9
G. JÉQUIER, op. cit., p. 150. Les textes du cercueil d’Ânou ne figurent pas dans le corpus publié récemment par J.P. ALLEN, The Egyptian Coffin Texts 8. Middle Kingdom Copies of Pyramid Texts, OIP 132, Chicago, 2006 (abrégé ici CT 8). 10 À l’époque ptolémaïque, les Égyptiens appelaient simplement ce corpus n“ s‡.w n t“ Nw.t, les écrits de Nout : Texte cité par N. BILLING , Nut. The Goddess of Life in Text and Iconography, Uppsala Studies in Egyptology 5, Uppsala, 2002, p. 156. 11 Sur les textes funéraires centrés sur la figure de Nout, voir A. RUSCH, Die Entwicklung der Himmelsgöttin Nut zu einer Totengottheit, MVÄG 22, Leipzig, 1922 ; Fr. D AUMAS, « Sur trois représentations de Nout à Dendara », ASAE 51, 1951, p. 373-400 ; S. SCHOTT, « Nut spricht als Mutter und Sarg », RdE 17, 1965, p. 81-87 ; H. ALTENMÜLLER, Die Texte zum Begräbnisritual in den Pyramiden des alten Reichs, ÄgAbh 24, 1972, p. 26-32 ; H. W ILLEMS, Chests of Life, MVEOL 25, Leiden, 1988, p. 131-136 ; J.P. ALLEN, « The Cosmology of the Pyramid Texts », dans Religion and Philosophy in Ancient Egypt, YES 3, 1989, p. 17 ; T. MARTINELLI, « Geb et Nout dans les Textes des Pyramides. Essai de compréhension du caractère masculin de Geb et de la Terre ainsi que du caractère féminin de Nout et du Ciel », BSEG 18, 1994, p. 61-80 ; N. GUILHOU , « Nout qui diffuse la lumière », Égypte. Afrique & Orient 21, Avignon, mai 2001, p. 8-14 ; N. BILLING, « Text and Tomb: Some spatial properties of Nut in the Pyramid Texts », dans Egyptology at the Dawn of the Twentyfirst Century. Proceedings of the Eighth International Congress of Egyptologists, Cairo, 2000, vol. 2 : History, Religion, AUC Press, Le Caire, New York, 2003, p. 129-136. La récente étude de N. BILLING, Nut. The Goddess of Life in Text and Iconography (voir note précédente), fort documentée par ailleurs, ne mentionne pas les textes du cercueil d’Ânou. 12 Certains des bijoux retrouvés sur la momie sont entrés au Musée du Caire sous les nos JE 6311263114 ; enregistrée sous le n° JE 63110, une statuette représente le défunt tenant de la main droite ce qui ressemble fort à un sceptre âba (rapprocher TP 213, § 134a-b : « Ô N., tu n’es pas parti mort, tu es parti vivant ! Assieds-toi sur le trône d’Osiris : ton sceptre âba dans la main, tu donneras des ordres aux vivants »). 13 Incipit attesté aussi au § 786a [TP N435 A] = § 1887b [TP N664 G] ; § 1341a [TP 546].
Le « Livre de Nout » du chancelier Ânou
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Voici une traduction de ce « Livre de Nout » 14, suivie d’une justification de l’ordre de lecture retenu et d’un bref commentaire sur son intérêt spécifique. [1]. ƒd mdw. [§ 779a-b] jnk Nw.t s≈m.t “≈.t ©n≈.t m ß.t mw.t(≠j) Tfn.t n mst(≠j). [§ 780a-b] s≈m(≠w) jb(≠j) wnwn(≠j) m ß.t < mw.t≠j > m rn(≠j) n(j) Nw.t. [§ 778b] jw~n(≠j) ßnm(≠j) ¢nw pn ©n≈(≠w) ƒ.t. jw~n(≠j) ßnm(≠j) 15 ¢nw pn m ∫nm.t wr(.t) nb (sic) Wr pw ¢nw pn jm(y) msw(.w≠j). [§ 781a] jnk s“.t s≈m.t m mw.t≠f s (sic) 16. [§ 782b-d] mÌ~n(≠j) bw nb m nfrw(≠j) t“ 17 ßr≠f r-ƒr≠f < jÚ~n(≠j) sw > ‡nn.t(≠j) nb(.t) m-ßnw ©.wy≠k (sic). s©n≈(≠j) ¢nw ©n≈(≠w) ƒ.t Prononcer les paroles. Je suis Nout, puissante, glorifiée, vivante dans le sein de ma mère Tefnout avant même d’avoir été enfantée. Ma conscience était puissante quand je remuais dans le sein < de ma mère > 18 en mon nom de Nout. Je suis venue protéger cet Ânou (en vie à jamais), je suis venue protéger cet Ânou, en tant que Protectrice vénérable, car il est, cet Ânou, le plus Vénérable de mes enfants. Je suis la fille, puissante en tant que sa mère. J’ai empli chaque endroit de ma beauté, la terre entière qui est sous lui, < je l’ai saisie >, tout ce que j’encercle étant au creux de < mes > bras. Je ferai vivre Ânou (en vie à jamais) !
[2]. ƒd mdw. [§ 3d-e = Var. § 1786b] jnk Nw.t jn~n(≠j) 19 Nb.t-Îw.t ßr tp≠k nƒr≠s ©≠k Wsjr ¢nw pn d≠s n≠k jb≠k n(j) ƒ.t≠k Wsjr ¢nw pn ©n≈≠tj ƒ.t Prononcer les paroles. Je suis Nout. J’ai amené Nephthys à ta tête 20 pour qu’elle se saisisse de ton bras, cet Osiris Ânou, et qu’elle te rende ta propre conscience, cet Osiris Ânou (en vie à jamais) !
[3]. ƒd mdw. [§ 823a-d] jnk Nw.t pr~n jr.tj≠j m tp≠j jÚ~n(≠j) Îr Wr.t≠f-Ìk“.w jÚ p~n(≠j) msw≠j pn ¢nw pn ƒ.t
14
D’autres formules appartenant à ce même ensemble ont pu figurer sur la grande paroi de gauche du cercueil ; elles étaient trop effacées, selon Jéquier, pour permettre un relevé. 15 Le signe figurant sous le n est à interpréter comme le vase ßnm. 16 Le s vertical qui suit le groupe mw.t≠f pourrait être le signe initial de la suite du § 781 (s≈©≠tj m bj.t), copié par erreur par le scribe. Ce détail prouverait que le scribe avait bien sous les yeux le manuscrit du TP 431. 17 Il faut sans doute corriger le signe horizontal placé sous le groupe nfrw. 18 Il semblerait que le scribe ait substitué par erreur ß.t(≠j) au ß.t mw.t≠Ú original, pensant que ce dernier mot représentait Nout. 19 Le signe ≠k est vraisemblablement une erreur d’interprétation du nb de Nb.t-Îw.t, et non le pronom suffixe d’un datif n≠k ; le texte parallèle donne bien jn~n(≠j) ”s.t. 20 Litt. sous ta tête, c’est-à-dire derrière toi ; cf. § 1089d [TP 505] et § 2098b [TP 690]. Sur certains sarcophages du Moyen Empire, la tête du défunt est associée à Isis : ƒd mdw jn Nw.t rd~n(≠j) n≠Ú ”s.t ßr tp≠Ú, « Prononcer les paroles par Nout : j’ai placé pour toi Isis à ta tête » (S. GRALLERT, « Die Fugeninschriften auf Särgen des Mittleren Reiches », SAK 23, 1996, p. 155-156 ; CT 8, 3).
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Bernard Mathieu
Prononcer les paroles. Je suis Nout. Les yeux 21 sont issus de ma tête, moi qui ai saisi Horus et sa Vénérable de magie 22, moi qui ai gratifié cet enfant qui est le mien, cet Ânou (< en vie > à jamais).
[4]. jnk Nw.t ≈©~n(≠j) m nsw-bjtj 23 s≈m≠k(w) m nÚr.w nb(.w) k“.w≠sn jsÚ ƒf“.w≠sn j“.wt≠sn jsÚ. ßnm(≠w) ¢nw pn m ©n≈ nb ≈r≠j [§ 824a-c]
Je suis Nout. Je suis apparue en reine de Haute et Basse-Égypte parce que je dispose de tous les dieux et de leurs ka, de leurs provisions et de leurs héritages. Cet Ânou est uni en toute vie à ma personne 24.
[5]. ƒd mdw. [§ 3b-c = Var. § 1786b] jnk Nw.t jn~n(≠j) ”s.t ßr rd.wy≠k nƒr≠s ©≠k ¢nw pn d≠s n≠k jb≠k n(j) ƒ.t≠k ¢nw pn ©n≈(≠tj) ƒ.t Prononcer les paroles. Je suis Nout. J’ai amené Isis à tes pieds 25 pour qu’elle se saisisse de ton bras, cet Ânou, et qu’elle te rende ta propre conscience, cet Ânou (en vie à jamais) !
[6]. ƒd mdw jn Nw.t [§ 783b-a] sm“ T“.wy (sic) Gb t“ r-ƒr≠f m bw nb n(≠j) 26 pnd~n w(j) m (sic) Gb ≈pr(≠w) rn(≠j) n(j) P.t. [§ 784a, e] Ìr(w) r t“ m rn(≠j) n(j) Îr.t r 27 tp jt(≠j) Ωw s≈m≠kw jm≠f [§ 784b] [mr~n]≠f w(j) d~n≠f sw ßr(≠j) m rn(≠j) n(j) S“.t-tp(j).t jst 28. [§ 785a] jÚ(~n≠j) sw nÚr nb 29 ßr(j) Ìb”≠f [§ 785b] sb“(≠j) sn m ≈“b“s [§ 785c] n bj“≠sn m sb“.w≠sn ¢nw pn ©n≈(≠w) ƒ.t m rn≠k (sic) n(j) B“-NÚr Prononcer les paroles par Nout :
21
Peut-être les deux luminaires. La suite attendue *jÚ~n≠j St‡ Wr.t≠f-Ìk“w jsÚ, « moi qui ai saisi Seth et sa Vénérable de magie » (§ 823c), a été délibérément supprimée : la mention de Seth sur le cercueil, au contact du défunt, était probablement jugée dangereuse. Sur ce thème, voir récemment J. KAHL , « Religiöse Sprachsensibilität in den Pyramidentexten und Sargtexten am Beispiel des Namens des Gottes Seth », dans S. Bickel, B. Mathieu (éd.), D’un monde à l’autre. Textes des Pyramides & Textes des Sarcophages, BiEtud 139, Le Caire, 2004, p. 219-246. 23 Le texte original (§ 824a) porte ≈©~n≠Ú m bj.t (...), « tu es apparue en reine (…) ». 24 Litt. « auprès de moi ». Cette phrase a été ajoutée au texte de base. 25 Litt. « sous tes pieds », c’est-à-dire devant toi ; cf. § 1089d [TP 505] et § 2098b [TP 690]. 26 La place inhabituelle du datif suffixal s’explique par le fait qu’il a fonction de prédicat, sm“~n Gb étant une forme nominale. 27 Le signe de la maison qui surmonte r pourrait être une erreur de copie pour le déterminatif du ciel ; voir la graphie de Îr.t deux lignes plus bas. On peut aussi comprendre pr(≠w) tp jt≠f Ωw, « la tête de mon père Chou est montée ». 28 Je vois dans ce jst un vestige du texte original (§ 784b) : d~n≠f sw ßr≠Ú ≈.t nb(.t) jsÚ, « il s’est placé sous toi ainsi que toute chose ». L’expression m rn(≠j) n(j) S“.t-tp(j).t a été ajoutée au texte de base. 22
Ce curieux signe, qui évoque dmƒ, pourrait être une copie fautive du groupe texte de base. 29
présent dans le
Le « Livre de Nout » du chancelier Ânou
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Geb a réuni la terre entière en tout lieu pour moi, Geb m’a fécondée, d’où est né mon nom de Ciel. Loin de la terre en mon nom de Lointaine, loin de la tête de mon père Chou dont je tire ma puissance, lui qui m’a désirée et qui s’est placé sous moi en mon nom de Fille-aînée. Je l’ai pris, lui et tous les dieux avec leur barque héba 30, pour les guider dans le ciel constellé ; ils n’abandonneront pas, ceux qui sont dans leurs astres 31, cet Ânou (en vie à jamais), en ton (sic) nom de Ba-du-Dieu 32.
[7]. ƒd mdw jn Nw.t. [Var. § 784a/785d] pd~n(≠j) w(j) Ìr Wsjr ¢nw pn m rn(≠j) n(j) P.t n Ìr~n(≠j) r t“ jr Wsjr ¢nw m rn(≠j) n(j) Îr.t [Form. nouv.] n mrr(≠j) ¢nw ©n≈(≠w) ƒ.t mj mrr(≠j) Gb hj(≠j) mj mrr(≠j) Wsjr s“(≠j) ß.t(≠j) ≈©≠tj (sic) m bj.t s©n≈(≠j) ¢nw s“(≠j) wn≠f ©n≈(≠w) ƒ.t [§ 782e] m j.≈m-sk jmj(≠j). [§ 2a] s“(≠j) pw ©nw mry(≠j) ©n≈(≠w) ƒ.t. [§ 580c = § 638a = § 1607a] p‡‡~n(≠j) w(j) Ìr ¢nw m rn(≠j) n(j) Ω.t-p.t mrr(≠j) Wsjr ¢nw pn ƒ.t Prononcer les paroles par Nout : Je me suis allongée sur cet Osiris Ânou en mon nom de Ciel, je ne saurais m’éloigner de la terre ni de l’Osiris Ânou en mon nom de Lointaine, car j’aime Ânou (en vie à jamais) comme j’aime Geb mon mari et comme j’aime Osiris mon fils de ma chair ; apparue en reine 33, je ferai vivre Ânou mon fils pour qu’il soit en vie à jamais en tant qu’astre impérissable en mon sein, ce fils qui est le mien, Ânou, mon aimé (en vie à jamais). Je me suis étendue sur Ânou en mon nom de Chetpet 34, car j’aime cet Osiris Ânou (à jamais).
Jéquier n’ayant pas donné d’indication suffisamment précise de la disposition de ces formules sur les parois internes du cercueil intérieur, on doit tenter d’établir l’ordre de lecture par le raisonnement. Hapax (Wb III, 62, 14). Il existe aussi un mot Ìb“ (Wb III, 62, 13) qui désigne un poisson (mugélidé) ; cf. R.A. CAMINOS , Literary Fragments in the Hieratic Script, Oxford, 1956, p. 38 et pl. 16, fgt 1, l. 4 ; E. EDEL, Zu den Inschriften auf den Jahreszeitenreliefs der “Weltkammer” aus dem Sonnenheiligtum des Niuserre, Berlin, 1961, p. 211-213 ; I. GAMER-WALLERT, Fische und Fischkulte im Alten Ägypten, ÄgAbh 21, 1970, p. 40. Probablement s’agit-il d’un dérivé par préfixation à partir du radical b“ : Ì-b“, litt. ce qui fait se déplacer, ou ce qui se déplace. On pourrait se demander si cet hapax ne constitue pas une création lexicale ad hoc, par jeu étymologique, conditionnée par la recherche d’une paronomase avec sb“, guider, ≈“b“s, ciel constellé, et sb“.w, astres, les quatre mots étant positionnés en fin de séquence, et censés justifier l’épiclèse B“-NÚr, Badu-Dieu. 31 En considérant le signe nÚr comme un déterminatif, réinterprétation du texte original : jÚ~n≠Ú n≠Ú nÚr nb ≈r≠Ú ßr Ìb“≠f sk≠Ú sn m ≈“b“s jm≠sn Ìm r≠Ú m sb“.w, « tu as pris tous les dieux auprès de toi avec leur barque héba, pour les mêler au ciel constellé ; ils ne t’abandonneront pas en tant qu’astres ». 32 L’expression m rn≠k n(j) B“-nÚr a été ajoutée au texte de base ; le pronom suffixe ≠k semble être une erreur pour ≠f (l’Osiris Ânou). Cet extrait est à l’origine de Mutter und Kind (P. Berlin 3024), r° 6, 34 : Nw.t jt~n nÚr nb ≈r≠t sb“.w≠sn m ≈“bsw n bj“~n≠sn m sb“.w≠sn, « Nout, tous les dieux, auprès de toi, ont pris leurs astres dans le ciel constellé, et ils ne sauraient quitter leurs astres ». 33 La forme ≈©≠tj doit vraisemblablement être corrigée en ≈©≠kw ou ≈©.t ; cf. supra, n. 23. 34 Le passage § 638a-b = § 1607a-b est repris textuellement dans la tombe de Oukhhotep (XIIe dyn.) : A.M. BLACKMAN, The Rock Tombs of Meir VI, ASE 29, Londres, 1953, p. 15 : p‡‡~n s(.j) mw.t≠k Nw.t Ìr≠k m rn≠s n Ω(.t)-p.t d≠s wn≠k m nÚr nn ≈ft(y).w≠k m rn≠k n NÚr, « ta mère Nout s’est étendue sur toi en son nom de Chetpet, de façon à faire de toi un dieu sans adversaire en ton nom de Dieu ». Les § 1607a-1608b [TP 588] sont fréquemment reproduits à l’époque saïto-perse : cf. G. SOUKIASSIAN , « Textes des Pyramides et formules apparentées : remarques à propos des tombes saïtes », dans L’Égyptologie en 1979, Axes prioritaires de recherches II, Paris, 1982, p. 58, fig. 8. 30
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Bernard Mathieu
Sur la fig. 16 de la publication, les deux « pavés » centraux, étant donné leur forme et le contenu des textes (« J’ai amené Nephthys à ta tête […], J’ai amené Isis à tes pieds […] »), représentent à l’évidence les parois de tête et de pieds du cercueil 35. La paroi de tête finissant par le TP 443 et la paroi de pieds débutant par le TP 444, et ces deux formules se succédant dans toutes les pyramides à textes où elles apparaissent (P, M, AII, N, Nt) [fig. 2] 36, on obtient la séquence : TP N628 A - TP 443 - TP 444 – TP N628 B. Reste à positionner les deux autres suites copiées par Jéquier. Le bandeau inférieur de sa fig. 16 (« B. »), qui relie entre eux différents extraits des TP 428-432, est une véritable présentation de la déesse Nout : « Je suis Nout, puissante, glorifiée, vivante dans le sein de ma mère Tefnout avant même d’être enfantée. Ma conscience était puissante quand je remuais dans le sein < de ma mère > en mon nom de Nout (…) Je suis la fille, puissante en tant que sa mère ». Il paraît donc logique de débuter la lecture du « Livre de Nout » par cette section. Un argument supplémentaire est que ces formules entrent dans la composition de ce qu’H. Altenmüller identifie comme la suite « C » 37 ; or, dans cette séquence, les TP 428-432 précèdent toujours (P, M, AII, N, Nt) les TP 433-434 [fig. 2], qui inaugurent le bandeau supérieur du relevé de Jéquier. Ces considérations conduisent à établir l’ordre de succession suivant, adopté dans la présentation de la traduction 38 : [1]. ƒd mdw jnk Nw.t, « paroles à prononcer : je suis Nout (…) ». § 779a-b [TP 429] + § 780a-b [TP 430] + § 778b [TP 428] + § 781a [TP 431] + § 782b-d [TP 432].
[2]. ƒd mdw jnk Nw.t, « paroles à prononcer : je suis Nout (…) ». § 3d-e [TP 5] = Var. § 1786b [TP N628 A].
[3]. ƒd mdw jnk Nw.t, « paroles à prononcer : je suis Nout (…) ». § 823a-d [TP 443] ; cf. CT VII, 9r-s [TS 803] ; CT 8, 354-355 (S1C, S2C).
35
Sur les textes où Nout demande à ses deux filles de protéger le corps de leur frère, Nephthys et Isis étant associées respectivement aux parois de pieds et de tête du cercueil, cf. H. WILLEMS , Chests of Life, MVEOL 25, Leyde, 1988, p. 134-135. Voir également G. SOUKIASSIAN , op. cit., p. 59 et n. 29, qui renvoie à P. BARGUET, « Les textes spécifiques des différents panneaux des sarcophages du Moyen Empire », RdE 23, 1971, p. 20-21. 36 Pour les conventions de désignation préconisées par J. Leclant et la Mission archéologique française de Saqqâra, voir récemment C. BERGER-EL NAGGAR, J. LECLANT , B. MATHIEU , I. PIERRECROISIAU, Les textes de la pyramide de Pépy Ier. Édition. Description et analyse, MIFAO 118/1, Le Caire, 2001, p. 6-9. Outre cette dernière, les publications de références utilisées sont : K. SETHE, Die altägyptischen Pyramidentexte, 4 vol., Leipzig, 1908-1922, réimpr. Hildesheim, 1969 ; G. JÉQUIER , La Pyramide d’Oudjebten, Ifao, Le Caire, 1928 ; id., Les Pyramides des reines Neit et Apouit, Ifao, Le Caire, 1933 ; id., La Pyramide d’Aba, Ifao, Le Caire, 1935. Le signe « AII » désigne la pyramide de la reine Ânkhesenpépy II, dont les textes sont en cours de publication : cf. V. DOBREV, A. LABROUSSE, B. MATHIEU , « La dixième pyramide à textes de Saqqâra : Ânkhesenpépy II. Rapport préliminaire de la campagne de fouilles 2000 », BIFAO 100, 2000, p. 275-296 ; B. MATHIEU , avec la collab. de É. Bène et de A. Spahr, « Recherches sur les textes de la pyramide de la reine Ânkhesenpépy II (1). Le registre supérieur de la paroi est de la chambre funéraire (AII/F/E sup) », BIFAO 105, 2005, p. 129-138. 37 Voir supra, n. 11. 38 On notera que les sept formules se trouvent ainsi groupées en fonction de leur incipit.
Le « Livre de Nout » du chancelier Ânou
301
[4]. ƒd mdw jnk Nw.t, « paroles à prononcer : je suis Nout (…) ». § 824a-c [TP 444] ; cf. CT 8, 356 (S1C, S2C).
[5]. ƒd mdw jnk Nw.t, « paroles à prononcer : je suis Nout (…) ». § 3b-c [TP 4] = Var. § 1786b [TP N628 B].
[6]. ƒd mdw jn Nw.t, « paroles à prononcer par Nout (…) ». § 783b-a [TP 433] + § 784a-785d [TP 434].
[7]. ƒd mdw jn Nw.t, « paroles à prononcer par Nout (…) » Var. § 784a / 785d [TP 434] + Formule nouvelle + § 282e [TP 432] + § 2a [TP 3] + § 580c [TP 356] = § 638a [TP 368] = § 1607a [TP 588].
Comme on l’a dit, la principale modification apportée par le scribe aux formules des pyramides telles qu’elles sont connues par les monuments royaux est la conversion des pronoms de manière à ce que Nout devienne systématiquement locutrice. Excepté de rares erreurs, cette transposition a été réalisée de manière consciencieuse. On notera que beaucoup de ces textes « noutiens » sont fondés sur des paronomases spécifiées par l’expression m rn(≠j) n(j), « en mon nom de (…) », le travail du rédacteur ayant consisté à partir d’une désignation existante de la déesse du ciel (Nw.t, P.t, Îr.t, Ω.t-p.t, S“.t-tp(j).t) pour élaborer une justification étiologique : wnwn(≠j) m ß.t < mw.t≠j > m rn(≠j) n(j) Nw.t, « quand je remuais dans le sein < de ma mère > en mon nom de Nout ; »
[§ 780a-b]
pnd~n w(j) m (sic) Gb ≈pr(≠w) rn(≠j) n(j) P.t, « Geb m’a fécondée, d’où est né mon nom de Ciel ; » [§ 783b]
pd~n(≠j) w(j) Ìr Wsjr ¢nw pn m rn(≠j) n(j) P.t, « je me suis allongée sur cet Osiris Ânou en mon nom de Ciel ; »
[Var. § 784a/785d]
[§ 784a]
Ìr(w) r t“ m rn(≠j) n(j) Îr.t, « loin de la terre en mon nom de Lointaine ; »
n Ìr~n(≠j) r t“... m rn(≠j) n(j) Îr.t, « je ne saurais m’éloigner de la terre… en mon nom de Lointaine ; » [§ 784a]
p‡‡~n(≠j) w(j) Ìr ¢nw m rn(≠j) n(j) Ω.t-p.t, « je me suis étendue sur Ânou en mon nom de Chetpet. » [§ 580c = § 638a = § 1607a]
r tp jt(≠j) Ωw... m rn(≠j) n(j) S“.t-tp(j).t jst, « loin de la tête de mon père Chou… en mon nom de Fille-aînée ; » [§ 784b]
La septième formule d’Ânou, après une variante de la fin de la précédente (« Je me suis allongée sur cet Osiris Ânou en mon nom de Ciel, je ne saurais m’éloigner de la terre ni de l’Osiris Ânou en mon nom de Lointaine »), enchaîne sur un texte nouveau, non attesté, semble-t-il, dans les Textes des Pyramides connus, ni même dans les Textes des Sarcophages. Étant donné que tous les autres textes conservés du cercueil d’Ânou dérivent de Textes des Pyramides, il est fort probable que cette formule en provienne elle aussi, même s’il n’est pas totalement exclu que le ritualiste en charge du programme d’inscription, ou pourquoi pas Ânou lui-même, soit l’auteur de ce développement relativement original : « car j’aime Ânou (en vie à jamais)
302
Bernard Mathieu
comme j’aime Geb mon mari 39 et comme j’aime Osiris mon fils de ma chair ; apparue en reine, je ferai vivre Ânou mon fils pour qu’il soit en vie à jamais. » Reste enfin la question chronologique. Comme on l’a signalé en commençant, Jéquier émet l’hypothèse, étant donné l’humilité surprenante de la sépulture pour un personnage de cette envergure, qu’Ânou « vivait non pendant la période brillante du règne de Pépy II, mais après la mort de ce roi, alors que la misère s’était abattue sur le pays… ; tout au plus pouvons-nous déduire de la situation du tombeau que l’ensevelissement d’Ânou fut postérieur à celui des vizirs Ama-Merira et Teti » 40. Qu’Ânou ait vécu au plus tôt à la fin du règne de Pépy II est indéniable. On remarquera toutefois que le critère quantitatif des dimensions de la sépulture n’est pas systématiquement pertinent pour évaluer la situation hiérarchique d’un personnage, celui de la proximité du tombeau royal l’étant bien davantage. Il faut rappeler l’exemple de Hési, dont la carrière s’est déroulée sous les pharaons successifs Djédkarê, Ounas et Téti, et dont la tombe (réattribuée ensuite à un certain Séchemnéfer) se situe dans le cimetière de Téti. Dans son autobiographie, Hési justifie ainsi le fait que sa tombe ne possède qu’une pièce : rd~n(≠j) jr≠t(w) ©.t w©.t m js pn (n-)mrw.t pr.t-≈rw≠t(w) n(≠j) jm≠s s≈m≠k(w) m jr.t≠f m ©.wt ©‡“.wt, « j’ai fait réaliser une seule chambre dans cette tombe afin qu’y fussent prononcées pour moi les offrandes invocatoires, bien que je fusse capable d’y réaliser de nombreuses chambres » 41. Il est clair que la proximité de la pyramide de Téti avait plus d’importance aux yeux de Hési que les dimensions de sa propre tombe. De même, la proximité de la pyramide de Pépy II, et des mastabas des vizirs Imapépy (première moitié du règne de Pépy II) et Téti (fin du règne de Pépy II - VIIIe dynastie) comptait sans doute plus pour le chancelier Ânou que la taille de sa tombe. La sépulture inviolée d’Ânou mériterait sans nul doute une étude archéologique plus poussée. Sans donner d’arguments spécifiques, Kl. Baer l’attribue au règne de Pépy II 42 et N. Kanawati à la VIe dynastie 43. Selon H.G. Fischer, « may be later than the Old Kingdom » 44. E. Brovarski, quant à lui, propose de la dater de la
H(“)j : Wb II, 475, 10-12, qui signale la seule attestation, à ma connaissance, de ce terme dans les TP, § 510c [TP 317] : jÚ(w) Ìm.wt m-© h(“j)≠sn, « celui qui ravit les femmes à leur mari ». La référence n’est pas donnée dans R. HANNIG , Ägyptisches Wörterbuch I, Altes Reich und Erste Zwischenzeit, Lexica 4, Ph. Von Zabern, Mainz, 2003. Le mot ne semble attesté, de même, que dans un seul passage des Textes des Sarcophages, CT I, 242c, e [TS 53] (cité par R. VAN DER MOLEN , A Hieroglyphic Dictionary of Egyptian Coffin Texts, ProblÄg XV, 2000) : jh (4 sp) hj(≠j) m sn≠j Ìq“≠f ≈r(y).t-nÚr nn wj Ìn©≠f Ìn n≠j tp(y.w).t wry.t mr.t jb n hj.w≠sn, (Nephthys) « Ô mon mari, mon frère, qui gouverne la nécropole sans que je sois avec lui ! Que les premières dames de l’ouryt, dans la douleur (?), me recommandent la conscience de leurs maris ! ». 40 G. JÉQUIER, op. cit., p. 154-155. 41 Voir N. KANAWATI, M. ABDER-RAZIQ, The Teti Cemetery at Saqqara. Vol. V, The Tomb of Hesi, ACE Reports 13, Sydney, 1999, p. 38 et n. 140, pl. 33a, 59a ; cf. D.P. SILVERMAN, « The ThreatFormula and Biographical Text in the Tomb of Hezi at Saqqara », JARCE 37, 2000, p. 1-13. Voir aussi Urk. I, 146, 16 - 147, 6 (autobiographie de Djâou, temp. Pépy II). 42 Rank and Title in the Old Kingdom, Chicago, 1960, p. 63 [84]. 43 Op. cit., p. 191, n. 1152. 44 H.G. FISCHER , Dendara in the Third Millenium B.C. down to the Theban Domination of Upper Egypt, New York, 1968, p. 66, n. 263. 39
303
Le « Livre de Nout » du chancelier Ânou
IXe dynastie 45, sur la foi de considérations paléographiques : la graphie abrégée
'
pour jm“≈w remonterait au plus tôt à la VIIIe dynastie 46, et la graphie pour le titre (j)m(y)-r(“) ne serait pas antérieure aux dynasties héracléopolitaines. Un élément supplémentaire de datation peut être ajouté si l’on admet une dérivation de l’anthroponyme « Ânou » du nom royal « Néferkamin Ânou », l’un des derniers pharaons de la VIIIe dynastie 47.
Qu’Ânou ait été contemporain de l’un des premiers successeurs de Pépy II, de la VIIIe dynastie, ou même du début de la période héracléopolitaine, son « Livre de Nout » constitue vraisemblablement l’une des plus anciennes attestations de Textes des Pyramides inscrits pour un particulier 48.
45
Op. cit., p. 32, n. 56. Première attestation sous le règne de Ouadjkarê : G. ROEDER, Les temples submergés de la Nubie I, Le Caire, 1911, pl. 109a. Voir aussi H.G. FISCHER, op. cit., p. 131, n. 578. 47 W.C. HAYES, The Scepter of Egypt I, MMA, New York, (1953) 1990, p. 134 ; A. MC FARLANE, The God Min to the End of the Old Kingdom, ACE Studies 3, Sydney, 1995, p. 146 [241] ; J. von BECKERATH, Handbuch der ägyptischen Königsnamen, MÄS 49, 1999, p. 69. 48 G. Jéquier écrivait déjà : « ce qui reste du double cercueil de bois présente un certain intérêt en ce que c’est sans doute le plus ancien monument de ce genre sur lequel se trouvent des textes funéraires » (ASAE 34, 1934, p. 79). Sur l’utilisation de Textes des Pyramides pour des particuliers, voir notamment W. BARTA, « Die Pyramidentexte auf den Privatsärgen des Mittleren Reiches », ZÄS 113, 1986, p. 1-8 ; H. WILLEMS , Chests of Life, Leyde, 1988 ; S.E. THOMPSON, « The Origin of the Pyramid Texts found on Middle Kingdom Saqqâra Coffins », JEA 76, 1990, p. 17-25 ; J.P. ALLEN « Traits dialectaux dans les Textes des Pyramides du Moyen Empire », dans S. Bickel, B. Mathieu (éd.), op. cit. (supra, n. 21), p. 1-14. Pour la question des relations entre TP et TS, voir ibid., en particulier p. 247-262. 46
Fig. 1. Les textes du cercueil intérieur d’Ânou (d’après G. Jéquier, ASAE 35, 1935, p. 152, fig. 16).
Ânou
TP
Téti
Pépy Ier
Mérenrê
A II
Pépy II
Neit
Aba
[1] § 779a-b
TP 429
P/F/W med 4
M/F/W inf 15-16
AII/F/W 15
N/F/W inf 21
Nt/F/W inf 22
Aba fgt W, col. 7
§ 780a-b
TP 430
P/F/W med 4
M/F/W inf 16
AII/F/W ?
N/F/W inf 21
Nt/F/W inf 22
Aba fgt W, col. 7
§ 778b
TP 428
P/F/W med 4
M/F/W inf 1
AII/F/W 14-15
N/F/W inf 2
Nt/F/W inf 21
M/F/W inf 15
N/F/Nw inf 20
§ 781a
TP 431
P/F/W med 4-5
M/F/W inf 16-17
AII/F/W 15-16
N/F/W inf 21-22
Nt/F/W inf 22-23
§ 782b-d
TP 432
P/F/W med 5
M/F/W inf 17-18
AII/F/W 16
N/F/W inf 22-23
Nt/F/W inf 23-24
[2] § 3d-e cf. § 1786b
TP 5
cuve, paroi int.
N
TP 628 A
P/F/Sw B 18-19 ?
[3] § 823a-d
TP 443
P/F/W inf A 35-36
M/F/W inf 20-21
AII/F/W 18
N/F/W inf 25-26
Nt/F/W inf 26-27
[4] § 824a-c
TP 444-445
P/F/W inf A 36-37
M/F/W inf 21-22
AII/F/W 19
N/F/W inf 26-27
Nt/F/W inf 27-28
[5] § 3b-c
TP 4
N/F/Nw C 1-3
cuve, paroi int.
TP N628 B
P/F/Sw B 18-19 ?
TP 433
P/F/W med 5-6
M/F/W inf 18
AII/F/W 16-17
N/F/W inf 23
Nt/F/W inf 24
TP 434
P/F/W med 6
M/F/W inf 18-20
AII/F/W 17-18
N/F/W inf 23
Nt/F/W inf 24
TP 434
P/F/W med 6
M/F/W inf 18-20
AII/F/W 17-18
N/F/W inf 23
Nt/F/W inf 24
§ 782e
TP 432
P/F/W med 5
M/F/W inf 17-18
AII/F/W 16
N/F/W inf 22-23
Nt/F/W inf 23-24
§ 2a
TP 3
cuve, paroi int.
§ 580c
TP 356
T/F/E inf 34-40 P/F/E 1-4
M/F/E sup 20-28
AII/F/W 54-58
N/F/W inf 35-42
Nt/F/W med 37-44
cf. § 1786b [6] § 783b-a § 784a-785c [7] Var. § 784a
N/F/Nw C 1-3
/ 785d Form. nouv.
Aba fgt T, col. 2-5
P/F/W inf A 53-56 = § 638a
TP 368
= § 1607a
= TP 588
T/A/W 42-44
P/F/W med 1-3
Aba/F/Se IV = 586
M/F/W sup 26-30
AII/F/W 35-38
N/F/W inf 14-17
Nt/F/W 15-18
M/F/W inf 1
Fig. 2. Tableau de correspondance des formules du cercueil intérieur d’Ânou dans les pyramides à textes
Aba/F/Se I = 321-3 Aba fgt W, col. 9-11
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